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BRIGADE ALSACE-LORRAINE AMICALE ----------------------- 1- 79 B U L LET 1N 172 =:=:=:=:=:=:=:= Un premier avril exceptionnelleme~t sérieux, salué ~ ~ulhouse par un timide brin de soleil printanier alors que la neige lançait encore ses dernières offensives sur les cols vosQiens, tel fut le cadre d'ac- cueil de notre Assemblée C~nérale 1978. Organisée comme il se devait par la Section du Haut-Rhin et pré- cédée de l'annuelle réunion du C.C., elle fut animée chaleureusement comme toujours par plus de quatre vingts Anciens de l'Amicale de la BAL représentant essentiellement les Sections de l'Est. La joie des "retrouvailles" ne fut légèrement ternie que par l'ab- sence inhabituelle des Camarades de Savoie et du Sud-OUest, absence re- grettée unanimement, est-il besoin de le dire ? Le Compte-Rendu donné dans le Bulletin leur donnera un aperçu de nos délibérations qui nlont guêre débordé de nos préoccupations ha- bituelles. Pour ma part, les cérémonies de ~~ontpont et de Marsaneix de Dor- dogne en juillet et la préparation du Congrès de 1980 en Savoie me per- mettront sans doute de les évoquer de vive voix et de transmettre les sentiments d'amitié des participants de llAssemblée /4énérale de Mulhouse avec la volonté de cimenter toujours plus fermement encore les liens fra- ternels déj~ si vivants entre les Sections. Car, et nous ne le répéterons jamais assez, si les années s'é- grènent avec l'impression d'un rythme sans cesse accéléré au fur et à mesure que les souvenirs risquent de s'estomper, dans un monde et un environnement immédiat plus tourmentés que jamais, nous nous devons tous ensemble, à nous-même comme à ceux qui furent hier nos compagnons, d'être fidèles à notre passé et vigilants quant au devenir des généra- tions de demain. G. HaNER

BRIGADE ALSACE-LORRAINE 1 - -----------------------AMICALEcomebal.free.fr/BIAL_Free/Bulletins_files/172.pdf · Notre Camarade Oscar HENTZY (Rue St Marc - OSENBACH 68570 SOULTZMATT)

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BRIGADE ALSACE-LORRAINEAMICALE----------------------- 1 - 79

B U L LET 1 NN° 1 7 2

=:=:=:=:=:=:=:=

Un premier avril exceptionnelleme~t sérieux, salué ~ ~ulhouse parun timide brin de soleil printanier alors que la neige lançait encoreses dernières offensives sur les cols vosQiens, tel fut le cadre d'ac-cueil de notre Assemblée C~nérale 1978.

Organisée comme il se devait par la Section du Haut-Rhin et pré-cédée de l'annuelle réunion du C.C., elle fut animée chaleureusementcomme toujours par plus de quatre vingts Anciens de l'Amicale de la BALreprésentant essentiellement les Sections de l'Est.

La joie des "retrouvailles" ne fut légèrement ternie que par l'ab-sence inhabituelle des Camarades de Savoie et du Sud-OUest, absence re-grettée unanimement, est-il besoin de le dire ?

Le Compte-Rendu donné dans le Bulletin leur donnera un aperçude nos délibérations qui nlont guêre débordé de nos préoccupations ha-bituelles.

Pour ma part, les cérémonies de ~~ontpont et de Marsaneix de Dor-dogne en juillet et la préparation du Congrès de 1980 en Savoie me per-mettront sans doute de les évoquer de vive voix et de transmettre lessentiments d'amitié des participants de llAssemblée /4énérale de Mulhouseavec la volonté de cimenter toujours plus fermement encore les liens fra-ternels déj~ si vivants entre les Sections.

Car, et nous ne le répéterons jamais assez, si les années s'é-grènent avec l'impression d'un rythme sans cesse accéléré au fur et àmesure que les souvenirs risquent de s'estomper, dans un monde et unenvironnement immédiat plus tourmentés que jamais, nous nous devonstous ensemble, à nous-même comme à ceux qui furent hier nos compagnons,d'être fidèles à notre passé et vigilants quant au devenir des généra-tions de demain.

G. HaNER

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N° l72-t-79-Suite ACARNET NOIR

La Section "M" nous signale le décès de Marcel GHIRINCELLI, retraité del'U.C.P.M.I. de Hagondange. Les obsèques ont eu lieu le 2 février 1979 à Mondelange.Une forte délégation de la Section assistait aux obsèques J une gerbe au nom dela Section a été déposée par le Président.

*Nous avons la triste mission de vous faire part du décès, en date du 22 fé-vrier 1979, de notre camarade Pierre LEMBLE (8 Clos Baron - 78112 FOURQUEUX).

Les obsèques ont eu lieu le 24 février 1979 en l'église de Fourqueux (prèsde St Germain en Laye).

De nombreuses manifestations de sympathie ont été adressées à Madame LEMBLEà laquelle nous renouvelIons les condoléances émues par ce décès prématuré d'uncamarade, qui avait participé dans une grande mesure à l'Amicale et pendant delongues années au Bulletin. Nous conserverons à Pierre un souvenir fidèle pleinde reconnaissance de son amitié et de son dévouement.

*Notre Camarade Oscar HENTZY (Rue St Marc - OSENBACH 68570 SOULTZMATT) nousa quitté subitement le Il avril 1979, alors que peu de jours auparavant il assis-tait avec son épouse à l'Assemblée Générale du CC à Mulhouse et paraissait en ex-cellente forme.

Nous avons été particulièrement émus,ce qu'a exprimé, en l'absence du Pré-sident MEYER, le Trésorier de la Section HR Julien LIBOLD qu'accompagnait en dé-légation Edouard GRIMM et René MARTIN le 14 avril à Osenbach.

DISTINCTIONS

Nous avons relevé dans les Dernières Nouvelles d'Alsace de Strasbourg du27 mars 1979 (N° 73) le compte rendu de la promotion au grade d'Officier de laLégion d'Honneur de notre camarade RIEDINGER, ancien proviseur de l'Ecole Militaire •

••• "Le Général RENAULT, ancien commandant de l'Ecole de 1969 à 1972, a remisles insignes d'Officier de la Légion d'Honneur à M. RIEDINGER en présence de nom-breux amis et connaissances du récipiendaire, qui fut pendant 20 ans proviseurde l'Ecole, avant de la quitter pour prendre sa retraite, en septembre dernier •••Homme courageux et patriote ardent, pédagogue passionné qui a contribué pendantpresque 30 ans à la formation de la quasi totalité des officiers d'origine inter-armée de l'Armée de Terre et d'une grande partie des officiersdadministration.

Ami d'André MALRAUX, il a participé à l'épopée de la Résistance, prenantune part active à la création du Groupe Mobile d'Alsace (NDLR : il s'agit de laBAL). Après la Libération, il a fait partie du cabinet de recteur du BaS-Rhin,puis il a été attaché de recherches au CNRS et professeur à l'Ecole Nationale desIngénieurs à Strasbourg. Depuis 1948, il est Secrétaire Général de la société des"Amis de l'Université", dont il est la cheville ouvrière. Il est Officier de l'Or-dre National du Mérite, Médaillé de la Résistance et Officier des Palmes Académiques ..•"

NOS VIVANTS

Marie-Noëlle, Jean-Baptiste et Bénédicte sont heureux de vous faire partde la naissance de XAVIER, le 7 mars 1979

Nous présentons nos amicales félicitations aux grands-parents M. et Mme BernardMETZ (9 rue Jean Knauth - 67000 STRASBOURG)

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.• N° 172-1-79-Suite B

Mulhousependant la Première Guerre mondiale

De toutes les grandes villes de l'ancien Empireallemand, Mulhouse est la seule qui puisse revendiquerle triste privilège d'avoir été située, toute la guerredurant, sur la zone du front. Partout ailleurs, les opé-rations de guerre eurent lieu au-delà des frontières deI'Allernaone, sauf dans l'Alsace méridionale.

Il est vrai que Colmar a aussi connu, en août 1914,les affres de la guerre, mais dès la stabilisation dufront au fond de la vallée de Munster, quelques joursplus tard, Colmar pouvait se dire •• loin du front ».Tandis que Mulhouse, dès la fin du mois d'août, alorsque le front se figea près d'Altkirch, Heldwlllor, Burn-haupt, Aspach et Cernay, se trouvait placée dans lazone d'actions mllltalres. Du point le plus rapprochédes lignes, notre ville était à quinze kilomètres. Au-delà de Zillisheim et Luemschwiller, tous les villagesétaient évacués, et encore ces derniers le furent-ilsau moment de l'Installation du Grand Canon dans laforêt de l'Altenberg qui commença ses tirs sur Belforten février 1916_

" peut paraître intéressant, à propos de Mulhouse,de rappeler en quelques lignes les deux batailles quieurent lieu autour de Mulhouse au début du mois

. d'août 1914 et de jeter un flash-back sur la situationà Mulhouse au cours de la grande tourmente.

La bataille de MulhouseOn sait que le plan d'opération des armées fran-

çaises en 1914, communément appelé «Plan Jottre »(en réalité «Plan XVII lt) prévoyait, dés la déclaration·de la guerre, une avance sur l'Alsace par plusieursaxes dont l'axe Belfort-Mulhouse par le Sundgau àtravers la «Trouée de Belfort JI. Le général Bonneau,chargé de la marche sur Mulhouse, avait quelques réti-cences, mais dut finalement s'incliner devant les déci-sions du haut commandement. " exécuta les ordres etfit de son mieux.

Du cOté allemand les forces étaient placées, dansce secteur, sous le commandement du général vonHeeringen et avaient pour mission de se retirer, touten opposant une certaine résistance aux troupes fran-çaises, en direction du Rhin. En résumé: offensivedu cOté français, défensive du cOté allemand.

La marche française sur Mulhouse se fit donc assezrapidement et le 8 août les Français se trouvaient déjàaux portes de la ville. " n'y avait plus d'Allemands àMulhouse. Quand les Français firent leur entrée àM~lhouse, .ils !urent chaleureusement reçus par la popu-latton, mais 1 enthousiasme ne devait pas durer long-temps. Car entre temps les Allemands se préparèrentpour passer à la contre-offensive et engagèrent, aprèsavoir traversé la Hardt à marches forcées le combatà l'est de Mulhouse le 9 août. Pendant la' nuit mêmedu 9 au 10 août la bataille fit rage à Mulhouse et ceuxqui ont déjà dépassé l'âge de 70 ans (comme nous-même) s'en souviendront toujours. Les Français éva-cuèrent finalement la ville et le 10 août Mulhouseétait de nouveau allemand.

Les Français se retirèrent vers la ceinture fortifiéede Belfort Qu'ils atteignirent le 13 août et à cette datele Sundgau tout entier était de nouveau occupé par lesAllemands. Le général Bonneau fut limogé.

Une triste période s'Instaura à Mulhouse, car lesAllemands n'ignoraient rien des sentiments de la popu-

lation. Comme il arrive souvent - et partout - dans descirconstances de ce genre, ce fut la période des dénon-ciations et des sanctions. Un certain énervement s'étaitaussi emparé des occupants et eut pour conséquencedes sévices comme par exemple l'incendie d'une partiedu faubourg de Bourtzwiller le 15 août 1914 à la suitede coups de fusil tirés pendant la nuit du 14 au 15.Comme l'auteur allemand Killian le certifie lui-même,il y eut certainement, dans l'arrière-front allemand,des cas où les Allemands tirèrent les uns sur les autrespar mégarde ou nervosité pendant la nuit. Cela avait-ifété le cas à Bourtzwiller? On ne le saura jarna's sansdoute. Toujours est-fi que, imputant les évènements fi.des habitants ou à des francs-tireurs, les soldats f(l'Ji!-!$rent les maisons, en firent sortir les habitant~ etmirent le feu aux habltattons. Cinq hommes furentfusillés et un grand nombre incarcérés.

Mals le même jour les troupes allemanoes com-mencent à se retirer. du Sud du Haut-Rhin, car fa batalllede Lorraine est engagée et le général trançals Pau aconstitué la fameuse «Armée d'Alsace ", se proposantde réparer l'échec du 10 août et de reprendre Mulhouseet JeSundgau. Les évènements vont se précipiter.

La bataille de Mulhouse·O.,...,achL'avance française à partir du Terr!toire de Bel-

fort est marquée par des combats près de Montreux-Jeune. La ligne Valdieu - Soppe - Roderen est atteintele 14 août. Le général Pau apprend le 15 août que lesAllemands ont quitté le Sundgau et qu'à la date du16 au matin if n'y a plus un seul soldat allemand del'active dans le Haut-Rhln. Les unités de l'active sontremplacées par des unités de la réserve (trcls brigadeset demie) sous le commandement du généré:.!Gaede lelong du Rhin, entre Brisach et Huningue (148 Corpsd'armée). Malgré tout, l'avance française vers Mulhousese fait lentement et avec prudence, alors que celledu général Bonneau avait été relativement rapide.

Les Français se trouvent, pour une seconde fois,aux portes de Mulhouse, à Dornach, le 19 au matin.Mais les Allemands ont réagi: au même moment ifs onttraversé Mulhouse, en venant de l'est et rencontrentles Français à Dornach où la bri{!3.de Mathy, après avoirlivré un sanglant combat, laisse le champ libre auxFrançais Qui occupent Mulhouse_

Au même moment. des combats ont lieu entreBrunstatt et Flachslanden, ainsi qu'entre Walheim etWittersdorf. Les Allemands évacuent tout le Sundgau.Mais cette victoire des Français n'a pas de lendemain.

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la bàtaille de Morhange se déroule en Moselle dès le20 août, et le haut commandement français 'se ·vOltobligé d'y Jeter des renforts. Dès le 23 août Mulhouseet tout le Sundgau sont à nouveau évacués. les Al-lemands, pour la seconde fois, reviennent à Mulhouse.

Pendant quelque temps, le Sundgau est un noman's land, car les Allemands n'avancent que très len-tement en direction de Belfort. les adversaires serapprochent en tâtonnant et quelques escarmouchesentre patrouilles se produisent çà et là. Altkirch resteentre les mains des Allemands et le front se stabiliseprogressivement entre la frontière suisse et les Vosges.Sont français: Pfetterhouse, SepPOis, largitzen, lavallée de la Largue vers le nord, Dannemarie, Hagenbach,Aspach:'e-Haut. Sont allemands: Moos, Bisel, Heimers-dorf, HIrtzbach, Carspach, HeJdwiller, spechbach, leKahlberg et les abords de Cernay. De part et d'autreapparaissent des ouvrages ayant pour but d'interdirel'approche de Belfort par les Allemands, celle de Mul.house par les Français. le long de ce front ont lieude temps en temps, au cours de la guerre, des combatslocaux, mais dans l'ensemble ce front stabilisé et for-tifié garantit un certain calme relàtif.la guerre dans les airs

Est-ce à dire que Mulhouse ne se ressent pasde la guerre effective? Que non! l'aviation a fini defaire ses premiers pas et dès 1915 les aviateursfrançais et allemands se livrent des combats aériensdont certains dans fe ciel de Mulhouse. Ainsi le premie;avion français est abattu près de Hirtzbach, déjà en1915. le 1er janvier de la même année trois bombesaériennes tombent à Mulhouse vers la caserne deschasseurs; d'autres plus tard à Dornach, vers la garedu Nord, sur Dollfus-Mleg etc. D'après nos notespersonnelles de cette époque et la chronologie deMeininger (1923), Mulhouse subit au moins onze bom-bardements français,assez faibles d'ailleurs. Dans l'en-semble, ils ne causèrent pas de grands dégâts. Cepen-dant on déplore quand même quelques victimes civileset militaires. En outre des batteries antl-aérlennesallemandes Installées autour de Mulhouse provoquentdes victimes. JI arrive que des éclats d'obus ou desschrapnells tombent dans la ville et tuent ou blessentdes personnes qui, malgré les avertissements dessirènes annonçant l'approche d'avions français commet-tent l'Imprudence de rester dans la rue. '

/1 Y eut aussi des raids aériens sans lancer debombes. Au total, toujours d'après les mêmes sources,nous en avons dénombré trente-quatre au cours de laguerre. Un violent combat aérien au-dessus de la villelors d'un tel raid aérien, restera dans la mémoire detous ceux qui l'ont vu. C'était le 18 mars 1916. La

Jo~rnée, était exceptto.nnellement belle quand une ving.taine d avions françaIs volant en formation emplirentle ciel de leur vrombissement, s'approchant rapidement.de la ville, comme un essaim de frelons. Du cOté duterrain d'aviation de Habsheim, des • Fokker •• (avionsde chasse) grimpèrent brusquement au firmament pourse lancer à la rencontre des bombardiers français(Farman ou Caudron) et se ruer sur eux. En l'espacede quelques secondes l'escadrille française fut dislo-quée. Dans le ciel mulhousien un combat infernal sedéchaTna. Au-dessus des toits de la ville, la luttefaisait rage. Les mitrailleuses crépitaient. les avions ,dansaient un fantastique ballet. Un ballet meurtrier.

N° 172-1-79-Suite CLe drame qui se déroulait là-haut ne relevait pas

de la guerre anonyme et impersonnelle qui, à la mêmeépoque, sévissait à Verdun. C'était un véritable tournoide chevaliers à l'ancienne où l'homme se mesurait àl'homme. les adversaires luttaient avec acharnement.Des flammes jaillissaient du fuselage des avions tou-chés. Une traînée de fumée s'étirait comme une Queuede comète à travers le ciel. Un appareil en feu,semant derrière lui des pièces de carlingue, piqua versle sol et alla tomber dans le Tannenwald.

Puis quelque chose d'épouvantable se prodttlsit.Trois appareils s'étalent déjà écrasés au sol. Un qua-trième prit feu. De la fumée épaisse et noirâtre quil'enveloppait, un petit point se détacha. A mesure qu'ilapprochait vertigineusement de la terre, les contours endevinrent plus nets. Nous vîmes alors que c'était unhomme qui battait désespérément des bras et desjambes. Un cri d'épouvante s'échappa de toutes leslèvres. le soir même les nouvelles se répandirentdans la ville: le pilote s'était écrasé dans la rue deLutterbach. Un autre gisait sous les débris de sonavion près du • Tunnel ••, à Dornach. Un autre avionétait tombé au Tannenwald, un autre vers Lutterbach.Un autre encore, entraînant avec lui l'avion qui l'avaitabattu, tomba près de Habsheim. Tous les aviateurs,français et allemands, étalent morts. On compta septvictimes dans la population. D'autres personnes, plusou moins grièvement blessées, durent être nospltall-sées.

Le terrain d'aviation de HabsheimNous avons accordé une place relativement irnpor-

tante à cet épisode du combat aérien de Mulhouse,malgré sa courte durée d'à peine une dizaine de ml-nutes, car il représente un des évènements de la guerre,avec les combat du mois d'août 1914, qui se sontgravés le plus fortement dans la mémoire. de ceuxqui l'ont vécu.

Pourquoi tant de survols de Mulhouse par les avionsde bombardement. français ? le grand terrain d'aviationà cOté de la voie Rixheim-Habsheim les attirait-il ?

Déjà au début du siècle ce terrain servait de champ

1d'exercice aux soldats allemands cantonnés dans les

• quatre casernes de Mulhouse. Quand les MulhousiensChâtel, Jeannin et Spengler fondèrent la société « Avia-tlk It à Mulhouse-Bourtzwiller, ils y firent exécuter leursessais et l'entraînement pour le nouveau sport (car cen'était pas plus à l'époque). Ces vols furent les pre-miers réalisés en Alsace-lorraine. MulhollJe acquit unecertaine célébrité dans ce domaine. le 23 avrlr 1910Jeannin réussit à survoler quatre fois le terrain à 35 mde hauteur pendant un quart d'heure, en présence .d'unefoule Immense et enthousiaste, et le 3 Juillet de lamême année le • Habsemer •• avait fait accourir cino

• quante à soixante mille spectateurs de toutes lesrégions limitrophes pour un meeting aérien de troisjours, avec concerts, buffets, etc, au cours duquelJeannin s'éleva à 160 m. Les noms des pionniersChâtel, Falier, Stoeffler, Jeannin, lemmlin et surtoutIngold, tous des hommes intrépides, étaient alors surtoutes les lèvres.

Puis éclata la guerre de 1914. A la place desébats pacifiques des précurseurs mulhousiens, ce furentmaintenant les prouesses des aviateurs de chasse. Acause de sa proximité du front, la firme "Aviatik J)

fut transférée à Fribourg et puis, en 1916, à Leipzig.Parmi les aviateurs allemands ayant servi à Habsheim

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Il convient de citer le célèbre Ernst Udet, qui survécutà la guerre avec 62 victoires aériennes. Nomrr:t0nsaussi Kandulsky qui abattit le non moins célèbre aviateurfrançais Adolphe Pégoud près de Petit-Croix, le 31 aoüt1915, jeta quelques jours plus tard une couronne defleurs à l'endroit de la chute, en hommage à son adver-saire, et trouva finalement la mort lui-même au coursdu combat aérien, que nous avons relaté plus haut, le18 mars 1916. Le sergent Ronserall, de Besançon,l'avait vaincu à son tour ...

De nombreux vestiges de cette époque sont encorevisibles aux confins du terrain de Habsheim et de la

, forêt de la Hardt: petit cimetière des aviateurs y ayanttrouvé la mort, fondations de hangars ou de maisonsde personnel, abris bétonnés de protection et souter-rains.

la situation économiqueLes deux belligérants avalent comté avec une

guerre rapide. Mals dès que le front se stabilisa, ilsdurent déchanter' et si la situation était encore sup-portable pendant les premiers mois de la guerre, elledevint catastrophique dès 1916. A Mulhouse encoreplus qu'ailleurs, car le voisinage du front vint s'ajouteraux autres causes de restrictions.

Le Sud de l'Alsace était devenue zone arrière dufront. Les villages en direction d'Altkirch étalent évacuéspour la plupart. Il n'est jusqu'à Zillisheim, aux portesde Mulhouse, que les habitants durent quitter dès le8 février 1916. La campagne de Mulhouse était devenueun glacis, à l'intérieur duquel on ne pouvait circulerqu'à quelques kilomètres du centre de la ville. On voitencore aujourd'hui de nombreux abris bétonnés à lapériphérie: dans le cimetière de Lutterbach, dans leparc de l'ancienne usine Hofer entre Mulhouse etMorschwiller-le-Bas, au «Gallenberg », à la sortie deces villages en direction de Lutterba,ch et de Didenheim(dont l'un est utilisé de nos jours comme relais élec-trique), dans le triangle formé par Morschwiller, Di-denheim et Heimsbrunn, etc. On retrouve même deuxbunkers aux confins du Tannenwald et près de Rixheimdans une carrière, ouvrages dont le but nous éChappe.Des vestiges subsistent entre Hochstatt et Froeningen,ainsi qu'à l'Iliberg. Entre Morschwiller et Heimsbrunn,se trouvait un grand dépOt de munitions et d'armesoù de 'jeunes Mulhousiens, trop jeunes pour être K.V.(kriegsverwe"ndüngsfâtiigj'ët"port'er les armes, furentemployés dans le " Hilfsdienst ».

Les villages situés vers l'ouest et le nord de laville n'étaient donc plus aptes à contribuer au ravi-taillement de cette dernière. A l'est s'étend la vasteforêt de la Hardt impropre aux cultures et le nordétait, déjà à cette époque, fortement industrialisé. "en résulta Qu'à partir de 1916 Mulhouse était la villeoù le manque de vivres se faisait sentir plus que par-tout ailleurs en Allemagne.

Il est probable que Mulhouse a été la premièreville d'Europe où l'on ait Introduit le rationnement. Ilcommence dès le 28 octobre 1914 par le contrOle desprix. La carte de pain devient officielle en février 1915,puis c'est le tour de la viande et du beurre au prin-temps 1916, de l'épicerie en décembre. Mals le manquede denrées aura souvent pour effet de rendre ces cartesen partie illusoires, puisqu'elles ne peuvent pas tou-jours être honorées.

N° 172-1-79-Suite DA partir de juin 1916 la saccharine, « Ersatz» pour

le sucre en vole de disparition, apparaît chez les phar-maciens. Ce sera d'ailleurs, à partir de 1916, le règnede l'" Ersatz », pour la plupart des articles même nonalimentaires: cuir, chaussures (usine «Paga-Schuh-fabrlk» à la Dentsche), caoutchouc à un degré tel -mais ceci sera un fait général dans toute l'Allemagne -que les bicyclettes et les voitures seront garnies, versla fin de la guerre, de «pneus» constitués de lamesmétalliques.

Il serait exagéré de parler de disette en 1918, maison n'en était pas très loin à Mulhouse, et on peut, sanscourir le risque de forcer la réalité, affirmer que lasous-alimentation était générale. Le pain était noir,gluant, aigre, «allongé» par des pommes de terre, etIndigeste pour tout estomac tant soit peu sensible.En plein été 1918, pas de légumes ou de fruits: quel-ques poireaux, salsifis, «fayots., quelques fleurs surles marchés. Dans la halle du canal couvert les ache-teurs, parfois jusqu'à mille ou deux mille, faisaientla queue, pour avoir une ou deux livres de pommesde terre par tête et par semaine, et souvent on lesrenvoyait après trois heures d'attente, par les simplesmots: «Heute Ist die Kartoffelsendung gekûrzt» ou...« ausgeblieben. (<< aujourd'hui, pas de pommes deterre »). Inutile de rappeler que certaines denrées étaienttotalement inconnues des enfants: chocolat, café, thé,citrons, bananes, sucre, etc, et que d'autres étaientdevenues rarissimes: oeufs, confiture, savon (remplacépar la « Krlegsseife »).

Au fil des évènementsSans entrer dans trop de détails, notons certains

faits ou aspects de la guerre, en suivant, tant quefaire se peut, l'ordre chronOlogique.

Comme partout en parellie circonstance, la périodedè changement de régime, quatre fois en quinze jourslors des batailles d'août 1914, fut en même temps unepériode de dénonciations et de représailles. Les « listesnoires. existent 'chez les deux belligérants et formentla base, avec les dénonciations, de nombreuses arresta-tions et vexations: expulsions, Incarcérations, prisesd'otages, etc. Des espions ayant travaillé au profitdes Français furent fusillés. Nous ne nous arrêtons pasà ceux pour lesquels le fait d'espionnage était reconnu,car la procédure, très expéditive, en telle matière, estla même chez tous les belligérants. Il va sans dire, quele voisinage de la Suisse faisait de notre région unterrain d'élite pour l'espionnage: des deux cOtés onétait bien renseigné sur les intentions de l'adversaire.Ce fait, conjointement à d'autres motifs, conduisit lesAllemands à user d'une répression sévère. L'autorité

civile "fut soumise à l'autorité militaire: Le général Gaedeconsidéra la population comme suspecte de trahison

: et ce fut le règne de la «dictature mltltaire », particu-lièrement à Mulhouse.

Dès la fin de décembre 1914, et surtout en janvier1915, de nombreux réfugiés de la zone des combatsarrivent à Mulhouse: de l'asile Saint-André (400 enfants),de Burnhaupt, Schweighouse, des villages au pied duHartmann, etc, ce qui ne manque pas d'augmenterles difficultés de ravitaillement.

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Sans se trouver dans la zone des combats, lesMulhousiens peuvent assister de loin, en entendant lacanonnade ou en voyant, du haut du Rebberg, brûlerCernay, Uffholtz, Wattwiller, aux combats où s'affrontentles deux adversaires; les lendemains dè co-mbaton voitsouvent défiler à travers la ville les pauvres prison-niers: le 14 décembre 1914 ceux du Nonnenbruch,plusieurs fois en avril 1915 et surtout le 26 décembrede la même année (1 500 prisonniers français logésà la fonderie Ducommun après la reprise, par lesAllemands, du Hartmannswillerkopf). A la fin de laguerre on voit souvent, dans notre ville, des défilésde prisonniers roumains, dont la captivité fut un vérl-table calvaire.

On subit même quelques effets immédiats et directsde la guerre à la suite de quelques tirs d'artilleriefrançais: juillet 1915 sur le quartier de la gare deLutterbach, sur le pont de la Doller, le 1er novembre1915 sur le village de Lutterbach, 20 février 1916 surla Wanne, 18 mars sur le quartier du Miroir, etc. D'aprèsnos notes personnelles des tirs sur Mulhouse, Pfastatt,Lutterbach eurent lieu au nombre de quinze, sansgrands dégâts, mais entrainant la mort de plusieurspersonnes. C'est peut-être pourquoi le général Gaede,commandant supérieur des troupes en Haute Alsace,transférera son état-major, au château de Hombourgprès du Rhin. " mourra en 1916 et sera remplacé parle général Gundell.

Par ailleurs l'image de la guerre était la même quedans toute "Allemagne et il n'était pas nécessaire del'évoquer: pénurie de matières premières et de vivres,emploi de femmes pour remplacer les hommes dansbeaucoup de professions (aujourd'hui on ne s'y arrête-rait plus), censure de la presse et " bourrage de crâne ••comme dans tous les pays belligérants, emprunts deguerre, enlèvement de statues en bronze et de clochesd'églises, contrOle postal, biens Il ennemis" sous sé·questre, etc, etc.

A partir de 1916 la guerre dans les aires s'lnten-sifia. En avril 1917 furent célébrées, en l'église catho-lique Saint·Frldolin, les obsèques d'un enfant du quar-tier, René Theiller, Lt-aviateur de chasse allemand, quiavait abattu douze adversaires et fut lui-même abattule 24 mars 1917. Six semaines plus tard ce fut le tourde son compatriote protestant Willy Glinkermann.

Pour le ravitaillement les restrictions devinrent deplus en plus sévères; mentionnons, entre autres, àpartir du 15 mars 1915: 50 kg de pommes de terrepar famille et par an et 200 g de pain par jour et partête;21 mars 1916: un kg de sucre par mois et par tête,et 500 9 de savon;17 mai 1918: 160 g de pain par tête et par jour et 7 livresde pommes de terre par semaine.

N° 172-1-79-Suite E

La fin de l'épreuveCette pénurie dans l'alimentation facilitera, dès la

fin du mois de septembre 1918, la progression de lagrippe espagnole, à un point Qu'en octobre on compterajusqu'à Quatorze enterrements par jour.

Un autre phénomène concomitant de la pénuriefut, du moins pour les écoliers, le ramassage desfeuilles de chêne et de hêtre dans la forêt de la Hardt:c'était le te Laubsammeln " ou cc Laubheusammeln ". Aulieu d'aller en classe le matin, les écoliers prenaientle chemin de la gare, où un train spécial les conduisaitvers différents secteurs de la Hardt: Grünhütte, Ott-marsheim, FallbrQcke, etc, là ils devaient couper avecdes sécateurs des branches d'arbres. Enfant, je parti-cipais à ces "expéditions"; dès que nous avions ra-massé les vingt bottes demandées, nous pouvionsjouer dans la forêt jusqu'à six heures du soir, heuredu retour à Mulhouse. Heureuse période! Nous n'allionspas à l'école, nous pouvions jouer, nous ne noussoucions guère de la raison d'être du ramassage: cesfeuilles devaient-elles être mêlées au pain ou servirde fourrage pour les chevaux? nous l'ignorons encoreaujourd'hui.

L'absence des éducateurs, pères de famille etmaîtres, ainsi que la fermeture des écoles lors de lagrippe, entraîna les enfants livrés à eux-mêmes, à orqa-niser, dans certains quartiers de la ville, de véritables'batailles, qui prirent par moments une forme reçret-table. Nous ignorons si ce fait était spécittqvernentmulhousien, ou s'il se manifestait également dansd'autres villes.

Propageant la vague révolutionnaire allemande, lesmarins de Kiel arrivent à Strasbourg, dans la nuit du9 au 10 novembre 1918, et installent le lendemainun « Soldatenrat ••à Mulhouse. Le 11 novembre au soir,de nombreuses illuminations sur les anciennes posl-tions des Vosges, où pendant quatre ans on voyaitles jeux des coups de canon et des fusées, annoncentl'armistice aux Mulhousiens. Le jeudi 14 novembre1918 les premières patrouilles françaises entrent dansla ville entre 16 et 17 heures. Le 17, c'est l'entréetriomphale des troupes françaises. Elle met fin à unlong cauchemar de la population mulhousienne.

Louis VCX3r("Les Vosges" - N° 2/1979)

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N° 172-1-79-Suite F

L A R E N CON T R E o E M U L HOU S E

Il a été très agréable de rencontrer plus de soixante camarades et leursépouses le 1er avril 1979 à Mulhouse, malgré le temps un peu frais qui règnaitdevant la gare. Peu à peu tout le monde a trouvé refuge au Café Moll, bien or-ganisé pour cette réunion grâce au trésorier de la Section HR Julien LIBOLO.

Le Comité Central s'est d'abord regroupé autour de Gustave HOUVER pourdes mises au point de l'ordre du jour, qui s'est ensuite déroulé comme prévudans l'invitation accompagnant le dernier bulletin. On a regretté l'absence desdélégations du Sud-Ouest, de Paris et de Savoie, cette dernière ayant l'inten-tion d'organiser le Congrès à Sevrier autour de l'Ascencion du 15 mai 1980.

L'apéritif mit chacun dans l'ambiance propice à déguster un excellentrepas en commun dans une salle contiguë à celle où l'on venait de débattre desproblèmes "anciens combattants" intéressant les camarades de l'amicale. Il yeut à nouveau des retrouvailles après de longues années, ce qui est toujourscomme un souffle de bonheur et d'amitié pour les uns et les autres.

*Réunion du CC

La réunion débute à 9 h 30 au Restaurant "Le Moll". Sont présents les mem-bres suivants: G. HOUVER (Pt) - R. OEDOYARD (Vice Pt)-- G. SC~1ITT (Secr. Général) -F. STEPHAN (Trés.) - P. MEYER (Pt H.R.) - J. CHILLES (Pt B.R.) - P. PILLOT (Pt M) -G. THONY (Pt V). Membres excusés Madame COLLA 1NE - N. BALOUT - P. BOCKEL - A. BORD -R. DOPFF - M. le Général JACQUOT - C. MARING - B. METZ - J. PORCHER - G. TESSIER.

Le Président ouvre la séance en souhaitant la bienvenue à tous les membresprésents et en les remerciant. Il communique les excuses des membres ci-dessus.

Abordant immédiatement l'objet essentiel de la réunion, le Congrès 1980en Savoie, il regrette de ne pouvoir donner d'éléments très précis à ce sujet.En effet, à sa demande écrite adressée à TESSIER, Président de la Section Savoie,celui-ci n'a pu que confirmer par téléphone que le Congrès pourra bien s'orga-niser aux environs d'Annecy et qu'il avait en vue deux solutions. Les projetspréciS et les éléments d'organisation restent donc à définir.

Le Président évoque ensuite la polémique ouverte par le père BRUCKBERGERconcernant les titres de Résistance d'André r~LRAUX et de la répercussion surcertaines éditions locales de presse après la parution du livre ilLeTemps desPartisans" de Robert NOIREAU alias Colonel GEORGES. Dans cet ouvrage un chapi-tre est consacré à André MALRAUX, écrivain du Maquis et Résistant contesté. Unecopie d'un extrait publié par le REPUBLICAIN LOR~IN en date du 30 janvier 1979sera adressé à tous les membres du C.C. Par ailleurs P. MEYER se charge d'évoquercette affaire dans un prochain bulletin.

Le C.C. se refuse de prolonger cette polémique insensée et remercie P. BOCKELpour sa prise de position sans équivoque dans sa lettre ouverte au père BRUCKBERGER(Nouvel Observateur du Il décembre 1978).

Après vérification et mise à jour des adresses et numéros de téléphone desmembres du C.C., une nouvelle liste sera communiquée.

Concernant l'admission de nouveaux membres, il est décidé que les Sectionsseront habilitées à prononcer une admission provisoire. Celle-ci devra être con-firmée par le C.C. et adoptée par l'Assemblée Générale statutaire suivante.

Le Président lève la séance à 10 h 30 pour permettre l'ouverture de l'As-semblée Générale 1979.

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N° l72-1-79-Suite GAssemblée Générale

La séance est ouverte à 10 h 30 au Café Moii à Mulhouse par le Présidententouré des membres du C.C. rejoints entretemps par DIENER-ANCEL. Compte-tenu desmembres présents et des procurations, le quorum est atteint. L'Assemblée peut sié-ger valablement, aussi Gustave HOUVER souhaite la bienvenue à tous les partici-pants. Avant de passer à l'ordre du jour, il passe la parole à P. MEYER, Présidentde la Section d'accueil. Celui-ci remercie tous les membres présents, qui ont bienvoulu se déplacer à Mulhouse malgré la fraîcheur de la journée mais regrette l'im-possibilité de dernière heure de la Section du Sud-Ouest d'être comme d'habitudefidèle au rendez-vous.

Un instant de recueillement est demandé par le Président en souvenir desCamarades décédés depuis le dernier Congrès.

*Le P.V. de l'Assemblée Générale de 1978 à Strasbourg est adopté à l'unani-

mité.Le Rapport Moral permet au Président d'évoquer l'excellent congrès de Stras-

bourg rehaussé par la présidence effective du Général JACQUOT et la participationactive du Président sortant Bernard METZ. Après avoir examiné avec Georges SCHMITTles archives et les pièces officielles de secrétariat que celui-ci détient, lePrésident est en mesure d'assumer au mieux ses charges. Il se plait à soulignerla parfaite tenue des documents du Secrétaire Général et lui demande de poursuivredans cette voie avec le même dévouement. Il renouvelle son désir d'être informépar toutes les Sections de tous les projets de manifestations afin de pouvoir pren-dre ses dispositions pour y participer éventuellement. Il signale entre autres lefonctionnement impeccable de la "chaîne téléphonique" lors du décès de notre re-gretté Camarade LEMBLE de la Section de Paris.

*Les Présidents des Sections procèdent ensuite à un tour d'horizon.Pour le 5.0., rien de partiCUlier à signaler, sinon un projet de participa-

tions aux manifestations d'inauguration de l'Avenue André MALRAUX à Montpont SIIs1een juillet, cérémonie jumelée avec la cérémonie annuelle de la Stèle des Fusillésà Marsaneix.

P. PILLOT pour la Section M, nous fait part du décès de trois camarades. Ilpréside en moyenne une réunion par trimestre. La participation nombreuse témoigneà chaque fois de la fidélité à l'Amicale. La sortie avec visite de l'ouvrage dela Ligne Maginot ilLe Hackenberg" avec déjeuner à Kedange a connu un franc succès.La Section Moselle est à la disposition des autres Sections éventuellement intéres-sées par cette excursion.

R. DEDOYARD, parlant pour la Section P au nom de J. PORCHER excusé, rappellele décès de L&~LE, un Camarade exemplaire. Une réunion eut lieu le Il février àlaquelle assistèrent onze membres. Chargé des relations officielles à l'échelonnational, DEDOYARD donne un aperçu de ses activités dans ce domaine et souligneles excellents contacts qu'il entretient.

Dans le Haut-Rhin, sur un effectif de 48 membres, 21 sont présents à l'As-semblée Générale de ce jour. Celle de la Section le 5 mai 1978 et la sortie du 9juillet dans le Sundgau avec trente sept participants, ont été des réussites grâceà l'organisation minutieuse de J. LIBOLD. Le 1er octobre, une sortie commune avecla Section BR avait été organisée avec succès par G. GERHARDS au Château du Haut-Koenigsbourg.

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N° l72-1-79-Suite H

P. MEYER a reçu une longue lettre de Madame SADD 1ER ,Professeur à Tou-louse. Amie de l'Amicale depuis de nombreuses années, elle décrit les réactionsde ses élèves participant au l1Concours de la Rééistance" et projette de se ren-dre de·nouveau à Durestal avec une cinquantaine d'élèves pour illustrer, en pui-sant aux sources ; soniense Iqnement; sur la Résistance où la Brigade tient .une bon-ne place. A l'urianirilitéet sur proposition du Président, l'Assemblée octroie unesubvention CQmmé participation au pélerinage. (1) .

Dans le Bas-Rhin, J. CHILLES regrette lui aussi l'absenëè du Sud-Ouest etde la Savoie. L'A.G. a eu lieu le Il mars. FREYS, le plus jeune membre de laBAL, amputé d'une jambe a du donner sa démission du Comité pour raisons de santé.Les dix réunions du Comité ont surtout été axées sur la liquidation des comptes.

*F. STEPHAN présente le Rapport Financier. A la demande de LIBOLD et DORIGNY,

Commissaires aux Comptes, décharge est donnée à STEPHA..~pour sa gestion. Les comp-tes sont adoptés à 1 'drü:ininiité.·Les deux Commissaires sont reconduits pour l'Exer-cice 1979/80.

*Les quatre membres sortants, BOCK, LIBOLD, SCHMITT et STEPHAN, sont réélus

à l'unanimité."*

Il est prévu de tenir'le:Congrès 1980 du 15 au 18 mai a 1;1x environs d'Annecy.L'Assemblée Générale de19~1 aura lieu dans les environs de Reims oud'Eper-

nay, DEDOYARD se proposant d'en assu!=e!=l'organisation.L'Assemblée sollicite du Gouvernement le rétablissement du 8 mai comme' jour

férié et d'autre part émet le voeu q~è soit programmée à la télévision, un Dossierde l'Ecran portant sur la Résistance.

Le Président tient à communiquer les regrets du Général JACQUOT de ne pou-voir être des nÔtres à Hulhouse qu'il remercie pour le dOh qu'il a fait parvenirau profit des oeuvres sociales. c=:

.JAEGER s'étonné qu'il n'y a pas de rue de la BAL à il1ulhouse.LIBOLD veut biense charger d'en p~r1er au Maire de la Ville.

Le PrésiderttiHOUVER remercie chaleureusement la Section du Hau t+Rhf n'en par-.ticulier LlBOLD et MEYER pour la parfaite organisation de la journée et pour l'a·.•.péritif offert à tous.

----~"":""---- .. *,{I) Madame SADDIER eriremerciant de la participation de la BAL à la

sortie-étude de ses élèves au Maquis de Durestal, annonce que les "résultats,du concours sont fulgurants ••• Les quatre premiers prix ont été attribués à mesélèves de: Termimlles C .(une des copies ayant été jugée hors concours tellementelle sortait de l'ordinaire, en vers libres, elle était écrite par un jeune gar-çon de 16 ans ~). Avec le Sème prix 1 emporté par une él~ve de StGaudens, cesquatre jeunes vont partir en septembre en Allemagne, ,l.ecomité de Résistance dela R 4 leur offrant ce voyage. Tous sont radieux : ils .ont fait un gros effortet ont été récompensés. (Les deux premières copies sont parties pour Paris.Peut-être y aura-t-il chez nous le 1er prix national 1•••)

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N° 172-1-79-Suite l

VISITE GUID:~E DU MUSEE HISTORIQUE DE MULHOUSEEN COMPAGNIE DES DAMES DES AMICALISTES

LORS DE L'ASSEMBLEE GENERALE DU 01.04.1979

Le musée est installé à l'Hôtel de ville, bâti en 1431, depuis 1969. Nousavons pass4 rapidement le rez-de-chaussée contenant les trouvailles régionalesprovenant, pour l'essentiel, des collections Engel-Dollfus et legs Mieg-Koch.NOUS avons noté en particulier le matériel néolithique (4.000 à 2.000 avant notreère) extrait de la nécropole de Mulhouse Est et constitué de 2 tombes prélevéesen bloc, de nombreuses poteries, ainsi que d'une ~ollection complète de bijouxconfectionnés à partir de coquillages méditerranéens.

Le 1er étage est constitué: d'une salle Lazare LANTZ exposant des documentset photographies évoquant l'histoire de Mulhouse et de son développement progressifd'un hall au plafond remarquable, réalisG en 1682 ; de la salle du Conseil auxparquets, vitraux et grande peinture de Daniel HOFER représentant la réceptionà Mulhouse des députés des 13 cantons suisses, qui étaient allés avec ceux de Mul-house complimenter Louis XIV à Ensisheim en octobre 1681.

Le 2ème étage et le grenier d'abondance avec sa merveilleuse charpente, re-tiennent longuement par leur riche exposition de meubles, costumes, poëles en faïence,outils, berceaux, enseignes, statues, horloges, etc ••• témoins du passé de notrerégion.

Le détail et l'analyse des différentes variétés de souvenirs exposés, requiè-rent indubitablement une visite plus appronfondie, visite que nous avons dû écour-ter pour rejoindre, d'un pas pressé, à l'heure convenue, compagnons, compagnes e'.:amis qui nous attendaient pour partager apéritif et agapes des retrouvailles.

René MARTIN

I\LLEZ-Y LES GARS 1

Nous avons relevé dans "Le Déporté" (UNADIF) de février 1979 (N° 343) unarticle sur la BAL encadrant une photo du Colonel BERGER ainsi rédigé :

"A l'aide de photos et de documents des années 1944/1945, ainsi que de noteset écrits d'anciens de cette unité, la plaquette éditée à l'occasion du XXXIIèmeCongrès National des Anciens de la Brigade Alsace-Lorraine, les 5 et 6 mai 1978, àStrasbourg, est un témoignage de première valeur versé au dossier de l'histoirede la IIème Guerre Mondiale.

"Née de la clandestinité et des maquis, la Brigade Alsace-Lorraine s'illus-tre d'abord en Corrèze, en Dordogne et dans le Lot durant la libération du terri-toire. Elle s'illustre ensuite dans les Vosges, notamment au Carrefour de Bois-le-Prince et, sous le commandement direct d'André MALRAUX, participe à la libérationde Strasbourg, puis à sa défense lors de l'attaque de Von Rundstedt dans lesArdennes.

"La part de la Brigade Alsace-Lorraine, élément important de la 1ère Arméefrançaise lors dudit combat, fut d'ailleuE admirablement bien définie par leGénéral GUILLAUME, commandant la 3ème D.I.A. Il écrivit à ce sujet: "La résistancedes tirailleurs au nord, celle de Gerstheim et d'Obenheim au sud ont sauvé Stras-bourg du retour des Allemands."

"Les nombreuses photographies rendent très vivante la plaquette en cause quiest en vente dans certaines librairies de Strasbourg, Metz ou Colmar, ainsi qu'auMusée de la Brigade Alsace-Lorraine, 3 rue Paul Muller Simonis - 67000 STRASBOURG".

Les Anciens sont cordialement invités à faire un effort pour acheter (ouvendre à des amis ou à des camarades ne faisant pas partie de l'Amicale) quelquesnuméros.du "Recueil édité par le Comité de la Section du Bas-Rhin des Anciens de laBrigade Alsace-Lorraine".

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N° 172-I-79-Suite J" B.R. "

Le Comité BR a fait paraître début mars une circulaire pour attirer l'at-tention des membres sur l'Assemblée Générale du CC du 1er avril et annoncer éga-lement une soirée amicale "BR" le 8 juin 1979 dans un local "bien à nous" oùl'on pourra profiter d'un buffet campagnard et faire quelques pas de danse.

" H.R. "

Assemblée Générale du CC : La Section était représentée à l'Assemblée Géné-rale du CC à Mulhouse le 1er avril 1979 par son président Paul MEYER entouré descamarades Julien LIBOLD (membre du-CC, Trésorier de la Section HR et organisateurde la rencontre), BLAES, DENTZER, FISCHER, GRIMM, GROTZINGER, HARTMANN, HENTZY,KESSLER, MARTIN, OFFENSTEIN, SCHUH, MASSERANN (venu spécialement de Roanne avecson épouse) et de nombreuses épouses ou membres des familles des camarades.

Avaient envoyé procuration, les camarades PICARD, CANIOU, BALDENSPERGER,ERNST, THIRION, tandis que Madame COLLAlNE (membre du CC n'ayant pas eu de moyende transport à sa disposition), PLEIS et WESPY s'étaient excusés.

Le Président a pu présenter le bilan de l'année écoulée en relatant la sor-tie du 9 juillet 1978 dans le Sundgau : "Grâce à la gentillesse de la Famille WESPYet au sens d'organisation de LIBOLD, les participants ont passé une excellente jour-née de camaraderie". Il n'y eût pas d'Assemblée Générale de la Section du HR, cequi est "le signe de notre camaraderie et de notre entente .•• Le 1er octobre, lasortie commune BR et HR nous a menés, grâce à l'équipe de notre camarade GodefroyGERHARDS, au Haut-Koenigsbourg avec visite et repas, puis arrêt à la Volerie desAigles de Kientzheim. Ce fut une expression vivifiante de l'amitié."

Après avoir suggéré une action amicale envers les écoliers de Madame SADD 1ERde Toulouse, qui a projeté de se rendre avec eux à Durestal en mai, le Présidenta terminé son rapport par un appel au civisme à l'occasion du vote du 10 juin 1979,qui décidera d'une nouvelle étape dans la construction de l'Europe.

Le Président a remercié de leur fidélité les camarades du Haut-Rhin et aexalté "le dévouement réitéré maintes fois de ceux qui prennent le risque d'orga-niser les rencontres".

Le Trésorier LIBOLD a remis au Trésorier Général un chèque représentant laquote-part de la Section au CC, dont il a également vérifié l'exercice en sa qua-lité de réviseur, fonction qui lui a été à nouveau confiée pour l'Assemblée Géné-rale, qui aura lieu l'an prochain à Sevrier (près d'Annecy) à l'Ascension (15 mai1980) Il mérite les remerciements de l'excellente organisation de l'Assemblée mul-housienne.

ExPOsition de Peinture : A Gommersdorf, dans les bâtiments de la Mairie,Madame BLAES a exposé ses peintures du 23 au 25 février 1979, oeuvres qu'elle aperfectionné depuis vingt ans pour en avoir une bonne maîtrise dans les coloris.De nombreux camarades ont visité cette exposition et réitèrent leurs félicitations.

" M "La Section adresse ses vives félicitations à son camarade VEVERT (l rue du

Maitre Echevin - 57000 METZ QUEULEU) avec charge de les transmettre à son filsJean-Paul à l'occasion du succès de la soutenance de thèse que ce dernier fit àl'Université Louis Pasteur à Strasbourg sur le sujet: "Synthèse d'alpha-amino-acides inhibiteurs potentiels de réactions enzymatiques". Cette thèse se situedans le cadre des recherches menées actuellement au Centre de Recherche MerrellInternational pour la recherche de nouveaux médicaments. Jean-Paul VEVERT, quiavait déjà soutenu une thèse de Doctorat de 3ème Cycle en chimie organique appro-fondie en 1974, s'est rendu pour deux ans aux U.S.A. au California Institute ofTechnology de Los Angeles.

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N° l72-1-79-Suite KIl S.O. If--------

Notre action en dehors de .l'Amicale : Madame SADDIER, Professeur de Philo-sophie à Toulouse, est une fervente admiratrice d'André MALRAUX et de la BAL. Sonaction patriotique auprès des jeunes élèves a été relatée dans le bulletin. Qu'ellenous permette d'ajouter ses mots au sujet du "Concours de la Résistance" (*) :

"••• Le 15 mars, j'avais cinquante élèves, qui ont travaillé pendant troisheures et demie sur le sujet donné au concours, dont la préparation s'est faiteautour de la notion des Droits de l'Homme et de ce que la Résistance avait jouécomme rôle pour leur défense, en voyant ce problème plus sur le plan du coeur quede l'Histoire.

"Il se trouve que j'ai rencontré vraiment ce qu'il y a de plus généreux etspontané, ce qui m'a comblée de joie étant donné les autres attitudes beaucoupplus "glacées" des années dernières. Aidée par des films prêtés par le CROP, nousavons discuté autour du "Requiem pour 500.000", sur Varsovie et aussi sur le"10 juin 44", donc Oradour.

Je me permettrai de vous dire les résultats sur le plan régional, mais cequi compte pour moi, c'est de voir que ceux de mes élèves qui sont intéressés àce moment de nos vies, me semblent sur leur garde, en éveil, à propos de tous cesphénomènes qui paraissent resurgir.

"Je pense qu'ils comprennent cette année davantage que jamais qu'ils doiventse tenir sur leur garde.

"A l'occasion de ce cheminement, je leur ai parlé, bien entendu, de la Bri-gade Alsace-Lorraine et d'André MALRAUX.

"Nous avons lu tous ensemble la réponse du père BOCKEL à l'indécente accusa-tion du père BRUCKBERGER et leur indignation fut à son comble.

"Vous savez tout ce que j'avais pu, grâce à André MALRAUX, faire de positifavec mes jeunes d'il y a cinq ans: avec ceux de cette année le faire revivre, ain-si que ceux de la Brigade, me semble une mission valeureuse puisque fraternelle.Je le fais avec toute la flamme que je peux transmettre.

"Je projette même, en mai, d'aller vers Durestal, si cela est possible (c'estloin de Toulouse, mais nous l'avons fait déjà une fois) avec mes cinquante "généreux"du concours de cette année.

"Je voudrais tant leur faire comprendre que le souvenir du sacrifice de leursaînés doit s'entretenir, telle une flamme: mais ma meilleure récompense, ce sontces devoirs que je trouve bien beaux, reflétant l'émotion intense qu'ont ressentieleurs coeurs."

(*) Classes de troisième: "Les résistants n'ont pas combattu pour la gloire maispour sauver la France et réssuciter le liberté. Cependant, leur combat fut hé-roïque et glorieux". Recherchez et faites revivre les actions, les succès etles revers, les exploits des résistants de votre département.

Classes terminales : En quoi la Résistance a-t-elle contribué à la sauvegardeet à la promotion des droits de l'homme?

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NO l72-t-79-Suite LCoNTRIBUTION A L'HISTOIRE DE LA BAL

Q~_~!~!_~~~_Y~~2!~_~y~~_!~_~~~~!!!~~._~~~~~e2~!2Le Capitaine Adolphe PELTRE avait écrit à son épouse deslettres nous permettant de mieux situer la remontée depérigueux aux vosges effectuée par le Bataillon Strasbourgen vue de courrir au canon et de libérer la Lorraine etl'Alsace.En voici quelques extraits que nous devons à l'amabilitéde Madame PELTRE :

* * *Frétigney - Jeudi 21 septembre 1944

" Tu peux imaginer le travail et l'épuisement qui sont les nôtres danscette poursuite où pourtant les seules difficultés ont été des difficultés de ma-tériel roulant. Aussi n'avançons-nous pas très vite, mais c'est encore un record,je dirai un fait sans précédent.

Le bruit a couru, paraît-il, à Périgueux, que nous aurions été décimés dansde terribles combats. La vérité est toute prosaïque: nous n'avons pas eu la moin-dre escarmouche, aussi n'avons-nous pas une perte, et, à part deux malades et unaccident, tout le monde est bien vivant et gonflé à bloc.

Notre itinéraire a été dans le Massif Central, celui de la ligne Périgueux -Clermont. Etapes à Pont de Cornil, entre Brive et Tulle, Eygurande, Randan; nousavons logé dans le château; ensuite Digoin, Nolay, en Côte d'Or, et, enfin, ar-rivée ce matin à Frétigney, à moins de 250 Km de Strasbourg.

Nous commençons à entrer dans la zone des opérations, Les quelques débrisde l'armée boche ont pris les bois; nous aurons sans doute quelques nettoyagesà faire •••"

* * *Dimanche 24 septembre 1944

"La journée a débuté terne et tranquille, par un temps froid et pluvieux.Et voilà que, depuis le petit déjeuner, ça était l'avalanche imprévue comme tou-jours des conférences, réunions ••• sans une minute de répit, journée avec ses dé-boires, ses fatigues, ses satisfactions aussi •••

En quinze jours nous n'avons pas avancé très vite. Bonds rapides de 100 Kmchaque fois, mais jours d'arrêt Obligés, soit au commencement pour remettre lescamions en ordre, Boit, depuis, pour harmoniser notre mouvement avec celui desarmées. Nous sommes maintenant à moins de 50 Km des opérations en mouvement. Ça neva pas bien vite pour des quantités de raisons, mais lentement les choses se précisent".

* * *Froideconche - 28 septembre 1944

"C'est la guerre et elle s'annonce suffisamment rude pour que nous la regar-dions en face. De quoi demain sera-t-il fait? A la grâce de Dieu ••• Ça ne durerapas qu'un mois comme je l'espérais, sans oser le dire en partant. L'hiver est àla porte. Le passerons-nous dans les Vosges ou dans la plaine ? Nous arrivons àla ligne de feu. Une de nos compagnies est à 12 Km du Ballon d'Alsace, à 40 Kmde Thann. Le plus clair de mon temps passe à organiser le ravitaillement en tousgenres et à tout faire tourner avec du matériel fatigué. Il faudra s'adapter àdes formules différentes sans doute au fur et à mesure des difficultés •••"

* * *

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N° l72-I-79-Suite MDimanche 1er octobre 1944

"Nous sommes toujours cantonnés près de Luxeuil. Un de nos bataillons, Bark,est actuellement au feu. Il y a des pertes et ça fait mal au coeur de voir cesbraves petits gars tomber si près de chez nous •••".

* * *Que cette page exprime le témoignage de reconnais-

Sance à Madame PELTRE, ainsi que celui de la fidélité ausouvenir que nous portons à son époux né à Albestroff enMoselle le 31 mai 1915 et tué par éclat d'obus à Ramonchample 2 octobre 1944 auprès de ses camarades de la B.A.L.

NOUS VEILLERONS

Chaque fois que flambent nos musées historiques, chaque fois que le svastikamaudit souille nos monuments, renait au fond de nos coeurs le drame qui fit del'Alsace et de la Lorraine des Expulsés, des Déportés, des Incorporés de force,des Esclaves et des Cadavres torturés et calcinés.

Malgré ces évènements méprisables, nous tendons une main fraternelle à nosanciens adversaires, afin que fleurissent les roses de l'amitié sur les tombes denos camarades morts au champ d'honneur à la fleur de l'âge, ce dont nous noussouviendrons toujours.

Il appartient à la poignée de Libérateurs que sont les anciens de la B.A.L.,fortifiés par la foi et l'espérance en la paix, de veiller au maintien de notreHistoire, de notre Culture et de notre Gloire. Tout cela, c'est notre patrimoinedouloureusement conservé.

Certains nous disent que notre pays, en période de dénatalité à la suite del'élévation du niveau de vie acquis depuis la guerre, est sur son déclin. NOusimaginerons le remède pour rester le phare de la civilisation, le refuge de laliberté et le ferment de l'avenir.

Ce n'est donc pas le moment de somnoler dans l'indifférence ou de se boucherles yeux et les oreilles à la fois, comme celui qui est obnubilé par son bien-être présent, sa drogue ou son rêve. Il faut rester debout face à ceux qui seraienttentés d'user d'injustice ou de tyranie.

Malgré nos différences et peut-être à cause d'elles, mais fiers de notreépopée commune, nous veillerons ensemble sans défaillance, afin que demain notremagnifique coin de France soit réellement celui où nos enfants se trouveront lemieux du monde.

Paul MEYER

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N° 172-1-79-Suite N

~~~-~-~~!g~~-~~~~!~_:~~~~~-~!_~~~!~~:par Paul LN1BERT

J'ai passé la frontière par le Doubs. Quelle étrange chose que cette eau quientre dans son sommeil hivernal. Tout est trop immobile. La neige donne la couleuret le silence. Quelques maisons noires se reflètent dans l'eau luisante et plate.

On rencontre parfois un paysan en pèlerine noire qui marche lentement etdemande une cigarette.

J'arrive la nuit, en voiture, à Ornans, sous une pluie diluvienne. Elle tom-be depuis trois mois sur la région, Nous sommes immobilisés par plus d'un mètred'eau. Des indigènes naviguent sur de petites barques plates. Une femme en profitepour nettoyer à grande coups de brosse la devanture de son magasin. Un soldat lavesa chemise dans un remous.

Je passe une nuit à Besançon, convenablement logé, et bien accueilli par leservice de presse français. Tout de suite s'établit un solide contact d'amitié etde compréhension. Un officier me conduit à Montbéliard où je dois être présentéau Général De Lattre De Tassigny, mais ce dernier est absent.

Je me mets à la recherche du Colonel Berger (l'écrivain français André Malraux)qui combat quelque part dans la nature à la tête de ses Alsaciens et de ses Lor-rains. C'est alors que je rencontre l'officier de liaison du Colonel Berger auprèsdu Général De Lattre : André Chamson, autre écrivain français. Chamson me conduiraauprès du Colonel Berger.

Montbéliard : les usines Peugeot sont déchiquetées.Nous traversons un village en effervescence. Des femmes, accusées de colla-

boration ••. particulière sont entourées par des manifestants. Je saisis au passagedes visages nerveux, inquiets. Ce sont de petites pièces de gibier qui se défendentmoins que d'autres ...

Nous logeons chez un particulier, avec des soldats, dont un aumônier. Ce der-nier, directeur d'un hebdomadaire, nous parle littérature, Chamson est presquemort de fatigue, étant sur les routes nuit et jour. A côté de la maison, de grossespièces d'artillerie tirent sans interruption. A chaque coup, la maison tremble etnous ressentons le déplacement d'air. L'horizon est illuminé. Parfois on ne sait,tant la détonation est forte, si c'est le départ ou l'arrivée du coup.

Matin. Nous roulons. On croise de longues colonnes de soldats éclairés dou-cement par la lumière du matin, et qui semblent en marche depuis toujours.

Nous arrivons à Altkirch, première ville d'Alsace que nous rencontrons. Lesecteur est dangereux. Choque nuit, la petite cité est bombardée. Les ruelles sontdésertes. La ville s'habitue lentement à la libération.

J'aperçois fugitivement le Colonel Berger qui prépare une opération pour cet-te nuit.

Dimanche 26 novembre. Je prends contact avec le Colonel. L'opération a com-mencé. Les Allemands sont sur une ligne qui passe par Dannemarie, située à quelq'l~skilomètres d'Altkirch. A droite; le canal du Rhône au Rhin; Il s'agit de prendreDannemarie et les villages environnants. Les blindés français avancent lentementsur une crête inondée de lumière jaune, dans un matin pâle de dimanche qui ne serapas le jour du Seigneur. Toute la nuit, l'artillerie a pilonné les lignes ennemieset maintenant, elle tire encore. Les obus éclatent et font voler la terre. Lesarbres s'abattent. Les villages brûlent. Je vois les obus rougir leur trajectoireet aller s'abattre plus loin sur des hommes. C'est ça la guerre,

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Comme un long corps qui lentement progresse, les chars avancent et semblentse coller au sol. Ils tirent de toute la force de leur gueule menaçante.

Un peu partout, des fumées noires montent brusquement dans l'air. Des explo-sions se font entendre, des mines éclatent. L'ennemi opère des destructions en seretirant. Près de moi, de gros trous se creusent dans la terre molle. La batteriequi nous menace est vraisemblablement installée à contre-pente en face de nous.Je vois des chars monter à droite en direction dlun petit village en feu. Ils s'im-mobilisent. Des hommes en descendent et nettojent le village, maison par maison.Les Allemands, qui se rendent. sortent des caves les mains en l'air.

Le gros de la colonne devant Dannemarie est immobilisé par les minages alle-mands. Les soldats du génie partent en avant et détectent les engins, mortels pourqui les heurte. Pourtant, un char fait explosion sur l'un d'eux. Ses chenilles sontarrachées. L'équipage est blessé.

Je m'abrite derrière un char français qui tire droit devant nous. Bruit épou-vantable. Obus rouge qui parcourt l'air à une vitesse hallucinante. Je vois, ci-ble mobile, passer à cinq cents mètres, une colonne allemande qui fuit. Nous avan-çons en tirailleurs vers cette colonne. Les balles allemandes sifflent au-dessusde ma tête casquée. Sale impression. Partout, des incendies s'allument. Je décou-vre contre un talus, un officier allemand blessé. Il me demande de l'achever.L'homme est sur le dos comme s'il était tombé d'un train en marche. Il nous re-garde passer avec angoisse. Il souffre atrocement. Son regard nous suit désespé-rément, il nous envie de pouvoir marcher. L'officier français qui m'accompagnel'encourage à tenir en attendant l'ambulance militaire.

Tout à coup, une silhouette sombre se précise dans un champ. Des coups defeu l'entourent. Un soldat allemand fuit. Parfois, il se jette à terre, rampe etse remet à courir désespérément. Son cheval qu'il a dû abandonner galope sur lacrête. Un soldat africain va abattre l'Allemand. Nous lui crions de venir à nous.Il y parvient. C'est un immense gaillard~ brun. Nous le mettons en joue car, main-tes fois, des Français ont été abattus à bout portant par des Allemands qui soi-disant voulaient se rendre. Ces derniers cachaient des armes dans leurs poches, oubien, un soldat se présentait portant un drapeau blanc de reddition, et arrivé àproximité des Français se jetait à terre pour laisser derrière lui ses camarades,cachés, tirer à la mitrailleuse ••• L'homme sourit, il parle de sa femme. Il estessouflé et couvert de boue. La joie de vivre l'inonde. On le désarme •.• A notredroite, quelque chose s'enflamme brusquement. Une explosion formidable: les Alle-mands viennent de faire sauter un pont, sur le canal. Trois soldats de la brigadesont grièvement blessés aux jambes par l'explosion. Deux chars français qui ve-naient de passer le pont sont isolés de leur colonne. Des "tigres" allemands lesattaquent et les détruisent. De tous côtés on tire. La supériorité française ré-tablit la situation.

C'est la nuit. Le Colonel Berger effectue, sous le feu, la relève de sesunités épuisées.

Pourtant, plusieurs Alsaciens continuent comme volontaires.Matin. Nous sommes devant Dannemarie. Pour protéger sa retraite, l'ennemi

effectue un feu de barrage extrêmement puissant.J'avance avec l'infanterie, constituée par les soldats de la origade F.F.I.

"Alsace et Lorraine".

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Des chars gisent au bord de la route qui mène à Dannemarie. Ils viennentd'~tre perc~s par des obus de "88" allemands. Un servant hurle de douleur, dansles flammes, devant ses camarades impuissants. C'est ça la guerre. Les premiers~l~ments p~nètrent dans Dannemarie. Je me faufile dans un groupe de nettoyage.Les hommes avancent avec prudence, le long des maisons. Que pensent mes compagnons?Je les regarde. Les uns me sourient, en r~ponse à mon sourire. D'autres sont gra-ves. Il y en a qui pensent aux balles ennemies. Beaucoup à rien. Des 55 sortentdes caves, d'où ils tiraient. Parfois un Allemand se laisse d~passer et il noustire ensuite dans le dos. Un groupe de légionnaires -la Légion étrangère est làqui se bat magnifiquement- est atteint. Les hommes s'affaissent. Une patrouillese précipite dans une cave, en s'éclairant avec une lampe de poche. Dans le fais-ceau lumineux, apparaît, le fusil encore fumant, un S5, accroupi comme une bête.Il est abattu. Des portes sont pulv~risées par les fusils-mitrailleurs des Fran-çais qui, ensuite, appellent à l'int~rieur pour que l'ennemi se rende.

Les chars progressent en utilisant les F.F.I. comme infanterie. Ces dernierssont étonnants. Quelle force simple et éternelle les porte en avant, avec leur bonsourire de gars qui n'aiment pas ça~, mais qui le font quand-même. Les blessés etles morts sont évacués immédiatement. Les prisonniers passent en grand nombre.Plusieurs d'entre eux sont affectés au service médical de l'armée et reviennentportant un brancard vide, qui hélas sera chargé bientôt. Ces prisonniers défilentdevant des murs sur lesquels les services de la propagande allern~nds ont faitpeindre des slogans comme celui-ci : "La démocratie, le bolch~visme sont la findu monde. Mais le nazisme lutte pour la liberté".

Le nettoyage continue. Quelques civils se hasardent hors de leurs abris danslesquels depuis quinze jours ils vivaient terr~s. Ils sont boulevers~s de voir lesFrançais et les Alsacienslibérer leur pays. Pourtant, ils sont encore sous le coupde la terreur nazie. Les hommes valides, depuis quelques jours, se cachaient dansles vieilles chemin~es de leur demeure pour échapper à la d~portation. Mais lecombat pr~sent d~truit leurs maisons. Leurs voix tremblent quand ils parlent dece qui leur reste. Un vieux me parle de cette richesse, doucement : "Comprenez-vo~~monsieur, il nous reste l'espérance."

Et les soldats français passaient encore, les armes à la main, dans leursvillages que les Alsaciens se mettaient à reconstruire sur leurs ruines fumantes.Celui qui avait sa maison debout, grattait les inscriptions allemandes pour faireapparaître un nom bien français. L'un d'eux avait des ennuis avec l'orthographedu mot ~picier, qu'il fallait repeindre sur son magasin.

Dannemarie est traversée. Nous so~~es attaqués par des Allemands réfugiésdans un bois, derrière le canal du Rhône au Rhin. tP;.poste de notre côté. On entendle tac-tac ennemi. Nous progressons le long du canal. Un chaland donne de la ban-de. Le paysage est beau.

A côté de moi, un soldat pousse une exclamation de colère et de surprise."Ca y est, venez, j'ai quelque chose, venez, ça y est. Il Il se tient le ventre. Ilse plie, il est en colère. Il court quelques mètres avec difficulté et se laissetomber au pied d'un arbre. Il geint. Il transpire. Il se tord. Il se plie. Il memontre son ventre: "Oh la la. Oh la la." Il veut voir. Je coupe sa ceinture etcherche. Je suis un trou à travers l'~paisseur des v~tements. J'arrive à la chair.A côté du nombril un petit trou noir. Une balle dans le ventre. L'homme souffreatrocement. Il me demande de l'achever. Il pousse de petits cris comme un enfant.Quelqu'un m'aide à le tirer sur le plat. L'homme, maintenant, répète sans arrêt:"Saloperie".

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Une voiture est appelée et l'emmène. Il est perdu. Un trou dans le ventre,ça ne pardonne guère •••

L'ennemi nous tient sous son feu. Près de moi, des tuiles volent en éclats.Les prisonniers, faits par le groupe que j'accompagne, sont pris avec nous

sous le feu violent des leurs. Ils ont une grande peur de leurs projectiles. Ilsse terrent dans les fossés de la route. Ilscourent ensuite. Ils portent tous unepetite valise en cuir. On dirait des commis-voyageurs.

Les soldats français reprennent leur souffle. Ils font halte et mangent. Ilsse comptent et anxieusement se recomptent quand le nombre de présents n'atteintpas le chiffre désiré. Pourtant, il en manque à l'appel. Pour certains, ont saitqu'ils ont été évacués, mais pour d'autres .•• on appelle .•• Dunoyer ••• personne nerépond ••• Bronner .•• personne ne répond ••.

Et puis on mange. On reprend des forces. On fume une cigarette. Un hommearrange son sac. Un autre refait son pansement, sanglant d'une j '~,('bleJIsure ré-cente. Le chef donne llordre de repartir; les hommes se lèvent.

Dans un champ, de jeunes soldats enterrent un ami; mort à l'ennemi. Ils for-ment un groupe immobile et triste. Une simple croix de bois recouvre le tertre,frais de la lourde terre alsacienne. Ils ne peuvent se séparer. Ils sont comme desenfants désespérés. Ils se demandent pourquoi lui •..

Plus loin, des prisonniers enterrent des Allemands et des chevaux abattus àun carrefour par le feu d'artillerie. Un des morts gît dans son sang. A côté delui, il l'a regardée une dernière fois, une photo le montre avec sa famille. Il aun chapeau léger. Sa femme sourit. Les enfants se tiennent par la main. Ils sontdans un grand soleil d'été. Maintenant, il est dans le brouillard de novembre. Seul.Dans un pré, des vaches meuglent. D'autres, déchiquetées, gisent un peu partout.

Je visite un abri, genre de tunnel presqu'obscur, dans lequel, depuis 15jours, les habitants de Dannemarie s'abritent. Ils dorment sur des matelas et ontpeu à manger. Une vieille femme est assise sur son lit. Malade. Pas de docteur.Dans la pénombre, le visage de la vieille est celui de la douleur et de la rési-gnation. A côté, dans une poussette, un bébé rit. Dans la nuit de leur cave, cesgens aperçoivent à peine la lueur de la liberté.

Le canon tonne. Quelques avions nous survolent et l'un d'eux lâche deux gros-ses bombes. Je ne sais où elles tomberont. Peut-être sur territoire suisse.

J'entre dans un café. Je suis fatigué. J'ai faim. Une fille blonde me donnele pain que je lui ai demandé. Elle apporte le vin et ne dit rien. Je souris.Elle me regarde gravement et puis sourit. Elle se nomme Jeanne. Elle est Alsacienne.Sa mère refuse l'argent que je voulais donner. C'est ça la vie. Un morceau de painquand on a faim. Un verre de vin quand On a soif. Un visage et un prénom.

Les prisonniers sont interrogés. Beaucoup de Polonais et de Russes parmi eux.Les Allemands utilisent différentes méthodes pour enrôler les soldats étrangers.Parfois, dans un camp de prisonniers, ils viennent avec leurs mitrailleuses, mon-trent les corps fumants à ceux qui restent et leur proposent : ou ça ou la vie sau-ve momentanément, sous l'uniforme allemand; ou bien, après avoir laissé mourirde faim de nombreux prisonniers russes, ils obtiennent de ceux qui restent une ac-ceptation passive, qui sauve les apparences.

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Les Allemands qui les commandaient dans cette région, se sont enfuis depuis10 jours environ, après avoir bien ancré dans l'esprit simple des soldats la ter-reur du Français qui torture et fusille tout ce qui lui tombe sous la main. D'oùleur défense acharnée. Ce sont des êtres amorphes. et ayant l'air le plus abrutiqui soit. Nous leur disons qu'Hitler semble perdu. Ils ont l'air content.

Mais les Allemands faits prisonniers, eux, n'abdiquent pas facilement leurmorgue. Ils croient à l'arme secrète et disent qu'ils reviendront bientôt en Fran-ce. Les 55 sont les plus acharnés.

Les pertes ont été lourdes pour la prise de Dannemarie. De nombreux charsdétruits par les blindés allemandsf des morts, des blessés.

Les conseils municipaux d'Altkirch et de Dannemarie, ceux de 1939, sont ré-intégrés dans leurs fonctions. A l'issue de l'assemblée, ils ont spontanément chan-té la Marseillaise, le chant de toutes les républiques.

Les comités de libération sont créés. Les Forces Françaises de l'Intérieurexistent en Alsace. Je vois, déjà, des jeunes gens et des hommes passer le fusil àl'épaule et le brassard tricolore au bras. Ils surveillent les routes, les ponts,et l'âme du pays.

L'Alsace est blessée. L'occupation a été savamment menée. Je lis une brochureéditée par le "Témoignage Chrétien" sur l'Alsace et la Lorraine. On se demande sion rêve en parcourant ces pages. Ce témoignage repose sur des données, inattaqua-bles. J'apprends de quelle façon les Allemands avaient organisé la vie alsacienne.Avec une rigueur mathématique. Du point de vue police : chaque maison surveillée.Du point de vue habillement : interdiction de porter le béret, trop français. Dupoint de vue natalité : prociéation rapide avec la bonne volonté de toutes lesfemmes et jeunes filles et fécondation artificielle. Ce crime contre nature, à luiseul, est signe du déséquilibre produit par l'avènement du national-socialisme.

Altkirch attend le général De Lattre De Tassigny. Les drapeaux sont apparusaux fenêtres comme des sourires. J'entends la musique de l'accordéon dans les ruel-les. Le Général De Lattre est arrivé. Souriant, pressé, il est, avec la brigadeAlsace et Lorraine, acclamé. Il me tend une main chaleureuse. Il passe, souplement,un peu penché, ;:prêtant l'oreille à la religion, un prélat l'accompagne, et auxpropos que lui timrt J.eColonel Berger. Le Général est vêtu d' une canadienne kakiet porte la caa;uette française.

Il sait ce que valent les F.F.I. et il les aime, sincèrement. Voyant arriverl'officier de liaison du Colonel Berger, il s'écrit: "Cet officier fait partiede la Brigade Alsace et Lorraine, qui vient de faire un travail magnifique. Ellea pris Dannemarie (le 28 novembre 1944) de haute lutte. C'est une splendide unitéF.F.I.".

Maintenant, il Y a des morts à enterrer : 13 membres de la brigade. Dansl'église froide d'Altkirch, un prêtre dit la messe des morts. A travers les vitrauxbrisés, je vois passer un avion. Une détonation retentit et fait trembler l'égli-se. Allons-nous être bombardés ?

Les cercueils sont placés sur les camions de la brigade. Le Colonel et sonétat-major suivent. De jeunes Alsaciennes qui, pour la première fois depuis 1939,portent le costume national, accompagnent, les mains lourdes de fleurs. Le Conseilmunicipal est présent. Le cortège descend lentement vers le cimetière.

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N° l72-1-79-Suite S

Tout près, dans le cimetière militaire de 1914-1918, d'innombrables croixattestent les tués de la guerre. A côté d'elles, des croix allemandes de 1944 con-tinuent la forêt tragique. Maintenaat, 13 nouvelles croix vont surgir du sol.

Je retrouve les officiers de la brigade Alsace et Lorraine. Cette brigade,elle est née en Dordogne, en Corrèze, dans le Lot. Là-bas, il y a eu le Maquis.Les Alsaciens réfugiés dans ces régions, en ont fait partie. Quand la guerre estmontée vers l'Alsace, ceux de la Corrèze, ceux de la Dordogne, ceux du Lot ontsimplement pensé que leur tour était venu d'aider ceux d'Alsace. Avec des moyensrudimentaires, ils sont montés vers cette terre, dernier bastion de l'adversaire.Au fur et à mesure de son avance, la brigade Alsace et Lorraine, commandée parles colonels Malraux et X., donnait la possibilité à un de ses membres, de libé-rer son village, sa ville ou sa colline. Cette mission fait que les soldats de labrigade ont un sens aigu de leur dignité. Ils sont sobres. Ils chantent beaucoup.Une force morale peu commune les anime. Chaque jour, la liste de leurs mortss'allonge. Leurs armes, ils les doivent pour une bonne part au butin qu'ils fontsur l'ennemi. Ce sont les F.F.I. : l'armée véritable de la France éternelle.

Je visite Mulhouse, dont un faubourg est entre les mains allemandes. La vil-le est détruite pour un quart. Le canon tonne. La nuit, les pièces allemandestirent sur la cité.

Je songe à cette France aimée. Je songe à ces hommes qui combattent en nom-mant Descartes, Voltaire, Pascal. Lutter pour de pareilles idées, ça ne s'appellepas faire la guerre, c'est la combattre.

Je songe à cette France tant aimée, qui se retrouve au plus profond d'ellemême. A ces F.F.I. qui ne sont pas l'effet du hasard, mais le symbole d'un désiréperdu de simplicité et de logique.

Le brouillard inonde le pays. La nuit est lourde. Je suis las. Les imagesde la guerre défilent devant mes yeux. Des morts, de la boue. Images d'horreur.Longue chaine de morts. C'est ça la guerre.

Les drapeaux que l'on fait flotter au combat, sont parfois lourds commedes linceuls.

*(Réf. Journal "L'Ilustré"

Décembre 1944)

Le document qui précède a été mis à la disposition des Anciens de la BAL,par l'intermédiaire du présent Bulletin de l'Amicale, par notre camarade MauriceDEPERRAZ, Ancien de Vieil-Armand résidant à Annemasse (74100-1 bis rue Adrien Ligué),que nous remercions et que nous citons en exemple à tous ceux qui détiennent desarchives non encore communiquées au rédacteur du bulletin.

Paul ~4BERT est un journaliste suisse. Le texte comprend des photos que nousne pouvons malheureusement pas reproduire. On lit sous la photo d'André MALRAUX:"L'auteur de la Condition Humaine, Le Temps du Mépris, La Lutte avec l'Ange, etc •••commande actuellement la Brigade "Alsace et Lorraine" sous le nom de Colonel Berger".Sous une autre photo sur laquelle nous avons identifié le Cdt DOPFF : "Un officierde la brigade d'Alsace et de Lorraine devant le poste de commandement de cettebrillante troupe". Ensuite: "Altkirch pavoisé. Dans les rues, on voit de nouveaule costume alsacien et le béret basque, tous deux disparus sous l'occupation alle-mande". Plus loin on voit des "Prisonniers allemands passant devant les inscriptionsnazies à Dannemarie. Ces inscriptions disent : "Les Juifs, les démocrates et lesbolchéviques sont les fossoyeurs de l'humanité. Nous nous battrons donc jusqu'àla victoire finale". Et enfin: "Au seuil de l'église d'Altkirch, des Alsaciennesviennent déposer une couronne sur les cercueils de 13 soldats de la brigade d'Al-sace et de Lorraine. (Photos Paul LAMBERT)".

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Additif de dernière heure N° l72-I-79-Suite T

NOS V 1 V A N T SCARNET ROSE

Séverine a le plaiSir d'annoncer l'arrivée au monde de son petit frèreSébastien en ce a juin 1979.

Nous nous permettons de féliciter les heureux grands-parents, Monsieuret Madame Julien LIBOLD (18 rue de Richwiller - 68260 KINGERSHEIM).

CARNET BLANC

Notre camarade François STEPHAN (15 bis rue Claudot - 54000 NANCY) marierasa fille aînée Isabelle le 6 juillet 1979 à 16 heures au Temple Saint Jean(Place André Maginot - NANCY).

Nous formons les meilleurs voeux de bonheur à l'intention du jeune couple.

NOS D E CESCARNET NOIR

Nous avons la tristesse de vous faire part du décès de Madame Veuve AntoineDIENER survenu à Thionville le 2 juin 1979 à l'âge de 85 ans.

A notre camarade DIENER-ANCEL, son fils, et à sa famille ~ à notre Prési-dent National Gustave HOUVER, son gendre, et à sa famille 1 aux camarades Fer-dinand et Paul DIENER, ses fils et à leurs familles ~ nous exprimons nos condo-léances, tout en nous souvenant que son époux Antoine DIENER avait servi sousles ordres du Commandant ANCEL. Nous voulons partager la peine de cette familleengagée avec nous dans l'Histoire de la Brigade et nous voudrions que notreamitié lui soit un réconfort.

La Section liN" renouvelle ses condoléances, auxquelles se joignent lesmembres de la BAL qui connaissent bien notre camarade Alphonse JULLIERE, quia perdu sa maman le 29 mars 1979 et le Vice Président de la Section André KIEFFERqui a été frappé de la même épreuve le 3 avril 1979.

DIS T 1 N C T ION SNotre camarade GIRARD Robert, membre de la Section "MOI vient d'être l'ob-

jet d'une récompense (Médaille d'Honneur Départementale et Communale) pour 25 ansde dévouement à la commune en qualité de Maire.

La Presse régionale a écrit entre autres éloges : "Monsieur Albert ESTAVIO,Premier Adjoint, retraça la carrière du premier magistrat de la commune depuissa prise de fonction en avril 1953.

"Avant de lui remettre la Médaille, Monsieur le Sous-Préfet présenta lesgrandes étapes de la vie du récipiendaire, insistant également sur le grand rôlede soutien moral qu'a joué Madame GIRARD, son épouse.

"Né le Il octobre 1921, à Fèves, d'une famille de cultivateurs, MonsieurRobert GIRARD a toujours résidé dans la localité, en dehors de la période où ilavait été expulsé avec ses parents pendant l'occupation. Au cours de la SecondeGuerre mondiale, il combattit tout d'abord dans la Résistance début 1944, avantde s'engager dans les Forces Françaises de l'Intérieur, puis dans la BrigadeAlsace-Lorraine de la Première Armée française sous les ordres du Colonel AndréMALRAUX. Il prit part aux combats du Bois Le Prince puis à Ramonchamp et à ladéfense de Strasbourg.

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N° l72-I-79-Suite U

"Conseiller municipal du 26 avril au 8 mai 1953, et Maire depuis cette date,Monsieur GIRARD, est Délégué au District Nord de l'agglomération messine, au syn-dicat des Communes, et aux syndicats intercommunaux des Eaux de Gravelottes, devoirie de Rombas et du C.E.S. de Maizières-lès-Metz. Il est de plus Chevalierdu l'fériteAgricole.

"Dans sa conclusion, Monsieur KUHNMUNCH, le décrivit en ces termes : "Mon-sieur GIRARD est un homme possédant un solide bon sens allié à une solide eXPé-rience acquise au contact des affaires communales. Il est réputé pour son impar-tialité. "

La Section est heureuse de s'associer aux autorités en lui adressant égale-ment ses très sincères félicitations ainsi qu'à son épouse.

A 0 RES SESCOMTE Gabriel - 192 rue du Maréchal Foch - 67380 LINGOLSHEIMDANOS (père) - Hôtel Le panoramic - TREMOLAT - 24510 SAINT ALVEREDE ANGELIS Vincent - 39 avenue André Malraux - 54400 LONGWYDORIGNY Georges - 2 place pierre de Fermat - 51100 REIMSESTIENNE René - NORROY LE VENEUR - 57140 WOIPPYFISCHBACH Emile - 6 rue des Dahlias - 57200 SARREGUEMINESGIRARD Robert - 16 rue Haute - FEVES - 57210 MAIZIERES LES METZHENTZY Oscar (Mme) - Rue Saint Marc - OSENBACH - 68570 SOULTZMATTJAEGER Pierre - "Le Vieux Moulin" - 37 rue de Boersch - 67210 OBERNAIMIGLIERINA Auguste - FOSSIEUX - 57590 DELMETHILIQUE Joseph - 10 avenue de Nancy - 57260 DIEUZETHONY Georges - 40 place Stanislas - 88600 BRUYERESWOLF Léon - 7 rue des Peupliers - 67380 LINGOLSHEIM

S U P PRE S S ION o U B U L LET l NQuoiqu'ayant reçu quatre numéros et deux rappels, les camarades suivants

nlont pas contribué aux frais du bulletin (Frs 10,-) pour 1978 (ni 1979) ; lebulletin leur est donc supprimé ~ AUDRIX - BENTZ - BOURGIGNON - BUHAJ - CHARBONNIER -CHERY M. (Buchy) - CHEVIRON - CHRAPATY - DIEUMEGARD - EYTIER - FRANTZ Ch. (Toulouse) -HARTMANN J. (Toulouse) - JACOB A. (Metz Grigy) - JACOB R. (Marly) - LARCHEZ -LONGUEVILLE - MAGNETTE - NABOULET.

En cas d'erreur, prière d'excuser ce rappel et de justifier le versement(date et montant débité). Merci d'être compréhensifs.