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26-075-B-10 Facilitation proprioceptive neuromusculaire : concept PNF (Kabat-Knott-Voss) U. Bertinchamp Le concept de facilitation proprioceptive neuromusculaire (PNF), dĂ©veloppĂ© par le Dr. Kabat et les physio- thĂ©rapeutes Knott et Voss Ă  partir de 1947, Ă©volue constamment, enrichi par les nouvelles recherches dans les domaines de la neurophysiologie, de l’apprentissage moteur et de l’analyse du mouvement (evidence based practice). Ses multiples principes de facilitation et de traitement ainsi que ses techniques spĂ©ci- ïŹques permettent aux thĂ©rapeutes d’évaluer et de traiter les patients en phase aiguĂ« et chronique, voire en rĂ©habilitation, dans les diffĂ©rents domaines mĂ©dicaux : mĂ©decine du sport, rhumatologie, traumatolo- gie, orthopĂ©die, pĂ©diatrie, neurologie et gĂ©riatrie. L’objectif de cet article est de prĂ©senter des possibilitĂ©s de stimulation du systĂšme neuromusculaire aïŹn d’obtenir un changement de l’état du patient au niveau fonction et activitĂ© pour lui donner la possibilitĂ© de vivre le mieux possible. © 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits rĂ©servĂ©s. Mots-clĂ©s : Facilitation proprio- et extĂ©roceptive ; Apprentissage et contrĂŽle moteur ; Principes de traitement et de facilitation ; Techniques spĂ©ciïŹques pour l’apprentissage des mouvements ; Stretching ; Coordination, Ă©valuation et traitement du patient Plan ■ Introduction 1 ■ DĂ©finition 2 ■ Principes de facilitation 2 SchĂ©mas 2 Stimulation proprioceptive 3 Stimulation extĂ©roceptive 4 ■ Principes de traitement/philosophie du concept 4 Approche positive 4 Approche fonctionnelle : travail au niveau de l’activitĂ© et de la participation 4 Mobilisation des rĂ©serves potentielles 5 Prise en charge du patient dans sa globalitĂ© 5 Utilisation des principes d’apprentissage et de contrĂŽle moteur 5 ■ Techniques de traitement 5 Techniques des agonistes 6 Techniques des antagonistes 7 Techniques de « stretching » 7 ■ DĂ©marche de traitement 7 ■ Applications cliniques 7 Neurologie 8 Ergonomie 10 OrthopĂ©die et traumatologie 10 ■ CoĂ»ts 11 ■ Formation en facilitation proprioceptive neuromusculaire 11 ■ Conclusion 11 Introduction Le concept de facilitation proprioceptive neuromusculaire (PNF) a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© dans les annĂ©es 1940–1965 par M. Kabat (mĂ©decin, neurologue) et M mes Knott et Voss (physiothĂ©rapeutes) aux États-Unis. Ce concept est basĂ© sur les connaissances neu- rophysiologiques (evidence based medicine [EBM] et evidence based practice [EBP]) de l’époque (Sherrington, Gellhorn, Gsell, Pavlov) et sur les observations et analyses des gestes sportifs. À l’origine, l’objectif Ă©tait de stimuler et traiter activement des patients souf- frant de sĂ©quelles de la poliomyĂ©lite. Depuis, le concept s’est fortement dĂ©veloppĂ© et a Ă©tĂ© enrichi d’une part par les rĂ©sultats de recherche dans les domaines de l’apprentissage moteur, de la neurophysiologie et de la biomĂ©canique et d’autre part par des observations et des expĂ©riences cliniques. Le concept est utilisĂ© dans tous les domaines de la physiothĂ©rapie et pour des patients de toutes pathologies : orthopĂ©die, traumatologie, mĂ©decine du sport, rhumatologie, gĂ©riatrie, neurologie et pĂ©diatrie. Les guide- lines pour la prise en charge des patients de diffĂ©rentes pathologies mettent en Ă©vidence l’actualitĂ© de l’approche PNF concernant la prise en charge des patients de diffĂ©rents domaines de la mĂ©decine. EMC - KinĂ©sithĂ©rapie-MĂ©decine physique-RĂ©adaptation 1 Volume 13 > n ◩ 3 > juillet 2017 http://dx.doi.org/10.1016/S1283-0887(17)73552-9 © 2020 Elsevier Masson SAS. Tous droits rĂ©servĂ©s. - Document tĂ©lĂ©chargĂ© le 24/03/2020 par CHUV Lausanne - (294444). Il est interdit et illĂ©gal de diffuser ce document.

Bertinchamp Facilitation propioceptive Ferchichi

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! 26-075-B-10

Facilitation proprioceptiveneuromusculaire : conceptPNF (Kabat-Knott-Voss)U. Bertinchamp

Le concept de facilitation proprioceptive neuromusculaire (PNF), dĂ©veloppĂ© par le Dr. Kabat et les physio-thĂ©rapeutes Knott et Voss Ă  partir de 1947, Ă©volue constamment, enrichi par les nouvelles recherches dansles domaines de la neurophysiologie, de l’apprentissage moteur et de l’analyse du mouvement (evidencebased practice). Ses multiples principes de facilitation et de traitement ainsi que ses techniques spĂ©ci-fiques permettent aux thĂ©rapeutes d’évaluer et de traiter les patients en phase aiguĂ« et chronique, voireen rĂ©habilitation, dans les diffĂ©rents domaines mĂ©dicaux : mĂ©decine du sport, rhumatologie, traumatolo-gie, orthopĂ©die, pĂ©diatrie, neurologie et gĂ©riatrie. L’objectif de cet article est de prĂ©senter des possibilitĂ©sde stimulation du systĂšme neuromusculaire afin d’obtenir un changement de l’état du patient au niveaufonction et activitĂ© pour lui donner la possibilitĂ© de vivre le mieux possible.© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits rĂ©servĂ©s.

Mots-clĂ©s : Facilitation proprio- et extĂ©roceptive ; Apprentissage et contrĂŽle moteur ;Principes de traitement et de facilitation ; Techniques spĂ©cifiques pour l’apprentissage des mouvements ;Stretching ; Coordination, Ă©valuation et traitement du patient

Plan

■ Introduction 1■ DĂ©finition 2■ Principes de facilitation 2

Schémas 2Stimulation proprioceptive 3Stimulation extéroceptive 4

■ Principes de traitement/philosophie du concept 4Approche positive 4Approche fonctionnelle : travail au niveau de l’activitĂ©et de la participation 4Mobilisation des rĂ©serves potentielles 5Prise en charge du patient dans sa globalitĂ© 5Utilisation des principes d’apprentissage et de contrĂŽle moteur 5

■ Techniques de traitement 5Techniques des agonistes 6Techniques des antagonistes 7Techniques de « stretching » 7

■ DĂ©marche de traitement 7■ Applications cliniques 7

Neurologie 8Ergonomie 10Orthopédie et traumatologie 10

■ CoĂ»ts 11

■ Formation en facilitation proprioceptive neuromusculaire 11■ Conclusion 11

! IntroductionLe concept de facilitation proprioceptive neuromusculaire

(PNF) a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© dans les annĂ©es 1940–1965 par M. Kabat(mĂ©decin, neurologue) et Mmes Knott et Voss (physiothĂ©rapeutes)aux États-Unis. Ce concept est basĂ© sur les connaissances neu-rophysiologiques (evidence based medicine [EBM] et evidence basedpractice [EBP]) de l’époque (Sherrington, Gellhorn, Gsell, Pavlov)et sur les observations et analyses des gestes sportifs. À l’origine,l’objectif Ă©tait de stimuler et traiter activement des patients souf-frant de sĂ©quelles de la poliomyĂ©lite. Depuis, le concept s’estfortement dĂ©veloppĂ© et a Ă©tĂ© enrichi d’une part par les rĂ©sultatsde recherche dans les domaines de l’apprentissage moteur, de laneurophysiologie et de la biomĂ©canique et d’autre part par desobservations et des expĂ©riences cliniques. Le concept est utilisĂ©dans tous les domaines de la physiothĂ©rapie et pour des patientsde toutes pathologies : orthopĂ©die, traumatologie, mĂ©decine dusport, rhumatologie, gĂ©riatrie, neurologie et pĂ©diatrie. Les guide-lines pour la prise en charge des patients de diffĂ©rentes pathologiesmettent en Ă©vidence l’actualitĂ© de l’approche PNF concernantla prise en charge des patients de diffĂ©rents domaines de lamĂ©decine.

EMC - KinĂ©sithĂ©rapie-MĂ©decine physique-RĂ©adaptation 1Volume 13 > n◩3 > juillet 2017http://dx.doi.org/10.1016/S1283-0887(17)73552-9

© 2020 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 24/03/2020 par CHUV Lausanne - (294444). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.

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26-075-B-10 ! Facilitation proprioceptive neuromusculaire : concept PNF (Kabat-Knott-Voss)

L’objectif de cet article est de prĂ©senter les points clĂ©s du conceptPNF et de dĂ©montrer sa richesse sur la base des exigences actuelles(EBM, EBP, guidelines, apprentissage moteur, etc.) de la prise encharge des patients.

! DĂ©finitionDans les pays francophones, l’approche PNF est plutĂŽt connue

sous le nom de « la mĂ©thode Kabat » [1], en rĂ©fĂ©rence au docteurKabat, l’un des fondateurs. Le terme « PNF » vient de l’anglaisproprioceptive neuromuscular facilitation, en francais : la facilitationproprioceptive neuromusculaire.

La facilitation sert Ă  rendre un mouvement ou une activitĂ© plusfacile. Plus facile dans le sens que le geste pourrait ĂȘtre exĂ©cutĂ©par le patient de maniĂšre plus coordonnĂ©e des points de vueforce, mobilitĂ©, stabilitĂ© et programmation, ce qui permettrait unemeilleure adaptation Ă  la tĂąche ou Ă  la situation dans laquellel’activitĂ© est effectuĂ©e. Ainsi cette facilitation vise Ă  amĂ©liorer larĂ©ponse motrice par la stimulation des rĂ©cepteurs du systĂšmeneuromusculaire : nerfs, cerveau et muscles. Elle s’adresse auxpropriocepteurs de notre corps : d’une part au cortex (rĂ©cepteursmusculaires, tendineux, articulaires) et d’autre part aux extĂ©-rorĂ©cepteurs (rĂ©cepteurs cutanĂ©s, visuels, auditifs, vestibulaires).Par consĂ©quent, la PNF stimule le systĂšme nerveux pĂ©riphĂ©riqueet central pour obtenir un mouvement ou une activitĂ© chez lepatient [2].

La PNF n’est pas seulement une mĂ©thode ou technique de trai-tement, mais plutĂŽt un concept de traitement. Avec ses propresprincipes de traitement et de facilitation combinĂ©s avec destechniques spĂ©cifiques, elle permet au thĂ©rapeute de faire unedĂ©marche de traitement variĂ©e, bien rĂ©flĂ©chie avec une adaptationoptimale et personnalisĂ©e aux besoins du patient. La PNF est unconcept dynamique en permanente Ă©volution basĂ© sur les rĂ©sul-tats de travaux scientifiques de diffĂ©rents domaines [2–6]. Commele dĂ©montrent la Classification internationale du fonctionnement(CIF) et certains guidelines (syndrome de Parkinson, lombalgies)pour la prise en charge des patients de diffĂ©rentes pathologies, leconcept PNF est une excellente approche thĂ©rapeutique [7, 8].

! Principes de facilitation (Tableau 1)

Ils décrivent les outils nécessaires pour mettre en pratique defacon optimale la facilitation des fonctions et activités [9]. Selonle principe de Beevor [10, 11], le cerveau ne connaßt pas des musclesmais seulement des mouvements. Sir Charles Sherrington décriten 1947 que le systÚme nerveux est un continuum qui ne connaßtpas de parties isolées [3].

Les rĂ©sultats des travaux sur la neuroplasticitĂ© confirmentcela [9, 12]. La recherche dans le domaine de l’apprentissage moteura dĂ©montrĂ© que chaque geste effectuĂ© utilise la stratĂ©gie Ă  rĂ©soudreun problĂšme dans un environnement donnĂ© [13, 14]. ChaqueactivitĂ© est donc orientĂ©e vers une tĂąche Ă  effectuer : prendre

Tableau 1.Principes de facilitation.

Stimulation proprioceptiveSchĂ©masRĂ©sistanceStimulation manuelle/tactilePosition du patientDynamique corporelle du thĂ©rapeuteIrradiation-overflow (dĂ©bordement d’énergie)Étirement initialTimingTraction ou dĂ©coaptationCoaptation ou approximationStimulation extĂ©roceptiveStimulation manuelle/tactileFeedback visuelStimulation verbale

quelque chose dans une armoire, s’habiller, courir, monter lesescaliers, etc. Woolacott dĂ©crit ceci comme une interaction entrel’individu, la tĂąche Ă  effectuer et l’environnement. Pour planifiercette tĂąche, les informations somatosensorielle, auditive, visuelleet proprioceptive sont nĂ©cessaires. Dans la premiĂšre phase dumouvement, les informations visuelles sont prĂ©dominantes, alorsqu’en fin du mouvement, ce sont les informations propriocep-tives qui prĂ©valent [13]. Ce feedback est important pour planifierle mouvement mais aussi pour l’adapter Ă  l’environnementafin de garantir une certaine dextĂ©ritĂ©. En 1967 dĂ©jĂ , Bern-stein [15] soulignait l’importance pour le thĂ©rapeute de connaĂźtre etcomprendre le fonctionnement du corps et ses diffĂ©rents systĂšmesde contrĂŽle qui lui permettent de travailler comme unitĂ© fonction-nelle au niveau biomĂ©canique, musculaire et en interaction avecl’environnement. Il affirme que la coordination d’un mouvementde l’organisme en mobilitĂ© implique la reconnaissance de la sta-bilitĂ© et du contrĂŽle des mouvements intĂ©grĂ©s. Il dĂ©crit que lesmuscles peuvent travailler en synergie pour rĂ©soudre le problĂšmedu contrĂŽle postural ou de la locomotion [16].

En rĂ©sumĂ©, un mouvement bien coordonnĂ© est seulement pos-sible si le cerveau recoit suffisamment d’affĂ©rences [13]. Dans lecas d’une pathologie qui empĂȘche le cerveau de recevoir, traiterou gĂ©rer les affĂ©rences nĂ©cessaires, c’est au thĂ©rapeute de gĂ©rer etadapter les informations nĂ©cessaires pour que le patient puisserĂ©apprendre Ă  effectuer des tĂąches. Le concept PNF possĂšde lesoutils nĂ©cessaires pour cette stimulation. Il y a des outils pour lastimulation proprioceptive et pour la stimulation extĂ©roceptive.

Schémas (Tableau 2)

Étudiant l’anatomie et analysant les gestes des sportifs etde la vie quotidienne, Mmes Knott et Voss et le docteurKabat ont constatĂ© que chaque mouvement est tridimensionnel,comportant les composants respectifs de flexion ou extension(mouvements les plus grands), abduction ou adduction, rota-tion interne ou externe. La rotation est la composante la plusimportante, elle permet de rĂ©aliser un mouvement harmonieuxet coordonnĂ©. Partant de cette constatation, ils ont dĂ©veloppĂ©des schĂ©mas tridimensionnels pour les membres supĂ©rieurs, lesmembres infĂ©rieurs, la nuque, le tronc et pour le visage [2]. Selon lesobjectifs de traitement visĂ©s, ils peuvent ĂȘtre rĂ©alisĂ©s sĂ©parĂ©mentou de facon combinĂ©e. Ces mouvements suivent les diagonalesdu corps qui sont dĂ©finies comme allant de l’épaule (articula-tion glĂ©nohumĂ©rale) Ă  la hanche opposĂ©e (artĂšre fĂ©morale). Selonles lois de la biodynamique, l’ĂȘtre humain dĂ©veloppe la plusgrande force dans ces diagonales [2, 17]. Prenant en considĂ©rationque chaque individu a sa propre diagonale, le thĂ©rapeute doitrespecter cette derniĂšre lors de la facilitation des schĂ©mas afind’effectuer un mouvement Ă©conomique et coordonnĂ©. ChaqueschĂ©ma est nommĂ© d’aprĂšs la position d’arrivĂ©e des composantesde l’articulation proximale : hanche, Ă©paule, colonne vertĂ©brale.Les schĂ©mas de la nuque, des membres supĂ©rieurs et infĂ©rieursinfluencent l’activitĂ© musculaire du tronc par l’irradiation (cf.infra).

La rĂ©alisation de ces schĂ©mas permet d’entraĂźner la force etla coordination intra- et intermusculaire. En revanche, pourapprendre ou rĂ©apprendre des gestes de la vie quotidienne, il fautentraĂźner les mouvements ou activitĂ©s dans des situations ou descontextes rĂ©els, car il existe une multitude de variation de syner-gies pour effectuer un geste [13]. En plus, le contrĂŽle et l’adaptationde la posture ou le transfert d’une position Ă  une autre demandentun effort ou travail supplĂ©mentaire du cerveau et du systĂšmeneuromusculaire et peut ĂȘtre un facteur perturbateur pour uneactivitĂ©.

Ainsi, trĂšs avant-gardistes, Knott, Voss et Kabat ont dĂ©jĂ  exigĂ©que tout mouvement et toute activitĂ© soient entraĂźnĂ©s dansdiffĂ©rentes positions et sous diffĂ©rents aspects (cf. infra). Pourcette raison, suite au bilan (l’évaluation selon la CIF et les testsspĂ©cifiques), un traitement complet inclut la facilitation de mou-vements sur table de traitement, sur sol, et cela en dĂ©cubitusdorsal, latĂ©ral et ventral, un travail de diffĂ©rents transferts (retour-nement, relever du sol, assis-debout, etc.), la prĂ©paration et larĂ©Ă©ducation Ă  la marche et monter et descendre les escaliers. Le

2 EMC - Kinésithérapie-Médecine physique-Réadaptation

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Facilitation proprioceptive neuromusculaire : concept PNF (Kabat-Knott-Voss) ! 26-075-B-10

Tableau 2.Schémas.

Membres supĂ©rieursFlexion/abduction/rotation latĂ©rale//extension/adduction/rotationmĂ©dialeFlexion/adduction/rotation latĂ©rale//extension/abduction/rotationmĂ©dialeRemarque : le coude peut rester droit, travailler de flexion en extensionou d’extension en flexion

Ceinture scapulaireÉlĂ©vation antĂ©rieure/abaissement postĂ©rieurÉlĂ©vation postĂ©rieure/abaissement antĂ©rieur

Membres infĂ©rieursFlexion/adduction/rotation latĂ©rale//extension/abduction/rotationmĂ©dialeFlexion /abduction/rotation mĂ©diale//extension/adduction/rotationlatĂ©raleRemarque : le genou peut rester droit, travailler de flexion en extensionou d’extension en flexion

Ceinture pelvienneÉlĂ©vation antĂ©rieure/abaissement postĂ©rieurÉlĂ©vation postĂ©rieure/abaissement antĂ©rieur

PossibilitĂ© d’application : unilatĂ©ral, bilatĂ©ral symĂ©triquerĂ©ciproque, asymĂ©trique rĂ©ciproque

Tronc : mouvement à droiteFlexion/inclinaison latérale droite/rotation à droiteExtension/élongation latérale droite/rotation à gaucheChoppingLifting

Schéma de la nuque : mouvement à droiteFlexion/inclinaison latérale droite/rotation à droiteExtension/élongation latérale droite/rotation à gauche

patient dépendant de la chaise roulante est entraßné à la manipulerafin de devenir aussi indépendant que possible [2].

Pour faciliter les schémas et les activités de maniÚre optimale,les principes de facilitation suivants sont utilisés.

Stimulation proprioceptiveRĂ©sistance

Plusieurs auteurs [18, 19] ont dĂ©crit qu’une contractionmusculaire rĂ©sistĂ©e augmente la stimulation corticale. Deplus, ils constatent qu’une activitĂ© musculaire provoquĂ©e parune rĂ©sistance est la facilitation proprioceptive la plus efficace.L’effet de cette facilitation est en relation avec l’intensitĂ© de larĂ©sistance. En PNF, la rĂ©sistance sert Ă  faciliter un mouvement ouune activitĂ©, mais jamais un muscle seul (principe de Beevor).DonnĂ©e dans la direction opposĂ©e du mouvement et dans lestrois plans de l’espace, elle vise Ă  faciliter la coordination inter-et intramusculaire, ceci pour faire travailler les diffĂ©rents groupesmusculaires en synergie. AppliquĂ©e d’une intensitĂ© optimale etadaptĂ©e Ă  la situation du patient, Ă  sa pathologie, sa force, saperception, sa condition gĂ©nĂ©rale (douleurs, tonus musculaire,fatigue) et Ă  l’objectif recherchĂ© (type de contraction dĂ©sirĂ© :dynamique concentrique, dynamique excentrique ou statique),la rĂ©sistance sert Ă  faciliter l’apprentissage d’un mouvement oud’une activitĂ©. Knott et Voss mettent l’accent sur le fait que le thĂ©-rapeute choisit des mouvements qui donnent un sens au patientafin de stimuler l’apprentissage moteur [3, 9]. Cette observationa Ă©tĂ© confirmĂ©e par Gentile dans le cadre de la recherche del’apprentissage moteur [16]. Pour donner une rĂ©sistance optimale,trois aspects sont Ă  prendre en compte.

Stimulation manuelle/tactileLa caractéristique de la stimulation manuelle/tactile en PNF est

l’utilisation de la prise lombricale : le thĂ©rapeute utilise les muscleslombricaux, interosseux et opposant de son pouce. Cette prisenon douloureuse permet de travailler avec la pulpe des doigts,oĂč se trouvent de nombreux rĂ©cepteurs. Le thĂ©rapeute peut ainsiobtenir des informations cutanĂ©es et trophiques telles que la tem-pĂ©rature, la consistance, la qualitĂ© de la peau du patient, ainsi que

la qualitĂ© et la localisation de la contraction musculaire. Cetteprise permet Ă©galement de stimuler les rĂ©cepteurs cutanĂ©s tactileset les groupes musculaires Ă  travailler. Elle est appliquĂ©e sur la mus-culature Ă  travailler, Ă  l’opposĂ© de la direction du mouvement oude celle de l’activitĂ© statique souhaitĂ©e. Ainsi, lors d’un entraĂźne-ment d’une activitĂ© du membre supĂ©rieur, dans la position deboutpar exemple, le thĂ©rapeute peut donner une stimulation tactilerĂ©sistĂ©e pour faciliter la posture du patient et une autre pour faci-liter le mouvement ou l’activitĂ© Ă  entraĂźner.

Position du patientElle est confortable, sécuritaire, non douloureuse et adaptée à

l’activitĂ© souhaitĂ©e, aux possibilitĂ©s cognitives, Ă  l’ñge et au dĂ©ve-loppement moteur du patient. Le choix de la position du patientprend en compte les aspects biomĂ©caniques : l’effet de la gravitĂ©,les bras de levier et rĂ©flexes posturaux des parties du corps Ă  mobi-liser ou Ă  stabiliser. Par ailleurs, l’état du systĂšme vestibulaire dupatient, son Ă©quilibre, ses rĂ©actions d’équilibre et son orientationdans l’espace jouent un rĂŽle important pour la facilitation desmouvements ou activitĂ©s. La pratique a montrĂ© que l’utilisationdes moyens de positionnement, la variation de l’environnementet du contexte motivent le patient Ă  collaborer.

Dynamique corporelle du thĂ©rapeuteElle est adaptĂ©e au but du traitement : lors d’un travail

dynamique, le thĂ©rapeute se dĂ©place pour permettre au patientd’effectuer le mouvement ou l’activitĂ© demandĂ©e. Pour un travailstatique, le thĂ©rapeute se stabilise afin de permettre au patientd’effectuer un travail en stabilitĂ©. Afin d’optimiser la facilitationen synergie des diffĂ©rents groupes musculaires, il est Ă©galementtrĂšs important que le thĂ©rapeute se trouve dans la diagonale dumouvement ou parallĂšlement Ă  celle-ci. Ainsi ses ceintures sca-pulaire et pelvienne sont face Ă  la direction du mouvement ;ses bras et ses mains restent en ligne avec le mouvement [17]. Saposition reprĂ©sente Ă©galement une stimulation visuelle pour lepatient et permet au thĂ©rapeute de travailler dans une postureoptimale.

Irradiation-« overflow » (dĂ©bordement d’énergie)En PNF, le travail indirect sur un groupe musculaire est sou-

vent utilisĂ©. Il se fait en utilisant la diffusion (propagation) d’unerĂ©ponse musculaire provenant des parties les plus fortes vers lesparties les plus faibles du corps. La direction de l’irradiation peut sefaire de crĂąnial Ă  caudal, de caudal Ă  crĂąnial, de distal Ă  proximal,de proximal Ă  distal, de droite Ă  gauche et de gauche Ă  droite [4].Selon la condition et la morphologie du patient, l’intensitĂ© et ladirection de l’irradiation se font individuellement [20]. Pour utili-ser l’effet de l’irradiation d’une maniĂšre optimale, le thĂ©rapeutedonne une rĂ©sistance sur un groupe musculaire fort et observe lapropagation de la rĂ©action musculaire. Selon son endroit et sonintensitĂ©, le thĂ©rapeute cible prĂ©cisĂ©ment une partie du corps Ă travailler. Les indications de ce travail indirect sont multiples :diminution de la douleur, test de l’activitĂ© musculaire non volon-taire, travail de la sensibilitĂ© profonde et en chaĂźne musculaire.

Étirement initialUn muscle a une meilleure rĂ©ponse motrice s’il est Ă©tirĂ© avant

de se contracter (Ă©tirement initial). Lors des activitĂ©s, cet Ă©ti-rement est observĂ© chez les sportifs, comme par exemple chezles footballeurs ou les handballeurs avant d’effectuer un mouve-ment rapide et en force (smash) [2, 5]. En PNF, l’étirement initialfait partie de la facilitation d’un mouvement. Il s’effectue dela facon suivante, soit dans le sens inverse et dans les troiscomposantes spĂ©cifiques du mouvement, dont la plus impor-tante est la rotation, et sur tous les muscles synergiques desmembres et du tronc. Ainsi pour un Ă©tirement prĂ©paratoire auschĂ©ma flexion/adduction/rotation latĂ©rale du membre infĂ©rieur,l’étirement s’effectue en extension/abduction/rotation mĂ©diale etpeut ĂȘtre observĂ© jusqu’à l’épaule opposĂ©e du patient.

L’étirement peut ĂȘtre suivi d’un stretch aidant Ă  dĂ©marrer unmouvement (stretch) ou Ă  soutenir une contraction musculairependant un mouvement (restretch) sur la musculature contrac-tĂ©e [2] (cf. infra).

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26-075-B-10 ! Facilitation proprioceptive neuromusculaire : concept PNF (Kabat-Knott-Voss)

« Timing »Le timing est dĂ©fini par le dĂ©roulement et l’adaptation de la

vitesse d’un mouvement [9]. Chaque sĂ©quence du mouvement estimportante pour un mouvement bien coordonnĂ© ou une activitĂ©bien ciblĂ©e. L’innervation des muscles distaux se fait plutĂŽt parles voies latĂ©rales de la moelle Ă©piniĂšre, les muscles proximauxsont plutĂŽt innervĂ©s par les voies mĂ©diales. Seule l’idĂ©e de vou-loir effectuer un geste met en route le processus de coordinationdes agonistes et antagonistes [21] : l’anticipation. Selon l’objectifdu geste, le dĂ©roulement se fait de proximal Ă  distal (s’asseoirsur une chaise : le geste est initiĂ© par le bassin) ou de distal Ă proximal (prendre un verre : la main se ferme en premier). Enrevanche, la stabilisation du tronc pour permettre un mouvementau niveau des membres se fait de proximal Ă  distal. NĂ©anmoinsWoolacott et al. [14] dĂ©crivent que le timing d’un mouvement pourles membres infĂ©rieurs se fait dans le plan frontal de proximal Ă distal et dans le plan sagittal de distal Ă  proximal. Afin de stimulerla plasticitĂ© du cerveau pour la diversitĂ© du timing, il est impor-tant de travailler des activitĂ©s multiples. La mĂ©thode spĂ©cifiquepour l’entraĂźner est la mĂ©thode du timing for emphasis ou pivotd’insistance [2]. Stabilisant activement contre rĂ©sistance certainescomposantes d’un mouvement ou d’un schĂ©ma de mouvement,on stimule particuliĂšrement une des composantes faibles de cedernier. Pour cette procĂ©dure, le restretch ou l’inversion des ago-nistes sont des techniques de choix. Ainsi, on peut par exempleinsister sur un mouvement du bassin lors d’un retournement dupatient du dĂ©cubitus dorsal en dĂ©cubitus latĂ©ral.

Les principes dĂ©crits jusqu’ici stimulent surtout les propriocep-teurs des muscles. Avec la traction et coaptation (approximation),on stimule plutĂŽt les propriocepteurs au niveau capsuloligamen-taire [1, 3].

Traction ou « décoaptation »Appliquée surtout pour faciliter un travail dynamique, la trac-

tion est plutÎt utilisée pour stimuler les mouvements contre lapesanteur.

Coaptation ou approximationElle est plutÎt utilisée pour faciliter un travail statique. Elle peut

s’effectuer de deux maniùres : rapide puis maintenue ou lente etmaintenue.

En PNF, la traction et la coaptation se font dans l’axe du membreou du tronc et sont toujours utilisĂ©es en combinaison avec unerĂ©sistance musculaire. Dans beaucoup de situations, les deux sontutilisĂ©es en combinaison. Par exemple : un patient en stationdebout est priĂ© de chercher une tasse dans une armoire. VisantĂ  stabiliser la position debout, le thĂ©rapeute donne une coapta-tion au niveau de la ceinture pelvienne en direction de la basede sustentation. ParallĂšlement, il applique une traction au niveaudu membre supĂ©rieur (en direction de la main) pour faciliter lemouvement ou l’activitĂ© du bras contre la gravitĂ©.

Stimulation extéroceptiveEn plus de la stimulation tactile, elle se fait par les techniques

suivantes.

« Feedback » visuelElle sert Ă  optimiser le travail musculaire et l’irradiation [2–5, 9, 13].

Pour cela le thĂ©rapeute demande au patient de suivre le mouve-ment du regard. Pour un patient avec des troubles d’équilibre,il est Ă©galement possible qu’il utilise ses yeux pour compenserle manque de stabilitĂ© en fixant un point dans la salle lors desactivitĂ©s. L’input visuel augmente l’excitabilitĂ© des motoneuronesqui sont responsables du mouvement. Le contact visuel entre lephysiothĂ©rapeute et le patient est aussi important pour avoir unfeedback des efforts, douleurs, etc. du patient. Un patient aveugle,malvoyant ou ayant un champ de vision restreint ne profite pasd’une maniĂšre optimale de cette stimulation. Dans certaines situa-tions, il est prĂ©fĂ©rable de demander au patient de fermer les yeux,car le mouvement compensatoire de la tĂȘte peut perturber la coor-dination du tronc et des membres (observations cliniques).

Tableau 3.Principes de traitement/philosophie du concept.

Approche positiveÉvaluation et traitement positifs orientĂ©s aux ressources du patientTraitement indirectContournement des douleursApproche fonctionnelle : travail au niveau de l’activitĂ© et de laparticipationÉvaluation selon la CIFTravail au niveau de la fonction et de la structureTravail au niveau de l’activitĂ©Mobilisation des rĂ©serves potentiellesParticipation active du patientApplication d’un programme intensifVariation des activitĂ©s et des positionsProgramme d’exercices Ă  domicilePrise en charge du patient dans sa globalitéÉvaluation en intĂ©grant les facteurs physique, intellectuel et Ă©motionnelDĂ©finitions des objectifs de traitements en collaboration avec le patientRĂ©Ă©valuation permanenteUtilisation des principes d’apprentissage et de contrĂŽle moteur

CIF : Classification internationale du fonctionnement, du handicap et de lasanté.

Stimulation verbaleElle sert à expliquer des « exercices » (gestes, activités, transferts)

et Ă  motiver le patient [22]. On distingue trois types d’ordre verbal :prĂ©paratoire (explication du mouvement Ă  effectuer), d’action(court et prĂ©cis lors du mouvement) et correctif (correction dumouvement). La stimulation verbale est adaptĂ©e Ă  l’état cognitifet Ă  la pathologie du patient (aphasie).

L’intonation de la voix du thĂ©rapeute change en fonction dubut : calme si but de relaxation, dynamique et motivant si travailactif important. La synchronisation entre la facilitation manuelle,visuelle et l’ordre verbal est impĂ©rative.

! Principes de traitement/philosophie du concept (Tableau 3)

Ils servent Ă  Ă©valuer les capacitĂ©s, les dĂ©ficiences du patient etĂ  dĂ©terminer sa prise en charge. Welling exige que la mobilisa-tion et l’utilisation des rĂ©serves du patient et l’orientation vers sesressources soient respectĂ©es lors de ce processus [9].

Approche positive« Chacun souhaite une amélioration de sa situation, mais

chacun n’est pas toujours motivĂ© pour participer Ă  son propre trai-tement ou sa rĂ©Ă©ducation. » [4]. Dans cette situation, l’approchepositive doit ĂȘtre mise en avant par le thĂ©rapeute dans le butd’un meilleur rĂ©sultat du traitement. Cette dĂ©marche concerneautant l’évaluation que le traitement. Ainsi le thĂ©rapeute vad’abord Ă©valuer les capacitĂ©s du patient et ensuite les incapacitĂ©sou dĂ©ficiences du patient. ParallĂšlement, il va rendre conscientet valoriser le patient de son potentiel physique et Ă©motion-nel. Le choix et l’entraĂźnement des activitĂ©s significatives pourle patient stimulent d’une part sa motivation et sa collabora-tion et, d’autre part, dĂ©montrent au patient ce qu’il peut fairemalgrĂ© sa maladie ou son handicap. Les objectifs du traitementsont dĂ©finis ensemble et le thĂ©rapeute explique son rĂŽle dans cecontrat. Ciblant l’indĂ©pendance du patient, la proposition desmoyens axillaires et son entraĂźnement font partie de ce travail.D’autres aspects de l’approche positive sont le traitement indi-rect (cf. supra) et le contournement des douleurs. Dans l’objectifde faciliter un mouvement ou une activitĂ© bien coordonnĂ©s, ilest donc impĂ©ratif de ne pas crĂ©er des douleurs [23, 24] par la prisemanuelle, la rĂ©sistance trop forte ou la position.

Approche fonctionnelle : travail au niveaude l’activitĂ© et de la participation

Les objectifs des patients sont toujours liĂ©s Ă  une activitĂ©telle que marcher, monter les escaliers, s’habiller, se laver, etc.

4 EMC - Kinésithérapie-Médecine physique-Réadaptation

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Facilitation proprioceptive neuromusculaire : concept PNF (Kabat-Knott-Voss) ! 26-075-B-10

ProblÚme de santé(trouble ou maladie)

Fonctions organiques

et structures anatomiques

Activité Participation

Facteurs environnementaux Facteurs personnels

Figure 1. Classification internationale du fonctionnement, du handi-cap et de la santé (CIF) : modÚle du fonctionnement et du handicap.Interaction entre les composantes de la CIF.

L’évaluation selon la CIF (Fig. 1) aide le thĂ©rapeute Ă  choisir lesmoyens de traitement pour cibler ces objectifs. Par un travailau niveau structure et fonction (tonification musculaire, stret-ching, travail de posture dans diffĂ©rentes positions, etc.), le patientest prĂ©parĂ© pour amĂ©liorer ses mouvements et activitĂ©s. Ainsi,au cours de la mĂȘme sĂ©ance, un travail sĂ©lectif est suivi d’untravail d’intĂ©gration afin de stimuler diffĂ©rents centres du cer-veau [2, 3, 5, 9, 13, 25].

Par exemple : la tonification (travail statique et dynamique) dutronc et des membres supérieurs avec des schémas uni- ou bilaté-raux est complétée par un jeu de ballon, la marche avec cannes,se mouvoir dans la chaise roulante, exercer un transfert, etc.

Mobilisation des rĂ©serves potentiellesChaque ĂȘtre humain a du potentiel non utilisĂ©. Lors de la prise

en charge du patient, le thĂ©rapeute s’adresse aux ressources dupatient, c’est-Ă -dire qu’il vise Ă  faire sortir les rĂ©serves physiqueset mentales du patient afin d’amĂ©liorer ses capacitĂ©s motrices [4].L’entraĂźnement des mouvements ou activitĂ©s dans diffĂ©rentscontextes, environnements, situations et sous diffĂ©rents anglesest de grande importance. Pour la construction du traitement,le thĂ©rapeute choisit d’abord des exercices faciles pour le patientet cherche des irradiations ciblant le problĂšme du patient. RĂ©a-liser une activitĂ© d’abord avec le cĂŽtĂ© sain va aider le patient Ă mieux comprendre la tĂąche et promouvoir l’apprentissage moteur.Effectuer un travail en bimanuel amĂ©liore Ă©galement la force, lacoordination et la perception. RĂ©flĂ©chir ensemble avec le patientsur des possibilitĂ©s de l’entraĂźnement est un atout supplĂ©mentairepour trouver des ressources.

Dans le but de rĂ©ussir Ă  obtenir les objectifs de traitementfixĂ©s, l’application d’un programme d’entraĂźnement intensif estnĂ©cessaire. Pendant la sĂ©ance, le thĂ©rapeute cible des efforts Ă la limite du potentiel, autant physique que mental, du patient,Ă©vitant cependant une fatigue musculaire exagĂ©rĂ©e. La variationdes mouvements, des activitĂ©s et le fait de travailler dans diffĂ©-rentes positions stimulent le systĂšme vestibulaire et l’orientationdans l’espace. Varier les groupes musculaires et le type de travailmusculaire (concentrique, excentrique et statique) dans diffĂ©-rentes positions attire l’attention du patient, empĂȘche la fatigued’un certain groupe musculaire et permet une certaine rĂ©cupĂ©-ration. Un programme intĂ©ressant et variĂ© va attirer l’attentiondu patient, augmenter sa concentration et stimuler sa motiva-tion. Se rĂ©fĂ©rer aux diffĂ©rentes Ă©tapes du dĂ©veloppement moteur(Tableau 4) peut aider Ă  bien structurer la sĂ©ance. Travailler uneactivitĂ© dans diffĂ©rents contextes et situations environnemen-tales augmente l’intĂ©gration des capacitĂ©s du patient et stimulel’apprentissage. Un programme d’exercices Ă  domicile facile Ă  intĂ©-grer dans la vie quotidienne et la reprise d’une occupation/hobbydevraient complĂ©ter le programme.

Tableau 4.Stades du contrĂŽle moteur. Applicable pour l’analyse des stratĂ©gies degestes, le plan et la rĂ©alisation de traitement.

MobilitĂ© CapacitĂ© d’initier un mouvement et d’obtenirles amplitudes totales du mouvement

Stabilité Capacité de garder la position contre unerésistance (la gravité)

Mobilité contrÎlée Capacité de concilier la stabilisation et unmouvement/geste. Ainsi, la musculatureproximale est souvent dans un état de stabilitédynamique

HabilitĂ© CapacitĂ© d’avancer ou se dĂ©placer. C’est la phasela plus dĂ©veloppĂ©e dans la motricitĂ©. Plus labase de sustentation est petite et/ou plus lecentre de gravitĂ© est Ă©levĂ© (position verticale),plus la stabilisation est dynamique

Par exemple : entraĂźnement du transfert chaise → chaise.D’abord exercĂ© lors d’une sĂ©ance, il est Ă©galement entraĂźnĂ© au res-taurant, au domicile du patient, au jardin et dans la voiture. Dansun centre de rĂ©adaptation et lors de physiothĂ©rapie Ă  domicile, cegenre d’entraĂźnement fait partie du programme standard.

Prise en charge du patient dans sa globalitéLe patient est pris en charge dans sa globalité. Ainsi le thé-

rapeute considÚre non seulement le diagnostic médical, lesdéficiences et le handicap de la personne, mais également lesfacteurs environnementaux et personnels (physique, intellectuel,émotionnel) du patient.

L’évaluation de la situation du patient se fait selon les prin-cipes de traitement/philosophie du concept PNF en intĂ©grant laCIF. Selon la pathologie du patient et ses dĂ©ficiences, des ques-tionnaires et tests mesurables et valides (la qualitĂ© de vie, lesrisques de chute, la douleur, le testing musculaire, l’amplitudedes mouvements en degrĂ©s, la distance de marche, la durĂ©ede marche, etc.) complĂštent cette Ă©valuation. Une analyse desmouvements et des activitĂ©s du patient en fait partie. Le phy-siothĂ©rapeute pose ensuite son diagnostic, fixe des objectifs etĂ©tablit un plan de traitement selon le processus du raisonnementclinique. Afin d’obtenir un rĂ©sultat optimal, une rĂ©Ă©valuations’effectue rĂ©guliĂšrement pour savoir si les principes de facilitationet de traitement sont appliquĂ©s de facon judicieuse et profi-table pour le patient. Ces rĂ©sultats permettent au thĂ©rapeute ainsiqu’au patient d’évaluer les progrĂšs obtenus. Pour le patient celareprĂ©sente une motivation et pour le thĂ©rapeute un indice pourl’adaptation de ses dĂ©marches de traitement.

Utilisation des principes d’apprentissageet de contrîle moteur

Le concept PNF permet aux thĂ©rapeutes d’intĂ©grer les rĂ©sultatsde recherche au sujet de l’apprentissage et de contrĂŽle moteur. Denombreuses publications, notamment de Shumway-Woolacott,Gentile, Bernstein, Mulder permettent de se documenter etd’utiliser ces connaissances pour rendre les traitements encoreplus efficaces [13, 14, 16, 26].

! Techniques de traitement(Tableau 5)

Les techniques prĂ©sentent un outil supplĂ©mentaire pour obte-nir un rĂ©sultat spĂ©cifique [9]. Certains suivent l’objectif de travaillerune structure anatomique : l’étirement musculaire, la tonificationd’un groupe ou chaĂźne musculaire, l’amĂ©lioration de la coor-dination inter- et intramusculaire (travail au niveau lĂ©sionnel,CIF [27]) ; d’autres visent l’objectif d’apprendre un mouvement ouune activitĂ© (travail des activitĂ©s et de la participation, CIF [27]).Les techniques sont divisĂ©es en trois groupes : techniques des

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26-075-B-10 ! Facilitation proprioceptive neuromusculaire : concept PNF (Kabat-Knott-Voss)

Tableau 5.Techniques de traitement

Technique des agonistesVise un groupe ou une chaĂźne musculaire dans une seule direction- Initiation rythmique- RĂ©plication- Inversions des agonistes- Stretch

Technique des antagonistesVise les agonistes et les antagonistes avec objectif de travailler dans deuxdirections- Inversions dynamiques- Inversions stabilisantes

Techniques de « stretching »- Contracter-relùcher- Tenir-relùcher

agonistes, des antagonistes et de stretching. Ciblant prĂ©cisĂ©ment lesdiffĂ©rentes dĂ©ficiences du patient, le thĂ©rapeute se sert de plusieurstechniques lors du mĂȘme traitement. L’utilisation des principes defacilitation lors de leur application les rend plus efficaces.

Techniques des agonistesInitiation rythmique

Par dĂ©finition, il s’agit d’une facilitation d’un mouvementrythmique unidirectionnel Ă  travers l’amplitude dĂ©sirĂ©e du mou-vement. La rĂ©alisation se fait en quatre phases : la phase passive :le thĂ©rapeute effectue le mouvement ou une activitĂ© passivementet de facon rythmique en adaptant sa stimulation verbale et sepositionnant dans la diagonale du mouvement. L’ordre verbal estunidirectionnel et dans le sens du mouvement souhaitĂ©. Lors dela phase assistĂ©e, le patient devient de plus en plus actif dansla rĂ©alisation du mouvement ou l’activitĂ©. Ensuite le thĂ©rapeuteoppose progressivement une rĂ©sistance au mouvement (phaseactive contre rĂ©sistance). Le retour du mouvement est toujourspassif. Dans la derniĂšre phase (phase active), le patient exĂ©cuteseul le mouvement. DĂ©pendant de la position du patient et parconsĂ©quent influencant la gravitĂ©, l’activitĂ© musculaire changepour obtenir le mĂȘme geste. Les buts de cette technique sont mul-tiples : l’apprentissage ou l’initiation d’un mouvement ou d’uneactivitĂ©, l’amĂ©lioration de la coordination et la perception d’unmouvement, la normalisation de la vitesse et l’amplitude d’unmouvement (augmenter ou diminuer). Par le fait que le retour dumouvement se fait toujours en passif, le patient apprend aussi Ă se relaxer.

Il est Ă  souligner que la facilitation pour dĂ©marrer ou apprendreun mouvement ne consiste pas seulement en une stimulationtactile. Le facteur de motivation joue un rĂŽle important chez lepatient [13]. Ainsi on peut utiliser cette technique pour entraĂźnerun transfert dans une situation rĂ©elle, soit le transfert assis-deboutou l’initiation du premier pas lors de la rĂ©Ă©ducation Ă  la marche.

RĂ©plication [2, 9]

C’est une technique permettant au patient d’apprendre uneactivitĂ© ou la position finale d’une activitĂ© ou d’un mouvement.Elle permet au thĂ©rapeute d’évaluer la capacitĂ© du patient Ă maintenir une contraction lorsque les muscles agonistes sont enposition courte. La rĂ©alisation se fait dans les Ă©tapes suivantes : lethĂ©rapeute positionne le membre/le patient dans la position sou-haitĂ©e, puis il lui demande de maintenir cette position : d’abordcontre rĂ©sistance manuelle, ensuite sans rĂ©sistance manuelle. Parla suite, le thĂ©rapeute demande au patient de se relĂącher et il bougele membre/le patient un peu plus loin de la position souhaitĂ©e,en direction de la position initiale. Il demande au patient de bou-ger contre rĂ©sistance manuelle jusqu’à la position souhaitĂ©e etd’y rester. À chaque rĂ©pĂ©tition le thĂ©rapeute ramĂšne le patientun peu plus vers la position initiale et lui demande de retour-ner activement contre rĂ©sistance Ă  la position souhaitĂ©e. Pourobtenir la meilleure rĂ©ponse motrice, il est important de respec-ter les principes de facilitation : la rĂ©sistance adaptĂ©e combinĂ©e

avec une traction pour faciliter le mouvement, ou avec une coap-tation pour faciliter la stabilitĂ©. À la fin, le thĂ©rapeute demandeau patient d’effectuer le mouvement ou de maintenir la positionsouhaitĂ©e seul. Un ordre verbal adaptĂ© sert Ă  motiver et Ă  corrigerle patient. La stimulation visuelle est un facteur supplĂ©mentaireimportant pour faciliter l’orientation dans l’espace ou compenserune dĂ©ficience proprioceptive. La rĂ©plication est une techniqueidĂ©ale pour Ă©laborer une posture, faciliter et entraĂźner des activitĂ©sde la vie quotidienne ou l’hygiĂšne posturale.

Inversions des agonistes [2]

Cette technique permet de travailler en alternance et sans relĂą-chement intermĂ©diaire les trois types de contraction musculaire :concentrique, excentrique et statique. Selon l’objectif recherchĂ©,cette alternance entre travail concentrique, excentrique et sta-tique sur le mĂȘme groupe musculaire peut se faire Ă  n’importequelle amplitude de mouvement. Le travail statique s’effectue Ă n’importe quel moment du mouvement, Ă  l’amplitude oĂč l’onsouhaite augmenter la sollicitation neuromusculaire. Lors de larĂ©alisation de cette technique, le thĂ©rapeute maintient ses prisesmanuelles au mĂȘme endroit. Visant un travail dynamique, il peutajouter une traction ; visant un travail statique, il ajoute une coap-tation.

Les objectifs de traitement sont multiples pour cette technique :amĂ©liorer la coordination intra- et intermusculaire, amĂ©liorer lecontrĂŽle actif de l’amplitude ou d’une partie d’un mouvement,amĂ©liorer la force musculaire, augmenter l’endurance musculaire,entraĂźner une activitĂ© fonctionnelle ou amĂ©liorer la perceptiond’un mouvement. Les inversions des agonistes reprĂ©sentent unetechnique idĂ©ale pour travailler une activitĂ© en chaĂźne fermĂ©e, parexemple : le transfert assis-debout et debout-assis.

« Stretch »Le stretch est une stimulation complémentaire pour la muscula-

ture. La rĂ©alisation peut se faire de plusieurs maniĂšres. AppliquĂ© audĂ©but d’un mouvement sur la musculature passivement mise entension (stretch initial), il facilite l’initiation ou le dĂ©marrage d’unmouvement. AppliquĂ© sur un muscle contractĂ© au dĂ©but d’unmouvement (stretch initial rĂ©pĂ©tĂ©) ou en cours de mouvement(stretch rĂ©pĂ©tĂ© durant le mouvement), il augmente la consciencecorporelle et motrice du patient et il amĂ©liore la coordination dumouvement [28]. Il peut ĂȘtre utilisĂ© Ă©galement pour promouvoirun timing musculaire normal sous forme de pivot d’insistance. Lasynchronisation entre la facilitation tactile et l’ordre verbal est pri-mordiale. Par exemple : un patient prĂ©sentant une faiblesse desextenseurs de la main initie son mouvement par une Ă©lĂ©vationde l’épaule pour ouvrir sa main. Pour stimuler le dĂ©roulementdu mouvement de distal Ă  proximal, le thĂ©rapeute fait un Ă©ti-rement prĂ©paratoire pour le schĂ©ma flexion/abduction/rotationlatĂ©rale et y ajoute un stretch pour dĂ©marrer le mouvement. Unefois l’activitĂ© musculaire initiĂ©e, le thĂ©rapeute donne une rĂ©sis-tance statique pour tout le schĂ©ma, mais effectue plusieurs stretchspour la composante distale (mouvement de la main), suivis d’unerĂ©sistance et soulignĂ©s d’une stimulation verbale. AprĂšs trois Ă quatre rĂ©pĂ©titions, il donne un stretch pour tout le schĂ©ma etfacilite tout le mouvement du bras contre rĂ©sistance [2]. Il veilleĂ  ce que le mouvement soit initiĂ© avec un mouvement distal.Les contre-indications pour les stretchs sont des instabilitĂ©s articu-laires, des douleurs, des fractures, de l’ostĂ©oporose et des faiblessesmusculaires avec des valeurs au-dessous de 3.

La base neurophysiologique du stretch utilisĂ© en PNF n’est pasencore complĂštement expliquĂ©e. Chan [29], Conrad et Meyer [30]

montrent que le stretch rĂ©flexe consiste en deux parties : la pre-miĂšre partie est le rĂ©flexe spinal, qui produit peu de force et qui estinsignifiant pour la fonction. La deuxiĂšme partie du stretch, appe-lĂ©e rĂ©ponse fonctionnelle du stretch, a un temps de latence pluslong, mais produit une contraction fonctionnelle et performante.Si le stretch est suivi par une rĂ©sistance manuelle adaptĂ©e au mou-vement dĂ©sirĂ©, il influence la qualitĂ© de la contraction musculairevolontaire, en amĂ©liorant la rĂ©ponse motrice [29, 31, 32]. Quelquespraticiens se posent la question de savoir si le stretch rĂ©flexe utilisĂ©en PNF n’est liĂ© qu’à la viscoĂ©lasticitĂ© des tissus. Plus de rechercheest nĂ©cessaire Ă  son explication.

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Techniques des antagonistesInversions dynamiques

Il s’agit de travailler un mouvement dynamique alternant lesschĂ©mas agonistes et antagonistes, sans permettre de relĂąchementmusculaire lors de l’inversion du mouvement [2–5]. Respectantl’approche positive lors de la rĂ©alisation, le thĂ©rapeute commenceavec le mouvement/schĂ©ma le plus fort. À la fin du mouvement,le thĂ©rapeute change sa prise pour faciliter le schĂ©ma ou mouve-ment antagoniste sans permettre un relĂąchement de la tensionmusculaire lors de ce changement. Pour garantir un mouvementcoordonnĂ©, il est impĂ©ratif que le timing (dĂ©roulement du mou-vement de distal Ă  proximal) soit respectĂ©. Selon les buts detraitement (travail des fibres musculaires lentes ou rapides), lechangement peut se faire en diffĂ©rentes vitesses et amplitudes [2].Les buts de traitement sont nombreux : amĂ©liorer les ampli-tudes actives et passives d’un mouvement, la force musculaire,l’endurance et la coordination intra- et intermusculaire par lastimulation des synergies. Cette technique s’applique Ă©galementpour entraĂźner des changements de direction, par exemple pouravancer et reculer dans une chaise ou lors de la rĂ©Ă©ducation Ă  lamarche.

Inversions stabilisantes [2–6]

C’est une technique qui vise Ă  travailler la stabilitĂ©. La techniquefacilite les contractions dynamiques alternĂ©es entre agonistes etantagonistes avec objectif de maintenir une position statique.Dans l’objectif d’amĂ©liorer la force, l’endurance musculaire, la sta-bilitĂ© et l’équilibre, le thĂ©rapeute facilite la coordination intra- etintermusculaire.

RéalisationDans la position souhaitée, le thérapeute oppose une résis-

tance en trois dimensions dans une diagonale et demande aupatient de rĂ©sister. Il adapte l’intensitĂ© de sa rĂ©sistance Ă  la rĂ©ponsemusculaire du patient pour obtenir un travail musculaire quigarantit la stabilitĂ©. Le patient a l’intention de bouger, mais lethĂ©rapeute fournit une rĂ©sistance plus grande. Par la suite, le thĂ©-rapeute change ses prises, l’une aprĂšs l’autre, afin d’opposer unerĂ©sistance pour les muscles antagonistes. Le thĂ©rapeute alternece travail agonistes/antagonistes sans permettre de relĂąchementmusculaire pendant le changement. En respectant l’approchepositive et pour utiliser l’effet de l’irradiation, le thĂ©rapeute com-mence Ă  rĂ©sister sur les groupes musculaires les plus forts pourterminer avec le travail des groupes musculaires les plus faibles.Afin d’obtenir une stabilitĂ© progressive, il est important qu’il n’yait pas un relĂąchement musculaire lors des changements de rĂ©sis-tance manuelle. Pendant une sĂ©quence, le thĂ©rapeute change dediagonale et de localisation de la rĂ©sistance afin d’obtenir une sta-bilitĂ© gĂ©nĂ©rale. Selon les dĂ©ficiences du patient, la technique peutĂȘtre effectuĂ©e avec ou sans coaptation ou traction. L’ordre verbalest : « tenez la position » ; fixer un point avec les yeux peut aug-menter la stabilitĂ© ou, au contraire, bouger les yeux ou la tĂȘte surun tronc Ă  stabiliser vise Ă  augmenter la coordination.

Techniques de « stretching »La recherche [33, 34, 35] a montrĂ© que pour le gain d’amplitude

articulaire, le stretching en groupe musculaire (synergies) commeappliqué en PNF est le plus efficace. En PNF, on fait la différenceentre deux techniques.

Contracter-relùcherCette technique se définit par une contraction dynamique

concentrique de la musculature hypoextensible, suivie d’unrelĂąchement et d’un mouvement passif, assistĂ© ou actif des anta-gonistes dans la nouvelle amplitude. La recherche a montrĂ© quele mouvement actif est le plus efficace pour intĂ©grer la nouvelleamplitude en long terme [2, 34]. L’objectif est l’étirement de la mus-culature hypoextensible et l’augmentation de l’amplitude activeet passive du mouvement. La technique s’applique aux patientsprĂ©sentant une diminution de l’amplitude passive et active demouvement sans douleur.

RéalisationLe thérapeute choisit un schéma qui place les muscles hypo-

extensibles sous tension. Il amĂšne le segment passivement ouactivement contre rĂ©sistance jusqu’à la limite de ce mouvement.Par la suite, il change ses prises pour rĂ©sister Ă  la chaĂźne musculairehypomobile et demande au patient une contraction musculaireactive en rĂ©sistant Ă  toutes les composantes, surtout Ă  la rotation.Il y ajoute Ă©ventuellement une traction ou une coaptation afinde stimuler la composante capsuloligamentaire. Quand le thĂ©ra-peute sent une fatigue/diminution de l’intensitĂ© de la contractionmusculaire, il demande au patient de se relĂącher en diminuantprogressivement sa rĂ©sistance. Il maintient la position permettantau patient de se relĂącher complĂštement. Ensuite, le thĂ©rapeutechange ses prises (d’abord par une prise distale, puis par une priseproximale) et donne une rĂ©sistance dans le schĂ©ma antagoniste,demandant au patient d’aller plus loin dans le mouvement dĂ©sirĂ©.Dans le but d’augmenter au maximum l’amplitude, la procĂ©dureest rĂ©pĂ©tĂ©e plusieurs fois.

Tenir-relñcherC’est la technique de choix pour des patients souffrant de dou-

leurs ou qui ont beaucoup de force. La technique est dĂ©finie parune contraction musculaire statique de la musculature hypoex-tensible, suivie d’un relĂąchement et d’un travail actif dans lanouvelle amplitude. Elle a comme but d’obtenir une relaxationpour diminuer la douleur en Ă©tirant la musculature hypoexten-sible afin d’augmenter l’amplitude articulaire active et passive.

RĂ©alisationLe patient est amenĂ© activement jusqu’à la limite du mouve-

ment ou de la douleur et priĂ© de se relĂącher. Puis, le thĂ©rapeutebouge passivement la composante distale dans la position duschĂ©ma antagoniste. Il change ensuite sa prise proximale pourrĂ©sister Ă  toutes les composantes du schĂ©ma antagoniste, sur-tout en rotation. Le thĂ©rapeute demande au patient de tenircette position (contraction statique de la musculature hypoexten-sible). L’intensitĂ© de la rĂ©sistance doit ĂȘtre adaptĂ©e au potentieldu patient, c’est-Ă -dire que la rĂ©ponse musculaire du patient nedevrait entraĂźner aucun mouvement : contraction statique ! [35].L’ordre verbal est : « restez dans cette position ! » [2]. Durant le« tenir » , il n’y a aucune intention de mouvement. Par la suite,en restant dans la diagonale, le thĂ©rapeute demande au patient derelĂącher progressivement et veille qu’il puisse vraiment le faire.Ensuite le patient bouge activement contre la rĂ©sistance manuelledu thĂ©rapeute jusqu’à la nouvelle amplitude du mouvement. Plu-sieurs rĂ©pĂ©titions sont effectuĂ©es en fonction de la douleur et dela rĂ©ponse du patient.

La diffĂ©rence entre ces deux techniques rĂ©side d’une partdans la rĂ©alisation et d’autre part dans l’ordre verbal. Lors dutenir-relĂącher, le thĂ©rapeute facilite passivement la composantedistale et l’ordre verbal est donnĂ© pour une activitĂ© statique. Lorsdu contracter-relĂącher, le patient effectue la composante distaleactive contre la rĂ©sistance manuelle du thĂ©rapeute et l’ordre verbalest donnĂ© pour une activitĂ© dynamique.

AprĂšs avoir gagnĂ© en mobilitĂ© ou en antalgie, le thĂ©rapeuteapplique les techniques d’inversions dynamiques ou d’inversionsdes agonistes pour entraĂźner l’intĂ©gration de la nouvelle ampli-tude dans le schĂ©ma corporel.

! DĂ©marche de traitementIl se base sur les trois piliers du concept : les principes de traite-

ment, les principes de facilitation et les techniques (Fig. 2).

! Applications cliniquesCet article démontre que le concept PNF est autant une tech-

nique qu’une approche de traitement, permettant une applicationdans les trois domaines de la CIF : structures et fonctions, activi-tĂ©s et participation pour les patients de tout Ăąge. Les rĂ©sultats derecherche de l’apprentissage et du contrĂŽle moteur et les exigences

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des guidelines pour la prise en charge des patients dĂ©montrentque le concept PNF possĂšde des outils trĂšs adĂ©quats et utiles pourpouvoir suivre ces guidelines. L’utilisation du PNF ne se limite passeulement Ă  un domaine de physiothĂ©rapie, elle est au contrairevalable dans tous les domaines de la physiothĂ©rapie : soins aigus,rĂ©habilitation postopĂ©ratoire et post-traumatique, prise en chargedes patients chroniques, prĂ©vention, ergonomie et traitements Ă domicile. En illustration, voici quelques exemples cliniques.

Principesde traitement

Techniquesde traitement

Principesde facilitation

Concept PNF

Figure 2. Les trois piliers du concept de facilitation proprioceptive neu-romusculaire (PNF).

NeurologieL’apprentissage des activitĂ©s de la vie quotidienne, de

l’occupation professionnelle ou des loisirs du patient sont dansla plupart du temps des objectifs de traitement. Afin de stimu-ler la plasticitĂ© cĂ©rĂ©brale et des muscles ainsi que l’apprentissagemoteur, le thĂ©rapeute cherche Ă  faire travailler le patient dansdes situations concrĂštes. L’exemple de prĂ©paration d’une pizza enposition debout peut viser plusieurs objectifs de traitement.

Stabilisation du troncSi le problÚme du patient est un manque de stabilité du tronc,

le thérapeute va faciliter la stabilisation du tronc en extensionutilisant la coaptation, la résistance ou la réplication pendant quele patient fait un mouvement ou une activité.

IntĂ©gration de l’hĂ©micorps nĂ©gligĂ©En cas d’une hĂ©minĂ©gligence, le thĂ©rapeute va mettre en

avant la stimulation visuelle et verbale. Cela consiste d’une partĂ  placer des objets du cĂŽtĂ© atteint, et d’autre part Ă  stimuler

A B

Figure 3. Travail d’antĂ©- et rĂ©troversion dyna-mique du bassin et stabilisation lombaire (A, B).

A B

Figure 4. Ramasser un objet : le thérapeutefacilite le redressement du tronc et la stabilisationlombaire (A, B).

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Facilitation proprioceptive neuromusculaire : concept PNF (Kabat-Knott-Voss) ! 26-075-B-10

A B

Figure 5. Application de la technique « inver-sion des agonistes » pour travail de flexion etd’extension des genoux avec la position lombairestabilisĂ©e (A, B).

A B

Figure 6. Schéma du tronc en extension etflexion pour travail indirect de la cheville (A, B).

verbalement le patient Ă  tourner sa tĂȘte du cĂŽtĂ© atteint pour cher-cher les ingrĂ©dients pour la pizza et ainsi intĂ©grer le cĂŽtĂ© nĂ©gligĂ©ou lĂ©sĂ© du corps. Un travail bimanuel aide Ă  stimuler l’intĂ©grationde l’hĂ©micorps dans les activitĂ©s de la vie quotidienne et ainsifavoriser le travail de la perception du corps et du schĂ©ma corporel.

Augmentation de l’amplitude activedu mouvement

Le bilan dĂ©montre que le patient fait des petits mouvementsrĂ©pĂ©titifs et qu’il n’arrive pas Ă  abaisser la pĂąte. Le thĂ©rapeuteapplique des initiations rythmiques avec pour objectif d’enseignertoute l’amplitude de mouvement. Dans le but d’une meilleurecoordination et tonification des mouvements antagonistes, le thĂ©-rapeute applique la technique d’inversions dynamiques. PlacantdiffĂ©rents objets autour et plus au moins Ă©loignĂ©s de la pĂąte, ilstimule le patient Ă  faire de grands mouvements pour arriver Ă les toucher. Plus on pose les objets latĂ©ralement, plus le patienttravaille la rotation du tronc et agrandit ainsi son champ d’action.

Tonification des muscles des mainsAu cas oĂč le patient prĂ©sente une faiblesse des mains, le thĂ©ra-

peute peut prĂ©parer l’activitĂ© de fermeture de la main par un pivotd’insistance des flĂ©chisseurs de la main (travail au niveau de struc-ture et fonction). Par la suite, il demande au patient de pĂ©trir lapĂąte (activitĂ©). L’exercice Ă  faire Ă  domicile (participation) sera parexemple de prĂ©parer une autre pizza, une quiche ou une tarte etde les dĂ©corer avec des ingrĂ©dients coupĂ©s Ă  la main. Tenir le cou-teau stimule les flĂ©chisseurs de la main, ramasser les ingrĂ©dientscoupĂ©s travaille la prise de pince.

Verticalisation du patientS’agit-il d’un patient (par exemple paraplĂ©gique) qui doit ĂȘtre

verticalisé, il peut préparer sa pizza au standing. En fonction deses possibilités orthostatiques et physiques, la durée de sa vertica-lisation sera variée.

À part l’entraĂźnement des gestes, de la force, de la coordinationet de l’entraĂźnement de posture, la prĂ©paration d’un repas avec

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Figure 7. Bridging : position de départ.

Figure 8. Position d’arrivĂ©e sur base de sustentation stable.

des amis ou un partenaire est motivante et représente en outre unévénement social.

ErgonomieDans ce domaine, il existe des possibilités multiples : char-

gement d’une machine Ă  laver, Ă©valuation et adaptation d’uneplace de travail, entraĂźnement des mouvements posturaux, etc.Voici un exemple pour l’entraĂźnement d’une posture correcte dudos suivant plusieurs objectifs. L’objectif au niveau de l’activitĂ©est de ramasser quelques objets par terre (Fig. 3A). Pour obte-nir un bon rĂ©sultat, le thĂ©rapeute va agir Ă  plusieurs niveaux :pour l’extension lombaire, il donne une rĂ©sistance manuelle auniveau du bassin pour faciliter l’antĂ©version du bassin, la flexiondes hanches et des genoux (Fig. 3B). Une rĂ©sistance manuellesupplĂ©mentaire au niveau de la ceinture scapulaire (Fig. 4A) faci-lite le redressement du haut du corps dans cette position. Selonles dĂ©ficiences du patient et l’activitĂ© recherchĂ©e, le thĂ©rapeuteapplique la technique des inversions des agonistes (Fig. 4B) afinde travailler la tonification des membres infĂ©rieurs (plier et tendreles genoux) en demandant au patient de ramasser un objet parterre (Fig. 5). Si le patient prĂ©sente un problĂšme de stabilitĂ©segmentaire au niveau lombaire, le thĂ©rapeute vise Ă  travaillerle timing du mouvement : travail du muscle transverse avec lastimulation manuelle, application de la technique d’inversionsstabilisantes au niveau du tronc et, parallĂšlement, travaille unmouvement ou une activitĂ© du membre supĂ©rieur (mobilitĂ© surstabilitĂ©).

En outre le thĂ©rapeute travaille des activitĂ©s professionnelles etquotidiennes spĂ©cifiques (porter des objets lourds, les poser dansune Ă©tagĂšre, etc.) afin d’entraĂźner ses compĂ©tences. Bien entenduune Ă©valuation et une adaptation du lieu de travail font aussipartie de la prise en charge.

Orthopédie et traumatologieDans ces domaines, les indications du traitement sont égale-

ment multiples. Voici deux exemples.

Figure 9. Position d’arrivĂ©e sur base de sustentation instable.

Figure 10. Position d’arrivĂ©e avec base de sustentation instable et aug-mentation de la mise en charge.

Figure 11. Schéma bilatéral des membres supérieurs : flexion/abduc-tion/rotation latérale : travail indirect des muscles ischiojambiers.

Entorse de chevilleUne entorse de cheville demande un travail proprioceptif inten-

sif et progressif au niveau de la mise en charge. Un schĂ©ma dutronc appliquĂ© en position assise avec les pieds appuyĂ©s sur unballon stimule les rĂ©actions d’équilibre/Ă©quilibration au niveaudes pieds par un travail indirect (Fig. 6).

Des adaptations de bridging permettent le travail de mise encharge sur les pieds (bi- ou unipodal, sur un plan stable ouinstable) avec une base de sustentation basse (Fig. 7 à 10). Lestechniques et principes de facilitation multiples, en alternant unestabilisation et une mobilisation, permettent de stimuler la pro-prioception ainsi que les différentes sortes de propriocepteurs et decontractions musculaires (concentrique, excentrique, statique).

Arthroscopie au niveau du genouUn patient ayant subi une arthroscopie au genou présente un

flessum de 15◩ du genou. Il marche avec deux cannes en chargecomplĂšte. Lors de la phase d’oscillation et la phase d’appui, iln’arrive pas Ă  tendre complĂštement son genou. Une Ă©valuation

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Facilitation proprioceptive neuromusculaire : concept PNF (Kabat-Knott-Voss) ! 26-075-B-10

The newIPNFA Course Program

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Figure 12. Formation en facilitation proprio-ceptive neuromusculaire (PNF) de l’InternationalProprioceptive Neuromuscular Facilitation Asso-ciation (IPNFA).

plus approfondie montre que le patient prĂ©sente une contracturedes ischiojambiers et une faiblesse du quadriceps. Le traitementcommence par une prĂ©paration de la musculature, un travail indi-rect des membres infĂ©rieurs dans diffĂ©rentes positions (la Figure 11montre une possibilitĂ© de traitement indirect pour les membresinfĂ©rieurs par le schĂ©ma bilatĂ©ral symĂ©trique des membres supĂ©-rieurs en flexion/abduction/rotation latĂ©rale). Ensuite un travaildirect s’enchaĂźne : le thĂ©rapeute vise d’abord Ă  Ă©tirer les ischiojam-biers avec la technique de tenir ou contracter-relĂącher. Cette Ă©tapeest suivie par une tonification du quadriceps avec la techniqued’inversions des agonistes en chaĂźne fermĂ©e et ouverte. Afin detravailler la coordination entre agonistes et antagonistes, le traite-ment est complĂ©tĂ© par la technique d’inversions des antagonistes.Pendant le traitement, le thĂ©rapeute travaille diffĂ©rents transfertset dans diffĂ©rentes positions utiles pour le patient. Le patient eststimulĂ© Ă  travailler la marche sur diffĂ©rents terrains (activitĂ©s)et dans diffĂ©rents contextes (dehors, dans les escaliers). Le pro-gramme d’exercice Ă  domicile inclut ces activitĂ©s et complĂšte ainsile traitement.

! CoĂ»tsL’application du concept PNF est multiple. Elle se fait dans le

cadre hospitalier et Ă  domicile et dans des situations concrĂštes.Aucun matĂ©riel coĂ»teux n’est nĂ©cessaire. En revanche, un thĂ©ra-peute bien formĂ©, rĂ©flĂ©chi, innovant et enthousiaste est primordialpour pouvoir motiver, rĂ©Ă©duquer et entraĂźner le patient.

! Formation en facilitationproprioceptive neuromusculaire(Fig. 12)

Le concept PNF fait partie de la formation de base des physio-thĂ©rapeutes et kinĂ©sithĂ©rapeutes du monde entier. La formationpostgraduĂ©e peut se faire de diffĂ©rentes maniĂšres : des groupes detravail rĂ©gionaux, des cercles de qualitĂ©, des formations journa-liĂšres par thĂšme, des cours de base et avancĂ©s ou une formationde plusieurs mois aux États-Unis.

L’association internationale des instructeurs en PNF (IPNFA)organise et rĂ©alise des cours et la formation des instructeurs enPNF. OrganisĂ©e au niveau international, l’association veille Ă©ga-lement Ă  la qualitĂ© des cours. Une fois par annĂ©e, elle organiseun congrĂšs pour prĂ©senter les actualitĂ©s au niveau de rechercheet de formation. Les sites www.ipnfa.org (site international) etwww.ipnfa.ch (site suisse) en donnent des informations.

! ConclusionDéveloppé à la base par Knott, Voss et Kabat, actualisé et

enrichi par des publications et des recherches de physiothĂ©ra-peutes de plusieurs pays, ce concept de traitement est aujourd’huimondialement connu et appliquĂ© dans tous les domaines de laphysiothĂ©rapie. Les rĂ©sultats de la recherche actuelle dans lesdomaines de la neurophysiologie, de l’analyse de mouvement, del’apprentissage moteur et de la biomĂ©canique confirment que laprise en charge des patients selon le concept de PNF reste tou-jours d’une grande actualitĂ© et d’une grande efficacitĂ© pour lebien du patient. Des recherches Ă  venir seront nĂ©cessaires pourconnaĂźtre les mĂ©canismes du carry over, pour que l’apprentissagemoteur soit efficace et ses rĂ©sultats durables Ă  court, moyen et longterme.

“ Points essentiels

‱ Approche positive et orientĂ©e vers les ressources dupatient (rĂ©serves potentielles)‱ Traitement actif et entraĂźnement intensif‱ Prise en charge de la personne dans sa globalité‹ Approche fonctionnelle : travail au niveau de l’activitĂ©et de la participation‱ Utilisation des principes d’apprentissage et de contrĂŽlemoteur‱ Stimulation extĂ©ro- et proprioceptive

DĂ©claration de liens d’intĂ©rĂȘts : l’auteur dĂ©clare ne pas avoir de liens d’intĂ©rĂȘtsen relation avec cet article.

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Pour en savoir plusSites de l’Association internationale PNF : www.ipnfa.org (international) ;

www.ipnfa.ch (suisse).

U. Bertinchamp, PhysiothĂ©rapeute, Master of Physical Therapy Science [MPTSc] ([email protected]).Avenue de Rochettaz 7, CH-1009 Pully, Suisse.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Bertinchamp U. Facilitation proprioceptive neuromusculaire : concept PNF (Kabat-Knott-Voss).EMC - Kinésithérapie-Médecine physique-Réadaptation 2017;13(3):1-12 [Article 26-075-B-10].

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