59
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août 2011

Gilles MORSCH

BRETAGNE DEVELOPPEMENT INNOVATION

----------

PROSPECTIVE ECONOMIQUE DANS LE CADRE DU CPRDF

----------

août 2011

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 2

INTRODUCTION p.3

1 – DIAGNOSTIC ET ENJEUX P.5

1.1 – Géographie et socio-démographie p.6

1.2 – Economie du territoire p.8

1.3 – Emplois et qualifications en Bretagne p.14

1.4 – Appareil de formation breton p.15

1.5 – Evolutions et tendances nationales p.16

1.6 – Enjeux pour l’économie bretonne p.20

2 – QUEL MODELE ECONOMIQUE BRETON ? P.23

2.1 – Conception des scénarios p.24

2.2 – S0 / Scénario « Fil de l’eau » p.26

2.3 – S1 / Scénario « Accélération des mutations économiques » p.28

2.4 – S2 / Scénario « Renouveau de la base productive » p.30

2.5 – Du scénario plausible au scénario souhaitable : vision économique partagée p.32

3 – IMPACT SUR LA FORMATION, LES METIERS DE DEMAIN p.40

3.1 – Nouveaux métiers et qualifications p.41

3.2 – Impact sur la formation initiale et continue p.44

CONCLUSION P.46

ANNEXES P.48

Annexe 1 : Prospective : enjeux clés par secteur p.49

Annexe 2 : Données complémentaires p.50

Annexe 3 : Sources & contacts, contributions p.58

SOMMAIRE

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 3

INTRODUCTION

1 – DIAGNOSTIC ET ENJEUX

2 – QUEL MODELE ECONOMIQUE BRETON

3 – IMPACTS SUR LA FORMATION, LES METIERS

DE DEMAIN

CONCLUSION

ANNEXES

INTRODUCTION

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 4

La mondialisation des échanges, avec la montée en puissance de nouveaux pays compétiteurs sur les marchés internationaux, et des tendances sociodémographiques lourdes entrainent dans leur sillage des évolutions profondes de l’économie mondiale.

Logiquement, les Conseils Régionaux dans un rôle de chef de file économique, cherchent à adapter leur politique économique pour tenir compte de ces nouvelles réalités. Par ailleurs, cette période de fortes mutations coïncide avec la fin d’expérimentation des SRDE –Schéma Régional de Développement Economique – document décrivant les orientations stratégiques à 5 ans et les grandes lignes des dispositifs de soutien proposés en région.

Parallèlement, la Région a engagé l’élaboration du Contrat de Plan Régional pour le Développement des Formations (CPRDF). Sur la base d’un diagnostic régional partagé, le CPRDF a pour objet de définir une programmation à moyen terme des actions de formation professionnelle des jeunes et des adultes et d'assurer un développement cohérent des filières de formation professionnelle initiale et continue. Il détermine les objectifs communs aux différents acteurs sur le territoire régional.

Ces deux sujets justifient le lancement d’une réflexion autour du « modèle » économique breton, de la vision prospective de l’économie afin de répondre en partie à deux questions :

Quels seront les emplois de demain, les besoins de formation ? Quelle adaptation des politiques de soutien mettre en œuvre sur les domaines du

développement économique et de la formation ?

Bretagne Développement Innovation a été sollicité par le Conseil Régional pour être force de proposition sur ce projet. Outre une large consultation de la documentation existante, l’élaboration de ce document s’appuie sur :

Des entretiens avec des personnes référentes, experts sur plusieurs filières Des réunions de travail avec un groupe projet représentatif Des séminaires-débats

Les travaux concomitants conduits par AFPA Transitions autour des contrats d’objectifs emploi-formation ont aussi été mis à profit. Nous tenons à remercier AFPA Transitions de leur précieuse contribution.

Le premier chapitre rappelle la situation générale en Bretagne en proposant un panorama synthétique sur les volets socio-démographie, emploi/formation et bien sûr économie. En synthèse, les principaux enjeux économiques bretons sont mis en exergue. Le lecteur pourra le cas échéant se reporter en annexe pour des compléments d’information sur ces thèmes. Une analyse plus fouillée sur plusieurs filières « clés » bretonnes a également été produite dans un document annexe.

La deuxième partie est consacrée au « modèle » économique breton avec trois sous-chapitres :

Une présentation des grandes tendances, Les scénarios de projection du tissu économique et leurs modalités de construction

par le groupe projet Le parti pris, le consensus sur le scénario souhaitable et les modalités pour faciliter sa

réalisation (grandes lignes d’évolution de la politique économique) Enfin, en guise de transition avec le futur CPRDF, le document décrit les principales évolutions imaginées en termes de métiers, compétences et formation. Ces sujets seront bien évidemment approfondis et étayés dans le cadre du CPRDF et de sa mise en œuvre.

INTRODUCTION

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 5

INTRODUCTION

1 – TITRE PARTIE 1

2 – QUEL MODELE ECONOMIQUE BRETON

3 – IMPACTS SUR LA FORMATION, LES METIERS DE

DEMAIN

CONCLUSION

ANNEXES

1 – DIAGNOSTIC ET ENJEUX

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 6

1.1.1 – PRESENTATION GENERALE DU TERRITOIRE Le territoire breton s’étend 27 208 km², soit 5 % du territoire français. Situé au carrefour de l’arc Atlantique européen, les contours de la région sont dessinés par plus de 2 700 km de littoral. Malgré un nombre de communes parmi les plus faible de France, la densité moyenne y est similaire à celle du reste du pays. La position particulière de péninsule place son extrémité occidentale à 500 km de Paris et l’éloigne des centres économiques du cœur de l’Europe. Elément favorable, le développement des voies de communications et notamment le projet Bretagne à grande vitesse prévoit de placer Rennes à moins d’une heure et demie de Paris, Brest et Quimper à trois heures dès 2016.

La Bretagne – départements et infrastructures de communication Source : INSEE

Une région, des territoires, une armature urbaine particulière

Composée de 4 départements ouverts sur la mer, la Bretagne administrative puise son identité dans les 21 pays qui les constituent. Bassins de vie issus de l’histoire bretonne, ils s’inscrivent aujourd’hui comme des acteurs d’une volonté commune de cohésion géographique, culturelle, économique et sociale. Dix communautés d’agglomération jouent le rôle de pôles urbains structurant l’ensemble des 1 270 communes qui jalonnent le territoire breton. Conséquence de ce fin maillage urbain, une forte proportion de personnes habite dans des communes de moins de 5 000 habitants et rares sont les espaces très faiblement peuplés.

1.1 – GEOGRAPHIE ET SOCIO-DEMOGRAPHIE

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 7

1.1.2 – DEMOGRAPHIE

Une dynamique démographique contrastée

Avec plus de 3 195 000 habitants en 2010, la région Bretagne représente 5 % de la population métropolitaine française. La croissance démographique annuelle est dynamique et supérieure à la moyenne nationale. Elle est due pour les trois quarts à un solde migratoire positif où la part des 30-59 ans, plutôt plus qualifiés que la population en place, y est particulièrement représentée.

Projections par l’INSEE de la population bretonne à l’horizon 2040 Source : INSEE

La croissance démographique bretonne s’accompagne d’un vieillissement plus marqué de la population que la moyenne nationale. Ce phénomène s’illustrera concrètement par l’inversion du rapport entre les générations prévue pour 2030 et la contraction amplifiée de la part des actifs dans la population. Parallèlement, l’accélération de la croissance démographique dans les banlieues et les espaces situés en périphérie des pôles urbains traduit une métropolisation engagée depuis les années 80. L’annexe 2.1 détaille plus précisément la segmentation qui tend à se prononcer entre les pôles urbains à la population plus jeune (Ex : Brest et Rennes) et les territoires littoraux à la population vieillissante.

Des impacts futurs sur l’économie bretonne

Cette rapide introduction sur les grandes tendances démographiques soulève d’emblée plusieurs questions sur le devenir de l’économie bretonne.

La croissance démographique régionale est-elle, en elle-même, porteuse de croissance économique –et de quel type de croissance ? Une conversion plus marquée vers l’économie résidentielle est–elle souhaitable et tenable ? L’accroissement de la population âgée va-t-elle générer de nouveaux emplois de services ? Ces derniers seront-ils solvables et correctement rémunérés ?

La croissance démographique programmée peut-elle se contracter dans un contexte économique morose, avec une redistribution des revenus dorénavant moins fluide ? Quels impacts la croissance démographique pourra-t-elle avoir sur les activités économiques et leur implantation territoriale, compte tenu de la pression foncière croissante ?

L’appareil de formation permet-il et permettra-t-il de répondre à cette nouvelle demande ? La juxtaposition des phénomènes de vieillissement de population et de métropolisation peut-elle engendrer une spécialisation accrue des territoires, une économie territoriale à deux vitesses ? L’annexe 2.1 comprend des données complémentaires sur le volet sociodémographique.

Selon les projections démographiques de

l’INSEE illustrées dans le graphique ci-contre, la Bretagne pourrait compter entre

3 650 000 (scénario bas) et 4 100 000 habitants (scénario haut) à l’horizon 2040.

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 8

1.2.1 – ECONOMIE BRETONNE : CHIFFRES ET FAITS MARQUANTS Le tableau 2 de l’annexe 2.2 récapitule les principaux indicateurs économiques bretons et repositionne

la Bretagne parmi les régions françaises

Poids de l’économie bretonne : dans le premier tiers des régions françaises

Avec un PIB de 82 milliards d’euros en 2009, soit 4,4 % du PIB national, la Bretagne se place au 7ème rang des économies régionales. Très dynamique sur la dernière décennie, le PIB breton a connu un accroissement annuel moyen de plus de 3,1 %, supérieur à celui du reste du territoire français sur cette période (2,8 %), mais un ralentissement sensible sur les dernières années de la décennie 2000. Le tissu économique breton est composé de plus de 195 000 établissements en activité en 2009 en Bretagne, comptant pour 4,3 % de l’ensemble national et dont le quart fait partie de l’artisanat. Le potentiel de recherche et d’innovation place la Bretagne au 4ème rang des régions françaises pour les brevets avec 472 dépôts ont effectués en 2009. La région occupe le 5ème rang des régions françaises en nombre de chercheurs, soit plus de 4 000 chercheurs dans le secteur public et au moins autant dans la sphère privée. Si la balance commerciale de la Bretagne n’est que légèrement déficitaire pour un total à l’export de 8,7 Mds € (+9,7 % par rapport à 2009), la région demeure peu exportatrice puisqu’elle ne contribue qu’à hauteur de 2,3 % des exportations françaises. Si cet indicateur doit être pris avec précaution, compte tenu des modes de comptage des douanes, celui de la part des entreprises exportatrices révèle un retard breton par rapport à des régions comparable. Les filières d’excellence bretonnes, présentées plus en avant dans le document, sont les premières exportatrices, notamment l’agroalimentaire (35 %), l’électronique (17,5 %) et les matériels de transport (15 %) et l’Union Européenne représente encore les deux tiers des destinations des exportations.

Une « démographie » d’entreprises à surveiller

Les 40 % d’entreprises de 10 ans ou plus, situent la Bretagne dans la moyenne nationale. Le tissu ainsi composé est relativement jeune puisque près du tiers des entreprises, particulièrement dans les services et la construction, ont moins de 5 ans. Classiquement, le renouvellement est plus faible dans l’industrie et la pêche, secteurs où la part des établissements de plus de 10 ans est la plus importante. Le contexte général de vieillissement des chefs d’entreprises – plus d’un sur deux a plus de 50 ans – rappelle l’importance de la reprise d’entreprises pour la Bretagne. A titre d’exemple, plus de 9 000 entreprises artisanales, qui forment la trame de fond du tissu économique breton, sont à transmettre dans les 5 ans à venir. L’analyse de la taille des établissements bretons ne révèle pas non plus de singularité majeure. Près de 62 % des établissements sont unipersonnels, et ce sont en tout près de 95 % des établissements qui comptent un effectif inférieur à 20 salariés. Alors que la construction, le commerce et les services aux entreprises couvrent la plus grande partie des établissements unipersonnels et inférieurs à 10 salariés, la majorité des établissements de plus de 100 salariés concerne des établissements publics et le secteur de l’industrie (agroalimentaire, autres produits industriels…). La Bretagne, avec un taux de création de 17 %, occupe le 9ème rang des régions françaises pour le nombre de créations d’entreprises en 2010, soit 3,6 % des créations nationales.

1.2 – ECONOMIE DU TERRITOIRE

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 9

Le taux de renouvellement du tissu – historiquement aux alentours de 10 % (chiffre 2008), s’est accéléré en 2009, et 2010, année durant laquelle plus de 22 000 entreprises ont été créées en Bretagne. Ce niveau spectaculaire de création s’inscrit dans la continuité du « boom » national survenu en 2009 avec l’apparition du statut d’auto-entrepreneur largement plébiscité par les demandeurs d’emploi à l’origine de la moitie des créations sous ce statut. Rappelons cependant que près de la moitié des auto-entreprises ne réalisent aujourd’hui aucun chiffre d’affaires. Le secteur tertiaire regroupe, tant au niveau régional que national, 80 % des créations d’entreprises, principalement dans le commerce et les activités de services à la personne. Il rassemble en outre un fort contingent d’auto-entrepreneurs La création d’entreprises dans le secteur de l’industrie, moins propice au statut d’auto-entrepreneur, progresse plus lentement, particulièrement dans l’agroalimentaire. Capitale pour le territoire, la présence d’entreprises étrangères en Bretagne – 30 000 emplois pour 529 sites en 2008, la place au 13ème rang des régions françaises pour les investissements directs étrangers (IDE), et au 18ème en termes d’emplois. Ce rang modeste s’expliquant très largement par son positionnement géographique périphérique. En 2010, ce sont 16 nouveaux investissements – sur les 782 au niveau national (soit 2 %), qui ont été réalisés, créant et maintenant 766 emplois sur le territoire. En synthèse, la dynamique observée de création d’entreprises ne doit pas occulter les menaces représentées par la problématique de transmission-reprise et le manque relatif d’attractivité pour les investisseurs exogènes.

Un profil par grand secteur dans la norme, la place toujours importante de l’industrie et de l’agriculture

Répartition sectorielle des emplois, 2009 - Comparaison Bretagne/France Source : données INSEE

De prime abord assez proche des chiffres nationaux, la Bretagne présente cependant des particularités intéressantes. La Bretagne dispose d’une base productive importante qui résiste actuellement mieux que le reste des régions françaises à la désindustrialisation de l’économie. Visible sur le graphe ci-dessus, l’analyse historique réalisée par la CCIR avec une grille de lecture légèrement différente (cf. annexe 2.2) – confirme le phénomène. Ainsi, le « système » industriel présente une quasi-stabilité de l’emploi depuis 1990, -0,1 % contre -1,3 % à l’échelle nationale. Cependant, si l’industrie bretonne se maintient en termes d’emplois et d’établissements, sa part dans la valeur régionale reste inférieure à celle des autres régions : 11,7 % en Bretagne en 2009, contre 12,5 % en France (cf. éléments complémentaires : tableaux 4 et 5 en annexe 2.2).

Filières clés bretonnes :

Agriculture

Agroalimentaire

Automobile

ETIC

Construction/réparation

navale Nautisme

Filières clés bretonnes :

Agriculture

Agroalimentaire

ETIC

Construction et réparation navale

Nautisme

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 10

Son industrie s’articule autour de six secteurs principaux : l’agroalimentaire, les équipements mécaniques, la chimie-caoutchouc-plastiques, l’automobile, les équipements électriques et électroniques, et la métallurgie. Le facteur de différenciation premier et avantage comparatif majeur de la Bretagne réside dans l’importance de son industrie agroalimentaire qui représente près du tiers des emplois industriels. Clairement surreprésentée au regard du reste des régions françaises, l’agriculture est un secteur prépondérant de l’économie bretonne. Malgré des difficultés conjoncturelles et structurelles, elle conserve son premier rang national et participe à 3,3 % de la valeur ajoutée régionale contre 2,7 % en moyenne en France. Le secteur des services a connu une croissance solide qui a largement contribué à la création de richesses en Bretagne ces dernières années. Dorénavant largement prédominant en termes d’effectifs - 73 % des emplois en 2009, contre moins de 50 % en 1975 (Cf. graphique 1 en annexe 2.2) – les services représentent aussi largement plus de la moitié de la valeur ajoutée bretonne : de 55 % en 1990, la participation à la valeur ajoutée s’est élevée à près de 65 % en 2008. Les 120 000 établissements tertiaires de la région emploient très majoritairement moins de 10 salariés, avec notamment une importante proportion d’entreprises unipersonnelles du coté des services à la personne. Les services aux entreprises ont fortement augmenté ces dernières années, relativisant pour une part le phénomène dit de « désindustrialisation » (+ 14 % entre 2004 et 2009). Ils représentent aujourd’hui plus de 118 000 salariés répartis dans 24 400 établissements. S’appuyant sur ses compétences développées historiquement, la Bretagne se distingue au niveau national par l’importance de son pôle de services aux entreprises dans le secteur TIC (cf. éléments complémentaires du tableau 6 en annexe 2.2).

Le poids de la construction ne cesse de progresser au fil des ans. Le secteur emploie aujourd’hui plus de 105 800 personnes et génère un chiffre d’affaires de près de 10 milliards d’euros, en grande partie tiré par la croissance démographique régionale. Dans une conjoncture nationale globalement favorable lors de la dernière décennie, la construction régionale a su bénéficier de surcroît du développement des infrastructures et de l’effet littoral. L’appareil de production du bâtiment se caractérise par une forte dominante artisanale (58 % des actifs) contrairement aux travaux publics, qui ne comptent que 11 % de ses effectifs dans l’artisanat. Majoritairement ouvrière, la main d’œuvre de la construction bretonne connait une montée en qualification et notamment une poussée de ses effectifs d’ETAM. Depuis les années 2000 le secteur subit un départ massif des actifs les plus anciens et mène des efforts de recrutements poussés pour attirer une main-d’œuvre plus jeune. L’analyse macroéconomique des quatre grands secteurs ne permet pas de mettre en évidence 2 grands pans transversaux de l’économie bretonne : l’artisanat et le tourisme.

La Bretagne est la 4ème région la plus touristique de France. Cette activité pèse près de 5 % de l’emploi salarié et contribue à 2,6 % de la valeur ajoutée régionale. Elle représente par ailleurs une piste importante de diversification pour le monde rural et à ce titre participe activement à l’aménagement du territoire breton. Dans un contexte touristique national atone, la Bretagne tire plutôt bien son épingle du jeu. Les chiffres de fréquentation ont ainsi augmenté de 2 % entre 2009 et 2008 alors qu’ils se sont globalement stabilisés ailleurs.

En 2010, l’artisanat breton représente 4,9 % de l’artisanat français, soit 47 227 entreprises, 51 382 dirigeants (et conjoints) et emploie 125 200 salariés. Globalement composé de petites entreprises, la forme unipersonnelle couvre plus de 40 % du tissu artisanal. Le secteur de la construction domine au niveau régional avec 40 % des

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 11

entreprises, mais ce sont les entreprises agroalimentaires, des TIC et du tourisme qui se démarquent comptant respectivement pour 6,3 %, 5,8 % et 8,3 % du total français.

Construction, tourisme, artisanat, services aux personnes représentent un solide socle de l’activité économique bretonne, constitutifs de l’économie résidentielle et en cela amortisseurs des à coups de la conjoncture mondiale.

1.2.2 – FILIERES CLES BRETONNES Une façon d’appréhender le « modèle » économique breton consiste à regarder plus finement le portefeuille d’activités présentes en région, et mesurer les potentialités et dynamiques des grandes filières. Nous avons choisi de nous intéresser à six secteurs, activités historiques : l’automobile, l’ETIC, la construction navale et le nautisme, l’agriculture et l’agroalimentaire. Sans prétendre à l’exhaustivité, le tableau ci-dessous rassemble les grandes caractéristiques de ces filières structurantes.

Source : Katalyse ; éléments de détails par filière figurant dans un document annexe

Emplois Entreprises

Chiffre

d’affaires en région

Principales tendances, évolutions et enjeux

IAA 68 000 3 833 20 Mds €

- Innovations (technologiques ou non)

- Croissance à l’export - Evolution des attentes des consommateurs

- Problématiques santé et nutrition

- Prise en compte environnementale - Baisse de compétitivité tendancielle du site

France

Agriculture 71 400 37 658

exploitations 8,2 Mds €

- Volatilité des prix des matières premières

- Evolutions politiques et économiques (PAC, loi

de modernisation agricole …) - Défi environnemental

- Montée en puissance de concurrents nouveaux

Automobile 25 000 237 N.C

- Pression de la concurrence internationale et

vitalité du marché domestique - Défi énergétique et contraintes

environnementales

- Prix des énergies - Nouvelles problématiques de mobilité

ETIC 42 750 850 N.C

- Essor des technologies appliquées au développement durable

- Innovation

- Accroissement des savoir-faire des pays en voie de développement

- Perte de compétitivité européenne sur le « hard »

Nautisme 8 800 ~900 N.C

- Potentiel fort de croissance à l’export sur des marchés de niche à haute VA

- Pression de la concurrence mondiale,

notamment des pays asiatiques - Industrialisation

- Tissu de TPE fragiles

Navale >10 000 85 650 M€

- Concurrence internationale féroce

- Aléas de la commande publique militaire

- Développement des énergies renouvelables marines

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 12

La Bretagne compte près de 38 000 exploitations agricoles et se situe, avec 8 % des exploitations françaises, en tête des régions françaises dans ce secteur. Pilier historique de l’économie régionale, l’agriculture est à l’origine d’une industrie agroalimentaire performante et de grande ampleur sur le territoire. Elle représente aujourd’hui plus du tiers des emplois salariés industriels régionaux et près de 25 % des établissements de l’industrie. Les industries agroalimentaires bretonnes produisent aujourd’hui 13 % du chiffre d’affaires national du secteur. Rapporté au poids du PIB breton dans l’économie nationale, ce chiffre est considérable.

La filière automobile s’est constituée autour de la présence de PSA à Rennes et rassemble aujourd’hui nombre d’entreprises de rang 1 et de rang 2. La filière, qui cumulait approximativement 25 000 emplois industriels en 2007 et sans doute moins de 20 000 actuellement, doit fait face à une double crise conjoncturelle (effondrement de certains marchés) et structurelle (émergence de nouvelles problématiques de mobilité bouleversant le modèle traditionnel). La filière ETIC occupe une place « privilégiée » dans l’économie bretonne. Présente depuis les années 60 avec un positionnement très puissant dans le domaine des télécommunications, elle a connu depuis une très forte diversification s’est constituée autour de trois composantes : la R&D dans les domaines des images et des réseaux, la production (fabrication de matériel électronique,…) et les services (SSII, médias numériques…). Le tissu comprend des leaders internationaux dans le domaine de la communication numérique et un grand nombre de PME innovantes sur des marchés de niches.

Les secteurs de la construction navale et nautisme emploient près de 20 000 personnes. Bénéficiant de la position géographique et d’une grande façade littorale, ces activités très diverses y sont 5 fois plus représentées en région que la moyenne nationale. Une forte concentration règne dans le secteur de la construction navale (70 % effectifs salariés), marquée par l’implantation de longue date de grands donneurs d’ordres en partie liés aux marchés de la défense, puisque les 10 plus grands établissements rassemblent plus de 80 % de l’effectif salarié. Au sein du secteur du nautisme (70 % des établissements), où les spécialistes de la course au large côtoient des chantiers artisanaux commercialisant des produits à très haute valeur technologique pour des amateurs éclairés, la plupart des établissements sont de petite taille. A coté des filières « clés » de par le nombre d’emploi qu’elles représentent aujourd’hui en Bretagne, de nouveaux secteurs émergents pourraient être amenés demain à jouer un rôle structurant dans l’économie bretonne. Il s’agit de domaines économiques promis à de fortes croissances, car en phase avec les attentes sociétales et les progrès de la science, sur lesquels la Bretagne dispose d’ores et déjà de compétences ou d’atouts notoires. Au risque de présenter une liste un peu réductrice à ce stade, le groupe projet a souhaité mettre en avant les thématiques suivantes :

Les services à la personne : près de 100 000 emplois en région, en forte croissance aux niveaux national et régional ;

Les biotechnologies : 8 000 emplois, près de 150 entreprises et la création récente d’un cluster dédié, pour une filière générant aujourd’hui un chiffre d’affaires autour de 450 M€ ;

Les éco-activités : enjeu majeur notamment pour le secteur du BTP au regard de la conversion aux nouvelles normes et attentes sociétales ;

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 13

Les énergies renouvelables marines : relais de croissance pour l’ensemble de la filière construction et réparation navale et l’activité portuaire.

La mobilité décarbonnée : stratégie volontariste d’acteurs industriels majeurs en Bretagne

Toutefois, l’angle de réflexion par filière utilisé dans ce chapitre montre comme toujours certaines limites. D’une part les frontières les délimitant sont ténues et ne reflètent que très partiellement la réalité de l’activité des entreprises : difficile en effet de catégoriser une PME sous-traitante disposant d’un portefeuille client très diversifié ou de comptabiliser par exemple une entreprise réalisant des capteurs intelligents pour l’agro-alimentaire (service ou industrie ? agroalimentaire ou secteur ETIC ?). D’autre part, les innovations les plus riches naissent très souvent de la transversalité entre les technologies, de croisements judicieux inter-filières. Malgré le caractère réducteur de cette approche filière, l’analyse par grand secteur offre un minimum de visibilité et procure une première clé d’entrée pour travailler avec les acteurs du domaine de l’emploi et de la formation.

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 14

1.3.1 – EMPLOI

La Bretagne compte près de 1,5 millions d’actifs et plus de 1 291 000 emplois, dont 86 % sont des emplois salariés. Majoritaires, employés et ouvriers représentent près de 55 % des emplois bretons, un chiffre qui souligne la caractéristique bretonne d’un faible taux d’encadrement, inférieur en effet de presque 5 points à la moyenne nationale. A contrario, la part d’actifs chefs d’entreprise artisanale, commerciale ou agricole supplante de plus de 2 points la proportion nationale et couvre 10 % des emplois. Le taux d’emploi en région présente un niveau légèrement plus élevé qu’au niveau national avec toutefois quelques disparités selon le sexe et la tranche d’âge, particulièrement chez les plus de 50 ans qui sont moins nombreux à travailler que la moyenne française. L’écart du taux d’emploi homme/femme – de près de 8%, reste important, mais identique à celui rencontré au niveau national. Les services et le secteur public détiennent la plus forte proportion d’emplois féminisés. Amplement majoritaires aujourd’hui, les emplois du secteur tertiaire ont connu une croissance majeure depuis 1975 : comptant pour à peine 48 % des emplois régionaux il y a 35 ans, ils en représentent actuellement plus de 73 %. Sur la même période la forte augmentation de la productivité, les phénomènes de concentration et de spécialisation des exploitations agricoles ont participé à la chute de la part de l’emploi agricole de près du quart à moins de 5 %, et ce malgré le développement de plus en plus important du salariat agricole. L’industrie, dont les effectifs se contractent à un rythme toutefois moins élevé que la moyenne française, est très dépendante de grandes filières comme l’agroalimentaire, les TIC et l’automobile.

L’emploi salarié est globalement sécurisé puisque près des trois quarts des salariés sont aujourd’hui en CDI ou occupent des postes de la fonction publique. Les emplois intérimaires représentent 23 000 ETP dont plus de la moitié opèrent dans l’industrie, les IAA comptant pour plus du tiers des contrats en 2010.

La Bretagne figure au rang des régions « favorisées » avec un taux de chômage régional bas, généralement inférieur de 1 à 2 points à la moyenne nationale. Toutes catégories confondues, le chômage est réparti presque équitablement entre hommes et femmes. Cadres et techniciens présentent un taux de chômage faible par rapport aux emplois moins qualifiés. Ouvriers et employés représentent 85 % des demandeurs d’emploi avec des disparités notables selon le sexe : alors que chez les hommes la majeure partie des demandeurs d’emploi se distribue sur les ouvriers et les employés, chez les femmes, ce sont les employées qui constituent plus des trois quarts des personnes sans emploi.

1.3.2 – QUALIFICATIONS

Avec une proportion de 15-64 ans non-diplômés inférieure de 5 points à la moyenne nationale, la Bretagne possède une population active d’un bon niveau de qualification. La faible part d’actifs non diplômés et le fort taux de titulaires au minimum d’un niveau baccalauréat font figurer la Bretagne en tête des régions françaises. L’accroissement du niveau de diplôme sur la dernière décennie est particulièrement visible sur les niveaux bac+2 et supérieur à bac+2 qui aujourd’hui représentent près du quart des actifs bretons. La montée en compétences touche également la population d’ouvriers avec une augmentation de la part d’ouvriers qualifiés, même s’il subsiste des secteurs concentrant toujours une proportion importante de métiers peu qualifiés –IAA et BTP.

1.3 – EMPLOIS ET QUALIFICATIONS EN BRETAGNE

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 15

La mise en place d’une politique volontariste en faveur de l'apprentissage, de l'enseignement supérieur et de la recherche a permis à la Bretagne de se doter d'une offre de formation variée et de qualité. Plusieurs mesures phares comme le Programme Régional des Stages, les dispositifs de pré-qualification et l’écriture en 2006 d’une Stratégie Régionale Emploi Formation témoignent de l’ambition de se doter d’un système de formation performant.

L’appareil de formation breton représente aujourd’hui un effectif de formation de plus de 68 000 élèves répartis en 2 catégories : la formation initiale – comprenant les étudiants et les apprentis, et la formation professionnelle continue. Tous dispositifs confondus, ce sont les formations tertiaires qui enrôlent la majeure partie des effectifs (60 %), loin devant l’industrie (26 %). Le BTP et l’agriculture et la pêche représentent respectivement aux alentours de 7 % des effectifs totaux.

Comptant plus de 50 000 élèves, la formation initiale représente les deux tiers des effectifs bretons distribués sur deux statuts : scolaire/étudiant et apprentissage. Alors que les premiers sont d’une manière globale, équitablement répartis sur les niveaux de formation de III à V avec une légère prédominance des formations du niveau IV (40 %), les seconds sont majoritairement tournés vers des formations de niveau V de type CAP-BEP (63 %). L’élévation générale du niveau de formation initiale au fil des générations se traduit par une forte présence des jeunes dans les formations supérieures de niveau I/II et III. La formation professionnelle continue qui accueille annuellement plus de 20 000 personnes. Dirigée vers une population de jeunes actifs (la moitié a moins de 26 ans pour une moyenne d’âge de 30 ans), les formations accueillent par ailleurs une proportion grandissante de femmes (+5 % entre 2004 et 2007). Ces dernières sont même majoritaires dans les formations de niveau supérieur au baccalauréat. On constate une nette prédominance du tertiaire au sein des palettes de formations suivies. A l’instar du BTP, les effectifs formés par le secteur tertiaire augmentent d’année en année, contrairement à l’industrie, l’agriculture et l’hôtellerie dont les formations sont moins suivies. Les stagiaires bretons s’inscrivent principalement dans des formations de niveau CAP-BEP, avec toutefois des différences selon les secteurs. Les formations à dominante tertiaire concernent davantage de niveaux supérieurs au baccalauréat alors que les formations du bâtiment et de l’industrie se concentrent sur le niveau CAP-BEP.

Sur le plan géographique, les établissements de formation se focalisent sur les pôles urbains et le long des côtes ouest et méridionales. Certes imparfait, ce maillage du territoire par les établissements de formation garantit globalement un service de proximité, au plus proche des bassins de vie.

Le tableau ci-dessous recense les principales forces et fragilités de l’appareil de formation breton :

FORCES FAIBLESSES

• Large éventail de formations

• Exportation des diplômés

• Répartition des formations sur le territoire

• Diplômés s’implantant peu sur le territoire à l’issu de

leur formation

• …

Le diagnostic de l’appareil de formation sera complété dans le cadre du CRPDF.

1.4 – APPAREIL DE FORMATION BRETON

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 16

1.5.1- EVOLUTIONS ET TENDANCES GENERALES Sans entrer dans un niveau de détail très fin, ce chapitre rappelle les facteurs susceptibles d’influer directement sur l’économie et l’emploi au niveau national. La terre est un espace fini aux ressources limitées dont l’équilibre fragile peut être remis en cause par un anthropisme mal contrôlé. Cette perception de notre environnement maintenant largement répandue au sein de la communauté scientifique est somme toute assez récente. La rareté des ressources naturelles et les questions d’évolutions climatiques sont par conséquent éminemment structurantes pour toute réflexion prospective. Sans doute peu visible sur une échelle de temps restreinte comme celle de la mise en œuvre du CPRDF, on ne peut cependant pas totalement en faire abstraction.

Sur le plan démographique, la croissance des populations s’accompagne de phénomènes majeurs. L’attractivité du littoral ne se dément pas, possiblement accentuée en Bretagne par les évolutions climatiques à long terme. Les populations se concentrent toujours dans des métropoles grandissantes, même si sur ce chapitre la région conserve une relative typicité avec un réseau vivace de villes moyennes. Enfin le vieillissement de la population généralisé dans les pays occidentaux remet en cause les grands équilibres (financement des retraites) et créé de nouveaux besoins de services et d’assistance. Bien évidement, tous les territoires bretons ne sont pas sur un pied d’égalité face à ces changements.

Des tendances sociétales profondes déterminent en grande partie les évolutions économiques futures. L’homme est mobile, connecté et avide de savoirs et de connaissances. L’avènement de « l’homo sapiens 2.0 » génère de nouvelles activités, créé de nouveaux métiers et stimule la demande de formation. Au chapitre des nouveaux comportements, la prise de conscience environnementale par les citoyens et les entreprises prépare aussi une vraie révolution. Les habitudes de consommations changent singulièrement induisant des chambardements sur de nombreux pans de l’économie. Citons par exemple, les préoccupations autour de la qualité et sécurité alimentaire, la recherche de modes de transports « décarbonnés » par les citoyens ou les nouveaux besoins de communication et de connectivité. Dans le sillage de ces bouleversements radicaux de tous ordres, le contexte réglementaire et institutionnel évolue en profondeur et rapidement. En Europe, par exemple, les débats sont récurrents sur la fin de la Politique Agricole Commune, et l’inflexion en faveur des politiques de soutien à l’innovation et la recherche se confirme. Dans le paysage institutionnel français, la réforme des collectivités territoriales en cours modifie la relation entre entreprises et territoires et les évolutions des compétences invitent à définir une nouvelle gouvernance entre les acteurs économiques. Sur le champ économique, la tertiairisation des économies occidentales, le déplacement des marchés et parfois des emplois vers les zones à forte croissance sont les deux phénomènes à l’œuvre les plus visibles et délicats à gérer. La crise économique et financière depuis 2009 a sans aucun doute accéléré ces phénomènes.

1.5 – EVOLUTIONS ET TENDANCES NATIONALES

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 17

Pour faire face à cette pression générée par la mondialisation des échanges, les territoires cherchent à développer des services à forte valeur ajoutée « exportables ». Ils encouragent les entreprises de tous secteurs à se montrer plus innovantes et plus ouvertes sur les marchés internationaux.

Au niveau macro-économique, les variations brutales du coût des matières premières et des cours de change entre les monnaies apparaît comme un fait majeur de ces dernières années. Vraisemblablement, les outils de régulation existants ne permettent pas d’envisager un rapide retour à la stabilité.

Dans cet environnement turbulent où toute forme de prévision devient hasardeuse, le renchérissement des matières premières, l’énergie en particulier, semble la seule ligne force à laquelle on puisse se raccrocher. Là encore, l’ampleur et le rythme des évolutions qui nous attendent restent très difficiles à cerner.

Tout naturellement, l’appareil de formation suivra ces mutations économiques pour satisfaire au mieux les besoins des employeurs. Si les stratégies de développement économiques retenues – autrement dit, le choix du « modèle » économique breton – permettront de construire un schéma/plan de développement des formations pertinent et cohérent, quelques constantes et principes généraux peuvent d’ores et déjà être mis en exergue :

Des évolutions plus brutales que par le passé des métiers et compétences (en volume de personnes concernées)

Des parcours professionnels plus riches, une mobilité fonctionnelle et géographique et des changements d’entreprises plus fréquents

Le besoin de formation tout au long de la vie pour construire des logiques de parcours diversifiés…etc.

Davantage de postes à responsabilité, d’encadrement L’apparition de nouveaux métiers, des évolutions majeures sur d’autres

1.5.2- HISTORIQUE ET PROSECTIVE ECONOMIQUE

Evolution de l’emploi total en France dans les

principaux secteurs (2000 base 100) Source : données INSEE

-6,0%

-4,0%

-2,0%

0,0%

2,0%

4,0%

6,0%

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

Agriculture

Industrie

Construction

Tertiaire

Total France

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 18

La question du maintien de la base productive, d’une industrie compétitive est au cœur des débats et querelles entre prévisionnistes. Elle apparaît néanmoins depuis quelques années comme une préoccupation prioritaire des états européens et notamment de la France. Pour autant, si le diagnostic de la désindustrialisation et de ses risques semble aujourd’hui partagé, le consensus peine à s’établir quand on évoque le futur modèle économique mondial et sa traduction sur l’économie française. De la même manière, l’efficacité des politiques nationales et européennes de soutien à l’industrie, dont les premiers résultats tardent à se faire sentir, fait débat.

Parues en novembre 2010 dans ce contexte très incertain, les prévisions du Centre d’Analyse Stratégique n’en demeurent pas moins intéressantes à résumer :

324 000 créations totales d’emploi sont pronostiquées sur la période 2010-2015, avec une

hypothèse de taux de croissance de 1,2 % par an sur la période 2012-2015. (total porté à 712 000 emplois pour une hypothèse de croissance portée à 2 % par an)

Les créations d’emplois à moyen terme sont tirées par quatre facteurs: la « servicisation »

de l’économie et le développement de l’économie de l’usage, le développement des

services à la personne, le verdissement de l’économie, et le développement des « emplois cognitifs » (centres de R&D, design, ingénierie, architecture, marketing et publicité)

En termes de secteurs, on retrouve parmi les principaux créateurs d’emplois sur 2010-2015

: les services opérationnels (218 000 emplois), la construction (149 000 emplois), le conseil et assistance (106 000 emplois), les services personnels et domestiques (91 000 emplois)…

…à l’opposé, des secteurs régressent sur la période 2010-2015 : les industries des biens

d’équipements mécaniques (-78 000 emplois), la métallurgie (-40 000 emplois), les postes

et télécommunications (-25 000 emplois)

1.5.3- PROJECTION SUR LES METIERS Le phénomène de mutation économique préoccupe de longue date les acteurs publics. Des institutions et services de l’Etat chargés de la planification se sont en effet intéressés aux évolutions de l’emploi et des métiers afin d’en dessiner les contours pour les années à venir. Datant de 2007 et par conséquent à manipuler avec prudence, les travaux de la DARES et du Commissariat Général au Plan s’avèrent néanmoins riches d’enseignement, car mettant en évidence des phénomènes et tendances lourdes.

Des facteurs sociodémographiques déterminants

On assiste aujourd’hui à la fin de carrière de la génération « baby-boom » et par conséquent à de nombreux départs en retraite laissant un volume important de postes à pourvoir. La diminution rapide de la croissance de la population active liée à cette accélération des départs en retraite devrait amener des transformations du marché du travail. Ce ralentissement est susceptible de faciliter la baisse du chômage à court terme, sans pour autant gommer des déséquilibres locaux, tant sur le plan quantitatif que qualitatif, entre offre et demande. Parallèlement, des difficultés de recrutement sont susceptibles d’apparaitre pour certains métiers à fort dynamisme et pourraient potentiellement s’aggraver dans les métiers les moins attractifs1. Au-delà des enjeux de

1 Pôle Emploi a par ailleurs identifié ces métiers et profils lors d’une enquête des besoins en main d’œuvre effectuée en avril 2011 dont des éléments de résumé figurent dans en annexe 2.4

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 19

mobilité interne et de formation professionnelle, c’est la perspective de carrières claires au sein des entreprises qui permettra de palier les tensions sur les recrutements. La tertiarisation de l’économie française semble pour certains inévitables en entrainant une évolution à la hausse des compétences et des niveaux de qualification. Les populations de cadres continueront ainsi de croître sur les prochaines années. Parallèlement, une demande subsiste sur des métiers et postes peu qualifiés alimentée notamment par la croissance des services à la personne. L’élévation des besoins en compétences de l’industrie accentue la demande en ouvriers qualifiés au détriment des emplois d’ouvriers non qualifiés.

De nouveaux métiers pour de nouveaux modèles d’entreprise

Dans un environnement toujours plus complexe à appréhender, la cohabitation au sein des entreprises entre des spécialistes fonctionnels très pointus et des généralistes disposant d’une vision et de compétences très transversales se généralise. La double compétence – commerciale et technique par exemple – et la maîtrise des techniques de gestion de projet deviennent plus que jamais des atouts déterminants pour la croissance des entreprises et l’évolution des métiers. A coté du phénomène de spécialisation, la demande accrue de polyvalence des salariés à tous les niveaux explique la montée en flèche des besoins « théoriques » de formation.

Les pays occidentaux se tournent vers une économie productive à forte valeur ajoutée synonyme de multiplication des contacts à l’international. Le développement des relations internationales implique la connaissance des langues et cultures dans un environnement globalisé. Les salariés aujourd’hui en poste devront y être formés ; en complément, le nombre de postes et fonctions dédiées devrait augmenter. Le développement de l’innovation (produit, process, services) et de la recherche appliquée dans les entreprises va aussi se traduire en termes de création de nouveaux postes et plus généralement d’évolution de compétences dans les entreprises.

Conséquence de l’augmentation des échanges et de la fragmentation de la chaine de valeur dans les filières, la performance de la logistique et des achats est cruciale pour la performance des entreprises. Il s’agit encore indéniablement d’un thème porteur sur le volet emploi/formation.

Mobilité et « connexion » se confirment comme des besoins primordiaux, basiques pour les populations et les entreprises. La diffusion grandissante des TIC, avec les perspectives de l’internet des objets, promet encore une croissance importante des emplois autour de l’informatique et des flux importants de stagiaires à former.

Sujet à la mode mais avant tout tendance de fond sur le long terme, la mise en place de modes de gestion et management durables est voué à se généraliser à l’instar de la fonction qualité dans les années 1990. L’évolution des compétences induite se traduit encore une fois par l’intégration quasi-généralisée des bases de développement durable aux métiers, mais aussi par la création de postes techniques spécialisés dans le domaine.

Les français sont fréquemment raillés par leurs voisins pour leur manque de compétences et culture managériales et commerciales. Nous sommes un pays d’ingénieurs avant d’être des commerçants dans l’âme. Bien sûr caricatural, ce cliché qui a l a vie dure, n’est pas non plus totalement sans fondement. Les besoins sur ces domaines seront certes dopés par la nécessité pour les PME et grands groupes de capter de nouveaux marchés et augmenter leur effectifs mais aussi par le phénomène de l’entrepreneuriat. Il faudra diffuser largement la culture de l’entreprise et former au management et développement commercial un public toujours plus nombreux de porteurs de projets.

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 20

1.6.1- FORCES / FAIBLESSES DU TISSU ECONOMIQUE Les tendances générales présentées au chapitre précédent s’expriment et se traduisent bien évidemment au niveau régional. L’économie bretonne recèle cependant un certain nombre de potentialités et fragilités spécifiques déterminantes, pour identifier les enjeux propres au territoire. En limitant dans un premier temps l’analyse au tissu économique stricto sensu, le tableau de synthèse ci-après fait consensus :

POTENTIALITES FRAGILITES

• Un secteur industriel encore bien représenté ayant plutôt bien amorti la crise depuis 2009

• Une position de leader ou challenger dans des domaines clés : Agriculture et IAA au premier rang, STIC, activités liées à la mer

• Un secteur de la construction très dynamique

• Des relais de croissance, activités émergentes

• La présence de pôles et clusters : vecteur d’image et leviers d’innovation

• La culture du fonctionnement en réseau, des dirigeants et salariés attachés au territoire

• Un vaste tissu de PME et TPE maillant le territoire

• L’augmentation notable des créations d’entreprises

• L’essor de la métropole régionale, du littoral

sud

• Poids des industries dites « traditionnelles » : IAA, automobile, ….

• L’interdépendance potentiellement risquée

Agriculture Agroalimentaire • Des filières dépendant fortement de sièges

sociaux hors région (STIC, Automobile) • Une innovation et R&D encore insuffisantes

dans les PME • Une ouverture à l’international restant à

travailler : export dans les PME, niveau des IDE sur la région

• La faible densité des entreprises de taille moyenne, ETI

• Une problématique majeure de transmission -reprise

• La situation plus délicate des zones Nord /

Centre / Ouest

La prospérité économique d’un territoire ne dépend pas uniquement des caractéristiques intrinsèques du tissu économique. Les dynamiques démographiques, les grands projets d’infrastructures, la qualité des ressources humaines et de l’appareil de formation conditionnent la capacité de sortir par le haut du phénomène de mutations économiques. S’agissant de ces variables « périphériques », la Bretagne présente un bilan contrasté brièvement décrit en page suivante.

1.6 – ENJEUX POUR L’ECONOMIE BRETONNE

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 21

FORCES FAIBLESSES

• Une croissance démographique importante • Une main d’œuvre qualifiée, un bon niveau

d’étude

• La dynamique associative et culturelle • Le pôle formation supérieure et recherche :

poids, compétences, répartition sur le territoire régional

• Une façade maritime source de développement : ressources marines, fonction logistique, tourisme et économie résidentielle

• Le réseau de villes moyennes

• Le volontarisme affiché sur le déploiement du Très Haut Débit

• La politique de soutien à l’économie au sens large, moyens publics historiquement fléchés vers l’innovation et la recherche

• Identité Bretonne, sens de l’intérêt « régional »…..

• Le vieillissement marqué de la population • Une proportion restant importante de

métiers peu qualifiés, réputés difficiles

• L’attractivité pour les cadres sur certains métiers et territoires

• Un niveau de valorisation économique insuffisant du potentiel recherche

• Une position qui reste périphérique, des connexions encore insuffisantes et pas assez rapides vers les grandes métropoles européennes

• Très Haut débit, pas d’avantages

concurrentiels aujourd’hui

• …..rivalités persistantes entre territoires ?

Le sujet de la gestion de l’espace mérite un chapitre spécifique. La rareté des ressources, citée comme facteur structurant en termes de prospective long terme se traduit dès aujourd’hui et de manière très concrète sur le territoire Breton. Le foncier attractif commence cruellement à faire défaut, les conflits d’intérêt entre les usagers « population » « agriculture » et « entrepreneurs » augmentent. Dans cette course au foncier, les élus locaux en position de trancher sur l’affectation des espaces arbitrent encore de nos jours plus facilement en faveur de l’habitat et ou de l’économie résidentielle. Cette situation potentiellement très pénalisante pour le développement des activités industrielles pourrait prendre des proportions plus inquiétantes sous la conjonction d’un double phénomène. Tout d’abord, la réforme récente de la taxe professionnelle distend quelque peu le lien entre entreprises et territoires. A titre d’exemple, d’aucuns considèrent plus avantageux et moins risqué de créer un lotissement d’habitation que de programmer l’aménagement d’une zone d’activités logistique… Ensuite, le vieillissement de la population et le développement progressif d’une économie résidentielle (tourisme…) diminue les chances de décisions politiques en faveur d’une économie industrielle. Les élus se déterminent en effet par essence en fonction des choix de leurs électeurs. Enfin, peut-on ne pas citer les répercussions sur le territoire breton de la course à la ressource foncière agricole engagée sous la pression des grandes puissances émergentes comme la Chine ou l’Inde ? La création récente d’un établissement public foncier au service d’une réelle stratégie foncière régionale apparaît comme un atout majeur.

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 22

1.6.2 –ENJEUX STRATEGIQUES POUR L’ECONOMIE ET L’EMPLOI

BRETON (RAPPEL)

En prenant de la hauteur, la question même du « modèle » économique breton est posée. Jadis citée en exemple pour l’originalité de son système productif générateur de croissance forte et durable (composition du tissu économique et forme d’entrepreneuriat), et la rapidité de son rattrapage socio économique sur les quarante dernières années, la région ne serait-elle pas sur le point de perdre les fondements de cette spécificité ? Les derniers chiffres 2010 sur la croissance économique des régions montrent en tous cas un ralentissement inquiétant, la Bretagne se trouve ainsi décrochée du peloton de tête des territoires les plus dynamiques. Si le « modèle » n’a peut-être pas totalement disparu, il n’offre plus les mêmes gages de dynamisme.

L’exercice d’élaboration du Schéma Régional de Développement Economique en 2006 avait déjà donné l’occasion de mettre en évidence des enjeux stratégiques pour la Bretagne. Dans l’intervalle de temps, les caractéristiques du tissu économique n’ont pas fondamentalement changé. En outre, la majeure partie des tendances lourdes évoquées au chapitre 1.5 avaient déjà été prises en considération et appréhendées à l’époque pour la construction du SRDE. C’est donc assez logiquement que les enjeux stratégiques ici proposés s’inscrivent dans la continuité des thématiques soulevées en 2006 : Consolidation des secteurs traditionnels et émergence de nouveaux relais de

croissance : une double posture indispensable

Ouverture des entreprises vers l’international

Intégration et diffusion des principes de développement durable

Développement de la compétitivité et valeur ajoutée des entreprises par l’innovation et la formation

Emergence des ETI, stimulation du passage de seuil dans les PME (un levier pour conforter la compétitivité du tissu économique)

Mise en réseau des entreprises, intensification des démarches « cluster »

Accompagnement des évolutions démographiques et besoins de la population : nouveaux services à la personne….

Amélioration de la gouvernance économique régionale

Rappel des enjeux pointés dans le SRDE 2006

« L’accompagnement des mutations au sein des entreprises régionales pour les aider à faire

face aux transformations des marchés » « Un développement équilibré du territoire en lien avec les pôles et filières d’excellence en

région » « Le soutien à l’émergence de nouveaux relais d’une croissance durable »

« L’optimisation de l’allocation des ressources et la coordination des acteurs pour assurer un

pilotage concerté du développement économique régional »

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 23

INTRODUCTION

1 – DIAGNOSTIC ET ENJEUX

2 – QUEL MODELE ECONOMIQUE BRETON

3 – IMPACTS SUR LA FORMATION, LES METIERS

DE DEMAIN

CONCLUSIONS

ANNEXES

2 – QUEL « MODELE » ECONOMIQUE BRETON

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 24

Partant de l’idée que le « modèle » économique breton reste à réinventer, l’objet des travaux vise à dessiner une vision partagée de l’économie bretonne. Cette vision consensuelle, mais néanmoins ambitieuse, véritable ligne directrice, est nécessaire lorsqu’il s’agit de décliner une politique économique et un plan de formation cohérent. A l’instar de la plupart des démarches de prospective, plusieurs scénarios ont été élaborés avant de converger vers une projection commune et ambitieuse de l’économie bretonne.

2.1.1 – PRECISION SUR LA METHODE Contraintes et objectifs : une prospective raisonnable et pragmatique (?!)

Il faut revenir un instant sur les deux objectifs principaux de la démarche. Il s’agit en l’occurrence d’alimenter la construction du CPRDF et de jeter les bases d’une actualisation du SRDE. Dans ce contexte, le groupe de travail a écarté l’idée de se lancer dans un exercice de prospective classique éloigné de contingences opérationnelles et tourné vers un futur lointain et ésotérique. En l’occurrence, les scénarios d’évolution décrits correspondent à la période 2011-2016 concomitante avec la période d’application du CPRDF. S’agissant du scénario retenu, le présent document s’attache par la suite à en préciser les conditions de réalisation et les grands impacts en termes d’emploi et de qualification

Méthode d’élaboration : plusieurs scénarios mis en balance L’approche par scénarios suppose de réfléchir sur les valeurs prises par un grand nombre de variables et d’en proposer plusieurs combinaisons crédibles, cohérentes et plus ou moins probables. Comme évoqué plus en avant dans le document, ces variables couvrent un très large spectre : évolution de la société, contexte réglementaire, macro-économie, sans oublier les évolutions climatiques possiblement déterminantes. Compte-tenu de l’intervalle de temps assez court, certains facteurs ont été « neutralisés ». Autrement dit, nous avons considéré qu’ils ne connaitraient pas de fortes évolutions sur la période considérée. C’est le cas en particulier :

De la question climatique : lent changement sans évènements météorologiques dévastateurs et ses impacts sur l’agriculture bretonne par exemple

Du volet démographique : croissance démographique dans la lignée des prédictions de l’INSEE, pas de changement radical des politiques sociales ….etc.

Des tendances sociétales : confirmation voire intensification des phénomènes actuellement observés - demande de mobilité, préoccupation autour de la thématique Santé, nouveaux comportements inspirés par le développement

durable, maintien des équilibres consommationépargne au sein des foyers….etc.

Ces hypothèses paraissent raisonnables pour préfigurer l’économie bretonne de 2016, voire 2020. En revanche, il faudrait sans doute envisager des scénarios de rupture bien plus tranchés pour dessiner le paysage des emplois bretons en 2030/2040. Nous rappellerons enfin que les scénarios ont été construits et débattus lors des réunions du groupe projet, puis présentés lors d’une réunion plénière le 16 mars 2011.

2.1 – CONCEPTION DES SCENARIOS

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 25

2.1.2 – PRESENTATION TROIS SCENARIOS RETENUS Des prédictions sur chaque variable aux scénarios économiques Ces contraintes et principes posés, 3 scénarios se sont dégagés : Un scénario « Fil de l’eau » fondé sur l’hypothèse que les tendances observées

ces 5 dernières années devraient continuer, sans à-coups majeurs Un scénario « Accélération des mutations économiques » reposant, pour

simplifier, sur une amplification des pertes d’emploi sur les secteurs en prise avec la concurrence mondiale.

Un scénario « Renouveau de la base productive » imaginant une compétitivité avérée des entreprises bretonnes commercialisant des biens et services en dehors du territoire dans un environnement international devenu moins défavorable

La place tenue par le secteur industriel et les services aux entreprises semble en effet structurante pour définir l’économie bretonne de demain. Des projections chiffrées sur l’emploi ont été associées à chacun des scénarios (cf. annexe 2.3). Les limites de l’exercice L’exercice de prévision, par nature difficile, devient extrêmement périlleux dans un environnement international aujourd’hui très chaotique. Même sur une durée de cinq ans, trois paramètres véritablement cruciaux pourraient certainement mettre à mal les scenarios économiques ici établis.

Premièrement, le coût de l’énergie (pétrole) est historiquement un facteur discriminant pour la croissance économique mondiale et pour les pays importateurs en particulier. L’actualité récente, accident nucléaire et troubles politiques dans les pays producteurs de pétrole, conforte l’idée d’une grande volatilité du prix du baril de pétrole sur les prochains mois. Un pétrole à 200 $ / baril nous plongerait sans doute dans une sévère récession mais offrirait en contrepartie des arguments solides pour une relocalisation partielle des emplois industriels a proximité immédiate des lieux de consommation. Plus généralement, le prix des matières premières alimentaires notamment est une deuxième source réelle d’inquiétude. L’hypothèse d’une crise alimentaire importante et son cortège de troubles sociopolitiques ne peut être en effet écartée. A l’échelle bretonne, l’avenir du complexe agro-agri s’en trouverait largement impacté. Troisième épée de Damoclès, la solvabilité des dettes souveraines menace à tout moment d’une nouvelle crise économique et financière. Une telle crise, avec ses impacts sur la croissance, conduirait à des pertes d’emploi très significatives bien au-delà des projections déjà pessimistes du scénario « accélération des mutations économiques ».

Par ailleurs, l’apparition d’une crise importante sur un des secteurs clés de l’économie bretonne n’a pas été retenue comme hypothèse de travail, qu’il s’agisse de la conséquence de la survenance d’un des trois événements évoqués ci-dessous, ou d’un phénomène « isolé » déconnecté des grandes tendances macro-économiques (cf. annexe 1).

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 26

2.2.1 – PRESENTATION SYNOPTIQUE DU SCENARIO La fiche de synthèse ci-dessous présente les grandes lignes du scénario baptisé « fil de l’eau »

Présentation du scénario

● Hypothèses sous-jacentes : maintien du trend actuel hors crise 2009/2010

Croissance mondiale moyenne tirée par les pays émergents

Démographie dynamique en Bretagne à l’image des projections de l’INSEE

● Conditions de réalisation : pas de ruptures lourdes dans les politiques économiques mondiales, évolution lente desphénomènes climatiques

● Continuation de la tertiairisation de l’économie à un rythme cependant raisonnable

Reprise du rythme tendanciel ante-crise 2009, tiré principalement par la dynamique démographique

Opportunités et menaces liées

Impact sur les emplois et qualifications

● Emergence de nouveaux métiers => cf. plus en avant dans le document

Transversaux à toutes les filières économiques

Spécifiques à telle ou telle filière

● Maintien probablement d’un niveau de chômage élevé

OPPORTUNITES MENACES

• Mutation progressive du tissu économique, absorption fil de l’eau des besoins d’évolution par l’appareil de formation

• Capacité à se projeter dans le moyen terme, anticiper les évolutions sur un plan quantitatif

• Problème d’attractivité, compétences sur les métiers industriels ?

• Chômage, accidents industriels sur certains bassins d’emploi

• Fragilisation accrue de la filière agro-agri avec les pertes d’emplois à la clef (filière viande…)

2.2.2 – SCENARIO « FIL DE L’EAU » : PRECISIONS ET COMMENTAIRES

Macro-économie (échelle mondiale et nationale) : un contexte toujours agité mais sans rupture

L’instabilité géopolitique mondiale est un fait acquis et intégré dans le scénario fil de l’eau. Pour autant, hypothèse est faite que cette instabilité ne génère pas de véritables révolutions sur le champ économique. Dans le détail, les paramètres clés, déterminants pour les équilibres économiques mondiaux conservent des valeurs proches du statu quo

La croissance du PIB mondial reste au voisinage de 4 % par an, tandis que les pays européens occidentaux plafonnent, la France en particulier, entre 1 et 2,5 % par an.

Le scénario n’envisage pas de nouvelle crise financière insoluble liée à la problématique des dettes souveraines; la notation de la dette française en particulier reste bon an mal an stable, et les banques centrales relèvent progressivement leurs taux d’intérêts de base.

Sur le terrain des changes, peu d’évolutions de la parité euro/dollar qui reste dans la fourchette connue ces dernières années

L’équilibre et la compétitivité relative des différents bassins industriels mondiaux ne sont également pas remis en cause par la variation du prix du baril de pétrole entre 80 et 120 dollars.

Au plan national, le pays ne connait aucune « rupture » majeure en termes de réglementation sociale ou fiscale (exemple de la durée légale du travail).

2.2 – S0 / SCENARIO « FIL DE L’EAU »

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 27

En définitive, les constats observés depuis 15 ans restent d’actualité dans ce scénario fil de l’eau :

Tertiairisation de l’économie, développement des services à la personne Difficulté pour les entreprises productives de lutter avec les pays émergents ….etc.

Micro-économie (échelle bretonne) : pas de turbulences majeures

A l’image d’un contexte macroéconomique marqué d’une relative stabilité, l’environnement économique breton ne connait de rupture brutale. Les phénomènes de délocalisations lentes dans les industries et les services perdurent mais sont partiellement compensés par les nouveaux marchés de la croissance verte et des services liés à l’économie résidentielle. Globalement, on assiste en Bretagne à une relative résistance des filières industrielles favorisée par une reprise moyenne de l’économie mondiale. Les pertes d’effectifs restent mesurées. Les grands groupes industriels internationaux présents en Bretagne ne modifient pas substantiellement leur stratégie industrielle et restent fidèles au territoire. L’agriculture, malgré la fragilité actuelle des exploitations, ne subit pas de pertes de substance lourdes, notamment grâce à la mutation en douceur de la PAC avec des amortisseurs et des phénomènes de compensation. On peut imaginer de surcroît le ralentissement de la spéculation sur les matières premières.

Un scénario sans catastrophe mais pour autant peu satisfaisant

La lecture du tableau « opportunités/menaces » de la page précédente laisse transparaître un bilan plutôt morose, avec quelques faits marquants. La conséquence première et la plus visible est le maintien selon toute vraisemblance d’un taux de chômage élevé. La croissance démographique ne suffit pas à compenser la mollesse de la croissance économique, l’économie résidentielle et la sphère publique ne peuvent absorber l’érosion des effectifs de l’économie productive. D’autant que les revenus de transfert et la sphère publique sont rattrapés par les effets de la crise de la dépense publique et leur nécessaire réduction. De nouveaux plans sociaux sont probablement à déplorer, sans commune mesure certes avec le rythme connu ces dernières années, accentuant à coup sûr les écarts de richesses entre les territoires bretons. Pour revenir un instant sur la production agricole, quelques inquiétudes subsistent malgré tout quant au maintien d’activités aujourd’hui très fragiles, même si l’ampleur du phénomène devrait rester modeste. Sur un plan plus qualitatif, cette projection fil de l’eau masque néanmoins des évolutions assez profondes en termes de besoins de compétences, métiers et formations sur le territoire. Ces conséquences, qui sont détaillées en partie 3 du document, sont comparables d’un scénario à l’autre car liées à des tendances économiques et sociétales lourdes. Leur ampleur diffère par contre selon les scénarios.

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 28

2.3.1 – PRESENTATION SYNOPTIQUE DU SCENARIO

Présentation du scénario

● Hypothèses sous-jacentes : perte croissante de compétitivité industrielle non compensée par le développement de produits à valeurajoutée

Concurrence accrue des pays en voie de développement, déplacement des centres de gravité des marchés en dehors de l’Europe

Démographie dynamique mais ralentie sans doute par l’affaiblissement de la base productive

● Conditions de réalisation : peu ou pas de barrières aux délocalisations : augmentation lente du coût des énergies, croissance trèsmodérée des niveaux de vie dans les pays à bas coût de main d’œuvre (pas de rattrapage)

● Perte importante de substance industrielle sur Bretagne, dans le sillage de la crise de 2008/2009

Opportunités et menaces liées

Impact sur les emplois et qualifications

● Emergence de nouveaux métiers : des évolutions plus ou moins marquées selon les scénarios mais des constantes

● Question critique de repositionnement des salariés peu ou moyennement qualifiés

● Augmentation des besoins de personnel dans la sphère publique (assistance, accompagnement des publics en difficulté )

● Flux d’auto-entrepreneurs à gérer ?

OPPORTUNITES MENACES

• Développement néanmoins des activités de services, mais ralenti

• Exploitation du potentiel touristique régional ? Image « résidentielle » confortées, génératrice de nouvelles migrations

• Densification de l’offre de service de proximité créatrice d’emploi

• Effort mis sur le développement de nouvelles filières à forte valeur ajoutée : EnR, Biotechnologies…

• Appauvrissement global du territoire, freinant le dynamisme démographique et le développement de l’économie résidentielle

• Chômage important à déplorer sur les populations de techniciens et ouvriers qualifiés

• Développement des emplois précaires et faiblement rémunérés

• Métropolisation et accélération des différences territoriales

2.3.2 – SCENARIO « ACCELERATION DES MUTATIONS ECONOMIQUES » : PRECISIONS ET COMMENTAIRES

Conditions de réalisation, signes avant-coureurs

L’accélération des mutations économiques est un phénomène complexe dû à un grand nombre de facteurs interagissant, difficile à résumer en quelques indicateurs. Néanmoins, une combinaison de quatre facteurs porte les germes d’un avenir assez sombre :

L’absence de régulation mondiale en matière de commerce international Des parités monétaires défavorables Un coût de l’énergie contenu et sans influence majeure sur le coût des

importations

Le manque de marge de manœuvre sur les financements publics en Europe Sous l’effet de cette combinaison de facteurs, le modèle économique mondial de spécialisation des territoires et en particulier des économies occidentales se confirme et s’accentue, encouragé par la proportion toujours marginale des frais de transports et taxes dans le coût global de mise sur le marché d’un produit ou d’une prestation. Les BRICS et autres pays en développement poursuivent leur forte croissance économique. L’inflation et les salaires de ces pays sont maitrisés et leur croissance est dorénavant relayée par une solide demande intérieure.

2.3 – S1 / SCENARIO « ACCÉLÉRATION DES MUTATIONS ÉCONOMIQUES »

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 29

Probabilité et légitimité du scénario

Ce scénario « repoussoir » n’est pas totalement infondé. Primo, de lourdes menaces pèsent au niveau européen : la croissance y est anémique et les problèmes des déficits publics limitent de fait :

Les capacités d’actions pour stimuler la demande intérieure Les possibilités de soutien aux entreprises pour les aider dans leur effort de

productivité et compétitivité Secundo, Les autres hypothèses citées plus hauts – problème de gouvernance mondiale, dollar bon marché - ne sont pas non plus complètement farfelues. Ce scénario semble par ailleurs en grande partie inscrit dans les stratégies convergentes des grandes institutions internationales et des grandes firmes multinationales du CAC 40, misant sur les marchés en croissance. Enfin, la Bretagne, pourrait être pénalisée par sa situation périphérique par rapport aux grands marchés mondiaux et européens, les investisseurs privilégiant les grandes métropoles européens et/ou les sites au cœur des marchés européens à forte croissance (délaissant les sites « périphériques).

Un scénario de crise grave, de lourds besoins de formations

Les conséquences sociales et territoriales sont multiples : le chômage monte, certains territoires se « dévitalisent », l’inadéquation offre /demande en termes d’emplois s’accentue…etc. Ces mutations économiques induisent une augmentation considérable des besoins en formation continue dans une optique de reconversion, voire d’occupation, des salariés, phénomène accru par la baisse importante de la population d’ouvriers et la précarisation des métiers et des emplois. Seul point positif, un tel scénario oblige à développer rapidement des secteurs économiques émergents, domaines d’activités en marge des stratégies de compétitivité par les coûts …à condition de disposer des moyens nécessaires pour investir massivement sur ces nouveaux secteurs.

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 30

2.4.1 – PRESENTATION SYNOPTIQUE DU SCENARIO En résumé, les entreprises françaises, et a fortiori bretonnes, positionnées sur des marchés extérieurs deviennent de fait plus compétitives sur leur marché.

Présentation du scénario

● Hypothèses sous-jacentes : maintien d’une activité industrielle forte en Bretagne,

Renforcement de la compétitivité des entreprises bretonnes

Capacité des industriels à se diversifier vers de nouveaux marchés porteurs

Equilibre maintenu du complexe agro-industriel breton, intérêt confirmé des groupes internationaux pour les sites de production bretons

● Conditions de réalisation : montée en puissance des exigences sociétales et environnementales garantissant la compétitivité des produits industrielseuropéens, nouvelles règles du jeu pour le Commerce International, développement des qualifications et compétences…

● Répartition des grands secteurs (industrie / production / service) proche au scénario fil de l’eau, nombre d’actif en revanche plus important

Opportunités et menaces liées

Impact sur les emplois et qualifications

● Emergence de nouveaux métiers : des évolutions plus ou moins marquées selon les scénarios mais des constantes

● Problématique de gestion des cycles de productions

● Solutions à trouver pour pourvoir des emplois d’ouvriers qualifiés

● Montée en compétence à tous les niveaux, flexibilité et mobilité dans les parcours

● Augmentation du nombre d’actifs (solde migratoire positif….)

OPPORTUNITES MENACES

• Gestion fil de l’eau et incrémentale de l’appareil de formation breton

• Résorption progressive du chômage tirée par la croissance démographique et l’économie résidentielle rendu possible par un socle industriel toujours solide

• Cercle vertueux : augmentation du pouvoir fiscal => moyen de fixer de nouvelles fonctions de services localement => attractivité accrue des territoires….

• Difficulté de recrutement, problème sur les IAA du fait d’une offre métiers / emplois plus favorable ?

• Accident industriel de grande ampleur toujours possible..

• Image industrielle pénalisante pour le tourisme et la venue de nouvelles populations (retraités…) ?

2.4.2 – SCENARIO « RENOUVEAU DE LA BASE PRODUCTIVE » :

PRECISIONS ET COMMENTAIRES

Conditions de réalisation, signes avant-coureurs

Le scénario « Renouveau de la base productive » se situe symboliquement à l’opposé du précédent, considérant d’une certaine manière que le scénario fil de l’eau occupe une position médiane entre ces deux scénarios plus tranchés.

Naturellement, ce modèle se fonde sur des hypothèses très différentes pour ne pas dire inverses de celles retenues pour justifier le phénomène d’accélération des mutations économiques : l’Europe échappe à une nouvelle crise financière, les parités de change nous sont plus favorables, et le coût important des transports invite les investisseurs à réfléchir sur des relocalisations d’activités2.

D’autres facteurs sociétaux et politiques peuvent faire pencher la balance vers cette vision économique. Les populations des pays en voie de développement, des compétiteurs farouches pour les entreprises productives françaises, voient leur pouvoir d’achat augmenté et adoptent progressivement des modes de vie permettant de satisfaire des besoins moins élémentaires (place des loisirs).

2Il ne faut cependant pas perdre de vue que l’augmentation du coût de l’énergie s’est jusqu’ici traduite par la perte de points de croissance pour les pays importateurs. Compte tenu de notre niveau d’indépendance, l’augmentation du prix du baril reste encore très handicapante quoique positive par certains aspects.

2.4 – S2 / SCENARIO « RENOUVEAU DE LA BASE PRODUCTIVE / DEVELOPPEMENT EQUILIBRE »

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 31

En France et en Bretagne, la prise de conscience environnementale assortie de choix politiques volontaristes redonne un avantage compétitif aux entreprises de proximité capables d’assurer la traçabilité des produits et mettre en avant des bilans carbone très positifs. Enfin, la qualité de vie, le coût global d’implantation, la réduction des temps de trajet (LGV…)…. etc. permettent aux métropoles de province de prendre le pas sur la région capitale. L’hypothèse est osée car la réduction des temps de transport pourrait avoir l’effet inverse encourageant les provinciaux à organiser des trajets quotidiens vers la capitale. Le caractère plausible d’un tel scénario repose également sur la manifestation d’un très fort volontarisme politique, tant au plan mondial par la mise en œuvre de mécanismes nouveaux et puissants régulation des marchés, européen par le renforcement de la gouvernance européenne, nationale par le renforcement des politiques industrielles et la relance d’une réelle politique d’aménagement du territoire et enfin, régionale.

Probabilité et légitimité du scénario

La Bretagne présente des prédispositions indéniables pour maintenir une activité industrielle forte sur son territoire :

Des entrepreneurs attachés au territoire, impliqués dans le développement économiques ; des salariés qualifiés fidèles et engagés

Des filières intégrées et par conséquent moins mobiles et délocalisables à l’image de la filière agroalimentaire

Des secteurs dépendant certes de centres de décisions hors région mais soit bien ancrés par la présence de dynamiques de réseaux efficaces (Pôles de compétitivité notamment) soit largement captifs de la géographie du territoire en particulier sa façade littorale (ex : économie maritime)

Les arguments sont crédibles dans une perspective de moyen terme, il n’est pas certain par contre que le rapport de force sur l’échiquier mondial nous soit favorable sur les quatre à cinq prochaines années.

Une croissance retrouvée, des équilibres préservés

Ce scénario présente les plus fortes garanties à court et long terme d’un maintien d’une économie dynamique en Bretagne. Il permet en outre une adaptation progressive et sereine de l’appareil de formation

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2.5.1 –SCENARIO PREFERENTIEL POUR LA BRETAGNE Le scénario 2, intitulé « Renouveau de la base productive » s’est imposé au fil des échanges avec les acteurs bretons. Plusieurs raisons motivent ce choix. Il s’agit d’une part de la vision la plus optimiste et par conséquent la plus facile à porter et défendre. Sur la base du vieil adage « quand on veut on peut », il est primordial d’opter pour une vision ambitieuse et de construire des dispositifs de soutien en conséquence tout en restant lucide sur la capacité d’inflexion locale des grandes évolutions macro-économiques internationales. C’est aussi une vision plus politique au sens premier du terme de l’avenir du territoire. La majorité des acteurs concertés s’accorde à dire qu’une économie bretonne complètement tournée vers la sphère résidentielle est une option qui porte en son sein plus d’inconvénients que d’avantages. Le principe de fluidité de la redistribution des revenus (transferts sociaux) à l’échelle d’un territoire comme la France avec des régions bénéficiant largement de richesses captées à une autre échelle pourrait être remis en cause. Qu’adviendra-t-il par exemple du pouvoir d’achat des retraités, futur moteur du fonctionnement de l’économie résidentielle ? Les politiques sociales seront-elles toujours aussi « sécurisantes » dans un contexte de finances publiques très tendues ? D’autre part, même si la fragilité de son « modèle » économique à plusieurs fois été évoquée, la Bretagne conserve des atouts réels, différenciateurs capables d’amortir le phénomène de mutations économiques, qui simplifié à l’extrême, se traduit en nos régions par une baisse des effectifs de l’industrie. Est-il pour autant le scénario le plus probable ? Peut-être pas à court terme sur la période qui nous intéresse, tant les menaces d’ordre macro-économique sont prégnantes et la lutte parfois inégale sur les marchés internationaux. A long terme en revanche, le pari d’un rééquilibrage entre des échanges mondiaux débridés et généralisés et la (re)création d’économies de proximité mérite d’être tenté. Quoi qu’il en soit, l’ensemble des forces économiques bretonnes veut largement croire à ce scénario gage du maintien d’une véritable identité bretonne et tout mettre en œuvre pour que cette ambition économique se concrétise.

2.5 – DU SCÉNARIO PLAUSIBLE AU SCÉNARIO SOUHAITABLE : VISION ECONOMIQUE PARTAGEE

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 33

2.5.2 – PRESENTATION DE LA VISION ECONOMIQUE PARTAGEE

Des hypothèses, un constat fondateur

La vision de l’économie bretonne proposée résulte bien de la confrontation des grandes tendances macro-économiques, auxquelles le territoire ne peut se soustraire, des spécificités bretonnes et d’un choix volontariste. Au-delà du choix du scénario 2 « Renouveau de la base productive » éminemment structurant, un constat préalable sous-tend également le raisonnement et la logique de cette vision.

Le développement de nouvelles activités, promises à de fortes croissances selon les économistes, ne saurait compenser, dans une perspective de court et moyen terme, les pertes d’effectifs probables sur les secteurs dits « traditionnels » dans l’hypothèse où ils ne seraient soutenus dans leurs efforts de compétitivité.

Autrement dit, une stratégie pariant sur une mutation rapide du tissu économique vers les secteurs d’avenir ou réputés comme tel - économie de la connaissance, éco-activités – dans une logique de substitution, en focalisant les moyens sur ces filières prometteuses paraît extrêmement risqué. Rares sont les start-ups qui dépassent les 5 salariés au bout de trois ans d’existence, a contrario les plans sociaux dans des entreprises en difficulté sur des secteurs très concurrentiels concernent parfois plusieurs centaines de salariés.

La vision économique bretonne en un coup d’œil

L’ensemble de la vision est résumée dans le synoptique ci-dessous :

1) Le maintien d’une activité productive et industrielle forte

Le soutien à des activités socle de l’économie bretonne (Agro-Agri, automobile, navale…) …

…L’appui à la diversification vers de nouveaux marchés (fabricants et sous-traitants)

Un positionnement volontariste sur des secteurs émergents (EnR

marines, biotechnologies, nouvelles formes de mobilité)

2) La densification des activités de proximité et de services

La conversion progressive du secteur du BTP aux nouvelles normes et attentes sociétales

Un tissu TPE, commerces et artisanat conforté Des services à la personne compétitifs et participants à l’attractivité

globale du territoire L’investissement sur le secteur du tourisme

L’intégration massive des principes de développement durable

L’aide aux entreprises pour se positionner sur les marchés de la croissance verte

Le soutien aux projets, la structuration de

nouvelles filières La stimulation de la demande via les

politiques connexes de la Région

Une forte valorisation des TIC dans l’économie bretonne

Un secteur à forte croissance (macroéconomie) Un rôle diffusant, fonction support pour

l’ensemble du tissu économique)

Un « modèle » économique breton. Des spécificités… Des évolutions économiques et sociétales majeures à l’œuvre

Une mutation rapide et radicale du tissu productif ? …. hypothèse improbable et très risquée en termes d’emploi

Une politique de développement économique ajustée, des formations adaptées (CPRDF)..

Le rôle crucial de la logistique

Les différentes composantes de cette vision économique sont détaillées dans les pages suivantes.

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 34

La description de la vision économique bretonne aborde les grandes composantes séparément en gardant bien entendu à l’esprit que ces dernières - activités productives et résidentielles en particulier - loin d’être en opposition sont parfaitement complémentaires et interdépendantes. La consolidation d’une activité productive et industrielle forte Une des clés de la vision économique repose sur la volonté de consolider une activité industrielle et productive forte en région, véritable socle de l’économie bretonne. Plusieurs arguments soutiennent ce parti pris. En premier lieu, l’idée qu’une croissance pérenne s’appuie sur un équilibre des activités résidentielles et productives à l’échelle d’un territoire rassemble une majorité d’acteurs en Bretagne. Deuxièmement, l’industrie bretonne continue de receler des savoir-faire et compétences exemplaires sur quelques filières, dont le caractère stratégique est fortement mis en lumière par la crise (activités alimentaires et maritimes notamment) qui lui confèrent un avantage concurrentiel réel à préserver. Le projet de maintien à un haut niveau des activités agricoles et industrielles ne relève pas d’un pur choix affectif se résumant à préserver le patrimoine historique et culturel ! Troisièmement, le terme d’industries traditionnelles s’avère très réducteur et parfois trompeur. Au sein de chaque secteur réputé fragile, les opportunités de rebond demeurent nombreuses et des activités de niches, souvent au croisement des filières, connaissent toujours des croissances importantes. C’est enfin un pari sur le long terme. Le coût inflationniste de l’énergie et l’augmentation des niveaux de vie dans les pays en voie de développement devrait probablement conduire à relocaliser a minima certaines activités productives à proximité des lieux de consommations. Le soutien aux activités socles de l’économie bretonne tient une place privilégiée dans ce modèle favorable au renouveau des activités productives. La valorisation prioritaire des filières « alimentaires » au sens large relève de la volonté de tirer le meilleur profit de l’avantage comparatif numéro un de la Bretagne. De même, la valorisation des activités liées à la mer apparaît-elle comme une opportunité de premier rang pour la Bretagne. A coté du secteur agro-agri, les filières automobile, navale, nautisme mériteront bien entendu d’être soutenues dans leur quête de compétitivité sur des marchés très concurrentiels. Il convient ici d’être très clair sur le fait que l’objectif de consolidation des secteurs socles n’est en rien un objectif conservateur. De fait, cette consolidation implique de constants effort de compétitivité dans un contexte ultra concurrentiel, passant notamment par les deux enjeux liés de l’innovation et de l’internationalisation de ces filières. Parallèlement aux efforts de productivité à fournir pour conserver ses parts de marchés sur les secteurs clients historiques, les entreprises - PME sous-traitantes en particulier - sont aussi contraintes de préparer activement la diversification de leur portefeuille client. Les deux approches ne sont pas antinomiques bien au contraire. En outre une action trop compartimentée, « en silo » par filière, consiste à nier les bénéfices et la réalité de la transversalité entre les métiers et les secteurs. L’innovation et l’emploi se logent en effet très souvent aux croisements de technologies, et de savoir-faire de secteurs différents.

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 35

Une action offensive et opiniâtre en direction des activités phares de la Bretagne doit s’accompagner d’une aide à la maturation des secteurs d’avenir, notamment liés aux enjeux du développement durable, démarche de longue haleine. Le développement de nouvelles filières nécessite des moyens importants pour assister individuellement des entreprises fortement consommatrices de capitaux et un investissement conséquent des acteurs publics pour structurer de nouvelles filières : mise en réseau, ingénierie de projet, formation, aide aux financements d’équipements structurants…etc. Les énergies marines renouvelables, l’algoculture, les biotechnologies, la mobilité décarbonée figurent parmi les filières de demain, les plus prometteuses pour la Bretagne. La liste n’est pas exhaustive, en revanche des choix paraissent inévitables afin de concentrer les moyens d’intervention.

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 36

La densification des activités de proximité et de services S’engager en faveur des activités productives, n’empêche pas de croire au développement des activités de service sur le territoire. Au contraire, ces dernières activités apparaissent bien souvent comme d’indispensables activités supports au développement industriel. Rappelons que les services représentent aujourd’hui 73 % des emplois bretons, leur croissance en valeur absolue ne devrait pas faiblir sur les prochains mois. Largement dépendant de facteurs partiellement hors de contrôle pour les décideurs régionaux - croissance démographique, politiques fiscales et sociales au plan national… -l’essor de ces activités nécessite aussi une action concertée et ciblée des acteurs locaux. Dans la vision économique issue de nos échanges et débats, la densification des activités de proximité et de services se décline notamment en quatre volets.

- Les activités du bâtiment s’engagent dans une conversion radicale et massive aux nouvelles normes et attentes sociétales. L’application des principes de développement durable et les engagements du Grenelle de l’environnement supposent l’introduction de nouvelles pratiques, méthodes, cultures au sein de la profession. Les pouvoirs publics encourageront ses transformations sous différentes formes. Les enjeux de l’éco construction et de l’éco rénovation apparaissent comme une formidable opportunité pour le secteur et les TPE et PME qui y contribuent.

- Le tissu de PME, commerces et artisanat, est garant du maintien des emplois

partout sur le territoire et en cela un facteur déterminant d’aménagement du territoire. Les très petites entreprises qui le constituent sont confrontées à des enjeux spécifiques, notamment liés à leur taille. Leur accompagnement, en particulier dans des dispositifs collectifs, sur des problématiques d’innovation organisationnelle, de développement de compétences marketing ou financières, d’intégration de compétences business est une priorité pour les conforter et réduire leur forte vulnérabilité.

- L’attractivité d’un territoire repose aussi sur des services à la personne

compétitifs et en phase avec les tendances sociodémographiques. En filigrane, se profilent entre autres les questions du vieillissement de la population, du maintien des services de proximité en milieu rural, de la problématique de la petite enfance. Au-delà de l’enjeu fort de la professionnalisation croissante de ces filières, souvent liées au monde associatif, leur solidification pose pleinement la question de leur modèle économique et de leur solvabilité dans un contexte où la demande sociale s’accroit quand les finances publiques se tendent.

- Dernier volet mis en avant dans cette composante de la vision économique relative

aux services, le tourisme justifie une attention particulière, du fait de ses fonctions multiples : secteur économique pourvoyeur de valeur et d’emplois, secteur de diversification pour de nombreuses activités du monde rural, vecteur d’image et d’attractivité fort pour la région, facteur d’équilibre et d’aménagement du territoire enfin. La Région peut capitaliser sur des atouts reconnus et distinctifs, une image clairement établie et enfin un très fort capital sympathie auprès du grand public.

*****

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 37

Les deux premiers chapitres de cette description de la vision économique permettent de couvrir l’essentiel du tissu économique. Les participants au projet ont souhaité s’affranchir d’une présentation binaire et trop rigide du modèle économique en mettant en lumière trois points particuliers : la nécessité d’aborder le virage du développement durable, la position atypique des TIC en Bretagne, l’importance de la logistique. La position atypique des TIC dans l’économie bretonne Le secteur des TIC en Bretagne n’entre pas dans la segmentation classique « industries traditionnelles » et « filières d’avenir ». Les politiques d’aménagement du territoire des années 60 ont permis l’implantation de centres de R&D et production d’entreprises publiques appartenant aux secteurs informatiques et télécom. D’autres sociétés sont venues ensuite grossir les rangs des effectifs TIC sur le territoire et compléter la gamme de savoir-faire et technologies. La labellisation du pôle de compétitivité Images et Réseaux en 2005 a confirmé le leadership de la région Bretagne sur certaines technologies clés porteurs d’avenir. La création de l’institut Bcom devrait encore renforcer ce positionnement. Les dynamiques propres à cette filière ont été largement analysées dans le cadre de la stratégie de filière élaborée au sein de l’AEB, soulignant ses spécificités fortes :

La diversification forte de ses activités, partant de la Bretagne des Télécoms pour aller vers le développement d’activités électroniques, internet et informatiques nouvelles,

L’existence d’une double dimension de la filière, liant activités consommatrices de TIC, c'est-à-dire toutes celles qui en font usage, notamment pour des activités de service et des activités productrices, c'est-à-dire celles qui sont produites en région et s’exportent dans le monde entier,

La double fonction de cette filière, à la fois secteur économique à part entière, développant sa propre chaine de valeur et secteur transversal, ayant vocation à participer à la performance des autres filières dans le croisement de ses savoir faire technologiques avec les enjeux de marché ou sociaux qui sont les leurs : TIC et IAA, TIC et défense, TIC et santé, TIC et mer etc…

De l’avis général des prévisionnistes, la croissance des emplois dans le secteur ne devrait pas fléchir, relativement épargnée par les crises économiques et tirée par la demande des particuliers et des entreprises. Filière historique et structurante du territoire, secteur potentiellement créateur de nouveaux emplois en région, compétences déterminantes pour le développement de la performance d’autres filières régionales, les arguments ne manquent pas pour justifier la continuité d’une politique économique et scientifique offensive en faveur du secteur.

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Le rôle crucial de la logistique La position géographique périphérique de la Bretagne demande des infrastructures et facilités logistiques très performantes. Eloignées des grands bassins de consommation, en marge parfois des lieux de production de matières premières et composants industriels, les entreprises productives bretonnes doivent pouvoir s’appuyer sur une logistique sans faille pour rester compétitives dans un contexte général d’augmentation des coûts de transports. Là aussi, on soulignera la double fonction du secteur de la logistique, filière à part entière et en cela génératrice de valeur et d’emploi, mais également secteur support de compétitivité des autres activités industrielles bretonnes dont, au premier rang les IAA. Il convient de souligner combien la logistique est une des clés essentielles de l’avenir des industries alimentaires bretonnes. Les enjeux spécifiques de cette dernière filière et la concurrence exacerbée à laquelle elle doit faire face imposent à la Bretagne comme une absolue priorité de développer une excellence spécifique dans le domaine logistique. Cette problématique a été bien identifiée dans les différentes démarches stratégiques en matière d’IAA – second axe du contrat de filière - elle est aujourd’hui un axe important de développement du projet de la Région. L’intégration massive des principes de développement durable

Le développement durable est pour la Bretagne autant une obligation qu’une opportunité. Obligation au regard de la demande sociétale et des grands enjeux sociaux, générationnels et environnementaux auxquels nous sommes confrontés, relayés par des réglementations en forte évolution. Opportunité au regard des activités nouvelles induites par ces enjeux, des relais de croissance quelles représentent en réponse aux difficultés de certaines filières plus traditionnelles et des créations de nouveaux emplois attendues, sur certains sujets, dans des proportions importantes : développement des énergies renouvelables, généralisation des pratiques de recyclage, développement de l’éco rénovation… trois exemples parmi d’autres de nouveaux domaines créateurs nets d’emplois. A ces obligations et à ces opportunités, la Bretagne veut répondre par un fort volontarisme se traduisant par un accompagnement résolu d’une intégration massive des principes du développement durable. Les entreprises, tous secteurs confondus, doivent parallèlement adopter de nouveaux comportements, revoir leur processus de production et mettre sur le marché des produits moins nocifs pour l’environnement. La Bretagne offre par ailleurs un terrain d’expérimentation intéressant au travers de la gestion de la problématique littorale, et des mutations environnementales de l’agriculture. Pour encourager et accélérer cette mutation du tissu économique et profiter de la manne d’emploi potentielle, les acteurs bretons privilégient une politique pragmatique et ciblée articulée autour de plusieurs axes.

La plupart des régions multiplient les initiatives en faveur de la filière des éco-activités au sens large visant des retombées à moyen terme en termes emploi. La concurrence devient âpre entre territoires, avec des pôles déjà bien établis sur de nombreux sous-secteurs : solaires, éolien, traitement des déchets, qualité des eaux...etc.

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 39

La région Bretagne entend mettre l’accent sur les domaines pour lesquels elle peut revendiquer des compétences et initiatives spécifiques sur son territoire, représentant un potentiel particulier : elle a d’ores et déjà identifié les énergies renouvelables marines et les enjeux des mobilités décarbonnées. D’autres secteurs pourront être retenus, comme l’éco rénovation ou les technologies de traitement des eaux…. En complément du soutien volontariste à ces secteurs, les acteurs économiques encourageront la structuration de micro-filières en ligne avec les principes de développement durable (illustration : intégration de nouveaux matériaux moins impactant pour l’environnement dans des produits de grande consommation ou bien d’équipements).

L’appui à la diversification des PME vers les marchés de l’économie verte comme à leur forte intégration des enjeux du développement durable dans leur propre fonctionnement, via un soutien individuel ou collectif, offre un début de réponse (et responsable) pour maintenir des emplois potentiellement menacés. Les expériences, techniques et pratiques de management acquises au travers de collaborations de longue date avec des filières très exigeantes, automobile et navale par exemple, confèrent des bases solides pour les PME désireuses de pénétrer ces nouveaux marchés. Cette proposition fait écho à la préoccupation plus générale de diversification des entreprises intervenant sur des filières fragiles exprimée plus en avant dans le document.

La stimulation de la demande via la commande publique constitue aussi un levier efficace de diffusion du développement durable et de stimulation de l’émergence de filières de « production » locales. Les collectivités territoriales et acteurs institutionnels au travers de leurs investissements liés à l’exercice de leurs compétences - transports, infrastructures, logement…- peuvent favoriser largement l’essor d’entreprises très en pointe sur les questions de développement durable (volet environnemental en particulier) Le concept d’éco-conditionnalité des aides complète enfin l’action publique en direction du développement durable. Les critères d’attribution des aides aux entreprises intègrent dorénavant de nombreux indicateurs permettant d’apprécier le respect des principes de développement durable. Pratique louable, l’éco-conditionnalité des aides doit être déployée avec progressivité et discernement, en tenant compte de la taille et de la situation de l’entreprise. C’est dans cet esprit, que l’application du principe d’éco-conditionnalité se généralisera.

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 40

INTRODUCTION

1 – DIAGNOSTIC ET ENJEUX

2 – QUEL MODELE ECONOMIQUE BRETON

3 – IMPACTS SUR LA FORMATION, LES METIERS

DE DEMAIN

CONCLUSIONS

ANNEXES

3 – IMPACTS SUR LA FORMATION, LES METIERS DE DEMAIN

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 41

Le territoire breton n’échappera pas aux grandes tendances nationales évoquées en partie 1 du présent du document. Les échanges avec les représentants des principales filières du territoire ont d’une part fait ressortir des besoins de compétences transversaux sans surprise mais aussi pointé des enjeux très spécifiques aux filières bretonnes.

3.1.1 – COMPETENCES ET METIERS TRANSVERSAUX Un certain nombre de compétences et de métiers transversaux sont exposés dans la liste ci-dessous. Majoritairement non spécifiques à la Bretagne, ils reflètent les évolutions économiques et sociétales. La liste n’est pas hiérarchisée en volume ; la suite des travaux du CPRDF permettra de mieux calibrer les besoins.

Attaché commercial / commercial export

Chef/Gestionnaire de projet

Coordinateur de projet

Agent administratif

Médiateur scientifique

Conseiller en propriété intellectuelle et réglementation

Responsable innovation / ingénieur R&D

Ingénieur double compétence technique/commercial ou management

Spécialiste e-commerce

Informaticien

Logisticien

Responsable développement durable

Technicien de maintenance machinisme

Technicien de maintenance des systèmes automatisés

Technicien électronique/mécatronicien

Ces métiers transversaux traduisent en partie la tertiairisation de l’économie et témoignent bien souvent d’une augmentation des qualifications. Ils matérialisent aussi l’ouverture des marchés vers l’international et la volonté d’innover. Les marchés internationaux nécessitent que les commerciaux acquièrent et maitrisent, en plus des capacités de négociation commerciale, une connaissance pertinente (langue, fonctionnement, acteurs, législation, barrières,…) des marchés exports auxquels ils s’adressent. En outre, l’export est aujourd’hui la voie de développement primordiale pour les grandes filières bretonnes telles que la construction navale et le nautisme sans oublier les industries agroalimentaires. La notion de double-compétence, commerciale et technique prend de l’importance. Les créateurs et dirigeants d’entreprises bretonnes maitrisent sans conteste l’aspect « métier » de leur fonction (connaissance technique du produit…), en revanche les compétences marketing et commerciale pourraient être renforcées. Pour développer des innovations, de nouveaux profils sont requis. Excellent gestionnaire de projet, ce sont aussi des personnes capables de discuter et fédérer en interne des personnes de sensibilité très différentes.

3.1 – NOUVEAUX METIERS ET QUALIFICATIONS

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 42

Les évolutions technologiques marquent à l’évidence le paysage des emplois. La diffusion massive de technologies telles que l’électronique, la mécatronique (robotisation, automatisation,…) et l’informatique (conception assistée par ordinateur, gestion…) amène les entreprises à recourir de plus en plus à des compétences techniques élevées dans ce domaine. En dernier lieu, la percée escomptée de nouvelles filières devrait créer un appel d’air sur des postes très spécifiques. Les biotechnologies et les éco-activités en sont un bon exemple. Le scénario économique retenu impacte à double titre cette liste de compétences et métiers. Hypothèse la plus porteuse en termes de croissance, les besoins vont se faire sentir avec plus d’acuité. De plus, le maintien d’une base industrielle solide intensifiera les besoins sur des postes de techniciens, chefs de projet, responsables innovation entre autres.

3.1.2 – APPROCHE PAR FILIERES Le tableau ci-dessous récapitule, suite aux entretiens avec les experts filières bretons et la consultation de la bibliographie, des « manques » supposés sur les grandes filières étudiées. Evidemment non-exhaustive et demandant confirmation dans le cadre de travaux approfondis, elle met néanmoins en relief des métiers importants pour l’avenir des filières clés bretonnes.

Filières Métiers

TIC Architecte informatique

Spécialiste e-commerce

Automobile Electronicien / mécatronicien automobile

IAA

Conducteur de ligne intégrant compétences logistique, qualité et management

Acheteur grand compte et international

Encadrement intermédiaire

Nautisme Chef d’entreprise qualifié « Marketing, commercialisation, communication »

Technicien nouveaux matériaux et polymères

Agriculture

Conducteur de machine polyvalent

Agriculteur multi-compétent (boulangerie, construction, hébergement…)

Salarié agricole qualifié

Chef d’exploitation formé à « l’entrepreneuriat »

Incitateur d’agriculture biologique

Développeur de circuits courts

Services à la personne

Assistante maternelle

Aide à domicile

Référent qualité

Psychologue

BTP

Coordinateur de travaux

Chargé d’affaires durabilité des bâtiments à usage collectif

Conseiller diagnostiqueur

Responsable de la durabilité des bâtiments

Gestionnaire technique des bâtiments

Métiers du second-œuvre (particulièrement plombier-chauffagiste)

Technicien travaux assistés par ordinateur

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 43

Filières Métiers

Navale /

Energies renouvelables

marines

Assembleurs et soudeurs qualifiés

Tôlier / chaudronnier

Agent d’exploitation des parcs éoliens

Ingénieur environnement

Planification des parcs & développement de projets

Technicien infrastructures électriques

Ingénieur méthodes et procédés de fabrication

Grutiers, marins et plongeurs sous-marins

Electriciens habilités « haute tension »

Plieur / Charpentier métaux

La vision économique promue souligne l’importance de la logistique pour la Bretagne en tant que filière mais aussi en termes de compétences au sein des entreprises. En dehors des zooms par filière conduits dans le cadre de l’étude, la logistique suit et s’adapte elle-aussi aux tendances macro-économiques. On peut se référer en particulier aux travaux menés par AFPA transitions :

L’intégration des exigences du développement durable : éco-conduite, mobilité décarbonnée,…

L’interconnexion des process de production La diffusion grandissante des TIC : informatique embarquée, géolocalisation,

logiciels de gestion des entrepôts…

Les compétences attendues pour les métiers de la conduite englobent la maitrise d’outils informatiques (systèmes embarqués, gestion des marchandises et des déplacements,…) et encouragent globalement l’acquisition d’une double compétence (conduite et magasinage par exemple). Les métiers de la gestion des stocks, du pilotage des flux et de la maintenance voient aussi se développer les démarches de qualité, les outils de gestion informatique et les aptitudes commerciales.

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 44

3.2.1 – QUESTION DE L’ADEQUATION OFFRE-DEMANDE Outil de développement personnel des étudiants et salariés, la formation initiale et continue doit également répondre aux besoins de l’économie. Ainsi la présence en région de formations adaptées participe à la performance des entreprises du territoire. Très logiquement, les entrepreneurs citent la qualité des ressources humaines comme un des critères décisifs d’implantation sur le territoire. La performance de l’offre de formation devient réellement discriminante dans un environnement de plus en plus complexe nécessitant un investissement croissant en termes de formation continue pour les salariés. Pour autant, la recherche d’une adéquation parfaite entre l’appareil de formation et les besoins de l’économie locale n’est pas souhaitable, en imaginant même qu’elle soit atteignable. Le cas des formations supérieures initiales l’illustre parfaitement. La formation initiale contribue au rayonnement économique d’un territoire. Les jeunes formés très qualifiés, qui « migrent » pour trouver un premier emploi, deviennent des ambassadeurs de la région et sont souvent tentés de revenir exercer leur métier sur la terre de leurs études. En dehors de la formation initiale, le fait de disposer d’un quota de personnes bien formées dans un domaine donné supérieur à la demande que peut théoriquement absorber l’économie locale, offre l’opportunité de capter des projets mobiles au plan national et au-delà. L’investissement des collectivités territoriales sur des formations initiales d’excellence est généralement largement rentabilisé. Ces principes posés, les paragraphes à suivre présentent de manière synthétique des pistes d’actions pour faire évoluer les outils de formation régionaux. Un diagnostic approfondi des formations existantes - thématiques abordées, localisation sur le territoire, modalités d’apprentissage - permettra de transformer ces premières pistes en un véritable plan d’actions chiffré. Les acteurs clés des branches et filières sont et seront largement impliqués dans le cadre de la finalisation du CPRDF.

3.2 – IMPACT SUR LA FORMATION INITIALE ET CONTINUE

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 45

3.2.2 – PISTES ADAPTATION DE L’OFFRE DE FORMATION La liste des métiers et nouvelles compétences attendues par une économie en pleine mutation donnent une idée précise des nouvelles formations à construire et/ou des parcours à adapter. De la consultation des filières, remonte un certain nombre de besoins « techniques » pour lesquels l’offre de formation ne semble pas aujourd’hui satisfaisante en Bretagne. Sans les citer tous, la liste ci-dessous énumère plusieurs couples métiers/compétences à fort enjeux compte tenu du scénario retenu de renouveau de la base productive :

Conducteurs de lignes automatisées de l’agroalimentaire Management intermédiaire de la construction automobile Ingénieur informatique qualifié dans un autre domaine scientifique

Technicien électronique/mécatronique automobile Sur des sujets plus transversaux tels que le management, la démarche commerciale, les langues, les outils de performance industrielle les programmes existent déjà. Il faudra simplement veiller concrètement à leur accessibilité pour les entreprises (tarifs et lieux de formation) et en amont, mettre l’accent si nécessaire sur la sensibilisation auprès des DRH et porteurs de projets. A coté de ces besoins de formations génériques partagés par de nombreux territoires, une prise de risque mesurée pourrait s’avérer payante sur des sujets novateurs et/ou fortement prégnants en Bretagne

Formation à la médiation scientifique Ingénierie de projet dans le domaine des Energies Marines Renouvelables (cf.

Master récemment monté sur Brest) Formation TIC couplée à autre domaine technologique ou scientifique de haut

niveau (biotechnologies, …) Formation agricole développant une double compétence agriculture – autre métier

(boulanger, hôte, …) Enfin, sur le plan pratique, les responsables formations dans les entreprises insistent régulièrement sur les services associés à la formation en tant que telle :

Adaptation, personnalisation des parcours Flexibilité sur les horaires Couplage des formations présentielles et du e-learning

….etc. En phase de conception de programmes, les responsables des établissements de formation s’efforceront de coller au mieux à ces nouveaux pre-requis.

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 46

INTRODUCTION

1 – DIAGNOSTIC ET ENJEUX

2 – QUEL MODELE ECONOMIQUE BRETON

3 – L’IMPACT SUR LES FORMATIONS, LES

METIERS DE DEMAIN

CONCLUSION

ANNEXES

CONCLUSION

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 47

La situation économique mondiale et les politiques conduites au niveau européen et national conditionnent en grande partie les performances économiques constatées en Région Pour autant, les dernières parutions statistiques ont montré que les régions n’étaient pas égales face aux phénomènes et facteurs exogènes. Des régions, capitalisant sans doute sur une histoire, une culture, une dynamique ou un tissu économique spécifique tirent mieux leur épingle du jeu dans un environnement difficile marqué par de profondes mutations économiques. S’il fallait encore s’en convaincre, les choix politiques, le volontarisme et l’ambition des dispositifs de soutien déployés localement restent malgré tout déterminants pour maintenir et développer l’emploi sur le territoire. Plutôt que de simplement subir et amortir les conséquences d’une économie mondialisée, les acteurs économiques et sociaux bretons consultés dans le cadre de cette démarche, ont exprimé une vision claire, consensuelle et néanmoins ambitieuse de l’avenir économique breton – une nouvelle forme de modèle économique breton en quelque sorte – et souhaitent se donner les moyens d’y parvenir. Bien qu’optimiste, le scénario choisi par les acteurs bretons parait raisonnable, compte tenu des nombreux atouts de la région Bretagne et de ses spécificités. Tout en œuvrant sans arrière pensée pour sa concrétisation, il convient de s’armer et d’anticiper un scénario moins favorable. Car, sur un horizon de temps de 5 ans, nous ne sommes pas à l’abri d’une crise financière, alimentaire ou énergétique brutale susceptible de rendre caduques les prospectives économiques aujourd’hui tracées. Naturellement l’ensemble des champs d’interventions sont concernés. Si l’adaptation de la politique économique et le CPRDF apparaissent comme la résultante immédiate et naturelle de la vision économique énoncée dans ce document, la question des infrastructures de communication, du logement, de l’attractivité globale du territoire est aussi au cœur du sujet. Le travail participatif engagé avec l’ensemble des partenaires méritera d’être poursuivi. Deux chantiers se dessinent. Une discussion approfondie avec les branches permettrait de traduire plus concrètement la vision économique en « emploi/ qualification/formation ». Des premiers éléments intéressants ont été produits, il faut évidemment aller plus loin dans la quantification des besoins futurs et leurs impacts sur l’appareil de formation. Par ailleurs, le rapprochement ces derniers mois entre acteurs économiques et acteurs de la formation a montré toute son utilité, son sens. Economie et emploi/qualification sont intimement liés sans hiérarchie ni dépendance. C’est une évidence qui reste encore à traduire sur un plan opérationnel. Mise en place d’une gouvernance misant sur une large concertation, construction de tableaux de bord emploi/économie/formation, élaborations du GPEC territoriales et sectoriels…: autant d’outils à développer

CONCLUSION

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 48

INTRODUCTION

1 – DIAGNOSTIC ET ENJEUX

2 – QUEL MODELE ECONOMIQUE BRETON

3 – L’IMPACT SUR LES FORMATIONS, LES

METIERS DE DEMAIN

CONCLUSION

ANNEXES

ANNEXES

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 49

LES SCENARIOS ALTERNATIFS : UNE CRISE SECTORIELLE MAJEURE ? LES ENJEUX CLES PAR SECTEUR

Agriculture et agroalimentaire

Plusieurs grands facteurs d’évolution peuvent entrainer une crise sectorielle majeure des IAA et de l’agriculture : l’augmentation incontrôlée des matières premières et la pression accrue de la distribution. Conjointement, la diminution, voire la fin des aides publiques massives pourrait peser lourd sur le secteur.

Automobile

L’automobile évolue dans un environnement concurrentiel mondial âpre favorisant les alliances et engageant des enjeux de délocalisation importants. Les nouvelles problématiques de mobilité amènent également à revoir les modes de production. Fortement dépendante des choix stratégiques et industriels de PSA, la filière automobile bretonne pourrait pâtir d’une décision défavorable pour le site rennais.

Secteurs de la défense / navale

On sait aujourd’hui qu’il n’est pas impossible pour le secteur d’être confronté à une baisse drastique des budgets et commandes. Par ailleurs, il est possible que la diversification dans les énergies marines renouvelables n’apporte pas de contreparties significatives en termes de commandes.

Commerce

Tributaire du climat économique général, le commerce pourrait subir fortement les effets d’une baisse significative du pouvoir d’achat. De plus, des changements de comportement des consommateurs pourraient amener un développement accru de la Vente A Distance (peu développée en Bretagne ?) au détriment du commerce de proximité.

Services à la personne

Les services à la personne sont vulnérables à une dégradation générale de la situation économique qui rejaillirait sur le recours aux services à la personne. Une forte baisse du pouvoir d’achat accompagnée d’une baisse des aides (comme l’APA) pourrait contraindre les personnes en dépendance à ne plus recourir à ces services.

BTP

Secteur soumis à la situation économique générale, le BTP n’est pas à l’abri d’une dégradation de cette dernière pouvant peser fortement sur les commandes. L’ampleur de la baisse de la commande publique, notamment causée par la réforme du financement des collectivités, pourrait avoir un effet néfaste sur l’activité.

Annexe 1 : Prospective enjeux clés par secteur

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 50

A 2.1 – POPULATION ET TERRITOIRES

Perspectives de croissance démographique à l’horizon 2015

Tableau 1

Evolution et projection démographique – Comparaison Bretagne / France Source : données INSEE

Vieillissement de la population – répartition sur le territoire

Carto 1

Ratio des moins de 20 ans sur les 60 ans et plus par canton en Bretagne en 2007 Source : INSEE

La carte établie par l’INSEE fait apparaitre une « scission » entre les pôles urbains à la population plus jeune (Brest et Rennes), et les territoires littoraux où le vieillissement est le plus marqué (Vannes, Cornouaille, Dinan, Saint-Malo et Trégor-Goëlo). Alors que les premiers attirent de nombreux actifs qualifiés, et, dans une proportion moindre, des retraités, les seconds font face à la situation inverse. La population active potentielle se concentre donc aujourd’hui sur le sud-est de la région, plus précisément sur l’arc Auray-Rennes, mettant en exergue une césure déjà à l’œuvre entre l’est et l’ouest de la région. Aux cantons vieillissants de l'ouest, du centre et du littoral s’opposent donc les cantons de l'est et les zones urbaines plus jeunes. Sur le plan socio-économique, 3 typologies de territoires se dessinent clairement :

les pays « urbains tertiaires » les pays « ruraux industriels » les pays « côtiers diversifiés »

Concernant majoritairement les pays des côtes Ouest et Sud-ouest ainsi que Rennes, les premiers sont souvent des pays très peuplés comportant des aires urbaines de grande taille. Les actifs qui y travaillent, principalement dans le tertiaire, sont très diplômés et le niveau de formation est élevé. A l’inverse, les pays « ruraux industriels » présents dans le centre et l’extrémité orientale de la Bretagne sont faiblement peuplés et hébergent une large proportion d’actifs peu qualifiés des secteurs de l’industrie et de l’agriculture. Enfin, les pays « côtiers diversifiés » (Auray, Morlaix, Guingamp, Dinan et St Malo) présentent des indicateurs de formation, et d’emploi dans la moyenne régionale avec toutefois pour particularité une surreprésentation des emplois de la pêche et du tourisme ainsi qu’un marché de l’emploi peu dynamique durant les dix dernières années. La diversité et les particularités des pays constituant la Bretagne impliquent donc qu’ils subissent différemment les impacts des mutations économiques, démographiques et sociales qui s’opèrent à l’échelle de la région et qui menacent par conséquent l’« équilibre territorial » breton

Annexe 2 : Données complémentaires

Evolution démographique

2010Prospective

2015Croissance sur

la période

France 62 880 655 64 514 161 + 2,6%

BRETAGNE 3 195 317 3 323 000 + 4,0%

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 51

A 2.2 – TISSU ECONOMIQUE : EVOLUTIONS ET CHIFFRES CLES

Principaux indicateurs socio-économiques

Tableau 2

Répartition sectorielle historique des emplois bretons

Tableau 3 Nombre d’emplois par secteur en 2001 et 2008 et taux de croissance annuel moyen (TCAM) Comparaison Bretagne / France Source : données INSEE

Graphique 1 Evolution de la répartition des emplois en Bretagne par secteur d’activité depuis 1975

Source : INSEE

Bretagne France % Bretagne / France

et classement

Population 3 195 000 habitants 4,9 %

7ème rang des régions

Croissance démographique 0,9 % par an 0,6 % par an

PIB (2009) 82 milliards € 1 921 milliards € 4,3 %

7ème rang des régions

Chômage (fin 2010) 7,7 % 9,6 %

Etablissements (2009) 195 000 4 510 337 4,3 %

Taux de création (2009) 17 % 18,8 % 2ème rang des régions

Créations d’entreprises 22 000 en 2010 (58 % d’auto-ent.)

628 571 (58 % d’auto-ent.)

3,5 %

Artisanat (2010) 47 227 entreprises 963 816 entreprises 4,9 %

IDE 16 investissements en 2009 782 projets 2 %

11ème rang des régions

Recherche (2007) 1,3 milliards € de DIRD ~8 000 chercheurs

38,2 milliards € de DIRD ~200 000 chercheurs

6ème rang des régions

Innovation 427 brevets 14 956 brevets 5ème rang des régions

Soutien à l’innovation OSEO (2010)

19 M€ d’aides 650 M€ d’aides 2,9 %

Exportations (2010) 8,7 milliards € 385 milliards € 2,3 %

Importations (2010) 9,2 milliards € 453 milliards € 2 %

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 52

Composantes de l’économie bretonne (source CCI de Bretagne) / Approche par sphères économiques

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 53

Place des différents secteurs d’activités dans l’économie bretonne

Matrice 1 Place des différents secteurs d’activités dans l’économie bretonne

Source : données INSEE

Part du secteur dans l’emploi régional

Spécificité

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 54

Matrice des spécificités économiques de la Bretagne par secteurs NAF 17, mises en perspectives avec le taux de croissance de l’emploi à l’horizon 2015

La matrice ci-dessus représente différents secteurs de l’économie bretonne en fonction de leur spécificité dans le tissu régional, et du taux de croissance du secteur de l’emploi à horizon 2015 (Source : CAS, novembre 2010). La spécificité d’un secteur est le rapport entre la part de l’emploi du secteur sur l’emploi total en Bretagne et la part de l’emploi du secteur sur l’emploi total en France (Source : données INSEE). La taille des figures met en relief le poids des emplois du secteur dans le tissu économique breton. Le nombre d’emplois représenté y est indiqué au centre (en milliers).

0

0,6 0,8

1,5 %

12

Administration publique, enseignement, santé, action sociale

4401 %

0,5 %

Commerce

170

Construction

91

Hébergement et restauration40

Transport et

entreposage

53

Activités

immobilières11

Activités scientifiques et techniques ; services administratifs et de soutien

110

Activités

financières et d’assurance

30

- 0,5 %

- 1 %

Fabrication de matériels de

transport

20Fabrication d’équipements électriques, électroniques et optiques

21

Information et communication

22

Fabrication de denrées alimentaires, de boissons, de produits à base de tabac

77

- 3 %

Fabrication d’autres produits industriels56

Taux de croissance annuel moyen de l’emploi d’ici 2015

Spécificité du secteur

Construction

Services

Commerce

Industrie

Secteur

Dynamique de l’emploi

des dernières années-- 0 ++

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 55

Valeur ajoutée bretonne

Tableau 4 Composition de la valeur ajoutée et évolution entre 1990 et 2008

(Source : INSEE)

Industries agricoles et alimentaires

Industries des biens de

consommation

Industrie automobile

Industries des biens

d'équipement

Industries des biens

intermédiaires

Energie TOTAL VA industrie

Bretagne 3,5% 1,4% 0,6% 2,7% 2,6% 0,9% 11,7%

France 1,5% 2,0% 0,7% 2,6% 3,9% 1,8% 11,0%

Tableau 5

Composition de la valeur ajoutée de l’industrie en 2009 (en %) (Source : données INSEE)

Les services aux entreprises en Bretagne (Source : CCI de Bretagne)

Tableau 6 Part des emplois et entreprises des différents secteurs composant les services aux entreprises

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 56

A 2.3 – APPROCHE PAR SCENARIOS : PREVISIONS CHIFFREES DE L’EMPLOI SELON LES SCENARIOS

Taux de croissance annuel

moyen Tendanciel T0 T1 T2

AGRICULTURE -0,37% -2,50% -4,00% -1,75%

INDUSTRIE -0,76% -0,97% -3,68% 0,19%

CONSTRUCTION 3,43% 1,50% -2,50% 2,00%

TERTIAIRE 0,92% 1,09% 0,88% 1,73%

Tableau 7

Graphique 2

Eléments importants à prendre en compte :

L’établissement de prévisions chiffrées appelle bien entendu à la prudence : les taux de croissance indiqués tentent de traduire en chiffres les éléments avancés dans les descriptions des scénarios et sont par conséquent soumis à de fortes incertitudes.

Le scénario « tendanciel » reprend le trend observé entre 2000 et 2008, mettant entre parenthèses la période de crise que nous venons de traverser. Il diffère du scénario T0 ou « fil de l’eau » qui lui s’inscrit dans la continuité des phénomènes économiques observés aujourd’hui.

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 57

A 2.4 – METIERS EN TENSION EN 2011 Une enquête sur les besoins en main-d’œuvre publiée en avril 2011 par Pôle Emploi fait ressortir les éléments suivants (source : Les Echos du 6 avril 2011) :

Aides à domicile et aides ménagères 61 %

Cuisiniers 58 %

Infirmiers, cadres infirmiers et puéricultrices 52 % Employés de maison et personnels de ménage 50 %

Attachés commerciaux 48 % Aides-soignants 47 %

Animateurs sportifs 46 % Ingénieurs, R&D et informatique 45 %

Agents de sécurité 44 %

Serveurs de cafés, de restaurants 42 %

Tableau 8 Les 10 métiers les plus difficiles à pourvoir selon les employeurs,

(en % d’embauches futures jugées difficiles) Source : Pôle Emploi/Crédoc

Graphique 3 Les profils les plus recherchés

Source : Pôle Emploi/Crédoc

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 58

A 3.1 SOURCES DOCUMENTAIRES

Source Titre

Région Bretagne

Analyse 2009 des besoins en qualification en Bretagne – Synthèses régionales

Contrat de filières de l’industrie agroalimentaire

SREF - Document d’orientation 2010

Agence Economique de Bretagne

Eléments clés sur les TIC en Bretagne (2008)

La filière du nautisme en Bretagne

TIC Stratégie de filière en Bretagne

La filière du nautisme en Bretagne

CRITT Santé Bretagne Les biotechnologies, moteur de croissance pour la Bretagne

DRIRE Bretagne Mission d’étude sur les biotechnologies en Bretagne

DIRECCTE Bretagne

Le développement des services à la personne en Bretagne

Les salariés du secteur des services à la personne et leurs conditions d'emploi en Bretagne

DARES Les services à la personne

Les métiers en 2015

INSEE La filière automobile en Bretagne

Octant Analyse n°11

Cellule Economique de Bretagne Construction et développement durable – Marché, compétences, formation

Les indicateurs BTP en Bretagne – Marché, emploi, formation

CESER

Des énergies marines en Bretagne : à nous de jouer !

L'économie sociale en Bretagne Pour une région compétitive, sociale et solidaire

Eco-activités et développement durable, des opportunités de croissance pour la Bretagne

CRAB Economie agricole bretonne – Analyse & perspectives 2009

Région Bretagne Analyse 2009 des besoins en qualification en Bretagne – Synthèses régionales

CODESPAR La filière automobile rennaise à l’horizon 2020

Rapport Sénatorial – Mme Gisèle GAUTIER

Energies marines renouvelables – Emplois, compétences, formation – Quelles perspectives d’avenir ?

CCI de Bretagne

Les cédants de PME en Bretagne – Marché actuel et projections à 10 ans

Les services aux entreprises en Bretagne

L’économie bretonne en chiffres – édition 2010

Bretagne 2015

Agence nationale des services à la personne

Tableau de Bord – Observatoire de l’emploi et de l’activité dans les services à la personne

Banque de France Les entreprises en Bretagne – Bilan 2010 et perspectives 2011

Capbiotek Bilan de la phase de lancement 2009/2010 – Rapport

Rapport d’étude CAPBIOTEK

XERFI Construction et réparation navale - 2010

Plaisance - 2010

Nota Bene : principales sources, liste non exhaustive

Annexe 3 : sources et contacts

BDI / KATALYSE – Prospective économique dans le cadre du CPRDF – août 2011 – page 59

A 3.2 CONTACTS

Membres du Groupe Projet

Structure Contact Fonction

Etat SGAR M. Rémi Heurlin Chargé de mission développement économique

Etat Direccte Mme Stéphanie Ribouleau Chargée de mission

Conseil régional M. Gael Guegan Directeur développement économique

Conseil régional Mme Laurence Rognan Mme Anne-Véronique Cap

Direction de la formation professionnelle

CESER M. Janick Berel Chargée de mission

Medef Bretagne M. Frédéric Duval DG

CFDT M. Louis Baron Délégué régional

CCIR M. François Bareau Directeur

CRMA M. Pierre de Cordoue DG

CRAB Mme Nathalie Darras Chargée de mission

BDI M. François-Nicolas Sourdat M. Frédéric Rode

Délégué Général BDI DéIégué Adjoint

Entretiens experts filières

Filière Structure Genre Nom Prénom Fonction

IAA (agro/agri) ADEFIA M. CADE Jean-Luc Directeur

TIC MEITO M. COSQUER Patrick Délégué général

Automobile Autéo M. MEDARD Xavier

UIMM Mme BASSEVILLE Florence Dédiée filière automobile

Navale Pôle Naval M. L'HARIDON Gilles Délégué Général Pôle Naval

Nautisme CRMA M. LE JAOEN Jean-Luc Chargé de mission

BTP Cellule Economique Bretagne

M. MORIN Yannick Expert ESS

Services à la personne CRES M. HUCHON Grégory Chargé de mission

CRES M. MERAND Bernard Délégué général

CR Bretagne Mme GODARD Christine Service de l'innovation sociale et de l'économie sociale et solidaire

Biotechnologies Bretagne Innovation

M. MONKS Brian Directeur Capbiotek

Ecoactivités CCI Rennes Mme FELTMANN Béatrice Directrice cluster Eco-Origin

M. THERY Marc Expert éco-activités

Energies renouvelables marines - Mer

Pôle Mer Bretagne M. RIOU Stéphane Directeur Adjoint