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Publius Ovidius Naso Biographie Ovide (Publius Ovidius Naso) est né en -43 à Sulmone, dans les Abruzzes (Italie centrale) dans une famille de chevaliers. Son surnom Naso lui vient de son nez particulièrement proéminent. Il vécut à la période de la naissance de l’Empire Romain, étant né un an après l'assassinat de César, adolescent lorsqu'Auguste s'empare du pouvoir pour transformer avec la complicité du Sénat la République en empire, et mourant trois ans après le premier empereur. Ovide étudie la rhétorique à Rome. Ovide est très tôt intéressé par la poésie, mais suit des études de droit à Rome pour contenter son père. Il finit ses études à Athènes, et après quelques voyages en Grèce et Sicile, qui marqueront et alimenteront ses œuvres, il retournera à Rome et deviendra le poète favori de toute la haute société, délaissant les carrières juridiques et administratives. Il connaît la célébrité grâce à ses recueils de poèmes, les Amours, les Héroïdes, l'Art d'aimer et les Remèdes à l'amour. L’événement qui marqua la seconde moitié de sa vie fut son exile sur les bords du Pont-Euxin, à Tomis (aujourd’hui Constanta), le 19 novembre de l'an 8 ap. J.-C., par décision d’Auguste. Le texte officiel prétendait que la cause de cette décision était l’immoralité de l’Art d’Aimer. Mais étant donné que cet œuvre avait été publié dix ans auparavant, nous savons que ce n’était pas le vrai motif. Grace à un poème d’Ovide, Carmen et Error, les historiens peuvent penser que le vrai motif a été le fait qu’Ovide aurait pu commetre des graves erreurs dans son comportement envers Iulia, la fille de l’empereur. Il aurait encouragé celle-ci dans son mode de vie immoral, et aurait caché sa frivolité devant Auguste. Sa punition avait néanmoins un statut spécial. Ovide a pu conserver tous ses droits en tant que citoyen romain, ce qui est très rare pour un exilé. Ainsi, il arriva à Tomis avec tous ces biens et ses esclaves et passa ses dernières années de vie dans une villa qu’il construit. Il tente en vain de retourner à Rome. Sa mélancolie et sa détresse

Biographie d'Ovide

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Publius Ovidius Naso

Biographie

Ovide (Publius Ovidius Naso) est né en -43 à Sulmone, dans les Abruzzes (Italie centrale) dans une famille de chevaliers. Son surnom Naso lui vient de son nez particulièrement proéminent. Il vécut à la période de la naissance de l’Empire Romain, étant né un an après l'assassinat de César, adolescent lorsqu'Auguste s'empare du pouvoir pour transformer avec la complicité du Sénat la République en empire, et mourant trois ans après le premier empereur. Ovide étudie la rhétorique à Rome. Ovide est très tôt intéressé par la poésie, mais suit des études de droit à Rome pour contenter son père. Il finit ses études à Athènes, et après quelques voyages en Grèce et Sicile, qui marqueront et alimenteront ses œuvres, il retournera à Rome et deviendra le poète favori de toute la haute société, délaissant les carrières juridiques et administratives. Il connaît la célébrité grâce à ses recueils de poèmes, les Amours, les Héroïdes, l'Art d'aimer et les Remèdes à l'amour.

L’événement qui marqua la seconde moitié de sa vie fut son exile sur les bords du Pont-Euxin, à Tomis (aujourd’hui Constanta), le 19 novembre de l'an 8 ap. J.-C., par décision d’Auguste. Le texte officiel prétendait que la cause de cette décision était l’immoralité de l’Art d’Aimer. Mais étant donné que cet œuvre avait été publié dix ans auparavant, nous savons que ce n’était pas le vrai motif. Grace à un poème d’Ovide, Carmen et Error, les historiens peuvent penser que le vrai motif a été le fait qu’Ovide aurait pu commetre des graves erreurs dans son comportement envers Iulia, la fille de l’empereur. Il aurait encouragé celle-ci dans son mode de vie immoral, et aurait caché sa frivolité devant Auguste.

Sa punition avait néanmoins un statut spécial. Ovide a pu conserver tous ses droits en tant que citoyen romain, ce qui est très rare pour un exilé. Ainsi, il arriva à Tomis avec tous ces biens et ses esclaves et passa ses dernières années de vie dans une villa qu’il construit. Il tente en vain de retourner à Rome. Sa mélancolie et sa détresse apparaissent dans les ouvrages les Tristes et les Pontiques. Il rédige aussi quelques descriptions des Thraces vivant autour de Tomis.

Il meurt en 17 ap J-C.

La tombe d’Ovide

On sait qu’en 18 après J-C, le poète a été enterré lors d’une cérémonie fastueuse à proximité de la ville. Son corps aurait pu être incinéré et déposé dans une nécropole près du mur de la cité. Mais il y a aussi des théories selon lesquelles Ovide aurait été enterré sur le chemin entre Tomis et une autre ville appelée aujourd’hui Ovide. Cette théorie est néanmoins contestée par beaucoup d’historiens. Les légendes issues au sujet de la tombe d’Ovide se sont développées surtout après la fin de la Première Guerre mondiale, lorsque fut découvert un sarcophage mystérieux. On a tout de suite pensé que c’était

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la tombe d’Ovide, mais sans aucun fondement précis, sinon que le sarcophage datait de la même période.

ŒUVRES

Il pratique la poésie didactique (dont le but est d’enseigner –L’art d’aimer et les Fastes), la poésie élégiaque (ou il exprime ses sentiments plaintifs – Les Tristes, les Pontiques) et la poésie épique (Métamorphoses).

Amores (23 – 16 av J-C) édités en 5 livres puis en 3 livres seulement

Ovide y décrit des thèmes comme l’attente devant une porte fermée, la maladie de la femme aimée, la jalousie ou la joie du premier triomphe. Le recueil ne reflète pas des amours vécu, mais chante la gloire de l’amour et de la femme aimée.

Heroides ou Epistulae Herodium

Ovide avait 18 ou 19 ans lorsqu’il commença la rédaction de cet ouvrage. Il est composé de 18 lettres fictives en vers adressées par des femmes de la mythologie à leurs maris ou amants absents. (exemple de Didon qui écrit à Enée)

Ars Amandi ou Ars Amatoria

Cet œuvre est constitué de conseils donnés par Ovide aux hommes en ce qui consiste le jeu de l’amour. Il parle par exemple des techniques de séduction et du comportement que doit avoir un homme dans sa relation avec une femme. On lui a reproché de ne pas avoir écrit des conseils pour des femmes aussi. C’est pour cela qu’il publia De medicamine faciei femineae, ou il enseigne aux femmes comment prendre soin d’elles-mêmes.

On commença alors à dire qu’il ne traitait que des sujets licencieux, et qu’aucun de ses livres ne pouvait être lu par une honnête femme. Il décide alors de rédiger Remedia Amoris. Il explique aux jeunes comment éviter les méfaits de l’amour et éradiquer la passion.

A l’âge de 40 ans il abandonne la poésie érotique pour écrire les Métamorphoses

Metamorfoze (1)

C’est un poème composé de 12 000 hexamètres dactyliques répartis en quinze livres et reprenant les récits de la mythologie pour décrire la naissance du monde gréco-romain jusqu’à l’époque de l’empereur Auguste. Les 15 livres comportent 250 légendes parlant des transformations miraculeuses que subissent certains personnages. Les transformations sont décrites de manière lente et précise et permettent au lecteur de s’imaginer tout le processus. Toutes les légendes obéissent à un ordre chronologique et géographique. Les métamorphoses étaient terminées lorsqu’il dut quitter Rome.

Fasti (Les Fastes) (parues vers 15 ap JC)

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L’œuvre était censé être un commentaire poétique du calendrier religieux romain, mais il fut interrompu par le départ d’Ovide de Rome.

Pendant son exile, Ovide a écrit deux livres, Tristia (5 livres) et Epistulae ex Ponto (4 livres). Les deux ouvres sont rédigés sous la forme de lettres envoyées à Rome depuis Tomis pour sa femme, ses amis ou même l’Empereur, demandant d’être pardonné et de pouvoir rentrer à Rome. Il décrit sa situation malheureuse et parle ouvertement de ses sentiments, de sa tristesse et de tout ce qui lui manque.

Citations :

Les métamorphoses, livre 1, origine du monde

[1,1] In noua fert animus mutatas dicere formas 2 corpora; di, coeptis (nam uos mutastis et illas) 3 adspirate meis primaque ab origine mundi 4 ad mea perpetuum deducite tempora carmen! 5 Ante mare et terras et quod tegit omnia caelum 6 unus erat toto naturae uultus in orbe, 7 quem dixere chaos: rudis indigestaque moles 8 nec quicquam nisi pondus iners congestaque eodem 9 non bene iunctarum discordia semina rerum.

[1,1] Inspiré par mon génie, je vais chanter les êtres et les corps qui ont été revêtus de formes nouvelles, et qui ont subi des changements divers. Dieux, auteurs de ces métamorphoses, favorisez mes chants lorsqu'ils retraceront sans interruption la suite de tant de merveilles depuis les premiers âges du monde jusqu'à nos jours. Avant la formation de la mer, de la terre, et du ciel qui les environne, la nature dans l'univers n'offrait qu'un seul aspect; on l'appela chaos, masse grossière, informe, qui n'avait que de la pesanteur, sans action et sans vie, mélange confus d'éléments qui se combattaient entre eux.

L’art d’aimer, livre 1, les promesses

[1,620] Ut pendens liquida ripa subestur aqua. Nec faciem, nec te pigeat laudare capillos Et teretes digitos exiguumque pedem: Delectant etiam castas praeconia formae; Virginibus curae grataque forma sua est. Nam cur in Phrygiis Iunonem et Pallada siluis Nunc quoque iudicium non tenuisse pudet? Laudatas ostendit auis Iunonia pinnas: Si tacitus spectes, illa recondit opes.

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[1,620] comme le ruisseau couvre insensiblement la rive qui le dominait. N'hésite point à louer son visage, ses cheveux, ses doigts arrondis et son pied mignon. La plus chaste est sensible à l'éloge qu'on fait de sa beauté, et le soin de ses attraits occupe même la vierge encore novice. Pourquoi, sans cela, Junon et Pallas rougiraient-elles encore aujourd'hui de n'avoir point obtenu le prix décerné à la plus belle dans les bois du mont Ida? Voyez ce paon: si vous louez son plumage, il étale sa queue avec orgueil; si vous le regardez en silence, il en cache les trésors.

Les Pontiques, Livre 1, lettre 4

[1,4,1] Déjà au déclin de l'âge, je vois ma tête qui commence à blanchir ; déjà les rides de la vieillesse sillonnent mon visage ; déjà ma vigueur et mes forces languisssent dans mon corps épuisé, et les jeux qui jadis firent le charme de ma jeunesse me déplaisent aujourd'hui. Si j'apparaissais tout-à-coup devant toi, tu ne pourrais me reconnaître, tant est profonde l'empreinte des ravages que le temps m'a fait subir. C'est sans doute l'effet des années , aussi bien que le résultat des fatigues de l'esprit et d'un travail continuel. Si l'on calculait mes années sur le nombre des maux que j'ai soufferts,

[1,4,1] Iam mihi deterior canis aspergitur aetas iamque meos uultus ruga senilis arat, iam uigor et quasso languent in corpore uires nec iuueni lusus qui placuere iuuant 5 nec, si me subito uideas, agnoscere possis, aetatis facta est tanta ruina meae. Confiteor facere hoc annos, sed et altera causa est, anxietas animi continuusque labor; nam mea per longos si quis mala digerat annos,

[1,4,10] crois-moi, je serais plus vieux que Nestor de Pylos. Vois comme les travaux pénibles des champs brisent le corps robuste des boeufs ; et pourtant, quoi de plus fort que le boeuf ? La terre, dont le sein est toujours fécond, s'épuise fatiguée de produire sans cesse ; il périra, le coursier qu'on fait lutter sans relâche dans les combats du cirque ; et le vaisseau dont les flancs toujours humides ne se seront jamais séchés sur la grève, quelque solide qu'il soit d'ailleurs, s'entr'ouvrira au milieu des flots. C'est ainsi qu'affaibli moi-même par une suite de maux infinis,

[1,4,10] crede mihi, Pylio Nestore maior ero. Cernis ut in duris, et quid boue firmius? aruis fortia taurorum corpora frangat opus. Quae numquam uacuo solita est cessare nouali fructibus adsiduis lassa senescit humus. 15 Occidet, ad circi si quis certamina semper non intermissis cursibus ibit equus. Firma sit illa licet, soluetur in aequore nauis quae numquam liquidis sicca carebit aquis. Me quoque debilitat series inmensa malorum

je me sens vieilli avant le temps. Si le repos nourrit le corps, il est aussi l'aliment de l'âme ; mais un travail immodéré les consume l'un et l'autre.