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Bombay, allégorie de la puissance coloniale britannique (Dossier réalisé par le service éducatif de la MGT) Bombay, une ville née de la colonisation C’est au début du XVIIe siècle, avec la fondation de la Compagnie des Indes orientales (East India Company), que les Britanniques arrivent en Inde. Jusqu’au XVIIe siècle, la ville de Bombay n’existe pas en tant que telle. Il s’agit alors d’un groupe d’îles volcaniques peuplées de pêcheurs. Le site était en revanche, dès le Moyen Age, une porte de l’Inde pour les marchands arabes qui y établissaient alors des comptoirs commerciaux. Au XVIe siècle, le site est cédé aux Portugais. En 1661, quand Catherine de Bragance, infante du Portugal, épouse le roi d’Angleterre Charles II, elle apporte ce territoire dans sa dot. Les îles sont alors louées à la Compagnie des Indes orientales qui obtient ainsi un excellent port sur la côte ouest du sous-continent indien. Durant la première moitié du XIXe siècle, de grands travaux d’urbanisme sont lancés pour faire fusionner les sept îles du site (terres conquises par assèchement, construction de digues reliant les îles…). La première liaison ferroviaire de l’Inde est ouverte entre Bombay et Thana en 1853. En 1857, des soldats indiens aux ordres de la Compagnie des Indes orientales, les cipayes, se révoltent dans le Nord de l’Inde. Les raisons en sont essentiellement l’inégalité des traitements régnant au sein de l’armée britannique, et le non-respect par les Britanniques des tabous culturels des Indiens. Cet épisode sanglant, qui se prolonge durant de nombreux mois, aboutit à la décision du pouvoir britannique de revoir son mode de gouvernement dans ses dépendances indiennes. Celles-ci passent alors sous le contrôle direct de la couronne, qui associe beaucoup plus étroitement les élites indiennes à l’administration des territoires. Carte de l’Inde au XVIIIe siècle, dans William R. Shepherd, Historical Atlas, 1923 (source : Wikipédia)

Bombay, une ville née de la colonisation...Les monuments de Bombay, images de la puissance coloniale britannique Devenu un entre urain et marhand dynamique, om ay se dote au XIXe

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Page 1: Bombay, une ville née de la colonisation...Les monuments de Bombay, images de la puissance coloniale britannique Devenu un entre urain et marhand dynamique, om ay se dote au XIXe

Bombay, allégorie de la puissance coloniale britannique

(Dossier réalisé par le service éducatif de la MGT)

Bombay, une ville née de la colonisation

C’est au début du XVIIe siècle, avec la

fondation de la Compagnie des Indes

orientales (East India Company), que

les Britanniques arrivent en Inde.

Jusqu’au XVIIe siècle, la ville de

Bombay n’existe pas en tant que telle.

Il s’agit alors d’un groupe d’îles

volcaniques peuplées de pêcheurs. Le

site était en revanche, dès le Moyen

Age, une porte de l’Inde pour les

marchands arabes qui y établissaient

alors des comptoirs commerciaux. Au

XVIe siècle, le site est cédé aux

Portugais. En 1661, quand Catherine de

Bragance, infante du Portugal, épouse

le roi d’Angleterre Charles II, elle

apporte ce territoire dans sa dot. Les

îles sont alors louées à la Compagnie

des Indes orientales qui obtient ainsi

un excellent port sur la côte ouest du

sous-continent indien.

Durant la première moitié du XIXe

siècle, de grands travaux d’urbanisme

sont lancés pour faire fusionner les

sept îles du site (terres conquises par

assèchement, construction de digues

reliant les îles…). La première liaison

ferroviaire de l’Inde est ouverte entre

Bombay et Thana en 1853.

En 1857, des soldats indiens aux ordres

de la Compagnie des Indes orientales,

les cipayes, se révoltent dans le Nord

de l’Inde. Les raisons en sont

essentiellement l’inégalité des

traitements régnant au sein de l’armée

britannique, et le non-respect par les

Britanniques des tabous culturels des

Indiens. Cet épisode sanglant, qui se

prolonge durant de nombreux mois,

aboutit à la décision du pouvoir

britannique de revoir son mode de gouvernement dans ses dépendances indiennes. Celles-ci passent alors sous le contrôle

direct de la couronne, qui associe beaucoup plus étroitement les élites indiennes à l’administration des territoires.

Carte de l’Inde au XVIIIe siècle, dans William R. Shepherd, Historical Atlas, 1923

(source : Wikipédia)

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La Guerre de Sécession américaine, au début des années 1860, représente un événement essentiel dans le développement

de Bombay. L’embargo des nordistes sur le coton du Sud fait de la ville le premier marché cotonnier du monde. Ce quasi-

monopole est renforcé avec l’ouverture en 1869 du canal de Suez, qui met les richesses de l’Inde à quelques semaines des

docks londoniens. Cette soudaine et bouillonnante activité fait de Bombay un Eldorado attirant les populations indiennes

les plus diverses, et l’un des plus importants ports d’Asie. En trois décennies, la ville voit sa population exploser : elle atteint

le million d’habitants en 1906 (deuxième ville d’Inde derrière Calcutta).

Le gouverneur britannique Bartle Frere lance au début des années 1860 une politique de grands travaux visant à faire de

Bombay une ville à la mesure des ambitions impérialistes du Royaume-Uni, en construisant une véritable copie de Londres,

avec de larges avenues, et des édifices administratifs imposants, de style victorien et néogothique.

Les monuments de Bombay, images de la puissance coloniale britannique

Devenu un centre urbain et marchand dynamique, Bombay se dote au XIXe siècle d’un hôtel de ville, Town Hall. Achevé en

1833, c’est l’un des plus anciens édifices coloniaux de la cité. Conçu pour abriter les activités municipales, il comprend aussi

un musée et surtout, dans son aile nord, une bibliothèque publique (l’Asiatic Society Library). Celle-ci réunit quelque

800 000 ouvrages d’une valeur inestimable, dont une des deux éditions originales connues de la Divine Comédie de Dante,

et des manuscrits sanskrits anciens. Le style architectural choisi est le néoclassique. Une imposante façade à portique,

surmontée d’un fronton, présente une rangée de colonnes doriques originaires d’Angleterre.

(cote MGT : CP Collin 1423)

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Le

Government

Secretariat,

construit dans

un style

néogothique

vénitien,

abrite le siège

du

gouvernement

britannique.

La tour Rajabai, du haut de

laquelle a été prise cette vue,

domine l’Université de

Bombay achevée en 1874.

Haute de 80 mètres, elle est

inspirée de Big Ben.

L’Université elle-même est

l’un des monuments

victoriens les plus imposants

de Bombay. Au premier plan,

on aperçoit les toits de la

Cour Suprême (High Court),

monumental édifice

néogothique. L’avenue que

l’on distingue est l’actuelle

Mahatma Gandhi Road.

(cote MGT : CP Collin 1422)

Vue vers le Nord-Est depuis la tour Rajabai

(cote MGT : CP Collin 1414)

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(cote MGT : CP Collin 1413)

La gare de Bombay, à droite de la carte postale, est le plus grand monument édifié par les Britanniques dans le monde

colonial, et sans conteste l’un des plus exubérants. Inspirée de la gare de St-Pancras de Londres, elle mêle au néogothique

victorien des éléments indiens traditionnels : dômes en pierre, tourelles, arcs brisés, cintrés, polylobés, galeries de type

moghol, gargouilles… Conçue par Frederick William Stevens, elle a été décorée par des étudiants en art et des artisans

indiens. Destinée être le siège de la Great Indian Peninsula Railway qui ouvre en 1853 la première ligne de chemin de fer en

Inde, elle est nommée en l’honneur de la reine Victoria, impératrice des Indes. Elle glorifie ainsi les vertus de l’époque

victorienne, le colonialisme et sa « mission civilisatrice », comme l’atteste l’immense statue symbolisant le progrès qui

trône au sommet du dôme. La gare est elle-même symbole de la politique impérialiste, qui a trouvé dans le système

ferroviaire un moyen de conquête et de maîtrise du territoire outre-mer.

Le bâtiment à gauche de la photographie abrite la Corporation municipale de Bombay. Dû au même Stevens, il mêle

minarets islamiques, tours gothiques et dômes bulbeux. Le Commissaire municipal est un haut fonctionnaire qui dirige

l’administration et les services municipaux.

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(cote MGT : CP Collin 1426)

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