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M ilieu- E ducation, N ature & S ociété MENS : une vision incisive et éducative sur l’environnement Approche didactique et scientifique BUREAU DE DISTRIBUTION 2800 MALINES 1 24 2e trimestre 2002 Dossier sur l’environnement 'mens sana in terra sana ' Biodiversité, l’homme fauteur de troubles

Biodiversité, l’homme fauteur de troubles

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Page 1: Biodiversité, l’homme fauteur de troubles

MENS :een indringendeen educatievevisie op hetleefmilieu

Dossiers en rubriekendidactisch gewikten gewogen dooreminente specialisten

M i l i e u -E d u c a t i o n ,N a t u r e &S o c i é t é

MENS :une vision incisiveet éducative sur l’environnement

Approche didactiqueet scientifique

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24 2e trimestre 2002 Doss ier sur l ’environnement 'mens sana in ter ra sana '

Biodiversité,l’homme fauteur de troubles

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La biodiversité ou, en d’autres termes, la diversité de la vie sur terre, fait partie intégrantede notre quotidien. Nous en dépendons entièrement pour notre nourriture et partielle-ment pour notre logement, nos vêtements et nos médicaments. La détente et leshobbies sont également étroitement liés à la nature et la biodiversité. L’art y trouve enoutre souvent une belle source d’inspiration.

Notre planète compte des millions d’espèces d’animaux, de végétaux et de micro-organismes. Depuis la moitié du XVIIIe siècle, où fut introduit un système normalisé pourla nomenclature, les scientifiques ont décrit environ 1,8 millions d’espèces. Soit à peineun dixième du nombre total réel.

Les espèces vivantes ne sont pas répertoriées dans un catalogue général. Pourtant, noussavons qu’en 500 ans à peine, plusieurs centaines d’espèces d’oiseaux, de mammifères,d’insectes et de végétaux supérieurs ont totalement disparu. La liste des espècesmenacées d’extinction compte des milliers de noms. Et l’homme en est responsable : il est en train de couper la branche sur laquelle il est assis.

Il y a exactement dix ans, à Rio de Janeiro, plus de 150 chefs d’États et de gouverne-ments ont dressé un calendrier des mesures à prendre dans le monde entier pours’attaquer aux problèmes environnementaux. Ce calendrier a notamment été intégré àdeux nouvelles conventions internationales : la convention sur la diversité biologique etl’accord général sur le changement climatique. À l’heure actuelle, presque 95 % despays du monde entier ont ratifié ces conventions.

Un grand nombre de nouvelles structures ont été érigées et des sommes colossales sontinvesties dans des réunions. Sur le terrain, les coupes rases, l’exploitation et la pollutionse poursuivent toutefois sans relâche. Il existe un fossé énorme entre ce qui doit être faitet ce qui l’est réellement dans la pratique.

La biodiversité n’est pas uniquement un problème pour « l’environnement ». Tous lessecteurs économiques et sociaux et tous les ministères doivent en effet tenir compte decette problématique. Le public doit être sensibilisé et éduqué à ce problème. À l’instarde l’enseignement des langues, la biodiversité et l’écologie doivent devenir des matièresobligatoires dans toutes les orientations de l’enseignement.

Les moindres choix que nous faisons chaque jour peuvent avoir ensemble un impacténorme sur l’environnement. C’est en effet notre comportement de consommation

personnel qui est le moteur de l’économie et du développementet ce sont ces derniers qui puisent dans la nature, l’appauvris-sent et la polluent. En choisissant soigneusement les produitsque nous achetons et les représentants que nous élisons, nouspouvons accélérer la tendance désormais si indispensable audéveloppement durable.

Jackie Van Goethem,Chef du département IRSNB, Point focal national pour la CDB2

Biodiversité, l’homme fauteur de troubles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3Notre terre fourmille d’êtres vivants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3Cinq météorites viennent s’écraser sur notre planète . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6Météorite 1 : L’homme chasse, pêche et collectionne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6Météorite 2 : L’homme détruit son environnement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7Météorite 3 : L’homme fragmente le paysage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8Météorite 4 : L’homme amène « le loup dans la bergerie » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10Météorite 5 : L’homme pollue. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10La biodiversité est-elle importante ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13Protégeons ce qu’il nous reste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

Milieu, Education,Nature & Société

‘Mens sana in terra sana’© Tous droits réservés MENS 2002

www.2mens.com

Abonnement annuel par versement au nom de :“Revue MENS”Belgique : 18 EUR sur 777-5921345-56 Tarif éducatif : 10 EUR

Avec nos remerciements pour les photos et les illustrations :Peter RaeymaekersZoo d’AnversCRC-KDMAHirochika Setsumasa – Laurent Pyot / Océan Vert – GammaInstitut de la conservation de la natureAgricultural Research Service (ARS), États-unis Airprint - Daniel PhilippeLaboratoire d’écologie animale – UA

Abonnement annuel par versementau nom de :Corry De [email protected]“revue MENS”belgique : 18 EUR sur 777-59271345-56Tarif éducatif : 10 EUR

Relations externes :Inge Van Herck0475 97 35 [email protected]

Topic and fund raising :Dr. Sonja De [email protected]

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S o m m a i r e

P r é f a c e

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Biodiversité, l’homme fauteur de troubles

Composé par :Peter Raymaeckers, journalist scientifique

Ont participé à cette édition :Dr Gert Ausloos et Prof. Jan Rammeloo, Jardin botanique national, MeiseDr Francis Kerkhof, Unité de gestion du modèle mathématique de la mer du Nord et de l’estuaire de l’Escaut, IRSNB M. Renaud Louwagie, Solvin Prof. Erik Matthysen, Laboratoire d’écologie animale, Département Biologie, UAM. Marc Peeters et Prof. Jackie Van Goethem, Point focal national belge pour la Convention sur la diversité biologique, Institut royal des Sciences naturelles de Belgique, IRSNB Dr Jurgen Tack, Plate-forme Biodiversité, Institut de la conservation de la nature.Prof. Linda Van Elsacker et Dr Kristel De Vleeschouwer, Koninklijke Maatschappij voor Dierkunde van Antwerpen, KMDA. Dr Aline Van der Werf, Services fédéraux des affaires scientifiques, techniques et culturelles, SSTC

Notre terre fourmille d’êtresvivants

Sur l’ensemble de la planète, des tropi-ques aux pôles, nous sommes entourésd’une très grande diversité d’espècesvivantes. Les biologistes estiment queplus de quatorze millions d’organismesdifférents vivent sur terre mais il pourraittout aussi bien s’agir de cent millions.Cette surabondance de formes de vieporte le nom de « biodiversité ».

Cette biodiversité n’est pas présente partout dans le monde : les deux pôlesabritent le moins d’espèces tandis queles régions équatoriales en comptent leplus grand nombre. Et même dans cettetendance, nous constatons des différen-ces. À divers endroits du globe, noustrouvons des zones connaissant une densité exceptionnellement élevéed’espèces uniques. Nous appelons cesrégions des « hot spots » (réserves debiodiversité).

Même si le « hot spot » le plus connu estla forêt équatoriale, les Alpes hébergentégalement un grand nombre d’organis-mes uniques.

La biodiversité ne se résume pas à un simple inventaire des espèces; elles’attache également aux habitats oumilieux de vie spécifiques de tous cesorganismes, ainsi qu’aux communautésuniques ou écosystèmes qu’ils formentensemble.

Même si Hawaii ressemble à un paradis dans un écrin émeraude sur l’océan Pacifique, ne vous fiez pas à sa beauté somptueuse. Il n’y a pas si longtemps, Hawaii comptait plus d’espèces animales et végétales uniques que n’importe quelarchipel. Depuis que l’homme s’y est installé, les versants des collines, les forêts et les plaines de l’île perdent leurs espèces uniques. Cette évolution nous avertit de manière dramatique de ce qu’il pourrait bientôt arriver à la terre entière.

Biodiversité, l’homme fauteur de troubles

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Deux millions d’organismes n’ont tou-jours pas été baptisés. Chaque jour, lesbiologistes découvrent une quarantained’espèces nouvelles. Si nous continuonsnéanmoins à décrire cette biodiversité aurythme actuel, il nous faudra encore des siècles pour répertorier toutes lescréatures vivantes. Certains groupes, tels que les mammifè-res, les amphibiens, les reptiles, lesoiseaux, les poissons et les végétauxsupérieurs, possèdent déjà presque tousun nom. Il n’en va pourtant pas de mêmedes bactéries, virus, algues et insectes.Ces derniers ne cessent d’ailleurs de noussurprendre : ils représentent en effet lamoitié des espèces vivantes.

Menace

Selon Robert M. May, éminent zoologued’Oxford, la biodiversité régresse toute-fois très rapidement. Aujourd’hui, lesespèces meurent cent à mille fois plusvite qu’avant l’entrée en scène de l’homme. L’avenir proche nous apparaîtencore plus morose : durant le XXIe siècle, cette extinction augmenteraencore d’un facteur dix. « Nous sommesau seuil de la sixième grande vague dedestruction de l’histoire de la vie sur terre », nous avertit May. « Cette fois, lamenace qui plane sur notre planète, nevient pas d’un volcan ou de la chuted’une météorite. Pour la première fois,un être vivant détruit massivement la viequi l’entoure, parfois délibérément maisle plus souvent inconsciemment. Et cetêtre vivant, c’est l’homme. »

Des hauts…

Il est dans l’ordre naturel des choses queles espèces disparaissent tandis que desnouvelles apparaissent. Ce processus esten effet inhérent à l’évolution, principalmoteur de la vie sur terre. Au départ, il ytrois à quatre milliards d’années, cette

vie n’était pas très sophistiquée. Notreplanète devait en effet abriter des cellulessimples sans noyau et organites clairs.Des cellules plus complexes firent leurapparition il y a environ 1,5 à 2 milliardsd’années. Il faudra toutefois attendre750 millions d’années pour assister àl’arrivée des premiers organismes pluri-cellulaires sous la forme d’épongesprimitives. Quoi qu’il en soit, rien de bienimpressionnant.La biodiversité connut sa véritable crois-sance il y a 570 millions d’années durant« l’explosion cambrienne ». C’est peut-être à cette époque qu’apparurent tousles groupes principaux des animaux quiexistent encore aujourd’hui. Le groupeauquel l’homme appartient, les verté-brés, fit également son apparition à cetteépoque. Il y a environ 450 millions d’années, lespremiers végétaux et animaux (les am-phibiens) virent le jour. Ils occupèrentrapidement toute la surface du globe etdonnèrent naissance à un tout nouveautype de vie. Sur les 100 derniers millionsd’années, la biodiversité prit une amp-leur jusqu’alors inégalée. Le nombred’espèces d’organismes marins doubla etles espèces terrestres triplèrent. Ce phé-nomène tira notamment son origine dela séparation de deux grands continents :le Gondwana et la Laurasie. Les popula-tions de chaque continent évoluèrent à leur manière et se transformèrent endifférentes espèces. Des groupes d’anim-aux distincts, tels que les marsupiauxd’Australie, firent même leur apparitionsur ces continents.

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La biodiversité en chiffres : Nombre d’espèces connues Nombre estimé d’espèces vivantes

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50 000

100 000

500 000

1 000 000

1 500 000

9 000 000

Source : UNEP, Global Biodiversity Assessment, 1995 et Encyclopedia of Biodiversity, S.A. Lewin

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… et des bas

La biodiversité n’a toutefois pas toujourssuivi une courbe ascendante. Il est arrivéde temps à autre que la machines’enraye. Une grande partie de la vie surterre fut alors détruite. Nous devonsremonter de 65 millions d’années pourtrouver la dernière extermination massiveà échelle mondiale. Les dinosaures nenous laissèrent alors pour seuls vestigesde leur passage sur notre planète quedes fossiles à étudier et à exposer. Nom-bre de scientifiques pensent que cetteextermination résulte de changementsécologiques survenus après qu’unemétéorite de quinze kilomètres dediamètre frappa la terre là où se situeaujourd’hui le golfe du Mexique. La puis-sance de l’impact fut considérable.Durant des mois, d’épais nuages depoussières absorbèrent les rayons du soleil. La température chuta sur toute laplanète, qui connaissait alors un climattropical, et les pluies devinrent acides ettoxiques. Plus de la moitié des êtresvivants périt en peu de

temps. Chez nous aussi, la biodiversité se portemal. Selon le « Rapport 2001 » del’Institut de la conservation de la nature,la Belgique héberge entre 40 000 et50 000 espèces différentes. Dans notrepays, les invertébrés (insectes, araignées,crustacés…) sont les mieux représentés. Des « listes rouges » ont été dresséespour un certain nombre de groupesétudiés.

Ces listes indiquent les espèces disparuesau cours de la précédente décennie (ennoir) ou celles menacées d’extinction(en rouge) et qui requièrent des mesuresde protection supplémentaires. D’unpoint de vue global, presque un tiersdes espèces provenant des groupes étudiés est menacé de disparaître et7,5 % s’est déjà éteint.

Certains biologistes, dont Robert May,

Mousses502 esp ces

Lichens308 esp ces

Champignons552 esp ces

Araign es592 esp ces

Sauterelles39 esp ces

sup rieurs 1279 esp ces

Papillons diurnes64 esp ces

Carabes352 esp ces

Libellules58 esp ces

Amphibiens/Reptiles 19 esp ces

Poissons55 esp ces

dolichopodides 260 esp ces

Chauves-souris18 esp ces

Mammif res42 esp ces

nicheurs 163 esp ces

Dipt res

Oiseaux V g taux

Pr cambrium Cambrien Ordovicien Silurien D vonien Carbonif re Permien Trias Jurassique Cr tac Tertiaire Quartaire

Nombre de millions d ann es 570 500 430 395 345 280 225 190 135 65 2,5

Les cinq p riodes d extinction massive

Premiers vert br s

Premier vieterrestre

Reptieles etmammif res

Premiers oiseaux Premiersanthropo des

Premiers primates (pith co des) Homme moderne

OrdovicienDur e : 10 millions d ann es

Nombre d esp ces disparues : 85 %

Cause probable : fluctuations du niveau de la mer

D vonienDur e : < 3 millions d ann es

Nombre d esp ces disparues : 83 %

Cause probable : chute d une com te, refroidissement de la plan te, diminution de l oxyg ne dans les oc ans

PermienDur e : inconnue

Nombre d esp ces disparues : 95 %

Cause probable : chute d une com te, activit volcanique, fluctuations du niveau de la mer

TriasDur e : 3 4 millions d ann es

Nombre d esp ces disparues : 80 %

Cause probable : activit volcanique, r chauffement

Cr tacDur e : < 1 million d ann es

Nombre d esp ces disparues : 75 %

Cause probable : chute d une com te, activit volcanique

Apparition de grands organismes pluricellulaires

Pourtant, il s’agissait sans doute déjà de la cinquième destruction

massive de formes de vie.

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affirment que nous sommes à la veilled’une sixième grande extermination.Selon eux, l’impact de l’homme sur lavie correspond à la chute d’un météoreou l’explosion d’un gigantesque volcan. L’homme détruit la biodiversité de cinqmanières : ce sont les cinq météorites dela sixième grande destruction.

Météorite 1 : L’homme chasse, pêche etcollectionne

Il y a cinquante mille ans, d’énormestroupeaux de grands animaux paissaientsur tous les continents. Ils ont disparud’Australie il y a environ 40 000 ans,d’Amérique il y a 13 000 ans et de Nou-velle-Zélande il y a presque 1 000 ans.Aujourd’hui, nous devons nous rendreen Afrique pour pouvoir admirer de telstroupeaux. En Australie, en Amérique et en Nouvelle-Zélande, l’extinction des grandstroupeaux de mammifères terrestres oud’oiseaux coureurs s’accompagna à cha-que fois de l’arrivée de l’homme. Cettecoïncidence est-elle purement due auhasard ou s’agit-il d’une première indication de la culpabilité de l’hommedans la disparition de ces troupeaux ?L’Afrique est probablement le berceaude l’humanité. Lorsque l’homme quittales savanes africaines, il était devenu unexcellent chasseur. Contrairement auxgrands animaux d’Afrique, qui avaientévolué aux côtés de l’homme durant desmillions d’années, les grands animauxterrestres peuplant d’autres parties dumonde ignoraient tout du phénomène« homme ». Ce dernier était en effet unétranger, un inconnu. Il n’y avait pasvraiment de raison de le craindre… Ilscomprirent plus tard qu’ils s’étaient lour-dement trompés. Les grands animauxde tous les continents durent endécoudre avec les meilleurs chasseurs detous les temps. Cette confrontation lesmena sans doute à leur perte.L’homme chasse en outre une grandevariété de proies. Lorsqu’une espèce sefait rare, il décide simplement de chasserune autre. Il préfère tout bonnement la

proie qui se trouve à sa portée.

Aujourd’hui encore, l’homme perfec-tionne ses techniques de chasse pourenlever à la nature davantage de trésorsdans le but de servir son propre intérêt.La pêche en est une belle illustration.Grâce aux techniques acoustiquesmodernes de repérage et aux bateauxde pêche très puissants qui traînent de gigantesques filets, tous les thons,cabillauds et toutes les crevettes peuventêtre ôtés à la mer. Ils n’ont simplementaucune chance de s’échapper. Alors qu’en 1950, l’homme remontait,dans le monde entier, 19 millions detonnes de poissons, nous parlions en2000 de plus de 85 millions de tonnes.En outre, 20 millions de tonnes de pois-sons sont encore rejetés parce qu’ils sonttrop petits ou appartiennent à

une espèce qu’il est interdit de pêcher.La plupart de ces poissons ne parvien-nent toutefois pas à sauver leur peau.Selon l’Organisation pour l’alimentationet l’agriculture (OAA) des Nations unies,la moitié des pêcheries est soumise àune pêche maximale. Nous constatonsun équilibre entre le nombre de pois-sons pêchés et l’augmentation denouveaux spécimens. Cet équilibres’avère néanmoins fragile et peut trèsbien se muer en surpêche. Un quart despêcheries fait l’objet de pêches excessi-ves, qui ont déjà conduit à unépuisement total de dix pour cent despêcheries existantes. Jacques Diouf, directeur de l’OAA, netire qu’une seule conclusion : « L’hom-me investit trop d’argent dans desflottilles de pêche et les nouvelles tech-nologies de pêche évoluent troprapidement. À l’heure actuelle, nouspêchons trop peu de poissons avec tropde bateaux. » Une telle utilisation de latechnologie engendre carrément la dis-parition des espèces que nous chassons.

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Cinq météorites viennent s’écraser sur notre planète…

Les grands mammifères africains ont appris quel’homme est un dangereux chasseur.

L’homme enlève trop de poissons à la nature.

L’homme-superchasseur est la

première des cinq météorites

avec laquelle nous détruisons la

biodiversité de notre planète.

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Météorite 2 : L’hommedétruit son environnement

La terre compte de plus en plus d’habi-tants. Ces derniers occupent unesuperficie toujours plus grande pourleurs bâtiments, leurs infrastructures,leurs industries et leur agriculture inten-sive. L’homme opprime ainsi la nature.Aucune activité humaine n’est aussi néfaste pour la biodiversité que ladestruction mondiale de l’environne-ment, de l’habitat naturel.

Un exemple encore particulièrementd’actualité aujourd’hui est celui de ladestruction des forêts vierges, qui sontde véritables réserves de biodiversité. À nulle autre endroit de la planète, ladiversité végétale et animale est à cepoint riche. Parmi les forêts vierges lesplus connues, citons les forêts équatoria-les d’Amazonie, de Papouasie NouvelleGuinée, d’Indonésie, de Malaisie et

d’Afrique centrale qui abritent surtoutles gorilles et les okapis. En Europe, vousen trouverez également en Scandinavieet dans l’Ouest de la Russie, notamment.En Amérique du Nord, les forêts viergess’étendent d’est en ouest, sur l’immenserégion arctique entre Terre-Neuve etl’Alaska, et du nord au sud, à travers lesforêts humides tempérées qui longentles côtes de l’Alaska et de l’Ouest duCanada. Il existe en outre encore desdizaines de milliers de bandes de forêtsde ce type entre les États-Unis et leCanada.Il y a un peu moins de dix mille ans, laquasi-moitié de la surface de la terreétait recouverte de forêts. À l’heure actuelle, 80 % de ces forêts vierges ori-ginelles ont disparu. Rien qu’au cours des cinquante dernières années,l’homme a rasé 20 % de la forêt vierge. S’il continue de la sorte, elle aura complètement disparu d’ici 50 ans.Parmi les responsables de cette destruc-tion, citons l’industrie du bois qui abatdes grandes parcelles de forêt pour lesmarchés américain et européen. Cetteexploitation entraîne non seulement ladisparition d’un nombre élevé d’essen-ces d’arbres, mais également d’espècesvégétales, de millions d’insectes et d’unemultitude d’animaux. À leur place vien-nent se dresser des « taillis » d’arbres à croissance rapide dans lesquels la plu-part des espèces indigènes ne surviventpas.

Très souvent cependant, l’habitat estdétruit d’une manière moins visible, plusinsidieuse, et ce même chez nous. Cer-tains biologistes marins s’interrogent surla façon dont se déroule la pêche àl’heure actuelle dans la mer du Nord. Laplupart des pêcheurs flamands et néer-landais utilisent des chaluts ou destraînes qu’ils étirent sur les fonds marins.Ils espèrent ainsi attirer dans leurs filetsdes poissons des fonds marins tels que lalimande, la plie et la sole.

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La forêt vierge est de plus en plus malmenée.Photo : CRC-KMDA

Là où l’homme s’installe, il laisse peu deplace à la nature. Photo : Airprint - Daniel Philippe

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Ces filets raclant détruisent toutefoisl’habitat de nombreux organismesvivants. Pour un kilo de poissons plats,les pêcheurs remontent un à deux kilosde poissons non désirés et un à quatrekilos d’invertébrés inutilisables tels quecrabes et mollusques. En outre, leursfilets abîment la structure du fond marin,parfois jusqu’à 8 cm de profondeur. Lestraces d’un tel filet peuvent rester visiblespendant plus d’une année. À l’endroitdu fond marin où un filet est passé, pres-que tous les organismes marins sontmorts. Au bout d’un certain temps, lefond est à nouveau colonisé par de nou-veaux organismes, mais dont la variétédes espèces est souvent bien moinsélevée. Même la mer des Wadden, sibien protégée sur papier, est le théâtre

d’une pêche mécanique à la coque quiabîme les fonds marins pour plusieursannées.

Météorite 3 : L’homme fragmente le paysage

Dans sa « conquête » de l’environne-ment naturel, l’homme oublie parfois iciet là une petite parcelle. Heureusement,il s’agit souvent de précieux reliquats quisont protégés et administrés en tant queréserve et où l’homme tente de préser-ver la biodiversité. Ces îlots biologiquesne sont parfois que de petits vestiges desite naturel passés inaperçus ou mainte-nus comme « écrins de verdure ». Maisces îlots disposent-ils de suffisamment demoyens pour sauvegarder des espèces ?

La fragmentation du paysage est assortied’un effet boule de neige. Lors de laconstruction d’une route, d’une voie dechemin de fer ou d’un canal à travers ungrand domaine naturel, nous divisons ceterritoire en deux zones : c’est le début de la formation des îles. Plusieurs

organismes n’arrivent pas à franchir cebarrage et ne peuvent plus migrer d’uncôté à l’autre du site naturel. Si la popu-lation d’une moitié de la zone a desproblèmes, l’autre moitié ne peut plusvenir la compléter.

La formation d’îles engendre la simplifi-cation de l’écosystème et la diminutiondu nombre d’espèces. Plus les îles sontpetites, plus l’isolement est grand et plusle risque que les populations s’éteignentune à une et que les espèces disparais-sent augmente.

Naturellement, la destruction de l’habi-tat et la formation d’îles vont de pair. Eneffet, l’existence d’îles coïncide avec ladestruction de l’environnement. Il estnéanmoins évident que les petites parcelles de nature que nous conservonsici et là ne suffisent pas pour préserver labiodiversité. Il est illusoire de croirequ’elles constituent des ports francs pourtoutes les espèces qui vivaient autrefoisdans un immense territoire inaltéré.

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Les chaluts abîment les fonds marins. Les écrins de verdure nichés au milieu de l’activité humaine n’ont qu’une capacité limitée à préser-ver les populations. Photo : Airprint - Daniel Philippe

La deuxième météorite – la

destruction de l’environnement

naturel – a de loin l’effet le plus

dévastateur pour le

dépérissement de la biodiversité.

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Le morcellement et la fragmentation de

l’habitat constituent latroisième météorite quimenace la biodiversité.

Intermède : Ils ne savent plus surquelle patte danser

Parmi les exemples frappants de larécente formation d’îles, citons lescollines de Taita dans le sud-est duKenya. Ce territoire fait partie del’une des réserves de biodiversité lesplus menacées au monde et est actuellement étudié en détail par des chercheurs belges. Ces collinesabritent notamment trois espècesd’oiseaux que vous ne trouverez nulle part ailleurs. Luc Lens et ErikMatthysen de l’Université d’Anversont axé leurs recherches sur l’une deces espèces : le merle des Taita.D’après les estimations, leur popula-tion s’élève à environ 1400 mais estrépartie dans les parcelles morceléesde forêts qui subsistent. Ces oiseauxpeuvent difficilement migrer d’une îleà l’autre alors qu’ils sont menacésd’extinction dans certaines îles. Les chercheurs ont fait une découver-te remarquable : le corps des oiseauxvivant dans les territoires les plusmenacés présentait l’asymétrie morphologique la plus marquée. End’autres termes, il existe une plusgrande différence entre, par exemple,la longueur de la patte gauche et cellede la patte droite chez les oiseaux quiluttent davantage pour survivre. Latension qu’ils subissent se traduit pro-bablement par un déséquilibre dudéveloppement et de la croissance.Les chercheurs pourraient avoir trouvéun indice permettant d’identifier lespopulations d’oiseau menacéesd’extermination.

Les papillons rayés de la carte

La Flandre est un véritable cimetière de papillons. Des 64 espèces indigènes quiexistaient au XIXe siècle, 19 ont disparu. La première hécatombe eut lieu cesvingt dernières années. Et parmi les espèces qui subsistent, plus de la moitié estmenacée.

Plus que tout autre organisme, les papillons sont sensibles à la destruction de leurenvironnement. La seconde moitié du vingtième siècle n’a pas été un exemple enmatière de préservation de l’environnement. La Flandre connut une explosion denouvelles routes, quartiers et zones industrielles. Les espaces verts devinrent deplus en plus rare. Parallèlement, l’agriculture flamande se développa jusqu’àdevenir l’une des plus intensives d’Europe. Les champs ne furent pour ainsi direjamais autant fertilisés ni moissonnés qu’en Flandre. Les prés mixtes composésd’herbes et de fleurs furent transformés en monocultures superproductives degraminées. Une catastrophe pour les papillons. Les derniers refuges des papillonssont en outre fragmentés, ce qui engendre principalement la disparition desespèces casanières.

Tout ceci eut pour conséquence qu’en Flandre, le nombre de « hot spots » pourpapillons (c’est-à-dire les zones comptant une grande diversité de papillons) adiminué de 90 % au cours du siècle dernier. C’est surtout autour de Bruxelles,dans les dunes et au nord-est de la province d’Anvers que la disparition des papillons fut sans pareil. Seule la Campine offre encore un refuge à ces animaux. La gestion hostile à l’égard des papillons appliquée dans les sites naturels rares etfragmentés joue également un rôle néfaste. Les gestionnaires s’intéressent tropsouvent uniquement aux plantes, oiseaux et mammifères. Les insectes et lespapillons sont traités sans égards et occupent rarement la place qui leur revient. Ilest donc grand temps de réagir.

Les papillons disparaissent en Flandre.

La morphologie asymétrique du merle des Taitarévèle un stress physiologique élevé.

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Météorite 4 : L’homme amène « le loupdans la bergerie »

La quatrième façon dont l’activité humai-ne porte atteinte à la diversité de la vie sesitue au niveau des dégâts provoqués parles plantes et les animaux qui voyagentavec l’homme et atterrissent là où ilsn’ont jamais vécu auparavant. Souvent,ces étrangers dépérissent très vite car ilsne sont pas adaptés à leur nouvel envi-ronnement. Cependant, il arrive parfoisque ces intrus se plaisent fort bien etreprésentent une menace pour les espè-ces locales. Nous les appelons les espècesenvahissantes. Citons notamment le cténophored’Amérique Mnemiopsis leidyi qui pro-voque aujourd’hui une catastropheécologique dans le bassin fermé dela mer Caspienne. En quelques mois, cecténophore a pris possession de la mer,des eaux salines du sud presquejusqu’aux eaux douces du nord, àl’embouchure de la Volga.La méduse Mnemiopsis de la grosseurd’un poing et vorace vit de zooplancton,l’aliment naturel des poissons de mer. Enoutre, elle mange les oeufs et larves ensuspension de ces poissons. Il y a unedizaine d’années, une augmentationsimilaire de ces méduses dans la merNoire a engendré un désastre écologi-que et économique en faisant s’écroulertout le secteur de la pêche. Auparavant,les pêcheurs remontaient 700 000 ton-nes de poisson de la mer Noire. Aprèsl’invasion de la méduse, ce chiffre estretombé à 100 000 tonnes à peine.Cette méduse vit normalement le longde la côte est de l’Amérique du Nord.Les bateaux l’ont emmenée dans leurswater-ballasts vers l’océan Atlantique etla mer Noire, où elle a trouvé un bioto-pe formidable. Même si la distance quisépare la mer Noire de la mer Caspienneest longue (puisqu’elles sont séparéespar le Caucase), la méduse est parvenueà effectuer la traversée. Probablementen tant que passager clandestin à bordde bateaux transportant des marchandi-ses de la mer Noire via le Don, le canalLénine et la Volga, vers les villes portuai-res de la mer Caspienne.

Aujourd’hui, cette méduse vorace s’esttrouvé un nouveau terrain de chasse ettiendra bientôt sous son joug toute lafaune et la flore de la mer Caspienne.Même le phoque de la mer Caspienneest menacé car le poisson dont il senourrit en est réduit à manger lezooplancton auquel la méduse cause degraves dégâts.Chez nous aussi, des dizaines d’espècesenvahissantes sévissent. Récemment, lenombre de perruches à collier, de sper-mophiles, d’oies d’Égypte et debernaches du Canada a augmenté demanière spectaculaire. Il s’agit peut-êtreplus que d’une question de temps pourqu’ils se développent dans des zonesplus sensibles où ils menaceront lesespèces indigènes.

Météorite 5 : L’homme pollue

Rares sont les endroits sur terre à ne pasêtre touchés par la pollution. Le plussouvent, les dégâts de la pollution surl’environnement naturel restent géo-graphiquement limités mais ils peuventêtre très sérieux. Un seul déversementtoxique dans un ruisseau suffit générale-ment à détruire d’un coup tous lesorganismes vivant dans ce ruisseau. Et ilfaut parfois des années avant que toutevie reprenne.La pollution peut également être de lon-gue durée et structurelle. Ainsi, nousconnaissons en Belgique le problème desurplus d’engrais. L’agriculture intensive,surtout, déverse des tonnes d’azote etde phosphore dans la nature. Ces nutri-ments perturbent l’équilibre écologique,ce qui généralement porte atteinte à ladiversité des espèces. Ce sont principale-ment la faune et la flore adaptées à unenvironnement infertile et pauvre quiont subi les plus fortes pertes au cours

L’introduction d’espèces

envahissantes en provenance

de l’étranger constitue

probablement la deuxième météorite

en importance par laquelle l’homme

menace la biodiversité.

Après la mer Noire, le cténophore d’AmériqueMnemiopsis leidyi menace désormais égalementla mer Caspienne.

L’oie d’Égypte et le spermophile d’Asie se portentà merveille en Belgique.

Les merisiers américains, parfois appelés égale-ment « pestes des bois », ont un pouvoirgerminateur plus élevé et un développement plusrapide que les landes indigènes.

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du siècle dernier (voir « Les papillonsrayés de la carte »).

Citons un autre type de pollution pou-vant avoir de lourdes conséquences surtoute la planète : le réchauffement de laterre dû aux gaz à effet de serre qui sontrejetés dans l’atmosphère. Ces gazretiennent la chaleur du soleil. Plus il y a de gaz à effet de serre dans l’atmo-sphère, plus la terre se réchauffe. Ce réchauffement peut bouleverser lemode de vie et la répartition des anim-aux et végétaux. Les oiseaux pondentleurs oeufs trop tôt, les insectes se chry-salident deux à trois semaines plus tôt etles amphibiens entament leur périplevers la mare un mois plus tôt. Un grandnombre de variétés végétales germentégalement plus tôt et les fruits apparais-sent plus rapidement. Autre conséquence : de nombreusesespèces animales se dispersent vers lenord pour suivre les zones climatiqueschangeantes. Ce phénomène se remar-que surtout chez les insectes, qui sont àla fois très sensibles aux changements detempérature et très mobiles. Ils suiventdonc plus vite le déplacement des zonesclimatiques que les autres organismes. Ainsi, le phanéroptère commun ou porte-faux (Phaneroptera falcata) étaitencore parfaitement inconnu en Belgi-que il y a quinze ans. Cette sorte desauterelle était uniquement présente

dans le sud de la Lorraine et à certainsendroits de la vallée du Viroin. Elle s’estaujourd’hui répandue au nord et aatteint le nord-est du pays. La population de libellules suit le mêmeexemple. Les chercheurs de l’Institut fla-mand de conservation de la nature ontconstaté que huit espèces de libelluleméridionale – sur un total de 68 – fré-quentent de plus en plus souvent notrepays. Contrairement à beaucoup d’autresinsectes, les libellules peuvent colonisertrès rapidement de nouveaux territoires.De nombreuses espèces de libellules onttendance à errer longtemps avant de sereproduire. Comme les étés chauds etsecs favorisent cette errance, diversesespèces de libellules méditerranéenneséchouent au nord-ouest de l’Europe.L’augmentation de ces espèces méridio-nales semble dès lors clairement liée à lasuccession d’étés plus chauds et secs.Nous pouvons trouver très positif cetaccroissement de libellules méridionalesmais il ne faut pas trop vite crier victoire.

D’autres espèces de libellules sont endéclin. Ainsi, l’agrion hasté (Coenagrionhastulatum) a été mis hors-jeu en Campine et dans les Hautes Fagnes. Tous les organismes ne sont toutefoispas aussi mobiles que la libellule. Lesarbres ont en effet besoin d’un certaintemps pour suivre les déplacements desrégions climatiques. Prenons par exem-ple une forêt de chênes. Comment sedéplace-t-elle ? En automne, les écu-reuils et les oiseaux, dont le geai deschênes, mettent des glands de côtépour l’hiver. Ils oublient souvent leurcachette et ces glands oubliés vont ger-mer. Si la terre se réchauffe, les glandssitués au nord poussent tandis que ceuxse trouvant au sud, où il fait chaud etsec, meurent. C’est ainsi que la forêt sedéplace lentement vers le nord. À la fin des dernières périodes glacières,les arbres avaient des milliers d’annéespour effectuer ce déménagement maisaujourd’hui, la planète semble seréchauffer à une rapidité sans précédent.Ils devraient dès lors opérer en 100 ansun déplacement pour lequel ils avaientmille ans auparavant. Ils sont en outreaujourd’hui arrêtés par des frontièreshumaines, telles que les zones d’habita-tion, les canaux ou simplement leschamps ouverts. Cette combinaison desobstacles humains et de l’effet de serreinquiète les spécialistes de l’environne-ment quant à la capacité de la nature àmigrer à temps.

Nous connaissons à présent les cinq prin-cipales manières dont l’homme perturbela biodiversité. Nous récoltons trop,détruisons l’environnement, formons desîlots, introduisons des espèces étrangèreset polluons l’environnement. Ces cinq fac-teurs engendrent des modifications dansla nature. Le changement en soi n’est pasgrave. C’est précisément grâce ce chan-gement perpétuel, ce que nous appelons« évolution » en biologie, que la biodiver-sité actuelle est née. Jusqu’à présent, leschangements avaient toujours étéprogressifs alors que maintenant, ilsn’ont jamais été aussi rapides.

La pollution et l’effet de serresont la cinquième raison pourlaquelle nous nous attendonsà une coupe sombre dans la biodiversité.

Si les dégâts de la pollution restent souvent géographiquement limités, la pollution peut belet bien nuire gravement à l’écosystème local.

Les écureuils et les oiseaux « déménagent » laforêt de chênes.

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La technologie PVC belge aideles recherches sur la biodiversité

Masoala (Madagascar) – Il est quatreheures et demies du matin lorsque lesmembres du camp sont réveillés par lerugissement des brûleurs de la montgol-fière. Dans les premières lueurs del’aube, le gigantesque ballon se dressepéniblement. Comme s’il s’étirait en seréveillant doucement et qu’il voulaitmontrer ses couleurs vives à la forêtéquatoriale brumeuse. Ce matin, le diri-geable va larguer un radeau – le SolvinBretzel – aux sommets des arbres. Cetengin, dont la conception s’inspire desformes du célèbre biscuit salé alsacien,permet aux chercheurs de s’installerpour une plus longue période sur lacanopée de la forêt équatoriale. Ils nedoivent pas à chaque fois se hisser d’unarbre à l’autre.

Le ballon et le radeau font partie l’expé-dition Pro-Natura dans la forêt tropicale

de la péninsule Masoala à Madagascar.Durant trois mois, 75 scientifiques ontla possibilité d’étudier dans les détails labiodiversité de la plus haute couche de la forêt tropicale. La plupart desorganismes vivant dans ce type de forêtne se trouvent pas sur le sol maisperchés à une hauteur de trente à cin-quante mètres, là où chaleur et lumièreabondent. Le radeau est un outil incontournablede cette expédition, avec sa surface dequatre cents mètres carrés et son poidsde seulement cinq cents kilos. Il est néd’une collaboration entre la société belge Sioen, le fabricant européen dePVC Solvin et la maison mère Solvay. Lefilet en nylon qui s’étend entre l’ossaturedu radeau des cimes a été conçu surmesure par des gréeurs de navire bretons spécialisés.

À Masoala, des scientifiques de touspoils – botanistes, entomologistes, zoolo-gues, spécialistes des amphibiens,

généticiens, écologistes… – sont partis àla recherche d’organismes que l’ontrouve uniquement aux cimes de laforêt tropicale. « La forêt recèle bienplus que des organismes uniques etexotiques », nous explique le professeurFrancis Hallé, responsable de l’expédi-tion. « Des milliers de substancesnaturelles, que nous pouvons utilisercomme pesticides, herbicides, médica-ments et aromatisants, s’y cachent. Entermes purement économiques, ils ontbien plus de valeur que le boistropical. »

Pour étayer son opinion, Hallé a égale-ment emmené plusieurs spécialistes desarômes du groupe Givaudan. Ils ontanalysé la palette d’odeurs complexesde dizaines de fleurs et fruits exotiqueset espèrent commercialiser bientôt denouveaux parfums.

Source : Hirochika Setsumasa – Laurent Pyot /Océan Vert – Gamma

Sur les cimes de la forêt équatoriale

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« Si vous aimez les rats, les chats oules pinsons et que vous souhaitezen voir partout où vous allez, vousn’avez que faire de la diversité biolo-gique. En revanche, si vos enfants etvous souhaitez vivre dans un mondepassionnant, riche en espèces vivan-tes de toutes sortes, doté d’unenature sauvage pleine de surpriseset de charmes, la préservation de labiodiversité sera votre cheval debataille. Je pense qu’avec suffisam-ment d’éducation, de prise deconscience et de sensibilité à l’égarddes problèmes, l’homme est capablede choses stupéfiantes et peutchanger son comportement. »

Edward O. Wilson

« On peut se demander, par exemple,si la disparition d’une série de petitsescargots à Hawaii a une quelcon-que importance. Elle n’engendreaucune conséquence ni aucundégât écologique notable, du moinsà notre connaissance. Il se pourraitbien sûr que nous ne remarquionsaucun dommage pendant un certaintemps. Mais même s’il n’y avait vrai-ment aucun dommage, il est quandmême triste que nos descendantshéritent d’une nature plus pauvreque celle que nous ont laissée nosparents. »

Sir David F. Attenborough

Devons-nous nous faire du souci pourcette biodiversité ? La moitié des espècesvivantes risque de s’éteindre, et alors ? Ilen reste encore environ sept millions.Est-ce si important que nous sauvions lespandas, que le blaireau réapparaissedans la nature, que nous protégions lemoineau ? La biodiversité relève-t-elle dela plus haute importance ? La nature fournit toujours à l’hommetous les moyens nécessaires à sa survie.Elle le fait respirer, manger et boire et luidonne les matériaux pour se construireun toit. Une destruction massive de lanature et de la biodiversité met en périltous ces bienfaits. C’est précisémentpour cette raison qu’une grande pertede la biodiversité peut nous coûter trèscher, même dans des domaines auxquelsnous ne penserions pas immédiatement.Vous trouverez ci-dessous quelques-unesdes raisons expliquant l’importance de labiodiversité pour l’homme.

• La pyramide de la vie

Chaque animal ou végétal, et mêmechaque bactérie ou levure, a sa placedans un réseau complexe d’interdépen-dances. Nous sommes tous d’unemanière ou d’une autre liés les uns auxautres. L’un mange l’autre ou forme unesymbiose avec lui afin d’être mieuxarmés pour survivre. Ce réseau constitueune pyramide, qui ne tient debout que sichaque pierre est soutenue par plusieurspierres. Si nous enlevons trop de pierresà l’édifice, nous risquons de le voirs’effondrer. Ce sont surtout les espèces

qui se trouvent au sommet de la pyrami-de, comme l’homme, qui courent le plusgrand danger.Dans cette optique, il ne faut peut-êtrepas investir la majeure partie de nosefforts dans les organismes les plus« mignons », comme le panda géant oule tigre du Bengale. Ces animaux se situent au sommet de la pyramide. Lesorganismes se trouvant à la base sont aumoins aussi importants pour la sauve-garde du système.

• Une base alimentaire peu étoffée

Traditionnellement, l’homme chasse,pêche ou cueille pour constituer sondîner quotidien. Depuis environ8 000 ans, il s’est toutefois mis à l’agri-culture. Il est étonnant de voir qu’il n’aitchoisi qu’un assortiment très limité deplantes pour ses cultures. Ainsi, la pro-duction alimentaire mondiale ne reposeque sur une trentaine d’espèces végéta-les alors que la nature compte presque80 000 plantes comestibles. Ce n’est pastout ; seulement trois plantes, le blé, lemaïs et le riz, fournissent les deux-tiersdes ressources alimentaires mondiales.Cette base alimentaire est très maigre etcomporte des risques. Il n’est pas excluqu’elle soit un jour complètementravagée par une maladie destructrice.Il est dès lors essentiel de maintenir labiodiversité. Ces 80 000 plantes comesti-bles comprennent sans nul doute denombreux végétaux qui feront de bienmeilleures plantes alimentaires que lestrente que l’homme utilise aujourd’hui.

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La biodiversité est-elle importante ?

Le riz, le blé et le maïs fournissent les deux-tiersdes ressources alimentaires mondiales.

Les organismes qui se trouvent au sommet dépendent des êtres vivants situés à la base.

Consommateurs tertiaires

Consommateurs secondaires

Consommateurs primaires

Producteurs primaires

Nombre d’organismes

sur terre

carnivore

carnivore

herbivore

végétal

sous l’eau

carnivore

carnivore

zooplancton

phytoplancton

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• Lutte biologique

L’homme utilise également la naturepour produire une quantité toujours plusgrande de produits lui permettant demaîtriser les espèces envahissantes – lesintrus qui chassent les espèces locales(voir météore 4). C’est ainsi que l’Austra-lie, paradis des espèces introduites,connut des problèmes avec le figuier deBarbarie (Opuntia ficus indica), qui y futapporté au XIXe siècle. Très vite, cetteplante devint un fléau et envahit desdizaines de milliers d’hectares de terre.Finalement, les scientifiques trouvèrent,dans les forêts tropicales d’Amérique duSud, une petite mite dont les chenillesraffolent du figuier de Barbarie. Ce tra-vailleur immigré sud-américain maîtriseaujourd’hui toute propagation de cetteplante.Autre exemple : la lutte contre la circée.Cette plante vit en parasite sur les racinesd’autres végétaux et ravage principale-ment les céréales dans les régionstropicales et subtropicales. Les pesticidestraditionnels sont totalement inefficaces.La vie de millions de personnes en Afrique, en Inde et au Moyen-Orient estdirectement influencée par les sérieusespertes de récolte résultant de la circée.Récemment, les scientifiques ont toute-fois découvert une moisissure africainequi sévit contre ce parasite.Des dizaines d’exemples illustrent l’effica-cité de la lutte biologique. Si labiodiversité se réduit, nous aurons toute-fois moins de chances de trouver lesorganismes les mieux appropriés pour cecombat.

• Source de produits naturels

Une biodiversité riche constitue égale-ment une source intarissable de produitsnaturels pouvant servir de désherbant,d’insecticide et surtout de médicament.La nature dispose d’un stock incroyablede médicaments potentiels, surtout dansla forêt tropicale. Environ un quart desmédicaments commercialisés provientdirectement de la nature ou se composede substances chimiques analogues à desproduits naturels (voir tableau). Ainsi,l’entreprise belge Janssen Pharmaceuticaa récemment lancé sur le marché unmédicament contre la maladie

d’Alzheimer dont le composant actif estissu des narcisses.L’industrie pharmaceutique se rendcompte de l’importance d’étudier lavaleur pharmaceutique d’un maximumde plantes tropicales. Elle plaide égale-ment pour qu’il soit mis un terme à la

disparition rapide des forêts tropicales. Les scientifiques étudient la palette complexed’odeurs des fleurs tropicales.Source : Hirochika Setsumasa – Laurent Pyot /Océan Vert – Gamma

• Plus que des fleurs et des aliments

Les organismes qui vivent dans la natureeffectuent un certain nombre de tâchesqui sont cruciales pour nous. Sans leurassiduité, la vie serait beaucoup moinsconfortable. Pire encore, nous ne pou-vons nous charger nous-mêmes decertaines de leurs occupations. Les plan-tes produisent en effet de l’oxygène, sanslequel l’homme ne peut respirer et doncsurvivre. Chaque année, des insectes etpetits oiseaux transportent le pollen sur

des milliards de plantes. Sans cette polli-nisation, ces plantes ne fructifieraient paset il y aurait donc moins de fruits et légu-mes. D’innombrables micro-organismestraitent et purifient les déchets et eauxusées… Bref, la nature effectue mille etune tâches dont l’homme profite. L’homme exploite de plus en plus effi-cacement ce travail. Nous purifions lesmers et terres pollués par le pétrole àl’aide de souches bactériennes sélection-nées. Nous décontaminons les solspollués par des métaux lourds en plan-tant certains végétaux. Nous recourons àdes micro-organismes pour fermenter nosdéchets organiques afin de créer du gazutilisé pour produire du courant et de lachaleur. Une perte massive de la biodiver-sité peut tuer des organismes utiles.

Il ne s’agit là que d’un petit échantillondes – innombrables – arguments démont-rant l’importance de la biodiversité.

Comme le montre cette édition, nousavons du pain sur la planche pour main-tenir la biodiversité. Les mesures qui sontprises aujourd’hui aux niveaux mondial,européen et national ne garantissent pasen soi ce maintien. La préservation de lanature ne se résume pas à veiller à ceque les derniers vestiges soient con-servés. Ce serait comme mettre unemplâtre sur une jambe de bois. Poursauver réellement la biodiversité, nousdevons également changer notre com-portement. Nous n’avons pas le choix.Nous devons aboutir à une société dura-ble, dans laquelle l’homme et la naturevivent en harmonie, pas l’un à côté del’autre mais l’un avec l’autre.

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Médicaments provenant de la natureMédicament Indiqué dans Organisme Cyclosporine Rejet après Tolypocladium inflatum

transplantation d’organe (moisissure) Lovastatine Taux de cholestérol Aspergillus terreus (moisissure)

élevé dans le sangDigitalis Trouble du rythme Digitale Atropine cardiaque Belladone (Atropa bella-donna)Reserpine Hypertension Calle des marais Aspirine Douleur SauleCodéine et morphine PavotCocaïne Cocaïer Quinine Malaria Quinquina Vincristine, vinblastine Cancer Pervenche tropicaleTaxol If (Taxus baccata) Galantamine Maladie d’Alzheimer Narcisse Nombreux antibiotiques Maladies infectieuses Moisissures et bactéries

d’origine bactérienne

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Convention des Nationsunies

Pendant la Conférence des Nationsunies sur l’environnement et le dével-oppement (CNUED – Sommet de laTerre) qui s’est tenue à Rio de Janeiroen juin 1992, les pays membres ontratifié la « Convention sur la diversitébiologique », un accord ayant forceobligatoire et liant des pays du mondeentier. Cette convention poursuit untriple objectif : maintenir la diversitébiologique, utiliser ses composants demanière durable et répartir les avanta-ges découlant de l’utilisation desrichesses génétiques de façon honnêteet équitable entre tous les peuples.Il s’agit du premier accord à couvrirtous les aspects de la biodiversité(espèces, écosystèmes et richessesgénétiques) et de l’une des conven-tions internationales les plus ratifiées en

matière d’environnement.Contrairement à d’autres accords inter-nationaux, qui comprennent des pointsd’action stricts et concrets, cette con-vention entend approcher lesproblèmes relatifs à la biodiversité bio-logique de manière souple. Les paysindividuels peuvent décider eux-mêmes de la façon dont ils souhaitentatteindre les objectifs. L’une des princi-pales réalisations réside jusqu’à présentdans le grand intérêt pour la biodiver-sité suscité à l’échelle nationale, et cetant dans les pays développés que dansceux en voie de développement.L’exécution de la convention sur ladiversité biologique est un processus àlong terme qui tente de trouver dessolutions durables et de renverser lesmodes de pensée et d’action par lebiais d’une approche des problèmessous-jacents fondamentaux (http://webbie.kbinirsnb.be/bch-cbd/belgie/index-nl.htm).

Natura 2000

L’Union européenne tente égalementde mener une politique visant à pré-server la nature. En 1973 déjà, lespriorités ont été définies dans les pre-mières « Actions communautairespour l’environnement ». La politiqueeuropéenne s’appuie sur deux directi-ves importantes : la directive Oiseaux,qui a vu le jour le 2 avril 1979, et ladirective Habitats, qui a été approuvéele 21 mai 1992. Ces deux directivesvisent le maintien des environnementsnaturels et de la faune et la floresauvages. L’Union européenne souhai-te à cet effet créer un réseau européende zones protégées. Chaque étatmembre doit indiquer, sur son territoi-re, des zones de protection naturellespécifiques qui forment ensemble leréseau européen de zones protégées« NATURA 2000 ». Les zones spécialesde la directive Oiseaux font égalementpartie de ce réseau(http://europa.eu.int/comm/environ-ment/nature/natura.htm).

Pour en savoir plus sur la biodiversité, rendez-vous surles sites Web suivants :Le centre d’échange d’informations etsite officiel belge de la Convention surla biodiversité http://www.naturals-ciences.be/bch-cbd/home.htm

Belgian Biodiversity Platform, http://www.biodiversity.be/bbpf/

Biodiversity Resources in Belgium, http://www.br.fgov.be/biodiv/

Biodiversity and conservation, unouvrage en ligne rédigé par Peter J.Briant, http://darwin.bio.uci.edu/~sustain/bio65/Titlpage.htm#Table%20of%20contents

Biodiversity II: Understanding and Pro-tecting Our Biological Resources parMarjorie L. Reaka-Kudla, Don E. Wils-on, et Edward O. Wilson, http://www.nap.edu/books/0309052270/html/index.html

“Natuurrapport 2001”, Instituut voorNatuurbehoud (Institut de la conserva-tion de la nature), www.instnat.be

La Belgique n’est pas tou-jours première de la classe

En 2000, la Commission européennemenaça d’assigner la Belgique devantla Cour de Justice, car les différentsgouvernements belges ne montraientpas suffisamment d’empressementpour donner suite à la directive Habi-tats. La Belgique n’était en ordre ni surle plan législatif – transposition de ladirective européenne dans une régle-mentation nationale – ni sur le planpratique – délimitation d’un nombresuffisant de zones. Le gouvernementflamand décida alors de s’en occuperrapidement. En mai 2001, il désignaenviron 42 000 ha de nouvelles zones,ce qui porta la superficie totale à envi-ron 102 000 ha. Début 2002, il adaptale décret sur la nature de 1997 afinqu’il soit en accord avec la directiveHabitats européenne.En Flandre, les zones spéciales de pro-tection de la nature sont reprises dansle « Réseau écologique flamand » (VEN- Vlaams Ecologische Netwerk) ou dansles zones naturelles d’imbrication. LeVEN est un ensemble fonctionnel cohé-rent et écologique de zones naturelles,dont la première préoccupation résidedans la préservation et le développe-ment d’une nature de haute qualité. Le

gouvernement flamand aspire à délimi-ter les 125 000 ha du VEN d’ici 2003. Le VEN bénéficie également du soutiendu Réseau intégral d’imbrication etd’appui (IVON), qui se compose dezones naturelles d’imbrication et dezones naturelles de transition. Dans lespremières, d’autres activités, telles quel’agriculture, la sylviculture, la gestionmilitaire ou l’approvisionnement eneau potable, ont autant d’importanceque la nature elle-même. Les secondesont pour principal objectif de permet-tre la migration des plantes et desanimaux entre les zones du VEN. D’ici2003, 150 000 ha de zones d’imbrica-tion doivent être délimités.Le gouvernement flamand doit encorebeaucoup travailler pour respecter tou-tes ses promesses d’ici 2003. Mais nousaussi, nous avons tous du pain sur laplanche. La nature occupe une placecentrale dans toutes ces zones déli-mitées. Des dizaines de professionnelset des milliers de bénévoles tentent degérer et d’entretenir les zones naturel-les afin que la biodiversité soitpréservée au maximum. La gestiond’un site naturel est souvent confiée àdes associations de protection de lanature telles que Natuurpunt(http://www.natuurpunt.be), le WWF(http://www.wwf.be ) ou à l’une desnombreuses associations locales.

Protégeons ce qu’il nous resteLa diminution de la biodiversité ne fait pas l’ombre d’un doute. Mais que faisons-nous pour l’arrêter ? Comment maintenons-nous la biodiversité ? Il n’est pas encoretrop tard. Plusieurs initiatives sont prises tant au niveau mondial que local.

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O•D

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“MENS” en rétrospective1 “L’emballage est-il superflu?”2 “Le chat et le chien dans l’environnement”3 “Soyez bons pour les animaux”4 “Le chlore: comment y voir clair?”(épuisé)5 “Faut-il encore du fumier?”6 “Sources d’énergie”7 “La collecte des déchets: un art”8 “L’être humain et la toxicomanie”9 “Apprenons à recycler”

10 “La Chimie: source de la vie”11 “La viande, un problème? (épuisé)12 “Mieux vaut prévenir que guérir”13 “Biocides, une malédiction ou une

bénédiction?”14 “Manger et bouger pour rester en pleine

forme”15 “Pseudo-hormones: la fertilité en danger”16 “Développement durable: de la parole

aux actes”17 “La montée en puissance de l’allergie”18 “Les femmes et la science”19 “Viande labellisée, viande sûre!?”20 “Le recyclage des plastiques”21 “La sécurité alimentaire, une histoire

complexe.”22 “Le climat dans l’embarras”23 “Au-delà des limites de la VUE

Dossier en préparation

Biomasse, l’énergie verte

Milieu, Education, Nature et Société

25L’asbl a pour objectif de susciterl’intérêt des jeunes pour les sciencessans aucune forme d’élitisme. Elle tentede contribuer à la formation et à laculture scientifique des jeunes à traversdifférentes activités proposées en orga-nisant:

des stages d’une journée, d’un week-end ou plus abordant l’ensemble desdisciplines scientifiques (découvronsles secrets de l’électricité ; explorationdu corps humain ; les 5 sens ; …) ;

des stages de longue durée en Belgi-que ou à l’étranger (exemple : Buda-pest en juin 2001) durant lesquels lesjeunes mènent une série d’études surle terrain ou en laboratoire de recher-che ;

des Clubs Sciences qui organisent,localement, une série d’activités,généralement le mercredi après-midi ;

une Expo-Sciences annuelle destinéeaux jeunes de 3 -20 ans où chaquecandidat présente, pendant 3 jours,

un projet d’innovation oud’expérimentation scientifi-que dans le cadre de l’expo-sition ouverte au grandpublic;

le concours Trophée : concours de robotique ouvert aux jeu-nes de 8 à 18 ans organisé pour lapremière fois en Belgique les en mars2002 ;

des activités d’éveil aux sciences,petites expériences scientifiques, pro-posées aux écoles primaires ;

des cours d’informatique pour jeu-nes adultes ;des expositions interactives et itinéran-tes : « Espace Chimie » consacré à lachimie dans la vie quotidienne et «Matériaux nouveaux et Vie quotidien-ne » consacrée aux connaissances desmatériaux qui nous entourent ;

la publication de ”l’Echo desSavants”, bulletin bimestriel d’infor-mation distribué à tous les membresainsi qu’aux écoles qui en font lademande ;

des ateliers Echec à l’échecLes ateliers ont pour objet d’aider lesjeunes en difficulté scolaire. C’est aussipour eux, l’occasion de se prépareraux examens.

Organisation des ateliers

Ceux-ci s’adressent aux élèves del’enseignement secondaire qui dési-rent renforcer l’une ou l’autre matièreou qui ont un ou plusieurs examen(s)de passage, ainsi qu’aux élèves de 6eprimaire qui souhaitent préparer leurentrée en section secondaire. Le faitque l’enseignant ne soit pas la person-ne qui sanctionnera le jeune - points,réussite, échec - fait que ce dernier oseplus « montrer » ce qu’il ne comprendpas. Ces ateliers se déroulent durantune semaine pendant les vacances dePâques ainsi que la 1ère ou la 2èmequinzaine du mois d’août suivant lelieu choisi. Ils se tiennent pendant 5 à10 jours à raison de 1 h 15 de courspar jour et par discipline.

Les étudiants proviennent de tous lesréseaux d’enseignement et sontgroupés par discipline et par niveau.Les groupes sont limités à 10 élèves.

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La plate-forme belge pour la biodiversité (BBPF) est une initiative du gouvernement fédéral. Elle a pour but de rassembler toutes lesconnaissances scientifiques sur la biodiversité et la préservation dela nature. La BBPF veut promouvoir la recherche sur la biodiversitéen développant des plates-fomes pour les scientifiques belges.http://www.biodiversity.be/bbp