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1 BIENVENUE CHEZ LA PSY Une pièce de Guillaume Miller avec la collaboration d’Hélène Neveu-Le-Bail SACD n° 206194 Courriel :[email protected] Genre : café théâtre Durée : modulable de 1h 15 à 1h45 Public : adultes et adolescents Vidéo : disponible sur le site « le proscénium » Résumé : Vous êtes-vous déjà allongés sur le canapé d’un Psy ? Qu’à cela ne tienne, c’est le moment de profiter des compétences singulières du Dr Aliénor Despugues, alias Sylvette Fournier de son vrai nom. Cette mythomane qui s’est échappée d’un hôpital psychiatrique, gèrera à sa façon des patients fantasques et hauts en couleurs. Vous pénètrerez dans l’univers de Cécilia Toumi la nymphomane, de Janus de Bercy inspecteur des impôts gay qui souffre d’un problème d’Oedipe, d’Elisabeth Léem persuadée d’avoir accouché de Saint Dominique, et que dire des autres personnages truculentsIl s’agit d’une comédie au rythme enlevé qui décline un humour à plusieurs degrés, et explore les confins de la personnalité. A consommer sans retenue et à assaisonner d’intermèdes musicaux cultes sur un fond de références people croustillantes ! AVERTISSEMENT Ce texte a été téléchargé depuis le site http://leproscenium.com Ce texte est protégé par les droits d’auteur. En conséquence avant son exploitation, vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur, soit directement auprès de lui, soit auprès de l’organisme qui gère ses droits (SACD). Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire la représentation le soir même si l’autorisation de jouer n’a pas été obtenue par la troupe. Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs homologues à l’étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les autorisations ont été obtenues, même a posteriori. Lors de sa représentation, la structure de représentation (théâtre, MJC, festival…) doit s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer. Le non respect de ces règles entraî ne des sanctions (financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation. Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour les troupes amateurs. Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux textes.

BIENVENUE CHEZ LA PSY Hélène Neveu-Le-Bail SACD n° … · le chapelet à bigotes, le sex toy qui ouvre le bon chakra, une seringue de Valium et la vache en mousse pour faire mes

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BIENVENUE CHEZ LA PSY

Une pièce de Guillaume Miller avec la collaboration d’Hélène Neveu-Le-Bail SACD n° 206194

Courriel :[email protected] Genre : café théâtre Durée : modulable de 1h 15 à 1h45 Public : adultes et adolescents Vidéo : disponible sur le site « le proscénium » Résumé : Vous êtes-vous déjà allongés sur le canapé d’un Psy ? Qu’à cela ne tienne, c’est le moment de profiter des compétences singulières du Dr Aliénor Despugues, alias Sylvette Fournier de son vrai nom. Cette mythomane qui s’est échappée d’un hôpital psychiatrique, gèrera à sa façon des patients fantasques et hauts en couleurs. Vous pénètrerez dans l’univers de Cécilia Toumi la nymphomane, de Janus de Bercy inspecteur des impôts gay qui souffre d’un problème d’Oedipe, d’Elisabeth Léem persuadée d’avoir accouché de Saint Dominique, et que dire des autres personnages truculents… Il s’agit d’une comédie au rythme enlevé qui décline un humour à plusieurs degrés, et explore les confins de la personnalité. A consommer sans retenue et à assaisonner d’intermèdes musicaux cultes sur un fond de références people croustillantes !

AVERTISSEMENT

Ce texte a été téléchargé depuis le site http://leproscenium.com Ce texte est protégé par les droits d’auteur. En conséquence avant son exploitation, vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur, soit directement auprès de lui, soit auprès de l’organisme qui gère ses droits (SACD). Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire la représentation le soir même si l’autorisation de jouer n’a pas été obtenue par la troupe. Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs homologues à l’étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les autorisations ont été obtenues, même a posteriori. Lors de sa représentation, la structure de représentation (théâtre, MJC, festival…) doit s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer. Le non respect de ces règles entraîne des sanctions (financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation. Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour les troupes amateurs. Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux textes.

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L’histoire : Elle se passe de nos jours, dans un cabinet de psychiatre. Elle se déroule en continu, sans baisser le rideau après chaque nouveau personnage. Le décor : Aucun changement de décor n’est nécessaire. Bureau ou table avec tiroirs, chaises, canapé de Psy, couverture, fauteuil, interphone, téléphone, téléphone portable, paperasserie, livres, dossiers, tableau, etc... Les accessoires : Certains sont suggérés dans le texte en correspondance avec les personnages. Les costumes : Ils sont laissés au choix et à l'appréciation du metteur en scène. Les personnages :

Aliénor Despugues (AD) : Personnage principal alias Sylvette Fournier, mythomane échappée d'un hôpital psychiatrique, qui endosse la blouse d’une Psy déjantée. Elle est en permanence sur scène.

Rosalinde Mafiosi (RM) : Pied-noir névrotique qui a la phobie de l’anis.

Géraldine debout (GD): Dépressive et cocue de service.

Janus de Bercy (JDB): Inspecteur des impôts qui a un problème d’Œdipe, homosexuel.

Cécilia Toumi (CT): Nymphomane. On apprend dans le final qu’elle est fonctionnaire de police sous couverture (Shirley Holmes – SH).

Elvire Braquemard (EB) : Paysanne qui consulte car elle se trouve sèche.

Elisabeth Léem (EL) : Mystique avec psychose du post-

partum.

Abraham Shalom (AS): Inspecteur de police.

JeanJean (JJ): Secrétaire d'Aliénor, évadé du même hôpital psychiatrique qu'elle. (Voix off).

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IMPORTANT: Cette nouvelle version de « Bienvenue chez la

Psy » est adaptée au café théâtre, pouvant être interprétée par 4 comédiens (3 femmes et un homme). En dehors d’Aliénor Despugues qui est en permanence sur scène, les comédiennes endosseront 2 rôles et le comédien 3 rôles (dont un mineur pour ce qui concerne les dialogues). Les personnages sont tellement différents et caricaturaux que les artistes peuvent se grimer et modifier leur voix afin de donner le change. Je propose donc une chronologie d’entrée en lisse des personnages qui permet les transformations nécessaires sans précipitation :

Aliénor Despugues : Rôle féminin.

Géraldine Debout ou Rosalinde Mafiosi : Rôle féminin. La comédienne interprètera aussi le personnage d’Elisabeth Léem. Géraldine et Rosalinde ne pourront pas être interprétées ensemble dans la version café théâtre. Cela permet aussi de palier à l’absence d’une comédienne.

Janus de Bercy : Rôle masculin. Le comédien interprétera aussi Elvire Bracquemart (effet comique déjà testé) et Abraham Shalom (rôle moins lourd).

Cécilia Toumi : Rôle féminin. La comédienne reviendra pour jouer Shirley Holmes.

Elvire Bracquemart : Rôle masculin.

Elisabeth Léem : Rôle féminin.

Jean Jean : Voix off masculine.

VARIANTE : En dehors d’une version café théâtre, chaque personnage peut être interprété par un comédien différent. Le nombre de personnages peut être limité pour s’adapter à une situation d’absence (cela permet de ne pas annuler une représentation à condition d’ajuster les intermèdes correspondants), à un nombre limité de comédiens ou encore à une volonté de moduler la durée du spectacle. Le personnage de Jean-Jean est possible en live, faisant des irruptions comiques sur scène. Le comédien pourrait alors assumer en plus l’interprétation d’Abraham Shalom.

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Entrée d’Aliénor Despugues (AD) (Elle arrive en habits « civils » et se change pour mettre une blouse blanche. Dessous elle est en tee-shirt et ne le montre pas de dos car il est floqué avec la tête mythique du Tché, ce qui est important pour le final de la pièce). Bonjour, vous avez devant vous le docteur Aliénor Despugues en personne. (en aparté avec le public) Mais pour les intimes, mon vrai nom c’est Sylvette Fournier, de Saint Flour. Mais chut..., je n’ai mis que vous dans la confidence. Je suis Psychiatre, Psychothérapeute, Sexo-libidologue et Comportementaliste de Schindler à la Faculté de Vienne. Ben oui, j’ai eu mon diplôme à Vienne, dans le trois huit. Freud à côté de moi, c’est un bébé nageur ! J’ai dépassé le maître ! (désignant un spectateur) Vous là, vous n’êtes pas convaincu, hein ? Détrompez-vous, c'est pas pour un massage californien que vous défilerez sur mon divan... (elle se fige en regardant le fond de la salle) Les dépressifs au fond, oui vous là, levez le doigt et lâchez la main de bobonne. Plus je vous regarde, et plus je me dis qu’il va y avoir du boulot. Ah, j’ai bien fais de venir m’installer à Chamalières. Une annonce comme ça dans le « canard déchaîné », ça ne se loupe pas ! L’hiver, on se croirait à Saint Pierre et Miquelon, mais ça vaut le coup…, parce-que l’Auvergnat, il a des liasses de biftons dans les bas de laine. Vous connaissez Chamalières ? Allez, un petit effort, faites chauffer les neurones ! (elle déclame façon Julien Lepers) :

- Si je vous dis, je suis suis le fils musical d’Yvette Horner !

- Si je vous dis, franchaises, franchais !

- Si je vous dis enfin : j’ai surclassé Indiana Jones dans la

course aux diamants de Bocassa !

- Je suis, je suis… Gi… Gi…Giscard !

Ah, ya du mieux dans les plafonniers, ça percute enfin ! Profitez de ma consultation, car après-vous je ne vais pas moisir ici. Je suis une Psy itinérante. Je vais là où je peux cuisiner de la cervelle, la votre par exemple,… à condition qu’elle ne soit pas trop frelatée. J’adore celle des curés ! Vous savez qu’elle est immunisée contre la vache folle. (le spectateur s’interroge) Ben oui, c’est grâce au « prion ». Vous comprenez maintenant pourquoi un Psychiatre ne guérit jamais ses malades. Dans l’hiver, je vais vous abandonner pour rejoindre un confrère à Megève, le beau Marc (elle part dans une mimique expressive, sensuelle)... Je l'ai connu à Sainte Anne. Dommage qu'il soit homosexuel celui là! Quand il consulte avec son petit fuseau blanc moulant en laine bouclette des Pyrénées, tu vois tout de suite qu'il y a du rabe ! Mais pour nous les femmes, pas touche à la marchandise, c'est régime sec, carême, que dis-je... grève de la faim ! Bon, assez bavardé, il est temps de commencer ma consultation. Voyons si tout est bien là ! (elle ouvre ses tiroirs etc...) Ah voilà le chrochro, le chronomètre à bègues, le chapelet à bigotes, le sex toy qui ouvre le bon chakra, une seringue de Valium et la vache en mousse pour faire mes nerfs. Oui Mesdames j’en ai besoin, car certaines d’entre vous ne se gênent ne se gênent pas pour décrire leurs ébats sexuels. Vous ne pouvez pas comprendre, cela fait des mois que je n'ai pas touché à un homme, l'inverse étant vrai d'ailleurs ! (elle regarde son agenda). Oublions tout ça. Voyons, voyons, la première visite de cette journée, c'est Madame... ça m’agace, je n’arrive pas à déchiffrer son nom. Rosalinde Mafiosi. Rien que le nom, ça s’visite.

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AD – (Elle appuie sur l'interphone pour parler à son secrétaire) Jeanjean, est-ce que ma première patiente est là ? JJ – (Voix off du secrétaire type titi parigo) Oui M'dame, elle vient d'fermer la lourde. AD - Jeanjean, combien de fois je vous ai dit de parler correctement et d’écrire de façon lisible. Si vous ne faites pas d'effort, vous serez licencié. Vous vous souvenez des instructions que je vous ai données la dernière fois à Sainte Anne? JJ -(Voix off) Oui Madame, c'était une des conditions pour que je vienne avec vous.

Entrée de Rosalinde Mafiosi (RM) OU de Géraldine Debout (GD) Version avec Rosalinde Mafiosi (RM) : (Pied-noir névrotique, phobique, n’aime pas l’anis. Elle peut être habillée avec des rérérences publicitaires, bob pastis 51, etc…). AD - (Elle se lève et se dirige vers la porte) Entrez Madame euh... madame comment ?

RM – Madame Mafiosi, Rosalinde Mafiosi. Bonjour Madame la psychologue, libidologue, sexologue, cervologue… AD – (Elle l’interrompt). Bon, bon, Alors Mme Mafiosi, quel est l'objet de votre visite ? RM – (Fouille dans ses affaires) Attendez… je suis venue avec tout mon dossier… voila, je l’ai retrouvé. Bééé, pour faire court, depuis mon divorce, j’ai enflé de partout, regardez ça… Et en plus, j’arrive pas à détester mon ex mari.

AD – C'est habituel, il faut laisser faire le temps. Et puis il ne tient plus à vous puisqu'il a voulu divorcer. (Au public) Encore un lâche !

RM – Non, c'est moi qui ai demandé le divorce. Je n'avais rien à lui reprocher même qu'il soit corse. Sauf... l'anis. AD – Quoi l'anis ? RM – J'ai horreur de l'anis, rien que d'en parler je sens que ça me remonte (elle fait le geste d'aller vomir sur le canapé). AD – Nooon ! Un peu de tenue, voyons ! .

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RM – Quand j'ai connu Françis, mon ex, il tenait un bar restaurant sur la plage de (à chercher). Une paillote quoi, vous savez, la fameuse paillotte près d’Ajaccio. AD – Et alors, rien de plus banal qu’un bar de plage ! RM – Et bien non ! Je devais servir tous les « soifards » qui voulaient un Ricard ou une Anisette. A cause de l’Anis, j’ai refusé de la faire. AD – Ah !!!! Je suppose que ça devait râler à l'heure du Pastis !

RM – Ben oui, il y avait foule, les inspecteurs du travail et même ceux des impôts, les gendarmes, ils venaient tous pour tuer le temps. A quatre heures de l’après-midi, ils le tuaient toujours le temps. Et les autonomistes qui les regardaient droit dans les yeux (elle fait le geste de s’égorger avec le pouce)… Le folklore habituel, bon enfant. AD – Je suppose que Francis l'a mal pris. RM – (En colère) Ouais et il a eu tort d'insister l'imbécile (et elle se met en transe). Tout a basculé le jour où j’ai vu un gars du GIGN (elle prononce gigne)... (voyant l'air interrogatif de la psy, elle précise) Vous savez, le Groupe d'Intervenants Gentils Neuneux ???!!! AD – (L’interrompant) C'est une troupe de danseurs ???? RM - Mais non ! Rien à voir avec les filles du Lido ou du Moulin Rouge. Eux, ils n’ont pas d'plumes, mais des cagoules et des flingues. On les prendrait même pour des indépendantistes ! AD – Évidemment, vu sous cet angle c'est moins sexy ! Mais il faut se taire maintenant (avec un brin de paranoïa) ! Le GIGN (prononciation correcte), madame Mafiosi, faut pas plaisanter avec eux, ça porte malheur si vous voyez ce que je veux dire… RM – Taisez-vous, je veux continuer ! AD - (Interloquée) Soit ! Mais un conseil quand vous passerez chez le pompiste…, ne prenez que de l’essence sans plomb. RM - Un gars du GIGN avait oublié son briquet sur un table. Ni une, ni deux, ça m'a donné une idée de génie ! (façon pied-noir) Ya yaïe ! Une nuit ça m'a pris, j'ai foutu le feu à la paillote de Francis. . AD – (Au public) Une pyromane névrotique et phobique ! (à RM) Et vous n'avez pas eu d'ennui ? RM – Non, mais je me suis tirée avec le premier bateau à touristes, vous savez, les boat people ! Un coup de bol, ils n’étaient pas en grève ce jour là. Depuis, j’ai des remords vous savez…

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AD – D’avoir quitté Francis ? RM – Non voyons, ils ont emprisonné le pauv’préfet à ma place. Je lui ai fait porter le bonnet à ma place. AD – Le chapeau vous voulez dire ? RM - Oui, si vous voulez. AD - Un jour la vérité éclatera et on lira dans la presse : «le préfet mis à pied, lavé par les remords d'une pied-noire» ! RM – Oh bonne mère, pardonnez-moi ! AD –Ça a du vous traumatiser cette histoire ? RM – M'en parlez pas, j'en fais encore des cauchemars et du coup ça m’a déclenché de la boulimie (elle prononce boulémie). Il a fallu me poser un anneau à l'estomac ! AD – Baguer l'estomac ! Très, très fin... Un bon truc pour suivre la migration des obèses voyageurs.

RM – (Elle s’énerve) Le seul hic, c'est que depuis une semaine je n'arrête pas de vomir. Au lieu de perdre du poids, je me remets à grossir. . AD – Si vous grossissez, c'est que vous mangez mal. Trop de gras dans votre cuisine du sud ! Regardez moi ça, vos tongs régurgitent l'huile d'olive.

RM – Olive, olive ? Vous avez dit olive ? Ah ça me rappelle une aventure avec un torero de Cadix (elle prend la position de la danseuse espagnole à castagnettes puis elle mime le torero dans l'arène qui secoue la muletta) toro, toro, toro; une promesse de virilité derrière la muleta! AD – Oh c’est osé ce que vous dites. Et alors ? Vous avez conclu ? RM – Pensez-vous, un tocard de première. Il n’a eu ni l’oreille ni le moindre petit bout de queue! Moi non plus d’ailleurs ! Du coup, je me suis rabattue sur les tapas. Résultat, j’ai pris 10 kilos!

AD – Le pauvre, il a du souffrir dans sa chair, comme Picasso lorsqu’il a peint son tableau Guernica. RM – Et moi « guère niquée », ça m’en fait une belle ! AD – C’était pas une raison pour vomir. RM - Si je vomis, c'est la faute à l'anneau et pas au Chorizo. On doit le desserrer mais je ne veux pas revoir le chirurgien. Rien qu'à cette idée, je vomis encore plus.

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AD - Pourquoi ce blocage ? RM - C'est à cause de L’A.N.I.S. (à épeler). AD – (Excédée) L’anis ? Une obsession, cette histoire d'anis ! RM - Ben, c'est que pour contrôler l'anneau, le radiologue me fait avaler un emplâtre qui a le goût d'anis. Retour à l'envoyeur. J'en ai rempli ses babouches ! AD - Dites simplement au radiologue de changer le parfum du produit, on gagnera du temps. RM - Oui, j'y ai songé, mais j'ai toujours ce goût dans la tête qui me donne la nausée. Et puis tout ça, c'est à cause de mon père. . AD - Allons bon, qu'est-ce qu'il vient faire votre père ? RM - C'est qu'il buvait comme un trou ! Dopé à l'anisette pour masquer l’odeur de la vodka ! «Solidarnosc» qu'il braillait le verre à la main en s'accrochant au comptoir. AD – Ah oui, je vois, c'était plus un lèche la Vodka qu'un Lech Walesa. RM – ça suffit, je pense trop à ma mère, elle me dégoûte. AD - Finissons en avec votre père, et ensuite on discutera de votre mère, sinon on va perdre le fil. RM - Ce n'est pas la peine d'en finir avec lui, il est déjà au Père Lachaise. Et puis le pauvre, c'était pas sa faute. C'est ma mère qui le faisait boire ! AD – Pourquoi donc ? RM – C'est parce-que je ne suis pas sa fille ! Aucun de ses enfants n'est de lui. Et puis, je suis une «beurette». AD – ça ne se lit pas sur votre visage… RM – Ben non, regardez plutôt mon sacrum ! AD - Allons bon, un peu de tenue, Rosalinde, je ne vois pas de rapport entre le sacrum et l'anus euh pardon ... l'anis ! Ah ces lapsus, des pièges à phantasmes ! RM - Et bien figurez vous que si, je suis de là bas, je suis une beurette ! C'est le radiologue marocain qui me l'a dit ! A cause de la tâche bleue sur mon sacrum».(RM se retourne et montre une tâche bleue sur le sacrum).

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AD - Eh bien, je connaissais le grand bleu, le disque bleu, le bleu de travail, les casques bleus, la vague bleue, la java bleue, la ligne bleue des Vosges mais pas la tâche bleue de Babel oued ! (elle prend Rosalinde par le bras comme pour une confidence) Parlez moi davantage de votre mère, ça devient passionnant.

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Version avec Géraldine Debout (GD) : (Bigoudis, chaussons, robe-tablier de ménagère… Elle entre en pleurs). GD – Bonjour docteur, Géraldine Débout.

AD – (Ayant compris « Gérald dîne debout ») Madame, ça ne doit pas vous mettre dans cet état, ce n'est pas grave. Gérald a parfaitement le droit de dîner debout !

GD – (Qui s'était assise) Qu'est-ce que vous racontez ? Je vous dis que je m'appelle Géraldine Debout, femme de l'épicier Debout, en bas de la rue, la boutique avec le chien assis.

AD – Ah, veuillez m'excuser madame... Debout (et Géraldine se lève aussitôt). AD – Mais, rasseyez-vous... GD – (En s'asseyant) Il faudrait savoir ce que vous voulez ! (et elle se remet à pleurer). AD – Finissons-en avec les politesses et séchez vos larmes ! Mais enfin, on va pas faire la Ola pendant une demi-heure ! Qu'est-ce que vous voulez ? GD – Je déprime et je suis cocue. D'ailleurs, je ne sais pas dans quel sens ça a commencé.

AD – Il y a de multiples raisons pour être déprimée mais il n'en faut pas pour être cocue. Livrez-vous pour que je puisse vous aider.

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GD – C'est la faute à mon mari. Ce salaud, il me trompe avec la peintre, une blondasse parisienne qui expose soi-disant. Son art moderne, j'en fais autant. Il suffit de laisser une toile blanche dans le poulailler de la mère Legras. AD – Êtes vous sûre qu'il est l'amant de l'artiste ? GD – Sûre, je veux mon n'veu ! Depuis qu'il la connaît, il me parle de clair obscur, de touches de couleur, d'embrasement de ciel. Mon Dédé, la dernière fois qu'il a peint, c'était la salle de séjour. Même que le poisson rouge en a fait une dépression ! AD – Vous savez, un homme fidèle, c'est aussi rare qu'un trèfle à quatre feuilles. Quand on tombe dessus, on n'y croit pas. GD – C'est elle qu'il va voir tous les jours. Il prétexte d'aller chercher le pain. Ses cheveux sont tellement gominés qu'on dirait qu'il s'est fait le shampoing avec de l'huile de vidange ! AD – Oui, mais, ce n'est pas une preuve. Il ne faut pas devenir paranoïaque.

GD – Ça vous dit si je rajoute qu'une heure plus tard il va chercher les croissants ?!!! Il les mange pas en plus ! Il les donne tous au p'tit voisin maintenant. Le pauvre, comment il est devenu ! On dirait un croisement entre Demis Roussos et Richard Anthony ! AD- C'est qu'il aime tout simplement faire plaisir, votre mari. GD – C'est ça, le brave Dédé donne dans l'humanitaire. La première morue qui s'échoue sur la place publique, il vient à son secours, le muscle bandé, les narines écartées, la lèvre trémulante (mimique) et l'œil lubrique verrouillé sur sa cible ! AD – Vous... GD – Chut..... ça sent la « poiscaille » ici. (elle se met à renifler la pièce et finit par se mettre à genou pour sentir le canapé. Elle pointe du doigt une tâche). Là une tâche énorme. Et ça pue ! AD – (Se lève et vient se mettre à genou à côté d'elle pour renifler). Effectivement, ça rappelle les plages de Normandie à marée basse. Ça puait la moule pas fraîche et le bulot! (elle se lève brusquement) C'est la faute à Maria, ma femme de ménage. A force de cuisiner le Baccalao, elle en oublie le « Baccalessive » ! GD – A votre place, je la licencierais !... AD – A quoi bon, il faudrait aussi porter plainte contre les patients qui s'oublient sur ce canapé. Vous savez, l'hypnose, on se relâche, ça libère les sphincters.

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GD – Il faut se sentir à l'aise chez le psy, mais quand même il y a des limites. Si on commence une séance ambiance Rungis, autant consulter dans une poissonnerie. AD – Vous avez raison, je vais commencer par écarter Madame la Baronne. GD – Celle qui a son clébard sans poil ? AD - Justement, cette espèce de chinchilla croisé rat d'égout s'est soulagé sur la couverture. Fallait voir!!! Ha elle a eu raison sa «maman» de le bourrer avec des suppositoires à la glycérine. GD – (Ecœurée) Vous parlez des transparents qui partent jamais quand vous tirez la chasse ? AD – Oui, c'est ça !

GD – De toute façon, ça règle pas le problème de mon mari. Qu'est-ce que je peux faire ? AD – Il faut être plus sexy. Vous connaissez la femme du boulanger ? Elle sait se mettre en valeur. GD – Vous plaisantez, une vraie Pomponette (accent à la Pagnol) cette garce. Si la pilule n'existait pas, elle en aurait fait des bâtards à son boulanger de mari. AD – C'est une façon de voir les choses, mais elle sait y faire. GD – (En pleurant) Je ne suis bonne à rien, je vais me suicider ! AD – Mais, non. Il faut réfléchir aux manques de votre mari. Est-ce qu'il réclame souvent ? GD – Quoi ? AD – Vous savez bien, euh…, la bagatelle, le devoir conjugal. GD – Non, justement et pourtant je lui ai coché les bonnes dates sur le calendrier des pompiers. (Elle lui montre le calendrier) Il les a tous les jours sur la table du petit déjeuner. Les dates d'ovulation c'est important, non ? AD – (Surprise par ce qu’elle observe sur le calendrier) Vous ovulez plusieurs fois par mois ? GD – Et alors, ça vous dérange ? Il dit que ça le bloque le pauvre Dédé. Et pourtant, j'ai tout lu du « Kasa Trouma ». Tenez, la position du missionnaire, une véritable expédition (elle se trompe de position et réfléchit pour trouver la bonne). Le temps qu'il trouve le bon sens, il m'a fait le coup du soufflet qu'on sort du four. Ça s'est dégonflé aussi sec.

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AD – Vous l'avez rassuré, j'espère. Un homme qui perd ses moyens, c'est comme s'il chutait de cheval; Il faut le faire remonter de suite. GD – Pensez donc ! A force de le faire remonter, j'en ai des escarres aux fesses. Du coup, j'ai abandonné la partie. AD – Surtout pas ! Vous devriez lui proposer des choses inhabituelles, inédites, faire dans l'événementiel et devenir vous-même une de ces excentriques du sexe qui fait fantasmer !!! GD - Comment ça, troquer mon Damart contre un piège à Robert, mes pantoufles compensées contre des cuissardes, et ma culotte contre un string ? Et d'abord cette espèce de ficelle mal placée, ça doit vous gratter ! AD – Prenez un brésilien, ça couvre plus et ça rentre moins !

GD - Ben déjà qu'avec un français j''y arrive pas, alors imaginez avec un danseur de salsa...Non, non, non, et puis je ne suis ni une aventurière, ni une star du X, moi !! AD - (Au public) Ça s'voit tout d'suite … Mais essayez alors d'être plus imaginative, de mettre de l'érotisme dans vos jeux... Bandez-vous les yeux, attachez-vous les poignets à la tête de lit, invitez des copines, tient, la boulangère par exemple !... Faites ça à plusieurs .... Je sais pas moi ! GD - (En pleurnichant) Tout ça me stresse trop et puis tout ce que vous me proposez là, j'y arriverai jamais parce que c'est pas mon truc ! J'ai été enfant de Marie, moi, madame !!!! (Et elle se signe).

AD – Oui bé là il va falloir vous en occuper, du vôtre de mari, sinon vos copines du caté risquent de vous l'amener à confesse si vous voyez c'que je veux dire !....Allez allez je pense que (coup de téléphone)... (Avec la voix de Sylvette Fournier) Maman ?? Mais pourquoi tu m'appelles ? Une dame est passée à la maison pour te dire que j'ai été vilaine ? (elle s'éloigne de Géraldine, joue face public et fait l'enfant ; pendant son monologue, Géraldine Debout grimace). Mais tu l'as pas crue ? Ah si ? Tu l'as crue quand elle t'a montré sa carte de flic ?!!! Quelle grosse tricheuse celle-là. On avait dit que pour le jeu du «gendarme et du voleur» et du «ballon prisonnier», on faisait semblant ! Hein ? Elle t'a dit que je serai le ballon ?!!! Ouais mais c'était pour de faux, pour jouer ! Maman, ne me gronde pas. Je sais, j'ai encore fait des bêtises mais c'est plus fort que moi! Je te promets de ne pas recommencer !!!! Je ne veux pas retourner à Sainte Anne. Bisous bisous bisous ma p'tite mum, tchao, tchao, tchao.(elle raccroche et à elle même) : A la balle, sans bouger, sans rire, sans parler, d'un pied, de l'autre, d'une main, de l'autre...(voyant GD stupéfaite elle reprend une voix et une attitude normales). Je vois dans vos yeux des longues longues queues.......de points d'interrogations, mais rassurez-vous, je vais bien ! C'est ma mère. Elle perd la tête et croit encore que je suis encore une petite enfant. Alors, je fais comme si…

GD – Ah, je comprends mieux, je me demandais si vous n'étiez pas déjantée? Votre mère la pauvre, c'est Alzheimer ?

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AD – Bien-sûr ! c'est pas Al Kaïda... GD – Al Kaïda ?! Eux, c'est les copains de la souris blondasse de mon mari, la terroriste lascive !...Quand le chat dort, les souris dansent......(quand elle dit «chat dort», elle fait le geste devant la bouche du : Tschador.) AD – Allons allons, il faut vous ressaisir ! GD – Vous avez raison, je vais la « carchériser » la pétasse et lui refaire le portrait façon vitriol. Elle pourra faire les défilés de mode chez Emmental. Des trous pleins la tronche ! AD – Peine perdue, une maîtresse chasse l'autre. C'est l'homme qu'il faut éduquer. GD – Vous avez un secret pour ça ? AD – Pas vraiment, à part ce que je vous ai déjà dit mais bon, c'est dès le départ qu'il faut agir. Prenez exemple sur le dressage des faucons.

GD – Faux cons, faux cons, c’est vous qui le dites ! AD – Mais non, les mâles, dès que vous les avez à votre main, il faut leur mettre un capuchon sur les yeux et leur remplir le ventre. GD – Et après ?

AD – Vous les lâchez juste le temps d'aller faire les courses, d'amener le gosse à l'école et d'aller faire le loto.

GD – Le loto ? Mais mon Dédé, la dernière fois qu'il a gagné le gros lot, c'était moi !

AD – Tu parles d'un cadeau, regardez-vous dans ces bas résilles ! On dirait un filet garni !

GD – (Se remet à pleurer) Je le savais, je suis bonne à rien !... En tout cas vous là, la donneuse de leçon, avant qu'un homme vous quitte, il faut déjà en avoir un ! AD – Vous l'épicière, vous feriez mieux de jouer au Scrabble avec votre Dédé. C'est un jeu sensuel au moins. Quand vous mettez la main dans l'sachet, vous n'savez pas à l'avance sur quoi vous allez tomber... Vous voyez ce que je veux dire ?... GD – Ben non, et pourtant on y joue très souvent au Scrabble avec mon Dédé. Même que la dernière fois, il m'a battue sur le fil avec un mot en cinq lettres !

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Intermède : (elle se lève du canapé et se dirige vers l'interphone).

AD – Jeanjean, ma prochaine patiente est-elle arrivée ? JJ – Non M'dame, j'vais vous chercher une bière surtaxée en attendant ? AD – (Revenant au canapé) C'est ça... Vous plaisantez j’espère ? (Au public) Quelle tâche celui-là ! Et dire que je l'ai préféré à mon ancienne secrétaire engrossée par un garde chasse qui braconnait la bécasse. Ah il l'a trouvée !! Et l'Jeanjean me direz-vous, quelles sont ses compétences ? Et bien… aucune ! Mais, je me suis laissé attendrir... Bref, il m'a tout sorti, enfin... presque : le licenciement économique, le soutien de famille à sa vieille mère impotente veuve d'un mineur silicosé du Pas-de-Calais, et pour finir ses oreillons à 22 ans qui lui ont fait gonfler les testicules et l’ont privé de paternité... (A JJ) Jean Jean, dites-moi, où est le prochain déjanté ? Ne me faites pas attendre !

JJ - Madame, j’introduis Monsieur Janus de Bercy. Entrée de Janus de Bercy (JDB) (langage précieux, habillé en rose et blanc et maniéré style « Cage aux folles »). AD – (JDB attend hésitant sur le pas de la porte) Bonjour, mais approchez monsieur de Bercy. JDB – Madame, ne m’en veuillez pas, je ne puis m’asseoir. Ça sent la morue partout. AD – Quoi? Vous avez des problèmes avec les femmes si je traduis bien vos propos sexistes. JDB - (Toujours debout et prenant l’air horrifié) Evitez de me parler d’elles ! ça me fait l’effet d’appliquer du piment d'Espelette sur mes hémorroïdes. AD – Je vous prierai, cher monsieur Janus, de cautériser vos hémorroïdes et de vous asseoir sur vos principes. Assis, j’ai dit !

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JDB – Soit, j'abdique (il s’assied). J’ai mal négocié le complexe d’Œdipe. J’ai du mal avec les meufs (avec un accent distingué). AD – Je pense que je ne suis pas la première Psy que vous consultez. JDB – Vous avez raison, vos consœurs finissent toutes par me rejeter. Il paraît que je suis monté à l'envers. Une Psy m’a dit : « votre âme sent des pieds! » AD – Ne vous en faites pas pour votre âme, j’en fais mon affaire. JDB – Alors j'ai peut être une chance avec vous. (Il se met à la sentir) AD – (elle le repousse) C’est pas des manières ; Dites que je sens le renard ! Remarquez, continuez, ça me plait bien (elle lui attrape la tête et la plaque contre sa poitrine). JDB – Oh cette odeur, vous ouvrez une plaie, ça me rappelle son odeur, son odeur vous comprenez ? AD – (Elle le repousse) Allons bon, et de qui ? JDB - Je suis tombé amoureux d'un antiquaire parisien, il vit dans le marais. AD – Ah c’est original, et vous vous intéressez à quoi dans la vie à part à votre batracien ? JDB – Aux chiffres, je suis inspecteur des impôts. AD- Inspecteur des impôts et pé… homo! Je comprends mieux ce que je ressens quand je reçois ma feuille d’imposition… Vous ne pouviez pas faire autre chose ? JDB – Je n'ai pas eu le choix, à cause de mon nom…De Bercy. AD – Et alors, ce n’était pas inéluctable. (dit ce qui suit façon Sylvette Fournier oubliant le personnage qu’elle interprète) Pétard, je t’emploie de ces mots ! JDB – (Surpris par le changement de ton) Pardon ? AD – Non, non, continuez ! J’ai fait taire Sylvette Fournier. JDB – Vous n’êtes pas claire, claire mais ça me plait. Continuons… Eh bien, à l'Assurance Maladie, on m'a vite surnommé le trou de la sécu... vous parlez d’une entrée en matière. AD – Pourquoi cela? JDB – Dois-je vous faire un dessin? AD – Euh, non, effectivement, il valait mieux se retirer si je puis dire. Travailler aux impôts, c’est pourtant impopulaire.

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JDB – Oui, mais mon nom a lourdement pesé sur ma décision. AD – De Bercy, je dois dire que vous ne pouviez y échapper. Vous êtes un signe d'eau, n’est-ce pas ? JDB – Comment vous le savez Madame Soleil? AD – Simple déduction. Je vous imagine la journée en bord de seine à Bercy et le soir en scène de ménage dans le quartier du Marais. CQFD, un signe d'eau je vous dis! Poisson à queue ascendant scorpion à pince. Un karma lourd et invalidant ! JDB – Vous êtes brillante mais folle, reconnaissez-le? AD – Je vous en prie, gardez vos commentaires pour la gay pride ! JDB – Inacceptable cette insulte ! Je suppose que c'est tante… tante Irma qui vous a appris la Psychanalyse. AD – (très irritée) Je ne vous permets pas, espèce de tante... de tante Ouze ! Voilà c'est dit, la balle au centre. Ne me cherchez plus maintenant. JDB – Partout où je vais, je me fais haïr. Vous êtes comme tous les autres, vous n'acceptez pas la différence. AD – Désolée, je me suis laissé emporter, c’est la faute aux taxes, à l’injustice fiscale. C’est vrai quoi, comme le père Noël, vous rentrez chez les contribuables, le dos courbé sous un sac rempli… de tubes de vaseline. Vous distribuez à droite... à gauche, en disant: « tenez! Ça passera mieux avec ça ». C’est pas évident, même avec de la vaseline! JDB – Oui, mais cette vaseline, elle est de qualité supérieure, je la commande moi-même chez Marc and Spencer. AD – Ah, je ne savais pas que cet établissement « So british » (en insistant avec l'accent) vendait ce genre de produit. JDB – Vous plaisantez, Marc et Spenser, c'est deux potes à moi, des britanniques. Je les ai rencontrés à Essaouira, chez Bertrand. AD – Je vois, je vois, c’est leur gros intellect qui vous a plus ! JDB – Vous me fatiguez avec vos supputations nauséabondes. Je vais m'allonger, vous permettez ? (il se dirige vers le canapé et s'allonge). AD – Ben je vous en prie, faites comme chez vous ! (au public) En avoir un sous la main et être obligée d’être manchot ! JDB – (en testant le canapé) C’est du moelleux. Acheté à Ikéa ?

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AD – Non, à n’Ikéa, et restez couché, j’ai une pulsion ! JDB – Mais pourquoi donc ? AD – (Elle se jette sur lui) Je n'aime pas les redressements fiscaux, c'est un principe. Mais là, j’avoue qu’un redressement de votre part, maintenant, me ferait le plus grand bien ! JDB - Mais vous êtes folle ! Reculez immédiatement sinon j’appelle le play mobil de l’accueil. (se lève et appelle à l’aide comme l’aurait fait Albin dans la cage aux folles). AD – Excusez-moi, j’ai eu un moment d’égarement… de manque et je vous ai pris pour le frère à Crésus ! JDB - Je vois, vous faites partie de ces gens qui croient que je m'en mets pleins les poches? AD - Détrompez-vous, je rejette les préjugés. Et puis, je sais bien que vous n'avez pas les moyens d'aménager votre duplex parisien. JDB - Je ne vous demande pas comment vous le savez? AD – Tante Irma, bien sûr! En plus de la psychanalyse, elle m’a formé pour l’immobilier. JDB – Mouais... Mettez-vous à ma place, 400m2 à meubler avec mon petit salaire, un vrai casse-tête! AD - Cela vous tourmente? JDB - Non. Vous savez au ministère, il faut être très très gentil au moment des enveloppes de primes. Vous voyez ? AD - C'est détestable, mais vous vous salissez. JDB - Pensez donc, une lingette dans ma pochette et le tour est joué. (il en sort une de son costume et la lui montre). Parfum romarin, c'est la mode dans les sorbets. AD – (Gênée) Euh… je voulais dire, vous salissez votre âme. JDB - Celle là, ça fait longtemps que je l'ai donnée au diable! AD - (Et elle chante ou fredonne la chanson interprétée par Annie Cordy). JDB – (Il la coupe, vexé) Dites donc, je ne suis pas venu pour entendre grincer vos cordes vocales. AD - (Se reprend) Oui, Oui, j’y suis, le problème c'est votre mère. Je pari qu'elle vous a donné une mauvaise image de la femme.

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JDB – ça ne risque pas, je suis orphelin! J’en ai souffert et je préfère en souffrir en silence et … AD – (L’'interrompt et complète sa phrase) ... et garder vos deux personnalités. Eh oui je vous ai percé. Janus, votre prénom évoque l'homme aux deux faces.

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Intermède (Coup de téléphone sur son portable). AD – Allo ? Oh c'est toi Marc. C'est sympa de me téléphoner... (Au public) C’est le beau Marc ! (conversation téléphonique) Tu es où ? En Hollande ? Ah, tu es à New York au pieu avec un hollandais ?! Vous avez eu un rabais au Sofitel dans la chambre du parti ? Ça ne te fait pas rire ?? Tu n'aimes pas mon humour !!!!, j'enregistre ! (Frustrée) D'ailleurs, je raccroche. J'te laisse avec ton Don Quichotte des Polders. Tu seras vite déçu. Avant la bagatelle, c'est le beau mâle hollandais, mais tu verras, après 30 secondes, ce sera le batave... mou. Tu ferais mieux de t'intéresser à moi ! Quoi? Que je surveille mes arrières? (elle raccroche furieuse). Mais quel idiot ! (puis la moue interrogative) Pourquoi m'a-t-il téléphoné ? Entrée de Cécilia Toumi (CT) (nymphomane, habillée de façon très douteuse et parlant comme une niaise). AD – (Sonne de sa cloche) Jeanjean, faites entrer la patiente suivante. Jeanjean, que faites-vous, Jeanjean ???? JJ – Euh, oui, Patronne, j'aidais madame Cécilia Toumi, votre patiente, à remettre de l'ordre, euh… dans ses affaires... C’est que son collier de perles, il s’est ouvert… CT – (En entrant) Bonjour Madame, je me présente, Cécilia Toumi, femme du boulanger. AD - Bonjour madame, vous avez fait connaissance avec mon secrétaire, je vois !.... CT – Oh oui, un homme délicieux, au doigté irréprochable. Figurez-vous qu'il a retrouvé ma perle noire sauvage de Tahiti qui avait glissée entre Nicolas et Jacques. AD – Nicolas et Jacques ?

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CT – (Tirant sur son corsage et montrant deux tatouages, un sur chaque sein) Voici Nico, et voici Jacco. Les prénoms de mes deux premiers amours tatoués sur mes prothèses PIP ! Des surdoués de la palabre ! (nostalgique). C'était du temps où j'habitais la Maison bleue... (elle entonne la chanson «la maison bleue»). AD – Ah, et vous en avez d'autres des tatouages ? CT – Quelques uns mais je n'ai pas assez de place sur mon corps pour toutes mes passions. Vous voulez voir ? AD – Non, non. Et sachez que se faire tatouer la tête du Che n’est pas un passeport pour une psychanalyse ! CT – Comment vous savez ça ? AD – Vous l'avez noté sur la fiche signalétique à la rubrique «signe distinctif». (elle prend la fiche et lit): Che Guevara tatoué sur le pubis, et vous précisez : sans le cigare ! CT – Ben c'est évident ! Déjà qu'il a le béret, avec le cigare, ça rentrait pas ! AD - Oui et puis, ça vous a évité de rajouter : Fumer tue ! (Au public) Vous allez voir, elle a le syndrome de Lady Chatterley. CT - Qui c'est celle-là ? Connais pas ! Elle est nouvelle dans l'coin ? Lady Chatte...... quoi déjà ? AD – Terley, pour vous servir ! Mais revenons-en je vous prie, au Che. Pourquoi l'avoir fait tatouer dans un endroit si intime ? CT – C'est pour lui rester fidèle. AD – Enfin, on y vient, être encore fidèle au Che, ça c'est vraiment de la psychiatrie ! Cuba restera Cuba, il vaut mieux un Fidel Castro qu'un infidèle castré. Vous venez donc pour une psychanalyse ? Votre mère vous a abandonnée jeune ? Votre père alcoolique incestueux vous battait ? Dites moi tout. CT – Non, non, je viens parce-que j'aime tous les hommes, mais qu'ils ne sont pas tous à moi. AD – C'est donc ce qui vous préoccupe. Vous savez comment ça s'appelle cela ? Vous souffrez de nymphomanie. Il faut en laisser aux copines, des mecs ! (elle sort la balle en mousse de son tiroir et s'acharne dessus). CT – Je ne comprends pas pourquoi j'attire autant les hommes ?

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AD – Tous les hommes sont attirés par toutes les femmes. De vrais chiens de chasse. Ça renifle les Phéromones. Si vous leur dites oui à tous, c'est comme si vous mettiez une plaquette à mites sur la table. Vous récupérez tous les nuisibles du quartier ! CT – Oui mais la différence entre les hommes et les mites, c'est qu'en trente secondes un homme vous déculotte, alors qu'il faut des mois pour qu'une mite vous bouffe le slip ! AD –Ça va être difficile de vous guérir, vous... CT – Je ne suis pas malade, je les aime tous mais c'est leurs femmes qui me haïssent ! AD – Vous m'étonnez ! Les pauvres filles, elles ne vont pas rester comme des bécasses pendant que vous harponnez leur gros dégueulasse de mec. CT – Et alors, un mâle ça s'tient par là où y faut !!! La bonne bouffe, et le cul façon cosaque. AD – Oui, mais un homme, ça se manipule, ça a quand même beaucoup d'inconvénients. Ça sent des pieds, ça s’oublie à table et dans le lit. Un vrai plaisir pour les sens ! CT – Bien sûr mais moi, j'ai le choix. C'est bobonne à la maison qui se tape les tâches ménagères. Avec moi, ils font un effort pour bien se tenir, ne serait-ce qu'une demi-heure. Après, il vous dit en remontant la braguette sur le pas de la porte «chérie, je suis pressé, je dois y aller. J'aimerais tellement passer plus de temps avec toi. Ça sera possible quand j'aurai quitté ma femme». AD – Et vous êtes dupes ? CT – Bien sûr que non, mais ça m'évite de les virer. Je ne supporte pas longtemps l’haleine chargée du hareng pomme à l'huile qu'ils ont mangé le midi. Certains n’ont pas plus de cerveau qu'un talonneur en fin de carrière, et ça me va. AD- Quel réalisme sur le sexe fort ! Ils vous promettent la lune mais vous retombez vite sur terre. Ça doit vous blesser ? CT – (Elle s’assied en position de méditation) Je ne suis pas matérialiste. Je me positionne dans l'univers (elle balaie lentement la voûte céleste avec une main). Les hommes pour moi, ce sont des grains de sable dans un sablier. Ils se précipitent tête baissée dans le goulot et quand vous en avez encore besoin, il suffit de les retourner. AD – Si on veut, mais il faut savoir y faire. C'est bien beau le sablier ! Mais si vous vous retrouvez avec des œufs durs au lieu des œufs mollets, finies les mouillettes ! CT – Une Femme digne de ce nom doit être une vraie mante religieuse.

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AD – Vous me choquez. Il faut vraiment vous faire soigner ! Dites-moi, (elle se rapproche d'elle comme pour une confidence) c'est quoi les recettes avec les hommes ? Si vous pouviez me donner quelques conseils, je suis en cale sèche en ce moment. CT – C'est vous la psy ou c'est moi ! Regardez-vous, vous êtes coincée. On dirait Camilla à qui on vient de demander une gâterie ! AD – Vous croyez ?!!! Regardez-moi (elle se lève en se tournant comme pour une parade). Elle ne va pas cette chute de rein ? CT – Faut voir, ça manque d'érotisme. Cambrez-vous. Encore un petit effort..... Voilà, la croupe est plus franche ! C'est toute la différence entre Bartabas et le Cadre Noir de Saumur. Vous voyez ce que je veux dire ? AD – Ben non, pas vraiment... CT – D'un côté la fougue, les cheveux au vent, le rêve, la créativité, et de l'autre, la monte à la française, les cuisses serrées, les figures imposées… AD – Bon, je vois, j'ai encore du pain sur la planche. A propos de pain, parlons un peu de votre mari, le boulanger. CT – Ha lui, c'est simple ! Il dort le jour et vit la nuit. De la farine partout, une vraie dame blanche ! AD – Vous le saviez avant de l'épouser que ce serait comme ça un boulanger !

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Intermède (Elle va s'allonger sur le canapé). Ouf, enfin, un peu de tranquillité..... Ces fous, ça vous bouffe la vie. (elle prend son portable). Voyons ce que Marc devient. Tel que je le connais, il a du expédier l'éphèbe d'Amsterdam. Tient, il est sur la messagerie, ça doit être du sérieux ! Mince alors ! Ce serait bien la première fois. «Allo Marc, c'est Aliénor. Quand tu auras fini de faire le tour des caves d'affinage de Gouda, rappelle-moi. Au fait, pourquoi veux-tu que je surveille mes arrières? Je t'embrasse tchao, tchao».

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Entrée d’Elvire Braquemard (EB) (Campagnarde)

(EB vient frapper directement sans avoir été appelée, ouvre et passe la tête en disant avec un accent paysan):

EB - Bonjour toubib, c'est t'y ici qu'on vient se coucher sur le canapé pour bavasser sur nos problèmes ? AD - (Sursaute et se lève d'un bon du canapé) : Euh bien sûr madame. A qui ai-je l'honneur ?

EB - Elvire Bracquemard, née à Saint Locdu le vieux. J'visite ma belle-soeur ici mais j’suis du Lot. Restez-donc allongée ma brave dame. A force d'entendre la vie des autres on en a plein les fouilles. J'me doute bien qu'y faut s'allonger pour éviter les « nases » communicants ! AD – Vous ne croyez pas si bien dire Mme Bracquemard. Venez donc avec moi qu’on discute. (Elle la prend par le bras et lui montre la chaise) EB - Ha non non non non, on m'a parlé du canapé, j'viens « esspret » et j'veux pas rater ça ! (elle se débarrasse de ses affaires, enlève ses chaussures et pose son sac). AD – (Confondant le sac de Bracquemard avec un chat) Vous êtes venue avec votre chat, Mme Braquemard ? EB – Eh non, cha, ché mon chac ! (se dirige vers le canapé et commente) On peut commencer la séance, j'suis bien installée maintenant. Ça m'rappelle quand mon Robert m'a dit un jour : «j'en ai marre de la chaise pour regarder le 20 heures. Demain, on va acheter un canapé. On va d’abord mener la chèvre au bouc et après j't'amène au Mammouth.».

AD – (L'interrompant) Soit, soit ! (elle prend une chaise et vient se positionner à côté d'elle). Pourquoi venez-vous donc me consulter, Mme Bracquemard de St Locdu le vieux ? EB - C'est que... je n'ose pas le dire. Allez, je me lance ! Je ne viens pas pour les problèmes d'en haut mais pour ceux d'en bas. AD - Veuillez être plus précise. EB - Y faut que j'vous fasse un croquis ? Le Robert, mon mari, y trouve que j'suis sèche. Quoi t’es-ce qu’on peut y faire ? AD – Ah, et vous souhaitez donc avoir un avis éclairé de la sexologue que je suis ?

EB - Enfin, vous êtes dure à la comprenette ! C'est déjà pas facile d'en causer de ces bestioles là. La foufoune, c’est tabou !

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AD - Certes, mais venez en à l'essentiel. EB - Ben, le Robert m'a dit que je suis sèche vu que les rapports sessuels, je ne les supporte plus. Y'me fait mal. C'est comme si on mettait la main dans un pochon rempli d'oursins. Ça fait le même effet mais pas au même endroit ! Pourtant avec les années, c'est plus la taille à Popaul qui m’impressionne, même si je suis presbyte.

AD – Euh… oui, reprenons. Vous disiez, vous êtes sèche ?

EB - Ouais et ça pose problème, parce-que mon bonhomme même à 82 ans il reste vert. Dans le coin, on le nomme OGM: Organe Généreusement Modifié. C'est d'puis qu’il fait son pain avec les farines à Monsanto. De la quéquette transgénique !!!! AD - Et alors, comment vous supportez ? EB – J’ai été obligée de saupoudrer du bromure sur ses tartines de cabécou. Ça a pas fait un pli. Le Robert, il a commencé à baisser pavillon, la Bérésina. AD – Ah oui, je vois, la débandade... Waterloo, Waterloo morne plaine, comme une onde qui bout dans une urne trop pleine... (songeuse) Quel monument tout de même ! EB – Quoi donc, l'Popaul ? AD – Mais non voyons, Victor Hugo, «les châtiments»... Vous n’avez pas lu ? EB – Mais qu'est-ce qui vient nous embrouiller celui-là ? Vous croyez pas que j'en ai assez moi, des châtiments ? AD – (Toujours dans son rêve) ... L'espoir vaincu pleure et l'angoisse atroce, despotique, sur son crâne incliné plante son drapeau noir... «Spleen» de Baudelaire.

EB – Quoi ? Mais qu'est-ce que vous me parlez de ce Baudelaire. Encore un rebouteux cuilà ! Ou là là, vous ne me facilitez pas la tâche vous !

AD – (En aparté) C’est pas gagné d’avance ! Elle en tient une couche la mamie. EB – (En continuant sans avoir entendu) Et alors bien sûr, je le console en lui disant que ça peut arriver les pannes de zob, qu'à son âge ça se comprend. AD – Dites-moi, vous me parliez de bromure tout à l'heure. Vous n'avez pas peur de l'intoxiquer avec ce poison ? Ce n'est pas anodin !!!

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EB - Vous savez, quand il était petit, il croquait les thermomètres à mercure, on l'appelait le chercheur d'or. Il a résisté! Ça l’a pas empêché d’aller jusqu’au certificat d’études ! Deux ans en arrière, on avait du plomb (prononcer plombe pour un effet plus rural) dans toutes les canalisations. ... toujours rien ! C'est pas trois pincées d'bromure qui vont encrasser mon homme.

AD - Certes, vu sous cet angle, il ne craint pas grand chose ! On aurait du le recruter pour le désamiantage du Clémenceau. Bon revenons à votre sécheresse. A quand remonte-t-elle ? EB - J'irais pas jusqu'à dire qu'elle date de notre installation sur le causse, mais pas loin ! AD - Je voulais dire l'âge où vous l'avez constatée. Je n'ai pas besoin de détails de géologie ! EB – (Tendant l'oreille comme une sourde) S'il est au logis ? J'sais pas si Robert est rentré à cette heure-ci ! De toute façon ça vous regarde pas. Je continue... Mon Bernard qui lit beaucoup la revue de médecine «Femme actuelle» m'a dit d'aller voir un génycologue. AD - Il est bien cet homme, mais vous ne pouviez pas vous en douter que c'est un gynécologue (en insistant sur la prononciation) qu'il fallait consulter ?

EB - J'ai jamais eu besoin d'un gynécologue, moi. Même si le Robert il était le roi de la sulfateuse, il a jamais été capable de m'engrosser. Alors, j'y suis z'allée. Tout à coup il m'a dit de chausser des étriers. Quésaco ces trucs ? T'es obligée d'écarter les cuisses pour arriver à lui causer! Et tout ça pour m'annoncer que c'est la flore à Döderlein qui va pas. Döderlein, Döderlein, qui c'est ce type? Ça aurait pu être le p'tit gars qui ressemble à Tintin avec qui j'ai fricoté un temps. Il remplaçait notre facteur pour la tournée du courrier. Vous savez, je crois bien qu'il a fait de la politique un jour! Pendant qu'il m'entreprenait... vous voyez ce que je veux dire... il répétait : il faut ré-par-tir les ri-chesses du CAC 40 – il faut ré-par-tir les ri-chesses du CAC 40... Y m'aurait pas refilé une saleté ? AD - Mme Bracquemard, je vous arrête tout de suite. Döderlein, ce n'était pas le facteur remplaçant. C'était un scientifique qui a prouvé l'existence de bactéries saprophytes dans le vagin. EB - (En la regardant dubitative) ça profite, ça profite je veux bien mais pas à tout le monde !! AD - (D'un ton sec) Madame, une bactérie saprophyte, c'est un microbe qui vit en bonne intelligence avec vous. Pour faire court, à la ménopause ç’est plus ça et on se dessèche ! EB - (Abasourdie) Ah ben ça alors ! Et j'arrose comment ? J'vais quand même pas faire les promos à Jardiland. Imaginez le gars du rayon cactus (prononcé caquetus) si j'lui dis que j'suis sèche. M'enfin, payer si cher pour entendre de la pessychologie de nain de jardin. Honteux que j'dis !......

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AD – Mme Braquemard, nous allons trouver une solution. Les ovules, vous connaissez ? EB – Ben sûr, mais c'est d'un pratique. J'vous conseille pas d'en essayer un. Et en plus c'est dégueulasse. AD – (Elle l’aide à remettre ses pantouffles et elles se retrouvent toutes les deux en position penchée, tête-bêche) Qu'entendez-vous par là ? EB- Oh par là, je n'entends rien (rire coquin)... j'veux dire, Madame, que ça fond pas bien les olives, euh les ovules. Y’s mélangent pas à la soupe, ça laisse des grumeaux entre les dents. AD – (Abasourdie) Ne me dites pas que vous prenez les ovules par la bouche ? EB – Ben si, et alors ? ça dérange Madame, que j'me soigne à ma façon !

AD- Un ovule, ça se met dans le vagin, là où c'est sec ! (Au public) Décidément, c'est un pays où on ne fait rien comme tout le monde. Ça me poursuit ! L'autre jour j'étais à l'aéroport et devant moi il y avait une grand-mère. Quand elle est passée sous le portique de détection, son caleçon a déclenché l’alerte comme pour un dispositif explosif. Le service de sécurité abattu sur elle pour la neutraliser. Roissy en alerte pour 6 ovules dans leur emballage alu d’origine ! La pauvre dame traumatisée n'arrêtait pas de dire : «c'est la faute à mon docteur ! Il m'avait dit de mettre un ovule tous les mois à cause de la sécheresse !». EB – Et en plus ça coupe ces saletés d'emballage ! (puis gênée) J'vous remercie bien pour vos conseils. J'vais z'enfin retrouver de la « soupelesse ». Ce s'ra pas la patrouille de France mais j'sens que j'vais pouvoir faire du rase motte…(En partant, elle se retourne) Au fait, est-ce que vous pourriez faire quelque chose pour mon mari ?

* *

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Intermède:

AD – Jeanjean !!! Mais qu’est-ce qui lui a pris à cet abruti, de dire à la mère

Braquemard de payer naturellement ? Si tous mes patients me règlent comme cela,

ce ne sera plus un cabinet mais une épicerie, une quincaillerie, que dis-je… la

Samaritaine ! Imaginons : le plombier 20 mètres de tuyaux, la garagiste un pot

d’échappement, la coiffeuse une coupe avec shampoing, le charcutier un Jésus et

l’boulanger deux miches ! Non mais où va-t-on ? Depuis tout à l’heure, c’est déjà un

festival. Le clou c’était bien le calamar de St Locdu le vieux ! (Elle regarde le public

comme si elle attendait qu’il anticipe le jeu de mots) Oui, le calamar…… la seiche !

La mère Braquemard ! Et maintenant ??? Surprise, surprise… est-ce que je vais tirer

le gros lot ? Faites vos jeux, mesdames, messieurs ! (Se dirige vers l’interphone).

AD – Jeanjean, attendez que je me refasse une beauté avant de faire entrer la

nouvelle patiente.

JJ – Oui patronne. De toute façon, cette dame a tout son temps. Elle est à plat

ventre sur la moquette, les bras en croix !

AD – (Levant les yeux au ciel) Faites au mieux Jeanjean… Dites lui de ne pas salir

mon tapis en faux léopard. J’y tiens particulièrement ! Un cadeau du beau Marc. (A

l’interphone) Jeanjean, faites entrer ma… (JJ l’interrompt).

JJ – Inutile, Madame, cette « has been », euh pardon, cette personne est déjà

devant votre porte. Elle embrasse son crucifix !

Entrée d’Elisabeth Léem (EL) (Atteinte de psychose délirante après un

accouchement. Beaucoup de jeux de scène).

AD – (En se levant) Allons bon, une mystique, il manquait plus que ça !

EL – (A peine la porte passée, elle s’avance rapidement, dépose un prie Dieu et se

jette parterre face au public et les bras en croix). Pardonnez-moi, j’ai péché, je veux

extirper de moi toutes les impuretés (Elle se relève et entonne façon Bouchitey

« Jésus reviens parmi les tiens » vidéo sur you tube).

AD – (L’interrompt) Ouhouh, revenez sur terre…, A qui ai-je l’honneur ?

EL – Madame Léem… Elisabeth Léem, la maman du petit Dominique.

AD – Elisabeth Léem ? Drôle de nom ! Chère Madame, vous n’êtes pas au bon

endroit ici. Vous êtes attendue en Terre Sainte.

EL – Nooon, il fallait que je vienne ici. Les voix m’ont dit : « Va, va où ton enfant te

guidera ». Alors, j’ai déplié une carte routière et … le miracle s’est produit !

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AD – (Affable, la fait asseoir) Venez vous installer confortablement, ici… et parlez

moi sans crainte. Alors c’est quoi ce fameux miracle.

EL – Mon bébé a régurgité… en plein sur les volcans d’Auvergne ! C’était la

révélation que j’attendais, merci St Vulcania !

AD – (En aparté) La fameuse étoile du « Gerbé », je vois, je vois...

EL – On ne plaisante pas avec un signe venu du ciel !

AD – Je comprends mieux maintenant. Mais où est votre enfant ?

EL – Je l’ai laissé à votre secrétaire. Il s’amuse avec ses trois mascottes.

AD – Gaspar, Melchior et Balthazar, je suppose ?

EL – (Surprise) Mais comment le savez-vous ?

AD – Une intuition, j’ai déjà entendu ça quelque part… (Elle retourne s’asseoir

derrière son bureau). D’où venez-vous ?

EL – De Jugeal-Nazareth,…en Corrèze.

AD – Suis-je idiote, c’est tellement évident. Et vous faites quoi dans la vie ?

EL – (Se met à tamponner d’un geste automatique sur la table, le regard perdu, et

finit par dire) Je travaille à La Poste.

AD – (Au public) Ah oui, les PTT (Prononcer Peuteuteu), j’ai signé un contrat avec

eux… Qu’est-ce que j’en vois des timbrés !

EL – (En pleurant) En fait (sniff sniff) j’ai été virée par mon chef (sniff sniff) parce-que

je travaillais trop vite et que je n’étais jamais en grève !

AD – Pauvre petite, affranchissez-vous de cette douleur. Racontez-moi plutôt votre

accouchement. Il est venu en chronopost le petit Dominique ?

EL – Eh oui ! A peine j’avais passé la porte de la salle d’accouchement … que

splash ! la poche des eaux s’est rompue. (Tout à coup transfigurée elle parle avec

agressivité) Et vous savez quoi ?

AD – Non ? Mais il me tarde de l’apprendre.

EL – (Comme possédée) La sage-femme, elle a marché sur les eaux ! Elle a marché

sur les eaux ! Elle n’avait pas le droit ! (Puis sur le ton de la confidence en pointant le

doigt vers le ciel) C’est réservé à qui vous savez (Elle se signe).

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AD – (La rejoignant dans son délire) Et alors ? Et alors ? Ne me dites pas que…

(Elle se met à chanter sur l’air de « Zorro est arrivé » de Henri Salvador) : « Moïse

est arrivé, sans s’presser, eh, eh, le vieux Moïse, la grand Moïse, avec… » (Elle

s’interrompt brutalement et se reprend devant le regard suspicieux de EL). Et le père

de l’enfant dans tout ça ?

EL – José ? Ah mon José de la conception (prononcé à l’espagnole), il est artisan

charpentier.

AD – Mais ce bébé, il sait tout de même qu’il est né ?

EL – Des clous, il clame partout qu’il n’est pas de lui!

AD – C’est classique, rassurez-vous. Beaucoup d’hommes n’assument pas leur

paternité. (Au public) N’est-ce pas ? Que les hommes des deux premiers rangs me

jettent la première pierre si ce n’est pas vrai !

EL – Un égoïste oui ! Il n’a que deux passions : Poncer le bois et conduire sa Lancia

Musa. Du coup ses copains le surnomment « Ponce pilote ».

AD – (En aparté au public) Qu’elle est grave celle-là. C’est un cas typique de

psychose du post-partum. Après l’accouchement, certaines femmes pètent les

plombs et délirent.

EL – Hé la Psy ! On parle toute seule maintenant ? On complote dans mon dos la

Pharisienne ? (A dire avec l’accent titi parisien).

AD – Non, non, je me demandais qui allait bien pouvoir vous héberger, vous et le

petit Dominique.

EL – Ne vous tracassez pas, j’ai eu une vision, je sais où aller. J’ai vu une pièce… Il

y avait un matelas sur un petit lit… mais c’était bizarre, très bizarre, plein d’autres

matelas étaient fixés sur les murs…

AD – C’est pour que votre fils ne se fasse pas mal lorsqu’il sera en âge de marcher.

EL – Que d’attentions, je vous remercie. (En aparté au public) Ils ont enfin reconnu

l’élu, mon enfant, c’est le nouveau St Dominique ! (Elle entonne gaiement la chanson

« Dominique nique nique s’en allait sur le chemin… »).

AD – Comment en êtes vous si sûre que le St Dominique nouveau est arrivé ?

EL – Avez-vous lu le livre des Saints « La Légende dorée » ?

AD – Euh… non, dites toujours.

EL – Eh bien, comme la mère de Saint Dominique avant d’accoucher, j’ai rêvé que

j’allais enfanter d’un chien qui portait dans sa gueule une torche allumée pour

embraser tout l’univers !

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AD – (Un moment de silence, perplexe) Bon ! Eh bien moi aussi j’ai eu des visions.

(Elle sort une camisole de son bureau et la lui enfile). Je vous voyais porter cette

belle robe.

*

*

*

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Intermède (Aliénor remonte sur scène et prend son téléphone portable)

AD - Bon, voyons si Eva est chez elle ? Celle-là, une écorchée vive et une allumée. Surtout depuis qu'elle fréquente son écolo. C’est le style à protester contre le génocide des anchois. Allo, Eva ? C'est Aliénor. Comment vas-tu ma chérie ? Bien, j'en suis heureuse ! Et ton faucheur d'OGM ? Tu l'as jeté. Il était temps, j'espère qu'il aura la décence d'être biodégradable ! Enfin, tu es tranquille maintenant... Quoi ? Un autre ? Toujours un vert ? Décidément tu fonctionnes à l'orgasme bio ! Il a été marié une première fois avec un homme...Bon, c’est original... Il est de Bègles ! Ah, fallait le dire plus tôt. Il voudrait que tu sois mère porteuse ? J’entends mal, allo ? Allo ? ça a coupé… bof, elle rappellera bien. Ouf, une journée de terminée (elle va s’allonger sur le divan). On a gagné quelques « biftons » de plus. Ouais, mais encore une journée sans homme! Il faut que je sois plus zen. C'est le moment de sortir mon sex-toy qui ouvre les Chakras, un cadeau de la dernière réunion tuperware à St Flour (elle sort un sex-toy et commence à s’amuser avec).

Epilogue (On apprend que la Psy est une mythomane évadée d'un hôpital psychiatrique). Entrée en scène d’Abraham Shalom (AS, policier sous couverture, habillé comme un juif typique style « Rabbi Jacob » avec chapeau noir, rouflaquettes et l’accent !). Il est accompagné par Shirley Holmes (SH) qui n’est autre de Cécilia Toumi déguisée.

JJ - (Voix stressée off) Madame, un couple insiste pour vous rencontrer.

AD – Dites leur que la consultation est terminée JeanJean. Finish, terminado, la Psy elle est cuite... Qu'ils prennent rendez-vous un autre jour ! JJ – (Familier et angoissé) Mais Sylvette, la meuf, elle insiste grave. Elle s’appelle Holmes, Shirley Holmes. Drôle de blase. Elle a dit que tu pigerais!

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AD – Qu'est-ce que je dois comprendre ? Après tout, une tarée de plus ou de moins. Lâche-moi cette greluche JeanJean ! Je vais m'la faire façon ball trap. (Elle délire longuement avec son sex toy, puis se lève et parcourt la scène sans se préoccuper de l’environnement).

SH – (Entre discrètement avec Abraham, jeux de scène entre eux deux pendant que la Psy continue son délire lyrique avec le sex-toy. Elle finit par se retrouver nez à nez avec Aliénor sui sursaute). Je me présente... Shirley Holmes. AD – Enchantée, et moi c'est Watson. (et elle se penche sous la table). SH – (Aliénor ne prête pas attention à Abraham et cherche quelque chose parterre, sous le bureau, etc…) - Vous cherchez quelque chose ? AD – Le chien des Baskerville, voyons! (Puis elle se tourne vers Abraham). Vous êtes qui… vous ? AS – Abraham SHALOM, impresario de Melle HOLMES. AD – Vous n’allez pas me dire que cette… euh… Melle est une artiste ?

AS- Et une sublime danseuse ! Allez musique ! (Abraham se met à danser sur la musique de Rabbi Jacob comme De Funes dans la scène culte. SH se joint instantanément cà lui) Haïe, Haïe, Haïe, vous ne la reconnaissez pas ? SH- Chéri, tu me fais rougir, j’ai des chaleurs ! AD- Bon çà va ! Qu’est-ce que je peux faire pour Rabbi Jacob et la reine de Shabbat ? (pour la reine de Saba) SH- Ben, c’est mon Abraham, il a des problèmes la nuit…Il se relève très souvent. AD- C’est plutôt la prostate qu’un accident de circoncision à son âge ! SH- Mais non, après l’Amour, il pleure et dodeline (elle fait le geste). AD- Haaaaa, j’y suis ! Le fameux syndrome de l’Amour des lamentations ! (mur des lamentations) AS- Pouvez-vous me guérir ? AD- Bien sûr, Abraham, laissez-moi tomber la tisane du soir et prenez un anti-dépresseur. Le Pro-Isaak, ça marche bien. SH- (Retire sa perruque) Re-bonjour docteur Despugues ? AD- (Surprise) La nympho, en voilà une surprise !

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AS- Tiens ! A propos de surprise… (il jette brutalement ses menottes sur le bureau dans sa direction).

AD – Sado-maso c'est cela votre bad trip ? La femme du boulanger, elle vous en met des idées dans la tête, hein ? (Elle sort une cravache et lui en met quelques coups). Tu en veux encore ?Tiens ! Tiens ! J’ai mieux mais il faudra me laisser participer. (Elle fouille dans son tiroir et en sort un jeu de clés) Regardez-moi ce bijou, la clé de la suite 2806 du Sofitel de New York ! AS – Perdu ! Nous sommes flics ! (ils montrent leur carte de police en même temps) AD – (Incrédule) Bon, assez plaisanté Colombo, ça ne m’amuse plus. Tu remballes Colombine, son tutu, ses ballerines, et tu mets les voiles. (elle siffle dans son sifflet) Circulez, ya rien à voir ! AS - Madame Sylvette Fournier, votre cavale s'arrête là! Je vous arrête pour exercice illégal de la médecine, escroquerie…

* * *

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(Pour le final, Aliénor revient, fait le tour de la scène, suivie par les différents personnages qui tournent en courant à petits pas sur la musique de Benny Hill). Les acteurs entrent pour leur salut sur la musique des « bronzés ». Ensuite, lorsque le public s’en va, la Psy revient sur scène en tee shirt et fait sonner sa cloche pour attirer l’attention. Elle dit : « JeanJean, vous n’avez pas oublié mon dernier patient ? ». JeanJean réplique en voix off : « Qui Madame ? ». La Psy répond en se retournant et montrant le flocage du son tee-shirt : « Ben le Tché, voyons ! ». .

FIN