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MAB France www.mab-France.org BP 34 – 31321 CASTANET TOLOSAN CEDEX Tél 05 61 73 57 02 – Fax 05 61 28 55 00 [email protected] Editorial par Robert BARBAULT, Président du Comité Français du MAB La biologie de la conservation dans les Réserves de Biosphère Il est dans la vocation des réserves de biosphère de contribuer à une stratégie de conservation des milieux, des espèces et du potentiel génétique naturel ou anthropisé. Cet objectif, couplé à celui d’écodéveloppement, fut à l’origine de la conception du programme MAB et de la création du Réseau des Réserves de Biosphère, avec une perspective mondiale qu’affiche bien ce joli mot de biosphère – concept trop superficiellement compris toutefois (Parle-t-on de biosphère dans nos écoles primaires ?). La biologie de la conservation, au sens moderne du terme, c’est-à-dire au-delà des philosophies, pratiques, savoirs où règles de protection de la nature qui se sont constitués à partir du 19 e siècle (voir Catherine Larrère : Les philosophies de l’environnement, Presses Universitaires de France, Paris 1997), s’est affirmée en tant que telle au cours de la décennie 1980 : – 1980 Parution de Conservation Biology : an Evolutionary Ecological perspective, de Soulé et Wilcox ; – 1981 Parution de Conservation and Evolution de Frankel et Soulé ; – 1985 Création de la Society for Conservation Biology, qui réunit les spécialistes de cette nouvelle science, et lancement de la première revue spécialisée du domaine, Conservation Biology. Cette nouvelle discipline s’appuie sur les principes de l’écologie, de la biogéographie, de la génétique, de l’anthropologie, de l’économie et de la sociologie pour contribuer au maintien et à l’utilisation durable de la diversité biologique de la planète. La lettre de la biosphère N° 66 JANVIER 2003

Biologie Conservation

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MAB France www.mab-France.org BP 34 – 31321 CASTANET TOLOSAN CEDEX Tél 05 61 73 57 02 – Fax 05 61 28 55 00 [email protected]

La lettre de la biosphère N° 63 – MARS 02

Editorial par Robert BARBAULT, Président du Comité Français du MAB

La biologie de la conservation dans les Réserves de Biosphère

Il est dans la vocation des réserves de biosphère de contribuer à une stratégie de conservation des milieux, des espèces et du potentiel génétique naturel ou anthropisé. Cet objectif, couplé à celui d’écodéveloppement, fut à l’origine de la conception du programme MAB et de la création du Réseau des Réserves de Biosphère, avec une perspective mondiale qu’affiche bien ce joli mot de biosphère – concept trop superficiellement compris toutefois (Parle-t-on de biosphère dans nos écoles primaires ?).

La biologie de la conservation, au sens moderne du terme, c’est-à-dire au-delà des philosophies, pratiques, savoirs où règles de protection de la nature qui se sont constitués à partir du 19e siècle (voir Catherine Larrère : Les philosophies de l’environnement, Presses Universitaires de France, Paris 1997), s’est affirmée en tant que telle au cours de la décennie 1980 :

– 1980 Parution de Conservation Biology : an Evolutionary Ecological perspective, de Soulé et Wilcox ;

– 1981 Parution de Conservation and Evolution de Frankel et Soulé ;

– 1985 Création de la Society for Conservation Biology, qui réunit les spécialistes de cette nouvelle science, et lancement de la première revue spécialisée du domaine, Conservation Biology.

Cette nouvelle discipline s’appuie sur les principes de l’écologie, de la biogéographie, de la génétique, de l’anthropologie, de l’économie et de la sociologie pour contribuer au maintien et à l’utilisation durable de la diversité biologique de la planète.

La lettre de la biosphère N° 66 –JANVIER 2003

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Où mieux la développer et l’appliquer que dans les Réserves de Biosphère ? Michaël Soulé a clairement souligné la vocation de la biologie de la conservation à s’affirmer comme science d’action, une science qui ne se borne pas à enregistrer la crise d’extinction et décrire ses processus et mécanismes mais bien qui permette aussi d’anticiper, de remédier, d’élaborer les bases scientifiques pour éviter les catastrophes.

On voit bien les deux ambiguïtés que porte cette science, qui sont autant de provocations :

(1) c’est une biologie qui parle aussi de bien autre chose que de biologie, qui revendique la prise en compte d’autres savoirs, d’autres approches (voir encart les sept principes de la biologie de la conservation énoncés par Mangel et al., 1996 dans Ecological Applications, 6 : 338-362) ;

(2) c’est une science qui revendique le droit à l’action, qui se veut science engagée.

Je laisse à chacun le soin de méditer sur la portée de ces deux provocations, qui peuvent nuire aux échanges et collaborations entre chercheurs de différentes disciplines comme entre praticiens et théoriciens, gestionnaires et chercheurs. Collaborations pourtant clairement recherchées et d’évidence nécessaires si l’on songe aux réserves de biosphère et à leur rôle stratégique dans ce domaine, que ce soit pour la recherche, pour la formation, pour la gestion, pour la conservation à long terme ou pour l’éducation. Si l’on admet, d’une part, qu’il n’y a pas de véritable biologie sans confrontation sur le terrain aux problèmes de gestion et de conservation, d’autre part, qu’il est difficile de concevoir et mettre en œuvre des pratiques de conservation durable de la biodiversité sans un investissement significatif en recherche, alors on voit se préciser un objectif fort et stimulant pour les réserves de biosphère : s’affirmer comme un dispositif incontournable de toute stratégie mondiale de conservation de la biodiversité et, plus modestement, à l’échelon régional et national comme instrument actif de développement de compétences et de programmes de formation et de recherche en biologie de la conservation.

C’est bien le sens, me semble-t-il, de deux initiatives récentes de MAB-France, à savoir le programme d’atelier enquête-formation pilotée par Katia Boudjemadi (WWF France) et la mise en place, sous l’impulsion de Louis Brigand (Université de Brest), d’un groupe de travail sur des formations en partenariat, universités-réserves de biosphère étendue à l’ensemble des problématiques MAB et pas seulement à la conservation.

Encart : les sept principes de la biologie de la conservation

Principe n°1 : le maintien durable de populations saines pour l’ensemble des ressources biologiques sauvages n’est pas compatible avec une croissance illimitée des besoins et demandes des hommes. Principe n°2 : le but de la conservation devrait être d’assurer toutes les options d’utilisation présentes et futures en maintenant la biodiversité dans toutes ses composantes, génétique, spécifique et écosystémique.

Principe n°3 : l’évaluation des effets écologiques et socio-économiques de l’utilisation des ressources naturelles doit précéder toute mesure d’extension ou de restriction de celle-ci.

Principe n°4 : la réglementation relative à l’utilisation des ressources vivantes doit reposer sur la connaissance de la structure et de la dynamique de l’écosystème concerné et prendre en compte les influences écologiques et socio-économiques qui affectent directement et indirectement l’utilisation de ces ressources.

Principe n°5 : la gamme complète des compétences et connaissances apportées par les sciences de la nature et de la société doit être mobilisée pour traiter des problèmes de conservation.

Principe n°6 : toute conservation efficace suppose la prise en compte et la compréhension des motivations, intérêts et valeurs de tous les utilisateurs et acteurs en cause.

Principe n°7 : une conservation efficace demande une communication interactive, réciproque et continue.

J’aimerais bien voir se développer dans les réserves de biosphère des projets de recherche touchant à la conservation d’espèces ou de milieux, et associant étroitement gestionnaires et chercheurs, éventuellement à travers des stagiaires, étudiants en DEA ou doctorants. Des projets dans lesquels les réserves de biosphère afficheraient leur propre politique, contribueraient à l’énoncé des questions à résoudre.

Reste au Comité MAB-France, pour accompagner et soutenir de telles initiatives, à susciter au sein du Ministère de l’Écologie et du Développement Durable, en partenariat avec l’Institut Français de la Biodiversité, un programme d’envergure qui fasse du rêve que je viens d’esquisser une réalité.

Telle est l’une des priorités que j’entends assigner à l’action de notre Comité.

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Le Comité MAB FRANCE adresse tous ses meilleurs vœux

pour l’année 2003 aux lecteurs de la Lettre de la Biosphère.

Editorial - La biologie de la conservation dans les Réserves de Biosphère ................................................1

Réserve de la Mer d’Iroise – Rencontre annuelle de coordinateurs des réserves de biosphère. ................4

SIG en Mer d’Iroise : Dix ans de développement..........................................................................................5

Simulation multi-agent et gestion des ressources naturelles ........................................................................7

Mission Estonienne dans les Vosges du Nord..............................................................................................9

Echange entre les gestionnaires du Galeizon (Réserve de biosphère des Cévennes) et ceux du Fango.........................................................................................................................................10

Gestion des conflits dans les réserves de biosphère : un atelier international dans les Vosges du Nord .....................................................................................................................................11

Arrivée d’une seconde génération de réserves de biosphère au Royaume Uni.........................................12

Les mares tourbeuses à sphaignes de la réserve de biosphère de Fontainebleau....................................13

En bref .........................................................................................................................................................16

■ Dans ce numéro :

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RÉSERVE DE LA MER D’IROISE

RENCONTRE ANNUELLE DE COORDINATEURS DES RÉSERVES DE BIOSPHÈRE

Depuis 1991, les coordinateurs des réserves de biosphère françaises font le point sur leurs activités une fois par an. La rencontre se déroule dans une réserve de biosphère différente chaque année, ce qui permet aux membres du réseau de connaître les sites et leurs enjeux de gestion. En 2001, cette rencontre a pour la première fois, eu lieu à l’étranger, dans le cadre d’une coopération avec le comité MAB tchèque. Début septembre, c’est. en Mer d’Iroise que s’est tenu le millésime 2002, à nouveau en coopération avec un groupe de 14 membres du comité MAB et coordinateurs des réserves tchèques. La réunion s’est déroulée sur l’île d’Ouessant. Deux thèmes principaux à l’ordre du jour : l’utilisation des systèmes d’information géographique dans les

Réserves de biosphère, et la modélisation multi-agents, outil d’accompagnement de projets de gestion de l’espace. Le premier thème a été illustré par des présentations sur l’Iroise (F. Gourmelon (CNRS Géosystèmes) et F. Bioret (université de Brest)), les réserves de biosphère transfrontalières Vosges du Nord / Pfazerwald (P. Zimmermann) et Krknoz (J. Harcarik), de Sumava (J Manek) et de Krivtklasko (P. Tuchova). La sortie terrain pilotée par F. Bioret a tout particulièrement été appréciée par nos collègues tchèques qui, pour plusieurs d’entre eux, découvraient les espaces littoraux.

Les articles suivants rendent compte de ces présentations

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SIG EN MER D’IROISE : DIX ANS DE DEVELOPPEMENT,

par Françoise GOURMELON

Françoise GOURMELON est chargée de recherche à l’UMR 6554 CNRS, Institut Universitaire Européen de la Mer, Technopôle Brest-Iroise, 29280 Plouzané, [email protected]

C’est dans le cadre des activités scientifiques de la Réserve de Biosphère de la Mer d’Iroise, qu’un suivi pluridisciplinaire est mis en place sur l’ensemble des espaces littoraux concernés, dès 1988 (http://www.mab-France.org/fr/reserves). De multiples inventaires sont

réalisés dans différentes disciplines, telles que la géographie, la biologie, la botanique. De manière à profiter des possibilités de stockage, d’analyse et de représentation des systèmes d’information géographique alors en plein essor, un SIG est mis en place au début des années 1990. Piloté par le logiciel Arc Info et hébergé dans une institution de recherche, il s’est étoffé progressivement grâce aux programmes scientifiques souvent menés en partenariat avec les gestionnaires. Deux bases d’information géographique, complémentaires des points de vue géographique et scalaire, sont actuellement gérées par le système. Sigouessant est consacrée aux îles, aux îlots marins et à l’estran de la Réserve de Biosphère de la Mer d’Iroise. Les données accumulées depuis dix ans concernent différentes variables environnementales, telles que la végétation, l’occupation et l’utilisation des sols, les sites de nidification, les strates biosédimentaires traitées à des échelles locales (1 : 5 000 à 1 : 25 000). En complément, une seconde base d’information géographique BIG Iroise a été développée à partir de 1995, pour répondre à un besoin de synthèse des connaissances de l’environnement littoral de la mer d’Iroise. Les informations géoréférencées qu’elle contient décrivent les variables socio-économiques, naturelles et physiques d’une zone essentiellement marine, prise en compte à une échelle régionale. Au cours de ces dix années de mise en œuvre, ces deux bases d’information se sont progressivement étoffées, offrant des possibilités croissantes en termes d’applications de recherche menées dans une double perspective, d’une part d’amélioration des connaissances du fonctionnement de l’écosystème et d’autre part d’aide à la gestion d’espaces protégés. Les problématiques, les milieux et les échelles spatio-temporelles pris en compte sont variés, témoignant par leur diversité de l’intérêt de la démarche géomatique entreprise. Sur les îlots marins en réserve, la problématique est d’étudier les dynamiques de la végétation, et en particulier la dégradation du tapis végétal occasionnée par différents facteurs anthropo-zoogènes interagissant entre eux, tels que l’enfrichement et l’impact des populations animales (lapins, goélands). Par exemple, sur l’île de Béniguet (Réserve de Chasse et de Faune Sauvage), nous disposons de trois inventaires spatialisés de la végétation réalisés en 1990, 1996 et 2000, à partir de la photo-interprétation de clichés aériens et de validations de terrain. En raison de la finesse des

processus dynamiques en cause et de la fréquence des suivis, l’échelle d’analyse retenue est fine et la nomenclature phytosociologique est utilisée pour qualifier les unités de végétation. Basée sur la notion de séries de végétation, elle permet d’exprimer les changements du tapis végétal en tenant compte des paramètres biotiques et physiques du milieu ainsi que des types de végétation associés à différents stades de leur évolution progressive ou régressive. L’analyse spatiale et statistique réalisée au sein du SIG sur les thèmes des principales formations végétales et des stades dynamiques de la végétation mettent en évidence les changements intervenus, en relation avec trois processus respectivement d’origine climatique, anthropique et zoogène (Gourmelon et al., à paraître). Des synthèses cartographiques, accessibles aux non-phytosiologues, sont également produites à partir de l’analyse spatiale des différents états, de manière à mettre en évidence les secteurs stables, en voie de restauration et en cours de dégénérescence. L’application de cette démarche méthodologique aux îlots marins atlantiques et méditerranéens classés en réserves naturelles (projet en cours) devrait permettre d’établir des comparaisons diachroniques et synchroniques et de disposer d’un outil commun d’évaluation des changements sur du long terme. En instaurant des protocoles de suivi scientifique utilisables dans une approche pluridisciplinaire, cette démarche devrait également favoriser l’étude du fonctionnement de ces espaces de référence à une échelle globale. Concernant l’île d’Ouessant, une des problématiques abordées était d’analyser les changements d’occupation et d’utilisation des sols survenus en un siècle, en relation essentiellement avec la déprise agricole. Elle visait également à établir une relation entre un usage du sol, le pâturage ovin qui se maintient de manière extensive sur l’île, et la végétation actuelle, afin d’utiliser les résultats acquis dans l’élaboration d’hypothèses concernant la dynamique des milieux semi-naturels en relation avec des scénarios de développement du cheptel ovin (Gourmelon et al., 2001). Cette recherche s’inscrivait, tant par la problématique posée que par les techniques utilisées (SIG), dans les perspectives scientifiques du programme Relating Land Use and Global Land-Cover Change de l’IGBP (International Geosphere Biosphere Program). Les étapes méthodologiques suivantes ont été mises en œuvre dans cette perspective :

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◊ acquisition et mise en forme, à partir de l'étude des registres cadastraux anciens (1844), des photographies aériennes (1952, 1992) et d’investigations de terrain (1992), de plans d’information géographique cohérents des points de vue sémantique et géométrique, sur les thèmes de l’occupation et de l’utilisation des sols aux trois dates, de la végétation (1992) et du pâturage (1992) ;

◊ analyse de l’information géoréférencée concernant l’occupation et l’utilisation des sols, permettant de produire une information inédite concernant les changements territoriaux intervenus en 150 ans ;

◊ analyse de la couverture traitant de la végétation (1992) en combinaison avec un état synchrone de l’utilisation des milieux par les moutons précisant les relations spatiales qui existent entre le pâturage et l’embroussaillement ;

◊ modélisation des dynamiques des milieux en fonction d’hypothèses relatives à la diminution ou à l’augmentation du cheptel ovin.

Cette recherche a permis non seulement de mettre en évidence les changements d’occupation des sols intervenus sur une période significative de plus de 150 années, en relation avec les modifications des pratiques humaines et de préciser les relations spatiales existant entre le pâturage et le processus d’embroussaillement. Les résultats acquis ont également permis d’élaborer des scénarios d’évolution des milieux en relation avec la pression de pâturage et de fournir aux gestionnaires des éléments de réflexion dans la perspective d’actions de gestion des friches agricoles insulaires. Dans le cadre d’un projet européen (Interreg IIC « Tursiops ») mené en collaboration avec le Laboratoire d’Etude des Mammifères Marins d’Océanopolis (Brest), le SIG a été mis en œuvre pour étudier l’habitat côtier des populations de grand dauphin (Tursiops truncatus), dans une perspective d’identification des facteurs intervenant sur leur mode d’utilisation de l’espace et de modélisation de leur habitat potentiel en mer d’Iroise. Dans une première phase, la recherche s’est intéressée à l’étude des paramètres bathymétriques, susceptibles d’influencer la répartition spatiale du grand dauphin aux abords de l’île de Sein. Les résultats sont acquis par une méthodologie couplant l’analyse spatiale et l’analyse statistique multivariée (Gourmelon et al., 2000). Les données localisées sont de deux types. Les observations du groupe sont reportées sur un maillage du secteur et acquises selon un protocole rigoureux pendant plusieurs années (Océanopolis). La base de données bathymétriques du Service Hydrographique et Océanographique de la Marine est utilisée pour élaborer un Modèle Numérique de Terrain qui fournit différentes variables telles que le pourcentage et l’orientation des pentes. Parmi les paramètres testés, les résultats statistiques indiquent que seules la profondeur et la pente présentent une différence significative entre

l’espace avec observation de dauphins et celui sans. Les dauphins semblent utiliser préférentiellement un espace extrêmement côtier allant de l’estran à 6m de profondeur. En ce qui concerne la pente, les proportions des deux classes sont presque identiques au sein du domaine vital des dauphins par rapport au reste de la zone d’étude où une inclinaison comprise entre 2.15% et 10% est représentée majoritairement. Dans une seconde étape, l’analyse avait pour but de rechercher les paramètres intervenant sur la répartition spatiale du groupe au sein de son domaine vital. L’analyse statistique effectuée tenait compte des trois variables topographiques (profondeur, pente et orientation) et du pourcentage de roches émergées dans une maille d’observation. Les résultats obtenus indiquent clairement que seul le pourcentage de roches a un effet sur l’intensité d’utilisation de certains sites par les dauphins. La réintroduction des variables significatives dans la base d’information géographique permet ensuite d’identifier les secteurs de la zone d’étude possédant les caractéristiques en partie à l’origine de la répartition spatiale des dauphins. Ces espaces, inclus dans la zone d’étude, peuvent être qualifiés

de sites potentiels pour le groupe de l’île de Sein. Ce projet s’intéresse maintenant à l’effet du courant de marée sur la répartition spatiale des animaux et s’orientera ensuite sur la modélisation de leur habitat à l’échelle de la mer d’Iroise. Au cours des deux dernières décennies, les technologies de l’information géographique ont connu des évolutions décisives, permettant notamment l’acquisition de données de plus en plus précises. Outils de connaissance du

monde réel, les SIG constituent la synthèse de ces différents progrès. Cependant, leurs apports à la gestion des ressources naturelles et au développement durable ne sont réels que si leur mise en œuvre répond à des objectifs décisionnels clairement formulés. Concernant la Réserve de Biosphère de la Mer d’Iroise, le SIG est sous la responsabilité d’un laboratoire de recherche (UMR 6554 CNRS), qui utilise et valorise l’information accumulée dans diverses actions scientifiques, mais qui ne répond que ponctuellement à des requêtes d’aide à la gestion. Pour que les gestionnaires puissent tirer profit des possibilités offertes par le SIG, il semble indispensable de réfléchir à la mise en place d’une structure adaptée permettant le transfert de l’information utile à la prise de décision, selon une démarche préservant l’approche territoriale et le lien avec les scientifiques producteurs d’information géographique.

GOURMELON F., LIRET C., BONNET M., 2000 – Approche géomatique de l’habitat du grand dauphin en mer d’Iroise. Coastgis’99 : Geomatics and coastal environment, Editions de l’Ifremer, p. 186-197 GOURMELON F., BIORET F., LE BERRE I., 2001 – Historic land-use changes and implications for management of a small protected island. Journal of Coastal Conservation, n°7, p. 41-48 GOURMELON F., BIORET F., YESOU P., REBOUT C., à paraître – Les dynamiques de la végétation d’un îlot marin protégé. Photo-interprétation, en préparation

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SIMULATION MULTI-AGENT ET GESTION

DES RESSOURCES NATURELLES

Par Michel ETIENNE et Christophe LE PAGE

Michel ETIENNE est chercheur à l’INRA d’Avignon, unité d’ Ecodéveloppement ; Christophe LE PAGE au CIRAD de Montpellier, au laboratoire Espace-Ressource-Environnement.

La plupart des recherches sur la dynamique des ressources naturelles utilisent aujourd’hui la modélisation et la simulation. Les finalités des modèles développés sont diverses : contrôle de l’utilisation des ressources, prédiction de leur dynamique, compréhension des processus en jeu, confrontation de points de vue entre de multiples acteurs. Dans ce genre de modélisation, l'accent est mis sur l'interaction entre les disciplines scientifiques, entre les échelles, entre les niveaux d'intégration, entre les dynamiques naturelles et les dynamiques sociales, entre des pas de temps. Ils aident à mieux comprendre des situations complexes, pour mieux agir et mieux gérer. Les outils et les méthodes utilisés sont issus des sciences de la complexité (Lewin, 1994). Parmi ceux-ci, les systèmes multi-agents (SMA) peuvent être un moyen puissant de réflexion, d’acquisition de connaissances et de prospective. Ils sont particulièrement adaptés à la gestion des réserves de biosphère, ces territoires où l’on cherche à concilier conservation de la biodiversité, développement, participation locale et recherche, ce qui implique des acteurs fort variés ayant des logiques et des objectifs qui le sont également intervenant dans des écosystèmes variables. C’est la raison pour laquelle lors de la dernière rencontre annuelle des coordinateurs des réserves de biosphère à Ouessant, une demi-journée a été consacrée à la présentation des possibilités d’utilisation de ce type d’outil.

Le principe … Un SMA est constitué d'un ensemble de processus informatiques se déroulant en même temps, comme plusieurs agents vivant au même moment, partageant

des ressources communes et communicant entre eux. Le point clé des SMA réside dans la formalisation de la coordination entre des agents communicants et localisés et dans la faculté de considérer comme agents aussi bien des individus, des groupes sociaux ou des institutions données, avec leurs règles de fonctionnement, leurs normes et leurs comportements particuliers. La modélisation met l'accent sur les processus qui déterminent l'interaction entre agents et ressources. Il s’agit soit de processus cognitifs (chaque agent se fait une représentation propre de la ressource) soit de processus réactifs (chaque agent adapte son comportement à la dynamique perçue de la ressource). Elle permet d’étudier un problème de gestion d’un environnement partagé par différents agents en confrontant leurs représentations, donc des actions différentes, qui peuvent donner lieu à un usage satisfaisant ou non. Cette modélisation considère également que les relations entre les hommes et les ressources doivent plutôt être formulées comme les relations entre les hommes à propos des ressources. Elle permet ainsi de simuler des agents qui s'échangent des informations, des services, des contrats, des agréments. En résumé, il nous semble que les systèmes multi-agents peuvent prendre en compte plusieurs modèles de pensées sur la gestion collective de ressources renouvelables partagées. Offrant la possibilité de modéliser des représentations, des modes de communication au sein de réseaux, des contrôles individuels ou sociaux, donnés ou construits, des interactions, les systèmes multi-agents sont particulièrement performants pour représenter les formes de coordination qu’on observe sur le terrain. Lors de la rencontre d’Ouessant, la plateforme informatique Cormas en cours de développement au Cirad, a été présentée. (http://cormas.cirad.fr) Et en pratique… Deux exemples d’application ont été présentés aux coordinateurs des réserves de biosphère pour illustrer les potentialités d’utilisation des SMA dans le cadre de la gestion des ressources naturelles. Le premier, Djemiong, (Bousquet et al, 2001) a été développé pour évaluer l’impact de la chasse d’un petit cervidé dans les forêts de l'Est du Cameroun. Ce SMA vise à comprendre comment l'organisation de l'activité de chasse entre les villageois constitue un système de gestion des ressources fauniques. L'espèce principalement capturée est une petite antilope, le céphalophe bleu (Cephalophus monticola, Thunberg).

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Des enquêtes de terrain ont été réalisées pour comprendre le comportement des « agents » chasseurs. L'activité de chasse se déroule pendant les 6 mois de l'année au cours desquels l'agriculture (activité principale) demande le moins de temps. Chaque année, chaque chasseur change la localisation de ses sentiers de pièges. Ce comportement est présenté comme une mesure de gestion de la ressource cynégétique. Le modèle développé avec Cormas permet de comparer différentes règles de positionnement des sentiers de pièges dans le temps et dans l'espace. L'agent « céphalophe » a été défini à partir des données trouvées dans la littérature sur sa biologie et son éthologie. La représentation du territoire intègre des données provenant d'un système d'information géographique (SIG). La grille spatiale représente ainsi un paysage artificiel dont les contours sont ceux du territoire du village de Djemiong. Les résultats soulignent l'importance des processus de coordination entre les chasseurs, en partie en raison de l'appropriation de réseaux de sentiers de pièges par des groupes familiaux. Les résultats des simulations suggèrent que la localisation spatiale des pièges a un impact beaucoup plus fort sur la viabilité de la population de céphalophes que la pression de chasse globale ou la durée de la période non chassée. Le second exemple d’application des SMA, Méjan (Etienne et Le Page, 2002) simule des scénarios contrastés de réaction face à l’enrésinement spontané d’écosystèmes naturels à forts enjeux patrimoniaux, le Causse Méjan dans la réserve de biosphère des Cévennes : de vastes espaces pastoraux sur calcaire présentant une flore et une faune de grand intérêt sont soumis à une fermeture relativement rapide. Les « agents » sont des agriculteurs, des forestiers et des naturalistes. Tous participent à la gestion de cet espace naturel soumis à la forte dynamique de pins sylvestres et de pins noirs, mais à des échelles de temps et d’espace très différentes. Tous sont concernés par ce processus biologique qui affecte différemment leurs objectifs d’aménagement : production de viande ou de lait pour les uns, production de bois pour les autres, conservation de la nature par la préservation des milieux ouverts pour les derniers. Les ressources naturelles sont définies par des combinaisons de strates de végétation (formations végétales), leur position topographique, leur statut foncier et leur valeur patrimoniale (faune, flore et paysage). L’espace, représenté à partir d’une carte réelle de la végétation, évolue sous l’effet de la dispersion naturelle des pins et des modalités de gestion pastorale des parcours ou d’exploitation forestière des boisements.

Les stratégies agropastorales dépendent du rapport entre l’espace cultivé et l’espace pâturé, de la pression de pâturage, de la position de la bergerie et du niveau de conscience écologique de l’agriculteur. Les stratégies de gestion forestière dépendent du statut de propriété et de l’assujettissement ou non à une réglementation particulière. Face à l’impact de la combinaison de ces stratégies multiples sur la dynamique des pins, les naturalistes utilisent le SMA pour tester différents scénarios d’intervention en appui ou en complément voire en opposition aux actions menées par les agriculteurs et les forestiers. La modélisation a deux objectifs principaux : - D’une part, elle permet de comparer des scénarios de

gestion, en visualisant les résultats de telle ou telle option dans le temps (suivant des pas de temps, les évolutions sont visibles sur l’écran de l’ordinateur).

- D’autre part, on peut aussi l’utiliser pour permettre aux différentes catégories d’agents d’échanger leur perception sur le processus d’accru spontané des pins. Un jeu de rôle a été développé, qui peut être pratiqué par les acteurs eux-mêmes. Ils peuvent ainsi « visualiser » le résultat de leurs options de gestion dans le temps. Et rien n’empêche de demander à un forestier de jouer, le temps d’une partie, le rôle de l’agriculteur ou du naturaliste, ce qui lui donne de nouvelles perspectives !

Sur le Causse Méjan, cette démarche peut être considérée comme un succès : elle a abouti en effet au développement de stratégies communes de gestion de cet espace naturel dans le cadre de l’élaboration d’un Plan Local d’Aménagement Concerté (PLAC). Pour en savoir plus, connaître d’autres applications, etc… consulter le site internet http://cormas.cirad.fr Références : Bousquet, F., Le Page, C., Bakam, I. et Takforyan, A., 2001. A spatially explicit individual-based model of blue duikers population dynamics: multi-agent simulation of bushmeat hunting in an eastern cameroonian village. Ecological Modelling, 138(1-3): 331-346. Etienne M., et Le Page C., 2002. Modelling contrasted management behaviours of stakeholders facing a pine encroachment process : an agent-based simulation approach. Proceedings International Environmental Modelling and Software Society Conference, Lugano, Switzerland, June 2002, : 208-213. Lewin R. 1994. La complexité. Une théorie de la vie au bord du chaos.InterEditions, Paris

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MISSION ESTONIENNE DANS LES VOSGES DU NORD

par Pierre ZIMMERMANN

Pierre ZIMMERMANN est chargé de mission au Parc Naturel Régional – réserve de biosphère des Vosges du Nord. Il gère le site internet de la réserve de biosphère transfrontalière Vosges du Nord – Pfazerwald.

Les 22 et 23 septembre dernier, la réserve de biosphère des

Vosges du Nord accueillait un "groupe MAB" en provenance de la réserve de biosphère « West Estonian Archipelago » (Estonie). Le Parc des Vosges du Nord constituait la dernière des trois étapes d'un séjour consacré à la visite des réserves de biosphère de Sumava (République Tchèque) et de la Rhön (Allemagne). Créée en 1990 cette réserve de biosphère, la seule en Estonie, fait aujourd’hui face à un grand défi. En effet, les restructurations administratives condamnent son financement et, de fait, son existence. Les responsables de la réserve, des élus, des scientifiques ainsi que quelques investisseurs se sont constitués en association pour réfléchir à l’avenir de la réserve et trouver des moyens d’en assurer le maintien. Sauvons nos réserves de biosphère ! Leur principal objectif en rencontrant d'autres réserves, était de découvrir et de s’informer précisément sur leur organisation, leurs financements, leurs missions et leurs projets, afin de s'en inspirer pour refonder l’avenir de la réserve de biosphère de l’archipel de l’ouest estonien.

Après quelques présentations matinales ayant trait à l'ensemble de ces points, nous avons consacré le reste du temps à des visites concrètes sur le terrain. Parmi les étapes, nous avons ainsi pu leur faire visiter : - une forêt gérée depuis 30 ans selon les préceptes de

sylviculture proche de la nature de Pro Silva - la tourbière-étang de Hanau de la Réserve Naturelle

des rochers et tourbières du pays de Bitche et ses enjeux « tourisme-conservation »

- un parc à bovins highland cattle, permettant d’aborder la problématique d'enfrichement des fonds de vallée

- le château médiéval de la « La Lutzelhardt » érigé sur un piton gréseux

- la réserve forestière intégrale (400 ha) à cheval entre la France et l’Allemagne

- enfin, un parcours plus culturel à travers les villages typiques du piémont

Apparemment satisfaits de leur périple dans des Vosges qui tenaient plus pour eux du sud que du nord, nos amis Estoniens ont apprécié l’intime liaison qui unit dans nos projets dynamiques naturels et dimension humaine. Souhaitons que ces échanges puissent les aider à affronter l’avenir.

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ECHANGE ENTRE LES GESTIONNAIRES DU GALEIZON

(RESERVE DE BIOSPHERE DES CEVENNES) ET CEUX DU FANGO

par Didier LECUYER

Didier LECUYER est chargé de mission au Parc National des Cévennes. Il est le correspondant du MAB pour cette réserve de biosphère. C’est en septembre 1995 à Galéria (Corse), lors de la

réunion annuelle des gestionnaires des réserves de biosphère françaises, qu’a germé l’idée d’un échange entre les réserves de biosphère des Cévennes et de Corse, sur le thème de la mise en œuvre des programmes de développement durable dans les vallées du Galeizon et du Fango. Les problématiques similaires de conservation et de développement à résoudre à l’échelle de deux territoires comparables (Bassin versant de 8 300 Ha avec 5 communes et 2 500 habitants pour le Galeizon, bassin versant de 23 400 ha avec 3 communes et moins de 500 habitants pour le Fango), le projet d’élaboration d’un guide d’aide à la gestion pour la vallée du Fango et l’existence d’un projet de

conservation et de développement depuis 1992 dans le Galeizon, ont incité les gestionnaires des deux réserves de biosphère à organiser un échange entre élus et techniciens des deux vallées, dans le but d’un transfert d’expériences et de savoir-faire, sous la forme d’un double voyage d’étude. En septembre 1998, les gestionnaires de la réserve de biosphère des Cévennes et le Syndicat intercommunal pour l’aménagement et la conservation de la vallée du Galeizon (SIACVG) ont accueilli une délégation du Fango composée d’élus des 3 communes de Galéria, Manso et Calenzana, de représentants du Parc naturel régional de Corse, de l’Association pour l’étude écologique du maquis et des autres milieux naturels (APPEM), de l’ONF et d’un agent pastoraliste et d’un

forestier de l’Office de développement agricole et rural de la Corse (ODARC). A partir de visites dans la vallée du Galeizon et avec des rencontres avec des élus, des techniciens et des habitants, il a été possible aux Corses d’appréhender la démarche « Conservation et développement » suivie dans le Galeizon. Le second voyage a demandé un peu plus de temps à se concrétiser car il fallait obtenir des financements du Ministère de l’Environnement et attendre les résultats de la concertation menée dans le Fango en vue de l’établissement d’un projet de développement durable (guide d’aide à la gestion). Ce voyage s’est déroulé, du 23 au 28 septembre dernier. Une délégation de 14 personnes, composée d’élus locaux

des différentes communes du Galeizon, des techniciens du SIACVG (agent de développement, animateur de l’Ecomusée, technicien de rivière-garde champêtre), d’une représentante de l’association Les amis de la vallée du Galeizon et du coordonnateur de la réserve de biosphère des Cévennes, a été superbement accueillie par le PNRC et les autres gestionnaires de la RB du Fango, élus locaux, APPEM et ONF. Ces différentes personnes ont eu à cœur de faire découvrir cette vallée en profondeur grâce à de nombreuses rencontres avec des habitants et autres acteurs locaux. Parmi les temps forts de ces quelques jours passés dans le Fango ont peut citer la découverte en bateau de la réserve naturelle de Scandola, la nuit au gîte d’étape de Girolata, la randonnée sur le sentier Mare i Monti entre Girolata et

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Galéria, les rencontres sur le terrain avec les élus, des agriculteurs, des forestiers, etc, les séances de travail sur la mise en œuvre du programme MAB dans le Fango, la montée au refuge de Puscaghia par le sentier patrimonial de la transhumance nouvellement refait, les repas si conviviaux avec les acteurs locaux et ces fabuleux chants Corses au refuge de Puscaghia, à Tuarelli et à Calenzana. (Pour la petite histoire il faut signaler que la délégation du Galeizon a pris la décision de créer une chorale dans la vallée afin de ne plus faire aussi piètre figure à côté des fabuleux chanteurs Corses, qui savent si bien exprimer leur attachement à leur terre… Avis aux amateurs !). Une table ronde à Pirio sur le thème de la participation locale a permis de voir comment les associations locales, les communes, les acteurs de terrain, les scientifiques, les organismes gestionnaires de la réserve de biosphère et les techniciens peuvent, chacun à leur niveau, apporter leur pierre d’une façon coordonnée pour le développement durable de chaque territoire. La mise en synergie des initiatives, si elle apparaît à tous comme une nécessité, demande volonté et générosité. Et ce n’est pas toujours facile… Des échanges très fructueux sur nos démarches respectives ont permis de déterminer les points sur

lesquels nous pourrons dans l’avenir nous épauler mutuellement dans la poursuite de la démarche l’Homme et la biosphère. Pour résumer, l’on peut dire que les cévenols sont demandeurs d’expertise en matière de suivi scientifique et de vulgarisation des données, l’expérience du laboratoire d’écologie de Pirio leur paraissant particulièrement riche. Par ailleurs les programmes d’éducation à l’environnement tels qu’ils ont menés à la Casa Marina devraient leur fournir de l’inspiration pour la création dans le Galeizon, au château de la Fare ou ailleurs, d’un centre d’interprétation de la vallée. Les Corses de leur côté se sont montrés intéressés par le mode de fonctionnement du syndicat intercommunal créé dans le Galeizon pour gérer la démarche MAB. Ils sont également très demandeurs d’information sur les postes d’agent de développement et de technicien de rivière et les missions qu’ils assument au quotidien pour le compte des élus. La délégation cévenole tient à remercier chaleureusement les gestionnaires de la réserve de biosphère du Fango et tout particulièrement Patrick Le paulmier, chargé de mission au PNRC, pour l’intérêt du programme proposé et la qualité remarquable de l’organisation.

GESTION DES CONFLITS DANS LES RESERVES DE BIOSPHERE :

UN ATELIER INTERNATIONAL DANS LES VOSGES DU NORD

par Mériem BOUAHRANE et Catherine CIBIEN

Mériem BOUAHRANE est Spécialiste du programme à la Division des Sciences Ecologiques de l’UNESCO Le territoire des réserves de biosphère est le siège

d’activités fort variées, menées par des personnes ou des groupes dont les intérêts peuvent diverger. Les conflits sont donc un des thèmes important d’intérêt des coordinateurs des réserves. Un premier atelier d’EuroMAB (pays d’Europe et Amérique du Nord) sur la gestion des conflits s’est tenu à la Petite Pierre, dans la réserve de biosphère des Vosges du Nord-Pfälzerwald, du 2 au 6 septembre dernier grâce au soutien du MAB UNESCO, du MAB France et du Ministère des affaires étrangères. 16 participants en provenance de 12 pays ont suivi les cours : Allemagne, Autriche, Etats Unis d’Amérique, France, Pologne, République d’Arménie, République de Moldavie, République tchèque, Roumanie, Royaume Uni, Fédération de Russie et République fédérale de Yougoslavie. En majorité, ils étaient des co-ordinateurs ou gestionnaires de réserves de biosphère. C’est Scott Jones, professeur de l’Université de Wolverhampton (UK), qui animait la formation, notamment sur les aspects suivants : analyse des conflits, cultures de gestion des conflits, des partenaires et de la participation, pensée créative et négociation. Chaque cours théorique était illustré par des exercices pratiques, dans le cadre de plusieurs groupes ou en

classe entière. Ce fonctionnement très dynamique a permis aux participants de se connaître rapidement et d’échanger leurs expériences sur les réserves de biosphère. L’atelier a bénéficié d’une répartition équilibrée entre hommes et femmes, entre jeunes et personnes d’expérience. Le vendredi, les participants ont pu visiter la réserve de biosphère des Vosges du Nord, guidés par Jean Claude Genot, chargé de la protection de la nature de la Réserve de Biosphère Vosges du Nord-Pfälzerwald. Le dernier jour de formation, les participants ont procédé à une évaluation de l’atelier et ont également préparé un plan d’action pour chacune de leurs réserves : Quelles étaient les prochaines étapes à suivre pour gérer les conflits au sein de la réserve ? Qu’allaient-ils faire de leur expérience dans cet atelier ? Les participants de ce premier atelier restent en contact par courrier électronique et il est envisagé de publier des études de cas sur chacune des réserves qui ont participé à cet atelier, pour étudier l’effet de cette formation sur l’amélioration de la gestion des conflits au sein des réserves de biosphère concernées. Le Secrétariat du MAB-UNESCO envisage de reproduire cet atelier de formation l’an prochain à nouveau avec le MAB France pour la région EUROMAB, dans une réserve française qui reste à déterminer, ainsi que dans d’autres régions du monde.

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ARRIVEE D’UNE SECONDE GENERATION DE RESERVES

DE BIOSPHERE AU ROYAUME UNI

par Didier LECUYER Le comité Mab du Royaume Uni a organisé les 14 et 15 novembre dernier à Braunton, dans le Devon, un atelier destiné aux porteurs de projets des différentes réserves de biosphère du pays (coordinateurs, élus locaux, représentants d’agences gouvernementales et d’ONG). Il s’agissait du premier atelier organisé par le comité pour favoriser l’émergence d’une nouvelle génération de réserves de biosphère, qui ne se soucie pas seulement de conservation mais également de développement durable. Cet atelier se tenait après la remise à l’UNESCO par le gouvernement britannique du rapport de Martin Price, sur l’état des réserves de biosphère du pays. Ce rapport faisait le constat que beaucoup de réserves de biosphère du royaume assumaient des fonctions de conservation mais n’agissaient que très peu, avec les communautés locales, en faveur du développement durable, conformément aux orientations définies au niveau international lors de la Conférence de Séville en 1995. Il préconisait le retrait du label « réserve de biosphère » pour 4 sites d’Ecosse non habités, et le redéploiement des autres réserves, en ajoutant à la zone de stricte protection existante des zones tampon et de transition, afin qu’elles deviennent des sites d’excellence pour la conservation et le développement durable. Le choix de la localisation de cet atelier, au cœur de la réserve de biosphère de Braunton Burrows, est très pertinent. Il s’agit en effet d’une ancienne réserve de biosphère, créée en 1976, qui a fonctionné pendant de nombreuses années comme réserve naturelle. Le gestionnaire actuel, le Northern Devon Coast and Countryside Service, travaille depuis peu avec les communautés locales et de nombreux partenaires dans le sens des orientations de Séville. La réserve de biosphère comprend maintenant une zone tampon et une zone de transition, dans lesquelles sont mises en œuvre, avec les habitants, des actions de conservation et de développement durable. Il s’agit véritablement de la première réserve de seconde génération. Hilary Neal, présidente du comité Mab UK, a ouvert le séminaire et introduit la première cession consacrée à l’historique des réserves de biosphère. Jane Robertson, spécialiste du programme Mab à l’UNESCO a rappelé les objectifs de ce dernier et a présenté le réseau mondial des réserves de biosphère. Puis Martin Price a résumé les principales recommandations de son rapport. La deuxième session a été consacrée à l’exploration du potentiel des réserves de biosphère. Les gestionnaires de plusieurs sites de Grande Bretagne ont exposé comment

ils mettaient en œuvre le programme Mab. Les expériences de Braunton Burrows (Devon) et de Dyfi au Pays de Galles ont été présentées. Deux réserves de biosphère de pays appartenant à la région Euromab, celle de Rhön en Allemagne et celle des Cévennes, ont également été invitées à présenter leur expérience. Doris Pokorny, prenant l’exemple de l’activité agricole, a montré comment dans sa réserve, l’ensemble des porteurs de projet s’impliquent dans la démarche Mab. L’expérience de la labellisation des moutons et des pommes de Rhön démontre qu’il est possible d’allier protection des paysages traditionnels, maintien de la biodiversité et production de produits

authentiques et de qualité. Didier Lécuyer a présenté les démarches de chartes de territoire conduites par les collectivités locales dans 3 sites pilotes de la réserve de biosphère des Cévennes, le Valdonnez, la Vallée du Galeizon et la Haute Vallée de la Cèze. Il s’agit de tentatives de traduction au niveau local du concept de développement durable, dans l’esprit des Agendas 21. Enfin, Peter Frost, du Forum urbain du Mab, a évoqué les perspectives de création de réserves de biosphère urbaines au Royaume uni. Dans toutes ces présentations, l’accent a été mis sur l’implication des habitants, des collectivités locales et de l’ensemble des groupes d’intérêt dans

les démarches de conservation et de développement durable. L’après-midi de la première journée a été consacrée à une visite de terrain dans la réserve de biosphère de Braunton Burrows. Les participants ont visité la plage et les dunes constituant l’aire centrale de la réserve. Il s’agit d’un des plus beaux complexes dunaires de Grande Bretagne, connu internationalement pour sa faune et sa flore. C’est certainement sa flore, étudiée depuis le XVII eme siècle, et qui comprend plus de 400 espèces différentes qui a fait la notoriété de ce site. Eryngium Maritimum, Epipactis Palustris et Viola Tricolor, sont quelques-unes unes d’entre elles. Cette zone a été utilisée pendant la dernière guerre par l’armée américaine comme terrain d’entraînement en prévision du débarquement en Normandie et une restauration du site a été nécessaire. De nos jours encore, une partie de ce lieu est propriété du ministère de la Défense. La zone tampon est constituée d’une part de l’estuaire des rivières Taw et Torridge, importante marais de Braunton et du Great Field, deux sites agricoles d’intérêt patrimonial. Ces marais ont été aménagés au début du XIXeme siècle, en gagnant sur l’estuaire. De profonds fossés ont alors été construits. Le sel a progressivement disparu et a laissé la place à des prairies fertiles, utilisés essentiellement pour

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l’élevage de bovins. La gestion du niveau d’eau de ces marais est une des questions qui fait encore l’objet de controverses parmi les gestionnaires et utilisateurs du site. Great Field est le nom donné localement à l’un des rares systèmes agraires du Moyen-Age encore maintenu en l’état de nos jours. Cette étendue de 180 hectares a été divisée en 16 sections connues comme furlongs (un huitième de mile, soit 201,17 m), qui étaient elles-mêmes divisées en étroites bandes de terre, que se partageaient les villageois. Du fait du maintien de l’activité agricole sur la structure foncière traditionnelle, toutes les caractéristiques de cet openfield médiéval sont encore visibles, les bandes de terres comme les pierres de bornage. Intéressant vu du sol, ce paysage agraire devient, paraît-il, tout à fait spectaculaire vu d’avion.

La journée du 15 novembre a été consacrée à des ateliers thématiques qui ont permis de lancer des idées pour la mise en œuvre du programme Mab dans les différentes réserves de biosphère, en s’appuyant autant que faire se peut sur les initiatives existantes. Les sujets étaient : Les bénéfices d’un statut de réserve de biosphère ; l’implication des acteurs locaux ; la prise en compte des initiatives existantes sous la bannière des réserves de biosphère ; le zonage des réserves de biosphère. Cet atelier rassemblant des acteurs clés des différentes réserves de biosphère du Royaume Uni, a été une occasion d’explorer comment gérer ces sites dans leurs limites actuelles mais également au-delà, pour qu’ils deviennent, avec l’active participation des communautés locales, des lieux d’excellence pour la conservation et le développement durable.

LES MARES TOURBEUSES A SPHAIGNES

DE LA RESERVE DE BIOSPHERE DE FONTAINEBLEAU

par Marie NIEVES LIRON Marie Nieves Liron est professeur relais dans la réserve de biosphère du Pays de Fontainebleau. Elle conduit également des recherches sur le fonctionnement des mares de la forêt de Fontainebleau dans le cadre de l’Observatoire des zones humides

L’hydrologie du massif de Fontainebleau se caractérise par la rareté des eaux stagnantes et par l’absence d’écoulements superficiels. Les micro-zones humides existantes se localisent principalement sur les platières gréseuses et constituent un réseau à géométrie variable dont l’alimentation est exclusivement pluviale. Les mares des platières, au caractère temporaire et aux fortes contraintes écologiques, abritent nombre d’espèces rares inféodées à ces biotopes oligotrophes et généralement acides. Ces milieux ont été présentés dans la lettre du MAB n°58. Leur étude fait l’objet d’un programme de recherche dans le cadre de la Réserve de Biosphère de Fontainebleau. En 2001, l’étude a porté sur le site des Couleuvreux, platière d’une superficie de 39 ha, remarquable par sa valeur patrimoniale et sa biodiversité (présence de 7 habitats communautaires où 25 espèces végétales protégées ont été recensées). Deux axes ont été développés : l’étude de l’hydrologie de la platière et celle des zones humides tourbeuses à sphaignes qui sont une composante majeure de la biodiversité floristique et faunistique du site, et sur lesquelles on ne disposait d’aucune étude écologique globale. [1] et [2]

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LA LANDE HUMIDE TOURBEUSE DES COULEUVREUX Les mares à sphaignes et les zones tourbeuses des Couleuvreux s’insèrent en mosaïque au sein de landes à Ericacées d’influence atlantique. Alternent, en fonction de la topographie et du substrat, des landes sèches à Erica cinerea et des landes humides à Erica tetralix. Une autre particularité de ce site est d’être fortement enrésiné

DES MARES « FROIDES » A SPHAIGNES Ce sont les dépressions imperméables à la surface du grès qui donnent naissance, favorisées par le substrat acide, aux mares à sphaignes. Les sphaignes sont des plantes originales, édificatrices des tourbières, qui appartiennent au « monde des mousses ». Leur survie nécessite le maintien strict des facteurs écologiques de leur biotope : importants besoins en eau, oligotrophie et acidité. Le facteur hydrique est primordial : c’est un bilan hydrique positif qui va conditionner la persistance des sphaignes ainsi que l’édification de la tourbe.

Face à ces contraintes, ces végétaux sont tout à fait extraordinaires

• Par leur structure, avec les adaptations développées pour

garder l’eau.

• Par leur métabolisme qui modifie leur environnement chimique, en l’acidifiant et en l’appauvrissant, afin de le rendre plus favorable à leur maintien.

• Par l’édification au cours de leur développement de leur propre substrat tourbeux

Aux Couleuvreux, la flore des mares « froides » est dominée par une végétation de groupements plus ou moins diversifiés de sphaignes en fonction des conditions écologiques stationnelles Ces mares constituent aussi le biotope pour une faune très spécialisée à affinités boréales, tel le coléoptère Argutor taxonis, qui y a été signalé.

PARTICULARITES ECOLOGIQUES DE FONTAINEBLEAU Ce qui est remarquable ici, c’est que se soit implanté et puisse se maintenir en forêt de Fontainebleau un écocomplexe tourbeux de plaine richement diversifié sur une platière où l’eau est temporaire, rare. Le suivi hydrologique des mares les plus riches en groupements sphagnaux a mis en évidence la très faible variation annuelle (~20 cm) du niveau de l’eau dans ces mares. Plusieurs éléments aident à l’expliquer :

• les adaptations développées par les sphaignes pour stocker l’eau lorsqu’elle est disponible et le micro-climat propre aux zones tourbeuses

• le rôle éponge du substrat tourbeux supporté ici

localement par une couche tampon de sables siliceux • l’ombrage apporté par les nombreux pins sylvestres de

la platière qui atténuent les variations hydriques au cours de l’année tout en acidifiant superficiellement le substrat.

Autre caractéristique des Couleuvreux, l’abondance d’espèces ombrotrophes, en tapis ou bombements, dans la composition des groupements de la lande tourbeuse.

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RESULTATS DE L’ETUDE Le travail réalisé sur cette platière a permis :

• de cartographier à l’échelle 1/2000è les zones tourbeuses,

• d’établir l’inventaire des sphaignes et de cartographier, espèce par espèce, leur répartition,

• de réaliser pour chaque zone un descriptif écologique où figurent les groupements végétaux sphagnaux, les caractéristiques et l’état de conservation de la station, la dynamique de la végétation ainsi que de donner des éléments d’évaluation écologique. Au total, ce sont 107 stations tourbeuses qui ont été individualisées et cartographiées abritant 12 espèces de sphaignes.

Parmi elles, deux espèces indicatrices ZNIEFF, Sphagnum subsecundum, et Sphagnum magellanicum, sont très rares en Ile de France où elles n’avaient pas été signalées depuis 50 ans. Pour cette dernière, Sphagnum magellanicum, d’aire boréo-arctique et relictuelle en plaine, Fontainebleau demeure une station refuge. Ainsi la platière des Couleuvreux présente, malgré une superficie modeste, une richesse spécifique exceptionnelle en sphaignes. En effet 12 espèces cela représente pas moins de 35% des espèces françaises et 30% des espèces européennes !

« FONTAINEBLEAU, FORET DE PARADOXES » Cette contribution du MAB à la connaissance des zones

humides du massif de Fontainebleau met en lumière un nouveau « paradoxe » de cette forêt, longtemps considérée comme « sèche » : la biodiversité de ses zones tourbeuses. Se dégage de cette étude la nécessaire prise en compte dans la gestion du massif de Fontainebleau des zones humides à sphaignes et des habitats tourbeux présents. Les milieux naturels tourbeux, largement détruits au cours des dernières décennies, sont devenus rares en plaine. La création récente d’un « Pôle relais Tourbières » à Besançon est un des signes de la reconnaissance actuelle de leur valeur patrimoniale et de leurs fonctions écologiques. Cette étude, à l’instar du MAB, et la première réalisée sur les zones tourbeuses du massif de Fontainebleau, s’inscrit dans cette même dynamique de connaissance de ces milieux fragiles, mémoire de l’histoire biologique du massif et de ses usages par l’homme au cours des

ans, avec pour objectif mieux appréhender leur conservation. Conservation qui suppose qu’on apporte des éléments de réponse à certaines questions : • Quels sont les mécanismes, les facteurs qui ont permis

aux sphaignes de s’implanter et de se diversifier ainsi à Fontainebleau ? Quelle est la dynamique actuelle de ces milieux ?

• Quel suivi scientifique mettre en place en vue de leur gestion ? si nécessité de gestion il y a …

• Quel sont les impacts sur ces milieux des activités humaines actuelles ou passées ( abandon du pâturage, contrôle des incendies, exploitation de la molinie, plantations au XIXè siècle des pins et leur extension incontrôlée… )?

Ce dernier point étant une des problématiques propres du programme MAB

Références citées [1] Thiry M., Liron M.N., Liorzou S. (2001) - Réseaux des mares du Massif de Fontainebleau. III - Hydrologie des zones humides de la platière des Couleuvreux. Rapport Armines/Ecole des Mines, LHM/RD/01/59 [2] Liron M.N., Royaud A. (2001) - Réseaux des mares du Massif de Fontainebleau. II - Etude des zones humides tourbeuses de la platière des Couleuvreux. Rapport Armines/Ecole des Mines, LHM/RD/01/58. [3] Fontainebleau, forêt de paradoxes. Film CNRS Audiovisuel, MNHN, ONF ; 1998

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Le REVEIL DU DODO, Journées Francophones de Conservation de la Biodiversité auront lieu à Villeurbanne du 22 au 25 avril 2003. La biologie de la conservation est un thème émergent des sciences de la biodiversité. Ce thème confronte les approches de l'écologie des populations et des communautés, des sciences économiques, de l'éthique, du droit et de la gestion de l'environnement autour des problèmes de préservation de la biodiversité. Une conception biologique de la conservation implique que les politiques de gestion du milieu naturel soient attentives au maintien du potentiel évolutif du vivant en créant les conditions de viabilité des populations et d'entretien de leur diversité génétique. Elles doivent aussi veiller au maintien de la richesse spécifique et de la diversité biologique et fonctionnelle des communautés. De telles politiques de gestion relèvent du concept de développement durable qui associe sciences économiques et juridiques pour définir des modes de développement respectueux de la qualité de l'environnement. La biodiversité représente à cet égard à la fois un indicateur et un enjeu pour la persistance de ressources potentielles et le maintien de la fonctionnalité des écosystèmes. Si ce champ interdisciplinaire est déjà bien développé outre-atlantique, son émergence est plus récente en Europe, et plus particulièrement dans les régions francophones. Néanmoins de nombreuses opérations de

conservation biologique réalisées dans ces régions sont accompagnées de programmes de recherche comme en atteste la multiplication des thèses de doctorats soutenues dans ce domaine. Le développement de ce champ interdisciplinaire a motivé l'idée d'organiser une réunion qui donnerait aux chercheurs impliqués dans ces thèmes émergents la possibilité de présenter leurs travaux. Les gestionnaires d'espaces naturels ou les administrations en charge de la préservation de la biodiversité pourraient trouver dans cette réunion une opportunité d'exprimer et de confronter leurs attentes aux

derniers progrès méthodologiques et conceptuels. Ce colloque permettra de faire le point sur la dynamique de la discipline dans les contrées francophones. Nous souhaitons pour cela donner prioritairement la parole aux jeunes chercheurs, thésards et post-doctorants, dont les travaux traduisent le dynamisme de la discipline. Nous attendons aussi des chercheurs confirmés qu'ils fassent profiter les plus jeunes de leur maturité et de leur expérience. Le colloque sera aussi un forum qui permettra de faire le lien entre la communauté francophone et la future section européenne de la Society for Conservation Biology. Les informations sur ces journées

seront actualisées sur le site web : http://jfcb.univ-lyon1.fr. Vous y trouverez aussi les informations sur l'hébergement et sur les moyens d'accès, et une fiche d'inscription ainsi qu'une grille de saisie des résumés. Ces documents sont à retourner à Pierre Joly accompagnée du règlement avant le 1er février 2003. Courriel : [email protected]

En Bref …

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4ème COLLOQUE NATIONAL DU BUREAU DES RESSOURCES GÉNÉTIQUES

(BRG), du 14 au 16 octobre 2002 à La Châtre (36) www.brg.prd.fr.

Sept thèmes ont été débattus lors de ce colloque :

1. Stratégie de conservation de la diversité génétique animale, domestiquée et sauvage

2. Conservation à long terme des ressources génétiques

3. Stratégies de gestion de la diversité génétique végétale

4. Caractérisation, isolement et conservation à long terme

des souches de micro-organismes. 5. Diversité génétique in situ des espèces sauvages,

animales et végétales, relatives à l’homme 6. Interactions biologiques et choix de conservation des

organismes symbiotes 7. Statut juridique des ressources génétiques et des

collections nationales.

DES CLÉS POUR LA GESTION DES RESSOURCES GÉNÉTIQUES.

Cette brochure est publiée par le Bureau des Ressources Génétiques (BRG), groupement d’intérêt scientifique créé pour coordonner et organiser la gestion des ressources génétiques animales, végétales et des micro-organismes en France. La gestion des ressources génétiques revêt des aspects variés : l’inventaire, la caractérisation, l’évaluation, le maintien, la conservation, la valorisation. Elle relève de partenaires très divers du fait de leurs objectifs, de leur culture de leur formation, et de leur éthique. Le BRG soutient depuis 1993 des programmes de recherche visant in fine à améliorer le rationaliser les pratiques de gestion. Cette brochure tente de répondre à cinq questions récurrentes d’interlocuteurs gestionnaires, à l’appui des résultats de

de recherche du 3ème colloque national de Toulouse (oct. 2000), après une présentation des ressources génétiques (par J.C. Mounolou et F. Fridlansky) : Dans quelle mesure les populations réagissent –elles à l’environnement ? Peut-on mélanger les populations ? Peut-on mesurer l’originalité d’une ressource génétique ? A financement donné, quelles ressources génétiques conserver ? Pourquoi et comment utiliser la technique de congélation pour les animaux ? Cette brochure de 47 pages est disponible gratuitement sur simple demande au BRG, 16 rue Claude Bernard, 75231 PARIS CEDEX 05. www.brg.prd.fr

ECOLOGIE DES FORETS NATURELLES D'EUROPE

Aux Editions TEC & DOC ([email protected]). L'auteur est Annik Schnitzler-Lenoble, professeur à l'université de Metz et membre du conseil scientifique de la Réserve de Biosphère des Vosges du Nord. Rédigé pour démontrer l'intérêt des forêts naturelles d'Europe, ce livre est une bonne synthèse sur les thèmes suivants : biodiversité et sylvigénèse, groupements

floristiques d'Europe, composants de l'écosystème forestier, rôle des perturbations et stress dans le fonctionnement forestier, analyse hiérarchique de l'écosystème forestier, histoire de la biodiversité des forêts d'Europe depuis la fin du Tertiaire, histoire de la biodiversité des forêts d'Europe depuis la fin du Tertiaire, protection et renaturation des forêts anciennes d'Europe.

LA RENAISSANCE D’UNE VALLÉE Démantèlement du barrage de Kernanquillec et réhabilitation du site.

Une plaquette de 22 pages publiée par le Ministère de l’écologie et du développement durable présente cette opération de réhabilitation d’une vallée bretonne, en partie sous l’eau depuis 1923. Les étapes de ce projet concerté y sont décrites. MEDD Direction de l’eau, 20 avenue de Ségur, 75302 Paris 07 SP.

L’OMBRE DES POMMIERS de Christian VOLTZ

Il s’agit d’un très joli livre parlant de la richesse naturelle et culturelle des vergers traditionnels d’Alsace aux enfants. Il est co-édité par le Parc Naturel Régional des Vosges du Nord et les éditions AM. Prix : 11 €.

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NOUVELLE PARUTION

ESPACES NATURELS", LA REVUE

DES PROFESSIONNELS DES

ESPACES NATURELS. Le numéro Un de cette revue trimestrielle paraîtra en janvier 2003. Les espaces naturels, territoires hors urbanisation et culture intensive, occupent plus de 60 % du sol français, dont 15% relèvent du réseau national des espaces protégés. Cette nouvelle revue mettra en relation les différents réseaux d’espaces naturels protégés. Elle concerne toutes les catégories (parcs, réserves, conservatoires...), tous les types d'activité et tous les acteurs de ce secteur.

"ESPACES NATURELS" assurera la circulation et l’actualisation des informations juridiques, techniques et technologiques relatives aux espaces naturels. Elle favorisera l’échange entre les réseaux : confrontation d’expériences, mise en relation, transfert de compétences... Elle s’intéressera à toutes les dimensions des espaces naturels : patrimoniale, économique, culturelle, sociale. Cette revue technique et professionnelle sera simple et accessible. Car si elle s’adresse aux professionnels des espaces naturels, elle répond aussi à une demande sociale, de plus en plus attentive aux questions d’environnement. ABONNEMENT : Médiaterra. Place du Donjon La Citadelle. 20200 BASTIA [email protected] Tél. 04 95 31 12 21 - Fax 04 95 31 15 44 / 31 16 40

Au dernier trimestre 2002, dans son numéro n°59, avec une inhabituelle frivolité, La GARANCE VOYAGEUSE se penche sur le thème " plantes et sexualité ". Sexualité des végétaux, avec la grande diversité des modes de reproduction utilisés et les étonnantes adaptations pour séduire les pollinisateurs. Sexualité des Hommes, avec les inévitables aphrodisiaques naturels, comme le yohimbe, un arbre africain utilisé depuis longtemps par les Pygmées. Les noms de plantes, français ou scientifiques, ainsi que diverses expressions argotiques, donnent aussi l’occasion d’une intéressante approche sémantique de ce thème. Enfin, en remontant dans le temps, on découvre l’importance des plantes pour inhiber ou favoriser la sexualité notamment durant l’Antiquité.

La Garance voyageuse présente aussi des rubriques d'actualités, lectures… De quoi s'initier tout en douceur au monde des plantes. La Garance voyageuse numéro 59 (hiver 2002-2003) : 6,10 € Abonnement d'un an (4 numéros) : 22,5 € pour la France (Pour la Belgique et la Suisse : 25,5 €, 37,2 CHF) Disponible uniquement par correspondance à : La Garance voyageuse F-48370 St Germain-de-Calberte, France tél. : 33 4 66 45 94 10 - Fax : 33 4 66 45 91 84, e-mail [email protected] Sur l’Internet www.garancevoyageuse.org

NATURE, SCIENCE ET SOCIÉTÉ

No3

Un édito sur la Conférence de Johannesbourg sur le développement durable et plusieurs articles intéressant les « MABophiles », notamment

consacrés à l’agriculture raisonnée, l’intérêt des enquêtes publiques…

Le FESTIVAL DU VERGER s’est déroulé du 12 au 20 octobre à Niederbronn, Vosges du Nord. La sauvegarde des vergers traditionnels à hautes tiges est une des priorités d’action du parc / réserve de biosphère. Ils constituent en effet un patrimoine tant écologique qu’économique et paysager.

Le Festival du verger est une occasion de mobiliser les acteurs et partenaires du verger, de valoriser leur travail et leurs produits, d’inciter à la plantation et à l’entretien des vergers hautes tiges et se sensibiliser un large public, montrant que ces paysages dépendent des choix de consommation. Pour en savoir plus : [email protected]

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DÉCOUVRIR, APPRENDRE EN LUBERON

Depuis 4 ans, le Parc naturel régional / réserve de biosphère du Luberon s’organise pour structurer son territoire en véritable laboratoire pédagogique à ciel ouvert. Une brochure présentant des sorties à la journée et à la demi-journée, organisées par une vingtaine de partenaires vient de paraître. Ces sorties éducatives utilisent le territoire comme un lieu de découverte, d’expériences et de validation des activités menées en classe. Se caractérisant par le contact et l’observation, elles sont proposées par des professionnels en vue de développer le respect de la nature, du patrimoine en général et d’autrui. Elles répondant à des critères de qualité définis dans le cadre d’une charte. Elles peuvent s’appuyer sur le Château de l’environnement de Buoux qui peut accueillir jusqu’à trois classes ensemble de mars à décembre. Consacrées à l’eau, la nature, la géologie, l ‘astronomie, les activités humaines, avec des moyens très variés dont le conte, la littérature, le VTT, la ballade ou le dessin, le programme de ces sorties inciterait ceux qui en ont passé l’âge à retourner à l’école. Contact : Gaëlle Le Bloa, mission pédagogique, Château de Buoux, 84480 BUOUX. Tél. 04 90 74 71 96 - Fax 04 90 74 71 95, [email protected]

JUMELAGE FRANCO-BRITANNIQUE POUR LE MASSIF DE

FONTAINEBLEAU

L’Office National des Forêts et son homologue britannique, la Forestry Commission, ont signé le 16 octobre dernier une convention de partenariat liant les deux massifs de Fontainebleau et de New Forest (Angleterre). Les premiers contacts pris en 2001 (voyage en France puis en Angleterre) avaient permis de mesurer les similitudes entre les deux massifs ainsi que dans les problématiques de gestion rencontrées. La signature de cette convention marque le début d’échanges dynamiques entre les gestionnaires des deux forêts : échange de personnels et de compétences notamment mais aussi développement de projets en partenariat. A ce titre, un projet commun de gestion durable de l’accueil du public est à l’étude Ce projet s’inscrit

dans le cadre du programme européen Interreg IIIB et devrait associer un grand nombre de partenaires des deux gestionnaires autour de deux objectifs principaux : mettre en œuvre une politique globale d’accueil du

public conciliant la préservation des habitats et les attentes du public informer et sensibiliser le public pour assurer une

compréhension et une adhésion à la gestion entreprise. Pour plus d’informations : ONF Céline Maurer Parc de la Faisanderie 77300 Fontainebleau

01 6 64 69 56 40 01 64 69 56 48 e-mail : [email protected]