Bonzon P-J 11 Ahmed Et Magali

7/25/2019 Bonzon P-J 11 Ahmed Et Magali

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A la mme librairie

PAUL-JACQUES BONZON

1 LE CHATEAU DE POMPONPremier livre de lecture courante.

Cours prparatoire.

2 POMPON A LA VILLELectures suivies. Cours prparatoire.

3 LE JARDIN DE PARADISLectures suivies. C.P., C.E. 1eanne.

4 POMPON LE PETIT ANE DES TROPIQUESLectures suivies. Cycle lmentaire.

5 LA MAISON AUX MILLE BONHEURSLectures suivies. Cycle lmentaire.

6 LE CIRQUE ZIGOTOLectures suivies. Cycle lmentaire.

7 LE CHALET DU BONHEURLectures suivies. C.E., C.M. 1eanne.

LE RELAIS DES CIGALESLectures suivies. Cycle moyen.

! LA ROULOTTE DU BONHEURLectures suivies. C.M. 2eanne.

1" #ANICours moyen.

11 AHMED ET MAGALICycle moyen.

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PAUL$JACQUES BONZON

INSTITUTEUR HONORAIRELAURAT DES PRIX 'JEUNESSE !EN"ANCE DU #ONDE!!JEUNESSE!

!NE$ %OR& HERALD TRIBUNE!!RAND PRIX DE LITTRATURE DU SALON DE L'EN"ANCE!

AHMED %& MAGALILIVRE DE LECTURES SUIVIES

COURS MO#EN

ILLUSTRATIONS DE#ONIQUE ORDE

DELAGRAVE

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NOTE DE L'AUTEUR

Par son niveau, au point de vue de rcriture cenouveau livre de lectures suivies peut convenir aux lvesdu Cours Moyen Ireanne mais par son sujet, il serait peut!tre pr"ra#le de le rserver au Cours Moyen 2eanne.

En e""et, cette $istoire se droule dans des milieuxsociaux et raciaux trs di""rents. %on t$me est en somme

le #rassa&e des nationalits, de plus en plus "r'uent (l)cole, #rassa&e 'ui n)e""arouc$e pds l)en"ant, au contraire.Les deux jeunes $ros de cette $istoire se trouvent #allotts,dans di""rents pays jus'u)( ce 'u)ils russissent ( recrerune am#iance "amiliale.

Comme d)usa&e, l)appareil pda&o&i'ue se #orne (l)explication de mots, souvent pas trs di""iciles, mais 'ui

demandent tout de m!me une compr$ension par"aite. * cesmots sont ajouts 'uel'ues autres, encore plus simples, (rec$erc$er par l)lve. Ceci ( deux "ins + pour 'u)il enconnaisse le sens exact et pour 'u)il prenne l)$a#itude del)usa&e du dictionnaire. Il ne s)a&it l(, videmment, 'ued)un exercice "acultati".

Ceci dit, il ne me reste plus 'u)( sou$aiter #onne

c$ance au jeune Marocain *$med et ( la petite ProvenaleMa&ali.

P(J(B

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1( UNE )AMILLE HEUREUSE

Les Priola avaient la chance d'habiter un pavillon indpendant dans labanlieue de Marseille. Cette banlieue, le Plan de Cuques quel dr!le de no" #$tait un %ros villa%e situera une quin&aine de ilo"(tres de la cit p$ocenne i$,au pied des "onta%nes de l')toile.

Le lo*er de la villa tait cher "ais +u%uste Priola tenait ce que sesen-ants ouissent d'un air pur et ne respirent pas -atmosp$re pollue 2$ de laville.

+u%uste, /ustou co""e l'appelait sa -e""e, n'avait pas -ait de lon%uestudes. 0out eune, il tait entr co""e sauteruisseau 3$ dans une banque.Mais, co""e il tait bel ho""e et prsentait bien, au retour du service "ilitaire,il avait trouv un e"ploi d)$uissier 4$ la pr-ecture de Marseille. 0r(s vite, sa

belleprestance 5$, rehausse par son uni-or"e bleu so"bre boutons d'ar%entet cussons au revers de la vareuse, l'avaient -ait apprcier du pr-et qui l'avaitno"" huissierche-.

C'tait lui, +u%uste Priola qui, les ours de rception, introduisait lespersonna%es o--iciels en visite Marseille et il pouvait se vanter d'avoir vu de

pr(s no"bre de clbrits consuls, a"bassadeurs, parle"entaires, "inistres et""e le prsident de la 6publique qui, il s'en souviendrait touours, lui avait-a"ili(re"ent serr la "ain.

+u%uste Priola et sa -e""e, /er"aine, avaient trois en-ants Ma%ali,l'a7ne, qui venait d'avoir di8 ans, /rard, dit /%, son cadet de cinq ans etPhilippe, dit 9i-i, qui en avait tout uste quatre, "ais tenait autant de place queles deu8 autres.

Ma"an /er"aine n'tait pas ori%inaire du Midi co""e son "ari, "ais de:or"andie. ;ls s'taient connus quand +u%uste -aisait son service dans la

"arine, Cherbour%, et ils s'taient "aris tr(s eunes, /er"aine n'hsitant pas quitter le ciel %ris et pluvieu8 du Cotentin pour venir s'installer dans la %randecit "diterranenne pleine de soleil.

Les pre"i(res annes, avant la naissance de Ma%ali, elle avait travaillco""e secrtairedact*lo, dans une -abrique d'e"balla%es puis, l'arrive deson second en-ant, elle tait reste la "aison.


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Ma%ali ai"ait beaucoup son p(re. Chaque soir, elle attendait son retour

avec i"patience. Co""e elle, /% et 9i-i reconnaissaient le bruit de la 2 C>qui "ontait la c!te. Ma%ali se etait alors au cou de son p(re et, tr(s -i(re de lui,de"andait quels personna%es i"portants il avait vus pendant son service.

Les trois en-ants n'taient d'ailleurs pas seuls l'attendre car les Priolapossdaient un tecel, bas sur pattes co""e tous les chiens de cette race,prodi%ieuse"ent intelli%ent, a--ectueu8 et qui s'appelait Puc. Le plus souvent,c'tait d'ailleurs Puc qui reconnaissait le pre"ier le bruit de la voiture. ;l sautaitalors en bonds -antastiques contre la porte pour que Ma%ali lui ouvre et il se

etait sur son "a7tre en a%itant -rntique"ent sa courte queue. :on, Puc, bas les pattes # criait +u%uste, tu vas salir "on uni-or"e.

+ttends que e "e sois chan% #+insi chaque our, vers ? heures, c'tait la ""e o*euse attente. Pour

toute la "aison, le retour du p(re tait un vne"ent, le "o"ent o@ tous seretrouvaient, o@ la -a"ille, au co"plet, %oAtait le bonheur d'tre runie.


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2( UNE ATTENTE ANGOISS*E

0out d'abord, M"e Priola ne s'inquita pas outre mesure i$ de ce retard.

Co""e toutes les %randes villes, Marseille conna7t des enco"bre"ents de lacirculation. +u%uste avait t pris dans un e"bouteilla%e dont il n'avait pu sedptrer.

Pour ne pas alar"er ses en-ants, /er"aine conserva un air serein 2$ etdclara d'une voi8 cal"e

B >o*e&vous, "es en-ants, vivre la ca"pa%ne a du bon..."ais aussides inconvnients. + propos, vous n'ave& pas trop -ai"

Ma%ali et /% secou(rent vive"ent la tte. ;ls voulaient prendre le repasdu soir avec leur p(re "ais 9i-i, lui, leva une "ain tr(s haut, posa l'autre sur

l'esto"ac, et rcla"a "an%er. /er"aine lui donna une banane et il se tinttranquille.

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+ huit heures et de"ie, alors que le soir to"bait, LEhuissier n'tait touours pasde retour et Puc, lui""e, co""enFa s'a%iter co""e s'il avait la notion 3$ dute"ps. + vrai dire, ce n'tait pas la pre"i(re -ois qu'+u%uste rentrait une $eure indue4$. ;l * avait deu8 ans de cela la 2 C> n'tait arrive que sur le coup de 11 heures alorsque /er"aine, a--ole, se prparait courir au poste de tlphone public de la rue

>antarol pour appeler le concier%e de la pr-ecture. Gn ralit +u%uste avait t retenupour une rception i"prvue qui s'tait prolon%e -ort tard.Ma%ali se souvenait de cet incident. + cette poquel, elle n'avait que huit ans

et c'est en pleurant qu'elle tait alle se coucher sans attendre le retour de papa.Cependant, elle ne s'tait pas endor"ie et n'avait t soula%e qu'en reconnaissant,dans la cuisine, la %rave voi8 paternelle.

+ prsent, elle tait %rande. Ce -ut elle qui rassura sa "(re.B C'est sAre"ent co""e l'autre -ois. Papa a t retenu. +h # si nous avions le

tlphone #... 0u devrais descendre appeler au poste public... >eu8tu que '* aille pourtoi

B :on, Ma%ali, pas encore, nous verrons tout l'heure. :ous allons d7ner sanslui... d'ailleurs, tu verras, nous serons peine table que nous entendrons la 2 C>.Ma%ali "it le couvert... "ais sans hHte, etant chaque instant un re%ard vers le

rveil pos sur une ta%(re de la cuisine ou sur Puc dont l)oue ultra"ine luiper"ettait d'entendre la voiture quand elle n'tait encore qu'au bas de la rue.

0ouours rien. Ma"an apporta la soupe et on "an%ea en silence... un silencetout relati- car 9in se char%ea de le ro"pre en tapant %rands coups de cuiller sur le-ond de son assiette.

Le repas ter"in, la table dbarrasse o@ il ne restait que le couvert du p(re$"a"an dit au8 deu8 %arFons

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+ prsent, il -aut vous coucher. Pense& l'cole, de"ain.9i-i se laissa dshabiller co""e un pantin qu'on "anipule sa %uise. Pour

lui, le marc$and de sa#le tait pass. /%, lui, protesta "ais "olle"ent car

il vo*ait sa "(re trop soucieuse. Juant Ma%ali, elle eut la per"ission deveiller. Glle tait %rande prsent. Ke toute -aFon, elle ne se serait pas endor"ie. e t'assure "a"an, reditelle, que c'est un si"ple retard... "ais pour te

tranquilliser, va tout de ""e tlphoner.M"e Priola se dcida sortir cinq "inutes plus tard elle rentra en

disant B 0ous les ""es, ces tlphones publics, ils ne -onctionnent a"ais

quand on en a besoin. +lors, va che& les parents de "a ca"arade +n%la. ;ls ne sont sans

doute pas encore couchs./er"aine allait repartir quand Puc se "it abo*er. ;l venait d'entendreune auto s'arrter devant la villa, "ais il ne battait pas de la queue co""ed'habitude. ;l ne reconnaissait pas la voiture de son "a7tre. Jui donc venait che&les Priola cette heure tardive Le cNur battant, Ma%ali se prcipita pourouvrir...

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3( L'ACCIDENT

Puc ne s'tait pas mpris i$. Ce n'tait pas l'auto de son "a7tre. Ma%ali,qui avait ouvert, eut un "ouve"ent de recul en reconnaissant un uni-or"ed'a%ent. ur le coup, elle ne devina pas ce que cette visite inopine 2$ si%ni-iait"ais "a"an Priola, elle, co"prit tout de suite, l'air e"barrass de l'a%ent quitournait son pi dans ses doi%ts.

B Mon "ari # s'criatelle, devenue subite"ent toute pHle, "on "ariil... il...

B :on, ne vous a--ole& pas, "ada"e, coupa vive"ent l'a%ent. Ce n'estprobable"ent pas %rave.

B Qn accident d'auto...B Peu apr(s une sortie de l'autoroute nord... e vous le rp(te, ce n'est

sAre"ent pas tr(s %rave. ;l n'avait pas perdu connaissance quand on l'a relev.B


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Minuit et de"i #... Qne heure du "atin #... Keu8 heures # Ma"an nerentrait pas. C'tait peuttre bon si%ne.


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4+ UNE ATTENTE ANXIEUSE

K(s ? heures, /er"aine, qui s'tait seule"ent tendue sur son lit sanspouvoir dor"ir, redescendit dans la rue >antarol. Le tlphone public taittouours en dran%e"ent. Cette -ois, bien qu'elle connAt peu les Mendel, les

parents d'+n%la, elle -rappa leur porte, e8pliqua l'accident et leur de"anda si

elle pouvait tlphoner de che& eu8 pour avoir des nouvelles, car le poste publictait en panne.B Mais bien sAr, -it M"e Mendel, dont le "ari tait d parti au bureau.

Rien sAr. >ous aurie& d'ailleurs dA venir directe"ent che& nous.Les doi%ts de /er"aine tre"blaient telle"ent qu'elle ne parvint pas

-or"er le nu"ro. Ce -ut M"e Mendel qui le co"posa pour elle.B +ll! #... L'h!pital du Ronecours ... +ll! # Pourrie&vous "e donner

des nouvelles de M. Priola... +u%uste Priola

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l.llc attendit un "o"ent, le te"ps que la standardiste i$ tabl7t la,-../0,&-0 entre la rception et le service de chirur%ie. Gn-in, une voi8de"anda

Kes nouvelles de M. Priola... Jui tesvous a -e""e...


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/er"aine re"ercia encore et rentra la "aison. La distance n'tait pas%rande, deu8 cents "(tres tout au plus. Cependant, di8 -ois au "oins, pendant letraet, elle rpta tout bas, co""e s'ils tintaient ses oreilles, les derniers "ots

de l'in-ir"i(re e ne peu8 rien vous dire.Ma%ali l'attendait sur le pas de la porte. L'en-ant se prcipita vers elle ende"andant

B +lors, "a"an...B 0on p(re vient d'tre opr. ;l dort encore. Pour le reste, e ne sais rien,

"ais ce soir e t'e""(nerai le voir.Ce "atinl, les trois en-ants rest(rent la "aison. Seureu8 /rard qui ne

se rendait encore pas co"pte de la %ravit de l'vne"ent # et surtout, heureu89i-i qui, cro*ant la "aternelle en con%, s'a"usa co""e un petit -ou tri"ballerPuc travers la "aison, dans un chariot en bois qui avait perdu une de sesroues.

La "atine -inie, le repas achev, la vaisselle -aite, /er"aine ne putattendre plus lon%te"ps. Glle repartit tlphoner che& les Mendel. Co""e la

pre"i(re -ois, elle attendit lon%te"ps avant d'obtenir l'in-ir"i(re de service. Cen'tait pas la ""e voi8. Celleci tait plus ai"able. Mais quand elle de"andaencore si l'tat de son "ari tait %rave, elle n'obtint que la ""e rponse ene peu8 rien vous dire , co""e si le vocabulaire dupersonnel $ospitalier 5$se li"itait cette petite phrase atroce.

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5 ( LA VISITE

;; tait 5 heures quand M"e Mendel stoppa devant le "as des Priola.Glle a"enait sa -ille %ui, co""e convenu, %arderait /% et 9i-i.

B +h # dit +n%la en se etant au cou de sa ca"arade, si tu savais co""ee te plains #... "ais tu verras, ton p(re %urira.

Presse, M"e Priola e"brassa vite les deu8 petits en leur reco""andantd'tre sa%es puis elle "onta dans la voiture c!t de M"e Mendel, tandis queMa%ali s'asse*ait derri(re. Qn quart d'heure plus tard, l'auto s'arrtait devant leRonecours. Ma%ali n'tait entre qu'une -ois dans un h!pital pour voir une

ca"arade opre de l)appendice i$. L'odeur phar"aceutique qui i"pr%nait lescouloirs lui avait donn la nause 2$. Glle retrouva cette ""e at"osph(redsa%rable. Gn-in, apr(s avoir pris l'ascenseur, la "(re et la -ille s'arrt(rentdevant la cha"bre nT 241 au bout du couloir.

B C'est l, "ur"ura /er"aine.Glle -rappa plusieurs -ois de petits coups ti"ides, si ti"ides qu'elle ne

perFut aucune rponse. +lors, elle s'enhardit pousser la porte. + peine dans lacha"bre, le san% re"lua 3$ de ses veines. Juant Ma%ali, son visa%e sedcomposa 4$. )taitce bien son p(re, cet ho""e au8 traits creuss, au teint

d'un aune #ilieux 5$, presque verdHtre, qui se"blait avoir vieilli de

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di8 ans en quelques heures /er"aine, elle non plus, ne put cacher sastupeur an%oisse.

B :e so*e& pas surprises, dit l'in-ir"i(re qui, au chevet du bless, r%lait

le %outte %outte d'un appareil trans"usion =$. L'opration a t lon%ue, tr(slon%ue... "ais il ne sou--re pas. ;l est sous l'e--et de piqAres cal"antes.

Gn reconnaissant sa -e""e et sa -ille, le "alheureu8 sourit -aible"ent. ;lvoulut tendre sa "ain libre pour caresser les cheveu8 de sa -ille l'in-ir"i(re l'ene"pcha.

B :on, ne bou%e& surtout pas #+lors le bless se contenta de "ur"urer

B e suis content de vous voir toutes les deu8. Gt il aouta, co""e pourlui""e

B Juel sale coup #... i encore c'tait par "a -aute #... /er"aine nesavait pas encore co""ent s'tait produit l'accident.Glle de"anda ce qui s'tait pass. K'une voi8 -aible, hache, coupe de

silences, /ustou e8pliqua B e venais de quitter l'autoroute... trois cents "(tres plus loin une

voiture, en sens inverse... elle &i%&a%uait... ;vre # oui, le chau--eur devait avoirtrop bu... Co""e 'allais la croiser, elle a -onc sur "oi... un %rand coup devolant pour l'viter... un tonneau... 'ai t ject ?$ de la 2 C>... un p*l!ne setrouvait l... e "e suis cras contre lui, l, du c!t droit... La police #... il

-audrait. ;l -audrait...

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;l n'eut pas la -orce de -inir. Ces quelques phrases l'avaient puis. ;l * eutun silence pnible. Puis il "ur"ura e vous ai"e bien, tous les quatre #...

+ ce "o"ent, l'in-ir"i(re, qui s'tait absente quelques instants, reparut.Glle constata que son "alade tait tr(s -ati%u. Glle dit M"e Priola

B :e reste& pas davanta%e. >ous reviendre& de"ain "atin. /er"aine etMa%ali e"brass(rent le bless sur le -ront et sortirentsur la pointe des pieds. Co""e elles arrivaient au bout du couloir, elles se

trouv(rent -ace -ace avec un ho""e en blouse et calotte blanches, un "decinou un chirur%ien. La "(re l'arrta

B Pardon, docteur, c'est peuttre vous qui soi%ne& "on "ari, M.Priola.

+ ce no" Priola , l'ho""e en blanc -ronFa les sourcils. ;l carta lesbras d'un air i"puissant et rpondit

B :ous -aisons l'i"possible c'est tout ce que e peu8 dire.Gt il s'en alla tr(s vite, co""e pour n'avoir pas d'autre e8plication

donner./er"aine et Ma%ali se re%ard(rent alors sans chan%er un "ot. Glles

avaient co"pris le bless tait perdu.

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6 ( LES PANTOU)LES

Ma%ali avait bien -ait d'aller avec /er"aine l'h!pital. Glle ne devait plusrevoir son p(re vivant. ;l avait succo"b, dans la nuit, la suite d'un clate"entdu -oie.

Les pre"iers ours, les visites "ortuaires, les prparati-s de l)in$umationi$, la cr"onie des o#s'ues 2$, toutes si"ples, au8quelles Ma%ali avait tenu assister tandis que ses petits -r(res taient %ards che& les Mendel, -irent un

peu oublier le %rand vide... "ais apr(s Juand la vie reprit son r*th"e r%ulier, ce vide devint un vritable

%ou--re. /%, lui aussi, savait que son p(re ne reviendrait a"ais, "ais 9in, qui on avait si"ple"ent dit qu'il tait parti, voulait savoir quand il rentrerait.

+ cause des petits, la "(re et Ma%ali -aisaient preuve d'un cran 3$ad"irable. Glles ne voulaient pas "ontrer leur peine. i elles pleuraient c'tait lesoir, quand elles taient seules, chacune dans sa cha"bre car Ma%ali avait lasienne et les %arFons la leur.

Gt que dire de Puc Chaque soir, il continuait d'attendre son "a7tre et luiapportait sa paire de sandales qu'il dposait devant la chaise o@ l'huissiers'asse*ait quand il rentrait de la pr-ecture.

Plus que tout autre chose, cette persistance de Puc tra7ner les savates aubout de ses crocs tait un supplice pour M"e Priola. Juand elle le vo*ait lesapporter, tout o*eu8, elle rsistait peine au8 lar"es. i bien qu'elle dcida deles placer dans une bo7te et de les ran%er au plus pro-ond de la penderie.


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+lors, va voir, toi, "a"an, dit /%.Pas tr(s rassure, elle non plus, M"e Priola ne bou%ea pas. 0ous

cout(rent de nouveau. oudain, un bruit bi&arre, celui d'un obet qui d%rin%ole,-it tressaillir Ma%ali et ses -r(res. Philippe dit alors, innocemment 5$

C'est peuttre papa qui est revenu il cherche quelque chose au %renier.La "(re, Ma%ali et /% chan%(rent un re%ard douloureu8 et "uet.Gn-in, M"e Priola se dcida prendre une la"pe de poche pour "onter voir.Glle n'avait pas le pied sur la pre"i(re "arche de l'escalier que Puc apparut

portant une vieille paire de pantou-les a*ant appartenu l'huissier et que/er"aine avait re"ises au %renier. Pauvre Puc # il pensait touours son"a7tre. :'a*ant pas trouv les sandales habituelles, il tait "ont lhaut et avait"is tout sens dessus dessous pour ra"ener ces vieilles pantou-les. atis-ait delui, il vint les dposer au pied de la chaise et releva la tte d'un air de dire

B Gh bien, quoi... vous n'tes pas contents/er"aine se %arda bien de le %ronder pour avoir "is le %renier en l'air.

Puc, par ce %este de -idlit envers celui qu'il ai"ait, ravivait trop sa peine.Juant Ma%ali, cette -ois, elle sentit les san%lots l'tou--er. Pour cacher sondsarroi, elle quitta la table et courut se r-u%ier dans sa cha"bre pour pleurer son aise.

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7 + AU COMMISSARIAT

La disparition du p(re n'apporta pas que tristesse et cha%rin. 0out de suite,les di--icults sur%irent. Le che- de -a"ille parti, il -allait quand ""e vivre..."ais co""ent

/er"aine ne cacha pas ses soucis Ma%ali, devenue sa seule con"identei$ car elle tenait viter ses proccupations au8 deu8 %arFons, /% surtout,

qui co""enFait co"prendre certaines choses.B


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Gt elle aouta Pour co""encer, nous allons devoir quitter la villa. on lo*er

constituait d une char%e nor"e quand ton p(re tait l.B otre "ari avait n%li% de contracter 4$ une assurance sur la vie lui

ditil, c'est bien do""a%e, "ais vous pouve& dposer une plainte contre l'auteurde l'accident, une plainte contre V puisque le chau--ard ne s'est pas arrt. i la

police l)identi"iait 5$, vous percevrie& une inde"nit verse par la co"pa%nied'assurances de cet ivro%ne.

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B e co"prends votre dsarroi et, bien sAr, 'enre%istre tout de ""evotre plainte "ais, sans nu"ro "inralo%ique, sans rien de prcis, que

pouvonsnous -aireB Pourtant, s'e8cla"a Ma%ali, indi%ne, c'est la -aute de cet ivro%ne si

"on p(re est "ort.B e sais, e sais, "a petite et 'en suis "oi""e navr.Juand elles sortirent du co""issariat, la "(re et la -ille se sentirent

dse"pares, la "(re parce qu'elle se de"andait co""ent lever ses en-ants,Ma%ali cause surtout de cette "aison o@ elle tait ne, qui avait touours t lasienne.

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+ LE NOUVEAU LOGEMENT

Pour ceu8 qui ne "anquent pas de "o*ens, le probl("e du lo%e"ent estais"ent rsolu, "ais pour ceu8 pour qui un -ranc est un -ranc

Le soir, apr(s la classe, tandis que Ma%ali %ardait ses petits -r(res, M"ePriola sortait, en qute d'une location. Glle aurait ai" trouver un apparte"entdans Marseille ""e ou la tr(s proche banlieue en pensant au our o@ elletravaillerait... car elle devrait trouver un e"ploi pour nourrir sa niche. Gllevoulait son lieu de travail pas trop loi%n de che& elle a-in de ne pas perdre unte"ps -ou en dplace"ents,

+insi, elle visitait les a%ences de location, "ais tout ce qu'on lui o--rait,

pas trop loin de la ville, tait cher. Gn-in, un our, elle crut trouver ce qui luiconvenait, un apparte"ent de deu8 pi(ces avec une %rande cuisine dans une

.L.M. i$ du quartier de 6oussas. Le lo*er n'tait pas excessi" 2$ et les c$ar&esminimes 3$. Glle le retint sans ""e le voir, de crainte que quelqu'un d'autre nev7nt le lui sou--ler, co""e lui su%%ra la %rante de l'a%ence.

Ce soirl, elle rentra tr(s vite la "aison pour annoncer la nouvelle. +l'ide qu'on allait d"na%er, /rard bondit de oie, i"it par ce diable de 9i-iqui co"prenait pourtant "al ce qu'tait un d"na%e"ent.

Ma%ali, elle, cacha "al sa dception. Rien sAr, elle savait qu'on serait

obli% de quitter la villa, elle ne pensait pas que ce serait si t!t, pas avant les%randes vacances.

B Gt quand pourraton le voir, cet apparte"ent, de"andatelle, lacuriosit l'e"portant sur sa dsillusion

B Ke"ain. :ous passerons l'a%ence chercher les cle-s. Juelle chance,ce quartier de 6oussas n'est pas tr(s loin du centre et desservi par un bus qui

passe cent "(tres de la "aison, para7til.Le lende"ain donc, apr(s avoir conduit /% et 9i-i che& les Mendel o@

+n%ela se char%eait de les %arder, /er"aine et sa -ille se rendirent l'a%ence

puis, de l, par un bus, dans ce quartier de 6oussas, en ralit pas telle"entproche du centreville, hriss de lon%s et hauts i""eubles co"prenant descentaines d'apparte"ents. Chaque bHti"ent tait dsi%n par une lettre. Celuiqu'avait lou /er"aine tait le troisi("e. :a%u(re, il * avait eu des trottoirs etdes platesbandes. Les trottoirs taient crevs d'nor"es trous et les plates

bandes co"pl(te"ent peles.

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La %rante avait dit au huiti("e, deu8i("e porte droite en sortant del'ascenseur des nu"ros pairs. +h # l'ascenseur # on tapis, racl usqu' la corde,tait onch de "%ots et ses parois couvertes de &ra""itis 4$. Ma%ali ne putretenir un soupir

B Jue c'est sale #...B C'est vrai, dit la "(re, c'est sale. 0ant de "onde "onte et descendchaque our. Peuttre que l'apparte"ent, lui, sera propre.

:on, l'apparte"ent n'tait pas en "eilleur tat tapisseries -anes,dchires, couvertes de traces des cra*ons "anis par des "ains sacca%eusesd'en-ants. Gt que dire de l'e8i%uWt du local C'est ce qui -rappa le plus Ma%ali. +

part la cuisine relative"ent spacieuse "ais dont l'vier tait -l$ deu8 petitespi(ces, uste la place dans chacune, pour deu8 lits troits.

/er"aine eut les lar"es au8 *eu8, "ais c'tait -ait, elle avait vers desarr$es 5$,si%n un bail. Glle ne pouvait plus se ddire. Ma%ali eut telle"ent"al, pour sa "(re, qu'elle "ur"ura, cro*ant presque ce qu'elle disait

B 0u sais, "a"an, apr(s tout, quand e t'aurai aid re-aire lestapisseries, enlever les taches sur le parquet, nous ne serons pas si "al. Lacuisine est tout de ""e asse& %rande pour quatre. Glle nous servira de salle desour...

M"e Priola ne -ut pas dupe =$. Glle se -orFa sourire sa -ille et laserra contre elle pour l'e"brasser.

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! $ ANGELAPour Ma%ali, c'taient les derniers ours de classe dans l'a%rable cole du

Plan de Cuques. +u lieu d'en pro-iter pleine"ent, hante par l'ide de partir, ellese r-u%ia, au contraire, dans l'isole"ent. +u lieu de ouer, de courir, de sauter la corde avec ses ca"arades, elle se tenait sous le prau, assise sur un banc,co""e si elle ddai%nait ses co"pa%nes.

0out d'abord, +n%la -ut choque par cette attitude, qu'elle ne co"prit pas.Pourquoi Ma%ali, si vive d'habitude, si spontane i$, se tenaitelle ainsi l'cart Gstce qu'elle boudait Ce n'tait pourtant pas son %enre.

+lors, un soir, la sortie, elle courut apr(s elle et lui de"anda B Pourquoi restestu touours seule co""e si tu nous avais d

quittes Ma%ali ne rpondit pas "ais +n%la, qui lui sentait le cNur %ros, insista

B :ous avons touours t a"ies... tu ne veu8 rien "e dire, ""e "oi Gstce que e t'ai -ait de la peine

B


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BGlles s'taient arrtes de "archer. Ma%ali hsita rpondre puis

"ur"ura B ;l -aut bien que e "'habitue...B 0'habituer quoiB + vivre sans ca"arades.B ans ca"arades 0u en retrouveras d'autres, lbas, dans ta nouvelle

cole.B +h # tu crois... Kans cette cit de 6oussas, il n'* a que des tran%ers...

des +l%riens, des Marocains, des :oirs. e l'ai bien vu, l'autre soir quand nous *so""es retournes, "a"an et "oi, pour -aire un peu de netto*a%e dans

l'apparte"ent.B Gt c'est Fa qui t)e""arouc$e 2$ e suppose que les en-ants, eu8,parlent -ranFais puisqu'ils vont l'cole.

B Ma"an est co""e "oi, elle se "-ie des tran%ers. ;ls ne lui -ont pasbonne i"pression... et "oi non plus. e sais bien qu' l'cole, e n'aurai pas deca"arades... +lors, c'est pour Fa que e "'habitue d(s "aintenant.

+n%la sourit en disant qu'il * avait des %ens s*"pathiques partout, che&les immi&rs 3$ co""e les autres et que cette ide tait ridicule.

B e sais, approuva Ma%ali, "ais c'est co""e Fa.

2?


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BGlles se re"irent "archer. Mais, tout coup, +n%la s'arrta denouveau, l'air %rave.

Gt si e te disais que, "oi aussi, e suis une tran%(re. 0oi

e ne suis pas ne en Provence, et e ne suis pas de la ""e race quetoi. 0u n'as a"ais trouv bi&arre le no" que e porte, +n%la Mendel Ma%ali ouvrit des *eu8 pleins d'tonne"ent. Mendel n'est pas un no" de la r%ion, c'est vrai, "ais que veu8tu dire

B Ma -a"ille est uive, et e suis une petite uive. e ne suis pas ne en9rance "ais enIsral 4$... et pourtant, nous nous entendons bien toi et "oi,n'estce pas

Ma%ali re%arda curieuse"ent sa ca"arade et rpta B C'est vrai nous nous entendons bien... et tes parents ont t tr(s %entils

au "o"ent de la "ort de papa. uste"ent, s'ils ont si bien co"pris votre cha%rin, c'est parce que, eu8

aussi, ont beaucoup sou--ert. Ma -a"ille a t tr(s "alheureuse. ;l ne -aut pasvoir que le prsent. i tu savais...

La voi8 d'+n%la s'asso"brit quand elle prononFa ces derniers "ots et ellelaissa chapper un soupir.

+lors, bouleverse son tour, Ma%ali de"anda B


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1" $ LE R*CIT D'ANG*LA

+n%la entra7na sa ca"arade dans le ardin public et elles s'assirent sur unbanc.B arsovie, lacapitale. ;ls n'* taient pas "alheureu8... Gt puis, la %uerre est venue,

brutale"ent. Gn quelques ours les ar"es de Sitler ont envahi le pa*s. +ussit!t,les perscutions ont co""enc. Les na&is dtestaient les ui-s. ;ls les accusaientde -aire partie d'une race "audite. + >arsovie, o@ les ui-s avaient essa* de

rsister, il * a eu d'e--ro*ables "assacres.B e sais, approuva Ma%ali, 'ai lu Fa dans un livre d'histoire.B Mes %randsparents et "es arri(re%randsparents n'habitaient pas le

&$etto i$, "ais un autre quartier de la ville. Ua n'a pas e"pch qu'ils soientdcouverts. Ma -a"ille a t dporte en +lle"a%ne et elle n'est a"ais revenue.0u sais ce que les na&is -aisaient des ui-s

B ercors. ;ls ont eu deu8 en-ants, un%arFon d'abord, une -ille ensuite... et un "alheur est encore arriv. Qn our, le%arFon qui avait trois ans, est to"b par la -entre d'un troisi("e ta%e

2I


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et s'est cras dans la rue... ;l ne leur est plus rest que la -ille, qui avaittout uste quelques "ois... cette -ille, c'est "oi.

0oi


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se sont installs Marseille o@ papa a trouv un bon e"ploi au8Messa%eries "diterranennes. 0u vois, Ma%ali, prsent, tu sais tout.

B


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11 DEMENAGEMENT

Le d"na%e"ent eut lieu cinq ours avant les %randes vacances par unte"ps lourd, ora%eu8 et un vent du sud qui -aisait penser au sirocco i$. Juandles d"na%eurs, quatre ho""es au8 carrures 2$ paisses, arriv(rent, au dbutde l'apr(s"idi, /% et 9i-i ne se tinrent plus de oie. Juel vne"ent #


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/er"aine et Ma%ali, elles, n'avaient %u(re envie de se rouir. K, huitours plus t!t, M"e Priola avait vu partir avec re%ret, pour la salle des ventes4$, le %rand lit et l'ar"oire de sa cha"bre qui n'auraient plus place dans la petite

pi(ce tout uste asse& %rande pour deu8 lits troits. Glle avait dA vendre%ale"ent une %rande co""ode qui lui venait de sa "(re, tout cela pour uneso""e bien "ini"e. eul chose i"portante qu'elle conservait le -auteuil de

cuir o@ /ustave se reposait, le soir, en lisant le ournal et o@, dans la ourne,Puc -aisait sa sieste de chien.

9inale"ent, le d"na%e"ent se rduisait un "obilier bien "odeste,uste l'indispensable et il n'tait que 5 heures quand la %rosse voiture aune, de"i pleine seule"ent, quitta le Plan de Cuques. ;l ne restait /er"aine et Ma%ali qu' donner un coup de balai pour enlever la paille, les plu"es, les dbrisqui tra7naient et -er"er les volets. +u dernier "o"ent, quand M"e Prioladonna un tour de cle- dans la serrure, sa "ain tre"bla. Ce tour de cle-, c'taitco""e un trait tir sur un pass qui avait t heureu8.

Puis, elle alla co""ander un ta8i, au poste tlphonique public car letraet par bus il -allait en chan%er trois -ois$ tait trop co"pliqu. Ce ta8i, une%rosse CitroXn -la"bant neuve, i"pressionna les %arFons qui n'taient %u(re"onts que dans la 2 C> paternelle.

Juelle chouette ba%nole # "ur"ura /% son petit -r(re.Juand tous les quatre, avec Puc, arriv(rent 6oussas, les d"na%eurs

taient d l. ;ls avaient co""enc leur d"na%e"ent, entours d'une nuede %a"ins de tous H%es, de tout poil, du teint le plus clair au plus som#re #ne5$, qui assistaient au dballa%e. ;l * avait ""e plusieurs -e""es, en $a3 =$,

des :ord+-ricaines certaine"ent. 33

33


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M"e Priola se sentit %ne de voir ses a--aires e8poses ainsi tousles re%ards, 9aites vite, ditelle au8 d"na%eurs./% et 9in n'taient que rare"ent "onts dans un ascenseur. Le -ait que leur

nouvelle "aison en avait un... et ""e deu8, leur parut tredu dernier lu8e.B Chic # dit /%, on pourra s'a"user toute la ourne "onter et descendre ldedans.Les %a"ins du quartier des petits +rabes pour la plupart, ne de"and(rent qu'

les aider transporter tout ce qu'ils pouvaient saisir entre leurs bras. Qnevritable -our"ili(re #

Gn haut, les deu8 -r(res ne re"arqu(rent ""e pas que l'apparte"ent tait sipetit. K'ailleurs, ils auraient une cha"bre eu8, co""e au Plan de Cuques, etretrouveraient leurs deu8 lits. ;ls ne pensaient qu' l'ascenseur. Ki8 -ois, vin%t-ois, /%, qui tait asse& %rand pour atteindre le bouton, pro"ena son petit -r(redans la cabine.

Rre-, il tait d D heures quand, le dernier "euble "ont, les d"na%eursrepartis, M"e Priola poussa un ou- de soula%e"ent. C'est alors que Ma%alis'cria

B Gt Puc... o@ est Puc Le tecel avait disparu...

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12 LE POSTE DE POLICE

Ju'tait devenu le chien Plusieurs -ois, il avait -ait la navette du re&dechausse au huiti("e avec /% et 9in. Puis on avait vu le tecel passerl'inspection de l'apparte"ent, reni"ler i$ les "eubles qu'on * dposait, -lairer les"urs, le carrela%e de la cuisine, avec un air inquiet. Mais, depuis un "o"ent,

personne ne l'avait plus aperFu.;l est sAre"ent rest en bas, e vais voir, dit /%, heureu8 de cette

nouvelle occasion de prendre l'ascenseur.B :on, intervint Ma%ali. La nuit co""ence to"ber, '* vais "oi""e.Glle descendit les huit ta%es pied, avec l'espoir de trouver le tecel,

plant devant une porte, cro*ant tre devant che& lui. 6ien. Kans le vestibuled'entre, elle l'appela pleine voi8 puis se risqua descendre usque dans lespro-ondeurs d'un soussol tn#reux 3$ o@ elle tre"bla de peur. 6ien non plus.

Glle pensa alors qu'il avait pu se tro"per d'i""euble puisque tous taientidentiques, et -it le tour du quartier. :avre, se de"andant si Puc n'tait pas

perdu pour de bon, elle revenait vers sa barre quand elle r-lchit

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B Puc n'avait pas l'air son aise dans cet apparte"ent qu'il neconnaissait pas. Jui sait si l'ide ne lui est pas venue de repartir au Plan deCuques :on, ce n'est pas possible. Le Plan de Cuques est trop loin, il n'a pasretrouv le che"in. Pauvre Puc #.,.

Kes lar"es lui "ont(rent au8 *eu8. Puc n'tait pas un chien co""e lesautres. ;l -aisait partie de la -a"ille. C'tait papa /ustou qui le lui avait donn, elle, cinq ans plut!t, pour la distraire quand elle avait eu lascarlatine 3$.

Glle pensa bien que sa "(re allait s'inquiter si elle ne rentrait pas, "ais ce-ut plus -ort qu'elle. Glle voulait en avoir le c0ur net 4$. Glle connaissait lesrues suivre pour aller au Plan de Cuques. Glle avait -ait le traet une -ois,

pied, avec sa "(re. C'tait loin, "ais elle ne se perdrait pas.+lors, elle quitta 6oussas pour s'en%a%er dans une lon%ue rue borde

d'i""eubles en construction. Glle reconnut les platanes sur les trottoirs de lasuivante, "ais ensuite elle hsita. Ke nuit, une ville n'a plus le ""e aspect. Gllecrut bien -aire en obliquant droite et hHta le pas.

Glle "archait depuis une de"iheure, lon%eant les "urs, co""enFant sede"ander si elle ne s'tait pas"ourvoye 5$ quand elle dboucha sur une petite

place a%r"ente d'une statueYCette -ois, elle eut nette"ent conscience de s'tretro"pe. + qui de"ander son che"in Les passants taient rares et /er"aine luiavait tant de -ois reco""and de ne suivre personne quand elle se trouvaitdehors, la nuit.

Gssou--le par la "arche et l'an%oisse, elle s'assit sur une "arche pourr-lchir. Glle tait l depuis di8 "inutes, le cNur serr, pensant sa "(re, quand

pass(rent deu8 a%ents c*clistes en tourne de nuit. Glle se ra"assa sur elle""e, pour se -aire toute petite, ils l'aperFurent quand ""e et "irent pied terre pour -interpeller =$. a pre"i(re raction -ut la -uite, "ais elle trbuchasur le trottoir et les a%ents eurent t!t -ait de la rattraper.

BZKis donc, %a"ine, que -aisaistu l, sur cette "arche... et pourquoi tesauver quand tu nous as vus

Glle e8pliqua qu'elle se reposait en attendant de repartir chercher sonchien au Plan de Cuques, pour le ra"ener 6oussas.

B +h # -it un a%ent, d'un air "prisant, tu habites 6oussas, la cour des

"iracles... Gstce que par hasard, tu aurais -ait une"u&ue ?$B e vous le ure, Monsieur l'a%ent, e cherchais "on chien. aistu o@

tu es, ici

3=


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B :on. + aintRarnabe... l'oppos du Plan de Cuques. Pas d'histoire, "a

petite. uisnous #B


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13 + LE POSTE DE POLICE /&%

Gncadre par les a%ents, Ma%ali -ut contrainte d'obir.B


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Glle obit encore "ais en se tenant distance du clochard qui sentaitl'alcool deu8 "(tres. Puis, inqui(te de voir que les a%ents c*clistes ressortaient

prendre leurs vlos, elle de"anda au8 deu8 autres B Gstce que... estce qu'on va "e ra"ener che& "oi e voudrais

rentrer tout de suite.L'un des oueurs de cartes ricana

B C'est, Fa "ade"oiselle veut peuttre qu'on lui appelle un ta8i... etpourquoi pas une 6olls6o*ce... Kors, on verra Fa de"ain "atin.

Ke"ain "atin # Ma%ali pHlit. Glle ne put se retenir de pleurer. +h # quel

"alheur d'avoir perdu son p(re. Kepuis sa disparition, la -a"ille ne connaissaitqu'ennuis et co"plications. La vie n'tait plus que cha%rin et tour"ents. Gllei"a%ina sa "(re, se ron%eant d'inquitude, n'osant abandonner les deu8 %arFons

pour aller tlphoner la police. 0lphoner d'o@, d'ailleurs /er"aine i%noraits'il e8istait un poste public dans ce nouveau quartier.

+ travers les lar"es qui em#uaient 3$ ses *eu8, elle re%ardait l'heure sa"ontre quand un ho""e entra qui, vo*ant cette toute eune -ille pleurer,de"anda au8 a%ents

B Jui est cette %a"ine...


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d'annes, replet 5$, les oues ross, l'air d'un bon papa pas du toutinti"idant. ;l s'approcha de Ma%ali, lui leva le "enton avec son inde8 pour liredans ses *eu8 hu"ides.

B C'est vrai ce que tu racontes

B e vous le ure. Mon chien est sAre"ent retourn au Plan de Cuques.B +lors, viens avec "oi.Ma%ali n'en crut pas ses oreilles. Qne -our%onnette noire stationnait

devant la porte. Glle "onta c!t du policier qui lui dit B Qne chance, pour toi, que e sois pass au poste.Qn quart d'heure plus tard, la voiture arrivait dans la petite ville de la

banlieue "arseillaise.B Prene& cette rue, "onsieur l'inspecteur... et puis cellel... >oici notre

ancienne "aison.Glle bondit terre. Puc n'tait pas devant la porte. Glle l'appela. ;l ne

rpondit pas. Keu8 -ois, trois -ois, elle -it le tour du "as. 6ien.B 0u vois, -it l'inspecteur, il n'est pas revenu. 6e"onte, e n'ai pas de

te"ps perdre. e te ra"(ne che& toi.La "ort dans l'H"e, Ma%ali allait s'e8cuter quand une ide lui traversa

l'esprit.B rai"ent co"plaisant, l'inspecteur consentit -aire le dtour. Les Mendeln'taient pas encore couchs, de la lu"i(re brillait travers les volets. Ma%alisonna. Miracle # Ce ne -ut pas eu8 qui rpondirent, ni +n%la, "ais la voi8

o*euse de Puc qui, en entendant Ma%ali parler avec l'inspecteur, avait co"prisque c'tait sa petite "a7tresse. +insi Puc tait bel et bien revenu son anciennede"eure et, ne trouvant personne, tait all se poster devant la porte des Mendelqui l'avaient recueilli en attendant de le ra"ener, le lende"ain, 6oussas.

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14 LA COUR DES MIRACLES

+insi que l'a%ent l'avait dno"", 6oussas tait une vritable cour desmiracles i$, pas tout -ait aussi sinistre que celle que >ictor Su%o dpeint dansson ro"an cl(bre :otreKa"edeParis, "ais plus cosmopolite 2$. 0outes lesraces, toutes les nationalits s'* "laient, avec chacune sa -aFon de vivre.

Les :ord+-ricains taient les plus no"breu8 "ais on * rencontrait aussides :oirs et des +siatiques, en particulier, des >ietna"iens.

La "ar"aille tait no"breuse. ;l n'tait pas rare de voir des -a"illes

arabes s'entasser huit ou neu- dans des apparte"ents aussi exi&us 3$ que celuides Priola qui, de ce -ait, se trouvaient presque des privil%is.0out d'abord, /er"aine s'tait a--ole d'avoir chou dans ce quartier

%rouillant, $aut en couleurs 4$. Juand elle descendait en ville pour chercher dutravail car on ne pouvait pas vivre sur la petite pension$, elle vitait de rentrerapr(s la to"be de la nuit.

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B Pourquoi avoir si peur, disait Ma%ali 0u sais "a"an, ces %enslsont co""e les autres.

e sais, il * a des bons et des "auvais partout, "ais c'est plus -ort que"oi. a"ais e n'oserai laisser /%, et plus -orte raison 9i-i, se "ler des

%a"ins qui ne -ont que des sottises.)vide""ent, pendant les %randes vacances, les en-ants, livrs eu8""es, sans surveillance, les p(res tant au travail et les "(res retenues dansl'apparte"ent par leurpro&niture 5$ en bas H%e, -aisaient par-ois des btises.


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Ma%ali ne sut que penser. Glle aidait sa "(re prparer le repas, car iltait d "idi, quand soudain vibra la sonnette d'entre. Ma%ali se prcipita versla porte. a "(re la retint.

B :on, laisse"oi ouvrir #

Prudente, elle entrebHilla lE$uis D$ et se trouva devant un petit :ord+-ricain de on&e ou dou&e ans, au8 cheveu8 crpus, au sourire -endu usqu'au8oreilles, qui dclara

B 'ai -ait tous les ta%es de l'i""euble. Gstce que, par hasard, ce n'estpas vous qui aurie& perdu Fa

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15 AHMEDLe %arFon -ouilla sa poche. M"e Priola poussa une e8cla"ation.

B


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B :on, "erci. e ne l'ai pas rapport pour Fa. Gt il aouta en ouvrant lesnarines

B Ua sent dr!le"ent bon che& vous. Ua vient de la cuisine;l hu"a le par-u" des c!telettes un lu8e$ qui co""enFaient se dorer

sur le -eu.B Gt si tu restais deuner avec nous proposa Ma%ali, spontan"ent.B


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6e%arde "on ] bisse ,... dur co""e du -er. :on, recti-ia Ma%ali en riant, on dit un biceps. /% et 9i-i, /rard

surtout, ad"ir(rent, #atement 2$. 0u estMusulman 3$ de"anda encore Ma%ali.

Rien sAr che& nous on lit le Coran 4$... "ais on ne va pas lamos'ue 5$ parce qu'elle est trop loin. Mon %randp(re est all LaMec'ue=$... et "oi 'irai aussi, un our, si e %a%ne asse& d'ar%ent.

Puis chan%eant de suet et posant la "ain sur l'paule de Ma%ali B


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16 $ LA TAPISSERIE

Le hasard qui avait a"en +h"ed che& les Priola trans-or"a presque lavie de la -a"ille. Le eune Marocain revint souvent au huiti("e. + dou&e ans, ildiscutait d presque co""e un ho""e. 0out de suite, il lEinstitua 1$ le

protecteur de Ma%ali et de ses petits -r(res. +vec "oi, vous n'ave& rien craindre, ditil M"e Priola. Laisse&

/% et 9i-i descendre ouer dans la rue avec Ma%ali. i par "alheur quelqu'un

leur cherchait chicane, il trouverait qui parler.Gt il durcissait de nouveau ses biceps, en continuant de les appeler ses

bisses .+pr(s s'tre "ontre "-iante avec les tran%ers de ce quartier, /er"aine,

touche par la -ranchise de ce petit Marocain, n'hsita pas lui -aire con-iance./% et /i-i ne se mor"ondirent 2$ plus lon%ueur de ourne dansl'apparte"ent dlabr. Juant Puc, il put de nouveau va%abonder son aise etdevint le ouet de tous les en-ants de la cit.

4?


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Pour Ma%ali, c'tait autre chose. Glle, si claire de teint, si blonde decheveu8, co""e sa "(re d'ori%ine nor"ande, prouvait un vi- plaisir sortiravec ce %arFon bron& au8 cheveu8 noirs et boucls. 0andis que /% et 9i-i

ouaient sur un tas de sable, tous deu8 discutaient, assis, -aute de bancs, au bord

d'un trottoir. Curieuse, Ma%ali posait son nouveau ca"arade toutes sortes dequestions sur son pa*s qu'il avait quitt cinq ans plus t!t "ais dont il avait %ardle souvenir. ;l lui dcrivait Casablanca, une ville toute blanche, aussi %rande"ais plus belle que Marseille, avec de lar%es avenues. ;l vantait le ciel "arocain

presque touours bleu. ;l oubliait les #idonvilles 3$ qui entourent la %rande citque ses parents avaient quitte pour -uir la "is(re. Lbas, il "archait pieds nuset ne "an%eait pas touours sa -ai" "ais il n'* pensait plus et son rve tait derevoir son pa*s natal.

Juand /er"aine tait l pour %arder les petits, il e""enait Ma%ali tr(sloin et ils "archaient, la "ain dans la "ain, co""e s'ils s'taient touoursconnus. Glle ne pouvait s'e"pcher de parler de son p(re. +h"ed avait vu la

photo de l'huissier en %rande tenue, redin%ote noire, lon%ue cha7ne dore ensautoir 4$ et %ants blancs. ;l prenait le "odeste huissier pour un cad 5$ ets'tonnait un peu de voir que sa -ille habitait un si pauvre quartier.

Qn our de pluie, M"e Priola tait sortie, touours la recherche detravail, et les deu8 a"is ouaient au8 da"es, un eu qu'+h"ed adorait, quand+n%la arriva lEimproviste =$ annoncer Ma%ali son prochain dpart envacances pour ;sraXl. +n%la ne connaissait pas encore le eune Marocain. Glleaussi, -ut sduite par son entrain et son air -ranc.

;ls bavard(rent lon%te"ps dans la cuisine, tandis que les deu8 %arne"entsouaient cachecache avec Puc sous les lits de leur cha"bre. Puis vers quatreheures, Ma%ali proposa

B Jue dirie&vous d'un petit %oAter cinqGlle trouva dans le placard et le r-ri%rateur le ncessaire beurre,

biscuits, pain d'pice, con-iture car si M"e Priola tait devenue re&ardante ?$pour bien des choses, elle ne voulait pas lsiner D$ sur la nourriture des en-ants.

;ls pass(rent un o*eu8 "o"ent autour de la table. Puis ils pass(rent dansla cha"bre de /er"aine et de Ma%ali re%arder des photos... des photos du Plan

de Cuques, de la villa, de son intrieur, de la salle de sour en particulier.

4D


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C'tait plus chouette qu'ici, -it +h"ed en etant un re%ard sur latapisserie -ane, dchire de la pi(ce... "ais on pourrait peuttre chan%er le

papier.B 0u crois... "oi toute seule -it Ma%ali.

:on, pas seule, avec "oi. La tapisserie, Fa "e conna7t. eule"ent voil,le papier coAte cher. 'ai de petites cono"ies.


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17 + LA TAPISSERIE /&%

K(s le lende"ain "atin, alors que M"e Priola s'occupait de son "na%een %ardant /% et 9in, Ma%ali, +h"ed et +n%la, qui tenait participer autravail, se retrouv(rent pour aller ense"ble choisir le papierpeint.

+h"ed, qui savait tout, connaissait une dro%uerie qui en vendait ;; *entra7na les deu8 -illes. Ma%ali savait les %oAts de sa "(re. M"e Priola ai"aitle vert, peuttre parce que cette couleur lui rappelait les pHtura%es nor"ands.Slas, le pre"ier papier vert prsent par le co""erFant tait hors de pri8.


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:aturelle"ent, M"e Priola devait tout i%norer de ces prparati-s et c'est+h"ed qui cacha le "atriel che& lui.Le lende"ain, sit!t /er"aine partie, Ma%ali descendit prvenir +h"ed

qui, e--ective"ent, avait dnich un escabeau. Gt tout de suite le travailco""enFa, avec l'aide d'+n%la qui venait d'arriver. Pour co""encer, il -allaitd'abord arracher les vieu8 papiers. /% et 9in[ s'en donn(rent cNur oie... du"oins pour ceu8 qui taient leur hauteur, et Puc se char%ea de les i"iter, quel-ou rire #...

Puis, le travail srieu8 co""enFa. Plus question de s'a"user, prsent.

Par prcaution, /% et 9i-i, Puc, -urent rel&us 4$ dans l'autre cha"bre.Ma%ali coupa alors les rouleau8 bonne lon%ueur pour en -aire des panneau8.+n%la enduisait ensuite ses panneau8 de colle avec un lar%e pinceau et, %ri"psur son escabeau, +h"ed les appliquait contre le "ur. Ke te"ps autre, une deces bandes, insu--isa""ent barbouille de colle, lui reto"bait sur la tte. ;lronchonnait alors en arabe des "ots inco"prhensibles "ais ne s'e"portait pas.

+ "idi, quand on -it la pause pour deuner, presque la "oiti de lacha"bre tait tapisse. Le repas -ut o*eu8., Ma%ali avait prvenu sa "(requ'elle inviterait +h"ed et +n%la et le r-ri%rateur tait bien %arni.

K(s une heure, on se re"it l'Nuvre. 0out allait bien. Mais Ma%ali avaitoubli de re-er"er la porte de la cha"bre voisine. oudain, Puc -it irruption 5$au "o"ent o@ +n%la passait de la colle sur une %rande bande pose sur le

plancher. :aturelle"ent, Puc voulut voir de pr(s ce qu'elle -aisait, s'approcha et"archa sur la colle. Catastrophe # Le papier ad$ra =$ ses pattes et, pris de

peur, il s'en-uit en dchirant la belle bande toute neuve qu'il tra7nait derri(re lui.


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B Prends "a place pour passer la colle, dit alors +n%la Ma%ali, e -ilechercher un rouleau che& le dro%uiste.

Gt ""e deu8, par prcaution, aouta +h"ed.+n%la sortit en coup de vent et un quart d'heure plus tard, rapporta les

deu8 rouleau8 pa*s sur ses propres deniers ?$. Kpchonsnous dit Ma%ali, "a"an va bient!t rentrer. Perch surson escabeau, +h"ed peinait, sou--lait, transpirait %rosses

%outtes. Gn-in, cinq heures, le travail ter"in, la tapisserie claire tait duplus bel e--et. /% et 9i-i... avec Puc, rests trois heures boucls cle-, eurentla per"ission d'ad"irer l'Nuvre des trois %rands. Ceu8ci en avaient -ini uste te"ps. Ma%ali achevait de ca"ou-ler pinceau8, brosse, pot de colle et escabeaudans le rduit au8 balais quand M"e Priola rentra.

0out de suite, au visa%e de Ma%ali, d'+h"ed et d'+n%la, elle co"pritqu'il s'tait pass quelque chose dans l'apparte"ent. Glle hu"a l'air en disant

B Ua sent une dr!le d'odeur# Ju'ave&vous -ait... des sottises Ma%alidit alors vive"ent

B >iens voir, "a"an #Glle ouvrit alors toute %rande la porte de la cha"bre. M"e Priola resta

saisie. Glle n'en crut pas ses *eu8.B


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1$ UNE MAUVAISE NOUVELLE


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Qn our, cependant, elle eut un espoir.


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B +llons dis"oi #B 0u * tiens... ""e si c'est quelque chose de dsa%rableB


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1! $ GRAVE PROBLME

Gn-in, vers les derniers ours du "ois d'aoAt, la -in de la priode descon%s pa*s et la rouverture des bureau8, ateliers et usines, M"e Priolatrouva de l'e"bauche.


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B +lors, quelle solutionB e n'en vois qu'une de"ander au %randp(re et la %rand"(re

Priola de prendre /rard et Philippe, che& eu8. Ma&ar%ue, co""e tu le sais,n'est qu'un "inuscule villa%e. Les +lpes de SauteProvence ont un e8cellentcli"at. ;ls seraient heureu8 co""e des rois. 'ai d crit, les %randsparents

sont d'accord.B C'est vrai, approuva Ma%ali, l'ide est e8cellente. Ma&ar%ue n'est passi loin. :ous pourrions aller les voir de te"ps en te"ps.

:aWve"ent, Ma%ali avait dit nous , ce qui laissait entendre qu'elleco"ptait rester avec sa "(re. Mais celleci, ce nous , prit un air e"barrass. C'est que... c'est que, -itelle, e ne pense pas, toi non plus, te laisser 6oussastoute la ourne. Gn ce "o"ent, le soleil se l(ve t!t et se couche tard... "ais cethiver # e ne te vois pas traverser seule ce quartier la to"be de la nuit. i+h"ed tait rest 'aurais peuttre envisa& 3$ la chose autre"ent "ais il va

partir. Contrite, Ma%ali baissa la tte. Puis elle de"anda B +lors, "oi aussi, tu penses "'envo*er Ma&ar%ueB :on, les %randsparents auront bien asse& -aire avec /rard et

Philippe. K'ailleurs, le coll(%e est trop loin. 0u devrais aller Ki%ne,

5?


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plus de quin&e ilo"(tres. >oistu, Ma%ali, pour toi 'ai pens quelqu'und'autre... "a sNur Rerthe. + ce no" Ma%ali se raidit.

La tante Rerthe... en :or"andie... si loinB Rien sAr, c'est loin.

^ 0u tiens vrai"ent, "a"an, te dbarrasser de "oiB


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LA $2" $ CAMIONNETTE

Le dpart de /rard et de Philippe devait avoir lieu un sa"edi, our o@/er"aine ne travaillait pas. 0out d'abord, M"e Priola avait pens conduire

elle""e les en-ants Ma&ar%ue "ais c'tait bien co"pliqu, surtout avec lesba%a%es. Pour co""encer, il -allait chan%er deu8 -ois de bus pour atteindre la%are aintCharles, ensuite re"onter en tortillard i$ la valle de la Kurance,"ettre pr(s de trois heures pour atteindre ChHteau+rnou8, dans les +lpes deSauteProvence, en-in attendre plusieurs heures le vieu8 car #rim#alant 2$ qui,une -ois par our, le soir, ralliait 3$ Ma&ar%ue. 0oute une ourne de tri#ulations4$, en so""e pour une distance relative"ent "odeste.

+lors, /er"aine s'tait rsolue de"ander au8 %randsparents Priola devenir chercher les en-ants avec leur ca"ionnette, bonne tout -aire. Pour le

%randp(re, ce n'tait pas une "ince a--aire que de se risquer circuler dansMarseille, lui qui ne roulait que sur des routes quasi dsertes. ;l devait quitterMa&ar%ue de bon "atin pour arriver vers on&e heures, avant les enco"bre"entsde -in de "atine.

+ "idi, il n'tait pas encore l... + "idi et de"ie non plus. B Mon Kieu #soupira /er"aine, il a peuttre eu un accident. Ce serait "a -aute.

Le %randp(re et sa -e""e arriv(rent seule"ent sur le coup d'une heureapr(s avoir roul l'aveu%lette dans Marseille, s'tre perdus trente

5I


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si8 -ois, et avoir rcolt une contravention pour s'tre en%a%s dans unsens interdit.

Peu i"portait ils taient sains et sau-s. La ca"ionnette %are uste devantl'i""euble, les deu8 vieu8 pa*sans pr-r(rent %ri"per les huit ta%es pied

plut!t que d'utiliser l'ascenseur dont ils se "-iaient.B +h # s'e8cla"a /er"aine en les vo*ant arriver essou--ls, suant %rosses %outtes, vous tes l # ;l ne vous est rien arriv de -Hcheu8... Passonsvite table, "on repas risque d'tre brAl.

Ce deuner, au dbut tout au "oins, ne -ut pas tr(s %ai. Les vieu8 Priolan'avaient pas revu /er"aine et leurs petitsen-ants depuis le dra"e et on parlasurtout du d"unt 5$. Mais /% et 9i-i se char%(rent de dtendre l'at"osph(re,

bouillant d'i"patience de %ri"per dans la ca"ionnette du pp... qui s'inquitaitd'ailleurs pour sa voiture dont il n'avait pas boucl les porti(res.

K(s trois heures, les pa*sans parl(rent de repartir. ;ls ne voulaient pasrentrer de nuit Ma&ar%ue. C'tait le "o"ent des adieu8. /er"aine tait triste,certes, "ais elle savait que ses deu8 petits seraient heureu8 la ca"pa%ne. Glleirait les voir souvent.

Le cha%rin de Ma%ali tait plus vi-. Glle aussi, serait spare de ses petits-r(res "ais pour plus lon%te"ps, plusieurs "ois peuttre.

+u "o"ent des adieu8, dans le vestibule, o@ tout le "onde taitdescendu, en deu8 -ois, par l'ascenseur, avec Puc bien sAr, elle ne puts'e"pcher de pleurer. Glle en voulait sa "(re qui l'obli%eait partir si loin, 5 exiler =$ en so""e.

Les e"brassades ter"ines, le %randp(re quittait le vestibule quand ils'cria

=O


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B Ma ca"ionnette#...


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21 $ LES BABOUCHES/rard et Philippe partis, l'apparte"ent, pourtant troit, parut presque trop

%rand. Pour les quelques ours qui lui restaient passer 6oussas, Ma%ali auraitpu chan%er de cha"bre, retrouver, co""e au Plan de Cuques, une pi(ce pourelle seule. Glle pr-ra pro-iter de sa "(re le plus lon%te"ps possible avant la%rande sparation.

Le soir, quand elles taient couches, elles bavardaient d'un lit l'autre.B >oistu, disait /er"aine, nous traversons une "auvaise passe. Rien

sAr, le te"ps ne nous rendra pas ton papa, "ais les "ois, les annes viennent

bout des plus %rands "alheurs.6si&ne i$ partir, prsent, Ma%ali plai%nait sa "(re qui travaillait du

"atin au soir et aurait encore le coura%e, en prenant sur ses nuits, de prparerdes e8a"ens. Glle ad"irait cette"oi 2$ en l'avenir, "al%r la blessure loin d'trere-er"e.

e ne devrais pas "e plaindre, se disait alors Ma%ali, 'ai honte de "oi.Glle avait recul son dpart usqu' l'e8tr"e li"ite dans l'espoir de revoir

+n%la. Qne carte de sa ca"arade l'attrista. +n%la ne rentrerait d';sraXl, paravion, que la veille de la rentre scolaire.

=2


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Le dpart de Ma%ali devait avoir lieu le "ercredi. ;l n'tait pas question, pourM"e Priola, d'acco"pa%ner sa -ille en :or"andie cause des -rais de vo*a%e,d'abord, "ais aussi parce qu'elle ne voulait pas de"ander un con% si peu de te"psapr(s son entre dans l'usine. Glle n'osa ""e pas s'absenter une "atine pourconduire la vo*a%euse la %are et c'est +h"ed qu'elle en con-ia le soin.

0out tait prvu. Qne cousine qui habitait la banlieue de Paris devait attendreMa%ali sa descente du train Paris, lE$#er&er 3$ pour la nuit, et le lende"ain"atin, l'acco"pa%ner la %are aintLa&are, pour la "ettre dans le train de Cherbour%.Cette cousine, Ma%ali ne l'avait vue qu'une -ois, tant toute petite. Glle n'en avait %ardaucun souvenir. La cousine, elle non plus, ne la reconna7trait sAre"ent pas. +lors, iltait convenu qu' sa descente du train de Marseille, Ma%ali tiendrait ostensi#lement4$ un ro"an couverture rou%e, tr(s vo*ante.

+h"ed tait d %ri"p au huiti("e, sept heures, au "o"ent o@ M"ePriola allait quitter l'apparte"ent pour son travail. Ma%ali s'tait pro"is de ne pas

pleurer. Glle sut se retenir, la "(re aussi qui se contenta de "ur"urer en e"brassant

tendre"ent sa -ille B Ma pauvre petite #...Seureuse"ent, +h"ed tait l pour tenir co"pa%nie Ma%ali qui, sans lui,

serait reste seule. Le train ne quittait Marseille qu' di8 heures quin&e. Les deu8ca"arades avaient calcul qu'en partant neu- heures ils avaient lar%e"ent le te"ps de%a%ner, en autobus, la %are aintCharles. La lourde valise tait prte, ainsi qu'un sacen plastique o@ /er"aine avait "is un repas -roid pour Ma%ali, dans le train.

=3


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Pour la pre"i(re et la derni(re -ois, les deu8 en-ants prirent leur petitdeuner ense"ble, dans la cuisine, "ais ils ne trouvaient plus rien se dire, lasparation tait trop proche. Gn-in, neu- heures, Ma%ali dclara

B C'est le "o"ent, il -aut partir #

+h"ed saisit la valise et ils descendirent prendre le bus au bas de la rue.;ls ne l'attendirent pas lon%te"ps "ais, "anque de chance, au carre-our o@ ilsdevaient en e"prunter un autre, ils ne trouv(rent rien. Qne cinquantaine de

personnes patientaient devant l'arrt. 9inale"ent, ils apprirent qu'une collisionentre deu8 ca"ions avait paral*s une rue. +pr(s vin%t "inutes d)attente vaine5$, +h"ed dclara

B 0ant pis # 9ilons pied. La %are n'est pas tr(s loin.La valise sur l'paule, il entra7na Ma%ali. Slas # la distance tait plus

lon%ue qu'il ne l'i"a%inait. ;l tait di8 heures di8 quand ils escalad(rent les"arches de la %are. +h"ed bondit vers le distributeur de ticets de quai etreoi%nit Ma%ali qui prsentait son billet au contr!le. ;ls coururent le lon% duconvoi pour trouver un _a%on de deu8i("e classe. Ma%ali * %ri"pa vive"ent et+h"ed lui passa la valise puis, preste"ent, sortit quelque chose dissi"ul entresa peau et sa che"isette.

B 0iens # prends Fa, Ma%ali... un petit cadeau... c'est "oi qui les ai-abriques avec des dchets de cuir.

B Ju'estce que c'estB Kes #a#ouc$es =$ #...B Kes quoi

B 0u verras, tout l'heure dans le train.;l n'eut que le te"ps de serrer la "ain de sa ca"arade et de sauter sur le

quai. Le convoi d"arrait.

=4


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22 $ LE LIVRE ROUGE

Le train roulait depuis trois heures peine et Ma%ali avait dl'i"pression d'tre tr(s loin de che& elle. Pourtant, elle venait tout uste dedpasser >alence.

:aturelle"ent, d(s le dpart, elle avait ouvert le "*strieu8 paquet sihabile"ent dissi"ul par +h"ed sous sa che"isette. Ces babouches deu8couleurs de cuir taient "erveilleuses de bon %oAt... et uste sa pointure. +vantde les con-ectionner, le eune +rabe avait sAre"ent pris la prcaution de prendrela "esure de ses chaussures. Cher +h"ed # ;l ne possdait rien et trouvait quand""e le "o*en de donner. Ce cadeau donna le re%ret Ma%ali de ne lui avoir

rien o--ert avant la sparation.Midi et de"i # Kes vo*a%eurs piqueniquaient dans le co"parti"ent. Glleles i"ita, non pas qu'elle eAt tr(s -ai", "ais cela -erait passer le te"ps. M"ePriola avait %liss dans le sac de plastique une tablette de chocolat au8 noisettesqui -it louc$er i$ une petite -ille de l'H%e de 9in. Glle lui en prsenta un carr quela %a"ine croquasur le c$amp 2$ et elle -it ensuite, par

=5


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toutes sortes de mimi'ues 3$, co"prendre Ma%ali qu'elle en dsirait unautre. ;l n'en -allait pas plus pour crer un lien d'a"iti. 9a"ili(re"ent la -illettevint s'asseoir sur les %enou8 de la vo*a%euse et lui e8pliqua qu'elle allait che&son pp .

Qn "o"ent plus tard, Ma%ali a*ant ouvert son ro"an couverture rou%e,l'en-ant parut encore tr(s intresse. Juand -ati%ue de lire, la eune Marseillaisele posa sur la banquette, la %a"ine s'en e"para pour le -euilleter et re%arder lesi"a%es.

>o*ons, ;sabelle, la rprimanda 4$ sa "(re, veu8tu bien laisser celivre il n'est pas toi.

B +ucune i"portance, -it Ma%ali la "(re, ce ro"an ne "e captive 5$pas.

Gn -ait, Ma%ali avait trop de cha%rin pour se laisser prendre par unelecture quelconque.

Pendant ce te"ps, le train roulait touours. ;l venait de stopper Kion, ledernier arrt avant Paris. Ma%ali pensa la cousine qui l'attendait, une cousine%er"aine de son p(re qui habitait Chatou, dans la banlieueouest de Paris.K'apr(s M"e Priola elle tait petite et boulotte, tr(s d"onstrative.

Gn-in, apr(s huit heures de vo*a%e, on approcha de la capitale. Lesvo*a%eurs co""enc(rent rasse"bler leurs a--aires. Qn "onsieur obli%eantdescendit la lourde et enco"brante valise de Ma%ali. Slas # en -ourrant les

prcieuses babouches dedans, Ma%ali avait "al boucl un -er"oir. La valises'ouvrit, rpandant sur la banquette les a--aires qu'elle contenait. Ma%ali les

re-ourra de son "ieu8 l'intrieur, "ais, -roisses, dplies, elles tenaient plusde place et elle perdit du te"ps tout ran%er soi%neuse"ent.

==


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Juand elle en eut -ini, le co"parti"ent tait vide. Glle pensa soudain son livre et ne le trouva pas. Ju'en avait -ait la -illette ;l n'tait ni sous les

banquettes ni coinc entre les dossiers et les si(%es.

B Glle l'a peuttre e"port, se ditelle.a valise bout de bras, elle sortit dans le couloir, vide lui aussi, etchercha sur le quai reprer la silhouette de la %a"ine. 6ien. +lors, a--ole, ellere"onta dans le _a%on... Mais co""ent reconna7tre son co"parti"ent + touthasard, elle en e8plora plusieurs, sans rien trouver naturelle"ent.

Le cNur battant, elle redescendit sur le quai. Plus personne. Le -lot devo*a%eurs s'tait coul. Glle se de"anda si elle devait sortir de la %are. Gllen'osa pas. +lors, elle se "it errer dans le hall co""e une H"e en peine. + boutde -orce, elle venait de dposer sa valise ses pieds quand une -e""es'approcha. Qn instant, elle crut que c'tait sa tante, pourtant celleci n'tait ni

petite ni boulotte "ais %rande et "ince et elle portait un brassard. ervice d'accueil #... e te vois l, depuis un "o"ent, dse"pare. 0u

vo*a%es seuleB


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23 $ LA SALLE D'ACCUEIL

+ ces "ots suis"oi , Ma%ali tressaillit. Glle se souvint de sa sortie

nocturne Marseille, pour chercher Puc, de sa rencontre avec les a%ents. +llaiton encore la conduire la policeB


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d'accueil et de"ain "atin tu repartiras pour la %are aintLa&are prendrele train de Cherbour%. 0u as de l'ar%ent

B


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24$ LA TANTE BERTHE

+ travers les vitres brouilles du train, Ma%ali re%ardait la pluie to"ber

sur les vertes prairies nor"andes. Mais, en ralit son esprit tait ailleurs. Gllepensait sa nuit dans le dortoir d'accueil, son rveil brusque quand l'h!tessel'avait secoue sept heures, sa traverse de Paris pendant laquelle elle avaiten vain cherch apercevoir la pointe de la tour Gi--el. Glle revo*ait aussi cettei""ense %are aintLa&are, le -lot nor"e des vo*a%eurs courant prendre leurtrain ou le "tro. C'tait Fa Paris, une -our"ili(re de %ens presss Gn laconduisant vers un ta8i, l'h!tesse avait dit

B + aintLa&are, les trains des %randes li%nes partent droite, au boutdes quais, tu trouveras sans peine celui de Cherbour%.

Glle l'avait trouv du pre"ier coup en e--et et, en avance, avait pu choisirsa place contre la #aie i$ vitre. Slas deu8 heures apr(s son dpart le te"pss'tait asso"bri et il pleuvait.

B C'est vrai, se ditelle, il pleut souvent en :or"andie. Kire qu'hier"atin, il -aisait si beau, si chaud, Marseille# Co""e e suis loin de che&nous#...

+lors, elle pensa sa "(re, ses petits -r(res, +n%la qui devait avoiratterri la veille au soir l'arodro"e de Mari%nane, +h"ed, surtout.

?O


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Glle ne put s'e"pcher d'ouvrir sa valise, pose c!t d'elle et deconte"pler une -ois de plus les babouches.

Le "atin, l'h!tesse lui avait donn une tasse de chocolat et deu8 petitspains elle avait -ai" de nouveau. Pourtant, il n'tait pas "idi et la tante Rertheavait crit qu'elles deuneraient ense"ble, en arrivant.

Gn e--et, Ma%ali devait quitter le train >alo%nes, avant le ter"inus deCherbour% et Rerthe l'e""(nerait aussit!t dans sa voiture Rricquebec, un %ros

bour% du Cotentin 2$ o@ elle tenait une petite picerie.0ante Rerthe # Ma%ali essa*ait de s'en -aire une ide. a "(re lui avait

souvent parl de cette sNur dis&racie 3$ par la nature, "ais d'heureu8caract(re. 0ante Rerthe boitait. Cette claudication 3$ provenait d'unemal"ormation con&nitale 5$ de la hanche droite. +insi, la pauvre -e""e nes'tait a"ais "arie, cause de cette in-ir"it, "ais elle n'en tait pas ai%rie.K'ailleurs, elle va'uait =$ presque nor"ale"ent ses occupations.

Ma%ali tait si absorbe se reprsenter sa tante qu'elle ne s'aperFut pas

que le train ralentissait. :'astu pas dit que tu descendais >alo%nes -it un "onsieur en lace

d'elle nous * arrivons.Le te"ps de prendre sa valise, son sac, de sortir dans le couloir et le train

s'arrtait d. Qne vin%taine de vo*a%eurs, seule"ent, en descendirent, quiouvrirent aussit!t leurs parapluies. Ma%ali n'en avait pas. Glle dut attendre sur lequai, co""e tout le "onde, que le train eut red"arr, car il -allait traverser lesvoies, -aute de passa%e souterrain.

?1


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Glle suivit le %roupe de vo*a%eurs en se disant B + cause de la pluie, ou de son in-ir"it, tante Rerthe n'est pas venue

"'attendre sur le quai. e vais la trouver dans la %are.:on, personne, co""e Paris. Pourtant cette -ois, ce n'tait pas sa -aute.

Qne ide lui traversa l'esprit. Le vo*a%eur, dans le train, s'tait tro"p ellen'tait pas >alo%nes. Ke crainte de passer pour ridicule, elle n'osa s'adresser un e"plo*. a valise bout de bras, elle sortit sur la place pour lire le no" dela ville au"ronton ?$ de la %are. Glle levait le ne& en l'air quand une voi8 lahla

B Ma%ali #...Glle se retourna. C'tait tante Rerthe qui traversait la place en boitant pour

venir elle.B


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25 + LES CHATS

La 2 C> roulait lente"ent, cause de la pluie qui risquait de no*er denouveau le "oteur et parce que, co""e le reconnut la tante, elle n'tait pas un

as du volant. Rien qu'on -At seule"ent la "isepte"bre, il -aisait presque-roid dans la voiture.B


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Gt la tante aouta B +vant d'arriver, il -aut tout de suite que e te parle de quelque chose

car tu risques d'tre surprise. 'ai la passion des chats. Les ai"estu, toiB ous vous ennu*ie&... e vous a"(ne une nouvellepetite "a7tresse. Montre&vous ai"ables avec elle.

Ces chats n'taient pas -arouches, sau- un, Charles... Charles le 0"raire,co""e e8pliqua la tante. ;l tait i"possible de le prendre sur ses %enou8. Parcontre, il n'avait pas son pareil pour -aire d&uerpir =$ les autres "atous duquartier.

Le pre"ier soin de la tante -ut de donner leur nourriture ses prot%s.

Puis, clopinclopant, elle %ri"pa l'escalier en coli"aFon dont les vieilles"arches de bois pliaient sous les pas pour "ontrer sa cha"bre Ma%ali, unecha"bre en souspente dont l'troite -entre donnait sur le "ur de

?4


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la "aison d'en -ace, un "ur de %ranit %ris couvert de plaques de "ousse.Co""e Ma%ali ne disait rien, la tante dclara

B )vide""ent, par ce te"ps de pluie, Fa "anque un peu de lu"i(re,"ais tu verras, les ours de soleil #... e te laisse -aire un peu de toilette pendant

que e descends prparer le repas. e t'appellerai.6este seule dans cette pi(ce so"bre, Ma%ali se sentit envahie par latristesse. + 6oussas, l'apparte"ent tait dlabr "ais pas plus que cette "aisonet, au "oins, au huiti("e, le soleil pntrait -lots.

Glle ouvrit la -entre pour eter un re%ard dans la rue. 0outes les "aisonstaient de la ""e pierre %rise avec de hauts toits en ardoise, luisants de pluie.Glle -rissonna. ;nstinctive"ent, elle chercha dans la cha"bre un radiateur.+ucun "o*en de chau--a%e. +lors, elle s'assit sur son lit, sans coura%e pourdballer ses a--aires, co""e si elle n'tait l que de passa%e. Puis elle se dit

B :on, e ne vais tout de ""e pas pleurer #Glle se donnait un coup de pei%ne, devant la %lace encadre de -au8

ba"bou quand un "iaule"ent, derri(re sa porte, la -it tressaillir. Glle ouvrit.C'tait


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26 $ LA RENTR*ELa rentre des classes avait lieu le lende"ain. Rien qu' peine installe

che& sa tante, Ma%ali tint ne pas la "anquer. L'apr(s"idi ""e de sonarrive, apr(s avoir e8pdi un tl%ra""e sa "(re pour la rassurer quant son vo*a%e, elle de"anda sa tante de l'acco"pa%ner che& le directeur ducoll(%e d'ensei%ne"ent %nral.

Celuici les reFut dans son bureau. C'tait un ho""e eune, "ais au"enton orn d'une "oisonnante i$ barbe d'un blond presque rou8 qui le

vieillissait. e viens -aire inscrire "a ni(ce en si8i("e, dclara la tante.Le directeur -ronFa les sourcils.

B +uourd'hui seule"ent... La veille de la rentreB Ma ni(ce est arrive tout l'heure. Glle vient de Marseille.B >ous aurie& tout de ""e pu "e prvenir avant. >ous savie& qu'elle

devait arriver. La rpartition des l(ves est -aite depuis lon%te"ps et les classesde si8i("e sont surchar%es.

Puis, apr(s avoir liss sa barbe qui -risottait

?=


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B e "e de"ande o@ e vais la caser... Gstelle capable de suivre,seule"ent

Ma%ali "ontra ses cahiers, le certi-icat de son ancienne "a7tresse,lEattestation 2$ si%ni-iant sa capacit d'tre ad"ise en si8i("e. Le directeurhocha la tte, l'air bourru. Puis la tante

B Pour co"bien de te"ps estelle Rricquebec... Pour toute l'annescolaire

B e ne sais pas...

Le directeur ne cacha pas sa dsapprobation. >isible"ent, il n'ai"ait pasles l(ves de passa%e. ;l * eut un silence. Puis, abaissant le ton de sa voi8, ilsoupira

B C'est bon, e l'inscris en surno"bre en si8i("e +.Juand Ma%ali sortit du bureau, elle eut une i"pression pnible.


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les poussait pas "ani-ester plus chaleureuse"ent la oie de se retrouverGn-in, la sonnerie tinta. Le troupeau des l(ves se rasse"bla dans la cour.

Pour les %rands, ceu8 de cinqui("e, quatri("e et troisi("e, pas de probl("e. ;lssavaient vers quelle classe se diri%er. Le directeur rasse"bla les nouvelles

recrues =$ de si8i("e et procda un appel no"inal... pour ter"iner parMa%ali, inscrite la derni(re. + ce no", Ma%ali Priola, toutes les ttes seretourn(rent. Personne n'avait a"ais entendu ce prno" Ma%ali, et un no"

pareil.La pre"i(re heure de cours co""enFait par une classe de -ranFais avec

un eune pro-esseur -e""e, l'pouse du directeur, M"e Le Routeiller. Glle neconnaissait pas ses l(ves, puisque toutes taient nouvelles. Glle de"anda chacun et chacune de se prsenter, en disant son no", son H%e, son do"icile,car ce coll(%e centralisait toute la eunesse du canton.

Ma%ali -ut une des derni(res se lever, puisque, en surno"bre, on l'avait"ise au -ond.

B Ma%ali Priola #...


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27 + PAIN D'EPICEKe cette pre"i(re ourne de classe, Ma%ali rapporta une pnible

i"pression. Glle s'tait sentie tran%(re par"i ces %arFons et ces -illes issus i$d'un milieu rural 2$.


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alut Pain d'pice #...La raction de Ma%ali -utprompte 4$. Qne %i-le bien applique claqua sur

la oue du %arFon, qui tait de son H%e, "ais plus %rand et plus -ort. C'tait unno"" 9illHtre au8 cheveu8 couleur de bl "Ar. 8#erlu 5$, il resta une

seconde en suspens puis ra%it son tour, sans se rendre co"pte qu'il avaita--aire une -ille.;l rpondit la %i-le par un coup de poin% bien serr qui toucha Ma%ali

l'paule et la -it vaciller. Loin de se tenir pour battue, Ma%ali se prcipita versson rival et lui tira les cheveu8 de toutes ses -orces. 9illHtre se "it hurler. Qnrasse"ble"ent se -or"a. Qne surveillante carta les curieu8.

B Juoi... Qne ba%arre#Ma%ali tenait touours les cheveu8 du %arFon. La surveillante ne chercha

pas plus loin. Co""ent te battre de cette -aFon, toi, une -ille Juelles dr!les de

m0urs =$. C'est ainsi qu'on se co"porte MarseilleGlle saisit Ma%ali par le bras en ordonnant >iens i""diate"ent che& le directeur.

B :on, pas toute seule, rpondit Ma%ali en essa*ant de se d%a%er. Co""ent... 0u te rebi--esRon %r "al %r Ma%ali -ut conduite manu militari ?$ che& le directeur

qui la surveillante raconta ce qu'elle avait vu. Ma%ali crut que les -oudresdirectoriales allaient lui to"ber sur la tte. :on, le che- de l'tablisse"ent laconsidra si"ple"ent avec curiosit.

+insi, tu t'es attaque un %arFon plus %rand et plus -ort que toi Pourquelle raison

;l "'avait appele Pain d'pice , Monsieur le Kirecteur, c'est lesurno" qu'on "'a tout de suite donn. e ne veu8 pas tre appele ainsi.

Le directeur r-lchit. a -e""e lui avait peuttre rapport ce surno",lanc spontan"ent le our de la rentre par un l(ve et aussit!t adopt par lesautres. +u lieu de s'e"porter, il de"anda la surveillante


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B Ju'estce que 'apprends, co""enFa le che- de l'tablisse"ent, on sebat dans les couloirs prsent... e n'approuve pas la %i-le donne par cettenouvelle l(ve qui nous arrive de loin... "ais e co"prends sa raction. +u lieud'adopter cette ca"arade venue ici la suite de circonstances pnibles, vous

vous "oque& d'elle. )vide""ent dans notre canton de Rricquebec, loin despla%es, vous ave& rare"ent l'occasion de voir des tran%ers au pa*s. Gstce uneraison pour les tenir l'cart... e veu8 croire que, dsor"ais, vous ne -ere&aucune di--rence entre elle et vous. Co"pris

;l se tut. Qn silence %n se prolon%ea dans la classe. Puis le directeurreprit, en souriant cette -ois

Les deu8 prota&onistes D$ "e -eraient le plus %rand plaisir, si, pourr%ler cette a--aire stupide, ils venaient se rconcilier devant "oi.

Lon 9illHtre hsita, -it deu8 pas dans l'alle, entre les tables, s'arrta,s'avanFa de nouveau puis vint usqu' Ma%ali qui avait lHch la "ain du directeur

pour tendre la sienne l'arrivant. G8cuse"oi, dit Lon, e ne cro*ais pas te ve8er. G8cuse"oi aussi, reprit Ma%ali, e n'aurais pas dA ra%ir de cette -aFon.9inale"ent, s'approchant encore de son adversaire, Ma%ali l'e"brassa sur

sa oue rou%e, devant toute la classe.

D1


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2 + JALOUSIE

Cette rconciliation spectaculaire devait produire son e--et. Plus personne,dans l'cole, n)a""u#la i$ Ma%ali de ce surno" pjorati" 2$. Mais la euneMarseillaise ne se -it cependant pas de vrais ca"arades. Glle n'* tenait pasd'ailleurs. Glle pr-rait vivre sur ses souvenirs.

Gn un "ot, elle ne se plaisait pas Rricquebec. Certes, le soleil brillaitpar-ois sur le bour% "ais un soleil pHle, qui ouait cachecache avec les nua%eset sans chaleur, un soleil de vin%tcinq bou%ies, co""e elle disait.

Glle ne se plaisait pas non plus dans sa cha"bre, cause du "ur d'en -ace

et de l'hu"idit qui * r%nait enpermanence 3$, une hu"idit qui -estonnait de"oisissures la tapisserie -ane.

D2


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Gt puis, elle qui ai"ait tant les btes, se prit presque les dtester causedu co"porte"ent de sa tante envers ses prot%s. L'pici(re n'en avait que pourses chats. Glle les dorlotait, les couvait, co""e de vritables en-ants. i l'und'eu8 "anquait d'entrain elle le vo*ait d "alade. i un autre avait le "useau

chaud, c'tait la -i(vre et elle parlait de le conduire che& le vtrinaire. Ces chatsavaient toutes les per"issions, ""e celle de sauter sur la table pendant lesrepas. i l'un d'eu8 chipait quelque chose dans sa propre assiette, elle se -licitaitde lui voir un bon apptit.

Les pre"iers ours, Ma%ali s'tait a"use de ces ani"au8 -a"iliers,bient!t, elle se sentit "rustre 4$. Glle avait besoin d'a--ection pour re"placercelle de sa "(re. Certes, elle ne se plai%nait pas d'tre n%li%e "atrielle"ent.Les repas taient copieu8 et la tante ne lui -aisait a"ais de r-le8ionsdsa%rables, "ais elle avait besoin qu'on s'occupe d'elle, senti"entale"ent.


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t et nous n'tions pas les seuls -aire tre"pette. Gn nous schant, ausoleil, nous avons beaucoup parl de toi. +h"ed ne part pour le Maroc qu' la-in du "ois et e "'en rouis car c'est un bon ca"arade.

Cette lettre, pleine de soleil et de oie, elle la lut dans sa cha"bre

"ansarde, alors qu'une petite pluie -ine parse"ait de %outtes les vitres de sa-entre. +insi, peu peu, +n%la la re"plaFait aupr(s d'+h"ed. ;ls sortaientense"ble. a ca"arade lui avait enlev le petit +-ricain. Glle en prouva un

pince"ent au cNur. Plus qu'un pince"ent.B alouse, se ditelle, estce que e serais alousea pre"i(re raction -ut de rpondre tout de suite, d'crire qu'elle aussi

passait du bon te"ps en :or"andie, qu'elle avait de bons et bonnes ca"arades,qu'elle ne s'ennu*ait pas, loin de l. Glle crivit deu8 pa%es tru--es de petits"enson%es, d'inventions.

Mais quand elle se relut, elle eut honte d'elle""e. :on, elle tait tropmes'uine ;


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2! $ LES VACANCES DE NOL

:ove"bre s'tira lente"ent dans la %risaille, "ais sans -roid vritable,sans %eles, co""e l'avait prvu la tante. Ma%ali avait l'i"pression d'unauto"ne qui n'en -inissait pas.


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des -illes qui -rquentaient le coll(%e, co""e elle, et elle se sentait %ne cause des chats qui tr!naient sur le co"ptoir. Glle pensait alors au surno" untantinet 4$ ridicule donn sa tante.

+vec "lancolie elle vo*ait approcher :oXl. Peuttre plus que dans les

autres provinces de 9rance, :oXl est en Provence une -te de -a"ille"erveilleuse. /er"aine irait la passer Ma&ar%ue avec /%, 9in et les deu8bons vieu8 %randsparents Priola. Pour elle, Ma%ali, le 25 dce"bre serait unedate dnue 5$ de sens. Glle aurait voulu l'e--acer du calendrier. Glle pensaitaussi +n%la et +h"ed. +n%la ne lui disaitelle pas, dans une rcente lettre,qu'en d-initive, le eune Marocain ne partirait qu'au dbut anvier et qu'ellel'inviterait, pour le %rand our, venir che& elle au Plan de Cuques.


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Glle serait Paris dans le courant de l'apr(s"idi, se dbrouillerait par sespropres "o*ens pour %a%ner l'autre %are, vo*a%erait toute la nuit et serait lelende"ain "atin, de bonne heure, Marseille.

+h # quelle oie # Cet entr'acte lui per"ettrait de supporter les "ois

suivants... et qui sait si elle ne retournerait pas lbas au8 vacances de PHquesQne se"aine l'avance, elle tria les a--aires e"porter, choisissant le"ini"u" pour all%er sa valise si lourde quand elle tait arrive.

C'tait, hlas # trop beau.


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3" + LES VACANCES DE NOL/&%

Mal%r ses -rissonne"ents, Ma%ali passa une relative i$ bonne nuit, bienau chaud sous ses couvertures. Le lende"ain "atin, elle se crut su--isa""ent

bien pour retourner au coll(%e. Slas # ce "ieu8 n'tait que passa%er. Gn classe,"al%r la chaleur rpandue par le chau--a%e central, elle sentit de nouveau le-roid se %lisser entre ses paules.

Glle tint bon quand ""e et ce, usqu'au lende"ain, our o@co""enFaient les vacances. Glle se sentait -ivreuse "ais ne voulait pas sel'avouer et surtout ne pas l'avouer sa tante qui lui aurait conseill d'annuler sonvo*a%e, tout au "oins de le retarder. + table, elle se -orFa "an%er, bien qu'ellen'eAt pas du tout -ai". Le our du dpart, Rerthe lui trouva une si pauvre "inequ'elle lui dit

DD


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B :on, Ma%ali, ce n'est peuttre qu'un si"ple rhu"e, tu n'es quand""e pas en tat de passer toute une nuit dans un _a%on plus ou "oins bienchau--.

Ma%ali protesta, luttant contre elle""e avec une ner%ie -arouche. Glle

russit si bien donner le c$an&e 2$ qu'elle -init par convaincre sa tante. Konne&"oi si"ple"ent quelques cachets d'aspirine, ditelle, etd(s "on arrive Marseille, e "e "ettrai au lit s'il le -aut.

:avre et inqui(te, l'pici(re se rsi%na, la conduire >alo%nes dans sa2 C>, se de"andant di8 -ois si elle ne -erait pas "ieu8 de rebrousser che"in.Mais Ma%ali la dupa 3$ encore en se -orFant chantonner dans la voiture.

Glles arriv(rent la %are quelques "inutes seule"ent avant l'heure dutrain, l'heure o""icielle 4$, car un tableau l'annonFait avec une de"iheure deretard. Rien qu'a*ant -er" sa boutique, tante Rerthe dcida d'attendre, avec sani(ce, dans une salle o@ -iltraient deper"ides 5$ courants d'air. Ma%ali se reprit -rissonner. Glle serra les "Hchoires pour ne pas claquer des dents, cherchant

usqu'au bout -aire illusion.Gn-in, le train -ut annonc... et c'est ce "o"ent prcis, l'instant o@

l'e8press arrivait en %are, que le dra"e se produisit. Gn se levant du banc pourprendre sa valise, Ma%ali, bout de -orces, -ut prise d'un "alaise. Qn verti%e la-it chanceler. Glle s'a--aissa sur le plancher, livide, de"i inconsciente. Keu8e"plo*s se prcipit(rent pour aider la tante la relever. Cette -ois, plusquestion de prendre le train, ""e en se &avant =$ de cachets d'aspirine. ;l-allait au plus vite ra"ener la "alade Rricquebec. 6evenue elle, Ma%ali se

laissa conduire l'auto sans rsistance, toute volont a#olie ?$. +u cas o@ elle setrouverait "al de nouveau, la tante l'installa l'arri(re, de"i tendue, unecouverture sur les a"bes.

Qne de"iheure plus tard, la petite ProvenFale tait dans son lit, unebouillotte au8 pieds.

Juand le docteur arriva, un tout eune "decin "rais moulu D$ de la-acult, Ma%ali eut un sursaut de rvolte, "ais qui se trans-or"a vite endpression.

Le praticien I$ l'e8a"ina soi%neuse"ent, lui tHta le poi%net 12O

pulsations la "inute. Puis il l'obli%ea prendre sa te"prature 3In4B Pas tonnant, avec une -i(vre pareille, qu'elle se soit trouve "al.B C'est %rave de"anda Rerthe, qui avait re-er" la porte pour que ses

chats n'entrent pas dans la cha"bre.

DI


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Le docteur hocha la tte.B Probable"ent une %rippe... une %rippe qui n'a pas t soi%ne te"ps.

;l * en a plusieurs cas dans les environs. Les anti#ioti'ues 1O$ en viendront bout.

Ma%ali balbutia B Kans co"bien de te"ps Ma petite, cela ne dpend pas de "oi. ;l -audra bien co"pter sur une

se"aine de lit.B Qne se"aine... Qne se"aine rpta Ma%ali.Kes lar"es "ont(rent ses *eu8. Mal%r son vanouisse"ent, "al%r sa

-i(vre, elle avait cru pouvoir partir quand ""e, deu8 ou trois ours plus tard,arriver Marseille uste pour :oXl. on beau rve venait de s'vanouir. Glleallait passer les -tes dans cette cha"bre avec, co""e seule vue, le "ur %ris d'en-ace.

Le docteur parti, elle s'en-ouit la tte dans l'oreiller et san%lota co""e unepauvre petite abandonne.

IO


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31 + T*MOIGNAGES D'AMITI*Gn -ait d'une se"aine, Ma%ali resta couche dou&e ours, la dure des

vacances, co""e si cette mali&ne &rippe i$ s'tait in%nie la retenir Rricquebec usqu'au bout des con%s scolaires.

Les antibiotiques, ad"inistrs dose massive 2$, l'avaient %urie "aislaisse sans -orces. Juand elle retourna au coll(%e, aucun de ses ca"arades,cette -ois, n'aurait eu l'ide de l'appeler Pain d'pice, tant elle avait pHli.

Mal%r tout, cette "aladie inopportune 3$ ne lui avait pas laiss que de

"auvais souvenirs. K'abord, tante Rerthe l'avait bien soi%ne, dlaissant seschats pour lui tenir co"pa%nie, le soir, apr(s la -er"eture de la boutique.Gnsuite, au reFu du tl%ra""e annonFant l'annulation du vo*a%e, sa "(re luiavait crit une lon%ue lettre et e8pdi un paquet contenant la robe bleue qu'elleco"ptait lui o--rir Marseille. La robe avait -ait plaisir la "alade "ais plusencore la lettre car /er"aine proposait sa -ille de ne pas attendre les vacancesde PHques, "ais de venir passer 6oussas les huit ours de con% de -in -vrier.Cette perspective de n'avoir plus que si8 se"aines patienter lui re"onta le"oral.

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+vertie de sa "aladie, +n%la elle aussi lui avait crit lon%ue"ent. Kanscette lettre date du 2? dce"bre elle lui racontait co""ent elle avait pass

:oXl, un our sans plus de si%ni-ication pour elle que pour le eune Marocain$avec +h"ed... un +h"ed tout triste de savoir sa ca"arade "alade. K'ailleurs, il

avait plu du "atin au soir, ce qui avait interdit toute sortie. Gn plus de sa lettre,+n%la avait envo* en colise8press, une collection de santons, ces petitspersonna%es hauts en couleur, qu'on place dans les cr(ches dans toutes les"aisons de Provence le ber%er, le porteur d'eau, Panier, le re"pailleur dechaises, la pa*sanne, etc. Ces santons lui rappel(rent son pa*s, le soleil, lachaleur du Midi.

+h"ed ne l'avait pas non plus oublie, lui qui, pourtant, n'ai"ait %u(re"anier le st*lo bille. ;l se disait plein de ca-ard : au "o"ent de rentrer auMaroc, apr(s s'tre tant roui de revoir son pa*s natal. ;l re%retterait les a"isqu'il s'tait -ai

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Bonzon P-J 11 Ahmed Et Magali