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CAMILLE DUBAND 7, rue de l’écurie 67000 Srasbourg [email protected] 0675985974

Book Camille Duband

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Book regroupant une partie de mes travaux artistiques réalisés entre 2009 et 2013

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CAMILLE DUBAND

7, rue de l’écurie 67000 [email protected]

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PARCOURS2010 - 2013Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de StrasbourgAnnées 1, 2 et 3 ( sur 5 ans ) Option Didactique Visuelle DNAP

2009 - 2010Ateliers de Sèvres Paris : Écolepréparatoire aux Grandes Écoles d’Art.

2006 - 2008Lycée Lavoisier Paris

Obtention du Baccalauréat scientifiqueavec mention Bien.

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COMPÉTENCESTrès bonne maîtrise des logiciels Photoshop, Illustrator, Indesign,

Final Cut Pro, Flash. After Effect et Dreamwever en cours

d’apprentissage

Bonne maîtrise des différentes techniques de reliure : livret, dos carré

collé, carton, piqure, etc.

OUTILS DE TRAVAIL

Mise en page( s ), etc. Damien et Claire Gautier, Editions Pyramyd

Identités graphiques et culturellesAngus Hyland et Emily King, Editions Pyramyd

Le détail en typographie Jost Hochuli, Editions B42

Vitamine D, Editions PhaidonTypoésie, Jérôme Peignot

Editions Imprimeries Nationales

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WORKSHOPS, AUTRES PROJETSThéâtre d’ombresProjet de mise en scène d’un conte pour enfants présenté aux Giboulés off de la Marionnette Mars 2011

Peformance Avant PremièreConstruction d’un plafond de lotusen origami contenant chacun un proverbe du Mahabharata. Lorsque le spectateur passe dans le couloir un acteur vient lui chuchoter le proverbe à l’oreille.Mars 2012

Guernica1937 - Homs 2012 Reproduction en taille réelle de la toile de Picasso et transport de la peinture le long des Institutions Européennes en réaction aux évènements en Syrie Avril 2012

Galerie ContinuaTravail de médiation culturelle à la gallerie, 46 rue de la Ferté Gaucher77169 Boissy le Châtel - Seine et MarneAoût 2012

Syrian Sunrise AssociationPromotion de la reproduction de Guernica aux Etats - Unis et levée de 500 000 $ de fonds pour les hopitaux Syriens ( Détroit, Cleveland, Chicago ) Septembre 2012

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Reportage

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Travaux réalisés à la suite d’une journée d’immersion dans des lieux inconnus pour moi, assez inaccessibles d’accès ( usine / tribunal / conservatoire ).De nombreuses prises de notes sous forme de croquis sont produites sur place. Par la suite se construit un ouvrage tentant de transmettre l’atmosphère, les sensations ressenties lors de cette journée.

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Lana est une usine de fabrication.

Dans cette usine, les machines sont

omniprésentes, extrèmement bruyantes,

l’interdit y est maître.

Tous deux prennent le pas sur l’homme

et sa spontanéité.

Attention, présence humaine29,7 x 21 cmMonotype et impressionnumérique2011

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Le tribunal est un lieu d’impartialité et

de justice. Mais l’homme ne peut être

impartial. Ici sont associés à chaque

dessin des pictogrammes mettant

en évidence l’humanité de chacun

des représentants de la justice

rencontrés par rapport aux accusés.

Tribunal29,7 x 42 cmÉdition2013

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Lorsqu’on se retrouve face

à un violoncelle, on a la sensation

que l’homme et l’instrument

ne font plus qu’un et que c’est

de leur dialogue que naît

l’émotion musicale.

Transport6O x 80 cmAffiche, monotype 2013

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Dans la mise en page d’un texte, donner la même valeur au blanc qu’au texte permet pour moi de mettre en valeur le sens, la direction, la nature du mot ou de la phrase.

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Mise en Page

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Dans la mise en page d’un texte, donner la même valeur au blanc qu’au texte permet pour moi de mettre en valeur le sens, la direction, la nature du mot ou de la phrase.

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8Couleur d’âmeImpression sur papier9cm x 9cmNovembre 2011

Calandrier dans lequel est écrite l’humeur du jour à chaque page. A cette humeur est associée une couleur. Il dé-bute à une période difficile de ma vie, au cours du temps la blessure de laquelle je souf-frais s’estompe et les couleurs évoluent des plus froides aux plus chaudes. Le temps estompe les souve-nirs, seul cet objet me permet aujourd’hui de me remémo-rer cette parcelle de temps enfouie sous d’autres plus récentes.

6Attention présence humaineMonotype, aqualaque sur papier29,7 x 21Fevrier 2012

Parcours d’une journée dans une usine de papier ou l’homme n’était quasiment pas présent. Ce livre essaie de retranscrire l’attente et la recherche de cette présence humaine dans ce lieu ou rien n’indiquait le temps puisque rien n’était vivant.

7TribunalEncre sur papierFormat tabloïdeDecembre 2012Travail en cours de réalisation

Je tente actuellement de retranscrire un espace très différent du précédent mais qui pour moi est proche dans le sens ou il est aussi hors du temps. A chaque personnage sont associés des sentiments qui recoupés entre eux nous permettent de comprendre l’impossibilité de l’impartialité d’une telle structure.

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L’environnement, pourtant privilégié, dans lequel nous évoluons n’échappe pas à cette règle : il faut produire.«Spectacle ou pas spectacle une seule chose compte c’est la production» disait Ionesco dans une de ses pièces ! Et me voilà aujourd’hui à faire une chronologie de ma vie, et de l’embryon de pensée artistique que j’ai développé, en seulement quelques jours. L’embryon n’a encore pas pu éclore et me voilà déjà entrain de l’autopsier! Il ne m’est pas permis d’attendre qu’il soit devenu grand, fort et identifiable pour cela.

Enfin peu importe ce que je pense bon pour lui car le monde en aura décidé autrement, il faut qu’il accélère sa croissance car autrement on fera sans lui.Mais rendez vous compte si l’embryon se développe trop rapidement il sera mal formé, bancal. Pourquoi forcer les choses ? Quand ce n’est pas prêt ce n’est pas prêt un point c’est tout, et il ne sert à rien d’hypothéquer sur si le bébé

aura les cheveux blond ou brun ou si ce sera un garçon ou une fille on risquerait d’être déçu.

Pour l’instant je sais que son petit coeur bat normalement mais je ne sais pas grand chose d’autre… Je ne voudrais pas trop m’avancer on risquerais de lais-ser vaquer son imagination et ses espérances à envisager un nouveau né bien différent de ce qu’il sera finalement. Et là ce serait le drame ! Pourquoi est il comme ceci moi je le voyais comme cela, me diraient certains. Il faudrait d’après d’autres y remédier sinon on s’en désintéresserait ou tellement déçu on penserait peut être même à de la chirurgie esthétique.Et si moi je l’aimais tel qu’il était ce petit être avec ses défauts et ses qualités, ce serait parce que je l’aurais regardé grandir à son rythme, sans le presser et sans imaginer ce qu’il ne sera pas.

Si je divague et m’égare sur l’importance du temps ce n’est pas simplement pour remplir les pages blanches.Je vois actuellement le temps comme une réalité qui nous domine et même nous empri-sonne. Pourtant il arrive bien souvent que, engagé dans une action, nous oublions que le temps existe c’est pourquoi je me pose la question : Qu’est-ce que le temps ? Une prison ? Une illusion ? A quelle type de réalité appartient-il ?

L’expérience du temps a, il me semble, un caractère incontournable : on constate l’empreinte du temps dans le changement des saisons, dans l’usure des choses et des êtres ; on place d’emblée tout ce qui est, tout ce qui advient, dans le temps ...De ce point de vue, le temps fait partie des réalités qui ne dépendent pas de nous, mais qui s’imposent à tout le monde. Ainsi, bien qu’impalpable le temps serait une réalité objec-

tive, mathématique, reposant sur la notion de cycles. Sa représenta-tion la plus courante est celle de la frise chronologique, on pense aux réflexions sur les cycles du temps de Jacques Barbeau Dubourg ou encore celles de Sebastian C. Adams.

Ce qui est particulièrement fascinant dans cette façon de définir le temps c’est la proximité qu’elle a avec la lumière. Doit on s’attarder à expliquer ici en quoi la lumière est un élément primor-dial dans l’élaboration d’une pensée, d’un travail ?La lumière et son corollaire l’ombre, c’est par là que com-mence l’appréhension, la compréhen-sion d’une forme, d’une per-sonne, d’une couleur. La lumière glisse sur elles et nous fait comprendre leur complexité. Elle me fascine, m’attire, m’inspire, elle est pré-sente partout dans mon travail.

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Le temps a beau se présenter comme réalité objective, tout est dans le ressenti que nous en avons. La sensation de longueur, d’ennui, qui m’enserre durant les vacances n’a rien à voir avec les mathématiques. L’impression d’accélération exponentielle du temps qui m’oppresse comme un étaux n’a rien d’une représentation objective. On a beau se résonner ce dire que le temps ne peut pas filer comme cela entre nos doigts, il n’y a rien à faire, la sensation est là. Cette course-poursuite de l’homme face au temps se déroulant toujours sous l’horizon du changement irrémédiable que constitue la mort, défaite finale du désir de vivre, on comprend qu’au fond le temps renvoie à l’existence dont il décline la dimension tragique de l’éphémère.

Le temps nous accompagne donc tout le long de notre parcours, nos experiances ponctuent son écoulement régulier. Il joue le rôle de rouleau compresseur responsable de l’attenuation de tout évènement, de tout sentiment, responsable de l’oubli. C’est peut être pour cela que l’homme tante en vain d’aller plus vite que le temps lui même. Pour prévenir l’oubli il entreprend un travail de mémoire, de conservation des données à long therme. Peut être est ce ce que j’essais de faire moi même : fixer un temps un moment, et le placer ainsi hors du temps. Foucault parle de non lieu peut on parler de non temps ?

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1Animation Flash1024 x 576px2 minutes environDecembre 2012

Combien de temps un homme de 80 ans a-t-il passé à dormir ?C’est la question à laquelle ce petit film de 2 minutes environ essais de répondre.Il se place très bien dans le questionnement établit préalablement, en parlant beaucoup de l’empressement que met chacun d’entre nous à faire les choses dans la peur de manquer le temps de la fin du monde peut être ?

2Sans titreInstalationEcorces, fil, métal4m x 2mAvril 2011

Trois barres de bois disposées en hauteur et séparées de quelques centimètres chacune soutiennent des écorces en suspension. Cette installation est placée dans un couloir qui n’est étroit exposé au soleil qu’a certains moments de la journée. Chaque jour à 16h30 les ombres et les lumières que créent l’installation forment le mot LUX sur le sol du couloir. Travail de longue durée ou le temps fut la principale contrainte car la justesse du processus ne pouvait être vérifiée qu’a un seul moment de la journée.

3ParcoursImpression sur papier, métal, bois30cm x 25cmMars 2012

Chronologie d’un parours de l’âge enfant à l’âge adulte. Des trous percés dans la feuille permettent à la lumière de passer et de créer des formes figuratives en resonnance avec le texte rappelant les étoiles dans le ciel de nuit ou encore les veilleuses des tout petits.

5EphémèrePâtes, impression sur papier 21 x 29,7Janvier 2012

Le travil met en regard deux mises en pages, l’une sur papier (visible ci-dessus), l’autre sur écran. Le texte traite de la confrontation entre le support papier et le support informatique. Mal-gré la concurance des deux médiums à l’heure actuelle, j’ai tenté de mettre en évidance l’éphémère de chacun de par l’utilisation des pâtes (materiaux perissable) et du phénomène de dispersion. Sur l’un comme sur l’autre il y a perte d’information.

4NaissanceArgile, impression sur papier42 x 29,7Novembre 2010

Le personnage en argil mis en scène sur cette serie de photos s’extirpe progressivement d’une image en 2 dimensions pour ensuite aller s’éparpiller dans l’infini. Nous assistons ici à tous les stades de l’existance du personnage, de la nessance à la mort.

7 Ce travil étant en cours je n’est pas encore le recule necessaire pour analyser sa place dans mon travail

Ce poster a été fait en vu de l’explication globale de mon travail, il est pensé pour être lu à la fois à la verticale et à l’horizontale.À l’horizontale sont développées les idées et à la verticale les travaux plastiques.

Embryon80 x 60 cmImpression numérique2012

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8Couleur d’âmeImpression sur papier9cm x 9cmNovembre 2011

Calandrier dans lequel est écrite l’humeur du jour à chaque page. A cette humeur est associée une couleur. Il dé-bute à une période difficile de ma vie, au cours du temps la blessure de laquelle je souf-frais s’estompe et les couleurs évoluent des plus froides aux plus chaudes. Le temps estompe les souve-nirs, seul cet objet me permet aujourd’hui de me remémo-rer cette parcelle de temps enfouie sous d’autres plus récentes.

6Attention présence humaineMonotype, aqualaque sur papier29,7 x 21Fevrier 2012

Parcours d’une journée dans une usine de papier ou l’homme n’était quasiment pas présent. Ce livre essaie de retranscrire l’attente et la recherche de cette présence humaine dans ce lieu ou rien n’indiquait le temps puisque rien n’était vivant.

7TribunalEncre sur papierFormat tabloïdeDecembre 2012Travail en cours de réalisation

Je tente actuellement de retranscrire un espace très différent du précédent mais qui pour moi est proche dans le sens ou il est aussi hors du temps. A chaque personnage sont associés des sentiments qui recoupés entre eux nous permettent de comprendre l’impossibilité de l’impartialité d’une telle structure.

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L’environnement, pourtant privilégié, dans lequel nous évoluons n’échappe pas à cette règle : il faut produire.«Spectacle ou pas spectacle une seule chose compte c’est la production» disait Ionesco dans une de ses pièces ! Et me voilà aujourd’hui à faire une chronologie de ma vie, et de l’embryon de pensée artistique que j’ai développé, en seulement quelques jours. L’embryon n’a encore pas pu éclore et me voilà déjà entrain de l’autopsier! Il ne m’est pas permis d’attendre qu’il soit devenu grand, fort et identifiable pour cela.

Enfin peu importe ce que je pense bon pour lui car le monde en aura décidé autrement, il faut qu’il accélère sa croissance car autrement on fera sans lui.Mais rendez vous compte si l’embryon se développe trop rapidement il sera mal formé, bancal. Pourquoi forcer les choses ? Quand ce n’est pas prêt ce n’est pas prêt un point c’est tout, et il ne sert à rien d’hypothéquer sur si le bébé

aura les cheveux blond ou brun ou si ce sera un garçon ou une fille on risquerait d’être déçu.

Pour l’instant je sais que son petit coeur bat normalement mais je ne sais pas grand chose d’autre… Je ne voudrais pas trop m’avancer on risquerais de lais-ser vaquer son imagination et ses espérances à envisager un nouveau né bien différent de ce qu’il sera finalement. Et là ce serait le drame ! Pourquoi est il comme ceci moi je le voyais comme cela, me diraient certains. Il faudrait d’après d’autres y remédier sinon on s’en désintéresserait ou tellement déçu on penserait peut être même à de la chirurgie esthétique.Et si moi je l’aimais tel qu’il était ce petit être avec ses défauts et ses qualités, ce serait parce que je l’aurais regardé grandir à son rythme, sans le presser et sans imaginer ce qu’il ne sera pas.

Si je divague et m’égare sur l’importance du temps ce n’est pas simplement pour remplir les pages blanches.Je vois actuellement le temps comme une réalité qui nous domine et même nous empri-sonne. Pourtant il arrive bien souvent que, engagé dans une action, nous oublions que le temps existe c’est pourquoi je me pose la question : Qu’est-ce que le temps ? Une prison ? Une illusion ? A quelle type de réalité appartient-il ?

L’expérience du temps a, il me semble, un caractère incontournable : on constate l’empreinte du temps dans le changement des saisons, dans l’usure des choses et des êtres ; on place d’emblée tout ce qui est, tout ce qui advient, dans le temps ...De ce point de vue, le temps fait partie des réalités qui ne dépendent pas de nous, mais qui s’imposent à tout le monde. Ainsi, bien qu’impalpable le temps serait une réalité objec-

tive, mathématique, reposant sur la notion de cycles. Sa représenta-tion la plus courante est celle de la frise chronologique, on pense aux réflexions sur les cycles du temps de Jacques Barbeau Dubourg ou encore celles de Sebastian C. Adams.

Ce qui est particulièrement fascinant dans cette façon de définir le temps c’est la proximité qu’elle a avec la lumière. Doit on s’attarder à expliquer ici en quoi la lumière est un élément primor-dial dans l’élaboration d’une pensée, d’un travail ?La lumière et son corollaire l’ombre, c’est par là que com-mence l’appréhension, la compréhen-sion d’une forme, d’une per-sonne, d’une couleur. La lumière glisse sur elles et nous fait comprendre leur complexité. Elle me fascine, m’attire, m’inspire, elle est pré-sente partout dans mon travail.

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Le temps a beau se présenter comme réalité objective, tout est dans le ressenti que nous en avons. La sensation de longueur, d’ennui, qui m’enserre durant les vacances n’a rien à voir avec les mathématiques. L’impression d’accélération exponentielle du temps qui m’oppresse comme un étaux n’a rien d’une représentation objective. On a beau se résonner ce dire que le temps ne peut pas filer comme cela entre nos doigts, il n’y a rien à faire, la sensation est là. Cette course-poursuite de l’homme face au temps se déroulant toujours sous l’horizon du changement irrémédiable que constitue la mort, défaite finale du désir de vivre, on comprend qu’au fond le temps renvoie à l’existence dont il décline la dimension tragique de l’éphémère.

Le temps nous accompagne donc tout le long de notre parcours, nos experiances ponctuent son écoulement régulier. Il joue le rôle de rouleau compresseur responsable de l’attenuation de tout évènement, de tout sentiment, responsable de l’oubli. C’est peut être pour cela que l’homme tante en vain d’aller plus vite que le temps lui même. Pour prévenir l’oubli il entreprend un travail de mémoire, de conservation des données à long therme. Peut être est ce ce que j’essais de faire moi même : fixer un temps un moment, et le placer ainsi hors du temps. Foucault parle de non lieu peut on parler de non temps ?

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1Animation Flash1024 x 576px2 minutes environDecembre 2012

Combien de temps un homme de 80 ans a-t-il passé à dormir ?C’est la question à laquelle ce petit film de 2 minutes environ essais de répondre.Il se place très bien dans le questionnement établit préalablement, en parlant beaucoup de l’empressement que met chacun d’entre nous à faire les choses dans la peur de manquer le temps de la fin du monde peut être ?

2Sans titreInstalationEcorces, fil, métal4m x 2mAvril 2011

Trois barres de bois disposées en hauteur et séparées de quelques centimètres chacune soutiennent des écorces en suspension. Cette installation est placée dans un couloir qui n’est étroit exposé au soleil qu’a certains moments de la journée. Chaque jour à 16h30 les ombres et les lumières que créent l’installation forment le mot LUX sur le sol du couloir. Travail de longue durée ou le temps fut la principale contrainte car la justesse du processus ne pouvait être vérifiée qu’a un seul moment de la journée.

3ParcoursImpression sur papier, métal, bois30cm x 25cmMars 2012

Chronologie d’un parours de l’âge enfant à l’âge adulte. Des trous percés dans la feuille permettent à la lumière de passer et de créer des formes figuratives en resonnance avec le texte rappelant les étoiles dans le ciel de nuit ou encore les veilleuses des tout petits.

5EphémèrePâtes, impression sur papier 21 x 29,7Janvier 2012

Le travil met en regard deux mises en pages, l’une sur papier (visible ci-dessus), l’autre sur écran. Le texte traite de la confrontation entre le support papier et le support informatique. Mal-gré la concurance des deux médiums à l’heure actuelle, j’ai tenté de mettre en évidance l’éphémère de chacun de par l’utilisation des pâtes (materiaux perissable) et du phénomène de dispersion. Sur l’un comme sur l’autre il y a perte d’information.

4NaissanceArgile, impression sur papier42 x 29,7Novembre 2010

Le personnage en argil mis en scène sur cette serie de photos s’extirpe progressivement d’une image en 2 dimensions pour ensuite aller s’éparpiller dans l’infini. Nous assistons ici à tous les stades de l’existance du personnage, de la nessance à la mort.

7 Ce travil étant en cours je n’est pas encore le recule necessaire pour analyser sa place dans mon travail

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Variations de mises en page autour

d’un texte d’énumération des

phobies humaines les plus

incongrues.

Phobie, peur15 x 21 cmÉdition2012

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Réalisation du premier numéro

d’un magazine imitant les manuels

de construction IKEA.

Ici sont détaillées les étapes de la

« construction » d’un artiste et non

d’un meuble.

Bërtil, esad20 x 28 cm

Édition2012

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Composition graphique autour du

thème de la lettre.

Caractère créé par Philipe Apeloïg

pour l’affiche du salon

de l’automobile.

La lettre perdue80 x 60 cmAffiche2011

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Dostoïevsky est mal barré

29,7 x 21 cm

Impression numérique

2011

Mise en page d’un texte questionnant

l’apparition du support numérique

par rapport au support papier.

Ce texte évoque l’idée de l’éphémère

du papier par rapport au numérique,

il est par conséquent écrit avec

des pâtes alphabet ( représentation

de l’éphémère ).

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Introspection

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21Chercher à comprendre d’où je viens,

comment je me suis construite,

comment je fonctionne, apporte

une maturité et une sincérité particulière

à mon travail. C’est un questionnement

qui reste très important pour moi

tout au long de mon parcours.

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À chaque page, une journée.

Ce livre est une sorte de calendrier.

Chaque jour sont associées

une couleur et une humeur.

Ce livre a la possibilité de se déplier

en entier pour former une affiche.

Couleur d’âme

10 x 10 cm

Édition

2011

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Réflexion sur l’évolution

d’une pensée artistique associée

à des phrases d’enfant très imagées.

La forme rappelle celle d’une

lanterne magique.

Parcours

20 x 20 cm

Perforation du papier

2011

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Essai de mise en image de l‘idée

de transmission de génération en

génération d’un savoir, d’une pen-

sée, d’une façon d’être. Ici, c’est la

transmission d’un geste simple du

quotidien qui symbolise cet héritage.

Transmission

42 x 29,7 cm

Photographies et édition

2013

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La meilleure façon de transmettre à quelqu’un une connaissance, un savoir, est de ne pas le laisser voir qu’on veut lui apprendre quelque chose.

For he doth not only show the way, but gives so sweet a prospect into the way as will entice any man to enter into it. Nay, he doth, as if your journey should lie through a fair vineyard, at the very first give you a cluster of grapes, that full of that taste you may long to pass further.

Sir Philip Sidney 1583

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Jeux

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La meilleure façon de transmettre à quelqu’un une connaissance, un savoir, est de ne pas lui laisser voir qu’on veut lui apprendre quelque chose.

For he doth not only show the way, but gives so sweet a prospect into the way as will entice any man to enter into it. Nay, he doth, as if your journey should lie through a fair vineyard, at the very first give you a cluster of grapes, that full of that taste you may long to pass further.

Sir Philip Sidney 1583

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En démêlant les lignes et les applats

emmêlés, on découvre des formes

qui, une fois assemblées entre elles,

permettent de résoudre le rébus

proposé par ce petit livret.

Rébus

21 x 13 cm

Édition

2012

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Page 62: Book Camille Duband

Ce jeu de rapidité propose

de mettre en valeur les subtiles

variations des logos de certaines

marques au cours du temps.

1.2..3...logo

Cartes de 8,5 x 8,5 cm

Impression numérique et bois

2013

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34Envisager une réflexion faite d’images en

mouvement est nouveau pour moi

et m’ouvre de nouvelles portes face

à la transmission d’une pensée.

C’est un nouveau moyen d’expression

qui s’offre à moi.

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Vidéo

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Envisager une réflexion faite d’images en

mouvement est nouveau pour moi

et m’ouvre de nouvelles portes face

à la transmission d’une pensée.

C’est un nouveau moyen d’expression

qui s’offre à moi.

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Cette vidéo questionne ce qu’est

l’espace intime et ce qu’engendre

l’introduction d’une personne

extérieure dans cet espace.

Pour moi, ce n’est pas un lieu mais une

sorte de bulle que nous

portons toujours autour de nous.

Je me pose la question : quels gestes

peuvent être considérés comme anodins,

lesquels peuvent être considérés comme

étouffants ou même violents.

Cette expérience menée sur mon propre

corps tente de répondre à ces questions.

Espace intime

2‘‘10

Vidéo

2012

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Réalisation d’une animation illustrant

un texte didactique sur le nombre

d’années qu’un homme de 80 ans

a passé à dormir, travailler, manger,

téléphoner ...

Animation réalisée uniquement en

morphing pour illustrer l’idée

d’évolution et de transformation

constantes de la vie, évoquées dans ce

texte.

Au cours de sa vie combien de temps un

homme de 80 ans a-t-il passé à dormir?

3’’03

Vidéo

2013

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Cette courte animation tente

de retranscrir l’éphémère qui

se cache en toute chose par la

fragilité de la technique utilisée.

Travail rappelant celui avec les

pâtes alphabet page 17.

Le vent

1’’06

Sel

2013

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Un homme qui sort d’une image.

La confrontation de l’image 2D à

une image 3D, est-ce viable ?

Ce débat le heurte lui-aussi à la

question de l’éphémère.

À l’intérieur de ...1’’23Argile2012

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Croquis

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Quelques croquis livrés sur

le papier en réaction à

une phrase lue ou à

une émotion ressentie.

Sans titre

12 x 29,7 cm

Monotype

2010

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Sans titre

29,7 x 21 cm

Crayon, encre

2012

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Travail d’illustration de presse

pour le journal de la région.

Illustration de 3 articles.

DNA (Dernières Nouvelles d’Alsace)

Tabloïde

2012

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Mettre des mots sur une impression, c’est me permettre de la garder en cage pendant quelques instants. Je peux ainsi la regarder en face, dialoguer avec elle. C’est le plus souvent de ce dialogue que naîtront les formes graphiques qui structurent mon travail.

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Textes

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Mettre des mots sur une impression, c’est me permettre de la garder en cage pendant quelques instants. Je peux ainsi la regarder en face, dialoguer avec elle. C’est le plus souvent de ce dialogue que naîtront les formes graphiques qui structurent mon travail...

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2 octobre 2011,Je n’arrive pas à pleurer, et tout fait si mal, rien ne m’importe, il ne sera plus jamais là.6 octobrePluie de merde, je broie du noir.11 octobreJe suis seule, mon esprit est encombré et ne se libère pas de son emprise.19 octobre,C’est difficile les relations avec les autres. On cherche tout le temps à être aimé et puis aussi à aimer, mais souvent ça rate.26 octobre,Je laisse le temps passer en espérant que le vide se comble. Mais il nous reste toujours un trou dans le ventre. C’est sûrement l’absence.28 octobre, Quand on n’a plus de but on se sent bizarre. Il faut en trouver un d’urgence, sinon on meurt.Maintenant, maintenant quoi ?6 novembre,Le doute m’épuise, je me vide de mes forces.8 novembre,Globalement on passe une grande partie de sa vie à souffrir, la souffrance du corps, celle de l’esprit. C’est vrai qu’il y a aussi des moments magiques. Certains instants où l’on se sent étrangement plus proches de soi et de l’univers. Mais quand même on doit toujours tout payer par la souffrance.10 novembre,Les gens se perdent lorsqu’ils pensent que le bonheur est une destination. On pense toujours qu’un jour on sera heureux, qu’on aura cette voiture ou ce travail, ou cette personne dans notre vie qui va tout régler, mais le bonheur est un état d’esprit, c’est une condition, pas une destination. C’est comme être fatigué ou avoir faim, ce n’est pas permanent, ça vient ça part et c’est bien. Et je pense que si les gens avaient pensé de cette façon ils auraient trouvé le bonheur plus souvent !18 novembre,J’apprends à voyager en solitaire, à trouver le bonheur indépendamment de toute personne.

Texte associé au travail

Couleurs d’âme

Pages 22 - 23

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19 novembre,Mais la solitude et le silence qui règnent autour de moi sont plus bruyants qu’une fanfare. Les questions douloureuses s’accumulent dans ma tête, c’est un vacarme incessant.21 novembre, J’ai l’impression d’être comme tous ces adultes qui finissent dans un bocal à poisson, qui passent leur temps à se cogner comme des mouches à la même vitre.29 novembre,Malgré moi je me sens épuisée par l’acharnement que je mets à essayer d’être heureuse. Je cherche une bonne raison pour tenir encore un peu…Ni mélancolie, ni joie, ni tristesse, mon esprit est blanc comme le ciel au dessus de moi. Les gens qui m’entourent me gardent dans du coton. Je suis anesthésiée, je ne pense plus.2 décembre,Mais dans quoi vivons-nous ? Dans quoi moi je vie ? Une douce folie m’a ouvert les yeux, je cherche un endroit où crier partout dans la ville. Je ne l’ai pas trouvé tout de suite, mais finalement j’ai crié, crié pendant plus d’une heure !12 décembre,J’étais une machine sans le savoir, fonctionnant au rythme d’un quotidien bien rôdé, un bon produit de supermarché, une mécanique sans rêve, sans VRAI rêve.14 décembre,Dans une vitrine j’entraperçois mon reflet dans la glace, je suis sombre et fatiguée. Par dessus mon reflet apparaît un pull de couleur jaune moutarde. J’ai envie de porter des couleurs !17 décembre,Sa pensée m’enveloppe moins, je n’étouffe plus, mais j’ai froid, froid de solitude. Avec qui partager les choses maintenant qu’il est parti ? Je dois apprendre à les partager avec moi-même.23 décembre,Fallait-il risquer de souffrir autant pour construire quelque chose à l’avenir aussi incertain ? Je me sent plus libre, moins vulnérable sans lui, mais pourtant la solitude me pèse. Que faire de ces sentiments contradictoires ?27 décembre,Vouloir rejoindre l’autre c’est prendre le risque de s’impliquer. Exprimer ses sentiments c’est ris-quer de révéler sa véritable façon d’être, d’affirmer à la face du monde ses idées et ses rêves, c’est risquer de perdre. Aimer c’est prendre le risque de ne pas être aimé en retour. Mais on se doit de risquer parce que la plus sérieuse menace à la vie elle-même se trouve dans l’absence de risque.29 décembre,Aujourd’hui la solitude me fait escorte, fidèle comme une ombre. Mais au fond, avec elle à mes cotés, je ne suis jamais vraiment seule.4 janvier,Je ne suis jamais vraiment seule, autour de moi il y a des gens, du bruit, de la vie.6 janvier,Loin de toute attache je me sens plus libre, plus sereine. La dépendance affective est destructrice lorsqu’elle n’a pas la même intensité chez les deux personnes.10 janvier,Ça ne prévient pas ça arrive, un matin au réveil c’est presque rien mais c’est là, ça vous émerveille au creu des reins. La joie de vivre, la joie de vivre.12 janvier,La joie de vivre.

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Texte associé au travail

photographique sur la

mémoire

Pages 27 - 29

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J’ai souvent refait le calcul des années qui me séparaient d’eux, en regardant, pensive, à travers la fenêtre de leur appartement depuis laquelle je suivais durant mes vacances d’été étant petite, la monotonie des jours et le lent déplacement des nuages… Cinquante ans, à quelques mois près. Cinquante ans… le chiffre devrait m’impressionner. Mais au lieu de l’ébahissement le sentiment très vif de la présence de ces deux êtres en moi, de leur profonde appartenance à ce que je suis.

Pourtant moi, comme une infidèle, je me suis éloignée d’eux aussi vite que j’ai pu, fuyant ce passé peut-être trop nostalgique. J’ai occupé le temps à toutes sortes de choses, j’ai ignoré ce passé, j’ai trompé ma mémoire, par le bruit, le mouvement perpétuel. Je suis, finalement, dangereusement similaire au poisson rouge du nom de Georges, qu’a longtemps eu une amie de longue date. Elle l’avait certainement acheté dans un élan d’affection pour ces petites bêtes que l’on ne peut ni toucher, ni tripoter, ni caresser. Ces squelettes d’arrêtes qui, ni ne parlent, ni ne crient, ni ne communiquent. Toujours d’égale humeur, il refaisait comme moi perpétuellement le même mouvement. Ne suis-je donc rien de plus qu’un poisson dans un bocal refaisant continuellement le même chemin en essayant, jalouse de Georges, d’oublier ce que j’ai laissé derrière moi, ce que j’accusais le temps de m’avoir enlevé. C’est plus facile d’oublier, ça fait moins mal, on ne regrette pas le temps passé. Mais lors d’un temps d’arrêt, d’un flou dans mon emploi du temps, ils me submergent à nouveau ces deux êtres. Lors d’une pause entre deux sonneries, quand le bruit se repose, un soupçon d’accalmie, un silence au milieu des tracas, la minute d’absence où l’on ne répond pas… C’est dans ces moments-là que l’on replonge, que l’on se réfugie malgré tout dans le souvenir des personnes disparues.

Finalement je finis toujours par revenir au commencement.Je suis repassée par leur appartement une semaine avant mon départ. Mon projet était d’y passer cette fois-ci plusieurs jours pour avoir le temps de restituer l’appartement d’autrefois, comme on restaure une mosaïque avec, en guise d’éclat d’émail, cette étagère centenaire près de la table en merisier, l’affiche du tableau de Matisse (celui avec les poissons rouges tiens), ce bouquet de fleurs flétries qui n’avait pas bougé depuis leur dernier voyage, la perspective d’une pièce qui échappait à la froideur, la banalité et l’absence d’âme des meubles Ikéa. Je pensais pouvoir recomposer, même le temps d’un regard, ce que lui voyait dans sa jeunesse, ce qui était sa vie.

En réalité ma première pensée fut celle de la mort. Et l’émotion la plus vive à cette pensée, n’était pas le chagrin, ni même le remord d’avoir tardé et d’avoir perdu mon temps à ces futilités qui entourent d’habitude le cours de la vie d’une personne. Non c’était la sensation de mutité. Comme si la langue que nous parlions ensemble n’avait plus été parlée par personne. Rien de ce qui se trouvait autour de moi ne me rappelait leur présence, tout était faussé, comme lorsqu’un instrument n’a pas été utilisé depuis longtemps, plus rien de ces deux êtres ne résonnait ici.J’étais comme vide, j’avais trop longtemps tourné dans mon bocal, j’avais finalement réussi à oublier, au moment où j’avais décidé d’accepter leur influence sur ce que je suis.

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Maman pourquoi dans un trou y a rien a voir ? ( 4 ans )Dans un trou il n’y a rien à voir, l’oeil impuissant cède la place à la main, et ainsi ce n’est pas la certitude ni la vérité, ni la fausseté que l’on touche du doigt, mais le doute absolu.Quand on est pas fatigué, c’est qu’on a de la force comme des muscles en cailloux ? ( 5 ans )Que j’ai eu 3 ans ou 20 ans je me suis toujours posée des tas de questions. Les mois et les années se sont succédés et ces questionnements ont continuellement été réactivés. C’est angoissant.Si on tombe ses os on peut plus être un homme ? ( 4 ans et demi )Il y a des questions qui me fascinent autant que d’autres qui m’inquiètent. J’ai longtemps essayéde les tenir à l’écart, mais rien n’y fait. C’est une sorte de cercle vicieux, il en revient toujours une autre, puis encore une et une autre, encore et encore...Comment on fait pour avoir des rhumatismes ? Parce-que ça existe pas les rhumes des pieds ! ( 6 ans )Non en fait je pense que c’est pire qu’un cercle vicieux, c’est comme ouvrir une boîte de pandore ! Comment dire, comment formuler cette sensation ? Encore une question, et si il n’y avait pas de réponse, aucun moyen de la définir, nulle part...Il est éteint le noir maman ? (3 ans)Lorsqu’on commence à se poser des questions tout vous saute à la figure et c’est le chaos. Que faire avec ce constat, on ne peut pas toujours vivre sans réponse, on est comme pris la corde au cou, on a beau se débattre comme un fou, la corde est toujours là et bien accrochée. Je dois éloigner mon regard de cette fichue corde, mais ne pas la regarder ne suffit pas. Tout me ramène toujours à elle, elle est partout, elle m’obsède, alors je regarde ailleurs. Le ciel.Pourquoi quand on est grand on dit pas un rond mais un cercle ? (4 ans et demi)

Texte associé au travail

de perforation des pages

Pages 24 - 26

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L’univers s’ouvre à mes yeux, mais cette intensité, cet infini, qui s’étale devant moi m’effraie. Tout me semble insignifiant devant lui, c’est un puits sans fond, un nouvel abysse ! Pourtant, rien de plus intriguant, de plus passionnant ; en mouvement constant il m’étourdit, m’éblouit, me perd.Quand on ouvre le nombril y a un moteur dedans ? ( 4 ans )Ce que je croyais être le remède se révèle être une nouvelle boîte de pandore, une nouvelle corde au cou.« moi je suis cinglé mais je suis pas bête » ( 6 ans )Tout me semble lointain et incohérent, toutes les formes qui m’entourent me paraissent inconnues. Je me replie sur moi-même. Alors je commence à créer mes propres formes, les seules qui pour moi ont un sens, qui me permettent de m’échapper ne serait-ce que pour un bref instant. Ces images sont mes points d’ancrage.Pourquoi papa a des petits bouts de viande entre les dents comme les crocodiles ? (6 ans)Je sens que mes images me permettent de m’enraciner dans l’épaisseur du monde. Les choses commencent à avoir un sens enfin !C’est les éléphants avec leur trompe qui font du vent ? (5ans)Très vite je me rend compte qu’une image n’a jamais de sens, même si on en est le créateur, c’est une aberration, on ne fait toujours que flirter avec lui. Il y a toujours une part d’inaccessible, quelque chose qui est là et qu’on ne voit pas ou que l’on ne comprend pas. Cette rencontre avec le sens total est éternellement différée.Quand on mange des arêtes on a plus d’os après dans le ventre ? (7 ans)J’ai passé une partie de ma vie et de ces lignes à avoir peur de ces questions. Aujourd’hui je me rend compte qu’elles me permettent de vivre en constante émulation. Je me jette à corps perdu dans cette petite parcelle d’espoir qui m’est offerte.On peut acheter un escabeau pour monter dans le ciel ? (5 ans et demi)Créer c’est douter, hésiter, rêver à d’autres choses, s’enfermer dans un mutisme total, chercher, recommencer, ajuster, s’impatienter, souffrir, persévérer, rebondir, se construire.Je peux pas écraser les petites pluies qui tombent dans l’eau créer c’est un cercle vicieux, obsédant, fatiguant, culpabilisant, angoissant. on recommence, on recommence éternellement car c’est passionnant, c’est une fuite en avant.

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Imprimé à l’ESADS

Strasbourg 2013

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