551
D ES RAPPORTS D E L'HOMME AVEC LE DÉMON ESSAI HISTORIQUE ET PHILOSOPHIQUE P A R JOSEPH BIZOUARD AVOCAT TOME DEUXIÈME PARIS GAUME FR È R E S ET J. D UPRE Y, ÉD ITE UR S RUE CAS SE TT E, 4

Bizouard.démons.2

Embed Size (px)

Citation preview

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    1/549

    D E S R A P P O R T SDE

    L'HOMMEA V E C

    LE DMONESSAI HISTORIQUE ET PHILOSOPHIQUE

    PA R

    J O S E P H B I Z O U A R DA V O C A T

    TOME DEUXIME

    PARISGAUME FR R E S ET J. D UP RE Y, D ITE UR S

    R U E C A S S E T T E , 4

    1 8 6 3

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    2/549

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    3/549

    Biblio!que Saint Librehttp://www.liberius.net

    Bibliothque Saint Libre 2008.

    Toute reproduction but non lucratif est autorise.

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    4/549

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    5/549

    DES RAPPORTS

    DE L'HOMME

    AVEC LE DMON

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    6/549

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    7/549

    Paris. Irop. f ie P . - A . BOURPIHB et CI E , rue Ma mi ne , 30 .

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    8/549

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    9/549

    DES

    RAPPORTS DE L'HOMMEA V E C

    LE DMON

    LIVRE SIXIME

    C H A P I T R E I

    Introduction l'histoire de la magie et do la sorcellerie du quinzime nu di x-septime sicle inclusivement. Doctrines dnionologiques. Doctrine desdmonolojues catholique*. La doctrinc-dee dmouologues protestants difl-rail sur quelques pointa de celle des catholiques.

    Introduction l'histoire de-ta magie et de la sorcellerie du quinzimeau dix-septime sicle inclusivement.

    On ci vu ds le milieu du douzime sicle, mais surtout au treizime, apparatre la lueur bien faible encore

    del civilisation antique. Les Croisades ont runi et misen communication ceux qui conservaient les traditionsreligieuses, philosophiques et scientifiques de l'ancienmonde et des hommes simples, la plupart fort ignorants d'une socit qui sortait peine de la barbarie.Ce fut l'importation parmi nous des croyances et des

    pratiques de l'antiquit et surtout de ses systmes pbi-U. 1

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    10/549

    2 DES HAPPOHTS DE L'HO MM E

    losophiquos, qui fit natre plus tard le scepticisme, lelibre examen, l'incrdulit et l'impit. On voudra un

    jour tout reformer : philosophie, politique et religion ;rOccidentnc tardera pas vouloir entirement s'manciper. L'imprimerie propagera les nouvelles doctrines;la fondation des universits, les opinions des philosophes, les disputes religieuses, tout prouvera bienttque l'esprit humain a bris les entraves qui le tenaientenchan.

    Jusqu'ici on a craint de citer les faits merveilleuxqui se sont manifests dans notre viei lle Europe durantle moyen ge : transmis par les chroniqueurs, on savait que le lecteur, les croyant tous faux ou du moinsdnaturs et exagrs, serait peu dispos les accueillir ; di sons-le , c'est peut-tre u tort : car si lesfaits merveilleux sont vrais avant et surtout aprs lemoyen ge, on ne voit pas pourquoi ils seraient tousfaux pendant sa dure. Quoi qu'il en soit, c'est cetteprvention qui a motiv un expos aussi succinctqu'on l'a fait ici du merveilleux salanique pendantcette priode : il faut avouer aussi qu'il fut moinsconnu et qu'il s'tait peut-tre plus rarement manifest, ou du moins sur une moindre chelle. Mais, parvenus au quinzime et au seizime sicle, il en est autrement; les faits sont nombreux et il deviendrait maintenant difficile d'en contester la ralit : nos autoritssont de graves magistrats, des mdecins habiles, des

    jurisconsultes profonds (et pourquoi hsilerions-nous le dire), des inquisiteurs pieux, consciencieux et savants,examinateurs srieux des divers faits de utigic et desorcellerie. On peut consulter les dossiers de la plupartde ces tranges procs dont les dtails exciteut chez lelecteur des sculiments de piti pour le genre humain,

    de dgot et mme d'eil'roi ; le doute n'tant plusper-

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    11/549

    AVEC LE DMON. 3

    mis sur les phnomnes, on no peut diffrer actuellement d'opinions que sur la manire de les expliquer.

    La sorcellerie et la magie devinrent l'objet de chtiments svres, parce qu'elles rentraient dans les hrsies ; elles taient un retour au paganisme, il y avait souvent sacrilge et trop souvent malfices. Comme on l'adit dj, il y eut la renaissance recrudescence dansles oprations des esprits de tnbres : il semble que lespeuples touchant de prs une poque o l'existencedes dmons sera compltement rejete, Dieu ait voulumanifester plus clairement leur action. D'aprs lesdmo no logu es , les agents de Satan partout se multiplient. Ceux qui nieraient le dmon, qui pour plusieursn'est aujourd'hui qu'un mythe, du moins ne sauraientnier les maladies tranges constates par les mdecinset attribues par eux aux noires pratiques de ces tresalors excrs appels sorciers ou magiciens. Ceux-ci, cequi surprend, appartenaient toutes les classes, nobles,bourgeois et manants, savants et ignorants. Ceux quine sont pas de la secte, dit un fameux sceptique (Baylc),ne ddaignent pas d'y recourir; non-seulement, les.

    grands et des hommes d'un minent mrite protgentles sorciers qui restent impunis, dit-il, mais ils avouentleurs sorcelleries : ces sorciers taient-ils des fous,des idiots, des monomanes? Bayle ajoute qu'ils taientfort astucieux, et aussi russ que mchants; niant ouavouant les faits attests par des tmoins nombreux,

    non suspects. (Ipome aux tjnest. d'un provincial.)Que la sorcellerie , dater surtout du quinzimesicle , ft une maladie singul ire , o les uns secroyaient les meurtriers et d'autres les vi cti mes, ilest constant qu'une telle maladie a svi , comme a utrefois la peste ou la lpre, comme aujourd'hui le cho

    lra. Qu'il existe ou non des esprits qui aient donn

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    12/549

    i DES RAPPORTS DE L'HOMME

    certains hommes le pouvoir de causer tant tic maux :Je flau n'en a pas moins svi cruellement sur nos p

    res. Pour peu que nous rflchissions, au lieu d'accuser les magistrats de cette poque de crdulit ou decruaut, nous essayerions de dcouvrir la nature et lescauses de ce flau, et si malheureusement il survenaitde nouveau parmi nous avec quelques changementsdans sa manifestation, n'tant point pris au dpourvu,peut-tre alors nous serait-il donn d'en attnuer leseffets dsastreux; s'il ne doit jamais reparatre, soyons

    justes, du moins rservs envers ces magistrats a p pels statuer sur des faits si peu connus de nous.En tout cas, que ce ft une folie (m ye/ieris) dans lesaccuss qui avouaient, dans leurs accusateurs, dansles tmoins qui dposaient, et une erreur invincible

    dans les magistrats qui condamnaient, fl ici tons-nousde n'tre pas contemporains d'un pareil malheur. Maisn'accusons pas trop lgrement nos anctres ; sachonsque gnralement des juges consciencieux et intgresn'pargnaient ni temps, ni tude pour examiner ces procs extraordinaires : les populations atterres deman

    daient que justice ft faite, fant les crimes taient pourelles vidents et horribles. Si nous avions examinerles mmes faits, si nous avions, comme les magistratsde ce temps, le spectacle d'un malflci atteint subitement d'un mal trange aprs quelques gestes, quelques paroles ou un simple attouchement, que dirions-

    nous? Hi des mdecins nous dclaraient que cettemaladie ne trouve d'analogue dans aucun trait depathologie, si des tmoins non suspects dposaientcontre les accuss, si ceux-ci faisaient des aveux, sinous avions enfin, comme ces magistrats, le spectacleplus allreux encore d'un adulte ou d'un enfant ma

    nifestant ce qu'on appelait /es st)/nes vidents de pos-

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    13/549

    AVEC LE DMON- U

    session si peu connus aujourd'hui, que ferions-nousde pl us ? Avec toute notre science du dix-neuvime

    sicle, ferions-nous mieux? Avant de rpondre,compulsons ces procdures, et non les crits modernesqui les dnaturent dessein, et en attendant, on lerpte, ne nous htons pas trop d'accuser de cruautou de crdulit la magistrature et le clerg pour avoirchti ces prtendus monomanes. Au milieu d'une

    pouvante aussi gnrale, n'y aurait-il eu de la part dusorcier que la seule intention de causer le mal, bienmanifeste par des pratiques simplement ridicules, dsqu'elles devenaient la cause d'un mal trs-rel dansdes imaginations effrayes, ces monomanes mritaientune rigoureuse rpression : supposons qu'il y ait denos jours des natures tranges assez perverses pourvouloir pouvanter des femmes et des enfants, et convaincues que le moyen tout puril dont elles usentpeut causer l'pilopsie ou la folie et mme la mort, lemagistrat devrait-il rester dans l'inertie?

    Disons-le, les faits attests autrefois par les tho

    logiens, les mdecins et les magistrats, n'tant pointconnus de ceux qui'nient ni de ceux qui prtendentexpliquer aujourd'hui, le seul bon sens ici ne sauraitHre invoq u; et si l'on dit que les premiers taienttous hallucins par une sorte de contagion, il faudrait dcider de mme des plus grands gnies de

    l'antiquit.

    Doctrines dmonolopiques.

    Voulant faire plus loin une exposition aussi dtailleque ce plan peut le comporter des faits magiques, non-

    seulement en France, mais dans l'Allemagne, l'Angleterre, l'Espagne, l'Italie, etc., etc, elle sera prcde

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    14/549

    6 D E S R A P P O R T S D E L ' H O M M E

    d'un abrg de la doctrine des docteurs pendant lesquinzime, seizime et dix-septime sicles. On y

    verra que l'ancienne doctrine n'a point chang. Lesfaits en se multipliant tant mieux connus, viennentprouver la haute sagesse de l'glise. Loin de pouvoirtre accuse de crdulit pendant le moyen ge, onvoit, au contraire, que tout ce qu'elle croyait d'aprs l'Ecriture a t confirm par des faits; ceux-ci,dans le silence du texte sacr, tant sagement discuts,agrandissent la doctrine et l'enrichissent. L'glise vadonc continuer de certifier les malfices, et l'intervention de Satin comme son existence ; la thologien'met, il est vrai,' qu'un certain nombre de proposi tions qui sont de foi, tout le surplus reste dans la librediscussion ; il importe peu l'glise qu'il y ait ou non,

    par exemple, une assemble appele sahhat. Une certaine classe de savants thologiens, de jurisconsultes, demdecins, connus sous le nom de dmonologues ou d-monographes \ traitaient la matire et professa, ayantpour guide l'criture et pour matres les faits. Leursouvrages taient consultes par les magistrats, qui trou

    vaient en eux des directeurs clairs pour les dirigerdans une voie d'autant plus obscure et scabreuse, qu'ilsavaient lutter contre des intell igences infiniment s u prieures l'homme, lesquelles s'efforaient de lesgarer et de les tromper. La magistrature, comme onle verra, trouvait aussi contre elles des armes puis

    santes fort ngliges depuis : ce n'tait souvent qu'aprs avoir invoqu les lumires de l'Esprit-Saint,s'tre mis en tat de grce, et s'tre prpar par le

    jene et la prire, que l'instruction d'un procs commenait.

    1. V. Dclrio, Suarcz, Binsfeld, J. d'Aulun. Brognoli,olc, etc.

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    15/549

    A V E C L E D M O N . 7

    Doctrine des dmonologues catholiques.

    Il n'appartenait pas l'glise de dvoiler toutes lesruses des dmons, d'exposer les bizarreries de leursactes; il lui suffisait d'en prvenir les lidMcs. Il entait, autrement pour les dmonologucs; l'examen

    d'une multitude de faits et divers rapprochementleur permettaient de dcouvrir les actes de Satan,comme un habile officier de police les ruses desescrocs.

    La rforme religieuse du seizime sicle nous force dedistinguer d'abord deux catgories de dmonologucs.

    Ceux du catholicisme ne cessrent d'avoir pour guidesl'criture, la tradition et les Pres; les dmonologucsdu protestantisme durent en quelques points s'encarter : tous admettaient l'intervention du dmon,la magie, les possessions ; mais les opinions des premiers hrtiques, les systmes philosophiques de

    l'antiquit, les erreurs des noplatoniciens, des caba-listes, etc., etc., corrompirent la saine doctrine. Lecatholicisme conserva sur les dmons celle que l'onconnat, qui fut suivie dans le'moyen ge comme avant,et comme elle le sera toujours. Le protestantisme,n'ayant plus pour guide unique l'criture et les Pres,

    crut des absurdits qu'il n'a rejetes depuis que pourtout nier. Ainsi, pour ne citer qu'un ou deux exemples,les rforms pensaient que l'me, dans certains cas,quittait son corps... Selon plusieurs le dmon engendrait. Rejetant ce qui n'tait pas en harmonie avecleur culte, le signe de la croix, l'eau bnite dans les

    exorcismes, etc., nous les verrons, de leur propre aveu,prouver le sort des enfanfs de Sccva, c'est--dire

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    16/549

    S DES RA PP OR TS DE L'HOMME

    chouer dans les conjurations '. Forcs de reconnatre,au contraire, le pouvoir des prtres catholiques, ils

    n'expliquaient leur succs que par le bon vouloir desdiables ou par un cong signifi aux dmons parTordre de Belzbuth. (V. Wier, Des impnst. des diables,V,23.) D'aprs la doctrine des dmonologues catholiques, les intelligences qui interviennent la suited'invocations ou de certaines pratiques, sont des espritsimpurs, intelligents, trs-habiles pour nuire, et dsireux de tromper l'homme, dont ils sont les cruelsennemis, lis troublent son esprit dans la vei lle , l' in quitent dans son sommeil, lui causent des maladies,se transforment en anges de lumire. Nulle puissancedans ce monde ne leur est comparable : ils peuventmouvoir les corps, produire ainsi certains effets, enoprer d'autres par la vertu des choses naturelles oule faire paratre par illusion; ils exercent une actionsur notre corps, sur nos sens, sur le cerveau, de l,indirectementy sur l'intelligence, sur notre volont:ils ne voient pas l'homme intrieur, mais devinent cequi se passe dans son imagination par des signes.

    Les dnions apparaissent l'homme, mais ils se gardent bien de se manifester tous ceux qui le demanden t; ils savent qu'ils dtruiraient ainsi l'incrdulitel opreraient parfois des conversions; moins, c e pendant, que la misricorde divine ne les y contraigne.Ils se montrent aux superstitieux, tous ceux qu'ils

    peuvent entraner dans le mal, et souvent refusent dese manifester aux incrdules. Dans toutes ces circonstances ils agissent avec une adresse, une intelligence, une astuce, dignes d'une nature aussi releve.

    l . On voit dans la flvmnnoloQic de Waller Scolt, f. Vllf, l'aveu do rotinsucci's do la j>arl dus proies!unis.

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    17/549

    AVEC LE DMON. il

    Avec ceux qui aiment mieux tablir avec eux un commerce tacite que de se borner s'assurer de leur

    existence, ils ont recours aux mmes ruses; certainement toute prudence humaine chouerait avec de telsadversaires, si Dieu ne contrariait leurs desseins pervers. Les apparitions du dmon ne sont pas toujoursdsagrables ou effrayantes ; sa forme n'a souvent riende disgracieux, rien qui le dcle. Dieu permet qu'il

    se montrej sous la forme humaine, quelquefois mmesous celle des plus grands saints. Pour entrer en commerce avec l'homme, on le verra choisir les momentso celui-ci est abattu par dos pertes, par la misre, oupar les maladies; il lui promet alors des secours, luirvle des remdes; il l'enlace, l'entrane, le subjugue,

    en fait un esclave qui bientt va mordre son frein...se dsesprer, et souffrir par avance les tourments del'enfer. Mais le pacte est fait. Los prodiges dudmon ne sont des miracles que pour nos facults etnos connaissances bornes, rien de suprieur aux loisphysiques; la plupart mme sont de pures illusious.

    Pourtant son pouvoir sur toute la nature est immense;si Dieu ne l'arrtait, il pourrait bouleverser l'univers ;il peut causer des orages, exciter des temptes, fairetomber la grle et la foudre. Quoiqu'il opre ce quel'homme ne saurait faire, ses actes n'en sont pasmoins trs-naturels; il peut rendre un corps invisible

    soit par son action sur l'encphale, soit en condensantd'paisses vapeurs qui le cachent, soit en enlevantsubtilement les objets, soit en donnant aux rayonsvisuels une direction qui en cache la vue, en les dirigeant sur d'autres peu loigns , soit en agissantsur la substance crbrale et en y crant dos fan-

    tomes, etc. Il peut montrer ce qui se passe au loin,soit en oprant sur l'il comme une lunette h longue

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    18/549

    10 DES. RAPPORTS DE L'HOMME

    vue, soit par d'autres moyens trop longs exposer, ouqu'on ne souponne mme pas. Il rend malade,

    tantt en altrant l'organisme, tantt en transportantles miasmes contagieux : la gurison s'explique par desactes contraires.

    Il peut donner aux cadavres une apparence do viepar une sorte de galvanisme que produit son action;il peut rvler des trsors cachs, en montrer qui

    n'existent pa s. .. 11 n'en procure gure, Dieu lui permettant rarement un genre de sduction aussi puissantsur ceux qui ne sont pas dj ses sorts. Mais sessuppts mmes, par haine, il refuse trs-souvent d'accorder cette faveur matrielle. L'exprience prouvequ'il ne donne que peu d'argent; d'ordinaire mme

    fascinant les yeux de celui qui croit le recevoir, cedernier ne trouve ensuite que des pierres, des feuillessches ou de l'ordure.

    Si le commerce charnel avec le diable et ses sujetssemble rel a l' ho mme, il n'en peut cependant natredes enfants, et si cela est arriv, c'tait par le trans

    port des germes effectu par le dmon. Comme ilpouvait exister de graves motifs pour expliquer autrement ces conceptions, cette opinion trouvait, on le devine, nombre de contradicteurs.

    On croyait aux transformai ions, mais sans ralit, entant que simple prestige. Comme le dmon peut f.erou fortifier la mmoire, augmenter l'intelligence, accrotre la vigueur, car certaines substances le peuventaussi... Quant aux connaissances dont l'homme sembledou, ds que le dmon cesse d'intervenir, le sujetredevient ignorant, ou mieux, n'a jamais cess del'tre. Satan peut causer un sommeil profond, fairetomber en extase, rvler ce qui se passe au loin, et cequi arrivera, rendre l'homme capable de supporter des

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    19/549

    A V E C L E D M O N . H

    jenes de plusieurs mois, le rendre invulnrable, luidonner la facult de se rendre invisible, lui et ce qu'il

    dsirera; il peut le transporter par l'air, l'y soutenir.Lorsque Satan a gagn des adorateurs, il les fait renoncer aux sacrements et, pour mieux les engager,leur imprime des marques de servage; au sabbat savoix est rauque et sauvage; dans certaines divinations,elle est grle et enfantine, on l'entend peine : moyenfort adroit en cas d'insuccs.

    D'aprs un sentiment gnral, il y avait des sabbatsrels et d'autres imaginaires, o tout se passait dans l'esprit. Cette ruse favorisait les doutes. Le sabbat n'taitpas un point de dogme, comme on sait; ceux qui n'ycroyaient pas taient libres de discuter le oui et lenon.

    Tout ce qui se rattache h la magie et la sorcellerie peut se renfermer dans ces quatre divisions principales : le malfice, les f/itmonx, les divinations et les

    jircsliycs.

    Pour malfcier, il faut la coopration d'un malfaiteur, nmhficm : et de la part de celui-ci, libre volont

    de nuire : de l le pacte exprs ou tacite, selon qu'ilest crit ou que la chose faite suppose un consentement donn. Outre le malfice qui avait lieu par attouchem ent, parole ou regard, il s'oprait aussi parcertaines substances , qui tantt avaient une vertunaturelle pour nuire, tantt n'taient requises que

    comme symboles . Le dmon , voulant imiter Dieudans ses sacrements, se sert de signes sensibles, la diffrence que ceux de Satan n'ont pas l'infaillibilit des sacrements; car le dmon manque souvent sa parole, soit qu'il le veuille ainsi, soit que Dieu nelui permette point d'agir quand il voudrait. Satan

    n'accordant au sorcier ce qu'il lui demande que pour

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    20/549

    f2 DES RA PP OR TS DE L'HOMME

    on obtenir un culte, les signes du pacte doivent tredposs; alors, manifestant pleinement la volont bien

    arrte de l'homme, ils deviennent le complment de3a perversit de son ac tion .. . Certaines substancesvnneuses ont souvent des vertus secrtes connues dudmon seul , qui les rvle dans des intentions pe rfides. Les symboles, n'tant que des signes du pacte,sont ordinairement sans vertus naturelles : tels sont,par exemple, des morceaux de verre, des plumes, descheveux, de la paille, des coquilles, des os, des lambeaux de suaire, etc. , etc . Le malfice a donc pourcause le dmon agissant, ou par lui-mme ou par lessubstances vnneuses qu'il indique, et le sorcier est lacause cooprante. Les substances ou vnneuses, oudoues d'une vertu curative, souvent mme n'opraientrien ; c'tait encore le dmon seul qui agissait. On sentque le reptile le plus venimeux, le poison le plus subtil,placs sous le seuil d'xmc porte, ne peuvent causerni mort ni maladie. S'ils opraient naturellement, ceserait indiffremment sur tous, souvent on ne voulaitfaire qu'une victime, et celle-ci, en effet, seule suc

    combait. C'tait donc le dmon qui oprait, Dieu quipermettait, et le sorcier qui cooprait par sa coupableintention; mais ce dernier, loin d'avoir la puissancede commander au dmon, n'tait que son vil esclave.On .a dit que le diable employait des poisons quoiqu'ilslui fussent inutiles; ils lui taient utiles, en ce sens

    que les matrialistes s'en contentaient pour expliquernaturellement les faits; ils rendaient donc le sujet plusobscur, ils favorisaient l'incrdulit, et les esprits fortss'en prvalurent pour nier l'intervention de Satan,tandis que les dmonologues y voyaient une nouvelleprouve do son habilet. On pourrait ajouter d'autres

    observations, mais l'espace s'y refuse.

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    21/549

    A V E C L E D M O N .

    On distinguait le malfice qui enflamme d'amour;celui qui plonge dans un profond sommeil, propre

    favoriser les intentions du malfaiteur ; le malfice hostile, qui cause l'impuissance et l'avortement; le malfice par les images piques, perfores, exposes aufeu, etc., etc., lequel donne la mort; le malfice excitant l'aversion, la haine; le malfice qui cause l'obsession, la possession et les infestations des maisons ; les

    malfices qui entranent des maladies plus ou moinsdouloureuses, graves ou tranges; celui, si extraordinaire, connu sous le nom de vomissements, qui semanifeste par la sortie de corps trangers, que souventl'estomac n'aurait su contenir : tels que, os, pines,morceaux de bois, pierres, aiguilles, pingles, couteaux, ferrailles, tampons de cheveux, reptiles, chiffons, soie de pourceau, etc., etc. Ces vomissementstant fort souvent des signes de possession, taientaussi causs par malfice, et indiquaient, la nature dessubstances employes dans le pacte. Au surplus, onsait que tout ce qui survient ici mane d'une intelligence qui feint la bizarrerie et le caprice pourmieux se cacher, de sorte qu'on ne trouve dans sesactes,des mmes au fond, qu'inconstance et diversit,varies l'infini dans les mille combinaisons de leursdtails.

    Les gurisons s'opraient elles-mmes par pacteexplicite ou implicite. Quant aux prestiges, c'est lsurtout que se signalait l'antique imposture; c'est auxprestiges qu'appartient ce qu'on remarquait au sabbat,par exemple les banquets, les mtamorphoses, les copulations, la musique, le transport arien. Tout cependant n'tait point prestigieux ; le transport tait souvent trs-rel, le banquet et la musique, etc., l'taient

    aussi; mais c'est ici surtout que Satan variait ses

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    22/549

    ii D'ES RAPPORTS DE L'HOMME

    moyens de sduction, trompant les uns par des apparences , faisant natre chez d'autres l'incrdulit

    concernant les faits les plus constants, se jouant despauvres humains qui discuteront pendant des siclessur un sujet aussi tnbreux sans s'entendre, s'ils neconsultent que leur raison ou leur propre exprience,parce que ce sujet est rempli de contradictions; lesabsurdits y affluent, et les puril its , comme lesobscnits, s'y manifestent partout. Est-ce donc imposture, est-ce folie? tout est-il ralit ou pure fantasmagorie? s'criait-on. Chacun apportait des raisons l'appui de ses sent iments ; en effet, ce qui semblait leplus rel tait parfois mlang d'illusions et de prestiges, et ce qui, selon d'autres, n'tait que fantasmagorie, se prsentait avec d'effroyables ralits. Le dmon, avec son astuce infernale, le voulait ainsi, pouraveugler les magiciens ses esclaves, et pour tromperd'autres dupes, les matrialistes et les incrdules. Cesderniers taient conduits a tout rejeter en religion parleur systme, car, pour peu qu'on accorde aux suggestions de Satan, bientt on se trouve li ; donnez-lui un

    cheveu, il en aura bientt deux, puis il en aura trois ; etil en obtiendra de quoi faire un cble pour vous attirer lui. La raison seule, les dmonologucs le rptaient souvent, est donc fort impuissante; pour connatre Satan,non-seulement il faut tudier ses actes, les comparer,mais se bien garder de mconnatre l'autorit de l'

    criture et de ngliger les traits composs par deshommes spciaux. Si en toutes choses la science etl'exprience sont requises, c'est surtout ic i; maisle but des dmonologues tait parfois d'autant plusdifficile atteindre, qu'ils avaient lutter non-seulement contre les ruses de Satan, mais contre les di

    vers obstacles que leur opposaient ses suppts, c'est-

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    23/549

    AVEC LE DMO N. l o

    -dire les magiciens, les sorciers, et mme les incrdules.

    Quant aux moyens de connatre l'avenir dans cettepriode, on ne saurait les numrer ici; outre ceux lgus par l'antiquit, on avait tous ceux que le dmonpeut inspirer : toutes les cratures servent r vler l'avenir, quand il intervient ; la nomenclatureaujourd'hui en serait aussi ennuyeuse drouler qu'inu

    tile connatre : Satan pouvant varier et multiplier l'infini ses pratiques, cette liste serait toujours incomplte. Il suffit de dire qu'avec les divinations, dont lenom prsente une terminaison identique, on aurait pu, cette poque, composer un dictionnaire commenantpar l'aromancie et se terminant par la xilomancie.Toutes appartiennent aux deux grandes divisions donton a parl; divination naturelle et divination artificielle. On sait qu' la premire appartiennent lessonges, l'extase, l'inspiration, etc.; la seconde, l'astrologie et les divinations innombrables dues auxnouvelles combinaisons des anciennes pratiques qui,quelque varies qu'elles soient en apparence, se rduisent un assez petit nombre de divinations principales.

    On Ta dit, les magiciens peuvent envoyer les dmonsdans les corps ; disons mieux, c'est le dmon qui seuls'en empare quand cela entre dans les vues de la divineprovidence. Dans les possessions qui vont maintenantsvir comme une pidmie, le dmon dispose detout ou partie de l'organisme, mais sans nulle actiondirecte sur la volont. Quoique les exorcisines n'aientrien perdu de leur efficacit, Dieu permet souvent qu'ilssoient trs-longtemps, quelquefois de longues annes,sans rsultat. Dans un temps o l'incrdulit et l'im

    pit vont s'accroissant et se propageant, la misricorde

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    24/549

    lf i DES RAPPORTS DE L'HOMME

    divine manifestera ainsi sa puissance, la rage des dmons et certaines vrits dogmatiques dont on aurait

    pu douter. Elle permettra cependant aussi l'aveuglement. Les signes les plus frappants dans les possessions, tels que les suspensions mentionnes dans cellesdes premiers sicles, seront donc plus rares. L'absencede certains signes, chez les hommes de mauvais vouloir, favorisera le doute ou l'incrdulit ; car la mis

    ricorde de celui qui sonde les reins et les curs avoulu sans doute que leur incrdulit pt un jourtrouver quelque excuse, ce qui serait impossible si lesfaits taient par trop vidents.

    Dans les infestations de maisons, les dmons feignaient parfois d'tre des mes de trpasss ; les dmo-

    nologucs avaient des moyens de les discerner. Les malinsesprits disaient qu'on pouvait les enfermer dans un lieu,dans un objet; Ja doctrine catholique enseignait cequ'on devait penser de ces prtendues rvlations sa-taniques.

    La doctrine des dmonologucs prolestants diffrait sur quelques pointsde celle des catholiijes.

    Les rforms, vantant leur doctrine comme infinimentsuprieure celle des papistes, n'admettaient ni lepurgatoire, ni l'invocation des saints anges, etc., et diffraient de sentiments sur certains points concernant

    les oprations des mauvais esprits et les moyens deles chasser, etc. , etc. : l'eau bnite, le signe de lacroix taient des superst itions; le retour des mortsselon eux tant impossible; c'taient pour eux constamment des apparitions do dmons Comme ilest permis ces derniers de se transformer souvent en

    trpasss et de demander des prires, c'tait rendre in-

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    25/549

    A V E C L E D M O N . 17

    certaines les vraies apparitions des dfunts Les rforms, l'exception de ce qui tait oppos leur doc

    trine, croyaient, sur l'intervention des malins espritsdans les possessions et dans la magie, tout ce qui taitadmis par les catholiques et mme davantage, commeon l'a dit. Ainsi Bodin (liv. II, c. 7) parat assez dispos croire que les dmons engendrent.L'an 1575, dit-il, un gentilhomme allemand se dpitant contre

    sa femme dit qu'elle engendrerait un diable. Elle fit un monstre hideux voir : aussi passait-il pour sorti cier. Selon Luther, le dmon peut engendrer;il disait que les enfants procrs de ses uvres tarissaient jusqu' six nourrices. Bodin ne doute pas qu'iln'y ait des transformations relles, effectives, ce qu'admettaient aussi Peucer, gendre de Mlanchthon etautres; cette opinion, soutenue par Bodin et par plusieurs auteurs, fut rejete comme i llusoire et prestigieuse par Delrio et autres dmonologues catholiques.Ces derniers refusaient aussi l'me humaine le pouvoir d'oprer plusieurs actes attribus par les rformsaux esprits; ils niaient avec raison que l'me pt sortirdu corps autrement que par la mort . Bodin admettaitau contraire les prgrinations de l'me, et citait desfaits propres prouver" qu'elle voit et aperoit dans cettat, sans avoir besoin de rvlations ou d'inspirationstrangres. La doctrine catholique continuait de soutenir que l'astrologie est une extravagance, sans nier

    1. Croire que les apparitions destrpasss sont constamment l'uvredes dmons favoriserait l'erreur de ceux qui pensent que tout meurtavec le corps. Croire aussi que toutes les apparitions sont des ames dedfunts peut donner lieu une erreur non moins funeste, car le d-mon peut se transformer ains i; il est donc prudent de prendre u nmoyen terme, et surtout de savoir discerner le cas o le dmon intervient de cel ui o Dieu env oie, ou permet , les signes qui manifestent l'existence des mes aprs le trpas.

    xi. 2

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    26/549

    18 X 1)S tlPt'OATS L'iiMMii

    que, par l'aide du dmon, les prdictions n'aient quelquefois russi. Le protestant Mlanchthon croyait

    l'astrologie, et les rforms ne doutaient pas qu'envertu de la puissance de Satan, les sorciers ne pussentpasser par le trou d'une sonnette ; les dmonologuescatholiques refusaient au dmon le pouvoir de modifierainsi les corps, attendu que ce serait lui accorder lapuissance cratrice. Terminons en disant enfin que

    les sentiments des rforms taient loin d'tre unanimes : les uns taient excessivement crdules, d'autresdisposs tout nier; on exposera un jour ces doctrinesavec plus de dtails . Cet aperu prouve : 1 que lescatholiques croyaient l'intervention du dmon dansla magie prouve plus loin par les faits, pendant le

    quinzime, le seizime et le dix-septime sicle; 2queles rforms ava ient lameme croyance, sauf les modifications venues de l'influence des superstitions paennes ;une autre influence drivant de la mme source vintensuite leur apporter l'picurisiiie et le matrialismepaen, qui devaient renverser un jour chez eux la doc

    trine de l'intervention des mauvais esprits.

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    27/549

    AVEC LE DE M 0 1 ' . 19

    CH APITRE I I

    Chtiments des sorciers. Peines ou pn iten ces infligeas par l'glise auxmagiciens cl sorciers. Procdure devant les tribunaux s cu li er s. D esindices du crime. Indices trs-graves. Indices graves. Indices lgers. Moyens do dcouvrir le crime cach. De la torture connue moyen doconnatre la vr it par les aveux. Observations sur le s aveux., commentdlaient-ils reus? Des marques salaiiiqucs comme indices de magie, etc. preuve de l'eau comme indice. Peines infliges aux sorciers par les Iri-bunaux laques.

    " chtiments des sorciers. Peines ou pnitences infliges par l'gliseaux magiciens et sorciers.

    Avant d'entrer dans l'expos des faits, on citerad'abord les peines infliges par l'glise : elles consis

    taient encore dans l'excommunication, les pnitences,le bannissement; il est enjoint par les canons auxvques, curs et confesseurs de s'opposer aux pratiques superstit ieuses . Voir, entre autres, les conciles d'Yorcken 1466, de Bordeaux en 1583, dcLatranen 1514, de Narbonne en 1551, d'Augsbourg et de

    Trves en 4 548, de Mayence en 1549, de Tours et deItordeaux en 1583, de Rouen en 1581, de Malines en1607, de Narbonne en 1609, etc.

    Ces pratiques concernaient les divers genres de divination, tels que dcouvrir les choses voles, lestrsors cachs; l'observation des jours, l'auguric,les cures superstit ieuses, et c. , etc . L'gli se recom-

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    28/549

    2U DES RAP POR TS DE L'HO MME/

    mande nea ministres de faire comprendre ceux quise livrent ces pratiques par ignorance, qu'il y a superstition chaque fois qu'on attend un eifet d'une chosequi, de sa nature ou par prohibition de Dieu et del'glise, n'en saurait produire aucun. Relativementaux malfices, les voques taient encore disposs vouloir eu connatre lorsqu'il y avait idoltrie ethrsie. Ainsi dans le procs de Jeanne d'Arc, l'Universit de Paris dclare l'voque Cauchon qu'il doitrclamer la pucellc et instruire son procs, et le ducde'Bourgogne est somm d'envoyer celle-ci, souponne de plusieurs crimes d'hrsie. Ds le quatorzime sicle, quand il y avait malfices, la justicesculire revendiquait les sorciers pour les punir. Pararrt rendu ?i Paris en 1390, il fut jug contre l'vquc

    de ladite cit de Paris, que la connaissance du crimede sorcellerie appartient aux juges laques : quand il yavait idoltrie et hrsie, c'tait l'Eglise h en juger.Elle faisait ses efforts pour que le criminel convaincuabjurt ses erreurs; s'il refusait, on l'abandonnait la

    justice sculire, ce qui fut fait pour Jeanne d'Arc 1 .

    Aprs mre dlibration, porte sa sentence du!?0 mai 14-31, les articles furent jugs et comdempnspleins de dol et de maulvest de l'ennemy...ct Jeanne,

    hrtique blasphmeresse et devineresse etc.Lesdits examinateurs, en nom de sainte glise quitoutes (hnn.s voudroit muli:er cl rdui/re vray et bon

    estai , et non faire mourir nuUuy corporel (ement par"justice sculire; ains donner punition mesme salu-lairc, en charlre ou aullremenl, se perforcrent et labourrent longuement... Que cctle femme icy se revo-

    i. Uieu cnlendu que l'on n'entend \vi* dire ici que Jeanne d'Arc

    ft sorcire.

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    29/549

    AVEC LK DMON. 2\

    quast de ses fausses dceptions de l'ennemy, e t c . .Mais si peu rendoit de fruits leurs instances et

    labours, e t c . qu'elle fust dlivre la justice sculire, etc.. L'glise n'infligeait donc point la peine de mort pour

    crime d'hrsie; mais c'tait elle de dcider s'il yavait hrsie; si elle tait constante, et si l'hrtiquerefusait d'abjurer, on l'abandonnait la justice scu

    lire. Vint une poque o, l'tat tant frapp desmaux causs par la sorcellerie, il fut mme dcidque les juges laques devaient seuls en connatre.(V. Papou, Recueil d'arrts.)

    Procdure devant les tribunaux sculiers.

    La sorcellerie ou magie tait un crime except et pourson normit et parce qu'il se commettait la nuit dans deslieux solitaires, par des gens ordinairement masqus,qui avaient jur, lors de leur admission, de garder unsilence ternel sur leurs oprations, et de ne jamais r

    vler leurs complices On sent combien il tait difficilede poursuivre de tels gens par les voies ordinaires, et desuivre des rgles constantes ; on devait donc laisser au

    juge une grande latitude. Les accuss d'ailleurs, danstous les temps et surfout l'poque dont il s'agit, trouvrent des protecteurs chez les affilis secrets de la

    secte et parmi les impies. Ce crime, disaient-ils, estplus que douteux; les preuves sont tablies.sur des

    1. Pour certains crimes qui se commettent en cachette, en vainexigerait-on la preuve des tmoins oculaires do l'action criminelle;clic se tire des prsomptions et de la preuve de faits assez graves pourqu'on en puisse conclure le crime... La difficult" d'clairer la vrit

    fait oublier le s rgles ordinaires. Ce principe, dit Ferriere {Vicl. dedroit, v Preuve), est admis par tous les ciiminalislcs.

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    30/549

    22 D E S R A P P O R T S D E L ' H O M M E

    ch imres ; les chtiments^ sont barbares , les ju gesprvenus, etc., etc. Quelques pages suffiraient peut-

    tre pour montrer que les preuves et les rgles n'taientpas aussi chimriques qu'on le croit, et que les juges,en gnral, n'taient pas disposs accorder une confiance illimite des indices purils ou errons. L'omission de certaines mesures, blmes aujourd'hui,et t souvent alors une faute grave, de sorte que

    cette prtendue barbarie, contre laquelle notre ignorance dclame, tait une ncessit malheureuse. Si lemme crime figurait dans notre code pnal et qu'un

    jury et statuer, on peut douter, malgr sa grandeindulgence, qu'il ft moins svre que les juges desseizime et dix-septime sicles, et surtout plus scrupu

    leux.En thse gnrale, le magistrat attendait qu'on dnont le prvenu; comme celui-ci pouvait quitterle lieu de la perptration du crime et suborner lestmoins, il et t parfois dangereux d'attendre. Lemagistrat pouvait alors informer d'office, pourvu que

    le crime ft notoire et qu'il y et des indices suffisants. Quand la rumeur publique dnonait un crime,le juge entendait ceux qu'elle dsignait comme tmoins ou mieux informs, et attendait qu'on accustle coupable.

    Des indices du crime.

    Les indices taient lgers, graves, ou trs-graves.Les premiers n'taient que de faibles prsomptions;les seconds formaient presque une demi-preuve, lesderniers formaient semi-preuve entire.

    Les indices lgers suffisaient pour informer; l'information devait rtre claire, vidente, renfermer les cir-

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    31/549

    AVEC L E D M O N .

    constances du crime, des temps, du lieu, etc. La dn onciation devait tre faite par des hommes dignes de foi.

    Le dnonc devait n'avoir pas t renvoy par d'autresjuges pour le mme fait ; il ne fallait pas qu'il se ftcoul vingt ans depuis sa perptration, moins qu'iln'y et hrsie. * On exigeait des indices graves pourl'ajournement; leur apprciation appartenait au juge,qui pouvait les trouver suffisants pour ordonner la prisede corps. Un seul tmoin suffisait pour faire informer;l'accusation des complices, selon les circonstances, taitun indice grave, trs-grave ou lger, auquel on avaitrarement gard, si d'autres indices ne l'avaient corrobor; l'accusation faite par des sorciers infmes, parles hommes abjects, inspirait peu de confiance, et leurssimples dires d'ordinaire n'auraient pu donner lieu une information 1 .

    11 en tait autrement lorsque l'accus qui dnonaitun complice tait d'un rang lev, jouissait de laconfiance publique et d'une grande considration.

    On interrogeait l'accus sur ses jcomplices, le prvenant de ne point les dnoncer s'ils s'taient convertis ;on pensait pouvoir donner la torture pour obtenircette dclaration, car s'il tait rare que le crime etdes tm oins, il tait plus rare encore que les sorciersfussent indiscrets. Les parents, les amis, le conjoint, lesenfants taient entendus comme les trangers. Quandces derniers dcouvraient leurs complices, on s'infor

    mait si la haine ou autre motif ne les y portait ; si l'poux accusait son conjoint, il tait permis celui-cide prouver qu'il y avait inimiti de la part de son accu-

    1. On conoit qu'il on tait autrement quand un accus se trouvait,par l'instruction de la cause ol les aveux du principal accus, im

    pliqu dans le procs.

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    32/549

    DES RAPPORTS DE L'HOMME

    sateur. On examinait scrupuleusement le degr deconfiance qu'il mritait, d'aprs son rang, sa rputa

    tion, etc.; on accordait peu de confiance une dclaration volontaire : on ne demandait point au prvenus'il avait tels complices, mais, en gnral, quels taientses complices. Pour viter les suggestions, on s'informait par qui, avec quoi , comment son crime avait tcommis. Il ne fallait pas qu'il varit, mais qu'il pers

    vrt dans la torture, laquelle n'avait pas lieu pourtrouver absolument un coupable, mais pour dcouvrirla vrit... On ne, l'appliquait pas sur des indices lgers, ni on ne l'employait dans toutes les causes.Beaucoup de prvenus taient condamns ou largissans la subir. Il fallait, dit Delrio (Disquis. magie, V),qu'il ft plus clair que le soleil pour le juge que l'accus tait coupable et qu'il lui manqut uniquementl'aveu de ce dernier, pour ordonner la torture. La dnonciation faite par un accus de ses complices pouvait, selon les circonstances, tre une semi-preuve,propre faire subir la torture ceux-ci, quand ilsniaient; mais contre un homme de bonne rputation,mme avec les indices, l'accusation n'et pas t coule. En gnrai, dit Delrio (//>/>/.), il faut des indicesplus que graves. Une bonne rputation renversaitles indices contraires; tout tait mrement examin etsubordonn mille circonstances qu'on ne peut aborder ici.

    Un seul tmoin oculaire, ou deux tmoins auriculaires, avec des indices, suffisaient pour faire donner laquestion Quand il s'agissait de dnoncer descomplices, le tmoignage de trois ou quatre femmesquivalait celui d'un homme.

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    33/549

    AVEC LE DMON. 2.-;

    Indices trs-graves.

    On regardait comme indices trs-graves le souponviolent que des personnes honorables fondent sur desconjectures trs-graves et pour eux non dnues depreuves.

    Si le prvenu passait pour se livrer la magie etl'enseigner, si on trouvait chez lui des livres de magie,

    des charmes, tels que membres ou ossements humains,lames de mtal graves de caractres inconnus, despoudres, onguents, hosties, etc., etc., s'il avait menacdemalficier,on distinguait les menaces de la simple

    jactance. Le soupon tait mieux tabli si on avait vul'accus excuter sa menace, dposer sous le seuil d'une

    porte, enfouir dans une table des os se men ts , desimages perfores, des crapauds, des lzards , etc. Unde ces indices avec la dnonciation d'un complice,quand elle semblait au juge devoir tre vridique parla confiance que la personne inspirait et par les circonstances accompagnant le fait, suffisait pour la torture.

    Les marques sataniques dont il sera parl, l'preuvede l'eau pour certains juges, taient des indices graves;enfin si la personne menace tant en parfaite sant devenait aussitt malficie, contrefaite, ladre, paralytique, etc., si l'instant mme de la menace, l'hommetait tomb mort, et mme en ce cas, s'il n'y avait eu

    d'autres preuves, les juges n'auraient condamn qu'une peine corporelle, l'vnement pouvant provenird'une cause toute naturelle. (Y. Boguet, Discours

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    34/549

    ' 2 0 D E S R A P P O R T S D E L ' H O M M E

    signait comme complice, leurs colloques secrets taientdes indices graves ; il en tait de mme si l'individu sus

    pect avait t rencontr pendant la nuit sous les gibetsramassant des ossements de supplici, des fragments decordes, s'il faisait une rponse vasive..., etc. On examinait les rponses faites aux interrogatoires.. . Souventils disaient d'un ton patelin, qu'ils ne sont point de cesgens -l, ou niaientavec des blasphmes, des excrationspouvantables, ou faisaient des menaces horrib les ,montrant une sorte de dsespoir ; d'autres consentaient tre rebaptiss; l'exprience des criminalistes lesdispensait de recourir toutes ces rgles qu'on ne peutexposer ici. Trouvait-on un enfant tu entre les bras desa mre, il n'y avait pas prsomption qu'elle l'et tu;mais si elle avait le bruict d'tre sorcire, il y avait

    forte prsomption qu'elle tait l'auteur du meurtre.(Iodin, Dmonom., IV, c. h.) Quand on s'emparait

    d'une femme suspecte qui disait : Je suis morte oune me fuites pas mourir, je dirai la vrit.... C'tait unindice assez grave; tle mme si elle promettait degurir le malfici, si elle faisait des conjurations pourter le malfice. Le dfaut de pleurs (elles avouaient nepouvoir pleurer), pour Bodin et autres, tait encore unindice fourni par l'exprience, d'autres s'en dfiaient;enfin si l'accus, dit Bodin (Ihid.), demande pardonen jugement du crime dont il est atteint, encore qu'ils'en dparte, puis aprs, c'est un indice.

    Indices lgers.

    On le savait par exprience, quelquefois, ceuxmme qui assuraient que la mngie lail une chimretaient souvent suspects, indice lger, il est vrai,

    ainsi que la qualit de proche parent d'un sorcier;

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    35/549

    A V E C L E D M O N . 27

    la vie vagabonde, le fait d'tre n dans un pays desorciers, [de garder le silence et de ne point attaquer

    en justice ceux qui disaient au prvenu une injureaussi grave. Une mauvaise physionomie, un regardaffreux avec un ton patelin, une laideur devenue proverbiale, tous ces signes taient des indices lgers.Quand un homme accus de sortilge comparaissaitdevant un magistrat expriment, celui-ci avait des

    indices qui rarement le trompaient, mais pourtantconsidrs en gnral comme faibles, car ils pouvaient tromper Par exemple un certain trouble,l'il toujours |baiss contre terre, s'efforcer de pleurersans rpandre de larmes , etc. Lorsqu'on feignaitde ne point regarder les accuss, ils marmottaient

    la drobe quelques paroles, car ils prenaient conseildu diable qui leur parlait, de l cet air contraint, cemaintien embarrass en prsence d'un interlocuteurinvisible et d'un juge trop clairvoyant. Aprs la perptration d'un crime, quelquefois l'auteur lui-mmedemandait qu'on informt, pensant chapper ainsi aux

    soupons. On ne saurait rapporter tout ce qui pouvait tablir les indices lgers : affecter la dvotion,porter un chapelet auquel on avait remarqu qu'il manquait toujours quelque chose, dont la croix tait tronque et formait le signe du phallus, etc. Ces indices,lgers aux yeux de quelques magistrats, taient assez

    graves pour d'autres.

    Moyen de dcouvrir le crime cach. De la torture comme moyen deconnatre la vrit par les aveux.

    Quand le juge avait des indices assez graves pour re

    connatre la culpabilit et qu'il ne manquait que l'aveudu coupable, il pouvait ordonner la torture, ce dont on

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    36/549

    ^tS DES RAP POR TS DE I/ H 0M M K

    s'abstenait autant que possible, parce que, dit Delrio,c'esl chose fragile, prilleuse, qui trompe souvent

    Afotinendmn judid tonnent in, si possit abstinendo V e ritas haberi ; qustio cnim res fragilis est et pericu-losa, et qme ssepe veritatem fallit. (Disq. m

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    37/549

    AVEC LE DMON. 2'J

    re le mme jour, mais laisser un jour d'intervalle, dit-il,ce court repos ne permettant point que la terreur et la

    douleur soient oublies, moins cependant qu'il n'yait de nouveaux indices plus manifestes ou que le patient ne soit si robuste ou la torture si lgre, qu'ellen'ait t juge insuffisante par le magistrat.

    Quand il y avait aveu dans la torture, suivi d'un refus de ratifier, en allguant qu'il y avait eu contrainte,

    sans nouveaux indices, on pouvait ritrer la question ;si le patient continuait de nier, il ne pouvait plus ytre soum is , moins d'insuffisance de la quest ion, etde survenance de plus graves indices ; alors on le soumettait une trois ime, et s'il continuait de nier, il taitdfinitivement libre. Cependant, d'aprs la pratique de

    plusieurs tribunaux, quand les indices n'taient passuffisamment purgs, qu'on en attendait de plus manifestes, le prvenu tait renvoy sous caution, chargede se reprsenter.

    Le patient soumis la torture tait nu ; aux enfantsgs de moins de quatorze ans, on ne donnait que laterreur de la question, se bornant les dpouiller etlier sur le chevalet. Les jeunes gens gs de moins devingt-cinq ans taient soumis une torture plus douceque ceux qui passaient cet ge : les vieillards taientmoins torturs que les hommes vigoureux Lesfemmes n'taient soumises la question qu'aprs leuraccouchement et tout danger ayant cess Rien departiculier pour ce sexe que les raisons de dcence.

    On vitait autant que possible d'administrer la tortureaux sorciers, cause du pacte de taciturnit. Tousles criminels savent si bien le pratiquer aujourd'hui,dit Boguet, que la question est presque inut ile. .. Sprcngcr tait tellement de cet avis, qu'il disait treaussi difficile d'appliquer un sorcier la torture que

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    38/549

    30

    d'exorciser un possd. Bodin, avec la plupart desdmonographes, repoussait la torture, ou pensait

    qu'on ne devait pas y appliquer trop facilement lessorciers. Delrio, traitant ce sujet e.r -professa, nonous permet pas de supposer qu'il y et identitentre le pacte de taciturnit et certaines substancesemployes aujourd'hui pour paralyser la douleur etendormir. Le patient tait vei ll, on l'interrogeait, ilrpondait, mais rien ne pouvait le forcer rvlerson secret. Les sorciers avaient recours un onguentmagique, compos avec la chair d'enfants morts sansbaptme : tous les dmonologues, tous les auteursattestent que la question devenait alors inutile ; tantt le tortur refusait de rpondre ; tantt l 'intervention diabolique l'empchait de parler, ou lui causaitun sommeil comateux, ou lui donnait la force de supporter la torture, ou bien amortissait ses douleursen rendant les poids moins lourds, en relchant sesliens, en s'opposant enfin prestigieusement tout cequ'on voulait faire subir au patient. L'intervention allait,assure-t-on, quelquefois jusqu' ter ce dernier de

    dessus le chevalet et lui substituer un fantme, cequ'on ne trouvait point (quand Dieu le permet) suprieur la puissance de Satan. Parmi les moyens dedtruire le charme de taciturnit, on faisait raser lescheveux des prvenus. Les coupables avouaient alorstout ce qui s'tait pass entre eux et le dmon ; Boguet

    en cite des exemples; Delrio dit que ces pratiques,passant pour superstitieuses, taient rarement tolres.Plusieurs juges avaient ainsi recours, sans s'en douter, des sorcelleries fort blmables. En Allemagne, onfaisait tourner le tamis pour savoir si l'accus taitsorcier, on le chaussait aussi de souliers neufs oints de

    graisse de porc, etc.; en France, comme on le verra,

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    39/549

    AVEC U MMtf,

    on le jetait l'eau. Ceux qui blmaient ces pratiquesexorcisaient avec l'eau bnite, jenaient, priaient, fai

    saient de bonnes uvres... pour contrecarrer Satanet n'tre point tromps par lui.Pour obtenir des aveux, d'autres promettaient au

    prvenu de le renvoyer s'il avouait : on sait que Bodinest de cet avi s; le jsuite Delrio dit que le mensongeest toujours illicite; les catholiques regardaient un telmoyen comme un pch des plus graves. Cet aveu,obtenu par un mensonge, ne pouvait servir la condamnation, moins que les aveux ne fussent postrieurs la dcouverte de la fraude.

    Certaines petites ruses taient moins dsapprouves.Il tait permis l'accus, ses amis et complices de serunir, de parler ensemble, manger et boire. On se

    cachait alors dans un lieu d'o on pouvait tout voiret tout en tendre .. .; ou bien le juge , ayant en maintoutes les pices de conviction trouves dans la d e meure du prvenu, aprs un mr examen de la cause,lui prsentait tout coup les onguents, crapauds, dbris de cadavres, et c. , etc. , et lui en demandait l'u

    sage. On le pressait de questions, on passait de l'uneaussitt l'autre, on les ritrait souvent. Sans insister sur les rponses, on tenait note des variations...L'accus se coupait, et on venait ainsi parfois boutde connatre la vrit. Le sorcier n'osant souvent confesser toutes ses abominations en prsence des tiers,

    Boguet pensait qu'il tait bon de faire cacher le greffier et autres... ; mais il n'tait pas d'avis qu'on pratiqut le bain ni qu'on recourt l'preuve du fou.

    Bodin veut qu'on interroge les enfants sur leurs parents sorciers ; ces enfants redoutant un auditoire nombreux , on fait cacher les tmoins derrire une tapis

    serie; ceux-ci ayant entendu les dclarations, il devient

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    40/549

    32 DES RAPPORTS DE L'HOMME

    ensuite facile de les leur faire rpter et d'en rdigeracte. Les sorciers , dit- il , seront interrogs sans

    greffier; on lie conversation, on parle d'abord des petites sorcelleries, des tours pour rire, on leur montrele dsir d'apprendre quelques-uns de ces prestiges;puis on leur demande si leurs pre et mre les connaissaient aussi; des plus lgers on arrive, sans discontinuer l'interrogatoire, de plus importants, et en ritrant les questions. Ce qui justifiait ces finessesemployes par quelques juges , c'est que, ne pouvantnuire aux innocents, elles devenaient souvent unmoyen de dcouvrir le crime le plus tnbreux detous.

    Observations sur les aveux, eomvient taienC~ils reus ?

    Aprs des aveux faits dans les formes, le juge n'avait plus qu' condamner; mais les aveux devaienttre clairs, vraiseinblables, lgitimes, certains, constants. S'ils taient ambigus, on les interprtait en faveur du prvenu; invraisemblables, ils n'taient jamais

    matire condamnation, en cela on tait d'accordavec les avocats des sorciers ; mais ceux-ci regardaientcomme impossibles certains aveux de faits que les dmonologues trouvaient fort possibles : Certes, nousaccordons, disaient ces derniers, que c'est impossible l'homme, mais trs-possible avec l'intervention des

    esprits; votre impossibilit absolue est donc un pursophisme. Les aveux taient lgitimes quand ils n'taient point extorqus par la crainte des tourments;s'il n'y avait indices suffisants, l'aveu tait no avenu,car on ne croit pas celai qui veut mourir. Des sorciresdsespres avouaient la tyrannie du diable, et, pour

    s'y soustraire, demandaient la mort ; on y dfrait d'au-

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    41/549

    AVEC LE DMON. 33

    tant plus difficilement, que la sorcire, dans de tellesdispositions, tait en voie de salut. On la retenait donc

    sous les verrous pour l'instruire : restait examinersi cette disposition tait sincre. Les sorciers taientd'autant plus astucieux qu'ils recevaient les conseilsde Satan lui-mme. Si les sorcires qui demandaient la mort n'taient pas repentantes, on devait lescondamner, car elles taient tellement asservies audmon, qu'on tait assur qu'elles retomberaient dansles mmes crimes.

    Des marques sataniques comme indices de magie ou de sorcellerie.

    En rappelant plus loin quelques -procs, nous verrons les marques figurer parmi les indices de sorcellerie ; pour certains juges elles taient des indices graves,pour d'autres fort sujettes tromper. Boguot, Remi,deLancre, Bodin, etc., attachaient une certaine importance aux marques. Delrio, d'aprs Binsfeld, trouve cemoyen prilleux : d'aprs tous, cependant, il y avait surle corps des marques naturelles, mais d'autres taientdues l'uvre de Satan. L'exprience permettait de lesdistinguer : ces dernires oraient le vestige d'une pattede livre, d'une araigne, d'un crapaud, etc. On lesdistinguait quelquefois par l'ingalit de la partie stigmatise qui paraissait enfonce, cautrise, insensible,comme morte, etc. On y enfonait une alne sans qu'il

    y et sang rpandu ni douleur ; on tenait le moyen deles reconnatre, des sorciers qui avaient abjur, deceux qui avaient vu le dmon marquer tel sorcier danstel endroit de son corps : alors on cherchait ces marques et on les trouvait ; les aveux du sorcier marquconcordaient avec la dclaration des complices ctavec la

    dcouverte des marques ; un chirurgien procdait cetteli. 3

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    42/549

    3i DES RAPPORTS DE L' HO MM E

    opration ; il pouvait enfoncer trs-profondment unpoinon sans que le sorcier le sentt : quelquefois ce der

    nier pensant qu'on allait, enfoncer le poinon, tressaillait, feignant une vive douleur : avec de l'exprience onn'tait point dupe de ces ruses. Quand le chirurgienappliquait le cot obtus de l'instrument sur la marqueou cot, le prvenu s'agitait; enfonait-on la pointedans la marque, il n'y sentait rien, tant on apportaitd'adresse djouer ses ruses. Jacques d'Autun, qui afait de longues dissertations propres tablir l'existence des marques sataniques, est pourtant d'avis quecet indice, quoique assez considrable, est trop quivoque pour en foire une forte prsomption de sorcellerie.

    Le but dos marques, c'tait d'effacer le saint-chrme,d'assurer davantage Satan la possession de celui quil'avait consentie : c'tait enfin un signe visible de servage. 11 n'en tait pas moins vrai que les plus insignessorciers taient souvent sans marques, le dmon lesayant eiaccs quand ils taient pris, ou ayant marquseulement ceux dont il se dfiait. Cette astuce infernale

    pouvait sauver des coupables et faire prir mme desinnocents. On avait observ que de tels indices causaient des erreurs dplorables'.

    preuve de l'eau comme indice.

    Les preuves parle fou et par l'eau avaient cess, lorsque, vers la fin du seizime sicle, cette dernire reparut

    i . Sur !a procdure a suivre dans les accusa lions de sorcel ler ie etsur les preuves, indices et autres moyens de dcouvrir ce crime,V. Pch'io, bisquis. magie, liv V; lodin, Dnonomanic, liv. IV; Jo-guet, Discouru des sorciers, etc . ; J. d'Autun, Incrdulit savante, etc.,2 e partie; de Lancrc, Inconstance des mauvais anges; Sprcngcr, Mal-

    kus wwile/icarum, 31

    pars.

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    43/549

    AVEC LE DMOS.

    en Wcstphalie , en Al lemagne; Le Brun dit que Bodinl'apporta d'Allemagne en Anjou, et de l l'usage s'en

    rpandit en France ; on cite diffrents faits qui prouvrent aux magistrats que cette preuve tait infaillible pour dcouvrir les sorciers : des hommes suspects ayant essay en secret l'prouve de l'eau, voyantqu'ils plongeaient, s'y soumettaient hardiment, maistaient tristement surpris de se voir surnager commeun bloc de lige. L'preuve paraissait d'autant plussurnaturelle, qu'un accus tant prouv pour plusieurscrimes, enfonait ou surnageait selon qu'il en tait innocent ou coupable. Comme il ne peut appartenir aune cause morale de changer les lois physiques, nulcrivain srieux ne put nier le prodige. (V. Le Brun,Hist. cr., II, p. 247.)

    On sait comment on procdait cette preuve : les .deux bras taient croiss dessous les jambes, les poucesattachs aux gros orteils, le corps ainsi en peloton,une corde tant passe sous le ventre de l'accus, onle lanait dans l'eau. Le juge Rickius cite plusieurspreuves bien constates sur des personnes jugessorcires et qui n'enfonaient pas ; leurs parents, pensant que cela pouvait tre naturel, essayaient et allaienttout naturellement au fond de l'eau. Ce magistrat rapporte qu'une femme condamne au bannissement poursortilge, avec dfense de rentrer sous peine de mort,revint, et fut condamne tre noye, mais le bourreau

    ne pouvait remplir son office ; quoique attache unegrosse pierre, elle surnageait comme une plume; pourexcuter l'arrt, on fut oblig de maintenir sa tte dansl'eau avec une longue perche, jusqu' complte asphyxie. Parmi ceux soumis l'preuve on en voyaitainsi qui ne pouvaient enfoncer, soit qu'on pest sur

    leur corps avec une perche, soit que d'autres personnes

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    44/549

    30 DES H.UH'OUTS DE L'HOMME

    lissent des ellbrts pour les submerger.On l'a vu prcdemment, l'glise jugeait ds le treizime sicle que lespreuves taient superstitieuses. Les magistrats observrent bientt que le dmon trompait tout le monde. Lediable avait engag une femme demander l'preuve enlui promettant qu'il saurait la lui rendre favorable ; celle-ci, pleine de confiance, s'y soumit, et cependant surnagea ; en avouant le crime de sorcellerie, elle rvlacomment le dmon l'avait trompe.

    Un ouvrier de Saint-Florentin, innocent de l'accusation de sorcellerie, voulant faire faire la calomnie,demanda subir l'preuve de l'eau en prsence deshabitants de plusieurs villages, mais il ne put enfoncer;en vain des enfants s'efforcrent de lui faire faire leplongeon, l'preuve fut dfavorable. Les juges, certains

    qu'elle trompait, ne le condamnrent point, maisl'opinion publique continuant do l'accuser et personnene voulant 1,'occuper, ce malheureux tomba clans uneaffreuse misre. La magistrature vit enfin que l'glisene s'tait point trompe, et rpudia elle-mme cettepratique. tl y en a qui ordonnent le bain, disait

    lloguet , mais en cela, je ne doute pas qu'on ne tenteplutt Dieu que de faire antre chose. Ds 1 G01, leparlement de Paris renona l'preuve de l'eau, qu'onpratiqua quelquefois encore dans divers li eu x, et ,chose tonnante, presque l'entre du dix-hui timesicle, on vit une preuve de co genre. Avant d'ex

    poser les faits de sorcellerie, nous citerons ici unepreuve par l'eau qui prouvera qu'au dix-septimesicle on la considrait comme fort capable d'induireen erreur, et ne donnant point lieu poursuivre.Cequ'on va lire fit beaucoup de bruit dans le temps. AMontigny, trois lieues d'Auxerrc, plusieurs personnessouponnes d'tre sorcires voulurent se justifier par

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    45/549

    AVEC LE DMON. 37

    une preuve publique : elle eut lieu le 5 juin 1090, Onsonna la cloche grande vole et le peuple, attir par

    la curiosit, se rendit en foule une lieue de l surle bord du Senin, o se trouvaient, parmi un grandnombre de personnes accourues des pays voisins, descurs, des religieux, des gentilshommes, etc.

    Ceux qui demandaient l'preuve quittrent leurshabits, les bras et les mains furent lis aux jarrets et

    aux pieds, et une corde fut passe sous l'aisselle pourles retirer. On les jeta ainsi dans la rivire; deux seulement enfoncrent, tous les autres surnagrent. Commeils prtendirent que les cordes taient charmes, onen changea plusieurs fois ; ce fut leur confusion : onne se borna point l'authenticit que tant de spec

    tateurs et de personnes de distinction donnaient l'preuve, un notaire fut charg d'en dresser procs-verbal, dont voici l'analyse. Ce jourd'hui 5 e jour dumois de juin 4096, l'heure de huit environ du matin,se sont adresss, etc. (suivent les noms de ceux quise plaignaient d'tre accuss tort de sortilge), lesquels se sont soumis , e t c . et m'ont requis de vouloirme transporter avec eux et avec les tmoins ici nomms, ce que je leur ai octroy, dont acte, etc.. Ce faitet l'instant, je notaire soussign, assist des tmoinsci-dessus nomms, me suis transport ladite rivirede Senin, au-dessus du gu du Bas des pierres... dansl'endroit le plus profond qu'ils ont pu trouver, et ontt jets les uns aprs les autres dans ladite rivireen prsence de plus de six cents personnes... La veuvedes Bufs a enfonc deux fois dans l'eau avec la femmed'Appougny ; quant N et N, n'ont nullement enfoncdans l'eau, non plus que des gourde s. .. Dont et delout ce que dessus, etc.; la minute est signe, etc..

    contrl Seignclay le \ 1 juin 11)90 par Noiret. Ce

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    46/549

    :w " D E S I U P P O U T S D E L ' H O M M E

    procs-verbal fut rdig fort succinctement dessein,pour diminuer la confusion de quelques personnes ;

    par pudeur on leur avait laiss leur chemise, quelques-uns, croyant qu'elle les empocherait d'enfoncer, l '-trent et continurent de surnager. On fait observerqu'ils taient plutt maigres que gras, ce qui devaitles faire mieux enfoncer. Ils furent jets l'eau quatreet cinq fois et on les laissa surnager sur un creux trs-profond environ une demi-heure. On fut embarrassde la procdure suivre dans ce cas; le receveur de laterre do Montigny, charg par son bail de la poursuitedes procs criminels, pour viter un grand embarras,empcha la poursuite. Les juges de Montigny en rfrrent M. le Prince, qui rpondit qu'on ne devaitpoint ritrer ces preuves, n'ayant rien de convain

    cant; qu'elles n'taient pas naturelles, mais superstitieuses et dfendues par l'glise ; les curs qui lesautorisent mriteraient que leur vque leur infligetune pnitence. (V. Le Brun, ///

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    47/549

    AVKC LE DMON. 3fl

    strilit, les haines, l'adultre des poux, etc.; 3 jeterun sort, quoique nul n'en soit mort, etc., etc.

    On ne condamnait qu' une amende ceux qui selivraient aux divinations pour la premire fois; laseconde, au fouet; la troisime, on les envoyait augibet. Aux gurisseurs qui dtruisaient les charmes, ceux qui chassaient les temptes, conjuraient les pluieset la grle, dfense, ordinairement, de rcidiver sous

    des peines corpore lles. .. Les enfants sorciers, fouettsde verges, taient confis des personnes sages pourles diriger et les instruire. Leur crime tant avr, s'ilsne veulent rien avouer, ils seront mis mort. L'obissance un pre sorcier appelait l'indulgence surson enfant; quoique le malfice ft constant, quand

    il y avait eu contrainte, l'enfant n'tait que peu oupoint puni, on l'instruisait. Si celui qui reniait Dieuet se donnait au diable pour tre guri ou sauv d'ungrand pril tait un ignorant, il y avait quelque excuse, qui n'existait plus s'il tait lettr... Peine capitalecontre ceux qui invoquaient Satan et se donnaient

    lui, attendu qu'on ne se donne point au diable parerreur. Dans tous les procs on voit que Satan veut unefranche volont. Un tourdi qui.aurait lu des formules d'vocation s a n s y croire n'et t puni que d'uneamende.

    On considrait comme injurieux Dieu de laisser

    impuni un sorcier avr; le faire vader, ne pas le punir selon la rigueur des lois, c'tait pour un peuple sefaire abandonner de Dieu, se mettre la merci dudiable et de ses suppts. Nous ne serons donc pointsurpris la fin du dix-huitime sicle d'entendre quelques voix s'lever contre les dmonoltres (ou sorciers)

    et prdire des maux incalculables. Les juges n'avaientn'en redouter des sorciers; c'est Dieu qui niellai! ces

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    48/549

    40 D E S R A P P O R T S D E L ' H O M M E

    derniers entre leurs mains. Au contraire, l'impunitdes sorciers livrait le pays toutes sortes de flaux.

    lodin prouve que plusieurs flaux n'ont cess qu'aprsla mort de certains sorciers. Les prtres sorciers taientdgrads et brls; celui qui aurait agi avec simplicitet dans de bonnes intentions, celle de gurir, parexemple, tait moins rigoureusement puni. La suspense pouvait tre d'un an et plus.

    Le sortilge tait constant, quoique le prtre etprononc des paroles saintes, dit des messes de mortpour des vivants, baptis des crapauds, etc ., etc ., carl'ignorance ne pouvait tre invoque... Celle d'un curde campagne appelait moins de svrit; au lieu de lepunir de mort, on le dgradait avec des crmoniesinfamantes, et il tait enferm perptuit dans unmonastre pour faire pnitence.

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    49/549

    A V E C L E D M O N . Ai

    C H A P I T R E III

    Expos gnral et succinct des faits de sorcellerie et de magie, durant les

    quinzime, seizime et dix-seplime si c le s. D es malfices,Malficespar attouchement, expmples. Malfices par poudres. Malfices pargraisses ou onguents. Les gogues. Malfices par le souffle, le regard. Des ligatures ou malfices causant l'impuissance, faits divers. Desligatures sur d'autres organes, sur les animaux et sur les choses. Gurfsonssuperstitieuses. Gurisons cabalistiques, usage (l'un miroir magique. Autres gurisons appartenant la vaine observance. Gurison par l'onguentdes armes, par la poudre de sympathie.

    Expos succinct des faits de sorcellerie et de magie, durant lesquinzime, seizime et dix-septime sicles inclusivement.

    Se borner faire l'analyse de quelques procs de

    sorcellerie, ce serait omettre plusieurs parties de lascience infernale qui n'y figurent point ou n'y paraissentque rarement; l'expos manquerait mme de cet ordrequi permet de comparer les pratiques anciennes avec lesmodernes et d'observer la similitude des prodiges danstous les temps. On va donc pralablement passer en

    revue, comme on l'a fait prcdemment, les malfices,les gurisons, la magie prestigieuse, les diverses divinations, les copulations diaboliques, les possessions, lesobsessions, les infestations, etc., etc. Le sujet, mieuxconnu, permettra d'tre plus complet, et ce qui taittnbreux dans les poques prcdentes va perdre

    une partie de son obscurit.

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    50/549

    42 DES RAPPORTS DE L'HOMME

    Des malfices.

    On ensorcelle par des charmes ou paroles magiques,par certains caractres crits sur vlin, par diversessubstances, par insufflation, regards, attouchements,par le moyen d'aiguilles, cl ou s, e tc ., e tc . , le toutagissant comme signes, car le dmon seul opre,

    comme on l'a dit.

    Malfices par attouchement, exemples.

    On en a des exemples nombreux qui offrent toutel'authenticit dsirable.

    En 1C09, une jeune femme de vingt-cinq ans, lami-carme, priait, l'issue do la messe, sur la spulture de ses parents; une femme, nomme la Mandi-bouro\ s'approche d'elle et tc officieusement de dessus la manche du bras droit une plume ou un brin depaille; ce procd, si simple en apparence, fut aussitt suivi d'un engourdissement et d'un tremblementqui augmenta d'intensit durant cinq six heures, etaccompagn d'une telle langueur, qu'on la crut morte.De Lancre (l'Incrdulit et la mescranee, p. 125), conseiller au parlement de Bordeaux, dit que, lors de laconfrontation, le bras allait si vite, que nul homme,avec tout l'artifice du monde, n'aurait pu ainsi l'a

    giter. Non-seulement il ordonna des hommes robustes de le tenir, il voulut s'en assurer par lui-mme;

    1. Celle femme tait sans doute ne aMandibouro. On donnait parfois dans les villages, aux gens trangers k la localit, le nom du lieude leur naissance. Nons lisons ailleurs qu'un enfant de ch u r,en donnant la paix baiser dans l'glise do Mandibouro, laissa tomber

    son chapeau qui fut ramass obligeamment par une femme; mais dsqu'il eut plac ce chapeau sur sa tte, il fut malfici.

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    51/549

    A V E C L E D M O N . 43

    et quoique cette femme ft trs-faible et fort abattue,il devint impossible d'arrter son bras. Pendant l'ex

    prience, le silence et le maintien de la sorcire prouvrent aux assistants qu'elle tait demi convaincue;trois fois emmene et trois fois rappele, chaque fois,le tremblement qui avait diminu pendant son absencedevenait en sa prsence plus violent. Cet attouchement, dit de Lancre, est plus contagieux que la peste.

    Il rsulte d'un procs-verbal de Philippe Gaigneur,clerc Provins, que, au mois de juillet 1452, unefemme, portant des mireiirs son chapeau, parcourait ladite ville en demandant qu'on l'hberget : leportier de l'Htel-Dieu y consentit. Mais, en entrant,son chien ayant mordu cette aventurire au visage,elle devint furieuse, et dit la femme du portier : Tum'as fait mordre par ton chien, avant trois jours tummorrasde malvaise mort.. Levant aussitt son bton,elle lui en assna un petit coup en disant quelle enavait assez. Cette femme tomba vanouie, et l'trangre s'enfuit.. . Survint le fils du port ier, surpris detrouver sa mre en cet tat; cel le-ci put lui dire que

    ce coup lger lui tait all droit au cur, et l'envoyachercher un prtre pour la prparer; ce qu'il fit. S'-tant ensuite rendu chez le prvt, et se soumettant payer la dpense de cette femme, il demanda qu'elleft incarcre. Celle-ci, interroge pourquoi elle afrapp et menac de mort dans trois jours. . . , r

    pond que si on voulait la mettre dehors et lui permettre de parler la femme malade, celle-ci ne mourraitpoint...Le prvt, refusa, et, trois jours aprs, l'heure mme o le coup avait t port, la femmetrpassa1.

    ). Cotte sorcire avoua que, >e rendant invisible, elle tuait les en-

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    52/549

    44 D E S R A P P O R T S D E L ' H O M M E

    On pourrait citer une foule d'autres ensorcellementspar le toucher. Le cur de Listrac racontait de

    Lancre qu'une sorcire lui ayant touch sa ceinture,ds ce moment il lui sembla qu'un cercle de fer luiserrait troitement le ventre et les reins. Quoiqu'il etquitt cette ceinture depuis sept ans, il s'en ressentaitencore.

    Le cur de Molis, son voisin, eut un sort plus fu

    neste; un sorcier lui ayant touch l'extrmit despieds et des mains, il en prouva des douleurs si vives,qu'il mourut au bout de trois jours. (De Lancre, Ibid.*p. 132.)

    Jr. Cardan dit avoir vu Pavie une sorcire quiavait fait mourir un enfant en Je frappant doucement

    sur le dos avec une baguette.Boguet dit aussi qu'il a connu une sorcire qui ma-lfcia un homme en le tirant trois fois par son habit. On verra Franoise Secretain et Thicvenne Pagelfaire prir des vaches et des juments en les touchantavec une baguette et en prononant des paroles.

    Malfices par poudres.

    Boguet cite des faits qui prouvent que les poudresempoisonnaient uniquement d'aprs l'intention; d'autres fois elles devaient empoisonner le premier qui seprsenterait.

    fants au berceau; comment, aprs avoir invoqu le diable qui luiapparaissait, elle pouvait ravager les rcoltes, etc., etc.

    Deux femmes et trois nommes portant aussi des mireitrs. leurs chapeaux firent les mmes aveux. In Yalcton, ftg de onze ans, dclaraque ses pre et mre le conduisaient au me$h>... Qu'un homme doTalant, les ayant Tchs, ils avaient gt les vignes de Talanf; il nommaun prtre des environs de Dijon et un homme riche r. DAlr, quitaient do lenr.sfcte, etc.

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    53/549

    A V E C L E D M O N . 45

    Barbe Dor, condamne le i I janvier 1577 par arrtdu parlement confrmatif de la sentence du bailli de

    Saint-Christophe-lez-Senlis, avait fait mourir troishommes en jetant un peu de poudre o ils devaientpasser. (Bodin, Dcmonomanie, f 115.)

    Sprengcr, en Allemagne, condamna une femme quiavait fait prir vingt-trois chevaux un marchand deRavensburg, en mettant des poudres sous le seuil de

    l'curie. (Bodin, IbiiL, f 6.)Salvcrt, qui fut depuis prsident de Poitiers, condamna au feu trois sorciers et une sorcire, convaincusd'avoir fait mourir plusieurs personnes et des b es tiaux en enterrant sous le seuil des tables des poudres que Satan leur distribuait au sabbat. Bodin, quitenait ce fait de Salvert lui-mm e, dit que ce n'est pasla vertu de l poudre qui opre, tant enfouie souvent doux pieds sous terre, cela dpond du pacte. (Ib'uL," 86-87.)

    Jeanne Harvillier, prs de Compigne, jette de lapoudre dans l'endroit o devait passer celui qui avaitbattu sa fille, un autre y passe et meurt en ressentantdes douleurs intolrables . Ici la poudre n'a pas choisisa victime, elle devait tuer le premier qui passerait. On avait vu Jeanne, le jour mme, jeter le sort, qu'ellevoulut ensuite dtruire par la coopration du dmonqui s'y refusa, malgr ses reproches... L'homme mourut et on la trouva cache dans une grange. Cettefemme, fdle de sorcire, fouette trente ans auparavantpour crime de sorcellerie, changeant souvent de nomet de lieu, avoua son crime, sans torture. (Bodin, Jbid.,prface, f 1.)

    i. La demoiselle de La Barrire, tant l'abbaye de Gros-Bois,

    comptait tranquillement de l'argent sur un coffie cl d'un nomm

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    54/549

    D E S U A l ' l ' O U T S D E L ' H O M M E

    Malfices par graisses.

    On verra dans les procdures qu'elles avaient lemme pouvoir que les poudres- .lean Humbert, dclare que le diable au sabbat leur donne des graissesen les assurant que ceux qu'ils en frotteront, mourrontou languiront aussi longtemps qu'ils voudront. Humbert en ayant oint son fouet, fit prir cinq jours aprs

    les deux chevaux d'un nomm Ilumblot qu'il hassait.(De Lancre, Ibid., p. 131.)

    Des gogues.

    Pierre Biaule, Mdard Lavaux, Bras-de-Fer, petit

    Pierre et Jardin, furent condamns, par arrt du parlement de Paris du 22 dcembre 1691, tre pendus etbrls, comme tant atteints et convaincus d'avoir faitpartie d'une ligue de malfaiteurs qui faisaient mourirtous les bestiaux en dposant sous le seuil des tableset enfouissant sous les chemins, des sorts appels yo-gtes, composs de sang, de fiente d'animaux, d'eaubnite, de pain bnit, de morceaux de la sainte hostie,de couleuvres et de crapauds, dont la vertu tait renouvele par des aspersions de vinaigre. (V. plus loin leprocs des bergers de Brie.)

    Malfices par le souffle, le regard.

    On en verra plus loin un exemple dans un mendiantqui, passant la veille de la Fte-Dieu dans les villages

    Chamouillard, qui versa derrire clic un peti t sachet de cuir tanncontenant de la poudre. Cotte dame, en se retournant, marcha dessuset fut malticie. Le parlement de Paris, en 151)7, condamna Cua-

    mouillard Cire pendu,

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    55/549

    A V E C L E D M O N .

    de Saint-Palais et Menetou, non loin de Bourges, fitmourir la femme de Silvain Le Febvre. Celle-ci

    fut subitement atteinte d'une enflure aprs avoir mangun morceau d pain sur lequel le mendiant avait souffl. Le mme individu, le mme jour, faillit par regardet insufflation, causer la mort de la femme de PierrePostard, au moment o celle-ci, assise devant sa porte,demandait qu'on apportt ce pauvre un morceau depain. (V. plus loin le procs du mendiant de Monais-tre.)

    L'ensorcellement parle souffle se voit dans plusieursprocs. Clauda Gaillard, dite la Fribotte, souffla contreClauda Perrier qu'elle rencontra l'glise d'bouchoux.

    Cette dernire devint aussitt impotente et mourut delangueur au bout d'un an. (Boguet, Disc, des sorciers,p. 175.)

    Marie Perrier ayant refus l'aumne cette sorcire,celle-ci lui souffla si rudement contre, qu'elle fut terrasse, tomba malade, et ne gurit qu'aprs les menaces faites la sorcire par Pierre Perrier. {Ibid.)

    Sprenger, diocse de Constance, condamna une sor

    cire qui rendit un homme ladre, en lui soufflant dessus, etc. Nous verrons que cette maladie n'tait pointdonne par contagion; le souffle des sorciers causaitdes maladies dont ils n'taient point atteints. {Ibid.)

    Des ligatures ou malfices causant t'impuissance.

    Nos pres, moins crdules qu'on ne pense, necroyaient ce genre de malfices que lorsqu'il leurdevenait impossible de nier ou d'expliquer naturellement. De Lancre connaissait les objections des incrdules de nos jours : On peut se repentir d'un mariage

    mal assorti, dit-il (Ibid., p. 315), demander de le faire

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    56/549

    D E S H A l ' P O K T S D E L ' H O M M E

    rompre sous prtexte de sort il ge. ,. ; c'est peut-treune invention des prtres qui ignorent l'uvre du ma

    riage, ou de quelques mdec ins ignares?. .. N'est-cepoint un effet de l' imagination?etc. , etc. Tout cela, continue de Lancrc, serait de quelque considration, sil'exprience, les circonstances du fait, la raison..., etc.,permettaient de s'y arrter. Mais tout prouve qu'il y ades ligatures qui peuvent produire, selon l'intention,huit effets diffrents... La dcence ne nous permetici que d'en citer deux seulement. 1 Quoique lesconjoints s'aiment avec passion, au moment de l'approche, ils sont forcs de se mordre et de s'gratigner.La femme apparat son mari avec une beaut qui l'excite ; le prestige aussitt opre : il la voit avec un visageaffreux, tout en elle lui inspire horreur et dgot ; 2 n les

    poux ne peuvent se joindre, un obstacle, une sorte defan tzne s'interpose, ils restent spars. On croirait,dit de Lancrc, que ce sont des contes faits plaisir,parce que le diable s'y sert d'iuepties et de bagatellespour abuser le sorcier, et si ridicules qu'on ne peutcroire aux graves accidents qui en sont l'effet; mais

    il en est autrement, il n'y a que rage et dsespoir : il renvoie aux arrts des parlements, aux lois, auxdcrets des conciles, etc., pour manifester la gravitde ce crime. Aprs trois ans de ligature, il taitpermis de convoler de secondes noces ; l'immoralit,l'adultre on taient le rsultat, etc. Le parlement de

    Paris, dit de Lancre, a donn une leon aux juges deson ressort en prouvant la ralit des ligatures.

    Bodin dit qu'on assure qu'il existe plus de cinquantemanires de lier, produisant divers effets ; que tout lemonde s'en mlait, depuis les enfants jusqu'aux grandsseigneurs.

    Lonard Vair, docteur en thologie du seizim c

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    57/549

    A V E C L E D E M U N . 49

    sicle, a cit le fait suivant de ligature : En allant,dit-il, Visiter un-de ses'bnfices, son rgisseur, pro

    che parent d'un riche bourgeois nomm Jacques Vrard(ami de Vair), lui raconta que ce dernier ayant ttnalfici ds le premier jour de son mariage, safemme ressentit tout coup pour lui une telle aversion, qu'il ne put ni cohabiter avec elle, ni demeurersous le mme toit; ds qu'il approchait, ce lle-ci dev e

    nait si furieuse qu'elle se serait jete par la fentre ;Vair, pouvant peine le croire, ft venir cette dame, lemari restant cach, et interrogea celle-ci qui, pleurantamrement, rpondit qu'elle ne pouvait expliquer sahaine; car peine son mari avait-il disparu, elle prouvait pour lui un dsir si ardent, qu'elle ne saurait l'ex

    primer, mais ds qu'il approche, elle le voit si horrible,si contrefait, si couvert de monstres affreux * qu'elleprfre la mort la plus cruelle plutt que de se joindre lui ; s'loigne-t-il, le mme dsir renat. Pour savoir ce qui surviendrait, dit notre grave thologien, jecommandai aux femmes qui l'accompagnaient, ut illamtimim pedes et brachia super leetum valido fnne in crucismndum viucirent. Cette femme, vu le grand dsir qu'elleavait de faire cesser son fcheux tat, consentit treainsi garrotte, et pria qu'on introduist son mari ; peine entr, dit Vair, on ne vit jamais furie si hideuse,si inhumaine, que cette pauvre femme; plus farouchequ'une bte sauvage, elle cumait et bavait grandsilts, frmissait, grinait des dents, tournait des yeuxde tous cts. Tout son corps semblait rempli et tourment de tous les diables. Les femmes rapportrentqu'ayant touch son ventre et son estomac, elles lestrouvrent comme remplis de grosses cordes reco-quilles, et sa peau comme dchire de coups de verges : sa furie ne cessa que lorsque le mari, las de lutter,

    n. 4

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    58/549

    oO DES A P P O R T S D E L ' H O M M E

    fut sorti, ayant grande compassion de sa pauvre pouse.Finalement, dit Vair, trois ans s'taient couls depuis

    leur mariage , quand une vieille femme trs-experte ensorcellerie dtruisit le charme qu'elle avait ele-niinecompos le jour mme des noces. Alors le mari put

    jouir de sa femme et ils vcurent en trs-bonne intelligence. Voil, dit-il, comment les dmons, en altrant le corps humain, peuvent tre les auteurs de lahaine, etc. (L. Vairus, Def'nmno, 111, 9.)

    Un comte de Wcstravm, dit Valdrame, avait t lipar sa concubine depuis plus de trois ans. Cet tat continuait, et il lui tait impossible de s'approcher de safemme, quand le hasard voulut qu'il rencontrt cetteconcubine. Celle-ci lui demanda s'il avait des enfants. Oui, rpondit le comte, j'en ai trois, et ma femmeest enceinte du quatrime. La concubine surprise ne put s'empcher de dire : Ah] mauditesoit la sorcire qui m'a si mal appris jeter le chaudron dans le puits, pour que vous ne puissiez jouir devotre femme! Sachant la cause de la ligature, lecomte fit retirer du puits et briser le chaudron ; aussi

    tt il fut dli et eut ensuite de beaux enfants. La sorcire fut brle. (De Lancre, Jbid., p. 346.

    On pourrait rapporter une foule de ces malfices quiprovoquent aujourd'hui le sourire du lecteur, et faisaient rpandre nos pres des larmes bien amres. On appelait Wjatvre le malfice qui paralysait une

    facult physique et frappait un membre d'impuissance, et checil/ement, l'opration magique qui fermaitun conduit, empchait, par exemple, d'uriner. Ilest certain que le nouement d'aiguillette tait si commun, qu'on tait oblig (selon de Lancre) de se marier In drobe. Cette ligature avait lieu pour un jour,

    pour un mois, pour une ou plusieurs annes. Pour un

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    59/549

    A V E C L E D M O N . .il

    ou deux jours, c'tait une plaisanterie qui ne tirait pas consquence, m ai s' pu re gentill esse; quelquefois

    enlin, au lieu de causer une haine terrible, elle neproduisait que l'oubli. Pour prvenir ce malfice, onrecommandait l'usage des sacrements.Nul doute quel'usage, devenu de plus en plus rare et presque aboli,de faire ce qu'on appelait la nuit de Tobie, et de bnirle lit conjugal, ne soient une tradition d'un prservatif devenu inutile depuis qu'on a renonc pratiquer ce malfice. Comme l'glise, les sorciers avaientaussi leur remde ; tandis que l'glise ordonnait laprire, ils recommandaient d'user de la copulationavant le mariage 1. Rien ne servait donc mieux lacause de Satan. Ce malfice tait la source des adultres; il dtruisait la concorde entre poux, rendaitles mariages striles, causait leur dissolut ion; enfin,comme prservatif de ces maux temporels, on conseillait la fornication.

    Des ligatures sur d'autres organes, sur les animaux et sur les choses.

    On sait que ce genre de malfices ne s'exerait passeulement contre des poux; on liait les taureaux les plusfurieux, le lait des vaches, des brebis; un valet, ditde Lancre {Ibid., p. 32G), lia la langue l'enfant deses matres, et celui-ci fut muet durant six semaines.Le valet, qui avoua ce malfice et d'autres encore, fut

    pendu et brl. De Lancre a jug les procs de plusieurs personnes qui avaient priv une infinit dekrcns de l'usage de leurs bras ou de leurs jambes. Un

    jeune homme ainsi li fut boiteux ds qu'on eut mis

    1. Parmi les autres moyens, on recommandait d'uriner dans l'an

    neau nuptial. ()e Lancre, Ibid.)

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    60/549

    h"2 D E S R A P P O R T S D E L ' H O M M E

    des poudres du sabbat dans ses sabots, et un autrepriv de l'usage de tous ses organes, l'exception

    de la langue; on fut oblig de l'apporter devant laCour.Le chevillcment ne se bornait point aux tres ani

    ms, on chevillait les objets matriels : tels que voitures, machines, moulins, fours, lessives, instrumentsde travail, etc., etc. On dliait et on liait les vents.

    Jean Estrade, de Florenty, paroisse de Btaille,meunier de Las Coudourlieras, paroisse de Vigenne,dclare que lors de la fauchaison dernire, son moulintant en trs-bon tat, ayant beaucoup d'eau et forcebl moudre, il y vint une femme dite Gche Noals,du vil lage d'ujac, avec deux autres femmes, apportantchacune un peu de bl pour le moudre et l'emporter,auxquelles il rpondit qu'il ne le pouvait si promp-tement, puisque d'autres attendaient depuis sept huit jours. Elles s'en allrent, paraissant fort mcontentes; le meunier, accabl de sommeil, se retire enrecommandant sa femme de faire moudre pendantqu'il se reposera. peine tait-il sur son lit, quecelle-ci l'appelle en lui disant que le moulin est arrt.11 se lve, voit, examine. Tout est en bon tat; maisle moulin refusant toujours de tourner pendant septsemaines, il s'adressa Jean Gosfe, propritaire de cemoulin, qui fit venir la femme Cache. Celle-ci entredans l'usine. .., demande de l'eau bnite , se m eta

    genoux sur la vanne et y reste un quart d'heure ; pendant ce temps , le moulin se dbande, dit de Lancre,et commence moudre avec plus de roideur qu'auparavant; sans avoir fait autre chose, la Gche seretire aprs avoir reu deux po?'y?drex de' bl poursalaire. Ce ehcvillenient est mentionn dans l'acte

    d'accusation du sieur de Plas , procureur d'office

  • 7/30/2019 Bizouard.dmons.2

    61/549

    A V E C L E D M O N .

    contre Estevene d'Audebert, excute Bordeaux, le20 mars 1619. (V. de Lancre, IbirL, p. 348 et 820.)

    Les ligatures furent trs-frquentes au commencement du dix-septime sicle; de Lancre, qui le rappelait aux magistrats, disait : Nous ne sommes plusdans ce sicle o nos anctres renvoyaient par compassion les sorciers a, leur cur, souvent plus infectet mieux instruit dans la sorcellerie qu'eux Il

    n'en veut parler, au