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Dossier 1 : La participation politique et l’abstention Document A. Inégalités face à l’inscription sur les listes électorales Remarque : L’article 3 de la Constitution de 1958 dispose que « sont électeurs tous les nationaux français majeurs des deux sexes, jouissant de leurs droits civils et politiques ». Le droit de vote est étendu aux citoyens de l’Union européenne pour les élections locales et européennes (traité de Maastricht, 1992). Mais pour participer aux élections, encore faut-il être inscrit sur la liste électorale de sa commune de résidence. Q4 : En 2018, d’après une publication de l’Insee intitulée « inscriptions électorales de 2018 : les trentenaires moins inscrits que les autres » et publiée en juillet, 88,3% des électeurs potentiels (voir encadré) étaient inscrits sur les listes électorales. Q5 : Pour cela il convient de neutraliser l’effet de l’âge en regardant les données de la ligne « ensemble ». On constate alors que plus le niveau de diplôme est élevé et plus le taux d’inscription sur les listes électorales l’est également. Il est par exemple de 76,5% pour les sans diplôme et de 92,4 % pour les titulaires d’un diplôme supérieur au baccalauréat. Plus un individu est diplômé, plus il se sent concerné par la politique, mieux il comprend les

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Dossier 1 : La participation politique et l’abstention

Document A. Inégalités face à l’inscription sur les listes électorales

Remarque : L’article 3 de la Constitution de 1958 dispose que « sont électeurs tous les nationaux français majeurs des deux sexes, jouissant de leurs droits civils et politiques ». Le droit de vote est étendu aux citoyens de l’Union européenne pour les élections locales et européennes (traité de Maastricht, 1992). Mais pour participer aux élections, encore faut-il être inscrit sur la liste électorale de sa commune de résidence.

Q4 : En 2018, d’après une publication de l’Insee intitulée « inscriptions électorales de 2018 : les trentenaires moins inscrits que les autres » et publiée en juillet, 88,3% des électeurs potentiels (voir encadré) étaient inscrits sur les listes électorales.

Q5 : Pour cela il convient de neutraliser l’effet de l’âge en regardant les données de la ligne « ensemble ». On constate alors que plus le niveau de diplôme est élevé et plus le taux d’inscription sur les listes électorales l’est également. Il est par exemple de 76,5% pour les sans diplôme et de 92,4 % pour les titulaires d’un diplôme supérieur au baccalauréat. Plus un individu est diplômé, plus il se sent concerné par la politique, mieux il comprend les enjeux et le fonctionnement du système politique, et plus il s’inscrit sur les listes électorales (cf. compétence politique).

Q6 : Neutralisons maintenant l’effet du diplôme en prenant la colonne « ensemble » : on constate alors que le taux d’inscription (à l’exception des 30-34 ans) augmente avec l’âge entre 25 et 74 ans passant de 85% à 92,8 % puis il diminue ensuite. Les trentenaires constituent une catégorie d’âge singulière avec le taux d’inscription le plus faible (83,6%).

Document B. Des électeurs potentiels aux suffrages exprimés

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Q7 : Le taux de participation est calculé uniquement par rapport aux électeurs inscrits :

Taux de participation = nombre de votants / nombre d’électeurs inscrits

Q8 : Le vote blanc est le fait de se déplacer pour voter mais de glisser un bulletin blanc dans l’enveloppe ou de remettre une enveloppe vide alors qu’il y a abstention électorale lorsque l’électeur ne se déplace pas pour voter.

« A quoi sert le vote blanc ? » (4 minutes) : https://www.youtube.com/watch?v=cfrjJQ7IBhw

Q9 : Certains inscrits ont pu s’abstenir et cette statistique ne tient pas compte des votes blancs et nuls. Il s’agit de 66% des électeurs qui se sont déplacés au scrutin et dont le vote n’a pas été compabilisé comme nul ou blanc. Donc un candidat peut être élu avec moins de 50% des votes.

>>> Par exemple au second tour de la présidentielle 2017 :

>>> E.Macron a donc été élu avec 66% des suffrages exprimés puisque le Président de la République est élu à la majorité des suffrages exprimés, ce qui représente 59 % de l’ensemble des votes (avec blancs et nuls), 44% des

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inscrits sur les listes electorales ( si on y ajoute l’abstention) et si on y ajoute environ 5 millions de non-inscrits, 40% des électeurs potentiels.

Document C. Non-inscrits et mal inscrits

Q1 : Contrairement aux non-inscrits, les mal inscrits sont des électeurs qui sont inscrits sur les listes électorales mais ils  sont  inscrits dans une commune qui  ne correspond plus à  leur  lieu de résidence effectif et n’ont  pas fait   la  démarche de se réinscrire ou de faire une procuration (l’électeur absent choisit une personne qui vote à sa place).

Q2 :  Comme le dit Céline Braconnier, « il  faut que le vote soit facile pour voter ». Si les démarches apparaissent contraignantes pour l’électeur alors il ne les entreprend pas et sera donc d’autant plus abstentionniste.

Q3 : En rapprochant la date d’inscription de l’élection cela peut favoriser les inscriptions puisque l’électeur, pris dans la campagne médiatique de l’élection, sera d’autant plus désireux de s’inscrire pour participer au scrutin si cela est encore possible. Lorsque la date est trop déconnectée du scrutin, l’électeur n’y pense pas nécessairement et ne s’inscrit pas davantage par oubli que par manque de volonté de participation politique. D’autre part cela donne plus de temps pour s’incrire et permet aux électeurs ayant déménagé en début d’année de s’inscrire.

Document D. Abstention électorale et type d’élections

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Q1 : A l’exception des élections présidentielles, on constate que la tendance concernant l’abstention sur le long terme est à la hausse.

Q2 : On constate que les taux d’abstention peuvent varier considérablement d’une élection à l’autre, il est par exemple très élevé pour les législatives européennes (proche de 60%) et beaucoup plus faible pour les présidentielles ( 22,23% en 2017).

Q3 : Cela peut s’expliquer de différentes façons :- par les enjeux de l’élection tels qu’ils sont perçus par les électeurs, par l’utilité perçue du vote par les

électeurs. Par exemple pour les présidentielles ou encore les municipales, l’électeur attend des transformations concrètes des résultats de l’élection alors que pour les européennes, l’électeur de perçoit pas forcément les enjeux, les conséquences que cela peut avoir sur sa vie personnelle, cela lui semble lointain.

- Par l’ampleur de la médiatisation de l’élection, de la couverture médiatique : par exemple l’élection présidentielle est extrêmement médiatisée alors que les régionales ou les européennes le sont beaucoup moins.

- Par la culture politique : l’élection présidentielle sous la Vème République été érigée en rituel républicain, un totem, comme sacralisée. C’est le rendez-vous citoyen à ne pas manquer. Alors que l’Europe est perçue comme lointaine par l’électorat.

Document E. Les facteurs sociaux de la participation électorale

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Remarque : le politologue Daniel Gaxie a introduit la notion de « cens caché » qui met en lumière le fait que les citoyens n’accordent pas la même attention au fonctionnement politique selon leur sentiment   de   compétence   politique.   Il  montre   ainsi   que   certains   citoyens   ont   un   sentiment d’incompétence politique et qu’ils ne s’autorisent pas de ce fait à participer au jeu politique. Pour lui,   la durée de la scolarisation est  le principal  déterminant de la compétence politique ce qui justifie un enseignement de science politique. 

Q1 : Il peut s’agir de compétences et ressources diverses :- connaître les différents partis politiques, leurs leaders et les grandes lignes de leurs programmes, 

savoir les positionner sur l’échiquier politique (clivage gauche /droite) ;- savoir comment fonctionnent les différents modes de scrutin ;- savoir   quelles   sont   les   institutions   de   la   Vè   République,   leurs   rôles,   la   manière   dont   elles 

s’articulent ;- maîtriser  le vocabulaire du jeu politique :  suffrage, scrutin, programme, clivage partisan, clivage 

idéologique, campagne, ...- maîtriser   des   concepts   et   théories :   Etat-providence,   libéralisme,   protection   sociale,   chômage, 

socialisme,...- être capable de défendre des idées, argumenter pour convaincre, articuler une pensée, maîtriser la 

rhétorique.On comprend bien que ces ressources et compétences sont plutôt celles des plus diplômés.

Q2 : (Répondre à cette question nécessitait de la culture politique : ce que vous devez développer)Certains électeurs justifient leur absence de participation politique par un désintérêt voire 

une défiance  vis-à-vis  de   la  politique  mais  ce  désintérêt   s’explique  en   réalité  par   le   fait  que certains électeurs n’ont pas les ressources et compétences suffisantes pour participer au jeu politique : on peut considérer qu’il s’agit d’une sorte d’alibi pour masquer un manque de compétence politique. 

Par   le  passé,   ce  manque  de   compétence  politique  pénalisait  moins   la  participation.   Les électeurs s’engageaient car ils considéraient que voter était un devoir car c’est un droit acquis par des luttes et des sacrifices mais aussi car dans certains quartiers, notamment les quartiers populaires, les partis politiques (notamment le PCF) et les associations (comme SOS racisme, le MLF, ...) contribuaient fortement à la politisation des populations les moins diplômées.

Document F. Les différentes figures de l’abstention

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Q1 :  L’abstention « dans le jeu politique » concerne des personnes qui s’intéressent à la vie politique mais ne participent pas aux élections car elles ne sont pas satisfaites par l’offre électorale et souhaitent exprimer leur mécontentement. L’abstention « hors du jeu politique » concerne des personnes qui ne s’intéressent pas à la vie politique et qui ne participent pas aux élections car elles ne se sentent pas concernées.

Q2 :  Selon Anne Muxel, la baisse de la participation électorale correspondrait surtout à une augmentation de l’abstention « dans le jeu » puisque l’abstention systématique est stable autour de 12% mais c’est l’abstentionnisme intermittent qui est le fait de l’abstention « dans le jeu » qui explique les forts taux d’abstention observés.

Q3 : La montée de l’abstention peut refléter un danger pour le système politique car elle montre qu’un nombre croissant d’électeurs ne croit pas que ce système fonctionne correctement et permette de bien représenter leurs idées et servir l’intérêt général. Si l’abstention est forte : quelle légitimité l’élection donne-t-elle aux élus ?

Synthèse

Introduction : Le rituel du vote

Le vote est au coeur du fonctionnement des sociétés démocratiques (« dêmos », « kratos ») : 1 homme = 1 voix. >>> démocraties représentatives.

« La démocratie c’est le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple » Abraham Lincoln, adresse de Gettysburg, 1863.

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Véritable rituel républicain, sacralisé, en France depuis 1848(suffrage universel masculin). 

Rituel codifié : vote le dimanche / bureaux de vote/file d’attente/contrôle de l’identité et carte d’électeur à jour/retrait des bulletins/isoloir et enveloppe depuis 1913 (secret du vote) / remise du bulletin dans l’urne / assesseur : « a voté ! »/ signature sur les registres.

I. La participation politique et l’abstention 

1. Comment mesurer la participation politique ?

Plusieurs indicateurs doivent être pris en compte pour mesurer la participation politique :

Le taux d’inscription : il mesure la part des électeurs potentiels inscrits sur les listes électorales. Rappelons que d’après l’article 3 de la Constitution de 1958 : « sont électeurs tous les nationaux français majeurs des deux sexes, jouissant de leurs droits civils et politiques ».

Taux d’inscription = nombre d’inscrits / nombre d’électeurs potentiels

En France ce taux se situe autour de 88%

Le taux d’abstention : il mesure la proportion d’électeurs inscrits sur les listes électorales qui n’ont pas voté aux élections. L’abstention est donc le fait d’être inscrit mais de ne pas participer à l’élection. L’abstention se distingue donc de la non-inscription mais aussi des votes blancs et nuls (cf.dossier).

Taux d’abstention = nombre d’abstentionnistes / nombre d’inscrits sur les listes électorales

Le taux de participation : il mesure la proportion d’inscrits sur les listes électorales qui se sont déplacés pour voter. On peut alors déduire le taux de participation du taux d’abstention :

Taux de participation = 100 – taux d’abstention

2. Quelles variables déterminent la participation et l’abstention ?

Le taux d’inscription sur les listes électorales, tout d’abord, est assez stable et dépend de l’âge et du niveau de diplôme : il augmente jusqu’à 74 ans puis décline, plus le niveau de diplôme est élevé et plus le taux d’inscription est fort (document 1).

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Le taux de participation, lui, dépend principalement du niveau de diplôme qui est associé à une plus ou moins grande compétence politique. Les plus diplômés maîtrisent mieux le jeu politique,  ils participent davantage, s’abstiennent moins et sont plus souvent inscrits sur les listes électorales.

L’abstention dépend donc évidemment du niveau de diplôme (plus les individus sont diplômés, moins ils s’abstiennent)  mais  elle  varie  aussi   en   fonction de  l’élection.  Ainsi,   elle  est  nettement  plus   forte  aux européennes   qu’aux   présidentielles   pour   plusieurs   raisons :   perception   des   enjeux   par   l’électorat, couverture médiatique ou encore culture politique avec la « sacralisation » de la présidentielle sous la Vè République.

On   constate  que   sur   le   long   terme,   le   phénomène  abstentionniste  progresse  mais   l’abstentionnisme systématique est assez stable autour de 12%. C’est donc l’abstentionnisme intermittent qui augmente.

La politologue Anne Muxel  propose une typologie  explicative  de  l’abstention.  Elle  distingue d’un côté l’abstention « dans le jeu » qui concerne des électeurs plutôt diplômés et politisés qui ne rencontrent pas une  offre   politique  qui   les   satisfait   et   l’abstention « hors   du   jeu »   qui   concerne   des   électeurs  moins diplômés, en retrait, atteints d’une forme d’apathie politique souvent liée à un manque de compétence politique. 

Une partie de l’abstention peut aussi s’expliquer par la « mal-inscription » d’électeurs inscrits dans une commune dans laquelle ils ne résident pas.