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COMPRENDRELE DÉVELOPPEMENTHUMAINJ’ai jugé bon de focaliser ce discours sur les orientationsd’avenir qu’il convient de suivre pour parachever laconstruction de la citoyenneté digne. C’est uneentreprise qui requiert le renouvellement du pacte pourla réalisation du chantier de règne, qui est celui dudéveloppement humain, ainsi que la mobilisation totaledes potentialités de nos jeunes. Cela suppose, aussi delaisser toute latitude aux initiatives génératrices derichesses économiques et novatrices dans tous lesdomaines scientifiques et artistiques, à l’intérieur duMaroc comme à l’extérieur. Notre but ultime réside dansl’édification d’un Maroc d’égalité des chances et departage des responsabilités.Nous demeurons attaché à ce que l’Etat déploie tous lesefforts nécessaires à la réalisation de cet objectif, etveillerons également à assurer à tous les Marocains lesconditions d’une vie digne et décente. A cet effet, nousmenons des actions avec la contribution de l’Etat et del’ensemble des acteurs de secteur privé, de la sociétécivile, des corps constitués, des autorités, des individuset des collectivités. Pour y parvenir, il n’est d’autre voiepour nous que d’oeuvrer à l’ancrage des vertus du labeur,de la rectitude et du mérite, et à la mise en oeuvre desmécanismes de contrôle, de responsabilisation et detransparence, dans le respect de la primauté de la loi etdes valeurs de citoyenneté agissante.
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COMPRENDRELE DVELOPPEMENTHUMAIN
COMPRENDRELE DVELOPPEMENT
HUMAIN
Travail ralis par le Dr Grefft-Alami
Jai jug bon de focaliser ce discours sur les orientationsdavenir quil convient de suivre pour parachever laconstruction de la citoyennet digne. Cest uneentreprise qui requiert le renouvellement du pacte pourla ralisation du chantier de rgne, qui est celui dudveloppement humain, ainsi que la mobilisation totaledes potentialits de nos jeunes. Cela suppose, aussi delaisser toute latitude aux initiatives gnratrices derichesses conomiques et novatrices dans tous lesdomaines scientifiques et artistiques, lintrieur duMaroc comme lextrieur. Notre but ultime rside dansldification dun Maroc dgalit des chances et departage des responsabilits.
Nous demeurons attach ce que lEtat dploie tous lesefforts ncessaires la ralisation de cet objectif, etveillerons galement assurer tous les Marocains lesconditions dune vie digne et dcente. A cet effet, nousmenons des actions avec la contribution de lEtat et delensemble des acteurs de secteur priv, de la socitcivile, des corps constitus, des autorits, des individuset des collectivits. Pour y parvenir, il nest dautre voiepour nous que duvrer lancrage des vertus du labeur,de la rectitude et du mrite, et la mise en uvre desmcanismes de contrle, de responsabilisation et detransparence, dans le respect de la primaut de la loi etdes valeurs de citoyennet agissante.
Extrait du discours Royal du 6 janvier 2006, loccasion du rapport de lIER et du RDH 50
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Photos Ministre du Dveloppement social - Photos Taher Jemiya - Crdit ADS
Juin 2006
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Prambule . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Premire partie : Comprendre le dveloppement humain . . .
I. Dveloppement humain et doctrines classiques
du dveloppement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
II. Dfinition du dveloppement humain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
III. Perspectives des capacits et des liberts humaines . . . . . . . . . .
IV. Application des perspectives "capacits et liberts" au domaine
de la lutte contre la pauvret, lexclusion et la prcarit . . . . . . .
V. Mesure du dveloppement humain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
VI. Dveloppement humain et Objectifs du Millnaire pour
le Dveloppement (OMD) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Seconde partie : Comprendre lInitiative Nationale pour leDveloppement Humain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
I. Principes et fondements de lINDH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
II. Contenu programmatique de lINDH et modalits de mise en uvre . .
1. Contenu programmatique et procdural . . . . . . . . . . . . . . . . .
2. Dmarche et procdures de mise en uvre des programmes .
III. Financement et allocation des ressources . . . . . . . . . . . . . . . . . .
IV. Principaux enjeux de lINDH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
SOMMAIRE
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Depuis le milieu des annes 90, le Maroc est engag dans un vasteprocessus de rformes politiques, conomiques et sociales, dont lestraits saillants sont :
la consolidation de lEtat de droit et de la dmocratie, modernisationde lEtat et des institutions, largissement des espaces de liberts.
des rformes conomiques structurelles, ouverture et modernisation delconomie, chantiers structurants dinfrastructures et damnagementdu territoire, promotion de linvestissement et de lemploi.
des rformes sociales majeures dans le domaine de lducation, de lasant, des relations professionnelles et de lemploi, du logement, dela protection sociale et de la lutte contre la pauvret et lexclusion.
des changements socitaux caractriss par lmergence de la socitcivile, le dynamisme associatif, le processus galitaire en matire degenre, la modernisation et la professionnalisation des medias,louverture des espaces dinformation et de communication
lintensification du dbat public, notamment travers les rapports delInstance Equit et Rconciliation (IER) et celui du cinquantenaire surle dveloppement humain du pays (RDH50).
PRAMBULE
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Dans ce contexte global, lanne 2005 a connu deux vnementsmarquants, le rapport du jubil de lindpendance (sus-cit) etlInitiative nationale pour le dveloppement humain (INDH) lance parSa Majest le Roi Mohamed VI, que Dieu lassiste, lors de son discours la nation du 18 mai. Tous deux mettent en exergue limportance queprend dsormais le concept moderne de dveloppement humain dansla conduite des politiques publiques au Maroc. Comprendre lune(lINDH) et lautre (le RDH50) implique de comprendre ledveloppement humain.
Lobjet de ce document est prcisment de proposer une clarification dece concept relativement dense et aux ramifications complexes, afin de lerendre aisment comprhensible et accessible tous. Dans cette optique,ce document se veut un ouvrage de vulgarisation dans le bon sens duterme. Il ne sadresse donc pas aux spcialistes du dveloppementrompus au maniement de ce concept, mais aux citoyens en gnral, quiont besoin dune lecture simple et synthtique du dveloppementhumain, afin dtre en mesure den saisir toutes les implications sur leurexistence quotidienne et leurs aspirations, ainsi que les efforts que le paysdploie actuellement pour tenter de les amliorer et de les satisfaire.
Lobjectif global tant de rendre explicites, pour tous, les diversesdimensions que recouvre le concept de dveloppement humain afin debien comprendre toute la porte et la philosophie de lINDH. Cestpourquoi ce document est compos de deux parties :
comprendre le dveloppement humain
comprendre lInitiative Nationale pour le Dveloppement Humain(INDH).
Abderrahim HarouchiMinistre du Dveloppement Social
de la Famille et de la Solidarit
PREMIERE PARTIE
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I. Dveloppement humain et doctrines classiques du dveloppement
De prime abord, la question fondamentale est la suivante : en quoi ledveloppement humain est-il diffrent des thories classiques dudveloppement et quapporte-t-il de rellement nouveau par rapport elles ?
Pour rpondre cette question, il est ncessaire de faire un bref rappeldes doctrines classiques du dveloppement et de les passer en revue lpreuve de lhistoire. Depuis la fin du second conflit mondial, quatregrandes tendances, en matire de dveloppement, se sont succdes,parfois de faon antagoniste ; en effet :
Au cours des annes 50 et 60, laccent a t mis sur laccumulation ducapital physique et financier, sur le dveloppement des infrastructures etlexploitation des ressources naturelles (agriculture, industrie, substitutiondes importations, promotion des exportations). La croissanceconomique tait cense gnrer et diffuser le progrs social. Ni le sortdes populations pauvres, ni encore moins le sort des femmes neconstituent une proccupation du dveloppement.
Dans les annes 70, la ncessit est apparue dinvestir dans le capitalhumain notamment au moyen des politiques dducation et de sant,le facteur humain (facteur travail) tant de plus en plus considrcomme un lment fondamental et indispensable aux gains deproductivit ct des progrs scientifiques et technologiques.
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Au cours des annes 80, la priorit a t de nouveau accorde lacroissance conomique, la prminence du dveloppementconomique tant souligne en tant que pralable la redistribution.Les chocs ptroliers des annes 70, les tendances inflationnistes, lescrises conomiques montaires et financires successives, ainsi que lacrise de surendettement de beaucoup de pays en dveloppementayant conduit aux programmes dajustement structurels (PAS) sous lahoulette du Fonds montaire international et de la Banque mondiale.Les efforts ont port sur la stabilisation macroconomique et lesrformes conomiques structurelles, mme sil apparaissait ncessairedattnuer les cots sociaux de lajustement et des rformes par desmesures sociales daccompagnement.
Enfin, dans les annes 90, un accent tout fait nouveau a t mis surlimportance de la dmocratie et de lEtat de droit. Les mots dordreont ds lors port sur la garantie des droits humains fondamentaux, surles liberts politiques et civiles, sur lquit lintrieur desgnrations (lutte contre la pauvret, es ingalits et lexclusion) etentre les gnrations (dveloppement durable), sur lquit entre lesgenres, sur le respect de lenvironnement et sur la bonnegouvernance.
Par rapport ces doctrines classiques de dveloppement, dont certainestaient en opposition caricaturale (capital physique et financier versuscapital humain), le dveloppement humain a dabord comme mritefondamental de ne pas remettre en cause les autres conceptions dudveloppement dominante strictement politique, conomique ousocioculturelle. Au contraire, il tente de les unifier et de les englobertoutes, en ce sens que chacune a une part de validit ou de vrit. Ladiffrence essentielle rside dans la ncessit de ne pas confondre lesfins et les moyens ; partant de cette exigence thique :
Le dveloppement humain postule que le bien tre humain est laseule et vraie finalit ou devrait tre celle de toute politique dedveloppement. Les autres considrations nont trait quaux moyensde parvenir cet objectif.
Il sinscrit dans une dimension plus large que celle de la simplecroissance conomique, en lui intgrant justice sociale, durabilit etcontrle des personnes sur leur propre destine. Il couple donctroitement et prioritairement une logique qualitative de bien-tresocial la logique quantitative de croissance conomique.
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Il dploie, en consquence, des indices adapts et populariss pourapprhender ltat compar du dveloppement entre les nations etentre les rgions du monde.
Il sappuie enfin sur une dmarche de territorialisation etdappropriation des processus de dveloppement et de diffusion desbonnes pratiques, et ne procde donc pas dun quelconque modleformalis, impos ou fig en matire daction.
Pour autant, et dans le but de lever certains raccourcis et certainesoppositions factices qui rgnent encore dans un vaste spectre smantiquecomprenant les expressions suivantes : dveloppement conomique,dveloppement social, politiques sectorielles, politiques sociales,investissement dans le capital humain, protection sociale, aide socialeil convient de lier celles-ci la dimension politique et institutionnelle dudveloppement. A cet gard, il semble utile de rappeler que le tournantconceptuel de la fin des annes 80 et du dbut de la dcennie 90 aclairement une connotation gopolitique. Il sagit de la chute du mur deBerlin en 1989 et de la cessation, du mme coup, de lopposition frontaleet rdhibitoire entre deux modles de dveloppement.
En effet, cet vnement a signifi la fin dun paradigme gopolitique,celui de lre des blocs et de la guerre froide, dans lequel lespacepolitique et conomique tait divis en 3 mondes, dont deux, lEst etlOuest, taient engags dans une confrontation sans fin, tandis quilscherchaient chacun attirer le Tiers monde en lui proposant unmodle de dveloppement et daccession la modernit et auprogrs.
Un an aprs, en 1990, selon les chiffres de la Banque mondiale, 16%de la population de la plante lpoque, soit 830 millions dhabitantssur 5,2 milliards, concentrent entre leurs mains 75% du revenumondial, soit 15 mille milliards de dollars sur un total de 20 millemilliards. Ce constat majeur, jusque l masqu par la confrontation desdeux blocs, qui pourtant en avaient fait leur terrain daffrontementprincipal, doit tre rapproch avec un second fait capital induit par lafin des blocs, savoir que la plante est dsormais perue comme unmonde fini, un "village plantaire" dont tous les pays sont solidaires delvolution et coresponsables de lavenir.
Cette phase historique est lorigine du nouveau paradigme de lamondialisation moderne. Ce paradigme nous fait voir lavenir travers
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un prisme o le monde sachemine, de faon parfois chaotique maisquasiment irrversible, vers une configuration unifie, plus au moins"apaise", combinant les structures de lconomie librale de march,celles de la dmocratie reprsentative et des droits de lhomme, etcelles de la responsabilit cologique partage.
Mme sil est contest par des contre paradigmes concurrents (altermon-dialisme, tentation dun nouveau grand schisme Nord-Sud remplaantlancien schisme Est-Ouest, choc des cultures et des civilisations), cemodle rgit dsormais les six facteurs de transformation du monde :
1. Facteurs politiques, institutionnels et scuritaires lis la paix dans lemonde, conflits rgionaux, ethniques ou culturels, hyper-terrorismeinternational, opposition de la tentation de lunilatralisme delhyper-puissance amricaine au multilatralisme.
2. Facteurs conomiques lis la globalisation des changes, larapidit et la mobilit de ces changes.
3. Facteurs cologiques et environnementaux lis aux problmes delnergie, de leau, du rchauffement climatique et la ncessit deprserver les ressources naturelles et le patrimoine plantairecommun.
4. Facteurs dmographiques lis laccroissement de la populationmondiale, au vieillissement de la population dans certains pays etaux tensions induites par les flux migratoires.
5. Facteurs culturels lis la tendance un modle dominant et lancessit de prserver la diversit et la richesse des cultures et descivilisations.
6. Facteurs spcifiques lis la coopration internationale, laidepublique au dveloppement, la lutte contre la pauvret et la faimdans le monde.
Ce rappel chronologique permet dexpliquer que le dveloppementconomique, y compris travers ses modles alternatifs et antithtiques(conomie librale versus conomie administre), a longtemps tdominant et a exerc ainsi une sorte de fascination prioritaire. Ledveloppement social et a fortiori le dveloppement humain taientcenss dcouler de lune ou lautre option en matire dorganisation
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politique et conomique, ou plutt de lune lexclusion de lautre.Perdus entre les hauts et les bas du calcul des revenus nationaux, lesthoriciens des deux bords sont passs ct de lessentiel : le bien-tre humain.
A lvidence, il est plus facile de calculer le revenu par habitant que demesurer le dveloppement humain. En outre le dveloppement humainparticipe du tournant conceptuel de la dcennie 90 qui met en exerguelimportance des droits de lhomme et de le dmocratie pour le bien-tre individuel et collectif.
Au regard du dveloppement humain, seule la garantie des droitshumains fondamentaux et seuls llargissement des opportunits et deschoix des individus et de leurs possibilits de participation aux dcisions,sont mme dinduire un processus auto-entretenu de croissanceconomique, damlioration du revenu par habitant et de cohsionsociale. En ce sens, la dmocratie et la bonne gouvernance sontconsubstantielles au dvelop-pement humain, dans la mesure o ils serenforcent mutuellement.
Ainsi, lpreuve de lhistoire et par rapport au concept du dvelop-pement humain, les diffrentes doctrines de dveloppement se sontavres un gard ou un autre rductionnistes. Le nouveau conceptlargit lhorizon de dveloppement en replaant lhomme nonseulement comme son moteur essentiel, mais aussi et surtout comme safinalit ultime. Les applications pratiques de ce changement dhorizonet de paradigme, pour aussi simples quelles puissent paratre, sontcependant considrables.
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II. Dfinition du dveloppement humain
Il nest pas facile de proposer une dfinition unique et simple duconcept de dveloppement humain, tant sa richesse est grande et sesimplications considrables. Nanmoins, il est possible den prsenterune dfinition synthtique et globale, telle quelle t popularise parles rapports successifs du PNUD, et telle quelle est universellementadmise aujourdhui, avant den aborder les multiples facettes et lesenjeux profonds quil soulve.
Le dveloppement humain est fond sur quatre aspirations essentielles :
1. Vivre longtemps et en bonne sant.2. Accder au savoir dans ses diffrentes dimensions.3. Disposer de ressources matrielles suffisantes pour mener une
vie dcente.4. Participer librement la vie communautaire et publique.
De ces quatre aspirations fondamentales dcoule directement la logiquede lindice de dveloppement humain (IDH), instrument vedette demesure du dveloppement humain dans les pays. La quatrime tantdifficilement quantifiable, lIDH focalise sur les trois premiresdimensions :
LIDH : 3 dimensions
1. La sant : mesure par lesprance de vie la naissance.2. Le savoir : mesur par le niveau dinstruction.3. Le niveau de vie : mesur par le PIB par habitant.
Mme ainsi dfini, de la faon la plus simple et la plus claire possible,le dveloppement humain prte encore confusion :
Il est souvent utilis pour qualifier toute politique dimension humaine ;
il est souvent assimil aux politiques qui investissent dans lesressources humaines.
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Ces frquentes confusions rendent ncessaire une analyse enprofondeur du concept qui sera dveloppe au paragraphe suivant. Ledveloppement humain comporte aussi une dimension de durabilit. Ila pour objet de crer un environnement au sein duquel chaque trehumain pourra accrotre ses capacits et largir ses choix, sans remettreen cause ceux des gnrations futures.
Le dveloppement humain durable
Le dveloppement humain durable est un dveloppement quinengendre pas seulement la croissance, mais qui distribue defaon quitable ses bnfices, qui renouvelle lenvironnementplutt quil ne le dtruit, qui responsabilise les gens plutt quil neles exclut.
J.G. Speth, administrateur du PNUD, 1994
Piliers fondateurs du dveloppement humain
1. Dvelopper les ressources humaines : sant et ducation.2. Lutter contre la pauvret et lexclusion.3. Crer des emplois dcents.4. Promouvoir les femmes.5. Grer lenvironnement en prservant le choix des gnrations
futures.6. Promouvoir la bonne gouvernance politique, conomique,
sociale et culturelle, cest--dire favoriser lmergence duncapital socio-institutionnel propice au dveloppement humain.
Le dveloppement humain nest pas rductible aux seules dimensions conomiques
1. Laccumulation de richesses peut saccompagner de faibles niveauxde dveloppement humain et de persistance de la pauvret.
2. La croissance conomique, mal contrle, peut dtruire jamais les ressources naturelles non renouvelables.
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Le dveloppement humain nest pas laffaire de lEtat seul. Au contraire, ilimplique de redfinir le rle des diffrents acteurs du dveloppement :
Rle des acteurs du dveloppement humain
LEtat doit crer des cadres institutionnels, juridiques etrglementaires qui favorisent le dveloppement humain, et veiller leur mise en uvre. Les collectivits locales et les entreprises doivent participer lamise en uvre des cadres prcits dans la transparence, laresponsabilit sociale et lefficacit des marchs. La socit civile doit proposer et mettre en uvre des initiativesen faveur du dveloppement humain durable et veiller lareddition des comptes des dcideurs politiques, conomiques etsociaux. Le dveloppement humain implique une bonne gouvernancepublique et prive.
Dimensions de la bonne gouvernancedu dveloppement humain
1. La lgitimit et la responsabilit politiques.2. La libert dassociation et de participation.3. Un systme judiciaire quitable et fiable.4. La libert dinformation et dexpression.5. Une administration responsable et transparente.6. Une gestion efficace et efficiente des finances publiques.7. Une coopration effective et sincre avec les organisations
de la socit civile.
Ainsi vu sous ces quatre angles : (i) aspirations aux capacits essentielles,(ii) durabilit, (iii) piliers fondateurs, (iv) rle des acteurs et gouvernance,le dveloppement humain est dcrit de faon simple et synthtique,immdiatement perceptible par tous ; on peut cependant y adjoindre ladfinition quen propose le rapport arabe sur le dveloppement humain,PNUD 2002 qui est dune grande limpidit.
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Le dveloppement humain peut tre dfini simplement comme unprocessus dlargissement des choix. Chaque jour, chaque trehumain fait toute une srie de choix dordre conomique, social,politique ou culturel. Si les tres humains sont bien au centre desactivits entreprises en vue du dveloppement, celles-ci devraienttre orientes vers llargissement des choix dans tous les domainesde lactivit humaine au bnfice de tous.
Ainsi dfini, le dveloppement humain est une notion assez simple quicomporte pourtant des implications considrables. En premier lieu, leschoix humains sont accrus lorsque les tres humains acquirent desopportunits supplmentaires dutiliser ces capacits. Ledveloppement humain vise non seulement largir les capacits et lesopportunits, mais aussi maintenir un quilibre appropri entre celles-ci afin dviter la frustration qui rsulterait dune grande disparit entreelles.
Cette dfinition a le mrite de focaliser sur les capacits et les libertshumaines. Comprendre le dveloppement humain implique de biencomprendre la porte et la signification de la perspective des capacits etde celle des liberts.
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III. Perspectives des capacits et des liberts humaines
On ne saurait parler du concept du dveloppement humain et expliquertoute la richesse de ses soubassements thoriques, sans dire lapportmajeur du prix Nobel de lconomie Amartya Sen, auquel lmergence,puis lessor du concept doit beaucoup.
Ce concept est n dans le cadre des travaux de lconomie du bien-tre(conomie du welfare ne pas confondre avec le welfare State, quisignifie Etat-providence). Partant dune critique radicale de lapprochepurement utilitariste de lconomie du bien-tre, Sen a pos lesfondements dune nouvelle approche plus humaniste, essentialiste, etqui a trait, en somme, lthique du dveloppement. Cette approchepeut tre entirement rsume par une seule phrase de lauteur : "Ledveloppement humain na rien voir avec la richesse ; il a, aucontraire, tout voir avec la vie". A partir de 1990, date du premierrapport du PNUD sur le dveloppement humain dans le monde, uncycle de confrences et de sommets organiss sous lgide des Nationsunies a permis de concevoir et denrichir progressivement ce nouveauconcept, notamment travers la construction de lindice dedveloppement humain, lIDH1, et plus tard de multiples autres indicescomplmentaires et/ou alternatifs.
Le concept du dveloppement humain pose comme pralable que cedernier est irrductible au seul revenu. On peut dire que lhypothse dudveloppement humain repose entirement sur cette affirmation simple.En outre, mme le principe classique de justice sociale, fond sur la rpartitionet la redistribution des revenus est, terme, inefficient sil ne prend pas appuisur un niveau suffisant de potentialits humaines lmentaires.
Ce terme de "potentialits humaines lmentaires" permet dintroduire laperspective des capacits. Dans une telle perspective, la pauvret en termesde revenus ou en termes montaires nest quune composante de la privationdes capacits humaines. A linverse, llargissement des possibilits pour lesindividus dacqurir ces capacits, et llargissement de leurs choix pourmettre profit ces capacits et participer aux dcisions, est mme dinduireun processus auto-entretenu de bien-tre, coupl la croissanceconomique et damlioration du revenu par habitant.
1 LIDH a beaucoup contribu populariser le concept de dveloppement humain travers les rapportsannuels publis par le PNUD qui proposent une classification, dsormais universellement admise, despays selon cet indice.
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La perspective des liberts humaines est donc un corollaire fondamentalde celle des capacits. Le concept du dveloppement humain "pense" ledveloppement la fois comme capacit et comme libert. Dans ce sens,il peut tre dfini simplement comme le "dveloppement des individus,par les individus, pour les individus" ou, mieux encore, le "dveloppementde la population, par la population et pour la population". Fond ainsi surle binme capacits-liberts, le dveloppement humain est avant tout unprocessus de libration positive des nergies humaines.
Par capacits, il faut entendre quatre grandes capacits qui correspondentaux quatre grandes aspirations cites plus haut : vivre une vie longue etsaine, acqurir des savoirs, accder aux ressources ncessaires pour menerune vie dcente et digne et participer la vie de la communaut. Cescapacits ont dabord une valeur universelle. Elles sont primordiales pourla vie, car leur absence fermerait la porte de nombreuses autrescapacits, possibilits ou opportunits. De ce fait, la vritable richessedune nation, ce sont ses hommes et ses femmes ; autrement dit, sonpotentiel humain et la aon dont elle le met en valeur.
De plus, les capacits humaines ne sont rien sans les droits et les libertsde les exercer. Le dveloppement humain a donc aussi pour objectifpremier de favoriser les liberts humaines. Par le dveloppement, on peutaccrotre les capacits humaines en accroissant les choix des hommes etdes femmes, afin quils puissent mener une vie pleine et crative pour euxet pour les autres. En somme, il sagit de favoriser lpanouissementindividuel pour favoriser lpanouissement collectif.
En effet, grce au dveloppement, les tres humains bnficient la foisdes facteurs de progrs et des changements que ce progrs entrane. Cedveloppement doit se faire au bnfice de tous, quitablement, et doitse construire avec la participation de chacun. Cette dernire affirmationpeut tre considre comme le leitmotiv du dveloppement humain.
Prsentes ainsi, ces ides qui sous-tendent le nouveau paradigme dudveloppement peuvent sembler navoir rien de neuf. On peut lesretrouver dans les crits dAristote, dIbn Khaldoun, de Kant, dAdamSmith et de beaucoup dautres. Mais pendant longtemps, lesdiscussions et les polmiques sur les politiques de dveloppement onttrangement "oubli" cette vrit simple et pourtant si profonde : le seulvrai but du dveloppement, cest le bien-tre des gens. Malgr toute sonimportance, la croissance conomique nest quun moyen pour arriver cette fin.
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IV. Application des perspectives "capacits et liberts" au domaine de la lutte contre la pauvret, lexclusion et la prcarit
Le concept de dveloppement humain a profondment rvolutionnlapproche de la pauvret et de lexclusion, et partant les politiques delutte contre ces phnomnes sociaux. Selon la perspective descapacits, la pauvret montaire nest quun stigmate, en tant quecomposante ou rsultante, de privations diverses de capacitshumaines. Ainsi, dune vision simplement conomique, on est pass une vision sociologique qui permet de comprendre comment desfamilles ou des groupes sociaux qui concentrent des handicaps ou desdsavantages sociaux multifactoriels peuvent tre enfermes dans les"trappes de la pauvret ou de lexclusion". Linterdpendance entre cesmcanismes multifactoriels de privation de capacits jouant lintrieurdes gnrations, mais aussi entre les gnrations, constituant ainsi ungage de leur reproduction.
Par capacits, il faut entendre les aptitudes et les possibilits quont oudevraient avoir les gens pour avoir un bon niveau de sant, un bonniveau de savoir et de formation, pour fonctionner normalement dansla socit en ayant accs aux ressources ncessaires pour mener une viedcente. Ce qui inclut un cadre de vie salubre et viable : laccs leau, llectricit, aux routes et aux moyens de communication, laccs auxservices de sant, laccs lcole, la formation et lapprentissage,laccs un emploi et un revenu dcent, laccs une matrise de sapropre destine pour chapper ainsi la dpendance lgard dautrui.Autrement dit, les pauvres nont pas besoin que dassistance matrielle ouque de la charit publique ou prive, ils ont besoin de conditions de viedcentes, et surtout que lon reconnaisse leur dignit dtres humains lgal de tous les autres.
Le dveloppement humain accorde donc une importance fondamentale la lutte contre la pauvret. Pour autant, il ne faut pas commettre lerreurde penser que le dveloppement humain se limite la lutte contre lapauvret et lexclusion. Certes, cette proccupation est moralementsignificative, mais les objectifs du dveloppement humain vont bien au-del. Il sagit dune autre conception du dveloppement, comme nouslavons vu, holistique et essentialiste, mais qui pose comme objectifprioritaire la rduction de la pauvret humaine en agissant sur ses causesprofondes.
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Agir sur les causes profondes de la pauvret, cest avant tout doter les gensde capacits dont ils sont privs et agir sur leur cadre de vie qui comportede multiples facteurs de pauvret ou dexclusion. Cela inclut laccessibilitrelle aux infrastructures de base et aux services sociaux de base, ce quincessite des politiques publiques efficaces de valorisation du potentielhumain.
Mais doter les gens de capacits ne suffit pas en soi, encore faut-il que lesgens puissent jouir des liberts relles dexprimer ces capacits.Appliques au domaine de la lutte contre la pauvret et lexclusion, lesperspectives des capacits et des liberts permettent de mieuxcomprendre leur nature et leurs causes et donc de lutter de faon plusefficace contre ces causes. Elles permettent aussi de coupler le combatcontre la pauvret et lexclusion laction de lEtat pour garantir lesdroits humains fondamentaux, les liberts publiques et civiques ainsique lmancipation politique inhrente au processus dmocratique.
La dmocratie, lEtat de droit et la garantie des liberts humaines sontessentiels au dveloppement humain en gnral et la rduction de lapauvret et lexclusion en particulier. Non seulement en raison de leurlgitimit intrinsque, mais aussi parce quelles remplissent un rleinstrumental dans la libration des nergies cratrices de richesses,dans linclusion et la cohsion sociales.
Ce processus de libration du potentiel humain ninclut pas que lesliberts entendues au sens juridique ou formel, mais aussi et surtout lesliberts positives et relles. Ces dernires englobent, outre les droitspolitiques et civils lis la dmocratie et les obligations civiques yaffrentes (droit de vote, dexpression, de participation, mais aussirespect des droits et des liberts des autres et de la diversit culturelle),les possibilits quont les gens mettre en uvre lexpression de leurscapacits, de leurs opportunits, de leurs choix, et faire fonctionnerles ressources dont ils disposent. Autrement dit, les liberts positivestraduisent une situation de capacit relle et pas seulement juridiquedes individus et des communauts traduire leurs positions formellesen dispositions relles et en fonctionnements dans la socit.
Cest seulement ainsi que les voix des plus pauvres et des plus dmunispourront sexprimer et tre entendues, et cest seulement ainsi quilspourront exercer une influence et participer aux dcisions les plus aptes les intgrer au sein de lconomie et de la socit.
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En ce sens, les notions de capacits et de liberts humaines comportentde faon implicite et explicite celles de la participation, delimplication et de lappropriation communautaire, et en fin de compte,de matrise de sa propre destine.Ces claircissements conceptuels permettent de comprendre tout lebien-fond du dveloppement local pilotage communautaire (CDDou community driven development). Seul ce mode de dveloppementrenforc par des politiques publiques et sectorielles vigoureuses, dansle cadre de lexercice serein et effectif de la dmocratie locale, peutgarantir la prennit du processus de dveloppement et denvisager desstratgies de dsengagement des simples mesures dassistance.
Ils permettent aussi de comprendre que le concept de dveloppementhumain se situe aux antipodes de lgalitarisme utopique. Ce dernier,qui vise lgalit des situations matrielles, est de toutes faonsincompatible avec le fonctionnement normal de lconomie et de lasocit. Tout le mrite de la perspective des capacits et des liberts estdintroduire la notion de "lgalit des chances".
Voil ce qui est proprement vis par le dveloppement humain. Orgaliser les chances, cest avant tout chercher doter les gens decapacits (ducation, sant, cadre de vie, employabilit) et leur garantirles liberts et les opportunits dexercer leur choix, dexprimer leurscapacits, leurs talents et leurs nergies dans un objectif de bien-tre etdpanouissement individuel et collectif.
De ce point de vue, le dveloppement humain dveloppe une trs largevision qui consiste concevoir le dveloppement comme libert etcomme processus de libration des potentialits, nergies et crativitshumaines. Il nest donc pas assimilable aux politiques socialesdaccompagnement de la politique conomique qui tentent de soulager lesort des "laisss pour compte" de la croissance conomique et du march.
A cet gard, le concept de dveloppement humain ne participe passeulement de considrations altruistes et humanistes ou lies la justiceet lquit sociales. Il vise rsolument, au contraire, concilier celles-ciavec un impratif clair defficacit et de croissance conomique. Et cela,au moyen dun raisonnement extrmement simple : lobjectif decroissance et de progrs conomique, toutes considrations de rpartitionet de redistribution tant mises de ct, ne peut tre atteint que parlinclusion et lincorporation de toutes les potentialits humainesdisponibles dans un pays, dans le processus de dveloppement et decration de richesses.
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Cest pourquoi toute discrimination lie au genre, ou des critressocioconomiques, ethniques et culturels est fondamentalementcontreproductive au regard du dveloppement humain, en particulier, lesdiscriminations vis--vis des femmes qui tendraient exclure ou restreindre le rle de la moiti de la population dans le processus dedveloppement.
Il convient donc de lutter contre la pauvret, lexclusion, la prcarit, lesdisparits sociales et les disparits de genre non seulement pour desraisons thiques et morales, mais aussi pour des raisons objectivesdefficacit conomique. Le concept de dveloppement humain sinscrit,de ce fait, en rupture par rapport au dilemme classique entre efficacitconomique et quit sociale, entre croissance conomique etredistribution ; au regard du dveloppement humain, il ny a pasdincompatibilit rdhibitoire entre ces deux logiques ou ces deuxobjectifs.
Telles sont les implications profondes de la perspective des capacits etdes liberts, qui fondent intgralement le concept moderne dudveloppement humain, sur les politiques de lutte contre la pauvret etlexclusion. Le dveloppement social qui vise la rduction de la pauvret,de lexclusion et de la prcarit, ainsi que le renforcement de la culture desolidarit et de la cohsion sociale, ne reprsente quune composante,certes importante, mais une composante seulement du dveloppementhumain.
Pour autant, cet effort de clarification ne doit pas laisser subsister desambiguts et des confusions qui rgnent couramment en pratique entredes notions telles que la pauvret, la vulnrabilit, lexclusion et laprcarit. Comprendre les politiques menes actuellement contre cesphnomnes sociaux ncessite aussi de bien saisir ce que chacun deces vocables recouvre.
1 En ce qui concerne la pauvret, au Maroc, en raison de tous lesarguments dvelopps plus haut, le phnomne nest plus apprhendexclusivement travers sa dimension montaire. Ses facteursmultidimensionnels sont de mieux en mieux connus et les pochesrurales et urbaines o elle est concentre aussi.
A cet gard, la carte de pauvret communale constitue un progrs dansla connaissance de ce flau social et un moyen de ciblage puissant pourfocaliser les interventions sur les zones prioritaires.
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Bien que le taux de pauvret continue dtre valu, pour des raisonspratiques, en rfrence des seuils de revenu ou de consommation(pauvret 1 dollar par jour, pauvret 2 dollars par jour, pauvretalimentaire, pauvret absolue et pauvret relative), ces donnesconomiques sur les mnages pauvres sont constamment croises avecdes donnes relatives laccs aux services de base et avec desindicateurs sociaux. Des cartes superposes et synchrones permettentaujourdhui davoir des cartes de pauvret communales comportant lesdficits multifactoriels et multisectoriels, avec lvaluation dun indice dedveloppement social qui vient complter les donnes montaires. Letaux de pauvret relative est dtermin par un seuil conomique,priodiquement actualis ; il est en 2004 de 14,2% de la populationglobale, soit un peu plus de 4 millions de personnes, rurales pour les deuxtiers.
2 En ce qui concerne la vulnrabilit, au Maroc une personne ou unmnage sont dits vulnrables lorsquelle ou il ne dispose que dunrevenu peine suprieur 50% de celui du seuil de pauvret. Lenombre des personnes vulnrables est estim 25% de la populationtotale.
3 En ce qui concerne lexclusion, il ny pas de dfinition simple etunivoque de ce phnomne et donc pas de mthode fiable pour lequantifier. Mais les personnes exclues sont-elles assimilables aux deuxcatgories prcdentes ? Une prcision dordre smantique simpose.Souvent imbriques dans la pratique, les notions de pauvret etdexclusion sociale ne sont pas cependant synonymes.
Lexclusion sociale est une forme dingalit sociale qui, tout en tantlie au revenu, ne sidentifie pas lui ; en outre, le terme de populationsexclues ne doit pas tre confondu avec celui de populations pauvres. Ladiffrence est la suivante : les pauvres nont pas accs des biens et desservices en raison de ressources matrielles ingales, ou en raison delinexistence de ces biens et services dans leur environnement de vieimmdiat, ou encore en raison de cots dopportunit trop lourds, leurs yeux, pour y accder, alors que les exclus souffrent duneparticipation inapproprie ou ingale la vie sociale ou de lincapacitdaccder une place au sein de la socit de consommation souventlie au rle intgrateur de lemploi et du travail.
Cette distinction est importante dans le sens o elle dplace le centredattention du lien entre pauvret et revenu vers le lien entre degr
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dappartenance sociale et revenu. Ainsi, il existerait une pente socialeascendante, lascenseur social, qui produit linclusion et linsertion sociale,et une pente descendante, qui reflte les stades de lexclusion en prsentantdes dures et des degrs diffrents dexposition aux conditions de privation.
La privation demploi est le stigmate le plus vident de lexclusionsociale, laccs au travail tant linverse le mcanisme habituel delinclusion et de linsertion sociales. Etant donn la dimension duchmage urbain au Maroc, lexclusion sociale est un phnomneessentiellement urbain, la pauvret rurale ne saccompagnant pasncessairement dexclusion.
Lexclusion sociale ne se limite pas lexclusion du march de lemploiou la difficult daccs lemploi. La socit et le march se rvlentincapables dincorporer certains groupes sociaux qui cumulent, sous uneforme ou sous une autre, les caractristiques suivantes : lien faible ouinexistant avec le march du travail, faiblesse ou incertitude du revenu,faible niveau dalphabtisation, de scolarisation ou de formationprofessionnelle, tendance au dsoeuvrement socital, la dlinquanceou la violence par rupture du lien social ou par accumulation defrustrations.
4 A ces facteurs de lexclusion gnrale, il faut ajouter ceux qui affectentparticulirement certains groupes sociaux risque, comme les enfants,les femmes, les personnes ges et les personnes handicapes, en situationdabandon ou disolement. Pour ces personnes on ne parle plusdexclusion gnrale, mais plutt dexclusion spcifique ou selon levocable consacr au Maroc de personnes vivant dans une grandeprcarit.
En ralit pauvret et exclusion, dans la vie quotidienne des gens, sontintimement lies, et il ne faut pas nier lvidence : un revenu faibleconstitue, selon le bon sens populaire, le stigmate le plus vident de lapauvret et lexplication la plus immdiate de lexclusion des personnespauvres de la vie de leur communaut.
La nuance rside dans la diffrence entre plusieurs formes de pauvret. Eneffet, entre la pauvret structurelle, traditionnelle, persistante, des personnesqui connaissent la misre de gnration en gnration, et la pauvretoccasionnelle et les nouvelles formes de pauvret modernes et urbaines, onconstate un phnomne dappauvrissement qui peut toucher mme lesclasses moyennes.
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Autrement dit, quelle que soit la diversit des dlais et des formes queprend le passage de stade essentiellement montaire de la pauvret austade des privations multidimensionnelles de capacits, il y a bel etbien aujourdhui des processus dappauvrissement progressif enrelation avec lexclusion sociale. Il ne sagit pas de personnes ou defamilles considres initialement comme pauvres mais de gens quunvnement imprvu (maladie, accident, dcs, handicap, pertedemploi) plonge tout coup dans une situation dramatique.
La pauvret ne constitue donc ni un tat stable, ni un phnomne uniforme,on peut en sortir comme on peut y entrer, on peut mme devenir pauvrealors mme que lon ne la jamais t. En fait la multiplication des formesmodernes de la pauvret, et dfaut des moyens dy remdier de faonpermanente, leur persistance, transforme la nature du problme, et interditencore de parler leur propos de pauvret occasionnelle ou transitoire. AuMaroc, cette ralit traduit simplement la situation de vulnrabilit debeaucoup de mnages marocains.
Tant que les rseaux traditionnels reposant sur des liens familiaux etcommunautaires fonctionnent ou que des possibilits dinsertion danslconomie informelle existent, le risque dexclusion est moins grand,mme lorsque lEtat ne fournit pas les prestations et les services adquats.Cette soupape reposant essentiellement sur des transferts informels nesaurait prcisment dispenser lEtat de fournir les prestations et lesservices adquats, sous peine de prenniser des relations politiques,conomiques, sociales, culturelles et mme religieuses informelles.
Lorsque, et cest de plus en plus le cas aujourdhui, les rseaux desolidarit traditionnels familiaux et communautaires spuisent ou sedlitent sous linfluence des nouveaux modes de vie ou des modificationsdes structures familiales, la demande de protection sociale publiqueaugmente et la pression sur lEtat saggrave dautant. Les interventionstraditionnelles ou modernes de la socit civile, pour aussi lgitimes,pertinentes, salutaires et admirables quelles soient, ne pouvant tre quecomplmentaires des interventions publiques adaptes aux besoins etaux attentes sociales. Cest dire combien il est important de dvelopperdes contre-tendances inclusives face aux nombreux facteurs dexclusion,dappauvrissement et de pauvret.
Linclusion sociale, indispensable au maintien et au renforcement de lacohsion sociale, ne peut pas tre obtenue que par des actions de rparationdes dficits sociaux (action sur le stock), mais aussi par des actions deprvention de la reproduction de ces dficits (action sur le "robinet").
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Facteurs de pauvret et dexclusion
FACTEURS DE RISQUESSOCIAUX
PAUVRETEXCLUSION
PRVENTION DES DFICITS
Renforcement des politiquessectorielles
Programmes de dveloppement humain
CORRECTION DES DFICITS
Lutte contre la pauvret Lutte contre lexclusion Lutte contre la prcarit
Accs limit lenseignement abandon scolaire Accs limit la formation prof. Accs limit lemploi Incertitude de revenu Logement insalubre Mauvaise qualit services publics Mauvaises conditions de sant Faible protection sociale Rupture du lien social Absence de valorisation de la femme
Enfin, pour clore cette section consacre limpact du concept dedveloppement humain sur les politiques de lutte contre la pauvret,lexclusion et la prcarit, il reste souligner limportance de ladimension territoriale du dveloppement. Non seulement en raison de lapertinence du dveloppement local, avec implication et appropriationcommunautaire, dj souligne, mais aussi en raison des mfaits de lacentralisation excessive sur le dveloppement des territoires et des villes.
En effet, dans les campagnes les gens sont pauvres parce quils vivent engnral sur des territoires pauvres, ou que leurs ressources sont soumises des alas climatiques, ou que leur cadre de vie ne bnficie pas desquipements et des services de base adquats. Et dans les villes lespauvres issus de lexode rural, les chmeurs, et les catgories socialesfragiles sont exclus du systme de prosprit ambiant, de lhabitat dcentet des diverses utilits et commodits de lenvironnement citadin.
En termes simples, voil dcrites les causes de lenfermement du milieurural dans la trappe du "sous-dveloppement" et de lvolutionanarchique des villes dans le processus du "mal dveloppement" tellesquelles caractrisent de nombreux pays "en dveloppement".Leur dnominateur commun est une planification centrale excessiveresponsable dune gestion dsquilibre des territoires et des villes.
Une administration centralise qui privilgie la normalisation arbitraire et lesprocdures rigides, dresse implicitement des obstacles ses propresperformances en matire de dveloppement, do la ncessit de ladcentralisation, de la dconcentration et de la politique de proximit ; doaussi la ncessit de coupler la planification descendante, une planificationascendante manant des espaces concrets et vcus des populations.
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V. Mesure du dveloppement humain
Les indices mis au point pour mesurer le dveloppement humain sonttous, un gard ou un autre, censs mesurer les objectifs dudveloppement humain. LIDH est le plus connu dentre eux. Cest unindice composite qui mesure lvolution dun pays, comme nouslavons vu, selon trois critres de base du dveloppement humain :
1. Sant et longvit mesures par lesprance de vie la naissance,2. Savoir mesur par le taux dalphabtisation des adultes et le taux brut
de scolarisation combin du primaire, du secondaire et du suprieur,3. Niveau de vie dcent mesur par le PIB par habitant en parit de
pouvoir dachat en dollars US (PPA).
En ce qui concerne ce dernier critre, bien des conomistes diraient qului seul le revenu national constitue un bon indicateur du bien-trehumain. Mais, bien que la relation entre les deux soit vidente, puisquela croissance conomique reste un moyen incontournable pour ledveloppement humain, les enjeux du dveloppement humain nedpendent pas uniquement de la croissance conomique et des revenusnationaux. Ils dpendent aussi de la manire dont on utilise cesressources pour valoriser le potentiel humain et certains enjeuxhumains tels que la participation dmocratique aux dcisions politiquesou lgalit des droits entre hommes et femmes ne dpendent pas durevenu. A cet gard, certains pays bien classs selon le revenu parhabitant le sont moins bien selon lIDH et inversement. Par exemple, leMaroc dont le classement IDH se situe au 124e rang des pays, perd prsdune vingtaine de places par rapport son rang selon le PIB parhabitant, la cause essentielle de ce gap tant le faible tauxdalphabtisation et de scolarisation (tous niveaux confondus).
En outre, bien que lIDH reste un moyen commode dvaluer ledveloppement humain, il ne constitue quune mesure densemble quine prend pas en compte un certain nombre daspects importants dudveloppement humain, notamment la capacit participer auxdcisions qui affectent sa vie ainsi que la jouissance du respect desautres au sein de la communaut. Par exemple, une personne peut treriche, en bonne sant et bien duque, mais sans les deux dernirescapacits et liberts dcrites ci-dessus, son dveloppement humainreste limit.
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Par consquent, le dveloppement humain est un concept beaucoup plusvaste et plus complexe que ne pourrait le rsumer une mesure sommaire.Celle-ci doit tre complte par dautres indices. Cest la raison pourlaquelle les rapports successifs sur le dveloppement humain ont essayde dvelopper un indice de la libert humaine, un indice de la libertpolitique et mme un indice de dveloppement humain alternatif (IDHA),dans le but de regrouper toutes ces dimensions ; aucune de ces tentativesna t couronne de succs, traduisant ainsi la difficult mesurer desdimensions non quantifiables.
Mais cette difficult les calculer ne rend pas les nombreux aspects dela participation, tels que la libert politique, la libert dentreprendre, lalibert de culture et le respect dautrui au sein de la communaut,moins importants pour le dveloppement humain que les critresmesurs par lIDH. Cest aussi la raison pour laquelle lIDH a tcomplt par tout un panel dautres indices ou indicateurs. Le tableausuivant tir du rapport mondial sur le dveloppement humain PNUD-2004 en fournit une description synthtique :
Indice Longvit Savoir Niveau de vie dcent Participation ou exclusion
(indice de Esprance de vie Taux dalphabtisation PIB/habitant (PPA) ______dveloppement la naissance taux brut de scolarisation humain) IDH combin dans le primaire,
le secondaire et le suprieur
Indice de pauvret Probabilit la Taux dalphabtisation Privation de revenu conomique ______humaine pour les naissance de des adultes mesure par :pays en dvelop- ne pas atteindre * Pourcentage de la populationpement (IPH-1) 40 ans prive daccs durable un
point deau amnag* Pourcentage denfants de moins de 5 ans souffrant dinsuffisancepondrale
Indice de pauvret Probabilit la Pourcentage des adultes * Pourcentage de la population Taux de chmagehumaine pour les naissance de ayant des difficults vivant en de du seuil de longue durepays de lOCDE ne pas atteindre comprendre un texte suivi pauvret. (12 mois ou plus) revenu lev 60 ans * Taux de chmage de (IPH-2) longue dure (12 mois ou plus)
Indicateur sexo- Esprance de vie * Taux dalphabtisation * Revenu estim du ______spcifique du des hommes et des hommes et des femmes travail des hommesdveloppement des femmes * Taux brut de scolarisation (ISDH) la naissance combin des hommes et
femmes dans le primaire, le secondaire et le suprieur
IDH, IPH-1, IPH-2, ISDH- Mmes composantes pour des mesures diffrentes
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A ceci, il convient dajouter lindice de participation des femmes (IPF)qui mesure la part active que prennent les femmes la vie conomiqueet politique (nombre de femmes parlementaires, cadres politiques etconomiques, diffrence de revenus entre les sexes censs reflterlingalit des chances entre genres).
Quoiquil en soit, lIDH reste lindice le plus universellement admis etdonc le plus utilis. Classiquement les pays, dans les classificationsinternationales sont classs par zones gographiques, selon des critresdappartenance des ensembles conomiques, des rgions ou dessous-rgions du monde, et selon des critres de dveloppementconomique utilisant le PIB par habitant.
Ainsi, la Banque mondiale tient une comptabilit des pays en les rangeant en3 catgories : pays revenu lev, pays revenu intermdiaire, pays revenufaible (ou pays les moins avancs PMA). Le PNUD, quant lui, dresse unclassement des pays selon lIDH : pays IDH lev, pays IDH moyen, pays IDH faible. Le croisement de ces deux types de classement fait du Maroc unpays revenu intermdiaire (tranche infrieure) et IDH moyen.
Lun des principaux mrites du rapport du cinquantenaire sur ledveloppement humain est davoir procd une tude de benchmarkingrtrospective. Cette analyse, qui illustre la dmarche lucide et courageuse desinstructions royales, a consist comparer la trajectoire de dveloppementhumain du Maroc avec celle de 14 autres pays. Elle a, certes, fait apparatreune progression de lIDH, mais un rythme plus lent que celui des principauxpays du groupe tmoin. Cette comparaison ne sest pas limite ce constat,elle sest efforce den comprendre les causes et den tirer les leons.
Si certains pays comparables, ou au mme niveau de dveloppement quele ntre la fin des annes 50, ont russi de meilleures performances,lanalyse dmontre que lexplication rside dans lvaluation despolitiques publiques poursuivies en matire conomique et sociale. Cetteanalyse explique du mme coup pourquoi en 50 ans le Maroc a accompliune performance duale : sa performance conomique globale estmeilleure que sa performance sociale globale, do la diffrence declassement entre le PIB par habitant et lIDH.
Cette dmarche, qui est nettement contextualise en termes historiques, estriche denseignements pour les inflexions donner aux politiques publiques,surtout dans un contexte qui a profondment chang et qui est dominaujourdhui par la mondialisation et la globalisation des changes, ollment humain apparat comme de plus en plus fondamental.
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VI. Dveloppement humain et Objectifs deDveloppement pour le Millnaire (ODM)
La lutte contre la pauvret et la faim dans le monde constituent lun despiliers fondamentaux du dveloppement humain ; lanalyse des tendancesdu dveloppement humain au cours du 20me sicle fait apparatre lesconstats suivants : la progression du dveloppement humain aura t, entre1960 et 2000, continue et sans prcdent au cours de lhistoire ; entre cesdeux dates, dans les pays en dveloppement, lesprance de vie est passede 46 ans en moyenne 63 ans en moyenne. Les taux de mortalit desenfants de moins de cinq ans ont t rduits de plus que de moiti. Entre1975, o un adulte sur deux ne savait pas lire, et 2000, le nombre dillettrsa t divis par plus de deux. Les revenus bruts par habitant ont t plus quedoubls de 2000 4200 dollars. Mais malgr ces progrs indniables, lapauvret humaine reste un flau de masse dans le monde :
plus de 800 millions de personnes souffrent encore de malnutrition ; 100 millions denfants qui doivent tre lcole ny sont pas, dont 60
millions sont des filles ;
plus dun milliard de personnes survivent avec moins de 1 dollar parjour ;
presque 1,8 milliard de gens vivent dans des pays dont le rgimepolitique ne respecte pas pleinement les liberts dmocratiques,politiques et civiles ;
environ 900 millions de personnes appartiennent des groupesethniques, religieux, sociaux ou linguistiques victimes dune formeou une autre de discrimination.
Reconnaissant ces constats laube du millnaire, les dirigeants dumonde, runis loccasion du Sommet du Millnaire des Nations unies enseptembre 2000, ont exprim une dtermination sans prcdent de mettreun terme la pauvret dans le monde. Ils ont affirm leur engagement nonseulement vis--vis de la population de leur propre pays, mais aussi enversla population du monde entier. Les 189 pays prsents lors de ce Sommetont adapt la "Dclaration du millnaire", sengageant faire de leurmieux pour atteindre les objectifs principaux de lhumanit pour le 21mesicle, notamment lradication de la pauvret, le respect de la dignithumaine et laccession la paix, la dmocratie et un environnementdurable. Les objectifs de dveloppement pour le millnaire (ODM) sontissus de cette dclaration : 8 objectifs, 18 cibles et 48 indicateurs, afindtablir des objectifs concrets et limits dans le temps pour favoriser ledveloppement humain et faire reculer la pauvret dici 2015 ou avant.
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"Les gouvernements npargneront aucun effort pour promouvoir ladmocratie et renforcer le respect de la lgalit, des droits de lhommeet des liberts fondamentales reconnus internationalement, notammentle droit au dveloppement.
Il existe de ce fait un consensus International qui tablit un lien fortentre la forme du systme politique dun pays et la qualit de lagouvernance dune part, et lefficacit de sa politique dedveloppement humain dautre part. Dmocratie et bonnegouvernance sont donc bien consubstantielles au dveloppementhumain et se renforcent mutuellement dans un processus autoentretenu.
Le Maroc sest totalement engag dans la ralisation des OMD etlINDH vient point nomm pour lui permettre datteindre ce rsultat, sipossible avant 2015 pour un certain nombre dentres eux.
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SECONDE PARTIE
I. Principes et fondements de lINDH
Mieux comprendre le dveloppement humain et ses enjeux permet lvidence de mieux comprendre lINDH et ses enjeux. Ces enjeux sont ausens propre du terme socitaux, comme le souligne le discours royal du 18mai 2005 : "un projet socital", "Cest un chantier de rgne ouvert enpermanence".
Par consquent, Il ne faut pas percevoir lINDH comme un simpleprogramme linstar des programmes de dveloppement social successifs oudes programmes de lutte contre la pauvret et lexclusion qui lont prcde.LINDH constitue une vritable rupture avec eux, et ce, au moins troisgards :
1 En premier lieu, un volontarisme politique sans failles, exprim auplus haut niveau de lEtat, den finir court terme avec les situationsdingalits sociales les plus inacceptables et datteindre plus longterme un niveau de dveloppement humain lev pour le pays,.
2 En deuxime lieu, un changement significatif de mthode dans laconduite des politiques publiques.
3 En troisime lieu, des modalits de financement innovantes visant autonomiser les ressources des programmes INDH.
COMPRENDRELINITIATIVE NATIONALE POURLE DVELOPPEMENT HUMAIN
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LINDH nest pas fonde seulement sur des bases thoriques modernes(celles du concept de dveloppement humain). Elle est aussi fonde sur leconstat lucide des dficits sociaux persistants ainsi que sur lanalyse deleurs causes. A cet gard, lINDH et le rapport du cinquantenaire sur ledveloppement humain du pays sont profondment cohrents entre eux.
Ces dficits sociaux rendent compte aujourdhui du retard global dupays en matire de dveloppement humain : le terme global est utilis bon escient car lIDH calcul pour le milieu urbain et les couchessociales aises est comparable celui des pays niveau dedveloppement humain lev.
Les plus proccupants de ces dficits sociaux sont les suivants (anne 2005) :
Taux danalphabtisme 42,7% (rural 60% - femmes 55%)
Taux de chmage autour de 10% (mais plus de 15% en milieu urbain)
Taux de pauvret 14,2% (22% en rural et 7,9% en urbain)
Taux dexclusion de lhabitat dcent 11% (700.000 mnages vivent en bidonvilles ou dans des questions non rglementaires)
Taux de prcarit 2% (200.000 personnes urbaines : enfants des rues ou abandonne, SDF, personnes ges sans ressources)
A ces dficits sociaux, il faut ajouter des indicateurs de sant maternelleet infantile peu satisfaisants, et un accs non encore gnralis auxservices de base malgr les efforts considrables des politiquessectorielles (ducation, sant, habitat) et des programmes dquipementsectoriels (PAGER, PERG, PNCRR)2.
2 PAGER : Programme dApprovisionnement Group en Eau Potable des Populations RuralesPERG : Programme d'lectrification rural globalPNCRR : Programme National de Construction des Routes Rurales
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Surtout, ces indicateurs et ces taux daccs sont constamment moins bonsen milieu rural quen milieu urbain ; ce qui explique que le retard dedveloppement humain du monde rural a tendance tirer le classementIDH du pays vers le bas. Ce retard et ces dfis sont en train dtre rattraps,non pas tant pour amliorer ce classement, mais pour des raisons dquitsociale et defficacit conomique. Dun autre ct, les progrs rcentsdans la connaissance de la pauvret et lexclusion et dans leur localisationpermettent un meilleur ciblage des zones prioritaires dintervention. Enfin,un cadre politique adquat garantissant la dmocratie, les droits humainsfondamentaux, les liberts publiques et civiles, tel quil existe aujourdhuiau Maroc, est un atout considrable pour acclrer la cadence dudveloppement humain.
Il reste nanmoins faire en sorte que la croissance conomique soit plusforte, plus soutenue, plus rgulire, plus diffuse sur le territoire, et surtoutmieux partage. Les principes et les fondements de lINDH sont clairementannoncs dans le discours royal. Il sagit dune "autre pierre qui vientconforter" ldification dune socit dmocratique, juste et moderne.
"Cette initiative s'inscrit dans la vision d'ensemble qui constitue lamatrice de notre projet socital, modle bti sur les principes dedmocratie politique, d'efficacit conomique, de cohsion sociale etde travail, mais aussi sur la possibilit donne tout un chacun des'panouir en dployant pleinement ses potentialits et ses aptitudes".
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LINDH repose sur la conviction que seul le dveloppement localintgr avec implication et appropriation communautaires est mmede rduire durablement la pauvret et denclencher une dynamiqueprenne de dveloppement.
Cette conviction est fonde sur les apports conceptuels dudveloppement humain, sur les expriences russies au planinternational et sur le constat lucide des principaux dysfonction-nements qui ont affect jusquici la gouvernance du dveloppement auMaroc. Elle est profondment cohrente avec deux thmes majeursactivement prns et voulus par Sa Majest le Roi : le nouveau conceptde lautorit et la politique de proximit.
En effet, sans proximit, sans participation et sans partenariat, le dvelo-ppement en gnral et le dveloppement humain en particulier peuvent tredurablement compromis et retards. Le dveloppement local implique desmissions qui ncessitent une capacit dcoute, de dialogue, de dlgationdinitiatives et de responsabilits. LEtat et son administration, bien quilsaient un rle fondamental et irremplaable, ne sont quun acteur parmidautres dans le processus de dveloppement. A linverse, les initiatives dedveloppement local et les initiatives de dveloppement social et humain dela socit civile, pour aussi pertinentes, lgitimes et admirables quellessoient, ne peuvent qutre complmentaires de "politiques vigoureuses" dedveloppement humain menes par lEtat.
La conjonction entre les deux, la synergie et loptimisation des effortsdes acteurs publics et privs, centraux et locaux du dveloppement nepeuvent tre obtenues que dans le cadre de la dimension territoriale dudveloppement et la durabilit du dveloppement aussi.
De ce fait, lINDH sinscrit dans le processus plus large de modernisationde lEtat, car la dcentralisation, la dconcentration, la rgionalisation despolitiques conomiques et sociales, lamnagement concert du territoire,la protection de lenvironnement et la prservation des ressourcesnaturelles vont de pair avec le territorialisation des politiques publiques.LINDH sinscrit naturellement aussi dans le processus de dmocratisationdu pays et de renforcement de la dmocratie locale.
Dressant le bilan de ce "qui na pas march" au Maroc en matire degouvernance du dveloppement, lINDH (et le RDH50 aussi) tablit lesbases de ce "qui devrait marcher", c'est--dire les bases dune nouvellegouvernance du dveloppement.
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"Ce qui na pas march"
Manque de lien explicite entre la politique conomique et lapolitique sociale.
Centralisation, verticalisation, normalisation excessive despolitiques publiques entranant cloisonnement sectoriel, pertes desynergies et defficacit.
Insuffisance de prise en compte de la dimension locale etterritoriale de dveloppement.
Emiettement des actions publiques, prives et civiles de dvelop-pement entranant leur dispersion dans lespace et le temps.
Carences dans lingnierie et dans la con