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Bioterrorisme et santé animale

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THÉMATIQUE À TAPERBACTÉRIES DU RISQUE BIOLOGIQUE AGRESSIF

REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - SEPTEMBRE-OCTOBRE 2009 - N°415 // 77

Bioterrorisme et santé animale

a UMR BIPAR AFSSA/INRA/ENVA/UPVM23, av. du Général-de-Gaulle94703 Maisons-Alfort cedexUnité de microbiologie-immunologieÉcole nationale vétérinaire7, av. du Général-de-Gaulle94704 Maisons-Alfort cedex

* [email protected]

article reçu le 6 juillet, accepté le 22 juillet 2009.

© 2009 – Elsevier Masson SAS – Tous droits réservés.

RÉSUMÉ

Les animaux de rente comme les animaux de compagnie et de loisirs constituent des cibles potentielles du bioterrorisme. Ils vivent dans l’intimité de l’homme et peuvent constituer un relais pour des agents de zoonoses, mais sont aussi des cibles potentielles, en tant que ressources économi-ques et origine de la chaîne de production d’aliments. Deux catégories de germes peuvent donc être identifiées comme agents de bioterrorisme interférant avec la santé animale : les bactéries et virus responsables de zoonoses, communs aux agents de bioterrorisme ciblant l’homme et qui constituent la majorité des agents de bioterrorisme, et les agents respon-sables de maladies spécifiquement animales, beaucoup moins nombreux. Ces deux aspects sont développés dans le texte qui suit.

Bioterrorisme – santé animale – fièvre aphteuse – charbon – fièvre Q.

SUMMARY

Bioterrorism and animal health

Pets and livestock constitute potential targets of the bioterrorism. They live in the intimacy of the human and can constitute a relay for zoonoses agents. Livestock are also potential targets, as economic resources and origin of the food line production. Two categories of germs can thus be identified like agents of bioterrorism interfering with animal health: bacteria and viruses responsible for zoonoses, identical to the agents of bioter-rorism targeting the man and which constitute the majority of the agents of bioterrorism, and the agents responsible for specifically animal diseases, much fewer. These two aspects are developed in the following text.

Bioterrorism – animal health – foot-and-mouth disease – anthrax – Q fever.

Henri-Jean Boulouisa,*, Nadia Haddada

1. Introduction

Depuis 2001, le regard porté sur les maladies infectieu-ses humaines et animales s’est infléchi sous l’influence du risque de bioterrorisme. Les agents infectieux en tant qu’arme biologique sont pourtant présents dans l’arsenal de la plupart des peuples et de nombreuses descriptions de leur utilisation se retrouvent dans les chroniques histo-riques. L’animal y tient une place non négligeable soit en tant que cible soit en tant que véhicule de l’agent infec-tieux. Ainsi, plusieurs belligérants de la première guerre mondiale ont été suspectés d’avoir utilisé le bacille de la morve (Burkholderia mallei) pour atteindre les chevaux et les mules indispensables au transport à cette époque, et accessoirement les soldats affectés à leur utilisation ou leur entretien [1].Les animaux de rente aussi bien que les animaux de compagnie et de loisirs constituent des cibles potentielles du bioterrorisme. Les premiers, en tant que ressources éco-nomiques et origine de la chaîne de production d’aliments,

représentent des cibles en eux-mêmes. Par leur biais, le bioterrorisme peut attenter à la sécurité alimentaire. La structure concentrée et centralisée de l’élevage et de la chaîne de fabrication des aliments permet d’envisager une atteinte massive du bétail pour qui veut abattre l’économie d’un pays et le déstabiliser.Par ailleurs, ces animaux ainsi que les animaux de compagnie et de loisirs, vivant dans l’intimité de l’homme peuvent constituer un relais pour des agents de zoonoses. Ils constituent aussi, et sans doute de façon non négligea-ble, un outil de guerre psychologique et de manipulation médiatique.Deux catégories de germes peuvent donc être identifiés comme agents de bioterrorisme interférant avec la santé animale : les bactéries et virus responsables de zoonoses, communs aux agents de bioterrorisme ciblant l’homme et qui constituent la majorité des agents de bioterro-risme (exemple : Yersinia pestis chez le chat, Burkhol-deria mallei chez le cheval) et les agents responsables de maladies spécifiquement animales, beaucoup moins nombreux. La place respective des agents humains et ani-maux dans la recherche est à peu près équivalente. Selon l’étude bibliométrique utilisant Medline de Dang et al. [2], 178 599 publications sur les agents humains et 135 774 publi-cations sur les agents animaux peuvent être répertoriées sur 40 ans.Le texte qui suit comporte deux parties : la première pré-sentera les généralités sur les agents de bioterrorisme zoonotiques ou non et leurs particularités vues sous l’angle de la santé animale.

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La deuxième développera trois exemples illustrant ces aspects : fièvre charbonneuse, fièvre Q et fièvre aphteuse.

2. Principaux agents susceptibles

d’être employés à des fins de bio-

terrorisme visant la santé animale

L’étude de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) des agents utilisables à des fins de bioterrorisme montre que 80 % des agents pathogènes présentant un tel potentiel sont des agents de zoonoses et que 80 % des pathogènes animaux sont des agents multi-hôtes [3].Un agent pathogène utilisable pour une action de bioterrorisme visant les animaux doit présenter les caractéristiques suivan-tes : être facile à produire et résistant dans le milieu extérieur, avoir un pouvoir de nuisance important par les conséquen-ces économiques qu’il occasionne, qu’elles soient directes (taux de morbidité ou de mortalité important conduisant à une diminution du cheptel) ou indirectes (paralysie des mou-vements d’animaux, interdiction d’exportation, atteinte des sources alimentaires,…), ne pas faire l’objet de prophylaxie médicale dans l’espèce visée, avoir un mode de transmission efficace, direct ou indirect. Par ailleurs, l’accélération des échanges d’animaux conduit à constater que la plupart des transports s’effectuent avant la fin de la période d’incubation de la plupart des maladies infectieuses [4].À cette définition correspondent un certain nombre d’agents que le CDC classe en trois catégories en fonction de leur dangerosité : A, B et C. Si on prend en considé-ration les agents sous l’angle de leur pathogénicité pour les animaux, on peut les classer soit dans les agents de

zoonoses, définis comme pouvant infecter l’homme et les animaux, soit dans des catégories d’agents à cible purement animale ayant un fort impact économique.Le tableau I récapitule les principaux virus et bactéries responsables de zoonoses et identifiés comme agents potentiels de bioterrorisme. Par définition, ils ont comme cibles potentielles aussi bien l’homme que l’animal.Cependant, certaines espèces animales peuvent aussi jouer d’autres rôles dans ce contexte. D’une part, elles peuvent être considérées dans certaines maladies comme des sentinelles lorsque la maladie se déclare plus pré-cocement chez l’animal que chez l’homme : cela peut être le cas des ruminants pour le charbon, la fièvre Q, la brucellose et la fièvre de la Vallée du Rift ; du chat pour la peste ; de la poule pour les virus influenzae aviaires. D’autre part, elles peuvent permettre la persistance de l’agent dans l’environnement de l’homme, une fois que l’épidémie est éteinte. Enfin, certaines espèces animales, affectées ou non par le germe, peuvent être une source de propagation de l’infection [5, 6].Le tableau II reprend la liste des agents non zoonoti-ques dont l’introduction, intentionnelle ou non, dans un pays indemne induit une maladie à fort impact écono-mique. Cette liste s’inspire assez logiquement de la liste des maladies réputées contagieuses soumises à plan d’urgence [7]. Toutes ces infections virales font l’objet d’un diagnostic qui repose soit sur l’examen direct (la détection virale s’appuie sur la PCR ou sur des tech-niques immunologiques directes), soit sur la sérologie. Les laboratoires habilités pour ce type de recherche sont soit les laboratoires de l’AFSSA (qui sont souvent laboratoires nationaux de référence pour ces virus), soit certains laboratoires vétérinaires départementaux habi-lités. Hormis la peste porcine africaine, toutes les autres

Tableau I – Principaux agents de bioterrorisme responsables de zoonose [6].

Agents Animaux cibles

Animaux sentinelles

Outil de détection

précoce

Marqueurs

de persistance

Source de propagation

ou de maintien

Catégorie A

Charbonruminants, porcs,carnivores

bovins, ovins bovins, ovins -

Peste carnivores chatschats, chiens,autres

chats, chèvres,chameaux

Tularémie divers - rongeurs tiques, rongeurs

Catégorie B

Fièvre Q ruminants ovins chèvres chats, ruminants

Brucellose ruminants - bovins bovins, chiens, faune sauvage

Morve chevaux,… - chevaux chevaux

Encéphalites(VEE/EEE)

chevaux chevaux oiseaux sauvages oiseaux sauvages

Fièvre de la Vallée du Rift ruminants bovins, ovins ovinsmoustiques,rongeurs

Catégorie C

Nipah virusporcs,chauves-souris

- nombreuses espèces porcs

Hantavirus ? - nombreuses espèces rongeurs

West NileEncéphalite japonaise

oiseaux sauvagesmoustiques,oiseaux

oiseaux

Influenza aviaire oiseaux poules oiseaux oiseaux

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BACTÉRIES DU RISQUE BIOLOGIQUE AGRESSIF

maladies peuvent faire l’objet d’une vaccination. Cette vaccination peut être interdite totalement chez toutes les espèces sauf éventuellement en cas de foyer (fièvre aphteuse), ou autorisée seulement chez les espèces sauvages (peste porcine classique) pour ne pas interférer avec le diagnostic sérologique.La peste porcine classique (PPC) est due à un virus du genre Pestivirus (Flaviviridés). Elle atteint les porcs et les sangliers. Le virus est transmis par contact direct entre animaux ou par l’intermédiaire de déchets alimentaires mal cuits (eaux grasses). La période d’incubation varie entre 2 et 14 jours. Sa forme aiguë (fièvre et septicémie hémorragique) est épizootique. En France, les élevages de porcs ne sont pas touchés mais un foyer persiste chez les sangliers sauvages. Dans les pays considérés comme indemnes, la vaccination des porcs est norma-lement interdite [3].La peste porcine africaine, indiscernable sur le plan clinique de la PPC, est due à un Asfivirus. Elle touche les porcs, les sangliers et différentes espèces de suidés africains, ces derniers représentant le réservoir asympto-matique. Le virus est transmis soit par contact direct entre animaux malades et animaux sains soit par voie indirecte : consommation de viande infectée, objets contaminés, transmission vectorielle par les tiques molles (Argasidés). La peste porcine africaine est enzootique dans la plupart des pays de l’Afrique sub-saharienne. Il n’existe pas de vaccin commercialisé [3].Le virus de la peste équine appartient au genre Orbivirus (Réoviridés) et a pour hôtes habituels les chevaux, mulets, ânes et zèbres. C’est un virus transmis par des vecteurs : Culicoïdes spp., plus rarement des moustiques (Culex, Anopheles, Aedes spp.) ou des tiques (Hyaloma, Rhipice-phalus). La peste équine peut prendre un aspect épizooti-que (formes respiratoire et cardiaque) dans les régions où l’élevage est naïf. L’épizootie de 1959 a tué 300 000 chevaux au Moyen-Orient et dans la péninsule indienne. La peste équine est une maladie essentiellement africaine. L’Europe est actuellement indemne [3].Le virus responsable de la fièvre catarrhale ovine (FCO) appartient au même genre Orbivirus et son mode de transmission vectorisé est identique (Culicoïdes spp.). Les ovins développent des formes cliniques, d’intensité variable selon les races. Les bovins, caprins, dromadaires, ruminants sauvages sont généralement asymptomatiques. Cependant, les bovins présentent couramment des signes cliniques lorsqu’il s’agit du sérotype 8, apparu dans le nord de l’Europe en août 2006. Il a depuis envahi une bonne partie du continent européen et s’étend actuelle-ment vers l’Est. La France subit depuis 2000 (en Corse) et surtout 2007 avec l’introduction du sérotype 8 et du sérotype 1, une épizootie dont les conséquences éco-nomiques sont importantes [3].La peste bovine et la peste des petits ruminants sont dues à deux Morbillivirus (Paramyxoviridés) antigénique-ment proches. La transmission de ces virus nécessite un contact direct ou indirect étroit mais les deux mala-dies ont une forte contagiosité. La peste bovine atteint les bovins, zébus, buffles domestiques et de nombreu-ses espèces sauvages. Les petits ruminants y sont sensibles. Le virus est absent d’Europe et présent au

Moyen-Orient ainsi que dans le sud-ouest et le centre de l’Asie. La peste des petits ruminants touche les ovins et surtout les caprins (forme grave de la maladie) ainsi que d’autres ruminants et le porc [3].Enfin, la maladie de Newcastle est due à un virus du genre Rubulavirus (Paramyxoviridés).De nombreuses espèces d’oiseaux, aussi bien sauvages que domestiques, sont réceptives. Parmi ces dernières, les poulets sont les plus sensibles, les canards et les oies les moins sensibles. La transmission du virus est assurée par contact avec les sécrétions, ou par des véhicules inanimés : aliments, eau, instruments, locaux, vêtements, etc., contaminés. La maladie de Newcastle est enzootique dans de nombreux pays du monde, mais certains pays européens, dont la France, sont indemnes depuis plusieurs années [3].La fièvre aphteuse sera développée dans un chapitre spécifique, du fait de son importance comme agent potentiel.Différentes raisons justifient la crainte de voir certains de ces virus utilisés à des fins de bioterrorisme. D’une part la France et la plupart des pays européens sont indem-nes de ces virus (mis à part la FCO). L’absence de ce type de maladie depuis plusieurs décennies a rendu le diagnostic clinique plus difficile. Leur grande contagio-sité laisse donc prévoir une évolution épizootique dans les élevages naïfs. D’autre part, les taux de morbidité et de mortalité élevés, ainsi que les mesures sanitaires qui seraient mises en place en cas d’apparition sont géné-rateurs de pertes économiques importantes. Cependant, parmi ces maladies, certaines sont moins attrayantes : la transmission exclusive par des vecteurs arthropodes (FCO, peste équine) limite l’aire de propagation à celle du vecteur.Pour illustrer les différents niveaux de risque associés aux différentes catégories d’agents pathogènes pour les animaux, nous avons choisi deux maladies zoonoti-ques, l’une causée par un agent du groupe A, la fièvre charbonneuse, l’autre par un agent du groupe B, la fiè-vre Q, ainsi qu’un agent non zoonotique mais responsa-ble d’une maladie à impact économique considérable, la fièvre aphteuse.

Tableau II – Principaux agents potentiels de bioterrorisme,

non zoonotiques et à fort impact économique.

MaladieEspèces

affectées

Taux de

morbiditéTaux de mortalité

Fièvre aphteuse artiodactyles 65-70 % 5 %

Peste porcine classique

suidés 60 à 90 % 60 à 90 %

Peste porcine africaine

suidés 100 % 100 %

Peste équine équins 100 % 10 %(âne), > 95 % (cheval)

Fièvre catarrhale ovine

ruminants 100 % 15 %

Peste bovine bovins 100 % variable selon souche

Peste des petits ruminants

ovins, caprins

90 % 50-80 %

Maladie de Newcastle

oiseauxvariable selonla souche

variable selon la souche

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3. Maladie zoonotique due

à un agent du groupe A, Bacillus anthracis : la fièvre charbonneuse

B. anthracis est considéré par le département américain de la défense comme constituant le plus grand danger poten-tiel en matière de bioterrorisme [8, 9]. Ce danger s’étend à toutes les espèces de mammifères, domestiques ou

sauvages, qui peuvent être affectées.

3.1. Description de l’agentLa bactérie Bacillus anthracis est caractérisée par des spores dont la durée de survie dans le sol est estimée à plus d’une centaine d’années. Cette résistance expli-que la persistance de la maladie dans certaines régions (« champs maudits ») où elle réapparaît lorsque des spo-res enfouies remontent à la surface à la faveur de grands travaux ou de conditions météorologiques particulières. Deux toxines protéiques et une capsule supportent son pouvoir pathogène [10].

3.2. Aspects cliniques [11, 12, 13]La fièvre charbonneuse (FC) est une zoonose anisosymp-tomatique, dont les signes cliniques diffèrent chez les animaux et chez l’homme.La durée d’incubation est au minimum de 2 jours. La FC se manifeste en général sous la forme d’une maladie aiguë, septicémique, évoluant rapidement vers la mort avec des symptômes généraux, circulatoires, digestifs et urinaires. Cependant, une grande variété de signes clini-ques est observée, imputable à la différence de sensibilité des espèces animales : les moutons sont particulièrement sensibles, puis les bovins, le cheval et enfin le porc.Chez les ruminants, la forme aiguë (charbon septicémique) débute par une atteinte brusque de l’état général avec hyperthermie (41-42 °C), frissons et arrêt de la sécrétion de lait. En l’espace de 12 à 24 heures, des troubles respiratoires et circulatoires (dyspnée, accélération du rythme cardia-que, congestion puis cyanose des muqueuses et parfois ecchymoses) se développent, éventuellement accompagnés de manifestations digestives et plus tardivement urinaires. Les animaux meurent au bout de 2 à 3 jours.Des formes suraiguës, avec un tableau clinique similaire mais des symptômes plus accusés et une mort survenant en 6 à 12 h, sont plus fréquentes chez les ovins que les bovins. Des formes subaiguës et des formes frustres sont aussi décrites.Chez les chevaux, les manifestations sont analogues à celles observées chez les bovins, mais les signes digestifs sont nettement plus marqués, et l’évolution vers la mort est moins rapide (mort en 3 à 6 jours). Les suidés étant plus résistants, les formes septicémiques sont peu fréquentes, et la maladie clinique est exceptionnelle. La guérison est possible. Chez les carnivores, on observe des signes de septicémie hémorragique rapidement mortelle ; elle peut débuter par une tuméfaction œdémateuse de la gorge (œdème du pharynx et de la langue).Certaines lésions, identiques chez toutes les espèces, sont un élément clé pour le diagnostic :- le sang est noirâtre, épais, poisseux, incoagulable ;

- la rate est hypertrophiée, globuleuse, noirâtre, flasque, fragile, avec une pulpe de consistance boueuse ;- la vessie contient de l’urine sanguinolente, accompa-

gnée d’une congestion rénale intense.

3.3. Données épidémiologiquesLa FC est une maladie à réservoir hydro-tellurique [14] de répartition mondiale. En Europe, elle semble parti-culièrement implantée dans les zones méridionales [15]. En France, le nombre de foyers signalés annuellement est faible, avec 114 foyers dénombrés dans 23 départe-ments sur la période de 1980 à 2000, soit une moyenne de 5,4 foyers/an. L’année 2008 a été particulière avec une vingtaine de foyers en juillet et août, dans le département du Doubs [12, 13].Le sang, tous les tissus et les sécrétions sont virulents. Mais la source la plus dangereuse de B. anthracis est le cadavre et toutes les parties qui en dérivent (viscères, viandes, os, peaux, phanères…).La spore, de par sa résistance, assure la pérennité de

la maladie. La sporulation ne pouvant se produire qu’en présence d’air, elle n’est possible dans les cadavres qu’à proximité des orifices naturels, ou si le cadavre est ouvert (autopsie, prédateurs…).Le mode de transmission est généralement indirect. Chez les animaux, elle est le plus souvent et de loin consécutive à l’ingestion d’aliments souillés : la maladie sévit en été sur des animaux mis en pâture sur les terrains contaminés ou à partir d’aliments préparés avec des matières premières contaminées (ruminants, carnivores). Le nombre de spo-res ingérées conditionne l’issue de l’infection : 1 000 spo-res provoquent toujours la mort d’un mouton alors que 500 donnent des résultats inconstants [8]. Des modes de transmission indirecte sont possibles, mais sans intérêt sous l’angle du bioterrorisme : piqûre par des insectes hématophages, contamination d’une plaie,… .

3.4. Aspects de laboratoireEn cas de suspicion chez l’homme ou chez l’animal, la confirmation par le laboratoire est indispensable. Ce diagnostic passe par la mise en évidence directe de B. anthracis.Chez les animaux, les prélèvements de choix sont les organes prélevés sur le cadavre (rate, nœuds lymphati-ques, os longs). Chez un animal vivant et chez l’homme, une hémoculture peut être réalisée.Tous les laboratoires de bactériologie sont à même de mettre en œuvre le diagnostic direct. Il est en effet basé sur :- la bactérioscopie ;- la culture, mais qui peut donner lieu à des erreurs par défaut en cas de putréfaction prononcée du cadavre ;- des tests PCR in situ ;- voire l’inoculation à l’animal (cobaye).

3.5. Moyens de lutteLa FC est inscrite dans la liste des maladies réputées contagieuses et fait l’objet de mesures de police sanitaire en cas d’apparition d’un foyer. Le traitement des animaux malades et la vaccination des contaminés sont possibles. La surveillance est levée 15 jours après disparition du dernier cas et la désinfection.

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BACTÉRIES DU RISQUE BIOLOGIQUE AGRESSIF

B. anthracis est sensible à de nombreux antibiotiques mais l’antibiotique de choix est la pénicilline, l’efficacité étant cependant conditionnée par la précocité du traitement, ainsi que par la sensibilité liée à l’espèce : le traitement d’un bovin peut être efficace s’il est précoce, alors qu’il est souvent d’emblée trop tardif pour agir chez les ovins, qui développent des formes suraiguës.La vaccination est nécessaire dans les zones reconnues infectées (foyers telluriques) où des cas surviennent régu-lièrement. Le premier vaccin à usage vétérinaire a été développé par Pasteur (célèbre expérience de Pouilly-le-Fort) [16]. Actuellement, les vaccins, destinés aux bovins et ovins, sont des vaccins à bactéries vivantes atté-

nuées, injectés sous la forme d’une suspension de spores additionnée d’un adjuvant. La souche vaccinale la plus utilisée est la souche Sterne (souche acapsulogène mais toxinogène). L’immunité est précoce, apparaissant au bout d’environ 10 jours, elle est solide et dure 1 an. Des rappels annuels sont nécessaires [17].Le bacille du charbon représente donc pour les animaux, l’archétype de l’agent de bioterrorisme pour les mêmes raisons que celles évoquées chez l’homme : gravité clini-que de la maladie chez la plupart des animaux de rente, relative facilité de contamination (par voie alimentaire), conséquences économiques.

4. Maladie zoonotique due

à un agent du groupe B,

Coxiella burnetii : la fièvre Q

Coxiella burnetii est l’agent de la fièvre Q, un agent du groupe B, c’est-à-dire relativement facile à disséminer, induisant une morbidité modérée, une mortalité faible et nécessitant une surveillance appropriée.

4.1. Description de l’agentCoxiella burnetii appartient à l’ordre des Rickettsiales. C’est une petite bactérie (0,3-1 μ) intracellulaire stricte qui se multiplie dans les cellules du système des phagocytes mononucléés (SPM), monocytes et macrophages.Cette bactérie présente un cycle de développement carac-térisé par l’existence de deux formes :- une forme intracellulaire, métaboliquement active- une forme extracellulaire métaboliquement inactive pro-duite par pseudosporulation. Ces pseudospores constituent des formes de résistance très efficaces dans le milieu extérieur. Elles permettent à C. burnetii de survivre 6 mois dans de la laine conservée à 20 °C, 40 mois dans du lait conservé à température ambiante et 2 ans à – 20 °C.Deux antigènes principaux ont été caractérisés :- l’antigène de phase I est présent chez les formes viru-lentes ;- l’antigène de phase II est mis en évidence après culture sur cellules ou œuf embryonné.L’infectiosité des bactéries en phase I est considérable, une seule bactérie pouvant être suffisante pour induire une infection chez l’homme. Le nombre de bactéries influe sur la durée d’incubation et la gravité de la forme clinique [18].

4.2. Aspects cliniques [19]La plupart des espèces animales peuvent être infectées par l’agent de la fièvre Q, mais la maladie est principalement connue chez les ruminants. Le plus souvent, l’infection reste inapparente, mais on peut observer :- chez les petits ruminants : des avortements, des mises-bas prématurées ou la naissance d’animaux chétifs ;- chez les bovins, des métrites, des avortements, de l’in-fertilité et parfois des symptômes respiratoires.

4.3. Données épidémiologiques

4.3.1. Aspects descriptifsRépandue dans quasiment le monde entier, la fièvre Q a été identifiée dans tous les pays européens et en France. En France, 20 à 40 % des troupeaux de moutons sont infec-tés dans diverses communes du sud-est. Les Pays-Bas connaissent depuis 2007 une situation sans précédent et constituent désormais probablement le principal foyer mondial de fièvre Q animale et humaine [20].

4.3.2. Aspects analytiquesDe nombreuses espèces d’animaux sauvages (cervidés, renards, rongeurs, oiseaux) et les tiques entretiennent la maladie et contribuent à sa diffusion ; les animaux domesti-ques (ruminants mais aussi volailles) sont plus directement responsables de la transmission à l’homme. Les mammifè-res infectés excrètent C. burnetii dans l’urine, les selles, le lait, le placenta (jusqu’à 109 bactéries/gramme), surtout à l’occasion d’un avortement ou d’une mise-bas, la gestation provoquant une réactivation de l’infection [21].L’homme représente un hôte accidentel, et l’origine animale de la fièvre Q chez l’homme est quasi exclu-sive : la source de contagion est représentée par les animaux infectés (secrétions génitales, excréments, urines, laine souillée), les denrées d’origine animale (lait, viande) et les produits souillés (fumiers…) [22]. En fonction des circonstances de la contamination, la maladie se présente soit sous forme sporadique, soit sous forme anadémique (ainsi à l’École vétérinaire de Munich, 249 personnes furent atteintes à la suite de l’hospitalisation d’une brebis infectée).

4.4. DiagnosticChez les animaux, les prélèvements diffèrent en fonction du contexte :- pour le diagnostic, on prélève à la fois les produits de l’avortement et du sang sur tube sec ;- pour le dépistage, du sang est prélevé sur tube sec.Le diagnostic fait appel à la mise en évidence de C. burnetii dans les produits de l’avortement, par isolement ou PCR et/ou à des tests sérologiques (ELISA, fixation du complément) [23].

4.5. Moyens de lutteLa lutte contre l’infection animale est difficile à réaliser en raison de la multiplicité des espèces réservoirs et de la résistance de C. burnetii dans le milieu extérieur. Cette lutte est d’autant plus difficile à mettre en place qu’elle a un coût élevé et que les améliorations économiques qu’elle induirait sont difficilement perceptibles.

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5.1. Description de l’agentLe virus de la FA est un virus appartenant à la famille des Picornaviridae, famille de virus non enveloppés à ARN monocaténaire non segmenté. En tant que virus nu, il est relativement résistant dans le milieu exté-rieur. Il reste vivant plusieurs jours dans des conditions climatiques favorables (humides et nuageuses) qui facilitent sa dissémination. Sa structure simple com-porte une capside constituée de 4 molécules dont l’une (VP1) définit les sérotypes de l’Aphtovirus. Sept séro-types (A, O, C, Asia1, SAT1, 2 et 3) sont décrits avec des répartitions mondiales différentes ainsi que de nombreuses souches [24]. Les capacités de diffusion semblent différer d’une souche à l’autre en particulier pour la voie respiratoire.

5.2. Aspects cliniquesLes Aphtovirus sont spécifiques des artiodactyles chez lesquels ils induisent une maladie à tropisme cutanéo-muqueux. Chez les bovins, la maladie se développe sur un mode aigu ou suraigu et se traduit, après une période

d’incubation très courte (de 2 à 14 jours) par :- une hyperthermie- des symptômes consécutifs à l’apparition d’aphtes (vési-cules évoluant vers l’érosion) sur les muqueuses buccale et nasale (figures 1 et 2), l’espace interdigité (d’où le terme anglais de foot and mouth disease), le bourrelet podal et la mamelle. De nombreuses complications font suite à cette éruption (mammite, endocardite, avortement,…) et participent à la gravité de la maladie (figure 3).Le taux de morbidité est de 100 %. Celui de la mortalité est relativement faible et ne reflète pas la gravité de la maladie qui réside plutôt dans son impact économique : les animaux sont incapables de se nourrir et deviennent, guéris, des non valeurs économiques (porteurs sains du virus).La maladie est moins prononcée chez les petits ruminants que chez les bovins.

5.3. Données épidémiologiquesSelon l’OIE, l’Organisation mondiale de la santé animale/OIE, depuis 2008, 55 pays ont déclaré au moins un foyer de la maladie et 83 pays sont indemnes [3].

Figure 1 – Lésion buccale de fièvre aphteuse

chez un bovin : aphte.

Cliché Jean-Marie Gourreau.

Figure 2 – Lésion buccale de fièvre aphteuse

chez un bovin : ulcère.

Cliché Jean-Marie Gourreau.

On dispose maintenant en France d’un vaccin inactivé utilisant des bactéries en phase I fournissant une meilleure immunité chez les animaux que le vaccin antérieur qui était en phase II. Une antibioprophylaxie (1 g de tétracycline tous les 3 jours) a été proposée pour assurer la protection des sujets particulièrement exposés.C. burnetii semble a priori peu appropriée pour son utili-sation comme agent du bioterrorisme, malgré sa conta-giosité, sa capacité à être infectante pour l’homme à très faible dose et l’existence d’une pseudospore, forme de résistance très efficace dans le milieu extérieur. En effet, chez les animaux comme chez l’homme, la grande fréquence des infections inapparentes compromet son « efficacité » économique ou clinique. Cependant, avec près de 1 000 cas humains survenus en 2008, l’épisode en cours aux Pays-Bas révèle un potentiel insoupçonné à constituer un véritable problème à la fois économique et pour la santé publique. Cela a conduit à :- la déclaration obligatoire de toute augmentation anormale des cas d’avortements en élevage ;- des mesures de restriction dans les élevages infectés ;- la vaccination obligatoire en 2009 dans les exploitations à haut risque (effectifs ≥ 50 petits ruminants ou fermes pédagogiques) des régions les plus infectées ;- des règles d’hygiène obligatoires.En cas de diffusion criminelle de C. burnetii, l’impact pourrait être beaucoup plus grave et compatible avec des visées bioterroristes. Cet agent pourrait donc retrou-ver dans l’arsenal bioterroriste une place qu’il avait peu à peu perdue.

5. Une virose purement animale :

la fièvre aphteuse

Le virus de la fièvre aphteuse représente l’archétype de l’agent d’un bioterrorisme qui souhaiterait atteindre une économie animale. La récente épizootie non intentionnelle qui s’est déclarée en Grande-Bretagne au cours de l’an-née 2001 est venue rappeler l’ampleur que peut prendre ce type de maladie et les conséquences économiques que cela entraîne.

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BACTÉRIES DU RISQUE BIOLOGIQUE AGRESSIF

Les animaux atteints sont les bovins, ovins, caprins, porcins et les animaux sauvages des mêmes groupes d’espèces. L’infection de l’homme lorsqu’elle survient est sans consé-quence. Le virus se retrouve dans l’air expiré, la plupart des sécrétions de l’organisme (salive, fèces, urine, lait, semence), la viande et produits dérivés issus d’animaux en période d’incubation ou cliniquement atteints. Les animaux guéris sont porteurs sains au long cours [3, 11].La voie respiratoire est le mode de contamination le plus important. L’excrétion respiratoire du virus débute 24 heures avant l’apparition des symptômes. Les ruminants produi-sent moins d’aérosols que les porcs qui sont considérés comme les amplificateurs initiaux (en particulier après contamination par de la viande infectée).La contagiosité est importante : il suffit de 10 particu-

les infectantes par voie respiratoire pour infecter un

bovin. Une vésicule contient 10 millions de particules infectantes.La transmission est rapide et se fait à distance. Ainsi lors de l’épisode ayant sévi de février à septembre 2001 en Europe, la maladie s’est déclarée en Angleterre et des foyers sont apparus progressivement en Écosse, au Pays-de-Galles, mais aussi en Irlande du Nord, en République d’Irlande, en France (1 foyer) et aux Pays-Bas (26 foyers). Le vent est un des facteurs favorisant cette dissémination.

5.4. Aspects diagnostiquesLe laboratoire, indispensable pour la confirmation d’une suspicion, intervient habituellement dans l’urgence. Le diagnostic est réalisé à partir de liquide et d’épithélium d’aphte. Il met en œuvre simultanément trois méthodes directes, la recherche du virus (isolement sur cellules voire microscopie électronique), la détection d’Ag viraux avec détermination du sérotype (par ELISA, RFC) et celle du génome viral par RT-PCR. Cette méthode permet à la fois de réaliser le diagnostic de type (amorces dans le gène codant pour la polymérase 3D), et l’identification fine de la souche (amorces dans le gène codant pour la protéine structurale VP1) avec résultats définitifs après 48 h. Un diagnostic sérologique est possible (ELISA, neutralisation). Le seul laboratoire habilité à réaliser le diagnostic en France est l’AFSSA LERPAZ à Maisons-Alfort.

5.5. Moyens de lutteLa lutte contre la fièvre aphteuse a longtemps reposé sur l’emploi de vaccins inactivés incorporant différents sérotypes dans les formules vaccinales en fonction de ceux circulant dans la région. Depuis 1993, la vaccina-tion a été abandonnée dans les pays de l’Union euro-péenne au profit d’une prophylaxie sanitaire reposant sur l’identification précoce des foyers, leur isolement et leur contrôle par abattage total des animaux sensibles. Cette approche, fondée essentiellement sur des critères économiques et épidémiologiques (les ruminants pouvant être des réservoirs), rend le cheptel vulnérable à ce type d’agent et nécessite une infrastructure sans faille dans le dispositif de détection.Le virus de la FA est un agent potentiel majeur de bio-terrorisme pour les raisons suivantes.- Il est facilement disponible, certaines parties du monde étant chroniquement infectées.- Le virus peut être aisément manipulé par des per-sonnes mal intentionnées, n’étant pas dangereux pour l’homme.- Sa résistance fait qu’il peut être facilement stocké avant emploi.- Le choix des pays industrialisés antérieurement infectés a été d’éradiquer le virus de leur élevage plutôt que de continuer à utiliser une vaccination de masse annuelle des animaux. Ce choix économique a rendu le cheptel vierge et donc particulièrement susceptible.- Il existe plusieurs voies possibles de contamination, base d’une grande contagiosité (voie aérienne, voie digestive). Le porc est souvent l’initiateur de l’épizootie par l’intermé-diaire d’aliments contaminés en provenance de viandes issues d’animaux infectés. Cette multiplicité nécessite la mise en place de mesures complexes de contrôle. L’im-plication de la faune sauvage (sanglier, cerf) complique la mise en place de moyens de lutte.- L’impact sur la psychologie des éleveurs serait important (tableau clinique de la maladie et mémoire collective).- Le diagnostic clinique de l’infection est relativement difficile : le diagnostic différentiel de la FA avec la stoma-tite vésiculeuse des suidés est impossible. Par ailleurs, la maladie n’est pas très marquée chez certaines espè-ces, rendant la suspicion clinique difficile. C’est à ce titre que le mouton est considéré comme un disséminateur essentiellement silencieux.- L’existence de plusieurs sérotypes complique la réponse à l’acte bioterroriste par une vaccination (les vaccins disponibles dans une région sont adaptés aux sérotypes rencontrés dans la région).- Les conséquences économiques d’un foyer sont catas-trophiques, même après l’éradication du virus. Lors de l’épisode de 2001, 592 000 bovins (5,5 % du cheptel anglais), 3 428 000 moutons et 2 500 chèvres (11,5 % du cheptel anglais) et 140 000 porcs (2,3 % du cheptel anglais) ainsi que 1 000 cerfs ont été abattus et détruits. Aux Pays-Bas (26 foyers), c’est 285 000 animaux abattus, en France (1 foyer) 63 000 et en République d’Irlande, 53 000. Les coûts directs (pour le contrôle) et indirects (conséquence pour les éleveurs, pour le tourisme) de cette épizootie en 2001 ont été estimés à presque deux milliards d’euros [25].

Figure 3 – Lésion mammaire de fièvre aphteuse

chez un bovin : ulcère du trayon.

Cliché Jean-Marie Gourreau.

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6. Conclusion

L’étude des foyers naturels d’infection par des agents potentiels de bioterrorisme conduit à constater que la circulation des animaux et la multiplicité des échanges est sans doute la principale cause de l’extension de ces foyers. La globalisation et la rapidité de ces échanges, associées à la haute contagiosité des maladies, semblent donc assurer la propagation d’agents pouvant nuire à la santé animale. Face à cette menace, les autorités

sanitaires nationales et internationales ont mis en place ou renforcé un système de surveillance s’appuyant sur un réseau de vétérinaires sur le terrain et des laboratoi-res en charge de diagnostics d’urgence. Associé à un système de déclaration et d’alerte globale (global early warning system/OIE), il pourrait permettre, en cas d’acte malveillant, d’être mieux armé pour répondre précoce-ment à l’apparition d’une infection mettant en péril la santé animale et l’économie qui en dépend ainsi que directement ou indirectement la santé humaine.

Conflit d’intérêt : aucun

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