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Mai 2011 BETA Programme / Recherche-Action BATIMENT (B) : étude de préfiguration des filières bois 0 PROGRAMME DE RECHERCHE “REPENSER LES VILLES DANS UNE SOCIETE POST CARBONE” ADEME - MEDDTL www.villepostcarbone.fr Recherche-Action « BETA Programme » Programme concerté d’actions dans les secteurs du Bâtiment, de l’Emploi, des Transports et de l’Alimentation pour enclencher une dynamique de réduction des émissions de gaz à effet de serre par un facteur 4. Recherche sur les villes satellites des grandes villes ; étude de cas sur le territoire de Fontainebleau. www.betaprogramme.org Volet « Bâtiment » de la Recherche-Action « Eco-industrie de la filière bois » Projet mené par des étudiants du Mastère Développement Durable d’HEC Sous la direction de Quattrolibri Janvier-Mai 2011 AUTEURS Lafargue Emma-Oriane Le Bars Benoit Muroni Giuseppe Wagner Julia Encadrement : Quattrolibri (Julien Dossier, Louise Hain) © quattrolibri 2011

BETA Programme - Recherche-Action "Bâtiments"

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Rapport d'étude sur la préfiguration de filières bois sur le territoire de Fontainebleau mené par une équipe d'étudiants du Mastère Développement Durable d'HEC, encadrés par Quattrolibri, au titre du volet "recherche-action / Bâtiments" du BETA Programme. Le BETA Programme fait partie du programme de recherches "Repenser la ville dans une société post carbone" financé par l'ADEME et le MEDDTL.

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PROGRAMME DE RECHERCHE “REPENSER LES VILLES DANS UNE SOCIETE POST CARBONE”

ADEME - MEDDTL www.villepostcarbone.fr

Recherche-Action « BETA Programme » Programme concerté d’actions dans les secteurs

du Bâtiment, de l’Emploi, des Transports et de l’Alimentation pour enclencher une dynamique de réduction des émissions de gaz à effet de serre par un facteur 4.

Recherche sur les villes satellites des grandes villes ; étude de cas sur le territoire de Fontainebleau.

www.betaprogramme.org

Volet « Bâtiment » de la Recherche-Action

« Eco-industrie de la filière bois »

Projet mené par des étudiants du Mastère Développement Durable d’HEC Sous la direction de Quattrolibri

Janvier-Mai 2011

AUTEURS Lafargue Emma-Oriane Le Bars Benoit Muroni Giuseppe Wagner Julia Encadrement : Quattrolibri (Julien Dossier, Louise Hain) © quattrolibri 2011

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Synthèse des conclusions

Le territoire de Fontainebleau fournit une illustration éclatante de l’inefficacité de la filière bois, 2e

poste de déficit commercial de la France. Les conséquences de cette organisation sont fâcheuses pour le

territoire à plus d’un titre:

- La valeur ajoutée est exportée, et ne profite pas au territoire. Les parties nobles des espèces les plus

recherchées sont exportées en tant que matière première non transformée, et réimportées sous forme

de produits finis au gré de trajets de plusieurs centaines de kilomètres. Les produits qui restent sur le

territoire sont de moins bonne qualité, rendant plus risqués ou moins rentables les investissements pour

développer une filière locale de valorisation.

- L’absence d’activités locales de transformation semble être une fatalité: les efforts des décennies

passées pour y remédier semblent avoir échoué; l’interdépendance des différentes étapes de

transformation du bois met en péril la rentabilité d’un projet qui ne couvrirait qu’un maillon de la chaîne

de valeur (1e, 2nde transformation, distribution), posant des défis soit d’approvisionnement soit de

débouchés. Les investissements industriels classiques ne sont pas non plus adaptés à la forêt de

Fontainebleau, du fait de la relative faiblesse de la ressource (50 000m3 / an), largement en dessous des

seuils de rentabilité des installations industrielles de gros volume.

- Un modèle d’exploitation intensive de la forêt n’est bien entendu pas adapté à une forêt comme celle de

Fontainebleau, réserve de Biosphère et forêt récréative abondamment visitée. Cependant, les activités

récréatives de la forêt ne contribuent que partiellement à sa protection: engorgement des visites sur

quelques sites, fragilisation des zones les plus fréquentées, et c’est la vente de carburants qui est la

première retombée économique du tourisme en forêt, ne contribuant ainsi pas aux dépenses liées à une

gestion durable de la ressource.

Ce diagnostic en forme d’impasse stratégique doit pourtant être dépassé, et c’est l’objet de cette étude :

tenter de faire émerger une vision alternative, fondée sur le développement d’un éco-tourisme et d’une

valorisation « douce » de la ressource, basée sur des petits volumes et des circuits courts.

Notre analyse part d’une approche systémique des enjeux, et cherche à optimiser les passerelles, synergies

et relais entre différents volets d’un programme local : développement d’un éco-tourisme (durée de séjour

plus longue, contribution active à la gestion de la forêt et retombées économiques locales), implantation de

petites unités de première et seconde transformation pour soutenir un système d’échanges local sur

l’ensemble des produits du bois (construction, ameublement, isolation, mais aussi chauffage) et au service

d’une R&D sur des éco-matériaux (matériaux hybrides, restructurés…).

Enfin, la réaffectation civile de terrains militaires du territoire de Fontainebleau fournit une solution foncière à

ces projets de développement, et représente une occasion historique d’entreprendre ce programme.

Nous proposons des axes de réflexion qui devront être approfondis, chiffrés et élaborés avec des équipes

locales et des porteurs de projet et testés in vivo avec le soutien de moyens institutionnels et financiers.

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Sommaire

Synthèse des conclusions .................................................................................................................................0 Sommaire ..........................................................................................................................................................1 Fiche action - Eco-industrie de la filière bois ....................................................................................................2 Introduction........................................................................................................................................................3 Remerciements .................................................................................................................................................3 1) Analyse de la ressource bois disponible dans la Forêt de Fontainebleau .................................................4 a. Les diverses utilisations du bois.................................................................................................................4 b. La ressource bois en forêt de Fontainebleau et son exploitation ...............................................................4 c. Organisation des différentes filières du bois hors tourisme........................................................................6 d. Etat des lieux du bâti à Fontainebleau .......................................................................................................8 e. Potentiels de développement de filières bois à Fontainebleau ..................................................................8 2) Analyse de quatre filières : Tourisme, Construction, Meubles et matériaux isolants, Chauffage ............10 a. Filière Tourisme .......................................................................................................................................10

i. Contexte local : un usage touristique dominant, mais vulnérable, à faible impact local .......................10 ii. Analyse des enjeux : les projets en cours dans la forêt de Fontainebleau ..........................................10 iii. Analyse des enjeux : les projets à l’étude à l’échelle du territoire .......................................................12

b. Filières Construction et Ameublement .....................................................................................................13 i. Contexte local : des filières inexistantes sur le territoire .......................................................................13 ii. Analyse des enjeux : la première étape de transformation ..................................................................13 iii. Analyse des enjeux : la phase de séchage .........................................................................................14 iv. Analyse des enjeux : la seconde phase de transformation .................................................................15 v. Analyse des enjeux : la nécessité d’adopter une vision systémique « end to end » ...........................15 vi. Difficultés à surmonter pour la mise en route de l’ensemble de la filière ............................................17

c. Filière Chauffage biomasse......................................................................................................................18 i. Contexte local : une activité peu structurée, mais à fort potentiel.........................................................18 ii. Analyse des enjeux : les avantages du chauffage au bois...................................................................18 iii. Analyse des enjeux : la chaîne d'approvisionnement d’une chaufferie au bois ..................................19 iv. Obstacles et difficultés rencontrées lors de l'installation d'un bois de chauffage dans les bâtiments publics .........................................................................................................................................................20

3) Repenser les filières bois en renforçant les synergies entre les différentes activités ..............................21 a. Des filières confrontées à des contraintes similaires ...............................................................................21 b. Des exemples à suivre pour le territoire: trois modèles alternatifs qui réussissent..................................23

i. L’Home des Bois ...................................................................................................................................23 ii. Le Chênelet ..........................................................................................................................................24 iii. La Société Coopérative d'Intérêt Collectif (SCIC) ...............................................................................25

4) Recommandations ...................................................................................................................................27 a. Principes de création de valeur ................................................................................................................27 b. Synergies identifiées ................................................................................................................................28 c. Impacts et bénéfices ................................................................................................................................28 d. Parties prenantes .....................................................................................................................................29 e. Suite de la mission ...................................................................................................................................30 5) Annexes ...................................................................................................................................................31 a. Bibliographie ............................................................................................................................................31 b. Contacts ...................................................................................................................................................31 c. Processus méthodologique ......................................................................................................................31 d. Déroulé de la mission...............................................................................................................................32

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Fiche action - Eco-industrie de la filière bois

Contexte

Si les logements sont, après le transport, les seconds plus gros émetteurs de CO2 dans la région de Fontainebleau, ils peuvent être rénovés en vue d’améliorer leur performance énergétique en s’appuyant sur la principale ressource locale, le bois.

Objectifs

Créer des filières bois adaptées au territoire et aux enjeux économiques et environnementaux en se basant sur la ressource en bois issu des coupes de maintenance de la Forêt de Fontainebleau: - le développement touristique, - l’utilisation du bois pour développer des systèmes de chauffage par biomasse, - la création d’une usine de transformation en vue de créer des meubles à forte

valeur ajoutée - des matériaux pour la construction. Sensibiliser et inciter les personnes liées à l’industrie du bois et du tourisme à travailler ensemble autour de projets innovants visant à améliorer les performances énergétiques des circuits de production.

Description

La mise en place des filières bois est atypique puisqu’il s’agit de développer un modèle capable de fonctionner avec de petits volumes et d’éviter tout gaspillage. Le développement d’un système en synergie horizontale permet d’optimiser la ressource et de diminuer les coûts d’exploitation. - Tourisme : valoriser la faune et la flore de la forêt, sensibiliser aux métiers liés

à l’exploitation du bois. - Chauffage : développer dans les équipements publics un système de

chauffage par biomasse issu du bois récupéré après la coupe (les branchages) et après les diverses transformations (sciures)

- Ameublement : utiliser les bois nobles, tels que le chêne pour créer des meubles de qualité participant à la réputation du territoire.

- Matériaux de construction : créer une industrie fournissant des matériaux d’isolation ainsi que des lattes de planchers pour la rénovation et la construction des bâtiments

- Lieu : divers lieux sont à envisager mais l’industrie de première transformation nécessite d’être implantée dans un lieu facilement accessible, à proximité de la forêt sur une grande superficie.

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Introduction

« Jadis oppressante et inhospitalière, se faisant ensuite nourricière et accueillante, devenue

gisement de matière et d’énergie, abondamment détruite et dégradée, la forêt constitue aujourd’hui un

patrimoine précieux, aux fonctions multiples, qu’il faut protéger et étendre.1 »

Au fil des siècles les perceptions et représentations de la forêt ont fortement évolué, d’un lieu

effrayant et repoussant à un endroit agréable et accueillant. Depuis une vingtaine d’années, la notion de

patrimoine s’incarne aussi dans la forêt qui n’est plus uniquement un territoire de production. Dès lors, une

nouvelle ambivalence apparaît entre la ressource économique qu’il faut continuer de mettre en valeur et le

patrimoine naturel qui doit être protégé.

La forêt constitue donc un ensemble complexe dont les éléments sont amenés à cohabiter, voire même à

interagir. L’exploitation de la forêt est nécessaire car, outre sa contribution au développement de l’économie locale, elle participe au bon fonctionnement de l’écosystème. Parallèlement, le service lié à

l’accueil des visiteurs est une nouvelle donnée à intégrer dans la gestion globale et multifonctionnelle de la

forêt.

La Forêt de Fontainebleau n’est pas épargnée par cette ambivalence entre exploitation forestière et

utilisation touristique. L’enjeu majeur est de développer une manière de la gérer durablement où diverses

activités peuvent coexister et se compléter.

Une première partie de ce rapport dresse un état des lieux de la ressource en bois disponible. La

seconde partie présente l’analyse des différentes filières issues de l’exploitation forestière et de l’activité

touristique à différentes échelles. Enfin, la troisième décrit la proposition d’un modèle de gestion durable de

la Forêt de Fontainebleau.

Remerciements

Notre équipe tient à remercier MM. Jean-François Bontoux et Sylvain Ducroux, pour leurs éclairages sur les enjeux de la filière bois et de la gestion de la forêt de Fontainebleau. Nous avons également tiré parti des avis, conseils et éclairages apportés par MM. Jean-Paul Lanly, Gérard Vallée et Gérard Tendron à Quattrolibri au cours de la recherche sur la Ville Post Carbone

1 Bazire P. et Gadant J. 1991, La forêt en France. Paris, L Documentation Française, p.11

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1) Analyse de la ressource bois disponible dans la Forêt de Fontainebleau

La Forêt Domaniale de Fontainebleau s’étend sur une superficie de 40 000 hectares. Le bois en tant que

matière première peut être utilisé sous plusieurs formes et pour différents usages. Tout d’abord, sur pied, les

arbres constituent une partie importante de la flore présente dans la forêt. Ils ont alors deux fonctions, celle

de capter une partie des émissions de CO2, ainsi que celle de créer un espace de protection pour les

animaux tout en offrant un lieu de détente pour les promeneurs (utilisation principale).

Afin d’assurer et de maintenir les performances environnementales de la forêt aussi bien pour capter les

émissions de CO2 que pour garantir son renouvellement, elle doit être entretenue. C’est la mission de

l’Office National des Forêts (ONF) qui est en charge de pratiquer des coupes en accord avec le plan

d’exploitation défini. Nécessaires à l’entretien de la forêt, ces coupes sont des coupes d’amélioration dans la

majeure partie des cas et, plus ponctuellement, des coupes de régénération lorsque le peuplement de la

parcelle est trop vieux.

Dans le cadre de l’étude de la stratégie post-carbone appliquée à la ville de Fontainebleau, nous

réalisons une étude de faisabilité quant à la mise en place d’une filière bois locale qui intègrerait le cycle de

vie complet d’un arbre et de son bois adapté aux différentes utilisations de la forêt.

Ainsi dans le cadre du volet bâtiment de la stratégie BETA quatre niveaux d’utilisation du bois disponible en

Forêt de Fontainebleau ont été identifiés, à savoir le tourisme, le bois de chauffage, le bois d’industrie et le

bois d’œuvre.

a. Les diverses utilisations du bois

b. La ressource bois en forêt de Fontainebleau et son exploitation

Tourisme, l’usage de l’arbre pendant sa vie

bois d’œuvre

Bois d’industrie

Bois de chauffage

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L’ONF est en charge de définir le plan d’exploitation de la forêt de Fontainebleau sur une période de

20 ans, et de superviser les coupes.

La majeure partie des coupes effectuées sont des coupes de régénération et se déroulent de la manière

suivante :

• Délimitation des parcelles en moyenne 5 à 6 hectares

• Sélection des arbres à abattre environ 1/8 à 1/6 des arbres de la parcelle sont abattus dans le cas

de coupe d’amélioration

• Rotation des parcelles exploitées, une parcelle est prélevée tous les 8 ans environ

Dans certains cas lorsque les populations d’arbres arrivent en fin de vie sur une parcelle, l’ONF pratique des

coupes dites de régénération, abattant la totalité des arbres de la parcelle afin d’en replanter une nouvelle

génération.

Ainsi chaque année, 50 000 m3 de bois en moyenne, de différentes essences (chêne, hêtre, pin

sylvestre sont les essences majoritaires) sont prélevées dans la Forêt de Fontainebleau et vendues sous

différentes formes, par l’intermédiaire de négociants à des acheteurs majoritairement étrangers. L’ONF

assure l’exploitation et la coupe à hauteur de 10% du volume coupé annuellement et vend la ressource sous

forme de grumes. L’ONF édite alors un catalogue de ventes de bois façonnés et regroupe les grumes en lot

par essence et qualité.

Les 90% restants sont achetés sur pieds par parcelle par des négociants qui prennent en charge

l’exploitation et les vendent ensuite à des industriels. L’ONF publie alors un catalogue de ventes de bois

qu’elle regroupe par parcelle colonisée par essence et selon des qualités de bois différentes.

• Bois vendus sur pied (exploitation à la charge de l’acheteur)

Essence catégorie de produits volumes vendus, en m3 prix unitaire, en €/m3

50 cm et + 10 159 130

de 30 à 45 cm 6 335 38

Chêne

25 cm et - 1 873 9

40 cm et + 5 122 18

de 30 à 35 cm 2 452 12

Hêtre

25 cm et - 2 319 9

autres feuillus 3 886 13

25 cm et + 7 907 16 Pin sylvestre 20 cm et - 1 171 7

25 cm et + 846 21 Autres résineux 20 cm et - 150 7

taillis feuillus 1 477 12

houppiers feuillus 11 205 8

houppiers résineux 1 353 4

sous-total bois sur pied 56 253

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• Bois façonnés (exploitation assurée par l’ONF)

Essence diamètre médian des

grumes

volumes vendus, en m3 prix unitaire, en €/m3

40 cm et + 1 861 168

20 à 39 cm 460 77

Chêne

19 cm et - 78 31

30 cm et + 386 50

20 à 29 cm 2 31

Hêtre

19 cm et -

autres feuillus toutes dimensions 1 506 40

Pin sylvestre toutes dimensions 9 46

Autres résineux toutes dimensions 6 28

sous-total bois façonnés 4 305

Volume Total (bois vendus sur pied + Bois façonnés)

60 558

c. Organisation des différentes filières du bois hors tourisme

Le schéma ci-dessous représente les différentes utilisations du bois récolté et les processus de

transformation, de la récolte à l’utilisation finale du produit par l’usagé. Il est nécessaire de comprendre que

la qualité, l’essence des arbres ainsi que le diamètre du tronc conditionnent des usages différents de la

ressource.

• Le bois d’œuvre : Les billes de bois, partie basse de l’arbre, de bonne qualité et de dimensions importantes, sont utilisées

comme bois d’œuvre. Le pied de bille est la partie ayant la plus forte valeur. Elles subissent après un

passage en étuve une étape de première transformation : sciage ou tranchage et déroulage. Le bois scié est

ensuite envoyé en fonction de la qualité de l’essence dans différentes industries de seconde transformation

après une étape de séchage (emballage bois, ameublement, menuiserie, charpentes et constructions bois,

parquets lambris). Le bois tranché et déroulé est utilisé pour faire des panneaux ou des emballages.

• Le bois d’industrie : D’une qualité inférieure au bois d’œuvre, le bois d’industrie subit aussi une étape de première

transformation, il est soit trituré (broyé) et transformé en pâte à papier puis envoyé aux industries papetières,

soit trituré et compacté sous forme de panneaux à destination des secteurs de l’ameublement, de la

menuiserie ou de la construction.

• Le bois de chauffage : De faible qualité, le bois utilisé pour le chauffage regroupe, les branchages, les feuilles, les résidus, rebus et

déchets des autres industries du bois et les essences et qualité de bois inutilisables pour les industries dites

plus nobles.

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Figure 1: Organisation de la filière bois

Ainsi, la notion de tri par essences et qualités, et l’interdépendance des différents usages ramenés à l’arbre

apparaissent clairement. Un arbre au complet est destiné à l’usage de différentes industries et les rebus et

déchets de bois de certaines industries peuvent servir de matière première aux industries dites moins nobles

nécessitant des qualités de bois inférieures.

Etuve

Séchage

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d. Etat des lieux du bâti à Fontainebleau

A Fontainebleau, la requalification de terrains bâtis représente un enjeu à long terme (90 hectares) et

moyen terme (70 hectares), surface considérable puisqu’elle représente près de 1/3 de la superficie bâtie de

la commune (368 ha) dont l’extension est limitée par la forêt.

D’autre part, les émissions de gaz à effet de serre du bâtiment représentent 40 % des émissions globales de

la France (dont les 2/3 pour le résidentiel). Elles ont augmenté de plus de 12 % sur la période 1990-2005.

La consommation d’énergie moyenne des logements de Seine-et-Marne est de 217kWh/m2/an, juste

inférieure aux 230kWh et donc classée D, et les émissions de gaz à effet de serre des logements de Seine

et Marne sont de 39 kg eq CO2/m2/an soit une étiquette E. Cette décote est due à la forte part d’énergie

fossile dans la consommation des logements (dont 52 % uniquement pour le chauffage).

Compte tenu de l’historicité du bâti bellifontain (33 % des résidences principales ont été construites avant

1915 et un autre tiers entre 1949 et 1967) ces moyennes sont pertinentes et mettent en valeur l’effort

indispensable de la collectivité pour parvenir aux objectifs du Grenelle de l’Environnement : 38 % de gain

d’ici 2020 et 75 % d’ici 2050.

La situation du bâti à Fontainebleau offre donc une opportunité intéressante au développement des

filières bois, que ce soit pour la construction sur les 90 hectares disponibles, la rénovation d’un parc bâti

vieillissant, l’isolation d’un habitat qualifié de « passoire énergétique » et le chauffage biomasse à l’échelle

de la commune.

Cependant, à l’heure actuelle, les industriels français ne semblent pas s’intéresser à cette ressource,

pourtant conséquente sur le territoire. De plus, l’absence d’exploitants et d’industries de première

transformation sur le territoire bellifontain n’incite pas les industries plus spécifiques dites de seconde

transformation comme celles de l’ameublement ou de la production de matériaux en bois pour la

construction à s’implanter sur le territoire.

e. Potentiels de développement de filières bois à Fontainebleau

Le développement des filières bois à Fontainebleau répond à deux enjeux, la revalorisation du

matériau et de la forêt au niveau régional et la lutte contre le réchauffement climatique. Diverses utilisations

du bois ont été repérées pour répondre à ces enjeux. Tout d’abord, il est nécessaire de déployer des filières

économiquement viables, capables de respecter les autres usages de la forêt, notamment les activités

touristiques ainsi que de préserver l’écosystème.

Quatre débouchés faisant appel à la ressource en bois de la Forêt de Fontainebleau ont été

identifiés comme les plus pertinents pour s’inscrire et s’assurer un développement viable et durable de

l’exploitation et de la gestion forestière. Ainsi, le développement d’une activité touristique éco-responsable,

la fabrication de matériaux d’isolation et de construction, la fabrication de meuble et l’utilisation du bois

comme bois de chauffage semblent pouvoir répondre aux enjeux précédemment exposés. Afin d’implanter

et d’alimenter des industries d’emballage, d’ameublement, de menuiserie de construction et de parquet il est

nécessaire de mettre en place au niveau local une industrie de première transformation. Une unité de

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première transformation est un investissement lourd et nécessite un volume de bois important et spécifique

pour fonctionner et être rentable.

L’évaluation de la ressource en bois potentiellement exploitable à Fontainebleau, de l’ordre de

50 000 m³ apparaît comme un obstacle dans l’installation d’une industrie de transformation traditionnelle

puisque seule, la ressource ne suffit pas à assurer la rentabilité d’une telle structure. Néanmoins, en

élargissant le périmètre d’étude du massif de Fontainebleau à la région Seine et Marne, des opportunités

d’augmentation de la ressource en bois se présentent (PNR du Gâtinais, autres forêts Domaniales).

Aujourd’hui, l’absence d’une industrie de première transformation à proximité de la Forêt de Fontainebleau

s’ajoute aux impacts environnementaux précédemment mentionnés en contribuant à l’augmentation des

émissions de CO2 avec l’exportation de la matière première dans les pays étrangers et l’importation de

produits finis.

L’implantation d’une filière bois à Fontainebleau constitue donc un enjeu à l’échelle globale

puisqu’elle permettrait de réduire les émissions de CO2, de dynamiser l’économie par la création d’emplois

et de contribuer à la préservation d’un écosystème. Une étude détaillée des débouchés de la forêt et de la

matière première dans la seconde partie permet d’évaluer plus précisément le potentiel de chacun.

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2) Analyse de quatre filières : Tourisme, Construction, Meubles et matériaux isolants, Chauffage

Cette étude présente les quatre différents usages qui peuvent être réalisés à partir de la ressource

en bois. Aussi bien quand la ressource est vivante, par le biais d’un développement de l’activité touristique

que lorsqu’elle est coupée et transformée, par la création de meubles, de matériaux d’isolation, de

construction et de bois de chauffage. Ces quatre éléments permettent de mieux définir les potentiels offerts

par la Forêt de Fontainebleau en terme de qualité, de quantité et d’essences ainsi que de prendre en

compte les freins au développement de ces filières bois sur le territoire.

a. Filière Tourisme

i. Contexte local : un usage touristique dominant, mais vulnérable, à faible impact local

La Forêt de Fontainebleau, avec 13 millions de visites annuelles2, constitue l’un des lieux les plus

visités de France. La majorité des visiteurs sont des franciliens qui font le déplacement pour la journée afin

de pratiquer un sport en plein air, comme l’escalade et le VTT, ou se promener à travers les chemins

balisés. L’accès le plus rapide et le plus facile aujourd’hui s’effectue en voiture vers certains points focaux de

la forêt. La première retombée économique de la forêt est la vente de carburant, à faible impact sur le

développement économique local (peu de nuitées, peu de lien entre les visites en forêt et en centre ville).

Le site des Gorges de Franchard est, avec les Gorges d’Apremont près de Barbizon, le site le plus

visité car non seulement il est remarquable sur le plan paysager, mais il est aussi très bien indiqué depuis la

route départementale et facile d’accès avec de nombreuses places de parkings à proximité. Une grande

majorité des visiteurs ne connaissent pas d’alternative à cet accès car ils choisissent de s’orienter en

fonction des signalisations quitte à se concentrer sur un même site. Or la forêt abonde de sites présentant

des intérêts touristiques qui pourraient être visités.

Une utilisation supportable et durable de la forêt en tant que lieu de loisir doit répondre à deux enjeux,

la maitrise de l’impact environnemental et le développement de l’économie locale. Les autorités

publiques à savoir Seine et Marne Tourisme, l’ONF et la Réserve de Biosphère, conscients des risques à

long terme sur l’environnement, se sont associées afin de proposer des projets assurant une répartition

supportable des flux de visiteurs sur divers secteurs de la forêt ainsi qu’une meilleure accessibilité via

d’autres moyens de transports. Ces projets ont aussi pour objectif d’accroître les retombées économiques

sur le territoire bellifontain qui sont très faibles par rapport au nombre de visiteurs traversant la ville pour se

rendre dans la forêt.

ii. Analyse des enjeux : les projets en cours dans la forêt de Fontainebleau

Trois projets sont en cours de réalisation afin de mieux répartir les visiteurs sur les différents sites :

une réorganisation du stationnement, une application iPhone, le centre d’éco-tourisme de Franchard.

2 Nous avons retenu l’estimation la plus conservatrice pour la fréquentation – d’autres sources estiment la fréquentation entre 15 et 17 millions de visites par an. A noter, un visiteur peut effectuer plusieurs visites.

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• Une réorganisation du stationnement dans la forêt

Le nombre de place de stationnement a été réduit à proximité des sites les plus fréquentés, notamment les

Gorges de Franchard et, à l’inverse, il a été augmenté près des sites moins connus.

• Une application I Phone pour la forêt de Fontainebleau

Ce projet permettrait aux visiteurs d’organiser leur promenade avant de se rende sur site, de se repérer une

fois sur le site et d’être sensibilisé à la faune et la flore locales. Il s’agit davantage d’une idée qui se doit

d’être davantage étudiée pour être développée.

• Le centre d’écotourisme du site des Gorges de Franchard

En 2005, le Conseil Général et le Comité

Départemental du Tourisme ont approuvé le projet

de construction du premier centre d’écotourisme en

Ile-de-France. Sa construction a engagé plusieurs

acteurs, l’Europe, l’Etat, le Conseil Régional et

Général pour le financement, le maire de

Fontainebleau pour la modification du Plan

d’Occupation des sols et le Conseil Général et le

Comité Départemental du Tourisme pour le suivi de

l’opération.

Suite à un appel à projets, l’Agence d’Architectes INCA a été retenue en février 2008 pour réaliser le centre

composé d’un espace d’accueil (162m²) et d’un préau (110m²) confectionnés en bois pour s’intégrer au

mieux dans l’environnement.

L’alimentation en eau est assurée par un forage sur site et le chauffage au bois, grâce à un poêle chaudière

à granulés dont la consommation énergétique est évaluée à 56,7 KWh/m²/an. Ces deux installations

permettent de mettre en valeur les ressources naturelles présentes sur le territoire. La construction est

évaluée à 960 000 euros. Avant même son inauguration, prévue le 5 mai 2011, il a obtenu le prix Meilleurs

projets ex æquo dans la Catégorie Bâtiment collectif-Équipement des Lauriers de la Construction Bois de

2009.

La création du centre d’éco-tourisme de Franchard répond à plusieurs objectifs. Elle a pour principale

vocation de renseigner les visiteurs sur les différentes promenades, randonnées et activités sportives

pouvant être pratiquées non seulement dans la forêt de Fontainebleau mais aussi dans les autres massifs

du département.

Deux personnes embauchées en CDD suivant parallèlement une formation accueilleront les visiteurs trois

jours par semaine, le samedi et le dimanche ainsi que le vendredi ou le mercredi. Ces salariés ont pour

mission d’encourager les visiteurs à se rendre dans d’autres sites remarquables de la forêt afin de préserver

le site de Franchard d’une trop grande fréquentation.

Par ailleurs, le centre d’éco-tourisme souhaite sensibiliser les promeneurs aux enjeux du territoire en

contribuant au changement des comportements. Ainsi, des outils innovants d’interprétation pédagogiques

Source : Agence d’Architectes INCA

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Mai 2011 BETA Programme / Recherche-Action BATIMENT (B) : étude de préfiguration des filières bois 12

seront mis en place : exposition, tableau interactif, carnets et vidéos… Le centre proposera aussi une

gamme de produits issus de la région afin de promouvoir le développement économique local.

Sous la responsabilité de Seine et Marne Tourisme qui est chargé d’assurer le fonctionnement, de

nombreuses parties prenantes ont été intégrées au projet. Ainsi, l’ONF, Nature’Parif, le conseil régional, la

réserve de biosphère et la maison de l’environnement sont des institutions participant à la mise en place du

centre notamment en définissant les objectifs et les moyens à mettre en œuvre pour les atteindre.

L’implication de ces parties prenantes permet de croiser les différents regards que chacun porte sur la forêt,

en termes de préservation, de développement touristique et d’exploitation du bois.

iii. Analyse des enjeux : les projets à l’étude à l’échelle du territoire

Notre équipe a mené une réflexion en étroite collaboration avec Seine et Marne Tourisme afin de

proposer différents business modèles en vue d’assurer un bilan financier équilibré les premières années et

de générer du profit pour le fonctionnement du centre, et ce en ayant le moins recours à des subventions

publiques. Le bilan financier prévisionnel pour les premières années du fonctionnement du centre est

équilibré mais fonde une partie des recettes sur les dons apportés par des mécènes. Or le démarchage de

mécènes n’a pas été jusqu’à présent à la hauteur des résultats escomptés. Afin d’éviter un bilan déficitaire la

première année de mise en service du centre, il semble nécessaire de revoir les frais de fonctionnement

ainsi que les recettes prévus.

Une grande partie des frais de fonctionnement liés à l’entretien doivent être mutualisés avec ceux de l’ONF

qui font déjà appel à un service de nettoyage notamment. La diminution des frais peut alors être

conséquente. Aux recettes initialement prévues, la vente de certains services peut être ajoutée. Là encore

une proposition mutualisée entre les offres déjà proposées par l’ONF et celles qui le seront par le centre doit

être définie. Ces offres qui sont pour l’instant centrées sur la sensibilisation de groupes (enfants et adultes) à

la faune et la flore peuvent être étoffés.

Deux études visant à accroître les recettes du centre sont en cours :

La réalisation d’un benchmark des centres d’écotourisme et des maisons de la forêt en France et à

l’étranger. La Maison de la Forêt de Cerisy, par exemple, a développé une boutique proposant des objets

issus de l’artisanat local, vente de cartes postales et de photos des sites remarquables de la forêt, une

librairie sur la faune et la flore locale ainsi que les actes éco-responsables aussi bien pour les adultes que

pour les enfants.

L’observation et l’analyse des difficultés financières rencontrées dans l’étude de la filière bois. Il

pourrait être intéressant par exemple de proposer des chantiers liés à l’exploitation du bois ouverts aux

touristes et encadrés par des personnes en insertion parallèlement formées aux métiers du bois. Ces

chantiers payants permettraient d’augmenter les recettes du centre d’écotourisme, de diminuer les coûts de

maintenance pour l’exploitation forestière de l’ONF et de dynamiser l’offre touristique dans la ville de

Fontainebleau notamment hôtelière puisque les chantiers seraient réalisés sur plusieurs jours.

Un projet d’installation de vélos en libre service à proximité de plusieurs gares permettant de rejoindre la

forêt est à l’étude. Il aurait pour objectif d’inciter les promeneurs à utiliser un moyen de transport alternatif

tout en se promenant. Ce projet s’accompagne de la création et la prolongation d’un système de circulation

douce.

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Mai 2011 BETA Programme / Recherche-Action BATIMENT (B) : étude de préfiguration des filières bois 13

b. Filières Construction et Ameublement

i. Contexte local : des filières inexistantes sur le territoire

La Forêt de Fontainebleau est peuplée d’essences différentes aux qualités intrinsèques variées et

aux usages différents. Ainsi les essences majoritaires que sont le Chêne, le Pin Sylvestre et le Hêtre sont

couramment utilisées par les industries de la construction et de l’ameublement. L’objectif du projet est de

mettre en place une industrie du bois permettant de valoriser la ressource qu’offre la Forêt de Fontainebleau

dans son intégralité.

La valorisation de la ressource au niveau local permet de réduire les émissions de CO2 causées par

le transport du bois d’un lieu de transformation à un autre (aujourd’hui, les grumes de la forêt de

Fontainebleau sont exportées en Belgique, Italie, Allemagne, Suisse, les trajets routiers se chiffrent en

centaines de kilomètres…), de créer du travail et de la valeur pour l’économie locale et pour finir, elle permet

aux populations locales de jouir de la ressource que la forêt leur offre comme le pouvoir isolant du bois.

ii. Analyse des enjeux : la première étape de transformation

En fonction de l’essence, de la portion d’arbre utilisée (les parties les plus nobles sont la base du

tronc et les moins nobles les branchages et feuilles), et des dimensions, le bois se destine à des usages et

des processus de valorisation différents.

Le bois d’œuvre et le bois d’industrie sont deux bois de qualités différentes mais pouvant provenir de la

même grume. Ils nécessitent des processus de transformation différents et répondent à des critères

qualitatifs spécifiques et variés en fonction de leurs utilisations finales.

• Le bois d’œuvre

Il peut, en fonction de sa qualité et de son essence, subir deux types de première transformation.

Une opération de sciage ou une opération de tranchage déroulage. L’opération de sciage permet d’obtenir

des poutres et des planches de caractéristiques dimensionnelles différentes. Avant toute opération de

sciage, le bois est étuvé pour atteindre un pourcentage d’humidité nécessaire au respect des conditions de

coupe garantissant un usinage de bonne qualité.

L’opération de tranchage déroulage nécessitant des bois de très bonne qualité permet de trancher une

feuille de bois de faible épaisseur par une opération de tournage, cette feuille de bois est utilisée par

exemple pour fabriquer des panneaux de contre-plaqué. Comme pour l’opération de sciage, le bois subit

d’abord un passage en étuve pour garantir un pourcentage d’humidité adéquat avant d’être usiné.

Le bois d’œuvre, après avoir subi une étape de première transformation, est destiné à hauteur de 50 % à

l’industrie de la construction, et à 40 % à l’industrie de l’ameublement.

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Mai 2011 BETA Programme / Recherche-Action BATIMENT (B) : étude de préfiguration des filières bois 14

• Le bois d’industrie

Il est de plus faible qualité et prélevé sur les parties plus hautes de l’arbre ou sur des arbres ne

répondant pas aux critères de qualité du bois d’œuvre (qualité intrinsèque de l’essence, défaut, dimension

trop faible). Il subit une étape de première transformation appelée trituration. La trituration est un processus

de transformation en plusieurs étapes, le bois est d’abord broyé, puis malaxé avant que la phase liquide ne

soit séparée de la phase solide. La partie solide est conservée et agglomérée pour fabriquer des panneaux

de bois couramment utilisés en construction, menuiserie et dans l’industrie de l’ameublement.

L’opération de trituration est aussi employée pour obtenir de la pâte à papier. Nous ne nous intéresserons

pas dans cette étude à l’industrie papetière, n’offrant pas les mêmes débouchés de réduction des émissions

carbone que les industries de l’ameublement et de la construction (qui permettent un usage de longue

durée, et donc peuvent servir de puits carbone, contrairement au papier).

Si la première étape est similaire aussi bien pour le bois destiné à la construction que celui voué à

l’ameublement en termes de processus de valorisation ; la distinction s’effectue au premier tronçonnage de

la grume, selon des critères qualitatifs, de dimension ainsi qu’en fonction des essences. Le bois entre

ensuite dans une phase de séchage (détaillée ci-dessous) avant d’être expédié aux industries de la

construction et de l’ameublement.

iii. Analyse des enjeux : la phase de séchage

Après avoir subi l’étape de première transformation, les bois d’œuvre et d’industrie sont séchés pour

atteindre des coefficients d’humidité propres à leur utilisation future, ameublement d’intérieur ou d’extérieur,

par exemple. Dans une réflexion d’intégration et de mutualisation des coûts, l’installation d’unités de

séchage du bois valorisant les produits annexes de la production (copeaux, sciure, rebus, partie inutilisable),

peut être intéressante. L’étape de séchage est primordiale est doit être absolument faite avant l’étape de

seconde transformation pour garantir une finition optimale qui ne bouge pas dans le temps. Selon l’utilisation

finale du bois, le degré de séchage sera différent. Par exemple, un meuble destiné à un usage intérieur, doit

avoir un taux d’humidité faible car il sera utilisé en milieu sec tout au long de sa vie. Une variation prolongée

du coefficient d’humidité du milieu ambiant aurait pour effet de modifier le taux d’humidité du bois constituant

le meuble. Le bois se chargerait alors d’humidité et gonflerait en jouant non seulement sur les alignements

et la mise en position de l’assemblage mais aussi sur les finitions. Il en est de même lorsqu’un meuble

destiné à un milieu extérieur est stocké de façon prolongée dans un milieu ambiant sec où le bois se

rétracte.

Après le passage en étuve conférant des caractéristiques particulières aux produits issus de la

première transformation en fonction de leur utilisation finale, les bois d’ameublement et de construction sont

envoyés aux spécialistes de l’ameublement et de la fabrication de matériaux de construction en bois.

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Mai 2011 BETA Programme / Recherche-Action BATIMENT (B) : étude de préfiguration des filières bois 15

iv. Analyse des enjeux : la seconde phase de transformation

• L’industrie de l’ameublement à Fontainebleau

Après ces deux phases, le bois est dirigé vers les industries et artisans du meuble. Il s’en suit des

étapes de mise en forme, de finition, de traitement de surface et d’assemblage avant les dernières étapes

qui sont le conditionnement et la distribution.

Une industrie de l’ameublement à Fontainebleau permettrait de valoriser la ressource locale en chêne dont

la qualité est reconnue internationalement et de redévelopper un savoir-faire local aujourd’hui perdu.

• L’industrie de la construction à Fontainebleau

L’industrie de la construction utilise des étapes de première transformation similaires à celles de

l’industrie de l’ameublement et se différencie au niveau des essences, des dimensions et de l’utilisation des

produits façonnés.

La réalisation de matériaux d’isolation ainsi que la production d’éléments structurels (poutres, piliers,

panneaux) contribuerait favorablement à la mise en place de la stratégie de ville post carbone à

Fontainebleau et répondrait aux enjeux de rénovation et de construction du bâti bellifontain. En effet, la

majorité des logements ayant été construits avant 1950, ils sont, pour la plupart, de vraies passoires

énergétiques.

L’implantation de cette industrie permettrait de fournir des matériaux de qualité, en circuit court, destinés à

l’amélioration des performances énergétiques des bâtiments existants et des constructions futures.

v. Analyse des enjeux : la nécessité d’adopter une vision systémique « end to end »

Dans le cadre de la stratégie de ville post carbone, la création d’une filière bois construction et

ameublement valorisant sur place la ressource locale nécessite la mise en place de toute une structure

n’existant pas régionalement, de l’exploitation de la forêt à l’utilisateur final.

Le schéma ci-dessous représente la structure complète à mettre en place, la flèche représente l’ordre des

étapes de mise en place de la filière, qui correspond aussi au traitement du bois de sa croissance à son

utilisation finale.

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Repenser les villes dans une société post carbone

Mai 2011 BETA Programme / Recherche-Action BATIMENT (B) : étude de préfiguration des filières bois 16

Définir un plan de coupe annuel Couper les arbres Placer les grumes en bordure de routes et chemins Replanter les essences prélevées Faire des lots homogènes

Extraire les grumes de la forêt et les conduire au lieu de 1ère transformation

Stockage Passage en étuves Phase de découpe Phase de séchage Stockage

Conduire la production issue de l’industrie de 1ère transformation au lieu de 2nde transformation

Stockage Découpe, finition Traitement des surfaces Assemblage Conditionnement

Conduire la production issue de l’industrie de 2nde transformation au lieu de distribution

Exploitation

Industrie de 1ere transformation

Industrie de 2nde transformation

Transport

Transport

Distribution

Transport

Figure 2: Structure d’une industrie traditionnelle du bois

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Repenser les villes dans une société post carbone

Mai 2011 BETA Programme / Recherche-Action BATIMENT (B) : étude de préfiguration des filières bois 17

vi. Difficultés à surmonter pour la mise en route de l’ensemble de la filière

Des usagers de la forêt non mobilisés : la mise en place d’une filière bois à Fontainebleau peut se heurter à l’opinion publique et aux usagers majoritairement des promeneurs.

Elaborer un plan de développement du territoire forestier, impliquant élus, associations et investisseurs ;

Organiser en amont des présentations (écoles, communes, festivals…) sur la filière bois et les modes « doux » de prélèvement et d’entretien ;

Organiser des voyages d’étude dans des régions référence (ex. Voralberg, Chênelet, Haut-Forez)

Une exploitation de maintenance et non productive : la Forêt de Fontainebleau n’est pas une forêt dédiée à l’industrie du bois, ainsi sur les volumes coupés annuellement il y a des divergences en termes de qualité et d’essence prélevée rendant difficile le dimensionnement de l’outil industriel.

Investir dans des équipes et moyens techniques permettant de mieux qualifier la nature de la ressource disponible ;

Investir dans la coordination des plans de coupe et de gestion à l’échelle du massif (au-delà des parcelles gérées par l’ONF).

Volume de bois coupé faible : seulement 50 000 m3 de bois sont prélevés en moyenne dans la forêt annuellement, une partie du volume d’arbres coupés ne sont pas exploitables pour l’industrie de l’ameublement et de la construction en raison de leur qualité, du type d’essence ou des dimensions.

Développer et dimensionner des industries de première et seconde transformation viables pour de faibles volumes

Améliorer la qualité des lots (homogénéité)

Intégrer verticalement les différentes étapes et co-localiser les unités de production.

Une vente majoritairement sur pied n’est pas adaptée : l’ONF ne pratique que 10% des coupes, et regroupe les grumes par essence et qualité, pouvant vendre des lots homogènes. Les 90% restants sont vendus sur pied et par parcelles (sans homogénéité) à des négociants.

Privilégier une vente de lots par essence et qualité et faciliter une coopération rapprochée avec les personnes en charge de la gestion forestière afin de s’assurer un approvisionnement adapté et régulier ;

Ce changement de commercialisation est un moyen de capter localement une plus grande part de la valeur du bois

Une concurrence accrue : les fabricants de meubles se situent en aval d'une industrie de panneaux très concentrée où 15 % des entreprises réalisent 60 % du chiffre d'affaires, et en amont d'une distribution tout aussi puissante. Les industriels sont pris en étau entre des fournisseurs et des distributeurs qui leur laissent peu de marges de manœuvre face à une concurrence étrangère qui s'intensifie. Les entreprises ont dû réduire leurs marges, se réorganiser, rationnaliser leur outil de production afin de s'adapter au mieux à un environnement économique en pleine mutation.

Privilégier les réseaux de vente directe et une organisation en pôles « verticaux », sur de petits volumes ;

Développer des filières d’emploi polyvalents, pour permettre aux employés de travailler sur plusieurs étapes des filières bois, en fonction du rythme de gestion de la ressource.

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c. Filière Chauffage biomasse

i. Contexte local : une activité peu structurée, mais à fort potentiel

Mettre en place un système de chauffage par la biomasse sur le territoire de Fontainebleau permet

non seulement de réduire les émissions de CO2 en utilisant les énergies renouvelables mais aussi d’utiliser

la ressource en bois locale présente dans la forêt (en substitution des trajets longue distance des débouchés

actuels, vers les pays frontaliers du Nord et de l’Est de la France).

Il ne s’agit bien entendu pas d’imaginer un plan de coupe qui destine l’ensemble du massif de la

Forêt de Fontainebleau à la filière chauffage, mais plutôt d’optimiser la valorisation de produits annexes et

des branchages, coupes de taillis et résidus de débardage, ou de grumes ne pouvant pas être valorisées

dans les filières de bois d’œuvre ou de bois de construction (défauts, casse, et autres facteurs de

déclassement).

L'objectif du projet « chauffage » est d'évaluer la possibilité de mettre en place un système de

chauffage par biomasse pour le territoire de Fontainebleau qui serait entièrement alimenté par des

ressources locales.

Le projet se focalise sur l’analyse du potentiel thermique de la biomasse à partir de ressources

locales et la meilleure façon de les utiliser. Par exemple :

- Avec la mise en place d'un système de chauffage par biomasse, les clients locaux pourront contrôler sur

le long terme leurs coûts d’approvisionnement (contrairement aux combustibles fossiles).

- En outre, la valorisation de produits annexes du bois sous forme d’ouate de cellulose et de laine de bois

fournira les matériaux nécessaires aux travaux d’isolation, permettant ainsi d’améliorer l'efficacité

énergétique des bâtiments (notamment les bâtiments publics).

ii. Analyse des enjeux : les avantages du chauffage au bois

Le chauffage biomasse offre de nombreux avantages en comparaison des systèmes de chauffage

traditionnel fonctionnant aux énergies fossiles.

Le bois est une ressource énergétique renouvelable, qui, lorsqu’elle est exploitée localement et dans le

respect de bonnes pratiques, offre la possibilité de mettre en place une gestion durable de la ressource.

En effet, le CO2 qui se dégage du bois lorsqu’il est brûlé est égal au CO2 stocké par l’arbre au cours de sa

vie. Par conséquent le chauffage au bois est neutre en terme d’émissions CO2 (modulo l’énergie grise

consommée au cours des étapes de gestion, transformation et distribution – ce qui plaide d’autant plus pour

une utilisation locale de la ressource, facteur de réduction de ces émissions).

De plus, le chauffage bois enregistre des taux d’émission de CO2 inférieurs au taux d’émission des systèmes

traditionnels. Lorsque l’on compare le volume d’émission de CO2 pour une famille chauffée au fuel ou

chauffée au bois, les émissions de CO2 du système de chauffage au fuel sont 10 fois plus élevées que

celles induites par le chauffage au bois.

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Repenser les villes dans une société post carbone

Mai 2011 BETA Programme / Recherche-Action BATIMENT (B) : étude de préfiguration des filières bois 19

D’un point de vue économique la solution de chauffage au bois apparait comme plus rentable en

dépit d’un coup initial d’achat et d’installation plus important par rapport à un système de chauffage au fuel.

En effet, les coûts de fonctionnement et d’entretien sont bien inférieurs aux coûts de fonctionnement d’un

chauffage fuel, en raison du prix actuel du pétrole (tendance qui va se prolonger au gré des augmentations

attendues du prix des énergies fossiles alors que la ressource bois est stable et plus faible).

Le faible recourt aux opérations de maintenance est due à l’amélioration rapide de la technologie, qui a

conduit à un niveau élevé de sécurité et d’automatisation des systèmes de chauffage standard. En fonction

de la taille et des caractéristiques intrinsèques des systèmes de chauffage, la période d’amortissement de

l’investissement est d’environ 3 à 5 ans.

En plus des avantages généraux d’un système de chauffage au bois, la valorisation et l’utilisation d’une

ressource locale est un levier de développement d’une économie locale et crée des opportunités d’emploi.

De plus, par effet boule de neige, ceci incite à optimiser l’exploitation de la ressource forestière à l’échelle

locale.

Pour conclure, le chauffage au bois est à la fois un levier écologique et économique à l’échelle locale.

iii. Analyse des enjeux : la chaîne d'approvisionnement d’une chaufferie au bois

Parce que les chaufferies au bois modernes sont complètement automatiques, la chaîne

d'approvisionnement ne comprend que trois étapes importantes pour l’utilisateur final :

Afin d’utiliser efficacement un système de chauffage au bois, l’approvisionnement doit être sécurisé.

Idéalement des contrats doivent être établis avec des fournisseurs locaux pour approvisionner le système de

chauffage au complet. Généralement, l’approvisionnement en combustible se fait tous les 5 jours, se

traduisant par un fonctionnement autonome de la chaufferie pendant 5 jours. Le combustible étant

directement livré au point de stockage sur site.

La zone de stockage doit être localisée le plus proche possible de la chaufferie, que ce soit en

surface ou sous terre, avec une capacité adaptée. L’alimentation en combustible de la zone de stockage à la

chaufferie étant généralement automatique.

En raison d’une grande automatisation des nouvelles chaufferies au bois, les seules activités de

maintenance sont de sécuriser l’approvisionnement en combustible, d’inspecter le fonctionnement de la

chaufferie, et de la nettoyer en évacuant les cendres.

Page 22: BETA Programme - Recherche-Action "Bâtiments"

Repenser les villes dans une société post carbone

Mai 2011 BETA Programme / Recherche-Action BATIMENT (B) : étude de préfiguration des filières bois 20

En général la maintenance de la chaufferie ne fait pas appel à un service spécialisé mais à du personnel

formé à ces activités.

iv. Obstacles et difficultés rencontrées lors de l'installation d'un bois de chauffage dans les bâtiments publics

Afin d'utiliser pleinement les avantages d'un système de chauffage au bois, l’identification de l’emplacement est cruciale.

Il doit remplir plusieurs caractéristiques: • Idéalement le bâtiment fait face à des

besoins de rénovation de son système de chauffage existant

• Le lieu doit fournir suffisamment d'espace pour le chauffage et le système de stockage

• Le système doit être relié au réseau de chauffage existant.

A l’installation, l'investissement d'un système de chauffage au bois est plus élevé que celui pour un chauffage traditionnel.

Réaliser une analyse en coût total, intégrant non seulement le budget d’acquisition, mais les charges d’entretien et d’exploitation sur la durée de vie attendue du système.

Afin d’identifier la technologie de chauffage et la composition finale du système de chauffage, une étude de faisabilité détaillée doit être menée sur les besoins en chaleur des bâtiments choisis.

L'étude doit inclure les besoins en chaleur du bâtiment. Le choix de la technologie doit être menée en étroite coopération avec le fournisseur d'entrée en bois, par exemple, les forestiers locaux. Le fournisseur d'entrée doit assurer l'approvisionnement régulier, facteur clé pour le fonctionnement du chauffage.

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Repenser les villes dans une société post carbone

Mai 2011 BETA Programme / Recherche-Action BATIMENT (B) : étude de préfiguration des filières bois 21

3) Repenser les filières bois en renforçant les synergies entre les différentes activités

a. Des filières confrontées à des contraintes similaires

L’absence de filière bois sur le territoire de Fontainebleau n’est pas due au hasard, et l’échec des

efforts des décennies précédentes montre à quel point il est complexe d’y remédier. Notre analyse en

système montre la forte interdépendance des filières (l’implantation d’une activité « aval » dépend de la

présence d’activités « amont », et vice versa). Les obstacles à l’implantation d’activités de transformation et

de valorisation semblent cependant similaires et les solutions doivent impérativement :

• Tirer profit d’un faible volume

o La ressource annuelle prélevée sur la Forêt de Fontainebleau représente un volume de 50 000

m3 d’essences variées (pour un potentiel de 80 à 100 000m3). En outre, ce volume est

hétérogène, du fait de la grande variété des espèces disponibles et de la qualité variable de la

ressource (qui n’a pas été entretenue à des fins productives mais récréatives sur la plupart des

parcelles).

o Fontainebleau est ainsi un massif de petite taille par rapport aux massifs de production (bassins

de ressources de plusieurs centaines de milliers de m3). Les installations industrielles actuelles

tendent à être dimensionnées pour des volumes élevés (pour référence, à elle seule, une scierie

du Canada a couplé son fonctionnement à un approvisionnement de 15 millions d’ha).

o La priorité consiste donc à trouver un modèle d’organisation des filières bois calé sur de faibles volumes. Nous orientons donc les solutions vers des analogies avec d’autres filières

« bas volumes » qui émergent en se démarquant de modeles « gros volumes » dans leur

industrie. Ainsi, les AMAP, et l’agriculture biologique montrent la viabilité d’exploitations de petite

taille et des productions à plus faible rendement et plus fort taux de main d’œuvre.

• Garantir un retour sur investissement

o Contrairement à d’autres sites qui peuvent s’appuyer sur un embryon de filière, ou sur la

présence d’une activité « de référence », le territoire de Fontainebleau ne dispose pas du

terreau économique et industriel pré-existant, permettant d’extrapoler une estimation de la

demande ou de consolider des premiers succès par des investissements complémentaires.

o Les investissements nécessaires sont donc des investissements à plus haut risque, puisqu’ils

démarrent en « terra incognita » : il s’agit de trouver des moyens de sécuriser la demande et les

débouchés, pour dimensionner la montée en charge des investissements et de la production de

manière rationnelle et, in fine, garantir le retour sur investissement.

o La deuxième condition à réunir consiste donc à trouver un modèle d’organisation des filières bois qui réduise le risque des investisseurs en sécurisant des contrats amont / aval. Nous

orientons donc les solutions vers des modèles d’organisation qui privilégient la coordination

multi-acteurs (SCIC, SCOP…).

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Repenser les villes dans une société post carbone

Mai 2011 BETA Programme / Recherche-Action BATIMENT (B) : étude de préfiguration des filières bois 22

• Repenser le mode de commercialisation de la ressource

o Nous avons en outre constaté que la réponse à certaines limites -comme un approvisionnement

régulier de la ressource- pouvait en lever d’autres.

o En effet, l’un des problèmes majeurs du type d’exploitation faite à Fontainebleau réside dans

l’inefficacité de la vente de lots sur pieds non homogènes (mauvaise évaluation des qualités et

des volumes présents sur la parcelle, obligation d’achat d’espèces et d’arbres qui ne répondent

pas aux besoins des industries de première et seconde transformation de chaque secteur).

o Une vente en grume est plus efficace, car elle permet de déterminer au plus près les quantités

et les qualités, et elle permet de n’acheter que des lots homogènes.

o La troisième condition à réunir consiste donc à repenser le modèle d’exploitation et de

commercialisation de la ressource, en amont. La mise en place d’une exploitation forestière

à Fontainebleau coupant et triant le bois semble donc une bonne solution. En outre, cette

solution rejoint les objectifs de valorisation d’un éco-tourisme « actif » de la Forêt de

Fontainebleau, et pourrait bénéficier d’un apport de main d’œuvre au titre de chantiers-école

et/ou de chantiers d’éco-tourisme : le débardage à cheval montrerait ainsi qu’il est possible,

rentable (et logique) de raviver d’autres usages équins que la simple récréation.

• Gérer la contrainte foncière

o Pour finir, la dernière limite commune qui se pose à la mise en place de la filière est purement

foncière. En effet les industries de la filière bois nécessitent des zones de stockage importantes

en amont, pendant et en aval des différents procédés de transformation.

o La phase actuelle de renouvellement urbain sur le territoire de Fontainebleau fournit là une

occasion historique d’entreprendre ce chantier de valorisation de la ressource forestière et de

création d’éco-industries du bois sur le territoire.

o En effet, la reconversion de terrains militaires, pour partie pollués, fournit amplement la surface

nécessaire à l’implantation des activités de transformation et de valorisation de la ressource. De

plus, le tissu bâti des terrains militaires se prête à des activités productives : reconversion de

hangars, zones de stockage et de livraison, ateliers, halles, écuries.

o La quatrième condition consiste donc à faire évoluer les plans d’urbanisme (PLU, SCOT et

autres projets de développement du Seine et Marne) pour privilégier une reconversion

productive des terrains militaires. Cette approche serait vertueuse du point de vue du

développement économique du territoire, dans la mesure où la main d’œuvre requise pour ces

chantiers pourrait vivre et travailler sur place, réduisant d’autant les besoins de mobilité (a

contrario, une valorisation de ces espaces vers des usages tertiaires ou purement résidentiels

est facteur d’une augmentation de la circulation, et donc de l’aggravation de l’engorgement du

tissu urbain).

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Repenser les villes dans une société post carbone

Mai 2011 BETA Programme / Recherche-Action BATIMENT (B) : étude de préfiguration des filières bois 23

b. Des exemples à suivre pour le territoire: trois modèles alternatifs qui réussissent

Les contraintes identifiées ne permettent pas de mettre en place une industrie du bois classique.

Néanmoins, en vue des impacts positifs qu’induirait la création d’une telle filière, nous avons exploré des

modèles alternatifs qui rendraient ce projet réalisable.

Un benchmark en France et à l’étranger a montré qu’il existait déjà des entreprises et industries mettant

en valeur le bois différemment. A chaque fois, l’idée de mettre en synergie les différentes utilisations du

bois est reprise. Par ailleurs, nous avons cherché parmi les modèles existants, un système permettant de

regrouper toutes les parties prenantes susceptibles d’intervenir directement ou indirectement, en amont ou

en aval dans la filière.

i. L’Home des Bois

• Principes

Société fabricant des maisons écologiques, économes, respectueuses de l’environnement et limitant au

maximum les émanations de polluants chimiques. Les constructions des maisons suivent des principes

bioclimatiques, tels que le vent, l’ensoleillement, l’orientation et favorisent l’utilisation de ressources locales

renouvelables comme le bois pour la structure ou le chanvre pour l’isolation, en se préoccupant dès la phase

de conception des problématiques de fin de vie des bâtiments et leur revalorisation. L’activité de l’Home des

Bois est diverse, de la rénovation à la construction écologique, abordant tous les aspects d’un bâtiment,

isolation, couverture, charpente…

• Spécificité

Un des points remarquables de cette société est sa valorisation du bois en le mettant en œuvre sous

forme de fuste (rondin de bois). Cette technique de construction utilisée aussi pour des rénovations ou des

agrandissements permet de valoriser le bois tout en limitant les étapes de première et de seconde

transformation.

• Intérêt pour la mise en place d’une filière bois à Fontainebleau

Ce modèle de construction est donc particulièrement intéressant dans le cadre de notre étude car il

permet de limiter les investissements liés aux infrastructures de première et de seconde transformation.

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Mai 2011 BETA Programme / Recherche-Action BATIMENT (B) : étude de préfiguration des filières bois 24

ii. Le Chênelet

• Principes Le Chênelet est une entreprise d'éco-construction de logements sociaux. Cette entreprise répond à deux

objectifs, celui d’offrir un logement neuf et peu consommateur sur le plan énergétique à des personnes aux

revenus modestes ainsi que d’employer des personnes en réinsertion professionnelle. L’entreprise est

divisée en trois filiales:

o SCI Chênelet Habitat : chargée de construire les bâtiments

o SAS Foncière Chênelet : chargée d’acquérir les terrains

o SA SCOP Scieries et Palettes du Littoral : chargée de la fabrication et de l’approvisionnement

en matériel nécessaire.

• Spécificités

La SCI Chênelet propose trois types de logements :

o les maisons en ossature bois et terre crue,

o les maisons en bois massif isolées

o les maisons bois paille.

En terme de chauffage, l’utilisation du bois comme principal matériau permet d’assurer une réduction de

35% de la facture d'électricité par foyer. Le Chênelet a installé dans les logements expérimentaux du site de

Landrethun-le-Nord, une chaudière à plaquettes. Cet équipement rentre dans une logique globale

d'utilisation des ressources locales en synergie.

• Intérêt pour la mise en place d’une filière bois à Fontainebleau

La SA SCOP Scieries et Palettes du Littoral présente des spécificités pertinentes pour le territoire de

Fontainebleau :

o Tout d’abord, elle utilise uniquement du bois local.

o De plus, elle valorise des grumes dont les autres exploitants ne veulent pas.

o Enfin, le processus singulier de transformation du bois permet de donner du travail à des

personnes qui ne sont pas nécessairement qualifiées dans les métiers du bois (60% de la main

d'oeuvre au Chênelet n’est pas qualifiée).

Afin d’assurer une rentabilité à la filiale qui ne travaille que sur des petits volumes, la SA SCOP

Scieries et palettes du littoral a adopté une scieuse très efficace permettant de scier le plancher cloué utilisé

dans ses logements. En 2006, il s’agissait de la seule machine de sa catégorie en France capable de

combiner à la fois haut rendement de matière et prise en mains plus aisée, et ce, grâce à une structure

d'ensemble beaucoup plus légère que par le passé.

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iii. La Société Coopérative d'Intérêt Collectif (SCIC)

• Principe La Société Coopérative d'Intérêt Collectif est une nouvelle forme d'entreprise coopérative qui a pour

objectif d’associer toutes les parties prenantes autour d’un projet (permettant à des structures de droit public

de prendre une participation au capital, aux côtés de sociétés privées). Les biens et services sont produits

dans une optique d’intérêt collectif qui intègre les principes du développement durable. Son statut de société

commerciale (SA ou SARL) l’oblige à assurer une gestion similaire aux entreprises normales.

• Spécificité En mettant en avant l’intérêt collectif, la SCIC permet d’organiser davantage les échanges entre parties

prenantes de divers horizons, à savoir employés, usagers et enfin toute personne physique ou morale de

droit privé susceptible de contribuer au développement de projets adaptés et pertinents aux différentes

attentes des acteurs. Chaque acteur peut être impliqué dans une plus ou moins grande mesure aux

décisions en se réunissant sous la forme d’Assemblées d’Associés qui ne recherchent pas obligatoirement à

faire des bénéfices.

• Exemples : quatre SCIC spécialisés dans la mise en valeur de la ressource bois à l’échelle locale o Bois Bocage énergie : L’objectif est de produire localement une énergie renouvelable à

l’échelle locale. Les bénéfices sont reportés en réserve et ne peuvent pas être partagés. Le but

est de trouver le juste équilibre entre le prix d’achat des matières premières et le prix de vente

aux clients. Cette SCIC établit une relation durable avec ses producteurs et ses clients tout en

permettant de développer l’économie locale. Par ailleurs, la société souhaite remettre en valeur

le bocage et en assurer une gestion responsable.

o Bois2mains: La société souhaite valoriser le patrimoine forestier en promouvant une meilleure

gestion du bois ainsi qu’en développant la construction bois. Outre son assemblée d’associés, la

SCIC Bois2mains s’est aussi entourée de professionnels du bois, tels que scieur, menuisier,

maçon, fournisseur de matériaux. A travers le soutien de l’activité de construction bois et de

rénovation, Bois2mains a pour objectifs de développer l’emploi local ainsi dynamiser le tissu

économique de la région des Cévennes. Afin d’assurer une gestion durable de la forêt, la SCIC

assure son entretien, prévient des risques d’incendie et valorise le bois mort.

o Haute Mayenne Bois Energie: Le Pays de Haute Mayenne a souhaité intégrer les

problématiques du développement durable afin de promouvoir la réalisation d'actions concrètes.

La mise en place du programme Aténé par le Pays de Haute Mayenne a pour objectif de

développer les énergies renouvelables, notamment l'énergie bois. L’approvisionnement en bois

énergie repose sur différents gisements, à savoir la ressource bocagère, la ressource forestière

ainsi que la ressource industrielle et artisanale. La SCIC Haute Mayenne Bois Energie assure

un approvisionnement constant de la ressource à tous les acteurs.

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Repenser les villes dans une société post carbone

Mai 2011 BETA Programme / Recherche-Action BATIMENT (B) : étude de préfiguration des filières bois 26

o Pôle Bois du Haut Forez : La création du Pôle Bois du Haut Forez réside dans la volonté de

divers acteurs (propriétaires, exploitants de travaux forestiers, scieurs, entreprise de la seconde

transformation), des territoires (communes, communautés de communes et d’agglomération) et

des organismes professionnels et de formation d’agir collectivement pour un développement et

une gestion durable de la filière bois. La SCIC a pour objectif de créer des produits finis

répondant aux besoins des utilisateurs en mobilisant la ressource forestière du Massif Central

en la transformant avec un outil industriel moderne au service des entreprises des territoires

(industriels, semi-industriels et artisans) ainsi que d’accompagner opérationnellement des

entreprises faces aux mutations technologiques en favorisant la professionnalisation,

l’innovation, la recherche et le développement, la mutualisation et la valorisation industrielle.

• Intérêt pour la mise en place d’une filière bois à Fontainebleau

Le développement d’une SCIC permet de réunir toutes les parties prenantes en les faisant participer,

agir et réagir au projet. Ce type de coopération est intéressant notamment lorsque les acteurs proviennent

d’univers très différents.

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Repenser les villes dans une société post carbone

Mai 2011 BETA Programme / Recherche-Action BATIMENT (B) : étude de préfiguration des filières bois 27

4) Recommandations

a. Principes de création de valeur

Face à une concurrence à bas prix, les investissements doivent d’une part privilégier des activités à forte

valeur ajoutée (ex. parquets) et d’autre part optimiser la chaine de valeur en réduisant la part des

intermédiaires et en sécurisant des contrats d’approvisionnement / vente sur le long terme.

Les chênes de la forêt de Fontainebleau sont particulièrement précieux pour développer des activités à

forte valeur ajoutée (parquets, mobilier haut de gamme, rénovation de qualité). Par ailleurs, la certification de

bois local / géré durablement (pourquoi pas avec l’apport d’un label international) permettrait de soutenir les

prix de la ressource. Cependant cette approche ne suffit pas à l’échelle du massif, dont la composition est

hétérogène.

L’approche des SCIC évoquée plus haut permet d’organiser la chaine de valeur depuis la source

jusqu’au client final. Dans cette perspective, c’est la consolidation des activités qui permet de ventiler des

surcoûts éventuels liés à un des maillons de la chaine. Ainsi, le surcoût d’un taux de main d’œuvre plus

élevé pourra être compensé par les économies réalisées sur les budgets du RSA, si une partie des

bénéficiaires du RSA peuvent être employés dans des activités liées à la filière bois.

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b. Synergies identifiées

• Exploitation

Mise en place d’une exploitation gérée par un seul acteur responsable de l’entretien de la forêt, de la

définition des plans de gestion et de coupe, de la coupe en forêt et du tri des grumes pour établir des lots

homogènes par essence et qualité. L’exploitant de la forêt est aussi responsable des plantations pour

remplacer les arbres abattus, de la bonne croissance des jeunes pousses et de la vente des lots. Des

synergies apparaissent clairement entre l’exploitant et les différentes activités de la filière :

o Avec les industries de 1ère et de 2nde transformation : l’exploitant fournit la matière première aux

industries de valorisation, les définitions des lots et des parcelles par l’exploitant permettent aux

acteurs des industries de première transformation puis de seconde transformation de définir

leurs plans de production.

o Avec l’industrie du tourisme : des activités de plantation, d’entretien et de nettoyage autour des

jeunes pousses, comme des activités de dénombrement peuvent faire appel à la participation

des éco-touristes (fournissant ainsi un motif de prolongation de séjour sur le massif, créant une

demande pour des nuitées et de la restauration sur le territoire).

• Un lieu commun réunissant les acteurs de la valorisation du bois :

Une localisation géographique commune des différents acteurs de la valorisation présente plusieurs

avantages mettant en exergue différentes synergies :

o Mutualisation des coûts de transport

o Mutualisation des coûts de stockage

o Mutualisation des coûts d’achat des matières premières. En effet un arbre se découpe en

différentes parties utilisées par différentes industries. La partie basse plus noble est utilisée par

les industries de l’ameublement, et de construction, comme matériaux de structure ou de finition.

La partie intermédiaire de moins bonne qualité se destine à la fabrication de panneaux de bois.

Les branchages sont valorisés par l’industrie du chauffage par biomasse.

o Les copeaux et rebus des différentes étapes de transformation peuvent servir de matière

première pour l’industrie du chauffage biomasse.

o Pendant le cycle de transformation du bois, des passages en étuve et en phase de séchage

sont nécessaires. Ces phases de transformations sont obligatoires et représentent une dépense

énergétique importante. Plutôt que de faire appel aux énergies fossiles, il est envisageable

d’utiliser le fonctionnement de ces installations par une alimentation par biomasse.

c. Impacts et bénéfices

Le fonctionnement d’une filière bois à Fontainebleau est un vecteur indéniable de travail pour

soutenir les activités des différents secteurs identifiés. Concernant la partie tourisme, une mise en place

intégrée de la filière nécessite la formation et la présence de personnel sur site pour encadrer les visiteurs

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lors d’activités, les sensibiliser aux métiers de la gestion des forêts, son exploitation et les former aux

métiers et méthodes de valorisation du bois.

Les autres secteurs identifiés que sont l’ameublement, la construction et le chauffage biomasse entraineront

quant à eux une création d’emplois, de l’exploitation à la valorisation du bois, avec le support de métiers

administratifs, de vente et de management.

En plus de fournir du travail aux bellifontains, la mise en place d’une telle filière fera entrer Fontainebleau de

façon durable dans une stratégie de ville post carbone. En effet l’exploitation forestière et la valorisation du

bois est neutre en termes d’émissions carbone (modulo l’énergie grise du cycle de transformation et de

distribution). De plus, une valorisation locale permettrait de réduire les émissions de CO2 dues aux

transports et fournirait des matériaux de rénovation et d’isolation du bâti énergétiquement plus performants.

D’autre part, une filière bois intégrant tourisme, exploitation, et valorisation générerait un profit alimentant

l’économie de la commune, par la vente de services aux touristes (restauration, hôtellerie, formation,

information, mobilité…), la vente de biens mobiliers de qualité et de matériaux de construction. De plus, la

mise en place de systèmes de chauffage par biomasse permettrait de passer des systèmes fonctionnant à

l’énergie fossile à des systèmes de chauffage utilisant une ressource renouvelable, moins couteuse en

termes d’émissions de CO2 et économiquement plus viable.

Pour finir l’étude que nous menons et le modèle que nous recommandons de mettre en place à

Fontainebleau se veut réplicable et adaptable : le cas de Fontainebleau n’est pas isolé, de nombreux

massifs souffrent de l’absence de filières locales de valorisation.

d. Parties prenantes

Les parties prenantes sont nombreuses et peuvent intervenir en amont de la mise en place du projet.

Elles proviennent de divers milieux et secteurs d’activités assurant au projet une viabilité sur le long terme.

• Le Secteur public :

o ONF : support technique et logistique. Connaissance de la Forêt de Fontainebleau ainsi que de

sa gestion et de son exploitation. Opérateur pressenti dans la perspective d’une gestion intégrée

du massif.

o Seine-et- Marne Tourisme : Support technique et pilotage de la partie tourisme en coordination

avec l’ONF. Favorise la mise en place d’un tourisme durable de la Forêt Fontainebleau.

o La Réserve de Biosphère : Coordination de la mise en place du projet. Développe une

plateforme interactive promouvant les échanges entre les parties prenantes.

o Initiatives 77 : Participation sociale. Aide à la formation et au recrutement des employés et à

l’articulation des projets de développement de la filière bois avec les programmes d’insertion par

l’emploi.

o ADEME : Aide au financement de l’étude et de la réalisation du business model.

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• Le Secteur privé

o Francilbois, CNDB : support technique. Connaissance des métiers liés à l’industrie du bois, du

développement économique des filières, du marché du bois et définir la dimension des

industries.

o Saint Gobain, Foyers de Seine et Marne, Nexity… : Acheteurs potentiels des produits finis.

o A explorer : fonds d’investissement en infrastructures, porté sur des projets d’intérêt général.

e. Suite de la mission

Pour poursuivre notre étude, le budget des investissements nécessaire à la mise en place d’une

filière bois et à son fonctionnement doit être défini. Nous espérons par ce rapport avoir fourni un socle

d’analyse qui pourra orienter et guider l’équipe qui poursuivra et approfondira nos recommandations

(idéalement sous l’égide d’une institution telle que l’ADEME). Cette phase de préfiguration et de chiffrage

pourrait ainsi préciser des projets de développement rentrant dans le cadre d’investissements d’avenir.

Ce travail de préfiguration et de modélisation pourra bénéficier de l’aide de supports techniques tels que

Francilbois et le CNDB qui pourront aider au dimensionnement des outils industriels et à la réalisation du

business model.

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5) Annexes a. Bibliographie

- « Conditions et Moyens nécessaires à la mise en place d’une filière bois énergie sur le territoire de la

Réserve de biosphère du Pays de Fontainebleau et du Gâtinais Français », Cyril Mascart, Mémoire de

fin d’études, Institut National Agronomique Paris-Grignon, INA-PG, UER « Gestion du Vivant et

Stratégies Patrimoniales »

- Mise en valeur de la forêt française et développement de la filière bois, Mission confiée à Jean Puech,

ancien ministre

- Stratégie Post Carbone du Territoire de Fontainebleau, Quattrolibri

- Ventes de bois des forêts publiques, rapport de l’ONF 2008

- Sites web : Chênelet, L’home des Bois, Seine-et-Marne Tourisme, ONF, Ademe, PNR du Gâtinais,

Maison de la forêt de Cerisy, Forest House education centre, Francilbois, CNDB

b. Contacts

ADEME: Eric Vidalenc; CNDB, Estelle Billiote; Francilbois : Brice Le Franc ; Quattrolibri : Julien Dossier

et Louise Hain ; ONF : Sylvain Ducroux ; Seine et Marne tourisme : Elisabeth Longueville.

c. Processus méthodologique

Equipe de recherche : Lafargue Emma-Oriane, Le Bars Benoit, Muroni Giuseppe, Wagner Julia Période de la recherche : du mercredi 5 janvier au mercredi 11 mai 2011, à raison d’un jour par semaine. Première étape du 5 janvier au 16 février :

Définition du sujet et délimitation de ses limites. - Evaluation de la ressource en bois de la Forêt de Fontainebleau - Définition des enjeux et de l’ambivalence tourisme/exploitation - Compréhension des besoins nécessaires pour monter une filière du bois de construction

traditionnelle. - Elargissement du périmètre d’étude afin d’évaluer l’éventualité d’augmenter le volume de bois,

notamment avec le bois du PNR du Gâtinais et des massifs domaniaux alentours. - Etude des différentes industries liées au bois, 4 retenues comme potentiellement exploitable sur le

territoire : le tourisme, le chauffage par biomasse, la construction et l’ameublement.

Deuxième étape du 16 février au 23 mars : Identification des obstacles et recherche de solutions innovantes pour y faire face.

- Un constat : des obstacles rendent impossible la mise en place d’une filière du bois sur le modèle « business as usual » de grands volumes, sans coordination entre acteurs amont / aval.

- Benchmark d’entreprises et de groupements atypiques (coopératives, associations…) travaillant avec succès dans l’industrie du bois.

- Réflexion et proposition d’un modèle intégrant les quatre industries en synergie pour réduire les coûts d’exploitation, de production et diminuer les émissions de CO2.

Troisième étape du 30 mars au 11 mai : Finalisation de l’étude, conclusions et recommandations.

- Rédaction du rapport avec mise en avant des conclusions - Rédaction de fiches méthodologiques et synthétiques - Présentation et restitution de l’étude auprès des partenaires - Recommandations données pour la suite du projet.

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d. Déroulé de la mission

Réunion de lancement

Appropriation des notions Benchmark national et international des utilisations du bois et de la construction

bois

Analyse de la ressource bois sur le territoire de Fontainebleau

Prise de contact avec des acteurs locaux de la filière

Sélection des secteurs aux plus forts potentiels sur le territoire :

Construction, bois énergie, ameublement, tourisme

Analyse par secteur

Prise de contact avec des acteurs de chaque

secteur

Benchmark par secteur

Mise en commun des travaux sur chaque

secteur

Apparition de points de blocages communs

Réflexion sur un modèle en synergie entre chaque

secteur

Benchmark de solutions et d’organisations

alternatives

Proposition d’un modèle

Travaux de restitution

Janvier-Février

Mars

Avril

Mai