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10 DIMANCHE 24 MAI 2009 LE BERRY RÉPUBLICAIN Reportage Montagne Berry MONTAGNE Claude et Michel Barbaud sont partis sur les pentes du Mera pic Une expédition à l’ombre de l’Everest Michel Barbaud À Kathmandou, nous retournons visiter quelques sites remar- quables de la vallée, dont le stupa de Svayambu- nath. Nous grimpons les 365 marches qui condui- sent aux temples, au mi- lieu des chants religieux qui sortent du fond des âges. Nous sommes ensor- celés par la magie des lieux. Les pèlerins dépo- sent de la nourriture aux dieux et déesses. Les singes sacrés qui peuplent cette colline s’en emparent, ce sont les mains des dieux… Ici, hin- douisme et bouddhisme se mélangent, ce qui génè- re une grande variété de fêtes et de rites. Nous ne délaissons pas Bodnath, très marqué par le boudd- hisme tibétain. De nom- breux pèlerins tournent inlassablement autour du grand stupa, munis de l’indispensable moulin à prières, en récitant des formules sacrées… Nous prenons un petit avion de Kathmandou à Lukla, qui est la porte du Khumbu. Les vols ne s’ef- fectuent que par beau temps, car les pilotes navi- guent à vue au milieu des pics escarpés et des val- lées profondes. Nous at- terrissons sur une piste minuscule, très pentue, qui freine brutalement l’avion. Nous sommes en pays sherpa. Cette terre d’altitude est proche du Tibet. À l’origine, le peu- ple sherpa est originaire du Kham, une province de l’est du Tibet. Le nom même signifie “ceux qui viennent de l’est”. Les Sherpas sont un peu- ple très religieux, adeptes du bouddhisme lamaïste. Les témoignages d’une vie religieuse intense sont présents partout : stupas, gompas, murs de prières portant des manis (formu- les rituelles), drapeaux de prières… Notons égale- ment que chaque maison sherpa possède son pro- pre autel. Nous sommes au pays sherpa C’est notre premier con- tact avec l’équipe qui nous attend. Elle est constituée de dix personnes, dont un cuisinier, des aides de camp et surtout des por- teurs infatigables, recrutés et dirigés par notre sirdar Niyma, un guide confirmé. Durant plus de deux se- maines, nous allons être en autonomie complète. Le jour même, nous com- mençons notre marche, sur des sentiers agréables, au milieu de rhododen- drons en fleurs. Nous tra- versons de beaux villages habités par des gens qui vivent d’une façon simple et harmonieuse, en dépit - ou à cause – d’une pau- vreté apparente. À partir du troisième jour, nous empruntons une trace à peine visible, au milieu de grandes forêts pentues. De nombreux passages sont délicats, aériens, ce qui ne semble pas gêner les por- teurs avec leur hotte lour- dement chargée. Le soir, vers 4000 mètres d’altitu- de, nous montons le camp à la hâte, car il se met à neiger. Nous sommes dans les nuages, il fait froid et humide, nous regrettons presque notre confort, déjà lointain. Une grande vallée glacière Le lendemain matin, c’est le grand beau temps. Heureusement, car une journée particulièrement difficile nous attend. Nous devons franchir un col à 4800 mètres d’altitude sur des pentes raides et ennei- gées. Les Sherpas nous impressionnent par leur aisance. Les jours sui- vants, nous redescendons à 3800 mètres, ce qui est excellent pour l’acclimata- tion. Les arbres réappa- raissent et, de loin en loin, de grands singes noirs nous saluent. Nous observons égale- ment des perdrix royales de l’Himalaya. Nous pro- gressons ensuite le long d’une grande vallée gla- ciaire où des pics incroya- blement pointus nous do- minent de plus de 3000 mètres. C’est notre pre- mière vision du “Mera pic”. (*) L’expédition en image page 11. Second volet de ce reportage dimanche prochain.. Début avril, Claude et Michel Barbaud accompagnés d’Alain Roesch ont entrepris l’ascension du “Mera pic” qui culmine vers 6.500 mètres en plein pays sherpa, au Népal, dans la splendide région du Khumbu, au sud du mont Everest. Michel une fois encore nous livre son carnet de voyage ainsi que de très belles images IMAGES. Le dessin parfait du Pic 41 jamais gravi. Montagne majestueuse qui semble vouloir percer la voûte céleste MARCHE. Les porteurs avancent dans la neige. GLACIER. La pente est raide la progression est lente.

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10 DIMANCHE 24 MAI 2009 LE BERRY RÉPUBLICAIN

Reportage Montagne

Berry

MONTAGNE■ Claude et Michel Barbaud sont partis sur les pentes du Mera pic

Une expédition à l’ombre de l’Everest

Michel Barbaud

À Kathmandou, nousretournons visiterquelques sites remar­

quables de la vallée, dontle stupa de Svayambu­nath. Nous grimpons les365 marches qui condui­sent aux temples, au mi­lieu des chants religieuxqui sortent du fond desâges. Nous sommes ensor­celés par la magie deslieux. Les pèlerins dépo­sent de la nourriture aux

dieux et déesses.Les singes sacrés qui

peuplent cette colline s’enemparent , ce sont lesmains des dieux… Ici, hin­douisme et bouddhismese mélangent, ce qui génè­re une grande variété defêtes et de rites. Nous nedélaissons pas Bodnath,très marqué par le boudd­hisme tibétain. De nom­breux pèlerins tournentinlassablement autour dugrand stupa, munis del’indispensable moulin à

prières, en récitant desformules sacrées…

Nous prenons un petitavion de Kathmandou àLukla, qui est la porte duKhumbu. Les vols ne s’ef­fectuent que par beautemps, car les pilotes navi­guent à vue au milieu despics escarpés et des val­lées profondes. Nous at­terrissons sur une pisteminuscule, très pentue,qui freine brutalementl’avion. Nous sommes enpays sherpa. Cette terred’altitude est proche duTibet. À l’origine, le peu­ple sherpa est originairedu Kham, une province del’est du Tibet. Le nommême signifie “ceux quiviennent de l’est”.

Les Sherpas sont un peu­ple très religieux, adeptesdu bouddhisme lamaïste.Les témoignages d’une viereligieuse intense sontprésents partout : stupas,gompas, murs de prièresportant des manis (formu­les rituelles), drapeaux deprières… Notons égale­ment que chaque maisonsherpa possède son pro­pre autel.

Nous sommesau pays sherpa

C’est notre premier con­tact avec l’équipe qui nousattend. Elle est constituée

de dix personnes, dont uncuisinier, des aides decamp et surtout des por­teurs infatigables, recrutéset dirigés par notre sirdarNiyma, un guide confirmé.Durant plus de deux se­maines, nous allons êtreen autonomie complète.Le jour même, nous com­mençons notre marche,sur des sentiers agréables,au milieu de rhododen­drons en fleurs. Nous tra­versons de beaux villageshabités par des gens quivivent d’une façon simpleet harmonieuse, en dépit ­ou à cause – d’une pau­vreté apparente. À partirdu troisième jour, nousempruntons une trace àpeine visible, au milieu de

grandes forêts pentues. Denombreux passages sontdélicats, aériens, ce qui nesemble pas gêner les por­teurs avec leur hotte lour­dement chargée. Le soir,vers 4000 mètres d’altitu­de, nous montons le campà la hâte, car il se met àneiger. Nous sommes dansles nuages, il fait froid ethumide, nous regrettonspresque notre confort,déjà lointain.

Une grande valléeglacièreLe lendemain matin,

c’est le grand beau temps.Heureusement, car unejournée particulièrementdifficile nous attend. Nousdevons franchir un col à4800 mètres d’altitude surdes pentes raides et ennei­gées. Les Sherpas nousimpressionnent par leuraisance. Les jours sui­vants, nous redescendonsà 3800 mètres, ce qui estexcellent pour l’acclimata­tion. Les arbres réappa­raissent et, de loin en loin,de grands singes noirsnous saluent.

Nous observons égale­ment des perdrix royalesde l’Himalaya. Nous pro­gressons ensuite le longd’une grande vallée gla­ciaire où des pics incroya­blement pointus nous do­minent de plus de 3000mètres. C’est notre pre­mière vision du “Merapic”. ■

(*) L’expédition en image page11. Second volet de ce reportagedimanche prochain..

Début avril, Claude et Michel Barbaud accompagnés d’AlainRoesch ont entrepris l’ascension du “Mera pic” qui culminevers 6.500 mètres en plein pays sherpa, au Népal, dans lasplendide région du Khumbu, au sud du mont Everest.Michel une fois encore nous livre son carnet de voyage ainsique de très belles images

IMAGES. Le dessin parfait du Pic 41 jamais gravi. Montagne majestueuse qui semble vouloir percer la voûte céleste

MARCHE. Les porteurs avancent dans la neige. GLACIER. La pente est raide la progression est lente.