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Prélude de l’expédition BODYWARE à l’ENS CACHAN

Bodyware, Prélude

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Ce document restitue les principales étapes d’un workshop qui associait la Fing et le département Design de l’Ecole Normale Supérieure de Cachan, pendant 5 jours, du 21 au 26 oc- tobre 2013. Quinze élèves, encadrés par leurs professeurs, éclairés par différents intervenants, se sont saisis des premiers éléments cartographiques et thématiques de la future expédition Bodyware pour les passer au scanner de leur regard de futurs designers

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Prélude de l’expéditionBODYWARE

à l’ENS CACHAN

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Ce document restitue les principales étapes d’un workshop qui associait la Fing et le département Design de l’Ecole Normale Supérieure de Cachan, pendant 5 jours, du 21 au 26 oc-tobre 2013. Quinze élèves, encadrés par leurs professeurs, éclairés par différents intervenants, se sont saisis des premiers éléments cartographiques et thématiques de la future expédition Bodyware pour les passer au scanner de leur regard de futurs designers.

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CARTOGRAPHIE V.1 6

ÉCLAIRAGES 11 Hubert Guillaud 13 Rémy Sussan 17 Olivier Desbier 23

REPORTAGE 27 SCÉNARII 37 Progéniture numérique 39 TRUC 59 XXY : rétrospective 67

RÉCEPTION 77

∙∙∙∙∙

∙∙∙∙∙

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CARTOGRAPHIE V.1

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INTERFACE

• Interfaces gestuelles• Mobilisation des sens :vue, ouïe, toucher, goût,odorat• Interactions cerveau machines• Interfaces tangibles,interfaces «implicites»…

SUPPORT

OBJETRÉPARÉ / AUGMENTÉ

SUJET

• De réseaux : «Body AreaNetwork»• De capteurs etactionneurs : vêtements,accessoires, implants…• D’affichage ou derestitution d’information…

• D’identification :biométrie multimodale(de l’empreinte au visageen passant par l’ADN oula démarche)• D’étude : génomiquepersonnelle• De plaisir : sexe,sensations fortes…

• Télédiagnostic,télémédecine• Médecine préventive• Nanomédecine• Prothèses et implants• Augmentationsphysiques, mentales,sensorielles

• Connaissance de soi :Quantified Self• Santé, forme et bien-être• Transformation de soi :self-hacking…

LE CORPS, NOUVELLE FRONTIÈRE DU

NUMÉRIQUE

CARTOGRAPHIE V.1

DISPOSITIF DE COMMUNICATION

• Téléprésence• Avatars, hologrammes…• Interactionsinterpersonnellesenrichies, en face à faceou à distance :communications nonverbales, interactionssensibles…

SCIENCES :

- biologie- médecine/chirurgie- cognition/neurologie- informatique- éthologie- science et expertise du matériau- IHM (interface homme-machine)

IMAGINAIRES :

- le bio, le naturel, la transition écolo-gique, la techno régulée, bridée, désarmée- trans-humanisme, la techno comme moyen de se libérer du corps- le plaisir- le souci de soi, de son apparence- le jeu- la performance

TECHNIQUES :

- smartphones- réseaux informatiques omniprésents- technologies de reconnaissance des formes- interfaces tactiles, gestuelles, haptiques, cérébrales- capteurs- génomique- robotique- prothèses- implants- modélisation 3D- jeux- nanotechnologies- biométrie- smart drugs- wearable computing- imagerie

CARTOGRAPHIE V.1

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INTERFACE

La main a déjà remplacé la souris, le tactile a colonisé tous les écrans. Avec la Kinect, innovation majeure, d’abord dans l’univers des jeux, puis très vite ailleurs, le corps entier est réquisition-né pour servir d’interface avec tous les dispositifs numériques. Une brèche ouverte dans laquelle s’engouffrent quantité de startups, comme Leap Motion, ou Myo qui promettent de révolutionner l’expérience utilisateur et l’interaction avec tous les objets connectés dans ce que certains ap-pellent désormais « the internet of everything ».

Quand le corps est privé de ses mou-vements, on peut encore utiliser le cerveau pour capter et utiliser ses ondes pour commander et piloter une prothèse. Ces interactions cer-veau-machines constituent une voie prometteuse, explorée dans des labo-ratoires de recherche publics et privés. Le cerveau comme interface n’est pas seulement utilisé dans une optique ré-paratrice, médicale, il peut aussi être exploré comme une innovation qui augmente, modifie les capacités dans le domaine des jeux.

SUPPORT

Les concepteurs de textiles intelligents mettent l’accent sur l’intégration « sans couture » du tissu et des capteurs, câbles, microcontrôleurs ou action-neurs. Les composants qui se mêlent au tissu peuvent être tissés, collés, encapsulés, imprimés ou encore com-posés de particules conductrices. Les projets de t-shirts intelligents sont la prochaine étape du Quantified Self, miniaturiser et intégrer au plus prés du corps, dans la seconde peau qu’est le vêtement. Une majorité d’acteurs ciblent le corps du sportif, son moni-toring et son coaching, et les startups vont chercher leur financement sur les plateformes de crowdfunding. Deuxième étape, à même la peau avec les patchs ou les tatouages connectés. Motorola a fait frémir beaucoup de monde en annonçant un nouveau sys-tème d’identification, vite dénommé le « Bodycode », sous forme de tatouage ou d’une pilule à ingérer quotidien-nement. Un médicament de confort identitaire.

DISPOSITIF DE COMMUNICATION Tupac, un rappeur américain assassiné en 1996, ressuscite en 2012 par la ma-gie de l’hologramme pour un concert l’associant à de vrais musiciens sur scène. Une image en trois dimensions d’un réalisme confondant, qui nourrit notre foi dans une technologie tou-jours plus performante, capable dans quelques années de se mettre à notre portée pour des usages moins specta-culaires, et encore à inventer.

Le corps nous dit des choses que la technologie nous permet de capter et d’interpréter. Décryptage des si-gnaux émotionnels, physiologiques qui viennent enrichir la communication, élargir sa compréhension, comme la voix, qu’on analyse dans les call-cen-ters pour anticiper les problèmes, ou qu’on explore dans une grande or-ganisation pour détecter les signes avant-coureur d’un changement de phase chez les personnes atteintes de troubles bipolaires, et volontaires pour cette expérimentation. Ou encore lire un visage pour en déduire la tempéra-ture corporelle ou la pression sanguine.

LE CORPS

CARTOGRAPHIE V.1

OBJET

Le corps est un vecteur d’identité, et d’identification. A coté de la biomé-trie de sécurité, plus subie que choisie, émerge une biométrie de confort ou servicielle. Se servir de son empreinte digitale pour déverrouiller son Iphone 5s, utiliser la reconnaissance faciale, et son visage comme moyen de paiement. La génomique personnelle a connu son heure de gloire cette année avec le cas Angélina Jolie, et sa décision fortement médiatisée de procéder à une double mastectomie, suivie d’une reconstruction, après avoir procédé au séquençage de son génome, dans lequel se trouvait le gène BRCA1, qui lui garantissait 70% de chance d’avoir un cancer du sein. Prévenir plutôt que guérir. L’artiste américaine Heather Dewey-Harburg pratique le DNA Spoofing, qui consiste à récupérer des chewing-gums ou mégots jetés dans la rue, pour ensuite reconstruire les portraits de leurs propriétaires à partir des informations issues du séquençage des traces d’ADN récupérées sur ces objets jetés.

RÉPARÉ, AUGMENTÉ

D’un coté une techno-médecine d’une efficacité triomphante articulée depuis longtemps à des dispositifs publics de soins et de prise en charge, et de l’autre des pratiques innovantes, émancipa-trices et disruptives facilitées par l’em-powerment numérique des individus. Le numérique est moteur dans les deux cas. Les sciences du vivant et du nu-mérique sont alliées depuis longtemps pour repousser toujours plus loin les connaissances du corps. Du coté des individus, le souci de mieux gérer sa forme, ses performances, sa santé, sa maladie, son alimentation trouvent dans le monde numérique toutes les applications et dispositifs pour prendre en main eux-mêmes une partie de ce qu’ils avaient concédé à la techno-mé-decine auparavant. Une médecine buissonnière d’un genre nouveau, low-tech, low-coast, qui trouve dans les écosystèmes numé-riques locaux, tout ce qui leur est utile pour fabriquer comme dans le Fablab de Rennes une prothèse de main et de bras entièrement open-source.

SUJET

En nous permettant de déchiffrer notre corps, le numérique peut-il vraiment contribuer à mieux nous connaitre, mieux nous comporter ? Est-ce qu’en déléguant à des plate-formes et leurs algorithmes le mo-nitoring de nos corps et de nos com-portements, on peut réellement mieux se connaitre ? Qu’abandonne-t-on en acceptant cette logique de servicialisa-tion de nos corps ? Si les illusions qu’ont peut avoir en se quantifiant soi-même portent peu à conséquence, qu’en est-il lorsque ce sont les institutions qui s’engagent dans cette voie, avec l’espoir d’antici-per, de prévoir, de prévenir les com-portements des consommateurs ou des citoyens à partir de l’analyse algo-rithmique de leurs traces numériques ?

CARTOGRAPHIE V.1

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ÉCLAIRAGES∙

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. CONFÉRENCE HUBERT GUILLAUDrédacteur en chef d’Internet Actu.

Quantified Self, de la mesure à la déme-sure de soi. —

Qu’est ce que la mesure ?D’abord une conséquence de la déporta-tion de notre mémoire dans nos objets. Faites le test : où étais-je la semaine dernière, depuis combien de temps ai-je cette douleur au genou, combien de ci-garettes ai-je fumé hier ? En ne comp-tant que sur vous-même, les réponses risquent d’être décevantes, imprécises, voir inexistantes. Le self-tracking, la me-sure de soi répare cette imperfection de notre mémoire, en s’appuyant sur une offre croissante de capteurs en tout genre pour traquer et mesurer nos actions, nos émotions, nos pensées. Car la moindre de nos actions produit des données, qui elles-mêmes produisent de l’information qui rétroagit sur nos comportements. Se mesurer, c’est donc poser un nouveau re-gard sur soi, s’inscrire dans une nouvelle réflexivité qui ne s’appuie plus seulement sur la parole ou l’écrit, mais aussi sur les nombres. Avec cette croyance que notre vie mentale est affectée par des causes cachées, que la mesure de soi va révéler.Que mesure-t-on ?À peu près tout ce qu’on peut imaginer : sa pratique sportive, son poids, son glucose, son activité cardiaque, son alimentation,

son sommeil, ses déplacements, son acti-vité cérébrale, son génotype, ses activités en ligne, ses émotions, ses dépenses, ses relations sexuelles, ses consommations culturelles, ses objectifs… Finalement tout est quantifiable, même les rêves ! Le faire est d’autant plus facile que les objets de notre quotidien, brosse à dents, médi-caments, réfrigérateur, fourchette … in-tègrent désormais capteurs et dispositifs de communication ad hoc pour produire et alimenter en données et informations les individus engagés dans la mesure d’eux-mêmes. Qui sont les quantifiés ?Le Quantified Self est-il une science personnelle ? En tout cas, pour la plupart de ses adeptes, tout part souvent d’un problème personnel ou familial, de san-té ou autre, qu’ils cherchent à résoudre en fabriquant leur propre pharmacie à partir de leur auto-diagnostic. Comme Shaun Rance qui a commencé à suivre sa consommation d’alcool il y a deux ans, après que son père ait reçu un diagnostic de cancer du foie en phase terminale. Il ne s’est pas engagé à arrêter de boire, il a commencé à compter, en utilisant le site anonyme DrinkingDiary.

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Par ce biais, il a aiguisé sa conscience du problème, a augmenté sa maitrise de soi et a réduit sa consommation d’alcool. Nicolas Feltron publie lui depuis 2005 un rapport annuel qui est une sorte d’in-fo-auto-bio-graphie agrégeant des don-nées aussi disparates que ses restaurants fréquentés, ses pays visités, les pièces de sa maison occupées, la température moyenne, l’altitude la plus élevée, ses déplacements en voiture ou en avion … Kiel Gilleade est un chercheur en infor-matique physiologique à Liverpool, qui a enregistré et partagé pendant un an ses pulsations cardiaques. À quoi la mesure sert-elle ?« Nous ne sommes pas comme les autres  » dit l’un de leurs gourous, Gary Wolf. Il s’agit pour eux de récupérer une partie du pouvoir de contrôle et de docu-mentation de soi-même que nous avons confié aux machines. Beaucoup de nos problèmes viennent du simple manque d’instruments pour les comprendre. Nos mémoires sont pauvres, nos préjugés nombreux, et notre capacité d’attention limitée. La documentation de soi fait surgir des chiffres que l’on ne peut ignorer, y com-pris des réponses à des questions qui ne se sont pas encore posées. Se comprendre, pour personnaliser, adapter les soins, régimes et diagnostics à son état pré-cis. Comprendre la complexité, croiser les données, trouver les corrélations, les

causalités. Nous comprendre, les traces de nous-mêmes fonctionnent comme les phéromones pour les insectes, elles nous conduisent vers des gens qui partagent nos préoccupations. Définir un nouveau standard de santé et de justice sociale  : l’accès à la prévention moderne pour tous, via son smartphone. Avenir et limites de la mesureAugmenter notre intelligence émotion-nelle, transformer nos comportements, améliorer notre compréhension sociale, voilà les promesses du Quantified Self. Sommes-nous entrés dans l’ère de l’om-niveillance ? Contrôle-t-on encore son identité quand elle est fabriquée par des objets tout autour de soi ? Peut-on tout objectiver de soi ? Peut-on s’améliorer comme on le fait d’un logiciel ? La me-sure de soi va-t-elle se transformer en modification de soi, plus seulement de ses comportements, mais de son corps comme les body-hackers semblent l’an-noncer ?

.Le corps transformé, pour l’environne-ment. Si on avait une intolérance à la viande dès la naissance? Si nous n’avions plus besoin d’oxygène?

La mesure est performative.

Comment lui faire prendre des chemins

de traverse?# capteur déroutant

# corps dérouté

« l’homme qui vivra 1000 ans est déjà né. » Dr Laurent Alexandre

Retour vers le corps, n’est-ce pas plutôt une disparition du corps? Nous avons besoin de l’humain...

Le corps objet au serviced’une généalogie numérique.

Décider de sa mort. Si l’on ne meurt plus, il faudra

instaurer une règle pour résoudre le problème de surpopulation.

SE NOURRIR PAR PHOTOSYNTHÈSE?

Le corps est mort,vive le corps!

Le corps comme incarna-tion des volontés. Objet politique, métaphorique,

vecteur idéologique.

Empowerment ou asservissement technologique?

Body aware, conscience de son propre corps, est-ce vraiment nécessaire?

Trop de numérique dans le corps/ Burn-out cérébral et/ou

physique. Quels usages de toutes les données récupérées sur soi- même? Visibilité de ces banques de données.

La «présence» numérique : un nouveau «commerce» affectif augmenté (risque/avantages).

FEED-BACK*

.

*Les participants écrivaient leurs réactions sur des cartes «élément d’enjeu» lors des interventions

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. CONFÉRENCE RÉMI SUSSANjournaliste d’internet actu, spécialiste des NBIC

Le cerveau—

Peut-on améliorer l’intelligence?Le désir d’améliorer nos capacités men-tales date de la nuit des temps. Drogues, exercices mentaux, psychothérapies en tout genre, le hacking du cerveau n’a pas attendu les NBIC pour commencer. 30% des scientifiques selon la revue Na-ture reconnaissent utiliser de la Ritaline, du Provigil ou des beta-bloquants pour mieux travailler. Le cerveau n’est pas un ordinateur. Il faut se défaire de l’image du cerveau comme un processeur capable simultanément de traiter les informations et d’accéder à notre mémoire, les organes sensoriels étant les périphériques d’entrée, et le corps dans son ensemble le périphé-rique de sortie. Toutes les expériences le montrent, l’esprit est incarné, nous pen-sons avec notre corps, nous percevons en agissant. Nous n’avons pas de disque dur interne. Notre mémoire n’est pas une barrette de mémoire. Se rappeler c’est recréer. Nous ne nous souvenons pas d’un événement, nous nous rappe-lons de la dernière fois où nous nous en sommes souvenus.

Sur le plan des raisonnements, nous di-vergeons aussi radicalement des ordi-nateurs. Nous ne sommes pas des pro-grammes informatiques, et la rationalité est loin d’être le facteur déterminant de nos pensées et de nos actes. On peut distinguer deux cerveaux ou deux sys-tèmes. Le premier c’est ce qu’on nomme l’intuition, le second est notre pensée ra-tionnellement classique. Si le 1 est piètre calculateur, il peut aussi parfois être plus rapide et plus perspicace que le 2. Diffé-rentes expériences ont montré comment le cerveau 1 pouvait envoyer au sujet des sensations corporelles, comme la sueur, pour lui éviter des mauvais choix que le cerveau 2 n’avait pas encore « calculés ». Peut-on penser mieux ?L’idée de changer de mode de pensée ou de langage pour acquérir une meilleure compréhension du monde est à la racine de l’informatique personnelle. Dans son texte fondateur de 1962, «  Augmenter l’intellect humain  », Douglas Engelba-rt, l’inventeur de la souris, développe l’idée selon laquelle notre pensée n’est pas seulement liée au langage, mais aus-si aux systèmes et interfaces que nous utilisons pour exprimer nos concepts. Des systèmes comme l’hyper-texte ou l’ensemble bureau-clavier-souris pour-rait selon lui augmenter nos capacités cognitives. Pour des penseurs comme Jason Lanier, la réalité virtuelle est ap-parue à un moment comme l’interface, le langage capable de changer en profon-

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. deur nos habitudes mentales, d’éviter les erreurs de la cognition classique, tout en intégrant de nouveaux signaux du corps et de l’émotion.

Faut-il exercer son esprit pour en avoir ?Tout le monde ou presque est d’accord sur ce point. Quels seraient les bons exercices pour le cerveau ? Un jeu Nin-tendo comme Dr Kawashima est-il plus efficace qu’une partie d’échecs ? Et plu-tôt qu’un jeu « sérieux » comme ceux proposés par Nintendo et d’autres, ne vaut-il pas mieux jouer à un bon vieux jeu vidéo ? Pour un penseur comme Stephen Berlin Johnson, auteur du livre «  Everything bad is good for you », les jeux vidéos, comme les séries TV, joue-raient un rôle non négligeable dans la progression fulgurante du quotient in-tellectuel au cours du 20e siècle. Un groupe de 40 séniors a joué pendant 23 heures à Rise of nations sous le contrôle de chercheurs de l’université de l’Illinois. Il s’est avéré que ce groupe avait amélio-ré ses performances dans différents do-maines comme la capacité de raisonne-ment, la mémoire visuelle à court terme et la capacité de changer rapidement de tâche. Un jeu comme « dual n-back », qui consiste à repérer des éléments vi-suels et auditifs déjà utilisés deux coups « en arrière » aurait la capacité d’amé-liorer l’intelligence « fluide », c’est à dire la capacité à repérer des modèles et des structures dans des situations inédites.

Les drogues d’amélioration cognitiveSi l’usage de substances capables d’al-térer le fonctionnement du cerveau remonte à la nuit des temps, le débat a été récemment relancé par une péti-tion de chercheurs, publiée dans la revue Nature qui s’intitule : « Pour un usage responsable des drogues d’amélioration cognitive chez les sujets sains ». Pour ces chercheurs les drogues « chimiques » sont moralement équivalentes à d’autres méthodes d’amélioration cognitive, comme les exercices cérébraux. Ils re-commandent de laisser les sujets « sains » choisir librement, tout en appelant les autorités à mettre en place des solutions permettant d’éviter la coercition (obliger une personne, un soldat par exemple, à prendre une drogue de ce type), et les fractures économiques (seuls les riches auraient accès à ces molécules). La Rita-line est la molécule dont on parle le plus, notamment parce qu’elle est administrée à un grand nombre d’enfants diagnosti-qués comme « hyperactifs », et qu’ap-pliquée aux sujets sains elle favoriserait la concentration, mais pas la créativité. Peut-être vaudrait-il mieux parler de modification, et non plus d’amélioration. La neuro-société ?L’idée d’une modification technologique du cerveau suscite à juste titre des in-quiétudes, comme de faire de nous de super travailleurs ou de super soldats. Les états, les corporations, les entreprises, la justice s’intéressent à notre cerveau. Le

.neuro-marketing, illustré par la fameuse formule du « temps de cerveau disponible » est-il condamné à rester du « Hype » sans suite, ou faut-il s’en inquiéter dura-blement ? Dans cette optique, le hacking du cerveau, le « cognhacking » n’est plus un simple jeu, mais une nécessité. Il faut cesser de croire que notre fonctionne-ment cérébral reste une affaire de spé-cialistes.

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Rapport au médicaments et aux technologies, design galénique.

Le numérique comme gain de temps. Mon corps à mieux à faire, mon corps n’est pas le plus efficace. Hiérarchie des activités.

Synesthésie. Associer les couleurs aux sons,

explorer d’autres sens que juste vision et toucher. Le numérique, 6e sens?

Sous-veillance. Corps support

d’enregistrement de la données.

LE CORPS augmenté, connecté

comme outil de meilleure

insertion sociale.

«Fascisme sanitaire», de l’impé-ratif social d’être sain. Ne pas se détruire, seconnaître, se contrô-ler. Sport, alimentation, pas d’accidents néfatses.

BODY-WHERE, Quels contextes ?Environnements ? Espace ? Enjeu design : signalétique.

orientation, position, localisation du corps dans l’espace.

Le corps identitaire. Tendances ac-tuelles à l’individualisation et à l’affir-mation de sa personne. Métamorphose «facile» et «rapide» avec l’accessoire

et modification chirurgicale. Quels éléments nous définissent exactement ?

Comment définir notre identité ?

Gamification. Introduction de principes de jeux dans d’autres domaines.

Que faire des données ? Abandon de données aux entreprises

- Pacte Faustien -

Qu’est-ce qui amène l’acceptation d’une

technologie ?

FEED-BACK

.

APPRÉHENDER PAR UN SENS CE QUI EST SUPPOSÉ L’ÊTRE PAR UN AUTRE.

EXPÉRIENCE DE L’AUTRE, NOUVELLE. CROISER LES SENS, LES CONNECTER.

Le numérique expression de soi et expression créatrice. Matériau plastique, création de matière animée.

L’avatar. Expérience d’un autre corps que le sien.

Expérience sensorielle, cognitive. Sortir de son corps.

Projection et catharsis du corps.

Outil robotisé-automatisation, autonomie de l’outil. Est-il encore un outil quand il affranchi l’humain ?

Le numérique magique. Donne des pouvoirs au corps.

Expression de l’imaginaire, expression du rêve, du non-réalisable du fantasme.

Test de TURING

NUI: Natural User Interface La suppression de la frontière entre

le physique et le numérique, partout.

Le corps algorithmique : comprendre le fonctionnement du corps, du cerveaux, de la société. Manipulation, totalita-risme ? Ou nouvelles connaissances?

Le «geste» numérique interface entre individus (nouveaux langages)

Réalité augmenté, corps augmenté. Sera-t-on démunit sans

ces augmentations ?

Intelligence de la main, relation par rapport

à la machine-technologie. distance.

Le geste numérique : le taylorisme en pire ou en

bien ? (productivité, perfec-tionnement)

.

FEED-BACK

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. CONFÉRENCEOLIVIER DESBIEYchargé de mission à la CNIL —

La Commission Nationale Informatique et Liberté est une autorité administrative indépendante, qui assure deux misions principales, d’informations et de conseils d’une part, de contrôle et de sanctions d’autre part, autour de toutes les problé-matiques liées à la question des données personnelles. Elle est dotée d’une Direc-tion des Etudes, de l’Innovation et de la Prospective, en charge notamment de la veille et de l’observation des usages, et qui fonctionne en mode innovation ouverte avec de nombreux partenaires. Deux des sujets prioritaires pour la CNIL en 2013 croisent les thématiques de l’expédition Bodyware : la biométrie dans la vie quo-tidienne, et la santé et le bien-être dans le monde numérique. La CNIL regarde avec beaucoup d’at-tention l’évolution de l’écosystème des smartphones, et notamment la multipli-cation des capteurs et des objets connec-tés qui leur sont associés. L’univers du Quantified Self constitue pour la CNIL un terrain d’observation privilégié des ces dynamiques d’innovation. Le Quantified Self se caractérise notamment par : une offre de services soutenue qui rencontre des attentes sociales nouvelles. La CNIL avait déjà identifié en 2011 une forte ap-

pétence des utilisateurs de smartphone pour les applications de santé. Une étude plus récente de Pew Internet auprès des consommateurs américains montre que 69% d’entre eux suivent un indicateur de santé pour eux-mêmes ou leurs proches. Des applications qui bousculent les fron-tières entre santé et bien-être, en couvrant un spectre large de sujets d’intérêt au croisement de ces deux thématiques : la nutrition, le sport, les activités phy-siques, le suivi du poids, ou d’un facteur médical à risque, la qualité du sommeil ou de l’humeur. Un écosystème d’innovation scientifique, technologique et servicielle particulière-ment actif. La miniaturisation des capteurs, et de leur prix, favorise leur diffusion et l’exploration de leurs usages. Des capteurs qu’on porte sur soi, qui s’intègrent dans nos vêtements, et qui dans tous les cas se connectent à nos smartphones et aux plateformes web associées. Des innova-tions également en terme de design et d’ergonomie pour ces objets et services qui favorisent une appropriation massive.

Des applications qui produisent de nouvelles catégories de données per-sonnelles au statut encore incertain. Le corps relève de l’intime, et à ce titre nos données corporelles appartiennent à la catégorie des données sensibles, au même titre que les données religieuses, sexuelles ou politiques. En même temps

.

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26 27

.La mort de la mort, mémoire et numérique, persistance de soi sur internet.

Déconstruire les discours normatifs. Bousculer les mythes, détournement, parasitage, hacking; permis par le nu-mérique.

Bodyware, enjeu de politique publique?

Textiles «intelligents»/existants:perti-nance,esthétique, mode, quantified self, le corps rendu visible. Rapport plus intime au textile? Moins de visibilité extérieure?

Corps augmenté-extension du corps par un outil. Augmentation des capa-

cités cognitives, sensuelles...

HUMAN ENHANCEMENT. SOIGNER, AUGMENTER.

Nouvelles formes de présence? ou d’absence?

Body-hacking. Quelles sont les limites du corps humain?À qui revient la décision d’amé-liorer son corps? Médical ou loisir? Dans quel but?

Le numérique pour s’extraire d’un corps handicapé ou faible.

Technologies numériques et chirurgies esthétiques, mor-phing. Modifier les gènes :

design ton mioche.

Diminution. Et si les Bodywares diminuaient nos capacités? Lunettes

pour voir moins bien, simulation d’Alzheimer...

Empathie.

.

FEED-BACK

celles qui relèvent de notre santé doivent pouvoir être mobiles, partageables et ré-utilisables par des tiers professionnels. Ce sont de nouveaux besoins de régula-tion qui émergent pour protéger et en-cadrer l’usage de ces nouvelles données personnelles, leur sécurité, leurs condi-tions de stockage et de partage.

Page 15: Bodyware, Prélude

28 29

Le corps comme source d’énergie exploitable.Notion de rentabilité du corps, anxiogène ?

Le cerveau. Les capacités archaïques & reptiliennes. L’instinct ? l’inconscient ? Le côté animal, la nature, la culture.

Influence sur les décisions et les gestes.

Le corps contrôlé et bientôt modifié. Augmenté et transformé. Avant la naissance. Responsabiltés parentales/médicales?

Numérique: outil de mémoire. Conserver et organiser nos sou-venirs. Photos, textes, odeurs...Comment capter tous les élé-ments qui constituent un souve-nir et le partager?

L’interactivité avec le pu-blic pour les services et collectivités publiques. Mobilité, localisation du corps, gestion de don-nées personnelles, notion d’enquête, acteur: le pu-blic, l’habitant, «nous».

De quelle manière pouvons-nous utiliser la réalité augmentée ?Faciliter le quotidien ou rester dans le jeu ?

Quelle est la limite entre la thérapie, le bien-être, et le fascisme sanitaire ? Ne plus soigner, mais empêcher la maladie. Puritanisme. Rap-port avec les institutions ?

Empowerment, « mise en capacité ». Quel sens? « Capacitation » du corps par le numérique?*Capacité d’être (faculté), psychologique, numérique : substitut. *Capacité de faire, maté-riel, numérique : outil.

Trafiquer le cerveau. Enlever les souvenirs, bénéfique?

Quelles conséquences? Changer sa vie. Virginisation du cerveau.

Peut-on palper/toucher le numérique ? Avoir une interaction corps et données numériques ?

Attention à la disparition du

corps de l’autre, dans les nouveaux outils de communication. Perte?

Gain? Ou nouvelles possibilités?

.

FEED-BACK..

REPORTAGE∙∙

Page 16: Bodyware, Prélude

30 31

JOURUn sur quatre - matin WORKSHOP École normale supérieure

LÉGENDEMise en commun des feed-back manuscrit de chacun en écho aux conférences de la matinée.

..

JOURUn sur quatre - après-midi WORKSHOP École normale supérieure

LÉGENDEMise en commun des feed-back / «Quels sont les élé-ments clefs de votre histoire. Sous quelle forme les valori-ser? Quels acteurs?» Pitch sur le projet.

..

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32 33

JOURDeux sur quatre WORKSHOP École normale supérieure

LÉGENDESe projeter - Best case/worst case

.. ..

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JOURTrois sur quatre WORKSHOP École normale supérieure

LÉGENDECréation de l’imaginaire, personnas, esthétique, création des premiers imaginaires.

.. ..

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36 37

JOURQuatre sur quatre WORKSHOP École normale supérieure

LÉGENDERéalisation des maquettes

.. ..

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38 39

SCÉNARII∙∙∙

...

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...

SCÉNARIO 1 - PROGÉNITURE NUMÉRIQUE

PROGÉNITURE NUMÉRIQUE

Frédéric Valentin Léa Fauquembergue

Sophie Bouchet

...SCÉNARIO 1 - PROGÉNITURE NUMÉRIQUE

Page 22: Bodyware, Prélude

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“Progéniture numérique a pour fon-dement une réflexion sur le paraître, et plus précisément le paraître numérique. Du paraître à l’apparaître, de l’apparaître à l’être, il s’agit de mettre à l’épreuve les notions d’apparence, d’identité et de parure ainsi que leurs différentes occur-rences temporelles respectives.Le paraître soulève des questionnements relatifs à l’identité – qu’elle soit poli-tique, ethnique, religieuse, culturelle ou de genre – déjà mis en pratique dans le champ du numérique avec l’avatar, forme contemporaine de corps numérisé. Aus-si, si notre apparence peut conditionner notre identité numérique (à la manière de l’avatar), il nous est alors possible d’imaginer que notre identité numérique puisse en retour conditionner notre ap-parence. Cette apparence est-elle sus-ceptible de faire l’objet d’une spécula-tion, qu’elle soit passée (génome hérité) ou bien à venir (transmission du génome) ? Ou mieux, l’apparence, et donc par extension l’identité, peut-elle être proje-tée ou programmable? Associant le de-sign dans sa capacité à projeter, à créer des scénarios et les biotechnologies, Pro-géniture numérique décrit une industrie de la procréation, ancrée dans un futur éloigné, où la transmission du génome laisse place à la synthétisation numérique

programmée.Progéniture numérique se développe à travers un site web de simulation et de spéculation promettant aux couples in-féconds ou homosexuels, aussi bien que les papas et mamans solos, de générer, programmer et commander leur enfant en ligne. Une telle démarche met en place une pluralité de possibles : mé-langer aléatoirement les génomes des deux parents, définir des caractéristiques physiques, de genre et des traits de ca-ractères, exploiter des codes génétiques disponibles en open source… Enfant do-cile ou enfant terrible, votre progéniture vous est livrée à domicile, dans un incu-bateur permettant de simuler la durée de la grossesse, ou bien téléchargeable en fichier numérique imprimable en 3D à partir de cellules souches. Progéniture numérique comprend éga-lement un travail plastique sur la « parure numérique » permettant à l’individu d’af-firmer son libre arbitre, venant ainsi né-cessairement contredire le déterminisme de la procréation assistée par ordinateur. Boucles d’oreilles, colliers et foulards consistent en autant d’implants, qui une fois greffés sur la peau, vont venir mo-difier le séquençage du code génétique : c’est par l’apparat que vont se matéria-liser les changements d’apparences, les biotechnologies devenant alors bijoux. Progéniture numérique examine les pos-

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SCÉNARIO 1 - PROGÉNITURE NUMÉRIQUE

sibles, les alternatives et les contradic-tions logiques, mais aussi les dérives éthiques, légales et sectaires d’un monde futur ou les groupes sociaux se consti-tuent en fonction des apparences, autant physiques qu’identitaires. Progéniture numérique mobilise donc différents ac-teurs, des industries pharmaceutiques et cosmétiques jusqu’au corps médical, des états et gouvernements jusqu’aux mafias et hackers. Car, s’il y a une procréation et des transformations physiques régies par des lois, il existe aussi une procréa-tion et des transformations physiques il-légales. Nos données génétiques person-nelles pourraient-elles faire l’objet d’un hacking, d’un trafic et d’un marché illicite ? Comment protéger numériquement nos génomes ? Notre organisme biolo-gique pourrait-il être l’objet d’attaques virales, au sens numérique du terme ? Si la mort constitue la fin biologique de nos gènes, en est-elle pour autant la fin numérique ?

...SCÉNARIO 1 - PROGÉNITURE NUMÉRIQUE

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Nous sommes en 2091, un couple de jeunes mariés vient d’apprendre qu’ils étaient incompatibles pour la fécondation naturelle.Déterminés et soutenus par l’équipe médi-cale et un conseiller familial, ils décident de passer par une agence de conception géné-tique et d’effectuer une demande auprès de la CNIL pour générer numériquement un enfant.

Leur dossier remplissant les normes et ayant été validé par un conseil d’éthique, il leur est donné le feu vert pour concevoir leur enfant.Sur le site de l’agence, ils décident que l’en-fant devrait porter une part de leur gènes à chacun mais se permettent d’en sélectionner certains extérieurs…

Deux jours plus tard, le service de livraison de l’agence leur apporte personnellement l’incubateur contenant leur futur enfant.Le choix de l’incubateur est controversé, cer-tains le trouvent inconvénient et angoissant tandis que d’autres y trouvent le lien affectif manquant par l’absence de grossesse.

SCÉNARIO 1 - PROGÉNITURE NUMÉRIQUE

Deux jours plus tard, le service de livraison de l’agence leur apporte personnellement l’incubateur contenant leur futur enfant. Le choix de l’incubateur est controversé, cer-tains le trouvent inconvénient et angoissant tandis que d’autres y trouvent le lien affectif manquant par l’absence de grossesse. Ca-mille naît à l’aube d’un nouveau siècle. Ses parents se réjouissent que l’enfant, malgré le fait qu’il ait été synthétiquement conçu à partir de caractères sélectionnés par leurs soins, réponde à ces mêmes caractères dans une grande nuance d’émotions et de détails qui assurent une personnalité qui lui est unique. Au cours de sa vie, Camille a accès à une di-versité de choix lui permettant de compléter le travail de ses parents en reprogrammant des parties de son apparence selon ses orien-tations culturelles, ses pensées, ses envies.Militant engagé dans les droits transhu-manistes, il se bat pour le parti du brassage génétique, prônant les avantages politiques et biologiques de l’échange et du partage des gènes. Il proteste souvent contre les réformes limitatives de l’état, exigeant le contrôle illimité de son patrimoine géné-tique. Il est également soumis aux pressions du mouvement des « anges », communauté religieuse transhumaniste très influente qui se proclament en tant que nouvelle espèce, nouvelle étape évolutive pour une humanité dégagée du fardeau des sexes et du péché. Pourquoi chercher le paradis si on peut l’at-teindre sur terre ?

...SCÉNARIO 1 - PROGÉNITURE NUMÉRIQUE

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... Dans un geste militant, il décide de se faire pousser une corne de protestation, exprimant son soutient aux communautés transanimales et ostéotranshumanistes. Il rencontre alors un hacker qui reprogramme illégalement une partie de son code génétique, en dehors des circuits légaux de diffusion.

SCÉNARIO 1 - PROGÉNITURE NUMÉRIQUE

Le hacker s’est révélé moins fiable qu’au premier abord. Camille contracte un virus qui modifie légèrement son comportement, le rendant légèrement plus agressif envers les forces de l’ordre. Vite dépisté, il sera soigné mais ne sera pas remboursé en raison de sa contraction frauduleuse.

...SCÉNARIO 1 - PROGÉNITURE NUMÉRIQUE

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Camille décède à 98ans. Ayant volontairement fait don de son code génétique à la CNIL, il rejoindra la longue famille de donateurs four-nissant des individus synthétisés, mais toujours plus riches. Cam-B décidera d’élever un enfant conçu à partir du code de son père, devenu fi-gure du parti diversitaire.

SCÉNARIO 1 - PROGÉNITURE NUMÉRIQUE

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PROJETProgéniture numérique

ÉLÈVESFrédéric Valentin / Léa Fauquembergue /Sophie Bouchet

SCÉNARIO 1 - PROGÉNITURE NUMÉRIQUE

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LÉGENDELe futur parent construit son enfant aisément et à sa guise grâce à la plateforme web be parent qui offre un service complet, de la confection à la livraison de l’enfant.

SCÉNARIO 1 - PROGÉNITURE NUMÉRIQUE

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LÉGENDEDans cette parure numérique, l’in-génierie tissulaire vient supplenter la chirurgie esthétique. C’est un implant greffé sur la peau qui vient modifié le séquençage ADN pour modifier l’apparence. La parure nu-

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mérique peut se développer ou non en fonction de la volonté de l’utili-sateur. Elle remplace le maquillage en magnifiant l’identité de l’utili-sateur, maître de son apparence. Il sculpte à volonté son apparence à la manière d’un avatar.

PROJETProgéniture numérique

ÉLÈVESFrédéric Valentin / Léa Fau-quembergue / Sophie Bouchet

SCÉNARIO 1 - PROGÉNITURE NUMÉRIQUE

...SCÉNARIO 1 - PROGÉNITURE NUMÉRIQUE

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Mairies

Hackers Industrie pharmaceutique

Mafias

Industrie cosmétologique

Etats

CNIL Milieu médicalet hospitalier

Légendedes symboles

SCÉNARIO 1 - PROGÉNITURE NUMÉRIQUE

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SCÉNARIO 1 - PROGÉNITURE NUMÉRIQUE

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PROCRÉATIONASSISTÉE PARORDINATEUR

Coupleshomosexuels

Couples inféconds

Personneseule

PROCRÉATIONNATURELLE

PROCRÉATIONLÉGALE

PROCRÉATIONILLÉGALE

Générer etprogrammer l’enfant sur lesite web avecl’accord dumédecin et dela municipalité

Code open source (système de don) ou ADN sous licence

Générer en mélangeant les génomes des parents avec des éléments programmables

Le tout programmable

Incubateur

Réplicateur

MODIFICATIONSULTÉRIEURESAdolescentJeune adulte MODIFICATIONS

LÉGALES

Traffic de codes génétiques par téléchargement ou piratage

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SCÉNARIO 1 - PROGÉNITURE NUMÉRIQUE

...SCÉNARIO 1 - PROGÉNITURE NUMÉRIQUE

MODIFICATIONSLÉGALES

Parures numériques en implant

Modification corporelle illégale (parures numériques de contrefaçon)

MODIFICATIONSILLÉGALES

Modificationdu code source

Possibilité devirus et de piratagedu code source

Clonage illégal et doubles maléfiques

LIENS SOCIAUX ET CULTURELS ENTRE ADULTES SUR LE MODE DU RÉSEAUPage web de réseau social Rencontres et liens intimes

(le mariage devient un partage d’informations génétiques par l’objet « alliance »)

Communautés selonl’apparence physique

Sectes

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58 59SCÉNARIO 2 - TRUC

Clara Hardy Estelle Skrodzki

Zoé ThierySolenne Gastebois

Claire Korber

T.R.U.C

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“Nous constatons que beaucoup d’échanges se font via le numérique : sms, tweet, facebook … Ces échanges sont rapides et ne sont pas limités dans l’espace/temps ce qui explique leurs succès. Où se positionne nos sens dans ces échanges? On constate avec, entre autre, les smileys, que le numérique se saisi d’ expressions faciales pour donner plus de corps à ces échanges. Cette forme de communication joue ainsi sur une retranscription d’émotions, de sens. Plus récemment un plug à été inventé au Japon pour diffuser des odeurs. Il est désormais possible par exemple de se ré-veiller avec une odeur de café émit par notre smartphone. Nos sens ont un rôle à jouer dans la sphère du numérique. Dans un cadre de communication: Quels sens peuvent être mis en jeux avec le numérique? Comment? Quelle repré-sentation leur donner? Quel rôle leur confier?Le corps s’exprime ou reçoit des in-formations à travers des sens que l’on peut qualifier d’originels (l’ouïe, l’odorat, le toucher, le goût, la vue ) ou de fan-tasmes ( intuition, ubiquité / simultanéi-té, conscient / inconscient, télépathie, invisibilité, téléportation, maîtrise de la pensée, magnétisme, phéromones …). Ces sens fantasmés peuvent être liés aux

qualités qu’offre le numérique ( simula-tion, intéractivité, hypervision, diminu-tion des distances, Quantified self…) et déploit ainsi de nouveaux imaginaires et possibilités. Le numérique s’envisage comme moyen de réparer, amplifier (google glass) ou prendre conscience ( quantified self), c’est sur ce dernier usage que nous choi-sirons de nous attarder. Prendre conscience de soi et de l’autre ( et par extension de son environnement ) dans le cadre de la communication se ré-vèle bénéfique d’un point de vue social. Dans un premier temps, la connaissance de ses propres émotions, la capacité à les qualifier, les quantifier permettrait de mieux comprendre ses propres com-portements, réactions, qui y sont liés et ainsi de les appréhender. Par cette com-préhension est possible l’anticipation. Au delà, la prise de conscience d’émotions d’autrui se rapporte, dans la même lo-gique, à l’anticipation de comportement, réaction d’autrui. Les hormones, phéromones, expressions faciales, … jouent un rôle de façon in-consciente dans nos comportements. Si le numérique s’en saisi pour en proposer une traduction, alors ce qui influence certains de nos actes ne sera plus li-mité à l’inconscient mais s’ouvrira à la conscience. De ce passage, une nouvelle donnée prendrait place permettant une

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SCÉNARIO 2 - TRUC

communication à une autre échelle  ; comme un nouveau langage. Notre production s’appuie sur la mise en place de ces nouvelles données, comme une plateforme offrant un nouveau ser-vice, avec en position centrale les phé-romones comme facteur d’anticipation. Le principe est basé sur la captation de phéromones, transcrites par la suite et données sous forme d’autre sens connu ( chaud/froid, sons, odeur …) - ainsi il est possible de déterminer l’état émotionnel d’une personne avant même que cette personne n’en ai eu conscience ( à moins qu’elle utilise elle aussi le capteur de phé-romone en même temps).Le capteur est invité à prendre diverses formes du numérique jusqu’à la trans-formation génétique ( application, vête-ment, patch, gélule, …) dont des acteurs comme les designers ou les laboratoires pharmaceutiques pourraient s’en saisir pour développer de nouvelles formes ou capacités. On peut aisément imaginer que le sys-tème de captation mis en place offre la possibilité d’un nouveau type de com-munication à caractère anticipatoire qui pourrait s’appliquer dans différents champs. Dans le domaine médical par exemple il pourrait améliorer la relation au patient et même rétablir la commu-nication là où elle est rompue avec des patients qui ne peuvent plus s’exprimer

à cause d’un handicap, d’un choc, ou autre. On peut aussi facilement envisa-ger une association avec des partenaires spécialistes de la socialisation ou de la communication. Dans le domaine de la rencontre amoureuse, les données gé-nérées par ce type de système pourrait être un réel avantage pour maximiser les chances de compatibilité du couple.”

...SCÉNARIO 2 - TRUC

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PROJETT.R.U.C

ÉLÈVESClara Hardy / Estelle Skrodzki / Zoé Thiery /Solenne Gastebois / Claire Korber

LÉGENDEfilm de présentation du produit

SCÉNARIO 2 - TRUC

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LÉGENDE« Le corps émet des signaux induit pas des émotions (rougissement, sudation), il émet aussi des phé-romones imperceptibles par la conscience c’est dans l’insconscient que ces substances chimiques se

SCÉNARIO 2 - TRUC

manifestent et influencent notre comportement. On peut distinguer différents types de phéromones, chacun sont liés à différentes émo-tions. »

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PROJETT.R.U.C

ÉLÈVESClara Hardy / Estelle Skrodzki / Zoé Thiery / Solenne Gastebois / Claire Korber

SCÉNARIO 2 - TRUC

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LÉGENDE« Émission et réception de phéro-mones synthétiques par plug sur smartphone, textile technique, patch, gélules à ingérer et bientôt une mutation génétique. »

SCÉNARIO 2 - TRUC

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66 67SCÉNARIO 3 - XXY : RÉTROSPECTIVE

Pauline Escot Ines Basille

Soizic BernardJulie Brugier

Marie-Eva Vidal-Andres

XXY : RÉTROSPECTIVE

...SCÉNARIO 3 - XXY : RÉTROSPECTIVE

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“Dans une démarche de design de fiction, l’idée est de produire une multitude d’images et différents types de documents qui construisent un scénario d’anticipation autour de la déconstruction progressive du genre. Tous ces documents sont mis en scène dans une exposition imaginée en 2213 pour le musée de l’Humanité, comme une rétrospective de l’évolution de la notion de genre, de l’identité, de la sexualité, des mœurs. Si l’on déconstruit le genre, à quoi ressemblera l’éducation sexuelle à l’école dans 50 ans ? Pourrons-nous faire, grâce aux outils numériques, des expériences d’immersion dans un autre corps, pour choisir de transformer le nôtre ? Quand nous aurons des corps augmentés, et que nos organes géni-taux seront devenus interchangeables à souhait, comment organiserons nous la procréation ?Dans un avenir où l’on imagine que, grâce au numérique, tout devient possible en terme de transformation du corps, com-ment repenser les normes et jusqu’où ira la liberté de l’identité sexuelle ?Parce que les images et les histoires présentées intègrent la réalité de la dé-construction du genre, nous pouvons mesurer l’affect qu’elles génèrent chez le spectateur. Angoisse ou enthousiasme,

comment réagissons-nous face à un thème polémique, et qui fait écho à ce qu’il y a de plus intime et de plus profond en nous : la construction psychique, phy-sique et sociale de l’identité de chacun, peut-être un jour bouleversée avec les technologies nouvelles ?

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SCÉNARIO 3 - XXY : RÉTROSPECTIVE

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PROJETXXY : rétrospective

ÉLÈVESPauline Escot / Ines Basille / Soizic Bernard /Julie Brugier / Marie-Eva Vidal-Andres

SCÉNARIO 3 - XXY : RÉTROSPECTIVE

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SCÉNARIO 3 - XXY : RÉTROSPECTIVE

01.55.84.04.04www.planning-familial.org

@planningfamilialfacebook.com/ConfederationPlanningFamilial

...SCÉNARIO 3 - XXY : RÉTROSPECTIVE

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SCÉNARIO 3 - XXY : RÉTROSPECTIVE

...SCÉNARIO 3 - XXY : RÉTROSPECTIVE

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Le réveil du chat : le partenaire n°1 s’assied en tailleur et se penche en avant, mains loin devant, dos rond venant épouser la courbure de celui du partenaire

n°2 pour en stimuler les zones érogènes par pression mutuelle.

La vendange : le partenaire n°2 se recroqueville au sol, bras étendus en arrivant, alors que le partenaire n°2 vient stimuler les zones érogènes

dorsales du bout des doigts ou bien en les foulant avec les pieds.

La position latérale de sécurité : le partenaire n°1 simule le mort, corps lâche, jambe droite posée sur celle du partenaire n°2 accroupi qui peut

alors explorer les zones érogènes situées sur ses �ancs et cuisses.

L’étreinte du paresseux : le partenaire n°1 est recroquevillé sur le dos du partenaire n°2, lui aussi recroquevillé, stimulant les zones érogènes

situées sur les tibias et sur le haut et bas du dos des partenaires.

Le saumon norvégien : le partenaire n°1 pose son poids sur sa jambe gauche �échie et, poings au sol, résiste au mouvement exercé par le partenaire n°2 allongé tête-bèche sur son dos, jambes tendues, comme à contre-courant.

Le boulanger : le partenaire n°1 s’allonge sur le ventre, jambe droite sur les cuisses du partenaire n°2, jambe gauche s’accrochant autour de sa taille, tandis que celui-ci

s’occuper de pétrir et stimuler toute zone érogène implantée sur l’arrière du corps.

L’arc-en-ciel : le partenaire n°1 est en position recroquevillée, front contre sol, pieds accolés à ceux du partenaire n°2 qui s’étend sur son dos et joint ses mains

derrière sa tête pour stimuler la zone érogène située entre les omoplates.

Passez pompons les carillons : les partenaires s’asseyent l’un face à l’autre et joignent leurs mains pour exercer une plus forte pression sur leurs pieds, qu’ils érigent en

l’air, stimulant ainsi les zones érogènes situées sur la plante du pied.

Les siamois : placés fesses contre fesses, les partenaires se penchent en avant et tendent leurs bras vers l’autre partenaire pour accéder au

points érogènes situés sur les épaules et omoplates.

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SCÉNARIO 3 - XXY : RÉTROSPECTIVE

...SCÉNARIO 3 - XXY : RÉTROSPECTIVE

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RÉCEPTION. . . .

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.... RÉTROSPECTIVE XXY

La question du genre ne figurait pas vrai-ment dans l’agenda de la Fing. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Rétrospective XXY illustre avec brio les ressources que le numérique peut apporter à une dé-construction-reconstruction du genre encore balbutiante et polémique au-jourd’hui. Un catalogue très riche donc avec un hologramme, sur lequel on peut modifier et déplacer les attributs sexuels, comme support à l’éducation à l’identité sexuelle à l’école, des cellules immersives d’exploration de soi dans les locaux du planning familial, des patchs hormonaux réversibles permettant de ressentir les effets sur soi au choix des oestrogènes ou de la testostérone et de s’aventurer dans des zones intermédiaires entre le mascu-lin et le féminin. Premier enseignement, le corps nouvelle frontière du numérique est une formule qui marche aussi dans l’autre sens : le numérique nouvelle fron-tière du corps.

PROGÉNITURE NUMÉRIQUE

Nous retenons d’abord de ce projet son hypothèse audacieuse de départ : l’hy-bridation, la fusion, voire la confusion, du biologique et du numérique. Les NBIC sont devenues une réalité, les bio-tech-nologies sont une ressource accessible au plus grand nombre, et les pratiques qui en découlent empruntent au numérique sa grammaire et ses codes, comme l’Open source ou le Hacking. Les données gé-nétiques sont des données comme les autres, qui s’échangent sur les réseaux sociaux, se partagent, se téléchargent, légalement ou pas, qui font l’objet de trafics mais aussi de réglementation et de régulation. Qu’il s’agisse de sa des-cendance ou de son apparence, la mai-trise numérique de son code génétique génère des tensions sociales d’un genre nouveau, et peut produire des effets pa-radoxaux, à l’image de ces partisans de la diversité qui s’aiment tellement qu’ils finissent par se ressembler.

....TRUC

Les élèves ont entendu Rémi Sussan qui les alertaient sur la nécessité de ne pas laisser aux seuls spécialistes du cerveau son exploration et les nouveaux usages qui en découlent. Capter les émotions pour communiquer autrement, ici les phéromones, comme métaphore d’un spectre élargi d’émotions, joie, tristesse, colère, dégout, surprise, peur, désir, que le numérique nous permettrait de capter chez nos interlocuteurs. Une application cognitive, qui augmente notre percep-tion de tous les éléments non verbaux d’une communication, en interceptant les signes émis par notre corps et notre cerveau reptilien dans une situation de ce type. TRUC est un dispositif qui nous installe dans une société qui au-rait dépassé les craintes que suscite au-jourd’hui la neuro-économie émergente. Croyance que notre corps produit des signes qui ont du sens. Court-circuiter la perception de l’autre avant qu’il en ait conscience … Une sorte de hacking per-manent de la relation.

Disons le d’emblée, nous fûmes les pre-miers surpris par ces trois scénarii. À par-tir des différents éclairages introductifs que nous avions préparés pour les élèves, sur le Quantified Self, sur le cerveau, sur la question des données corporelles ou encore sur la place du design vis-vis du corps, nous n’imaginions pas être em-barqués aussi loin par les étudiants. Ce n’est pas le moindre de leurs mérites que d’avoir réussi à décaler notre propre re-gard sur ce sujet du corps et du numé-rique. Qu’ils en soient tous chaleureuse-ment remerciés ici.

Que nous ont-ils fait voir autrement ?

Il va nous falloir examiner de plus près cette proximité croissante du biologique et du numérique, dont Progéniture numé-rique et rétrospective XXY nous laisse en-trevoir quelques conséquences possibles. Au-delà des performances techniques, pas de séquençage sans la puissance de calcul appropriée, l’hybridation des deux cultures va-t-elle, ou non, favoriser de nouvelles formes d’émancipation, d’em-powerment des individus et de leur corps, qu’il s’agisse de la procréation, de son apparence ou de son identité sexuelle ? Quels seront les jeux d’acteurs, publics, privés, citoyens, associés à ces transfor-

RÉCEPTION RÉCEPTION

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mations à venir ? Il nous faudra explorer ces nouveaux territoires d’innovation, en ne tombant pas forcément dans les pièges du trans et post-humanisme, plus forcément d’actualité. Quoiqu’il arrive, la biologie fait désormais partie des sujets de notre expédition Bodyware.

Il y a dans le scénario TRUC la possibilité d’un cauchemar cognitiviste, que nous souhaiterions éviter de croiser dans les prochaines années. Une pratique déme-surée de la mesure qui nous conduirait à ne plus écouter l’autre, puisqu’on pour-rait prédire son comportement, si l’on dispose des bons capteurs. Alors même que la perspective d’augmenter, d’enri-chir, d’élargir notre perception est réelle et stimulante, il ne faudrait pas se laisser enfermer dans le seul scénario neuro-comportemental, qui vient de loin, pour explorer d’autres usages de ces innova-tions qui arrivent. L’exploration du cer-veau mobilise d’énormes moyens finan-ciers et scientifiques, dont les retombées devraient nous permettre de dessiner un autre scénario.

Bien sur, il manque plein de choses. C’est la rançon du format court imposé aux élèves, 5 jours à peine c’est vraiment peu, et loin de nous l’idée d’un quelconque re-proche. Mais il faudra explorer l’impact de ces évolutions à venir sur la santé,

personne n’est malade dans les scénarios, du vieillissement, du travail, des loisirs, ou du sport. Sur ces bases fournies par les élèves de l’ENS Cachan, l’exercice dans l’expédition Bodyware en sera heureuse-ment facilité.

MERCI

Aux facilitateursMarie-Noéline Viguier, Nicolas Kraj (Nod-a)

Aux professeurs de l’ENSVincent Rossin, Claire Brunet,

Aux intervenantsOlivier Desbier, Rémi Sussan, Hubert Guillaud, Marine Royer,

Aux partenaires présentsKarim Houni (SEB), Alexandre Dubois, Blandine Calcio (caisse des dépôts)

Aux élèvesPauline Escot, Ines Basille, Soizic Bernard, Julie Brugier, Marie-Eva Vidal-Andres, Clara Hardy, Estelle Skrodzki, Zoé Thiery, Solenne Gastebois, Claire Korber, Frédéric Valentin, Léa Fauquembergue, Sophie Bouchet

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Document réalisé parThierry Marcou

& Justine Coubard-Millot