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Société de linguistique de Paris. Bulletin de la société de linguistique de Paris. 1931. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].

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Société de linguistique de Paris. Bulletin de la société de linguistique de Paris. 1931.

1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de laBnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produitsélaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sansl'autorisation préalable du titulaire des droits. *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèquemunicipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateurde vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de nonrespect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].

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SOCIÉTÉDELINGUISTIQUEDEPARIS

BULLETINDE LA

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ESSAI DE CHRONOLOGIEDES LANGUES INDO-EUROPÉENNES

LA THÉORIE DU FÉMININ.

Le procédé par lequel on fait la grammaire comparéeaboutit naturellement à présenter le point de départ deslangues hors de la perspective historique l'indo-européencommun est une sorte d'abstraction qui est un produit dela comparaison.L'examen des données a cependant conduit à poser, à

travers l'indo-européen commun, des limites de faits dialec-taux. Abstraction faite de toute théorie les expressionsImagées telles que théorie des ondes ou centres d'irradiationqu'on emploie souvent ont l'inconvénient d'impliquer desthéories qui ne reposent sur aucune réalité positive ony a gagné de situer, au moins schématiquement, les faitsindo-européens dans l' espace.Il y a encore de ce côté beau-coup à faire un fait linguistique n'a son sens que si l'airegéographique en est délimitée. Mais le problème est bienposé.Il reste à les situer d'une manière également schéma-

tique dans le temps.On ne dispose d'aucune donnée positive sur l'époque

indo-européenne commune, il n'y a pas de témoignageshistoriques. La découverte du hittite a reculé d'un millierd'années la documentation la plus ancienne sur une langueindo-européenne. L'époque indo-européenne n'en est pasmoins hors des prises de l'historien le « hittite » est déjàune langue fortement évoluée par rapport à la languecommune initiale.Mais il y a lieu de se demander si l'on ne pourrait pas

a

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poser une chronologie relative. La façon dont les languesindo-européennes se sont' étendues pendant l'époque histo-rique est sans doute celledont elles se sont répandues durant'les époques précédentes. La colonisation grecque, les expé-ditions des Germains et des Slaves donnent l'idée de ce quis'est passé des groupes non satisfaits des ressources queleur fournissait leur pays ont dû partir successivementpouroccuper des territoires nouveaux. Il y a eu des vagues suc-cessives d'envahisseurs qui allaient de l'avant au fur et à'mesure que les expéditions réussissaient, et qui se poussaientles unes les autres.Dès lors il se pose une question si, entre le moment où

les premières expéditions se sont séparées du gros de lanation et celui où il n'y a plus eu que des groupes diffé-renciés, il s'est écoulé un temps notable, la langue a dûcontinuer d'évoluer depuis le départ des premiers colonsjusqu'à l'époque où a eu lieu la dernière dislocation.Sur le domaine roman, les parlers orientaux, représentés

surtout par le roumain, se sont isolés relativement .tôtde la Romania occidentale, et il est résulté de là que, pourla formation du futur, pour la disposition de l'article, parexemple, le roumain est aberrant. En Grèce, les parlersachéens, qui appartenaient au premier groupe d'envahisseurshelléniques historiquement connus, offrent des archaïsmesqui ne se retrouvent pas dans les parlers de la vague d'in-vasion la moins ancienne en revanche, bien qu'appartenantà des hommes demeurés longtemps à un stade de civilisationrelativement primitif, les .parlers doriens sont, au point devue linguistique, d'un type peu archaïque.Les conditions où se présentent les données rendent ma-

laisé de déterminer quelles sont, parmi les langues indo-européennes conservées on sait qu'il en a dû disparaîtrebeaucoup et qu'il y en a plusieurs qu'on entrevoit à peinephrygien, thrace, vénète, messapien, etc. celles quicontinuent un type relativement archaïque et celles quicontinuent un type relativement, évolué.En effetles diverseslangues sont attestées à des dates éloignées les unes desautres, et cellespour lesquelles on possède les témoignages

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ESSAI DE CHRONOLOGIE DES LANGUES INDO-ECROPËENNES 3

les plus anciens ne sont pas nécessairement celles qui conti-nuent le type indo-européen le plus archaïque. Du reste,le degré d'altération d'une langue ne dépend pas seulementdu temps qui s'est écoulé entre la période de communautéet le moment où les données dont on dispose permettent del'envisager pour des raisons variées, la rapidité de l'évo-lution diffère d'un cas à l'autre. Il peut donc arriver qu'unelangue continuant le type le plus archaïque soit attestée àune date relativement récente et sous une forme déjà trèsévoluée. De là résulte qu'il faut distinguer entre l'archaïsmede la forme initiale et le degré de conservation des formesattestées. Mais il va de soi que le départ est difficile.Il convient cependant d'essayer, sinon de résoudre le

problème de l'archaïsme relatif des points de départ, dumoins de le formuler. On ne peut d'ailleurs s'y refuser carles faits nouvellement découverts le posent d'une manièretelle qu'on ne peut l'écarter. Les principaux faits de la mor-phologie du hittite concordent avec des faits indo-européensconnus à un point tel que les coïncidences ne peuvent êtretenues pour fortuites. Mais il y a aussi des différencestrès importantes. Et ces différences ont conduit un linguistecomme M. E.-H. Sturtevant, qui s'est en ces dernierstemps consacré à la linguistique hittite, à supposer que lehittite représenterait un type apparenté à l'indo-européen,mais antérieur à l'indo-européen commun. Le problème estdonc posé par des faits positifs. Si, au contraire de l'opinionde M. Sturtevant, le hittite est une langue indo-européennearchaïque, il faut envisager la possibilité que les languessur lesquelles a été faite la théorie de l'indo-européen repré-senteraient des types initiaux inégalement archaïques.Or, l'un des traits de la morphologie indo-européenne

sur lesquels la découverte du tokharien et du hittite a jetéune lumière nouvelle est la caractéristique -?' de certainesformes ayant une valeur médio-passive. Avant cette décou-verte, la caractéristique -r faisait l'effet d'une particularitéde l'italo-celtique. Particularité singulière à la véritél'hypothèse qu'avait lancée M. H. Pedersen, d'une formedu réfléchi ayant subi le rhotacisme se heurtait à trop de

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difficultés pour avoir emporté la conviction.. Les formesen -r ne se présentent pas comme des innovations ellesfont plutôt l'effet d'un archaïsme conservé en communpar le celtique et l'italique. Mais, faute de retrouverailleurs des formes pareilles, on n'était pas autorisé à yvoir quelque chose d'ancien. Or, maintenant, on sait queles désinences médio-passives en -r ont joué en tokharienet en hittite un rôle considérable. D'autre part, la positiongéographique du tokharien et du hittite rend peu probablela communauté d'ordre dialectâl qu'a envisagéeM. Pedersen(dans son mémoire, Le groupement des dialectes indo-européens). L'hypothèse la plus plausible est donc que cesformes en -r seraient des archaïsmes conservés seulementdans quelques langues Indo-européennes.. Du reste, desformes pareilles se retrouvent en arménien, ainsi dans letypé ~e~Hcy« il était porté )). de *~Acy~--+- voyelle.Toutefois l'argument tiré de la situation respective des

langues et de l'éloignement entre le tokharien et le hittite,(Tune part, l'italique et le celtique, de l'autre, pourrait nepas sembler décisif. Mais il y a une autre formeou le tokha-rien et le hittite ne sont pas les seules langues orientalesqui marchent ensemble la désinence de 3" personne dupluriel du type lat. dixère, Zsyëye,etc. a trouvé des cor-respondants en tokharien, où l'on a A -~rMM,B -<xre,et enhittite, où l'on a -ir, -er, au prétérit. Or, ici, l'indo-iranienvient se joindre à la même personne du pluriel, dans lemême emploi on y trouve, au parfait et à l'optatif, desdésinences en r plus ou moins adaptées à l'ensemble dusystème en védique, à l'actif, véd. -MA,-Mr, au moyen,véd. -re, -ra, -~c?~ etc.. et, dans l'Avesta, -ara, -aras,etc. Donc il y a eu, notamment au parfait, un type en -r de3"personne du pluriel, qui n'est conservé ni en grec, ni enslave, ni en baltique, ni en germanique, mais qui s'estmaintenu au moins dans les formes anciennes du latin, dutokharien, du hittite et de l'indo-iranien. Si l'arménien n'ena pas.trace, c'est qu'il n'y reste rien de l'ancien parfait. Iln'est plus question ici d'une parenté spéciale de l'italique etdu celtique avec le tokharien et le hittite.

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ESSAI DE CHRONOLOGIE DES LANGUES t~DO-EUROPÉENNES S

Si l'on essaie de mettre sous une formule générale lesdeux points, sûrs l'un et l'autre, relatifs aux formes médio-passives en -r et aux désinences de 3' personne du plurielà caractéristique r, on arrive au résultat suivant: dans lalangue indo-européenne le plus anciennement attestée,figurent des formes qui se retrouvent dans les langues mar-ginales suivant l'excellente expression de M. Bartoliet qui ne se retrouvent pas dans les langues centrales.Énoncée en termes historiques, cette hypothèse se traduit

ainsi les langues marginales se seraient détacliées du grosde la nation indo-européenne en des temps ou l'indo-euro-péen commun possédait certaines formes qui auraient dis-paru par la suite et que, en conséquence, les groupesdétachés postérieurement n'auraient pas emportées aveceux.En effet, lés deux groupes de formes considérés ont,

dans le système général des désinences Indo-européennes,un caractère aberrant. Dans les deux groupes qui ont sur-vécu, le latin et l'indo-iranien, ils ont tendu à s'éliminer.En latin, notamment, les faits sont clairs si la désinence-g~e existe encore à l'époque historique, elle est en concur-rence avec une autre forme où sont en évidence les dési-nences ordinaires de 3° personne du pluriel -nt, et, à côtéde e~;rë~e, on a ~.rë~M~, qui seul a survécu dans leslangues romanes. Les langues romanes n'ont pas davantageconservé le type médio-passif en Il n'y a donc rien que denaturel à ce que ces types aberrants se soient résorbés dèsl'indo-européen commun, mais après le départ des coloniesreprésentées par les langues marginales.Tout se passerait donc comme si les groupes qui sont

aux extrémités du domaine indo-européen étaient partis leplus tôt, et il n'y a dès lors rien que de naturel à ce qu'ilsconservent des archaïsmes disparus ailleurs.II faut chercher si d'autres faits confirment cette hypo-

thèse, qui est plausible en elle-même.Le cas du féminin serait éclairé en tout cas par cette

hypothèse qui est propre à expliquer un grand nombre detaits.

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A.ME!LLET6L'examen des anciennes langues sur lesquelles est fondée

la grammaire comparée de l'indo-européen a permis deposer les principes suivants qui ont été démontrés dans desnotes ou articles divers et qui, du reste, sont évidents dèsque l'on fixe son attention sur les faits.A. Tous les types de thèmes indo-européens de substantifs

admettent d'être employés au masculin et au féminin. Enraison de l'opposition qui est de règle dans les adjectifs dutype skr. ~auc~, M<iu~gr. ~scç, ~<x,lat. MOMM~noua, v.sI. MOUM,nova, on est, au premier abord, tenté d'admettreque les thèmes en -o- seraient propres au masculin (et auneutre) et les thèmes en -s- au féminin. Mais la comparaisonde gr. ~s:, ~u:u« bru »avec arm. nu, nuoy (même sens) etl'étude des noms d'arbres ont établi que l'indo-européen aconnu des substantifs féminins thèmes en -o-. Quant auxthèmes en -a-, la comparaison du latin, du grec, du bal-tique, du slave et de l'arménien a montré que des nomsd'agent désignant des hommes appartiennent normalementà ce type d'autre part, il y a, de ces thèmes, une forme denominatif-accusatif neutre, à valeur collective, qui tient laplace du pluriel en facedessinguliers de substantifs employésau neutre le type en -5- n'est donc pas propre au féminin.Quant aux autres types, il n'y a jamais eu de doute ilest communément admis que l'on trouve et des masculinset des féminins parmi les thèmes terminés par occlusive,par sonante (notamment par -i-, -M-~-r-, -M-)ou parB. Les mêmes substantifs sont susceptibles d'être sentis

comme masculins ou comme féminins suivant que l'onpense à un être mâle ou à un être femelle slu*.gazih, gr.j~cu:;lat. 6<Msont considérés comme masculins ou commeféminins suivant que ces mots désignent un « bovin Hmâleou un « bovin » femelle. Ce n'est qu'en vertu d'une répar-tition secondaire, et relativement peu ancienne, que fr.<~M/'est constamment masculin, et ail. ~;MÂconstammentféminin. On ne saurait donc dire proprement que le nomi.-e. *û~/eM-du« ciel » soit masculin, et le nom I.-c. "y'Ae~de la « terre » soit féminin ce qui est vrai, c'est que, leciel étant conçu comme mâle et la terre comme femelle,

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ESSAI DE CHROKOLOGtE DES LANGUES iXDO-EUROPËEXXES 7

les noms correspondants sont sentis respectivement commemasculin et comme féminin. En latin, ce n'est pas seulementhumus qui est féminin, mais aussi les autres noms de la« terre )), terra et ~zM; en grec, le nom du dieu qui estl'ancienne personnification du ciel, Z:u:, A' est masculin,mais aussi le substantif qui désigne ordinairement le «ciel »,à savoir =~px~=:.Le « pied », gr. ~:u:, qui se pose sur le« chemin », 63: s~pct~s:,etc., est conçu comme mâle, et lechemin comme femelle quand il s'agit de formations plusou moins secondaires et ce fait est d'autant.plus digned'attention que le nom propre indo-européen du « chemin »,attesté par skr. ~cn&~A et v. s). ~op~ est masculin ensanskrit et en slave-; au contraire, la « main », qui reçoit,est conçue comme femelle gr. ~p, ~x~K~. Il va de soi que,dès qu'il ne s'agit plus d'êtres mâles ou femelles, le genre nepeut être prévu parce que les conceptions de cette sorte sontarbitraires c'est si vrai que, dans l'Avesta, le correspondant.pantd du véd. ~M~~M/!est ordinairement féminin, et quel'unique exemple du mot en vieux perse, l'accusatif paeimest féminin, tandis que les représentants de i.-e. *p/M-« passage » sont du genre masculin, de av. p~M- à lat.~o?~!M,il est digne d'attention que le mot soit féminin dansl'expression religieuse de l'Avesta c~ua/'p~r~ ??M~o-Sa&zm« le pont éinvat créé par ~/c'~c~ ». Le nom de la« paume » dela main, féminin en grec, en latin, en celtique,en germanique, et aussi en slave et en baltique, est masculindans skr. pa~A. Un animal peut être conçu comme femelleen signe de mépris le nom générique du « loup », gr.XÙY.ce,lat. /MpM~,est conçu comme mâle mais le « renard ))est conçu comme femelle gr. x~M~, lat. MM~oe$(v.~M/Soc. ling., Comptes reM~M, t. XXVIII [1927], fasc. 2,p. 43). Ainsi, d'une manière générale, le genre masculin oufémininétait affaire de conception, non affaire de grammaire.C. Certains démonstratifs, indéfinis, relatifs, ou, plus

généralement, certains adjectifs qui se rapportent à desnotions conçues comme mâles ou femelles ont deux formessuivant que l'on pense à une notion mâle ou femelle. Ainsile démonstratif skr. M. gr. got. sa, tokh. A sâm désigne

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un homme, et skr. dor. '&(ion.-att. -~),got. so, tokh. A~2Mune femme; les formes d'adjectif lat. nouus ou nouasont employées suivant que la notion à laquelle on attribuela qualité Indiquée par l'adjectif est conçue commemâle oufemelle. Donc, dans la mesure où l'opposition du masculinet du féminin est exprimée par des formes grammaticales,les caractéristiques se trouvent seulement dans des démons-tratifs et des adjectifs. Elles relèvent non de la flexion, maisde la formation dés thèmes gr. yex se fléchit comme'Mc, lat. KOMacomme ~<x, skr. Hauacomme ~s.D. Dans la très petite mesure où le plus ancien indo-.

européen marquait la distinction du màle et de la femelle,c'était par des mots diSérents. Le plus bel exemple est fournipar les noms de nombre. Deux langues, l'une et l'autre dela périphérie du domaine indo-européen, l'indo-iranien,d'une part, le celtique, de l'autre, ont des formes spécialespour « trois » et « quatre » quand il s'agit de femelles oud'êtres conçus comme tels en regard des masculins skr.!&*Œy<2~,c<x~Mr<2~,av. 8ray5, csS~Syo, irl. <r:, cethir, v.gall. tri petguar, le féminin est skr. ~M~a~ca~M?~, av.~M~o,c<~Œ/M"o,v. irl. teoir, cetheoir, gall. ~!y, jM<~°:'r.Depuis longtemps, on a reconnu dans ces '« féminins » descomposésdont le second terme *sor-, *sr- est identique ausecond terme du mot qui désigne la personne femelle appar-tenant au groupe, à savoir *SM?e-~o?'$M?e-(skr. ~u~o:lat. soror), mot évidemment fait d'une autre manière queceux qui désignaient le « père s, « la mère)), et le f<frère w.Un maître aussi prudent que M. Wackernagel estime cettehypothèse digne d'attention (WackernageI-Debrunner, Ai.Gramm. 777, p. 349 § i 79a). Une autre langue de lapériphérie mdo-européenne, le latin, est seul à .conserverun curieux composé de cette sorte, le nom de I' « épouse s,lat. uxor l'arménien a un composé différent, c~-M~pour désigner à la fois 1' « époux Net l' « épouse)) legénitif am-usnoy, attesté une fois dans un texte bibliqueindique un suffixe *o- mais il y a peu de témoignagessur la flexion du mot, et ces témoignages ne concordentpasentre eux. Quoi qu'il en soit, la parenté manifeste de lat.

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ESSAI DE CHROKOLOGtE DES LA~GCES I~DO-EL'ROPBEKNES 9

uxor et de arm. am-usin oblige à couper *M/t'or-.L'analyse des anciens féminins de « trois » et « quatre »semble assurée par là. Le procédé a disparu de tout l'indo-européen central. et *$?~-e~o?'-« sœur » a cessé d'être ana-lysable.E. De cette situation il résulte que la distinction du fémi-

nin et du masculin n est pas homogène avec celle dumasculin-féminin, d'une part, du neutre, de l'autre. Laformule traditionnelle suivant laquelle l'indo-européencomportait trois genres ne répond pas à la réalité. En effet,au point de vue de la forme, l'opposition du neutre et dumasculin-féminin est marquée par une différence de flexionau singulier et au pluriel, le nominatif et l'accusatif ontdes formes distinctes au masculin-féminin; tandis que cesdeux cas n'ont qu'une même forme au neutre. Aux autrescas. il n'y a, entre le masculin-féminin et le neutre aucunedistinction exprimée. Si l'on se place au point de vue dusens, c'est dire que les substantifs masculins-féminins quidésignent des êtres vivants ou conçus comme tels dis-tinguent l'agent, Indiqué par le nominatif, du patient,indiqué par l'accusatif une phrase telle que ~/<xrc:MCaiumcaedit montre l'utilité de cette disLinction dans une langueayant la structure d'une ancienne langue Indo-européenne,puisqu'il suffit de changer les formes et de dire illarcumCaius caedit pour renverser le sens. Dans certains pronomspersonnels et certains démonstratifs, l'opposition est mêmemarquée par une différence de racine skr. <a/M!?Met ?KM~ucya?Met <M?MBMou nah, M et &z??ï,etc. Or, ce sont juste-ment les mots où il est le plus utile de marquer la distinc-tion de l'agent et du patient. Pour les substantifs neutresqui désignent des choses ou des êtres conçus comme tels,pareille distinction n'a pas la même utilité.Le P. Royen a récemment consacré à la question du

genre un ouvrage considérable Die ~a~ea~'OM~y~~emein den Sprachen der Erde, AM~orMcA-~r~MpAe~Me~'e,mit besonderer ~erMc/C~< des 7/~oyeyw!C!~MC~e?ï.On y trouvera un historique détaillé des discussions quidispense de donner à ce sujet aucune indication. Le

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P. Royen énonce, sur nombre de points, des doutes et descritiques. Aucune de ces remarques n'entame les principesqui viennent d'être énoncés. Il suffit de renvoyer à l'ou-vrage du P. Royen.En somme, la distinction du masculin et du féminin

n'est en indo-européen qu'un accessoire. Elle ne se mani-feste ni dans le verbe, ni dans le pronom personnel, ni dansle substantif, ni même dans tous les adjectifs. Plusieurslangues l'ont d'ailleurs éliminée au cours de l'époque histo-rique tel est le cas pour une grande partie des parlersiraniens, notamment pour le persan, dès avant la périodemoyenne, et pour la plus grande partie des parlers germa-niques. Les langues qui l'ont conservée, les langues ro-manes par exemple, se sont trouvées par là dans la néces-sité de répartir tous les substantifs entre deux classes qui,dans la majorité des cas, sont dénuées de sens à l'époqueactuelle et depuis un grand nombre de siècles. Par là même,l'opposition du masculin-féminin a été vidée de la plusgrande partie de son sens; ce n'est que par tradition quela plupart des substantifs sont ou masculins ou fémininsau point de vue actuel, la répartition est arbitraire.Dans une forme qui ainsi n'est pas essentielle au plan de

la langue, qui même n'y joue qu'un rôle épisodique, onpourrait être tenté de. voir une survivance. Mais le déve-loppement des langues indo-européennes donne une impres-sion contraire. Des groupes où, comme en germanique eten indo-iranien, la distinction du masculin et du féminindevait être un jour éliminée dans une notable partie desparlers, ont commencé par la rendre plus stricte dans leurpériode ancienne en ne laissant subsister au masculin quedes thèmes en -o- et au féminin que des thèmes en -a-. Leslave a fait de la distinction du masculin, du féminin et duneutre mis sur un même plan l'un des traits dominantsde sa déclinaison. Les langues romanes, où la distinctiondu masculin et du féminin n'a un sens appréciable que dansune minorité de cas presque négligeable, la maintiennentfermement et, quoiqu'il n'y ait, en l'état actuel desconceptions, aucune raison pour que honneur soit masculin

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ESSAI DE CHRONOLOGIE DES LANGUES INDO-EUROPÉENNES H

et horreur féminin, rien ne paraît à un Français plus ridi-cule que de dire une Ao~MCMrou un horreur. Bien qu'ontende dès lors à oublier la valeur que la catégorie du fémi-nin a dû avoir au début car si une catégorie peut durerlongtemps sans avoir un sens, elle ne se crée pas sans quece soit pour exprimer un sens défini la distinction dumasculin et du féminin n'est pas en régression, mais encroissance, lors de la période qui précède la période histo-rique de la plupart des langues indo-européennes.Faute de pouvoir comparer systématiquement l'indo-euro-

'péen à d'autres groupes, on ne saurait déterminer en faitcomment le féminin s'est constitué. Mais des indicesdonnent déjà lieu de croire que l'indo-européen est appa-renté aux autres langues des peuples de « race blanche »,d'abord les langues asianiques donttant de traits ressemblentà des faits indo-européens, les langues caucasiques, leslangues chamito-sémitiques, les langues ouraliennes avec leturc et le mongol. Or, dans la plupart de ces langues, oubien la distinction du masculin et du féminin n'est pasexprimée par la langue c'est le cas de la plupart ou,là où elle l'est, comme en chamito-sémitique, c'est dans desconditions qui diffèrent du tout au tout d'avec les conditionsindo-européennes. Il y a donc lieu de supposer que l'indo-européen ne doit pas cette distinction à la langue plusancienne qu'il continue.Dès lors, les faits qu'on observe dans quelques-uns des

groupes indo-européens qui proviennent de- colonisationsanciennes sont significatifs.En hittite, où l'opposition de l'animé et du neutre (ina-

nimé) est nettement marquée, par les moyens qu'emploiel'indo-européen commun, on n'a pas, jusqu'ici, trouvé traced'une caractéristique du féminin. Étant donné la conser-vation générale des anciennes formes nominales, il est diffi-cile de croire que le hittite représente ici un état de langueoù les caractéristiques du féminin auraient été déjà pleine-ment développées.Cette conclusion est confirmée en quelque mesure par

l'arménien. Sans doute, à la date où est attesté l'arménien

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et dans le milieu linguistique où il figure, entouré delangues où il ne semble pas que des distinctions de genreaient existé, on s'explique que le féminin, même aussi plei-nement exprimé qu'il l'est en ancien iranien, ait pu perdretoutes ses caractéristiques. Cependant, il est frappant quele nom arm. nu de la « bru » soit resté thème en -o-, indi-quant ainsi que l'arménien a conservé des thèmes en -o-désignant des êtres de sexe féminin. Le nom c<x/'deI' « arbre » est aussi thème..en -o- quoique les nomsd'arbres soient normalement féminins en indo-européen. Cen'est qu'au nominatif-accusatif que les thèmes en -o- et en-n- se sont confondus en arménien aux autres cas, lesdeux flexions sont entièrement distinctes. Dèslors, ce n'estpas un fait dépourvu de signiu cation que les adjectifsthèmes en -o- n'aient que le type en -o-: nor (noroy) « nou-veau », ~!M(hnoy) « ancien a, ardar (ardaroy) « juste »,sireal (sireloy) « aimé », li (lioy) « _plem » (de *p~o~),~e?~K (nerk'noy) « intérieur », ~-e/'M?~(~e/'Hoy)? « ser-pent ') (litt. K rampant ))), etc., sans trace de -o-. On nedoit pas objecter le cas de yli « enceinte, pleine »; où il ya le suffixe arm. -i- de -M~s-,cas à part. Fait plus signi-ficatif encore, les démonstratifs ne connaissent que le typeen -o- gén. nora, dat. aynum, etc. Il est remarquableque le nom de nombre « un » ait purement une flexion en-o- gén. mioy, dat.-loc. mium,instr. miov, gen.-loc.MMO/.La forme n'est, bien entendu, pas celle dû gr. ?.!xqui estspéciale au grec; c'est un dérivé de *~eM-,de la forme*y:'o-. Le tokharien a de même, pour « un », un dérivéde *sem-un, dont le détail n'est pas immédiatement clair.Tel mot qui se présente ailleurs avec des formations

féminines toutes secondaires, bien entendu, et diffé-rentes d'une langue à l'autre a en arménien une formeen -o- mun «mouche (gén. MHoy),en face de lat. musea,gr. p.u!<x;lit. mM~, v. si. M!M.rc:etMM.yï'cc. Inversement,le type en -cf-a servi largement pour désigner des personnesde sexe masculin, soit avec su&xe, dans le type en -f- denoms d'agents (ancien *y<x- sans doute), soit au secondterme de composés, dans des cas tels que anker « compa-

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ESSAI DE CHRONOLOGIE DES t.AKGL'ES t~'DO-EL'ROPËE~ES i3

gnon », où le second terme est *g/*a cf. le typelat. incola.Le suffixe -<:<-n'y a donc eu, de bonne heure, aucunevaleur féminine.L'arménien parait ainsi représenter un ancien original

où la distinction du féminin n'était pas encore bien dévelop-pée. L'article -s, -d, -n, qui représente d'anciennes parti-cules postposées, n'était d'ancien secours pour développerou pour maintenir une distinction de féminin et de masculin.En latin, on observe beaucoup d'adjectifs où la distinction

du masculin et du féminin n'est pas marquée. C'est ce quiarrive dans le type en -i- qui est très répandu: fortis, û~V~~M~MM,et toute la formation en -6:7M.C'est ce qui arriveaussi dans le type en -c~ <ZMe~;x,etc. C'est enfin ce quiarrive dans les participes présents comme ferens, en facede formes qui. de l'Indo-Iranien au germanique et au grec,opposent nettement les deux genres. Comme, en latin, leféminin est en voie de croissance à l'époque historique,comme on y voit agna remplacer c~M~ /e~c, suivant lajuste remarque de M. Ernout comme dea v a été fait surla forme ofeM~issue d'une série d'altérations phonétiques del'ancien. *deiwos, tous ces adjectifs masculins-fémininsdoivent passer pour représenter un état de choses anciendans la langue. Le nom indo-européen de la « terre )',féminin en indo-iranien (skr. /;sMA,etc.) et en grec (~QMv),et qui a reçu un suffixe de dérivation marquant le féminindans lit. ~~y' et v. si..s'e?7ï{/<2;,est représenté en latin parun dérivé en -e/o- de genre féminin, humus. Ce n'est quele type d'adjectif nouus, noua qui présente des caractéris-tiques nettes. Même yMMa été anciennement masculin-féminin. D'autre part, le type en -a- est largementattesté dans des masculins comme ~cr~c et agricola, etdes mots ainsi formés, beaucoup sont « populaires », ainsiscMy~a (v. Vendryes, M. S. L. XXIII, p. 97 et suiv.). Letype en -o- comprend encore nombre de féminins, notam-ment les noms d'arbres, tels que /a~M~. Le latin conserveainsi beaucoup de traces d'une ancienne indistinction dumasculin et du féminin. Chose digne d'attention les formesdu génitif et du datif des démonstratifs et Interrogatifs-

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indéfinis spéciales au latin sont communes au masculin etau féminin illius, illl, etc.

`

La situation a dû être, en celtique, assezsemblable à cellequ'on observe en latin. Les thèmes en -i-, sans distinctiondu masculin et du féminin, du type irl. maith, y sont fré-quents. Dans les thèmes en -u-, on n'observe pas non plusde distinction du masculin et du féminin dans sa Vergl.Gramm. d. AeZi!.<5~ II, p. 116 et suiv., M. Pedersenmarque nettement que les types de féminisation de cesadjectifs qu'on trouve ailleurs n'existent pas en celtique, et,tout en envisageant de préférence l'hypothèse que le fémi-nin aurait été caractérisé par une forme en -a-, ne peutapporter à l'appui de cette supposition un fait décisif.Comme en latin, la distinction du masculin et du fémininn'est nette que dans le type en -o-a- m. gall. ~'tuy?mgwenn. Si, en celtique, l'opposition du masculin et duféminin a pris une grande importance, c'est surtout àl'article que cet accroissement de rôle est dû, et aux alter-nances de !'initiale qui ont été conditionnées par la présencede l'article.Le grec pose des questions embarrassantes. D'une part,

il n'est pas archaïque comme l'arménien ou le latin del'autre, il est situé, au point de vue dialectal, entre l'armé-nien et l'italo-celtique. On peut se demander s'il y a lieud'envisager ici plutôt la date de séparation ou plutôt lasituation dialectale. Les faits Indiquent qu'il faut tenircompte des deux ordres déconsidérations. Le grec partd'une forme plus évoluée que le latin les participes y ontdès le début des féminins att. oepoucrx,hom. (f)i5u?x, etc.Le démonstratif y a des formes de féminins bien caracté-risées gr. sg. ïS.; (ion.-att. T~;), etc. Il y a quelquesadjectifs en -t-, comme Tpsct. I§p< et même 6-u: a gardé,par exception, la valeur féminine tandis que, en général, letype t;3u; recevait une caractéristique de féminin. Mais onvoit, d'autre part; qu'il y a beaucoup de restes d'un état oùle féminin n'était souvent pas caractérisé. Les comparatifsanciens tels que p.e~M~,~Bu~sont demeurés à la foismascu-lins et féminins. Il y a de nombreux substantifs thèmes en

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qui sont masculins, ainsi le type ion.-att. 7::A~ etbeaucoup de substantifs thèmes en qui sont féminins.Par suite, les composés du type ==Mcxx-:uAo.:servent pour leféminin comme pour le masculin et même; outre lescomposés, beaucoup d'adjectifs en servent pour les deuxgenres. On peut penser que, si l'article n'avait pris, aprèsl'époque de fixation de la langue homérique, une grandeimportance dans la langue, la distinction du masculin et duféminin aurait pu être menacée de disparaître en grec. Mais,par suite du développement de l'article qui est intervenuaprès la fixation de la langue épique, l'opposition du mas-culin et du féminin est devenue nette, si bien qu'elle s'estdéveloppée, et que, jusqu'à présent, elle s'est maintenue.On observe ici le rôle de.l'article dans la fixation des

genres masculin et féminin. Là où il existe deux formesd'articles suivant les genres, l'opposition est fixée d'unemanière ferme, et elle dure, même si elle était vacillante audébut c'est le cas du grec elle se maintient, même si ellen'a le plus souvent pas de sens c'est le cas du français.Là où il n'y a pas d'article différenciant les genres, ladistinction, si nette qu'elle ait été au début, a des chancesde s'éliminer, ce qui est arrivé dans une partie de l'iranien.Le groupe de dialectes qui a. dès la période ancienne de

chaque langue poussé le plus loin la distinction du mas-culin et du féminin est celui qui va de l'indo-iranien augermanique. La distinction n'y est pas caractérisée seule-ment dans le participe elle s'étend à l'ancien comparatif.Et aucun thème en -o- n'y est plus féminin. L'indo-iranienet le germanique n'ont plus de thèmes en -a- masculins, envertu d'innovations sans doute médiocrement anciennes,puisque le slave et le baltique ont conservé le type en -a-pour le masculin.De ces faits résultent les conclusions suivantes1° La comparaison des langues remontant à un type

archaïque fait apparaître que le développement de la dis-tinction du masculin et du féminin était moins avancé àdate ancienne qu'à l'époque où se sont détachés les derniersgroupes indo-européens et que la distinction a pros'ressé

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en indo-européen, entre une période archaïque représentéepar les langues « marginales » et une période plus récentereprésentée par les langues centrales.2° La progression a été moins forte dans un groupe dia-

lectal qui va de l'arménien à l'italique et au celtique quedans un autre groupe qui va de l'indo-iranien au germa-nique.Cette répartition'dialectale concorde avec celle qu'on

observe pour les désinences en -y*à valeur médio-passive.Ces désinences se trouvent, en même temps qu'en hittiteet en tokharien, dans trois langues celtique, italique etarménien elles manquent de l'indo-iranien au germanique.Le grec, qui représente un type avancé du développement,n'en a rien gardé, de même qu'il offre, pour le féminin,un état déjà développé malgré sa situation parmi les dia-lectes indo-européens où la distinction du masculin et duféminin est le moindre.Ceci posé, il reste à examiner le détail des principaux

faits.Le féminin grec 8~Xu~« femelle est évidemment une

survivance; l'emploi est celui d'un adjectif: horn. O~X-j;Mp~ s ~.67 e-~Xu;au~, 122 e~u: Mu~ T 97 et T*409de même e-~Au~K216et y. §27=r 572 et ceci a entraînéla création de la forme féminine ô- ainsi O~AEt'e65:b) 7. Au pluriel, OT; 6~ dominent, sauf l'accusatifpluriel 6~AM;,E 269. Mais il résulte de là que, comme onl'entrevolt par le celtique, le type en -u- servait originai-rement pour les deux genres.Mêmesi l'on n'avait pas cette survivance isolée, on aurait

dû arriver à la même conclusion en comparantles formesdu féminin des adjectifsen -M- elles diffèrent d'une langueà l'autre. Le type skr. sMe~, qui est celui de l'indo-iranien,et le type gr. ~S~xn'ont de commun que la caractéristique*-yo- du féminin. La diû'érence du vocalisme présufExalmontre que l'indo-iranien et le grec ont constitué indépen-damment l'un de l'autre cette formation de féminin.Et, en effet, le germanique et le baltique usent d'un pro-

cédé différent. Un exemple gotique le seul malheureuse

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b

ment que fournisse le texte pour le nominatif fémininoffre la survivance inattendue de la forme en -M- L. VI, 6Ac/MN M6'0~t/MtfO was /~My~!M« xx'lx ~s x'j'3 S!x:-<;pxH.Les autres cas sont du type en -~o- ace. sg. got.

/<Mre(;'a,etc. l'u du masculin-neutre n'y figure pas. on lesait. En lituanien, le type en -~2-, sans -M-,est généralisé:6'<2/ féminin de ~a/~M. Ainsi l'élément de formation*-e?< qui n'a pas de sens propre; qui est un simple élargis-sement, n'a pas été maintenu au féminin dans le type deformation que représentent le germanique et le baltique.Ce type est ancien car, au moins dans un mot trèsemployé, qui a chance d'avoir conservé un archaïsme, legrec le présente: au masculin au neutre ~:Xus'opposeun féminin T:oA/ Par un cas tel que celui-ci, on voit quela formation en *-ya- du féminin est indépendante du thèmeservant au masculin et au neutre, fait qu'illustrent nombred'autres mots et qui est à retenir pour la théorie généraledu féminin en indo-européen.Du reste, pour ne rien dire de faits propres à une seule

langue, comme skr. joa~'MA ~a~?n. il résulte d'un cassûrement Indo-européen, comme celui de skr. ~ua, gr.~M'~ skr. ~uc~, gr. ~s'.sx, que ie féminin ne s'exprimepas nécessairement par un dérivé de la forme générale quiindique en particulier le masculin, mais qu'il peut être uneformation indépendante, un mot distinct.

A en juger par l'accusatif singulier skr. &!M!,gr. -:x~(ion.-att. -~), v. si. got. ~o, en regard du masculin skr.~d/M,gr. T: v. si. ~M, got. ~<XM-c,on croirait que ledémonstratif avait, dès l'indo-européen commun, a un thème*?-, en face de *to- masculin et neutre. Et telle a pu êtreen effet la situation en ce qui concerne l'accusatif. Maisles formes du génitif et du datif féminins que révèle lacomparaison de skr. ~Mya/~<a~/c: v. pruss. stessias, stes-siei,-got. ~~o~, ~M présentent le même thème en -e- queles formes servant au masculin et au neutre skr. &M/<x,~M?M<2:v. pruss. stesmu (datif), got. ~M, /'a??:7/za,ombr.esmei « iiuic ?. De là ressort que la flexion des démons-

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tratifs thèmes en -e/o- était fondée sur le même thèmepour le féminin que pour le masculin et le neutre.Le démonstratif qui est représenté en sanskrit par cy-a~z,

:y-<i7K,M~iMet en latin par is, ea, id montre combien estsecondaire la distinction du masculin et du féminin. L'oppo-sition du masculin cy-cTMet du féminin !y-s7Ma un corres-pondant dans l'Avesta: cpm (masc.): im (fém.); mais envieux pers&iyam est. à la foismasculin et féminin (on verrales faits dans la 2~édition dema Grammaire du vieux perse,refaite par M. Benvéniste, § 326). Or, il n'y a pas apparence'que le vieux perse, où la distinction du masculin et duféminin est intacte pour le reste, ait innové sur ce point.D'ailleurs, entre ay(-am) et xy-(<zMz),il n'y a qu'une diËé-rence de degré vocalique, et rien n'y répond aux signesordinaires de distinction entre le masculin et le féminin.En revanche on conçoit qu'une forme *i, qui ressemblaitaux nominatifs féminins en -t aitétéaSectée secondairementau féminin. En italique, le féminin est obtenu par un autreprocédé: lat. ea en face de is, osq. M~ ioc en face de ~xc.L'indifférence de i- au genre est du reste établie par l'accu-satif véd. !m-a?K.avec un féminin MK-a?Mou -am résulted'une innovation(v. Wackernagel-Debrunner, Ai. C~cmm.111,p. 5i4, § 248 c y); gr- est glosé/par Ku- :x-j"<;v.L'ancien accusatif*imde l'indo-iranien était donc masculin-féminin.Le gotique, très instructif, opposeau masc. sg. nom.M, ace. in-a, nom.-aec. n. sg. it-a, au féminin nom. si(v. h. a. ~l,si), ace. ija; or, ce nominatif got. si est ancienil a dans irl. si un correspondant exact (v. H. Pedersen, Y.Gr. d. ~&. Spr., II, p. t70, § 502) tandis que l'accusatifï/c rappelle de près lat. eam qui a servi de point de départ àl'accusatif masculin eum; le vieux latin avait encore e~ !'??!(v. Ernout, ~/o~Ao/o~e, p. 14<, § 124).L'accusatif v. h. a.sija a cté fait sur le nominatif, comme les formes celtiquescorrespondantes. Le caractère des formes montre assez que,dans le groupe de *ei-, il n'y avait pas de distinction demasculin et de féminin en indo-européen.Dès lors, on doit se demander comment la langue a été

amenée à caractériser le féminin. Faute de données posi-

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tives, on ne peut envisager que quelques possibilités. et l'onn'essaiera pas ici de tracer même l'esquisse d'une véritablehistoire du développement du féminin.Toute hypothèse qui suppose que la caractéristique

essentielle du féminin serait le type en -a- est à écarter. Eneffet, il est acquis que l'indo-européen a possédé desthèmes en -e/o- pour nommer des êtres conçus commeféminins et des thèmes en -a- pour nommer des êtresconçus comme masculins. On ne saurait donc partir del'opposition qu'on observe dans le type des adjectifs telsque gr. ~s: vsx. Dureste, le type en -a- a aussi comportédes nominatifs-accusatifs singuliers qui, employés avecvaleur collective, servent de substituts à l'expression dunominatif-accusatif pluriel neutre.L'observation relative aux formes féminines de démons-

tratifs telles que skr., ~M~ë/~ ~H/fX: montre que l'on n'apas le droit d'opérer avec un thème *~<x-du féminin pourla période de l'indo-européen la plus ancienne qu'on puisseatteindre. En revanche, il n'y a pas de raison de douterque l'opposition du nominatif masculin, skr. sa, gr. got.sa, et du nominatif féminin, skr. gr. *hx (ion.-att. -~),got. so, soit ancienne au nominatif singulier; d'après laZocAa~MC/teC/'a~/MŒ~deSchuIze-Sieg-SieglIng; le tokha-rien A oppose le masculin M?Kau féminin .m?Ket au neutreFam (nom.-ace.) de *Mt(tém.) on rapprochera le fémininisolé v. irl. M,got. ~'(v. ci-dessus, p. 18). Comme la caracté-ristique essentielle du genre n animé » (masculin-féminin)en regard du neutre est l'opposition d'un nominatif etd'un accusatif et que l'accusatif était de la forme représentéepar skr. tàm, gr. got. /)<x~-G,on conçoit qu'il ait étéconstitué de bonne heure en face du nominatif*~ supposéancien, un accusatif en -a- que représentent skr. /aNZ,gr.-y< (ion.-att. -c-~), got. ~o, ainsi que tokh. A <5~ v. si.tQ,lit. lat. M-<c?7!.Ce type en *?-, qui se trouvait êtrecommode pour opposer les femelles aux mâles, a pu s'éten-dre. Et même, dans plusieurs langues, il a remplacé *saau nominatif lat. ista, lit. tà, v. si. ta.Établie au nominatif et à l'accusatif des principaux

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démonstratifs, dont la flexion se retrouve, on le sait, dansdes adjectifs usuels de valeur abstraite, comme ceux signi-fiant « un », « entier », « même », cette opposition de*x-à *-e/o-pour caractériserles notions conçues comme femellesa pu s'étendre aux adjectifs thèmes en *-e/o-. L'actionanalogique ne pouvait atteindre que plus difficilement lessubstantifs et, dans une grande partie du domaine indo-européen, elle ne s'y est étendue qu'incomplètement, etseulement au cours de l'époque historique.Le nom solennel signifiant « femme )) n'est pas un

ancien thème en -a- il a des formes anomales, et lacomparaison de gr. yu~, yu~x~s:,yuvcKM.:avec arm. ~!M,gén. sg. knoj, nom. plur. A<ZKc. ace. pl. kanays suffit àmontrer qu'on n'est pas ici en face d'un ancien thème en*-a-. Du reste l'alternance qui est conservée dans irl. ben(== arm. /M'~ v. pruss. ~ewM [voc.], v. si..à°MŒ,tokh. A~'NM:);gén. ?MMa(le vocalisme est celui de véd. ~a, gén.gnâh, dans yM<M-~M~et, sous une forme différente, celuide ion.-att. yu~, béot. j3x~x,arm. Ae'M-dans nom. plur.AoMcy~')et dont on retrouve trace dans le contraste entrev. II. a. yMe/met v. isl. ~'o/nx,confirme que l'on est ici horsde la flexion des thèmes en -a-. Mais la chose qui importeest le nominatif ancien qui était en -a-, à en juger parl'accord de langues qui divergent par ailleurs. Le nom dela « femme » soutenait donc dans une certaine mesurel'action de *m.Mais ce sont les noms d'agent qui paraissent avoir eu le

rôle décisif.Dans une société où la principale richesse consistait en

bétail et où les hommes passaient une partie de leur vie enexpéditions, où sans doute ils chassaient, le rôle desfemmes différait essentiellement de celui des hommes. Onétait par là conduit à différencier le nom des agents mâlesde celui des agents femelles. L'un et l'autre avaient dans lasociété un rôle, mais c'étaient des rôles différents le chefet sa compagne, Ic~A et la ~sM, prennent l'un et l'autrepart au sacrifice védique, mais chacun à sa place et d'unemanière distincte. Et, en effet, le seul groupe de substantifs

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ESSAI DE CHROXOLOG!E DES LAX&UES IXDO-EUROPÉE~ES 2~

ou l'opposition d'une forme Féminineà une forme masculinesoit visiblement, ancienne est, celui des noms désignant: des« agents )).Au type indo-iranien en en face du masculin -tar-

répond le type lat. -r en face de skr. janita ~im'le latin a ~e~or yey!e~'t.T.En latin comme en sanskrit,le typc'est productif. L'accord de l'indo-iranien et du latin,aux deux extrémités du domaine indo-européen, est d'autantplus significatif que le latin n'a guère développé la forma-tion du féminin et que l'élargissement de -f- par le suffixe

qui est préhistorique; établit l'antiquité de -M-. Si leceltique n'a rien de correspondant, c'est qu'il n'a pas gardéle type des noms d'agent en *-ter-, qui a, du reste, tenduà disparaître dans nombre de langues le germanique, lebaltique. rarménienrignorentplusou moins complètement;en grec, l'ionien-attique n'en a presque rien gardé, et l'onpeut se demander si les débris qui en subsistent n'y sontpas des archaïsmes conservés dans des vocabulaires spé-ciaux ou des emprunts à d'autres dialectes. La concordancede skr. et de lat. -x a donc une grande valeur pro-bante. Le grec a des restes de cette formation du féminindans le type -;r.~T~.a:xen face de v~~M: 5:M;x en face de3:p (on remarque la différence avec $MTM=).L'élément figure d'une manière qui semble caracté-

ristique dans les substantifs qui désignent des personnes.On le trouve notamment dans les principaux termes indi-quant la parenté gr. ~s, S~p, etc. Ce n'est sans doutepas un hasard qu'il fournisse le nominatif-accusatif dethèmes dont les cas servant uniquement de complémentssont de thèmes en -n-, type skr. Ka%~ M~A~aA.Ons'explique ainsi que en face des noms en -M-, les dérivéssoient tirés de thèmes en -r-: en face de gr. u'~M:,'xr:on ne trouve que u3p: ~3px,~p! .x'jSp: etc. Et c'estpour cela que, en face de ~M' qui est accompagné d'unnominatif-accusatif neutre ~c, le féminin ~p.x continueun type indo-européen.Certains thèmes en -n- sont aussi propres à désigner des

agents. L'agent de sexe féminin est alors désigné par un

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A~MEIHET22

suffixe formé au moyen du même suffixe i.-e. *-ye-, avecforme à degré zéro ou *-ya en face de skr. tâksâ, gr.TExïMv,skr. &7M, gr. TsxTx~cc.En face de l'élargissement~'a~- de r~ le sanskrit a le nom ra/?Mde la « reine »,dont l'irlandais oifre le correspondant rigain mais lelatin a simplement le dérivé de, *?'ey-, élargi par unsuffixesecondaire ~ey-KC ce type est comparable à celuiqu'a le slave dans *u~es (r. voléica) en face de skr.urAt~.v. isl. ylgr, cf. lit. vilké. Comme, en général, *-eM-n'est qu'un élargissement, sans valeur sémantique propre,la formation en *yë- a pu s'employer là même où n'estattesté aucun thème en -n- et c'est ainsi que le thème*pot- « maître », qui, à l'état isolé, est élargi par *-ei-, d'oùle type skr. ~M<A, gr. ~oon, lat. potis, a, pour désignerla « maîtresse » une formation en -*M-ya-:skr. ~a<?z!,gr.~:T~L<x(et §s!7-T:a~ct),v. lit. -pai&M Par suite du fait que,en grec, le type en -o:Ma:se trouve séparé des masculins en-v-par l'aspect phonique, il a subsisté et s'est même étendu.Alors que le nom du serviteur mâle, Ospx~M-~recevait unélargissement -T-, ace. sg. esp~o~o:, le féminin gardait laforme ancienne esp~xMx.Grâce à quelques cas de ce genre,le grec a obtenu dans -c:MKune caractéristique d'êtresfemelles qui a servi quelquefois ainsi, en face de AE~~ec,aété fait /jx~o:, et, pour un animal nommé sous formeféminine par mépris; a été formé uct~fx.Le grec a ainsirecommencé, pour son compte, le' procès 'qui, dès l'Indo-européen, avait abouti au mofreprésenté par skr. ~c~K, gr.T:Lx, etc.Le type lituanien en -~e- attesté par des exemples tels

que ut/M-pest propre aux substantifs il ne figure pas dansles adjectifs. Dans les substantifs, il joue un rôle qui corres-pond à celui du type skr. -t, -~c-, ou même -<-constant. Onse borne ici à constater le fait, sans discuter les explicationsqui ont été proposées. On retiendra seulement que le typelatin en -M rend certaine l'existence indo-européenne d'untype de substantifs en *-ye- à côté de *-y5-.On sait que les substantifs «féminins », c'est-à-dire expri-

mant une notion considérée comme femelle, comprennent,

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ESSAI DE CHRONOLOGIE DES LANGUES INDO-EUROPÉENNES 23

en indo-européen, outre les noms d'êtres du sexe féminin,toutes les notions auxquelles est attribué le caractèreféminin.Or. derrière toute activité, derrière toute qualité, il semble

qu'il ait été imaginé une puissance femelle, une de ces« mères » qui sont si connues dans le monde celtique etdont la tradition est encore présente dans les CAc~~OM~nzythologiques lettonnes que vient de traduire M. Jonval.C'est pour cela que les noms d'action et les noms de qualitésont de « genre féminin ». La us~; védique, qui est unepuissance religieuse, est conçue comme femelle et lat. M'3.Ea aussi le genre féminin il n'y a du reste là rien d'absoluav. u&r.s est presque toujours traité comme masculin. Cegenre féminin est marqué en grec par le suffixe caracté-ristique, et, en face des formes de cas obliques o~se, c~[,et aussi de l'accusatif ~x, on y trouve le nominatif So-s-o:,avec un accusatif :TM: le caractère divin en est marquéchez Homère

1393 jJ.e':XSsTO'.CT.~Ss'n'JCËM'~St,C':pU'UJ'H~fXL,At. (Xy'j'SA::

et 282 '~(-~)'~s's'~a:x:u:Y;c~yAt.

La ~a/M~latine, qui exprime la qualité de ~s/MM.<?,est un êtredivin conçu comme femelle la formation du mot, uniqueet inexplicable en latin, en garantit l'ancienneté; la for-mation du mot indo-iranien, skr. ~a~~aS~, av. AaMrua&M,est moins archaïque sans doute par suite de réfectionsecondaire mais AaM~uo:~ a gardé dans l'Avesta le carac-tère d'un personnage divin de sexe féminin.L'addition de caractéristiques féminines à des substantifs

qui désignent des notions conçues comme féminines estchose fréquente. On a déjà noté ci-dessus, p. 13, les casde lit. ~e/Ke,v. si. ~cw(/'<z.En grec, le cas de o'j~s, en facedu thème ou~- conservé dans c~x-S:, est remarquable; laou~ctest une force

I, 1 Œ'JTXpA~!XtOU<;6EC'r:~(H7) ~e cu~a, e:u xpui~Toç ~T<x~.

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A. MEILLET2~

Ainsi s'expliquent les formes telles que lat. ~ec:M oue~M, comme lit. uc{/eet v. si. vol/a, comme v. sI./M~Œet v. h. a. ~M~t,et v. si. ~Mcaen face de lat. ~M~ etc.Par suite la caractéristique des féminins est propre à

fournir des noms de qualité en face de ù" le grec auy~Kx.En latin, le suffixequi, ailleurs, caractérise la formeféminine du participe, s'est prêté à caractériser le nomde qualité dérivé du participe puisque celui-cine distinguaitpas les genres prae-séns étant masculin et féminin à lafois, praesentia signifie la « qualité d'être jo~ae~M ». Engrec, en indo-iranien, en slave, en baltique, en germa-nique, où le suffixe caractérise le féminin du participe, unemploi pareil à l'emploi latin ne pourrait se concevoir, et,en effet, ne se trouve à peu près pas~ Toutefois,-spM~ necomportant pas de forme féminine, le dérivé-~po'j~txs'esttrouvé propre à désignerl'ensemble desvieillards, IcM~a~M~,comme sp~p~ désigne l'ensemble des cpah~p.Les noms d'astres sont instructifs. Les astres peuvent

être envisagés comme des choses, et alors la forme desnoms qui les désignent est au nominatif-accusatif celle duneutre tel est le cas de gr. o~p:~ si on envisage l'étoilecomme un être actif, la forme est celle du masculin gr.<x~p. Quand, dans A 62, Hector, se montrant sur diverspoints du champ de bataille, est comparé à un astre quiparaît et disparaît, c'est Kr~p qui est employé

?'sis: S' EX~MSM~KVKTMVeiC:).C~ N:S"p'5'T;3:~SiX~(~,':OTS0 aB~ ECU~ES&XMH.M'~K.

Mais, quand il est question de l'ensemble des astres, c'esta~px qu'on rencontre. On peut, d'autre part, envisager laforce interne qui anime les astres, et alors le féminin estjustifié le gotique a le féminin ~<z~Ho.en face du mas-culin v. h. a. stern. Le latin a~i{e//c(de*~ë/?M) en face dearm. astl, dont le genre originel n'est pas déterminable.Comme, en raison de sesperpétuelles variations, la lune

est un astre essentiellement vivant, son nom n'a pas deforme neutre. Le nom propre de l'astre, qui sert aussi àdésigner les « mois » et qui, dans nombre de langues, n'a

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ESSAI DE CHROXOLOGtE DES LANGUES !NnO-EUROPÉE~ES 25

gardé que ce sens. est masculin skr. wa/ av. ~<a', v. si.~:e~ct, lit. M~M, got. mena et /Mp~o~.s',irl. M; lat. ~c/MM,gr. Mais, sans doute en vertu d'interdictions de voca-hulaire qu'expliquent les influences attribuées à la lune,l'astre est souvent désigne par des épithètes tirées de sonéclat gr. KA-~T,(de s~x.:), et lat. ~c (prén. /<Mnc),v. sl. luna, de*~OM~KA« brillante », cf. av. ~o.ryMS- « bril-lant » et le nom vieux prussien lauxnos des Kastres » or,ces épithëtes, qui expriment une puissance de la lune, sontde forme féminine; elles n'évoquent donc pas le nom del'astre, mais la force femelle qui lui fournit son éclat. Cetteopposition est saisissante. Le nom du « soleil » a laforme neutre quand il désigne simplement l'astre véd.s(M)~~ gàth. h(u)vara il a la forme d'un dérivé masculinquand il désigne le soleil en tant qu'être divin NMyy<x/~cf.gr. *A(x7'sXm(~Ats:). D'autre part. on peut penser à la puis-sance féminine qui se manifeste dans l'astre, et ainsis'explique la formation féminine de lit. MMZ" le védique aaussi une ~M~a. Le gotique a à la fois le neutre sauil et leféminin ~n~~o v. isl. ~d~est féminin. En slave, .ï/«?nce estneutre en latin sol est masculin. Fait significatif: le nomdu soleil, dont l'une des fonctions est de tout voir (noterl'épithète gr. ~), a servi à nommer l' « œil N enirlandais il s'agit donc d'une puissance du soleil irl. ~!7est féminin.

Les sumxes de dérivation indo-européens n'étaient quedes signes ils n'avaient par eux-mêmes aucune significationpropre. Le -a- qui vient d'être examiné n'avait sans douteen lui-mème rien qui exprimait spécialement le fémininil s'est trouvé, dès une période ancienne de l'indo euro-péen, afïécté à caractériser les agents de sexe féminin. Maisd'autres suffixes ont pu servir au même usage.Le grec a utilisé pour cela l'élargissement -i-, élargi lui-

même par -B-, d'où le type en -S- qui tient une grandeplace. A côté du thème 6~:x~-désignant le serviteur, nom.QE?o: on a ainsi un nom féminin de la personne qui sertQspx~, -!c=: et de e~px~M';(-rK;), on a fait de même

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26 A. MEILLET

6s=nn:T~,-Los:,qui atteste la vitalité de ce type en grec. Pourdésigner une personne qui moud ce qui est une fonctionremplie uniquement par des femmes le grec a ~ÀETp~,-j dès l'époque homérique et ce mot, qui est sûrementancien, montre que cette formation a été héritée, d'unepériode préhistorique de la langue. Au contraire Ax~TptKachance d'être une formation d'époque hellénique. Ce type en-).S-est le principal pour opposer une personne féminine à unmate T:sA~?;:et ~X~t. o~xst-<et s~xsrt:,etc.Quant au type en *-5- qui, dès l'indo-européen commun,

paraît avoir caractérisé les adjectifs se rapportant à desnotions conçues comme féminines, il a été long à serépandre dans les substantifs. Le procédé est devenucourant presque partout mais les faits montrent quel'extension a eu lieu surtout aux environs de l'époque his-torique. Par exemple, le grec a fait 6~ qui se trouve déjàchez Homère mais l'attique a encore Qss:au féminin, et demême, à ce qu'il semble, le laconien. Le latin a dea; maisla forme est faite sur deus qui résulte de deux altérationssuccessives de *deiwôs amuissement de w devant -us, etamuissement consécutif de (devenu intervocalique, alorsque le latin avait éliminé le y dans ces conditions. Mêmedans une langue comme le slave où la distinction du fémi-nin a pris de plus en plus d'importance, les cas tels ques2séda en face de sosèdic« voisin sont exceptionnels.La question de savoir si l'extension de l'usage de *-a-

aux substantifs pour y marquer la valeur féminine date del'Indo-européen ne comporte pas de solution certaine. Sansdoute en face de skr. apusA, lat. e~MM~,on trouve lesformes skr. apu~, lit. <xyua,lat. equa dans trois groupes.Mais une concordance ne prouve un original commun quesi les formes concordantes ne sont pas susceptibles d'avoirété développées séparément dans chacune des langues oùon la rencontre. Or, le type en -a- s'étend dans les substantifsdes trois groupes considérés la concordance n'a donc pasde valeur probante. Et M. Wackernagel a fait remarquerdepuis longtemps que l'emploi de gr. pour le mâle et lafemelle devait dater de l'indo-européen. Il est possible que,

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ESSAI DE CHRONOLOGIE DES LANGUES I~DO-EL'ROPËE~'ES 27

dans lesdeux groupes appartenant à la région dialectale oules marques du féminin se sont étendues de bonne heure,l'indo-iranien et le baltique. le développement de skr. ciçvaet lit. asvà soit ancien. Mais, en latin, où le type en -o- acontinué jusqu'à l'époque historique d'être employé au fémi-nin, il y a lieu de supposer que e~M~résulte d'un dévelop-pement séparé. Si le latin a equa, c'est que, pour les nomsd'êtres animés, il a de bonne heure tendu à ne plus employerle type en -o-. Par exemple, le nom *snuso- de la « bru »n y subsiste pas à l'époque historique il a été remplacé parle type en -u- nurus (gén. 7tM?*M~)d'après ~ocyTMou par letype en -a-, nora, qui a existé dans la langue populaire.Il est vrai qu'on signale a~ïM fèmina en latin archaïquemais ici l'indication du sexe est sans importance dans laplupart des cas, comme on le voit par le fait que les jeunesanimaux sont désignés soit par un masculin (à valeur géné-rique) soit par un neutre ainsi le slave présente à la foisle masculin ay?MCtet le neutre agne, entre autres cas de cegenre ce n est que lorsqu'on avait besoin de spéciuersurtout pour garder la jeune femelle et pour sacrifier le jeunemâle qu'on indiquait par la forme le sexe féminin. Lelatin devait donc nécessairement faire equa, aussi bien quel'indo-iranien et le baltique ont fait les formes correspondan-tes, mais sans doute plus tard et indépendamment. Et mêmepour l'indo-iranien et le slave, dans la région dialectaleoù lescaractéristiques du féminin se sont étendues relativement tôt,le fait que la féminisation du nom du « loup )) skr. f/'A<z~v. si. u/~M. lit. t~M, v. isl. M~/?',au moyen de skr. u/ si.viléi-ca, lit. M/A' v. isl. ylgr est obtenue par un autre pro-cédé donne a supposer que la formation de skr. <icï;aet lit.asvà ne serait pas ancienne. Lat. /Mpcdoit être une forma-tion indépendante le grec n'a rien de pareil, et Xuy.x~ay estévidemment récent.

Tout incomplètes qu'elles soient, les données dont ondispose permettent donc de reconnattre que le développe-ment des caractéristiques du féminin dans les adjectifsautres que les thèmes en -o-a- et dans les substantifs

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A. MEtLLET28

autres que ceux qui désignent des agents aurait eu lieuaprès la séparation des dialectes indo-européens. Le fait quede grandes catégories, capitalesdans la langue, comme cellesde lat. pater et ?K~er, &<Met ouis, etc., n'expriment parla formation aucune dISërenceentre les sexes a une grandesignification. Le développementa été plus précoce dans lesdialectes qui vont de Findo-iranlen et du tokharien au ger-manique, plus lent dans ceux qui vont de l'arménien à l'ita-lique et au celtique. Il a été arrêté entièrement en hittite.

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CONTRIBUTION A LA PHONETIQUE COMPAREEDE L'INDO-EUROPEEN ET DU CHAMITO-SËMITIQUË

1. CHAXGE3IEXTS PHONÉTIQUES SPONTAKÉS.

La théorie de l'évolution des divers phonèmes occlusifset spirants (emphatiques ou non) de l'ancêtre commun duchamito-sémitique et de l'indo-européen, celle surtout desphonèmes labiaux, est encore hésitante, tant à cause de lagrande complexité de l'état originel

occlusives 6'; 1

spirantes $

qu'en raison du petit nombre des correspondances certainesentre le vieil-égyptien, le berbère, le sémitique et l'indo-européen.Les principales correspondances théoriques entre les deux

groupes avaient été. indiquées par H. Moller dès i9il, audébut de son Vergleichendes indogermanisch-semitischesWo~ey~MeA.Deux points cependant y restaient, l'un faussé,l'autre indéterminé. On les signalera par des astérisquespostposés.

OCCLUSIVES.

Forte simple v. égypt.~) sémit. indo-europ. M?(sauf à l'initiale °).'L Lesmajusculesdésignent,les« emphatiques». Ona cru pouvoir

sedispenserdu pointsouscritdésignantl' «emphase». En revancheona notéle souffledesocclusives,fort oudoux v. plusbas.a. Legermanique,le celtiqueet l'arménienoffranticiun traitementspécial,v. p). bas.

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i.CUNY30

Forte emphatique *P' v. égypt. f*; sémit. indo-europ. ~A.Douce simple v. égypt. sémit. indo-europ. jo

(qui est sans doute ici aussi ph).Douce emphatique v. égypt. b sémit. indo-

europ. b.

~e?KŒ~MeLes fortes, quelles fussent emphatiques ou non, étaient

à l'origine des « souSIées )), adspiratae, c.-à-d. quellesétaient suivies d'un souffle, soit, dans l'ordre des labiales,*ph(en vieil égyptien p était peut-être encore jo'' commeen sémitique, v. H. Moller, ZDMG., LXX, 19i6,p. 161)et*jP'. Il en était sans doute de même des douces,.empha-tiques ou non, mais chez elles le souffle était doux, cequ'on a noté par et~. A cette époque reculée, ni les fortesni les douces n'étaient encore franchement ou sourdes ousonores (toutefois, en indo-européen, ce sont toujours desemphatiques qui ont abouti aux sonores et des non-empha-tiques, aux sourdes, ce qui est une indication ~).Il va de soique, dans les emphatiques, le souffle présentait le mêmecaractère d'emphase que la consonne elle-même. Pour lesfortes emphatiques on a noté ce souffle par par pourles douces emphatiques. Pour qui reconnaît cet état dechoses, il devient intelligible que *p''(plus faible par naturequ'un p [Meillet]), ait passé à en Indo-européen (sauf àl'initiale où il est et abstraction faite du celtique, dugermanique et de l'arménien où il est, respectivement,zéro [celtique],f [germanique] et Aou~<°?'o[arménien], lestrois traitements postulant un stade ancien V< cf. larépétition (dans les conditions données) du m&mephéno-mène pour les p'' provenant de b' originaire, d'ou sém. 6,etc. ~e/~?p'~>arm. e:~if~ etc. On voit également pourquoi*P'~ (indo-europ. également noté b' par les indoger-1. Qu'auparavantdéjà les doucestendaient à la sourdité,lesemphatiquesà lasonorité.2. Dansl'opinionactuellede M.Sturtevant,J. A. 0. S., tome L,pp. 't55-l*!8,*P'(indo-europ.6/tou&')aboutiraitenhittiteàp, tandis

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COXTRt)!t'T!0~ A LA PHONK't'tQUn COMPARËn 37

etc. « 4 M, à rendre compte de leur /'(cf. sémitique dans

le notti de nombre « } ») en posant P' (et non ë) à l'origine.tl existe au reste. d'autres exemples de f vieil égyptienrépondant directement à un bh indo-européen ou ù un b

sémitique. Il v a. en vieil égyptien une racine hilitère 5

<t porter ». Or il est assez fréquent que soit l'affaiblissement

d'un ancien Il est probable en conséquence qu ici la

forme ancienne était *f-r qui se superpose exactement à la

racine indo-européenne *<er- (v. si. ~p~, gr.'o: skr.

~~<2~ etc.), la forme antérieure commune étant, dans cet.te

hypothèse :<2/*<x'. De même. p. 429 des ~Mûf~e~a~/M.,on avait déjà rapproché le v. égypt. « nez souffler,

respirer Hde l'aram. bibl. ~o~ « iratus est », littéralement« il souffla H ou « il eut une bouffée de colère )' les deux

mots reposent sur le bilitère *.f'<2MŒ « spirare », l'élargis-sement n'étant pas le même en vieil égyptien (~) et en

sémitique (s' ou s).

A'o~e additionnelle concernant les dentales.

On remarquera que- dans la série dentale, le point cri-

tique noté par un astérisque, est pour le vieil égyptien

't. Comme M. Sturtevant a renoncé, actuellement, à la théoried'après laquelle hittite correspondrait a bh indo-européen (soit *P'originaire >&sémitique), on ne peut plus expliquer, comme étant(pour la-partie radicale) le correspondant exact de indo-eur. *bher-« porter, mettre au monde le hittite Aamaus « birth-chair » c.-à-d.« sella parturientium ». ce qui allait si bien pour le sens. M. Sturte-vant rapproche maintenant ce mot de hitt. arK~M: « (lie, it) brings »,v. JAOS, t. L, p. t28. Le sens de l'aperception première est alors bienvague à côté de celui qui résultait de ia comparaison avec l'indo-europ.*6Aer-(got. g'a6aMr~ ait. mod. ~e&Krett, etc., lat. fer-tilis, gr. (-fr,)0006; (xis~Mv), Hippocr. ou S'jva~s'. aopo; s!~Kt7)MS' syousK(en parlantd'une femme), etc. On pourrait toutefois maintenir cet excellentrapprochement par la simple supposition d'une alternance entre occlu-sive (?') et spirante (F), toutes deux « emphatiques ». Il est à noteren effet que l'indo-europ. "Mer- s'explique tout aussi bien par un*Fara que par un *P'ara originaire. *Fara serait sans doute A-~ envieil égyptien. Le mot existe, mais avec un tout autre sens (« peser,mesurer »).2. Dans la série palatale c'est le sémitique lui-même qui révèle ce

point critique il a ta où la série dentale a t, où la série vélaire a q.A plus forte raison le vieit-ëg~'ptien doit-il avoir s.

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A..CUNT38

exactement au même endroit que dans la série labiale. Onavait en effet

OCCLUSIVES.

Forte simple *t; v. égypt. t sémit. t' indo-europ. d(sauf à l'initiale où l'on a t).Forte emphatique: *y; v. égypt. sémit. t indo-

europ. dh.Douce simple *< v. e~pt. d sémit. d indo-europ. <.Douée emphatique *D~ y. égypt.? sémit. (? in'do-

europ. d.Car le rapport entre *T' et s est tout à fait le même que

le rapport entre *P' et/*(du moins très peu s'en faut). Il enest de même du rapport qui existe entre v. égypt. f etindo-europ. bh d'une part et v. égypt. s et indo-europ. dhde l'autre. Seul le sémitique (qui a b; mais t) détruit unpeu le parallélisme. On a donc eu raison (Ét. prégr.,p. 109) de supposer que, pour la consonne initiale du nomdu « loup )). le v. égyptien (~) s'accordait parfaitementavec l'indo-européen *e~o-, degré zéro *c~x- (gr. 9M-phryg. Ex::) tandis que le sémit. comm. *<5M atteste unealternance de *davec le *T' que postule l'indo-européen etle chamitique ancien. Ici la phonétique berbère, ce qui estnaturel, est un peu plus près de celle du vieil-égyptien quede celle du sémitique (v. p, 109, n. 4) la base desmots berbères qui désignent une cucurbitacée est k-s-y,base que l'on ne peut évidemment pas séparer de la « ra-cine sémitique y- qui offre le même sens, cf. p. ex.(~a-)y/'o-(c~") « champs de concombres », y~c'M"concombres », etc. Outre ~'e~'y, on aurait ici une vieillealternance attestée par berb. N~ sémit.

2. CHANGEMENTSCOMBIKA.TOfRES(« EMPHASE», ALTERNANCESCOKSOKAKTtQUES,COMPLÉMENTSDE LA <tLOIDE BARTHO-LOMAE!)).M. J. Kurylowicz (v. les comptes rendus du premier

congrès des linguistes à La Haye, avril 1928) a fort bril-

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~O~TR!)!t;TfONA [.A PHOKÉTtQL'RC.OMPARKE 39

tammcnt expliqué la labiale sonore intérieure du thème deprésent *e,o- (skr./?~<2~, celt. comm. *~e~ cf. breton(infinitif) eue, lat. bibere <( *p~c/'e, fal. p~/b < */o/-~b, soit donc un ital. comm. *p!) en rappelant, sansplus, (jue la forme de la racine, au degré e/o. étant ici *pô,e.-à-d. régulièrf'meut un ancien *pe/o~- (cf. gr. 7:&j.x,v. lat. ~oc/&m~> lat. ci. /?ôeM/~?M,skr. p5~'Œ?M,etc.), unprésent, bâti sur le même modèle que. p. ex., le skr.tisthati, lat.istit. (de *e-), soit donc un présent*pi-pa3-e-ti, doit, normalement. aboutir à ~'< "p~e~'par sonorisation du p intérieur au contact de 9,, phonèmeessentiellement sonore, mais qui ne fait pas partie du groupedes « sonantes » y, w, r, l, m, n, n'étant qu'une destrois quasi-sonantes a, (palatale et sourde), (vélaire etsourde), 9g(arriere-vélaire et sonore)' ces derniers pho-nèmes, larvngàux tous trois, sont plus proches il enest de même de la « sistante » s des occlusives que les« sonantes » proprement dites.Mais, dans le tome IV (1928) du ~oc~ Orjenta-

/M~/cmy, p. 2d8, le même savant polonais a cru pouvoirrendre compte du prototype indo-européen du gr. :=[f]::en posant à l'origine *oyiC~M~<M,alors qu'il faut, semble-t-il, expliquer :=: d'une façon toute différente, v. Laca/(~W!'e du duel dans les langues indo-européennes etc~<z/M!<o-~c7K~yMM,p. 30, explication résumée ci-dessous,pp. 42-43.Phonétiquement parlant, il n'est pas impossible que

M. Jerzy Kurylowicz ait raison de penser qu'un 9~(essen-tiellement sonore, on l'a rappelé) pouvait, même aprèsavoir pris la fonction vocalique: a~, sonoriser en ~</ ungroupe k,t (sans doute par un intermédiaire k,d, étant

't. Lephénomènede sonorisationdû à Ngprouvebien, et définiti-vement,quele phonème est identiqueau ('ain) du chamito-sémi-tiqueainsique t'admettaitH. MôUerdès1879.2. P. ex. s est presqueaussiprèsde l'occlusivet que la spirante

9gpresqueaussiprèsde l'occlusivega(gsanskrit==ylat. g)que laspirante~, etc., etc.3. Commey, w, r, l, m, n fonctionnantcommevoyelles,cequ'onnotepar t, u, r, t, ;7:,p.

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A. CUNY40

sourd, d sonore. En effet on pourrait citer, pour le prouver,un exemple possible de sonorisation dans un tel cas, v.ci-dessous. Mais, puisque de toute évidence on nepeut pas donner de SyS: une explication qui ne conviennepas en même temps à ?g5: (*~<~omo~),héracl. ~SS~~j: (*~?<5</e?M-),v. sI. sedmû (*sebdmos), et puisque, lachose est sûre, ni « la voyelle )) (e/o), ni la sonante (M, pasplus du reste que la sonante M?)n'avait les moyens de sono-riser (bd) le groupe pt que présente le nom de nombrecardinal *scp~' (lat. septem, gr. H:x, arm. e:u~ skr.~a/)~c, etc.), il faut, nécessairement, trouver autre chose.Voici pourtant le fait qui pourrait autoriser à croire

que, même vocalisé, c.-à-d. transformé en voyelle, 9, indo-européen restait capable de sonoriser une occlusive immé-diatement précédente. C'est encore le grec qui le fournit.Karl Brugmann, dès la première édition de son <T?'M7ï<Men avait eu l'intuition car il enseignait que, sûrement, ilexiste un lien étymologique étroit entre pisxM« je faispaître, je nourris » et le gr. ~M-u,skr. ~'2~/M-~etc. Cf.mais de plus loin, gr. T:u. lituan. pëmMO.Outre la racine *pc- « boire », le sanskrit (d'autres

langues aussi) présente au moins une seconde racine *p5-(également issue de ~oo-), celle de ~)c-~M- cf. gr. T:M-u(elle a la forme *p5y- dans T7=~ etc.). Comme la précé-dente cette racine *pô-était l'aboutissement de *pa/09; (au-degrés e et o). Quoi qu'en dise M. Sturtevant (.LaKyMa~Vtl, p. i52), d'après M. Kupylowlcz (Symbola. jRo~M~a-c~oM' i, p. 102), cette racine n'est pas la même que celledu lat. ~5- dansjna~co, ~'oM:,pastunz, cf. pâstor et, sansj élargissement mais avec un élargissement (7:x':M~.x'.)got. etc. /c'<c?! « nourrir », au contraire avec s commeenlatin, hittite jocÂs-, r. dial., (~<z)p<xs-a~t prouidëre », lat.~o~M. irl. ain-, messap. ~x'/o. etc. contre Walde~ s. u.specio. 11y avait donc deux racines voisines de sens et deforme *pô-et *p~-(rappelons encore que depuis longtempsM. ~leiliet n'admet plus l'apophonie a o oM'~ peuts'expliquer par *ox- cf. ~S-s~' de *'fKM-<K).Nousiaisse-1. LehittitepoM-.lat.ps-s-n'adoncrienàfaireavecla racine*pô-

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COKTRtCUTtOX A LA PHONÉTIQUE COMPARKE 4t

rons *~M-de côté pour ne nous occuper que de /?*J-.Or il est bien connu qu'il y a, en grec comme (;n indo-

iranien. un type de présent ibrmé directement sur la racinr(au degré séro) au moyen du suffixe -.s'/i'e/o- ainsi skr.~cc~a?7H de rac. ya~- (soit indo europ. *yw-A'6'de rac.ypM! /M aboutissant en règle à skr. a), skr. y~ec~M~,gT. ~xTY.f.~('M/M de rac. *~c??! ci'. dans sl~r.~'H~<;7',gr. ~]6x-), autre présent grec ,3x~Mde *~y~yo ou*o, cf. lat. MCM;,osque KLM-BENED(le latin !<p?!z'on'estpas très régulier: on attendrait *MM!'o.cf. ~e~??:.etc.), skr. ~c~~M! cf. v. h. all. e~coK « demander ».racine *(c)M-, degré ~p/'o *is-, soit un présent *<o, etc.Dans une formation de ce type, la racine de ~&j, etc.

soit *~o-<~~De/oSs-doit se présenter au degré zéro onattend donc *pa~o au sing. t" ind. prés. (avec 93vocalisécomme le m de '*g'em etc., cf. p. ex. le a: de S: (pre-mier :), celui de ~-M~ ovs-~6: (I': intérieur), etc.Mais, comme *p!~)a;j0~>~o~agO, *pibô avec 93 consonne,cette forme est peut-être devenue *o dès l'indo-euro-péenSi l'on admettait la suggestion, évidente semble-t-il, de

Karl Brugmann et la conclusion qui en ressort (a moinsd'influence analogique toujours possible), on aurait enfintranché la question de savoir comment il faut en réalité sefigurer la prononciation des sonantes-voyelles J, nz, y,w voyelles, soit i, u. Pour 1 existencemême de yen en'et, elle ne saurait plus être mise en doute, v. J. Man-sion, Acad. Royale de Belgique, Extrait des Bulletins de laClasse des Lettres, S' série, XIV (i928), pp. 10-i2H. Pedersen, Litteris, Y (1928). p. 156; et, pour les longues

de~(B-'j.pnyMA,etc.Il faudraitremonterjusqu'aumonosyllabeabsolu*pe/o-pour ramenerà l'unité les racines"pe/o?,-> *po-et *pe'os~-> *pn-dontlessenssont,eneffet,assezvoisins.1. Ley deskr. p<!yMAet celuide*po</u(si l'onexpliqueainsile gr.7:M'j)n'appartientpasà la racine.Dansxo'u.vau contrairey est unélargissement 'poy-men-~*pO!-mM(loid'Osthoff).2. Gr.~dcTXM,-SoTd;o'j/.oM';5!px,etc.Lesformesen-SoTTJ?paraissentplusancienneset plusrégulièresquecellesen -MM- qui sontana)o-giques.Unattendraitp. ex. *su-~tu~!);.aulieudu suoMTr,;attesté.

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A.CUKY42

correspondantes, Revue de p~on., t. Il (1912), p. 125.Si en effet 33, même quand il était voyelle, sonorisait

une occlusive qui le précédait immédiatement, c'est quel'attaque dés quasi-sonantes (en fonction, soit de voyelle,soit de consonne) était consonantique. On est tenté d'enconclureque y, y:, n débutaient en consonneset finissaienten voyelles, soit "M,et de même "'M.On saitau reste, par le slave, que i en effet était plutôt ri et u,plutôt "M,cf. par ex. les préverbes (Y)~- et (u)K~ Mais ilpouvait y avoir sur ce point des différences dialectales. Legermanique, avec ses ur, u/, um, un, et l'italique, avec sesor, ol, em, en font plutôt supposer l'inverse r~, ~?M,Quant au grec, il présente pour les deux traitementsil a rr, Il (xp, <xX)à l'initiale et à la finale des mots (x:x-~xp), mais (~:pxx: Mp<x6: etc.) à l'intérieur ilconnait en outre quelques Incohérences, cf. p. ex. nn àl'initiale (~Mwp. etc.) mais n dans -~MS:etc.) enun le Nde p:M.Met autres formes à initiale sonore pourrait êtreanalogique des cas où a~était resté consonneSi donc on s'en tenait à un point de vue strictement

phonétique et si on négligeait les possibilités d'analogie, onpourrait admettre qu'un préindo-européen "'oAf~zco~estdevenu "'oy;e~;jM?<M.Mais ce n'est pas seulement aux exi-gences de la phonétique qu'il faut satisfaire il y a cellesde la morphologie et l'on a déjà dit que celle-ci réclameune seu!e et même explication pour :Y5:=ç et ~S:~ecf/KM.Le prototype de c-)-S:s=,soit "oy~o~o~ est fait sur

*o~;(/o-M.doublet morphologique de *o~tC~lequel devaitexister parallèlement à*o~,<o,*o~o, *o~M? (skr. <M~c?<,got. a/z<<2Mà côté de gr. :xT:M,lat. oc<o,lituan, cs~Md-lat. oc~!M<M<(*o~t<oto-o~pour le -w- v. maintenant H. Pe-dersen, Litteris, I, lS2i, p. i4. C'est donc en dehors de

t Onne peuten effetse dissimulerquecequiétait*pot:(c.-à-d.'pe~t:')à la3esg..devenait'p~-e/o~tt,c.-à-d.*63s-e/on.Mà la 3~plur.,aveca~consonne.Le sanskritayantétendupa- à toutesles formes(p6[):(:).un ne peut savoirs'il faut p. ex. restituer *p9j-mc(s)ou*h-<c(s)à la 1"'pers.plur.Cf.pourtant-M-:d;.

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(;nxTR)))UT)0~i,A r'nn~);T[nt'r; COMPARÉE ~3

toute influence de 3.,soit consonne, soit même voyelle qu'ona '*o~,</o:fo~.Mais ceci ne résout pas la question phonétique.Le problème est net on a y, au lieu de -k,t- et, de

mcrne. -~< au lieu de (dans ;:c:'j. etc.). Études

prégrammaticales, pp. 5-6, on avait admis une alternance< intéressant la consonne qui, dans les noms denombre 7 et 8 s'ajoute, sans intermédiaire, à la partie pro-prement « radicale )' de ces mots (*M~- et *ok,-), cf. unealternance analogue dans yM<xc~ $'M<X6~Mp~,~Ma-Q~ïM~, etc., à côté de quattuor, ~Mc~y, etc., zd. ccO~Ms« 4 fois H, mais il existe une meilleure explication.Car, si l'hypothèse de M. Kurylowicz répugne à la mor-

phologie, la nôtre était imparfaite en ce sens que l'alter-nancc admise n'était pas fondée en raison, ce qu'elle estaujourd'hui si l'on veut bien reconnaître ici une applicationnouvelle de la « loi de Bartholomae ». Cette loi régitl'indo-iranien, mais vu son étrangeté même, elle ne peutêtre qu'un héritage de la plus haute antiquité indo-euro-péenne*. Elle peut, on le sait: se formuler comme suit:chaque fois que des circonstances morphologiques amènentla rencontre immédiate d'une occlusive sonore aspirée(M. dh, g,h, .) et d'une occlusive sourde, celle-ci étantla seconde pratiquement il ne s'agit que de t (ou de s)parce que presque tous les morphèmes suffixes commencent

par t (ou par s), l'occlusive sourde passe à la sonore aspiréecorrespondante, tandis que la première sonore aspirée perdson aspiration en vertu de la loi de Grassmann, loicommuneau sanskrit et au grec de deux aspirées qui sesuivent, immédiatement ou non, la première perd son aspi-ration. De la sorte ~A t, dh + t, -)- -)- t sonten indo-iranien *bhdh, *dltdh, *=~A, *ghdh, c'est-à-dire,dans l'Inde ddh, clh ~>~A,gdh, exemples ~<zcfe%a-« lié » (*M/!<~-(- to-), racine *bhendh-, Ma'e~/Aa« noué »,racine sanskrite Ka/<Mec~ « léché )) (*/M~a-),

t. ContreH.Hirt.Id.(/.Gr.. p. 307(ouvrageparuen1927).L'auteurappelleprogressifcequenousdirionsrégressif.

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A.CUKy44

<!e racine sanskrits reA-, r! (*Z?~ *Iig,h-) ~d~M?M« tenir » de racine ~<x~-(*~e~ gr. ~M, etc.), forme inter-médiaire *K!c~MMt),~M~cf~a-« attaché à » de racinesanskrite ~e~ ~M! En réalité dans les groupesM-+- ~-t-i', ~-+-<, ce dont il s'agit, c'est de ~j-T' + A*"+ c'est-à-dire du concours d'anciennes fortesemphatiques et non-emphatiques (qui suivent les premièressans intermédiaire). L' « emphase», la sonorité et le souSIeiaryngal se sont propagés dans le sens progressif, d'oùj~'r, r'r, A'r', *dlzdll, enfin 6~, ddhet y~A (avec variété palatale *=~, d'où véd. ~). Ceciavait déjà été noté Revuede phonétique, II, p. ~26.Mais. ce qu'on aurait pu faire remarquer dès lors et ce

dont on s'est avisé depuis, c'est que, de même, les occlu-sives sonores non <M/weMde l'indo-européen étant d'an-ciennes emphatiques B', D', G' (avec des variétés dans lagutturale), les groupes morphologiques qui seraient-S'-j-~Z)'-)-<, 6"-)- t étaient devenus d'abord par progression deF a emphaseBet de la sonorité, mais sans souffle fort, B'D',Z~'D', G'D' d'où indo-europ. bd, dd, ~c~(et variétéd'où skr. ~), non pas A'~ (et variété ~) comme dansla phonétique plus récente du grec, du latin, du sanskrit,etc. De même aussi, puisque î~, A, P, spirantes sonoresemphatiques, aboutissent à indo-europ. b, d, g, dans le casde groupes r-)-~ -0–~ C- on devait avoir successi-ment 1'D, A23, I'D, et enfin bd, dd, ~<~ (commeprécé-demment). Si l'on admet' ce corollaire de la « loi deBartholomae », la dentale sonore intérieure, non seulementd< mais de ~S:=p.s;,etc., se trouvera enfin et trèssimplement expliquée, tandis qu'il était impossible d'ad-mettre que *~e~~KONprovint de ~ep~:o~ et *o~<M~ de*o/t~o~ (cette forme à voyelle zéro entre t et w n'est dureste attestée nulle part), met te n'étant que des sonantes.Pour rendre compte, phonétiquement, de *o~t~o~-o~ on

partira donc de *oG*Dotp-<M,issu lui-même de *oG'ifOM!<M(avec *oG'-ou *or-: opposerà *o/r-,dans :x-M,etc., et mêmedans skr. ~p~ « 80 »pour lequel il faut sans doute supposer*o/ puisque, peut-être, *o~t~~ eut abouti à *o~~3~

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CO~'TKtnUTfOX A LA PHO\ÉTtn[;E COMP.\nÉE i.5

skr. *<z/7'). Et de même on verra dans *.9eM(c/o)M!<M,

plutôt qu'un ancien *.y6'Z~'Z?'(i?.~)M!0~. un ancien *~FD(e,'o)-mos, régulièrement assimile de *.yeï~-)-<'(c/o)?7!o~ et compor-tant le même -~e/o)~ que le n. de n. cardinal *(skr.

~a/?~, gr. s~-x, iat. ~<?/J'/e?M,etc., abstrait après coup de

l'ordinal *sep(t)emos' compris comme étant *e~)(~)~-o~ ce

qu'est en réalité *o~;cfoM:<M fait sur *oy,</6't6- Quant à la

raison de l'alternance première G, V, elle échappe natu-

rellement à nos investigations.Si le 6 de *9e<~(P/o)~!<M est un ancien mieux un

ancien V, le p de "~o~ (prégerman. *~pp~')~ ne peutavoir comme origine ni ni *P'qui se seraient assimilé la

dentale suivante (on aurait alors *~<~y! et prégerm.

*7!) ni *P' qui aurait exercé la même action (on aurait

alors *~A<~y: p. ex. indo-iran. *~<2~~a il remonte néces-

sairement à la douce simple *b de l'indo-sémitique. En der-

nière analyse *y~o -t-(~ équivaut à *K!~c-(-(<~<x)-/Ka, cf.

le sémit. *saba-(') dont le b pourrait lui aussi être issu de

*b, mais qui, à cause du chamitique ancien l'est

1. -<e/omo-. -tmo- est le morphème du « supertatif)) intimus, ulti-mus, etc.. skr. AstamdA.2. Il est difficile de retrouver la valeur sémantique de -<o (devenu

ou non -e!o). En tout cas ici le -t- ne doit pas être le même que celuide *sep(<)m', v. la note précédente.3. Le germanique a sans doute d'abord dit *sep~ds « 7me '», cf.

stfmnius, etc. (à côté de intimus, etc.), d'où. chez lui, *MjO)7:(-abstraitde 'Mpmos mal coupé, entendu comme étant "Mpm-os, cf. "Mp~osentendu comme étant "sepfM-os alors qu'il est en réalité *sep-tmos, v.ci-dessus.4. En ce qui concerne le final, c'était, comme te du sémit.

*sa&s-['-] un aspect de la consonne alternant avec le d < tel qu'onl'avait dans le nom de numéro « 4 (v. ëgypt. f-d < *d~), savoir laspirante sourde *x' aiternant aussi avec la spirante emphatiquesonore *r; et avec l'occlusive douce g; (v. ëgypt. d serait k, en indo-européen). Dans les Etudes prégr. chap. H, on a conjecturé que le fdu v. ëgypt. s' et aussi du v. ëgypt. f était un ancien *F* ceci àcause de *'<!f&n'-<:4 en sémitique et cette correction à la phonétiquede H. Môi)cr apparait de plus en plus nécessaire. Mais la conceptionmorphologique de ces mots resterait la même si l'on posait *P', *fet *Saboutissant à v. ëgypt. y, car f et S (et aussi F et V) alternaientles uns avec les autres à l'origine toutefois l'hypothèse serait haute-ment improbable à côté de "P' > f.

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A.CUKT46

plutôt de *P' originaire. En résumé, en ce qui concerne lenom de nombre « 7 »1. l'hypothèse *saba est sûre pour l'indo-européen,

possible mais improbable pour le sémitique2. l'hypothèse *~cFû:– est possible pour l'indo-euro-

péenne (réelle ailleurs ') impossiblepour le sémitique[3. l'hypothèse *saB'a n'est qu'une possibilité sans

réalité sur aucun des deux domaines]4. l'hypothèse *~P'a– est sûre pour le vieil égyptien

et doit être adoptée pour le sémitique mais, en revanche,elle est sans réalité en indo-européen, car got. (germani-que) sibun s'explique sûrement par un ancien *;Mpy/(non *Ne~7/-<-).Il convient de tirer des considérations qui précèdent une

conclusion particulière pour le chamito-sémitique. Etantdonné que, pour la spirante sonore emphatique, soit *Voriginaire, l'aboutissant phonétique était en sémitique etqu'on doit également regarder ce traitement comme berbèreet vieil égyptien, il devient inutile pour le berbère zénagaMsa, chilhe sa « 7 », mzabit saa, i'ém. saat, soit doncberb. comm. *~<?'(c),fém.*~<x'(c)<,de recourir à causedu manque apparent de l'élément labial de sém.*yG~a' à un phénomène d'ordre psychologique (Ignorie-rung). En effet, l'élément labial est bien représenté dans lemot ~o'(c) qui peut, et doit, être expliqué par une forme

préchamitlque*~s~e-['-],ci. le présémitique *G-['-] et aussi, p. ex. *oA<z~- dontle Aaboutit à dans berb. (Bougie) a-ka'b Krenard », v.Études ~rc~ p H7\ Que l'on parte d'un type *~c~c-)"cou d'un type *~aFc-'o: (cf. le sémitique), l'évolution nor-male amenait ici, indistinctement dans les deux cas,*.Mo-'(c:), et les deux ` devaient nécessairement seconfondre.Pour la même raison phonétique on reconnaîtra aujour-

d'hui que l'amharique arat '<4 » (contre tigrina 'Œ~a'i'-g

1. Voirci-dessous.2. Aplus[brteraisonun I' originaireaboutiru.H-Uù

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COXTRtnUTfOK A LA PHOKËT'Qt'K COMPARÉ): 1-7

et mehri /a<<r<5~doit sans aucun doute s'expliquercomme étant issu d'un chamito-semitique *'arFcz'<

cf. chamito-sémitique *'a/'P'a'soit donc alternance de deux emphatiques dans le mot,1 unespirante douce, l'autre occlusive forte. Dans le premiert\'pe, V, aboutissant à en sémitique comme en berbère,n'était qu'un autre aspect de la labiale de a~a' soit, ensémitique dialectal, *'ar'a' Dansccs conditions, le premierdevait disparaître dissimilé par le second et le second, sefondre dans l'a long comme cela s'est produit dans lemehri ~a~. Soit donc ici une double correction aux Études~eyraM~c~cc/M, dont acte.Par une avantageuse compensation, cette façon nouvelle

de concevoir le passé du berb. *sa'- « 7 » et de l'amhariquec~ « 4 » vient à l'appui de lâ théorie qui, dans la secondepartie de *fa~M'a-, *{- ?7 )) » reconnaîtle *c~ quisignifiait « "à l'origine, *~<z-étant, v. Ét. prégr.,pp. 469-472, une notation de « 3 ». En effet on a dans « 7 »,en berbère, et dans « 4 », en amharique, le même V(aulieu de *P') originaire.C'est parce que le de ces deux mots atteste un ancienV pour le chamito-sémitique (et la chose est sûre) qu'ilfaut voir, dans le de l'indo-europ. *M~</(e/o)m<M,non pasun "~?\ mais un *)~originaire. De la sorte, le nombre desalternances se trouve réduit au strict minimum, savoirtrois aspects seulement pour les noms de nombre « 4 » et« )), ce qui est peu pour un domaine aussi vaste que lechamito-sémitique doublé de l'indo-européen *.P'c~=~Aussi, malgré les protestations de M. H. Pedersen, Lit-

~M, I, 1924, p 11, n. 1, n'a-t-on pas hésité à maintenir lathéorie des alternances telle (ou à peu près) que l'enseignaitH. Môlier.

Revenons à l'indo-européen c'est non seulement*oy,</OM;<M(<( *o<?<OM?o~)et *~</(e/o)??M~(<~*~eF~[e/o]?7!o~)

4. D'oùsémit.*'<!r6a't(tigrina 'ar6g'(-ë,cf.mehri7'6<:t,etc.); cf.Ét. prégr., pp.8R-8S.

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A.CUKY48

qui s'expliquent comme, par exemple, M~c~a- « tissé Mde*M~A-)- to- c.-à-d. *M/ -+-to-, par propagation progressivede l' « emphase » et de la sonorité propres aux anciennesemphatiques, spirantes ou non F, A, r, B', D', G' F,A'; 7' Z", ~La chose est vraie aussi d'une quantité

d'autres mots comportant des sonantes intérieures, lesquellesétant toujours sonores, doivent, en conséquence, être issuesd'anciennes emphatiques ~f, N, ~Ï, L, Y, [à côté des-quelles il y avait sans doute des m, n, r, y, w nonemphatiques, comme dans les parlers arabes actuels, v.Ét. ~e~'ŒM!??! p. i58 et n. 2]. Cette induction nous a étésuggérée par l'étymologiesuivante dont l'évidence s'impose.Outre les deux exemples connus et sûrs de la correspon-

dance sémit. comm. ~=v. égypt. savoir h-m-n-w «8 »,ar. class. ~c'~SM! hébr. s~07ïg(~), etc. et ~-?K-r« enfermer )). hébr. s5?H< « il garda », s'~KK~o~« pau-pières », syr. <smr-Œ« paupière », ar. class. ~<x?M<27~M"« prépuce )) il en existe un troisième, également certain.C'est le v. égypt. « ouvrir ».Ce mot serait, sous forme de sémit. comm., *~c/):"<~cf.,

avec /<au lieu de en troisième radicale ar. class. /Œ7:c:(ce qui atteste; indirectement au moins, */e!<'<~ vu lespossibilités d'alternance). La « base )) bilitère de cettea racine » est non seulement chamito-sémitique, mais indo-européenne. Hy a sans doute alternance ou '!=~ dansla consonne de l'élargissement, mais il parait, actuellement,inutile d'en postuler également une (i'=-) dans la « base »bilitère pour rendre compte du d que présente l'indo-euro-péen occidental (germanique et italique) dans *<?/o- (àla fois nominal et verbal): lat. p<x?~<5,supin ~a~M~ quisert de causatif àjw~eo', lat.~c/M~ « recourbé B Ov.,

Onremarqueraque,commele thème~<'pf-<*(fc'ppa!o-cf.ar.'inss. «Q/nnuf chaud x Et. pM<~)'p. 314, n. d, le themppate-pourraitcontinuerun indo-europ.*p°~-qui répondraitdirectement:mY.ecypt..<'ëqtUY<t)encpd'un «Utemp etd'une« racine»,cecisui-vantic?hms-ues).S:tnsdouteon attendr.tit*p- maiscf.ar. ctnss.;'nn/'odont )(-Yucatismesemble postuler ptutô)que Tandisque/cn(-continue'ieppc~pn~-est issude*p" oric'*~<!ppa!*pa~<?:Cc'eimontre).' tonneqatlalaattestéeen Indo-européen.

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COXTH)[iL'T)OK A LA PHO~'ETtQL'H COMPARÉE ~9

« déjeté a Vitr.. /'6~«Kf/M.s' épanoui » (d'un lis. S' Jérôme),

germ. comm. thème v.norr. /f/ Car, de menu'

que dans le cas de cf. encore « obscu-rité », serbo-croate (v. rag. ~!0~ « dénis-rare » à côté de'< (rac. G,-nebh- et nebh-), !p!-Y2:'jT:: avec *G- à côté de

x~u~3:, avec A- préfixe', la dentale sonore de *ïf/e/o- estsans doute le résultat d'une assimilation progressivethème orig. *~<x-/V-/«2- (avec infixation nasale au degré -re?'oet N emphatique), d'où, par propagation (progressive) del' « emphase » et de la sonorité *psA'a- qui, régulière-ment, devait aboutir à indo-europ. *f/e/o-. car on a vu,

Z~r~ p. 102. que *A originaire est normalement d en

indo-européen. Comme la sonore de~y~o, celle dcp~?!opp. ~a.r, ~acM, etc.), celle de p:'?!~ (opposer skr.

~!p<ii'~ etc.), celle de (i7!p.6s' (opposer v. si. s~?K/)a~'°),celle de g-/?!MK~, e-?MMM.r!, etc. (opposer M~CM~), celle de

~cM~(~c: ?/ etc. seraient analogiques, T/xX~r,scindula Vitr. étant réguliers, opposer vha. sceidan, de

germ. comm. ~/t'~a~(a/!), thème W)'C!<), la secondedentale sonore de *~e/ (gr. S~xx. SE'x~) assimilé de

*f/eA',J/ (opposer skr. a~a~ refait à date récente),seraient expliqués du coup. Zimmer avait bien vu, ditM. Hirt. que la nasale est pour quelque chose dans le phé-nomène, mais son explication, ajoute-t-il, était « insuffi-sante ». C'est qu'en effet il s'agit ici, non seulement deJ/,.V, mais aussi de R, L et même de Y, C'est en suppo-sant Y que par ex. on expliquerait <r:e::e' (comme fy~cs~

't. Le gr. Tur:M, T'Jjj-~Mov.etc. gara.ni.it qu'il s'agit bien dans cesmots d'une racine *<e/o:<p-,*tt;p-. 'G-tOKpos devait rëeuHerement abou-tir a -Yoo'j~o;et *<t<po.s à x-:u~o; ëga]ement bien atteste. AoB~o;est uneforme analogique d'apt'èsie-Yoouno; du composé. On attendrait *ToS~o;.2. s<pmp<:<:est pour 'stpm&at! comme skr. pipate à côté de l'ancien

pibati. Ce sont des formes analogiques comme lat. rMntpe?'6au lieu de*rtfn!6crc (parfait rBp~ sup. ruptum dans tous les cas) le got. raifp-jan, russe )'MÙ:<'« hacken » sont analogiques en sens inverse. Demême on a skr. chinddmi au lieu de 'c/tMMtm: tandis que chindcinti(et le présent lat. se~o en entier) est régulier, *s/H'.Y<-e/o~!aboutis-sant régulièrement à *sA't'A'/)e/o~<:(cf. tat. sc~nf/Mn!),3. Pour cf. déjà DonMm Ka;~ah'c:'M?nScA!Ke)~ 1929. p. 3').

Xous préférons actuellement cette explication à celle donnée Revue dephonétique (~'12), t. It, p. -130.

d

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A. CUKY50ci-dessus, soit *~eJ~?- assimilé de *e-Fp-), et, qu'on ren-drait compte de got. tailms c.-àd. "e~o~-HM,cf. lat. dig-itus, prodigium; cette forme serait issue de *jOoF<?t-A~-ordonné d'un bout à l'autre suivant l' « emphase » (opposer5s:x~u~ ~t<"ere,vlia. -.s~GM,etc.), de même, au degré zéro,dig-de *j07C= D F6'- Plus sûrement, encore on reconna!-tra le même fait dans le v. si. ~"Mc~M« dur Ken face delituan. ~~<as (même sens) et v sI. ~yc~M « bélier », r.~dror « sanglier, taureau », opposer lituan. jD<z~-s<M,lat.porcus, irl. orc, vlia. /c;~a~ (mais aussi v. sl. ~orcsg).Car<u/*M</Mcontinuerait un ancien *~M?.~Z)o-assimilé de *~J~d-(d'ou indo-europ. *<~d-), tandis que ~<c~ représenteraitun ancien *<tc/-<ds(avec y non emphatique) resté tel quel.et de même pour d'autres racines terminées par dessonantes (~,m, y, M?),d'où l'éclosion du doublet morpho-logique to-: -do- utilisé en italique, p. ex. pour distin-guer les participes passés passifs des adjectifs. Semblable-ment encore, le v. si. ~ys~M(si. comm. *~or.~M)serait issud'un indo-europ. *~o~]0-, exactement *poRG,o-, lui-mêmeassimilé de *~o~M;tO-,tandis que *po~o-, avec nonemphatique, aurait survécu dans la plupart des langues(lituan. ~c7-s<M,lat. porcus, etc. et même v. sI. ~<M-eau sens de « pourceau »).[Cf. encore v. sI. pc~ « faire attention » quine contre-

dit pas à la règle. En effet, la racine *~e~- (skr. ~ap-yc~cf. lat. ~pec-:û, etc.) était devenue, par infixation de 9~emphatique et sonore (pour ce genre d'infixation, v..E~MC~prégr., pp. 329-330)*pe-a;j- d'ou, par propagation méca-nique de l'emphase et de la sonorité, *~09; puis ~Do~i~v. sl./xzr-].C'est ainsi qu'une légère nuance de prononciation dans la

sonante (« emphase Mou « non emphase ») aurait eu lesconséquences que l'on sait et expliquerait toutes les alter-nances de sourde à sonore que l'on relève à la {in desracines indo-européennes qui comportent une sonante.Mais l'analogie a le plus souvent fait disparaître les anoma-

4. Cf.pourd'autresexemplesHirl,J~. Gr.I. p. 2')8.

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COXTRtnUTtOX A LA PHONÉTIQUE COMPAREE: ~1

lies réalisées de la sorte. C'est ainsi qu'elle semble avoir

effacé, en sanskrit, les effets de la loi qui, suivant Bartho-

lomae. régissait aussi le cas dcM-r-y~-t-.y, etc. abou-

tissant à etc. (ajoutons <r- ~-f- etc.aboutissant à <5~ etc. car, par exemple, de la racine

*<5:rAe- (qui vaut sûrement *e-) le sanskrit n'a que ~a-(3" sing. etc. '). Il est pourtant vrai de dire quelui aussi aboutit à ks en sanskrit proprement dit, v. Revue

de ~/to~ t. IV, 1917; p. 119. Pour~A?~>/M. le processuspourrait donc aussi être phonétique, et non analogique.Quoi qu'il en soit, s revient, aussitôt qu'il le peut, à son

caractère primitivement sourd en indo-européen, sauf quandil est tenu en laisse par une « occlusive » qui le suit immé-

diatement, ainsi ~e~< «~c~e », issu d'un ~o/~a~Z)- origi-naire. c'est-à-dire, au degré ~e~o *~ZZ)- soit indo-europ.*~< dans v. si. ~f~-e~ gr. ~5-s~, ~-sXu=: pS-EA~s~,etc. grec commun (thème) *~os(y)s/o-, opposer *perd-de ~o/~aZcDa (autre graphie de ~as<2</<x ou *6c~<z~a, v. la

note ci-dessous), *p/ au degré zéro (avec R voyelle

emphatique, tandis que, p. ex. dans *~e/*<- « couper »,3 sg. pr. act. ind. skr. /i'na~'(*e-(-~), 3 pl. même

-t. Comme le gr. ~T;, etc. vaut en réalité pŒ~<csr,[, etc. onvoit que l'ancienne emphatique *P' devenue *6A, puis o en grec (ph)subsistait en une certaine mesure et que a avait sans doute ici unevaleur particulière (encore emphatique?), cf. la valeur particulière(sourdes douces) de ?. y dans les groupes a6, ~9 (d'après une observa-tion faite par M. A. Meiliet, La Parole, -t901, n" 8).'2. Le indo-européen étant ici un ancien *Z, emphatique et sonore,

(soit J), on voit que ce phonème fréquent en sémitique commun (cf.,p. ex., ar. class. Mrra « il prit un éclat de pierre pour en faire uncouteau », etc.) existait également en préindo-européen. Toutefois, le*Z originaire était d à l'initiale indo-européenne (gr. Sej:-<u,got. tair-an, etc.) et r à l'intérieur des mots. Quand donc M. Hirt, Jd~. Gr., 1,p. 158, en note, rapproche, à la suite de M. H. Pedersen, les deux« bases x *pe?'ed- et *pesed-, sans conviction du reste, il a plus raisonqu'il ne le croit. Pour les ramener à l'unité, il suffit en effet de partirde *bazaD(a) (ou *pazaD[a]) d'une part ceci aboutit régulièrement aindo-europ. *pMed' d'où *pMd->*pMQ'-(avec chute du second e), et*6x6f-(avec chute des deux e) et de *6<t:sD<!(*pŒaDa) d'autre part,d'où 'pere~ avec chute du second e, *perd-, et avec chute des deuxe, *prd- (ici naturellement R et R étaient emphatiques). La légèrenuance de prononciation qui existait entre et a donc amené lacréation du doublet 'pesd-, "percf-.

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A.CUK~'82-)1

temps "T~e/oy~t, skr. /cm~K~' « ils coupent », verbalA' skr. (indo-europ. *<d-), le r (comme le de*er< c'est le -t final de la racine qui l'indique) n'était pasemphatique.Tout ceci montre que lesphénomènes appelés <: emphase»

« non emphase )) avaient anciennement en indo-européenune très grande importance.

CONCLUSION.

On ne saurait, si l'on veut être juste, clore ces quelquesremarques de phonétique historique sans exprimer le senti-ment d'admiration qu'on éprouve à l'étude du système pho-nétique reconstitué par Hermann Mûller pour l'idiomeantérieur à l'Indo-européen (au hittite) et au chamito-sémitique. On a déjà dit, Z~MC~jor~*CMMyïe;~cc!p. xv,que c'est uniquement sur un ou deux points que ce sys-tème appelle une correction. Si donc, v. Litteris, 1 (1924),p. 11, n. 1, M. Holger Pedersen peut écrire: « Il ne meparaît pas que la phonétique comparative des deux famillesait fait beaucoup de progrès depuis le premier livre deH. Môlier (6'7.. 1906), c'est que l'auteur était, presque c[du premier coup, arrivé à la perfection. Et cependant,l'exposé qu'il en a donné en 1911 (Fer~7. H') était infi-niment plus clair et mieux ordonné que ceux de 1906 et de1909 (Glossarium). De même que Sophus Bugge dansd'autres questions, mais avec plus de sûreté dans le coupd'oeil, il faut bien dire que H. Mulier avait, en linguis-tique, un don merveilleux de divination. » Quant à M. H.Pedersen, bien qu'il ait été toujours partisan de la théoriequi apparente les langues indo-européennes et les langueschamito-sémitiques. il ne croyait pas tout d'abord que, pourdes périodes aussi reculées que celle où nous transporte lacomparaison des deux groupes cités, il fût possible dereconstituer une phonétique régulière et, sans doute, il enfaisait volontiers son deuil, de même qu'il ne tenait pasessentiellement (v. L~e/'M, 1: p. 11) à ce qu'on retrouvâtentre les deux familles de langues, ne fut-ce que les débris

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CO~TRtBL'DOX A LA PHOXËTfnL'E COMPARÉE 53

d'une morphologie commune. La situation, fort heureuse-ment, s'est révélée, à l'un et il l'autre point de vue', meil-ieure qu'il ne le pensait on a même pu aller au delà dp lamorphologie rudimentaire qui ressort de l'analyse desthèmes Met des « racines )), v. La C'o/'z'e du <<e/1930. Dans ces conditions M. II. Pedersen se montrerapeut être plus indulgent qu'il ne l'a fait, pour la théorie des« alternances consonantiques ». Cette théorie en effet sauvele principe de la constance des lois phonétiques tout en yintroduisant un peu de jeu. La question n'est pas du restede savoir si nous pourrons un jour ou l'autre retrouvertoutes les règles qui présidaient à ces alternances. Que lalangue, à un certain moment (il ne s'agit ici que de phoné-tique) ait été ou non comme.le supposent les p/*<~y.,p. i03 (n. à la p. 102), dans un état « chaotique », plustard en tout cas, mais avant l'individualisation du chamito-sémitique et de l'indo-européen (ou de l'indo-hittite si l'onadmet les vues de M. Sturtevant), si elle n'était pas encorearrivée à se donner partout des phonèmes arrêtés et netscomme p. ex. ceux du sémitique, etc. ceux surtout del'indo-européen, du moins, à la suite de la fixation des« archiphonèmes » résultant dès lors du groupement:autour d'un point d'articulation, des différents 7~0~ pos-sibles de cette articulation, elle avait étabi! chez elle unminimum d'ordre. Le point d'articulation étant ferme, lemode seul. encore flottant, elle disposait, par ex., autour dupoint d'articulation labial, de la série ~)'=P'=- ~:y-F–-r~J7(:7<). phénomène complexe réeUementobservé par M. Sievers, pour l'articulation gutturale, dansla langue d'un Papou'.

A.Cu~Y.

't. Et c'était nécessaire,cf. les principesposéspar M.A.MeilletdanssonarticledeScientia.vol.XV(t9'i4),Leproblèmedelaparentédes langues,articlereproduitdans t'ouvrace Linguistiquehistoriqueet ~)t<j'!<ts<:<j'générale,v. en particulierles pp. 90-9'i.'ï. Termeproposédans le premiercahierdes EtMdasdu CercledePrague.3. G<ind:!<6'c*(t893).p. 2~9. Le sujetemployait,indifféremment,ies5 Modesd'articulationsuivants J;,g,Y, A.E.

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LA RACINEAIS EN ITALIE

ESSAIDEGÉOGRAPHIELINGUISTIQUEITALIQUELEXICOLOGIQUE

Il y a quelques années, dans une étude que j'ai publiéedans le A~o/)~o/o~M~ YIH, p. 223, etc., j'ai tracé quelquesisoglosses sur le sol de l'Italie antique, pour pouvoir mieuxdéterminer quelle était originairement la frontière du terrainoccupé par les Latins, et il est clair qu'à cet effet, la ligne~)/yM(pM/yMM)qui trace les limites de la représentation del'explosive labiovélaire indo-européenne m'a rendu les plusgrands services. La carte démontre clairement le fait dontparle M. Meillet dans son Esquisse d'une AM~we de lalangue ~c~'Me queles domaines où se parlait le latinseraient les restes d'une ancienne invasion de sujets delangue « italique s réduits à peu de chose par une largevague osco-ombrienne(p. 74). En effet, dans une. périodepréhistorique, la culture latine a été refoulée par la cultureosque, qui non seulement s'est emparée du pays des Sahins,mais qui, au témoignage de la ligne -(~M/ro/rM~o) apénétré dans le Latium même et ne s'est arrêtée qu'à unedistance d'environ 20 kilomètres de la mer. D'autre part,l'isoglosse /7~(/6'6o/~<~c) prouve à l'évidence l'influencephonétique de l'Etrurie sur les dialectes voisins comme celaa été tout récemment relevé par M. Terracini dans sonétude Su. alcune conyruenre fo~zetic7zefra etrzcscoe italico,étude <S*Ma/CM?Mco~~Me~rc /b?:e~c~e/?'c e~M~coe !x~co,~M~M~cA~III; p. 216. Dans ce procès les Falisquesont été les intermédiaires. Comme un des résultats les -plusprécieux de cette étude, je considère le fait acquis que lesabin et d'autres dialectes du groupe sabellique faisaientoriginairement partie du groupe latin, et qu'il n'y a pas deraison pour considérer le falisque comme plus proche parentdu latin que d'autres dialectes.

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LA RACINE AIS EX ITALIE 55

Par cette étude je crois aussi avoir démontre que lagéographie linguistique n'est pas impraticable mêmequand ils'agit de l'examen approfondi des dialectes italiques où tantde ressources nous manquent, que met à notre disposition ladialectologie grecque, sans même vouloir parler des ques-tionnaires commodes qui nous renseignent sur les dialectesmodernes. Toutes ces dimcultés. je les ai largement discutéesdans l'article susdit, p. 22~ et je crois que M. Debrunnerparait les avoir légèrement exagérées (I. F., XLVIL p. 87).Tout récemment. M" Erica Kretschmer a rappelé l'attentionsur ces faits, par sa belle étude .Ce~e .'M?' H o~~co-yr~c~M der altgriechischen Dialekte, dans la Glotta,XVm, p. 67, etc.Je présente ici un essai de géographie linguistique lexico-

logique d'un des peuples classiques dans le sens le plus strictdu mot. Je tacherai donc de signaler et de noter graphique-ment les différentes formes locales servant à exprimer unemême signification dans les dialectes italiques, de façonqu'elles présentent un tout, tant local que temporel. Et l'onverra clairement les différentes aires géographiques occupéespar de certaines formes.Mais voici que des restrictions s'imposent, impérieuse-

ment, de par la nature de la matière traitée. Les bellescartes des atlas linguistiques de Gilliéron ou de Jud etJaberg, avec leurs émergences et résidus de formationsanciennes, leurs fovers et leurs centres d'expansion, leursmanifestations de luttes, de reculs et de voyages de mots,ces cartes, dis-je, sont pour le linguiste classique, irréali-

sables. On le sait il ne s'agit pas seulement de formesdialectales différentes souvent les aires linguistiques lexi-cologiques supposent une différenciation culturelle quiplonge ses racines dans l'antithèse entre langue de civilisa-tion et langue populaire, entre langue commune et languesspéciales, et ainsi de suite. Il est dommage surtout que lesauteurs anciens ne nous aient pas conservé plus d'expres-sions populaires. Peut-on s'imaginer que les peuples itali-ques n'avaient pour dénommer le papillon que le mot ~M~lio Pour la seule province du Limbourg hollandais, je n'ai

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JOS. SCHRIJNEN56

pas trouvé moins de 13 noms populaires qui se croisent,s'enchevêtrent, mais aussi s'éclairent réciproquement voirDe Beiaard, 1917,1, p. 26 (avec une carte coloriée).Ce qui nous manque surtout, c'est une continuité d'aire

géographique tant soit peu considérable. Le loup s'appelait/M~OM~chez les Romains et les Sabins (voir mon article Silvalupus m Sabina, Streitberg-Festgabe, p. 338) et A:~pM~chez les Sabins: c'est-à-dire l'animal rude, hérissé; maisc'est là que s'arrête notre savoir. Correspondant au lat.pecMM:'cnous trouvons en osque la forme eituam, de mêmeque chez les Marrucins, et en face du latin res l'osqueconnaîtla forme ey~o, cf. gr. ~p~x, probablement un emprunt designification, comme cela a été suggéré parM. Kretschmer,Glotta, X, p. 157. C'est peu de chose. Dans le Latiummême, il doit y avoir eu pas mal d'isoglosses. Ainsi lesPrénestins appelaient nefrones ce que les Romains appe-laient <e~'eM~'et les habitants de Lanuvium Mp~'M~fA'MM.En vue d'un essai de linguistique géographique lexicogra-phique, de pareilles données sont bien trop fragmentaires.Le thème aiso- me paraît donner de meilleures chances.

La racine ais signifiait « dieu, chose sacrée, sacrifice », etc.elle se trouve dans une partie notable de l'Italie. Posons laquestion nettement: l'idée de « divin » estexprimée dans unepartie considérable de l'Italie par les thèmes CM'o-,~c:A'fM/M~o-, e~< etc. dans d'autres, le thème aiso-manque. II manque dans les sources littéraires et épigra-phiques que nous avons à notre disposition, tantôt abon-dantes tantôt rares, mais cependant suffisantes. Ce manqueme paraît éloquent et je crois que l'inventaire linguistiquerédigé cartographiquement pourra nous conduire à desconclusions importantes. Pour l'usage de la carte je faisremarquer que pour faciliter la comparaison des territoiresj'ai ajouté la ligne ~?<, et que je me suis servi des abré-viations suivantesL Z.o'<M?!' F Falisci S Sabinz –Yt FM~

M /Vo~;<C!/M P Paeligni M Marsi H .Se?'/M'C~Aq: A~M! V: rb&C/– A: ~.M?'M/!C!.La racine ais ne se rencontre pas dans le Latium. Le lat.

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LA RAO~E AIS E~ ITAIJE STI

cc.y/) ne la contient ~uère, car il se compose du substantifaes « airain plus /c???-'3(de Saussure, .Vc/r<~yM Ilavet,p. K)8) ou quelque autre élément: c'est un dénominatif quidate de l'époque où la propriété en bétail était évaluée en

espèces sonnan tes, aes /'M</ed'abord, ac~up (as /<7/M)ensuite. Le rapprochement avec g'r. x~t. « *2'!B-t),« avoir (le la pudeur, de la honte, vénérer », et x~ht.:« honte skr. ~c (<(*/rf/c) « je vénère », got. ŒM~M« vénérer », vha. éra « honneur », etc., n'est plus en faveurd'ailleurs on ne voit pas clairement si et comment ces formeselles-mêmes sont apparentées entre elles. Ainsi par exempleM. Feist, Et. PFJ~<?~. der got. Sprache, p. dS, en retranchexlcsp.xt.et x'~M.: voir aussi l'article très prudent sur la formenéerl. ec?' dans Franck-van Wijk. Par contre il est bien sùr

qu'à la racine ais appartient le gr. ~=: < *xs:: < ~xs:voyez surtout l'article de M. Kretschmer, Glotta, XI,p. 280. qui croit que cette forme dérive de <XM<~<M,eiseroscomme formation proportionnelle à raison de eiseros Ma-ros « robuste », cfr. Schrijnen, De Z<x/(/?Mc~e ~eM~e/m<y.van de o-stammen, dans les ~ec~e~ee/. der /i'o?M?!/)' Aka-demie u. ~'e<e7?~cA., Dl. 67 (1929), p. 103, ainsi que laforme italique dialectale !?!M6?*c « messalia[I. e. mensalia]au~uria N P. F., 378, Th. P. Est-ce un composé? demandeM. Ernout..E7p~. Dial., p. 92. Je crois que oui. Il fautcouper u<?~?ï-Me?'c,c'est-à-dire ver-n « mensualis » avec lesuffixe voir Herbig, ~ez/ïaMa~p~!MA'. A'a~eM~/eMA.,p. 31 Trombetti, 6'<x~o di antica onomastica ~e~o-nea, dans l'u .rc G~aKG~M starinu, III, p. 88. 89, cfr.le préhell. CMW dans x~sL?-~ « .26xtp: y.K~~L=t.Ku~pt. » Hesych. Le second élément repose, ainsi que legr. *'tTn: sur le thème iser, élargissement avec le suffixealarodien bien connu -r- (voir Trombetti, A, p. 82et la littérature y indiquée) de la racine M, qui n'est pas sansrapport avec notre racine ais.Les faits latins du Latium sont clairs et ne présentent

aucune dimculté. Il n'en est pas tout à fait de même pourles Falisques. Comme je l'ai dit dans mon étude /i's/Mc~eDialektgeographie, dans le A'ec~~Vo/o~M~ 1. 1., le falisque

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JOS. SCHR<JKE?;38

était un dialecte latin autonome, tout aussi bien que le sabin,le marse, le pélignien, etc. et il n'y a aucune raison pour leconsidérer comme étant plus étroitement lié avec le latinproprement dit on devrait donc s'abstenir de parler d'ungroupe « latin-falisque », péché que j'ai commis moi-mêmedans la première édition de mon manuel. Les Falisquesétaient même plus spécialement apparentés aux Sabins,comme cela résulte notamment de leur culte commun de laJuno Quiritis et de ~e?'OKK!,et du Dis ~S'o/'c~M~.Les Falis-ques se trouvaient, surtout depuis leur soumission en 241,en contact immédiat avec la culture romaine et ils étaientséparés de la culture plutôt préhistorique osque par leTibre.Cependant cette onde culturelle de l'osque, pour gagner

les bords du Tibre, devait passer par le pays des Sabins, etelle n'a pas manqué de l'inonder si pleinement que la plu-part des linguistes ne reconnaissent plus le fait que le sabinétait originairement et foncièrement un dialecte latin. C'estce que prouvent e. a. les formes Cures, curis, Sancus,~c<z, fircus indices irréfutables qu'originairement le sabin,tout aussi bien que le falisque, se trouvait à l'intérieur del'isogiosse /?/yM,comme on le voit sur la carte ci-jointe.Mais il est clair aussi que pour cette raison le vocabulairesabin et falisque n'a nullement besoin de se recouvrir avecle vocabulaire romain ou du Latium proprement dit.Si malgré cette évidence je crois pouvoir soutenir

que la racine ais n'était représentée ni sur le territoirefalisque, ni sur le territoire sabin, c'est en me fondantsur le témoignage négatif des inscriptions, des glo~seset de la nomenclature falisque, et des glo~ses et de lanomenclature des Sabins. Le cas du sabin pour lequel les

glo~ses abondent, n'est pas moins sur que celui du falisque,car je crois que dans la question qui nous occupe, le témoi-gnage négatif des gioéses prévaut sur celui des inscriptions.En effet, il se peut que le mot en question n'ait pas chancede semontrer, même dans un nombre assez considérabled'inscriptions mais il n'en est pas ainsi pour les glo~ses,indiquées dans l'Intérêt de la pureté de la langue ou de

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LA R.\C!XEAIS EN ITALIE 59

l'intérêt étymologique purement spéculatif. Ici je n'ai qu'àt'envoyer aux observations judicieuses qu faites M.Ernoutsur l'exactitude scrupuleuse avec laquelle les grammairienset les lexicographes ont observe et noté les mots qu'ils ran-

geaient sous l'insolentia per~MG. Et je ne vois pas bienpourquoi les grammairiens qui nous ont légué des formessabines comme ,S'<mc!M,.S'a~yMa/M~o~o, jS'<7MyKa/Mavis,etc., auraient omis de signaler des formes qui sur le domainereligieux devaient leur paraître tout aussi étranges et intéres-santes. Je sais que cet argument n'est pas péremptoirc;mais comme il s'agit ici notamment d'un peuple voisin dontles Romains ont aussi fidèlement observé et consigné le par-ler qu'ils l'ont fait pour les Sabins et d'un mot culturel de sihaute importance, j'ose dire,qu'ici la présomption approchede la certitude. La même observation vaut pour ce quiconcerne les glo~ses falisques. Certes il faut tenir compte

dece qui a été perdu ou n'a pas pénétré dans les abrégés.Voir Ernout, Eléments Dialectaux, p. 30 etsuiv. Conway,/~c Dialects, I, p. 351, 370, F. Muller, De Veterum!'M!yMM~!oM!c~o~M7Mstudiis c~Mo~o~'cM,p. 188et passim.Pour ce qui regarde les Aeques et les Berniques, personne,

je pense, ne me contestera le droit de les ranger du côté desLatins. Falisques et Sabins. H n'en est pas de même deshabitants et des parlers du Picenum. A une couche d'habi-tants primitifs adonnés à une culture paléo-, néo- et ~~oli-thique, habitués à ensevelir leurs morts dans leurs cabanes àforme ronde dans une position d'accroupis, s'en est superpo-sée une autre d'une tribu très belliqueuse, difficileà déter-miner exactement et provenant d'outre-mer. Dans le moded'ensevelissement il n'y eut rien de changé, peut-être l'a-t-onemprunté aux devanciers voir Ebert's Reallexikon, s. v°« Picenum» F. von Duhn, Italische (?y<f'UMC~°(HeideI-berg 1924), p. 32 et suiv. Enfin, vinrent les Indo-Européensqui très probablement au commencement tournèrent ce peu-ple, en se dirigeant vers le Sud le long de l'Adriatique. Maisil est bien certain qu'à la longue il n'a pu résister à la cul-ture et la langue osque. Dans le ni"siècle av. J.-C. le Pice-num futromanisé. Les inscriptions trouvées dans les environs

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d'Asculum, au Nord et au Sud de Truentus, ainsi qu'uneinscription du V!°siècle trouvée à Belmonte (A~o~.d. j5*c.,1903,~1 et suiv.; Jacobsolin, Altital. T~MC~r.,li2) ontété dernièrement examinées par M. A. v. Blumenthal dansles I. F.. XLVII, 1: p. 48 et suiv. Sa conclusion est que ledialecte appartient au groupe osco-ombrien, mais que plu-sieurs traits le rapprochent plus de l'osque que de -l'om-brien.Au Picenum la racine ais ne se trouve pas, cfr. Conway,

Italic Dialects, I, p. 4i9. Mais comme il est situé entrel'ombrien et l'osque et que les dialectes immédiatement voi-sins, non-latins, desMarrucinset des Paeligniensdémontrentcette forme dans leur vocabulaire, nous croyons devoirranger le picénien du côté de ces derniers dialectes. En effet,le bronze de Rapino donne aisos pacris, ce qu'on traduitpar dii propitii (sint), ou deos propitios (oramus), oudiis propitiis et sur une inscription de Sulmo on lit aisis.Suivent les Marsi avec la forme daMeuse (e)sos dans uneinscription de Marruvium (C. L L., IX, 3i9) si l'interpré-tation de la forme est exacte, ce serait le seul dialecte latinoù la racine aisos serait représentée (voir la carte). Il estvrai que la forme reste douteuse, mais l'onde culturelle del'osque s'est répandue bien au delà de sa frontière primitive,nous l'avons dit plus haut.Le cas est différent pour les Volsques. Ils parlaient un

dialecte non-latin. Bien que la cité de Vetlitrae fût devenueune civitas sine M~o en 338, on y écrivait encore vers300 sepis <x~:M/)MMe/e~'OM!/c MC~Mif/'07K,ce qui esttraduit par si quis attigeril quisquis Veliternorum faciatrem divinam. Il est bien connu que le volsquese rapprocheétroitement de l'ombrien soit qu'on doive considérer lesYolsques comme un avant-poste des Ombriens, soit quel'unité ombrienne ait été disloquée par les Latins faisantirruption du cûté du Nord-Est. Remarquons cependant queles Yolsquesne possédaientpas le thème aiso- dans la signi-fication de « dieu» les premiers mots de la tabula Yeli-terna <~e?/e</ec/M~c~<<OM?sont de nature à nous enconvaincre. C'est d'ailleurs le même état de choses qu'en

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LA RACINE AIS EN ITAUE 61

ombrien mais dans les deux dialectes sur la racine <?Mrepose une forme qui signifie « sacriiiceM volsque esaris-/o??!, Ottibricn esono, tandis que e/'tM signifie « mas'men-tum ». Remarquons l'absence du rhotacisme dans le voisque&M/'M/o/ et l'ombrien ~o/;o, voirConway, rer~e/<Z<z:<Italy, p. 23. L'osque donne aisusis, « sacriuciis » dans

la malédiction de Vibia. voir Conwav, 7i!<7~'Z)<ec~. I,p. 126. Les formes ~4.Me?'7M'y?!;~eM/*M:c, sont trop incer-taines, cfr. F. Muller, ~jf/tpmo~y~e,XLVI, p. 131.Déjà Scinveizer, K. Z. VII, p. 448 et suiv., avait reconnu

que les formes italiques discutées sont inséparables deformes étrusques comme <ZMp?',CM~es. eiseras, aisuna,CMM<2.ais, qui se trouvent dans les inscriptions, ainsi quede la forme aesar linsrua etrusca deus (Suet. Au~. 97),cfr. Hesych. x't 6: 'j~=Tupp-~M' Sur le nom de la divi-nité Aisera voir Ribezzo, Il volto ~6//a ~/?K~c ~'M~ca,R. I. G. I., XIH, p. 24. Comment expliquer ce rapport?Skutsch, dans la R. E. de Pauly-Wissowa s. v°« Etrusker »,p. 776, a émis l'hypothèse, que les formes italiques seraientempruntées à l'étrusque «Vermutlich von den Italikern ausdem Etruskischen entlehnt, da ais- kein indogermanischerStamm zu sein scheint, ar-, er- ein cilarakteristisches etrus-kisches Suffix ist und umbrisch esuno- die epichorische Rho-tazisierung vermissen lasst ». Cependant, dans la Glotta,111.p. 9S, il éprouve quelques scrupules pour ce qui concerneles rapports du volsque ~a/'M~o~ avec le soi-disant plurielétrusque aisar, scrupules qui furent dissipés par M. Rosen-berg dans la Glotta, IV, p. S4. De plus, il se demande si laterminaison -o~? n'a pas la même signification que -stromdansue~~o??ïKVeIiternorum)). Mais Trombetti, ~.r~'r,111,p. 103etHerbig I. F., XXXVII, p. 165, ont démontréque nous avons à faire au suffixe alarodien indubitable-st(r)-, et M. Ostir rappelle le préhellcn. paXau~L:vet leprélat. oleastrum, dans l'~LrAxu,IV, p. 3.Les formes italiques qui reposent sur la racine ais ont-

elles été vraiment empruntées à l'étrusque ? Ou les Étrus-ques les ont-ils empruntées aux Ombriens ? Si un emprunt aeu lieu, la probabilité est pour la première hypothèse, voyez

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aussi Kretschmer, <y~b~c,XI, p. 280 et Thurneysen, ib.,p. 218 et suiv. Mais en regardant attentivement la carte, lachose me paraît très invraisemblable. L'emprunt aurait-ilété fait par les Ombriens, peuple bien plus passif qu'actifdans,l'histoire politique et culturelle de l'Italie, et par euxla racine ais aurait-elle fait fortune et se serait-elle propagéechez les Marrucins, Paeligniens, Marses, Voisques et dansle domaine des Osques?Onm'objectera qu'il n'est nullementnécessaire d'admettre que précisément les Ombriens aientété les intermédiaires, comme c'est un fait historiquenotoire que les Étrusques ont exercé au cours du vu' et duv° siècle une influence considérable sur une grande partiede l'Italie. Mais alors, pourquoi ne trouvons-nous pas desformes correspondantes chez les Latins, dont le matériellexical nous est cependant suffisamment connu il nes'agit pas d'un mot vulgaire et qui ont subi des em-preintes si profondes de la culture étrusque ?Je crois qu'il faudra résoudre le problème d'une autre

manière. La racine ais appartient au vocabulaire alarodienet nous ne la retrouvons pas seulement en étrusque, maisaussi dans d'autres langues paléo-européennes. Ainsi nousavons le préhellén. a::TxpM~'s'=: npav. Hésych., etavec la correspondance (cfr. 5-p~Oo: c~ ?~6::)x~AMv« émerillon ». Aussi M. Kehring a-t-il rapproché debon droit, Glotta, XIV, p. !83, la forme s~y. que 1'~.o/o~co~ ~o~/ZM~Kdonne comme synonyme de epMxxs~« rouge-gorge M,et qu'Hésychius connaît comme nom deplante o:~=:y. = M~-y;;y:Aa5: ov~xp5~s~s.:S~su\' ':ou;0::ut la coïncidence de ces deux significations n'est pas raredans ce genre de mots, cfr. J. Huber, De ~ï~MCŒM~yMM'M??:orMMG'~<rcM?mco~MM!,p. 11 14, 2i. Comme nomspropres nous avons AiMy~: ~==, A'~xpeç,A'~px, fille dePythagoras, et enfin A~M~ Pour gr. ~ps; « saint)): jerenvoie à la page 57, de même que pour la forme italiquedialectale uc/M'e/'c. Mais que dire du vénète c'j'~M ?M. Ostir..4~-A~. II, p. 274, donne comme reconstructionpossible (/MM,efr. Ribezzo, R. I. G. I., YHI, fasc. 111-IV,p. 92: mais M. Sommer, dans les I. F. XLII, p. 116, dit

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LARACtXEA)SEN[TAUE 63

catégoriquement que la leçon c/MM [<~ *c~M<~ *a/~M] n'est

sujette à aucun-doute. C'était aussi l'opinion de M. Pauli et

je crois qu'il faut s'y rallier absolument. Enfin il faut

signaler arm. ays « esprit, démon », par exemple dans ays/?~p « ~s~:j.x a'a~K?- ?, Mt. X, 1, dont I's anciennement

intervocaliquu ne peut reposer sur de l'indo-européen et

qui doit être un emprunt. Je renonce pour le moment aux

rapprochements avec d'autres formes de caractère paléo-européen pur ou mixte.Je crois d'ailleurs qu'il n'en faut pas plus pour démontrer

que la racine ais est un élément paléo-européen largementrépandu, et spécialement représenté sur le sol italique. Les

peuples osco-ombriens, en pénétrant dans l'Italie, ont trouvéla péninsule recouverte d'une population alarodienne, etc'est à cette population qu'ils auront emprunté les mots

reposant sur la racine que nous étudions. Cela revient à dire

que l'emprunt n'a pas eu lieu aux Étrusques historiques,qui vers le vm" siècle ont pénétré dans l'Italie, mais à des

peuples étruscoïdes qui habitaient. les bords de l'Adriatique,le Samnium, la Campanie, etc., bien avant l'arrivée deleurs parents passablement éloignés. Les représentantsétrusques de la racine ais doivent donc être expliqués parcette parenté-là, ou bien reposent sur un emprunt aux peu-plades paléo-européennes qu'ils rencontrèrent sur le sol

italique.Cependant cette dernière hypothèse me parait très peu

probable AI. Duhn, dans sa //c/~c~e Cr~crA'M~a~, 1 (Hei-delberg 1924), a fourni la preuve rigoureuse, qu'il fautadmettre deux ondes de conquérants italiques successivescelle des « verbrennenden Italiker » d'abord, correspondantaux Latins, et celle des « bestattenden Italiker » ensuite,correspondant aux Osco-Ombriens. Or je crois que ces deux

groupes d'envahisseurs différents, et de mœurs et languedéjà différentes, rencontrèrent aussi un double substrat,que je voudrais appeler le substrat (dans la Ligurie,l'Étrurie et le Latium) et le substrat jS (sur les bords de

l'Adriatique et dans les autres contrées indiquées plus haut).Je crois donc qu'il faut accentuer davantage la possibilité

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JOS. SCHRIJNEN64

entrevue par M. Terracini, quand il écrit dans son articlecité plus haut « Quanto airosco-umbro non è oggi asso-lumcnte possibile dire se abbia trovato un sostralo diversoda quello del latino » (p. 247). Le substrat An'avait pas lethème aiso- dans son vocabulaire, le substrat 2? le connais-sait sous plusieurs formes. Dans cette hypothèse il faut queles Étrusques historiques aient apporté des formes commeaisar de leur patrie d'outre-mer, et que le substrat B aitprésenté un caractère plus étruscoïde que le substrat A.Pour ce qui concerne la question de l'autochtonie des

Etrusques en Italie, il me semble queM.Kretschmer a donnéla solution définitivedans le~Va~cz'MM!<S'cA/'<MCM,p. 285« Im Ûbrigenwird. die ganze Streitfrage ob die Etruskerin Italien autochthon oder aus dem Bereich des AigaischenMeeres eingewandert sind, wahrscheinlich: wie ich schonin Gercke-Nordens Einleitung P 109 andeutete, durch dasKompromiss gelost werden, dass die aus dem Ostenkommenden Etrusker in Italien schon eine :tlte)'eBevùlke-rungsschicht antrafen, die mit ihnen wie uberhaupt dersudeuropâisch kleinasiatischen Urj~evôlkerung vcr'wandtwar ». Je voudrais seulement ajouter que d'après monhypothèse les Étrusques du vm' (selon d'autres du x" et duvni°) siècle, ne joignirent précisément pas le substrat aveclequel ils étalent le plus apparentés.Enfin j'aime à relever la ténacité avec laquelle le terri-

toire latin primitif a tenu bon contre l'invasion de motsmême culturellementaussi importants que ceux que je viensd'examiner, tandis qu'il a fléchi sur tant d'autres points.En tout cas l'infiltration osque a été peu durable et le latina bientôt pris son essor pour prendre définitivement sarevanche.

Ximegu.e.Jos. ScHRIJKEX.

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SLAVE st- PROVENANT DT-E. *pt-.

En slave commun, le groupe d'occlusives *-pt-, obtenupar la rencontre d'une labiale et de -t- initial d'un élémentdésinentiel ou suffixal, se réduit à Les exemples sontdu type v. si. infinitif <e~ en face de tepq « je frappea bg.<a~o « ciseau en face de c~/M~o« je creuse ». Tous sontdans des mots qui, en slave, se laisseront analyser legroupe -pt-, simplifié en -t-, résulte de la rencontre de lafin d'une racine et du commencement d'un suffixe.Quel que soit le processus de simplification d'un tel

groupe, aucun exemple ne permet d'affirmer a priori qu'ils'applique au cas où -t- n'appartient pas à un élément dési-nentiel ou suffixal. Malheureusement, il existe en indo-européen bien peu de racines à vocalisme alternant dutype On n'est même pas assuré de rencontreren slave avec vocalisme zéro celles qui existent, et ons'attend plutôt à ce qu'elles s'y présentent avec un voca-lisme plein analogique, ou à ce qu'elles soient évitées.Mais le groupe *pt- apparaissait dans un mot très impor-

tant, le nom du « père », qui se présentait habituellementsous la forme *pater-, et aussi, peut-être, dès l'époqueindo-européenne, sans *a, sous la forme *pter-, dans ungroupe dialectal. Celle-ci est attestée par l'avestique ~a,tâ, et probablement aussi par le lituanien ~uo~ (A. Meillet,MSL, XX, 6 « -4 propos du mot avestique ~a ))).Or, *pter- fournit en slave au moins un dérivé et un

composé clairs, où à i.e. *pt- correspond si. Nousallons les examiner1. sI. comm. ~'M/~ « oncle, frère du père », skr.

pitrvya-, av. <M:'rys-,lat. patruus, etc. rapprochementà tous points de vue correct'. Le groupe initial provientici de l'amuissement du a de i.-e. *patrzvyos.t. M.Mikkoia,IF.XXIII,134,a déjàproposécerapprochement.

e

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M.VEr66

2. En face de /)a-.M'MoA<(bcau-ills s et de j'M-Me~c<2,~a-~e~z'co,pa-er/M « belle-fille», bulg. ~a-o~o~, pa-o~<(beau-père » ne peut s'expliquer que comme un composé.de la racine i.-e. désignant le « père ». C'est donc un dérivéde *pô-p(a)tor-(avecle v ocalisme-o-attenduau secondtermedescomposés,par opposition à -e-du mot isolé, v. A. Meillet,Introduction, 2~9). Cette formation est, presque dans ledétail, demême type que lat. vitricus «beau-père » qui repré-senteraiL selon Ebel, KZ. V, 238, et d'autres, *u:(c)~'cMS.~<M~oroZr,pastrok « beau-përe » n'est pas attesté ailleurs

que dans une partie du domaine .bulgare il paraissaitisolé, *~a~r- « père » n'ayant pas en slave de correspon-dant. Il a été presque partout remplacé par des mots deformation récente.Maissi pd~o~o~, ~~M~o~-avec son sens normal de «beau-

père » n'a laissé que des traces, c'est bien probablement lemême mot qui, sur un domaine assez étendu, où il a reçuun dérivé féminin, subsiste avec un sens possessif: « celui,celle qui a un beau-père, beau-fils, belle-fille».Il est évidemment exceptionnel en slave qu'un composé

se présente avec à la fois un sens normal et un sens posses-sif. Mais on peut en citer au moins un autre exemple(quoique aucune étymologie n'en ait encore été proposée)r. jor~cMr « bisaïeul du bisaïeul », et v. sl. ~'c~M~, pol.~nM.TcrMr.p. r. prdKM~« fils du petit-fils ». En dehors duslave, on comparera skr. u:MM~Œy-« belle-mère » à skr.efuc:Mta<<zrŒ-« beau-fils )' ou« belle-fille», etc.

Le traitement, que ces deux correspondances supposent,explique bien pourquoi *pater- est disparu en slave commemot simple. Il aurait donné *sti, gén. "~e/'e (cf. mati,~~e~e), ou quelque chose d'analogue; c'est-à-dire un mottrès court'. Le slave a. il est vrai, la faculté de donner du1. M.A.MeHIet.MSL,XX,6 « proposdumotavestiquep<s»,constatantque i.-e.a de*p9ter-s'estamuidansplusieursformesira-niennes,et probablementaussidans « lit. Muas« père», qui a tout)'aird'un (Harsissementde *teissude*p!C», écrit « cecisuggèret'idceque)apeneralisationde la forme'pter-apuêtrei'unedcscondi-tionsquiontdéterminél'éliminationde i.-e.*p.)tefenslaveetl'emploiusueide la formeenfantinequi s'estfixéedansledérivév.sl. o~:c:.»

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SLAVE SI- PROVEXAXT D'I-E. */?/ 67

corps aux mots courts par le procédé de la suffixation.Mais un dérivé du tvpe *6'<'e~c!présentait l'inconvénientd'offrir une fâcheuse similitude avec ceux de la racine quisignifie « stérile sterica, etc. (et de celle dont le sens est« étendre ))). Un hypocoristique expressif existait. Il étaitplus commode de se servir de son dérivé oticï pour dési-gner le père.

Des deux cas étudiés ici, le deuxième est celui d'un paral-lélisme qu'on ne peut pas facilement résoudre autrementque nous ne l'avons fait. Dans le premier, il s'agit d'unmot à sens très précis, dont les réflexes dans différenteslangues indo-européennes coïncident et pour le sens et pourle détail de la forme. On peut donc considérer cette corres-pondance comme certaine.Notons de plus qu'aucun exemple présentant, dans les

mêmes conditions, un traitement dijBférentn'est attesté.Pour, de là, conclure à l'existence d'un traitement i.-e.(radical) ~>si. st-, s opposant au traitement *-p-(à t

sunixal) > si. -t-, il faudrait encore l'expliquer et démon-trer qu'il résulte de la structure du slave. Nous l'avons vai-nement tenté.M. Grammont a bien voulu, dans une lettre personnelle,proposer l'explication suivante, qui résout le problème pho-nétique « Le v. si. n'ayant pas de groupes d'occlusives nepouvait pas prononcer pt comme on le fait normalement,c'est-à-dire avec l'occlusion du t forméeavant l'explosion dumais il avait le sentiment qu'il y avait un p -et un t

parce qu'il y avait eu un élément vocalique entre les deux,celui de patruus et de pitrvyah. Il a donc fait effort pourprononcer le p devant le t, ce qui a forcément pour effetdefaire exploser le p avant l'occlusion du t. L'explosion du painsi isolé, c'est un embryon d'y. Une foisce ainsi produitle p s'assimile à cet naissant, d'où ftavec f bilabial; maisfi n'est pas viable en slave I' s'assimile au t commepointd'articulation, d'où st, qui est un groupe favori en slave)).

M. VET.

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TROIS ËTYMOLOGIESLATINES

aprllis

D'après l'ingénieuse étymologie de M. Cuny (~ S. L.XIV, p. 286), le mois d'aprilis tirerait son appellation dela seconde place qu'il occupait, après Martius, dans l'anciencalendrier romain. En renversant la succession des dixnoms de mois, M. Cuny a observé qu'ils fournissaient unesérie numérale assez complète puisque, après December,TVoMe~er, Oc~5<5e/September, nous possédons les formesanciennes Sextilis et (~MM~/Mpour Augustus et ~M~'M~.Deux termes plus loin, voici Œp~/M,qui signiSerait donc« le second )) et contiendrait le thème *aporo- connu parskr. cpsrc~ etc. La simplicité apparente de cette combi-naison qui a trouvé une adhésion générale n'en dissimulepas la fragilité.Que cet *aporo- n'ait pas laissé d'autre trace en latin ni

en italique, cela crée déjà une présomption défavorablemais qu'il ait rempli en latin la fonction d'ordinal, c'est ceque condamne formellement le sens de *aporo- qui n'estjamais un ordinal. Il est exclu que, pour désigner ledeuxièmed'une série de dix, on ait jamaisusé en indo-euro-péen d'une formation en *-ro-, affectée uniquement à oppo-ser « l'autre » à « l'un )) ouau « premier », selon l'emploiconstant de skr. <7~)<zra/),av. c~xxro le got. aftuma, qui aassumé le rôle de l'ancien comparatif devenu adverbe afar,ne qualifieégalement que le deuxième d'un groupe de deux.Le comparatif *a~o?'o-,là où l'emploi en est établi, équi-vaut, non à ~ecM?!<~M~,mais à alter or, skr. ~c~cA,comme lat. a/~er, ne sert pas à compter. Si donc le latinavait connu *aporo-, il n'aurait pu en faire un ordinal.

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TROIS ÉTY~IOLOGtES LATINES 69

Mais il ne peut même pas l'avoir connu, car les languesn'emploient,jamais à la fois deux formations pronominalesde comparatif pour « le second (de deux) » ou c'est unadjectif numéral et un pronom (skr. fA.i'~c' ~ara~; av.a~"<6, aparô) ou c'est un pronom seul (got. <xK/~r:ags.<p/'<er lit. a~~a~ v. si. UM~oy~).En indo-iranien, ouapara- est usité, rien qui réponde à lat. aller ou à got.<7~a?'~en baltique ou en slave, à côté de aietras ou Ut~orM,rien qui réponde à o/xr~a-. On comprend à présent pour-quoi le gotique dit aftuma au superlatif c'est qu'il avaitdéjà un comparatif pronominal dans c/?/'< Or, le latin pos-sédait alter il ne pouvait admettre *o~wo-.Envisageons maintenant aprilis dans le calendrier

romain. Entre api-ilis et yM!7!M(==<M/N), il manqueraitdeux ordinaux. M. Cuny a restitué hypothétiquement*~M<xr~/Mà la place de !M/MS il faudrait aussi donner à7Mai!'M~un ancêtre fictif *~?"M. Mais on peut tenir pourassuré que ni *~?~/M ni *yu<zr~~ n'ont existé; ils res-teraient hors d'un système dont les linéaments se dessi-nent encore. Perpétuant l'opposition des quatre premiersnoms de nombre fléchis aux suivants inva-riables les dérivés numéraux latins ou ne s'em-ploient en certains cas qu'au delà de cinq, ou comportentà'partir de cinq une formation distincte. Entre quatre etcinq passe une frontière que jalonnent plusieurs faitsadverbialement. on compte bis, ter, quater, mais quinquiès,sp;E:M on apprécie l'âge des animaux au nombre deshivers qu'ils ont franchi de un à quatre ans bïmus, trimus,yMOf/~?7!M~,mais, au delà, au nombre des années quin-~MCM~M,~e-xe~MM les ordinaux ne servent de prénomsqu'à partir du cinquième OMM<!M,.Sex~M,Septimus, etc.Tertius et (~M~M sont pratiquement inconnus de latradition ancienne (Schulze, Zur Gesch. lat. Eigennam.,p. 50). Il n'est donc pas accidentel que, yM:K~Met sexti-lis étant documentés, *M et *yM<2~/Mne le soientpas. On ne comptait qu'à partir du cinquième mois (quinti-/~), comme à partir de la cinquième année d'âge (quinquen-M:s)ou à partir du cmquième enfant ((~M~M~).Et ~r~,

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E. BENVENISTE70

exclu ainsi de la série numérale, n'a pu signifier « second ».De quelque côté qu'on l'envisage, le problème impose la

même constatation. Les deux mois, MïSz'uset :WM'MN,pardessus lesquels il faudrait'sauter pour joindre Œprz/MàyMm~&, sont précisément ceux qui constituent avec mar-tius et cp~~M ce groupe organique de quatre unités quiseul justifie, selon la règle précédente, la création d'unesérie nouvelle par quintilis. Observés sans idée préconçue,les noms de mois se partagent en effet en deux ensemblesindépendants martius, aprilis, nzâius, z'H/zMM,IlyM:7:M,~e<EjS/M,september, etc. Quatre noms rituels, d'une partde l'autre, des ordinaux.Les trois noms qui encadrent <xp~& sont placés sous

l'égide de vieilles divinités. Ils prolongent dans la vie quoti-dienne l'évocation d'un passé très reculé, de croyancescommunes aux peuples italiques. Ils rappellent ~/a~,anciennement ~~MO~ (dat. J~M~e à Tusculum), osqueJ~smey~ l'antique ~& fille de Faunus et mère de Vul-cain (Macrobe, I, i2), plus tard assimilée à la mèred'Hermès (C. G. L. V, 82, 83) et qui a donné aussi auxOsques le nom de mois Mais; la déesse t/M?zo,protectricedes femmes, dont Tertullien dit (ad nat., 11,12) «Varroantiquissimos deos louem, lunonem et Mineruamrefert ». A priori c'est d'une conception analogue que doitprocéder aprilis.On n'a même pas la peine de la chercher elle s'exprime

tout au long de la littérature latine en une attestationcontinue dont on a fait trop bon marché Varron L L.VI, 33 apnlis mensis dictus secundus, ut Fuluius scribit etJunius, aYenere, quod ea sit 'AopoSt');. Horace, Carm.IY. 11, 13 mensem 'Veneris marinae apreilem.Ovide, Fast. IV, 89 apruem quem Venus iniecta uin-dicat alma manu (Cf. Anthol. lat., H7, 7; 394, 4; 395,!3, Ausone, 639, 4). La fête des FeMe~5/!<zse célébrait lei" avril. Parce que les Romains ont joué sur c/j~/M et <xpp-?wc, on s'est cru autorisé à rejeter du même coup l'indica-tion essentielle que le mois d'a/?~M était voué à Aphrodite.Stowasser (H'~e~ Stud., XXXI, 1910, p. 146) a bien

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TROIS ËTYMOLOGŒS LAT!~RS 711

tenté J'v retrouver l'origine du nom. mais sa suggestionrapide ne tient pas lieu d'une démonstration.L'antiquité du groupe martius MM/:M!M/MS ne prend

sa pleine signification qu'a la lumière des témoignagesétrusques, car c'est d'un milieu étrusque qu'est issu le pre-mier calendrier romain (ci. déjà 0. Mûllcr, ~r~A'er, H,p. 322 et suiv.). De fait, deux au moins de ces noms divinsont leurs parallèles dans le panthéon étrusque ~ar~répond à 7Mar:yet M?!oà uni. Bien mieux, le groupe de!Kp~py, !<~o, minerua qui, selon Varron, constituaitl'ensemble divin le plus ancien à Rome, a son pendantexact dans la mythologie étrusque, d'après Servius(in Aen., I, 422) « prudentes Etruscae disciplinae aiuntapud conditores Etruscarum urbium non putatas iustasurbes, in quibus non tres portae essent dedicatae et totuiae et tot templa louis, Iunonis, Mineruae. » Sous l'adap-tation latine, on reconnaît la. triade étrusque tinia, uni,menrva.Or, les Latins avaient eux-mêmes observé que le nom

de Vénus manquait dans l'ancien calendrier des fêtes(Macrobe, 12, 12; Varron, L. L., VI, 33). Son person-nage demeurait une forme sans vie jusqu'à ce qu'elle se fûtassimilé le charme et le prestige de l'Aphrodite hellénique(cf. Wissowa, ~c/zy. M/ïe~A'M~.e~'7~?7ï., p. 234). Alors,sous le nom de Vénus, c'est Aphrodite que les Latins ontrévérée. Mais, à en juger par la transcription archaïqueaprodita, l'étrusque a encore servi d'intermédiaire. C'estlà qu'il faut chercher la justification de cette parenté entreaprilis et 'Aop:StTT;qu'affirment les anciens.'A<p:S~ appartient sûrement au fonds préhellénique du

panthéon grec. Inexplicable par l'Indo-européen (le rappro-chement avec eos: est une fantaisie grecque), il n'a mêmepas de forme constante 'Ao:pSt-.xen Crète, 'Aoapschx àCypre. On s'accorde à chercher son origine en Thessalie.A côté du.nom rituel, les Grecs connaissaient un hypoco-ristique 'A~pM(comme A7]Mde AY;<,p) qui était passé enappellation courante, et un doublet 'Aspsm en Chersonèse.Or, dans le calendrier archaïque d'Oloossone et de Larissa,

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E. BENVENISTE72

le mois consacré à la déesse est designé par "Aopts;,parallè-lement au mois d'Arès, 'Ap~sç. Comme la transcriptionlatine Aprodita. suppose un intermédiaire étrusque (cf.nspMso~, étr. ~ey~ïpKa:,prcn./?ro~~DKS!lat. /7ro~e7'p!'Maet Devoto, Stud. Etr., II, p. 3iS), on est en droi; de suppo-ser que les Etrusques ont aussi emprunté à là Grèce cen-trale et introduit en Italie le doublet 'AspMdont ils devaientfaire approximativement *apru(n), comme letun de A-~M.En outre, si les Romains avaient reçu de la traditionétrusque le nom seul, on concevrait malaisément qu'ilsn'en eussent pas fait *aprius d'après martius, ~M~, M~m~.Ils ont dû trouver un dérivé déjà formé, et justement àl'aide de ce sumxe en -A qui est si largement représentéen étrusque, ce qui facilitait l'assimilation de aprilis auxmots latins en -lis, cee~~M,erilis etc.L'état lacunaire et incertain de notre documentation

étrusque décourage l'espoir d'y trouver une preuve directe.d'autant que, dans la mythologie étrusque même, turanne pouvait laisser aucune place à Aphrodite. Mais l'ono-mastique étrusco-Iatine y supplée en partie, car apriliss'apparente manifestement à des noms propres tels queJLp~'ïM,Aprinus, Aprônius que M. Schulze a réunis etsignalés (Zur G'McA.lat. Eigennam., p. i 10)sans se pro-noncer sur leur origine. Le Thesaurus (s. v. Aper) signalejustement que ~rôK!'M~est unprénom plébéien « peut-êtred'origine étrusque x et rappelle le génitif étrusque c~M??-tial'. On sait depuis les recherches de M. Schuize que *-ô?!-est un des suffixes qui dénoncent le plus sûrement, commeune provenance étrusque; il atteste une finaleétr. -u(n)-.

D'après ~fc~oM:'M~ MarM~a(~)s5K!'M~masuC'Q~onKM eNprMtS'a(~)~M'M&salu

il est aisé de ramener JL~M'o?MM~à *oprM auquel 'A:Mdevait aboutir en étrusque. Dès lors, une famille entière

4. CIE.383~(Perusia) f:?')t0acsi.caprMK<ML

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TROIS ÉTY~fOLOGÏES LATtXES 73

h organise s''Ion la dérivation usuelle dans l'onomastiquetarxu

Tarquius Tarquinius 7'arCO/M 7~<ZyC!<MNTarquiliusCM~<-

C't<<MM CM~H:M~ Codonius » C~~Vz'M~*G/??'M

~l~)r!M~ Aprinz'a A~'OTMM.yapruntial AprilisC'est donc à *apru que se réduisent, non seulement aprilis,mais plusieurs des noms qu'on tire abusivement deaper.De par l'origine que lui attribuent les Latins comme par

sa formation, aprilis nous oriente vers la Grèce par l'Etru-rie et confirme les influences qui ont produit le calen-drier romain. Il faut nécessairement en tenir comptepour expliquer ~M:M~/M,~ea~I/M dont la singularité neparaît frapper personne. Si quintilis et sexti-lis étaient deformation purement latine, ils signifieraient non pas « cin-quième, sixième », mais « qui se rapporte au cinquième,au sixième )), ce qui n'oSre aucun sens*. Comme pouraprilis, il s'agit sans doute d'adaptations latines denoms étrusques, peut-être numéraux aussi, en tout casdérivés en Ce qui semble favoriser cette supposition,c'est la formation différente et encore énigmatique deseptember, oc~cr, nouember, december la combinaisonde M. Thurneysen (~. Z., XXX, p. 490), december <*(Kalendae) </pee7M<?-?Me?K~r~(avec *e/MrM de mënsis)supporte difficilement l'examen et n'est d'ailleurs citéequ'avec réserve par Walde. Mais la finale -ber ne peutmanquer de rappeler celle du nom étrusque d'Octobre, quiétait d'après les glossateurs, .co~/c?'.La tradition des nomsdu calendrier étrusque ne peut être utilisée qu'avec pru-dence. Mais, compte tenu des altérations possibles, la coïn-

1. Je ne comprendspas l'explicationde M.Hh't <cMit einemf-DeterminativohneBedeutunssver:inderungsinddieFem.derOrdinaliagebildet.Es heisst ai. pattcam:,sast/u aber 1. g:<!n<Ks,sea:M-~s.Nebenai. apari steht 1. apri-lis. eigentiich« der zweite». (M~.Gramm.,111,p. 439).()!7tt:M'<t-et apri- seraientdoncdesfémininsen latin?

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E. BENVENISTE74

cidences'accorde assez bien avec les remarques précédentespour être prise en considération.

dens.

La forme latine, qui ne soulève aucun problème particu-lier, ne fournira ici que l'occasion d'examiner le radicalindo-européen *<M~ *< et son origine. Il est passéen axiome que le nom de la « dent », *~7~- représentele participe présent de *ec~-« manger », comme *~e~- estcelui de *es- « être ». On trouverait entre gr. oSf~et ?5(t),la même alternance qui oppose arm. utem (<o<) àlat. ccfo.Contre les étymologies laborieuses, la critique trouve des

armes, maisbien moins contre cellesque protège leur facilité.Justement parce que cette dérivation semble évidente, il nefaut pas craindre de lui opposer des évidences la dent ne« mange pas, c'est l'homme qui mange, et même édenté.Nulle part on ne rapporte aux dents la manducation. L'actionspécifiquede « manger » comporte toujours et partout uneexpression distincte de celles de «mordre, déchirer, broyer »etc., qu'accomplissent les dents c'est un acte global donts'acquitte l'être entier et où les dents n'interviennent quepour une opération particulière. La « dent ne peut êtredésignée par « la mangeuse ».D'autre part, il est inexact de fonder sur l'analogie de

*<M-*sent- le rapport présumé de *e< *dent-. Car *eef-necomporte jamais le vocalisme zéro la dernière formeconnue, hitt. ce?-,ed- « manger », <x. « manger abon-damment, festoyer » ("'e~), montre la même constancedu radical que dans les autres langues. Le jeu régulier etoriginal de *es- et *s-, *ei- et *i- n'a aucun parallèle dansles formes de *e< non plus que dans celles de *<~)-.A tra-vers la flexion comme dans les dérivés sûrs, *e~ '"5c/-sub-sistent. C'est seulement par des analyses aussi artificiellesque a:p~s-~<(*c~i!o- ou ~n?!<M~ <; *f:tyn-[e]f/o-qu'on rejoindrait cet illusoire degré *d-. A supposer mêmequ'il v fût assuré, on n'en pourrait rien conclure pour la

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TROIS ËTY~OLOnŒS LATrXES 73

flexion du verbe, car le *< de nidus n'empêche pas leparticipe ~&M!M. Au contraire. le nom de la « dent » aconstamment *d- initial, sauf en grec et en arménien. Dela rencontre de ces deux langues, les seules qui offrent laprothèse, il faut conclure à un =-(s-) prothétique dans gr.

éoi. sEo'~s:, arm. ~a~M. Mais ceci demande une jus-tification détaillée.On ne reconnait pas d'ordinaire la prothèse devant occlu-

sive en grec. Dans l'article où il a étudié la prothèsegrecque et arménienne (B. S. L. XXVII, p. 129), M.Meil-let ne la signale que devant sonante ou groupe consonan-tique. Cependant on l'observe aussi sporadiquement, avecses trois timbres e-, c-, s-, à l'initiale de mots à occlusiveancienne1. ~stpM: i.- ir. gar- skr.~ayc~cr~ av. ;a-

L'idée malheureuse d'une dissimilation de ~(Brug-mann, Grdr., I, 8S5) ne tient pas devant les formes à redou-blement, Y~ojjLX!-tY~M~.M,etc. La racine est bien *ger-,

2. e6sAM QsXM.A rapprocher probablement de v. si..=e~' « regretter, déplorer s, dénominatif de -re/yc« 8p'?;vc:Chercher ici le préverbe Indo-européen *e/o, skr. a, commel'a fait Brugmann (Album Kern, p. 29 et suiv.) en compa-rant les formes qui justement ont une prothèse (s~pu~M,~ps~x),c'est fuir l'évidence.3. o'E~AM:-EXAM« je fais aborder, j'aborde ». II serait

arbitraire d'interpréter le s- comme « sociatif » en présenced'emplois exactement identiques 546 v~ (~ sxsX?~ etHérod. VIII, 86 MMXX~Tx; Soph. Tr. 80f. ~=:rr)'/5'ex.sX?x~.2'/p.6X' et Eurip. 7~ T., 1380 My.AEvx3v~sb:'r~.4.oosXXM«j'accrois » skr. phalati « il enfle (pour por-

ter fruit) ». Même remarque sur5. a:Yxus;,o:YStup=:'j'otups;« fier ». Cf. hom. Yx(~)tM.6. x~o'~« poire » lat. pirus. Le fait qu'il s'agit proba-

blement d'un emprunt de part et d'autre ne change rien àla question.7. coù'/T;acc. plur. éol. M~<x:«douleur» 5~ « détresse').

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E. BEKVEKtSTE76

L'alternance est exactement comparable à oSMvéol. &B:s;*c~8. o5ups~.xtje me lamente» Sups~a::« id. ».9. a:YE!pM« j'assemble)' -yEp-j'spx'~°~K Hes., 'exY~p-~xpx

« foule grouillante », lat. grex, etc. M.Meillet attiremon attention sur cet exemple qui n'admet pas un K-copulatif.10. Kx.ouM« j'entends » got. AcM~/û~« id. ». Cette éty-

mologie, amrmée depuis longtemps, est bien préférable àl'interprétation de o:xsuMpar un dénominatif de "M's'jc-« pointant l'oreille ». Dès lors que s-xs'jM,got. AcM~mreposent sur *kou-s, il devient manifeste que c'est la formedésidérative de *~OM-dans x=(f)EM« je remarque », lat.ecMpô,etc., comme le suggère d'ailleurs la glose dorienned'Hé~ychius sxo5p.5~'~y.ouTx:jLe'sT~63p.56x.La parenté de*kou- avec *skou- (gr. 6j:-Txs:~) est probable mais cettedernière racine s'est Gxée au sens d' « observer, contem-pler» v. h. a. MOMM~oM«contempler », scôni, got. ~i'CMTM<.remarquable, beau », et avec *e-, arm. cMe<2Me?7:ffjemontre ? (cf. Boisacq, p. 480).De plus, ~.sM.M,S~x;j.xt,~=u?.o[jLx'.ont notoirement, surtout

en attique, des imparfaits à augment long ~u.sXXM,?;5'j~a-T;6au/)~f;~à côté de ~.sXXo~,s5u'/K[j.Y;s6:uAsp. D'âpres

G. Mever (cf. Brugmann-Thumb, C/ec~. C~Mm., p. 310),il y aurait influence du couple ~6:Xs~(e6~M) ~6~c~(65)~).Tous ces verbes indiquant une volonté, une capacité, unepropension peuvent sans doute agir les uns sur les autres.Mais le rôle attribué au seul&6sXMne seconciliepasavec l'an-cienneté de ~.EAXsau moins qui figure déjà chez Hésiode77~. 478

CT: Kp'C~X=7~S~T:X[SMV~~5.A?.E':5XM6xt.

?\ous ferions donc de ~AAs~, f;§u-xp. ~6=~ des forma-tions parallèles à -~sAs~et supposant *s-$:u/p.xt.,*s-p.s?.AN,"i-Sjvx~r.avec la prothèse de i-6:M.Le nom divin 'A~M~, 'A~:?.AM~,dont Wilamowitz a

umrmé depuis longtemps l'origine asianique, a retrouvé sonprototype dans lyd. -P/.e~?M(associé à j'i~??!Ms=="Ap-:sp.).

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TROIS ETY'MOLOGŒS LATt~ES 77

Le passas'; de *II~)'/ à 'A-:s/AM</relè\ e dela mente cause.Après ces dix exemples, la prothèse de éol. ~c:

cesse de paraitre exceptionnelle. La théorie de la prothèsey gagne non seulement une base plus large, mais uneconfirmation de principe dans la plupart des exemplescités, c'est la présence d'une liquide dans le radical qui adéterminé la voyelle prothétique. Celle-ci est d'autant moinscontestable ici qu'il faut également l'admettre pour arm.atamn dont l'a- initial remonte à un ancien *a- et necomporte aucune autre interprétation. Une fois de plus sevériue un accord du grec et de l'arménien.Ces mêmes formes arménienne et grecque, qui nous

délivrent de *ed-, ouvrent une voie nouvelle à l'étymologiede *dent-. Arm. a-tamn porte le même suffixe -mn quekotmn « côté » à côté de kol «'id. » ou ~p~ï~ « toison x,cf. lat. uellus. Il sort, non de "'a~~T! phonétiquementimpossible, mais de *?M~, ce qui autorise à analyser*< *c~- en *<K- *ûf/< avec un -<- suffixal.Dès lors, un rapprochement s'oiire avec la racine *denk,*i; « mordre, déchirer » si l'on pose *<~K-avec élargis-sement en gutturale skr. c~p<2<!« il mord », gr. 5.xy.~M,aor. o/x~ « décilirer », fut. S- avec alternance quan-titative secondaire, cf. ion. Sx:s-:r.chez Hippocrate ("I{I.38, 8), ~y.M, Sx=M(Etym. Gud. 201, 33), cx-~s, Sxy.5xy.2T: comme ion. Xx' Xx::p.s:t.,X~:L:, etc. (CI.Hoffmann, <?y/ee/ -D/Œ III, p. 240-242 et Magnien,Formes du fut gr., p. 4). Comme pour nous convaincredu lien qui unissait MM-~à cxxvM,le grec oCtre l'adverbec=x: avec les dents, en mordant (lat. mordicus), àcôté de Sx; SI, selon l'opinion générale, cSec;doit sonà c'est la preuve que le sentiment d'une parentésubsistait si plus vraisemblablement cet c- estd'origine indépendante, c'est un nouvel exemple de pro-thèse devant e- il est particulièrement instructif de ren-contrer chez Hésychius :=x; -E: cosu?:Sx~ei, mais aussix~-j' xvt;6~.s:« morsure, démangeaison », a:2<x~T~'xv~cxt.avec le flottement caractéristique a- c- des voyelles pro-thétiques. Par la même association d'idées, le sanskrit

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E. CENYEKtSTE78

classique emploie usuellement, comme nom de la dent,daçana- dérivé de daç- « mordre)).Déterminé ainsi comme nom radical à -t- suffixal, ce

thème doit comporter normalement le vocalisme zéro.L'avestique, plus conservateur que le sanskrit, ajustement,à côté de dantan- secondaire sur quoi reposent les formesultérieures, le féminin~datà' dans V. xv, 4 ~e~a aëteasti ~c&zAuGcr5M<e~c~Nto~c ~f:5/ï<c !<si les os. (qu'ondonne au chien) restent entre ses dents ou s'arrêtent danssa gorge ». De*< sort également av. </G!~M-« fauve »(cf. gr. oKx=;,SMUTo'~« fauve»). Même vocalisme dans arm.a<û'~M,dans got. <M~!M,ags. ~c « *<MM~Â'-),dans lesformes celtiques,v. irl. dit, gall. dant, et très probablementaussi dans lat. déns. Ailleurs se sont opérées en sensdivers des réfections le lituanien a bâti un nom. sg.dantis sur l'acc. danti en généralisant le degré o commev. h. a. ~CMcf le grec et le sanskrit ont ramené indé-pendamment le radical à la flexion des participes présentscoM- M:v-:o~d'une part, et de l'autre û~t, ace. <~M<c?K,mais gén. <~s~, secondairement <~an~.S'il était besoin d'une preuve que le nom de la dent doit

se rattacher à «mordre, déchirer ? plutôt qu'à « manger »on la trouverait dans d'autres groupes de langues. En sémi-tique, accad. sMMM,hébr. sen. ar. sinn dérivent d'une racinesnn « aiguiser, percer s. Engéorgien, suivant une commu-nication deM.H. Yogt, kb-ili « dent » s'apparente à kb-ena«mordre ». En turc, me dit M. J. Deny, ~M« dent » quifournit le verbe i'ts-~a-maA« mordre ».,est sans étymologieclaire, mais n'a en tout cas aucun rapport avec « manger ».

i. La lectured3Madoptéepar Bartholomae(col.728)sansraisonapparenteetdontiea Bartholomaelenotelui-même estsurpre-nant, doitremonterà unegraphied't avecmaterlectionisreproduiteprobablementdansBd.XIV,34.La leçoncorrectedaMest celledeKi,L,.3. J'observeaprèscoupque Bartholomaea déjà soutenucontreJ. Schmidtl'indépendancede dentet de*ed-,maispourdesraisonsdesensseulement:«Isst» derZahn?DieZiihnekaucn,beissenundnagen,aberessen? Nein,dastun sie nichtu (B.B.,XVII,p. 98).Bartholomaesignaleaussi,cequim'avaitéchappé,queBôthlingketRoth,s. v.dant,ontdéjàproposéun rapprochementavecda"

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TROIS ÉTY~OLOG!ES LATtKES 79

MPMU.

Depuis Joh.msson (7. F., II. p. 34 et suiv.). les diction-naires étymologiques font entrer nemus dans une vastel'amille de dérivés d'une racine */<e~- « courber, plier a,qui comprendrait entre autres gaul. « lieu sacré a;/M~o « ualle x, v. irl. nem « ciel », skr. naTKcA« hom-mage », gr. « pacage » les sens de « valtée », de«ciel »etd' «ttommage se rejoindraientdans une communeacception d' « inclinaison; courbure ». Sous prétexte desimplifier, Johansson a institué une large confusion quibrouille les rapports et les différences les plus manifestes.I! n'y a pas dans nemus trace du sens de « vallée » que

supposerait l'idée de « courbure ». C'est uniquement avecla valeur de « bois (sacré) » (celui d'Aricie en particulier)que la poésie l'emploie. « Ae~ï~M~! saltus » -dit Vir-gile, « les clairières des bois » (Ecl. VI 56). Dans sonpocme LXI!I sur Attis, Catulle désigne par nemora la forêtconsacrée sur les hauteurs a la Déesse phrygienne:2 3 .PA/M~: nemus.

opaca,siluis redimita loca deae.12 ay:7e ite ad alta, Gallae, Cybeles nemora simul.

Au vers 72 du même poème

ego M~CMa~a?~ sub altis Phrygiae columnibusubi cerua M7M!CM~M;,ubi aper Ke?MO/MC~MS?9

les épithètes indiquent bien l'équivalence de M7M<2et denemus, que souligne aussi la désignation par MMnemori-eM/i'r!Edu « sanglier » chez Phèdre II. 4. D'ailleurs quandVirgile (Aen., IH, 270) dit: nemorosa Zacynthus, il tra-duit hom. uA~ETtT~Z<xxu'/8sç(I, 24). Le sentiment de cettevaleur a persisté à travers la latinité cf. Pline epist., VIII,8 collis aH<i'yM<2cupressu opacus, nemorosus, et expliqueque, chez Sénèque le Tragique (//erc. Fur., 1216) ou chezLucain (Bell. C!M.,1 306), nemus soit devenu, commesilua, un doublet poétique de lignum. C'est à cet emploi

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E. BENVENISTE80

constant que répond exactement la définition de Festus(p. 159, 2): « nemora significant siluas amoenas»; etIsidore, orig., XVII, 6, 6, malgré un rapprochement fantai-siste de 7ïCM:M~et de HMMeM,a raison de dire: « suntnemora arbores maiores, umbrosae frondibus ». Varronest ainsi fondé à comparer nemora et gr. vs~ (Z. L.,V, 36) c'est ce qui ressort de l'examen de ~o<Comme la traduction de '9= (thème en -es-) par n prai-

rie, pacage x se rencontre souvent, il n'est pas superflu demontrer que le sens de « bois est le seul possible. ChezHomère A 480, il s'agit d'un cerf que des chacals pour-suivent dans les montagnes et déchirent sv 'sï cxtsp~« dans un bois ombreux »1. L'interprétation de ~p. par-s: Mc~ ~o:M; e! ~{M~chez Eustaihe ad ~oc. reposesur une notion juste (Tc~c:cxj~e),mais altérée par la conso-nance de L'usage littéraire seul doit faire autorité.I~ous sommes encore,mieux renseignés par un passage deSophocle 423

'I[0 'KOpMC!)~pps6c:~KpXAa:T O~pXXKt'~SpLO~6XXXTMV

« 0 routes bruissantes des vagues, grottes marines, forêtdu rivage » Le scoliaste explique en effet ~s[; par ofÀ?:« bois sacré ».Il faut l'entendre de la même manière dans un passage

de la convention d'arbitrage des Étoliens.entre Mélitée etPéréa (m'' siècle av. J.-C-): .MM ':&u'EXt~s:;MTb ~e~-:o x-< -:M 'Ap.T:~c'< (Michel, ~ecMe~ c~MMcr.~r.,n'' 22, p. 27).!i est vrai qu'on se croit autorisé à rendre '=: par

« pacage » sur la foi d'une glose d'Hesychius qu'on setransmet sans examen 's:' cu~SsvSpc~Tc~ y.a!:~s~ ~M'/X~ ':Oyu'/XtXS~0::Sd!o'/XX:'~X~ XMTOTSS:c8.tAjA:!iXOLAC~.Lamultiplicité des acceptions rend suspecte cette notice, dontla première partie (Tu'~ops; -T::=) est seule exacte; le reste

<. HëminisceneehomériquedansF~n~o!.Pal., YII,SS,dAoxp:8o;èvVEU.6T?x:Ep<;i.

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TROIS ÉTYMOLOntES LATIXES i~

vient d'une confusion entrainée à la fois par la ressem-blance de v: avec '<~j.(.), etc., et par le rapproche-ment de -/x~ C'est la place de 's~.=, dans le lexique entre'<~j. -x~ et '/s;j.M' ~:T/.Mqui a introduitle 'j.-r, !):(j~.D'autre part. une fois associé à le mot-=.: a reçu les sens qui sont précisément ceux de -<x~dans une série de gloses'/XT2L' S~ :Xpa:Y~'<)$! T:~S:, E'/ '?: :pS<H ~M'~ X~TSM'~ 'A:~

'/X~ S-U~OUT:: T:T:

'/X~' 'JAT;YjX:AT;'3:'LS?:'<X~=:' '("J'/j: X!

On discerne manifestement, dans ce groupe, les sens de« hauteur boisée, forêt à pic )) qui ont favorisé la conjonc-tion de ~c: et de -/x~=:.En somme, Tu-Ss:; T:T:=.:a biendes chances de constituer seul la glose primitive et s'ajusteexactement à l'emploi de 'p.s: chez Homère et Sophocle.Si nemus et 'yi'j. se répondent ainsi pour la forme et le

sens, la nuance religieuse unit étroitement MpMïM~à ungroupe celtique gaulois -Y;< « lieu sacré a, cp'-)-(Strab.), -e~.s-=-/et (N~)p.=-.xy.(Ptol.); A'eyKp~~ou A~c-~e, nom de tribu les déesses-mères ~/<2~M~Vf~e~'c~A'e~e~oceaMa, ~Ve??:e~acM/?!,/Ve~e~o</M/*M???,~e~o~e?M6-tum, y~a~Mg~:p/o?!,noms de lieux cf. v. irl. ~e?MCû~« sanctuaire a, tous mots qui se réfèrent à la célébrationde cultes dans les forêts (Holder, ~L/~e~. ~y~cA~c~ II,col. 708 et suiv.).Ce*Me~!e<o-ne trouve de correspondants que dans v. fran-

cique ?ïM?M'</rendu par « Weide » et dans avest. ?MMï~<x-(Vidëvdàt,) dont Bartholomae traduit tous les exemples par« Reisig a. Un examen plus attentif révèle, en germaniquecomme en iranien, une interprétation erronée.A":y?M</francique ou v. saxon n'apparaM qu'une fois, au

milieu du vin" siècle, dans l'/M<CM/:M~Mpers~'<oy?MM!quiparle « de sacris siluarum quae ?M~Ka~z.yuocant N*.

-t.Cf.E. H.Meyer,Gcrm..Uv~ p. 48. Sur le cultedes boischezles Germains,v. Hoops,Re<!He.K.~11, p. 48-t, Schi'fnler-Nehrine.

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E. BENVENISTE82

On ne peut souhaiter attestation plus nette pour « forêt »ni meilleur appui au rapprochement de nemeto-, nemus et-/s~.=;.A supposer même qu'il ne vienne pas du celtique,/H'7K!</estclairement associé, comme gaul. nemeto-, au cultedes bois. « Lucos ac nemora consecrant dit Tacite desGermains (Germ., 9). Ni le sens de « Weide » ni le rappro-chement avec gr. ne se justifient, non plus que l'inter-prétation de Meringer (I. XVIII, p. 238) par « dasZugeteilte ».L'av. K~MS~ dont les formes flottent entre nam- et

nim-, n'admet nulle part le sens de branchages ».Commençons par le passage le moins certain. Yd. III, 3S« (Celui qui ne rétribue pas l'homme pieux selon sonmérite) avi tam ~pa~M ~9~&:yc <x?*M<z<6:~~?HOdéa !?aejoaca ae~f~~ aca <z~H?H5 vispaia avi tiYra ~sma~a« qu'on le rejette de la sainte terre aux ténèbres, à ladécomposition, à la pire existence, rien que sur des poin-tus N. Le terme « broussailles, branchages » surprendraitici on ne peut considérer ni ~'yrc- « pointu » comme uneépithète naturelle en ce cas, ni l'abandon sur des bran-chages comme un châtiment supérieur à ceux qui pré-cèdent. La traduction pehievie a un mot inconnu (ap dnn at dt). Mieux vaut ne rien conclure de ces obscuritésPour les autres exemples, l'iranien moyen et moderne

nous guide phi. litt. namat désigne un tissu grossier delaine ou de feutre, tapis ou tenture.-Cf. ~<M/c~ne sàyast,II, 101 (ed. Tavadia, p. 65): Ira apar bôp ~e MZM'e~/<-G~Jp apar namat <a~<xA kart M~, namat u ~Op/<c?*2 rèman; u ka ~/M~M~ namat ~a~ « quand quel-qu'un meurt sur un matelas, si le matelas et le tapis nefont qu'une pièce, le tapis et le matelas sont souillés s'ilssont séparés, le tapis est pur ». Pers. ?M?/Mûf« feutre »(" lana coacta, pannus coactilis » Vullers) garde ce sens,qui est confirmé par deux emprunts indépendants skr./!077M~o-(et ~ŒUC!<c'-)« tissu ou manteau de laine épaisse »

licallex.,II,p. 517.LemotfiguredansGraff,.AM/toeM.Sprac&sc/M~t. II. p. ~OKOet0. Schade,~Me~c/t. TT6.,I, p. 681.t. V.Darmesteter,Z.A., t. II. p. 45n.

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TROIS ËTY~OI.Or.!F:S t.AT~RS s~ Il

(lex.) et 'oss. M!MM~,?!/?M(~« pelisse » (MilIcr-Frcunan,~M. W~ Il, p. 884), passé à son tour en caucasiquc dusud: thus MC~c~ georg. nabadi (Miller. ~?/ der 0~p. 9). On comparera sogd. nmt *namat « pelisse (Rcicticit,~o. ~~c~ I, p. 62, 1. t9; II, p. 8. t. 10), gil./?a7K~ef,tanz. yaran. nat. ~au~y « tapis de feuLn;» (Chris-tensen, Contrib. à la dialectol. z'a~ p. 290), kubu!tMa~~</« id. » (Bogdanow, Journ. o f the Asiat. Soc.Bengal, XXVI, 1930, p. 96). Ces mots soient, en rualitt;de deux radicaux svnonvmes *?ïa~!<'i!<a-et *navata-, conser-vés fidèlement dans la lexicographie indienne. Je n'endiscerne pas l'origine. Peut-être l'iranien les doit-il àquelque source étrangère.Or c'est phi. namat qui rend av. namata- dans les textes

suivantsVd. V, 38 Ma~~K c~uc/M~ï ~csA!~ ;r°or~0<2~cc

ucs~'c'Aecc <ao~c ''Tï~MC/~Aecac~aa~cca ap<2'~<7ra!~« (l'impie) enlève à l'homme pieux la jouissance de lanourriture, du vêtement, du bois, de et (des ustensiles)de métal ». D'après la suite des termes qui ont trait à lavie domestique, ?M/?M~cs'applique à une carpette ou à unecouverture servant au couchage.Vd. IX, 46 yïcsM~~G6a:~ ya0a' MïMx'*a0c;r~ ya6c! và

namatû tarô yàra yaHa và ra6wya varana « la \T:.asus'enfuit comme une flèche bien lancée, comme le au delàs'enfuit comme une {lèchebien lancée, comme le au delàd'une année, ou comme la toison à point nommé ».Limage même des choses qui volent, le voisinage devarana- et le parallélisme des locutions ~n3 yar~ et ~a8M~oconfèrent une .vraisemblance bien plus haute au sens de« flocon de laine )' qu'àcelui de « branchages ».En composition Vd. VIII, 1 y<z<c~MrM.M/xz.e~roMe

ua *?ï9?MCi'd.<2!M?!-uaysHeua spà ua Ma va :r!8y~ « sidans une maison de bois ou dans un abri de un chienou un homme meurt ». La traduction phi. porte namatapar nihumbilr, probablement une sorte de hutte recou-verte d'étoHèsépaisses, analogue aux tentes de feutre d'AsieCentrale (yM/~).Partout où av. namata- se laisse interpréter, le sens en

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E. BENVENISTE

est inconciliable avec celui de gaul. ~e~e~o-. L'erreur deBartholomae et de ses devanciers provient en réalité d'unrapprochement injustifié entre namata- et un mot diEfércnt~M/McS/ccdont le sens nous est heureusement indiqué parle contexteYt XIV, 55 avi 5~WK S~û' nc~cya M~crcy~ y5

MfZOCC/!û;~)9~'a~tMarne Cgi'97Kaèsmam yo UCOCCK9MïGS~C'~Ma « (les démons Vyambura, les sectateurs des démons)apportent au feu l'arbre qu'on appelle haprsi, le bois àbrûler qu'on appelle Mamc!A-c». Les variantes K~~aSAc(Geidncr), M9Mîc5c~a,TM'ma~a,m'MïaBa&a:,avec le groupe-=/)'-indiquent une notation tardive qui doit se ramener à/ïaM!<z~AoTandis que haprsi est continué par pers. burs,bal. M~MrN« genévrier »', on ne sait de namatlca que l'in-terdit qui apparemment en frappait l'usage. Dans ce nomincertain et particulier d'un arbre inconnu, il serait témé-raire de chercher un correspondant de nemus.En somme le sens de «( forêt » ne peut être constaté

dans aucun des mots iraniens qu'on allègue. Aussi laparenté de lat. ~e~MSse limite-t-elle à deux radicaux paral-K'ies "~e~e~- lat. nemus, gr. *Me?Me~o-gaul.~;e?Ke~-(v. irl. ?:en:p6~),v. franc. 7<!M!c/Groupe restreint,faiblement représenté en grec et en germanique, maisvivacp en italique et en celtique où il s'était chargé d'uneprofonde valeur religieuse groupe unitaire dont les termesgantent même formation 'et sens intact. La formation cel-tique en -*ei!o-,celle qui sert aux ordinaux de cinq à dix,n'est même pas très caractéristique elle supplée simple-ment ici à l'amuissement phonétique de -s- suffixal par unde ces éléments en voyelle -j- t- généralisés en celtique.Toutes les autres correspondances tombent pour des

raisons diversesY. irl. KeM« ciel » (gall. MC/')s'apparente, par -rn <(

il skr. /~Af</i, gr. '/M=;, etc., comme l'ont établi Duvau(Rev. ecA., t. XXII,p. 82) et lI. Pedersen (Fe~ Cra~1. p. 255). Pour le sens, cf. v. si. ~c~o et hitt. Me~~Kciel )).

1. S~runrapprochementpossibleavecsu-~n./tam6<MC«juniper »,cf.Mot'eensUct'nc.A'o)'s7;TMss&r./b!'Spt'og'uM-,1,p. 46.

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TROIS ÉTYMOLOGtES LADRES 85

f.

Gaul. /~c?~o « ualle ')..Vcy:~«z~e~, gall. Ka/?~« vallée »,etc., supposent *7zw-~<- et rejoignent une 'racine toutautre *7K- « donner ou recevoir en partage », qui afourni, entre autres, des mots nombreux désignant le« domaine », puis le « pâturage » gr. ~s' partager;faire paitre », « partage; pacage ». « province;pacage », etc. Peut-être latin numerus en fait-il partie, avecun sens initial de « portion, catégorie, quantité », niaisaussi une formation insolite (*/ïOMM'o-?).Egalement indépendant est un troisième *e?K- « ployer,

incliner B attesté seulement en indo-iranien par skr. M0~<av. nam- « fuir » (cf. skr. 6AM/<x~« il ploie )) et gr. ssj-)dont le dérivé nominal 'skr. M?Ma~, av. ?!?/MOindique larévérence religieuse, l'hommage cf. skr. K<2M!~a-,av.namra- « respectueux, tendre ».Il importe donc de bien distinguer: 1° *c7?:e~ *nemeto-

« bois » 2° *eM- « répartir )) 3° *nem- « ployer », sil'on veut donner pour tâche à l'étymologie non la réductionde mots hétéroclites à des racines au sens fuyant, mais larestitution de termes précis. La connaissance du vocabu-laire indo-européen est à ce prix.

E. BE~VE~'tSTE.

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DEUX NOTES IRANIENNES

I. AïESTiQUE*M'M<Gy-.

-Le Yast V, consacré à Ardvï, relate aux §§ 61-66l'étrange aventure du navigateur Parva, que Qraitauna achangé en vautour et condamné à voler vers sa maisonsans pouvoir s'y poser Ao cua~c u<zrG:<<26r!'<2ya?'(~'r;r.fG~)o?~?K'<z:Mc MM!<ïM~M:~K 'N/?<7ï9~?KMô?~aoracuo~M~/o~.Ce qui est à lire en octosyllabes

Zt&cuŒ8ccucTc~6~o~c:r<xM!6/'r ~o~c'rcM!~a~ ?!MMM<i'M!y~M:.r"M~G(jya?K?KX!7avara ~uau~My~

« Il vola ainsi pendant trois jours, trois nuits, vers sa mai-son, mais ne put y descendre » (Cf. B. S. L., XXX, p. 72).Pour rompre ce sort, il implore le secours d'Ardvï à

l'aube du quatrième jour (frac~a .r~c/KOO~cya /yaYM~c<M.~M/~w~rc~a ~vivitim, 'c'est-à-dire, selon l'interpré-tation courante « à la fin de la troisième nuit, il arriva àl'aurore, à l'illumination de la puissante (aurore) »'. Un

'[. Et-CL'tanstezurMorgenrOte,zumAufleuchtendergewahignn»('liai'ttiotomac,~'6. Cet. 't4S3).« He came to the dttwn. to <heliMhtineup ofthpmighty(dawn)H(Rcicheit,~t'estsReader,p. iOS).c Ër cctangtezur umhei'strahisnden,heMenhaftenMorgenrôte»(Lommel.DieTf~'s ~esAtUMff:.p. 37).LatraductiondeM.Lommeleiisse d.iiHeurssur la diSIcuXe.Cellede Darmesteterest encoremoinsfidetc « Ala finde la troisièmenuit. à ]'arrivéede la puis-santeaurore,aupremiersouf!)cde t'aurorc. ».Maisellesignaleauntoinsquf /r~yM<!f~M?'s~formeun « textebarbareou corrompu»CZent/4't.csfa.Il, p~~82,n.7S).

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DEUX XOTES tRAXtEX~ES 87

tour aussi malaisé etiincohérence de la métrique signalentun problème qui touche a la fois l'interprétation fie ~f:~M:(~) et la construction de .~?r<?~Bartholomae (col. 1453) tient u~~y- pour un abstrait

dérivé de ~a- « briller » (skr. <5~y-) et suppose uneinfluence des thèmes en -~(y) sur av. vit- (= u.) en facede skr. -Ma~ Justification médiocre d'une leçon sansvaleur: F,, Ptt, E, donnent bien u!'u: mais u~M~M dePg, K, Jj., adopté par Geidner, est évidemment préférableet nous achemine à la solution. Le texte initial portaitM~/w<?!, à lire vivatim. devenu par épen thèse :fyM'y~(=vivaitim) d'où la fausse transcription f~ Et u!'u<7-<<?7!représente, après la spirantisation normale des occlu-sives, vibatim, ace. du part. prés. féminin de u!6f7-« briller )) cf. uy-a-uc~~ « lumineux », fém. uy-a-u<7/z(écrit -M<x:). Ce n'est donc plus de /a- que dépendvivatim, mais de M~CTM, à quoi il suHit de l'unir pourobtenir l'octosyllabe: /?'a-;?7!<2<MM~Mvivatim « il atteignitl'aurore rayonnanteEntre les deux accusatifs s'est glissé ~ray<:7, glose ins-

tructive. Dans la langue théologique, usah ~M?'adésignaitle dernier tiers de la nuit le coq chante M~xxMM~/<<?~!~f~!~M~m (Vd. XVIII. 15), c'est-à-dire à la première aube.Ce 6'K/~a-ne doit pas être joint à wra « fort », avec lequelBartholomae l'identifie sans raison il s'apparente à si-tramadv. « tôt (Bartholomae, col. 1631), sy/rya- « repas dumatin (phi. ~Kr « id. »), c~Mrzloc. « au crépuscule mati-nal ». Un copiste indifférent à la grammaire, lisantM.M~a?M!uci~. aura ajouté en marge ~M~oy<!(d'après6rityayâ), précision temporelle qui a pénétré ensuite dans lemorceau, au grand dommage de la syntaxe et de la métrique.Dans le vers suivant, upa M~??~?7ïM~<z~~<2y<x<,la répé-

tition du préverbe a faussé l'octosyllabe il faut rétablirupa M~a/MM!C~0y<Cette observation supprime du dictionnaire le prétendu

*u!t~cy- qui doit rejoindre l'article ~a- sous les composés,et dégage, pour faire suite à celle de la p. 86, une stropheimpeccable

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E. DEKYEKtSTE88

OraM~c ~cjo/KO er:ya:y5Â

/?Ma< M~S~CM U!UG<:HÏ

upa Mjc~aM c'a~crefu!Hï ~H/'57?ï a~a~~5?K

« A la fin de la troisième nuit,

II atteignit l'aurore rayonnanteet vers l'aurore il imploraArdvl Sùrâ Anâhita. »

II. Ux KOM DE CEXTA)KE EK MOYEK-PERSE

F. W. E. Muller a transcrit et traduit chezA. von Le Coq,Die ~m~M'c~aMc~~z.MŒ<Mre7ï,1922,.p. 40, un fragmentmanichéen sassanide dont voici les quatre premièreslignes:t~ dônan M/xx~sya/ï und dicZwei, dieDiakonen,tirëst M3sast die dreissig und die sechzigmSTMa~-araMu~5K Hausvorstande, alle dieu~~oyaTï pa~'a/t u yo~cA- Auserwuhiten, die lauteren?'c/z und reinen.

Mu!!ern'a appuyé d'aucun argument sa traduction indé-fendable en fait de tyrys.t (seul exemple connu) par« trente » tirést ne se ramène à aucune des autres formesde « trente » av. Orisatam, pers. sih, etc.D'ailleurs toute combinaison linguistique est condamnée

qui méconnaît le véritable sens de cette énumération detitres c'est une allusion à la hiérarchie de l'Eglise mani-chéenne et au nombre consacré de ses dignitaires. II suffirapour leprésent débat de rappeler à cesujet deux témoignagesexplicites et qui se corroborent 1° Augustin, De ~ae/'M.,eh. 46 ex Electis suis habent [Manichaei]duodecim quosappellant magistros episcopos autem septuagintaduo et presbyteros. 2° le fragment chinois Stein

-t. Lavocalisationt:Bst estdemoi. Mùliera simplementtranslit-téré~r;st.

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DEUX ~'OTES [RA~tE~~ES 89

(début (luTraité deTucn-Huang. adapté du pehievi en 73t),(lui donne pour If's trois premiers degrés de la hiérarchiet2 ?MO;a (=:mugistri); 72 M~<7& (==episcopi); 360M<r/M~-(= prusbyteri)(PeIliot, r'o~My-~ao, 1929, p.249).Df ces rapprochements sort l'interprétation évidente de

notre passage qui reproduit le même enseignement que letexte chinois. Mdoit être complété en [</MM.?(f/)a/i~a7M~-~<7/< /c] M~</0/MMM~a-Tï /;re~~Mes<M~/a?!~<2-r~~y! « [les i2 ~c~j~-5" les 7]2 Mp~y; les 360 ~a~~a-y'a/' (= ~<?~Mi'o-)» L'expression M~sast vaut donc« trois cents soixante » d'où il résulte que tirést signifienon « trente », mais « trois cents)).A vrai dire, pour ne pas s'ètre rencontrée jusqu'ici en

pehlevi, la forme <M*~ ne peut passer pour inédite. Elles'est conservée, avec d'autres survivances, dans la languearchaïsante de Firdousi. Le glossaire turc d'Abdul Qàdir deBagdad (Lexicon .S7M~M<x:'KMMMMï.ed. Salemann, p. 54)affirme que ~r~< veut dire « trois cents )) et cite à l'appuideux vers de Firdousi'

~'r-auMr<7~y~i'sar sângi ~~CM?/!af:M ua jD~Ay:a~~~Mf ~nM!

« H éleva une tête (?) en marbre, dont la longueur et la lar-geur ét.aient de trois cents pas. » Le dictionnaire de Vullersdonne aussi </y~. tirist avecle même sens, d'après d'anciensglossaires persans qui qualifient la forme de~M/7uL Autantde faits qui accusent le caractère récent des deux premierstermes de la série persane des centaines du ~ef, si ~<~ont remplacé e~Mue~(phi. et Fird. cf. av. dvaë-éa saite) et~y'&On tient donc dans phi. sass. le correspondant

numérique de phi. ars. ~fM~. Mais que tir- n'ait rien de

t. Cesdeuxversn'ont pasété retrouvésdans le SilhXâma.commeme le confirmeM.Minorsky,qui a eu l'obligeancede vérifierpourmoile texted'AbdulQadh'.Le yM&sterdu premiervers,écritenunmot. pourrait signifier(cd'un coup)), mais il n'y aurait plus decomplément.Au secondvers, une syllabeparait manquer. Horn(Supers. Schriftspr.,p. it5) signaled'un mot « tiyrist. uNktarePahtavirorm».

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E. HEKYEKtSTE90

commun étymologiquement avec 6ray-, c'est ce qu'on peutse dispenser de démontrer. Il faut partir de l'ancienne formeféminine tisr-, d'accord avec 'un emploi qui a pris pieddans l'Avesta récent. A trois reprises, le Vidëvdât affectetikrô sata à un masculin ou à un neutre pour dénombrerdes hommes (II, 30) ou des coups (Mpc~a~a-, n., IV, H,11). Les anciens moyens d'expression s'affaiblissant pro-gressivement, *Q7*~M~ « trois cents », qui risquaitd'entrer en concurrence avec Orisatam « trente », a étésupplanté par/M~ô~c. C'est bien un fait de langue authen-tique que le pehlevi sassanide éclaire ici indirectement.Mets ~M?*osatai ne donne pas phonétiquement la finale

-5~ par laquelle nous vocalisons -ys t. On doit admettreou que -~< provient directement de </M~5s<,ou queplus anciennement le duel dvai satai (écrit duye saite,efuce-ccsaite) a entraîné analogiquement *~y<2!satai. Entout cas, l'étroite union de c~Muc~et de ~e~ est mani-feste. Plus tard, devenue un simple archaïsme littéraire, laforme a en persan une finale pleine ist ou déGciente-M~.Pour~r- ~>tir-, on comparera peut-être av. tistrya ~>phi.tir. Bien que phi. ?/* continue également un ancien nomdivin *~rc établi par av. ~o-Mc~'<26:oa,gr. Ttp'T: arm.y/ indo-scytfie TEIPO, etc., il est certain que la tradi-dition de phi. est savante et que si tir répond à *~<xet à tistrya, c'est que l'élimination de -f/ devant rappro-chait les deux noms.Le féminin tisr- a donc gardé sa placedans la numération

Iranienne, et pas seulement en pehlevi. Nous avons déjàsuggéré, pour l'explication de l'ordinal sogdlcn'cs~A' « troisième », une contamination de 0?~-et de /M~(C~cT/z~.~oy~ 11, p. 141). Or le pasto dit ~M« troiscents », ou tèr est indépendant de o~'e « trois H<; Orayoet de </</<7r/a:~« treize N<~*a~cy~ <~ercyt3</<x~G.Plutôtque d'admettre un emprunt indien avec M. Morgenstierne(~yM!. roc<x~ p. 2i), nous tirerons tèr de <Mr-: le main-tien de pst. t- prouve que la dentale initiale anciennen'était pas en contact avec et le traitement de la voyelleintérieure concorde avec celui de ccr<~c:&r<x-et ~5~

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DEUX XOTES !RA\)r:XNES 91

<o:'era- Ainsi la coïncidence de l'avestique et du

pehlevi sassanide ne constitue pas une isog'iottc, et rienne prouve que le pehlevi arsacide n'ait pas hérité de lamême forme, puis refait Arg.M<~sur hrè; l'élimination de~y- ne s'est pas opérée partout à la même date. D'ailleursil n'en reste rien aujourd'hui en iranien occidental l'in-fluence du persan et la normalisation du système numéralont ag'i concurremment. Des parlers comme le samnâm oule nayini usent encore de o~Mu~, divis « deux cents maisne connaissent plus que « trois cents ».Les cardinaux féminins n ont subsisté, on le notera, que

dans les centaines ceci donne une vraisemblance nou-velle, malgré l'obscurité du détail, à l'opinion de M. Mor-

genstiernc (/Vo/)' TYe~.M. for ~S/3ro~u:f/ IV, ~930,p. 164) qui tire wanetsi CM~~K'K quatre cents » (en face deca/o~« quatre )))de *ea~o sata, cf. av. cŒo fém., skr.cc/a~'a/j. De là \van. ~)M/t~M« cinq cents analogique. Ce

vestique marquerait l'avancée extrême du féminin dans le

compte iranien des centaines.E. BEKVEMSTE.

1. M. Mor~cnstierne suppose aujourd'hui avec grande réserve(;Yot's/:'Ms'r. foi, Spt'oyu~ IV, 1930, p. ~63)un *~6ra-pour past.<ër: mais la seule forme attendue en iranien ancien est.av. <srs-.

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SUR GREC~op.M

Les conditions qui déterminent la répartition des formesdu type *c~eM-,avec sonante consonne, ainsi dans véd.cf:/C!t~.gr. Z~u:, et du type "~ïyeM-,avec sonante voyelle,ainsi dans véd. 6~(:)y<2M~,sont diverses, et il serait sansdoute vain de chercher à les préciser dans chaque cas par-ticulier. Il est intéressant de relever un cas où la conditiondécisive semble pouvoir être déterminée.En face de ion.-att. yu~,-j-u~Ey. et de béot. px~x,j~xy~y.x:,

le grec ne connaît d'autre dérivé verbal que p~x~xi (de*~x:x'.). On connaît la répugnance du grec pour les succes-sions de trois brèves; or, un dérivé *Y'jvx:p.xLou *xtaurait présenté cette succession.D'autre part, on sait que, toutes choses égales d'ailleurs,

les éléments d'un mot long sont prononcés plus brefs queceux d'un mot court. Or, tandis que le védique a à la foisa'ya??:=hom. Z~ et of(ï)ycMz==lat.diem, il n'a que 6~/<xu!,comme le latin n'a que loue.

A. MEILLET.

Page 100: BSL 1931- 32

BULLETINDELA

SOCIÉTÉ DE LINGUISTIQUE

?96

PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

DU 15 NOVEMBRE 1930 AU 20 JUIN 1931.

SÉANCE DU ~5 NOVEMBRE 1930.

PrésidencedeM.H.MAsPÉRo,président.

Membres présents. M" Homburger, Livchitz, Nitti,Sjoestedt, de Saint-Genès; MM. Barbelenet, Benveniste,Bernard, J. Bloch, Cart, M. Cohen, Collart, Dauzat. Deny,Destaing, Ernout, Gougenheim, Guillaume, Humbert, Jon-val, Lamouche, Larrasquet, Lejeune, Marouzeau, Mazon,Meiltet, Mertz, Mirambet, Renou, Roques, Saroïhandy,Vaillant, Yogt,, Yvon.Excusé M. 0. Bloch.Assistants: MM. Brunovsky, Lyonnet, Maehie, Maries,

Mécerian.Décès. L'administrateur annonce la mort de notre

confrère Mayer Lambert. Le secrétaire expose quelle a été

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PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES'.]

la grande place deM. Lambert dans notre Société et exprimeles regrets qu'elle ressent de cette perte.Présentations. Sont. présentés pour être membres de la

SociétéMM.

Jens HoLT,de Copenhague, actuellement: Hôtel Brisson,37, quai des Grands-Augustins, Paris, VI' (MM.Meillet etH. Pedersen).Charles VIROLLEAUD,secrétaire de l'Institut des Études

sémitiques, iS, rueVauquelin, Paris, V" (MM. Meillet etM. Cohen).Pavelo BRUNOVSEY,attaché à la Légation de Lettonie, 8,

rue de Prony, Paris, XVII*(MM. Jonval et Bernard).Le Romanisches Seminar der Universitat, Koln (Alle-

magne) (AIM.Cohen et Melllet).Informations. L'administrateur mentionne les invita-

tions reçues pour les Congrès de 1931 l'une pour le 18"Congrès des Orientalistes à Leyde, du 7 au 12 septembrel'autre pour le 2e Congrès international des Linguistes àGenève du 23 au 29 août il donne lecture du programmede ce dernier.Il annonce en outre la création _récented'un Institut des

Etudes sémitiques à l'Université de Paris.Prix Bibesco. M. Mario Roques expose les titres des

deux candidats, MM.A. Graur et J. Boutière. Conformé-ment à ses conclusions, et après quelques mots du secré-taire, le prix Bibesco est attribué pour 1930 à notreconfrère A. Graur.Exposé et discussion. M. A. MEiLLETcherche à mon-

trer que le développement du genre féminin est, en indo-européen, un trait relativement récent et secondaire. Ladistinction a disparu de plusieurs langues indo-européennessans que la structure de ces langues en ait été altérée, et,dans les autres langues de peuples de race blanche, oubien elle n'existe pas, ce qui est le cas ordinaire, ou bienelle a un autre caractère et d'autres caractéristiques, commeen ehamito-sémitique. Il rappelle qu'aucun thème nomi-nal n'est propre au féminin, et que c'est seulement dans

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SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE ~930 iij

l'adjectif qu'il y a des oppositions nettes du masculin et duféminin. Même dans le démonstratif, des formes telles quele génitif skr. ~i~/a~, v. pruss. siessias, got. /~<M, n'ap-partiennent pas aux thèmes en -a-. Dès lors, on s'expliquel'absence de caractéristiques du féminin dans les languesissues de colonisations anciennes. Le hittite ignore la dis-tinction du masculin et du féminin. En arménien, la dis-tinction a été éliminée. En latin, beaucoup d'adjectifs ne laprésentent pas (notamment le participe présent) et ce doitêtre un fait de forme archaïque. Incidemment M. Meillet,rappelant l'observation de M. Vendryes sur le caractère« populaire » des masculins en -a- en latin, se demande sil'emploi de -a- pour caractériser le féminin n'a pas une valeurun peu dépréciative.A la discussion qui suit prennent part, avec M. Meillet,

MM. Vendryes, Benveniste et Ernout.M. Vendryes fait remarquer combien les nouvelles

théories de M. A. Meillet, en éclairant les faits, les mon-trent plus complexes qu'on ne s'était plu à le croire. Il sedemande si on ne doit pas expliquer, par l'absence an-cienne de distinction du féminin dans le nom, les influencesde la déclinaison pronominale sur la déclinaison nominale.M. Benveniste. en mentionnant l'absence de marque du

féminin nominal en hittite, remarque que certains'animauxsont traités comme féminins.M. Meillet ajoute que l'apparition du féminin a été un

fait de vocabulaire, avant de devenir un fait grammaticaldans le système du nom indo-européen.

SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE!930.

Présidencede M. H. MAspÉRO.président.

Membres présents. M" Homburger MM. Barbelenet,Benveniste. J. Bloch, Cart, M. Cohen. Destaing, Ernout,Fughali; Gougenheim, Humbert, Jonval, Lamouciie,

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PBOCÊS-VEKBAUX HES SÉANCES

Marouzeau, Maspéro, Mazon, Meillet, Mirambel, Renou,Ruffel, Saroïhandy, Tonnelat, Unbegaun, Vaillant, Ven-dryes, Vogt, Yvon.Assistant M. Telegdi.Elections. Sont élus membres de la Société MM. Holt~

Brunovsky. Virolleaud le séminaire roman de l'Universitéde Cologne.Présentation. Est présenté pour être membre de la

SociétéM. A. P AGLIARO,professeur à l'Université de Rome,

Via s. s. Quattro, 64., Rome (Italie) (MM.Meillet et Yen-dryes).Election de la Commission des finances. Sont élus

membres de la Commission des financesMM. Benveniste, Cart et Mirambel.Communications. M"°L. HOMBURGER,après avoir signalé

que trois cinquièmes du vocabulaire nubien, non d'originearabe, ont déjà pu être identifiés par elle comme représentantdes éléments égyptiens, montre que l'on retrouve égale-ment des éléments morphologiques elle cite commeexemple nubien -ni, sumxe de relatif, et égyptien -M/,nubien tam et MïM,suffixe du négatif, et égypt. &K,H!~elle rappelle qu'en nubien comme en égyptien une propo-sition entière peut être employée comme un substantif etprendre le suffixedu pluriel. Enfin M""Somburger mon-tre que le vocalisme et la finale des substantifs nubienspermettent de reconnaître le genre du substantif égyptienreprésenté.Un échange de vues prolongé suit cette communication

V prennent part, avec M"~Homburger, MM. M. Cohen,J. Bloch, Saroïhandy, Meillet, Y.endryes,Maspéro.M. Marcel Cohen marque la difEcuIté, pour ceux qui

n'ont pas eux-mêmes la pratique des langues négro-afri-caines, de discuter les rapprochements frappants exposésparM"' Homburger. Il mentionne la publication de deux ou-vrages récents où, à propos de l'histoire des Juifs, lesauteurs ont groupé les faits qui indiquent des migrationsblanches dans l'Afrique noire, faits qui sont de nature à

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SÉANCE DL' 20 DÉCEMKRF 1930 v

fortifier l'idée d'un rapport historique entre- des tangues cha-

mito-semitiques et des langues négro-africaines.Enfin il indique que des membres (le phrases relatifs ser-

vant à qualifier un nom sont traités en entier comme unnom en amharique de même qu'en égyptien et en nubien(mais avec un autre clément relatif): M. Saro't'handv men-tionne que le même fait s'observe en basque.M. A. MEtLLET rappelle que l'irlandais n'a pas, a la 2"

personne du pluriel, de désinence propre au déponent et

que le latin recourt, pour le déponent et le passif, à uneancienne forme d'infinitif ~ey~yM! Ceci l'amène à sedemander si les ressemblances entre skr. -c~uc~! (-<u<:<)''t -c//<y<2!entre gr. -jO: et -j~. sont fortuites. D'autre part,le hittite s'accorde avec le latin et l'irlandais à n'avoir

pas la caractéristique -r- aux 2" personnes moyennes du

singulier comme du pluriel.A la suite de cette communication des observations sont

faites par MM. Vendryes. Harbelenet, Ernout, Benvenisteet Vaillant.M. Barbelenet mentionne que les formes latines en -M<

sont peu employées dans les textes.M. Ernout demande si la forme de 2' personne du sin-

s-ulier en -ere n'est pas à mettre en rapport avec la forme

homonyme d'infinitif.

SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 930.

Présidence de M. Th. CART.ancien président.

Membres présents. M" de Saint-Gencs, Sjocstedt;MM. Barbelenet. Benveniste, J. Blocii, Brunovskv. Chan-truine, M. Cohen. Destaing. Ernout. Gougenheim, Guil-iaume, Humbert. Ivkovic. Jonval. Marouzeau. A. Mazon,Meiiiet. Millet. Mirambet, Ruif!'e!. Sauvaceot. Unbegaun.VaiMant, Vendryes.Excusé M. Tonnelat.Assistant M. Lyonnet.

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PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES~.)Election. Est élu membre'de la SociétéM.A. Pagliaro.Présentations. Sont présentés pour être membres de

la .Société

MM.

André PRÉVÔT,professeur au Lycée Montaigne, Sbis, rueJoseph-Bara, Paris, VIe(MM.Chantraine et Meillet).Ephraïm Cposs, 1847, University Avenue, Bronx, New-

York (U. S. A.) (MM.Marouzeauet Meillet).L'abbé S. LVONNET,12, rue Franklin, Paris, XVÏ"

(MM.Meillet etVendryes).Jacques DAMOURETTE,1, rue de Richebourg, Sarcelles

(S.-et-O.) (MM.Meillet et Yvon).Dr Edouard PicHON,23, rue du Rocher, Paris, VHP

(MM.Meillet et Yvon).Kaare MAEaLE,20, rue des Écoles, Paris, Ve (MM.Meil-

let et Marstrander).Rapport de la Commission des finances pour l'exer-

cice 1930.

IJestdonnélecturedu rapportdela Commissiondesfinancespour1930

Aprèsavoirprisconnaissancedescomptesdutrésorier,laCommis-siondesFinancesa arrêtéle bilansuivantau 't0décembre1930

Comptesde l'exercice~93~.

RECETTES

Iteport d'exercice. S9337fr.36Cotisations annuelles 34)38 36Ventede.UenMu'esetBMHettKS. 4778 »Ventes d'ouvrages. 113S6 »Subvention du Ministère de l'Instruction publique.. 1375 »Un quart, subvention de la Fédération des Sociétésscientifiques. 4 S00 »

Fondsspëcia)i930-1931. 1000 »Interëtrentesetdëpôts. 2648 23Subvention reçue pour le livre de M. Sandfeld. 13000 »Solde du compte Durand 1939. 477 50

TOTAL. lMS07fr.4S

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SÉAKCE DU 20 DÉCEMBRE 1930 ~i

DÉPENSES

Impression et expédition du livre de M. Sandfc)d.. KJ897 30Provision à M. Durand pour impressions en cours.. 30000 »PrixBihesco. · 4 005 »Facture Imprimerie Nationale, Mémoires, XXHI,5. 4353 tO

tirages à part. 105 90Factures relieur et brocheur. 1589 10Expédition Bulletin, ~emo:'r~s, etc. 3 463 73Cotisation Bureau international de Genève. 105 HConvocations, frais de séances. 730 »Administration, trésorerie. 1500 »Correspondance. 500 »Papeterie, ëtrenncs,fraisdivers. 842 »

TOTAL. 6) H3 fr'"t55

Différence entre recettes et dépenses~507 fr. 48 61 ~t3 fr. 15 = Ct 494 fr. 30,

représentés par

Compteenbanque. 27472~.60 0Compte chèques postaux. 't8209 25Compte Champion. 13532 45En caisse du trésorier. 580 »

TOTAL. 61494 frT~O

Toutefois, il faut défalquer du compte recettes de vente d'ouvrages,le produit de Ja vente d'un certain nombre de volumes qui ont étéimprimés aux frais des auteurs, et dont ie produit doit naturellementrevenir aux auteurs eux-mêmes. Il doit revenir ainsi a M. CuENDETune somme de 1 07') fr. 65 pour l'année 1939 et de 1 590 francs pourl'année i930, soit 366t fr. ë5 a M"~ HoMBUMERune somme det 418 fr. 5S à M. GUILLAUME,une somme de 1441 fr. 75 à M. SAL:-VAGEOT,une somme de 1 173 fr. -i5,soit au total 6695 fr. 10.Ne figure pas non plus dans le compte « dépenses l'impression du

livre de MM. Maurice C~HEx, et M. OLSEX,dont la facture n'a pasencore été fournie par l'Imprimerie Nationale.Par contre, notre compte « recettes » doit s'enrichir bientôt du res-

tant de la subvention de la Confédération des Sociétés scientifiquesdont un quart seulement afférent au premier trimestre en raison duchangement de date de l'année budgétaire a été versé à la Société.La provision versée chez l'imprimeur Durand a permis de payer les

bulletins 89, 90, 91, la liste des membres et l'Index, soit29S33 fr. 50,en laissant un boni de 477 fr. 50. L'impression du fascicule biblio-graphique numéro 9i est revenue à 12876 fr. 15, somme à laquelle ilfaut ajouter les frais de rédaction et d'envoi, ce qui équivaut à peu dechose près à la subvention versée par la Fédération des Sociétés scien-tifiques pour t929, rien n'étant réservé pour les frais généraux de laSociété.Nous avons, grâce à une importante subvention danoise, dont nous

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Vtij PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

devons remercier chaleureusement les donateurs, édité l'importantvolume de M. Sandfeld; il a paru malheureusement trop tard dansl'année pour qu'il ait pu être mis en vente avant l'établissement denos comptes. Il en est de même pour le livre de MM. M. Cahen etMaenus 0)sen qui n'est pas encore en vente. Mais, comme on le voit,notre collection s'accroit régulièrement et il y a tout lieu d'être satis-fait de la vente qui augmente de façon notable nos revenus, en mêmetemps qu'elle agrandit notre action.La situation de la trésorerie est bonne. Le chiffre des cotisations

est légèrement supérieur à celui de l'an dernier comme le laissait pré-voir l'augmentation du nombre des membres de la Société. Le tréso-rier insiste de nouveau, et de la façon la plus pressante, auprès de sesconfrères, pour qu'ils veuillent bien lui régier leur cotisation, sansattendre d'y être invités, dans les deux premiers mois de l'année. Illes prie de se libérer par chèque bancaire, ou par chèque postal, plu-tôt que par mandat-poste.La Commission des finances est assurée d'être l'interprète de la

Société en adressant ses remerciements aM. Alfred Ernout, trésorier,pour le dévouement avec lequel H a continué à gérer nos finances.

Le tO décembre 1930.

E. BEXVEXISTE.Th. CART,A. MtRAMBEL.

Ce rapport est adopté.Administration de la Société. Le secrétaire exprime

les remerciements de la Société à M. Marcel Cohen quiquitte le poste d'administrateur après presque douze ansd'administration dévouée. Le président et l'assemblée

s'associent à ces remerciements. Puis le secrétaire exposedes propositions faites par M. Marcel Cohen et les soumet

au vote de la Société.Il est ainsi décidé, après observations de MM. Meillet,

M. Cohen, Ernout, Vendryes, J. Bloch1. Qu'il sera joint aux circulaires envoyées par la Société

des /eMx7~ <M/b?'?Ma~'OMS destinées à mettre au courant

les membres non résidents à Paris de l'activité de la So-

ciété en cours d'année, et à établir un échange de rensei-

gnements sur l'activité scientifique et les projets des mem-bres.2. Qu'il sera rétabli au budget de la Société une somme

pour les frais d'administration.3. Que le prix des publications sera porté uniformément

à 30 francs (s'ajoutant à la cotisation de 20 francs). Il sera

demandé en outre des frais de port (8 francs) aux membres

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SÉAXCE DL' 20 DÉCEMBUE 1930 ix

qui résident dans des pays n'ayant pas accepté le tarif réduit

pour les envois d'imprimés.Election du Bureau pour Ï931. Sont élus:T~M~/e~ M. E. TOKXELAT.

t7cc-~P6'~e/ MM. G. LACOMBEet E. BOURGUET.~'ec~G~e.- M. A. MEfLLET.Secrétaire adjoint M. J. BLOCH.Trésorier: M. A. ERNOL'T.~l<~M!M~a~Mr.' M. A. M)RAMBEL.Membres du comité de publication MM. Boyer, Ernout,

Marçais, Thomas, Vendryes.Notule. M. A. DuRAFFOL'R

L'emploi de l'adverbe « y » en remplacement du pro-nom régime direct « le. la. les a signalé dans B. S. L.. 30.

p. Y. a un parallèle curieux au sud de la région (trèsvaste: tout le Lyonnais au moins) où il s'observe: dans le

Dauphiné dit franco-provençal et provençal. Dans cette der-nière région, en effet. on a relevé une forme singulière de

pronom neutre sujet la, dont Chabaneau seul a tenté une

explication, peu vraisemblable (cf. A. Devaux. ~M! sur/<7 /~M~MCUM~/C!e du Dauphiné 6'e~~M~i!OMf7/, 1892. p.213). II faut sans doute voir dans ce la un emploi prono-minal de l'adverbe « là )). Dans les cantons de la Mure.Buurs d'Oisans. Valbonnais (Isère), dans le Briançonnaiset t'Embrunais on observe des formes patoises qui corres-

pondraient à « là pleut ». là faut ». pour « il pleut ». « ilfaut ». formes qui ne comportaient pas, à l'origine. l'ex-

pression du pronom sujet °. Dans deux endroits de l'Isère

(Pré)enfrev et le Monestier de Clermont) contigus a cette

région. l'emploi de là en ce cas ne s'est pas développé onne ie rencontre que dans la formule interrogative qui cor-

respond au français « est-ce que ».Communication. M. A. VAILLANTattribue, a la suite de

M. Meillet, une valeur phonétique à la distinction des deux

1. Cp. en italien. esp., port.. le développement de ibi en fonctionpronom[na)e(Meyer-Lùbke.R. E. R' 4'25'2).2. Comme jeteur ai dit "(= je le leur ai dit) devenu « je leur y ai

dit ».

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X PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

i dans l'alphabet slaveprimitif. L'un des deux i notele i or-dinaire. issu de longue ou de diphtongue, l'autre le i « ré-duit », développede <au contact d'un j. C'est ce que prou-vent les abécédaires anciens, qui donnent à ces deux i lesnoms de (>e!) et de ize (Y~e). En reconnaissant l'exis-tence d'un i « réduit », probablement d'un i bref, au débutde l'époque vieux-slave, on explique aisément certainesparticularités du vieux slave par exemple la 2e personnedu singulier thématique en -si, et, par voie de conséquence,la 1'° personne du singulier en~.A l'échange de vues qui suit cette communication pren-

nent part, avec M. Vaillant, MM. Meillet, Vendryes etMazon.M. MeiMetse félicite du progrès que l'étude de M. Vail-

lant fait faire à la connaissance du vieux slave au momentde la première notation. Cet état est très mal connu àcause des remaniements successifs dont les manuscrits pos-térieurs (xe siècle) portent l'empreinte. Ces manuscrits ré-~vèlent assezbien l'état de choses qui leur était contempo-rain. M.Mazonconfirme cette manière de voir, en indiquantque le x" siècle a été une période critique dans l'évolutiondu vieux slave.

SÉANCEDU 17 JANVIER 1931.

PrésidencedeM.G. LAMMBE,vice-président.

Membres présents. M" Homburger, de Saint-Genès,Sjoestedt MM.Barbelenet, Benveniste, J. B!oclt,0. Bloch,Brôndal, Brune!, Cart, Chantrainc, G. Cohen, M. Cohen,Colin, Dauzat, Deny, Ernout, FéghaU; Février, Froman,Gougenheim, Holt., Humbert, Jeanroy, Jonval, Lamouche,Lejeune.Maehie, Marçais, Mazon, Mertz, Mirambel,Mossé,Renou, Rivet, Roques, RuS'el,Saroïhandy, Sauvageot, Tho-mas, Unbegaun, Vaillant, Yendryes, Virolleaud, Vogt,von Wartburg, Yvon.Excusés MM.A.Meilletet E. Tonnelat.

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SÉANCE DU 17 JANVIER 1931 X.)

Assistants: M"" Brôndal M. Couret.Décès. M. Marcel Cohen fait part à la Société du décès

de M.Nddeke; il insiste sur l'importance de l'oeuvre de cesavant et exprime les regrets que la Société ressent de cetteperte.Présentation. Est présenté pour être membre de la So-

ciétéM. Pierre RAGOT,étudiant à la Faculté des Lettres, 23,

rue Montera, Paris, XJP (MM. Vendryes et Collart).Elections. Sont élus membres de la Société:MM. Cross, Damourette, l'abbé Lyonnet, Maehie, le

Dr Pichon, Prévôt.Informations. M.Marcel Cohen présente à la Société un

ouvrage de l'un de ses membres, M. Cantineau, sur le Na-batéen il en fait ressortir l'importance et loue le mérite del'auteur.L'administrateur annonce que M. Jean Humbert, mem-

bre de la Société. et nommé récemment Maître de Confé-rences à la Faculté des Lettres de Lyon, a soutenu le 10janvier ses thèses devant la Faculté des Lettres de Parisla thèse principale était consacrée à la Disparition du dati feMgrec du 7" au Xe siècle.Communications. M. von WARTBURG,après avoir mar-

qué l'importance et l'originalité des théories de F. de Saus-sure. au point de vue de la distinction de linguistique dia-chronique et de linguistique synchronique, déclare qu'il nepeut admettre la séparation absolue de ces deux aspects. Al'appui de sa thèse, il présente deux exemples le premierest le cas du subjonctif imparfait, du subjonctif prétérit etdu futur latin à basse époque, qui tous les trois ont abouti;') uneforme identique (fait de synchronie) une différen-ciation s'est ensuite produite par d'autres procédés (fait dediachronie) de là est résulté un nouvel étatd'équilibre(syn-ehronie) le deuxième exemple est celui du jeu des démons-tratifs latins le latin avait un système de démonstratifsbien équilibré: par suite de l'affaiblissement sémantique etphonétique du pronom M. le pronom hic a été amené à leremplacer. et par suite a perdu sa valeur dès lors, /MC,

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xij PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

dévalorisé, a été peu à peu remplacé par iste, qui lui-mêmea été remplacé par ipse, jusqu'au moment où un nouvelétat d'équilibre s'est créé. M.von Wartburg montre dansces faits une des causes des altérations d'une langue lesinsuffisances d'un système. Du jour où elles sont sentiesplus fortement qu'auparavant et ou l'on cherche àyremédier,l'état synchronique cesse pour faire place à l'état diachroni-que. d'où naitra un nouvel état synchronique. Les deuxfaits, synchronie et diachronie, se pénètrent. C'est ce rap-port qu'a mis nettement en valeur Gilliéron ceci ne veutpas dire qu'il soit absolument impossible de travailler seu-lement dans un sens ou dans l'autre, mais qu'il faut, en cecas, se souvenir qu'on n'a devant soi qu'un aspect de la réa-lité. L'étude d'une langue dans son ensemble ne peut sefaire complètement que si l'on envisage les deux aspects àla fois.Une discussion animée suit cet exposé, à laquelle pren-

nent partout surtout MM. Vendryes et Roques. M. Ven-dryes fait remarquer que l'opposition entre synchronie etdiachronie dans la pensée de Saussure est plus profonde queM. von Wartburg ne semble l'avoir vu; la diachronie estla considération desfaits historiques, la synchronie l'ensem-ble des notions qui existent dans l'esprit du sujet parlant àtel moment donné. M.Mario Roques, d'accord avec M. vonWartburg, loue Gilliérond'avoir montré qu'un système lin-guistique est toujours instable il y a dans la synchroniedes éléments qui sont, sinon de diaehronie, du moins sujetsà de grandes modifications sans cesse les faits se croisent,d'où la difficulté de fixer un état linguistique.Observations de MM.J. Bloch, M. Cohen, Sauvageot et

Vaillant.M. Ch. VmoLLEAUDfait une communication sur la lan-

gue des tablettes provenant de Ras-Shamra en Haute Syrie.Cesdocuments, qui datent des derniers siècles du 11°millé-naire av. J.-C., sont écrits au moyen d'un alphabet de 28lettres dont les éléments ont été empruntés au syllabaireassyro-babylonien.Le déchiffrement de la nouvelle écriture a révélé que la

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SÉAKCE DU 7 FÉVRIER 1931 xiij

langue de Ras-Shamra était le phénicien, c'est-à-dire unidiome sémitique présentant avec l'hébreu les rapports lesplus étroits. Grâce à ces tablettes, la comparaison entre lesdeux langues pourra être poussée beaucoup plus loin qu'iln'était permis de le faire encore. Il appara!t d'ailleurs que lephénicien s'écarte de l'hébreu sur plusieurs points impor-tants, pour se rapprocher d'autres langues sémitiques, no-tamment de l'arabe et de l'assyrien.C'est ainsi que l'optatif s'exprime, comme en assyrien et

en sud arabique, par l'imparfait précédé de la particuleet que, pour le factitif, il y a, à côté du hiphil, un saphel,correspondant au shaphel de l'assyrien. En outre, !e thèmeréfléchi (hitpael en hébreu) se présente sous la forme hit-pael, comme en assyrien encore et comme aussi dans le dia-lecte moabite de la Stëie de Mésa.Au sujet du nom, il convient de noter surtout quel'arti-

cle, qui est toujours beaucoup plus rare en phénicien qu'enhébreu, ne se rencontre pas une seule fois dans les 1300lignes qu'ont fournies jusqu'à ce jour les archives de Ras-Shamra.En raison de l'heure tardive, la séance est levée sans

qu aucune discussion ne suive cette communication.

SÉAKCE DU 7 FÉVRIER i93't.

Présidence de M. G. LACOMBE,vice-président.

Membres présents. M"' Sjoestedt MM. Benveniste,J. Bloch, Cart. M. Cohen. Damouret-te, Dauzat; Ernout,Guillaume, Holt, de KoIo\'rât,Lamouche,Lyonnet,MaehIe,Marouzeau, MeiUet. Mertz, Mirambel, Piclion, RuffeJ, Sa-rf)ï))andy, Sauva~eot, Thomas, Unbegaun, Vaillant, Ven-dryes, YeY, YogL Yvon.Excusf M. E. Tonnelat,Assistant M. Rasot.Election. Est t'-iu membre dp la SocietcM. Ras;ot.

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XtV PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

Présentations. Sont présentés pour être membres de laSociétéLa Bibliothèque de Minsk, Sovetskaja. 94, Minsk

(U. R. S. S.) (MM.Ernout etMirambel).M. Georges FmEDMANK,ancien élève de l'Ecole Normale

Supérieure, agrégé de Philosophie, 16, ru" d'Armaillé,Paris, XVII'' (MM. Vendryes et Mirambel).M. Octave MERUER,agrégé de l'Université. Professeur à

l'Institut Supérieur d'Etudes Françaises annexé à l'Ecolefrançaise Archéologique, 6, rue Didot, Athènes (Grèce)(MM.Vendryes et Mirambel).Annonces. Le secrétaire annonce que M. Yendryes vient

d'être élu Membre de l'Institut et le félicite &u.nom de laSociété.I! rappelle que du 7 au 12 septembre se tiendra à Leydele 18~Congrès International des Orientalistes, et déclareque la Société de Linguistique pourrait être représentée àce congrès par quelques-uns de ses membres.Le président annonce, d'une part, la nomination de no-

tre confrère M. Przyluski au Collège de Fr&nce, d'autrepart. la création à la Sorbonne d'une chaire magistrale degrec moderne, dont notre confrère M. Perno: a été nommétitulaire.Notule. M. J. BLOCHlit une notule de M. A. Graur sur

quelques expressions françaises nées à l'étranger il s'agitde mots français, prononcés à la française, et nés en Rou-manie sous l'influence de la civilisation française ces motssont jobin, en gros, en détail, c~MM(et f/e~, sousl'innuence du suffixe-euse que le roumain a emprunté sousla forme -e~o), ?Ma?M'eA&?<K(refait au lieu df manucure),tour et y'c~oMy.M. Graur explique brièvement ~origine et ledéveloppement de ces expressions.Communications. M. A. DAuzATfait une communication

sur la vélarisation de intervocalique dans le MassifCentrald'après une enquête personnelle, travail qui paraîtra dansla Revue des Langues Romanes. I! montre sur une carte larépartition et il explique la genèse des sous-produits, trèsvariés, dont la scission parait relativement récente, bien

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SÉANCE DU 7 FÉVRIER 1931 XV

que le point de départ de l'évolution soit fort ancien. Rap-prochant ce phénomène de faits analogues en Galice et enbas-Vaiais, il le rattache à une tendance vélarisante qui s'estmanifestée dans toute l'Espagne, la Gaule (sauf le S.-E.) etla Rhétie par la vocalisation de devant consonne. Mpré-sume qu'il peut s'agir d'un substrat, peut-être celtique, encontraste avec la tendance italo-roumaine ~>r.A la suite de cette communication, M. Meillet déclare

qu'il voit dans l' vélaire, qu'a localisée M. Dauzat. la sur-vivance de p!M</MMdu latin pinguis a survécu devantconsonne dans la péninsule hispanique et en Gaule, et a pusurvivre dans les trois domaines: Galice, MassifCentral etValais, qui font l'effet de survivances d'une ancienne airecontinue. Etant donné que i se confondait avec é fermé, tou-tes les vélaires, dont on a les représentants dans les casenvisagés par M. Dauzat, se trouvent là où le latin avait/~nyMM. Dès lors vélaire dans la région italienne est unesurvivance et ne s'est altérée sans doute qu'à une époquemoderne.Observations de MM.Vendryes et de Kolovrat.M. M. VEYétudie le traitement du groupe en slave.

Au traitement connu du groupe i. e. *)-(ou -t- appartient<'t unélément morphologique) ~>sI. parait s'opposer untraitement i. e. *?~- (les deux occlusives appartenant àl'élément radical) > si. st-. Il paraît établi par trois exem-ples f~Y/t « frère du père », sl<r. j~uya~, etc., 2°nestera « nièce cf. i. ir. naptar-, élargissement analogi-que de Mc/M~ 3"bg.~a~o/'oA « beau-père », en face de/M~!Mo~« beau-HIs)),yO<M~e<2« belle-fille ». Le vocalismede ce composé, qui est un dérivé de *~o-~oy-, est celuiqu'on attend. L'explication de ce traitement parait difUcile.M. Grammont, consulté par lettre, pense que le slave avaitle sentiment qu'il y avait un p et un t, parce qu'il y avait euun élément vocalique entre les deux. Il a essayé de pronon-cer le p devant ce qui a eu pour effet de faire exploder le pavant l'occlusion du t. De là un embryon d'f: qui, parassimilation, devient /*<avec f bilabial. groupe non viable enslave. L'y s'assimile au t comme point d'articulation, d'où ~if.

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PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCESxvj

M. Meilletajoute que les étymologies de sl. ~ï et pas-<oro/fque propose M. Vey sont évidentes et que la phoné-tique peut les justifier. Le cas de nestera est autre; ce doitêtre un ancien */M~-&?ra.où -tt a donné normalement -.9~Observations deMM.Vendryes et Vaillant.

SÉANCE DU 21 FÉVRIER 1931.

PrésidencedeM.E. ToNXELAT,président.

Membres présents. MM"" Homburger, Sjoestedt,Stchoupak MM.Barbelenet, Benveniste, Cart, Chantraine,M. Cohen. Destaing, Ernout, Féghali, Guillaume, Holt,Humbert, Jonval; Lejeune, Lyonnet, Maehie, Maspéro,Marçais,Marouzeau,A.Mazon,Meiitet,Mirambel, F. Mosse,Pichon, Prévôt, Ragot, Renou, RuS'el, Saroïhandy, Unbe-gaun, Vaillant, Vey, Vogt, Yvon.Invité M. Dray.Elections. Sont élus membres de la SociétéMM.Friedmann, Merlier la bibliotèque de Minsk.Présentations. Sont présentés pour être membres de la

SociétéL'Ecole des Etudes Orientales de Londres (School of

Oriental Studios), Finsbury Circus, E. C. 2, Londres (Angle-terre) (MM.Tonnelat et Miramitel).M. LABAT,Pensionnaire de la Fondation Thiers, Agrégé

de l'Université, S, Rond-Point Bugeaud, Paris, XVI"(MM. Benveniste etMeillet).M. G. MARCY,Chargé de cours à l'Institut des Hautes

Etudes Marocaines, Rabat (Maroc) (MM. Colin et Des-taing).Annonces. Le secrétaire rappelle que le 2eCongrès In-

ternational de Linguistique doit se tenir à Genève, l'étéprochain, au mois d'août, du 28 au 29 il fait passer auxmembres présents la notice que les organisateurs duCongrès ont rédigée au sujet des conditions d'admission àce Congrès.

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SÉANCE DU 7 MARS 1931 xvij

Le secrétaire annonce la prochaine publication d'un re-cueil offert à notre confrère M. Przyluski, à l'occasion de sa23'' année d'enseignement.Exposé et discussion. M. J. VEKDRYESanalyse les idées

de synchronie et de diachronie en linguistique. Ces deuxnotions. loin de se pénétrer, s'opposent, ainsi que l'avaitaffirmé F. de Saussure. La diachronie est une reconstitu-tion de 1 évolution de ia langue, faite par l'historien qui suitle développement ou les transformations des formes. Mais,pour le sujet parlant, il ne saurait être question de dia-chronie les ressources qu'il utilise sont, quelle qu'en soit

l'origine ou la date, toutes dans un même plan, égalementprésentes à son esprit faire de la synchronie consistera àétudier les valeurs des formes et des mots, non dans l'his-toire de la langue, mais dans la pensée du sujet. Si la dia-chronie est historique, la synchronie est psychologique.Cet exposé est suivi d'une discussion à laquelle prennent

part surtout MM.Meillet et Pichon. M. Meillet, d'accord surle fond avec M. Vendryes. fait remarquer qu'en matièrede diachronie. on né saisit que des étapes successives, mais

jamais le changement lui-même. En matière de synchro-nie, il convient de considérer que la langue est un systèmesynthétique, où domine l'élément intellectuel, mais dans

lequel le sujet parlant n'a pas conscience d'éléments compo-sants. analysables. M. Fiction conclut à la nécessité pourlelinguiste d'étudier son propre parler, mais il fait ressortirlerôle de l'élément affectif dans le langage, rôle moins se-condaire que M. Meiilet ne paraît le penser.Observations de MM. Barbelenet, Marçais, Marouzeau.

SÉANCE DU 7 MARS I93J.

Présidence deM. E. TONNELAT,président.

Membres présents. MM" Homburger, de Saint-Gènes,Stctioupak MM. Barbelenet, Beaulieux, Benveniste,J. BIocti. Cilantraine, M. Gohen, Deny, Ernout, Février,

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XV)ij PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

Gougenhcim, Holt, Humbert, Jonval, Kart, de Kolovrat,Lacomhc, Lejeune, Lyonnct, Maehie, Marias. Marouzeau,Maspéro, Maxon, Mcillet, Messarian, Mirambet, Pichun,Prévôt, Ragot, Renou, Ruilci, Skok, Unbegaun, Vaillant,,Yogt, Yvon.Elections. Sont élus membres de la SociétéL'Ecole des Etudes Orientales de Londres MM. Labat

et Marcy.Présentations. Sont présentes pour être membres de la

SociétéLa Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg,

6, place de la République, Strasbourg (Bas-Rhin) (MM. Er-nout et MirambeF).M. Henri MuLLER,Chef du département français à Co-

lunibia University, New-York (U. S. A.) (MM. Meillet etThomas).Décès. L'administrateur fait part à la Société du décès

de l'un de ses membres, M. Coubronne, membre de la So-ciété depuis 1879.Annonces. L'administrateur annonce que, le samedi Hi.

mars, M. Hrozn~'fera à la Sorbonne une conférence surl'histoire et le progrès du déchiS'rerucntdu hittite.!) annonce également la publication d'un volume de notre

confrère M. E. Lévi-Provcnçal (Inscriptions arabes d'Espa-gne).

Commnmca.tioHS.1"M. E. BExvENfSTE,étudiant les infi-nitifs indo-européens à suffixe -n-, montre, à l'aide des abs-traits hittites, qu'ils reposent sur la forme fléchie de nomsd'action en -r/M- Par là doit s'expliquer aussi le suiExodu participe présent qui comporte *-n-+-et celui du'gé-rondif latin en*-n-}-do-.2" M. A. MEiLLETmontre que le locatif, contrairement

à ce qu'on a cru, ne joue aucun rôle dans la formation del'infinitif indo-européen.La désinence -i, qui a été prise pour une terminaison de

locatif, doit s'expliquer commeune désinence de datif; c'esten effet le datif, qui, avec l'accusatif, a joué un rôle domi-nant dans la formation de l'infinitif en indo-européen.

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SÉANCEDU 21 MARS1931 XtX

H a pu se produire des élargissements, qui ont masquéla formation primitive, mais il faut les interpréter commetels. et non comme des formes particulières de flexions.Observations de MM. Barbetenet, Chantraine, Ernout,

de Kolovrat, Hcnuu et Vail!ant.

SEANCE DU 2) MARS )93i.

Présidence de M. E. ToxxEUT,président.

Membres présents. M" Homburger, Nitti, Sjoestedt,Stelioupak,. Streictier MM. Barbelcnet, Benveniste,J. Bioch;0. Bioch,Ct~antraine,M. Cohen, Couret, Damou-rette. Dauzat, Deny, Dcstaing, Ernout, Gougenheim, Guil-iautne. Humbert, Kart, Labat, Lacombe, Lyonnc~ Maehte,Marouxeau, Maspcro, Mazon, Meillet, Mirambel, Mossé,Pic))on. Prevut, Ragot,, Roques, RufM, Saroïhandy; Skok,Thomas, Unbegaun, Vaillant, Vendryes, Vogt.Invités MM. B!cdv, Diedricbson, Dray, Pippidi.Elections. Sont élus membres de la SociétéM. H. Mulier~ la Bibliothèque nationale et universitaire

de Strasboure.Présentations. Sont présentés pour être membres de la

SociétéLe P. CYKiLLEDERuYCK.prieuré des Bénédictins, Arnay-

sur-Meuse (Belgique) (MM. MeIHet et Mazon).M. LnERMET,professeur au lycée, chargé de conférences à

la Faculté des Lettres, 54. rue Batlainvillicrs, Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) (MM. 0. Bloch et Gougenheim).Soutenance de thèse. M. J. Vendryes annonce que, le

7 mars. M. P. Leroux. chargé de cours à l'université deRennes, a soutenu à la Sorbonne ses thèses de doctorat surles sujets suivants 1" thèse complémentaire 1" fasciculede son Atlas <?'yu<.s~yMe f/e la ~a~e-~e<6!~Me: 2° thèse

principale ~M~e f/M Fe~e ~H. Minsiste sur la qualitéde ces travaux.Exposé. M. A. MeiLLET. à propos de bilinguisme; rap-

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PMCÈS-VERCÂUX DES SÉANCESXX

pelle le cas étudié par M. &cerba les sujets parlant sorabeont, en même temps que le sorabe, l'allemand présent àl'esprit. Il suppose qu'en France, du V au x' siècle, il y aeu de mème beaucoup de sujets partant à la fois roman etgermanique. Des faits tels que la prononciation de haut,l'usage des mots OMet ?'eM, le suffixe -ier (de noms demétier) la postposition du sujet en certains cas sont lesmanifestations de ce bilinguisme.Observations de MM. 0. Bloch, Maspero, Marouzeau,

Mario Roques, Tonnelat, Vendyres. M. Vendryes cite àl'appui l'exemple du gallois et de l'anglais; par contre,M. Maspero, par l'exempte du parler de la population taï,possédant à la fois l'annamite et le chinois, montre que lebilinguisme peut parfois préserver deux langues de touteinOuencede l'une sur l'autre. M. Roques enfinfait quelquesréserves à l'exposé de M. MeiMet,en citant certains faitsroumains comparables à certains faits français ou M.Meilletvoit une action germanique, mais qui sont exempts de touteinfluence extérieure et ne s'expliquent que par le latin.

SÉANCEDU 18 AVRIL 1931.

Présidencede M.ToxKELAT,président.

Membres présents. M"" Homburger, Sjoestedt;MM. Benveniste, J. Bloch, Chantraine, M. Cohen, Damou-rRtte, Deny, Ernout, Esnault, Gougenheim, Humbert,Lamouche, Lyonnet, Maehle,Marouzeau, Mirambel, Ragot,Renou, Ruffel, Tonnelat, Vendryes, Yogt, Yvon.Excusé M. Meillet.tnvit.6 M. Ny!d.Décès. L'administrateur annonce à la Société le décès

d'un de ses membres, M. Nyrop, professeur à l'universitéde Copenhague, le romaniste bien connu, et il exprime lesregrets que ce deuil a causés dans le monde de la linguis-tique.Elections. Sont élus membres de la Société

Page 120: BSL 1931- 32

SÉANCEr-L- i6 MA[ t93) xxj

MM.Lhermet et de Ruyck.Communications. M. E. BExvENtSTEétudie les formes

indo-européennes du noru de la « dent » et montre qu'ilfaut supposer partout uneu-utiale consonantique; les deuxseules exceptions (le grec < l'arménien) s'expliquent parune prothèse vocalique. Il répare le radical du nom de la« dent )) de la racine qui signifie « manger », et proposede le rattacher à la racine du verbe signifiant « mbrdre ».Observations de MM. J. Bloch, Chantraine. M. Cohen,

Deny, Ernout, M"' Hombur~-er, MM. Maehie. Vendryes.RI. A. MtRAMBELexpo-e qu'à Naxos le comparatif est

exprime uniquement parune préposition suivie d'un complé-ment à J'accusatif, employée après l'adjectif au positif. Itinsiste sur le fait que la comparaison n'est nullement mar-quée par la forme de l'adjectif qui ne connaît pas de« degrés ». II rapproche le fait d'autres faits analogues dugrec postclassique l'expression morphologique du compa-ratif ayant été assez vite sentie comme insuffisante a subiun renouvellement, qui a porté sur deux points d'abordsur la conjonction qui introduisait la comparaison (c'estainsi qu'à 7; se sont substitués ~x?x, puis ù~p, puis <xT::),ensuite sur l'adjectif lui-moue au lieu du suffixe ancienla langue a utilisé, devant l'adjectif, un adverbe ~=~ ou.T/.K-;(aujourd'hui T:), ou une conjonction xy.&x(cf. parlersdu Nord). Les parlers de ~axos doivent être, à ce point devue, considérés comme en retard sur l'évolution de la lan-gue commune, puisqu'ils no recourent qu'à la préposition=[T:cpour exprimer la comparaison.Observations de MM.J. Utoch, M. Cohen; Damourette,

Deny, Ernout, Gougenheun. Humbert.Nvkl. Yendryes.

SÉANCE DC i6 MAI t93t.

Présidencede M.E- Tox~ELAT,président.Membres présents. M" Homburger, Sjoestedt, Strei

cher; MM. Barbelene), Hcrtaux, J. BIoch, M. Cohen,

Page 121: BSL 1931- 32

PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCESxxij

Damourotte, Deny, Destaing, Ernout, Féghali, Février,Gous'cnhdm. Guillaume, Humbert, Labat, Lacombe,Lamouche. Lacune, LévI-Provcncal, Lyonnet, MIrambei,Prévost, Yendryes, Yvon.Excusé M. A. Meillet.Invités MM.Durr.Blédy.Présentation. Est présenté pour être membre de la

SociétéM. GuiseppePICCOLI,professeur à la Faculté des Lettres

de Turin, 23. via S. Francesa da Paola, Turin (III) (Italie)(MM.TonnelatetMirambel).Annonces. M. Yendryes donne à la Sociétédes nouvelles

du secrétaire. M.Meillet, qui vient de faire plusieurs confé-rences à Athènes; à Constantinople et en Yougoslavie. Lui-même revient de Tchécoslovaquie, où il a constaté le granddéveloppement pris en ce pays par la linguistique, et enparticulier l'influence des méthodes linguistiques françaises.M. Deny insiste sur l'intérêt de la conférence que M. MeII-let a faite à Constantinople.M. M. Cohen présente à la Société le 1" fascicule de la

Grammaire Hébraïque de notre confrère défunt, MayerLambert. Il insiste sur la qualité de ce travail et sur les ser-vices qu'il rendra aux études sémitiques. Puis, il demandeau président F autorisation de transformer la notule qu'ildevait lire de la partde M. Cantineau enune communication,vu l'importance du sujet.Communications. A propos de l'écriture de Ras Shamra,

M.J. CAKTtNEAuse demande si cette écriture n'est pas néed'un calque cunéiforme des signes mêmes du phénicienarchaïque (ressemblances frappantes dans le tracé de '<M,.y..li, .!).D'autre part,le déchiS'remeni fait parle P. Dhormeet M. Bauer présente un tableau phonétique étonnant surdivers points (phonèmes en trop et en moins par rapport auxétats connus du cananéen); il y aura sans doute lieu à révi-sion en tenant compte des vraisemblances de l'état linguis-tique.M. Février se demande si les textes sont du sémitique. II

conh'st~ certaines correspondances. Il se demande pourquoi

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SËAKCEDL' 30 MA!1931 XX'U1 1 1 1 1

quatre signes seulement dans cet alphabet auraient unevaleur alphabétique. Il rappelle que trois hypothèses ont été

proposées pour l'interprétation des textes ou c'est du sémi-

tique qu'on ne comprend pas, ou c'est de l'emprunt au sémi-

tique par une langue inconnue, ou c'est une langue non

sémitique qui aurait incorporé des mots sémitiques comme

idéogrammes.M"' L. HoMBURGERmontre qu<- les éléments morpholo-

giques du méroïtique, signalés par M. Zyhlarz dans unmémoire paru dans ~4?ï~/<~o/?o.s',t. XXV, pp. 409 et sq..1930, ainsi que les vocables dont le sens est connu, corres-

pondent à des morphèmes et à des mots égyptiens de la

période démotique. Elle pense qu'en s'appuyant sur les

correspondances déjà établies (mér. ~> ég. mer. ~> ég.et mer. r (a) ~> ég. mér. A' ~>ég. ~<M<2~-t- /<2~M-

~a/c) un égyptologue habitué aux formules religieuses pour-rait expliquer les inscriptions si le bedja moderne est

apparenté, comme le dit M. Zyhiarz, c'est donc que cette

langue aussi a été fortement imprégnée d'égyptien.M. Marcel Cohen fait observer que, parmi les caractéris-

tiques morphologiques citées par M"' Homburger, rien n'est

typiquement et seulement égyptien d'autre part, des don-nées de Zvlharz, omises par elle, sont non-égyptiennes il

y a donc lieu de considérer le méroïtique, tel qu'il transpa-rait dans le travail de Zvlharz, comme une langue chamito-

sémitique. sans doute plus précisément couchitique. maisnon comme un aspect de l'égyptien.

SËAKCEDUSUMA) 1931.

Présidence de M. E. ToxxELAT.président.

Membres présents. M" Homburger. Sjoestedt;MM. Barbc]enet. Benveniste, J. BIoeh.Chantraine.M. Cohen.Damourette, Ernout, Gousenheim~ Jonval. MciHet, Mertz.Mirambel, J\yberg, Pichon. Prévost, Rasot,RL'nou, RufM,

Saroïhandy, Sauvageot, Sramfk. Yendrvcs. Yvon.

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PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCESxxiv

Invités MM. Svan Audolf, Blédy.Décès. L'administrateur annonce à la Société le décès de

notre confrère, M. Th. Cart, qui fut bibliothécaire, tréso-rier et président de notre Société; le secrétaire fait l'élogede notre confrère disparu, et rappelle son dévouement à laSociété.Le secrétaire annonce également le décès de M. Zubaty,

qui fut ami de la Société, sans en être_membre, et qui s'in-téressait à nos travaux.Election. Est élu membre de la Société M. Piccoli.Présentations. Sont présentés pour être élus membres

de la SociétéMM. BERTOxi,professeur à l'Université de Rome (Italie)

(MALMeillet et Thomas).PAURA(Anthony), avocat, 402, 7Sth street, Brooklyn,

New-York (U. S. A.) (MM. J. Bloch et Louis Gray).Yoshio TAKANATsu,agrégé de l'Université de Tokio

(MM.Sylvain Lévi et Duraffour).Le Romanisches Seminar der Universitât Leipzig,Univer-

sitatsstrasse, iS (III), Leipzig (Allemagne) (MM. Meillet etvon Wartburg).Le Seminar filr Vergleichende Sprachwissenschaft an

der Universitât, Guttingen (Allemagne) (MM. Tonnelat etMirambe!),Annonces. M. M. Cohen présente la publication desMélanges de l'Institut Français de Damas par les soins duMinistère des Affaires Etrangères, ainsi que la publicationdes Comptes-Rendus de l'Université de Leningrad, qui sontconsacrés à des questions de linguistique asiatique etchamito-sémitique.Notule. M. H. YvoK a relevé le mot.~e~?KC:Me/~eesur

une enseigne de coiffeur; ce mot ne dérive pas de l'adjectifjoe?'/MC!Me?!<,mais du nompermanente désignant une (o~e~M-lation) permanente. La forme ne suppose pas l'existenced'un verbe joe~?KŒMe7!~e~,mais semble amenée par l'in-fluence de coiffée et o?!~M/ee.Si l'emploi s'en répand, peut-être en sortira-t-il un verbe dans des expressions telles que« chez qui vous faites-vous joe~Ma~e?~e/'?».

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SËANCF DU 20 JUIN 1931 XXY

Communications. M. P. CHANTR&~Eétudie le groupedes mots grecs constitué par ia série y.u:, y.=p~6=. xopu~-~;u. x:p'j;j.6: x:=u2: x:j'/Yj, y.sp' etc. Tous ces mots,dont l'initiale est identique, sont an'cctés de finales de

type préhellénique. D'autre part, ils se rattachent tous pourle sens à la notion de « sommet ». Mais ces termes appar-tiennent à des vocabulaires spéciaux, techniques ou reli-

gieux (y.:pm « casque », y.9pu-/6=;épithète d'Apollon, etc.).On peut donc se demander si tous ces noms de type parti-culier n'ont pas été empruntés indépendamment par le grecà des parlers préhelléniques.II reste, d'autre part, que la série x6pu;, xopuo~, etc. peut

dimcilement se disjoindre de l'indo-européen -x=x « tête )),xspx~ « corne ». Mais il s'agit sans doute d'un rapport loin-tain qui concernerait les langues préhelléniques auxquellesles mots ont été empruntés. On aurait ainsi une confirmationde la doctrine exposée par M. Kretschmer dans son articlesur la /?ro~)M</o/fvw!a?!Me~e iS'c~eA~.Observations de MM. Cohen. Ernout et Meillet.M. M&rcel CoaEK fait une brève communication à propos

de deux mots amhariques.a) y?!oy'~Y/y<7« bénir. féliciter, inaugurer » est un déno-

rninatif de M?9~y « salive » la projection de salive est unmode de bénédiction.6) </M~M~désigne les « manifestations verbales », d'in-

troduction récente dans les cérémonies; c'est un empruntau français, alors que celui-ci tend à employer dans cecas des termes comme « allocution », « déclaration a,speech ?. etc.

SÉANCE DU 20JUIN i93i.

Présidence de M. G. LACOMUE.vice-président.l.

Membres présents. -M" Homburcf:'r. (fe Saint-GenèsMM. Barbelenet. Basset, ëenvcniste, J. BIocfi. 0. Bloch,Cantineau, Chantraine. M. Cohen. Courct. Damourettc.

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PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCESXXV)

Dauzat, Deny, Destaing, Ernout, Féghali, Gougenheim,Guillaume, Humbert, Jonval, Lamouchc,Lyonnct,Marou-zeau, MeiMet,Mertz, Mirambel, Mossé, Piccoli, Pichon,Renou, Rivet, Ruffel, de Ruyck, Saroïhandy, Sauvageot,Vaillant.Invitas M"" Chaufour, Tachauer MM. Audolf Svan,

Blédy, Diedrichson, Maron.Excusé M. E. Tonnelat.Présentatîous. Sont présentés pour être élus membres

de la SociétéM""Jeanne CHAUFOUR,élève à l'Ecole pratique des Hautes

Etudes, 69, Boulevard Saint-Michel, Paris (V') (MM.MarcelCohen et Cantineau).M"'Adèle TACHAUER,élève à l'Ecole pratique des Hautes

Etudes, 69, avenue Ledru-Rollin, Paris (XIIe) (MlleLivchiLzet M.Marcel Cohen).M. Maurice DRAY,interprète civil, direction des Affaires

ChériGennes; Rabat (Maroc) (MM. Marcel Cohen et Des-taing).M. Pierre Kikauka, maître de conférences à l'Université,

Riga (Lettonie) (MM.BourguetetLévy-Bruhl).M. Pierre SouLExs,interprète civil, El Guerrah, départe-

ment de Constantme (Algérie) (MM.Marcel Cohen et Des-taing).L'Institut Français de Damas (Syrie) (MM. Cantineau et

M. Cohen).L'University College de Swansea (Angleterre) (MM.La-

combe et Mirambel).Elections. Sont élus membres de la SociétéM"" Chauffour, Tachauer; MM. Bertoni, Dray, Fsikauka,

Paura. Soulens, Takamatsu; l'Institut Français de Damas,le Romanisches Seminar de l'Université de Leipzig, leSeminar fur Vergleichende Sprachwissenschaft de l'Uni-versité de Gottingen, l'University Collège de Swansea.Notule. M. J. SARoïHANDYconsacre une notule au basque

~Me~a (la lèpre). Ce mot s'emploie également pour dési-gner d'autres affections cutanées, les dartres du visage, parexemple. Dans ce sens, leguenac est remplacé par p~Mac

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SÉANCE DL' 20 JUtX t93t XXVIJ

(les crapauds) sur le versant méridional du massif monta-S-neux. s'étendant à l'Ouest du Col de Velate. Le nom donnéaux dartres est étrange, mais on retrouve ailleurs quelquechose de semblable. En effet, sur le versant méridional dumême massif dans la vallée de la Bidassoa et sur le versant

français des Pyrénées, elles sont connues sous le nom de

MC~Me/ac.Or neguela est aussi le nom de la grenouille, non

pas en France, mais dans toutes les contrées de la Navarre

espagnole qui viennent d'être mentionnées.Vraisemblablement neguela a d'abord été le seul mot

usité dans le pays basque pour désigner à la fois la gre-nouille et la lèpre. Mais, plus tard. cette homonymie aura

paru intolérable et la langue s'est visiblement eubrcée des'en débarrasser. Avant recours à la métathese des conson-nes. dont elle fait si largement usage (comparez /<2~<z~a'et~a~a/<7 correspondant à l'esp. navaja, ou encore belena et~e/?c/a remontant au franc. uc~e~?). de ~eyMc/c elle a tiré

/e'yMp/MZqu'elle a réservé à la lèpre et à ses variétés. De

plus, rapprochant neguela de ~Me~~(nager), elle a créé unmot nouveau, !<yMC/a:qui est usité dans tous les dialectes

b.tsques de France et qui s'étend aussi très loin en Guipuxcoa(comp. G. Bithr. /)~?/~ 1928, 5). Ce mot finira sans doute

par être l'unique appellation de la grenouille dans la languecommune qui est actuellement en voie d'élaboration.ConmmnicatioHS. M. A. MstLLETexamine les noms du

« pont » dans les langues indo-européennes. Le nom grecest ancien, à en juger par la régularité des correspondancestelles que crét. ~s'jpx et béot. ~su' Dans un vocabulaire

qui a beaucoup de traits communs avec le grec, l'arménien,on trouve /M~!M/ qui, sauf la consonne médiane, recouvrele mot grec. Le nom gaulois ~'ua et le nom germanique

seraient en quelque mesure à rapprocher, si l'on cou-

pait les mots grec et arménien en deux éléments. D'ailleurs,les noms du Kpont dînèrent d'une langue indo-européennea 1 autre.Observations de MM. J. Bloch, M. Cohen, Deny, La-

L'ombe. Sauva~eot et Vaillant.M. P. R)VETfait remarquer que les langues américaines

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XXVHJ PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

présentent, d'une part, une stabilité telle que l'évolutioninterne de chaque langue est quasi nulle, d'autre part, desdifférencestrès profondes d'une langue à l'autre.I] explique cet état linguistique d'abord par le fait que

l'évoiution des langues varie selon l'état de la civilisation,puis par l'influence du milieu plus le milieu est uniforme,moins la langueévolue(cf. le sémitique,les languesnègres),enfin par le fait que les populations américaines sont venuesà date relativement tardive de régions diverses, insulaires,dans une contrée où les conditions de vie étaient complète-ment différentes; comme elles sont arrivées successivement,elles ont subi le choc d'un milieu nouveau, c'est peut-êtreà cela que tient la diversité de leurs langues.M. A. Meillet insiste sur l'Intérêt du problème soulevé

par M. Rivet. Aux langues américaines à évolution lente,il oppose les langues indo-européennes, où l'évolution a étérapide. Encore convient-ilde remarquer que cette évolutionn'a pas été uniforme dans le domaine de l'indo-européen.pense que les conditions de civilisation ne suffisent pas

à expliquer les différences dans le rythme de l'évolutionlinguistique; il faut tenir compte encore des ~OMue~Me??~de population; l'évolution d'une langue est moins rapidelà ou les parlers ne sont pas isolés, et ou les sujets pariantsgroupés en ensembles étendus réagissent mieux contre lesinnovations.

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PROBLÈMES DE SUBSTRAT

ESSAf DE METHODOLOGIE DANS LE DOMAINEPHEH)STOR!QCE DE LA TOPONYMIE

ET DU VOCABULAIRE

C'est surtout un problème de méthode que je me suispropose dans cette recherche sur l'origine et l'appartenancelinguistique d'un mot « alpin Ht.et que f/<7/!f/<7.c'est-à-dired'un mot ayant survécu dans une partie du domaine des

Aipes et qui est dépourvu jusqu'ici d'une étvmolos~ie indo-

européenne plausible.Or, une recherche qui vise à déterrer et a isoler un type

du substrat pré-indo-européen en partant de formes affleuranta !a surface actuelle, ne peut garder une certaine solidité

que dans la mesure où les témoignages historiques l'ac-

rompagnen! et Fappuyent car tout ce qui touche à la pré-histoire est forcément hypothétique. C'est ]a ce qui justifiedans ce genre d'études la nécessité de coordonner avec

prudence tous les moyens de renseignement, d'intensifier,mais en même temps de discipliner rigoureusement leseflorts.Ceci posé, le problème de méthode consiste en générât

à savoir sous quelles conditions la comparaison des élémentsde vocabulaire prend la valeur d'un indice prouvant l'hypo-thèse d'une communauté d'origine. Dans Je cas particulierde ganda « gravier )', mot qui déjà dans le cadre des idio-mes alpins se révéfe comme une formation iinguistiquement.isoiée, les questions qui se présentent à l'esprit ahn d'abou-tir a une classification d'ordre plus vaste sont tes suivantes:E-ce que )e domaine du type "GA~DA,dont !es survivancesdans te vocabulaire et dans la toponymie paraissent at.tein-

</

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V. BERTOLDI9.

dre un maximum de densitéautour du massifde la Bernina,s étend à d'autres zones aussi hors de la région alpine?Peut-on proposer à la discussion des mots anciennementattestés servant de points d'appui à la chronologie du type?QDe quels moyens dispose la méthode comparative modernepour interpréter tous ces mots, témoignages anciens et sur-vivances, afin de réduire au minimum la possibilité d'homo-nymies fortuites, facteur toujours troublant dans ce genred'études? Ensuite, si l'analyse des sons et des formes nousconfirme dans la conviction, acquise d'après l'examen dessources et des aires, qu'il s'agit d'un élément inconnu ausystème des différentes langues indo-européennes, à quelleunité linguistique du substrat pré-indoeuropéen de laMéditerranée est-il permis de rattacher le type?Yoilu un ensemble de questions paléontologiques sur les-

quelles je voudrais ouvrir la discussion dans les pages sui-vantes questions concernant en général les deux aspectsde la vie du langage, au cours du temps et à travers l'espace,aspects intimement liés aux questions concernant plus parti-culièrement les éléments constitutifs du mot les idées, lessons et les formes.

I. LES IDÉES.

Les études comparatives des dernières années sur lesvestiges des substrats linguistiques nous ont démontrénon seulement que ce sont partout les mêmes conditionsphysiques, démographiques et sociales qui favorisent lasurvivance fragmentaire de substrats, mais aussi que cesont toujours les mêmes catégories sémantiques (motsrelatifs à des particularités du terrain, noms de plantes etd'animaux sauvages, etc.) qui sont les plus profondémentenracinées dans le vocabulaire et qui opposent aux inno-vations la résistance la plus tenace'.

4 Meillet, par exemple,a supposé« quele grecet le latin ontindépendammentemprunté d'unemanièredirecteou indirecteà unetroisièmelangueinconnue))notammentdesnomsdemeteM.etdeplanteset engénérâtbeaucoupdetermespropresauxcivilisations

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PROBLEMES DE SUBSTRAT 9S

Cette constatation peut être étendue naturellement aussiau domaine de la toponymie: ici, tout comme dans ledomaine du lexique, la possibilité d'une même sélectiondes catégories sémantiques restées au cours des âges les plusparticulièrement isolées à 1 usage des ruraux. Car la topo-nvmie est. tout d'abord, une convention cntrelesindi~ènes.En face des envahisseurs- les indigènes gardent une certaine

supériorité dans la connaissance des lieux et dans l'art demaitriser et d utiliser les forces naturelles du pays. Il enrésulte que les noms de cours d'eaux, les toponymes relatifsau relief; les noms des localités. en ce qui concerne la fauneet la flore, restées il l'état presque sauvage et. enfin, lesnoms des habitations humaines les plus isolées peuvent bienêtre considérés comme les Ktémoins du substrat" les moinsfautifs.

1. Le type 'GAXDA(Alpes) « terrain rocailleux à la suite d'unéboulement de la montagne et GAKDADtA(Pyrénées) attestépar Pline avec un sens analogue.

A une de ces catégories de caractère éminemment conser-vateur appartient aussi le type *GAXDAsignifiant « terrainrocailleux à la suite d'un éboulernent de la montagne ». Le

type a attiré depuis longtemps l'attention des linguistes quil'ont classé dans le groupe assez nombreux de mots préla-tins des Alpes; et cela surtout à cause de l'isolement des sur-vivances et sur la foi de fossiles dans les zones germanisées.En effet, l'aire de ce type comprend la région des Alpes

eseennes « dont le centre le plus briitaiU était en Crète '). -U~MOt're.sSoc. ling. Paris. XV, p. ')H[ et. aussi A. Cunv. Les mots f/c /<M~spréhellénique en <ec, en latin et en sémitiqueoM<deM<a/(Heuxe</esétudesanc!ent:es.XII. p. t5-!).-t. Cbr. SchneDer.Die roman. V(~smM(/3G;SaIvioni.oM.s<or.

Su: étal.. XXI. 89. ?. n. i: ~e<t(/. f.s<.Z.om6., XXXiX.Ctj;P. E. Guarnerio, ~c<it/.Js~.Lo/;t~ XLL ~H6;.). Ju'.i. f//tz/. t'o~/t.,Ht. 9 (avec une riche bibtiogr.tphie): A. l'rati.t)'eA. {//o~. /fs~XVIII. ~~O:C. Battisti. S~«~ «' sto;'M;/ut~tt's~.e /<s.o't. 'e)!tt'KO,p. 38: P. Scheuermeier. ~tn:f j3e~c;e/t;t./;<r <~n Be~ < R~7t~)'(Rt; X~P/t/< (Jfj. H~.

Page 131: BSL 1931- 32

V. BERTOLDI<)6

Rbetiques et Lépontiques, en s'étendant aussi aux valléesallemandes du Tyrol et de la Suisse, où *GA~DAjouit d'une

grande vitalité non seulement dans la toponymie, mais

aussi dans le vocabulaire.La valeur sémantique du type là où il existe encore dans

la tradition orale comme appellatif, est presque partout la

même avec peu de variantes Valtellina ~c~r/a « massi

staccati da roccia » (Monii), Val Bregaglia ganda « china

sassosa a (Guarnerio), Canton Ticino gana « rovinio di

pietre sfasciatc », Val Mesolcina ~c~a « morena », Val

Canobbina ya~a « scoscendimento di terra. o sassi a (Sal-vioni). Val di Non ~M « superfice sassosa » (Battisti),Engadine gianda, ~OM<~G « mit Gerulle uberscbuttete

Gegend, Masse von Felstrummern an Bergabhangen undin Thainachen » (Pallioppi), Suisse allem. ~CM~ etc. « Fel-

scnsdtutt.Gerollhalde; dem Steinschlag, Bergsturzenaus-

gesetzte, von Steinen oder Felstrummern bedeckte Gegend;Grien oder Geschiebe eines Flusses, Kiesgrund, Kies. »

(Scli\veiz. Idiot. !I, 336), Valle dell' Isarco gand, ~a~« Abhans mit Steingerolle; Haufen abgerollter Steine »

(Tirol. tdiot.. 176), etc.

D'autre part, les conditions du terrain des lieux nommés'7<M~ confirment les données sémantiques du vocabulaire

t. P. Monti, Vocab. dM!.c:'tM e diocesi di Conto~p. 92: « terreno sas-soso. sparso di rottami di roccie )), Bellinzona « ammasso, rovinio fHpieh'c sfasciateo rotoiatedal monte)), ~ppe?t<p. 43; VaiteHinagan~: imassi di roccia sfasciata )) Bormio ~s~<inds « scoscendimenti sas-

sosi deUe montagne o, unags):~ de krap « un'erta di sassi )', Longa,.S~<dtromanzt, IX, 78 P. E. Guarnerio, Appunti lessicali 6t'e~a<;hot(t('K<-t! Jst. Lomb., XLI, 396); Salvioni, Il dialetto di Poschiavo, 6:3tioHctt..s<0! St't'ss. ital., XXI, 92,.n. 1 XXIV, 63 XIX, 1S6; SttMH/t<o/or/Mt'OHi..VIII, 9; C. Battisti, Die JVoKs6c)'s'6r~Mndst't (Sttx6..l/;a~. Wi6' 160), p. 21, '?6 n.; B. Carigiet, Ractorom. (surselvisch)~)'fer& t30 la g'oK~tt« der Felsenschatt » (cf. aussi Pult, Le parlerde Sent, i897. p. 128).Dérives Val Maggia., gctnits « pieno di gane » (Arc/t. <j'toM., IX,

2[8~. Engadine s':andtM « voll Gerûlie oder Feisenschutt » (Pallioppi);Brissaso (Varese) ~SHC~ Kammasso di pietre formatosi in seguitoa ascoscendimenio della montagna» (Salvioni, BoM. st. SMz:. !taL, XIX,)5ti): mi)an.Brianza~<:)tfMft « sasso, ciottolo » (Banfi); tirol. gàn-f~«:/t. eoHect.. « Masse ùbereina.ndergestiirzter Steine », gandig « stei-ni: rauh ). (Schopf, Tirol. Idiot.. 176).

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PROBLÈME? HH-LUiS'nn'r 07

de tcUc sorte que toponvrnes et appellatifs s'éclairent lesuns les autres. On a, en effet, presque toujours constaté,dans les diH'érentes localités ainsi nommées, des ébouie-mcntsde la montagne qui ont donné naissance à des éten-dues de graviers plus ou moins vastes CM~a~~c « sulversante itatiano de) valico Spluga carattcrizzato dallo

sgretotamcnLo ciciopico della montagna » (Bertare)Ii),YaI6'M (Varcsc) « dove una forte ~a~a è ancora visibite ».~'<7/<?K7/<e (Val Bavona) « il posto di una frafia di dataantichissima M,<?oyMû/a(.Mesocco) « cosi citiamata daunavicina ~c~HC o morena )) (Salvioni); G'<2M</a,a. i41t,6'a/< las ~oMofo'.y, las Ca~e~, Z.af~f?~' f/e//a Gonda,etc. (Grisons') « mit Gerôll oderFeIstrummern uberschuttetc

Ccgend » (Kùbicr). 7/oA-CaM/ « Bcrg an der Grenze vonEmmental und Entlibuch, seiner zerbrôckeltcn Gestalt

\\egen so gcnannt N. Gandria (Lugano) « pittorescamenteatnmassata su un pendio sassoso », ~7cM(~<oe/t'(Glarus)« in grosse Feisenblocke zerfallend, welcbe ausgedehnte6'(/e/~ Schuttfelder, an mehreren Seiten des Gebirgsstockes])itden M(Sc)t\veiz. Idiot., 11,337; Geogr. Lex. Sch\vciz,JH. s. v. I~gli, A'OM.~e& 3H); in G'a/Me~ (Stelvio)« do\'e convergono due grandi frane che poi si incanalanoin un unico letto » (Battisti), etc'.Ces exemples ont été choisis parmi les plus instructifs il

serait aisé d'en allonger la liste. Même sans l'appui des

appeUatifs, cette permanence sémantique dans les toponymesici énumérés suffirait à elle seule à justifier l'hypothèse que

4. L. V. Berta[-e)ii,P/e~o~e. Lombardia, CantonTicino, II(tH23).p. fSo; C. Salvioni. Boll. st. Srizz. ital.. XXI, 9'i XXII. 92 XX[V,(! .t!n'<'ard. BsM;de toponymie,p. 't93; A. Kfihter,Die roman.t<.~CM/sc/tc~Ofrf~'c/tA'e/ts~amendes Es~o~s &rau6Mt!d< t93C, p. 1SO-m C. Battisti. I no<Ktlocali del CoMM~edi Stelvio, '[930,p. 39 (et à)t)page 63 Gandaccen« anfiteatro morenico »).Cf. aussi C. Battisti, ZO~VF.,I, 228; Arch. Alto Adige, XXII, p. 2')

et 39 Sillage Ascoli, p. 430 E. De Toni, Repertorio sf~o~ra/icodel-l'Alto Ad~e, t920, p. 74 A. Prati, Ricerche topon. trentina (Arch.f;~o«. ital., XVI!I, p. 220); E. Gamnischcg, Die roman. Or<s~f!!K.(les LfKterfi~se/tgwts('< FM<sc~r:t ~9. jVe;tp~o/. Ber/n », t92{,p. 23); D. Oivieri, 7'opo;t.veneta, p. 266; M. Gnatzata, D; alcuniMmi locali del Bellinz.c Locarn. (Bt6<.Arch. Rom.VtU/2), p. 53.

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Y. K!:RTOLD)HS

sous les différentes formes G'c~c. Cc?; Gana, Gagna,6'c. Gonda, Gant, etc., soit cachéeune base commune.Maisle malheur est que tous ces fossiles du langage, appar-tenant soit au vocabulaire soit à la toponymie, sont lesmoins attestés dans les sources anciennes.Cependant, 1 ensemblede significations dont chacune sen-

cadre autour du même noyau sémantique (« gravier à lasuite d'un éboulement de la montagne ))), suggère l'idéequ'il y aurait un rapport entre le type *GA~DAdes Alpes etun mot attesté par Pline comme étant en usage dans lesmontagnes de l'Ibérie avec un sens analogue. Dans ladescription des mines ibériques et des éboulements néccs-sinrcs a la découverte de l'or, Pline nous parle, en effet,d'une sorte de terre très dure, mêlée d'argile, nommée par-ies indigènes GAKDAD[A(cAKGADtA).Voici le texte qui nousintéresse: « Tertia ratio opera vicerit Giganturn. cuniculis~n aurifodinis Hispaniae] per magna spatia actis cavanturmontes lurernarum ad lumina. in silice facilior existimaturopera. est namque terra ex quodam argillae genere glareamixta GANGADtAJM(GAKDADIAMCod.Par., GAXDEDtAMcod.Flor.,c.~DiDAMcod. Par-, 6801) vocant, prope inexpugnabilis..'uncts eumferrcis adgrediuntur et isdem malleis nibllque(iurius putant, nisi quod inter omnia auri famés durissimaest. peracto opere cervices fornicum ab ultime caedunt.~at .si~rnumruina, camque solus intellegit in cacumine eiusmontis vigil. mousfractus cadit ah sese longo fragore. spec-tun! \ctores ruinam naturae » (Hist. nat., XXXIII, 70-7~).?\ous sommes donc ici dans l'ordre d'idées de la famille

df ~GA~DAsurtout l'allusion à la « ruina montis » rappellein signification prédominante de ganda « rovinio di pietreprodotto da scoscendimento della montagna » (Salvioni).'('cijustifie l'hypothèse ici avancée que le groupe des appcl-httiis alpins ne serait pas séparable du mot attesté par Pline.U'' plus, la comparaison avec *GAKDAnous permet de choi-sir comme point de départ parmi les variantes de Pline lai~rme GAKDADiAdu Codex .Par~MK~ appuyée aussi par'.A~UEDtAdu Ct/</e.T/Ï!'CCQ'/Y/M:MtM.G<'est pas le seul mot exotique qui a dû frapper le flair

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PROBLÈMES DE SUUSTRAT 99

linguistique de Pline. A côté de GANDADtAPline mentionneune douzaine de mots se rapportant tous à ]a termino-logie technique des mines: AGOGAE,AprrASCus,ARRL'GtA,)tALL'CA,BALUX.CORRUGUS,CUXtCULUS,PALAGA,PALACUR~'A,SEGUT!LUM,STRIGILES,TALUTtUMTASCONtUM,CRtL'M,motsqui. en même temps que les récits des auteurs grecs et latins,témoignent de l'intense activité minière de l'Ibërie. Or, s'ilY a un trait commun à tous ces termes, de caractère néga-tif. il est vrai, c'est qu'ils sont tous d'origine obscure. Riende surprenant à cela car les auteurs anciens attestent una-nimement que les gisements aurifères de l'Ibërie avaient étéen grande partie exploités par les Indigènes dès avant laconquête romaine. César décrit, par exemple, les « Aquiianilonge peritissimi » dans l'art de pratiquer les galeries desmines (CUNICULI),« propterea quod multis locis apud eosaerariac secturaeque sunt » (Z)e6. G., III, 21). C'était untrait que les Aquitains avaient surtout en commun avec lesCantabres (Pline, XXXtV, 1S8, 164). Cette supérioritétechnique des peuplades cantabro-pyrénéennes à l'égard desRomains justifie les richesses d'une terminologie minièreindigène, dont Pline nous a transmis les curieux échantil-lons mentionnés plus haut.Mais lorsqu'il s'agit de démontrer à l'aide d arguments

purement linguistiques l'appartenance de tous ces mots auvocabulaire indigène, en essayant de les rattacher à l'une(tes couches préhistoriques delà péninsule, on ne peut s'em-pêcher de reconnaitre le caractère incertain et probléma-tique (le tout rapprochement. C'est donc en tenant comptede ces réserves que l'on voudra bien accueillir la tentativede découvrir dans le vocabulaire basque en tant que lemoderne euskara peut être considéré comme le dépositairede la tradition linguistique indigène des montagnards pyré-néens des points d'appui pour l'une ou l'autre des for-

1. Aproposde TAUjTtCMet du groupetoponymiquede TALA-(parex..dansTALA-BRiCA,Pline,IV. 'H3.TALABARACIL.,II. 433.T<x/.K;-nvT)Plo! II, 6, 27)à l'intérieurde la péninsuleibériqueet, en gênerai.dansledomainede laMéditerranéeje renvoieà monarticle« jL):<<eA!floni nellatoponomasticamediterrancaincrociantisinellaSardegna»/Mo!ttne~a(opoKomc!s<<f'Œmedi'ten'aneamc~ocMKtts:Me~aSa)'e!<a »(Heut<cd6/tn~MM<!<~<6t'onM)!6,IV,3M-330).Cf.aussipa~.~30e~suiv.

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Y. HHKTOLDt~n

mutions signalées expressément comme « hispaniques » parPline. Au risque de m'egarer, je voudrais, par exemple.comparer le mot umuM (Pline, XXXHt, 75 « si fluensamnis lutum inportct, id genus terrae umuM vocant », ()ueWaldc nous donne comme un ibërismc probable du vocal~u-]aire latin) d'un côte, avec UtuuM ilumen Baetic. (Pline, HL7) et UnA. j. Mataviejas, l'afuuent de l'Arlanza qui couleprès de Santo-Doming'o de Silos (Burgos): et de l'autre côtéavec ~AaKC~M.~/o, 6~y?!S, noms de plusieurs ruis-seaux dans les Basscs-Pyrënëes, et, enfin, aussi avec UnAîons(C!L., XM, 3076) dans le Gard'. A toutes ces forma-tions ic basque pourrait fournir un précieux appui avec sanombreuse famille de types se rattachant à M?'« eau », soiten appeliatifs (M~Mf~: « rivière )), M?'a~r « fleuve », M~« inondation ». My~ey!« source », M~yo/ « eau minérale »,etc., Axkuc, IL 36i.-366) soit en bydronymes (~7/'o/<~~yo~~ei'a. ~'yc&ca. ~7/*yMe~a,ruisseaux ;Lucitaire, 182).Un autre appellatif dans le vocabulaire basque trouve

peut-être aussi un appui TASCO.\n'M;attesté par Plinecomm:' appartenant à la même terminologie technique des« metaHarii » de l'Espagne. Le mot désignai! une sorte deterre avec laquelle on fabriquait des creusets pour la cupel-iation de l'or. D'autre part, dans la « Yita Sancti Theo-dardi est mentionne le nom. de fleuve TASCOXEM,j. 7~co/!

(et y<?co~:<?/. un des afMuents) entre Montauban et Tou-fouse. Yoici le texte 2 « [Mons~ Aureolus, ad cuius montisradiées uuvius quidam decurrit, quem indigcnac rcgionisipsius TAScoKEMvocant: hic sue' decursu confinia Tolosani

naturcensisque ruris, liquide dirimit patenter inHuxu; quipraedicto monte recedens. post modicum terrac spatium

i. A. \V:d'te.7~M)t. f~MO~.~'<)'<c)-&p. 8(i0; E. Hnbnor..)7o)!?~ientali)igie(iclbei-icac,I>iolcgom.LXXXIII et p. -2~21Bolùer, ~lIlecli.;)«'n(<!~)«/t'n'c~&6!Me,Pt'o/C!yom.LXXX.HIet p. Mt !io]der, .U<M~..Spr..Ht. 3!. -M; Bourcicz, Bt<Me<~AMp<t)):'$Me,III, 1S9; P. Uay-oinud. Die~'onn.topogr. BsssNs-Pyt'enM!18't H. Muver, jBt'n/ derrOtcAr'sf;.JwtMcTopon.F/'aK/T'MC~M(St~&. ~a; W!'cK,t75).p. tS.Cf. aussi fJ)'K)~j.r<)nipIon:t.L'n«.i(7(\'atinf)o!id).U)'Ke~<M(Sea'OYiH),t'nl/il/alfl(!'o!¡l"oîio),:lleyer-LÜt5l:e,llom..llctzénrtc~l'irlal, 1, îf~ t"llf.'<'M~!<e~(Lo~rono).Mcyer-Lubke. Hom.~Uet:e;)f~ J':(/a~t, 7<! r)'et fidrivM. cf'. Ift'M. (~. cf:<f:L,t')'2~.p. 7; Uwf (S" Antotin deth).js).Cf. aussiSelmtLen,A'<t?H<t;tfM.t, 7n.5..t' Saxchirtf)?!Maii.I. p.)~i.

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PnOHI.ËMLS DE SUBSTRAT t~t

Tarnoimmergiturt]uminiM.Ëncequiconcerne.Ias)ruc-turc. le tvpe TAseoxEM(TASCOKiuM)est comparable à des for-mations telles (;ue VASCoxcs « gens 1-lispaniac Tarraconen-sis ))(PJine.tH, 22). nom de peupic qui sur\'ecu, on lésait,dans le C'76'c~ d'aujourd'ftui En ce (lui concerne, parcontre. )i()ee, la concordance entre TASco~uM « terra aH)asimilis arn-iHae, ex qua catini uunt (/ Ko~ XXXHï,69) et le basque /<yc'? « argile blanche qui entre dans lafabrication de ia porcelaine )) (Axkuc.It, 285), « terreI))a!~be » (Duvoisin) est bien frappante. Mais <[ue) est ic

rapport entre les deux types ? A l'appui de ia forme basque;sans invoquer des douhlets typiquement basques tels que/7.')7<'o-OA7<« gravier M(Axkue, 1, 502)'. sunit-il de pen-ser a t'influence analogique de ~"o.s7f'c(Azkue. it. 29~!). mot

qui a il peu près la même signification que /û~'<7? En toutétat de cause, la comparaison avec TASC-j-o~L'M]est d'autant

ptus justineequelc vocabulaire espagnol ne semble posséderrien de semblable. Par contre, le dialecte de la Montana

(Santander) a conserve le mot ~<x~ed/?« la tticrba recocida ))

(Garcia-Lomas) qui du point de vue sémantique correspondparfaitement au basque ~o~<x terre gazonnée Mde Tardetsen Soute. De ptus. le même type, mais sous la forme /06'/t'oc motte de terre couverte d herbe N, est répandu dans les

montagnes du Béarn sur une zone qui va du Pic d Anie

jusqu'au Cirque de Gavarnie et s'étend aussi aux valiees

1. 0~=.<.)~; (Straho, III 135, t6t), O~sxo~; (Pto! Il, 6. tO,67),cf. E. HuhMr.O):c)!<<! ~nfy.jf6er.,pag. 2.t3; H. Sehochardt. ~&sr.f)t; (St<z6.~af/. ~'fK. !~7), pas:. H cf. aussi HAf.snoxfs(HAL-'-<;f)TAHms~.TALScox~.noms de pci's. de ]'Aq)iit:tine(p. f'S)et Tapojj/.M'y(Ptol., If, 10. ~). j. Ta,a.~co~~ TABUSCO.ÇIE-Xc;Es''Ptot., If, 10. S), j. rf!ra!Cfi (Douehes'du-Rhone),TARUScoxtEXSESt'Ptine. ft[. ~f), T'~r<:sco)!(Arièec) Tarascon (Ga)iec. Orense). cf.it'Arhois de .)u!)ainvi))e.LMp;'cm!'er.<!/<a&:<If.t0~ H. Grohier. !76fr!_t'r. ?<.Bed. /nf! Or~sM..p.3~; P. Aebischer, Études de fopon?/-~i.eM~~n'iM8.p. I6~ [?6]. TAScoouxiNarb. (P)in.,Ift.37)= TAscox;? Hilbner. 2~6.

H. S~'huchardt. Bas~se/< x. ~omM<sc/t(~<:</f.Xe!/sc/<r.<o;</t' )90G).p. ti C. C. rhienbcck. B<<t7<ye CN«')'po'/.otft/t'/trr</r'rbasl.. dialecte, p. tt t!. Gave).E/cmt'n<sde p/t0)tef'tjf'/c'()!fEt!.X[).t'~)),p.~O.Cf.aussi~)'r/-A'<ar,arr/-Ao~ors-t'~vipr.pw-rrHines<.f~Azkue.I. 7~).

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Y. BEUTOLDt102

supérieures du versant espagnol (<a~c à Ans6et àBielsa)'.Au groupe du Béarn se rattachera, enfin, à travers l'hydro-nyn)e TAScoxEMde la Gascogne toulousaine signalé plushaut. l'ancien provençal tasca, tasque « tranche de terregaxonnée » (a Erdidumpen ))?Levy-Appel, VIII, 71).Si l'on veut, maintenant, réunir tous ces débris isolés, la

vague allusion de Pline à l'Espagne va prendre une valeurgéographique plus précise, le domaine de TASC-[-ON)UM]sctrouvant ainsi étendu à une unité physique qui a pourpointsextrèmes Santander et Toulouse et pour centre le systèmeorographique des Pyrénées. C'est dans le cadre de cetteunité que l'on a essayé, et parfois non sans succès, dejalonner un substrat linguistique dont le basque dans sonextension actuelle représente un ilôt.

2. Le type <yaM</arû:,etc. gravier, terre inculte o (chaînepyrénéo-cantabrique) et les données de la géologie.

Ces deux exemples avaient surtout pour but de montrerque les céments de vocabulaire qui entourent GAKDAOA(GA~GADtA)dansla source de Pline peuvent nous fournir desindices précieux sur l'appartenance du type non seulementun milieu social déterminé (les mineurs), mais aussi àune ancienne unité linguistique signalée par toute une séried'isog!osses. Plus qu'ailleurs c'est donc à l'intérieur de cetteunité que t'en est en droit d'attendre des survivances frag-utt'ntaires du type; et en effet, dans le pays basque un typetoponymique se rattachant à une base *GANDAest bien repré-

't. Cf. aussi G. Rohifs,BasMscAeReMh~)'~?-,ZRPA~.X.LVH,p.-K)Ril fautpourtantremarquerquela famillesémantiquedeTASK-battre».etc.. étudiéeparM.Jud, RomaMKt,XLIX, p. 4)1 (TASCO-onuG))ne doitpasêtreconfondueavecle groupeibériquequi a unetouteautresignification.Hubner,.UL.f,Proleg.LXXXIII,comparele type TASMNJUMavec-TASCuscontenudans lecomposéAPiTAScns(Pline, XXXHI,69), enrappelantle nomibériquede pers. TASCASECERMiSCIL.H, 206'?.Sil'ontient compte,enfin,desvariantes a pila scudem,sp!t<MCMNem,ac pilis etf~tK{.ap~s.scxdemdes.manuscritsde Pline, FappuideAt'tTASCL'~~ppara!tbienfaible.

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PROBLEMES DE SUBSTRAT 103

sente. Dans ie riche recueil de Luis de Eleizalde sont énu-mérés les toponymes suivants biscaycn G'c?ï</z'cattesté dèsle xvf'' siècle, 6'<x~c~<cy: mentionné dans un acte duxv;)'' siècle (Arch. parr. Santiago, Bilbao), Gandias, Gan-

~c~a, 6'<7~<c'~a~, ~'<2~cfa/~<7~ei! <?<M</o,6'o'<7o~e/a<guipuzcoan <7f<y'o~a labourdin Ganda, G'a?«~M,C~cra~. etc. De plus. au delà du domaine basque onretrouve des traces de types analogues dans la toponymiedes régions romanes situées sur les deux versants des

Pyrénées.C'est ic cas notamment pour le type catalan Gandarias

(Barcetona) dont l'identité complète avec le biscayen 6''<M-e~MM (et C'aM</a~'M~C!~) vaut d'être soulignée. C'est lecas encore pour les types Gandaille, sous-afnuent de laGaronne (Lot-et-Garonne), Gandoulis (Tarn-et-Garonne),Ganac torrent (Ariege) et Gandey (Gironde) de l'hydrony-mie ou de la toponymie cispyrénéennes.Mais ce qui surtout mérite de retenir l'attention, c'est la

présence dans le vocabulaire de la Galice d'un appeIIatif~M-~yc! signifiant « ticrra baja inculta, v Dena de maleza )',appellatif attesté dans ia région par toute une série delocalités homonymes. M. PbiHpon dit expressément, peut-être avec quelque exagération, que « ~<M~<7 « terreinculte » désisne une soixantaine de localités de Galicea côté de <?<77!<~<2rc.on rencontre la forme syncopée Gan-dru, ainsi que la forme <?<x/!f/aM Le lien entre le groupee

pyrénéen et le groupe cantabrique est, enfin, constitué parLa 6'aM</H~aet La Ca~a~~Y/G;, deux toponymes de San-tander. de sorte que. ici encore, on entrevoit cette unité

signalée plus haut, à l'égard de umuM et de TASCONiuM,

L. (leEieizaide. L<s('7sf!c!6et;Ms de uoecs<opoHOMfM~'CHsoesca~dans la RIEB, XIX (i9M). p. Mt.

E. Phiiipon. /ioMMttM,XLVni (19M), p. 7 M.Piel de i'Univer-sité de Coimbraa eu la complaisance de mesignalerles types suivants:CMTt~r~Ponte de Lima (Viana de Castelo),Ga~~p'aExposende(Porto),Gofi~raParedes (Porto). Gandro Yalença (Viana de Castelo), G~ndt'ade Cambra (Aveiro), Gandarela Guimarâes (Braga).Cf. aussi A. A. Cortesào, Onomas<tcomcdtf'fc~por(!<M, Lisboa

H_)')2:Ga;<da~ft,Gn~ereda 't258, Gattdere;m0.

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Y. Min'OLDtUM

''tubrassant le domaine des Pyrénéesavec l'ancienne Asturiaet la Cantabria, d'un côte, et avec l'ancienne Aquitania, del'autre.Mais, la Galicie exceptée, partout ailleurs dans la pénin-

sule ibérique, le soutien du lexique et, par conséquent,lu transparence sémantique fait défaut aux toponymesici mentionnes. Dans ces conditions, c'est àla géologie sansdoute qu'il faut avoir recours~; c'est à la géologiesurtoutqu'ii appartient de jeter de la lumière sur l'origine de cha-que toponymc et de nous renseigner sur la possibilité departir d'une réalité physique commune. Le malheur est que'-e contrôle n'est pas toujours facile à obtenir. Car, s'il estvrai que pour la région ici étudiée nous avons la chancede posséder les travaux amples et précis des géologuesMAI. Harrois, Mcngaud et Schcu il n'est pas moinsvrai que même la description la plus détaillée ne tientcompte que des traits géologiques qui caractérisent une zonedéterminée sans aucun rapport avec la toponymie.Dans le cas particulier, la question qui se pose est, tout

dabord, la suivante: est-il possible du point de vue géolo-gique d'identitier et de délimlter_Ia zone montagneuse de]'ihé)'ic laquelle fait allusion Pline à propos de GAKBADiA(nA~GAD)A)?Il s'agissait; on se le rappelle, d'un terme enusag'' chez les mineurs pour désigner un conglomérat d'ar-gi)e mêlée de gravier extraordinairement tenace (« propeinexpusnabilis ))).Or, M. Scheu dans sa monographie asignalé une formation typique analogue localisée en Gui-puscoa dont est constitué, par exemple, lemont Adarra prèsde San Sébastian. Pour plus de précision, voici le texte'< Die pandielen Hôhcnzuge im Osten von Guipuzcoa.sind mcrk\vurdig schrofi ansteigende Schichtkamme, diedann gc~vùlmlichaus Konglomeraten bcstehen, deren ein-xctneGerullc so fest mitZement verkittet sind, dass sie zu

L (~ ]!arrois.R<'c/«')'c/tM.<tH'tes{e)')Y<Ms_a)ictsn.sdesA.!<t<)'Met<<c~/<cf. LiHt. 1883 h. Men~.tud,Kec/tcrc/tM~eo~ogrtfjrMM~)'s la

rt')! ca!tf'f~rt~«(:(Thèses/<:CMMesciencest<n<u.J'a)'s) i!)2f) Prof.)r K.Sfhpu.D~.sK<;n~<t/)r!'sc/f<'Ge6t)'~<;tf)tddieno)'f~/)ft)n'ie/<cR.M'tCM<.Ut<;<df'TGcseM.y. E)~Hf~ SKLc-tp. XLtXj,~30, p. aO-'iM.a.ilittcil.dcrGcsell.f. ~rdl;mtclczu Lcip:.ig,\LIIj, 4J30,p. °30-186.

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PDOttLÈ~ESnn SDtSTRAI tOS

den widerstandsfahigsten Gesteinen des ganxen Gebietesxahlen. Aus soichen Kongiomeraten, di<' gcmeinsam mitSandsteinen auftreten, besteht der 837 m. hobeMont Adarraim Sudosten von San Sébastian a (pag. 20). Encore qu'ilimporte d'éviter toute interprétation trop rigide et tropexclusive, il semble bien ressortir de cette recherche que surtoute i'etendue de la zone explorée par M. Scheu il n'y arien qui soit de nature à rappeler plus typiquement les don-nées du texte de .Pline. Ccst là donc une possibilité d iden-tifier une des formations du sol correspondantes à GAXDADiAidentification d'autant plus plausible qu'elle trouve un appuidans la présence en Guipuzcoa et en Biscaye de toponymesdérives de ~o/a. Si par la suite elle se confirme, le dou-blet GAXDADtA-GANGADtAtout autant que les autres mots men-tionnes dans la mono description des mines ibériques serévélerait comme un témois'na~e précieux d'une langueparlée à l'époque de Pline dans la mème zone pyrénéenneou se parle aujourd'hui euskara. A l'égard (le L'iuu~!« eaubourbeuse d'un torrent » (Pline) et du basque M?"« eau »on peut même entrevoir un rapport génétique entre les deuxétats de ianguc. tout en restant dans le domaine du voca-bulaire.D'autre part. ne perdant pas de vue la signification pré-

dominante de~a?!~ dans les Alpes, à savoir « gravier a )a suited'un éboutement de la montagne )'. la ~éotogie nous ren-

seigne sur ie point auquei les conditions physiques des ioca-htés nommées 6'a/M/a etc. dans les montagnes de la pénin-sule ibérique peuvent justiner une interprétation sémantiqueanalogue a celle donnée aux localités homonymes des Aipes.En eiTet, à propos des toponymes La ~M~c et Z~/ ~/<x?ï-darilla, provenant tous les deux de la région de Santander,il semble bien que cette interprétation soit possible, et même

probable. Car, à La 6'o~<c/a, localité située dans lesenvirons de San Vicentc de ia Barquera, JI. Scheu aconstaté des conditions du terrain typiquement rocailieux

comparables à celles des plusieurs &<7Mf/f/des Alpes. « Zwi-schen diesem San Vicente de taBarqucra und dem Ostendedes ()uarxitzuges M. écrit-it. « liegen auf diesem Piateau

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Y. BERTOLDI106

ganz unabhângig von den TalsystemcnGrerollejedcrGrossemit sandigem Lehm a (p. 84). Et, de toute évidence, ce nesera pas l'effet du hasard si aux mêmes conditions du solcorrespondent deux autres localités La GsKe~C! et La.4M</ara l'une située dans la chaîne de montagnes quisépare la vallée de Mena (Bilbao) de la vallée de l'Asôn(Santander), l'autre, avec « Las Minasde ~.K</a?'6[» sur laponte rocailleuse du mont Contés, faisant partie du systèmeorographique des Picos de Europa'. M. Stickel, professeurde géographie physique à l'Université de Bonn, qui toutrécemment a exploré cette zone dans les détails, a relevél'aspect éminemment âpre et rocailleuxde la localité nomméeLa 6'<Mte~<2,dans une gorge de haute montagne où s'amas-sent desdétritus deroches à la suite de fréquents éboulementset où convergent les eaux qui donnent naissance au Rio de la6'~Mc~ara Faut-il souligner ici la parfaite coïncidenceavec la situation géo-morphologique des divers 6'<2?«~ades Alpes? Il suffit de signaler la remarquable correspon-dance des toponymes Lavin de la 6'NMafcya(Santander) etLauMpr de la 6'oKc~zprès de Z~u:'H(Grisons)' pour êtrefixé. une fois de plus, sur la plausibilité du parallélisme iciinstitué. C'est là ce qui nous rend moins hésitant à réunirsous le même point de vue, malgré l'alternance de la sourdeet de la sonore initiales, les types dans les deux domainespassés à désigner des pas de montagne Pa~o < Ca~cfa~o

). Tousces toponymesse trouventenregistressur la « J~apamili-tfrritinerariode jEsjMoa» (tUa..M.~que j'ai pu consultergrâceàl'amabilitédeM.Stickelde l'Institutdegéographiede l'UniversitédeBonn La <ra~df!t'!Maprès de la sourcedu RioEntrambos(Ma.Hoja4); La Candaraprès de la sourcedu Rio de la Cam~o'a,l'affluentde t'Asônquibaignele petitvillagede Lavin(Afa.Jf<.Hoja,tS) AndaraavecLasAftHasde~mdaraet à peudedistanceLasJft~asde Ve~ss(~s. Mi.Hoja14).2. M.Stickela eula complaisancedemerésumerdans les termessuivantslestraits géologiquesqui caractérisentla Ca~dara « DerKatkgebirgsstock,den der Itio de la Ga)!dsrakurz vor seiner Ein-mundungindenRioAsôndurchbricht,zeigtausserordentlichschroffe,fcisigeAbhange,unterhalbvondcnensich ausgedehnteSchutthaldenausbreiten».3. A.K.ubter.Dieroman,u. deutsch.Oo'tKcAA'.Grau6MHdeK,1937,p. ~t.

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PROBLEMES DE SUBSTRAT )07

(Alpi Orobie), jPc~o de la 6'~KC /Ve~<~ (Alpi Lepontine),C~ la Gonda (Somvix, Grisons) dans le domaine alpinet /~Mey~o de Candandiu (Paso de Aspe, Pyrénées), .Po~7/c

de la 6'ŒMf/a (Sanabria, Sierra Segundera)', ~Me~o Canda-

?<e</o sur le Monte C'CM</a~!0 (Grado, Asturies) de i'orony-mie ibérique. Les deux derniers types, Ca/M~~o et Can-

danedo, sont d'autant plus significatifs qu'ils trouvent, dune

part, un appui dans les deux ëpithètes topiques de Toux

CAXDAMto et 7oM CAKDiEDONi (dat. C/Z., I1, 2695 2599)'attestées par deux inscriptions découvertes près de Grado en

Asturie. et que, d'autre part, la géoiogie, constatant au Nord

et au Sud de Grado dans toute la zone du mont Candamo

la présence de vastes graviers confirme une fois encore

l'interprétation ici proposée dans le cadre sémantique de

~c/c « gravier », etc. des Alpes.

3. Le type GANDA~> GAK(x)A « terre inculte H du Midi de la

France et la glose d'Hesychius /?::

Les Pyrénées et les Monts Cantabriques semblent donc

1. F. Krua-er. Die Gcf~ns<aK(/.9/<~Mr SaM&M.< Mn(/seiner A'r;c/;6ar-gebicte, Ein Be!'fra'/ zi<r .s;MK«cAcMKt:(/ pot'<My!M!'seAe~~'o/s/f«t)~6,'t923. p. 6 et d02 (Canda, Ca'<f/< Candaido, Candalicga, Ca'McicMa,Candalos. Candan, Condanal. Ca~~a'!te<~o,Candano. etc.), auxquels onpourra ajouter La C~tdann dans la vallée du Curueno (Lëon,.Ua. ~t.HoJ!) 't~ jLa.<Candas près de la source du Rio Lima (;fa..tft. Hoja22). C<!t)daMo(OYiedo,jUa..M;. Hoja 3), CsM~Mï'~o tout près de Sel dela Carrera. Candolias sur le Rio Pas (JVa..Ut. Hoja to) S. Bento doCando (Revista Lusilana, XtX. 203).2. E. Hûbner, AfonMt. ~0- 228; Ihm..PWRE HI, 4460. ~74;

Hoscher, Lc.f. j/</io/. 850 H. MaYer, Et?!t<ss der !'o/-c/u'M~icAe)fRM<tcauf die Toponomastik Fr~n~'ctc/ts dans « S;<~&.Akad. H~tenM,t7n/2, p. 24.H. « Die beiden unteren Terrassen sind im Sùden von Grado in

SciiOttern ausgetuldet. die aber offenbar noeh hoher )unaufziet)en. Obes sich jodoch um dilnviale Schotter oder um umgeiaserte Sedimentehandett, ist nicht eanz k)ar man vergieiche die merkwurdigen Vor-konimnissp hei Saiinas(nord!ieit von Grado) in derXahe von Avi)ës)).« Ein roter fehmig-tonigpr Gehangeschutt isl hier (Oviedo) in sehr

grosse;' ~faclitigkeit vorhanden. Auch andere Stellen machen durchScimttkegel und Schutthaidcn der Seitentaier dcn Eindruck. dass derYerwifterungsschutt nicht wpgeeseIiaS't werden konnte ». E. Scheu,Z)c;sB~c/;e~ !'u?: Grado » (~/fffi7. ~f." G<'s< /Br~M~e .< Leipzig,XfJX). 1930. p. t29 et HT.

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V. BERTO~Dt)()8

partager le germe sémantique de GANDA(= c&KDA)avec lesAlpes. D'ailleurs, au domaine alpin est commune aussi laphase sémantique représentée par ~Mû~a « terra arenosac infructifera que apenas du tojaes »' (Yieira). Il suffit desonger à ~a~g). «glabretum, calvitium agri ))(i662),à~6'dere « stciniges Grundstuck » dela Suisse allem. (Schweix.Idiot.. M. 337) et à la gana « piano solcato » des iiau-teurs près de Terlago (Trentino). Mais il y a de plus. Lavoie qui dans le Midi de la France établit la communica-tion entre les Pyrénées et les Alpes semble être jalonnéepar un type toponymique La Gane (La Ganne) commundans !e Limousin la Marche et l'Auvergne, mais particu-lièrement répandu dans le pays hérissé de montagnes duGanta!, pour désigner des torrents, des hameaux abandon-nés, des domaines ruinés, des terres incultes. Dans le L~'c-<M/;M.~opo~ŒM'yMedu Cantal, par exemple, sont signaléesune quarantaine de localités appeléesLa C<mc.La 6'~wc.La <raM!'c!(1348) et précisément dans cette forme toujoursaccompagnée de l'article (par exemple « apud crucem de<f<76'<2Ma)), 1S22 « La 6'a de la Broa », H64 La 6'<M?-nette « terre inculte ») qui laisse entrevoir ranciennc fonc-tion d'appellatif. Evidemment, nous sommes ici en présencede formations appartenant,, pour ainsi dire, à une zone neu-tre cnLrcle domaine de la toponymie et celui du vocabulaire.En tant que ce type La 6'c(~)~e « terre inculte » ne

semble être séparable ni de ~y~e~'C! « ticrraincuha Mde

't. Cf.<o/c!«mattade tojos (=« arbustoqueé todoespinhososemfothas servedeaccendalhasparaofogo»)Vieira,TAcsout'o,s. v. I)s'agit d'une variétéde Me.ceuropaeusL. (nomméeaussi ~ë<)'yu.Manche« parcequ'ilpétilleen brûlant plusieursdes nomsdonnésci-dessusindiquentquece boisbru!eavecunesurprenantefacilite»,cf.Hottand,Mof'cpopML,IV,86) c'estainsiquel'appellatif~ht~a)Y<est passea désignerla planteciie-m&meyaneh'n« pedaçode tojossecos», ~Mtdat'a« pedaçode estevasëcaqueo gadôvaitombnndopetomonteouqueficouemas boiças,depoisde arderomato)),ea)!-dos,ca~daros,g~H~m'os« pedaçode urzessecasx, csndt'os« ramosoupernadassecasdequaiquerarvore etc. (cf.ReftstsLustttf?: 1,~06 iX, 300 XIX, 203,276 F. Krùger,DieGegenst.RaKnt)rta.<~ae/:6s~e6.,1928,p. 101).2. Cf. G.-MichelCoissac,AfonL~motts~19t3, p. 9(LaGM(.aiH.de la Diège).

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PROBLÈMES DE SUBSTRAT 109

la péninsule ibérique, d'un côté, ni de la ya~ la yŒ~Œ« terra sassosa » des Alpes, ù l'intérieur du domainepvrénéo-alpin de *GANDAil en résulte sporadiquement uneforme "GAXXA;>*GAXAcommune à la Gaule méridionale eta )a Lombardie alpine, forme qui gràce à cette distributiongéographique même pourrait être attribuée au substratgaulois. Or, si l'on prend comme point de départ cette forme*GAKA« terre inculte )). on ne peut s'empêcher de rappelerici la glose d'Hesychius y~x' ~p?:; y' en tenant compte del'équation /=- -?; gl. « inculta terra » dans Steph. Byz.Avec toutes les réserves que comporte la nature de cetémoignage, je voudrais pourtant signaler la possibilité quecette identité frappante de sons et de sens ne soit pas for-tuile. Mais quelle serait la source du mot d'Hesychius ?S'agit-it d'une survivance dans le celtique des Balkansidentique à la forme gauloise? ou bien s'agit-il d'un typede substrat assimilé au gaulois et au grec massaliote? Entout état de cause, à l'appui de ce rapprochement y~xIIesychius provenç. ya~a (même sens), il ne sera pas inu-tile de rappeler ici le mot xy.xj- érable » aussi attesté seu-lement par une glose d'Hesychius et dont les survivances jus-qu'Ici constatées sont typiquement isolées dans la Gaule duMidi(provenç. agast, ay<M«érabIe))).Quelle quesoit donclasource LL'Hesychiuset quelle que soit l'appartenance linguis-tique de 'x, l'exemple assez instructif de ~'y.xj- provenç.agast ne permet pas d'écarter à priori la possibilité d'un rap-prochement analogue pour un mot tel que /~?~qui à l'intérieur du vocabulaire grec reste un type isolé etobscur. En ce cas la glose d'Hesychius porterait un ancientémoignage de la phase sémantique « terre inculte ».Enfin, à l'idée de « gravier » et de « terre inculte »

s'associe aisément l'idée de « lit de torrent plein de cail-loux ». « torrent périodiquement desséché)), « amas d'eausur un terrain spongieux d'où s'écoule un petit ruisseau »(Jeanne, Ht, 1602, s. Ganne, Gane), « sentier fangeux » et« fossé H en général. En réalité, on peut reconnaître destraces disséminées de ces phases sémantiques sur toutel'étendue du domaine de "GAXDAde la Galice à l'Engadine.

h

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Y. BERTOLD!no

4. La phase sémantique GAXDA> GAKAn lit de torrentplein de cailloux H.

La plupart des cours d'eau des Alpes nommés <7a?!ofc.~'o??a. <?GM</M~o,affluent du Pô, 6'a~cfe~ Ca~due~a:,etc. (cf. Monti, Foea~. Co~M, s. ~a??~c) ont le caractèrecommun de rivières torrentielles: ils grossissent subitementau printemps à la fonte des neiges et en général après unorage. tandis que pendant le reste de l'année ils présententun lit dépourvu d'eau et plein de cailloux. C'est à cettecatégorie hydronymique qu'il faut attribuer le 6'CMe~'OH,torrent dont « les crues contribuent pour leur part auxeffroyables ravages del'Ardèche )) (Jeanne, III, 1600).D'autre part, le type hydronymique 6'c~ne de la France

du Midi désignant un « amas d'eau sur un terrain spon-gieux d ou s'écoule un petit ruisseau x (Jeanne, III, 1602)trouve son parallèle alpin dans le Lago di Cc/MM?« piccololaghetto in terreni un po' torbosi (Bertarelli, II, 278)' dansla rc~M??~ (Yarese-Lugano). Le vocabulaire y concourtavec le tvpe provençal ya~o f. « mare, sentier fangeux,fossé »(Mistral)~qui est évId~mme_nt_Lnséparablede l'appel-lahf ya~</o/a f. « fossé d'une route » recueilli parM. E'Hnont à Ille-sur-Têt dans les Pyrénées-Orientales(GiiHéron. 6'K/?~ p. 86). De plus, le « Thcsouro da linguaportugucza )) de F. D. Yiolra nous donne pour <y<M</c!a,~a7:f/rola signification secondaire « diz-se tamben, quandoo rio .Mondep'ovaimuitosecco, a praia que fica descoberta »~!t[. 829)\La Suisse allemande (Bern, Zurich) avec l'appel-Jatif~a~~ désignante« Grien oder Gescitiodceines Flusses,Kiesgrund, Flussbett » (Sch-~vciz.Idiot., H, 336) semblepartager avec le Portugal la même phase sémantique. On

1. Cf. L. Y. Berta.reili,P!'eMo;!te,Lom&st'dt'a,CantonTicino,11(tt'23).p. 378.2. Cf.aussiA.Thomas,Romania,XXXVI,~7 J. Jud,Bull.dial.:-om..tH.'i0.n. 1.

Lemolportugaisg~(H<7e)'aestmentionnepar un documentdesPo<'(~Mon.Hist.,Dipl.,p. 4i. a. 957 «Torna a parte aquilo-nisdirectumper ittam~a)t~)'amusquein rivuloaqualada».

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PROBLÈMESDE SL'HSTRAT m

peut encore ajouter à notre famille les deux hydronvmes(?a/~e/ afiluent de la Moselle, documente sous la forme

G.~DRA de l'année 768 et A'a/ï</c~, le cours d'eau qui coule

présdeLurrac)t(Badcn). dont une forme ancienne est CAX-

DARAde l'année 790 Ce dernier hydronvmc semble à sontour inséparable de son homonyme A<x/!û~' (Berner-Ober-land). le torrent caractérisé par les vastes graviers deson lit die A'ane~ liat aus ihrem Geschiebe, ~MM, ein

weites Schuttland, den A'c'~c~/y~e~, angelegt » (Egli,/Vo/m'~a~< p, ~71)\ C'est bien là une caractéristiquedans le cadre sémantique non seulement de l'appellatifya/!</<2 des Alpes, mais aussi du Rio de la C<7/?o~y'a, ainsi

nommé d'après les graviers de La CaMe~a~a, dans les Mon-

tagnes Cantabriques.Le domaine des toponymes est donc plus vaste que l'aire

d. E. Fôrstemann (édit. H. Jellinghaus), ~MeMtscAM A'ox~M&uc~d9t6, p. 998.2. 0. Heitig. Die Or~sttame)! dM Gross/te~o~tMms Ba~en, -t906, p. 6;

ci. aussi Holder, AS., I. 745. 753. qui voit dans CAXDARA(CAXTARA)un dérive en -ARAd'un adjectif gaulois *CAXTOS<'« splendens x. D'aprèsHofder. cf. F. Cramer, R/tet~c/te Or<s):<tMen,p. 74; J. Hubschmied,Festschrift Bae/tMaKn. p. 17~. n. n et p. 188, n. 4 A, Dauzat, Lesfo/<s de ~c: 't926, p. 'i97 et d98 0. Springer. Die F/MM~ame?:~h'<-<e<H6e?'(/su. B~dens, 'i930, p. 38.AJuisa part le fait que l'alternance -Kf- >n~- en gaulois, supposée

par .\t. Hubschmied. reste toujours très hypothétique et à part le faittj~e le gaiï.. hrot. ca~K « blanc dont on a invoqué l'appui, est consi-dère unanimement par tes cettistes comme un emprunt au latin (cf.H.Pedcrsen.Ae~. Cfa/KM., I. 199,'Me: lai. spLEXDiDus>*spLEXDUs>bret. splann « clair )) et lat. CAND!Dns;>*CAX))L's;>bret. AaKnblanc »), en ce qui concerne tout particulièrement le nom de torrent

Mander de la Suisse allemande, interprété comme te « cours d'eautypiquement blanc )), cette hypothèse semble être insoutenable aussidu point (te vue sémantique. Il suffit de rappeler à ce propos l'allusion<!la couleur de J'eau contenue dans le Geograph. Lexikon d. Schweiz,H. 72;' KDie lia.rader ist einer der bemerkenswertestcn Wildstrômedur Alpen, dessen ~Vasserfarbe jcden Ausenittict~ wechsein kann M.H. Cf. aussi Geogr. JL~.c~oti. d. Schweiz, II, 731-725 <t Dadie zum

<tehie! der Ka~d~r getiorenden Bergmassen. besonders die Rette des.\iesen. z. T. aus teicitt verwitterbarem Fiysch t~esteltcn, fùht't derFluss eine grosse Menge von Geschieben » (p. 73't) « zu beiden Seitenvon .KftMder~e~ (im Ilintergrund des ~a~do'tAa/e.s, von der Kan~efdurcttflossen) kommcn aus der) Katkec und terliaren Sandsteinen desFisistocks und Lotmer machUs'e Quellen zu Tage. indem sie die allu-viaie Srhuttdt~'ke von unten nach oben durehbrechen » (p. 72H).

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V. BERTOLDIH2

des appellatifs au delà de laquelle s'impose à la méthode lanécessite d'un contrôle plus rigoureux de la conformationdu sol relative aux toponymes afin de compenser le manquede l'appui sémantique apporté ailleurs par les appcllatifs.Ce contrôle est, par exemple, possible à l'égard du topo-nyme GA~DA (<x" siècle) en Flandre, richement documenté

par les sources du moyen âge. Car, d'après les écrits des

hagiographes G~KDA désignait à l'origine le « gravierinculte » situé au -confluent de l'Escaut et de la Lys oùvers l'année 631 Saint Amand fonda un monastère du

même nom dans l'enceinte d'un antique château appelé« co~?/n? GA\DAVUM H, l'ancien berceau de la ville capi-tale des Flandres Cc~<y. Mais une parfaite correspondancesémantique entre le vocabulaire avec GANDA« lit de tor-

rent » (Suisse allem. ya~af « Flussbett », ~S'e~M'e~ /e~'o~Il. 336) semble nous être témoignée par le passage très

significatif de la « F~a Sancti G'o<~e~a~)MCo~)) (~/OMM-menla 6'6'?'M!C/Mae,tS'c~p<o?*< XI, 180)~: « locus qui ab

L Cf. liotder..AS., I, p. 1981: « in loco, qui dieitur GANDAvuMCASTML'M,cuius nunc cocnobium aperte vocatur GAXDA;). Cf. aussiCA\t)A oppidum vastatum est a Normanm~M (a. 850, .UG. SS. XII,p. ~m) in GAXUA(tx* siècle, Acta. SS. Belgii, 11, p. 43'?) K monaste-i'ium iuxta nueuta Skatdi :)! cast)'o GAKDAYO» (Van Lokeren, Ca)'<t(-fa;re de f'a6&o!/cde Saw~-PteiTe, I, M); a. S19 « Abba ex monaste-rio quod dieitur GAXDA,qund est situm in pago Uraebantinense » Ser-t'ut'H. Car~c/an'edeSs:'K<-BaMn~ p. 3 « Hector monastcrii S. Pett'i';< S. Bfivonis quod vocatur GANTHsuper uuvium Scattli siti », a.S<~4;« monasterium. situm super fluvium Scaldum quod antiquitus\()catu)n est GAXDA» a. 967 « in loco nuncupato GA~DA»a. 9'<6,ibid.,p. 6. 8. 10 cf. aussi Fûrstemnnn, ~f/cM~o/tes iVamcK6:<c/t(ëdit.H..)e))inshaus). 1916, p. 998.'2. Cf. Srhayes. La Belgique et les .<K/s-BeM ctt'a?!<et pendant la

'.<u«t<fM<tO)tro))M:Mej1. p. 319; 11, p. 161; A. deYIaminek, Les o't-;;<K?scle la ville de Gand, dans les Afemotres couronnés par l'Acad. deBrtt.M~'fs. XLY. t-127. Cf. aussi Mansion Ouo-GeM~sc/MNaamkunde,1HM. 120~31 et J. Vendryes, Revue ceM~MS.XHI (192S), p. 449.Cf., par contre. Tourneur, Histoire et étymologie du nom de Ga)i0'

dans FtK/e)'.archéol. et histor. de Be~t~MC, Annales XX° eong., II,p. 199. ~H) et A. Carnoy, Origine des noms de MeMa'des eMUM'o~sdeZ!)'M.rc~e.'<.p. 26. surtout n. 2.3. Cf. aussi lu VttaBerHtMMKEjM'se. » (Jfo~Mtn.Germ., Scrtpto'es,

)V. 763~ « anno singutaris nativ. Chr. 8S6 auspicatus est ipse quen-dam )u<;urnsuper ftuvium GANDAE,quem a fluvio GaKdenesAetBt(corr.

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PROBLÈMES DE SUBSTRAT 113

alluente quodam alveo, G~'DA nomine, Ganderslteim nomi-

natur ».De même, le second élément -heide du composé Gander-

/</e. nom de lieu de la Rtténanie(Gei!cnkirchen)', concourt

dans une certaine mesure à nous renseigner sur les condi-tions géo-physiques de la localité ainsi désignée et par cela

même à mettre en lumière aussi le premier élément

y<7M</e/ la préexistence de *GANDAen Rhénanie étant témoi-

gnée par une « curia in GAXDAxc )) mentionnée vers l'annéeI220". Si 6'a:Mf/e?'<~e représente, comme on est portéà croire, une composition hybride de valeur tautologiquesur le modèle bien connu de Thundorf, Riupach, etc., lemot ~o/~e/~cp/'e désignant l'airelle Vaccinium myrtillusL. )), en Souabe~ se révélerait, du point de vue de l'idée

inspiratrice, comme un synonyme très intéressant de heidel-

beere « airelle H. c'est-à-dire la « baie typique duneGAKDA== « Heide ».

5. Les traces de *CA~DA-*GA~DAa gravier inculte x (CANDAV)Ades Balkans) dans les zones orientales.

D'autre part. au type GA\DAVus dérivé de GA'<DA« gravierinculte M est comparable le toponyme CA~DAVtA des Bal-kans* avec la sourde initiale. Les indices de la topographie

Gandersheim) nominavit » ~ro~suit/tCf~ Car?):t~a pr:'nt0t'd. coen. Gan-~rsA (Monum. Get'M,. Sct'tptot'cs, IV. 308) « Quis fuit ecclesiae pos-sessio denique parvae. Tran' ripas GANDAEsupra montanaiocatae,unde locum celebrem voeitabant Ga)tf/es/te??tenseM». Cf. E. Fôrs~e-mann (édit. H. JeUinehaus). AMeu<sc/tM A'aMe?:6Mc/t,~d(), p. 997-998.1. F. Cramer, Rheinische Ortsnamen aus ~o;v6mMcAerMKe!)'ô'MtseA<')'

ZMt,490t. p. 66.2. J. Gotzen, Die Orts~amen des 7ù'eMcs Ge:trc/teK !M ZKsam-

Mc~at!g mit der S<et~uKg'sg'esc/t!eAfe,t926, p. 90.3. Cf. Fischer, ScAM)<t6:'se/;MTt'o?'!ct'6. III. 40.4. H. Krahe, A'ac/t/cse :M den Ba~s)t:~?/r. ~M<j'r. A'aMen. '[9~9.

p. 't3~: N. Jo):I,rter(Ebcrt. RLV.). Vt,~ p..H cf. aussi DtAXAAucusTA CAKDAV[Exs;s.C. Praschniker-Schober. Sc/t!t6)i ~'t' Ba~-ao-/[omf)ttss!0;t R'<e)ter-AA'a6;.~nf: ~~< Ytff/3. p. 2. C. Patsch.W:6Her Studien, XLVJI, t9~9, p. ~02.

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Y. BERTOLDIH4

ne parlent, en tout cas, contre un tel rapprochement. Car,on n'ignore pas que le toponyme C.ANDA.vtA(Pline, 111,145« CA\DAYtAnMONTES») d'après les témoignages des auteurscrées et latins se rapportait à cette région déserte de mon-tagne qui à cause de son caractère éminemment âpre etrocailleux a opposé un si grand obstacle à l'expédition duroi Genthius. D'après Seneca (B/M. XXXI, 9 « .PEUDESERTACA~D&YiAE"), par exemple, l'âpreté de ses che-mins dp montagne était devenue proverbiale chez lesRomains.Mais là ou nous nous trouvons en présence d'une ruine

de la nature du type des plusieurs Ganda des Alpesou deLa (?<i??c~odes Monts Cantabriques, mais plus imposanteencore. c'est dans la haute vallée du Sillaro (Appenninotosco-emiliano) qui porte le nom de C<x?M~comme la mon-tagne elle-même. Il s'agit, d'une gorge où s'amassent deformidables blocs de rocher, décrite par les géographescomme « l'esempio forse più terribile di vasti irrimediabilicalanchi che si seguono ininterrotti »'.C''s derniers exemples de CAXDA-GANDA,en dehors de

l'aire pyrénéo-alpine ici particulièrement étudiée, nous per-mettent d'envisager le problème dans toute son ampleur.Tout d'abord faut-il comprendre dans le domaine de*GA\DAaussi les systèmes orographiques des Apennins etdes Balkans? Ensuite est-il, en général, possible d'étendreencore les recherches vers les autres zones orientalestypiquement conservatrices du domaine égéen? En parti-culier. des toponymes tels que CAXDAUCAEdu Noricumt !tm. Ant.. 276. 6 CIL., III, 618), Kx-x et K~ de laThrace (Procop., D<?aeo~ IV, -i.)sont-ils séparables; enr-e quiconcerne la racine CAXD-,de CAXDAViAde l'Illyrie~?Faut-il ajouter encore à ce groupe les types Kc~BpLx1. L. Y. Bertarelli.Lu~m'a,Toscanas<cK<t'M)ta!e,.E))t:'K<II,t'H6.p. ~'6.

)hn).7' RE.111.1.460:H. Ki-ahc.~M:/fo~s~tH</)'.P<')-so?t<)!'7Wf?t.t92H.p. 31 (CAsxAuo)~Tomaschek.D«' a~en Mrate)*,11,'<4.Ftuss.~'R'.RE. X. l!(il: Hproposde l'identificationCANDA-t.!LAE==Huttcnherc[?).cf.D~A.Jaksch.CMc/cc/ttcM)'Mten.!bis~M.?,~!)~S). ?.

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PROBLÈMES DE SUBSTRAT T H5

(Phry~'ie), Kx'/Bxpx' II.x~AxY:~[K;, Ket~cscjx' op:'jpt:-<Kx::tx:. K~S'jBx' T: A'jy.~x: déjà signales par A. Fick' pourle domaine prehe!lenique'?Est-i! permis, enGn.de detac))er

avec Al. Kretschmer~ un e)ement KA~DA dans le composé

'Ap-jy.r/~ (Steph. Byz.), ville de la Lycie baignée par le

Hcuve .t~M~o.9 (Pline, V, 100)?La réponse à chacune de ces questions exigerait des

recherches particulières dans les différentes régions des

Apennins, des Balkans et de l'Asie-Mineure. De même, une

recherche détaillée sur le domaine caucasique, faite par les

linguistes compétents, pourra seule nous dire jusqu'à quel

point les appeUatifs gando (Karata) et 'yua~c~ (Dido). syno-

nymes t'~ /r</aM (Xinnalug) et de /)'<y~MïM peuvent être

rapproches dans leur signification de « creusement du ter-

rain » au type ganda des Alpes, synonyme de calanca

« ëboutement du terrain

1. A.Fict;, Vor~ee/tMc/te Ory.na/xcH~~OMe~c/'ur~isVor~e~cAM/t~Gr:ec/tc~~Hf<s, p. 't8 et 54: Ruse, PW. RE., X/2, ~86~ H propos deKxvo'~x. cf. Kx~SjSi(t)v-:MB~u.Mdes inscriptions (près de Gendowa).2. P. Kretschmer, Eot~ttMr!') in die Geschichte der f/t'tec/tise/ten

Sprache, p. 307 cf. aussi Hirschfeld, P~. RE., 11, t ~7 \V. Schuitze.K~~ns/e~ I. -i9'26, p. ~97. Cf. par contre, A. Scbuitcn, K/<o, XXIM.1930, p. 378, n. 't. A l'appui de l'interprétation de M. Kretschme)' onpourrait peut-être rappeler le toponyme KAXDABORA(SundwaH, s. v.),en tenant compte en ce qui concerne -BORAdes types tels que J~'K?!f<-6o)'a, etc. mentionnés par A. Schutten. Kh'o, XXMI ('t920), p. 406.3. Ce qu'il y a de plus dëiieat dans ce genre d'études et ce qui prête

le plus au doute, c'est, je le répète, la fixation des rapports lingui-stiques grande distance en vue d'une vaste unité primordiaie qui seperd dans la nuit des temps.Sans doute, certains mots, isolés dans les zones les plus conserva-

trices et dépourvus d'une étymoiogie plausible en indo-européen.peuvent être interprétés comme « des résidus de langues non indo-européennes du bassin de la .Méditerranée » (A. Meiliet, Bulletin,XXX, M) sans doute, la reconstruction d'une ancienne unité lingui-stique méditerranéenne (en rapport avec les données et les résultatsdes autres disciplines cf., par exempte, tout récemment, P. BoschGimpera. Le re/a~tOt! mM~'tgt'rotM postmicenee e~ il problema et)':<sMdans « Studi Etruschi ». III, 9–~ .f t'<)por<! /6[ le ctu~<a med!te?'ra-nee etc.. dans « ~«< Cott'. Arc/tgo~. s<!)'~o». Uo-t'H cf. bib!iogr. chezTagiiavini ZRP/t: XLV1, p. 39. note -t) pourrait projeter quelquelumière sur un certain nombre de probièmes obscurs. Cf., à ce propos,aussi R. Fohalle, ~e<an<jresVendryes. p. d76. Mais pour l'instant onne peut pas se soustraire à l'impression que les rapprochements

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Y. BERTOLDIH6 6

Il serait aisé d'allonger la série des questions à poser.

Cependant, de simples rapprochements par à-peu près nesont d'aucune utilité pour le problème de méthode ici par-ticutierement envisagé. Car, en général sur ce terrain

d'étude, il faut bien l'avouer, ce qu'on gagne en extension.on )e perd en profondeur et en solidité.

Les exemples ici examinés nous ont donc indiqué la vita-lité sur un vaste domaine d'un élément GANDA.signifiant,i° « amas de pierres à la suite d'un éboulement de la mon-

tagne ». 2° « terre rocailleuse et inculte », 3° « lit de tor-rent. plein de cailloux )) et nous laissent entrevoir la possi-bilité, indépendamment de toute considération d'ordre

gardent encore un caractère problématique et qu'il faudra du tempsavant que certaines perspectives se précisent.Këanmoins, les études de Schuehardt, Tromhctti etUhienbeck parti-

culièrement sur la parenté du basque avec les idiomes du Caucasepeuvent servir utilement de base à d'autres recherches. Cf. H. Schu-ehardt. S~6. Akad. ~<?n 133, 1896 Litbl. <~rm. t'om. Philol., XIH,.!26 R~jEB.,XIH, 1922. p. 78 Dos Bas/~cytCtMM:e Sprac/MCMSMsc/M/ïdans Sitzb. Jt&ad. ~MK, 302/4, 1923. A. Trombetti, Delle ~axt'on:f<<e <nx/!<ecaucasiche con le hK0t<eca!K!to-~c!?:t'<!cAeecona~)')'!<pp;linguistici dans « G!0!'M~Soc.~s.7taMaKa )', XV (-1902); XVI (1903)Le origini della K)!g!ta basca dans Afemo?'!? R. ~.ecad. Ist. Bologna,YtU-fX(1936). surtout p. 2-3. C. C. Uhienbect;. Oucr een mo;ye<cce)'Ma;!<!c/)ap van Ieet Baskisch met de Pc!~eo-JÏ<:MA'as;se/~ta~ dans« .Me(/ectM<.k. Akad. v. WcfenscA. ~msterdaM x, LV/3, p. t03 et suiv.Mais )c malheùr est que surtout en ce qui concerne le vocabuiairc des

langues du Caucase tout reste à faire. L'œuvrc très méritoirede R. YonErckert. Die Sprac/ten des /aM~<:s~c/<eHS<a!!fmes, I. 1893 (d'oû pro-viennent aussi tous les exemples ici cités) ne peut suffire que dans unemesure très limitée aux besoins des études comparatives d'aujourd'hui.Cette réserve faite, je voudrais signaler ici l'accord parfait du sens.

des sons et des formes entre les appeUatifs caucasiques /;a~« ravin ;)f<t ensc Sehtucht, elift ))) /t:a~a)t):t<,kalava « grosse Vertiefuns derErde )' (Erekert, pp. 133, 97) et le type cala « ravin » des Alpes(Hrpnno. etc.) qui dans les formes ea~aM. calnnca « ravin )) («Schiu~ht.Riss im Erdreich », REW~, 148n a) est très répandu dans le vocahu-laire et dans la toponymie des Alpes. Cf. Jud, BMH. cHa!. rom., III,)0: C. Salvioni, Rend. fs<. Lomb., XLIX. p. 740: Muret, Romo))!'o.XXXV!t. 346. 333, 338 P. Aebischer, Études toponom. t'aMd~/ttM,« .-hf(/Ms!aP)-ae~o)'t<:», 19M, pp. 1-7 A. Dauzat, ZOA'F. 11. lrp. ~tt:-23) V. Bertoldi, Revue de HK~MM~.rom., IY. p. 340; C. Battisti, S/«~'E~M.-fc/t!,11. pp. 662 et 676; ~t-c/<. Alto ~'f/f, XXH, p. 38 Jabcrc-Jud, AIS, J!I. 428: kalanka, /;a<anr/one « Schtucht », « hurrone ».Cf. calanca «dirupo Nde la Sardaigne (Spano) et aussi Ca~t'ot'Ko desApennins?

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PROBLÈMES DE St'BSTRAT 117

phonétique, d'établir les équations suivantes: 1° GANDADiA= GA:\&AD!A,~Mc~crc = <7M<~orGlimitées aux zones basco-

pvrénéennes, 2" *GAKDA= *CAKDAcommune aux domaines

pyrénéen et alpin, 3° *GAXDA= *GAXAreprésentée par des

exemples sporadiques sur une zone qui va de la Gascogne a

travers la Provence jusqu'à la Lombardie.Il reste, maintenant, à aborder la question de savoir si

et jusqu'à quel point l'hypothèse d'un rapport chronolo-

gique entre GAXGACtA= GAXDAD~Ade l'époque de Pline et

~<x??o~ (~aM~a~o) d'aujourd'hui tout autant que d'un rap-port géographique entre le groupe alpin de </a/?</c et Je

groupe ibérique de ~a~o/'a. hypothèse avancée d'après les

indices fournis par le sens, est soutenable aussi du point de

vue des sons et des formes.

II. LES SONS.

Dégagée de toutes les considérations par lesquelles on a

souvent présenté les faits sous un aspect trop simpliste, la

théorie de 1 influence des substrats a ouvert sans doute desvoies nouvelles à l'investigation linguistique'. Car, s'il est

1. Si l'on veut ici citer des noms, on court le danger de dresser deslistes presque toujours inexactes, d'établir des catégories et de créerainsi un antagonisme inexistant entre les esprits. Car, encore quel'antithèse soit la forme instinctive denosjugements. i) serait absurden l'heure qu'il est de vouloir distinguer nettement deux groupes delinguistes les partisans à tout prix de la théorie des substrats et lesadversaires plus ou moins sceptiques. Heureusement les mentalitéssont plus complexes et, en tous cas, plus souples. Que les linguistesles plus éminenls se tiennent eu droit de désavouer les conclusionspar trop hâtives de ceux qui d'un sain principe de recherche ont faitune clef pour ouvrir toutes les portes, qu'ils réclament de plus euplus la rigueur de la méthode, une discussion raisonnée des degrésdu possible ou du vraisemblable à l'égard de chaque problème dedétait, qu'ils soient unanimes, par exemple, à affirmer l'impossibilitéde bâtir des édifices « alarodiens » en amassant pèle-mêle des pierres,tout cela est compréhensible, c'est surtout salutaire pour le prestiged'' notre discipline. Mais il s'agit toujours de réserves relatives à laméthode de nature à ne préjuger guère l'attitude à l'égard de lathéorie. En générai, on ne saurait trop insister sur ia nécessité qued:ms ce genre de recherches, où forcément une si large place estréservée à t'hypothèse, la clarté de la forme soit en raison directe de1obscurité de la matière.

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V. BERTOLDI1)8

vrai que la théorie des « sostrati etnici », telle quelle a étéformutéo par Ascoli, s'est révélée a un examen plus minu-tieux et plus approfondi des faits comme susceptible de revi-sion, s'il taut en convenir que l'action de tendances arti-culatoires semble se manifester d'une manière moins immé-diate et moins simple de ce que l'on a supposé de premierabord, s'il faut surtout insister sur la nécessité de passerau crible tous les indices, de peser le pour et le contre ài'égard de chaque problème particulier, il n'en reste pasmoins que ce principe de recherche, appliqué avec sobriétéet circonspection, peut rendre compte de la coïncidence etde la persistance de certains faits obscurs à l'intérieur d'uneancienne aire déterminée. En tout cas, il ne s'agit pasd'adapter les faits à la théorie, mais d'examiner les aspectstoujours flottants et incohérents d'un principe d'investiga-tion (lui a un incontestable fondement de vérité.Que la langue latine victorieuse ait eil'acé, par exemple,

partout sur le domaine où elle s'est superposée, toutes leshabitudes articulatoires des Indigènes qui étaient le résultatd'une hérédité séculaire, nul ne saurait l'aOlrmer'. Aucontraire, tout tend à faire supposer que certaines particula-rités héréditaires, tendances ou même insuffisances, aientcontinué de se manifester sous la forme d'innovations, c'est-<)-dircdeprincipes actifs au sein des variétés régionales dulatin jusqu'aux patois romans d'aujourd'hui~. En tant qu'ils agit doncd'une continuité au cours des générations desujets parlants limitée au domainedialectal et ne comportantpresque jamais une normalisation de la langue communeou de la tansue écrite, les témoignages des sources ne peu-vent donner naturellement dans chaque cas particulierqu'une idée imprécise de la chronologie des phénomènes

t. Cf.A.MeiUet.Esquissed'uneA~<o:Mde la languelatine,1938,p. 332et suiv.2. Voir,parexemple,tout récemmentl'articledeC.Merlo(Vt'cen~/esfo'ie/tcdella<M.9MORomadansItaliadial., V, '1929,pp.'i72suiv.)dë~ca A..Meiitet. Pourlesfaitstoscans,cf.A.Meillet,Lesdialectesntf/o-europeens.p. 94 et suiv. C. Merto,Studietruschi11,pp. 303-:!tt: Italia dial., III, pp. f~-O!: C. Battisti,Studict/'usc/M'IV,pp.~5! A.Meiitet,BM~XXYln,pp.M6.20';etXXX!,p. ~i7.

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PROBLÈMES DE SUBSTRAT 119

attribués a l'influence du substrat. C'est là un fait dont onest obligé (le tenir compte dans ce domaine car ce scepti-cisme à 1 égard des témoignages des sources, encore qu ilreprésente toujours pour investigation un facteur d'ordre

négatif, est propre pourtant à justifier les tentatives faites

pour reconnaitre dans la tradition orale les vestiges lesmoins altérés d'états de langue disparus.En ce qui concerne la zone de l'Ibérie d'où nous provient le

mot GAKGADtA(GAKDADfA)d'après le témoignage de Pline,Achille Luchaire a remarqué justement que les traces des phé-nomènes phonétiques qu'on peut attribuer à l'innuence dusubstrat, sont particulièrement manifestes et cohérentes dansles catégories sémantiques du vocabulaire restées au coursdes âges les plus profondément ancrées à ['usage des ruraux.« La variation de f en h » nous dit-il, par exemple« atteint la presque totalité des mots d'origine vraiment

indigène )' et il ajoute que dans les formes documentées dela Gascogne l'incohérence de notation « s'explique par l'In-fluence du latin et de la langue littéraire provençale sur leimanière d'écrire des notaires et des scribes, laquelle ne

représente pas toujours évidemment la prononciation réelleet populaire, c'est-à-dire primitive' ».

Cependant, malgré le faible appui des sources et malgréles lacunes dans la connaissance des catégories du vocabu-laire restées à l'abri de toute influence érudite, l'Interpré-tation donnée au phonème « guasco-ispano » y-~> déjàpar Ascoli~ semble résister à la critique moderne. Aprèsavoir soumis tout récemment les faits à un examen ri-

goureux des sources, M. Menéndez Pidal n'hésite pas àdéclarer « el cambio de /*en primitive y constitucional delidioma3 ». C'est qu'il reconnait en faveur de sa thèse

't. A. Luchaire, Idiomespyrénéens, p. 205 et 308: cf. aussi A. Tho-mas..V~M~M d'e<m. yraKc.,p. 79.

G. I. Ascoli, Lettere glottol. (Arch. glott. tta;. X), p. 38 et suiv.« riesce nitidamente autouoniea questa metatia~e cuaseo-ispana /->A-; e non isbagHerà ohi la l'eputi sià ben f'onsuma<aquando ancora ~t! so'ihi iatinpssianti stcntavano a sancu'h) ne))ecarte loro )'.3. li. MenëndezPidal, O~s'Mesdel ~pa«o~ 1(t939). p. Mi et 580

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Y.BERTOt.DIi20toute la force de l'argument d'ordre géographique. Enréalité. l'attestation tardive et la notation flottante de~> ne sont guère propres à infirmer la valeur des

indices que l'on peut inférer de la « localizaciôn càntabro-vasca )) du phénomène, l'aire primitive de ~>À- s'éten-dant aux régions romanes sur les deux versants des Pyré-nées en parfaite concordance avec une caractéristique ana-logue de la langue basque'.S'il y a donc quelque chance de réussir à serrer de plus

près les autres problèmes ibériques sur les phénomènes desubstrat, c'est surtout dans le cadre de cette aire primitiveet à l'aide de ces mêmes principes.A l'influence du substrat on a pu attribuer, par exemple,

la répugnance pour initiale qui caractérise le gascon enla comparant avec unetendance analogue du basque'. Car,s'il serait inexact de parler d'une parfaite coïncidence derésultats, s'il faut tenir compte du fait que le basque révèleà l'égard du gascon une certaine indépendance dans le choixde la voyelle initiale épenthétique, il n'en reste pas moinsacquis que les deux aires constituent une unité caractéri-stique, dont la coïncidenceavec l'aire primitive de ~>A-nepeut guère être considérée comme_simplementfortuite. Tan-dis que la prédominance de la voyelle a caractérise l'épen-these en gascon et en béarnais, le choix de la voyelle estdéterminé en basque par la qualité de la voyelle qui suit l'ravec une préférence, pourtant, pour la voyelle e. C'est donc

cf.aussiJ. H.English,TheA~efKaMor:of « F and « H » M OldSp~MsA,1920;W. v. Wartburg,ZRPM.,XLH(19M,)p. 374 etXLYUJ(1928).p. 489 A. MeiMet,Bt< XXVHI(i928),p. 470etXXXIXfl929), p. 183 J. Brùch,Zeitschr./'rMM.Sp)-.M.Liter.,L!V(1930),p. 370.1. C.C.Uhien.bGck,Be:'Mg~~:<_e_H!6rvergleichenden~aM~eAreder

<MsA'sc/tcndialecte(VerA~nde~.EonMAL.A/M~.H'a~nscA.teAmster-datK,Y/l). 1903.p. 69 Gavel,Élémentsde phonétiquebasque,1920,pp.303-305.'2.Cetterépulsion,suivantA. Luchaire,Lesidiomespyrénéens,p. 20'<.estplusviveet pluscohérentedanslespatoisrustiquesde lamontagneque dans la plaineet dans lespaysriverainsde la Ga-ronne.3. C.C.UMenbeck,Bettrasre,p. 38; Gavel,BMmentspAo~.basque,pp.189-193;A.Thomas,Essaisdephilol./'y<tMf.,p. 121.

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PnOtiLÉMES DR SUBSTRAT i2)

dansles moyens de réagir contre la même insuffisance arti-

cutatoirc que se manifeste la divergence entre le hastjuc et

le gascon. D'ailleurs des exemples tels que ARRECA.toponyme

biscayen attesté dans un document du xiv' siècle (Ëieizatde).en face de l'appellatif d'aujourd'hui ey'~p/M, ravin x (Azkuef, 26S) sont propres à atténuer même cette divergence de

procèdes entre basque et gascon (cf. ar~ec « ravin H en

Héarn, mais en Provence ~ec; Thomas). Peut-on atierplusloin encore et admettre que les faits gascons bien attestés

par les anciens textes (cf.ar/~c «riche '). c/M~« rue".

a~rc~oM « raison a. Luchaire. 209) reflètent à l'égard des

faits basques une phase plus reculée du même phéuoutene?Et est-il en général permis du trouver ici une nouvelleconfirmation de L'idée exprimée à plusieurs reprises parAchille Luchaire et Hu~oSchuchardt'que les traces des

anciens états d'évoiution du basque sont à chercher surtouten Gascogne?Pour la chronotogie de cette épenthésede a un exemple

très instructif, à mon avis. est fourni par ]e gascon û'~vo?/!7,<x~oM?o « rigole, ruisseau )). Inséparable, d un cuté. du

basque a~*o:7 « rigole, fosse, cavité, creux » (Duvoisin.

-1. K ]) est donc légitime et scientifique 'ic supposer ~ue le gascon.diaiffte roman qui a remplace, et dans les mêmes limites, jft'esrjueexactement, i'nncien aquitain, duit u ce même idiome, non seulementla ;)t!)pa<'t des caractères pi]oni')ues oricinaux qu'i) possède encommun avec J'euskara. et qui iui donnenl une pi.~c? tout à fait spé-ei;t)e dans le domaine provenrat. mais peut-cU'e même un certainnombre de mots à physionomie évidemment euskarienne N. A. Lu-ehaire. Les idiomes ;)!/re<:M~s. 't879. p. 4'L « Icl atauhe niciit zuvie! zuwagen.wenn ich das Aquitanische a]s das AHt~skischc an-sprcctK' und a!ictt ort!iche Kontinuitat z\vischen iimi und dem i~euti-cen Baskiscii anneitme » H. Scimcitardt. 7/<c<'tf!c/;fDfA'M~o; 1907.p. H cf. aussi ZRP/t:< XXXM. ~tt'OS. p. :~t « Festen Bodengew.du't uns nur die Gegenwart vom Bastd'-cifen nihrt uns einrsichereBrucke zum Aithaskischen. derSprachc derAquitaner undHergeten. rteren Reste nns in insciiriftiichen Eisennnmen ertfaitensind H. Schuchardt, Iberische Bpi(/?-tt/; (h~EB, XIV). )92o.pp. SJO-5H ~7t. sn~u'op. Ges. XXXXV. p. tOP.Cf. aussi A. Thomas, .EM~t!"de philologie y~'o~'sc. 't-i'i Saro)-

hondy. VM<M de phonétiquc :'6<;?'tenK<'en ~T;7<)!)f ;'ow?)t ('~{~B.VII.'47n-497); H. Schuehardt. RJJEB.YIH.7: R.Menend~-Pida).Revisla /</o<.Mpa)7., V, 223.

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Y. BERTOLDI122

Azkue 79) et, de l'autre, de l'espagnol arroyo et du por-tugais arroio (même sens). Mais ce groupe de mots nesemble pas, au premier abord, appartenir à la catégorie des

types avec une r initiale et avec une voyelle épenthétique,étant donné que le point de départ est ARRUGIA,mot attesté

par Pline dans la description déjà citée (~M~. K~ XXXHi,

70) des mines de l'Ibérie a cuniculis per magna spatiaactis cavantur montes [in aurifodinis Hispaniae]. ARRu-GtASid genus vocant' ». Si l'on étend pourtant la rechercheà tous les pays romans, on retrouve partout des types ana-

logues avec la même signification, mais se conciliant seule-ment avec une base *RuciA, de sorte que l'aire ibérique de

<i'o! etc., se révèle comme un îlot de représentants de

ARRUGIAdans le vaste domame des représentants de *RUG[A~.

Mais quel sera le rapport entre les deux types? M. Battisti 3

a proposé de voir dans AR de ARRUGiAla préposition gauloiseARE en comparant ce composé avec ATTEGIAde *ARE-TEGIAS.Si ingénieuse que cette explication puisse paraître, elle nerend pas comptede l'isolement des survivances limitées aux

zones sur les deux versants des Pyrénées en parfait accordavec la localisation du mot d'après le témoignage de Pline.

'). E.Hubner,mj,.P!'o~ LXXXI; cf. Thes. ling. ~t.,11. 655:« AHRUGiAe. RUGAfortasse » Thurneysen.2. A complément de la bibliographie citée par J. Jud, Bull. dial.

;'oMi., Ht. 9. on peut maintenant ajouter: D. Olivieri, Sa~s'to topoxom.pt-ncfa, ~9~3, p. 389; C. BaUisti, Studi ff<'storia &<sf. e Mazto;t.TrfottMO, 1922, p. 58, n. 3; Gualzata, A'OMtlocali BeH:)t:onM< 1924,p. 49 Wartbui-g, FE~ I, -!48.En ce qui concerne l'albanais p-rua, pero: « ruisseau, torrent B

(Mever, Alban. Tfo)'<6)'6., p. 338) cf. les justes observations deM. Puseariu, ZRP/t:Bet/ XXVI, p. 59; X. Jokt, Jo~. Fo~c/t..XXXVtI. p. 91, LtK(y:<stMcA-A':</tM)'/[:s<o)'.CHtersuc/t. aus dcm BereM~t'des A/6a)t., '1933, p. 333 et Yasmer, StufKstt :M)' a<6<:KM<sc/te)t:M)'t-/b)'se/tMn~(Acta et Comment, Univers. Do'pctt. B. H:<)7M?t.,I, 50), quisont unanimes à écarter l'hypothèse d'un rapport avec ARMjmA.M. Terracini, Osservaz. topon. sarda, '19M, p. 18, n. 89, s'accorde

enfin avec M. Wagner à considérer le campid. arroia K ruisseau wcomme un type emprunté a l'espagnol, en soulignant. l'opposition destoponymes RoM, Roia de Tt'o~os, Roiedda, etc.3. C. Battisti, Studi di storia Knsr:Sf. KaztOK. Tren~t'iio~ p. 88.

n. 3; dans son récent ouvrage sur les Popoli e Mn~MSnell' ~Mo -4(~'ye~Studi sulla <<:ttK!<da<hM<M!'M,'1931, p. 24 il semble admettre mêmel'appartenance du type à la langue gauloise.

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PRORLÈMES DF SUBSTRAT ~23

De ces conditions particulières des sources et des aires est-Il

permis de déduire que dans AnnuGiAse cacherait la forme

pyrénéenne de la hase *RUGiA,quelle que puisse être l'appar-tenance ling'uistifjue de cette dernière En d'autres termes,est-on en droit de croire que le mot technique *nuGiAse

rapportant à la terminologie minière n'ait pu participer à lavie des langages parlés par les mineurs pyrénéens qu'à lacondition d'être assimile à la prononciation indigène quidéjà à époquede Pline répugnait à commencer un mot parr? S'il y a lieu de répondre à ces questions par l'affirmative,la forme hispanique ARRL-GfA.en tant qu'elle représente unancien témoignage d une tendance phonétique encore vitaleen basque. vient d'apporter une nouvelle confirmation a

1 hypothèse, exprimée déjà a 1 égard de umum et de TASco--~L~, que le groupe de mots exotiques attestés par Plineconnue relatifs aux mines de l'ancienne Espagne, apparte-nait à une langue liée au moderne euskara par des rapportsgénétiques semblables a ceux admis par Schuchardt pourla langue des inscriptions aquitaines.Dans le cadre du même système phonétique on peul donc

tenter une expHcation plausible aussi pour le mot GAKGADtA

provenant de la même source de Pline et interprétablet'omme une forme secondaire dérivée (le GA~DADiA.

1. Le passage -XD- > -xc (GAXDAbiA~> GAXGADiA)et lesdoublets analogues typiques du basque.

M. hienbecl~a attiré 1 attention des linguistes sur la fré-

i. t~crappt'ortn'ment aver '"s'n se item'tc. cumine on t'a ))ien noté,à !n dif!if!tUefh' ta quanti))')-)'' ~tansr~a 0 tomh. t-tiM cf. TEf.fA> <CM).t~etype <tj[tHL').).(H'sf m/ XXXUt. 74) peut ctre consi-(ifrc contmc une formation secondaire n~c en tatin d'âpres AXHL'-~~A(et. co~trut).~vocanL a f'om'ivationc credo HPtinc) ft restée.d .littpurs. presque infécond' Cf. ~Vafdf-PukornY.II. 353 \Vai<Jc-Hofmann. LE~ -it)3().p. ('~ la t)i))tio?r<)phicici citée. A propos decunnucrs. cf. V. ('arcia de ])ic-'o.Con<t'~f<c!'o~f!<eetO/M)'!o/ti.p<!t:!<'oL'<!Mo/o(7/co,Madrid. t9~3.p. S4 su r !'originede.\TTE~ cf.Schucttardt.//e!)?t!sc/'es /<'c«f~esS/ac~t/< (~~E/i XMI).p. 78.2. ~.C.Uhtcn~eck.Hr/fr/t;etrtfr u<'rf//e/c/<c)t~t'n~!tf/e/t!'e f/er

~f!s/:<sc/<cndf<ï~e<c(Vfr/tfïMf/A(.;t/t; ~i/f/. r. ~'<<t-<ts' ~t~stcr-(/ant, V~). tM: p. ~0.

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V. BERTOLDI)24

quence en basque de doublets avec -ND-et -KG- du type:n</a/m~~y « force Met a ouvert ainsi la discussion sur lerapport chronologique d'une forme à l'autre. Mais c'est àHugo Schuchardt.' que revient le mérite d'avoir relevé lapriorité des formes avec-nd- à l'égard de celles avec-ng-.Dans le cas particulier de !K~m~ay « force » Schu-

chardt invoque à l'appui de la forme MM/a~,considéréecomme primitive, les types IKDERCA,INDEHCILLUS,noms depersonne attestés par les inscriptions de l'Aquitaine (CIL, H,257, 259). Mais abstraction faite de ces témoignages dessources, à l'intérieur même du vocabulaire basque, à l'isole-ment de la forme ingar « force )) duNavarrais (Uhlenbeck,~e~'S~e~ 80) s'oppose d'une façon évidente la vitalité de laforme indar commune à toute la langue (Azkue, I, 412) etproductivede nombreux dérivés: indardun « fort )),M6~ya'« privé de forces)), ~c~Z'a «par force)), indarlei « épreuvede forces ». indartsu « fort, robuste » etc. (Azkue). C'est làencore un moyen de se renseigner sur l'âge de la forme:M</ay« force dont la priorité à l'égard de ingar estconfirmée, au surplus, par le toponyme basque TM~~Mdans le Labourd (Sara)~.Ace sujet je voudrais signaler ici la frappante homopho-

nie entre le basque MM~'« force (et T~c~~M,nom de lieudu Labourdin) et "Loxpx'3Ly.y/M-/roXt.:(Théopomp. apudSteph. B\'z.). Encore une fois, la similitude de l'appellatifactuel au toponyme ancien peut n'être qu'apparente. L'idéed'un rapprochement ne serait pourtant pas destituée de toutfondement. On sait, par exemple, que l'appartenance desSikanes :') ta race ibérique est attestée par Thucydide (VI,2. 2) et par Pliiliste de Syracuse (7~'<~M.3 apud Diod. Y,6. i). Or. même si l'on bésite à tirer parti de récits desécrivains de l'antiquité par trop contradictoires, si l'on neveut pas accueillir sans réserves les interprétations de Hum-

t. H.Sehuehiirdt.~MseMm,X.398 ZRPAM.,XXX,at3 BaskischM.~mantsc/t(Be:/t.ZRPhil.,Vi),p. 'i7. Cf.aussiH.Gavel,JB~mc;;)/<on6<.basque(RIEB,XII),p. 4'[3-3.2. Cf. L. deEleizalde,TopOKom~s<tcat'asM(RIEB,XXI),1930,p t89.

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PROBLÈMES DE SUBSTRAT t25

boldt et de Schulten, s'il faut en générât convenir que de

simples coïncidences toponyrniques sont loin de nous auto-

riser à tirer des conclusions sur une parenté de langue et

moins encore de race, il n'en reste pas moins que, d une part,les récits des anciens sont unanimes à séparer les Sikanes

des Sikèles et à témoigner la précédence en Sicile des pre-

miers(fberes immigrés pour Thucydide, Philiste et Ephore

ap. Strabo VI, 270; Ibères autochtones pour Timaios ap.Diod. Y, 6) et que les recherches modernes, d'autre part,ne sont guère unanimes à écarter toute possibilité de

lien entre les Sikanes et les peuplades primitives de la

péninsule ibérique'. En tout état de cause, c'est surtout à

l'archéologie et à l'ethnographie préhistoriques la tâche de

juger de quel poids les équations jusqu'ici établies~: Ety.

"16~ St.x.xv: ~X)J. E~jt;- SfCANUS, /7MU:M~ Iberiae,Avien. v. 469; Ytxx\ ~:At; 'Ig~p~c, Hécatée, T~ray~. la,unies, maintenant, à la comparaison basque indar « force)) »

(/?!</a;~M, nom de lieu) '~I-ct?x' ~sX~ Sty.o:5~, doivent

1. A. Schulten, Sikaner (Pn'AE., H, 11/3, 1923), p. 24S9; Ziegier,E:xs/ (PWAB., 11. il/2), p. 2482; Reche, Sikaner (Ebert, RLV, XII,1928), p. 123, F. Ribezzo, Roma delle origini, etc. (Rivista indo-greco-ital., XIV, ~930, p. 6t), avec une riche bibliographie. Cf. aussi E. Pais,Storia dell'Italia antica, I('î925), p. 93; L. Pareti, Le origini e<r:<se/te,1926. p. 79.2. KE~KN'/O!OE(JLST*<XUTOU;~OMTO:Oeti'/OVTet!EVOtX'.OK~VO!,M; ~V aUT<M

CXC:,XCEt~0075~0:,0[KTO0:U':0~6ovE~cîvo: 0)~ë~~]ŒA7]6E:tXEUptCXSTOU,~16cpc;6'~Te~XCHX7:6~0~E'.XX\'0~~O~KtJLOt~TO~SV'Ië'/]?~CtU~OA'YUO)VfXV!MT<XV:E;»cf. D'Arbois de JubainviUe, Les premiers /K:6:'<.Europe, I, 26 A. Schul-ten, AMMa~tia, I, 56. 'H~sp~/tmo; 'AxT~YKVT:'vMv.Ka!no':cm6;ELxavd;,o); oï)c"< 'A~o/.AdoM?o;(Steph. Byz. s. v. E;xxv'a) pour StesnMs /!uu:Mscf. Avienus, Ora maritirna, édit. Schulten, i922, p. 109; SiCAKAcivi-tas, Avien. v. 479 E. Hubner..Vo~Km l. J6er., 240.3. En ce qui concerne l'idée, le toponyme "Iv3x=Ken rapport avec un

appeMatif désignant « force » pourrait s'accorder avec le passage surles Sikanes de Timaios (Diodor., V, G.2) « o! B*&J'/E~xx~o!Tonx/.Œ!ovX!tjU.7j86voJXO-~T[S'~ O'/UO~TK~fUVAOD~TK;~OÀ~XKTC~XEU~OVT~8:0:TO'J;A!]T:m;x. Faut-il donc reconnaitre dans "IvBa?s « force, forteresse )'une de ces « collines fortifiées x (:=o/upd; Adao;) typiques des Sikanes?Il s'agirait, dans ce cas, d'un synonyme des types bien connus telsque \'ALEXT[A(Pline, 111, 36) dans le pays des SEGO-vELLAcx!(cf.Keunc. P~'RE., II, I!/2, 1921. p. 1048), POTEXTIAde la Liguria, duPicenum et delà Lucania et surtout des toponymesSEGOVtAArevacor.,SEGfSAMAVaccaM)' SEGOBKfGACs~6., SEGODUNUMRutgKOr. ~ÇM:'f.,etc.(cf. Hftbner, Proleg., XCVHf), en tant qu'ils soient tous interprétables

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V. BERTOLDI126

peser dans la discussion non seulement du problème parti-culier de origine des Sikanes, mais en général du problèmebasco-ibérique. Car, si cette dernière comparaison seconfirme, du point de vue purement linguistique, a ta suited'autres recherches,il en résulterait que le vocabulaire desSikanes contenait des éléments communs aux anciens idio-mes qui constituaient le substrat des dialectes euskariensd'aujourd'hui.En suivant les mêmes critères, Schuchardt a donné une

interprétation analogue aux autres doublets basques aussidans i''s cas où l'appui des sources n'est pas facile à trou-ver. C'est ainsi que la forme basque ~c « fruit du Pru-nus avium, var. » (« cerise aigre » Azkue, I, 347) a étéconsidérée par Schuchardt comme primaire à l'égard de~Mya et les indices semblent, en effet, confirmer cetteinterprétation. Tout d'abord, la racine G)ND-(KiND-)enbasque n'est pas isolée. Il suffit de songer aux dérivés gin-e~<7/a~« cerise sauvage », y~efoxT,~Mc~Vj~e « arbol queproduce cM:'He~a et notamment à un autre nom de plantesauvage ~M~c~a « bruyère » (Azkue, I, 3~7) De plusla toponymie basque connaît le type bien remarquable Gin-dapea (V~ XX, 31) de Alaba qui rentre dans la sériede dérivés en -e(c) tels que jS~&~e (XIY, 136), ./?o~pea (X!V. 4.i.9)en rapport avec ~c&'c;« puits, piscine »,~o~u rocher))(Azkue, I, 129, ISO) et surtout, en tantqu'i] s'agit de noms d'arbre, AmspE, doc. xn° siècle, « sousles chênes )). ~eG « sous le figuier )) Enfin, l'aire de

commedesdérivesou descomposésceltibériquesd'unebaseceltiqueSEGO-'<t'or~(Dottin, La languegauloise,p. 28S GrôMer,U~ef

ii. dei,fraiiz.Orisita)îieit,p. -100;Sebueliardt;Ibei,ischeU<'sy)'t<.~de! det'rnt~. 0)'~Mamo;t,p.'tOO;Scbuehardt;J6e)'MeAeDg/u!f:t<o)i.p. Seet .U~'Me~.aH~Arop.GcseH.Tt'tCK,XXXXY,p. 'il5,n.t .M'pyer-Lûbke,Hom.Afe~.Pzdet~I, ~0).t. I)faut.pourtant,tenir comptedesformesparallèlespH'isrraet

t'Mn'o« bruyùreet.,par exiension,toutesortedebalais» (Azkue,I,346et'4[Ij cf.aussia)!<:)'a,Haute-Kavarre(Azkue,I, 4t), ~f:r/at:<t,zna~or;(Azkue,I, 346et deAranzadi,RIEB.,XX,376).3. Ainsi les toponymesAspe (==as-pe),~endiô~ Jlendipesoninterprëtabies«sousle rocher», « souslamontagne», etc.Cf.encorejB:Mtt);o6MRjfEB..XfV, 451),Elorrbe« easertode Ibarra)' (Gip.),p. 57U.enrdpportavecelor,e~or)':« épine)) (Azkue,I, 33S)B!'A:<-pe&

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PROBLÈ31ES DE SUBSTRAT T 427

GfNDA (( cerise aigre B ambrasse une grande partie du

domaine hispano-gascon. Les deux formes ~me~a et~~ccoexistent, il est vrai, en Gascogne, mais la première est,

d'après les sources, la plus ancienne et la plus répandueEt pour dissiper tes doutes sur le rapport chronologique entreles deux formes, on peut recourir surtout au sarde ~Mz</a:du Nuoro c cerise sauvage » (fruit du Prunus avium, var.,cf. Penzig, t, 383), mot qui est en parfaite concordance de

sens avec le basque y!'?ï</a « cerise aigre ».Ces fragments isolés de G)NDA nous permettent, d'une

part, de reconstituer une aire ibéro-aquitano-sarde° et,d'autre part, de revendiquer pour la phonétique basque la

tendance -KD- ~> -xG- qui a conditionné la forme secondaire

ginga à côte de ~</a de la zone basco-gasconne.Or, l'alternance GA,\D.-IDIA > GANGADIA, attestée par

Pline, est-elle interprétable à la lumière de ces doubletsMa~c~ ~Mc~c, ~GMc~-yŒHyor, etc., typiquesdu basque ? Est-il permis de reconnaître dans GAKGADiAenface de GAKDADiA(et de GANDAdes Alpes) une forme qui dès

l'époque de Pline avait plié aux exigences phonétiques des

mêmes idiomes qui constituent le substrat linguistique dumoderne euskara et d'où nous provient la forme ARRUGtAen

face de *RUGtA? Etant donné que GANGADiAest un terme

appartenant au même langage des mineurs pyrénéens d'où

(RIEB., XIV, 4M) de 6:~ « figuier (Azkue, I, 465) ARISPEest citépar A. Luchaire, Les idiomes p~t'Mëe~, pp. 439. 't77, et surtout '183.4. Cf..R<'f:<e~. <a)~M6srom., 1899, p. 223 et Roland, F~repopM~.

France, Y. p. 348 (ghiniè, g/i!.9~e, Tarn-et-Gar., Tarn, etc. ~AiMefoM-~e, Béarn. Toulouse, Haute-Gar.. Landes ~/ttKdoM~, Gers), p. 350(f//uKa Rrive, (//t:MOTarn gru!«e ~/t!o Dordogne, etc.), p. 354, 356,;ti0 (s'tf!'7!do/tt/<idocum. de -t430 « arbre », ghina docum. de d39't, iefruit ))). Cf. aussi cast. f/MM~a.~Mt~f~ (/«!K~a~,g'a)ic. ~M!n~et'ra,

cata). ~!<:nde; guindola Conca de Tremp, Coimeiro. jEf:«)ter. de lasu/a~fax peHt'Ks. A~ŒKo-/tM/t., 11. p. 298, 299, 30'i et 362Diccion. ~t(y:;i7~,p. 902 toponymie pyrénéenne ~uut~a~o, docum.Quindalos t484. Raymond. Dichon/t. <opo</< dëp. Bf:SM-Pt/ëMMs,p. 74.2 Ces conditions particulières des sons (-nd-: -6'-) et des aires

( unité ibero-aqnitano-sarde) nous autorisent à séparer nettement ledoublet ~t«~< ginga du groupe d'appcitatifs qui peuvent éventuelle-ment s~ rattacher a une base grecque ~uTo~o; « l'ait de fin M(AE'H'1433).

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V. BËRTOLbf!2S

provient, d'après la même source de Pline, le mot ARRUGtA,il en résulte la possibilité d'interpréter les deux mots dansle cadre du même système phonétique. C'est une possibilité,je ie répète. Car, s'il est vrai que GANGADiAà côté de GANDA-DiAest explicable à l'aide de phénomènes d'assimilation oude dissimilation, il n'est pas moins vrai que la remarquablefréquence en basque de doublets -XD- -KG-ne permet pasde se décider sans plus pour l'une des possibilités sanssigna-ler du moins l'autre aussi. En faveur de la première semblemême plaider la coexistence de AXDXRAà côté de GANDARAexplicable au sein du basque sur le modèle de doubletsanalogues.

2. L'alternance ~mc~ra-a~c~a et un trait caractéristiquedu basque.

Un des traits les plus singuliers de l'euskara moderne estsans doute la grande instabilité, la caducité même, desconsonnes initiales. C'est iciparticulièrement le casde la ten-dance à la chute de G-(s-) dont les divers dialectes euskariensconservent un certain nombre d'ex emples ~mo~ra-a~Mrchiëble )). goroldio-oroldio « mousse », ya~~r-as~~< érableH, ya~ « airelle », ~MC~vi'c~'C! « bruyère »

(Azkue, s. v.), etc. Mais, faute de moyens d'investigation,le rapport d'une forme à l'autre n'est pas aussi clair qu'ilpeut le paraître au premier abord. Surtout lorsqu'il s'agitde mots jugés de pure souche basque d'après les indices,ia reconstruction d'un prototype a presque toujours uncaractère aléatoire. C'est que pour l'euskara moderne letémoignage d'un ancien état de langue correspondant aulatin. à l'égard des langues romanes, nous manque à toutjamais. Un est ainsi réduit à des méthodes qui font unelarge place à l'hypothèse. Apropos des doublets gandura-a/<c~'<x,</<<2-<2/vc', gabi-abi, tous les trois noms deplantes sauvages, faut-11,par exemple, supposer chute ou~penthesc de _<?En faveur de l'une ou de l'autre possibilité

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PROBLÈMES DE SUBSTRAT 129

est-il permis d'invoquer éventuellement l'appui des formes

qui ont survécu dans le vocabulaire des patois romans

parlés sur les deux versants pyrénéens? Cependant, ce

moyen de contrôle perd sa valeur dans les cas où les typesromans semblent refléter chacune des deux formes basques.Tel est le cas du doublet basque gabi-abi « airelle, myr-tille M.Vaccinium myrti!lusL.(Azkue, 1,7 et 312) auquel serattachent probablement, de l'un versant des Pyrénées, les

types~a~M~a de Biscaye. <~u//a de La Bureba et yayM~c~ade Alcarria (= « myrtille d'ours », vaccinia M~x) et, de

l'autre versant, ayoM des Hautes-Pyrénées, ~<5<7yoMdu

Béarn, aoMcy'OMe~a de la Haute-Garonne (== « myrtille »)'.Par contre, dans les mots basques d'emprunt, l'existence

d'une forme primitive comportant une gutturale peut résul-

ter incontestablement de la comparaison avec la base équi-valente de la langue de provenance. Sans doute, le est,.

par exemple~ disparu dans ?<~e/ « tonneau )) du biscayen à

côté de ~Mpc/ du labourdin, le point de départ des deuxformes étant le latin cuppA Mais il n'est pas aussi cer-

tain que d'autres mots rentrent aussi, comme on l'a supposé,dans la catégorie des'emprunts. A plusieurs reprises, on a

rangé ici, par ex., le nom de 1 érable (== « Acer campestrisL. <.)que le vocabulaire basque nous a conservé sous les deux

formes gastigar et astigar. Le type a été expliqué par Schu-

t. Schuchardt. Baskisch u. Romanisch dans Beih. ZHPM., VI,p. '24, se demande si le mot latin Avu (HABiA).attesté par Columelle(VI, t4. 3: VI, t4. 6), se rapporte peut-être à l'airelle. Les indices dela botanique, il faut bien l'avouer, parlent contre cette hypothèse.Cf. RE\V. 834. Cf. TAes. ~f.. II. 1420; surtout J. B. Hofmanndans \Va)de. LE~ p. 83. Les types ici cités sont réunis dans Col-mciro. Enxni. </c las plantas de la peKt~s. /tt'spa?t.us!'t., 111, S3SRo)tand. F<o)'cpop., VIL p. '234-236.On ne peut s'empêcher de sou)icner ici encore la frappante simili-

tude signalée déjà par Schuchardt (ZRP/tt~. Beih., VI. p. 24, n. -t), nef~tt-cUeque fortuite, entre le mot basque ga!/M&aK myrtille d'ours xet le )ypf alpin ga'/tfd~ (VatteHina), etc., désignant la même plante.L'inûnenne de GALLUs(REn' 3664) n'est, en tout cas, que secondaire.Ct'.Monti. VoM&. Como.p. 90: P. E. Guarnerio, ~pp:o!t! lessicali/)r~a~L (Rc~. Istit. I,om& XLL I90.S. p. 209); Jaberc-Jud, AIS,!)I. 614.2. )I. Scbuchardt. B~t.ZRP/~V.. Vt. p. 3t Gayet, E/eMn<s, p. 389.

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Y. DERTOLD!130

chardt' comme un composé hybride de e~cTc: <cérable »d'une glose d'Hesychius et de l'adjectif basque igar « sec ))c'est ainsi que le mot basque a trouvé une place dans les dic-tionnaires de von Wartbur~ et de Meycr-Lubke à côté desvestiges romans de AKASTOS'Oprovcnc. agast, <x~Œ~)\Cependant,. l'explication se heurte à toute une série de diiH-cultés. D'abord, elle impliquela chutede la voyelleinitiale A-attestée par tous les reflets, sans exception, non seulementdans le vocabulaire, mais aussi dans la toponymie (Gasti-ya~o, ~~ar~a) Aucune trace, par contre, d'une forme'"a~M< ni en appellatif ni en toponyme. En secondlieu, du point de vue sémantique il n'est pas besoin d'insi-ster sur ce que cette dénomination « érable sec (~M~a~')aurait de singulier. A ce sujet il n'est pas permis de tirergrand profit de la comparaison établie par Schuchardt' avecle provençal a~ee~M~(Hérault). Car, le mot provençal inter-prété par « érable dur » (et non, en tout cas, « érablesec )))est une formation isolée dans l'aire de ACERABULUS,duepeut-être (comme l'a supposé M. von Wartburg, /~H"I, t9) à i'étymologie populaire, tandis que le type (g)asti-<r est le nom désignant l' « érable » commun à toutes lesvariétés dialectales du basque. Ce sont là des faits qui justi-

t. Schuchardt,ZRPM., XXXH(1908).p. 38t. n. et3S9, note;L:fera<.y. germait.roman.P/t!M..XXXIX.(1918).p. 43 cf. aussi3/!<s<)K.X.40i (où le doubletbasques'a.!<~at':astigar est, parcontre,comparéà l'espagno)çMe/~o),tandisq~eM.Gavel,.!Mem~.s,p. 3H't.a avancei'hypothèse très peuvraisemUabte.d'ailleursKun-g- initial épenthétique(dans la forme~as<:sf(tt').causéparuneanalogiepurementformelleavecleverbe(/<f:~<t<M« châtier» etpeut-ctreaussiavecradjeei.ifg'a. «jeune».

Cf.von~'artburg.FB~ I, 11eH9, n..{ Meyer-Lùbke,RETr.nr. o~Wvielleichtbask.gast- igar « rundMatteriger», eigentlic))Kdm're!'Aborn»).A proposde la glosed'Hesyehiusxx~TTory,c:?!~oKu.~o;,cf.M.Kie-dermMnn,Z:n-~te:'tt.M.griech. ~'or~MC/:tc~<f(« Glotta », XIX).t930.p. ) et V.Eertoidi.Reutfcceltiqztc.XLYII(1930).p. i92.

A. Luebairc.LesMt'ontes~)'eKcens.p. )S3; H. Schuchardt.~C!'m!sc/tc.<t<./'rcmdesSprac/ft (R~EB.,XIII), 'i933.p. 7. L. deEiciza)dc.L/stas6[~;&.de i-ocestopon. t-cn!; ('JffBB..XX. 'i929.p. M Xtll.t')22,p.M3).4. Schuchardt,ZR7'/u7..XXXH.35i.n.; A. Tiiomas.Rom<!)!XL. 105 cf.Ro)i;tn(J,P/o)'ep~!t~ Hi.,:4S.

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PROBLÈMES DE SUBSTRAT t3i4

fient la tentative de donner au mot basque une autre inter-prétation.Le vocabulaire sarde possède le mot, non signalé jus-

qu'ici, co-s'~y~e « érable )) du Nuoroet du Logudoro'. C'esten tenant compte de ce tvpe que toute la nomenclatureibéro-sarde de l'érable nous apparaît sous une nouvellelumière. Car, si l'idée de Schuchardt d'un rapprochementpossible entre le basque gastigar « érable )) et l'espagnolyMe/!yo « une sorte de chêne », mérite malgré la diver-gence de sens d'être prise en considération, elle trouveraitmaintenant un appui dans le mot sarde costighe « érable »

qui correspond parfaitement, du point de vue des sons, desformes et du sens, au mot basque gastigar « érable ». Deplus, cette unité des trois groupes est confirmée par le fait

que </Mp/~o avait aussi dans l'ancienne langue la significa-tion de « érable )) ("KAcer campestris L. », cf. Nemnich,~*o~ Lex. A'a/M~e~c~ lïf, 1621 et cf. le dérivé collec-tif quejigar « trait de bois planté de Acer campestris L.mêlé à « (~M~rcM~~M~&yee/M»)2. Et la comparaison avec lemot basque est d'autant plus justifiée que le domaine Ibé-

rique de yMp/~o, cajigo, etc. semble à peu près coïncideravec l'aire cantabro-basque signalée plus haut et considéréecomme l'aire primitive des phonèmes tels que /> /<etc. attribués à l'influence du substrat. En réalité, le domainedu type embrasse une zone qui va de la Galice (caxigo) à

1. Il s'agit de l'Acer monspMS!<fa)tMmL.= sard. côs~'c~e.cost:te,suivant 0. Penzig (F<ora popo/. ital.. I. 3). de t'Acer campestre L.suivant Cara, Vocab. botanico sardo-ital., s. v. (cf. aussi Rolland,Flore pop. France, III. p. H8).2. L'érable, K.4eercampestris L. » se trouveici. en effet,presquetou-

jours associéaux différentes variétés de QM~'ct~(MM:K/!ot'a,pedtfn-c«/ota, To:M Bosc., lusitaniea Lam.~ete.). (le sorte à constituerle typede végétationmixte bien connu dans tous les bois d'Europe. A cesujetcf.. par ex., Hesi, JM~s~ Flora .Ui'tfe~urop<M.lit. 'HO « Ge-senwartig bildet die Stiel-Eiche in Europa nur setten reine Bestànde.sondern sic tritt meist nur vereinzelt in Mischwatdern(besondersmitder Bûche.Corp<nMs.~Lcet'campestrz'seemisch))auf' Y,38T « DieArt Acer eo?Kpes<)'!sgedeiht vorzustich an trockcnen SudhangeBmitOMercttspu6cseeHs.erreicht die uppigstc Entfcdtuns und grussteHôhein den massigfeuchten Laubmischwaidern aus Eichcn. Lindpn. ~Mfplatanoides ».

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Y. BERTOLDI132

travers le territoire de Santander (cajiga) et de Burgos (yMC-jiga) jusqu'à la rég'ion de Barbastro (Huesca caxigo) età Bielsa (eaM?:co), Plan et Benasque (caixigo) dans lecœur des Pyrénées'.1.Or, l'invraisemblance générale de l'hypothèse d'un

emprunt pour des noms d'arbres sauvages tels que l'érable,la localisation cantabro-basque du type ibérique yMe/(yo~cajigo en face de <x/'ce,c~'e, acere, du reste de la pénin-sule, l'isolement du type cos~~e dans les zones les plusconservatrices de la Sardaigne (Logudoro, Nuoro) en facede aee/'K,<ze~odu reste de l'île, la présence dans les deuxaires de toponymes tels que Cajigar près de Co~a~M~'osur le Monte de Castigaleu (/Vapa MMV.~~?c~Œ, Hoja 28)et Co~~e~M, CtM~K près de Macomer (Sardaigne),tout cela contribue à indiquer l'appartenance des deuxgroupes au substrat Ibéro-sarde Avec cette situation lin-guistique est évidemment inconciliable l'hypothèse d'uncomposé hybride gréco-basque *AKASTO-[GAR> .qastigar,même si elle était acceptable du point de vue morpholo-gique et sémantique. Ainsi, le mot sarde, en tant qu'ilapporte un précieux soutien seulement à la forme basque~<M~a/ témoigne indirectement de la nature secondairede a~ya/ forme due à la chute de la gutturale initiale quicaractérise le basque.Ces considérations peuvent naturellement être étendues

aussi au doublet toponymique Ga~c'c ~>Andara, dont lesdeux formes se rapportent à la même réalité géo-morpholo-gique et dont la première seulement trouve l'appui du typesynonymique Ganda des Alpes. De plus. à 1 intérieur dei'aire cantabrique de ~a~arc-aMcf~'c ont été découvertesles deux inscriptions votives déjà citées (Iovi) C&KDAi[)0et(7oM)CAXDtEDOxi(C7L., II, 269S 2599), types qui se rat-

-t.Cf. Colmeiro,Enum.p~M<<Kpent)M.hisp.-lusit.,IV, 67t-673:Rolland,Florepop.France,111,Î48;Sarothandy,RIEB.,Vn, 491.n. I.2. Cf.Philipp,Sar~KM(P~~jE..II, 1/2.1930).3484-~86 B. Tcr-racini.~sseft'as.strati p:'t<antichi topon.sarda(.4~!Conv.Archeol.sardo).1927;MaxLeop.'Wagner,Las<)'f!<?cs~M):ef~/ lessicoMt'~o(Revuelinguist.)'om.,IX,1928),l-6t; G. Herbig, Sarden,Ebert.Mf.. XI,1927,p. 208.

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PROBLÈMES DE SUBSTRAT ~33

tachent évidemment à une racine KAND-comparable à cellede *GAND-ÂRAcomportant la sonore initiale. Ce qui doit rete-nir surtout l'attention, c'est le fait que la montagne où lesAstures Transmontani rendaient un culte à Jupiter CANDA-;Mfusporte aujourd'hui encore le nom de Candamo (« invalle de Candamo prope Pravia et Grade oppida ad oramAsturiae maritimam », cf. CIL., II, 2695) et que l'ex-voto àJupiter CANDŒDOétait dédie par un fidèle nommé T. Cae-sius Rufus .S*ap/(pMMA',c'est-à-dire des I~M'~ ~y~ (PtoL,If. 6, 33) « ad Legionem V!I pertinentes )) (Léon).Or, de lamême région est originaire une troisième inscription (CIL.,II- 2598) à une divinité topique: à Iovi O~MMOAf<M?~oA~'DEROK(t),surnom que les historiens sont enclins à com-parer. et même à identifier, avec (/ou! Optinzo ~Tca'~o)CAKDiEDOXt,sans se prononcer naturellement sur la possi-bilité de concilier les deux types du point de vue purementlinguistique. Cependant, même si l'on tient compte de lapossibilité d'une chute de la consonne initiale, il reste tou-jours à expliquer le rapport -d- -?'-et e ie. Faut-il à l'ap-pui invoquer des doublets basques tels que M~uo~wc,!<~M~Â'Mr~ « soleil )). enada-enara « hirondelle; marti-net ). (Azkue, 1,413; 393, 432; 239), etc.' et, en ce quiconcerne les voyelles (e ie), le type attesté PENTOviECtAsturiae (en face de -ECt)~?S'il est permis de répondre parl'affirmative, le rapport entre CANDiEDO~tet AKDERO~(i)dessourees épigraphiques serait comparable à celui qui passenon seulement entre ~aHa~'<xet àizdara, mais aussi entrele mot GAXDADiA« terra ex quodam argillae génère glareamixta M(Pline. XXXMt, 70) et le tvpe andyelo s. f. « terreargileuse )) isolé à Gerde dans les Hautes-Pyrénées Dans

t. Yan Eys, Essai de </ra;Mma!<'ecom~.clial. ëasçues', p. 8C. C. L'hicnheck.Be;<?'a's'ecct' ~Mt/e~re&cs/f.dialecte, p. 89H. Gavpt..Ë~me~sdep/to~ef.basque(MBB..Xri).p. 232.'2.Cf.H.Schuchardt,Diet~'o'tsc/teDe/:<<;M<<on,p. 50(PEXTOY)ECL's-i'E\T~i\')L's.CIL.II. 63~8k p. 5i AccrEiccà f'ut.cdeAucEtL's).H.Cf./tLF.. 'iHOB. AHGiLE)'.P. 696 l'issue-</e~os'expliquep:u'rl'influenceclearyèlo,PP. 698. 69i et 689. En ce qui concernelaconservationde -y:f/ cf.ma~orox« pommedeterre '). PP. 696,689.687.etc. (.-tLf.,t057.) Ro))and.Florepopul. France,VIM,p. 'i07:

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V. BERTOLDI134

ce cas, les types ANDERON(t)des Astures, Anaara de San-tander et cM<e~o des Hautes-Pyrénées indiquent les zonesde limite sur les deux versants pyrénéens de l'aire primi-tive d'un phonème dont la vitalité persiste encore dans lesdialectes du système basque.

3.L'alternance dessourdeset des sonores(k-: g-et-nt-: -nd-).

L'alternance des sourdes et des sonores initiales a étéconsidérée à bien des reprises comme un des traits les pluscaractéristiques des zones méditerranéennes qui ont subiprobablement avec la plus grande intensité l'influence d'unsubstrat pré-indo-européen.Pour ce qui regarde le domaine ibérique cette tendance

phonétique est attestée par les auteurs et les inscriptions dansles exemples très signincatifs déjà signalés par E. Hubneret H. Schuchardt' PAESURt=BAESURI,PELEKDOKESZ5e~M:e= BELE.NDIAquit., PLPLIS= BILBILIS,TL'RIUMfl.==DuR!USf1.; TuR[ASO=DURIASU,etc. Mais le doublet PALUCA-BALUCA(PALux-BALux)« pépite d'or est particulièrement instruc-tif pour notre cas, en tant qu'il est attesté par la mêmesource de Pline (XXXIII, 77) d'où nous provient GANDADiA.On est donc autorisé à partir de l'alternance entre sourdeset sonores à l'égard des résidus de la langue parlée par lesmineurs pyrénéens. Il en résulte à côté de GAKDADiAuneforme parallèle comportant à l'Initiale la sourde B.AND-etcela d'autant plus qu'elle nous est signalée par les indicesd'ordre sémantique, l'équation KAKDA==GAKDAayant pour

m<Mefor)'o,f. H.-Pyr.,H.-Gar.,L.-et-G.(en face de mannoref. desLandes), type inséparabledes mois basques (lab.) mandaburu« variétéde pomme HMKdaAa«variétéde pommetrès amërex(Azkue).identiqueà sontourà l'appellatifbasquemandako« mule-ton.petitmutet» (basquema'n~o«muletx). Cf.Urtel,Zttntj!6e)'McAc?!inSi'f~a~r. (S:'<6.pt'eMs.A~a. XXXIIJ,p. 54i).t. H.Schuchardt,IbcrischeDeklin.,p. 9'! Af/«e:Lanthrop.Gesell.H'!M.XXXXV,p. H2, n. 1; E. Hubner,~roHMm.Pro~ LXXI,XLY.

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PROBLÈMES DE SUBSTRAT I3S

base la parfaite identité des conditions géo-physiques des

lieux ainsi désignésOr, une tendance analogue à la sonorisation des explo-

sives sourdes initiales est commune aussi à la langue basque.En conséquence « aucun mot basque primitif)) remarqueM. GaveP « de même qu'aucun mot d'emprunt très

ancien, ne doit présenter à l'initiale la sourde k celle-cis'est changée, à un certain moment, en la sonore correspon-dante y ». Mais cette « loi phonétique )), une fois encore,admet tant d'exceptions qu'on a presque toujours des dou-

blets révélant comme l'ont remarqué Schuchardt et

Uhlenheck une sorte d' « incertitude et d'instabilité »

t. Les deux formes coexistent parfois dans les sources pour lemême toponyme: CAKDA« oppidum vastatum est a Normannis » del'année 850 et « monasterium quod antiquitus vocatum est GAXDA»de l'année 967. Il ne sera pas inutile de rappeier ici la frappanteconcordance sémantique entre Canda (Appennino tosco-emiliano)« gorge où s'amassent de formidables blocs de rocher et (jranda(Alpi comasche) « ammasso, rovinio di roccia sfasciata e rotolata dalmonte ». A la Portilla de la Canda dans le domaine ibérique corre-spond le Passe de la Ganna (-nd- > -nn-) dans le domaine des Alpes.Les indices de la réalité gëo-physique semblent bien révéler le topo-

nyme CAXCtDAEdans un document de l'année tl88 (cf. F. PeDegrini.~'om! ~oe. di città e terre &eM.dans .U~sceH.Dep. Ve~ -t895, p. 29)j. Candide, village du Comeiico sup., comme un type appartenant ànotre famille. En effet, Candide est situé à peu de distance d'ungravier en pente qui a donné le nom à Ceva (GLAREA« gravier »):la même idée donc sous deux formes linguistiques différentes. Ace propos M. Tag)iavini, Il dM~e~o del ComeMco (Arch. Roman., X,p. dO) nous dit expressément KDa Gera una ripida scorciatoia portain pochi minuti a Candide che si stende a mezza costa, duecentometri più in alto x.Cf. aussi CAXDtDE(Bibliot. Soc. storica sM~f!~).. LXXIX, ~69),

topon. mentionné par G. D. Serra, Per la ~0)'<ad~c<~Komf :<a~II.p. 6~6 (i-t4).2. H. Gavel, Éléments de p/tone~çue basque, 19~0. RJEB., XIL

p. 36S.3. C. Uhjenheck. Be~fM~e .< eMer Mr~~tc/t. LaM~e/tre der ba-

sliischen P<a<eA'<f(VM/tsnd~.A. ~A'a~. t;. WetcKsc/i. te Amsterdam, ~yd.Le~er/f, V, d903); Schuchardt..UttseM~, X, t!-t2, p. 39S, et BosMscytMndRoMSXtsc/t, Z/}f/t:'<. Be</< VI. p. 19 « '\Venn wir die mundart-lichen Lautentsprechungen (les Baskisf-hen gegen die andrer Sprachenhalten, so wird uns keine Erscheinung in huherem Grade aunaHena)s die Unbestandigkeit der aniautenden Konsonanten, sei es dass siemiteinander vertauscht werden, sei es dass sie schwinden oder hinzu-

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136 V. BERTOLDt

dans l'ensemble de la langue. Dans chaque cas particulier ilconvient donc d'examiner si la priorité appartient à lasourde ou à la sonore. Un fait doit surtout retenir l'atten-tion c'est qu'un certain nombre d'exceptions, où la tendanceà la sonorisation des sourdes semble affaiblie ou tout à faitinactive, est constitué par des appellatifs appartenant auxcatégories sémantiques typiquement archaïques et non limi-tés à l'unité linguistique basque.Parmi les « anomalies )),M.Gavel discute, par exemple.

à la page 376 le nom basque de plante sauvage /oro.« houx a en bas-navarrais et en roncalais auquel cor-respond Mo~<M<Men souletin et ~w<Mi!!dans le reste dudomaine basque. Or, la Sardaigne connaît lemême type avecla même signification « houx » (« Ilex aquifolium L. ») etavec la même alternance entre la sourde et la sonoreco/(M~yo/o~ Mais la priorité de la première forme estici mise hors de doute par la présence dans la toponymiesarde de Co/o~~a! avec un élément dérivatif -ai révélantl'appartenance du type à l'ancien substrat de l'île. Demême,à l'intérieur du basque rappellatif A'oro~-yo~o~: (en facede l'espagnol acebo) trouve l'appui d'un bon nombre detoponymes ~oro~ Gorostegi, Gorostiaga, Gorostidi,Gorostadui, Co~o~c~M, etc. formés à l'aide de suffixes

treten».Cf.aussiH.Gavel,RIEB.,XII, p. 313 A.Trombetti,Leori-t~Mt!dellalinguabasca(Memon'eAccad.Bologna,VIH-IX,1936),p. 32.i. V. Bertoldi,Antichi/ont nella toponomasticamediterraneaincrociantisinellaSardegna(Reuue~'n~mst.rom.,IV.p. H) et ReuMCee~<?Me,XLVII,1930,p. 189.Pourles formesbasquescf.Azkue,I, 369et SOOColmeiro,Enum.delasp~ntas de la penins.hispano-lusit.,11,S Gavel,EMMe~sdep/!0))e<.basque,p. 376 Sehuchai'dt,~Hssum,X, p. 401.Lestypesde la SardaignesetrouventenregistresdansPenzig,Flora

popo~.ital., I, p. 243. MaxL.Wagner,Lastratificazionedellessicoso'do(ReuMe~'M~utst.rom.,IV,p. ~4)relèYelefaittrèssignificatifquelesh'pesappartiennentauxzoneslesplusarchaïquesde t'iie (Barba-sia et Nuoro).A proposdu toponymeColostrais,cf.B.Tcrracini,Ossgrt'a:.suglistrati p:uantichidellatoponom.sarda(AttiConvegno.4fc/<co<.Mf~o,1927),p.7.3. Cf.T. deAranzadi,RfBB.,VU,p. 169 L. deEleizalde,Topo;).vasca(RIEB.,XX),1919,p.320.Aajouter Gorostardi(Irun),Goro-stM apeHidobizkainodelsigioXVIIM(.Arc/t.par)'. Santiago,Bil-bao),GorostiaMeaet Gorostissa(Sara).

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PROBLÈMES DE SUBSTRAT ~37

typiquement euskariens. Les sens, les sons, les formes, tout

porte donc à croire à une origine commune dans le cadre

du substrat ibéro-sarde*.

Mais ce sont plus précisément les dialectes de la Soule, du

Roncalais et de la Basse-Navarre avec Ao~'<M< (/oro.9~M)2

qui concordent avec le sarde dans le traitement de l'occiu-

sive initiale. Sous cet aspect une zone dialectale basquesemble donc garder un état de langue plus archaïque à

l'égard de l'ensemble des dialectes euskariens, peut-êtredans un rapport analogue à celui qui passe entre l'aquitaindes inscriptions et l'ancienne unité linguistique cantabro-

pyrénéenne conservée dans le basque. En tout état de

cause. les inscriptions de l'Aquitaine, les archaïsmes de la

Soule et les épaves du substrat de la Gascogne nous per-mettent de déceler parfois ce que le basque nous cache: les

phases d'une évolution, dont le moderne euskara présentele dernier résultat. C'est bien surtout le basque, cet îlot

linguistique menacé sur toutes les frontières et gardant,néanmoins, sa physionomie propre, qui donne ici auxrecherches dans le cadre préhistorique un certain avantage

t. En ce qui concerne la permutation de r et de 1 (~o~osti'-s'orosh'),on n'ignore pas que « l'r douce intervocalique provient souvent enbasque d'une l primitive N(GaveI,jÉ~?ne/t<s de pAonet. basque, p. 2't0);cf. aussi'Schuchardt, Iberische Dg~!M<tOK. p. S et ZRP/~7., XXXII,p. 357, à propos de Iliberri-Iriberri, et de oreitz. or~t.:>*coLES-T(R)uM(ast. culiestru), *coLAST(M)nM(espagn. M~<M<?-o),coLosTRUMdansles mots d'emprunt. Instructif, à cet égard, est aussi l'exemple deCLUXtAC6«:&er!<:e~K:s (Pline, III,27)>Cun;NiA (CIL.. Il, 8238)> j. CorMtis, comportant une évolution basque KL- > KUL- et-i.- > -<D'ailleurs, la forme A'o~ost/'t (goloqtri) nous est attestée par les

toponymcs basques Kolostrin « término de Ardanaz et Golostrandi« monte de Letona (Zigoitia. Alaba))), cf. de Eleizalde, Topon. vascaRfEB,, XXI, p. 542 et XX. p. 35), l'un toponyme formé probable-ment à t'aide de -n locatif (cf. Luchaire, p. ~50). l'autre comparable à.4r<'c/<-<:?:c!;en Biscaye, etc., Luchaire, p. i77.

Cependant les traces de cette forme /;oros<< dans la toponymieeuskarienne sont plus vastes Xofostacfo! « monte de Manaria »( Bizk.). cf. Am~-h): (-doi) « lieu planté de chênes tauzins », Luchaire.p. t63; Korostegi « caserio de Basalgo (Gip.) o, cf. 0~< « lieu cou-vert d'ajoncs )', Luchaire, p. -t78; Eoro.sta~! « caserio de Bergara(Gip.) ». cf. L<.<sc[r-d!« fresnaie », Luchaire, p. 163. Cf. Eleizalde,yopot). vasca, RIEB., XXI (i93t), p. 843-543.

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Y. BERTOLDI138

sur les autres. En effet, si dans le domaine desAlpes et desApennins. les survivances présumées du substrat trouvaientl'appui d'un îlot ligure ou étrusque comparable à l'ilot bas-que. il n'y a aucun doute que les comparaisons auraient,ici encore, un caractère moins fragile. C'est là un fait quijustifie la tentative faite pour tirer profit dans la mesure dupossible des faits ibériques pour l'examen de faits analoguesdans les autres zones médIterranéennËS.Or, si l'on prend comme point de départ l'hypothèse que

le type des occlusives des langues parlées dans le bassin dela Méditerranée avant l'arrivée des Indo-européens ait dif-féré de celui des occlusives indo-européennes, rien de sur-prenant à retrouver dans les zones typiquement archaïquesdes traces de cette divergence, soit sous la forme d'uneincertitude de transcription dans les témoignages ancienssoit sous la forme d'une assimilation orale imparfaite etincohérente dans les survivances régionales.En enet, en ce qui concerne, par exemple, l'ancienne

Ligurie, une source précieuse telle que la « Tabula alimen-~a/c )) deFe/eM:(CIL., XI, 1146)nous a conservé le dou-blet CuMALUA-&UHALLAN(us),dont la forme comportant lasourde initiale est coniirmée par les noms de personneCuMEuus~C7~n,2639;2377)etCuMoxtus(C/L.,n,ST21)des inscriptions ibériques'. Ainsi Schuchardt a ajouté lestypes TuRiuM(TuMA) et Dupius (DupiA)aux comparaisonsibéro-ligures instituées par A. Schulten. De même, pourdonner encore un exemple, dans l'ordre des labiales aux

1. AuneracinecnM-serattacheaussilemotobscurcuMERA,termedu rituel dans lequelM. Ernout sur la foi des étrusqueseMmerc.cumcrusa,cMmerMHM'aest enclinà voir un empruntà l'étrusque.Sitentantquesoit le rapprochementarec les formationsibéro-ligures.sansunexamencomparatifplusapprofondiil n'estpaspermisdefaireétatde cetteidentitéde la racine(A.Ernout,Lesélémentse<ftM<j~fesd!<t)oc<!6M~H'elatin,« Bull.S.HMgr..Pa)'s»,XXX.'1930,p. 120).a. H. Schuchardt~:{~. M~)'op.Ges.~'<M,XXXXV,p. 'li2 àproposde t'ouvragedeA.Schuiten,NMmnnha,p. C3 cf.aussiHolder,.4S..'t3'!8 E. Hübner,~OKMM.16., p. MO-2~.3.C'estl'alternancedessourdesetdessonoresreprésentéeparh'sdou-bletspcn.fGAS-BULLUGAS(V:'<a;Cohtm6an<).'~M/MO~aGrisons~=&t~og'aAlpesdela Lombardie,pa~o/'t'etMo/et,6~o/'aSavoie,peloce=~beloce

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PROBLÈMESDESUBSTRAT 139

tvpcs PALUCA-BALUCA« pépite d'or » (Pline. XXXtU, 77) de

!'H)érie on peut rapprocher le doublet alpin pala rocher

escarpé, pic de montagne ». etc. ~a/M « bloc de rocher H

comportant le même flottement des occlusives initiales

confirmé ici parles deux séries toponvmiqucs Pal « sommet

des Alpes Maritimes », Pala « pic des Grisons et (les Dolo-

etc. « fruit du pruneHier'). P;'K~t;s sp~io.fa (cf. Rolland, F/ore pop.,V, 398), qui porte un précieux indice contre l'hypothèse d'une originegauloise. [Cf. Holder, AS., I. 631 Meyer-Liibke. Bc<o)!MK{/:«t Gal-Ksc/te~, p. 3, note; RE~ 1390: J. Hubschmied, Dre: Or<?t<!mcH(/aM:sc/teHUrsprungs, Fcs<scAr:< Bf;c/<tH<!nK.,p. 171, note 2 et v. ~'art-hure. fE~V., I, 694. qui pourtant a signalé certaines difficultés d'or-dre phonétique « vielleicht handelt es sich hier um einen schon ga)-lischen lautwandel 6->p-; doch ist diese frage nocii nicht spruch-)'cif )']. A la thèse de M. Hubschmied(c Lcnitionsentgteisung )' d'aprèsH. Pedersen, Ëe~t. Gr., I, 434-6) M. Kteinhans a tout récemment opposéles suivantes observations l'idea délia s~atiieità di BULLL'CAè dascartarsi per il solo fatto che l'oscillare caratteristico tra i riflessi fran-cesi con p- e con b- si puô, è vero, osservare anche alirove sul suologatlico, mai perô in parole d'origine indiscutihilmente celtica. Control' ipotesi poi d' uno « shaglio di lenizione » (Le?t:<!07:e?:iSt<K<jf) elecito soprattutto obiettare che ta! fcnomeno puô avvenire solamentelà dove due snoni o nessi iniziali dopo la lenizione coincidono nel loroulteriore sviluppo. Per di più non sappiamo ancora se abbia avutoiuogo e in quale misura la lenizione sintattica siH ne) gallico;')!7/o</e~:n(yM:s<codedic. xie;);. G. J. Ascoli. 1929. p. 509. Il faut tenircompte, enfin, du fait que la base BULLUCA.d'après la « T'/ta Co/«nt6. »,ou 'BEt.LUCA(rf. BELUCUMdes gloses), d'après les survivances, n'a pasde correspondance dans le celtique insulaire où, par contre, s'opposele groupe unitaire de l'irl. nn'M. etc. auquel sembieni se rattacherle provençal o<y)'o, <<'tM et le lombard <jfr<(j'n<[p()?t~Mg~'t'n~a«'AGHixfo-, cf. Pedersen, Re~. Gr.. I. 103 et 143 Litteris, II, p. 86).M. Hubschmied a invoqué l'appui de la famille de BERR-.BARR- PERR-,PARH-« mouton ». qui par le fait même de cette oscillation des occlu-sives initiales a toutes chances d'être d'origine prëgauioise et prëiatine,comme l'ont bien suppose MM.Schuchardt..tud. Wartburg etc. (cf.Schufhardt. ZRPhil. XXXVI. p. 36: <(JedenfaDs handett es'sich hierunt ein vorrumisches '\Vort und das criaubt uns ins \eite zu schwei-fen », cf. aussi <c~a.sA'zsc/t-/tat;<sc/te 'n'ortu<'f(~. » RIEB. Vit. p. 27Jud, B; cM. roxt.. III, p. 13. note 5: v. Wartburg. FEn' I. 335;cf.. par contre, Meyer-Lùbke. Rm' 1049).1. Cf. Jaberg-Ju'd..4IS. Ht. 423, 423a. surtout 42S: C. Battisti.

Studi di storM /tnf/:<<<. c na~/on. Tr<'?!t)'no.p. 39 Ret'Mf /t!f')st. )'o;))..I. p. 426: Popoli e ~m~uc ne~' Alto Ar/e, i93t, p. 116: Gartner.Lnet:'n<sc/te ~'orfcr <:t<.<!dcit Do~owttcnfa/ft'H (Bft/t. ZRI'hil.. LXXHt.p. 67); C. TagHavini. Il dialetto dei Com~hco (~l;'c/t. J!oMat)/ci<m, X.p. 150). B. A. Terracini, Sp~o~ftirc ~'p;n'< (.4rc/t. glott. ital., XX.p. 8-10).

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V. BERTOLDI140

mites de Fassa )), Palosso ccmontagne de la Val Trompia a,Palanca « sommet de la Val Sesia», Palastre « montagnedans les Hautes-Alpes )) (DT.)avec la sourde et BALISTA« mons Liguriae » (Livius, XXXIX, 2, 7 XLI, 18, 1),Balasco « località di montagna x du Tcssin (Gualzata),Balisio « colline de la Valsassina », Bal « sommet des

Alpes du Garda )), Balur « montagne des Alpes Maritimes »,etc., avec la sonore. Ces types, formés à l'aide de suffixestels que -ANEA, -ASE-, -AST(n)- caractéristiques du ligure, sontd'autant plus significatifs qu'ils rentrent très bien dans lecadre sémantique des appeUatifs homophones. Car, il seraitaisé d'allonger la série de doublets: Palasco (Corse) et

BALAsco, j..Sc/~MyMe (Basses-Pyrénées)'; ~a/MC<ï (Sar-daigne) et jBa/M~a (Pays Basque) Palano (montagne du

Lazio) et Balagna (Corse) etc. provenant des différenteszones du bassin de la Méditerranée et liés par l'identité des

morphèmes; mais pour que les exemples gardent une cer-taine valeur probante, il faut mettre d'abord hors de causeles toponymes qui manquent tout à fait de transparencesémantique*. A cet égard, la synonymie de Pales de Burat

1. H. D'Arbois de Jubainville, Les premiers /M&. de l'Europe, 11,pp. 92 et 183 G. Bottiglioni, E~m. prelat. topon. corsa, 1929, pp. 70-73 P. Raymond, D:'ct!OM. topogr. du dép. Basses-PyreMMS, p. 20 (cf.ici le topon. Paloque mentionné en 1385).2. B. A. Terracini. Osse)'r. s<)'et:'pt'u antichi topon. sarda, p. 12;

L. de Eleizalde, Toponomastica vasca (RIEB, XIV, p. 136).3. Cf. Amati, Dizion. corograf. d'Italia, s. v. cf. aussi S. Pieri,

Topon. t'aHt Serchio e Lima (Arch. glott. tfaL, Suppl. V), pp. 97, 18Set 212; D. Olivieri, Saggio Topon. Tmefa, p. 280; Marinelli, Guidade~Canal del Ferro, pp. 8, 214, 276 G. Calligaro, Topon. Comune diBMta: L. Caporiacco, T'opot. ComM!!ed!'0!!<!ro(Rt<xs~Me./(~i.y'VI. p. 58 VII, p. 90); E. De Toni, Rep. topogr. ~HoA~~(.eA. AltoAdtne, XV, p. 131); cf. Hülsen. P~RE, II, p. 2814; P~acHmo~t dela Sardaigne nctAXa,not/.K(~d).) de la Corse (Ptol.) « il luogo in cuisorge Bonitacio, ail' estremità dell' isola in un' alta rupe a picco sulmare » (Bottiglioni, 1. c., p. 71).Pour la comparaison de la famille de *PALA(*BALA)avec « FA1.AEdic-

t<!fab a/tttMf/t'Kea FALAOO,quod <!pn~B<MMOsst'~fit~Mt cashtm », etc.voir A. Kehring. Le.Et/fa~scAcBMt'cAMn~eKxMMcAc~f~emE<rusA'!sc/t<')!t<~ Grt'ec/ttscAeK(Atti del pt'i'mo Congresso In~o'n. B!ru.!co, Firenze,1929, pp. 222-223) B. A. Terracini, Su a/cMne co?:~r:<ertsefoneliche/)'n e~tsco e italico (Studi EfruscAi. III, p. 231).4. D'autre part, la communauté d'origine est dénoncée par la conti-

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PUOBLÊMES DE SUBSTRAT iH

ct/<'6~.Z?M~~« picsdesPyrénées )) (Mistral)vautbien d'être

sou)ignée,en tant qu'elle peut servir à combler ici une lacune

du \'ocabutaire et à attester pour le domaine pyrénéen le sensde « pic de montagne » en accord parfait avec le domaine

des Atpes (cf..P~ de las ~a/a.? des Grisons) et de la S.u'-

daig'ne (cf. ~*M??~a jPa/az « pic de montagne de 1200 m ").Audoubiet*pALA–*BALA « pic de montagne » dans 1 ordre

des labiales on pourrait, enfin, rapprocher le doublet *KABA

*GABA« torrent de montagne » dans l'ordre des gutturah's.Dans une récente étude j'ai essayé, en effet, d'identifier

un terme préhistorique qui a survécu sous les formes ~a~ycu<?,y<xo « ruisseau » (Pyrénées); ~co, ~c/, ~o a torrent

de montagne » (Alpes) <ycu!MO, cavino « ruisseau M (Apen-

nins) et confirmé parl'hydronymie, ancienne et actuelle. deces trois régions montagneuses GABARUS,j. Gave de T~GM,Gavarro, Gavarresa, 6'cuc de G'aufxy'Mz'o, etc. GARELLus

Pline, afll. du Pô, <zyMMf/eGAViASCHO, GAVtABumn~A.etc.6'a~a (-0), Gavorrano'. etc. Dans cette famille, le flot-

[Htitë géographique dans une série ioponvmiquc telle que Col de laPale Kà la frontière du dép. des Pyrénëes-Orientates et de la Cata-togne » (Joanne, s. v.), Pal « sommets de montagne des dép. Avcy-ron. Haute-Loire, Ardèche, Aipes-Maritimes, Col << Palct <' sommetde la Tarentaise t'. Savoie, Bal « colline des Alpes du Garde etc.Cf. aussi les types suivants Palu et B<~«' <'sommets desAipes-Mari-

times = Pas de Ba~o!n' « mont. < de Laruns. doc. a. mo. B~LORxdans iesBasses-Pyrënées(cf. D/c<. fopo~r.. p. 20) Pn/anf/M « chaînede hauts plateaux du dëp. de l'Aveyron x~Joanne, 3t47); Palueta« montagne de la Vaididentt'o )) (Longa, Studi roma; IX. p. 3i3);Pa/a/tMefa « montagne de 1631 m. de la Caiabria Pa~/x? « mon-tagne de l'Apennin », proY. Abruzzo, (Amati, Y, 835) P«/ap<;<'<o« montagne de la Basilicata (Amati, V,p.843) comparable peut-êtreà « :n BALABO?)M)t~ » (Ta6. Peut.).1. V. Bertoldi, GAVAe derivati nell' idronimia tirrena (Studi

Etruschi, III, pp. 293-320); Re~u<' de /!K~. rom., IV, pp. 223-230 Re-p:<eM~fe, XLVII, p. 185 note. Cf. A. Ernout, R<'t'!«' de philolo-~i'e, 4930, p. -t34 A. Cuny, Revue des études attCMKnM,XXXII, ~930,p. 78; P. Aebischer, Buttteti de dialect. catal., XVII. p. 72 C. Bat-tisti, Italia dialettale, IV, p. 284 A. Meitiet, Bulletin Soc. ~i<y. Pn/'M,XXXI, p. 2)6 0. Densusianu, Grat s! sM/:c<,V (d93t), p. 203.2. M. Pieri a eu la complaisance de me signatcrpour le domaine de

l'Apennin ce type Gat'ot'rano « della maremma (oscana cf., pour-tant, quelques réserves sur des questions de détail exprimées dans]'.f<a~ dialettale, VI, pp. 197-201.

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V. BERTOI.D!142

tement des occlusives initiales est représenté par les dou-

blets: cavino-gavino « ruscello » de l'Apennin, C'cMr-

y/MHf, Caua~/i'a~co–Ccua~ <7û'uû;~M!,K« torrents », Ca-

~<2~c Gavarnie des Alpes. L'insuffisance du latin CAvusest ici indiquée incontestablement par l'indice des mor-

phèmes (-ASK-. -7! -AL-). En ce qui concerne le domaine

'tes Pyrénées, sans entrer dans le détail du problème, il

y a lieu d'attirer l'attention sur deux faits d'importanceessentielle qui m'avaient pourtant échappé jusqu'ici.D'abord, le Pays Basque, à côté~de la série toponymique6'«~'r/ (puente cf. GAXDiA xvi" s. et Ms~DtA; mont.), ~'<:<-

~<??'û, 6'am (cf. le sufT. dans Iturrain), Gabiria (cf.

<<<Mf/~M'), Gabirostegi, G'<ï~c, Cc~OMM, etc,, connait

aussi le nom de ruisseau G'c~Ma « arroyo de Sandamendi

(Bixk.) » qui grâce à l'évidente concordance sémantique

apporte au groupe pyrénéen un appui très précieux tout

autant qu'un complément'.Ensuite, sur le sol de l'Ibérie le vrai frère sémantique de

~M des Alpes Ladines au sens si typique de « torrentelloaffluente di piccoli rivi », f<sentiero moltoripido d'altamon-

tagna lungo il corso di un torrente (Marinelli) est repré-sente par A'~o/t'o, ~~Me?'/fo, /c~C!s< « afluente de los

pequenos rios )), « el camino por donde baja el agua del

t. Les types ici mentionnés proviennent du riche recueil de topo-nymcs basques pubiié dans la 7fJ'.EB,XIX, p. 6t7, dernier cadeau de1.. <)oEleizalde A la terre natale et à la science. M. Saro!handy, Vesti-pes rle p/t0t!e<. !<)e)'.en ter)'. )'oHM)t(RIEB, VU, p. 477, note) a signa)Èla fréquence surtout du type GcMs dans les Pyrénées de même T. deAranzadi. Ape~Mos actuales Ot Sa)) Sebastian (MEB, Vil, p. 167) arelevé Gabi dans Gabilondo, Ga6t)'ondo. Gca'Mdans le « puebio navarro.Oc/i(!-<;<!ptn»; en ce qui concerne -otido dans Ga&OK~ocf. J)'<-o)tdo,.Sft'/at'r-onf/o « pommier », iUtM-o~oa (m:;no « colline »). Ainsi Gabica('Hiscave) est peut-être comparable pour le sufHxe à AfM~'caen rapportavec n<tf~a« t~orne », tout comme Ga6s)'<Mn(RIEB, VII, p. t69) à côtéde Gabaro est comparable à j)f:<?M'-aut« lieu sur la hauteur ou près de!a hauteur » CLuchairc, p. 450). La Jfapa mtK<a}' :<MterafM deEspaça relève encore les types suivants Gabes dans la haute valléed'Ussau.Gat!)! « ruisseau » aul. du Guttego (Hoja 17); GaMs dans lav.ittee de ta Kosuera Pallaresa (Hoja 48), G~ar~eHa (SM)'s de la),GaM.<!près de Benasque (Hoja 27) Ga6an.:î<e~o« arroyo », aiu. du rio.Udra(Ho.ia95).

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PROBLÈMES DE SUBSTRAT i4S

monte » à Calabor et à Rionor en Sanabria (Kruger)'. 1.Cette concordance est d'autant plus significative que lesdeux phases sémantiques sont communes aussi au domaine(te l'Apennin: yc~M,e<7:-M<9 « piccoli amuenti dei corsi

d'acqua maggiori » et « vie o sentieri lungo questi rivi »

(Pieri). Et, en étendant les recherches à l'Italie méridio-nale et insulaire, si le type cavino de la Toscana rappellecauM/ie « torrent de montagne » de la Calabria, les appella-tifs caborco, cabuerco (-a), signifiant aussi « barranco »,de la Sanal)ria, surtout en ce qui concerne les formes, sem-blent inséparables, d'une part, de ca~o~'ca (Val Maggia),f'-suMe~Y/a (Engadine), 6'<7~ A"<x/Me~ (Stelvio), etc.burrone. sentiero di montagna » et, de l'autre, de ea/'MO?'-

c/~o du territoire de Xaples; cavorchiu « tana. nascondi-

glio » de la Sicile~. Faute de mieux, on a soupçonné dans

ces types des descendants de CAVL's\ Mais si l'influence

secondaire de CAVUS est admissible, et même, au point devue du sens, probable, il est hors de doute que l'adjectiflatin ne suffit ni à rendre compte du fractionnement du

tvpc ni à expliquer la nature des éléments de dérivation.

En les déclarant « problématiques )'. Ascoli* avait prononcéen même temps le dernier mot sur tout le problème. Car lestentatives ultérieures de concilier cette famille d'appellatifsavec CAVUSse sont toujours heurtées aux mêmes difficultés.

'i. Fr. Krùcer. D/c Geg~)).<a)!(Mt<«Mr Sanabrias und seiner A'oc/t-6ar</c6tf<< d925. p. 29: « Sh'eckenwcise sind so)che ~ege nur mitSuumtieren zu passieren (dans la Sierra de la Culebra) fallen sie dochteilweise mit den cnscn Sch)ueh)en der Gpbirgsbache zusammen.So erktart es sich. dass in Catahor A<!&o)-A'ogeradezu mit « sendero,Pfad » steichsesetzt wird » (note Cf. le toponyme Gamefc « sen-tiero », a. 1544 Ka/Merf) dans la région du Steh-io (cf. C. Battisti, 1non:: locali dei comune di Stsh'i'o, t9~0, pp. m, 34).2. A l'appui de ma thèse M. Ribezzo (MGr Ital., X!V. 1930, p. 107)

a sisnalë les deux noms de cours d'eau GaM~, Gnu~~e~o, émissairesdu Laao Fusaro.3. S. Pieri, Topon. Serchio (.4)'cA. glott. ital., Suppl. V. pp. M et

t2--) et Italia ~a~ftf: VI. p. )98: Roh!fs, ~t;'c/t. ~iomotucMt~Vfj. p. !H~ Garcia de Dieao, Cruces de s!ndM:H)<M(Heu:sto /?/o~.s~a~[X. p. H5). Fr. Krùger, Gfgexst. Sa))a6r:'as, p. 29, note 1.4. Ascoli, ~n?!o<a.0/ sopr<7s~L'a)te(At'cA. glott. ital., VII, p. 319);

le nom de Pieri dans RE~' 179C/2 est corriger.

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Y. BERTOLDI!4Jt.

Salvioni n'a pas manque, par exemple, de relever l'alter-nance de -RK- -RG-qui rappelle des doublets tels que *BARKABARGA.etc. De plus, sur le sol ibérique à côté de caborro,cabuerco coexiste, à Lubian, le type cc~~Mco(Kruger) quid'après le morphème-ANCOse dénonceromme une formationcomparableà BARRANCA,CALANCA,PALAKCA,etc., les appellatifsbien connus relatifs aussi au relief. Mais là où le rapport desconsonnes initiales sur le modèle de Cavargna = Gavarnie(Alpes), Cavino = Gavino (Apennins) apparait assezclairement, c'est dans le cas de cc~asdK« pequeno rio Mdela Sanabria rapproché au nom de ruisseau <?<~a~(avec l'af-fluent GABASTONa. 1429) le type prédominant dansles zones pyrénéennes. N'est-on pas ainsi en droit dereconstituer une aire continue de *EABA(*GABA)« ruis-seau a s'étendant de ~c:<5c's<~ïde la Sierra de la Culebra àtravers les Gaves, 6'a~<Mdes Pyrénées, 6'a~MC:« ruis-seau ') duPays Basque, Cabirou « ruisseau » sur le versantfrançais (Basses-Pyrénées) jusqu'à gabi « ruisseau a de laGascogne?Dès lors, s'il est en général malaisé, en l'état actuel de

nos connaissances, de retracer l'histoire compliquée de cesmots. s'il serait en particulier imprudent d'écarter la possi-bilité d'une intervention troublante de CAVus,il est tentantde réunir tous ces débris sous une base préhistoriquecommune "KABA(*GABA)et d'interpréter l'alternance dessourdes et des sonores (E- G-et -RE- -RG-)comme un faitde substrat.En tout état de cause, le même fait-de substrat peut justi-

fier aussi les variantes CANDA-GANDAdes documents toutautant que la coexistence des deux formes non seulementsur le sol ibérique, mais aussi dans les domaines des Alpes,de l'Apennin et des Balkans. Un exemple caractéristique

1. C. Salvioni, Romania, XXXIX, p. M3.2. Cf. Raymond. Di'ctto/tK. topo</)'.f/ep. Basscs-.f~reneef!, pp. 6S. 66

Gabaston, ruiss. qui se jette à Ger dans )c Gâtas GABASTOx,1096Go6as, riv. qui se forme par la réunion des ruisseaux Gabaston et dela Honrède, F/Mt'MMGAVASE~sisvers 982. Barranco Gabcis (cf..jonnnc. s. v.).

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PROBLÈMES DE SUBSTRAT ii5'

dans les Alpes est représenté par C<ZK</r!a:, la « penterocailleuse » du Monte Bondone près de Trento, en face de

Gandria le pittoresque village du Tessin amassé sur une

</a/M~ très escarpée'. Ainsi, l'alternance des occlusives,notée à plusieurs reprises comme un trait commun aux

zones montagneuses de la Méditerranée les plus exposéesà l'action du substrat, nous permet d'établir les équationssuivantes dans un vaste cadre de la péninsule de l'Ibérie

jusqu'à la péninsule de l'Asie Mineure GANDA(Alpes)CANDA(Apennins) GANDAvus (Gaule) CAXDAViA(Illyrie)GAXDADtA(Pyrénées) CAKDiDAE (Alpes) Kx'~Sx (Bal-kans): GAXDARA(Ibérie~ GAXDARA, CANDARA(Gaule)

Kx-~x::x (Asie Mineure) GA~DRA (Mont. Cantabriques)GA~DRox (Cévennes) <7c:?!c~'<a. C'<xyï<fh (Alpes)

Kxv:?'.x (Pbrygie). Les indices de la réalité géo-morpholo-

giques des lieux ainsi désignés peuvent, comme nous l'avons

déjà remarqué, confirmer jusqu'à un certain point ces rap-

prochements à cet égard l'appartenance à notre famille

tout particulièrement des toponymes de l'Asie Mineurereste toujours problématique et, en tout cas, susceptible de

''ontrôle.D'autre part. sur toute l'étendue de ce domaine méditer-

ranéen, de Ftbérie à 1 Asie Mineure, les occlusives présen-tent aussi à l'intérieur du mot le même flottement aprèsune liquide ou une nasale En ce qui concerne particuliè-

1. Cf. CAXDAt.Locarno, Holder, AS. A'acA~ -t07t D. Olivieri,S'~f~o topMOM. veneta, p. 'HS LA CAXDAde Fannpc 15M ValC.UA. Mace; Ston'f! territ. T!C6))(.. XIII, 20t CAXOOLAa. i3i4, GAX-r~nLAa. 'H96. j. Ca)'o'o~f; Salvioni, Boll. st. S'~< ital.. XXHI, 4;P. Scheuermcier, ZAPA!7. Beih.. LXIX. p. di9. A propos de Gandria)Hftescription dans le Geogr. jLe.r~o~ Schweiz, V. H. 338 t<Der Hangist so steil, dass man scherzhaf't von den Bewoi)nern von Gandria sast,.sic' kamcn erst im Grabe d:)zu. sich einmal wagt'echt ausstrecken zutionncn H. A peu de distance de Gandria est :situé le lieu nomméG'f;;tdo<<7(Vat Menaggio), dans lequel Saivioni, Italia dialettale, V,')939. p. 243 reconnaissa!) ingénieusement une forme *G<Mch'o&

Cf. Ascoli. ~c/t. f/~o~<f<ï/ VIII. d't4 R. von Planta, G-nfnm.~)- os/ttw~r. Dt~~A'<c.I. pp. 5a2-5S4 Meyer-Lubke. Rom. G)'omM.,1. ::64H: E!))/'i;/(;-tn~. p. 3i' G. Bertoni, Italia dialettale, p. 144;\V. v. Warthuri;. Z~P/t< XLVIU. p. 460.P. Kretschmer. Einleit. Gc<c/t. ;yrtce/ Sprache, pp. 293, 3K). 402;.

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Y. BERTOLDI)46

rement l'alternance -?~- -K< les sources ibériques nousont conservé des doublets tels que AxTELus(C/Z., H, 2387)*A'~<:A::(Ptol.. IL 6, 66)' comparables non seulement

aux alternances témoignées pour l'Espagne ADQUAXTAS-u.)QUANDAs(Gloses Emil.), AutNAKDBde l'année 1163, j..luMM~e citées par M. Menéndez PIdal mais aussi auxtypes basques iRUKTm~>Irundils, EENTU~>A'eMQ~M,voLux-TATE> ~o~'o~~o~, etc. L'ilot euskarien, ici encore, peutdonc servir de précieux point d'appui. En effet, on n'ignorepas que dans le système basque (le soutctin excepté), lessourdesA',~o.t dans les mêmes conditions, c'est-à-dire lors-qu'elles étaient précédées d'une nasale ou de l, ont subi jus-qu'à une certaine époque(xvi° siècle) le même changementtendance qui semble avoir survécu quelque temps à la mortde la sonorisation des sourdes initiales. Même dans lesrégions du Béarn fait remarquer M. Gavel' « où lasourde est actuellement seule_existante, on trouve souventla sonore conservée dans les noms propres, par exempleCa~f/aK pour Cantau. D'autre part, on constate encoredans certains villages la coexistence de formes d'un typeplus ancien avec sonore et d'un type plus moderne avecsourde par exemple, dans la région de ~To~y on tourneen ridicule la prononciation des Béarnais de ce village endisant ~7oy:~o~pour ~/OM/o?'~». C'est ainsi que M. Saroï-liandv dans un article très utile a essayé de jalonnerl'ancien substrat du phonème sur la foi des « vestiges enterritoire romain » des deux versants pyrénéens.Bt'ugmann-Thumb,Cn'ec&.Gt'MHK.p. 240 A. Debi'unner.G~'f-chendansEbert.Mr.. IV/2,~92G,p. 530. P, Kretschmer,Glotta,X:n (1923),p. 'H4 XV(192S).pp.87et suiv. AsM~0', 1(19~),p.t03; Liter. Ze~M~atf, 1925.p. 33; H.Krahe, ZOXF.,TIL'l,(19~), p. 23.1. Cf.aussi les doubletsERCAVtCA-EMAVMA,O~px:-UnGtBaetic.

(E. Hûbner,J.fLf.,P)'o~s' CVI,§ 38),auxquelsje voudraisajouterAMtOBBiCAARTABROnu~[(Mela,III, 13)avec-rcl-:-rf-.2. R.MenéndezPidal,Of~cnesdelespn~o~.Esta~o-HK~Mts~codela

pMtMsu~:ibéricahastael st~~oJ~f,I, '1929.p. 307.3. H.Gavel,jÉ/emsHts.p/tOHet.ëss~Mc,p. 2S5;C. C. Uh)enbeck,Bettm~e,p. 74.4. J. Saj'ohandy.Vestes de phonétique:&e)'<')!)t~e;t ~)'~oh'e)'omam(~JBB.,YII),p. 475-497.

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PROBLÈMES DE SUBSTRAT i47

D'ailleurs, Schuchardt (/6pr. De/i'?., p. 65) avait, déjàindiqué la voie; lorsqu'il comparait lappellatif basque M!p~<« montagne )) d'un coté; à l'équivalent latin ~o~'TE et del'autre, au type toponymique attesté par les sources ibé-

riques i\h-)/.ï~x (Ptot., !L S. 6; .MEKDtCULEtAT/C/yC~cf. Hubner, p. 236), qu'il jugeait inséparable de M~~-p~. (Ptol., !i, 6, 58 ME-s-TESAPline, Hi, 9) des anciensauteurs et des inscriptions. Car ce dernier rapproche-ment présuppose la possibilité de découvrir dans les don-nées épisraphiques de l'tbérie des tendances phonétiquestelles que -nt-: -/ïf/ dont le système basque semble êtrele dernier dépositaire. Or, si l'on tient compte de lasérie d'oronvmes basques .'MpM</<yM/'e/J/p/coa, ~e7ï<

yo?v!'a, ~/eyï</ccM<e, J7cM<~a-'c (Luchaire, p. iSO), MEK-DAOssEa. 1286, MENDto~DO,X! sièele (Basses-Pyrénées,.07".), etc., on se trouve ici en présence de trois ordres defaits qui. combinés, peuvent contribuer à déblayer le ter-rain à 1 étude de problèmes analogues transcription flot-tante des sources, formes basques qui s'encadrent encoredans tout un système phonétique et formes depuis long-temps détachées de ce système qui se présentent aujour-d'hui comme des épaves aflleurant a la surface romane.En suivant ces critères, on est porté à comparer, sur le

modèle de ME~TESA-ME~D)CL'LE)A,les deux tvpes attestés parles sources cantabriques CA\TABRtAdea et CA~DA~nus./Mjoz'-/(cf. Cantal et C'<Mcfc/dans la toponymie d'aujourd'hui) 1,en postulant à côté de GA~D-(la phase parallèle aMEXD-, cf.mendi et GA~DADiA),une phase KA~T-, qui correspondraitau thème MEXT-dans ME.\r-ESA. Cela revient, en dernière

analyse, à attribuer au domaine de l'fbérie la possibilitéd'équations analogues à celles établies par M. Kretschmer~

1. Hittjner, ;ULf.. p. 2~8: C~xTAURi,Kct'/Tx~o' KoL~x~~iK.I\M-:x-cc'xo;, etc. CAXTtGiB<K/f<c.CAXTL~xoHr</f))s.(CIL.. tf, ~0~ add. et574~).Dans la toponymie d'aujourd'hui tes types:Sierra de Caof~6)')u(Atava). C<<Mrrt (Lërida). Cnt!tn~(Aimerin). Cantales ~!u)aga).F«e~f-dg-Cfm(os(Bndajoz).La C(7)!~ft!~)!~(Pyrëoëes-Ot')ent.).–CA~-TABf;< apcttido))ixt~ainodel sisto XVI cf. Eteixatde. 7o~o)!. ua.sc'f(R7jEB.,XXI, ~9;}t. p. 536).2. P. Kretschmer..Et~e/f. in ~if GMc/tt'e/tfe~ft g'<c/t. SprncAt;.

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Y. DERTOLDt~8

a propos, par exemple, de Mj<v-:x/ Mx'/ExA:;pour ledomaine préhellénique.Mais. sans aller si loin, est-il permis d'établir a cet égard,

tout d'abord, des correspondances ibéro-aIpines?En d'autrestermes, est-il permis de supposer la même alternance dessourdes et des sonores après une nasale ou une liquide aussipour les langages préceltiques et prélatins des Alpes? Lenom classique des Alpes lui-même, Ar.pES,"A/~s~, nousfournit peut-être un exemple instructif d'une telle alternancedans l'ordre des labiales ALBH-,ALP-.Car, s'il est vrai quej'origine du mot demeure obscure, même après les tentativesd'interprétation anciennes (~ a c<M</o?'e?KU!'MM» Paul.Fest. 4 « <z/ montes»s Serv. Aen. i, -H2) et modernes',il n'en reste pas moins que, d'une part, l'équivalence desdeux éléments radicaux ALp-==ALBn-aété reconnue unani-mement et que, d'autre part, elle serait inexplicabledu pointde vue de la phonétique gauloise ou latine. C'est là unfait qui justifie l'hypothèse d'une langue intermédiaire quisubstituait des sourdes aux sonores correspondantesl'étrusque pour les uns, le ligure pour les autres. La sonoredans la série toponymique ÂLBA,AuiARNA,ALBENXO,ÂLBE-~ATE,ALBUMINTEMEUUM(j. Ventimiglia), ALBUMIxGAL'-~L'.M(j. ~e7!~a), etc. formations à tous égards sansdoute plus typiquement ligures que ALPES,est un indice enfaveur de la première alternative et cela d'autant plus quela sourde du sabin ALPUM,en face du latin ALBUM,et de

p. 293-306«Das-nt-Stt~t.r», Glutta,XIV,19aK,p. 103 A. Fiel:.Vo)'0)';ec/t<se/tfOrtstmme)!a!! Quelle/'Mrdie To)'~<'se/C/t<eût't'ec/ten-/a!M/sKofv-:ft'~o;,KftVTcc/tK,à côtedeKxvSxpat,KK'/B<xcr&et Ko(v6mctov,p. 't8et S4 Kc:v:awo;,cf. CoIIitz-HoiTmann,Grt'ec/t.DM~eA{:')!sc~'i'p. ~18etâ4 Iiav:âvcos,cf.Collüz-Holimann,Griecle.Dialektiuschrifte<t,nr. SiS4 Brugmann-Thumb,Gr:'cc/t.G)'am)K. 1913,p. 240A. Debrunner,GnecActt(Ebert, RLV.,IY/2,1926,p.S20);cf. pourMAXTALOS(Phrygie),Ruge,P~RE. XIV,1,1928,p. 12S3.1. PartschAlpes,P~'RE., I, p. 1899; Brùeh,EZ,XLVI, p. 363;Pokorny,Zeitschr.celt.P/tM.,XV,p. 197 Walde-P.Verg~,~te)'6.;)teio'y.Sp)' I, p. 93;E. Boisacq,Dict.e<s/m.L grecque,p. 388,s. v.Afiso;;HofmanndansWalde,Ljb'n' p. 32.2. D'Arboisde Jubainville,Les pt'ennst'shabit.BMf.,H, p. 313:Kretschmer,KZ., XXXVHI,p. 117; J. B. Hofmanndans Walde~.r~ p. 27.

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PROBLÈMES DE SUBSTRAT T 149

l'osque ALpu's, en face de l'osque ÂLAFATERKUM« ~t.?'-~o~M/?;H. est explicable comme résultant d'une innovation

étrusque'.Mais plus claire encore, grâce ù la parfaite concordance

sémantique, apjtarait l'opposition des sourdes et des sonores.soit à 1 initiale soit à l'intérieur après une liquide, dans ledoublet TALPONE-*DARBO~'E« taupe )) et « taupe-grillon ».

Jusqu'ici on a séparé, comme on le sait, les deux types; enconsidérant TAL?o.\Ecomme un mot latin dérivé de TALPA

(cf. TALPOXAu~M. Pline, XîV, 36) et en attribuant à unidiome prélatin *DAtmo\E attesté sous la forme DARpcsdans le Z.a'~e~cM/Mô'de Polemius Silvius (t, S43; 11), sur lafoi de la distribution géographique des survivances. Et eneffet l'indice des aires ne semble pas, cette fois; de naturca nous tromper. « Qu'il v ait eu contamination dans lelan-

gage parlé entre TALPAet *DARBL's disait Antoine Tho-mas en conclusion de son important article sur DARPusdePô!. SIIv.~ « cela est très vraisemblable; nous atten-dons de nouvelles informations pour l'affirmer; en souhai-tant que les auteurs de 1 ~4~/a.s/MM~Me publient bientôtune carte consacrée au mot taupe ». Or, à l'heure actuellenous avons la chance de posséder non seulement 1 atlas deia France (AZT~), mais celui aussi de l'Italie et (le la Suisse~4AS') et nous sommes ainsi dans la possibilité de complé-ter les données des vocabulaires qui étaient à la base desrecherches de A. Thomas. M en résulte un domaine assezvaste de "DApnoxE embrassant les hautes vallées du Pié-mont et de la Ligurie. une grande partie de la Suisseromande et le Sud-Est de la France (où l'appellatif estconfirmé par les toponvmes du type Darbon de la Haute-

1. Cf. R. von Pfnntu. Gt'~)M))i.o!e/t-t<M&r. DM~e. I. 464:Sehufze.L'7~!)!. Et<y<'ntt..;). 'H9: Hofmann dans 'a!de. LE~ s.'2ti B. A. Ten-acini. S~f/! t*ft';<sc~t.III, p. 237.i!. A.Din'mestptpr..fit't'Mcritique. tS77. p. H7 À. Thomas,Roma-

~o. XXXV.p. iT~ Varthure. FE~ I! t3; Fr. Sehùrr. ZRM!7.XLVtf(t927). pp. 492 suiv.~C. Mor)o.J<<a dial. IV (i928), pp.:HOsui\3. A. Thomas. Ro)M/!<n.XXXV.p. t'73: cf. 'T/tM<!M/'u.</a< V.

39 Kette:4~{. 7'!<;t'tt.'e/I. 20:

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V. BERTOLDl00

Savoie, jOa~oH~cy du Jura, La /)o;c'/M~e de F Ainetde l'Isère, La Darboussèdes du Yar). Ainsi que l'a déjànoté M. Thomas, la signification du mot n'est pas partoutla même:ûfa/o/? désigne non seulement la « ttupe H etdes animaux voisins tels que le taupe-grillon (~7/o~~c'),le mutot, la musaraigne, etc., mais aussi une «vache noirecomme la taupe n (Vionnaz, Gilliéron, p. 145), « petiterâpe en bois à curer la pioche ou le soc de la charrue ?»(Yar), « charrue a (Haute-Savoie), etc. Surtout singulierest à cet égard le sens du darbon à Maçon « talus de terrequ'on élevé entre deux rangées de ceps lorsqu'on donne lapremière façon à la vigne)). Cela évoque à l'esprit presquenécessairemment le mot TALPOKA,une variété de vignementionnée par Pline (XIV, 36), mot comparé par Schulze

1

aux noms de personne TALptUS(Fabretti, 2588) et TALPO-~us (CIL, V, 2512, 2701) tout comme l'autre nom d'unevariété de vigne sopixAFlorentiae rappelle aussi a d'unefaçonfrappante le type étrusque supxt (C7~ 52, p. 604).En tout état de cause, on ne saurait pas affirmer que le motTAL?o.\Aporte un cachet plus marqué de la provenancelatine que le type *DARBO~E.En écartant le latin, tout ce quel'on peut dire de ~DARBONE,c'est que l'isolement des survi-vances ne semble pas coïncider avec l'aire de la plupart desmots de probable origine gauloise, de sorte qu'il nous estpermis de croire d'avoir ici jalonné d'une façon vraisem-blable une zone fragmentaire du substrat ligure.D'autre part, le mot TALPAlui-même est dépourvu d'une

étymologie latine plausible~. DeTALUTtL'M« awoM ~e~M n,mot mentionné par Pline dans la description des mines del'Ibérie (XXXIII, 67), on pourrait extraire un élément"TALA« terre » et cela d'autant_plus que l'appellatif est iciconfirmé par toute une série de types attestés par les sour-ces ibériques: TALORI,TALAMINA,TALABARA(noms de lieu)et TALo'nus,TALAVus,TALADtus(nomsde personne), compa-

). Schulze.Lntet)!.E:'<y<'M.,p. 83 cf. lestoponymesTfopogxaetTAHMXtA(CH. XI.1147 «sc/~MSpraedMgMTAttBoxtAE"), G.Serra,Co~tntf!'ta(lellecom[;)tiMrut'aK,'t93'i,p. 86.2. Cf.\Vai<]e.LE~ p. 761 Steier,P~RB,, XIY/2,1930,p. 2339.

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PROBLÈMES DE SUUSTRAT i5t

râbles, à leur tour, avec Taloro, affluent du Tirso, Talava.

Talana, Talasai. noms de lieu de la Sardaigne et avec

Tala, Talasani, de la Corser De plus. Herbig a relevé le

doublet TALAStus-Ax/.x?' (noms de personne) parmi les

concordances étrusco-cgéennes' de telle sorte que la vita-lité de l'élément *TALAest établie par une ligne serrée d'iso-

glossesqui de Tx/x, TALARE~sEs(Step)i. Byz., Pline. III, 8,

1I.) de la Sicile à travers TALARUS, montagne de l'Epirc(Pline, IV. 2) s'étend jusqu'à l'Asie Mineure avec Talar et

TADcrs, notns de rivières. Des appellatifs tels que les géor-giens /a/c.c ([ngilo!) et ~/a/i' (Gruzia) « terre grasse »

affleurant à la surface dans les zones du Caucase semblent

apporter, enfin, un précieux appur.Tout cela donne évidemment à réfléchir sur la question

posée à propos de TELLUS par Àifred Ernout qui, sur la foidu nom de divinité masculine TELLu~ô, serait enclin à voirdans TELLL's un mot latin emprunté à !'ét.rusque~. S'il enest ainsi, le rapport entre l'ëtrusco-égéen *TALA« terre a ette latin TELLUS est comparable à celui qui passe entre le pré-indoeuropéen *MALA « montagne )) (/MC! « rocher » des

Pyrénées et M~ « montagne » des Balkans) et le gauloisMELLO- « colline »

1. Cf. V. Berioldi, ~M<cA: ~~ont topon. me~'fet')'. t~croe. Sardegna(~ef!<e <u)f/!<!st.rom.. IV, p. 334-280).3. G. Bottiglioni, Elementi prelatini nella <opo~0f«as<:ca f0).«:

(Suppl, 1/i, Ital. dial., -i929). p. 38 cf. TAUXAXO,a. 977, j. Talaixà(Cataiocne). P. Aebisctter. Études de topor;m:'c eft~ne (J~M. Inst.tfMtudt.! catc/~M, !/3, -1928), p. 434.3. G. Herbis, .K~e!Ma.sM<tM~-e<r«s/scAeA'ameH~~ic/tin~cn (S:

6a~ft'. ~a<<. d. Wtsscnsc/t., t9H, p. 9); J. Sundwall. Die g<)!Ae;n<.A'a));e~!der Lyhier nebst einem t'er.:e/c/tn. A~!nas:at..YaM!f'ns~<Hf??!<;~(/!o, IX. Beih., ~9[3. p. 66) H. Krahe, Die a;;eK Balkanillyr.~-ap/t. A'aMcn, 192S, p. 58 TA!.S)(CIL., HI, 301t). T.\LOxiL-s,Jokl,Illyrier, Ehert, MV, VI, p. 47.4. Cf. v. Erekert. Die Sp)'ac/<e)) des A'aMA'aszsc/te~S~a~mes, p. 95

voir aussi A. Trombetti, ~n!0)-:e ~ecad. Bologna, )9t8. p. 20.o. A. Ernout., Les e~emcM~ e<rMS~:fesdu t'oc<!6M~au'elatin (Bi<

XXX. )930,p. 110, note).6. A propos de malh Krocher" » des Pyrénées (sur le versant esp:

sno) San Bste~a~! de~ .~a~, près de Roda et les ~aM(Mde Riglos de lav,t))ëe du Gâllego) cf. Saroïttandy, RIEB., VII, t9't3, p. 477. noteG. Mcyer. E~m. Wor~. alban. Spr., p. 2S6 N. Jok), ~~ane)- (Ebert,

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V. BERTOLD:152

Or, rien de plus plausible quant au sens qu'un dérivé de*TALA« terre )) (~>TAL-PA)pour désigner la taupe, l' « ani-mal de la terre par excellence » (<?M'?M<x/Â'M~e~G'MPM~Pline, IX, 17, 8); il suffit de penser, par exemple, au typegermanique MM~uM~« Erdwerfer », en tenant compte dela glose: « ~fM~ ?HM/!qui ~<7M p~bc~'M~ » (~C~.G'). Dès lors, il est tentant d'identifier deux appellatifssynonymes; *TALPONEet *DARBOKE,formés à l'aide du mêmeélément de dérivation, lorsque la seule divergence desconsonnes peut trouver elle-même une explication dans lecadre du système phonétique ici signalé, en combinant lesfaits de sonorisation à l'initiale et à l'intérieur du mot.Ces exemples nous permettent donc de partir de la possi-

bilité d'une coexistence de *KANTAà côté de GANDAnon seu-lement pour le domaine des Pyrénées, mais aussi pour celuides Alpes. Et en effet, le vocabulaire roman de la pénin-sule ibérique, d'une part, connaît des types se rattachant :)une racine KANT-et, du point de vue du sens, ne s'éloignantguère de la famille sémantique de KANDA-GANDA« penterocailleuse, amas de pierresM espagnol, portugais ca~~« pierre (c<M~'c', -eira « carrière ») et catalan CG!M~« grosse pierre qui s'accorde parfaitement avec le basqueA'cM~/(RoncaI.; Soule), candal (Fanlo et Sercué) « roca.una gran piedra » (Azkue, I, 466). Mais le type cantal étaitautrefois répandu probablement au delà aussi de la Catu-logne, s'il est permis d'identifierle même appellatif dans lepremier élément du toponyme CaK~~ee~'a' (Salamanca)« luego situado en la cuspide de una eminencia »', interpré-

RLV,I, 87: XIII,989) nMMMMALUStKus(*MALustUM),Steinhauser.S;t:t. ~'<'ensrAAad,,206(1930),p. 1S7 Kt-ctschmer,Glotta,XIV,88: XV,')94 BSite,M~~(P~RE.. XIV,i928,p. 860);V.Bertotdi,S:h~ Asco/ p. 5,13et surtout539.PourMELLO-cf.Dottin,La langueg'</o:'se,p. 37'2 MELNXApodium et casteUum» (Molder,H, 835)B.A.Terracini,ArcA.glott. ital., sez. Goid.,XX,p. 11et note39(RocMM~MK= RoccMme~one)S. Pieri, Topon.At'no~p. 384(Poggi-m?~).1. P. Skok,Bet/t.ZRPhil.,XXVII,p. n; ZRP& XXXII,p. 563;Beszard,Étudessur l'originedesnomsde Keu.T'Aa&ttMdu .Maute,p. 28Sà proposd'uneformationanalogueC/t<.M<epM')'e(Mayenne)quiauraitdeschancesde reproduire*CANTA-t-pETRA,si étrangeque

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PROBLÈMES DE SUHSTRAT )53

table d'âpres cela comme un composé tautologique formesur le modèle bien connu de C/ia~?<2M</MM,77~M~</o/ Z!

~M<7y/o~a, J/OMy~e//o, etc.

D'autre part, Carlo Salvioni' a relevé, dans le domaine

des dialectes italiens, un groupe d'appellatifs analoguescanto « brique » des Marches, ccM/M~ eaM</M~!cet cc/~c-

/~<Me « grosse pierre, bloc de pierre M des zones méridio-

nales et insuIaires(Abruzzes: Calabre, Sicile, Sardaigne). De

plus, des fragments isolés permettent de reconstituer la

continuité d'une vaste aire ibéro-aquitano-alpinc. Car, à

l'appellatif ibérique </<7/«~<x terre rocailleuse », appuyéici par les toponymes La ~'f/~ù~roetjLa 6r<Mf~Wa(Braga);correspond, par exemple, parfaitement le provençal cc~c-~'& f< petit tas de pierres empilées dans un champ » (Mi-stral), appellatif confirme à son tour par les types topony-)mquesCAKTARELLUN,CA~TARELLOS(HoIderin. 1077). 6'<XM-~OM/; près de Nice; Ca/~a/'e?ïc° torrent près de Voltri,Cantarema près de Sestri Ponente le long de la cote ligure(cf. l'élément -EMA dans CAEpTŒ.MA, BEmGŒ.MA, nom ligure

paraisse cette formation A. Longnon, Les noms de lieux deFrance, 1920-i9 29. p. 537-8 H.A propos de Ca~a~apt'dm faut-it tenir compte aussi du toponyme

basque Ka;!c!f!ra<f: « )ermino de Tafatta (Nab.) x. de Eleizalde.Topon. vasca (/f/EB., XXI, p. 336) en rapport avec le nav. ait:.rocher x ? Cf. encore le toponyme C/tante-roc (Haute-Loire).En ce qui concerne les formations tautologiques dans la toponymie

cf. Meyer-Lubkc, Einf., p. 247 B. A. Terracini, Ossen'. strati /opon.xar~f!, p. 8 et ~tre/t. glott. sez. Goidanich, XX. p. 33 (à proposde ~oe<Mu~ot) RoccM-mc/onp en rapport avec *MELo« montagne, col-line )', cf. MELEXA« podMtmM). A ces formations je voudrais ajouter:Rio Rin~inM, affluent du Piave (rin <fruisseau "-(-~Mif « idem ») etGMu;'t<! Riupach et Rio Patocco (allem. -bach et siave -po~oA''c ruis-seau -)-Rfvus) aux frontières linguistiques itaL-aUemande et ital.-siave.2. C. Salvioni, Postille italiane e /t:d:)M al !;oe<!6o<aWoe<MO/o~Ko

t'oma~t~odans la Revue de dialectologie romaMe, V, p. 233.4. Cf. aussi la forme parallèle Cantarenna prov. d'Atessandria

CAXTARA(Hotder, IM. t077). L'interprétation donnée au type CANTA-HELA,j. La C<tnta)'e<< montagne près de Verona, par A. Prati.Escurs. topon. ~etteto, II. p. ~52 et acceptée par D. Oiivieri, Saggiotopon. Ve;:eta, p. 1.~6, est, du point de vue de la botanique, inadcnis-sible. Cf. aussi Cantalena « casale situato sopra un'eminenza »

(Apennins de la Toscana Amati) et JJno~' C<ni<<!<(Lazio).

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Y. IIERTOLDI)54

d'une montagne d'après la Sent. A~?MC.)' et CANTARELA,nom de montagne des Alpes du Garda attesté dans undocument du xnr' siècle. Par contre, le sens particulier de

brl([up M dans le type canto des Apennins des Marches

rappelle celui de chantille s. f. « pierre taillée en forme de

brique, pour monter des cloisons, des murs de refend; dans

Roquefort c'est le mur lui-même » (Jaubert, p. i43)du Centrede la France, dont Fidentité de forme avec le toponymeCAXTtuA, Cleantelle (Allier) témoigne par la Tabula 7?eM~.est bien remarquable. Ainsi sous le doublet CAKTENA-CAKDENAon pourrait réunir: candena des Asturies (dans C~'M~~p Can-

<pMa), cc~~Ma « angle d'un mur )) de la Savoie et cantena« amas de pierres, pierrailles de la vallée de Rendena au

cœur des Alpes".On sait que Salvioni a rangé les types italiens sous la base

CA~'THus « cercle de fer entourant une roue, jante » mais

a part les dimcultes évidentes d'ordre sémantique, CAKTHUs

)))ot africain ou espagnol selon Quintilien, Inst. or., I, 5,7-8. en tout cas ni latin ni grec est lui même un typet. A propos de BEmniEMAil faut tenir compte des justes observa-

tions de M. Xiedermann, Essais d'etymo~te et de cr!'t!g!<~ t;e;'&a~latines. p. 34. n. -1, à l'interprétation proposée par M. Kretschmer,A'Z.. XXXVIU. p. '118, n. 2; cf. aussi Yetter, Ligures (P~VKE., Xm,~93()), p. 5-!7 avec les réserves de la p. SM; B. Terracini, ~t)'c/t.;«. t/< (sez. Goid.). XX, p. l't, surtout p. 33, note 40.

Lpite de Vasconcellos, E~:idosi-!c philologia mt't'aH~esft,H, p. 17.Kruger. Die G<'<ifeKstan~~tfMM!'Sa?ta6)'i'a~p. -02, surtout n. 3 Meyer-Lùhke. RE~ -1579a (les suffixes -al, -eso, -edo dansCa:K~e)M~,CM-f~osa et C<t;tdeK~o,Cao~cnedo ne dénoncent pas «K~CMsaH'emcHtB unnom de plante; cf. Losedo, Loujedo Oviedo, Kt'i')ger, p. 66, note 47'Cf/rosa, etc.). Constantin et Dés., Dict. savoyard, s. v.; le motM«<ena a été recueilli par moi-même dans la vallée de Rendena.3. Salvioni, RM'uf dialect. !'om., IV, p. 235 cf. RE~ i616. En

ce qui concerne le problème de CAXTUS(xxvM;). il faudra consulter:R. Thurneysen dans Thesaurus l. ~a< 111,28'2 K vox peregrina essevidetur ab Hispanis aut Afris tracia ') c'est l'origine du mot selon letemoignace de Quintilian. De même AValde,LjE*n\, p. i23.Cf.. pourtant, Hofmann (dans Walde.LE~ p. 1S3) qui semble

eneim a accepter l'hypothèse d'origine gauloise, en s'appuyant surxx'i'x des inscriptions; J. Loth, Les mo~s <<:t:s dans les ~aK~MMbrittoniques. p. 144 F. SchuU, Zur ~atcot. Yi'o;'</0)'M/t.(Jndogf. Fot'sc/t.,XXXI. p. 317); J. Yendryes, ReNMecelt., XLV, p. 331; Walde-Pokorny. ~'urt. :')tdo~. Spr., I, p. 3Si Boisacq, D:'et. ëtt/m. <anËru<?~'cc~c, p. 406, note 2.

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PROBLEMES DE SL'BSTRAT !55 ~3

obscur dont l'histoire est peut-être surbordonnée a la solu-tion de notre problème. IJ faudra donc chercher ailleurs des

points d'appui. Or, les incriptions de la Rhénanie nous ontconserve ie moténigmatique (o;</)cAXTUxAS.GAXTr-xAs(C'/jL.,XtH. ]00]5, 99 et US) « in nomine loci saepius in signisfic)ili))us Coionia Agrippinensi oriundis » (2" fiï. 291)et plus précisément en rapport avec deux localités où étaitsituée la fabrique de terres cuites des citoyens romains Vin-dex et Lucius'. La concordance avec le type dialectal ita-lien canto, ca/~M?: « brique, grosse pierre est-elle tout afait fortuite? ou bien est-il admissible qu'un moi du fonds

prélatin au sens primitif de « pierre M.passé a désigner par-ticulièrement « pierre de construction », ait trouvé dans lelatin des colonisateurs une nouvelle possibilité d'expansion ?En tout état de cause, les autres types, surtout cantena et

<-M<'o<'quitrouvent tous les deux des correspondances dansla toponymie: CA:\TF;~Aet CAXTAL(Holder, I. 7~.6 et Ill.

1077) de la France (lu Midi\ semblent répéter un état de

tangue reculé: de sorte qu'il faudra essayer de fonder ces

rapprochements sur une base moins incertaine et moinsétroite. Quil me soit donc permis de signaler a ce proposla parfaite concordance entre les deux appellatifs <"<7~/eMCetc<7/ï/< et les deux mots K~'T~A et CAXTALOxqui figurentplusieurs fois sur les inscriptions votives du Midi de laFrance. Les deux types semblent servir de complément a

,1.J. Klein. hitei?t..Tahrb.,f. J. Ktein. R/te:')t.Ja/u'& LXX1X.p.'[78 L"hnct'. ~o~ncr Ja/tr6.,CX. p. t88; Ihm, P~E.. IM. p. ~99; Hotdcr..4S., I. 755 et !U,~M.2. CAKTALa. d4R5.montacne. commune de Saint-jM.trtin-Co~a/M;

CAXTAL.j. Le Plomb du Cat!/a/« le sommet ie plus élevédu massif duCantal » mentionné dans le poèmeprovençai composé au xm" sièc)epar Gui))em Anelier sur ta euerre de Xavarre de t276-H77 « Enriha rieCanthonmarcitantdescavaicat'. E pont de C~)fta/maim ornedesraubar o et dans une charte latine de l'année 'f26H « usque adpom de Cantal et ad Teron de Roca))a », voir i.dessus A. Thomas.Essais de philologie/'raMe<!ise.p. 'tOS-IJ2.Les Rochesdu Cantal, montacne vaf)<erie. commune de Saint-

Pauf-dc-Saters; CAXTALASde t'annëe d3~, contrée demontacne: LePuv de Cantalou « montagne a vacherie ». E. Ame. D/ct. !opopr.f/ep.Cantal, p. 90.9t.-H6. C/'<zn<a<~o)!« montaene de la Côte-d'Ot'))»(DT).

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Y. BERTOLDI!56

~MrM«fecit » ou à dede et désigner, par conséquent, l'objetde la dédicace. Or, toutes les inscriptions ou figurent lesmots CAXTALOXet y.x-~E'~(x)étant gravées sur des blocs depierre', on est porté à attribuer aux deux types le sens de« pierre votive », en tenant compte des dérives de K~T-signifiant « pierre dans les dialectes d'aujourd'hui. Cetteinterprétation nous permet de répondre parl'alurmative àla question posée par J. Vendryes* si le mot EAKTAde l'in-scription de Briona près de Novare KAKTAsAStoLOEAN(Hol-der 1, 745) qui semble servir d'épitbète à LOKAK« tombe »serait à joindre à E.AXTEKAet CA~TALOx.En effet, on se trouve ici, à ce qu'il semble, en présence

d'appciïatifsqui, dansle cadre des inscriptions gauloises, ontl'air de remplir une fonction analogue à celle de PALAdansle cadre des inscriptions lépontiques~. Et le rapprochement,clans ce cas, pourrait être étendu aussi à l'évolution séman-tique telle qu'elle résulte des survivances. Car, si au typeépigraphique PALA« pierre sépulcrale )) se rattache aujour-d'hui, ainsi que l'on a supposé à maintes reprises, l'appella-tif~a~a au sens de « amas de pierres » (Giudicarie), «pentede montagne » (Cadore et Sardaigne), etc., dans cetteéchellesémantique on pourrait bien reconnaître les étapes traverslesquelles est parvenu jusqu'à nous le type EAXT-A(-ALOX,). inscriptiond'Auxey(Côte-d'Or)« gravéesoi' une pierre mé-

plate» CAXTALOx(Dottin,La languegaul.,p. 163); inscriptiondeKimes« gravéesurun blocdepierredure» xxvTEvet(Dot)in,p. ~SS);inscriptionde la FontainedeKimesKgravéesur unepierre)) cv:Ev:(xK~Tsv)Dottin, p. 1K8 inscriptionde Notre-Damc-de-LavaI(Gard)Hin'aveesur une pierre oMongue)) x<xvT:v;inscriptionde Xotre-Dump-du-Grose]prèsMataucène(Vaucluse)«gravéesur un cippe »xxvTE~K(Dottin,189et 147) inscriptiond'Orgon(Bouches-du-Rhône)eravëesur un petitcippede pierremollasse» xot~s'j.(xxvTsvK).CIL.,Xi!. 820.Cf.Lejay,Inscriptionsantiquesde la Cu<e-0; p. 64 Rhys,The

Celtic!)tscr!p~'OMsof Franceandjf<<t~,p.H Holder,AS. I, p. T44G.Uottin,La langue~aM~ofse~p. 16â.

J. Yendryes,Revuecc/<igM<XLY.p. 331 cf. Pauli, Altital.fo~sc/f..I. 91.3. Pauli, Altital. Fot-M/t..I. 71 Kretschmer,RZ., XXXVIII,p. tOO:Lattes,Rend.Istit. bm& XL\'l, j). 418; XLVII,p. 931;H.Pedersen.P/<t~ca, 1,40 Terracini,~rc/t.glott.ital.,sez.Goid.,XX,p. 8-10.

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PROBLÈMES DE SUBSTRAT 137

-E~A) « pierre sépulcrale ou votive des inscriptions c<M/o

(-al) « pierre, grosse pierre cantena K amas de pierres »

en rapport avecyc~</<7 « pierre, pierraille, pente pierreuse »,etc.. etc.

Ce parallélisme entre PALA et KA~TA nous permet donc deconclure qu'il s'agit ici probablement de deux éléments del'ancien substrat pyrénéo-alpin (ibéro-ligure) conservésd'abord avec la fonction particulière de formules d'épita-phe (lépont. et gaul.) et assimilés en partie au gaulois peut-être par intermédiaire du celto-ligure.C:)r. c'est au celto-ligurequ'il faudra, par exempte,attri-

buer avec une certaine vraisemblancele nom de cours d'eau

*GAXDOBERA.j. CaM~oupyc interprétable comme le ruisseau« traineur de pierres ou de cailloux » sur le modèledu composé Popco-BERA.j. ~'o/ceupyo; ruisseau mentionné

dans la Sent. ~M~c. (CIL.. V. 7749); contenant l'appellatifPORCO- « saumon H comme premier élément'. Dans la

conservation de -XD-, *GA~'DO-BERAconcorde. au surplus.avec ViKDu-pALE (?'M,'o)de la même Sent. ~MM' en face

de ALKO-v~os [==ALCO-v<xDOs, avec -ND-~>-N(K)-] des

't. Faut-ii ajouter le type alpin A'an<< « suzon dans les rochers N(AIS.. 425 a., pp. 3~. ot. 32) qui représenterait la phase sémantiquep<n'aUete à p~~a. palcir « pré ou paturaee escarpé (~4/S., 425,307. 3t8. M7, 325. 333. 3tS. 305psrc!, 320, 200. )).Uc même. a )a phase ps/a « pic de montagne dans le domaine des

Alpes on pourrait peut-être comparer le basque gaindor «pico de mon-t:)has (Azkue, I. 3H) dans le domaine des Pyrénées. Ce dernier type:<été interprété par Schuchardt « b. e. f/andM~ g. ~sK~r(?pa:M~or'<Beraspitze wurdeden Einuuss von atig. f/a:n « Spitze )', KObères Mu. s. w. erfahren haben). B<ts~Mc/<-Romn)! p. 19. Cf., pourtant, gan-;/t<c~« cima de) monte », .9an;/a)! « el punto mas alto de la cumbre »et ;/c:ng':t;'eK~<cumbre » (Azkue. I. 325), identique, ce dernier, à Ga;i-;/uren « monte <)eBizkaya. el mas alto de la cordiHera Banderas-Artxanda-Snnto Domingo, que termina en Erietxp'), Eleizalde. Topon.Msca(RjrB., XfX). p. 62t.Cf., enfin. Trombetti, Le origini c/eHc lingua basca (~eM. Accad.

Bo~o'/Ha. t925). p. 12t. s. v. GAXDOKKcima2. M. Otsen, KZ.. XXXIX (t906): cf. aussi Yorst T~sAt- f. S~t'o~-

u/de~sA'ctp. IV. p. 'i77. \Vatde-P.. ~gr<<. 'R'~e)'&. t)!~o~. Sp)' 11,p. 44 MuHer fzn. ~<a~. U'urfe~ s. v. POHKOS» Waide. LETt\.s. v. ;< puMCL's Hois.q. Dict. étym. ~)'ec~«e. s. v. r:spx~d; H. Pe-(iersen, P/t:/o~og!e< I. p. 46.

A-

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V. BERTOLDIt38

inscriptions lépontiques La phase du ligure ou, plus exac-

tement peut-être, du celto-ligure représentée par la Senten-/c.'t/c:'o~K7?! semble donc opposer-ND- à -K(K)-du

lépontin et d'une partie du gaulois. Il s agit, en effet, d'un

irait dialectal que quelques zones gauloises semblent avoir

en commun avec le celtique insulaire~ et qui, dans le cas

particulier de RAKDA, constitue une ligne d'isoglosscs: de

~c'??o (à côté de~M</<x)de la'Lombardie alpine jusqu'à

//<M(K)<2 du Midi de la France.D'ailleurs. des consonances gauloisesassez claires (MnDtO-,

-DUKUM, -JALUM) présentent aussi les toponymes ancienne-

ment attestés MED)o-CA?;Tus, CANTA-DUKCS,CANTOGfLUM,CAK-

TAP)Acontenant CAXTOdans l'un des_~eux termes de compo-sition~. Tout particulièrement MEDio-CAXTcs, comparable

t. Cf. aussi ESAXEKOTt(Briona)==ExAKCECOTTt? Kretschmer,AZ.,XXXYHL p. 438: cf. H. Pedersen, P/t:7o~tc~ I, p. 43.2. Cf. Pedersen. ReM. Gramm., I, p. 414. D'ailleurs, faite abstrac-

tion de t'exempte de AREpExxis (Pedersen, Lttfer:s, II, p. 88) necomportant pas un passage gaulois-KD->-xx-, déjà R. Tliurneyson,K6/<oro)MK., p. 33. avait bien attribué ce phénomène au gaulois. Cf..mssi F. Lot. /'ffM~ des études sKe~'en~M~XXVI, p. '133 et ~oma;H'a,XLY. p. 493 J. Yendryes, JRet-.Meceltique, XHI, p. a')9.Mais quelques points d'appui ne manquent guère dans les sources

et)u)oisM. Je voudrais signaler à ce sujet les suivants doublets: Btu-ctxnoxt (CIL., XHI. 3638) inscr. d'Auxcy (Côte-d'Or) et BRtGiKN(oxt)<CIL.. Xit, 33M) inscr. de Kimes (Gard). Cf. Germer-Durand, Dtct.fopo{/)'ep. C'7)'p. 3G; à côté du nom de personne Yrxmus.tresrépandu, une inscript. de Xarbonnc nous a conservé la forme Yixms''CfL.. XH. 338t); cf. aussi VLXtLLA(CIL., XUI, 343)) à cote de Vtx-utLLA(Hoider, 111,340); VixxoxiA (ML., XII!, 7072), Yixox!cs (Ho)--)cr. Ht. 34')) à côté de YrxDoxn, -lus VtXDfUM-'Vixxn'M,nom detnontnsnp (Ho)der. III, 342) YixxAcus de *VixDACcs,j. VuM!/ (Iscre)Hnider. I!t.3S3: YtxDASCAdutv~ siècle, j. V<'K<!s<j'M<'(VaueIuse)cf.Lcns'non. Les ;!onMde KetM'de <nFraHe~, I, 16.3. LuCMmqui d:c;H'MEn[o-CAXTBS (Greg. Tur., r~<a? pa<t'MKm,

&. 2). cf. Hokter, II, 497; CAXTA-Duxus,a. ~084-d09'l, j. Chantaix,Correze (Hoider. III. tOTT); CAXTOGtLUM(Holder, I, 7S3); CAXTAPtAa.99'; (Mayenne). CAXTAPiAa. '1023 (Eure-et-Loir) CAXTApiAa. liTTî(Calvados), cf. L. Beszard, BtMdM SMr ~'o't~tne des )!oms de ~eit.c/!t:6ttes (tt<.Uame, p. 284 P. Skok, Z/iP/t~ XXXII, p. SCO.De pins. on rencontre CAXi'o-comme terme de composition dans

les tuponyrnes suivants attestés pour l'ancienne Gaule Av:-CAX'n's(CfL..Xtt. 3077). CATt-CAXT(:s,j.Cac/taH, Lnu-CAXTCS,j. LarcAa?tf, àpropos desquels voir C. Juitian, .Reuue des études n):c:e):Kes, XXIV,

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PROBLÈMES DE SUBSTRAT io9

pour l'ensemble de la structure à MEDto-LAxuM, MEDfo-KEME-'ro~. etc., .semble bien cacher dans le second terme un appei-Icttif topique, ie premier ayant sans doute fonction d'adjectif.De même le type C.A\T-Ap;A, témoigne à plusieurs reprisessurie sol de l'ancienne Gaule, pourrait trouver, d'unepart,une formation gauloise parailèie dans VER~-AptA, le syno-

nyme de VER~o-DL'BRUM eau des aunes H. et, d'autre part.dans le type ~cz/~oc~. très répandu dans la toponymieallemande, un appui du point (le vue sémantiqueMais surtout significatif, en ce qui concerne l'alternance

des sourdes et des sonores, est le doublet CAXTApiA (cf.Cc7~ac/<p, rivière de la Mayenne, ou AptL'M~>ce/~e, nom

p. -tG~et 3ti0 et R. Musset, :'&em, XXV, p. 379 J. Yendryes, Revueceltique, XL. p. 478.Camit)e.Iu)inn voit dans )'étëment -CAXTL'sunnom de fontaine ou

de source, en signatant a l'appui le fait que ces toponymes désignentdes tocatités où la tradition populaire carde te souvenir de sources quijadis étaient objet de culte. Toutefois, étant donné que les fouillesarchéutosiques dans les lieux où il y a des sources d'une certainerenommée ont p)us de chance qu'aitieurs, il faut procéder avec lalrlus grande prudence danstoute déduction d'ordre sémantique d'aprèsun type attesté seulement par ta toponymie. D'autre part. le nom (lelieu La ~oc/tf au D~Me, donné aujourd'hui a ta tocalité autrefoisappelée L)Kt-<:AXTL's.laisse ouverte la possibilité d'interpréter -CAXTL'scomme un ancien synonyme de roet~e )' dans le cadre sémantiquedes autres appettatiisici examinés. Et a propos du toponyme La Rocltea" D~~6J& voudrais rappeler ici le fait. sans lui attribuer, pour-tant. qu'une valeur relative que « beaucoup de rochers, de pierresbrutes, (le mégalithes sont mis en rapport (dans la (~au)e romaine)avec le diable. et il y a tieu de croire que Satan succède aux divinitéspaïennes x. J. Toutain, Les Culte.s de Gai~c ro~ame (Bt~. Ecole /t.<-f.,XXXI, p. 3S9).Cest. en tout cas, a juste titre que C. Juttian s'oppose contre les

interprétations par trop simptistes données à AvfCAXTCs,LnucAXTt'set CATff'.AXTCSpar chant dct'oisc.m. du loir, du chat ».1. Curieux, à ce propos, S<M<&ac/t,composé hybride comparable a

Tff/tfj.sser « rivo fte) tovo x de lu même région. Stetvio cf. C. Battisti.J )!0tf<t <ocah</e/CoM!(nc f/t ~t:;o. secox~o co)i(t'<!o n~' ~~<7<tfc~/MM)?M;!t. i'etio.tt., t930, p. ~5. Cf. aussi Joh). J/~t'ter E))crt RU',VI. p..M AsAM''M='Asxj.o:. fleuve (scrb. Ko/teot'co. attem. Ste~-Aac/t).Quant au type VE~x-APiA.cf. J. Vcndryes. ~f'fe et//f<<'c. XLIl).

p. ~59 (cf. aussi SAL.\p[. Krahe. ZO.YF. IH. p. H)); p( ur YEKXO-))L-nHUM(Hotder. AS, 111.33~. cf. H. Pedersen. Vc); GMM' /.t. Spr.,I. 35. 'i~6.

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Y. DERTOLDIt60de plante)' et GAx(K)Ap:A, j. G~MC~, prov. Limburg

CForstemann), la formation gauloise équivalente, de sorte

que à l'intérieur même du gaulois on entrevolt la coexi-

stence de KAXTAa côté de GANDAcomme deux possibilités dif-

férentes de survivance d'un élément prcgaulois. D'autrp-

part, aux deux sourdes de CAX-ro-dans CAKTAPiA, CAKTADL'-

xf;s, MEDtocANTus, etc., le celtoligure avec *GAKDO-BERA

oppose une forme GANDO-comportant les deux sonores etcela en harmonie avec*DARBONE. le type attribué au ligure;en face de TALPOKAde Pline. Dès lors, ce ne sera peut-être

plus l'enet du hasard, si à côté de *BAL& « montagne »

BAHSTA « mons Liguriae » (lig. d'après la source de Live);ALCA (ALBARNA, ÂLBEXATE, etc. lig. d'après les suffixes),"DARBO(ligure d'après la distribution géographique des survi-

t. Ailleurs la forme actuelle est CAa~pte, forme qui présupposet'iutermëdiaire du type "CAXTA-piCAn'étant pas atteste et résultant del'inlerprélation de CAXTApar « chante Est-il permis d'exprimer desdoutes analogues aussi !')J'égard des autres composés avec un élémentCAXTA-(CA<!):te-)qui sont bien nombreux dans la toponymie françaiseet en gênerai oni été interprètes en rapport avec l'idée de « chanter ??'Mais quelle signification peut-on attribuer aux toponymes du type-C/iM<e-pier)'<'(très répandu). Chante-roc, CAaHte/'aye, CAcK~emaKC/te,C/)'7Mff~<?))).C<!Ht<')'U~MC,Cantamuda, C<:)!f(!M!M.~S,CMh:h;eK!, Cantal-/j[«o, etc.. etc.? On a essaye de reconnaître là dedans les pointes del'ironie popu)aire(M. Roques. RoMa)M'a,XXXViII,p.6i6; A. Dauzat,Les ))om. t<elieux. p. 98). par contre, A. Schu)ten(A'um<tta, t34) estpiu'ùt porte voir dans CAXTA-de CAXTAH-ctA(= LuTtA), attesté pour)'nn t302. « ein uuf keltischem Gebiet verbreitetes und huuug spa-nischcnUrtsnamen vorgesetztesAppeDativum ». Cf. pourtant P. Skok,ZRPh. BctA.. XXTn. -tS; Meyer-Lùbke.Hom.J~):. Pidal, I. 78, note.En tout état de cause, on a de la peine se soustraire A l'impression

qoc )c )ansage se trouve ici lié, du moins _cn partie, a une matièretin~uistiqu" donnée. J'ai dit. en partie. Car, entre la possibilité de voird<)ns tous ces types des formations spontanées et récentes et la possi-bilité de les regarder, tous, comme des adaptations secondaires d'unbernent archaïque déchu, il y a place pour une hypothèse moins caté-gorique et propre concilier l'une et l'autre, c'est-à-dire que des for-mations avec un élément préhistorique CAXTA« pierre aient provo-que ou favorise, pari'intermëdiairedes composés du type CA~TA-pETHA.C.\xTA-nocA, CAXTA-LAUSA,CAXTA-DcxcM,etc.. la naissance de créa-ions nouvelles. Hrcf. !'<travers ces composés pris dans leur ensembleon entrevoit l'effort du langage, parfois aux prises avec la logique, desurajouter à un élément constant c.AXTA-unsecond terme justifiant.~'n quelque sorte, l'idée de K chanter )) attribuée au premier, devenu;uusi la dupe de ses parasites.

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PRO!!LÈMES DE SUBSTRAT 16t

vances) et GAKDA(dans *GA~'DO-Bp:RA.ligure ou coftoligured'après le modèle de composition PoRCO-BERA. J/MMC.)coexistent les formes comportant les sourdes PALA,ALp~s,TALPAet CAx'iA, formes plus ou moins normalisées dans lesystème des langues historiques. Cette opposition des occlu-sives porte à réfléchir sur la possibilité d'un rapprochementavec les faits analogues signalés sur le sol de la péninsuleibérique non seulement dans le basque mendi s'opposantà M);x'rESAdes inscriptions ibériques, mais aussi dans les

types GAKDADtA(des mineurs pyrénéens), ~7~û~"û des As-

turies, Cayï< et CcM~'c~o' de la toponymie euskarienne,tvpes dans le cadre du substrat basco-pyrénéen. en face deCA~TtGt, CAKTÂRA,CAKTA!!R;Aattestés par les sources et de

canto, cc'?~c', can~ etc., les types normalisés dans leslane'ues romanes de la péninsule.En ce qui concerne les voyelles, enfin, je voudrais signa-

ler le fait très remarquable que la fréquence de a se répé-tant dans chacune des deux syllabes' représentée parKAXTA-GAKDAsemble être un trait qui caractérise surtout lesmots préceltiques et prélatins relatifs au relief, c'est-à-dire

appartenant à la même catégorie sémantique. Il suffit de

rappeler ici les types: *pALA« sommet de montagne »,*KALA(-A~CA)« flanc raviné d'une montagne ));"TALA« terre

grasse )) [?], *SALA « terrain marécageux », *MA(R)RA« ravin )). *BA(R)RA(-ANCA)« précipice )), *KA(R)RA« pierre-x:x « rocher », *KARA« plateau serré entre des mon-

tagnes », *EABA(*GAUA)« torrent de montagne » (cf. aussi le

basque basa « bourbe, fange, lieu désert )), basa « préci-pice », l'Ibérique balsa « marais », l'ibéro-sarde mattabuisson », les mots alpins ~a~ya:, ~c~MG, /o'?!ca', etc.). On

ne peut pas déclarer donc le hasard arbitre unique du genredans les survivances de ces mots archaïques relatifs aux

particularités du sol, assimilés dans chaque domaine lin-

guistique à la catégorie des féminins.

1. Cf..). Kurytowicz.Af~a~es linguist. o~°.à .U.J. Ve))t~M,-t9:p. 207 B. A. Terracini, .4rc/t. !7~o<t.ital. (sez. Goid.). XX, p. 23.

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Y. BERTOLDI)62

1I1. LES FORMES.

C'est surtout grâce à l'étude comparative des morpitemesque la méthode d'investigation dans un domaine qui resteratoujours obscur et plein d'embûches, tend à franchir l'étapedes premiers tâtonnements.En Général, on peut affirmer que les dérives de KAX'i'Ao

(KA\DA,GA~DA)présentent des éléments de dérivation quisont productifs en union avec des racines qui n'ont pasd'appuis à l'intérieur de l'indo-européen. Voilà quelquesexemples choisis parmi les plus significatifs.

1. Le suffixe -ADiA.dans GAKD-ADiA(GAXG-ADiA)de Pline.

Le morphèmede GAND-ADiA..l'appellatif témoigné par Plinene manque pas d'appuis dans la toponymie et dans le voca-bulaire (h' l'Ibérie. Les ~/07?M?Me7?~ade E. Hubner contien-nent un certain nombre de types en CsLADUs/?:<u~(Me)a. Ht. 10), HELEDus/?M~:M~(Avieni), CoxoEDiu~~MMi31artial. 1, 49, 9), MALODESM!o?M(Avieni), B~(PtoL,IL 6. 67). Es- (PtoL, H, 6, 60), 'IS:u~~ :=:; (Strabo. 111.4. ~) Ptol..tl, 6, 20), CAKDtEDO~~i!(C/Z,)I,2599),etc. Et en rapport avec ~/<?!'de l'inscription (l'A)coy,HugoS'hucbardt a rappeié le nom de peuplade Ibérique ARROx--tDA-ECt« .ye/M~l~M~'ca » (CIL., Iï. 2697) à côté de ARpo~t~f.s' (Pline. tY, IH), en roicvant ici encore la vitalitédu morphème -tDA-

1. H.Scbuchnnt).,IberischeJEpt;/<'ap/<t/;(H~B,XIV.tM;i).p.?09~o'. De/<t)t..p. Si.'2.Auxformationsibct'iqtiesHELE))rs.M.~LODES,CEL.ujL'sson<f'om-parables.d unepart, le typesardeT'tmndes(Spano)et, de l'autre.lcsI)aral)les.(l'uneI)al-t.,le tvl)es~ti-deTii)i(ides(Spano)et, clel'~tuti-e.lestypes tis-urcsTcLEoc,Sent.Jtfoi.(a côtede Tut.-ELASCA.So!<Uu:.),ÂML'txs.'n6. V< CtpontetSAs.u)K(H.A.Tcrracini.~L)'cA.r/~M.!'<<v/XX.p. 32.note36et Osso'faz.strati antichifopo; sarda, p. 6).Demême.dansledomaineprëheUëniqupauxformatiom-A&'jSxoxCAojBfx)Ptx'y~i' 'O'j~v~œ(Homona)PLsjdip."A'jSK ("A~TK)Lydie.O~Mï;;etc., onpentrapprocherlesIJfWS)hc:i;;w;,'1:J.:J.:i~i30;.fO~x) Carie,etc.,onpeut rapprocheripstypesMucx~'j.x?x~o;.S\VAD[os(SAYOs)de la Tht'aee.Cf.aussita~rtosed'Hpsychu'sAs'jxox:'w~x'.o'.u. I/j?'~)~; i!iyr.ScALAOM,St'EtuutL'M.nomsdelien. PREt;-

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PROBLÈMES DE SUBSTRAT 163

Mais le fait qui, à mon avis, est surtout propre à jeter dela lumière sur in formation pyrénéenne GA~DADiAde Pline,ces) la productivité dans !a langue basque d un élément-ni(A) qui « implique particulièrement l'idée d'abondance,joint d'ordinaire aux noms d'arbres H A. Luchaire donnedes exemptes tels que <xr~</<<7 « ia chênaie )). e/roM?*-<la noycraie '). ~oro.?~-<a « la houssaye H, xrax-~a « la

sapinière a. Tous ces types ont des représentants dans la

toponymie euskarienne Gorostidi, 6*o/'o~a « La Hous-saie » (= sarde Co/o~~<zz, en tant que -ai est ici un sufHxede valeur collectif), Lissar-di « Fresnaie B, Illur-di « mon-tagne pleine de neige ». etc.Or. rien de plus plausible que la valeur collective pour

GAXD-ADtA(GA?<G-AD)A)qui aurait donc signiHé « amas de

pierres à la suite d'un éboulement de la montagne » dansles mines de l'fbérie cé qui revient à confirmer et à éclair-cir le rapport de sens avec le type alpin GA~DA« ammassodi pietre in seguito a scoscendimento della montagna »

(Satvioni).Le doublet "GA~DA«~/ay~aM GAXDADtA« ~/o/'p~MM!)), en

ce qui concerne )e morphème (-Di), tout autant que le dou-blet GA~DADtA-GA~GADtA.en ce (lui concerne le phonème(-~D- -KG-), s'encadrent donc dans le même système lin-

guistique une langue parlée a l'époque de Pline par lesmineurs pyrénéens à laquelle n'étaient pas inconnus destraits phonétiques et morphologiques qui caractérisentaujourd'hui les dialectes basques. Faut-il y voir un indicede plus en faveur de l'hypothèse déjà avancée d'après lessuns que le mot GA:\DAD[A(GA~GADtA)de Pline appartenait àl'ancien fonds linguistique des Pyrénées sur lequel reposei euskara modernt'? '?

n.)us. Zn!!Ai).HH!xm).VEStDtA.etc.. noms de personne.Cf. Kretsch-ri)tleit. Ge.rit. lt-icch. p. 306: Jokl, Tbt>(tl;ei,(Ebert.m~r. E~~eif. G<"if/t.;ec/t. S;OK/;e. p. 306 Jokl. T/<~«/6)'(Ebert.IiLI'. \Illj t~.?~i; H. hrolre. Dic>!rltenliallcanillyr.lianicn, tr.33.66;A'H'.XII!,)).. ~nH.K.r.)))e. D«'f~ B<f~an;~r. ~mf/

p. 35. 66;Le.7-fo).~~i/r. Pcts. p. Us (.t ZO~F., Y/3, p. US, 16~.t. A. Luchnit'c..Et'/f/c. st« /?<:'f~o))<Mpt/reoeensdela re~t'o/t/'t'a;!f..

)L))! C.C. L'ttfenhcrk.f)e ;;c'o''f~<'Me)tr/eS!t/ytt'M!.Yf)<Aef6a.)'t'scA.~f~f /?'a~f ~f f~' ~e/t.< f~'t' /Jf!.s'A-t.<c/tt'!t'<M)'(/o<'m/~~'<'r/t<!)t~g/.K~4/ff</e)t;'f.4/<f'')~f«. VI:!). p. [H.

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V. BERTOLDI161.

2. Le suffixe locatif -MO dans C'a?!</cmc', nom de montagne

(CAKDAMtus, CIL., 11, 2695).

La région montagneuse des Asturies nous a conservétrois inscriptions votives à Jupiter lov) CAKDAMtO, lovi

Op'DMO MAXtMO CAXDIEDONt, IOV[ OPTtMO MAXtMO ANDE-

Rox()) (CIL., H, 2693, 2599, 2S98). On a essayé de déter-miner plus précisement la zone à laquelle appartient le

premier de ces documents épigraphiques dans la vallée de

C.~DAMO prope Pravia et Grade oppida ad oram Asturiaemaritimam. n (cf. C7~ If, 2695). tl s'agit d'un cultestrictement local lié à la montagne qui porte encore le nomde Monte Candanzo et au « puerto que agora Ilaman de

Ca'M</c'y!p</oH'. Le caractère même de ces cultes indigènesimpose presque la nécessité de coordonner les recherches

par groupes aussi à l'égard des surnoms topiques. Sans

doute, CA~'DAMiL'set CAKDtEDO sont inséparables. L'inter-

prétation de l'un doit se rapporter, quant à la racine CAKD-.aussi à autre.

Or, Hugo Schuchardt a proposé de reconnaître dans

*CA.\DA~cs (~> -AMtcs), nom de montagne, un frère séman-

t. Cf. la citation (fans CIL, II, 2693; Maver, Sif:6. ~A-a(f. Tt'tf~ 17o,p. 24: E. Hùbnet', .UonMmeKta,Proleg., CtX.

H. Schuchardt, Iberische De&Mn.,p. 16. Sur le sol de la pénin-sule ibërique CAXDAMius(*CAXDAMns)n'est guère une formation isolée,ni a )'esard des témoignages des sources (UxAMA,CAXAMA,CARTUtA,C.ABT.4~)A« in paeninsulae partihus ad septentriones et orientern spec-tnntibus atque pi'o\'ineiaeeite)'ioris, quae proprie Ibericas dicimusHùbner..VLI. P)'o~e< CI) ni a l'égard des survivances dans la topo-nymie actuelle (U/zamn Kayarra, ramant Zamora, JLoMzanMLaCoruna. Bet/<TM<ï,BeMam~ Bedama, .E~Mif~ ~t'a/fama., Zegama,~trama, etc.). Une sélection préliminaire a été proposée par H. Schu-ehardt, 16o'. De/ p. 16, d'après la quantité de cf dans UxAMA.etc.en face de a dans *CAXDAMUS,etc. Suivant ces critères, M. Mcyer-Lûbke,Zt<t'Rf'?:<:<)!<9der ron'omMcAcHof<s?)an:e)tder t&o'MC/tCH/ta~Mse~(J:fom..~ot. Pidal, 1), p. 69, a sépare les deux groupes et démontre que~interprétation donnée par Schulten (A'Mmantta, p. -t39) à UxAMAcomme un type celtique appartenant à la nombreuse famille de UxEL-mh (Ussef). DxELLOucxuM,etc., se heurte il de sérieuses diEHcuttësd'ordre phonétique (S en face de il du coït. Ux~LLOs,j. Uss~Q cf.t'cdersen, lielt. G?'<t)MM.,I, 73.

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PROBLÈMES DE SUBSTRAT 165

tique de VtXDfL's, le « Mont Blanc )', ou de EDL'ucs, le« Xe\oso » (les Pyrénées. En ce qui concerne la structure,*CA~DAMrssemble de premier abord, en effet, comparable àUxAMA(Pline, HI, 27). Mais d'après la forme actuelle Cc/<<~M~,en face de Osma (UxAMA)~il faut bien postuler unebase CA~'DAMUS.((ans les conditions d'accent s'accordant.plu-tôt avec les prototypes de /?o, montagne, Z.e~<7??!0(Gui-puzkoa) et 67r«?M'x (Navarre). Et ensuite est-il possibled étendre l'interprétation de (/oux') CAKDA~noaussi à (7of:)CAKDtEDONiet éventuellement aussi à (/0!;<) *CA~'DERON)les deux autres surnoms topiques appartenant au même

croupe épigraphique? De plus, on pourrait poser la même

question a l'égard de la longue série (le dérivés de "'CAXDAdissémines sur toute l'étendue du système cantabro-pyrénéenpour désigner des montagnes ou plus précisément des

<. ports de montagne: Monte Candamo, Monte Candiano

(Santander), Puerto Candenedo, Puerto C'CM</ŒM!7/o(dansla va]!ée du R. Pedraja et de la Carrera. J/c. ~5), Pefia

C'OM~7(San Vicente de la Barquera). Puerto de la Canda,Puerto de la (7<~M~'a, Puerto Ca~<~Œ~<M (= Paso de

Aspe), etc. Enfin, il est nécessaire d'insister ici sur l'impor-tance du fait que dans ce pays de mines renommées depuisI'antiquité(« aurum. plurimumAsturiagignat nequeinalia terrarum parte tot saeculis persévérât baec fertilitas »,Pline, XXXHL 78), la géologie a relevé, surtout dans lazone du Monte C'a/!û~M!0, des graviers imposants, de sorte

que les conditions typiques du terrain confirment ici la

.signiiication de « gravier, terrain dépourvu de végétation,terrain rocailleux M attribuée à *CAXDAd après ~Kc~ra« maleza, monte bajo, inculte y llano » et GA~DAD!A,1 ap-pellatif topique témoigné par Pline comme étant en usagechez les mineurs d'or de l'Ibérie. C'est à juste titre que

t. « J~p~it?)'CAXDfEU~X)f7/OCO/br<<:SS<'<CtU.<C0<)0<ta<i<Ctf)7<AXDE-)to\j)). et. CIL.I!. 2S98et '23UH Toutain. Les cultes !'6et'<es, p. m<ii n'estp~sinvt'iuscmbjuhic.~up.h;p/fgr 0/)<t)i!«-Ua.r<M!fsA~'nEMOetJxyxf~ ~/)<wt<f<.)ff7.?;u)!ff<CAXDtEho.invoqufs tous dotx en G~Huecie,;m'nt ek' t)es flivinitës d~ mont.'tgncs Pour )'ëqu:ttion CAXDiEnox)1="CA~UEHOXt0 AxhEttOXt)cf. p. t;i.

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V. MRTOLDfi66

M. Leite de VasconceIIos', à propos de la dédicace 7ou:CANDAMtO,a signale le curieux passage de Justin se rap-portant à des superstitions des indigènes relatives àl'exploi-tation des mines d'or: « In hujus gentis finibus [sur leterritoire des Gallaecil sacer mons est quem fcrro violarenefas habetur sed, si quando fulgure terra proscissa est,quae in tus locis adsidua res est, detectum aurum, velutDei munus, colligcre permittitur )) (j~M~o~XLIV, 3, S). Ils'agit donc vraisemblablement d'un culte à des divinités demontagnes répandu surtout parmi la classe des mineurs etc'était, en effet, un affranchi Impérial chargé de l'exploita-tion d'une mine, Ulpius ÂM~. jLxZ.~M<ye~ P~o-c(My*c<o~)yHe<a~') Alboc(ensis), le fidèle qui dédiait l'ex-VOtOaussi /OU!Opi!!M:0~/<X~M!OANDERON(l)~.Dès lors, il est tentant de rattacher les trois surnoms

CANDAMtCS,CAKDIEDONret*CA.KDERQs(l)(cf.~/MCNde ~iM</a~<Xet ~M<M</e CcTï~c'rû')à la même racine CA~D-et de voirdans le nom de montagne Co'?t<~CM!0un dérivé en -MOd'unappellatif de valeur topique *CA.KDA« gravier », parallèle a*GAXDA(~>GANDADiA,~'s?!<~3/'C!,ayM~'a). Il en résulte ainsila possibilité d'éclaircir le doublet C<6~HO-CAKDAMH;sàla lumière de toute une série (le formations basques ana-logues. Les toponymes basques /r:Mïo montagne (Guipuz-koa), Z.er~-?Ma(Biscaye et Alaba), 6~Ma (Labourd),/<M~a-?/!a et 7~Mr~Me (Navarre)', comparés avec 6'c~~mo, sont, en eflet, très instructifs non seulement en géné-ral du point de vue morphologique, mais aussi particuliè-rement en tant qu'ils contiennenJ.JLleiir base des appellatifsde valeur topique: iri « ville )), ~a « gouffre, abîme )).My« eau ». !7M?v~« source ') (Âzkue).L'élément dérivatif -o(-Ma, -Me) semble avoir ici fonction de locatif: /o« localité près de la ville », Lesa-ma (r endroit près de

't. Cf.LcitcdeVaseoncenos,Religioesda f.Ms:'tn)i!a,II, p. -104etsuiv.'2. Cf.J.Toutain,Lescultesibériques(Bt6~.ÉcoleHautesÉt.,XXXI),p. ~} et suiv.3. A.Luchnire,jrd<o)Hes~rcnde;!s,p.'!o9;jf~in'iamcf.~tMmmesontdans le recueilde Eleizalde,RIEB,XXI.p. ?3 cf. aussi Gai'nte,H.fEB,XXLp. 4.~3« SM~os~oc<:t<Ms».

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rRO):LÈ)tES DE SUBSTRAT 167

1 abime N. /M<e « tof'alité de la source » d'après ces

exemples 6~<7a-M~o serait la « montagne du gravier ».

Dans le domaine alpin de l'ancienne Ligurie, les typesCAEPTŒMA (COHUS//M-) et Bt;R)GtEMA (?MO?!.S').Sent. ~/M!KC.

(C'~L.. Y, 7749) témoignent de la même faculté formative

pour le ligure. Est-il permis de reconnaître (les traces de ce

morphème (-MA) de valeur topique dans le type *i!AL~A entant que la signification des survivances (~a/yy:a, ~<2?~!C.

~a/o, baume, etc.) « grotte formée par une saillie derocher, abri formé par un rocher en encorbellement, rocher

surplombant ». etc.. pourrait justifier l'hypothèse d'un rap-port ctvec le ligure (~> gaulois) *BALA« rocher)) (cf. BADSTA« mons Liguriae » d'après Livc) ? Ici encore, il s'agit doncde formations de valeur topique. Le fait vaut d'être soutignéaiin de rendre plausible l'idée d'un rapprochement de topo-nvmes tels que Balma « endroit près du rocher » des Alpesaux types Z~e~a~a, Cn~r/o~o « endroit près de l'atome,

montagne du gravier )) de la toponymie pvrènëo-eantabriquc.

3. Le suffixe locatif -<ssA (-ESA) dans CAXTissA (CcM~Ma).

Le toponyme basque /~M/e « localitéprès de la source

rappelle le type anciennement atteste iTumssA 1T<Mc<M!.

i. Cf. P. Schc~crmpier, « ~«7t~ » CZRPA<Beih.69. surtout p.'tt~el suiv.) v. \V:tbur~. FE~ I. :'23 (t-ichp ))ih]incrnpLip) ajou-ter P. StMk. ~oma)!t< L. p. i99 et B. A. Terracini, ~rc/f. glott. ital..XX. p. 38-29. Jahera-Jnd. ~t.fS, IH. 4M a « riparo sotto una roeciasporgente IM. ~~4 « cavcrna M(&a~);a. ~<!r~fa).S'il est ainsi, on pourrait pcut-utre supposer )a même appartcnanf'e

!incuisti(;ue et postuler le mcmp rapport entre *CALA(c~<~)!e~.*CALAVA.et' .) <' ahimc. souftre, ravin, ppntc psMt'pt'e » et *CAL-)iA(*CAL-M;s)u hant pfatea!! ftenudr '). tupon. Cu~);. L~e<t/))~ Ln C/ta!~w< etc..noms de plateaux escarpes )'. A. Thomas. Ess<m p/t: ~)'<!t!c,.p. ~i,

note: L. Ganchat. 7<MM.<r/o.ss. IV. li. 3-'t3: Jaccnrd, jE.s.sn! de topont/«"e. p. 67: C. Sah-ioni. Bt; stor. S! tfa~ XX. p. 89: .Yofe6f<<~<o/. Mrsa (H~fy. 7s<. /o<< XLtX. p. 740. 4S):J. Jur). BifM.d;< )-<);«..IH. p.'t0: E.~fm-et. ~fo))?'7~!<XXXVII.p.o4(),P.Aehischer.E<ff/c< topon. un~/<~o/nf'.<(n -4M'/«s~) Pt'a<'fo;'<~ », -tU~t). p. -t-7A. t'anzat. « Ca/n dM. <o/-)OM.(j'aM~.et e.~)a;/)!. (ZOA'F~ 11,p. ~~i): S. Pieri. T't/mM. t'a~f ~4)';io. p. ?: *CA).A. cf. C. Hattisti.St'< cfr;t.<c/t;. It. p. 66' et ~76: .4rc/t. Alto ~d!e, XXII, p. 2~:~o/«7/; f /o)'(eA~o ~iff/c. id3). p. 72.

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)68 V. UERTOLDÏ

(Pto! !t. 6, 66), interprétable aussi comme un dérivé loca-tif de !<Mrr< « sburce »'. C'est là un des exemples les plusInstructifs qui nous laissent entrevoir assez clairement lelien entre les témoignages des auteurs anciens à l'égard del'Ibérie et quelques éléments du vocabulaire basque. De

môme, Schuchardt était enclin à identifier l'appellatifbasque ~e~ « montagne )) à la base du toponyme MEN-TESA(Pline, IM, 9, 19, 25)– MEXTtssA (Live.XXVI, 17, 4).Ainsi, le toponyme ~VoM~a (~'alencia), si le rapport avec/OM~ n'est pas illusoire, résulterait comparable, quant à

l'idée, à la série de types euskariens J/e~o~'O! (montagne de

Guipuxkoa), ~feKe~o~a, AfeK~cuz'a, etc., et plus particuliè-rement, quant au morphème -esa, à MENTESA des sources

ibériques. En tout cas, nous avons dans les deux typesanciens IruRtssA et MEKTfssA~ des témoignages de-issA (-ESA)en union probablement avec un appellatif topique (iturri,?!&/<<) qui peuvent servir d'appui à l'Interprétation de cas

analogues.En eu'et, le morphème -issA (-ESA) dans la famille de

t. H. Scbuchardt, f6er. DeA'KK.,p. 36 et (à propos de l'observationde Sehutten. tVMma)t<M,~5) KB<!s/t{!c/t==~o'~cAode)' -= Lt~M)';scA ? »,.Uttte~. at~Arop. (?M. ~cn. XXXXV. p. t30. Quant au rapport -)'r-:

dans <(!«)' en face de 2<it)'MsaCcf. aussi .f<:f)'cH,Luchaire, Idiomespt/f., p. -tM) voir les exemples réunis par H. Gavel. Éléments p/tonë<.basque, p. 'i!t. de « pernmiations entre r douce intervocalique et rforte intervuealique » cf. C. C. Uhicnbeek, Bett)'~ lautl. B<?s/)~.36 H. Urtet, Sitzb. prcMss..AM. ~ssenseA., d9t7,XXXIM. p. 834.3. H. Schuchardt. Iber. DeAMn.,p. 68. Sur l'origine du mot euska-

rien tMCHd!« montagne », cf. H. Gavel, jÉ~mot~, p. 257 et Meyer-Lnhke. RÎEB. XIV, p. Mo. en tenant compte aussi de types topon.tels que MExonnL, .Vend/f~; MEXDiozA..UendoM, doeum. pour le

SK'e)e: cf. Luchaire, idiomes p!/r., p. m et -i46.H. E. Hftbner, .~LJ. 7')'u~f/ CIII. a réuni les types suivants

K.R!.ssA, KEMAXTumssA,CARisA cf. Mcyer-Lithke, ~om. J/eH. Pt~f;l, p. 7~. A l'appui de KAXRMSA(NNEotTs~,Straho, III, 1, 9; 3, S Ptot.,H. i. tO) on pourrait pcut-utrc invoquer l'appellatif topique Ka~tt)'lieu pierreux )) (Azkue.11. 69) à condition, pourtant, qu'il soit per-

mis de partir d'une forme *NAUAmssA.En ce qui concerne ia suppres-sinn (le ia voyet)e a ici supposée voir A. Lut'haire. p. 144, en tenantcompte surtout des douitiets i):)sques tels que 6<')'cs/;o-6rM/a rayonde miel )) (Azkuc I. p. 18't). Cf. aussi. !i propusde </)' f/nt'r-, H. Schu-ctun'dt. Liter. '/c?'m.M.romaK. P/t~o~ XXXtX. p. 197.î.Je voudrais. euNn. signaler ]n concordance de KEMAXTL'K-~SAavec

~):MATUi!)« rentes idpinae Liguriae » (CIL.. V. 78t7. H).

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PROULÈMES DE SUBSTRAT 16~

CA~TA GA~DAest représenté, d'une part, par ~'a??<~e~<7(Tar-ragona), formation jumelie de J/o??~&'c' (Valencia), de ht

toponymie actuelle et, d'autre part, par le doublet ancien-

nement attesté CA\T!SSA-CAXTESSA formant le paraHèle audoublet Mnx'nssA-MEM'ESA. Or. sur la foi de ITURISSA« endroit près de la source )' et. de MEK'rnsA « lieu habité

près de la montagne », on peut proposer une exphcationpareille pour CAKTtsSAet C<7~<y~ « lieux habités près d'unecarrière, d'une sravit're )).

On n'ignore pas, en outre, que dans cet élément -IS(S)Aon a reconnu à plusieurs reprises une des plus remarquablesconcordances morphologiques étrusco-égéennes (SAR)SA-SARtSSA,MANTtSA-MAXTtSSA,FAL'tSA-FAUtSSA, etc., d'une part.et AM~Œx='r7:x. T:A~.t.Tj:lA' etc., de l'autre)~. Toutrécemment Alfred Ernout a classé, par exemple, parmiles emprunts latins probables au vocabulaire étrusque le mot.

populaire cAR;(s)sA attesté par les glossateurs (« CARtssAM

C!~M</Lucilium Ko/MM! ~M~cc~ », P. Festus. 38, 18),dont on ne peut ici négliger de signaler la parfaite identiténon seulement avec CARissA de l'Asie Mineure (CARISSAId'une inscription votive de MytUene), mais surtout avec

CAR;(s)sA de ribérie (cARiSA-CARfssA des inscriptions sur les

monnaies)'. D'autre part, M. Terracini" a rapproché les

1. Pour CAXTtssA,j. CAaxtMse (ism'e). cf. Mpvet-Lubkc. Hont..tfcK.Pidal, I. p. '73 CAXTESSA.j. C~<!<!<cMe(Urùme~, cf. D/ct/oM. <opo;/r.dép. ~rdmc, s. v.

P. Krctscttmet'. B:«/c!'<. GMC/)-tee/t. S~r.. p. 3't-1-322 A. Fick,Vo)'(yhecA.Or/sttnmcK, p. 6t, 77, 83. t27; E. Fiesel, A'ame!<des grie-c/tMcAf~ ~t/;<M tw E<rt~Mc/tCK. -t928. p. 53 r~'RE. X/2. p. tHSO.3. A.Ernout. Les éléments ë~<s</«c.<!rht !;oca6M~t!'e ~<!H (B!~<e<:)!.

XXX, 1930, p. t0d-t03); cf. Hofmann, dans 'a)')e, LE~ p. ~H;cf. aussi A. Tt'ombetU. La ~n~t«i' etr~sen. 't928. p. 58. qui a )'appe)ëtetype georg-ien A/t!'<M« tapideus ».4. E. Huhner, .UL7.nr. '158; CARtSA~tM)'e~ Baetic. (Pline, IH. iS)-

K~oja (Ptol., {J, 4.d0); cf. aussi P~RE. !II, d392: « CAm.sA,j.Cnr~a (Bornos) ».H. B. Terracini, Osscrt'~t0):t.!t«/s<)'~<! pti< antichi Jc~a topono-

Mastica sarda (taas les « Atti del Convegno ~t'c/tM~. sardo », 1927,p. 11 (à ajouter, peut-ctre /<!n«m CARts;, CAHESu,CAHE.su's.CIL., X,78HO cf. Hutscn. Pn'RE, II!. p. t5H2 et 1589). Ln Corse y concourtavec Bf:sa, Palesa, Bilesi, etc. (cf. surtout à propos, de Fa/csa, G. Bot-tit;t!oni. Elem. prelat. topon. corsa, p. 93).

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V. DERTOLDIi70

toponymes Sotenissa, Galbissa et jSa~e.s'.M de la Sardaigneaux types J/c.MMM.M, .e?/ye~a:, etc. de l'Afrique, de

sorte <)up la ligne d'isomorpbèmes -issA, -ESSA semble enca-

drer un vaste substrat embrassant tout le bassin de la

Méditerranée.Par contre, on n'a pas encore relevé jusqu'ici la présence

sur le sol des Alpes d'une formation typique en -issA Pu-

STRISSAa. 993-1003, UOO-iO, 1110-12, H13-23 Bus'rEMSSAa. 1084, 1091 toponyme d'autant plus remarquablequ'il se

rapporte à toute une région et par cela me me explicable d'unemanière plausible comme un dérivé d'un appellatif topiquesur le modèle des formations ibériques. Mais le malheur est

que le vocabulaire des Alpes relatif au relief ne fournit rien

qui puisse se concilier avec une base *pusTA ou *pusTXR.C'est là un fait qui me fait hésiter à postuler pour le terri-

toire des Alpes un appellatif comparable à <~tM/M:« sitio de

pasto para ganado » des Asturies qui, pourtant, pourrait

s'adapter à la réalité topique de cette ample vallée de pâtu-

rage. Au surplus, l'hypothèse d'un rapprochement, si ten-

tante qu'elle soit, implique le problème du mot obscur bu-

.i~M « lieu de pâturage » des Asturies problème quitrouvera peut-être, lui-même, une solution dans le cadre

du substrat cantabro-pyrénéo-alpin 3.

). C. Battisti. Sif) p!u <!K~tc/t:strati toponomastici f!cM'Alto ~L~t~e(St!;dt e()!<e/t/. II, p. 63~), c'est surtout l'indice du suffixe -tssA qui~)d inacceptable l'hypothèse d'une origine slave, pusT « désert »,!iv!)ncee par M. Mik)osich et M. Stur, /)!'e s/<:M.sc/t~n Sp)'acAe~me)!<cf/c« Orts)Mmen der~ei~sc/t-oster)'. ~)e)~a))d<:)'(Sit:&. ~i/fad. ~'t'~K,

t':(~. p. 65.F. Krueet'. D/<Ce;/g):s(aK~s/t!~i;t Saoa&t'Ms !<nf~cM:<;)'.YacA6a)'-

<tftt'Œ<). Lit!K~6/t(M.'G<!6tct.4tM/an~s/ XX, B, )9~).p.i8,note )'? et 't8.3. t~ptrr!'ito<rede Alava connait, il est vrai, un toponyme BtMh'a;

(Eteii~)'.te. KJEB. XIV, p. 481) identique a I'appe!!atirastunen ÛMS~'a,mais il n'en est pas moins certain que le type basque appartient à )a.nombreuse famille de busti « humide, humidité busta, 6)Mttro. bu-<!<<<<?r:t'Mc-t~;t:~a~ (Souie), &u.t):, 6tf.z<:M« arsiie B.&uzfMtsM« argi-leux ». <{' )!u) « tci't'c argileuse », 6!<stre « crotte, taches de boue»,

(Axku~. t. p. 'i9t-H.'3). ayant des iarges l'cspondances aussi dansla toponytnie Btish': montagne de Xa\'at're(cf. ~~o?' «lieu de ht neige.'u ph'm fit' neise M.Lucimire, p. -t66), Bitstiza Xav. (cf. S«~-za « lieuau pon~ ). Luchairc. p. 't66), Btfst!')ta~a Guip., Aiaba, BMst:naMc!t

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PROBLEMES DE SUBSTRAT 17~1

En tout état de cause, nous avons dans le type PusTR-

-!SSA, BfSTER- !SSA des Alpes un témoignage précieux d'un

morphème IocatifattestedanslTt.;R-)SSA Fc.s-eoM. (Ptol., H. 6,

C6) pour le substrat des Pvrénées (basque <~<r~ c source "),

rnorpiteme survécu dans le toponyme </o/-o~a duLahourd (/ XX, 220) avec la probable fonction de

collectif (basque ~oro~'p houx »).~fais c'est surtout au suffixe basque-AGA' qu'il faut attri-

buer la videur de collectif en union avec des noms d'arbre

<'t en parfaite concordance avec le suffixe latin -ETL'-M. Les

tvpes basques ~.sa/vv~/a, 6'<7y'K~<2~c!, 6'o~o~~a'/a, ~i~ar-

7'c~c;. peuvent, par exemple, être considérés comme les

équivalents des types latins FnAX)\ETL'M, SAUCETUM, AcRrFO-

LETUM.AcERETUM. D'ailleurs, le nom de lieu 6'c~e~yc près

Ataha. B!(st:n<.f:<rt « termine arcilloso de Iruna )). Bus~fxf, etc.(H~EB, XIV. p. 45't). BM.stt'nee(BMz<t;: a. 13't3 cf. D!Ct. <opo.<y)-.~e~.Bn.<<!e.P!/)'p. ~7). La vovene-de !'appe)!atif6Ms<t (cf. mc))f/t, !<<«')'~!t6t,ar)'<er)' elorri, )dat' a:f/:n't, .)!!<?' =M))f/t, '/o<'o.;<t.6tfr;/tetc. noms de plantes. cf. n'6)'fe)';<. Sachert, XI. p. i60). ta grande vita-lité dans le yncabutaire tout autant que dans III )o)~onYmie, tout porte;t écarter t'hypothèse d'emprunt.A propos du catalan (Pyr.-Uricnt.) ~if.stt~Mna« nrei)e M.ALF, 't4Kt.

P. 795. voir H. Urtet.Zifm J6e' ~c/ffo ;)' St<t'a<tA'r~tcA (Sitzb. pMtfs..4~'ad. 'n'<.<!se)!c/t..XXXI! p. o4't) H. Schuciiardt (L~er. ;/e)M~)!.

)wy~f;t:~t~&< XXXIX. p. 4~) avait propose, par contre, commepoint df départ de la famille euskarienne le latin *)u'sT!t)L's cf. pour-tant. Lt<o' XXXIX. p. d9H. note.Au toponyme BMsftncxde ~'av:u're (/!7EjB, XIV. p. 4u!) « localité a

terrain urs'iteux » corres))ond. sur Ic territoire d'Urcett. MEULES,.j..War/M, intreprctë par~ieyer-Luhke (B«~M. ')'7/<;e<.c~ 19~3. p. (!)comme un dérive du has~ue <e/<! (<; {rau!. XARCtn « marne »).P'aut-it tenir compte aussi du type B«.!<a?t!(.'ocle ta Corse, sur un petitan!, du Tavienano? '?t. Lucuaire. M<OMe<~rë)t.. p, US C. C. 1 hteubect~. /)<' ?t.'<M?'d~

S«/ B«s/< p. 4; Gavet. ~/6f;<fn<.</</to«. 6as(/e, p. ;t(i~: T. de Aran-zadi. H~EB, VII. p. 167 et A. Tromhetti. Le o' ~~a /u!«nbasca, 1935. p. t55. a siifna)ë t.) concordance avec tes types toponymi-<jues fréquents en Cappadocie Co;t!;«oya. Sa~<!</<C~rs~o. Sa<f;ya. etc.Schuchardt(.~t«f: (!~(/<ro/<.~cse/~c/t. ~'<e«, XLV. p. t30) a. com-

paré 'A=T:(Straho. 111, 2: Ptot.. II. 4, tf)) au type basque (!<' ainetum )) (Azkue, I. 119) à propos de AnTx.i(l')ine. II). 10) etLASTH.!(Pline. HI, t~. -H). cf. 7~e; Dc~/t)! p. t.s: .<<e'tm, X.p.):;et ZMP/ft/ XXXI!. p. m. Cf. encore CA~TH.t.<h.T~.[. S.\LTi(.i~<).Huhner..tfL7, 22S. 337. 3;!9~ de ce croupe s'est occupe, tout récem-ment. ,\)eyer-Lubke, .H«f«..Uf~. /'tf/<t/. I. ~C.

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V. DERTOLDtt72

de Rigoitia (Biscaye cf. TÏ/Z~, XiX, p. G21), interprétécomme « GLARETUM», peut être rangé plus précisément àcôté des collectifs tels que j~~M~a « endroit pierreux »,Z.~w/a' et jStMif~a~a en rapport avec /eyo/' « terresèche a et ~Mr~ « argile o.On pourrait,multiplier les exemples la plupart des autres

éléments de dérivation -ABRI,-iL()A), -XRA,-EL-, -EN(K)A,-o~n: -UBA,-uR(a)-, etc., comportent des considérationsanalogues. Maisce qui surtout mérite d'être relevé à l'égarddu problème ici envisagé, c'est que l'identité du morphèmedans les doublets CAKT-ARA.<?~Me~-<K'GCAXT-tUA(Tab.Peut.) CaKe~07!e (Monferrato) *CANT-AUA(Chant-az7/oM,montagne de la Côte-d'Or) Ca?M~-<a, montagnedesAlpes CAKT-EN(x)AC'<X/!<e~aCAKT-ELLAGand-ela,etc., intervient en faveur de l'équation des racines, CAXT-==CA~D-(GAKD-),établie d'après les indices dusens etdessons.De toute manière, il ne fait pas le moindre doute

qu'essayer de rapprocher des types préhistoriques d'aprèsune condition qui n'a pour elle ni la continuitégéographique,ni la perspicuité sémantique, ni la concordance morpholo-gique, c'est tâtonner dans le vide en quête de chiffons delangues inutiles.

J'ai essayéainsi de répondre, dans la mesure du possible,aux thèses sur l'âge, le domaine et l'appartenance lingui-stique de *GANDA« gravier », etc., dont j'ai proposé ladiscussion dans ces pages. Tout particulièrement la compa-raison avec GANGADtA-G4KDAD!A,type donné expressémentcomme « hispanique par Pline, était propre à jeter quel-ques lumières sur tout le problème, en déplaçant ainsi lesrecherches vers la péninsule ibérique, c'est-à-dire sur unterrain plus propice à l'étude des faits de substrat grâce àla survivance de l'îlot euskarien. En en*et,si la catégoriesémantique (ARRUG!A,BALUCA,PALACURNA,TASCONtUM,URtL'M,etc.) au sein de laquelle nous est transmis l'appellatif GAK-DADtApar la source de Pline contribue, d'une part, à nousfixer sur l'appartenance du mot non seulement à une région

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PROBLÈMES DE SUBSTRAT 173

déterminée de montagnes (une zone pyrénéenne ou, mieux

encore, la chaîne aurifère des Asturies), mais aussi à unmilieu social déterminé (les mineurs), certains traits carac-

téristiques de la phonétique (-XD- -KG- chute du G- dans

~aM</anx a~</<M*o) et de la morphologie basques (suS'.-Di[A]) dénoncent, d'autre part, l'appartenance du mot à unsubstrat linguistique déterminé. Sans vouloir faire dire auxfaits de vocabulaire et de toponymie plus qu'ils ne peuvent,sans vouloir tout simplement confondre les données et lesrésultats de la linguistique avec ceux des autres disciplinesqui s'occupent de problèmes préhistoriques, je voudrais

pourtant relever que le substrat ici jalonné semble cor-

respondre à peu près à cette unité cantabro-pyrénéenne indivi-dualisée par les archéologues et par eux considérée commele berceau de la race Indigène En tout cas, à travers un

4. "La cultura Ilamada <cneo)itico de las cavernas », en Africacomo en Espana. parece representar un estrato étnico indigeno deri-vado de los pueblos del paleolitico superior de tales territorios, y queno son otros que los que desarrollaron ]a cultura Ilamada capsiense,los cuales, junto con los pueblos de la zona cântabro-pirenaiea empa-rentados con los del Oeste y Sur de Francia, que persisten en los pire-naicos del eneolitico, yienen a constituir los dos elementos étnicos /MK-dantentales de la Peninsula. » P. Bosch Gimpera, Los a~i'oMOs iberosy su origen, 1938, p. T. « De los trabajos que se han hecho en losùttimos anos acerca de la arqueotogia y de la historia antigua de lapeninsula por una parte y por otra de las conclusiones a que ha lIe-vado el estudio de los restes antropoiôgieos de los sepulcros mégaliti-cos vascos en comparaciôn con )a raza de los vascos modernos, surgenserias dificultades para ]a identiCcaciôn de lo vascos con los iberos ya! mismo tiempo se plantea el prob]ema de los posibles elementos ibé-ricos del vasco de manera distinta que hasta ahora ». P. Bosch Gim-pera, El pro6!emc e~oM~tco!;a.coy ylaarqueologia (RIEB, XIV, 1923),p. 590. « Los pueblos indigènes de ia peninsula vienen a parar ados elementos fundamentales irreducibles et pueblo indfgeno delNorte de la peninsula del que salen ]os pirenéicos y por otra parte elpueblo del eneolitico y andando el tiempo ]os vascos historiées, y porotra parte el pueblo de ia cultura capsiense de] paleolitico ». P. BoschGimpera, Ensayo de MM reconstruccMn de la ehio~og'ta preMsto'rtcade la Pent~st~a ibérica (Boletin de la Bt6~. MeKe~de.: Pe/syo, Santan-der, 1923). Sur les mêmes problèmes, cf. « Die Vorg'<'se/c~e der Ibe-rer (~~(tg~. anthropol. Gesellsch. Wten, LV (192S). p. 69-i't5; « Diebaskische Ef/tKO/o~ieim Lichte dcr H~MMfeKarcytao<o<sc/:e?t Forschung »(Zeitschr, f. Ethnologie, 1923. p. 87); « La ct'utKsatM~ mégalithique~rf<!ee))?t<' dans le Sud-Est de la France )) (Ret':M anthropologique,XXXVII. 1927. p. 6).

l

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V. BERTOLD!~74

certain nombre de faits linguistiques on entrevoit la possibi-lité d'isoler cette ancienne unité cantabro-pyrénéenne,qu'on pourrait peut-être nommer paléo-vasconne, de lacouche appartenant plus précisément au système de l'Ebre(iBERus),le foyer originaire de la culture :cr!'$'Me.C'est dansle cadre de ce substrat cantabro-pyrénéen que l'alternancedes sourdes et des sonores, soit à l'initiale (pALrcA-BALucA,etc.) soit à l'intérieur après une nasale (MEKTESA-M!),peut justifier la coexistence de *KANTAà côté de *GAKDAsurle sol de la péninsule ibérique comme deux dIS'érentespos-sibilités de survivance d'une même base.Or, un flottement identique des occlusives (type: *EABA-

"GABA,TALPONE== *DARBOxE)nous laisse entrevoir dans ledomaine des Alpes et de l'Apennin une situation de substratanalogue àcelledesPyrénées, desorte que, dans le casparticu-lier. le doublet*KAKTA==*GANDAtel qu'ilrésulte dessurvivancesest interprétable à l'aide des mêmes faits de sonorisation.De plus, la comparaison des morphèmes, faite dans les

dérivés des Alpes et des Pyrénées et étendue aussi auxzones les plus typiquement conservatrices du bassin de laMéditerranée, vient d'apporter un indice de plus en faveurd'une communauté d'origine des bases, admise d'après lesindices des sens et des sons.Si d'âpres tous ces indices le type GAKDADtAse révèle donc

comme un élément d'une langue parlée à l'époque de Plinepar les mineurs pyrénéens génétiquement apparentée avecl'euskara d'aujourd'hui, du parallélisme pyrënéo-alpm iciinstitué il semble ressortir que cette langue paléo-vasconnedevait avoir avec les idiomes des Alpes d'où nous provientle type *GAXDAune communauté de substrat.C'est là. du moins, un essai fait pour expliquer des types

attestés par les auteurs de l'antiquité et par les inscriptionspour l'ancienne Ibérie à l'aide de caractéristiques dubasque, considéré comme le langage qui a conservé la tra-dition linguistique la plus reculée de toute la péninsule, etd'appliquer dans la mesure du possible un procédé d'Inve-stigation analogue aux types anciennement attestés pour ledomaine des Alpes.

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PROBLÈMES DE SUBSTRAT ~75

Sans doute, la mosaïque des langues vivantes dans lebassin de la Méditerranée nous cache d'autres types qui nes'encadrent guère dans le système des différents groupes.Reunir toutes ces épaves de substrat en les isolant de l'indo-

européen il l'aide de toutes les données dont dispose laméthode comparative actuelle, c'est déjà un pas vers leurclassification. Est-ce que la route pour avancer encore estirréductiblement barrée? C'est ce doute même qui nousincite à essayer.Je ne me dissimule point les difEcuItés d'une telle entre-

prise. Au contraire; j'insiste, une fois encore, sur le carac-tère forcément problématique de toute recherche de ce

genre. Ne pouvant presque jamais atteindre une certitudeabsolue. la nécessité à plus forte raison s'impose de ne

jamais perdre de vue du moins les limites du possiblecar on ne peut les dépasser, sans compromettre chaque fois

l'équilibre de tout l'édiuce. Combien de fois au cours de ladiscussion ai-je moi-même dépassé ces limites? Quoi qu'ilen soit, cet essai n'aura pas manqué son but, si une critiquerigoureuse oppose aux hypothèses plus hardies des avertis-sements utiles pour ceux qui voudront et sauront procéderplus prudemment que moi sur le terrain marécageux de la

préhistoire. Car, si dans les conditions actuelles, à causedes obstacles et des difficultés, on ne réussit qu'à serrer de

plus près un certain nombre de problèmes de détail, en bor-nant les recherches pour le moment aux domaines lesmoins éloignés l'un de l'autre et surtout en perfectionnantla méthode. c'est un bénéfice acquis en vue des efforts dedemain.

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INDEX

abayou « myrtille », Béarn, 129.a6t«mYrti]ie)),basquG,128.-ABRI,172.acebo « houx », espagnol, 136.ACERABULus« érable », 130.aceru « érable », Sardaigne, 132.-a6!a, en basque, t6M64.-aga, en basque, 171.agast « érable », Provence, 109,130-132.

AGOGAE(Pline), 99.AGniFOLETUM.l'H.aori'na « prunelle », Provence,"t39n.

*AGRtx)0« prunellier », celtique,i3Hn.

fMfMe « prunellier », irland.,'13Un.Otf: « rocher », basque, '1S3n.xxxTTo; « érable » (Hcsvchius),109, 130-132.

ALAt-ATERNUM.OSquC,148.AutA.)igure.l48.ALBARXA.tieure. 148,160.ALBUMtx'.AUXUM. j. Albenga,148.

ALBUM[XTEMEHUN,j. Ventimi-~a.H8.

-Au.i~.AUQUAXDAS,espagn. (GIos.), 146.ALKOvfxos,inscript. lépont.. 157.ALPES,')48.ALptus. osque, 148.ALPUM,sabin. 148..-iMMto:. Pays Basque, 137, n. 2.AMUDis(Ta&. re~.), 162, n. 2.a~nra Kbruyère », basque, t26.

~.)!c!sra, Picos de Europa, 406,166.

"AvB~O! (Ptol.), 146.AxDERON(:)(CIL 11, 3398), 133,166.

andura «hièble », basque, 128.andyelo « terre argileuse Hau-tes-Pyr., 133-134.

angrinela ccgratte-cu », Alpes,139, n.

ANTELUS(CIL II, 2387), 146.aouajouera « myrtine )), Hauie-Gar., 129.

APITASCUS(Pline), 99, 102, n.« AQUIFOUUM», 136-138.-ARA,172.Arakama, Pays Basque, 164, n.2.Arama, Pays Basque, 164, n. 2.arce « érable », espagnol, 132.ARDOBBtCAARTABRORUM(Mela),146, n. 1.

Arechandi, Biscaye, 137, n. 1.AREPEXxrs,gaulois, 138, n. 2.ARISPE(xn~ s.) « sous les chênes »,Pays Basque », 127.

aritztidia « la chênaie », basque,163.

arrec « ravin », Béarn », 121.AnRECA(xtY~ s.), Pays Basque,121.

AMONiDAEC!(CIL Il, 2697), 162.arrouil « rigole », gascon, 121.ARHucîA(Pline), 99.ARTABRI, 146, n. 1.

ARTtGt(Pline), 171, n. 1.'Ao'jxetvBs,Lycie, 113.AsAMUM,liiyr., 139,n. 1.

Page 212: BSL 1931- 32

INDEX 177

Aspe « sous le rocher », PaysBasque, 126, n. 2.

astigar « érable », basque, 128-i32.

"AtlTt-j'te(Strabo), 471, n. 1."ATïouSx, Lydie, 162, n. a.AUCIEICU,133, n. 2.AVfA(Co)umeHe), 129. n. 1.AvicANTus (CIL Xtl, 3077), 158,n.3.

AvixANDE,a. 1)63, Espagne, 146.azef<Mr« érable », provenç., 130.~zA'at'ra~a « Agrifoletum », bas-que, 171.

az~fjrt « alnetum », basque, 171,n. 1.

BAESURt,134.Ba<, Alpes du Garda, 140.*BALA« rocher », 138-141, 167.BALABomo?t<e(Ta6.PgMt.),141, n.Balagita, Corse, 140.Balasco, Tessin; Basses-Pyr.,140.Balisio, Vatsassina, 140.BAHSTA« mons Liguriae » (Live),140,160,167.

balma « rocher surplombant »,A)pes,161,167.

baloga « Rubus saxatilis », YaiCavallina, 138, n. 3.

balsa « puits, piscine », basque,126,161.

Balsape, Pays Basque, 126.&a<M«bloc de rocher », Alpes, 139.BALUCA(Pline), 99, 134.Ba~Mgra,Pays Basque, 140.Ba<Mr,Alpes-Maritimes, 140.Baressa, Sardaigne, 170.BAMA-BAHKA.Alpes, 'i44, 161.BARR-« mouton », 139, n.6a~a, -anca « précipice », 144,161. ·

basa « bourbe », basque, 161.-be, basque,126.Becfama, Pays Basque, 164, n.3.Be::an:a, Pays Basque, 16 {-167.BELEXDi,Aquit., 134.'BELLDCA« prunelle », 139, n.belofa « prunelle », Savoie, 138,n. 3.

bereska <'rayon de miel », basque,168,n. 3.

BspytBo~(Ptol.), 162.BERIGIEMA(Sent. AJtKMC.),153.BERR-Kmouton », i39, n.bih-u « figuier », basque, 13' n.Bt/fMpea « sous )e figuier », PaysBasque, 126.

BILBILIS,Ibérie, 134.Bilesi, Corse, 169, n. 5.blofa « prunelle », Savoie, 138,n. 3.

botxi « rocher », basque, 126.breska « rayon de miel », basque,168, n. 3.

BRiGtNDOx;(CIL XIU, 2638), 1S8,n. 2.

« bruyère )), 126.BULLUGA(Vita Columbani), 138,n. 3.

puo~~o; « fait de lin », 127, n. 2.Bustanico, Corse, 171.BUSTERISSA,Alpes, 170.bustia « pâturage ». Asturies,170.

busti « humidité », basque. 170,n. 3.

BMs<:t)a6ea, Pays Basque, 126,n. 2.

6Mz<!M « argile K, basque, 170,n. 3.

cabanco « barranco », Sanabria,144.

caborco « barranco ». Sanabria,144.

CAEpTtEMA(Sent. Mnttc.). 153,167.

emt.<yo « chêne », Pyrénées, 132.cala « ravin », Alpes, 116. n.,161,167, n.

calanca « ravin », Atpes Sar-daigne, 1)6, n., 144, 167, n.

calava « ravin », Alpes, 116, n.,167, n.

Ca~K'o)')).o~Apennins. Lucca,116,n.

'CALMAK haut plateau dénudé »,167, n.

CAKDA,a.850, Flandres, 112, n. t.

Page 213: BSL 1931- 32

INDEX178

Canda, Apennins; Sanabria,107,112, n. 1,166.

CAxnAt. Loearno, 143, n.Candal. Sanabria, 107, n., 163.CAXRAUCAEMh'tt. ~LMt.), Noi'i-cum. 114.

CAXDAMm~OM(CILII, 3695), 107,132. 147, 1C4-1GT.

CaKctttmo,Asturies, 107.C<:)M!<t):H.Pyrénées, 107, 165.Ca?t<<(!)~6!o.Sanabria, 107, n. 1,164.

CANDARA,cours d'eau (a. 790),111. Ha.

CAXDAVfA(Pline), Balkans, 113-m. us.

Candena, Asturies, 1S4.CAxotDA(var. Pline), 98.CAND[DUS> *CANDUS,111.CAXDtEDOXtJOM (CIL II, 3899),107.132-133, 162, 164-167.

C<!Ke!o~Ka,Alpes, 143.CANDOLA.a. 1314, 14S, n.Ca;MM<h',Alpes. 145.cann « blanc»,gatl.,bret., 111, n. 3.CAKTAmCxv~s.). Pars Basque,147, n. 1.

CAKTABm,Ibérie, 147, n. 1.Cantachc, .Mayenne. 139.CAXTADL'xcs.Gaule, 138.Ca;;t<<dëp. France;Almeria,147.cantal « s'rosse pierre M, catalan,13~.

C<!K<<pedt'a. SaJamanca. 133.CANTALOX,inscript. gaul.,133-137.CAXTALUCIA,160, n.ca)t<am!t))<'« grosse pierre », ca-labr., 123.

CAKTAptA,Gaule, 138.*CAXTA-ptCA.j.C/MMtepie,160. n.CAXTARA,111,n. 2,14S.cantarel « tas de pi&rres », pro-venç., 153.

CAXTARELA(X[[I~S.). Alpes duGa~'da, 134.

Ca)t~)'en!a, Sestri Poncnte, 133.C<!)t<f!)'fna,Voltri, 133.C<M<a7'OM,~iee. 133.c<:):teHa « angle d'un mur »,Savoie. 134.

caréna « pierraities Rendena,1S4.

cantera « carrière », espagnol,1S2.

Cf!~tc')'ann< Pyrénées Orient.,147, n.l.

CAXTHcs«jante o (Quintitien), 154.CAXTiGt.Bs~e.,L47,n.l.CANTfUA(Tab. Peut.), Chantelle.Allier, ~S~.

CANTissA,j. CAaKteMc,Isère. 1C9.canto « pierre espagnol, i82.c<j'o<'brique)',Marches,lS3.CAXTOGiLnM,Gaule, -188.*CAXTOS« splendens », gaulois,'111-n. 2.

CAKTCXAS(CIL XIII), Rhénanie,iSo.

CanfM)'r!Lëi'ida, 147, n. 1.CARisA-CARtssA,Ibérie, 168-169.C(!)')'<:s~Mero,Espagne, 133.

°

CARTHIA(-AMA),Ibël' 164, n. '2.Cas~'ya~M, Espagne, 132.CATicAXTtjs,j. Cachan, -138, n. 3.C<:M~)to., Alpes, 142-)44.cavino « ruisseau », Apennins.141-144.

CAVCS,143-144.CELADus/!MMMs(Meta).163.C/Mnf<ï:~o)i. mont. Côte-d'Or,135. n. 2.

C/ta!K<ejE!<')'e,Mayenne. 153,n.l.160.

C/tat~eroe, Haute-Loire, 183, l(i0.c/<aK<!Hs« brique », Centre, 154.C/«!fMHdM)t.l33.C<n!a~aKt!a,Sptugu. 97.Cu*OM.Ligurie. 162. n. 2.CLL-xiACeltib. CPline). 137.C~ostra<, Saj'daigne, 136,163.colostri « houx. », Sardaigae.i36.COLOSTRL'M.t37, n. 1.Com)?ia~a, Cappadocie, 17i, n.CoxGEDina~MiM(Martiat), 162:coKRcm's (Pline), 99, 123, n. 1.Co)'sa~(!.Cappadoeie,171,n.Co)'M«a,Gaiice. 137.costighe « érable », Sardaigne,131-132.

Costighcdu, Sardaigne, 132.

Page 214: BSL 1931- 32

i~DEX 179

Crc~ Go?:da, Grisons, 107.CuLUMA(CIL II, S238), 137.CUMALUArT<!&.Ve~.), '138.CuMELius(CIL II, 2639), 138.CL'MEME,étrusque,d38,n.cuxtcun's (P)inp). 99.CCPPA,-H9.

*nAt!BOXE«taupe)),H9.Darboussèdes, Var, -t50.[)A)<pL's(PoIemiusSiIvius),149.Aoj6xoK,Phrygie,'I26,n.'2.Dt;)t[L's/!ti!M~-t34,138.

-EL-, 473.jE~ma, Pays Basque, 464, n. 2.Elorrbe, Pays Basque, 126, n.elorri «épine », basque, '136, n.'2.c~aur-dt'acla noyel'aie'), bas-que, ~63.

-EMA,153.e~ct~-e~ara « hirondeDe )'. bas-que, 433.

-EN(x)A, '172..<ërahie)),H9-'t32.

erreka « ravin », basque, 't24.-ESA.i67-t7d.ESAXEKOTf.inscript. Briona, 'iS8.n.f.

Erisa, Corse, 169, n. 5.

FALAE,étrusque, 40, n. 3.Falesa. Corse, 169, n. 5.FAOSA-FAUtsSA,étrusque, 169.

Gc6<SK~~o « arroyo », Pyrénées.142, n.

GAHARus.Pyrénées, 141-144.Gf:6f!s. Pyrénées, 142. n.CABELLL-s(Pline), Alpes, 141-144.gabi « ruisseau », Pyrénées, 141-144.

;)«&<<'ait'eHe", basque, 138.G<:6:)fa« arroyo », Pays Basque,14-

:/f7/'Ktorrent », A)pes, 141-144.Gagnola, Mesocco, 97.~a:):dor « pic de montagne".basque, lo7,n.l.

Galbissa, Sardaigne, 170.

GALLus.l29,n.t."ŒK-~s'oTo; Y~j(Hcsichius), 107-i09.

r/ana Ticino; Trentino, 96, 108.Ganac, torrent, Ariece,i03.Gand, Flandres, 112."GAXDA(tx* s.), Flandres, tt2.~aMda«ébou!ement du terrain »,Alpes, 93-98, 102-d 05,'t08-tt3.

Gancla, Alpes et Puvs Basque,t03.

f:AXDADL\(Pline), 98, 98, t23-~8,Gandaillc, fleuve, Lot-et-Garonne,103.

GAXDAXCÇa.1220), Rhénanie, H3.~Mttf~ra « terre inculte », Galice,'i02-i07.

G~K~ara~Santander, t06.Gsndaran, Pays Basque, 103.Gandasso, Aipi Orobie, t06.GANDAvuMcas<t'M)K,Ftandres, 112,'146.

gandel-bcere « airelle », Souabe,113.

Gander, affl. de ia Moselle, 'H'I.GAXDE~A(a. 9S7), portua., 'tt0,n.3.

Gatto'er/te!~ Rhénanie, tt3.f/a)!c!o« creusement du terrain»,Caucase, 'i-i5.

Gando, Pays Basque, 103.~a;)6!o<<!« fossé d'une route »,Pyrénées-Orient., HO.

t/a!:do)' « crête », basque, 't2T.GaodofeM, torrent, Como, HO,t37.

GAXDRA(a.768),Heuve.'m.GaHdrta, Lugano, 97, ')4S, n.Ga)td)'on, torrent, afn.del'Ar-dèche,HO,i45.

gandura « hieblG basque, -128.GAXGADtA(Pline), 98. -t23-'t28.~tna « terre inculte », Francedu Midi, 107-109.

Ganna ~Verc,Alpi Lepontine.'i07.GAx(x)ApiA,j. Got~ep, Limburg,t60.

Ga?:)!arM)!fe, Val Bavona, 97.~aMf«gtabretum », Suisse allem.,'96,-t08.

Page 215: BSL 1931- 32

INDEX180

GANTUKAs(CIL, XIII), Rhénanie,1S8.

Va! Maggia, 96, n.gao « ruisseau )), Pyrénées, 141-144.

GsscoKs. nom de peuple, 101.~astf<7N!)'« érable », basque, 128-f32.

~cMMa « myrtille d'ours », LaBureba, 129.

Ga!s)'Kte, Alpes, 142-144.GaM de PaM,Pyrënees, l.H-144.GA\A BuRMtXA,Alpes, Bormio,141-144.

GAviAscHO.Alpes, 141-144.~afMM « ruisseau », Apennins,14~144.

Sraro « ruisseau B, Pyrénées, 141-144.

G<tuo)')'a;:o,Apennins, 141-144.~at/Mda « myrtille d'ours B, Val-tellina, 129.

Gennep, Limburg, 160.ghinda « cerise sauvage B, Nuoro,Sard., i26-12T.

ghinié, Tarn-et-Gar., 127, n.~tnarra « bruTère », basque, 126,n. 1,128.

ginda « cerise aigre », basque,t26.

Gindapea, Pays Basque, 126.~!)K&:n'a « bruyère basque,126.

<j;Mt~<!« cerise aigre », basque,126.

« glaretum », 163.f~o~osh't« houx », Sardaigne, 136-)38.

~o~da, yMMffa,Engadine, 96.Gorostegi, Pays Basque, 136.~ot'ost: « houx M,basque, 136-138.Gorostidi, Pays Basque, 136, 163.Gorostissa, Labourd, 171.GrfM~a, Menaggio, 14o, n.~)')t6:pf)?: « framboise », Lom-bardie,139.

GUtXDOLUM(a. 1430), 127, n.GcMALLAx(u)s(Tab. re~.), 138.j?Mpe/« tonneau », basque, 129.HABtA(Columelle), 129, n. 1.

HALSCOX[S,J.gK~101.Harriaga « sax.etum », Pays Bas-que, 172.

HELEpus/!M!Ms(Avieni), 163.«hieMcB, 128-132.« houx », 136-138.

-IDA,162.'IBou6Eo<xopo; (Strabo), 162.MMzM-M'MzAt« soleil », basque,133.

!j)w « sec », basque, 130.-iGi, 171, n. 1.iLEx, 136-138.Iliberri « ville neuve », basque,137.

"IX[M;, 169.Illurdi « montagne pleine deneige », Pays Basque, 163.

'I~p.KpaSo{,Thrace, 16~, n. 2.MMrra « bruyère », basque, 126,128.

indar force'), basque, 124."IvSctpK'N!XCtVM'/Kd).[;,124.indarka « par force », basque, 124.IKDERCA.Aquit. (CIL n, 257), 124.ingar « force », basque, 124.ttt~M~a-tK~Mra,basque, 133.iri « ville », basque, 166.Irimo n localité de mont. près de)a ville », Pays Basque, 166.

lRDNTiK-It'u~t&, espagnol, 146.trusM « soleil », basque, 133.-issA, 167-171.iTURtssAVascon. (Ptol.), 167.t~rr: « source », basque, 166.Iturrime « localité de la source »,Pays Basque », 166.

HMK<:a«)a sapinière'),basque, 163.

*KABA« torrent de montagne »,141,161..

kabasdn « pequeno rio », Ibérie,-J42-144.

As&orAo« afiuente de los pequenosrios », Ibérie, 142-144.

Kafuerg, Alpes, 143, n.*KALA« flanc ravine d'une mon-tagne)),161.

/M~snA<!« ravin x, 116,n.

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INDEX 181

kalannu « creusement du ter-rain », Caucase, ~5,'H6,n.

kalava « creusement du terrain »,Caucase,')d3.~t6,n.

KfivoctpK,AsieMineure, H4, US.A'a/tdarai~. Pays Basque, 153, n.Kct~scŒ, Carie, d)5.Kancler, cours d'eau, Baden, 'Hi,RaMdet'~rMK, Berner-OberIand,Hi.

KKv5:Sx,Thrace, -114.Kx'<oc:<x,Phrygie, -t'i4, ')4S.Kx\)uSŒ'Kd/Aux'a:ttS.KAXTA,inscript. Kovare, 4S6.kantal « grosse pierre )), basque,'152.

xs[-Evm, inscript. Gaule,'io4-t57.KAXTHUS(xot'/6o;)« jante B (Quinti-Iien),154.n.3.

Ast~dM «gazon dans les rochers »,Atpes,d5T.n.l.

*KAR(R)A« pierre », -t6i.kasko « gravier », basque, 401.<to?'os(~ « houx ». souletin. 136.K[DE[,inscript.AtcoY.'i6'Kolostrin, Pays Basque, '137, a. 3.Korostsdo! Pays Basque. i37.n. 3.korosti « houx ». basque, 136-138.kvisa « lapideus ». géorgien, 169,n.H.

La Ga~n)f, Limousin, Auver-gne,-108.

~Mea Klitd'untorren) M,Atpes~6't..\tm3a-Aa?!Œ'j<x,'t69.LASTfGt(P)ine).Ibër.?'t,n.'i.Lavin de la Gan~ara. Santander.106.

I.<!U;«erde la Gonda, Grisons. 97.106.

legor terre sèctte)!. basque. i72.Le:aw<:t<endroit prcsdei'abimePays Basque. 166.

L~orra~ct, Pays Basque, i7i!.L.mtCAKTus,j.Larc/tft)t<t38.n3.Ltss<!t'di "iresnaieB, Pavs Bas-que, 437, n. 2.-t63.

Lt.:6!rra<y<!« iraxinetum », P:)vsBasque, f7i.

i-OKAX«tombe)', 156.

Louzame, La Coruna, 164, n. 3.-MA,'t64-t67.mal « montagne ». Ba]kans, 46t.*MALA« montagne N, 151.ma~ « rocher n, Pyrénées, 151.AfaHos de Riglos, Pvrénëes, 151,n. 6.

MALODESmons (Avieni), 163.MALustxus mots~ 152. n.mandaburu « variété de pomme)),basque, 134, n.

mandaka « variété de pomme »,basque,134,n.

)KandaAo « muleton », basque,134, n.

Ma~do « mulet », basque, 134, n.mandoros « pomme de terre »,H.-Pyrën., 133, n. 3.

MotV':otAO;-MxvSa).o;.148.MANTfSA-MAXTISSA,étrusque, 169.MARGiLAKmarne )), gau! 171.*MAR(R)A« t'avin », 161.MASsixissA,Afrique, 170.MEDiocAXTus,Gaule, 188.MELEXApodttftK, 153, n., 153, n.MELLO-« colline », gaulois, 151.MEMBRESSA,Afrique, 170.mendi « montagne basque,147,168.

AfeMdta,mont. Pays Basque, 143,147,168.

;UeKdi'6e « sous la montagne »,Pays Basque, 136.

MEXDiccLEjA.ne)'g' 147.MEXDtOKDO(xm~ s.), PaysBasque,147.168.

MEXTESA(Pline), Ibér., 147, 168.Mer~Kmarne)). basque, 171, n.MERLES,j. ~:r~ UrgeH, 171, n.~ong't6eMo, 1S3..Uo~~sa, Yaleneia, 168.~OMtO)'UoKf/Of! 146.mM~<:« borne », basque, 143. n..~it~tca.. Pays Basque, 143, n.~Ktfdo~oft, Pays Basque, 143, n.MKxo « colline basque, 142, n.MuTMto:. Thrace, 162. n. 3.

*xAMA« plateau serré entre desmontagnes ». 161.

Page 217: BSL 1931- 32

INDEXt82))s6f:r)':«« lieu pierreux », basque,168,n. 3.

~ABRissA,Ibérie, 168, n. 3.KEMAXTURtSSA,168, n. 3.PsEMATun;« gens Liguriae » (CIL,V, 7817), 168, n. 3.

OcAayauM,Navarre, 143, u.og'r:Ho « prunellier », provenç.,139,n.

ÛLOXTM!.Iber., 171, n.l.-ondo, 143, n.-OKm,17'oroldio « mousse ». basque, 138,137.n.

Othegi « lieu couvert d'ajoncs »,Pays Basque, 137, n. 2.

PALA« pierre sépulcrale », in-script. lépont., 186.

pa~a « pic de montagne », Alpes,139-)41,186,161.

Pala, mont. Grisons et DolomitesdeFassa, 139-141.

~)aheM)'na « pépite d'or (Pline),99.

Paladimoiiti-. Sardaigne ,140, n.3.pALAGA« pépite d'or )' (Pline), 99.Pa!nxM, mont. Val Sesia, 140,144.

Pa~stM, mont. Lazio, 140.Palanuda, Calabria, 141. n.Palaperto, mont. Basilicata, 141, n.Palasco, Corse, 140.Paj'ss<rc. mont. Hautes-Aipes.140.

Palena, Apennins, 141, n.Pales de BMt'at « pies des Pyré-nées'), 140-141.

nc(/(Ptot.),Corsp,140,n.3.palofra « fruit du prunellier »,Savoie, 138, n. 3.

t'ALucA « pépite d'or (Pline),99,134.

Paluca, Sardaisne, 140.;M/!fO{/a,«prunelle Grisons, 138.n. 3.

PARR-« mouton », 139. n.-pc. basque,126.PELEXDOXESIberiac, 134.

peloce « fruit du prunellier »,anc. franç., 138, n. 3.

PExrovfus (CIL, II, 6338A-), 133,n.2.

~spxvo;« saumon », lof, n. 2.PERR-« mouton », 139, n.Pic de Bttt'at « pics des Pyré-nées 141.

pierre », 1SS.Piz de las Palas, Grisons, 141.P<om6du Cantal, 15S, n. 2.PLPLIS,Ibér., 134.Poggimele, Val d'Arno, 1S2, n.PORCOBERA(Sent..MtHKC.).,j. Pol-cepera, 187.

POMKOS« saumon », 187.Po'ttHa de la Ca~tda, Sanâbria,107.

PoTEXTiA,Liguria, Picenum, Lu-cania, etc., 128, n. 3.

potol; « ruisseau », slave, 1S3.PRECRABOS,163,n. 2.« prunellier », 138-139.« Pt'uxtM spinosa L. », 139, n.Puerto de CandaK~tu, Pyrénées,107.

PULLUGAS(Vita Columbani), 138,n.3).

Punta P<t/<ït,Sardaigne, 141.p)fs{ « désert », slave, 170.'PUSTA(-ARA) K pâturage ? (?),170.

pMstKMMa« argile », Pyr.-Orient.,171, n.

PcsTRissA,j. Pt;s{eri'< Alpes, 170.

~Mc/yo « une sorte de chêne »,espagnol, 130-13'3.

"QCERCUSN,131.

?'ec« ravin », provenc., Hl.rin « ruisseau », Alpes, 183. n.Rio de la G&?tda)'s, Santander,lOC.

Rio Patoceo, Fclla, 153, n.Rio Rt'K9'M«,Piave, 183, n.RtMpacA,Fyroi. 113, 183, n.~oc/te au Diable, 159, n.jRoeMKttMK(Aocctsmf'/oo<'),183. n.Roia, Sardaigne, 122, n. 2.

Page 218: BSL 1931- 32

)KDE.\ 183

~o.:<7"cann!cd'acqua)). )omb.,123,n.l.

*f(L-GtA.122-133.

.Sa6a~a,Cappudocie, 17), n. I.Sadaga, Cappadocie, 171, n. 't.S~s'arfono'o « pommier ,), PaysBasque. 142, n.

'SALA«terrain marécageux B,t6t.SALARIA.')S9,n.-t.

SALT[cfI6e!'Me.7't,n.t.San Estéban del .Ue:<. Pyrénées,i5't,n.6.

Saraha~ra « saticetum », PaysBasque, i'?l.

SAïusA-SARtSSA.étrusque, '169.SASADisLt(y!<t'Me,'t62,n.2.Sa~s6acA,Ste)vio,'I39,n.'t.SAVADios,Thrace, 162. n. 2.ScALAD~s,H)vr.. 162, n. 2.l:Sx (PtoL), -162.SEGisAMATaceaM~ 125, n. 3.SEGOBMFGACeltib., 125, n. 3.SEfioucxuM ~~tenor..4gM:< 125.n. 3.

SEGOVELLACXI.125, n. 3.

SEf.oviAArevac., 125. n. 3.SEGL-TiLL-M(Pline), 99.StCAXus/!u!'itM26~t':se,125.~tXX'/Y,'T:0/ 'jcT]p!a;, 125.S'<xvo:(SlCAXf).125.SiKÈLES. 125.

SOPtXAf/0)'g)'<Mf.lSO.Sotenissa, Sardaisne. 170.SpEuiDfc'.Ml«t/r.,162,n.2.spJ'Œ)Ut~cIair:).b)'et..lll,n.2.

*SPLEXDCS(sPLEXO[Drs). 111. n. 2.

S<<)i6<!e/t, 159.

STH!GfLES(Ptin(-),9U.S;'6!K]ieudnpontN, PaysBasque. n9.n. 3.

SL't'xi, étrusque, 150.

TxoxKrocher '), 161.*TALA« terre ». 150. 161.T(:<<t,Corse.i51.TALABAt!A76<'r~e.l5().TALADtL's16et'iae. 150.~a~aA'tKterre crusse x.Caucase.151.

ÏALAMtXAJ&O'MC,150.Talana, Sardaigne. St.T~t/ar, Asie Mineure, 151.TALARExsES(PHne), [5t.TG(~M:'c((Steph. !!vx.), -[5t.TALARL-s(P)ine). 151.r«~a.sa!,Sardaigne, 151.Talasani, Corse, 151.TALAStL'S-Ax).ac' lot.Talava, Sardaigne, 15t.TALAvusIberiae, t50.<a<a.cterre grasse géorgien.t5t.

TALAXAxo(a. 977). Cataiognp,15t.

ÏALOKIUS,t51, n. 3.TALORtIberiae, 130.TALpA« taupe », 149-i5'2.TALptus (Fabretti), 150.TAU'oxAt'<s (Pline), 149-152.TALPONE-*DARBOXE« taupe 449.TALpoxtus (CIL, V, 2512), 150.TALSCOXIS~ÇM!'< lOt, n.TALsi(CJL, 111,3U<1). 151, n. 3.TALunuM(Pline), 99. 150.Tamame, Pays Basque, 164, n. 2.Tarascon, 101, n.TARuscoxtEXSES(Pline), 101, n.TARBoxfA(CIL, XI, 1147). 150.fosca; « terre gazonnëe », ane.provenç., 102.

TASCASECERRtS(CIL, II, 2067),102. n.

TAscuDuxt A'a?'6. (Pline), 101. n.TASCOXEM/!«f<:t?K (.4e<o Sa~ct.),)00.

TAScoxiuM(Pline), 79, 100-102.tasko « terre gazonnée », Béarn,101.

« taupe 149-152.TELLUS,151.TeAU-t~OO;.159.7'MCOH.fl., Toulouse, 100.y/'M~dot-y. 113, 153.'r:Min~M, Sardaigne, 162.tosca Kargile blanche », basque,10t.

'T)'a/)o~)M;.150.<r(MA(!.basque, 101.T'tt/'tMsser, 150, n. 1.

Page 219: BSL 1931- 32

184 INDEX

TULEBOXEMaccus. (S<*K<.MtHMC.).,162, n.

TULELASCA(Sent. MMMc.), 162, n.TuMUMN., 134,138.

-UBA,172.Ulzama, Navai'ra, 164, n. 2.upel « tonneau », basque, 129.ur « eau », basque, 100, 19S.URAyons (CIL, XII, 3076), 100.urandi « rivière N, basque, 100.urbegi « source )), basque, 100.URGiBaetic. OXpx:,146, n. 1.urgorri « eau minérale », bas-que, 100.

U~orrteta;, ruiss., Pays Basque,100.

Uf!. ruiss., Basses-Pyrënëes, 100.nmuM (Pline), 76, 108.UtilUM Baettc. (Pline), 100.Urlo, ruiss., Basses-Pyrénées, 100.UfMa, ruiss., Basses-Pyrënêes,100,166.

-uR(tt)A, 172.[7)'M<:tM,Valladolid, 100.UxAMAIberiae, 164,.n. 2..UxELLODUNUM,Gaule, 164, n. 2.

VAScoxES(Pline), 101.VERNAPtA« eau des aunes »,Gaule, 189.

VERNODUBRUM« eau des aunes »,Gaule, 1S9.

YtKDAscA(iv~ s.), j. Venasque,158, n. 2.

VixDins, 1S8, n. 9.VINDUPALErtfO (S6Ht. ;)fMMC.),187.

VINILLA(CIL, XtH, S431), 188,n.2.

Yixius (CIL, XII, 3381), 1S8,n.9.

ViNNOxiA(CIL, XIII, T079), 158,n.2.

Zegama, Pays Basque, 164, n. 2.

VittoriO BERTOLDI.

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SUR DEUX QUESTIONS DE PRINCIPE

Dans un compte-rendu des publications de M""Homburgerqu'a publié M.Klingenheben. Zeitschrift für Eingeborenen-.s~'cc~ï, XX, 4 (juillet 1930), on lit les affirmationssuivantesi. P. 313 et suiv. « \Ver glaubt dass wirkiiche, leben-

dige Sprachen einem Urzustand entstammen in dem sichihre Elemente kristallisieren um Einzellaute, Yokale undKonsonanten, mit mystischer, ungreifbarer, abstrakterBedeutung, der mag auch Fraülein Dr. Homburger wenig-stens prinzipiell zustimmen. Mir ist dieser Glaube nichtgeschenkt. »2. Les langues africaines offrent des degrés de dévelop-

pement diiTérents. Si certaines ont derrière elles un dévelop-pement plus ou moins long, d'autres offrent un type pri-mitif (« ein Teil steht zweifellos noch in einer rechtjugendiichen, verhiutnissmassig ursprunglichen Phase derEnhvickJung »). Ceci rend inadmissible qu'elles soientissues d'une vieille langue de civilisation telle que l'égyptien.Abstraction faite du cas particulier qu'elles visent on

ne se propose pas de l'examiner ici ces deux affirma-tions sont instructives parce qu'elles expriment des doc-trines qui ne sont pas particulières à l'auteur.

La première, dont la rédaction plus tranchante que nettes'éclaire par l'objet auquel elle est appliquée, tend à exclurele procédé qui consiste à établir les parentés de languespar le rapprochement de caractéristiques linguistiques tellesque des affixes ou des mots.M. Klingenheben s'est fait une idée singulière de la

grammaire comparée les éléments que rapprochent lescomparatistes n'ont rien ni de mystique, ni d'abstrait ils

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A. MEILLETi86

sont aisés à saisir. Ce sont ceux que manie, pour quelquelangue que ce soit, tout grammairien quand il décrit unetangue. L'indo-européen qu'envisage le comparatiste estune langue qui a ses singularités, mais comme toute autrelangue. Quelque langue qu'on étudie, du présent ou dupassé, attestée ou supposée, il faut en déterminer la struc-ture et en formuler les règles. On a souvent reproché auxcomparatistes leur « positivisme a.C'est par la comparaison de pareils éléments qu'ont été

établies toutes les parentés de langues qui sont démon-trées, notamment en Afrique la parenté des parlers ban-tous entre eux, et il ne semble pas qu'on puisse trouveraucun autre système ayant une rigueur.Il va de soi que le procédé comparatif ne comporte pas

examen du génie de chaque langue et qu'il consiste unique-ment à déterminer si des concordances données dans l'em-ploi de certains éléments linguistiques sont fortuites ounon, quelles que soient Ies_différences de structure qui,avec le temps et suivant les circonstances, se sont pro-duites dans les langues considérées, et si profondes quesoient ces différences.La méthode est délicate à manier, et d'autant plus déli-

cate que les langues étudiées usent de moyens plus simpleset comportent moins d'anomalies; c'est affaire de tact, commetoujours en matière d'histoire. Mais là où elle est impossibleà employer; il faut renoncer à faire l'histoire de la langue.Bien entendu, deux langues qui continuent une même

langue antérieure on emploie ici le mot langue au sensexact qu'a défini F. de Saussure peuvent avoir pris aucours du temps des types distincts l'arménien, par exemple,est une langue d'un type autre que le grec ancien ou lesanskrit. Cela n'empêche pas l'arménien'd'être une langueindo-européenne, c'est-à-dire de se relier à l'indo-européenpar une tradition continue le mot parenté n'a pas d'autresens: il comporte d'ordinaire une plus ou moins grandecommunauté de types mais il n'en implique nécessaire-ment aucune.Plus cette définition est deven ue précise, plus l'établisse-

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SUR DEUX QCESTIOXS DE PRTXCIPE )87

ment des parentés a répugne à certains linguistes. Il seraitintéressant de voir ce que l'on veut mettre à la place.Le scepticisme est du reste devenu fréquent, surtout chez

des linguistes allemands, à l'endroit de la méthode compa-rative. Ce scepticisme est naturellement discret chez lelinguiste qui s'occupe de langues indo-européennes laméthode comparative y a donné de tels résultats que desdoutes sérieux ne peuvent s'élever. Mais là où le linguiste,se trouvant enprésence de langues à morphologies régulières,ne dispose pas des anomalies dont le rapprochement rendévidente la parenté des langues indo-européennes entre elles,et où, par suite, la méthode comparative est malaisée àemployer et aboutit a des résultats moins immédiatementfrappants, on conçoit que des hommes pas encore habituésà une méthode comparative de précision, se laissent allera des doutes. C'est dire qu'ils renoncent implicitement àfaire l'histoire des langues qu'ils étudient.

Quant à la seconde affirmation, elle comporte l'idée quecertaines langues actuellement employées en Afriqueou ailleurs seraient d'un type '<primitif ». On aimeraitsavoir à quoi se reconnait un type « primitif)). Tant quedes précisions n'auront pas été fournies à ce sujet, on nepourra voir dans le départ indiqué qu'une chimère quiéchappe à la discussion. Il faudra dire ce que signifie l'amr-mation que certaines langues seraient à un stade de déve-loppement diu'érent de celui de certaines autres abstrac-tion faite du vocabulaire et des complications de syntaxerésultant du niveau de civilisation.

Ma paru bon de mettre en évidence les idées critiquéesici. Car il n'est pas douteux que nombre de linguistes lesprofessent plus ou moins consciemment. En les formulanttant bien que mal. M. Klingenheben a rendu service. t)faudra prendre position; alors on verra si la linguistiquehistorique gardera sa rigueur ou si elle se perdra dans lesnuages, et s'il y faut renoncer.

A. MEILLET.

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LES CAS EMPLOYÉS A L'INFINITIFEN INDO-EUROPEEN

On s'accorde à donner au locatif une large place dans lesorigines de l'infmitif des langues indo-européennes, et enparticulier de l'infinitif latin et de l'infinitif grec. Comme lesthéoriciens de l'indo-européen ont coutume de s'attacherplus aux formes qu'à leur sens et à leur emploi, on ne s'estpas arrêté à cette difficulté que le locatif se prête mal àexpliquer les usages qui sont faits de l'infinitif. Pourtant, ilsuffisait de parcourir la Vedische Syntax de Delbruck pourvoir que, dans la seule langue où l'on observe clairementd'anciens emplois de l'infinitif, le locatif ne figure pas; sil'on attribue au locatif les quelques formes védiquesen-sani,ce n'est que parce que i est en sanskrit la caractéristiquedu locatif singulier dans aucun des passages, malgrél'apparence de la forme, une valeur de locatif n'est sensible.Quant aux exemples tels que véd. usdso ~M<a%!RV, I,i3'7.2, on n'y saurait, à proprement parler, voir des infini-tifs il s'agit de simples noms d'action.Assurément, il est naturel de rapprocher véd. ~t~e de

lat. MtMe~e.Car il ne s'agit pas d'une ressemblance fortuitel'infinitif indo-iranien du type de véd. ~'tu~e et l'infinitiflatin en -ere se comportent d'une même manière.Il y a deux procédés différents certains types d'Infinitifs

védiques se rattachent à la racine, ainsi ceux en -tum, -~o/z,-&e et ceux en -~M/e d'autres admettent d'être rattachés àdes thèmes verbaux, surtout à des thèmes de présents, ainsiceux en -<Me(-ase) et en -dhyai. Cette distinction est de dateindo-européenne; non seulement elle est nette en indo-ira-nien, mais elle se retrouve plus nette encore en latin lesinfinitifsen -sesont forméssur desthèmes verbaux scindere,

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LES CAS EMPLOYÉS A L <NFtN[T[F EX iKDO-EUROPËEX i89

.?<c!c~.MC, tandis que les infinitifs en -tum et -<Mt(-~M), qu'onconnaît sous le nom de supins, sont bâtis sur des racines.~CM~M~.scissui (.ycM~T).Or, chose remarquable, les inEni-tifs qui reposent sur des racines comportent une flexion du

type en le védique a plusieurs cas: ace. -~m, gén. abl./o~. dat. -~aue: ~aM~o~ et~a~~<xue,ar/MM:et~?~G'ue, etc.Au contraire, les infinitifs atltématiques qui admettent d'êtreformés sur un thème verbal n'ont en général qu'une forme,celle du datif. Du type en -<M-, on n'a ainsi que le datifen védique: jUM~/a~e d'un type comparable à celui de lat.

6'c~o:o, ca~oc~c et /a'6'c d un type comparable à lat. ~c!'?!</o,.c~t/c~e; les gath~sde l'Avesta ont de même, d'un présenta suHixe nasal, uo~MM/M, cf. le type latin /y!e/*e; d'un cau-

satif..9r<!UC'yeM. cf. le type lat. monère; d'un aoriste àredoublement, L'oocaM/M,cf. le type lat sistere. Un infinitif

iat.H~'e est bàti sur le thème de ~~M, et il ne comportequ'une forme un infinitif (dit supin) ~e~MM! est bâti surla racine, et comporte une flexion ~M'<M< (~eK~M). Lecontraste entre un infinitif d'M/~c~MM (le cas de l'infinitifde ~oe/ec~M! actif est sans doute secondaire) et un infini-tif radical, dit supin, est donc net.Or, ce n'est pas un hasard que l'infinit.if lat. /!°/~e (de

*/er.s-c) appartient au présent de la racine d'aspect « indé-terminé », de /e/'o. qui n!- fournit qu'un présent tandis que/<7~7K appartient a la racine d'aspect « déterminé )', de~M/ qui a fourni un aoriste et un parfait. Cette dis-tinction, sur laquelle on n'a guère insisté, a une portéepour la théorie de l'infinitif.

Incidemment, on notera que l'infinitif médio-passif du

t\'pe lat. agi repose sur une forme de datif, comparable àvéd. c~'p~, type qui comporte en védique toute une flexion,ainsi véd. ~(7~-«r/~o/?< (ace.) et Muo-pf«/<7~ (gén. abl.).tandis que les infinitifs des verbes dérivés latins sont en

ai~icipi, monèi,i, etc. Ces loi-itic,; ont pu contr»"9e! e'~7?" Mon~'?, /«/ etc. Ces formes ont pu contri-buer a faire s'énéraliser au médio-passif le type en-e~'(lat.class. -').

Sans doute les'intinitiis du type thématique, qui tous

appartiennent a des thèmes de présent, ont une flexion

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A. MEtLLET190

régulière. C'est ce qui se produit dans les gérondifs latins:c<2/x'e?M~M?M,capiendi, capiendô, à côté de la forme parti-cipiale capiendus, dans les infinitifs arméniens complète-ment fléchis tels que berel « porter », (acc.-loc.), bereloy(gén.-dat.-abl.), berelov (instr.) à côté du participe bereal(gén.-dat.-abl. ~ere/oy), et dans l'infinitif germanique oùle germanique occidental a conservé les traces d'une décli-naison. Mais les formes thématiques de ce genre sont d'untype tout autre que celui de lat. uiuere, et il n'y a pas lieud'en faire état dans la présente discussion.Ces considérations amènent à chercher dans le type

latin M~Mc?'e,non un locatif, qui serait sans analogue, maisun datif.En effet la doctrine d'après laquelle la désinence indo-

européenne du datif singulier serait en *-ai ne repose suraucun fait positif. Le type grec -p.~Mest un doublet de -~v,et rien n'oblige à y reconnaître un ancien datif gr. ~x~n'a pas le sens du datif; du reste on peut rattacher la forme àun thème /:xp.x-.Là où l'on a en grec un datif à diphtongue,il est en on connaît Atfe~Aoc qui est attesté à Cypre.En italique, la forme"ancienne du datif était -pï: osq.Diuve), v. lat. regei (v. Solmsen, ~tZ, xuv, ~61 et suiv.).L'existence d'un datif en -ei est confirmée par la forme oùle vieux prussien a conservé des correspondants de lat. -tUi,-? et véd. -lave, à savoir les infinitifs en -twei (sur la ques-tion d'une désinence *-c<de datif, v. Stolz-M. Leumann,Lat. G~'6!M!nz.°,p. 271, où l'on trouvera la bibliographie).M.Benveniste me signale que la désinence du datif singulierhittite est -i, sans trace d'une diphtongue.De même que. en face des deux désinences *&?; *-<M,du

génitif-ablatif; on a on doit, en face de la désinence dudatif *-e! trouver *-i. Et, en effet, on ne saurait expliquersans cette hypothèse ni l'emploi de -i pour l'instrumentalet le datif dans des formes telles que gr. 7:x-:pt,ni les formesgermaniques correspondantes, telles que got. attin. Si ~x-ptétait un ancien locatif, on ne voit pas comment il aurait prisla valeur de datif ces deux cas n'ont à peu près rien decommun. Enseignée dans mon Introduction depuis la 2°édi-

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LES CAS EMPLOYÉS A L')NF:MT[F EX IKDO-EUROPËEK 191

tion (1908), cette doctrine est fondée sur des faits cer-tains. Seul, le conservatisme tenace de Brugmann, qui amaintenu dans la dernière édition du Grundriss la doctrinede la désinence *-ai au datif, a sans doute empêché certainscomparatistes de se rendre à l'évidence des données.L'infinitif baltique fournit du reste des témoignages déci-

sifs comme on le voit dans l'exposé de M. Endzelin,/.e~Mc~e Grammatik, p. 708 et suiv., le letto-lituanien aconnu deux formes de la caractéristique de l'infinitif: *-tie(intoné rude), d'où- avec-final stable, et*(avec ancieni bref final donc sujet à s'amuir), toutes deux devant appar-tenir à un thème cn*et représentant dès lors l'une *-?: etl'autre *-ti. Le -ti del'infinitif slave, intoné rude, reposeraitsur *-& H y aurait donc eu, au datif, une forme en *dela désinence. D'autre part. M. Endzelin, loc. cit., p. 710,rappelle avec raison les datifs lituaniens du xvi" siècle, telsquepiemeni, t/M/f~r! avec ancien bref.Dès lors, entre l'infinitif véd. y:u~~e et l'infinitif lat.

?/:t<ere,il n'y a qu'une différence de degré vocalique de ladésinence: *-ei (ou*-oi, dont on n'a pas de témoignage sûr,mais qui n'est pas exclu) dans véd. ~UM~c.et *-i dans lat.uiuere. La forme qui répondrai) au *e du lat MtMc~cseraiten védique *M.Peut-être y a-t-il, en védique, trace de cette forme. Car le

RgVeda comprend une série de formes en -si, à valeurd'impératifs, qui, au point de vue indien sont sentiescomme des formes personnelles puisqu'elles sont toniquesou atones suivant les règles habituelles, mais qui sont indé-pendantes de tout thème verbal et qui s'expliqueraientbien comme d'anciens infinitifs en -si, ainsi, RY m, 13,3.

ua~o nési ca ~a~! ca.

Même abstraction faite de cette possibilité on indiqueune hypothèse, on n'affirme pas–, il y a, dans le RgYeda,des infinitifs où la désinence de datif -i à vocalisme zérosubsiste; c'est le type en -sani. Comme les infinitifs en -.M:M2dont on a huit exemples n'ont pas une désinence de datifperceptible en sanskrit, la valeur de datif y est peu sensible

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A. MËtLLETt92mais c'est le datif qui rend le mieux compte de l'emploi,ainsi RV, iv, 37,7:

vi ??ou~ /M~aMaAjo~ac citana ya~aue<xs??:<x~~yc'?Ksa~ixya~ifM~UtpU~~p~ ~~CMÏ.

Il faut remarquer dans cette strophe le parallélisme de~a.f~aueet de ~~HM. Si le datif en -i a survécu ici, c'estque, le type en -san- n'ayant pas survécu par ailleurs, cesformes étaient isolées.Comme l'indique l'accusatif, les infinitifs en -~M-étaient

de genre animé skr. -<MM!,lit. -tum-, lat. -i!MMreposentsur des accusatifs de type « animé )) (masculin-féminin).La même observation s'applique à la plupart des infinitifs en-.s'- sans doute on n'en a pas l'accusatif puisqu'ils font par-tie des infinitifs qui peuvent se rattacher à des thèmes ver-baux et que ces infinitifs n'ont d'autre cas que le datif;mais, la place du ton dans véd. paçyase, /<iM, etc. est,comme dans ~u~e, celle du type véd. M~N-, cf. att. eM~(de *aM~). Ce fait est à retenir pour le caractère desinfinitifs en indo-européen.: ce ne sont pas toujours desabstraits, mais, au moins en partie et sans doute souvent,des noms d'action à valeur active, comme le type latin en-O.S-de lepor, qui est masculin, et le type grec en -os dextCM:,quiest féminin. Les infinitifs hittites en -M'ar(-M!C!~),gén. -M?e's(-mas) sont, au contraire, de genre neutre.H resterait à chercher ce que peut être le -x'.des formes

grecques en -~KL,-s~on..On n'en a de correspondants sûrsnulle part. L'examen direct des faits grecs donnelieu à deuxremarques. D'une part, -svaH.et -~ett se comportent commeet -jj.svet ne s'en distinguent ni par le sens ni par l'emploi;

en particulier, -!j.s~ est l'équivalent exact de -~sy il estdonc arbitraire d'y chercher deux cas distincts. En secondlieu, -x'. n'a jamais le ton, là même où le participe cor-respondant le porte: AsXeMO~se comporte autrement que/E').E' on a '~vxt.en face de [M~.De ces faits il semblerésulter que -j! serait un élément accessoire, ajouté à la

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LKS CAS EMPLOYÉS A L'IXF)~)TtF E~ I~DO-EL'ROPÉEX 193

forme, mais non essentiel. Or, en ce qui concerne levédique; on ne saurait écarter l'idée que les formes tellesque ~a?!~ua!, qui ont deux tons chose exclue de l'indo-européen comprennent un ancien infinitif plus une par-ticule qu'on pourrait rapprocher de gr. il n'y auraitpas deux tons s'il n'y avait pas deux mots. Atone en grec,la particule aurait été tonique en védique. Quoi qu'il ensoit de cette hypothèse, il est gratuit de voir dans gr. -xt del'infinitif une ancienne désinence de datif.

A. MEILLET.

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CARACTÈRE SECONDAIREDU TYPE THÉMATIQUE INDO-EUROPEEN

Les comparatistes mettent sur un même plan le typeeathématique et le type thématique de l'indo-européen. Ils yont été conduits notamment par l'examen de l'ancien indo-iranien qui a dominé la constitution de la grammairecomparée, et, d'une manière générale, par la considérationde la structure normale des langues indo-européennes àl'époque historique.C'était oublier que la grammaire comparée doit se faire

en utilisant les anomalies c'est-à-dire les survivancesbien plus que les formes régulières. Les formes qui, à datehistorique, sont normales sont celles qui ont subi le plusde réfections. Aucontraire, les formes fortes et, plus encore,les formesanomalesportent témoignaged'états de langue pluslointains doncplus une forme est anomale, plus il y a chancequ'elle soit une survivance de l'époque de communautécompte tenu des adaptations aux états de langue successifsque subissent même les formes les plus anomales et, bienentendu, en éliminant les singularités qui sont dues à desaltérations phonétiques. Les traités de grammaire comparéeont souffert de ce que, pour la restitution de l'état initial,l'importance attribuée aux formes normales des états delangue historiques est trop grande.En réalité la situation respective des deux types; athéma-

tique et thématique, diffère du tout au tout suivant la datedes états de langue considérés. M. Renou a été amené à direincidemment, dans <S'~Me~mcfo-~n~'ec G'e~c/ p. 161le sanskrit a thématisé tous ses suffixes quelque peu

productifs ».Pour les formes radicales du verbe, le type thématique

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TYPE THÉMADQUE tKDO-EUKOPÉEK 195

est des deux le seul qui soit productif à date historique enindo-iranien. Au germanique, ce type a fourni presque tousles présents radicaux. Mais entre l'Indo-européen communet les premiers monuments de chacune des langues autresque le hittite, le type athématique n'a cessé de se réduire etle type thématique de se développer, et ceci dans les nomscomme dans les verbes.Au premier abord, le nombre et l'exactitude des cor-

respondances donnent l'impression que des présents commeskr.jMCGTM:v. si. ~'e~ lat. co~Mo,comme skr. !~7?Va~:?,got. M~a, lat Mer~o,comme skr. ca~a~ hom. ~Ao~(dor. ïEAo~t), lat. co/o, continuent des formes indo-euro-péennes bien établies. Mais en face de skr. ~aco~?', etc.,c'est le dérivé ~T?Mqu'a le grec, et en face de skr. M~S~le dérivé ~e/'c/Mqu'a le lituanien, et, en face de Tre~c-[j.xt,la langue homérique a -TEX:ït. Tandis que le présentà vocalisme plein est normal en indo-iranien, c'est le présentà vocalisme zéro qui, au moins en certaines conditions, estnormal en slave en face de ~M~o~e« il meurt », le vieuxslave a ~Mro. La masse des formes thématiques radicalesprovient de développements parallèles, non de conserva-tion de formes indo-européennes communes.A voir les choses de près, une large part des correspon-

dances que donne Brugmann, ~T'M/ 11~, 3, p. 116 etsuiv., pour le tvpe skr. ~)/~<x<e,etc. se dénoncent commerésultant de développementsparallèles et indépendants. II n'ya qu'à observer la coexistence de deux vocalismes dansgot. yz/MCMet v. isl. koma pour comprendre que ces formessont, l'une et l'autre, des adaptations d'un ancien typeathématique, attesté par véd. a</a?!,arm. eA'K« il est venu))et en effet, le grec et le latin n'ont que px: MCM:5laconcordance de got. qima et de lit. ~e~!M(spécialisé au sensde « je nais ») ne résulte pas de la continuation d'un*p?/!0. On ne peut faire état de skr. /;6!MaM~(quin'est pasproprement védique), de v. si. sp~pet de lit. ~e~M pourne rien dire de sr. M~ qui est un aoriste et poser sur cefondement un ancien présent athématique *y"eKe- il n ya qu'à observer véd. /M/ï~, 3e plur. ~M?! av. jainti pour

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A.MEILLET<96

se rendre compte que tel est le présent indo-européen leprésent hittite ~Me~M,~'Me7! ~Mnc~: en a confirmél'antiquité mais cette confirmation était superflue pourquiconque avait comparé gr. Os~Met lat. -/e/ï</oet constatéque l'irlandais avait seulement l'ancien l'itératif ~o/K'7M.Débarrassée des exemples qui ne prouvent pas, la liste deBrugmann se réduit presque à rien.Au contraire, chacun des présents athématiqucs de l'indo-

iranien est ancien. On ne reprendra pas ici la démon-stration qu'il est en général facile de fournir. On rappelleraseulement que, en même temps qu'il confirmait l'antiquitéde skr. <MMM'ou ae~M, le hittite a fourni des formes nou-velles, notamment e~M « je prends », que lat. a~M, c/?M-cor faisait prévoir sans en fournir exactement la trace. Letype hittite /!a?*M!'A~:«« il détruit )), 3" plur. ~MM'/H'M~~ï.aapporté à l'antiquité du type véd. c~MG~z, c~M</a/jusqu'ici particulier à l'indo-iranien, la confirmation qu'onattendait et qui d'ailleurs résultait de l'interprétation par-faite de Saussure du type skr. ~~<î?M.En ce qui concerne les noms, on peut faire' la même

observation. Le type de lat. <r, Mo.r,nix, etc. est ancien,et l'on aperçoit que l'extension en a été grande; v.: à cesujet, A. Meillet, Études ~M/- p~MO~Mdu vieux slave,p. 203 et suiv.Dans les formes radicales anciennes et sûrement dans

beaucoup d'autres le type athématique et le type théma-tique ne sont pas de même date. Le type thématique résulted'une création postérieure au type athématique qui seraitl'unique procédé de la période la plus ancienne de l'indo-européen.Des langues indo-européennes périphériques ou

subsistent, on l'a déjànoté, dansce~M//e<M môme.XXXIÏ,p. 1 et suiv., des formes relativement archaïques pré-sentent encore des formes où transparait ce caractèresecondaire du type thématique. En effet, le génitif du typethématique en latin, en irlandais et en gaulois n'a pas tracede la voyelle -e/o- qui caractérise les noms thématiqueslat. M!<, v. irl. fir, gaul. ~c~oMM/ v. irl. ogamique

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TYPE THËMAT!QUE tKDO-EUROPÉEX 197

maqi figurent dans la flexion tliématique sans en avoir lavoyelle caractéristique. Si, comme l'a enseigné M. \Vacker-nagel dans les ~e/c~M F. de Saussure, p. 125 et suiv., letype skr. /i'c/- enface de ~VH~f-est à rapprocher du typelat. M! il y aurait, à l'extrémité orientale du domaineindo-européen, trace de formes en -z- à côté de formes thé-matiques.D'autre part, les présents dérivés de noms du type théma-

tique peuvent n'avoir pas la voyelle thématique ainsis'expliquent, en sanskrit, des formes telles que c<~<x~de co~?/M/<, en grec, /x/~T:M de yx/~T: et xy~~K~Y~Ac-vieux slave ~repcs~ de ~'epei'K,etc. v. Brugmann,Grundr., ir, 3, p. 218 et suiv. H faut ajouter maintenantle type hittite irmaliya- « être malade a de irmala-« malade )) v.Gotze, ~<z~M!M~s, p. 97.De ces deux faits, nets l'un et l'autre, il résulte que la

voyelle thématique n'est pas essentielle aux mots radicauxoù elle figure.

Depuis qu'il a été montré que les langues périphériquesdu domaine indo-européen ont conservé des archaïsmes dis-parus dans les langues centrales (v. Conaptes-rendus del'Académie desinscriptions, 1930, p. t49etsuiv.),une flexioncomme celle de lat. /~o, ferimus en face de /e~, fert,/e/VMet edo, edimus en face de M, c~, éstis se dénoncecomme une survivance d'un ancien état de choses indo-européen c'est une de ces anomalies singulières ou persis-tent des restes d'états anciens et avec lesquelles, par suite,peut se faire la grammaire comparée de l'indo-européencar on est sur de se tromper si l'on restitue l'indo-euro-péen d'après les formes normales de l'époque historique.Et. en effet, le Rgveda conserve deux exemples de ~~M/enfacede lat. /<?r~,et la langue homérique, dans une formulereligieuse, I, 171, qui ne peut être qu'une survivanceisolée a

=~ 0~~epT'~'JSMp:J=Y;:J.'?;T~*6/Tf):.Le grec a. du reste, d'autres formes caractéristiques de

ce genre a :j:;j.x' )at tique oppose ~7-x' et la langue

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A.MEtLLET198homérique largement ec-coct.Ce &rMtétait isolé; la décou-verte de l'inscription de Cyrène qui a fourni -cs~Mrepré-sentant *TeXï9:L,en face de crét. Ts~c~xt« je serai », amontré que le cas de MTKtn'était pas isolé. Les expli-cations qui ont été proposéesde Scro~.x'?cTxt.ne satisfaisaientpas v. Solmsen,K. Z., XXXII, p. Si-8. La découverte deeyr. Te' les exclut. L'existence de l'athématique *i~ATMfait comprendre pourquoi la langue homérique a -TeXXo~t,c'est-à-dire le type en *-ye- qui, pour une large part.remplace d'anciennes formes athématiques. Dès lors la3° pers. sg. eye' qui est largement attestée (v. Bechtel,Gr. Z)M; I, p. 90), est ancienne en face de e-j'e~ojr~.Le type ~~éd.blc~ir~rmi,Glaci.rti,lat. ferô, fert, hom. d€pc~,Le type véd. M~ra~M, ~/M~ lat. /e~o, /<??' hom. ~pM,<pspTea donc eu en indo-européen une importance qu'iln'est pas possible, avec les débris subsistants, d'apprécierd'une manière exacte, mais qui a dû être grande. Cecirevient à dire qu'il a existé, durant un temps, un type oùles formes à timbre o avaient le type dit thématique, maisoù les formes qui, dans le type thématique ordinaire, sontde timbre e. étaient athématiques.Et, en effet, le suffixe qui, en grec et en indo-iranien, est

ordinairement de la forme *-ye/o-, entièrement thématique,esten latin mi-thématique, mi-athématique, soit capiô, maisea/)M. capit, capitis, et de même M~<~ mais M~M,M~7,M~M la 1 personne du pluriel, co~?MM.$,M~M/ïM~,estathématique. Mais le gotique enseigne que ce traitementde la 1" personne du pluriel doit être secondaire Ac/<xyK,.s'o/)~'c?M.en face de Aa/G, ~o~'c, 2e sg. Aa/M, sokeis, 3°

sg. ~M'/y~, 'sokei/), etc. (v. A. Meillet, Dialectes indo-euro-péens, p. 109 et suiv.). Le sanskrit même a trace de ce typedans svapiti « il dort e ~u<xp:/M,en face de formes athéma-tiques ~a/~Met partie. s:'<~o~; la racine est sûrement mono-syllabique dans toutes les langues où elle figure avec uneautre quantité de I' v. si. ~K~K présente la même forme,que celle du typede sée~fK,~~K, etc. Dans le type en-yo,

la répartition des formes de caractères thématique etathématique est la même que dans les présents latins/e/'o et ef/ë.

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TYPE THÉMAT)QUE I\DO-EUROPÉEK 199

M. Wackernagel, Fey~. Beitr., p. 49, a attiré l'atten-tion sur des optatifs védiques tels que o(/'peya~, ya/Mc/, enregard d'indicatifs athématiques. Ason tour, dans les ~/e/.Vendryes, p. 309 et suiv., M. Renou a tiré parti de cesformes et de toute une série d'autres, semblables, qui ont lecaractère de subjonctifs. Du mémoire de M. Renou ilressort que le type de présents thématiques à vocalismeradical zéro; tels que skr. <Mû~ est secondaire.A vrai dire, le type des optatifs thématiques tels que skr.

May~, gr. o;p: est surprenant. Or, étant donné que, dansle type thématique, on tenait la voyelle thématique e/opour constante, on était amené à couper *~Ae~o- le thèmede l'optatif thématique. Mais dès que véd. e(/'pe-==gr. Spa:-x:t- est à couper *<A'-o: comme l'indiquent les faits védi-ques, l'analyse en *Mcyo- apparait douteuse. En réalitél'optatif *<5Ae~-oz-est, avec les formes à vocalisme de tim-bre 'o- de l'indicatif et avec le participe, l'une des formesqui ont déterminé le passage du thème *<5~er-à un typecomplètement « thématique )) commeskr. Ma/v~ au lieude 6/ en face de Mo~La coupe *<e~-0! et non *bhero-i-, qui apparait ainsi,

révèle l'unité de formation de l'optatif indo-européen qu'onne pouvait s'empêcher de sentir, mais qui n'a pas été jus-qu'ici exactement démontrée la caractéristique était dis-syllabique et comportait deux formes l'une, *-yc- (*</ë-)alternait avec "-y?- (-)- est conservée dans les formesdites athématiques l'autre, -(/x'-(-0~-); est conservée dansles formes dites thématiques. L'alternance est normale,et conforme à ce que l'on observe dans une série telle que*ye-, *y"7-en face de *~o~- « vivre ». On sait que, aprèsi (y), le a n'est pas conservé. L'intonation douce du « per-missif » lit. te Me&ë,ne prouve pas contre cette hypothèsecar F. de Saussure a reconnu que, après une syllabe à voca-lisme o, le a indo-européen s'amuissait au moins danscertaines langues.

On s'est habitué a voir dans le type de lat. ay?M,a~a~. derot. salbo, 6'a/~o.~de arm. yusam «j'espère », yM~a.s',etc.

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A.MEtLLET200des formes contractées. Il n'est, en elfet, pas douteux quedes formes telles que v. sl.~o/aya/ç,~o/cyc/ps:'ou commegr. -c~xM,t~st; T~x~ ont -~y' Maisles formes slavesne concordent pas avec les formes baltiques la 1" personneen -CMdu lituanien diffère du type en -o/c du slave, etmême le M/Som du vieux haut allemand ne concorde pasavec le salbo du gotique. 1/x bref de gr. T~s;Mne répondpas à t'a long que supposent les autres langues.Du reste, le type T~.xM,o~etu, S-M n'est pas panhel-

lénique le lesbien a a;<fu~ET7j!j!.t,ïpfip. MX' cuv.x'~K~,p.K'csMa[(fém.plur.), Ts~o~MM,opp-~p.e~etc. (v., en dernierlieu, Beehtei, Gr. Dial., I, p. 83). La forme ~=9~ de Sapphoest mal attestée, et ocS~e:qu'on lit d'ordinaire dans Sappho1, 20, B et D, n'est qu'une restitution dans les manuscrits,on a trouvé ~FxxMMx-< ~.x~ou Mx-<;=une correction estnécessaire; le vocatif T<x~e''s'impose quant à la fin devers, qu'on remplit par a:S:y.T~rien n'empêche de laremplir par la forme ~Sh~ que fait attendre l'ensemble duparadigme lesbien de ces verbes, cf. la 3eplur. ~ppo~Set.~si l'original avait eu o:SLx-<:et,on ne voit pas d'ou viendraitla faute, tandis qu'il est facile de comprendre comment aété altérée la forme dialectale ofS~~ supposée; qui étaitinsolite pour les copistes le Stx~: d'un des manuscrits adu reste trace du c, ce qui lève tout doute.S'il n'est pas facile de décider quelle a pu être la forme

originelle du type amas ou MM~es,il n'est pas douteuxqu'il n'y a pas trace de voyelle « thématique » dans amantou M!ûfeM<.C'est donc sans surprise qu'on a lu le paradigme hittite

-<??!<-aM~-as! -a!'S~ -5M.'eK:,-a:MP?!6'~e?!~ -a~!v. Gutze,~MM?cMû!s. p. 89. Le tokharien A a, de même,?<!?! « je vois », ~M~,~M.s, etc. (Schulze-Sieg-Siegling,roÂ-/<.CrcMMK.,p. 355).Cette observation fait apparaître comment la désinence

-mi a pu s'étendre dans un si grand nombre de langueslesb.a:T'j~s'~p.L,v. 11.a. salbôm, arm. y:MC~ ont chanced'être des formes anciennes; comme hitt. et ont puservir de modèles pour d'autres présents.

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TYPE THÉMATtQL'E IKDO-EUROPÉEN 201

Des que l'on coupe *<?r-o?!~ et non *Me~-K~, la 3'personne du pluriel du type dor. Mpc' et de même *Me~-f/OM~et non *cye/o-?t-, les participes présents du type gr.<BEp6~lat. ferent-, on voit par quelles amorces le type dit thé-matique a pu se substituer à un ancien type athématique.

De ce qu'un type tel que l'opposition gr. de Xe~M,~A~~su6:o: e7:u6:)jj. T-euyM,souyc~ Sepxsp.fxt,sSp~xy.n'estplus productif à date historique, il résulte qu'il est antérieuraux plus anciens textes ce qui n'est pas beaucoup diremais non qu'il soit de date indo-européenne. En fait, Mpx:-)j.xtest une innovation du grec, et n'a pas de correspondantet ce qui, en védique, répond àsopfxx~,c'est un aoriste athé-matique. Si le grec a ici un type thématique, c'est qu'il neconserve, en principe, aucun thème verbal athematique deracine à occlusive finale véd. ~</<x~p~oet ~c(/'pMM,a</a~pM/i,<7<p~aM l'optatif o(/'pe~<x??ïne prouve pas uneancienne forme thématique. En face de ~ueBjj. les formesvédiques caractéristiques <~o< abudhran, sont athéma-tiques les formes ~M</Aa/ et ~M<e???cn'enseignent rien.L'aoriste s/s répond à arm. e/~M « il a laissé M maisle présent correspondant n'est pas du type de Xs~M c'estarm. ~'G'/ïe/K « je laisse s en sanskrit, on ne signalea~cc< qu'à l'époque classique. Si l'opposition de Ae~fo:A~ était de date indo-européenne, on en devrait avoirdes restes notables ailleurs qu'en grec, ce qui n'est pas. Pourse méfier de la date indo-européenne du gr. cs6'M, il sufïitde songer à lat. /M~o dont la forme est de celles quis'expliquent par un ancien type athematique le cas estpareil à celui du gr. T:e?ju),en face du lat. eo~o. Le grecn'a, du reste aucune valeur probante ici car il a donnéà la catégorie de l'aoriste une extension et une valeursémantique rigoureuse dont les autres langues n'ont pasl'équivalent il a ainsi été amené à développer le type~X' en même temps que le type sigmatique dont le carac-tère récent est, dans la majorité des cas, évident.Dans une racine terminée par sonante, comme celle de

~M, il subsiste des formes athëmatiques, comme l'impératif

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A. ME!LLET~02Tt!Gt..et l'ancien subjonctif servant de futur ~M. Ici, legrec même montre que la flexion ~M (1" pers. sg.), ~me;résulte d'un arrangement secondaire. Des formes comme leparticipe ~M- la 3epersonne du pluriel l'optatif ~st:sont ambiguës.Le vocalisme radical de ~'e'< est anomal en grec. Au

contraire une forme athématique comme ys'/Tc,qui a étésignalée ci-dessus, n'a rien de surprenant.

Par le fait que le type gr. A~M, As~st:, Ae~s:n'est pasdu plus vieux fonds indo-européen et s'est réalisé en vertude développements en grande partie dialectaux, l'incohé-rence des formes cesse de surprendre. On sait que le typegr. As~t;, ).6~6tne concorde pas avec celui de skr. Ma~<M!,~a~o~'ou de got. ~c~'M, ~c/y' ou de lat. coquis, coquit,etc., et rappelle seulement la 2epers. sg. lit. /cAt.Il est pos-sible que ces formes aient été faites d'après le type en -5-,-c! où le hittite a -aissi (-as:), -a~x. Sans doute n'est-ilpas fortuit que I': lituanienreposesur un -ë intoné rude et quel'accentuation degr. Ast~st:,As~etsupposeune ancienne diph-tongue d'intonation oxvtonée, c'est-à-dire ancien *-SM,"-c~).Si le type ancien est celui du lat. /er5, fers, et non celui

de coyMo,co~MM,et si les seules formes anciennes sontcelles à vocalisme-o-, il reste à chercher d'où procèdent lesformes à timbre -e-, telles que lat. coyMMou grec eosssç,mps. On peut envisager ici deux origines. D'une part, il apu v avoir des formes à suffixe présentant un *-e/o- finalles suffixes *e-, *-Me-, *e-, *-de-, etc. semblentanciens et le jeu de -o, *-M(~),*-e~(!*),etc. y est peut êtreancien. Demême dans le type à redoublement degr. Ms~s'<,véd.y~M-, etc. D'autre part, le subjonctif du type véd.a. M.s'<2<,lat. erit (devenu futur) est ancien, et la carac-téristique -ejo- y est nécessairement constante, puisque sanscela le subjonctif n'aurait pas d'expression. Il ne manquedonc pas de points de départ à l'action analogique parlaquelle s est étendu le timbre-e- dans le type lat. coquis,Ct~M~,co~M!/M.impér. coque, coquite.

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TYPE THÉMATIQUE tXDO-EUROPÉE~ 203

Le caractère d'instrument de dérivation, qui est en évi-dence dans les subjonctifs tels que véd. <7.M~ <M<x~seretrouve dans des formes nominales ainsi l'ordinal lat. deci-mus, qui est une forme indo-européenne de type archaïque enregard du type central, relativement récent, du gr. SsxxT:se distingue du cardinal ~?/~e?/!par l'addition de la voyellethématique e/o. Des adjectifs ù vocalisme radical e commegr. -(f): AEux:; ou l'on remarquera la différence entreles places du ton sont dérivés, l'un d'un adverbe comme*neu, cf. gr. ~j, w~ l'autre d'un nom d'action, conservénotamment dans lat. /M.r.Il en est de même d'un nom neu-tre à vocalisme radical e, du type ancien gr. skr.~o~/?M(hitt. ~e~M «place ») avec des places du ton nonconcordantes c'est un dérivé de l'athématique ~oec~Et si l'on a got. waurk en face de v. h. a. M?~<'et de gr.(f):a" c'est sans doute qu'il faut, ici encore, partird'un a'thématique "~pr/t- *M'A' Un terme religieuxcomme gr. A;A: doit être ancien, et le vocalisme radicalc y est à rapprocher de celui du type (f);pY: Le type gr.

qui n'a de correspondant couramment employé quedans une partie du domaine indo-européen, doit avoir aussiun -c/o- qui est un instrument de dérivation. Il en estsûrement ainsi dans Y: dont la racine est dissyllabique.On s'explique de cette manière le jeu de la place du ton dansle type gr. -j.B; d'une racine également dissylla-bique, et le suffixe *-e/o- n'est pas moins secondaire dans letype du gr. ex-y: ix:~t-'r:s/ que le sumxc *-a- dans letype lat. !~c~/e?!a, M co~7.H y a en hittite peu de noms de type thématique claire-

ment rt'connus jusqu'ici. Dans la mesure où il y en a, cesont des formes dérivées, comme ~ma/a- « malade »,dannatta- « vide », ou /aA/;G- « campagne militaire »,y~K/Ma~c- « hiver », etc.La question du type thématique, nominal et verba), est

donc u reprendre entièrement.A. MEÏLI.ET.

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TABLE DES ARTICLES

Pages.E. BExvENiSTE.Trois étymologies latines. 68

Deuxnotesiraniennes. 86Y. ~KRTOLni.Problèmes de substrat. 93

Index. 176A. CuNY.Contribution à la phonétique comparée de l'indo-euro-

pëenetduchamito-sémitique. MA. MEtLLET.Essai de chronologie des tangues indo-européennes. 1

Surgrecu.v&op.ot: 93Sur deux questions de principe. 185Les cas employés à l'infinitif en indo-européen. 188Caractère secondaire du type thématique indo-

européen. 194Jos. ScHRUXEX. La racine ais en Italie. S4M. YEY.–Slave st- provenant d'i.-e. *pt- 65

CHARTRES. UtPRHJEME DURAND, RUE FULBERT (19-493'i).

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COMPTES RENDUS'

LINGUISTIQUE GÉNÉRALE

H. DELACROx. Le /a/<xye et la pensée. Deuxième édi-tion revue et complétée. Paris (Alcan), 1930, in-8, x;u-624 p.

Le livre de M. Delacroix est bien fait pour donner aux

psychologues une idée juste et claire des résultats les inté-ressant qui ont été acquis par le travail des linguistes et aux

linguistes, de ce qui leur est utile dans les résultats du tra-vail des psychologues. Il n'est pas surprenant que, assez vite,une seconde édition soit devenue nécessaire. L'auteur v atenu compte des travaux parus depuis la première et laenrichie des réflexions qu'il a faites lui-même.On se dispensera de quereller ici M. Delacroix sur tel ou

tel détail, par exemple sur l'abus fait du mot « loi )), p. 175.AI. Grammont a constaté. avec raison, que telle dissimila-tion. attendue au point de vue de la phonétique; semblen'avoir pas eu lieu, ou que l'ordre en a été renversé, pourmaintenir la transparence d'une forme grammaticale ou d'un

procédé de formation des mots c'est un fait, ce n'est pasune loi car pareille déviation n'a pas lieu dans tous lescas. P. 45), le rôle des éléments affectifs et celui quejoue la recherche du rythme ou de l'harmonie ne sont pasnettement distingués. Mieux vaut attirer 1 attention surun chapitre tel que le troisième les conditions psycholo-giques du langage. Le rùle de l'intelligence y est analysé

i. Les comptesrendus signesA. M. sont de M.A.Meiliet. Atteintd'unegraveaffectionde la vue. il s'excusedes fautesqui ont pu subsisterendépit des concourf-dévouesqui lui ont été apportés. I[ n'a pu lire lui-mêmeaucuneépreuve.

-1-

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COMPTES REKDUS

0

d'une manière éminemmentproprcà instruire leslingulstes.-P. 188 et suiv., M. Delacroix discute avec une connais-

sance exacte des idées émises et d'une manière judicieuse,les idées qui ont été émises sur les conditions, encore maléclaircics; du changement phonétique. Il ne croit pas pou-voir attribuer une importance décisive à la discontinuitéde la tradition et au fait que l'enfant doit se créer sonsystème linguistique en partant de ce qu'il a observé chezles autres; et ce que les biologistes enseignent en général surl'hérédité le rend sceptique en ce qui concerne l'action de cefacteur. Mais, d'autre part, il semble acquis que. en géné-ral, les adultes ne modifient guère leur articulation. Leproblème est d'une extrême complexité, et l'on ne peut lediscuter incidemment dans un simple compte rendu. Ilsemble que l'on ne puisse refuser une importance au fait quechaqueenfant doit tout reprendre à nouveau cecifacilitesin-gulièrement l'élimination de certains détails et favorise descombinaisons neuves. D'autre part, les conditions de l'héré-dité ne sont pas nécessairement les mêmes en matière ana-tomique, ou même physiologique, et en matière d'habitudes.Le fait que certaines tendances jouent dans une même popu-lation à ce qu'il semble hors de l'action d'une traditionparaît établi par le retour de certaines innovations à desmoments divers, ainsi des mutations consonantiques suc-cessives chez les Germains et chez les Arméniens. Mais ils'agit là d'une grande question qu'on ne peut qu'indiquer.Le P. van Ginneken, qui l'étudie personnellement, revien-dra sans doute sur ces faits.Un trait à noter dans le livre de M. Delacroix est le peu

qui y reste du long ouvrage de Wundt sur la langue.L'action de Wundt sur ce domaine n'a jamais été profonde;maintenant elle se réduit à bien-peu de chose.

A. M.

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GL'~THER IPSEX

Gunthcr IpsEX. ~ac~/)~:7o~o/?~e der Gegenwart.Berlin (Junkerand Dunnhaupt), 1930, in-8, 32 p. (Phi-losophische Forsci)un~sberichte, 6).

C'est surtout aux théoriciens allemands que penseM. Ipsen ni M. Bergson ni M. Lévy-BruhI ne sont cités,et M. Delacroix ne l'est que pour mémoire. L'importancede F. de Saussure est reconnue. avec de fortes réserves dureste: mais un trait essentiel de la théorie, celui sur lequelest fondée la réalité de la langue, à savoir le caractère social,n'est pas mentionné, et ceci fausse l'exposé. C'est F. deSaussure qui a mis en évidence le principe que le signelinguistique marque des différences et non des choses maiscette idée sortait du travail antérieur. Elle était le fond dela pensée de Gauthiot quand il a marqué la valeur du degrézéro dans la langue, des 1901. Chose singulière, M. Ipsenne signale pas un trait fondamental de la théorie du signe:le signe linguistique n'a pas de sens par lui-même il estarbitraire, et sa valeur ne résulte que d'une tradition. Enrevanche, si la phonologie du groupe de Prague, et en par-ticulier du prince Troubetskoy. sort de la théorie de F. deSaussure, on ne voit pas pourquoi la ~c/Ha~c deM. Sievers est rappefée à ce propos le caractère concret dela Schallanalyse est justement le contraire d'une analyse,d'un système d'oppositions déunies par des caractères netsla tS'c/<a//a/?a~e opère avec des expressions d'ensemble, sibien qu'elle ne se laisse pas proprement enseigner, et à

peine transmettre, par apprentissage plutôt que par exposéraisonné. En somme. ouvrage trouble, et où ce qu'il ya de vraiment utile, d'excellent dans le travail allemand,les théories de M. Cassirer. est traité avec peu de sympa-thie, mais ouvrage instructif pour qui veut se rendrecompte des idées qui fermentent chez certains théoriciensallemands qui ont peine à arriver à voir clair dans leurpensée.

A. M.

3

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COMPTES RENDUS

4.

E. CASSfRER. Philosophie </e7'~?K~O/MC~?ÏFormen.Dritter Teil. 7-a/:o??:eno/o~'<cder jË'~eMK~M. Berlin(Cassirer), 1929, in-8, xn-359 p.

On a déjà dit ici combien le premier volume de ce grandouvrage était propre à intéresser le linguiste. Ce troisièmevolume qui apporte les conclusions d'ensemble du philo-sophe de Hambourg les intéressera davantage encore.L'objet du linguiste est d'étudier le principal des systèmes')e signes qui sont la condition des sociétés humaines et deleur civilisation, à savoir le langage. H doit donc être auclair sur le caractère et la valeur de ces signes nulle partil ne trouvera pour cela un secours meilleur que chezM. Cassirer.Personne n'a résumé plus heureusement les conséquences

à tirer des progrès qui ont été faits dans l'étude de l'aphasie.P. 237-323, l'aphasie est située d'une manière exacte dansl'ensemble des impotences du système nerveux central dontelle n'est qu'une manifestation particulière. Par là, on aper-çoit ]c trouble général de l'intelligence qui conditionnet aphasie,et l'on se rend compte du caractère essentiellementtintellectuel du langage.Le langage n'est pas seulement l'instrument de la pensée

discursive. Hjoue un rôle jusque dans la perception. P. 138,M. E. Cassirer montre que la force de la forme linguistiquepénètre jusqu'à la conception intuitive, jusqu'à l'organisa-tion de la perception. On s'est trop représenté, d'une part,le signe linguistique, de l'autre, la « pensée a. Langage et« pensée » (enemployant le mot « pensée dans le sens leplus large) sont étroitement liés l'un est la condition del'autre.Si un malade perd les mots pour « droit » et « gauche »

c est que la notion générale de « droit )) et « gauche »n'existe plus pour lui. A voir ses actes, on pourrait croirequ it a encoreces notions car il emploie en général d'unemanière correcte sa droite et sa gauche. Mais si l'on fait desexpériences précises- on s'aperçoit qu'il n'y a plus là que

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IJ. \V!STEH

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dos observances particulières, et non plus une notion ~éné-raie. Les faits indiqués p. 300 sont significatifs. On revient

toujours à ce qui caractérise la mentalité supérieure del'homme comme l'outil, le langage permet d'opérer non

plus avec ce qui est immédiat, direct, mais d'une manièremédiate, indirecte, ainsi qu'il ressort des conclusions énon-cées p. 322 et suiv.Ce n'est pas le mot qui crée la conception, mais il n'en est

pas non plus un simple appendice. I! est un des principauxmoyens qui servent à la faire passer à l'acte, à la détacherde la simple perception (p. 384).AL Cassirer n'utiiise guère ici de faits de langue particu-

liers. P. 392, il est dit à tort que les mots de la languequi se rapportent à l'espace, tes démonstratifs, l'article,laissent partout reconnaître l'unité initiale du langage et du

geste. Pour le démonstratif, il faudrait examiner les faits

particuliers, et distinguer. Quant à l'article, il est, là où ilexiste, le résultat d'un développement secondaire et, en

général, récent. En revanche, la vue juste qu'il a sur le lan-

gage permet à M. Cassirer de faire, p. 388 et suiv., une

critique fondée des théories de AI. Vossier loin de marquercomme M. Vossier, une différence essentielle entre la languede la science et la langue courante, il insiste avec raison surla continuité entre la langue courante et la langue correcte,et c'est là ce qui caractérise en effet la ligne principale dudéveloppement linguistique.

A. M.

E. f'STER. 7/~e~KQ~OMC/e<S~ac/~o~< M f/e/'7"6'cA~~ besonders in ~6'A'<o<pcA/~A'(Die ?~~o~o~~)/*ac/M!O~M?M/yï~c/<~r<? reya~ey~eM?e?'M~). Berlin(YD[ Veriag). 193t, in-8, xv-43i p.

Si quelqu'un doit sentir le contraste entre l'unité de htcivilisation moderne et la diversité des multiples languesqui lui servent d'organes, ce sont les techniciens exerces

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COMPTESRENDUS

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à fonder sur les mêmes données scientifiques des activitéspareilles, ils éprouvent comme une gène absurde lefait que des gens qui pratiquent une technique commune seservent de langues différentes et de terminologies distinctes.La peine que prend le lettré pour apprendre une langueétrangère lui vaut des joies qu'il n'aurait pas sans cetapprentissage la peine que prend pour le même objet letechnicien est du travail inutile qu'il lui semble désirable des'épargner. Faute de savoir y remédier, on se résigne engénéral. M. E. Wilster a étudié la question à fond, ens'informant aux meilleurs sources, et il cite, toujours àpropos, les linguistes les plus autorisés, comme chacund'eux peut s'en rendre compte en regardant l'index.La critique que fait M.Wilster des langues telles qu'elles

sont, p. H-120. est d'autant plus instructive qu'elle vientnon d'un linguiste, mais d'un « usager de la langue ». Parexemple, ce qui est dit p. 95 de la différence de valeur de/p?'M-dans les deux composés allemands /e~M~?'ecAer« télé-phone a et /er~'6~o~ïe~ « conversation à longue distance Dillustre l'inconvénient des mots qui prétendent être intel-ligibles par eux-mêmes. Les gens qui veulent des déSnI-tions précisespour les mots de la langue courante feront biende lire l'alinéa de la p. 109 où il est démontré comment lesspécialistes ont dû renoncer à opposer l'acier au fer, fauted'en pouvoir trouver une déBnition exempte d'arbitraire.Ce grand chapitre est propre à faire comprendre ce qu'estla langue courante, et comment elle se distingue des pro-cédés d'exposition auxquels recourent les savants, surtoutles savants qui opèrent avec des notions comportant desmesures exactes. Faute de trouver dans les langues cou-rantes l'Instrument qu'il lui faut, et l'instrument communà tous qu'il lui faut, M. Wilster aboutit à recommanderl'usage de l'espéranto.Mais les savants qui s'intéressent aux langues artificielles

ont critiqué l'espéranto, et l'espéranto beaucoup tropinHuencépar le slave et l'allemand pour satisfaire des gensde langue anglaise et romane ne gagne plus de terraindepuis déjà bien des années. La société américaine IALA a

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[!. 0. JAKO)!SO~

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entrepris un examen approfondi de la question des savantséminents y travaillent. Le livre de M. Wuster sera pourel)e un encouragement à agir et à agir le plus prompte-mont possible c'est un témoignage et un acte. En ce sens,c'est l'un des ouvrages les plus significatifs qui aient parudans les derniers temps sur te probième pratique de laian~ue.

A. M.

R. 0. JAKOBSON. K a;a?*a/t'~ey'M~Peu~'C~A'0:?0 ~y-/)'ofo~o/M~c.Izdanije Evrazijcev (sans lieu de publication;en vente chez Povolockij, Paris VI). 1931, in-8, S9 p.

Conformément aux tendances du groupe de Prague,M. R. Jakobson s'attache à représenter les faits dans la« synchronie ». On sait que, souvent, on observe des pho-nétisrnes semblables dans des langues géographiqucmcntvoisines, mais de familles distinctes. M. R. Jakobsonétend cette constatation et croit qu'elle est de grande portée.A côté des lignes d'isoglosses, il faut, d'après lui, trouverdes lignes d' « isophones », et en tirer des conséquences.Entre l'Extrême-Orient et l'Europe occidentale, il observede pareilles lignes des langues sans intonation et quiopposent des consonnes de type mou à des consonnes detype dur, ce qui est le cas du slave commun, et, actuelle-ment du russe. Comme, hors de la linguistique; on a relevédans la région ainsi délimitée, plusieurs concordances, cetype phonologique ne serait pas dénué de signification.M. Jakobson signale lui-même que les deux traits linguis-tiques « eurasiens » se retrouvent en irlandais. Sans ruiner1 observation, ce fait en diminue la portée. Mais le type defaits que décrit M. Jakobson mérite d'être examiné de prés.11 sera intéressant notamment de voir en quelles mesuresdes concordances d'ordre morphologique confirmeraient lathéorie M. Jakobson rappelle avec raison, à ce sujet,1 observation du prince Troubetskoy sur les concordances

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COMPTESRENDUS

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de structure entre le russe et le turc. Les faits d' « isopho-nie )) sontde ceux où l'histoire de la langue cherche l'in-fluence de substrats.Le mémoire de Jakobson a été résumé en français par

l'auteur dans la revue le ~/OM</e~K?ede mars 1931.

A. M.

Travaux du Ce~'c/e/MM/yMe de .P~/Me. 4. Réunionphonologiqueinternationale à Prague (18-21 décembre1930). Prague (Jednota c. M:a~M!c~/fM),1931, in-8,326 p.

Le groupe de linguistes qui a son centre à Prague acommencé de se constituer au congrès de La Haye en1928 et s'est nxé au congrès des slavistes de Prague en 1929.H a déjà publié trois volumes qui ont été annoncés ici etdont on connaît la portée pour le développement de la lin-guistique générale.Ce n'est pas par hasard que le groupe se réunit à Prague.

Prague est la ville où le sentiment du slavisme est le plusvif.Or. cegroupe de linguistes comprend surtout des savantsqui ont pour langue maternelle des langues slaves. Le lin-guiste qui lui donne le plus sa marque propre est le princeTroubetskoy, Russe émigré qui enseigne à Vienne. A côtéde lui se trouvent, au premier plan, M. Karcevskij; quienseigne à Genève, et M. R. Jakobson, qui réside à Prague,M. Polivanov, qui est demeure en Russie. Des linguistestchèques comme M. Matbesius, M. Havranek, M. \Vem-gart(qul n'a n'a pas participé à ce recueil) tiennent une largeplace dans le groupe. A part quelquespages de M. D. Joncsen anglais, tout le recueil est écrit en allemand eten français,et le procès-verbal de la réunion en français. Mais dans sarédaction, partout on note une pensée slave, et même uneforme slave. En mêmetemps que de l'enseignement généra!de F. de Saussure à Genève, le groupe se réclame de Bau-douin de Courtenay.

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TRAVAUX DU CERCLE L~'GUISTfQUE DE PRAGUE

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La réunion de Prague en décembre 1930 avait été pré-parée avec soin. Elle avait un objet précis. Sur les ques-tions à examiner, des mémoires approfondis avaient étépréparés par des savants qualifiés. Un projet de termino-logie avait été soumis aux participants et à des linguistesqui s'intéressent au groupe. Aussi la discussion a-t-elle étéfructueuse.Slaves pour la plupart M. Belle' était venu de Belgrade,

MM. Doroszewski, Nitscb, Szober, Ulazsyn: de Pologneles membres de la réunion y disposaient de données quine sont pas familières à tous les linguistes. Les faits slaves detous domaines ont été particulièrement considérés. De plusle prince Troubctskoy apportait sa connaissance précise etrénéchie des langues du Caucase, et M. Polivanov des infor-mations étendues sur les langues asiatiques, de l'uzbek aujaponais. Du côté européen, M. A. W. de Groot opéraitsur le néerlandais, et M. Sommerfeit sur les parlers scan-dinaves et celtiques. Ainsi la réunion s'entretenait à la foisd'idées neuves bien élaborées et de faits ayant une frai-cheur. Le recueil est rendu par là savoureux, et jamaisl'épithète de « suggestif n'aura été plus justifiée.La discussion a porté sur la « phonologie ». Comme on

)e sait. le groupe distingue la phonétique qui traite des sonsappliqués dans le langage en eux-mêmes, c'cst-a-dire de laproduction de ces sons et de leur caractère acoustique, et laphonologie, qui traite de ces sonsen tant qu'ils sont employésdans les langues et qu'ils y ont une fonction. La phonétiquerelève de la physiologie, de la physique, et même de la psy-chologie, dans la mesure ou la psychologie étudie la percep-tion des sons. La phonologie est propre au linguiste.Sur la terminologie, la réunion a abouti à des conclusions

qui figurent aux pages 309-323. Ces conclusions, quien somme résument la discussion, devront être examinéespar tous les linguistes et, comme elles répondent à desidées nettes constituant un système complet et articulé,tout le monde en devra faire son profit. Elle comprenddes distinctions utiles et des précisions qu'il sera bon dem.Hnh'nir. Elle aurait eu plus de chanc'' d'exercer toute

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COMPTES l!t;KDUS

1U

l'action qui convient si les auteurs ne l'avaient encombréede ces termes lourds et pédants pour lesquels les Slaves ontune sifâcheuseaffection.Par exemple, pour distinguerl'étudodu son de celle de la production du son, il est à souhaiterqu'on ne parle pas trop de phonétique phénoménologiqueet de phonétique organogénétique. De pareils termes ren-dent inutilement rébarbative la lecture de certains ouvragesscientifiques M. Brun, qui n'assistait pas a la réunion,mais qui a envoyé des notes, a protesté avec raison. Pours'imaginer qu'il est utile que les mots expriment par eux-mêmes les notions auxquelles ils servent de signes, il fautque les linguistes oublient les enseignements les plus clairsde leur proprescience. Depar la transparence des formafionsde leurs langues les savants de langue slave et, dans unemesure heureusement moindre. les savants de langue alle-mande inclinent à former et à employer de pareils termesqui doivent se comprendre par eux-mêmes l'anglais etsurtout le français y répugnent. Si les linguistes françaistombaient dans ce travers, ils ne seraient ni lus ni écoutésde leurs concitoyens, et ce serait justice.Les termes de phonème et morphème, dus à Baudouin de

Courtenay. ont eu un grand succès parce qu'ils sont à lafois simples et nécessaires. C'est une idée fâcheuse qu'a eueM. L'taszynde dire en allemand p/M~eMM:,avec un pluriely/MK<?M!<2/cPar bonheur il n'a pas été suivi.M. W. DoroszewskI a rendu service en rappelant que

Baudouin de Courtenay a introduit ce mot, et en indiquantcomment s'en est développé l'emploi. La définition de laphonologie a permis de donner comme conséquence unedéfinition du phomène « unité phonologique non suscep-tible d'être dissociéeen unités phonologiques plus petites acette définition est cellequ'ont expliquée ~a fin du volume,les auteurs du recueil il faut donc la retenir. La noteajoutée précise la valeur du mot il y a phonème là ou,en remplaçant un phonème par un autre, on change le sens.Le phonème peut comporter en certains cas un jeu phoné-tique étendu: si ce jeu ne va pas jusqu'à permettre uneconfusion avec un phonème voisin. Ce qui intéresse le lin-

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TRAVAUX DU CERCLE LINGUISTIQUE DE PRAGUE

it t

gu)stc. c'est ce par quoi les phonèmes s'opposent les uns auxautres à ['intérieur d'un système linguistique. En délimitantavec risueur la notion de phonème, la réunion de Prague aadonné à ses discussions une hase solide et a rendu à toutela linguistique un important service. En effet cette notionest fondamentale.Le phonème est examiné à tous les points de vue, depuis

les plus généraux Phonologie und Psychologie, parD. Cyxevskvj et Plaonetik und Phonologie par K. Buhler,ou Mo/!p??M par D. Jones, jusqu'à une applicationde grande importance théorique La phonologie et la

~'of~Mp, par J. Mukarovskv.L'art!c!e de M. Polivanov, Z.,ajoe~ce/)~'oy:des sons e~'M?!e

/OM~?/p~~CK~e~c,est d'un vif intérêt. On y voit, dans desexemples nets et bien analysés, comment sont entendusles phonèmes d'une langue étrangère il en résulte, pourqui sait interpréter les faits, une sorte d'analyse des pho-nèmesdes deux langues considérées en ce qu'ils ont de carac-téristique. D'autre part, ces faits sont instructifs pour lathéorie des emprunts.Non moins instructif, à d'autres égards, est l'article de

M.Havr.mek, ZMr~i~a~/o~'o?: (/p~/9/MMO/oyMe~CH~y~<f?Ke<A'~Schri ftsprachen. La façon dont est anatysée la for-

mation des langues écrites slaves est curieuse on y voitcomment ceux qui ont Hxé ces langues ont mis en évidenceautant qu'ilsl'ont pu, et d'une manière extrême, le systèmephonique propre à chacune et ainsi les ont diiférenciécs leplus quils ont pu. Il v a là des faits remarquables dontM. Huvranek donne un aperçu lumineux.M. A. Belic! étudie, à l'aide de bons exemples serbo-

croates, L'accent de la phrase et /'<7fCt~6fMmot.Les mémoires où est exposée la doctrine fondamentale du

recueil sont surtout ceux de MM. Troubetskoy et Jakobson.Les trois mémoires du prince Troubetskov sont brefs,

mais substantiels, et il conviendra de les lire attentivement.Ce sont 1°Die phonotogischen .S'y~c~e, p. 96-H3. L'auteurv pose des principes. Le second de ces principes, suivantlequel les deux membres d'une opposition phonique sont de

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COMPTES UEKDUS

!2..)

valeur inégale, l'un possédant une certaine caractéristique,l'autre ne la possédant pas, prête a discussion. Il faudrait en('net examiner si toutes les combinaisons articulatoires sontégalement normales, également équilibrées en elles-mêmes.Tel n'est pas le cas il y a des phonèmes naturels, qui setrouvent dans presque toutes les langues, et il y ena d'autresqui résultent departicularités, souvent singulières, d'un sys-tème phonique singulier. Par exemple, les nasales n et msont des phonèmesquasi universels; au contraire n gutturaln'existe à l'état autonome que dans peu de langues, et(lc~??) franç-aisest aussi un phonème peu courant. D'autrepart. un phonème donné est un ensemble où tel caractère endomine d'autres les occlusivessonores ne se distinguent pas(lessourdes non aspiréespar la seule résonance glottale; ellessont en outre plus faiblement articulées. Un d n'est pas t-)- résonance glottalc c'est autre chose dans l'ensemble.L'exemple cité, des consonnes dures et des consonnesmolles du russe, ne prouve pas, parce que l'on a le senti-ment que, dans les consonnes molles, il y a la consonnetype -)- une sorte de yod.Le second mémoire, p. 160-163, porte sur la « morpho-

notogie ». On peut ne pas aimer ce terme qu'a proposéM.Utaszyn et que le prince Troubetskoya accepté. Mais lachose que Baudouin deCourtenayamise en évidence, sur lenom, bien satisfaisante, dea~KaMce (en allemand alterna-tion). est de première importance.Le troisième mémoire, p. 228-2~3, est intitulé Phono-

logie M~</tS~)~<!e~eo~?'<e. Les auteurs s'occupant degéographie linguistique n'accepteront pas l'Idée ou lereproche? qu'ils ont jusqu'ici toujours opéré avec desidées « diachroniques ». Ils observent les faits et s'efforcentd'abord de donner une image exacte de la réalité présente,quitte a en tirer des conclusions sur l'histoire. A ceci près,les remarques de l'auteur devront être pesées et méditées.Les trois mémoires de M. R. Jakobson sont rédigés

d'une manière moins aisée. Le plus important des trois,p. 64-182, est /~<p~e~MK/ !Mf/z7~cRolle in der Wb~-M~f/~y/f/~o/oy!'p, où le rôle varié de l'accent et

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ALFRED SC.HMfTT

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de ses diverses formes est bien analyse. Le second, p. 23 i-239. a un titre un peu énigmatique: ~7e~<?r<c~~MO/o<~6'c/! ~u~<xcA~M/?< les idées Indiquées dans ce mémoire

n ysontque résumées; on les examine ici, p. 7. à part. Letroisième, p. 247-2C7, /~M.M der ~M/o/c~e~ /~o~o-

/o~!e. est trop embarrassé de termes techniques encombrants:

M/7!o~o/oyM:c?'M~y, etc. Mais il présente nombre deconsidérations qui forcent l'attention.M. S. Karcevskij n'a donné qu'un mémoire, p. 188-227

~M/' la ~o/!o/o<c de la phrase. Il y décrit avec finesse lescû</eMC~ et les ~ca~??cp.< (le terme est heureux), lesintonations ~e/!<~MMet les intonations relâchées, etc. dansla phrase. M. Karcevskij distingue de la phrase la propo-sition. qui est une notion grammaticale.On ne saurait entrer ici dans les détails du recueil qui,

d'un bout à l'autre, devra être lu, lu avec attention; etmédité.A la fin, on trouve le procës-verba! des séances tenues à

Prague, qui est instructif et, commeil a été indiqué ci-dessus,une série de définitions.

A. M.

Alfred ScHMiTT. ~L~rcM/ und D~o/M~. Heidel-

berg (Winter), )93t, in-8, vn-)37 p.).

Ce petit ouvrage comprend deux partit-s, l'une surl'accent indo-européen en générai. 1 autre sur la diphton-gaison des voyelles simples. telle qu'on l'observe souventdans des langues romanes et des langues germaniques.Dans une précédente étude. M. A. Schmitt avait bien vu

qu'il faut distinguer entre un accent propre à servir decentre rythmique à la phrase et au mot et un pur accentde hauteur. Il n'a pas su tenir cette position, et il cherchemaintenant toutes sortes de raisons pour s'autoriser àl'abandonner. Ces raisons ne résistent pas à une critiquesévère, et M. Schmitt se garde de les critiquer de près.

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COMPTESREKDUS

14

Quant aux faits indo-européens, l'absence de toute action duton sur les voyelles durant la période ancienne de toutesles langues indo-européennes, le fait que dans les versanciens le ton n'Intervient à aucun degré, les témoignagespositifsd'où il résulte que le ton est toujours définien termesde hauteur seulement et le rythme en termes de durée seule-ment. enfin le rôle morphologique du ton, procédé servantseulement à la sémantique, il ne s'y arrête pas soninstinct d'homme employant une langue germanique occi-dentale moderne parle trop haut. Il est inutile d'insister.Quant à la diphtongaison, les conclusionsdeM.A.Schmitt

sont intéressantes. En effet,il est vrai que, dans les ancienneslangues indo-européennes où le « ton )) nesert pas à rythmerla phrase, on n'observe pas de diphtongaisons des voyelles.Les voyelles sont sujettes à des changements de timbre;elles ne se segmentent pas. Au contraire, dans les languesoù existe un accent plus ou moins fort qui sert de base aurythme, notamment dans lesjangues romanes, germaniques(surtout germaniques occidentales), et danscertaines languesslaves, les voyelles sont sujettes à se segmenter de manièrequ'une voyelle simple devienne diphtongue. Le fait està retenir. Mais il conviendra_de chercher dans d'autreslangues des confirmations et des compléments.

Léo SP)TZER ~0??!<XHMcA<?Stil- und L~e~M~~M~MM.I. Marburg a. Lahn(Elewert)J931, in-8, 301 p. (KulnerRomanistische Arbeiten, 1).

Voici le premier volumed'un ouvrage qui en comprendradeux, et par lequel M. Léo Spitzer inaugure, à Cologne,une nouvelle série de publications.En examinant le style et le caractère propres d'ouvrages

de littératures romanes, M. Léo Spitzer a vraiment trouvé savoie.Sonsensaigu decequ'il ya d'original dans chaqueœuvreet l'intérêt qu'il porte aux valeurs esthétiques et affectives

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L)';0 SPtTZRR

)5

dans ie langage lui permettent de pénétrer avant dans lesœuvres littéraires auxquelles il s'attache et de s'y montrer

singutiérement pcrsonnci aussi bien a l'égard de la littéra-ture qu à ceiui du développement de la langue.A vrai dire, les études que comprend ce premier volume

sont plus littéraires que linguistiques. Si c'était ici le lieu. onen critiquerait certaines parties: M. Léo Spitzerdiminue trop,par exemple, la valeur actuelle de Rabelais en France, pourgrossir trop celle de Montaigne; les lettrés goûtent les deuxécrivains, et ils sont seuls à les pouvoir goûter. Rabelaisest, du reste, plus difficile à lire que Montaigne, en partieparce qu'il est plus dialectal Montaigne était assez loindu domaine français pour n'être pas dialectal. Le mémoire

qui touche le plus près à la langue est la belle étude surRacine (font on a déjà indiqué ici la force et originalité,car, en généra!, les chapitres du livre ont déjà paru dansdivers périodiques.Mais. en étudiant des faits littéraires, M. Léo Spitzer se

propose d'éclairer le développement des langues. Ce n'est

que dans la parole que l'on peut étudier la langue, etl'observation attentive et nuancée des faits concrets, dontla linguistique ne peut jamais se passer, est particulièrement tnécessaire aux débuts d'une discipline qui se développe. Dansle chapitre initial sur l'interprétation linguistique des œuvreslittéraires, l'auteur formule le principe que le spirituel (dasseelische) est affermi, fixé par l'expression linguistiquetout comme, d'autre part, l'expression linguistique reçoitun élargissement spirituel et gagne ainsi en transcendance.Des changements infinitésimaux à peine saisissables commeceux qui concernent l'accentuation et la prononciation,jusqu'aux formations nouvelles, jusqu'aux néologismes,il y a toute une gamme de changements linguistiquesconditionnés par des faits spirituels.Pareille affirmation étonnera certains linguistes. Mais

sans négliger les éléments positifs, quasi matériels, de la

langue qui demeurent essentiels, il ne faut pas oublier quela langue est chose complexe et que le linguiste a à tenir

compte de tous les facteurs qui interviennent dans le déve-

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COMPTES RENDUS

)6

loppcment. On saura donc gré à M. Léo Spitzer de mettreen évidencece que d'autres négligent.Quant au choix des exemples, il importe d'avertir les

savants étrangers qu'ils devraient examiner avec soin lesorigines des écrivains auxquels ils prennent des exemples.H y a une grande différenco entre un écrivain de lignéeproprement française du Nord, comme A. de Musset, chezqui je sens du françaispur, et un écrivain dont l'ascendanceet l'éducation ont comporté des influences étrangères aufrançais normal, comme Victor Hugo dont la puissanceverbale est. extraordinaire, mais qui n'a souvent pas unesonorité française et qui a parfois admis des procédés nonfrançais.On ne discute ici qu'un détail sur une question de langue.

P. 40. M. L. Spitzcr met sur un même plan des termestels que /'c;H'~ Z)/~y/:M, le style LoMM~YF, et uneH/M'<7.<?e.A~M'eena~.L'emploi de substantifs avec valeurquasi-adjectivalerépond à une tendance du françaismodernequi se laisse comprendre. Mais le tour /'a~o!'re /3/M~n'y entre pas il s'agit de la langue juridique où. d'aprèsun usage hérité du moyen âge, le nom de l'intéressé figurerégulièrement après le nom indiquant de quelle affaire ils'agit. Si j'ai un procès, on dira: /'a~'C!y'e~xV/e~; c'est unarchaïsme propre à une langue technique. On sait que lalangue juridique a eu sur le français commun une forteinfluence. Il y a ici l'un de ces cas où c'est au matériel dela langue qu'il faut penser.L'histoire du mot avant-guerre que M. L. Spitzer donne

en exemple est d'un vif intérêt. Le mot a été créé, dèsavant 1914, par un puissant polémiste, M. Léon Daudet,qui est un grand créateur de mots expressifs. M. L. Spitzerne s'attache guère à la façon dont le mot a été formé,sur le type de après-midi il aurait été curieux denoter que la formation a été facilitée par l'existence determes à valeur toute autre comme avant-goût,auM/K-co/yM..aMM~a~efe, etc., et que, par le fait mêmequ'il a une structure commune, mais une valeur propre,surprenante, le mot était doué de force expressive c'est ici

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JOHKtUES

j)

qu'apparait le rôle de l'écrivain. Quoi qu'il en soit, le faitdominant est que. entre dans l'usage courant seulement

après la guerre, le mot a reçu alors un sens autre quecelui que lui avait donné l'auteur; l'innovation vient dufait que aua~-f/Mc~ve a été alors opposé à <x~e6'p?'e.M. Léo Spitzer insiste avec raison sur la valeur affective dumot c'est en effet cette valeur qui en a déterminé le suc-cès. On aperçoit ainsi, dans l'histoire d'un mot qui peutêtre suivi depuis sa naissance, la part de la création indi-viduelle, la part de la langue, la part de l'aHectivité, la

part de la réaction du public. Dans la théorie du vocabu-laire. on rencontre peu d'histoires aussi exactement connues,aussi instructives par suite.

A. M.

John R)ES. ~*<MM'~ein ~*<x~? Prag (Taussig und Taus-sig), 1921, in-8, vni-236 p. (~e~~ye ~M~C/'MMo~/e~M~der ~M/a'.r, III).

Les définitions qui ont été données de la phrase sonténumérées. par ordre alphabétique des auteurs, p. 208-224 du livre. Il v en a plus de cent cinquante. Mais ellesne sont pas aussi diverses qu'elles semblent au premierabord. Si. comme le fait remarquer l'auteur avec raison,on se place. pour définir cette notion essentielle de la lin-guistique, au point de vue du linguiste, on laisse tombertoutes les définitions dont le caractère est logique laphrase est autre chose que la proposition ou psycholo-gique la phrase n est pas une pensée mais un moyend'expression on revient nécessairement n deux traitsessentiels que résume M. Ries dans sa propre définition.II ne faut d'ailleurs pas se faire illusion on ne peut déunir

-tvec rigueur que ce qui s'exprime par des quantités. Or,les faits linguistiques sont qualitatifs: ils sont, par nature,trop complexes pour se laisser embrasser dans des formules.si multiples qu'en soient les termes. Qu'on pense à 1 incapa-cité ou l'on se trouve de formuier des oppositions aussi évi-

17

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COMPTES RENDUS

<8

dentés que celles du présent et de l'aoriste en grec, del'imperfectif et du perfectif en slave. Qui définira le sub-jonctif ou le conditionnel français?̀ .~Cette réserve fondamentale une fois faite, les deux traits

qui caractérisent la phrase sont:)° L'unité. M.Ries parle de /t~~A'~ Tïeûfeet'M/M:~comme

Brugmann parlait de « ein in sich zusammenhangendesund abgeschlossenes ganzes ». H me reproche d'avoir faitintervenir, dans ma définition, l'idée que la phrase sesuffità elle-même. Mais c'est spécifier, plus nettement quepar A'/c~M<e~e~ceï'/t~e~, le fait que l'ensemble de la phraseest complet et ne laisse attendre aucun élément qui n'yfigure. Si j'ai employé le mot « articulation », et non lemot « discours », c'est que l'articulation, réelle dans le lan-gage parlé, imaginée dans le langage intérieur, est laseule réalité positive avec laquelle opère le linguiste. Leterme de « discours » dit au fond la même chose, mais demanière moins précise, moins concrète. L'observation deM. Ries. p. 11, que le sujet de la phrase se suffit à lui-même. ne vaut pas tout sujet fait attendre un prédicatil ne se sufSt donc pas.2° Le fait que la phrase énonce quelque chose. M. Ries

a eu raison d'insister sur ce,trait. Mais. en le faisant inter-venir dans sa définition. il y introduit un élément qui n'arien de linguistique: le « Yerhaltnis zur WirkIIchkeit M.Par là même, sa définition ne satisfait pas. Ce qui estessentiel, c'est que, à la différence du « mot)), qui est sim-plement associé à une notion, la phrase a pour objet decommuniquer quelque chose. Il résulte de là et c'estl'essentiel que la phrase n'est pas un élément constitutifde la « langue » elle n'est jamais qu'un phénomène transi-toire elle n'existe que dans la « parole », pour employer laterminologie de F. de Saussure.M. Ries a regardé sous toutes ses faces la question de la

phrase, et son livre fera beaucoup pour l'éclaircissementtdes idées à ce sujet. Mais il ne me détermine pas à changerla déunition que j'ai proposée, et j'ai d'autant moins descrupule à le dire que, dans un compte-rendu très étudié du

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JOH.~R~ES

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livre de M. Ries, Z.~Ma~p, VII, p. 202-209, M. LeonardlUoomfieid aboutit à cette conclusion.H est trop dominé par la forme des langues occidentales

de civilisation, et il sous-estime la phrase nominale, p. 16Jet suiv. A qui le type russe de dom nov « la maison estneuve B, ou de on r</p~ « il est ici )) est familier, la phrasenominaie n'apparaftpas comme un type de valeur inférieure,mais comme normale et comme servant, dans le domaine

qui lui est propre, à des usages aussi essentiels que ceux

auxquels sert la phrase verbale. Des langues de civili-sation aussi élevées que le grec, le sanskrit, l'arabe usentde la forme verbale normalement; et sur le même piedqu'elles usent de la phrase verbale. Et c'est la phraseverbale qui, dans les langues d'Extrême-Orient, n'a guèrede caractéristique nette. Pour donner de la linguistiquegénérale une idée pleinement juste, il faut se garder de

prendre pour type normal les langues de civilisation de

l'Europe occidentale qui se ressemblent beaucoup entreelles et qui sont d'un type assez particulier. En ce quiconcerne spécialement l'indo-européen, la comparaisonenseigne que la phrase nominale sans copule a été chosenormale a l'époque de communauté. Hors de l'indo-euro-

péen, la ou il y a un petit mot marquant le rapport du

prédicat nominal avec le sujet, ce petit mot peut êtrenotamment un démonstratif, Il ne faut pas s'exagérer lerôle du verbe dans la phrase pour important que soitsouvent ce rôle.P. 44 et suiv., M. Ries écarte avec raison la considération

de l'audition dans la théorie de la phrase. Sans doute, la

phrase perçue et comprise, par l'auditeur n'est pas identiqueà la phrase exprimée et conçue par le sujet parlant. Maischacune de ces deux réalités est à envisager séparément,et la théorie (le la phrase n'est pas intéressée aux diné-rences qu on peut observer entre les deux.En revanche, il importe pour la théorie de la phrase de

tenir compte de l'action qu'exercent l'un sur l'autre le« parleur et « 1 auditeur )). L'auteur, a qui a peu prèsrien n'échappe de ce qui concerne son sujet: traite bien

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COMPTES RENDUS

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des « bejahungen » et des « verneinungen ». Mais, aufond, le « oui s et le « non. )) ne sont que des cas limitesdes phrases qui sont partagées entre deux interlocuteurs:S'il u:e/ ye le ~e~uo~; est-il blancou no:? noir;'*tc.Au lieu de reprendre le mot sur lequel porte l'interro-gation l'interlocuteur peut répondre par un « oui )) ouparun « non )) qui en réalité se rapportent à l'interrogationest-il blanc ? oui (ou MO/). Beaucoup de phrases in-complètesdont on fait état sont ainsi des phrases répartiesentre deux interlocuteurs.Quoi qu'on puisse penser de tel ou tel détail de l'exposé;

on ne pourra désormais traiter de la phrase sans se reporterà l'utile mise au point de M. John Ries.

A. M.

W. HAVERS. ~<7K~Me/; der e~pM~e~: Syntax, Eint'crsMcA~M~Erforschung der jSec~Mï~MMyeMM?ï~y~xe~-/~a~p in 5*~K~.Kund ~!7M~'A. Heidelber~ (Winter),i93t, in-8, xvm-292 p. (Indogermanische Bibliothek, I,1,30).

M. \Y. Havers a beaucoup lu, avec une vive intelligence,et beaucoup noté, en sachant choisir. Les épigraphes quiouvrent chacune des divisions de son ouvrage en font foi.Chacune donne à penser et contribue à préparer, puis àfixer dans la mémoire, la conclusion à laquelle M. Haversveut conduire son lecteur. Plein de faits positifs, plein derenvois aux travaux antérieurs, le livre est bien fait pourpromouvoir les études de syntaxe auxquelles s'est toujoursattaché l'auteur; il résume en eSet beaucoup de rechercheset beaucoup de réflexions.Sans doute par modestie, M. Havers n'a pas marqué des

l'abord la difficulté de son entreprise. Ce n'est pas parhasard que, dans la grammaire comparée, lu syntaxe estvenue tard et n'est pas parvenue à des résultats aussi netset aussi communément acceptés que la phonétique et la

morphologie. L'obstacle initial provient de ce que les mots

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\V. HAVERS

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et les formes grammaticales dont se sert le comparatistesont des données constantes qui se laissent fixer et qu'onpeut rapprocher d'une langue à l'autre au contraire, le

syntaxiste opère avec des phrases qui n'existent que dansla parole et qui, par nature. sont singulières à proprementparler, on ne prononce pas deux fois la même phrase.Dautrc part, le svntaxiste opère avec des oppositionssémantiques or, dans beaucoup de cas, ces oppositions,si claires qu'elles soient pour les sujets parlants, ne selaissent pas formuler d'une manière précise un Françaissait quand il doit se servir de l'indicatif ou du subjonctifmais il ne faut pas lui demander ce que signifie le subjonc-tif )c Slave le plus illettré emploie avec sûreté le perfectifet l'imperfcctif mais le plus pénétrant des slavistes est horsd'état de donner une formule qui permette d'employer avecsûreté l'un ou l'autre des deux aspects. Ceci posé., on nesait comment formuler des théories. Ces deux inconvé-nients semblent inhérents à la matière et ne peuvent être

supprimés.Aussi M. Havers ne s'est-il pas placé au point de vue des

faits de langue. L'ohjet de son livre, c'est ce qui condi-tionne le changement linguistique. ïl examine d'abord lesconditions des faits, puis les tendances (T~c~~a~e) quipoussent à des innovations, et enfin. brièvement, la combi-naison des conditions et des tendances causes efficienteset causes finales. Pour chacune des cent quatre-vingt-cinqsubdivisions de son livre, il fournit, en appendice, p. 209-270. une bibliographie choisie d une manière personnelle et

qui, par elle-même, est déjà instructive. En somme, on n'a

pas ici une théorie de la syntaxe, mais une théorie des

changements qui interviennent dans les moyens d'expres-sion. C'est une revue des éléments auxquels sont dues lesinnovations. L'auteur a visé à fournir une information

large et critique plutôt qu'à présenter un système originalet lié. Son ouvrage devra être beaucoup consulté; il serasouvent utilisé, et l'on en doit attendre de grands services.

Quelque chapitre qu'on en lise, on sort de cette lecturemieux instruit et disposé à poursuivre les recherches dont

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COMPTESRENDUS

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M. H:)\ers (tonne les amorces; haut étogc et que mérUentpou de livres.Il est malaisé de discuter un ouvrage qui touche rapide-

ment à tant de sujets. II faudrait examiner tous les typesd explication, et le caractère fragmentaire de l'ouvrageentraînerait une critique dontie détail serait infini. Quelquesexemptes suffiront pour montrer qu'on se trouvera bien depratiquer ce livre.Les traits qui dominent tout ne sont pas assez mis en

valeur. Soit, p. 32 eu suiv., la subdivision intitulée Volks-/~<7)', 38-39. L'enseignement y est juste. Mais il ne vapas assez au fond des choses. Le mieux est d'éviter le motlogique, autour duquel il y a une- « mystique )) et, plusencore, le mot peuple, autour duquel il y en a une autre,pire. Le mot logique n'a un sens précis que là ou il s'ap-plique à des procédés techniques de raisonnement propresà conduire à des conclusions rigoureuses les savants ou lesphilosophes. Quand on parle ou qu'on pense d'une manièrecourante et naturelle, sans' technique, on est hors de cettelogique a. Alors, tout le monde est peuple, sauf les

pédants qui ont toujours mentalement un tableau noir àcôté d'eux. L'Allemand qui dit ~~M<e~ der Bank M?~~M?MC~!dem Ofen et le Français qui dit {?OM~autres visentseulement à s'exprimer d'une manière nette. En répétant~cMcAc?!devant chacun des termes considérés, on marqueavec clarté que l'idée de « entre » s'applique aux deux enmettant autres après vous, on marque avec clarté qu'il nes'agit pas de celui qui parle c'est le sens propre de «v.ous))il n'v a là aucun péché contre aucune « logique » on ditdeux fois la même chose afin d'être sûrement compris. Toutprofesseur sait que enseigner, c'est répéter. Et l'on sait que,en général, on n'est pas écouté de son interlocuteur.Chacun des interlocuteurs dit ce qu'il a dans l'esprit; maiscelui qui entend suit sa propre pensée dont il est malaiséde le distraire et l'expérience a montré qu'il vaut mieuxdire les choses deux fois qu'une. Si le linguiste habitué àopérer avec des textes s'étonne de ces manières des'exprimer, c'est qu'il ne pense pas assez aux conditions

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\V. XAVERS

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ordinaires du discours orai. Chez un poète qui composepour être entendu, non pour être lu, comme Homère,l'expression M-u;spM-:a: xX/.M-~que cite M. Havers est natu-relle. Sans cesse Homère dit deux fois la même chose

y.x'i y.~oxcsos'jjxt, e'/ Ou[~M~.e~.XMi: 6s6o!o~t (~)!.SM~.L'impression de lenteur que donnent les oeuvres littérairesanciennes provient de ce qu'elles étaient faites pour unelecture orale. Aujourd'hui ou le lecteur peut toujours revenirsur ce qu'il n'a pas bien compris, on n'écrirait pas une

phrase comme celle-ci du C~a~e 383 h :'jy.s~ -x~2/.AS' KvQpMTT:~~X~, ::K:p XX/.OU~.E-y2~:p.XSXSCS" TOU"6

ex~sTMX-~p.x.On ne se répète pas ainsi. Le contrasteentre les traités de Cicéron faits pour être lus devant unauditoire et une lettre à Atticus faite pour être lue par ledestinataire est frappant. II ne s agit pas ici de logique, maisde conditions de l'entretien entre hommes différents. Le

langage est chose intellectuelle mais il ne se compose pasde termes ayant chacun juste la valeur de leur définition.Les phrases s'échangent entre hommes qui se communiquentdes valeurs vagues et qui, du reste, ont chacun leur menta-lité propre. Il serait intéressant de voir quel est le « jeu »entre ce qui est dit et ce qui est compris dans chaque cas.Soucieux du général, M. Havers n'a sans doute pas tou-

jours pensé à l'originalité de chaque langue. Ainsi, quand ilvient à parler des groupes de mots, il pense aux languesmodernes de l'Europe occidentale, où ces groupes sont leséléments essentiels de la phrase, plutôt qu'aux anciennes

langues indo-européennes où les mots étaient autonomes.Par exemple, la doctrine exposée p. 13, que. en règle géné-rale. la phrase ne se compose pas de mots: mais de groupesde mots, est juste pour les langues romanes et les languesgermaniques modernes. Mais elle ne 1 est pas des anciennes

langues indo-européennes elle ne l'est ni de l'ancien indo-iranien, ni de la langue homérique, ni du latin classique.L'indo--euroleen opérait avec des mots fléchis, tous auto-nomes et dont chacun portait en lui-même sa valeurpleine et l'indication de son rôle dans la phrase. P. 8 esti!lustré par de bons exemples un tour indo-européen

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C<M!I"r;:S RHKDUS

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remarquable. celui dont véd. ~c~'a~ aM~'e~yow! a/M<yc~M?~o~Mest un bon exempte on y voit justement à quelpoint est indépendant chaque mot d'une phrase indo-euro-péenne.Les tendances sis'nalées rencontrenl des tendances anta-

gonistes. et, dès qu'elles aboutissent à un résulta), l'effeten est anéanti par le succès même qu'elles ont eu. Le lan-gage est chose intellectuelle, donc abstraite, et par suiteinexpressive. Par réaction, les sujets parlants cherchentsouvent à s'exprimer en termes concrets au lieu de direM~~ .9<7~,un Allemand dira volontiers <e Z<e?~e.9<7~Mais il suffira que le procédé se généralise pour qu'on nepense plus aux « g'ens » et pour que la valeur concrètedisparaisse. Le procédé n'est pas assez mis dans l'ensembleoù le linguiste doit le situer pour le voir dans sa réalité.Le chapitre de M. Havers ne perd pour cela rien de sonintérêt.

A. M.

Al. Pnocopov;c!. ~c tractat de ~'K~MM~ca~:e~<?~.Cernâuti (Editure revistei Slologice), 1930, in-8.xv-175 p.

Petit ouvrage sans prétention, destiné aux étudiantsroumains. L'auteur est bien informé, mais il ne signale pasles ouvrages en anglais M. Jespersen n'est représenté quepar une traduction allemande, et M. Sapir est omis dans labibliographie.H aurait mieux valu ne pas mettre en tête du livre la

distinction en langues isolantes, agglutinantes et flexion-nelles. Et surtout il aurait fallu n'y pas attribuer une signi-fication chronologique qui n'a pas de réalité. Les formulessimples et commodes ont la vie dure.P. 67, in distinction qui est faite entre phonétique et.

phonologie n'est pas celle qu'enseignent les créateurs de laphonologie, tels queleprinceTroubetskoy,M.R. Jakobson,etc.. etc.

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kAHL\'OSSL):R

2n

Dans l'ensemble, les étudiants roumains trouveront dansce petit ]i\reune information 'tendue et précise.

M. A.

Kar! VossLER. ~/c~o~/o~/c /<7oA!y!'e<2.Co~ rp/e~eMc~.yalos !<~o?~asmodernos, c.~eeM~ï~M~eal a~MMM.Madrid(Saez Iiermanos). ')930, in-8, 104 p.

M. Kart Vossier a fait à Madrid une série de conférences.Dans les leçons de cette sorte faites devant un publicétrans'er. un savant est naturellement amené à présenter sesidées de la manière la plus nette, la plus dépouillée dansce petit livre ou sont reproduites des conférences faites enespagnol, on a chance de trouver l'exposé le plus sobre, leplus eflicace des vues qu'aime à présenter le maitre originalde Munich.Ce n'est pas a la structure de la langue que s'intéresse

M. Vossier: un état de langue est chose fixée. Ce qui pourlui mérite d'être étudié, c'est. comme il est bien dit p. 33« la région original, creadora e inventiva de nuestro pensa-miento a. Le comparatiste étudie « des objets achevés, finisou considérés comme tels )). non « les forces qui créent,engendrent, croissent ». JI. Yossier oppose « aux usages,aux noms, aux lois » qui sont objets de comparaison « l'ori-ginalité, la spontanéité créatrice )).S'il est possible d'observer la création linguistique, on

n'hésitera pas à lui donner raison. En s attachant aux faitsde langues fixées, les linguistes sont allés au plus facile ila été fait de ce côté beaucoup de travail, et il en reste à fairebeaucoup plus qu'il n'a été fait. Mais on aimerait savoircomment se sont créés ces faits qu'on voit tout réahsés.L'effort des « idéalistes » appelle la sympathie.Il reste à savoir quels résultats on en peut attendre. Hv a

dans 1 exposéplus de critiques que de données positives.M. Vossier, qui n'aime guère la géographie linguistique.

croit apercevoir une réaction contre les atlas lins'uistique-

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coMp'rns REXDUS

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Cette réaction existe. il est vrai, dans son groupe, etcDe yrésulte de la doctrine commune de ses membres. Mais il nesignale pas l'œuvre monumentale de MM. Jaberg, Jud etde leurs coDahorateurs.qui est si suggestive, ni le fait que.malgré )'t'xistence de ce bel atlas. Dtalie en prépare, sousla direction de M. Bartoli, un autre, qui (toit être plusmonumental encore.En revanche, on ne sera pas surpris qu'il attende pour le

iinguiste quelque profit des doctrines de Freud. Qu'il y ait,dans les innovations linguistiques, une part à faire auxrégions troubles de l'esprit, on l'accordera volontiers. Maisparmi les exemples fournis, il y en a qui semblent ne rienprouver. Par exemple, p. 40, là où il cherche des traces d<;mysticisme dans la langue, il cite le mot ail. ezK/?M~.y(esp.<M/?MC/!c<o,fr. !'??./?KCMee).Il aurait convenu de se reporteraux premiers usages de ce mot et de chercher chez quelshommes il a été créé. d'ou il est parti. Tout le monde saitque les astrologues, qui ont été des gens considérés, s'ensont servis or, l'astrologie a été une discipline précise, etil n'y a pas à chercher ici une manifestation de mysticismedans la langue; on est en présence d'un terme technique.En tout cas, on ne peut tirer parti de ail. /e:<cA~ ihm einsans se demander s'il n'y a pas ici une traduction dugroupe de lat. e?/M~/M,euidentia. Derrière toute créationlinguistique, il y a de l'histoire, et c'est l'une des chosesqui rendent malaisé d'observer une vraie création. Onobserve plus d'adaptations que de créations.M. Yossier affirme souvent là où une démonstration

serait bienvenue. P. 33, il enseigne que la substitution deentendre à ouïr en français est un effort de l'intellectua-lisme français au xvt!"siècle. Peut-être ne faut-il pas négli-ger cette considération. Mais surtout, il ne faut pas oublierqu une innovation linguistique ne résulte le plus souventpas d'une condition unique il y a convergence de condi-tions multiples qui n'ont rien de commun entre elles que devenir se rencontrer sur un même élément. Il faudrait avanttout chercher ou a eu lieu l'emploi de entendre d'ou estparti le changement et en quelle mesure les parlers ruraux

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):('(.HKLERCH

devraientce terme au français commun: iln'est pas légitimed'attribuer à des paysans du xvn' siècle t'inteHectuaiisme deleurs contemporains cultives. Et il ne faut pas sous-estimerles tares de ~r son manque de corps. f'anomatie de sesformes. Les mots qui expriment la notion de « entendre Hsont sujets à beaucoup de changements: sans a!ier plusloin, il suffit de rappeier que, en latin, audire ne continue

pas !e verbe indo-européen signifiant « entendre » et que.déjà en latin ancien. c~M<?,C/KP&était en voie de disparition.Ce fait latin n'est pas isolé parmi les langues indo-euro-

péennes. Il n'est donc pas aisé de déterminer quel a étédans l'extension de <?7ïi~MO~"ele facteur dominant. En toutcas. on ne peut le préjuger sans un examen critique desdonnées.On tirera profit des discussions de M. VossIer.La façon dontt

il critique, p. 32 et suiv., la vie que donnent certains lin-guistes aux mots, aux amxes, aux formes grammaticales est

juste et jolie. Mais la faute qui est ainsi reievëe, avec autantde talent que de sens, se trouve seulement chez quelqueslinguistes doués d'imagination. Dans l'ouvrage d'A. Darmes-teter sur la vie des ~o/.s'. eUe est dans ]e titre plus que danste fond. Et la plupart des comparatistes qui s'occupent de

langues indo-européennes anciennes en sont exempts.On n surtout insisté ici sur la critique, parce que M. Voss-

lei- a l'esprit combatif. Mais le dernier mot de cette noticedoit être pour engager à lire te livre et à réSéchir sur lesdernières pages ou l'on trouvera fort à penser.

A. M.

Eug'en LERCH. ~~M~)/'o~/6'Mïe<a//ro~Mc/<e7/ tS/)ro'c/!e.Z~o??</crM. Braunschwpis-Beriin-Hambours (\ester-mann). t931.in-8.Hi8p.

Pour t'entre mieux snisissabtes les iftccsqu'ita expriméesdans un p!cudent ouvrag'f, imnonc~ ici l'an demifr.~1. L<'rch entre maintenant dans )<' datait. Lf français lui

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COMPTES RENDUS

28

fournit ses exemples mais ce sont les idées générales qu'ilimporte de marquer ici.Le chapitre où on le verra le mieux est celui qui porte le

titre 0~e?'~cA:'eA~MK</C/KYe~'c/MC/~M?der 6'~cc~e (~ï7~p.yo?!</e~pr~e?*(e/c/<~M/ f~c?'j~OM~ye~e~/y'~c).Là oùelle sert à une population complexe et ou les gens sont àdes niveaux sociaux distincts, la langue est l'un des élé-ments par où se manifestent les dIBérencesde niveau social,et, naturellement, ce n'est pas sans conséquence pour sondéveloppement. Au début, une distinction aurait été utileniveau social en général ou niveau de culture intellectuelle?M. Lerch pense surtout au niveau de culture en France,pays sur lequel portent les observationsjle l'auteur, le niveausocial devrait sans doute être mis~aupremierplan le françaisest la langue d'une classe sociale, et si l'usage de la langue(lel'élite s'étend, c'est que le pays s'embourgeoise. Mais c'estsurtout sur les différences de culture intellectuelle qu'insisteM. Lerch, et l'objet de son chapitre est de réagir contre lavieille idée, suivant laquelle tout progrès dans le langageproviendrait du « peuple », de la ~3/e~ et non du ~OjOM/M~.~ulle part cette idée n'a prévalu plus qu'en Allemagne, etM. Lerch fait œuvre utile en montranLcombien on a exagéréde ce côté.En même temps, et par là même, il insiste sur le rôle des

innovations « conscientes a. U y aurait là matière à beau-coup de discussions, et il y a des nuances à considérer. Parexempte, p. 308, M. Lerch note avec raison que lat. Meca~cet n~art' devaient aboutir à une même forme française or,il y a une différenciation, et le français distingue ~o~e?'deM~- il affirme que cette distinction a été intentionnellec'est préjuger ce qu'il s'agit de prouver. Partout où ellerisque d'entraîner une confusion~génante, l'homonymietend à disparaître c est ce fait qu'a vu Gilliéron, et dont onobserve souvent des exemptes mais, de là, il ne résultepas que l'élimination de l'homonymie ait toujours lieu parune action consciente et voulue. I[ ne faut pas opposer d'unemanière absolue le conscient à l'inconscient en pareillematière. le conscient a ses degrés, comme l'a vu M. Bréal

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P;L'GE\ LERCH

2H

dès longtemps. La gène qui résulte de l'homonymie peutn'être perçue que d'une manière obscure et, de même quel'on se débarrasse d'un objet menant par des mouvementsdont on ne se rend guère compte, on tend à supprimer une

gène linguistique par un choix qui n'a rien de clair. Ou nes'est pas nécessairement dit il n'est pas normal d'expri-mer par un même mot l'idée de « dire non )) et celle de<t tuer par Immersion M entre deux groupes complexescoexistant à côté l'un de l'autre, on a été amené à faire unedifférenciation, sans doute parce que l'un se prête mieux

que l'autre à rendre l'une des idées. Il n'est pas vrai quele choix aurait pu être inverse TMeyapparait comme natu-rellement lié :) ne et MX,tandis que ?!0~' est indiffèrentaux deux sens. Le choix était donc dirigé par le sens, etnon arbitraire.P. 236 et suiv.. M. Lerch se sert du fait que ic passage

de intervocalique à r dans le parler parisien a laissé peude traces le principal est c/<GMeen face de c/«wp. Les gensinstruits auraient imposé leur prononciation, qui était la

prononciation ancienne et qui répondait; du reste, aux formeslatines. Mais les faits sont peut-être plus compliqués qu'il nele croit. Le centre d ou a rayonné l'usase du françaiscommun est le centre de l'ile-de-France. Paris. Mais cen est pas à dire que: de tous points, Paris ait dû faire préva-loir son usage particulier. L'action de Paris a eu, suivant lessiècles, des forces inégales. Grande aux époques d'ordre,aux xn" et xm" siècles, puis a partir du xvu', elle a étémoindre durant les périodes troublées, et notamment duxiv~ siècle à ia fiu du xv['. 11 faut se représenter en quellemesure l'usage parisien a prévalu en français commun aucours de l'histoire l'historien du langage doit d'abord êtrehistorien, et l'auteur n'y contredit sûrement pas.Le chapitre de M. Lerch est plein d'observations justes.

H n'v ya pas de moment du développement » du français(pour moi développement )' indique simplement le passaged'un état de langue il un autre, sans aucune nuance acces-soire d'amélioration ou de détérioration de la langue") ou nesoit intervenue )action d<' la laniruf écrite, d'abord le intin

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COMPTES RENDUS

30

seul. puis à la fois le latin et le français. Mais, sauf restau-ration ou même introduction arbitraire de certains pho-nèmes ainsi ley de/e~Mdans la prononciation pédante–,ceci n pas empêche la prononciation du français de subirdes changements radicaux où l'écriture n'est pour rien etauxquels les plus savants se sont soumis sans seulement ypenser mouillé devient yod, ?'a changede caractère, F: enhiatus est devenuy partout, si bien que, avec la prononcia-tion actuelle, tous les vers classiques ou figurent des motstels que A'on.~'e liais, etc., sont devenus faux.Dans le développement de la langue, il ne faut diminuer

la part ni des changements involontaires dont on ne s'aper-çoit pas. ni des influences savantes. Il y a là deux domainesque Ihistorien doit observer avec une même soumission à1 enseignementdes faits, avec une même absence de partipris. Personne ne doute que le mot diable soit dû toutentier à l'influence de l'Eglise, et parfois M. Lerch affirmeavec trop d'insistance des choses qui ne sont pas contestées.Le livre fait réfléchir. M. Lerch a le mérite de mettre en

évidence le rôle de l'esprit dans le développement destaneues. On l'en remerciera.

A. M.

E. SApm. To~c~y. Baltimore (Wawerly Press), 1930,in-8. 28 p. (jLo~MC~reM!OHO~o/.)/~de la LM~MM<ctS'~c/e<o f America, Vï).

L'y/e/ïa~'o/!6t~M~!7/a?'yZ<a?!~M<2~e~LMocz'ai!/OM(IALA),qui a ~!e instit.uucaux Éiats-Unisa su trouver des linguistesde premier ordre pour les travaux qu'elle organise. Elle nese proposepasd'aboutir Immédiatement,à réaliser une langueartiticieHe procédant, avec la méthode qui convient, ellefait les études préparatoires.La monographie annoncée ici.est la première d'une série

qui sera ''untinuéc 0) vertu d'JLm_accord entre IÂLA et laSociétéaméricaine de linguistique.

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E.SAPiR

3) 1

Elle est consacrée il la notion de « totalité '). I\l. E. Sapiranalyse cette notion et en distingue toutes les faces. Il partde la notion, et, pour illustrer les nuances qu'il distingue, ilse sert d'exemples anglais. Les vues énoncées sont correctes,et 1 analyse est faite avec finesse.Au lieu de procéder ainsi à priori; il aurait mieux valu

partir de faits linguistiques concrets. Si l'on part des notionson risque de diviser à l'infini et d'aboutir à une complica-tion où n'est tombée aucune des langues existantes. Au lieud'aboutir à une langue artificielle utilisable, on risque demontrer aux partisans des langues artificielles existantes

qu'une étude méthodique conduit à un projet qui demeu-rera un idéal. De même que le vocabulaire des langues arti-ficielles ne peut être constitué utilement qu'en tirant deslangues existantes les éléments communs, on ne posera pra-tiquement des nuances de sens qu'en examinant les nuances

exprimées par les langues existantes, en les rapprochant,en les comparant. C'est de la réalité qu'il faut partir. Enmême temps qu'on ferait ainsi œuvre pratique, on apporteraità la science linguistique des données précieuses.Il serait à la fois onéreux et vain de poursuivre l'en-

quête chez un grand nombre de non civilisés quelquesexemples caractéristiques suffiraient à cet égard. Mais il fau-drait voir comment se comportent les grandes langues decivilisation, et ici on ne devrait pas négliger l'arabe et lechinois. Tl importerait, dans une langue artificielle, de

marquerl'opposition essentielle, entre la totalitéd'un nombre

d'objets discontinus, et un ensemble où ne manque aucune

partie. Il est remarquable que, en français, tout soit ambigu.Et il serait intéressant d'examiner comment l'expression de latotalité d'un nombre d'objets discontinus a été souvent tirée~lemots qui expriment l'intégrité d'un objet, tout comme on asouvent tiré des mots signifiant « seul » l'expression de ~unM.

A. M.

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COMPTES RENDUS

32

Il. PtËnox. L'année psychologique, XXX (1929). Paris(Alcan), 1930, in-8, xvm-936 p.

Lu bibliographie annuelle pour laquelle M. 11. Piéron asu réunir un groupe remarquable de collaborateurs estdevenue si ample qu'il a fallu brocher l'ouvrage en deuxtomes.A l'occasiondu trentième anniversaire du recueil, M. Pic-

ron indique ses vues sur la bibliographie. Il insiste avec rai-son sur l'utilité qu'il y a à ce que les analyses soient faitespar des savants capables de faire comprendre la méthodeemployée par les auteurs des travaux analysés et d'en fairesentir la portée, de la critiquer au besoin. En matière descience, un travail mécanique fait par des mécaniciens n'aguère d'utilité.Comme les années précédentes, la part faite à la linguis-

tique proprement dite est petite, et le choix des mémoiressignalés est arbitraire. Deux mémoires importants sontsignalés, l'un de M. Sapir, sur le symbolisme phonétique,l'autre de M. A. H. Monroe, relatif aux effets de l'actionmotrice (des gestes) sur l'intensité de la voix. Entreautres mémoires de caractère général signalés, on noteracelui de M. PIaget sur « les rapports de la pensée ration-nelle et de l'intelligence motrice N, et surtout celui deM. E. Cassirer, sur « la pathologie de la conscience sym-bolique ».

A. M.

H. PEDERSE~. Z~?//MM/i'CNCMKCPin M~eifePT!~C'eM-/<y. /)!/e~o~a?M~'MM~. Translation byJ. W. SpARGO.CamLrifiG''('Harvard UnivcrsiLypress) (et Londres, Mil-iot'd. Oxford Univcrsity prcss), 1931; in-8, x-~60 p.

M. Spargo a fait.œuvre utile en rendant accessible à tout!<'puhtic. parc~tk' traduction, i'ouvrage danois de M. H.

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jr;A~ GAL'DEFROY-DEMOMBYf-ES

3

Pedersen. L'exposa de M. Pedersen est le seul où l'on puisseprendre complètement, une idée de l'intérêt actuel des étudesde linguistique historique. On y trouvera même des aperçussur les problèmes que devrait résoudre un prochain avenir.Par rapport à l'édition danoise de- i924, la traduction nerenferme que peu de compléments. La formule d'après la-

quelle le hittite appartiendrait très probablement à la famille

indo-européenne, en dépit de son apparance insolite ne

répond plus à l'état actuel des connaissances la morpho-logie du hittite est purement indo-européenne, et les élé-ments essentiels du vocabulaire sont aussi indo-européensen maintenant une attitude de demi-scepticisme, M. Peder-sen ne donne pas la nuance juste. Le hittite est de l'indo-

européen d'un type archaïque.ii importe d'autant plus d'attirer sur ce livre l'attention

du public français que M. Pedersen est, à beaucoup d'égards,plus loin de nous. Par exemple, il omet et chez unsavant tel que lui, ceci a une signification au point de vue

théorique de citer mon Introduction.A. M.

Jean GAUCEFROY-DEMOMBY~ES.Z/<X'M~e /MM'~Me de//M~~o/ Paris (Maison neuve frères), [sans date],in-i6. il6p.

Peu d'itommes ont apporté à la linguistique une penséeneuve et forte, tl vaut la peine d'examiner les idées de ceuxqui. comme Humboldt ont exercé une action directricesuries linguistes de leur temps. M. Jean Gaudefroy-Demom-bynes doit être loué de son projet. Mais l'exécution laisse àdésirer. Les idées de Humboldt sur la linguistique ne sont

pas situées dans l'ensemble de la pensée du philosophe. Etie jeune auteur se met trop en avant, mêlant sans cesse auxidées de Humboldt des points de vues modernesetses critiquespersonnelles, Ce petit ouvrage n'est pas assez objectif.

A. M.

33

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COAU'TES RENDUS

Klara H. CoLU'rx. )'cr~' of ?/<o~o/<in ~p~' ~o/Tï~M~c</<tw~c~c< Phlladelp!)ie (Linguiste Society of Ame-t'ica). 1931,In-8, tt2 p. (Languagc monographs, Vtïf).

Il valait la peine d'indiquer en combien Jedirt'ctions s'estctcndu i emploi des vérités Indiquant un mouvement lesujet est bien choisi, et l'on sera heureux d'avoir sous lamain tant d'exemples mis en ordre et prêts à être retrouvésgrâce à l'index. SeulementII ne sufMtpas de juxtaposer desfaits bruts un dévelopement sémantique n'est utilisableque si l'on en a fait l'histoire, non pas à priori, mais d'aprèsdes données positives. C'est ce que l'auteur ne fait jamais.En particulier, quand on opère avec des faits qui se sontpasses dans des langues voisines les unes des autres et sou-mises aux mêmesinfluences de civilisation, il faut toujoursse demander en quelle mesure un développement de sens aété calqué sur un autre. Ainsi ce n'est évidemment pas parhasard que ai), ~e~'p~?~ a pris le sens de co??!~)~'e~cf~e,ouque ail. ue/ye~eM,angl. forgive équivalent à ~c'~OH~e/

A. M.

Marcel CûHEx. ()Me&'i!M/M6~e/~MM~Me A et B(Comité international permanent des linguistes).

Le 6'oMM'~edont M. J. Schrijnen est l'actif secrétaire ajugé bon de rcpublier, avec les corrections suggérées àM. MarcelCohen et avec celles dont il s'est avisé lui-même,te questionnaire qu'avait publié en 1928 l'7/M'~M~e~'e~KO-logie de l'Université de Paris. On sait quel instrumentadmirable sont ces questionnaires grâce auxquels desenquêteurs même peu formés, s'ils savent obtenir desréponses, peuvent fournir aux linguistes des données utilesf't qui sont propres à guider ceux qui voudront entre-prendre des enquêtes d'ensemble. Il n'y a pas besoin del'appeler quenul besoin n'esta pour le linguiste, plus pres-sant uue celui de cette enquête.

A. M.A. M.

34

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K. A. GAXCHtNA MÉLANGES OFFERTS A JOS. CHLUMSKY

35

Oiaf BROCHog Ernst SELLER. //Œ?M~o~ z' e/e~!PM/Gp/'

/b/:p~'A'A'.Annen gjennemsetteutgave. Oslo (Asc)iehoug),i93û, in-8,v-132p.

Ce petit manue! de phonétique es! aussi sobre qu'ilest précis et nourri. Par le fait qu'il est écrit par dessavants norvégiens et destiné à des étudiants Scandinaves,les principaux exemples sont pris aux langues Scandinaveset propres à les éclairer. Ceci en indique l'intérêt particulierpour l'ensemble de la phonétique. Par exempte, dans la

question de l'accent qui est traitée largement, la phonétiquede la phrase des langues Scandinaves est décrite avec soin,et le stod danois est examiné en détail.

A. M.

K. A. GAXCH)i\A J/e/~f/~C yO/OC~UŒ/T/O M!??<M~'<2KM!r~ry~ 4 fascicules. Moscou, 1930-3), in-8, 61, 64, 84,t-i7p.

En principe on n examine pas ici les ouvrages relatifs àL'enseignement des langues. On fera cependant une excep-tion pour cet exposé ample et systématique, qui paru enRussie risque d'échapper à nombre de nos confrères et oùles problèmes sont signalés en détail.

A. M.

RECUEILS

J/c~a~y&s' a~OMp~Mp. de /M~M~yMe littérature

o~!?/ à ./<M. C'<M~ Prague, 1931, in-8, 176 p. etJ portrait (publication deA'/M ~o</e/?c/! /?/o/o~M, Caso-/~M/~o M!0</e/'M</?/o/c'y:7.XVH, 1-2).

A l'occasion de son soixantième aniversaire, M. Jos.Cbiumskv a reçu de ses amis un recueil de mélanges où laphonétique et la linguistique tiennent la plus grande placep. 11-155. en tout 22 articles.

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COMPTES hEKDUS

-36-

Paris ou M. Chiumskv a si longtemps travaillé. ou il atant d'amis qui ne l'oublient pas, s'associe a cet hommageAI.Mazon, l'abbé Millet, M. Vendryes et moi-même, avonsété heureux de collaborer au recueil.Suivant l'usage, une notice indique ce que iit M.Chium-

akv. et une notice bibliographique signale ses publications.Une notable partie des articles touche à des questions

de phonétique, et surtout de phonétique expérimentale. Onremarquera l'artirle ou M.Miictic' de Belgrade, qui a étudiéprès de M. Chiumskv, étudie les intonations du serbe et.dutchèque d'une manière approfondie, et en signale lesvariétés.On notera aussi l'article instructif de M.Hulasur ce qu'en-

seigne la cinématographie de l'articulation des lèvres. Ceprocédé d'observation rapporte certaines données précises,qu'on n'aurait pas facilement d'une autre manif're.M.Mathesius compare la structure rythmique de la phrase

anglaise à celle de la phrase tchèque. La phrase anglaisecommence volontiers par des éléments inaccentués, tandisque la phrase tchèque commence normalement par des élé-ments accentués. Mais ne pouvait-on le prévoir? Le tchèquen'opère pas comme l'anglais, avec des articles devant tesnoms. et des pronoms devant les verbes, une prépositiondevant l'infinitif.On signale ici deux articles qui posent des questions

importantes.Sous le titre de hantise /?/M/te~'yMc,M.Bruneau~décrit un

''as de bilinguisme des Canadiens français, dans unmilieu de langue anglaise, acquicrent une .prononciation.ma'iaisc de leur français. Le cas est décrit d'une manièreexpressive et vivante.M. Vendryes considère comme résultant d'allongements

expressifs certains et tf indo-européens, qui ne s'expli-quent pas par d'anciens *9,

A. M.

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ARCmV ORtEKTALN)'

~7

ZM/<x/<'c ce~A'o~7<?.u~/?~A'</e/;~~ae< /MM~'c~eA « /</<c~'?/c/' ~-a rok ~92~. Cart 1. Z,<M~t'a o~ec~<2,!/«/ocu~o~A'M, .'?/oi,'a/MAY<a ce.?~a. Prague (~4.A'.u~/ a

/WM/Ï/). 1930. in-8. 63 p.

L'Académie d~ Cracovie a renoncé à publier sa biblio-graphie de la linguistique slave, et le premier congrès desfavistes, tenu à Prague en 1928, a décidé que chacun des

pays de langue slave fournirait la bibliographie des travaux

parus dans ce pays.Solution peu satisfaisante. H aurait été bon de demander

à chacun des pays de fournir les éléments de cette biblio-

graphie à un bureau central qui en aurait fait une publica-tion d'ensemble, comparable l'ancien ~oeM:7fde Cracovie.Mais il sera incommode d'avoir cinq bibliographies distinc-tes. qui paraitront a des dates différentes. Et l'on peut sedemander si la Russie fournira la sienne. Le prochaincongres de slavistes fera bien de reprendre cette question.En attendant, t/Mr/oyey/~û/ïMc~p~ ./<7A~MC/!fournit, parbonheur, l'essentiel.Comme on pouvait le prévoir, ce recueil dû aux savants

tchequesetdontM. 0. Hujerasignéia préface.est excellent.Il fournit des résumés précis et donne une idée nette dutravail linguistique fait en Tchécoslovaquie. On souhaiteque chacun des pays participants fasse aussi bien, et sans oser

l'espérer, qu'il n'y ait ailh'urs ni manque à la promesse niretard.

A. M.

~b'c/~i' o~'<e?t~7~<. ~ow/i'<7/ o f ~e C~ec/MM/oua/t' o~:eM~a/~~7M~<7. /a~e; editfd by B. HnozNY.vol. 111, n° ') etn" 2. Prasu<- (0/?~ f.r). 1931. in-S, 430 p.

Cf beau !'<'cueil tic mémoires d'orientalisme apporte lasuite de deux publications. l'une de M. KraetAtz-Greifen-

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COMPTESREKDCS

~8

horst. p. 1-20. sur la phonétique du tatar de Kazan, l'au-tre, de M. Pavet-Poucha.p. 163-188, intitule roc~c<7.M. Poucha étudie, de manière approfondie, la formationdes noms dans les deux dialectes tokhariens. De plus,M. Skahcka y rend compte de M.Mikhallov, ~/<7~'MKa'.y!<~a~yo/et les /ocM~o/?~populaires ~Mrc-o//<?7~~M.y,parus a.Leipzig, en 1930.Le second fascicule se compose d'articles destinés à des

lecteurs non spécialistes. Le linguiste y lira. p. 272-295. unbel expose de la question hittite, sous la forme d'une confé-rence qui a été faite à Paris et en Angleterre.M. Hroznv y expose comment il a reconnu et démontré le

caractère indo-européen du hittite écrit en cunéiforme,aperçu par Knudtzon que personne n avait voulu croire etqui est mort sans avoir vu confirmer, par la pénétration etla méthode rigoureuse deM.Rrozny, son idée fondée sur debonnes raisons. M. Hroznt a bien voulu faire état d'une in-dication que je lui ai fournie sur le caractère de la langue:pour qui admet qu'une langue Indo-européenne est une lan-gue dont la morphologie s'explique par la morphologieindo-européennecommune, le hittite est. purement et sim-plement, indo-européen. Peu importe que le vocabulaireoffre ptus ou moins d'emprunts Du reste, le fonds essen-tiel du vocabulaire hittite est évidemment indo-européen.La grammaire comparée des langues Indo-européennes doitdonc désormais tenir compte du hittite comme du tokharien.H n'en doit résulter le renversement d'aucune théorie fon-damentale mais, à utiliser ces données neuves et inatten-dues. on gagnera beaucoup de compléments importants etde vues nouvelles.Dans cette conférence, on trouvera les vues de M.Hrozn~'

sur les principales langues dont les trouvailles de Boghaz-koi ont permis de déterminer l'existence et le caractère. Cequi est dit du &M~emontre que le hittite est l'un des dia-lectes d'un ensemble Indo-européen.Les vues deM. Hroznvsont toujours judicieuses. On fera

cependant une réserve sur une hypothèse qui est présentéep. 285 les éléments morphologiques d'aspect indo-européen

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CAUCAStCA

:19

qui scmhient se trouver dans (tes langues asinniques non

indo-européennes proviendraient du hit.Uic et du louife. Cen <'st ~ucrp vraisemblable'. Autant les mots s'empruntent.autant il ''si exceptionnel que s'empruntent des éléments

morphologiques particuliers. Les concordances qu on croit

apercevoir entre l'indo-européen et des langues asianiquesdoivent provenird'une communauté d'origine; elles figurent.des maintenant, parmi les données qui permettent d'entre-voir, pour expliquer i'indo-européen, le caucasique, le

t'hamito-sémitique, l'ouralien, ieturc, etc..une grammairecomparée nouvelle.

A. M.

Caucasica herausgegeLen von A. DIRR. Fase. VL 1 Teil.1930, 78 p. Herausgegeben von G. DEETERS,fasc. Vf,2Tei[, 1930,77 p. Herausgegeben von G. DEETERs,fur derarmcnisctien Teiiverantwortiich. K. RoTH, Fasc.Vn, !93), 167 p. Leipzig (Asia Major), in-S.

Les variations de Litres (te ce périodique en résumentt'histoire durant les deux dernières années.

Après une carrière qui n pas toujours étéfacHe et où ila rendu des services importants pour le défrichement des

langues caucasiques et pour la connaissance de ces languesen Occident, A. ))irr est mort le 9 avrii 1930. On trouveraune notice sur lui et la bibliographie de ses ouvrages au fas-dcuie VI, 2. En linguistique, il était toujours resté un peuautodidacte et amateur. Un linguiste systématiquementformé, d'esprit critique, et qui a fait ses preuves, on le sait,M. G. Deeters. a pris après lui la direction de Cc'~<'c'.M'c<7.Entre ses mains, le périodique deviendra ] Instrument prin-cipal pour l'étude des langues caucasiques en Occident. Onsait que mute étude n'est plus importante et pour la lin-

guistique généra)ea laqueiie tes languesdu Caucase appor-lent des données d'une singu!ière originalité, et pour la

linguistique historique car on a ia l'un des rares exemptesde survivance de pariers qui ont (tu avoir autrefois une

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COMPTES RENDUS

-40-

grande extension. Il faut souhaiter que M. Deeters reçoiveles ressources suffisantes pour continuer et pour développerce recueil. C'est d'autant plus important qu'une partie destravaux faitsen Russie est maintenant gâtée par l'influencede M. Marr.Pour le fascicule VI, 1, le regretté DIrr avait traduit une

étude de M. Jakoviev qui décrit, de manière pénétrante.à son ordinaire, certains traits du tcherkesse. Dans cemême fascicule,l'article P~oAe/a'MM~ der /Vc~p ~'aM~'c-sus? offre l'éblouissante érudition du regretté J. Markwart.Le fasciculeVII débute par un article précis et solide de

AI.Deeters sur les noms de la semaine en caucasique duSud. qui donne une heureuse idée de l'orientation du pério-dique sous la nouvelle direction.Excellent érudit, Markwart n'était pas linguiste. Son

mémoire posthume sur la chronologie des changements vo-caliques en arménien ne fait pas faire de progrès à la ques-tion. L'idée de trouver dans le nom propre Tx: chezXénophon une trace du -/f' de nominatif pluriel arménienest malheureuse.M.H. Jensen étudie avec sDinla conjonction arménienne

e/'c, ~'e. Travail utile et précis.La note où M. Martirossian veut expliquer par l'armé-

nien une désinence hittit~Lest~meerreur dont la nouvelledirection a pris soin de se dégager, en indiquant que cen'est pas elle qui avait reçu l'article.M. Joh. Friedrich, que ses remarquables travaux sur le

hittite ont armé pour les tâches difficiles et qui sait voir oùsont les recherches les plus utiles à entreprendre, étudie.hardiment, mais avec rigueur, la grammaire du khalde. C'estseulement par des travaux précis de ce genre que peutprogresser l'étude des langues de cette région dont on peuttout attendre.Il faut enfin signaler la Beitrâge .fw <S~'ac~-!<?t</ÏW~-

kunde c~M~eoT~Mc~py!<S'/a?MMM'des Guriee, de R. Bleichs-teiner. avec beaucoup de textes.

A. M.

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REVL'E HITTITE ET AStAXfjL'E tUVtSTA t.\DO-(.RECO-!TA!JC.\

/~Me hittite et a~Mï'yMC. ï, 1 à Paris (26, rue Saint-Guil-Iaumc,V!I" arrond'), 1930, in-8, H p.

Sur l'initiative de MM. Cavaignac, Delaporte ctJuret, ila été fondé en France une Société des études /<7~ etasianiques dont le nouveau périodique doit être l'organe. Aupoint de vue hittite, la revue souffrira de ce qu'il n'v a pasen France de textes hittites à éditer. Mais, le domaine étu-dié est d'un grand intérêt, et l'on doit souhaiter bonnechance à l'entreprise qui est hardie.Au point de vue linguistique, on notera l'examen, par

M. Gôtze, d'un texte de la mission Chantre, et une étude deM. Cuny sur hitt. ?7M/< (ace. sg.), mahli (dat. sg.)« pommier » on y retrouve évidemment dor. :j.x/<. Maiss'ensuit-il que le mot soit indo-européen? Le hittite et legrec ont pu prendre ce mot dans la région méditerranéenne.Il y a des préfixes dans le vocabulaire indo-européen popu-laire mais l'analyse de AI.Cuny reste aventurée.

A, M.

T~M~a indo-greco-italica, periodico diretto da Fr. RtBEzzoXtV(1930). Naples (via Scarlatti, 8). 1930-1931. in-8,fasc. 1-11,i36p. et IM-IV, ii4 p.

Dans ce nouveau volume de la revue vaillammentconduite par M. Ribezzo, le mémoire le plus important estcelui où M. Ribezzo iui-meme étudie les origines complexesdeRome ~oy~a delle or~/MM.Sabini e Sabelli (~(?e dia-~~a~ Mcr~'om, M'o~/o~<'),fas. Ml; p. S9-99. Cet articleoù, comme toujours, M. Ribezzo part de faits positifs exa-minés avec soin, est important pour qui veut; avecM.Schrijnen, tracer la carte linguistique de l'ancien domainede langue latine et discerner les éléments divers du latinde Rome.

A. M.

4)

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COMPTESRENDES

T~WMcr/MyM<?/' /~A:7o&y<r~/<S'Of"<e/<}923-30. Lon-dres (David Nut)), t93), in-8", 3H-vm p.

Ce volume est,le dernier dont le secrétaire de la société.M. L. C. Wharton, ai-t réuni les principaux éléments ilvient, âpres quinze ans de secrétariat, de donner sa démis-sion pour la publication, c'est notre confrère, M. Braun-hottz, qui le remplace.On y voit, dès l'abord, un des traits du travail anglais

relativement peu curieux de linguistique théorique etcomparative, les Anglais sont d'admirables lexicographes,et <-en'est pas un hasard que le président de la société soith-dernier éditeur du grand dictionnaire d'Oxford, M. C. T.Onions. Les premières pages du volume renseignent sur lesnouveaux projets de dictionnaire, auxquels les États-Uniss'intéressent particulièrement un projet de dictionnaire dumoyen anglais, de l'ancien écossais, et d'anglo-américainmoderne, sans parler de dictionnaires partiels. En face dece qui existe et de ce qui est projeté. il ne faut pas cesserde répéter que la situation de la lexicographie française esthumiliante et indigne de ce que la France doit à la linguis-tique.Les p. 78-199 sont occupées par un grand article de

k'xx'ographie A ~OM~Œ~c~and <M?onotes on a Me:~en-'M~ <c~'oH<x~y,par George G. Loane, série de témoigna-nes recueilHs de première main.Les p. 200-2S9 sont occupées par une étude, poussée

avant, de la phonétique syntactique dans le texte moyenanglais du CM~or./t/M?~' par ZygfrydMarjan Arend. Cetteétude aboutit à des résultats précis résumés p. 2S8-259.Suivent deux articles sur des noms de lieu, dont f un est

MM/M/P~.M. L. C. Wharton discute la proposition de la réunion

de Copenhague sur la transcription et la translittération.Enfin M. Dawkins étudie, p. 300-330, le vocabulaire de

ta chronique chypriote de Leontius Makhairas.A. M.

42

Page 282: BSL 1931- 32

)!)'[.Lf;Tt\ )\TEnXAT)0'<At.nr: t.'ACADÉMtEYOt'r.~SLAVH

4~

/~?<C~ !'H/<?/C/<07ï<7~f/C /lc~ ~0/r;??a/ /V/!7o/

/e, /<M~O!'rep~ /j//i'7o~<p. ;)vr[[-juin ~930. Cracovie,i930. i ct 2.in-8. 1:7 p.

D.ms ce f.tscicuic ')u ~?/f~ï ou l'Académk' poionaiserésume t'n l'une d''s Jan~ues occidentales les rnentoires

tju'c!)o pu))iie. io linguiste notera l'étude de M. Szyjkowskisur les inHuences polonaisc-s qu'a subies le grand lexico-

graphe tchèque Jungmann. (chapitre intéressant de la for-mation du tchèque littéraire moderne.Dans le fascicute de juiHet-décembre t929, on notera

une note précise sur l'histoire des voyetles nasales polo-naises de M. Kuraszkiewicz.

A. M.

Bulletin ~<?/M~O/M~ de /4cG!6~W<i'Cyougoslave </e.S'~C!'<<6'Met des ~e<x«~a/ C7<M.ye~d'histoire et de/3~!7o/o~!e de ~7o.~o/.)/ et de droit des ~e<7M.r-arts et belles-lettres. Livre deuxiemf. Zagreb. 1931.in-8- 2S5 p.

L'Académie yougoslave de Zagreb continue son cxce)-lente entreprise de résumer en des langues occidentalesen fait toujours en allemand–les mémoires publiés dans)e 7?'7</etde donner des indications sur les autres publica-tions de l'Académie. H y a là de nombreux travaux devaleur qui. étant écrits en serbo-croate, échappent à la plu-part des savants intéressés. Les travaux résumés dans cevolume sont ceux qui ont paru de 19i8 à 1924.On remarquera notamment trois mémoires de M.Music'.

Ao/~arc~oTï ?~!</.Y~<x~o/ Slovenisches (t~)o'5ef/e/ M!o~/?//?</MïOi~<~c~M~ou<'M~c~~?~/3/'<xc/~M,qui. tous les trois.ont une portée générale, et qui sont résumés sous uneforme assez ample. Le mémoire de M. N. Mejneric'. DerC~'r/MC~ f/e?' 7~cyM/)o?'~und jVof/! in den ~o~ïc~p/ï

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COMPTES RENDUS

44

~7~'c~&MeK.En revanche, M. Skok n'a donné qu'un brefrésumé de ses mémoires sur les mots serbo-croates. Il y aaussi des observations intéressantes à un point de vue gê-néral. notamment pour la théorie de l'impératif, dans Ska-ric'. Die 6~Mc~?~ .Pa~~e~ rz und si M?den ~/C!~MC~<?//.S'~ac/!e?!.

A. M.

/~</ ~M~'o~/aueyM/t'c<<~e~M:/e ~Ka~o~ i M~'e~/ïo~korj. 2i.0. R. hist.-nl., 106. Zagreb, 1931, in-8, 256 p.

Ce fascicule comprend uu seul article de linguistique.P. 204-219, M. Baric' discute de près le traitement de i.-e.c en arménien. Il écarte avec raison une formule que j'aiproposée autrefois. Mais j'ai eu l'occasion de le dire depuis.>.il n'y a en arménien qu'un traitemeut de i.-e. o, à savoiro. cet o passant à u devant une nasale terminant la syllabe.Tous les cas où l'on a cherché un traitement a de i.-e. *osont dénués de valeur probante.

A. M.

Serta Leodensia. Liège (Yaillant-Carmann) et Paris(Champion), 1930, in-8, 327 p. (Bibliothèque de la Fa-culté de philosophie et lettres de l'Université de Liège,XLIV).

Ce recueil publié par les philologues de Liège, pour célé-brer le centième annlversaire_de l'indépendance de la Bel-gique, renferme plusieurs mémoires propres à intéresser leslinguistes.L'article de M. Delatte, sur les croyances attachées à la

R've, prète à réflexion sur la variété de noms de cetteplante qui est cultivée depuis longtemps et dont un nom,celui qui est représenté par lat. faba, appartient à l'ancienvocabulaire de civilisation du Nord-Ouest.

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7.AP!SK) KO).Lr:Gt) VOSTOKOVEDOY

4u

Le même philologue pubHc un lexique de hotaniqueincorporé, dans le /a/'M<t!M y/'accMA'2H9 (xv~ siècle), ades extraits de l'MtO/oy~c~~? ~a~K~ Ce lexique estcurieux à bien des égards, et pas seulement pour les hcllé-nistes car les équivalents indiques pour les mots grecs sontsouvent turcs (arabes et persans).La note de M. Ant. Grégoire, ~o~.s' sur la place e'cpM/)ep

par les particules C/ <77!.yla versi fication /'0~!(°/*i;yMe,pose un curieux problème ne figure a un temps fort

que de manière exceptionnelle 39 cas contre 6~7 au tempsfaible, tandis que est relativement norma) est au

temps fort dans 705 cas des 3128 passages. En indiquant ladifficulté. M. Grégoire a fait œuvre utile. On n'a pas l'im-

pression qu'i! l'ait entièrement résolue. Les deux particulesconsidérées sont de typesdifférents et n'ont en commun qued'avoir la même valeur prosodique. Des l'abord, ~L Gré-

goire tombe dans l'erreur commune qui consiste à identi-fier atonie et enclise il n'y a pas enclise sans atonie; maisil n'y a pas enclise partout oil il y a atonie. D'autre part, ilcherche dans la valeur sémantique des particules la rai-son de la différence mais le sens n'intervient pas dans lerythme du vers grec ancien, et, d'ailleurs, si et diffé-rent profondément a tous égards, les deux particules sont deforce sensiblement comparable.M. Mansion serre de prés le sens. assez mal déterminé.

de:x?j:;j.x'On remarquera aussi d'intéressantes observations sur

l'écriture et sur certains mots dans l'article de M. Scveryns~Mac/~OMMMM /!0?y!yMe~.

A. M.

Z~/JM/t!A'0//P<Ï fO~t'O~P</ÛL'~?'<~r/C~O~ Jt/Mr~ a/t'O-r/ 6'. ~S-. 7~. iV. i93f), in-8. !v-298 p. et Y.i930,in-8,v-836 p.

Ces deux volumes, de dimensions ine~uies, sont les der-niers d'une collection qui a rendu de grands services a

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COMPTES RENDUS

46

l'orientalisme et dont les savants qui s'intéressent nl'Orient regretteront vivement la disparition.Une note sèche du nouveau secrétaire de l'Académie.

M. Voisin, déclare que le recueil n'a ni plan ni unité, etque la publication de l'Académie soviétique sur l'Orientaurait, à partir de 1931. un caractère différent, et repose-rait sur une doctrine.Ces deux volumes sont en efibLd'une belle variété.Le linguiste trouvera dans le vol. Y un article Sur le

Ac'y'~cr/Kp~M la /a??y!<e~~ay'c. de M. Dimitrijev et une/~OM(~'yMede la Za??~?<e~a~me~M, du même auteur.Le vofumeV, dédié à l'arabisant Krackovskij, est parti-

culièrement varié parce qu'il comprend tous les manuscritsprépares pour le recueil et liquidés en une fois avant lanouvelle organisation. Il comprend beaucoup de notes decaractère linguistique. Il y en a de caractère phonétiquesur les iaryngales arabes de Vilencik, une descriptiond'un parler arabe, etc. M.Zarubin y a donné un article surla langue et le folklore baloutchis. M. Freiman une note surles noms de la Mer ivoire dans la Perse préhistorique.M. Rosenbergune note sur un graSIto pehlvi. A titre decuriosité, on signalera l'article de M. N. Marr sur les nomsde nombre arabes (I'auteur ne dit pas sémitiques).

A. M.

6p/'a/~?K<eyMÂ'<x/.<cA'a~?A'<7~e~i 6~/J.M'~a.~o~<M<M~w.Ja~. ~26'-Dec. 1930. Upsal (Lundeguist), In-8, 1S6 p.(f/p/M'a/a:C/ue/s'!ife~~L~A'A~y~i930~.

Cefasciculede la sociétéde_linguistiqued'UpsaI comprenddeux mémoires.Le premier, de M. Ekblom, p. i-13, est consacré à

discuter la fameuse signature d~Ia reine Anne sur unecharte de 1063 ana ?'<M'?!aen caractères cyrilliques. Pourtirer partie de cette signature, il faudrait savoir si la reineAnne a voulu écrire du français ou du latin la question a

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M)~ESSKR!FT

17-d

été fort débattue; M. A. Thomas tient pour)''français:A!. Ekbiom rend probable quiisagit du latin. Peut-être.d'aitieurs. ne faut-il pas exagérer l'opposition. Sans doutela situation n'était plus en 1067 ce qu'elle était uo siècle etdemi plus tôt quand on ne distinguait pas encore bien entrela /7~MC row<7MCcorrecte et )a /M<x ?'o/~a/;c du peuple.Mais il v a lieu de croire que. maigre Je départ quicommençait de se faire entre latin et. français, on continuaità prononcer les mots latins d'après les mots correspondantsde la langue vulgaire, dans un nom comme celui dusiècle, on gardait -c/ mais donnait à l'pouvert la pronon-ciation :p: les gens qui ont dit A'c/e prononçaient en latinsieclum. Une prononciation ~y~o' était sans doute celle delat. ~KG dans l'Me-de-France au x)' siècle, et c'est juste-ment ce qu'a écrit la reine Anne. Il est impossible dedéterminer le sens que pouvait attribuer au jer un Russece n'est pas à la prononciation bulgare qu il faut pensermais il est évident que. en pareille position, c'était autrechose que e et que a, donc comme l'e « muet )) français une

voyelle du type médian.Le second mémoire, plus étendu, p. 17-1 i6 est df

M. A. \Yolf: Z'M~c/VM<7?!MC/(p6'?ebii. ~<CjE'/?~6'c/!«/y-'M /M<M<7.Ainsi que l'indique le titre, M. \Volt rend comptedes sens du groupe de ail. par des notions de demi-civilisés. Mais on s étonne qu'il pense si peu à 1 action qu aévidemment exercée le groupe délai,, imago est-ce que au.p~ï<~7</pHserait autre chose qu'un calque du verbe latin

!a<y~0~. !y/:û'M<7~ .`'A. M.

.t/!M/<CM/)7' utsivcn av P'iioio~isf~a Safniundct i (''ùteL'e:(Wett~rgœn ~t.K<'rber). 193"i. in-8. x-88p.

Ce petit recufiia t'-tëpubiit'' pcH'J~'s nnotrcbdcI'Lni-'ers)té de Gutchor~ pour i~teri'' trentième anni\'<suii't' dfsa fondation. Les articles qu-il comprend sont f'n nntahic

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COMPTES RENDUS

48

partie de caractère linguistique. En eflet y ont collaboréMM.Abrahamson, Celander, Friok. Lidén, Liljeholm,Lindroth, Lundahl, Morgenstierne, Sundén. Wadstein.

A. M.

-4/'c~UM?MKpo/?~!7o/oy.eMm.I, 1 (1910). Cracovie (Ge-bethner), 1930, in-8, 192p. et 3 planches.

L'Académie de Cracovie ajoute un nouveau périodique asa publication. Comme l'indique le titre, ce périodique estconsacré à la philologie moderne. II faut entendre « mo-derne » au sens large car le moyen âge y est inclus. L'undes principaux mémoires du recueil est l'édition, soigneu-sement commentée, par M. Kleczko\vski d'un fragment deWilliram qui a été trouvé dans deux feuilles de parchemind'une reliure. D'autre part M. Kubira étudie l'allemand du.P.M/M?K /?Oy':CKe?Me.M. Jarecki résume la discussion qui s'est élevée sur

l'origine du nom de <c/VM/~e.Molière, qui connaissait bienla comédie italienne, l'a évidemment pris dans une comédieitalienne publiée en 1606. Mais on ne voit pas pourquoi ilcritique l'orthographe ~y~M/'adoptée par La Fontaine pourles besoinsd'un vers ou l'orthographe /6MVM/Cde l'Académie.Ce ne peut être que par inadvertance que l'Académie a unefois enregistré ~x~M/~ qui est une formation occasionnelledans une phrase de Dorine ce verbe n'était pas créé pourréussir ce n'est qu'une plaisanterie.

A. M.

E. S&NCDACH. Die MK~bye/M<MMcAeyï,s~peM:7<~eK~<?ce~en Z~eH Mn~ ~c.? <Mc/<e (7~M:sc~e) T~e-r</MM!.Hcide!berg(\Vinter), 1930, in-8, xn-95 p. (Indo-uerntanische Bibliothek, HL 1!).

L'auteur de ce petit ouvrage a reçu de M. Hirt ses idéeset sa méthode de travail. Voulant expliquer te prétéritt

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!\DOGERMAN!SCHES JAHRBUCH

lituanien, il applique sans la critiquer l'hypothèse suivant

laquelle les thèmes caractérises par -a- et devraient ces

caractéristiques à une extension analogique des secondséléments -<f- et -a- de racines dissyllabiques. Quant auxfaits, il les puise dans des dictionnaires qui sont aux mainsde tout le monde, celui de M. Trautmann, celui deM. Berneker, les ouvrages de \Vaide. etc. Procédant ainsi,il ne peut rien apprendre d<-neuf. C'est le type de la publi-cation inutile.

A. M.

7M(/o'yp~!<2MMe/~ Jahrbuch, herausgeg'eben von A. DE-BRUNKERund W. PoRztG. XV Band. Jahrgang 1931.

Bibliographie des Jahres 1929. Berlin-Leipzig (~. de

Gruyter), 1931, in-8, ()n)-381 p.

MM. Debrunner et Porzig, assistés des collaborateurs

qu'ils ont su rassembler, ont de nouveau rendu le service

d'apporter sans délai l'excellente bibliographie de l'Indo-

~e~/Ma~Mc/<e <?e.yc//ycAc'/<. On leur saura de cet effort lareconnaissance qu'il mérite la meilleure manière de laleur témoigner est de leur faciliter la tâche par tous lesmoyens.Grâce à MM.Deeters. Meriggi, Porxig; Frei, Weisgerber

et Ipsen. la linguistique générale dont, depuis la retraitesi regrettable du P. van Ginneken, on déplorait l'absence a

repris sa place en tête du volume, et les années 19~8 et1929 sont traitées à la fois. On doit saluer avec joie cetterestauration qui était nécessaire.Pour des raisons d'économie qui ont aussi entrainé la

suppression du mémoire initial qu'on ne regrette guère etla remise, quelque peu regrettable, de l'index au volumede l'an prochain (il ne s agit pas d'une suppression)les résumés qui donnent tant de prix à la bibliographie dut/c/<c/< ont été réduits. Comme la plupart des lecteursn'ont pas sous la main beaucoup des ouvrages et mémoires

49

Page 289: BSL 1931- 32

COMPTESRENDUS

o0

indiqués, et, même s'ils les ont, n'ont le loisir d'en lire quequelques-uns, ces résumes sont précieux. A défaut d'appré-ciation que les auteurs de chaque morceau, malgré leurcompétence, ne peuvent guère donner et qui souvent, parleur brièveté, manqueraient des nuances nécessaires, unbref résumé suffit à montrer au lecteur compétent s'il estutile ou non de lire le travail indiqué. Dans une sciencecomme la linguistique, une simple liste de titres n'offrequ'une utilité médiocre. II importe beaucoup queles résuméssubsistent et même soient accrus.On pourrait réaliser certaines économies nécessaires au

moyen de quelques suppressions. Ainsi: pour l'arménien,seules les p. 158-160relèvent du ./oA~MC~.Sauf la mentiondu mémoire de M. Adjarian sur les écritures arméniennes,les p. 161-172n'ont rien à faire dans une bibliographie dela linguistique.D'autre part, si certains doubles emplois sont Inévi-

tables. il y aurait lieu d'en évijLerbeaucoup. Ainsi, dans lanotice de M. Jokl sur l'albanais notice originale, pré-cieuse. et qui est l'un des joyaux du recueil reviennenttous les travaux où figurent quelques indications surl'albanais. A ce compte, tous les mémoires de grammairecomparée devraient revenir dans chacune des sections.L'albanais, qui occupe les p. 173-207 peut ainsi être réduitsans aucun inconvénient pour l'albanais. Ainsi le n° 1, surles progrès de l'Albanie depuis 1912, n'a rien à faire dansun 7~/o~e~MKXMMc/t&?Jc'McA.La discrétion jointe à lu fermeté avec laquelle le grec et

le latin ont été traités parM. ChantraineetM.J. B. Hofmannpeut être donnée en exemple. On appréciera également lehittite de M. Friedrich.L'absence d'autres bibliographies oblige naturellement

MM.Printz, pour 1 aryen, Hujer, pour le slave, Fraenkel,pour le baltique, à s'étendre un peu plus. Maiseux non plusn'abusent pas. Toutefois, il y aurait, ici encore, biendes doubles emplois à éviter ainsi dans la 7?c'~M'c/<MH</iy/auMcA,de M. Fraenkel. p. 385-289. il y aurait à sup-primer au moins les numéros 5, 6, 9, H: 12, Ji; 1G. 17.

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CL'RME VOLUME 0F U~GUtSTIC STUDtES

ot

19, 21, 22. 27. 28 et 30, c'est-à-dire environ la moitié.On a plaisir H voir que M. Cbantrainc, p. 225. qualifie

de « douteux Mce que. p. 361, M. Friedrich qualifie de« bedenkiicb N. Mais l'allait-il, pour une explication dénuéede vraisemblance, deux mentions détaillées et deux résumés?L'article en question avait déjà été mentionné l'andernier.P. 103, M. S!otty signale cinq notes de M. MeiUet, qui,

en effet, concernent !'indo-curopéen: mais qui se rapportentessentiellement à des mots grecs ou latins. C'est inutilele lecteur qui ne sait pas qu'une note de grammairecomparée à propos une langue donnée intéresse tout l'indo-

européen est négligeable.En supprimant des lignes inutiles, on gagnerait la place

nécessaire à des résumés.!] va de soi que ces observations ne visent qu'à rendre

plus précieux encore un recueil qui l'est déjà d'une manière

singulière et que c'est le devoir et l'intérêt de tous les lin-

guistes de soutenir énergiquement. On ne peut Imaginerqu'il Hvienneà disparaitre, ni même à se restreindre.Mais il est mélancolique de parcourir ainsi une bibliogra-

phie on a trop souvent l'impression de circuler dans uncimetière d'entants morts-nés.

A. M.

Curme UO/MW<?of /myMM~C ~M(//M. n* i, In language/MO??oy?Y</)/Mpublishcd by thé Z.M!yM~~e Society o/~4?Mc~xcc.Baltimore, t930, in-8, 178 p. et 1 portrait.

Outre un aperçu de la carrière scientifique du germanistedistingue auquel il est dédié, ce recueil comprend seizemémoires, en général peu étendus.Sauf le mémoire ou M. Sturtevant. constatant le rôle de

relatif joué par /«<& en hittite: attribue a 1 indo-européenle plus ancien cette valeur de relatif; la plupart de; articlestouchent de près ou de loin au germanique.

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COMPTES REKDUS

Le vétéran de la grammaire comparée. M. H. Collitz, yétudie avec pénétration deux mots gotiques, tandis queM. Kurseit examine la prononciation de l'anglais dansi'Ohio.Je constate avec plaisir que M. Ziegeischmid confirme

l'idée que la ruine des formes simples du prétérit seraitdue à certaines tendances générales.

A. M.

A. WALDE. Fe/y/P!C/!e~</<MH*or<<MC~6~*M!f/0~e7*??!a-MM-c/~y?<S~?'ae~c?!herausgegeben und bearbcitet vonJ. PonoRKY;111. Band, Register, 1 Lieferung, Berlin-Leipzig (W. de Gruyter), 1931, in-8, 192 p.

I! faut remercier M. Pokornvdela diligence avec laquelleil donne l'index sans lequel le livre de M. Walde .n'étaitque difficilement utilisable. L'index des mots, qui est faitsur 3 longues colonnes dans chaque page, n'est pas encoreachevé avec ce fascicule. Il y manque encore une part dubattiquc et tout le slave. On voit combien le dictionnairerenferme de mots.

A. M.

George Sherman LAXE. IPw~ clothing M ~<?~cipal M</o-eM?'o/)e<x?z/er~Ma~M. Baltimore (\YaverlyPress), 1931, in-8, 4~ p. (Lo~Ma~Z~s'.s'e/'i~'o~de lajLï/M~c Society o/4wf/co~ IX).

C'est une bonne idée d'étudier les mots qui, dans leslangues indo-européennes, se rapportent à un même groupe'le notions. Il peut sortir de là des enseignements utiles. Maisil conviendrait choisir entre deux types de recherches, ouse borner aux mots que la comparaison autorise à tenir pourindo-européens communs _et__chere,hfrquel en a été le sortdans chacun des groupes de la famille; alors il faudrait pour

52

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E. GOTTLJED ST. DJOL'DJEFF

cela un comparatiste plus exercé que n'est en général undébutant le travail annoicé' ici est une petite dissertationpour le grade de docteur. Ou i)v aurait a envisager jusqu'àune date donnée l'ensemble des langues indo-européennes,en marquant l extension des mots suivant les aires de civi-lisation et ce ne serait pas moins difficile. Les listes données

par M. Lane sont trop sommaires, et les éléments en sont

trop arbitrairement choisis pour qu'on en puisse tirer grandprofit. On entrevoit des problèmes curieux, mais qui nesont même pas posés par l'auteur. La principale utilité de

pareilles listes serait de suggérer des travaux de détail quivaudront d'être entrepris.

A. M.

E. Go'["rur:it. ~L /<?~M/<7~~of ~f/o-eM/'e~ec'M<2yï!'M?a/M<2/MC~,M'<< ~C."«7/~C/C?Y~'Cto /P~f<y~O/0~and ~?yMa.~b/~?/(PbHadeipme, IH3). in-S, t8 p.) (Lan-~MM</e</MN~<~o/?. de la L<M~(' 6'6'6'y ~j4??:e~c<:<.VfH).

Simpleénurnération de noms d anitnaux avec des éty-molo~'ies en partie arbitraires et imprécises. Rien de per-sonnel. Bibliographie banate. En somme, une de ces publi-cations inutiles qu'il faut oser décourager.

A. M.

St. DjOL'DJEFF. /<f e/ /~MM/'C</<7/~la ??!M.yMP/JM-/<e 6M/</c/ Paris (Champion), 193), in-8, n-366 p.

Le livre de M. Djoudjcii n'a pt't'squc )')cn de linguistique.Mais, en étudiant le rythme de la musique populaire bul-gare avec une information pcrsonneHe autant qu'étendue,M. Djoudjefl' fournit aux linguistes des données d'une

importance capitale.Tout d'abord, on sait que ie bulgare a un accent d'inten-

53

Page 293: BSL 1931- 32

COMPTES RENDUS

sité appréciable. Or, le rythme des danses bulgares n'estpas lié à cet accent. Ceci doit tenir en partie à la traditionl'ancien accent slave était un accent de hauteur, mais aussien partie à ce que cet accent n'a qu'une intensité médiocre.Quand on parle d'accent d'Intensité, on pense trop à laforce de l'accent anglais, allemand ou russe. L'accent estsouvent peu intense; tel est le cas en français, et, semble-t-il, en bulgare.Ce qui est remarquable dans les rythmes musicaux

qu'analyse M. Djoudjen*.c'est leursouplesseet leur variété.A cet exposé d'un homme qui a pris avec les rythmes d'unemusique populaire le contact le plus intime, on renverrale rythmicien qui croit ne pouvoir opérer qu'avec desmesures isochrones. En admettant une liberté de rythmedans les vers indo-européens, en constatant que ces vers necomportaient pas un espacement isochrone des temps forts,je n'attendais pas une vérification aussi étendue jen'aurais pas osé supposer la liberté que M. DjoudjeS*aobservée dans une musique populaire d'aujourd'hui.

A. M.

V. PisAKt. jL'ceee~o e~~a~o~M ~c~MT'o~eo.Rome,1930. In-8. Extrait de -~eM~eo~ de l'Accadenzia deiLincei, ser. vi, fasc. 6, p. 147-170.

M. V. Pisani écarte avec raison l'idée que le traitementparticulier de l'initiale en italique proviendrait d'une in-fluence étrusque. Mais il a tort d'attribuer à l'accent initialdu germanique et de l'italique un caractère indo-européen:le brittonique y contredit. On ne voit pas comment l'inten-sité expliquerait la différencede quantité entre av. ~<28KW<?et caO~c/'c~cû: il y a là simplement un effet de la diffé-rence d'étendue de deux mots phonétiques. En somme,l'auteur tient à tout prix à retrouver en indo-européen unaccent d'intensité dont il n'y a pas trace.

A. M.

54.

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K.OST)R

K. Osïin. Z)/'e!'fO/auMe/t-M.y/Mc/<e ï~e/M<7M!en. (as-/i"<: :t?x- /M/?/'x: vel, /)'c?ï/c: eo/~). Ljubljana,t930. in-8, li2 p. (/~o~rcue r~a/c~e~a of~M~c v

.M~c~8. ~o/o~/t'o-uM~~?ï<o<ye~ 1).

Le cas de M. Ostir est embarrassant pour un critique.Qu'il doit subsister dans les langues indo-européennes desnoms d'animaux, de plantes; d'objets employés dans les

langues qu'a remplacées l'indo-européen, ce n'est pas dou-teux toutes les analogies le montrent. M. Ostir s'estdonné pour tacite de reconnaitre ces mots. Mais il se heurtea uoe difficulté de principe. Il n'est déjà pas aisé d'établiravec certitude une étymolos~ie indo-européenne alors qu'ondispose d'un grand groupe de langues bien connues et

qu'on opère sur les faits les moins éloignés de l'époque his-

torique. Qu'attendre lorsqu'on opérera sur des langues donton ne sait presque rien de sûr comme l'étrusque ou qui,comme le basque, ne sont attestées qu'à 1 époque moderne,et qu'il s'agira de la période qui précède l'extension del'indo européen ?Dans toute la mesure ou les noms indo-européens ne

remontent pas certainement à une origine commune, les

possibilités qu'envisage M. Ostir ne sauraient être écartéesà priori on ne saurait affirmer que si. <M-e~M soit un mot

indo-européen, non plus que lat. accipiter; sans être déci-sives, les critiques de M. Ostir ont une force. Mais, dans ses

propres rapprochements, M. Ostir opère avec des variationssi étendues que toute démonstration devient impossible.Tout le monde accorde que lit.<<M, v. pr. ~Œ<5~H,v. si. ~e~û (sur quel fondement l'auteur écrit-il NM~c-~o ~), ail. N:7~c/' sont apparentés entre eux mais si l'ontire de là le droit de faire alterner i avec Mparce que lelituanien a aussi ~K<<7~ et si l'on en conclut à la faculté

d'opérer avec cette alternance, et si, au lieu de voir dansles alternances d, r des accidents dus à des circonstances

particulières, on y voit une possibilité générale, tous lesfreins qui rendent les étymologies démontrables sont sup-

–03–

Page 295: BSL 1931- 32

COMPTES RENDUS

56

primés. M. Ostir n'opère pas avec des règles, mais avec despossibilités. Dès lors il ne peut jamais rien prouver; et, simême il a raison, c'est sans conséquence parce que lascience vit.de preuves et non de vérité.

A. M.

LANGUESINDOEUROPÉENNES

HITTITE

Gesclaichte der MC~O~e~MNKMC/~M<S'/3~~C~CK&C~a/Zweiter Teil. Fünfter Band, LIeferung 1. Joh. FmE-DRtCH.jSe~McA und « M°!K<MM~MC~eSprachen ».Berlin-Leipzig (W. de Gruyter), 1931, in-8, 78 p.

Dû à l'un des savants qui ont le plus fait pour l'étude duhittite et des langues <fasianiques », et, parmi eux, à l'unde ceux qui sont le plus linguistes, le petit livre deM. Friedrich vient à point pour satisfaire à un besoin. Lejeune auteur, de grand talent, qui a eu le courage del'écrire rend un grand service.Dès la publication des lettres de El-Amarna, le Norvé-

gien Knudtzon avait vu que le.hittite était une langue indo-européenne. et ses raisons étaient bonnes. La découvertedes archives de Boghaz-kôi, en mettant à la disposition deschercheurs un matériel beaucoup plus considérable, a rendupossible l'interprétation des textes par M. Hroznv, qui adémontré le caractère indo-européen de la langue. Avec uneméthode stricte, d'où l'étymologie a été exclue avecpleine raison un groupe de savants allemands a examinéde près les faits, expliqué beaucoup de textes, et a confirméainsi la justesse de vues de M. Hrozny, que dès l'abordM. Marstrander avait mises à profit. L'exposé deM. Frie-drich, clair et nourri, est hautement instructif. On y re-marque notamment des aperçus curieux sur la structure dela phrase hittite.Sur la situation du hittite par rapport à l'indo-européen,

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GESCHICHTE DER t~DOGERMAKtSCHEX SPRACH\SSEXSCHAFT

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M. Friedrich ne se prononce qu'avec quelque réserve. Il

reproduit, sans prendre parti, que le hittite serait unebranche d'une langue ancienne dont ] indo-européen seraitune autre branche. Sans doute, le hittite oifre, à beaucoupd égards, un aspect archaïque, et il n'a pas certains traits

qu'on observe d'ordinaire dans les langues indo-européennes.Mais toutes les langues indo-européennes périphériques ontoffert des traits archaïques, et, parmi les langues indo-

européennes proprement dites, on discerne des degrés biendifférents d'archaïsme initial, abstraction faite des altéra-tions subies après la séparation d'avec le gros du « peupleindo-européen » et des degrés du développement où lesdonnées permettent de les observer. Quant au terme de

langue mixte (Mischsprache) qui est employé p. 39, il est deceux qu'il faut éviter si l'on veut n'opérer qu'avec des idéesnettes. Une langue indo européenne est une langue dont la

morphologie s'explique par l'indo-européen or, toute la

morphologie du hittite est de caractère purement indo-

européen, comme celle de 1 albanais qu'évoque M. Friedrich.Si, entré dans une aire de civilisation nouveUe, le peuplehittite a emprunté plus de mots que telle autre languede lafamille, cela ne change rien au caractère indo-européen dela ian~ue: il n'aurait conservé aucun mot indo-européen quecela n y chanserait encore rien. Du reste, en fait, les termesfondamentaux du hittite sont indo-européens, et quand onvoit des vérités comme c.s-'? « il est » ('c.M~ « ils sont ')),c/ « il prend H, esc « il est assis ». Cf/~M~ « ils

mangent ». des substantifs comme M/ « sang )), ~a~Mr(gén. /)~/</<MeK<'i'.s)« feu ). M'M/~7'(gén. ~e/p/M~) Keau )),des adjectifs comme <~a/a6'6' « long )), r/c'/M~/a& lon-

gueur H; /)a~A'MA'« haut ous~i'<7???!y(7 « septième )), ou/M « que! )); on se demande ce qu'il faut trouver dansune langue pour la considérer comme Indo-européenneétant bien entendu que les emprunts ne prouvent rien.En réalité urace pour une part à -M. Friedrich lui-

même le hittite doit désormais prendre piace parmi les

langues indo-européf'nue." dont ic linguiste a à faire état, etles enseignements qu'il apporte sont de première importance.

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COMPTESREKDUS

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Par exemple, M. Friedrich rappelle la concordance duhitL ye/.Y~« terre » avec tokh. ~4 ~a?K. On savait déjà~par le rapprochement des faits grecs et irlandais, qu'il y aeu, dans ce nom, une dentale qui ne se retrouve pasailleurs. Des faits indo-européens connus prennent ainsi unaspect nouveau.M. Friedrich a laissé de côté le phrygien dont on a peu

de chose, mais dont le peu que l'on connaît est si intéressant.Sur chacune des diverses langues asianiques. il est bref

et conclut, après un exposé de l'état des connaissances,ou plutôt des ignorances, pour chacune, par un « nonliquet ». Sans doute, les données sont rares et médiocres.Mais l'on compare tout ce qu'enseignent les textes phry-giens qui ne sont ni plus longs, ni meilleurs, et le bel étatd'avancement du travail sur le hittite, on voit combien,même sans se servir de l'étymologie, on est plus à l'aisevis-à-vis des langues indo-européennes que vis-à-vis deslangues d'un autre type; et encore a-t-on lieu de soupçon-ner que les langues asianiques sont de loin apparentées àl'indo-européen.Le livre de M. FriedricljLest précieux non seulement

par ce qu'i! enseigne, mais aussi par ce qu'il laisse entre-voir ou espérer.

A. M.

E. H. STURTEVAXT.~e Glossary. Baltimore (~'a-verly press), 1931, in-8, 82 p. (Lang'uage monographs,pubtisiied by the Z~m~MM~'ctS'o~'c/yo/Ke/'M'a, IX).

Ai.E. H. Sturtevant suit de près le travail qui se faitsurle hittite, et, à l'aide des textes et articles publiés, il s'estconstitua un fichier des mots déjà interprétés. Il faut leremercier de fournir ainsi à ses collègues un instrument detmva!) (lui sera certainement beaucoup utilisé.On remarquera qu'il a simplifié l'impression en notantet en remplaçant &'par il n'en peut résulter aucune

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TOCUA!SCHE GttAMMATÏK

ambiguïté. Mais ce ne doit pas être sans de bonnes raisons

que le hittite a recouru à.s'et non ù du cunéiforme; il ya la-dessuus quelque détail de prononciation a retenir.

A. M.

TOKHARIEX

7~c/<07'Mc/<p 6~'aM??MC~7..im Auf'trage der PreussischenAkademie der \Visse)isc)taften. bearbeitetin Gemein-scbaf't tnitWiHtclm ScHL'i.zE von EmiISiEG und \YiliielmS)EGL!c. G~ttin~cn (Vandeni)oeck u. Rupreciit), 193d,in-8. vf-518 p.

Depuis que MM.Sieget Siegiingontlancé le bref mémoire

qui a donné aux linsuistes les premières indications sur unenouvelle lans'ue indo-européenne nommée par eux tokharien,!<'s textes en tokbarien A ont été publiés par eux. sans tra-duction. mais aucun travail <! ensemble n'est venu desbrillants déchiiireors de Berlin. Ailleurs, on a pu étudier enune certaine mesure le dialecte qu'ils désignaient par B etou M. SyI\'ainL<i a reconnu le koutciléen; mais. commeil n'est ~uere connu de textes dans le dialecte A qu'à Berlin,les linguistes n'n ont suére pu tirer parti.C est dire avec quelle joie et quelle reconnaissance on

accueillera la Grammaire ou, aux noms des deux déchif-frem's. s est ajouté' le nom réputé de l'illustre comparatistede Berlin, M. W. Scbuixe. Qu'on ne s'attende pas pour celaa voir la comparaison tenir une place notable dans l'ouvras'e.Lesauteursne se sont pa~-proposé dedonncrplus qu'une des-

cription. et les indications de grammaire comparée, si ellessont suggestives, sont rares et non systématiques. Ils ontsouvent rapproché le dialecte B(koutchéen), mais sansattacher a prouver toutes les ressemblances et toutes les

dinérences, ni surtout f'n tirer des conséquences histo-

rique. La phonétique es' laissé'de côté: même sans compa-raison, les auteurs attrai~nt pu. crace aux mots sanskrits

empruntés, décrire, au m~ins en ses grandes lignes, le sys-

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COMPTES RENDUS

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ternephonétiquede la langue ils n'ont pas crudevoir le faire.Ils se sont bornés à exposer des formes grammaticales, encitant un grand nombre d'exemples, et en traduisant nombrede passages où ces formes sont employées. Il n'y a pas dechapitres spéciaux sur l'emploi des formes, ni sur la struc-ture de la phrase. Ils ont donc décrit un seul élément de lalangue, mais à fond.Grâceà la richessede cette description des formes, le livre

donne plus qu'il ne promet. Un grand nombre de mots ysont cités, qu'il est facile de trouver dans l'index des p.48S-N18.L'étymologiste peut donc désormais tirer parti duvocabulaire du tokharien A, dont les formes de B sont lar-gement rapprochées. C'est dire que, pour qui saura en tirerparti. 1 étymologieindo-européenne dispose de ressourcesnouvelles. Les rapprochements avec les autres langues indo-européennes ne sont presque jamais indiqués mais la plu-part sont évidents. Mais à un comparatiste qui ne pense-rait pas a v. irl. ben, arm. lein, v. sI. zena en voyanttokh. A p~K (çna-si) « femme, épouse N,§ 44 etc., vaut-Illa peinede donner l'indication ?En revanche, quelques indications sur la phonétique

comparative des deux dialectes dont les auteurs ont certai-nement par devers eux les éléments_auraipnt évité aux lec-teurs des recherches inutiles et des hésitations, et il auraitété utile de poser les bases de la comparaison. Les auteurseux-mêmes y auraient gagné de voir un peu plus clair danscertains problèmes. Par exemple, p. 419, la différenceentrela racine en~- « prendre )) et le synonyme eM./i'<?/<e-de Best donnée pour obscure; mais, sans s'expliquer entière-ment. elle s'éclaire si l'on constate que ?- du tokharienrepose souvent sur une ancienne gutturale palatalisée, ainsidans A tsar, B -yar« main Mqu'il est difficilede séparer degr. ysp-. arm. ~/e~-et dans ~ar~o « joie )) deA et B quirappelle manifestement gr. ~xtpM.Un peu d'étymologie n'aurait-11 pas éclairé le supplétisme

de /u/7t-- indiqué p. 463? Il semble évident qu'H y a iciun préverbe. Même préverbe que celui qu'on observe àl'impératif (v.§43i).

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STUDIA tXDO-IRAKICA

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P. 408, les auteurs se bornent à indiquer d'un mot la

comparaison entre le -M- descausatifs de A et ledes causatifs de B. N'est-ce pas cette comparaison quiexplique le type, assez singulier, de A? Ici B a une forme

qui est évidemment plus ancienne que celle de A.SU est permis de regretter que les auteurs n'aient pas

ouvert plus largement leur trésor, il faut surtout les remer-cier d'avoir donné un exposé simple, bien ordonné, critiquesur lequel il sera aisé de bâtir. Les fondements de la gram-maire du tokbarien sont désormais posés d'une manièredéfinitive.

A. M.

IKDO-IRANIEN

~M~'a M~o-a~ca. ~yeM~a~e für Ï'V. Ce(<~ rM~ T'o/-

/ey!QfM?!,</des 7o. Z.e~pM~'6'A/ ~56-22. Juli. ~93~.

Leipzig (Harrassowitz), 1H31, in-8; xn-327p.

M. \V. Geiser est de ces savants dont t'œuvre est utile et

qui, par if'nrs travaux, obligent leurs confrères. Le beaurecueil dont M. W. \Yust a dirigé la publication et qui a étéoffert au rnaitre pour ses soixante-quinze ans témoigne à lafois de la haute estime en laquelle le tiennent ses confrèreset de l'universel respect qui l'entoure. J'ai été heureux de

pouvoir, en m'y associant, marquer la reconnaissance pourle mailre qui. par ses monographies amples et solides et parce qu'il a fait dans le C~MHc~ der iranischen /<!Vo/o~!e,a fourni à tous ceux qui s'occupent des langues indo-ira-niennes en général, et spécialement des parlers iraniens. desdonnées aussi abondantes et aussi bien critiquées et misesau point. Ma collaboration au recueil ma permis de mani-fester un peu combien m'a été utile l'œuvre de M. Geiger,ainsi qu'a tous les iranistes.Si presque tous les mémoires que comprend le volume

concernent la philologie indo-iranienne; ce n'est qu'uneminorité qui sont de caractère linguistique.

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COMPTES BEKDCS

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Dans une partie du recueil qui ne se rapporte pas à desfaits de langue, figure de M. Jutes Bloch une note péné-trante- commetout ce qu'il public surun substantif fémi-nin, prâkr. u<x~a« chemin ». P. 19,~M.J. Bloch signale legenre féminin de quelques correspondants de véd. /?aM~<xAdans les parlers modernes de l'Indoukouch. H est tenté deconsidérer ce genre féminin comme une innovation. Mais,étant donné que, dans la mesure où ils ne sont pas neutres,les noms désignant des chemins étalent le plus souventféminins, ainsi tokh. A y~ en face du neutre lat. iteret que, en iranien, le genre féminin est attesté à la fois envieux perse et dans l'Avesta, le plusprobable est que le genreféminin des noms relevés dans l'Indoukouch est ancien.(M. Jules Bloch me prie de signaler que l'avant-dernièreligne de la p. 18 est un lapsus évident, dû à un instantd'oubli, comme chacun de nous est exposé à en avoir.)P. 139-266, sont groupés des articles de linguistique

indienne et iranienneBetty Heimann Zur :'M</Mc~e/tA'ame~Z'M/t~e.Etude ins-

tructive et suggestive sur le sens qu'on mettait dans lesnoms propres. Ici l'Inde a sûrement gardé un état de chosesancien dont ailleurs il reste peu de traces.Frankiin Edgerton .S'a~A~ /OMO??!?ïc~Stems in -ûf.

Discussion de la dentale finale des premiers termes decomposés sanskrits tels que ??ïa~ tat-.L. Renou <S'M~yMe~M~pa'CM/a/ du ~M~cc en -A-

en sanskrit. Article plein d'observations curieuses sur desformations compliquées et dimcile~ On y voit quel richesujet d études est la formation des noms en sanskrit.Max Walleser Der <x:'ae~0<~M,MK~~!<MC.neutr. La

forme en -<:H/aqui est étudiée est discutée, et l'auteurmontre que les solutions proposées ne satisfont guère. Maisla solution de l'auteur est étrange.Harit Krishna Dcb ï'e~e /M<<x<XK~J~'??o<Mlllen.WaltherWust Ein u~z<f<?~e/'~~no-sAy~Mc/Mr.E'~eMMc-

men im ~ue~a. Sous ce titre choisi parce qu'il annoncel'une des idées les plus curieuses du mémoire, mais qui estbeaucoup trop étroit, M. Wûst qui est, on le notera en

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STUD!A IKDO-!hAKICA

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passant. l'organisateur du recueil et qui. à ce titre, a droitaux remerciements de ses collaborateurs étudie, d'unemanière approfondie, et en apportant beaucoup de vues per-sonnelles véd. a/aA'o~ et les mots qui l'entourent dansle passage védique ou il figure. Ce n'est qu'après cet exa-men que M. \Vust arrive à proposer son hypothèse que lenom propre véd..4/o/i-a- serait le nom scythe connu. Il fautlire ce mémoire original et neuf.H. S. N\'berg: ~m~e Z?ej'A'My?~e/! ~M/' !<x/s'c/!p?!

Lautlehre. Des deux notes qui figurent sous ce titre, l'uneest relative au traitement de en vieux perse. De ce quedevant M-et devant 7Kie vieux perse n'a pas le même traite-ment que devant voyelle, l'auteur tire des conclusions quisemblent excessives: les conditions ne sont pas les mêmesdevant consonne et devant voyelle, et il n'y a pas de raisond'attendre dans v. p. M~CM- un traitement 6. L'autrenote est relative au traitement arm. hr- de initial dansles emprunts à l'iranien M. Nyberg montre que le traite-ment /< existe dans les parlers iraniens du Nord-Ouest etque l'arménien a pu recevoir ~y- tel quel. Toutefois il auraitconvenu de rappeler que, à l'intérieur du mot, dansCM~?';?~?!« je bénis il y a trace de l'élément labial deIran.E. Benveniste ~e c~c/'CMCM~'OM vocabulaire dans

l'Avesta. Il s'agit de différences entre le vocabulaire nobleet ie vocabulaire populaire, telles qu'on n'en avait passignalé jusqu'ici dans 1 Avesta.A ce propos, M. Benvenisterappelle certaines différences entre le vocabulaire des dieuxet celui des hommes chez Homère chose curieuse; lestermes donnés pour divins sont proprement grecs; et ceuxdonnés pour humains manifestement empruntés à deslangues étrangères. On voit la portée de cette note.J. Wackerna~el ZMrM!~e~<MC/<c/!!&?'M/;</e. Observa-

tions importantes à propos de av. ~ae~ayana-.A. Meillet Av. <AY<gyo-(reconnu pour un mot du parler

populaire).A. M.

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COMPTES RENDUS

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L. REKOu. .S~M~ra~A:e védique. Paris (Adrien Mai-sonncuvc), 1931, in-8, v-339 p.

On a peine à se représenter ce que serait la grammairecomparée de l'indo-européen sans le sanskrit, et l'étudehistorique du sanskrit sans les Védas. Ces textes énigma-tiques sont et resteront les principaux de tous ceux qu'uti-lise le comparatiste. M. Renou, avec l'ampleur de connais-sances, la domination du sujet qu'on lui connaît, donneune bibliographie raisonnée de tout le travail fait sur undocument capital. L'énumération méthodique des travauxpubliés sur la langue védique emplit les p. 171-194 decette bibliographie de grand format, en texte serré. Unefois de plus on remerciera M~Renou, l'un des maîtres quidonnent à leurs confrères du travail solide et toujoursutile.

A. M.

M. BLooMFtELDand Frankiin EDGERTOx. Feo~'cFa:y*MM~,I. Philadelphie (Linguistic Society of America), i930,in-8, 340 p.

Dans le texte traditionnel du Rgveda, comme dans celuide la Bible, il n'y a pas de variantes. Mais il y a des versqui reviennent à plusieurs reprises, et d'un passage àl'autre. il y a souvent des différences. Les mêmes versreviennent dans les autres textes védiques, de même que.d'un texte védique à l'autre, il y a des différences. Laconcordance védique publiée par le regretté Bloomfieldpermet de retrouver ces variantes qui portent sur environ10000 de sa trentaine de mille vers cités dans la concor-dance mais il restait à les classer c'est l'objet de l'ouvrageque Bloomfield a laissé Inachevé à sa mort et que M. Fr.Edgerton a entrepris de publier. Ce premier volumerangera, classées, les variantes concernant les verbes. Onn'a pas besoin de dire quelle en sera l'utilité.

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J.JMA~StO~

G5

En gênera!, ces variantes instruiront mieux ]e compa-ratiste que l'histoire de l'indo-aryen. L'archaïsme de la

langue du Rgveda est unique, et, là où il y a déviationdans les autres textes, il s'agit ordinairement d'une inno-vation il est clair que t/M~M/p est plus ancien quec~f/M/t~e. pour ne prendre qu'un exemple.La façon dont sont présentes, p. ~6 et suiv.; les faits rela-

tifs au présent de la racine A'c~- est à noter. On sait que laforme du Rgveda est ~< tandis que le sanskrit classiquea /)'c/'o~ Les auteurs signalent le fait que, malgré soncaractère populaire, l'Atharvaveda a presque constamment

A'd~ et ~c~o~'une seule fois. Mais l'opposition n'est sansdoute pas ici entre « hiératique ? et « populaire ». C'estsans doute affaire de dialecte. La langue du Rgveda reposesur des parlers du Nord-Ouest de l'Inde voisins du domaineiranien, ou le présent attesté est du type *GM-Â'MMG'M-.Le type /<'M/'M-doit provenir d'un parler plus oriental. Quantà /i'c~o~ le vocalisme montre que c'est une forme secondaire,mais qui n rien de « populaire M.Même pour l'état ancien de la langue, les flottements

entre les désinences verbales -ta <-t-~c. -~?/< et -< sontinstructifs car il n'est pas évident que l'opposition de tet telle qu'elle est attestée dans le Rgveda. représenteun tvpe ancien fixé depuis longtemps.On voit combien de questions et combien intéressantes

pose ce livre.A. M.

J. MANStOX. ~y?<M$e <M?~ AM~O!e de /<7 /<MC.sa//A-c~ Paris (Geutimer). i93i. in-8. )\-)89p.

Ce petit livre sera commc'dt' aux lina'uistt's. pour lesorient.er sur les événements qui ont détermine l'histoire de

i'indo-aryen et aux indianistes, pour leur donner un :)per<;udes acquisitions de la linguistique. ![ ne prétend pas a une

~riulde origin:)]ite et il évite ]es opinions qui hu paraissent

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COMPTES RENDUS

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entachées d'excessive originalité; mais il est convenabic-ment informé, et, comme l'indique dans sa préface M. deLa Vallée-Poussin, il y a peu de gens qui n'aient quelquechose a y apprendre.On regrettera sans doute que M. Mansion ait trop ten-

dance à considérer les langues écrites de l'Inde commerépondant à des usagescourants. La façon dont est discutée,p. 131, la question des prâkritismes du Rgveda est étrange.Quand on dit que tel fait, et notamment le jy- de.yo~M- estdu type prakritique, on indique par là que ce fait n'est pasconforme à l'ensembte des traitements védiques si l'ontrouve -A'c~a-en face d'un traitement-<c' de même. Et,.comme le type < et le type A, représentent sûrement['état de choses ancien, il est évident qu'on observe dans leRgveda deux types de faits, l'un ancien, qui est normaldans )e texte, et l'autre moins ancien, qui est sporadique.Comme, enfin, on sait qu'un texte religieux est d'ordinairearchaïsant. la conclusion est que, à la date où le texte duRgveda a été arrêté, le parler courant était à un stade dedéveloppement plus avancé que celui qui est représenté parle fond du texte. Par exemple, le fond du texte appartientà un type où bavait entièrement passé à r mais le texte aété fixéà un moment où il a déjà été tenu compte de parlerscomportant conservation de l'opposition entre r et l, où deséléments de ces parlers ont été introduits dans certainshymnes. M. Mansion veut que le sanskrit ait été unelangue parlée; sans doute, à peu près toute comparaisonhistorique boite, et beaucoup comme le latin classiquen'a jamais cessé d'être, tant bien que mal, parlé par lesclercs; les langues romanes n'en suivaient pas moins leurscours. Il est exceptionnel que la langue qui s'écrit répondeà 1 usageparlé. MaisM. Jules Bloch a touché le point essen-tiel en montrant que; dans l'Inde, le décalage est plus grandque dans la plupart des autres domaines connus. Cette idéene facilite évidemment pas l'étude des développements lin-guistiques de l'Inde. Mais jamais une attitude critique vis-à-vis des témoignages n'a facilité le travail de l'historien.Les données dont on dispose sont si médiocres que

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J.UA~StO~

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l'auteur d'un ouvrage de vulgarisation comme celui deM. Mansion rencontre sans cesse des faits dont l'interpré-tation prète au doute, et qu'à vouloir suivre de trop prèson risque de forcer.P. 9, il est fait état de l'appel à ~ï~c, Fc~M~o. /M</rc et

aux .V~s~/c dans un traité entre un roi hittite et un roi deMitant, au xtv" siècle av. J.-C. Qu'il en résulte que des.'ly~/a se trouvaient alors pas très loin de la Cappadoce, celane semble pas douteux. Mais le fait que le parler de cesArya ne présentait pas les particularités iraniennes comporteplusieurs explications, et il est arbitraire d'en conclure qu'ils agit d'Arya du groupe connu par les textes de l'Inde. II

s'agit de dieux indo-iraniens ~<?rM~c est le seul qui ne seretrouve pas en iranien et le fait que des noms de la

religion indo-iranienne étaient uxés au xn'" siècle n'a riend'imprévu.P. 33. Depuis la découverte du tokharien et du hittite, il

n'est plus vrai que la ligne d'isog'Iosses du traitement desgutturales « coupe en deux moitiés, orientale et occiden-tale, le monde indo-européen M. Le tokharien et le hittite,tous deux orientaux, ont un traitement des gutturales du

type « occidental ». En réalité, les langues du ivpe av.satam présentent: pour les deux types de gutturales, unétat altéré. Les langues occidentales, d'une part, le hittite et(avec une altération à la suite de l'appendice labial des

labio-vélaires) le tokharien ont conservé l'état de choses

indo-européen commun. Donc le groupe ~a~?M offre unedouble innovation commune, et c'est un fait capital.d'autant plus que ce groupe est aussi celui ou .y tend àdevenir chuintante dans certains cas. la tendance étant le

plus forte en indo-iranien. et le moins en arménien et en

baltique.P. -H, il ne faut pas dire qu'à chaque série d'occlusives

correspond une nasale ~ï. /?, M. Ce n est le cas ni pourle sanskrit, ni sans doute pour l'indo-européen. Il faut tou-

jours distinguer entre les phonèmes qui. existant par eux-mêmes, sont des éléments significatifs, et les simples acci-dents de prononciation, dénués de valeur propre. I) n'y a

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COMPTES RE~DCS

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que deux nasales autonomes ?; et M. Quant à et ce nesont que les résultats mécaniques de l'action des phonèmesvoisins. C'est une erreur théorique grave de mettre les deuxcas sur un même plan. M. Mansion n'est pas seul a lacommettre mais il importera que l'on évite d'y tomber àl'avenir.P. 'i.2 et suiv. On retrouve ici, à chaque ligne, la

répulsion de M.Mansion pour les formules tranchées. Il estdit que devient devant certaines consonnes sonores enrealité; devant toutes les occlusives, et seulement devantles occlusives. La formule que « la place de l'accent dansles mots indo-européens n'était déterminée par aucune règlegénérale » n'est pas juste on entrevoit des règles générales,mais elles sont d'ordre morphologique ce qui n'existepas. c'est une limitation d'ordre phonétique, comme cellesqu'on observe en grec et en latin. Quand M. Mansion parlede « savants qui attribuent à la langue mère une accentua-tion surtout musicale », il ne reproduit pas la pensée de cessavants: il ne s'agit pas de « surtout », mais de « pure-ment )) il ne s'agit pas de degré, mais de la nature duton indo-européen.P. 68, M. Mansion a raison de dire que, en sanskrit.

l'emploi du duel est rigoureux. Mais pourquoi gâter cetteidée juste par un développement sur les objets pairs? Leduel sanskrit est la forme pour désigner tout ce qui est aunombre de deux, par accident aussi bien que par nature.Dès lors, en parlant d'objets pairs, on dissimule la réalité,en flattant une idée fausse, qui est courante, sur l'affectationdu duel aux objets pairs.P. 96, il est dit que « les inscriptions d'Acoka sont

rédigées dans une langue officielle, sans doute celle de lachancellerie impériale, mais avec des variantes dialectalessuivant les réglons a. Mais on ignore si Acoka avait desbureaux s'il en avait, rien ne prouve que c'était d'unprakrit qu'on s'y servait. On jte sait qu'une chose: voulantadresser à son peuple des instructions édifiantes, Açoka afait rédiger des textes qui ont été adoptés aux dialectes desdiverses parties de son empire. Pourquoi ne pas se borner

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VtTTOREPtSA~'t– \YOLCMEOF)KD!A~STL'OtES

M

a cnreg'istrer ce fait précis? On sait, d'autre part, que destextes antérieurs à Açoka offrent, à l'état de traces, desfaits attestant un degré plus avancé de l'évolution de lalangue que celui qu'oflrent les inscriptions d'Açoka, maisrépondant à ce qui est l'état universel sur lequel reposent lestangues modernes de l'Inde. Dire que c'est chez Açokaqu'apparaissent pour la première fois dans des textes écritsdes traits du moyen indien, c'est risquer de donner uneidée fausse au lecteur si Açoka a adressé des homélies àson peuple, c'est qu'il y avait déjà une littérature boud-dhique, et cette littérature était en moyen indien.

A. M.

Yittorc PisAXf. Grammatica dell'antico indiano. Fasc. 1et 2. Rome, 1930. In-4, 21 p.

M. V. Pisan! a entrepris d'exposer, pour ses compa-triotes, la grammaire du « vieil indien H il ne dit passanskrit, à dessein, parce que son exposé est historiqueplutôt que descriptif. C'est dommage, parce que le sanskritest une remarquable construction qu'il importe d'examinerd abord en elle-même. Et le point de vue historique risquede fausser la perspective il ne faudrait pas faire croire aulecteur: ainsi p. 99, que ~?- est une véritable racine, etmoins encore que ua~ f~c~ que l'auteur accentueainsi sont des formes usuelles. L'un des progrès décisifsde la grammaire comparée a consisté à n'utiliser qu'unsanskrit réel. et ou il y a des perspectives historiques.

A.M

A volume oi /K<~OA<Studies, ~~e~~Gf to Pro f. E.~7~/MOM. Londres, d93t. in-8, p. 279-55~ et vi p. dedédicace et table (Z~M o f the ~'c/<oo/o f Oriental.S'<u~ VI, 2).

Le ~M//e~H de l'École anglaise d'études orientales a

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COMPTESKEXDUS

-70-

consacré un gros fascicule à honorer l'indianiste anglaisE. J. Rapson, à l'occasion de son 70'' anniversaire. Aufascicule ont collaboré des indianistes de plusieurs nations;la dédicace est signée de MM. Jules BIoch, R. L. Turneret J. Charpentier, marquant ainsi le caractère internationalde cet hommage.Des 32 articles du recueil, un bon nombre intéressent

directement la linguistique indienne.L'article de M. Jutes Bloch, sur Asoka et la ~fa~a6~<

est important. D'une part, M. Jules Bloch montre le carac-tère de -e final représentant *-c~ dans les inscriptionsd'Asoka. de l'autre, il caractérise avec finesse le ~Mt~e~du drame.Sur l'origine des chiffres « arabes a, M. Cœdès apporte

des faits nouveaux tirés de l'épigraphie indochinoise etindonésienne des documents sûrement datés présentent,dès 683 ap. J.-C., les chiffres avec valeur de position et lezéro. ceci pour noter l'ère çaka, qui est indienne.Le vétéran des études sur les parlers modernes de l'Inde,

Sir George Grierson, décrit le traitement des groupes deconsonnes dans les parlers dardes et en montre l'origi-nalité.M. Bruno Liebich montre, par des exemples nets,

comment des termes militaires grecs ont pénétré dans l'Indeaux environs du début de l'ère chrétienne.Étude d'A. Meillet sur le génitif MMMM.M. G. Morgenstierne étudie le mot ~<K/'a??et quelques

autres noms de lieu de l'Hindu-kus.M. M. Sieg et Siegling éditent et interprètent des

fragments de textes koutchéens. On notera, p. 497, leurexposé de la flexion, curieuse, d' « être » en koutchéen quiconcorde avec celle du tokharien A(v. Tocharische C~c'M!-77:e!A,p..H4).M. R. L. Turner décrit le développement du futur en

-.s'a- et -Myc-dans l'Inde.A. M.

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H. COL'RH~' SADDAMT)

7t

H. CoURBtX. CraMi~C~'P~/P~eM~M'e du sanskrit clas-sique. 1 ~<x?KyMC!re,II Exercices. Paris, Ad. Maison-neuve. 1931. in-8, H9-127 p.

Ce livre publié sous les auspices de notre Institut decivilisation indienne, répond à un besoin déjà ancien celuid'une grammaire en français, simple et claire, accompagnéed'exercices en petit nombre une trentaine de pages detexte, six pages à peine dépassées de thèmes c'est tout cequ'il faut à l'apprenti.La linguistique est sous-jacente dans la mesure indis-

pensable. Le linguiste averti critiquera cependant les défi-nitions des aspirées (les occlusives « suivies au moins en~'?'Mc~oed'une légère aspiration a « rangé parmi )) lessonores h, produit par « l'arrêt brusque du soufne dansl'émission de la voyelle ')) et la page 33 où. pour avoir pris~M/ comme modèle, la formation du type M~a-, etc. estobscurcie.P. 111 lire 6~'M/fM~MM/~a:.

Jules BLOCH.

.S~f/</<M: La yrs~?/!0!re ~c~'e e~4~<xu<2H?~Q:.Texteétabli par H. S~rra. III ~M~Œ/Mc~Lund (Gleerup), 1930,in-8,324 p.

On admire une fois de plus l'acribie et la vaste sciencede M. Smith. Mais maintenant que par le ,S'Mi'/c,la gram-maire proprement dite. se termine la publication de ce vaste« cours complet )) médiévalde pali, on attend de l'éditeur,d'abord les index indispensables à l'utilisation des troisparties. à leur comparaison avec les autres grammaires, à laconfrontation des citations avecles textes canoniques cités;et ensuite' on est tenté de dire surtout les éclaircisse-ments d'ensemble permettant d'apprécier la valeur de la tra-dition grammaticale. Si vraiment la norme du pali au xii'

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COMPTES RENDUS

siècle est l'échelon nécessaire pour l'interprétation linguis-tique des textes anciens, il importe que le non-spécialiste,et même le spécialiste, aient d'autres moyens d'explorationde la grammaire palie et du pali que les notes minutieuses,précieuses, mais parfois mystérieuses, de cette magistraleédition et nul ne les leur donnera aussi aisément et aussisûrement que l'éditeur lui-même.

Jules BLOCH.

R.-L. TcRXER. A comparative and etymological dictio-M<y o f ~e ~Vep<7/:language. Londres (H.egan Paul.Trencii, Trubner), i93i,in-i, xxn--93Sp.

La guerre est à l'origine de ce dictionnaire car M. Tur-ner. qui n'est pas allé au Népal, a pu quatre ans enquêterparmi les fantassinsGourkhas, qu'il conduisait au combat; iln'a eu ensuite qu'à approfondiret compléter. Voilà commentcette langue, d'importance secondaire, possède un répertoirequi prend rang parmi les plus riches et les plus sûrs deHnde.Mais la description n'est qu'une partie de l'oeuvre elle

devient d'importance capitale par la partie comparative.Jusqu'ici il n'existait guère de vocabulaire étymologique unpeu développé de l'indo-aryen que l'index de la Langue~/c/'a~c. dont je ne veux pas médire, mais enfin qui occupemoins de 150 pages in-S, et auquel manquent quantité demots du groupe hindi, auquel le népali se rattache M. Tur-ner a été amené, en le complétant, à le rectifier sur pasmal de points. Inversement l'absence de mots non repré-sentés en uépali empêche le livre de M. Turner d'être undictionnaire complet de l'indo-aryen inconvénient auquelil est dans une large mesure remédié par le fait que M. Tur-ner aime à grouper les mots par familles, et qu'il en a citébeaucoup qui ne s'apparentent aux mots népidis que demanière indirecte.Ch) les retrouvera tous aisément dans un index qui n'oc-

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!Dit~'m

T3

cupe pas moins de 276 pages a trois colonnes, ou ils sont

rangés tangue par langue. Si bien qu'en somme au diction-naire népali s'ajoutent des dictionnaires étymologiquespartiels de toutes les langues indo-aryennes, des plus cou-

rantes jusqu'aux pluscxcentriqueset lesmoinsbien connues.D'autre part les index du sanskrit et des diverses formesdu moyen-indien permettent de se rendre compte de ce quia été la part vivante du vocabulaire dans les tangues cias-

siqucs.Aux mots cl!ectivement attestés. M. Turner a ajouté la

liste des t\'pes étymologiques qu'il a été amené a reconstruireou plutôt deux listes celle des « reconstructions indo-

européennes )' et celle des «reconstructions indo-aryennes »,'est à-dire sans parenté indo-européenne visible. On peutprévoir que cette seconde liste attirera l'attention il faut

signaler qu'elle ne comprend pas les mots identiques à tra-vers plusieurs langues et pour lesquels il n'était pas besoinde rien reconstruire elle donne donc une idée incomplètedu vocabulaire proprement indien.Ces listes ont été données en tète de l'index il était

légitime en enet de les séparer des listes de mots réels.L'inconvénient est que les reconstructions indo-aryennessont éloignées (les listes (le mots appartenant à des languesindiennes non aryennes. Or théoriquement on s'attend à desglissements entre ces deux tableaux et en fait, par exemple*/M~MMr/ « twist » a toute une série de correspondantsdravidiens de même ~o~a « masse globulaire » cf.canara ~MrMo « montagne H; cana. telougou ~M~Kboule », tel. <r/~M « ceuf kurukh yo/<7 « balle », gol

<'semence brahui .<yo~'« bille o, rie quoi il convient derapprocher la série de *~p?!(/« « balle o, avec une alternanceoc que fournissent également les correspondants dravi-diens de *~)e~o « ventre )' brahui gond pir, mais tel.

~o~c. tan. /)0~(°; kur. ~o~7, malto ~Mr(76 alternance

qu'on retrouve dans des mots anormaux du sanskrit comme/~M- et ~.<~c- (celui-ci cité sous nép. /o~ « cadavre )').La liste de reconstructions indo-européennes est assez

t'ourte. On remarquera l'explication de skr. <<7~o'<7//

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COMPTASRENDUS

74

« menacer » par *<o?~o-, latin /o~'M<M,et celle <]e nép.M:7t'a/-« faire sortir » par *e/- le rappelle celui de skr.<Mt~wa si ingénieusement expliqué par M.Wackernagel.Le rapprochement de skr. ~M~; « poussière ? et de v. s!.<fM~</?<'pluie a, en supposant un ancien *eMtMz,est satis-faisant. Demême lc*M/9-~a- (ou plutôt *o-) alléguépour expliquer nép. ~M~o « brun B va bien c'était lemoment de rapprocher skr. ~Ac/~M-,nep. ~~a~ « ours M.Par contre l'analogie de I'allemand_s&)~/e?!suffit-elleà légi-timer le rattachement de nép. tun- « repriser » à *~Mc~-(renvoi sous *steu- « battre )) accompagnéde ses élargis-sements) et celui de tous les mots groupés sous copnu« hatonner, plonger comme dérivant de~eM?- « battre ))“on n'oserai) l'afnrmer. D'autre part on ne trouvera pas parmiles mots indo-européens *sôlo- pour expliquer nép. ~a~o« dur. beaucoup o et du moins ses homonymes d'autreslangues signifiant « entier, tout H M. Turner repousse demême *M-e- pour ch- «exister ».On serait étonné qu'il ne reste pas de points litigieux il

y en a dans des langues dontl'histoire est incomparablementmieux connue. Mais M. Turner a donné des dossiers aussicomplets que possible, et poussé l'explication aussi loin quepossible il nous met même souvent dans la confidenced'hypothèses qu'il reconnaît peu sûres cela même est uneaide et les doutes de l'auteur d'une _ceuvreaussi importantesont utiles à connaître.P. 6t3. sous SM~?/et à l'index p. T3-i,lire tsigane syrien

A'Mf~/rp. 534 sous /aMM«prendre », hindi /5?:5n'a été citéque par inadvertance car ce mot, qui veut dire «apporter »,est contracté de le ;î?M« ayant pris, venir a.

JuIf'S BLOCH.

M. QADRt. Hindustani phonetics. VilIeneuve-Saint-Georges(lieu d'impression il n'y a pas d'éditeur). t930.in-t6. H p.

Avant M. Qadri, seul M. Sramek avait publié le résultat

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(:.J. )'f))'t'SHm!fHA\r– Il. H'TTt.L

de recherches expérimentales sur une langue de i'tndc.ChexM. Sramek (et dans le petit travail encore inédit de notreconfrère M. Shahidullah) il s'agit de bengali. M.Qadria ilcommencé de cnmbJer l'immense lacune en décrivant sa

propre langue, qui est l'hindoustani du Dcccan. Travai)encore maigre; ou la tangue écrite tient encore trop de

piace, et l'instrumentation pas asscx on regrette notam-ment 1 absence de courbes de nasalité. Mais enfin c'est un

premier résultat. et on doit l'espérer. l'annonce de travaux

plus développes.Jules BLOCH.

C..ï. Popp SERBO~KL'. Les 7"M~ne.s'. Paris. Payot,)930.in-8,397p.

Un très bon connaisseur saura sans doute trouver quel-que faits neufs ici mais il est facile de voir qu'ils ne sont

pas la majorité, et que ce qui est pris, explicitement ounon, aux autres n'a pas été critiqué. La partie proprementgrammaticale est comme le reste trop longue et confusele système de transcription est maicornmode. Livre peut-être utilisable, certainement pas recommandable.

Ju)es BLOCH.

E. H. TUTTLE. Dravidian </eue/o/~e~ib. Linguistic So-

ciety of America. Language monographs. n" Y. sept.1930, in-8", 40 p.

M. Tuttle reprend ici quelques articles déjà publiés dansdivers périodiques. II faut avouer qu'à être rassemblés ils ne

gagnent guère en valeur probante. On est eu effet frappédu nombre d'hypothèses étymologiques arbitraires. qui sesoutiennent rarement 1 une l'autre. C est dommage, carM. Tuttle a le mérite de tenir compte des langues dravi-diennes du Nord et même de certains dialectes méridio-

7'.

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COMPTESUEKDU8

naux mal connus ainsi il a dépouiHé un Evangile en ha-daga il rendrait sans doute service aux travailleurs enfournissant une monographie de ce parler dont il a tire iciassez peu de chose.)!aa aussi le mérite de songer plus qu'on ne fait d'ordi-

naire aux emprunts faits par le dravidien à d'autres langues,en particulier à l'aryen. Ainsi la tentative pour ramenertamoul uc/'M~M«tigre?» àskr. uya~ra est intéressante tirersond Muuor, tamoul Mua' « sel a de skr. (Ç. Br.) KA'ar~-?qui esl lui-même un dérive de T. S. M.s'a-est déjà moinsfacile le rapprochement de tamoul a~'et skr.ya- paraîtd'abord séduisant aussi, mais 'ttr signifie, non« lumière so-laire », mais « halo solaire ou lunaire ». Surtout on admet-tra dimciicment que la finale de hrahui pin « nom )). enregard de tamoul ~cy~y, telougou ~M etc., soit due à~a?M<M-,ou que badaga Mïff~'Knls » soit une contaminationde a~o/c avec gond ?~c~'?':(auquel il faudrait ajoutercanara M?cr/;Ioda pi. ~~f~/A', kui m~ brahui ?MC/').On aimerait à voir mieux soutenu le rapprochement de

tamoul !</M!~M(et telougou :MMMMqui aurait dû être cite)« fer Mavec le turc timür ce qui rend l'hypothèseséduisante et ce que M. Tuttle ne dit pas c'est qu'ontrouve en hurusaski et en darde desformes voisines, du type.~M;M/\Si ce rapprochement était établi. il serait de grandeportée.[) arrive à M. Tuttle de mecontredire, expressément ou

non. !1 nx' semble que je pourrais me défendre; je préfèrerevendiquer lesdroits d'un chercheur Indou. dont M.Tuttlene cite qu'un travail, mais qui a écrit dans diverses revuesindiennes, environ 25 articles, où il se rencontre souventsurle même terrain queM. Tuttle, parfoismême discute expres-sément ses idées. La dispersion de ces articles est sansdoute cause qu'ils ont échappé à l'attention de M. Tuttle;c'est dommage, et je saisis l'occasion de les signaler. I]arrive à M. Ramaswami Aiyar de s'y laisser entraîner au-detà des faits et des conclusions positives qu'ils comportent,mais ils traitent de points précis, et il y a beaucoup à yprendre on peut espérer qu'un jour assez procheM. Rama-

7(.i

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)'. 0. BODDI\r. J. HOFFMA~

7

s\vami Aiyar en tirera un travaii d ensefnbie et fera taire onpas à nouveau à la ~Tammaire ''emparée du dravidien. peurenouvelée depuis Cafdwdi.

-tûtesHLOCH.

P. 0. HODD)NG. 6'M/~«/ <C/0/!M/'y i,, -1 /M.Oslo. 1929-1930, H.O p. in-8".

.f. t'JOFFNAXK. /W?C~<6/'ae(/M MM~</<<f'C. I. -4 )!.))).C;[Y, Z).Patna. t930. 1271 p. in-8".

On saitlinté'rét que suscitent depuis quelques années les

iatigues )\o] ou munda; <{ueparlent trois a quatre millionsde semi-civitises dans les montagnes qui séparent le Deccande I'!nde gangetique. La structure de ces langues a été

rapprochée de celles de langues lointaines à 1 Est leur vo-cabuiaire a été compare à celui de langues egafonent loin-taines. non seulement à ] Est. mais à l'Ouest, et on en cher-che légitimement les traces en sanskrit et dans l'indo-aryenen général. Le malheur est que ce vocabulaire est malconnu, ou plutôt mal délimité car jusqu'à présent on n a

guère eu à utiliser qu'un seul recueil, le dictionnaire Santatde CampbeU. Or il est pt'~in de mots qui se reconnaissentau premier coup d'œit comme empruntés à t'indo-aryenet en ce qui concerne les autres, comment s'assurer qu'ilssont spécifiquement )\oL puisqu'il n a a pas de lexique'développé des autres diaiectes?C est encore du santat. et dunthalecte tout \oisi!~qui

parait avoir beaucoup emprunté au santal. lemundari. quetraitent MM. Boddinget Hon'mann danses srands diction-naires qui viennent de paraitre. Mais il n'y.t pas lieu de ]e

regretter: car ces Hvres apportent un enrichissement et un

approfondissement considérables a nos connaissances.Celui de M. Bodding est un dictionnaire comme celui de

CampbeII et il faut ]e dir'' a i honneur de ce dernier, sonvocabulaire, considéré numériquement, n'est pas enrichid'une !acon très considér;)de: mais ]esse!~s~ntpr<cis<s.

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COMPTESRENDUS

78

<')il y a des exemples; tous traduits, et nombreux en outre la transcription phonétique est incomparablement plussure. On pourrait même se demander s'il n'y a pas excèsici, au moins pour l'usage du non spécialiste; ainsi a estsépare de « résultante Mde la présence de i ou u dans lemot d'ou suit que le fasciculeconsacré à A est coupé endeux parties et que dans le second il faudra chercher lesba- après tous les ~a- ainsi ~gc/~ « veau, garçon » estsépare de ~e/ c génisse a et de même les ~c- viennentaprès tous les be-, les ~o- après tous les~o-.L'ouvrage de M. Hoffmann (aidé de la collaboration d'au-

tres PP. Jésuites) est à la fois dictionnaire et encyclopédieon imagine l'importance que peuvent avoir, même pour lalinguistique, de longs articles, qui seront soutenus d'illus-trations (à paraître à part), lorsqu'il s'agit d'une civilisationsi particulière du reste toute pénétrée, comme le vocabu-laire le fait voir, d'influences hindoues.Les deux auteurs ont fait à la comparaison une place

susceptiblede satisfaire, partiellement du moins, notre curio-sité. Mais leur attention ne s'est pas portée également dumême côté. Naturellement l'un et l'autre marquent(pas tou-jours assez) les emprunts aryens pour le reste. M. Hou-mann se préoccupe surtout du dravidien, entendant par làor-jonquiest trop proche pour être démonstratif, le tamoulqui est lointain et pas très bien utilisé, et le singhalais quies) <'nfait une langue aryenne il lui arrive d'Invoquer bi-zarrement l'anglais elle hollandais. M.Boddingau contraire,et ceci est plus utile, signale des concordances avec d'au-tres parlers kol et avec le groupe môn-khmer on voit mêmede temps en temps apparaître du tibétain; du japonais etjusqu'à dumagyar. En ce qui concerne le kol, on peut re-gretter. sans avoir le droit de le reprocher à M. Bodding,l'absence desdialectes n'appartenant pas au groupe khervari,dont h' santal et le mundari sont les principaux représen-tants. P. ex. sous ~?f « montagne » on aurait aimé trou-vt'rsavara ~<7/'MM,kurku~<7/ plutôt que. ou du moins, avantsakai y<o. etc. de même le kurku possède, et donc au-thentifie ~M/M« cuisse M,~M/MH« seL» (mais le savara ~<7-

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l'. 0. nODDtPi<. J. HOFFMA.~

6'ce~etle gadaba ~a~'eA' posent un problème intéressant; sior) rapproche h' nom du sel dans le dravidien du Xord.kurukh <~cA',brahui ~°). Mêmea 1 intérieur du khervari.la comparaison n'a pas été faite systématiquement grâcea M. Hoffmann il est permis de voir que le mundari a biendes mots non signalés citons seulement GM~' « enlève-ment, adultère )) (article intéressant cliez Hoffmann). apir« vol incliné » (oit M. Hoffmann à son tour aurait mieuxfait de citer le mot santal que l'hindi par « aile H: qui est

pris au persan), ~<'<~« forer du bois avec un fer rouge') (lemot est savara aussi), ~oA'o cadet M(existe ailleurs encore.voir le .Z~'M~MM'~c6'M~ucy); ban « charme magique )) (égale-ment oraon) à côté duquel le mundari a aussi ~a/ï « feu d'ar-tifice )' à à verserau dossier du nom sanskrit de la « flè-che » apporté ici même (XXV. 68) par M. Przyluski.La comparaison pourrait donc être poussée davantage

dès à présent: mais le principal est qu'on ait des faits. Eton souhaiterait des vocabulaires d'une richesse égale pourles groupes divergents de la même famille. En ce moment

même s'imprime un manuel savara. dû à M. G. V. Rama-murti et M. Ramamurti songe à étendre son enquête sur

desparlers que Ie/.z/rMM~c ~'M~t~ ignore. C'est là la be-sogne la plus urgente: si cette famille de langues a l'impor-tance qu on lui attribue, il est grand lemps d'en pousserJ'exploration avant sa disparition totale.Mais il faut que les enquêteurs soient aidés sinon dans

lu collecte, au moins dans la publication. Grâces soient ren-dues à l'Académie d'Oslo qui s'est chargée du dictionnairede M. Bodding. et au gouvernement de Bihar-Orissa qui enpubliant )'ouvrage de AI. HoU'mann réalise un projet vieuxde vinst-cinq ans

-tules BLOCH

t. An tnotm'n) dr t.! rot'r~'Huu dcsëp~'u~t't nu' p.'n'vn.'nt Je .U<;)'-(/C!)/-Ai~~s/;<~<c.'f0<t')/~t' M. Uh. iih.'tduri. publie j'u' if.'s soins <)''rUuiversitc df Cidcutt~(in-)' xv-t-H pp.). YoL'.ibut.un'd'objet ?!<-Utjue. pt'cp. pf)r un horum" d'' loi t'csid~nt d.ms lil f'e-'ionde Ran-chi il il surt'.Knc!/<o/MC(~ct'nt~ d'être compipt.

ï~l-

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COMPTES REKDUS

80

.lûtes BLOCH. ~OMC/~0~/eKMO/]~0-/i~/C'M /V~7o/0~y.7~oy' lectures for 1929. Londres, in-8 (Extrait du~/e~ oy~e ~c/<oo/o/'0/f! V, IV, 1930,p. '7)9-756).

Les conférences que M. Jules Bloch a faites à Londresne comptent pas beaucoup de mots; mais ce ne sont quedes mots qui portent.Dans la première; il considère les langues iittéraires de

l'Inde. de l'époque védique jusqu'à l'époque présente. Surchacune, il n'y a que peu d'indications, et juste assez defaits tous saisissants pour donner aux formules uneréalité. Ces formules éclairent l'histoire des langues litté-raires de l'Inde. Le védique et le sanskrit classique fontt'eifet d'être deux formes d'une même langue; au fond,entre les deux, il y a un abîme l'aspect des mots n'a pres-que pas change, il est vrai, mais l'esprit est autre, et, enréalité, il y aussi loin du védique au sanskrit classique quedu védique au pâli. M. Jules Bloch retient l'idée de M. S.Lévi que; langue des brahmanes, le sanskrit a été d'abordaffectéà des usages profanes par des conquérants étrangers.Ii poursuit ainsi jusqu'aux langues littéraires d'aujourd'hui,en marquant à chaque fois l'essentiel et en signalant les pro-blèmes.La seconde conférence 7/«/o-?'</a?: e' Z~'f~M~M;est

surtout critique: l'exposé y a la même clarté mais lesconclusions restent en suspens plus que dans la première,ou pourtant les doutes ne manquent pas. Deux ordres deproblèmes v sont posés, l'un concernant la structure de laianguc. l'autre !<'vocabulaire.Le premier est celui du substrat la structure phonique

et morphologique de l'indo-arycn suppose-t-elle l'actiond un substrat dravidien? Ala suite de M. Deeters, M. JulesBIoch admet que la structure de l'arménien suppose l'actiond'un substrat caucasique, tout en limitant étroitement cetteaction. U reconnaît donc qu'un substrat pou),agir. Mais iln'stc a montrer que cette action a eu Heu. Une chose est

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JL'LES BLOCH

6

sûre ii ne s'agit pas d'une action immédiate, comme celles

qu'on observe dans le midi de la France où le français duNord est parlé parles gens du peuple avec les ressources

phoniques des parlers méridionaux et où le prétérit simple,actuellement sorti d'usage dans toutes les provinces quisont sous l'influence complète de Paris, subsiste parce quel'équivalent a existe dans les parlers locaux du Midi. Lesfaits indo-aryens ne sont pas de cette espèce, non plus d'ail-leurs que tes faits arméniens. Le plus net est l'introductiondes « cérébrales » dans le système consonantique. Les céré-brales ne se sont pas substituées en bloc aux dentales elles

s'y sont juxtaposées dans des cas particuliers où certains

phonèmes voisins en ont déterminé l'emploi, de sorte quel'on peut concevoir que les cérébrales se seraient développéesmême s'il n'y avait eu action d'aucun substrat. L'action

qu'il faut admettre ici, c'est celle d'une tendance héréditaire

propre à une certaine population le cas est comparable àcelui du français dont la phonétique s'est développée en unsens qui concorde à plusieurs égards avec les changementsobservés dans les langues celtiques. Ces phénomènes sontdélicats. En ce qui concerne la morphologie, il va de soi

que, pas plus que l'arménien n'a admis des morphèmes cau-

casiques, l'indo-arven n'a admis de morphèmes dravidiens.Les concordances probables portent surtout sur la structure

générale. M. Jules Bloch est un peu plus sceptique surde pareilles actions que je ne suis tenté de l'être. Mais on nesaurait s'étonner de son scepticisme. Et il finit par signaler,p. 733 et suiv., entre des tours de l'indo-aryen et des toursdravidiens des concordances dignes de remarque.Dans les questions de substrat, le vocabulaire n'enseigne

rien. H y a des exemples sûrs d'emprunts de mots dravi-diens par le sanskrit il y a des cas discutables. La critiquepénétrante de M. Jules Bloch fait sa part à chaque type defaits.Ces deux conférences montrent combien M. Jules Bloch

serait propre à esquisser une histoire de l'indo-arven et

pourquoi il hésite à le faire. La troisième a un objet prati-que celui de montrer les travaux qu'il faudrait entreprendre

8t

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COMPTES REKDUS

82

pour que l'on puisse faire une histoire complète de l'indo-aryen dépouillement (le textes, relevés de parlers locaux.Les savants de l'Inde ont une tache_ immensea accomplirot souhaitons qu'ils entendent M. Jules Bloch.

A. M.

H. H. SCHAEDER.7/*<MM~c~j~e~r~e, t. Halle (Niemeycr),1930, in-8 (Schriften der Kônigsberger gclehrtcn Gesell-schaft, VI, 3 p. i-ix et 199-296).

Un sémitisant qui sait son métier et qui, commeM. Schaeder, a des vues larges, est mieux placé qu'un ira-niste, à beaucoup d'égards, pour juger des faits de languede moyen-iranien.Le sujet qui est au fond de toute cette belle série de

mémoires de M. Schaeder est la langue écrite ararnéennedont s'est servi le personnel administratif de l'empire aché-ménide. Aujourd'hui la situation d'un empire qui recourt àun personnel employant pour ses écritures une langue étran-gère sans prestige particulier, sans littérature notable, sembleparadoxale. Mais, au moment ou s est constitué l'empireachéménide, il aurait été malaisé de trouver ailleurs dessecrétaires nombreux employant uneécriture facileàmanier;!e personnel babylonien ne suHIsait pas, et l'alphabet qu'ilemployait était Incommode on était en train de l'abandon-ner. Durant lapériode aehéménide, il ne semble pas que leperse ait été écrit autrement que pour des monuments; et,comme suivant toute apparence, les chefs ne lisaient nin'écrivaient, cela n'avait pas d'inconvénient. Le soin defaire les écritures incombait à des sortes d'ouvriers spécia-lisés.Quand et comment cette écriture araméenne a été

pliée à l'usage de l'iranien, il est impossible de le direon ne voit que le résultat notation mal appropriéeet incommode du parler iranien au moyen de l'al-phabet araméen et, chose étrange, substitution aux motsiraniens les plus usuels de leurs équivalents araméens, plus

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H. S. KYBERG

83

familiers au milieu et dont la lecture iranienne ne faisait pasdifficulté, puisque, justement, H s'agissait des termes les

plus courants. En véritable historien, M. Schaeder saitrendre clairs les traits les plus surprenants de la graphie dumoyen iranien.La série des mémoires vaut par ses idées générales.

Mais ces idées apparaissent propos de faits particuliers qu'ilétudie dans le détail et qu'il éclaire. La façon dont il faitl'histoire des mots tels que M~uar~K et ~a/ï~~ est rernar-quante. Souvent i! critique avec clairvoyance les vues aventu-rées du regretté Andreas.Les iranistes doivent remercier M. Schaeder de tout ce

qu il leur enseigne.A. M.

H. S. ~-YBERG. –~y~Mc~o~eu!. II. C/oMa; Upsal.(Lindquist, et à Leipzig, chez Harrassowitz), 1931, In-8,xxt-302p.

Les circonstances font que le nombre de phitologucs quis'intéressent aux études iraniennes est petit. Mais il y fautdes hommes doués d'esprit critique et bons linguistes, et

parmi tant de savants, il s'en est toujours trouve qui appli-quaient en maîtres les méthodes les plus délicates de la phi-lologie M. Nybcrg est de ces hommes. Son manuel de

pehie\ est un modèle, et le glossaire qu'il vient d'v adjoin-dre, non seulement permettra de l'utiliser et en fait un ins-trument de travail excellent, mais servira de hase à la lexi-

cographie du pehievi, pour laquelle presque tout reste à faire.

M..Xyberg n'est pas de ces hommes qui répètent deschoses connues. Dès qu'il le peut, il se borne à un renvoi.Les etymoiogies des mois étudies sont Indiquées, maisseulement par les repères strictement nécessaires. On nesaurait trouver ouvrage plus sobre ni plus dense. et néan-moins clair pour un lecteur attentif.Il y a inconséquence à écrire /yG!~c~p. 70 et p. 81.

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COMPTESRENDUS

.84

P. ~2~.M. Nyberg vocalise /)'a?'~if correspondant de au.Ce n'est pas d'accord avec la vocalisationde /tM~~

p. 107. Hubschmann a; prudemment, vocalise /(c)~: il yétait invite par l'emprunt arménien A'c~p.Sous /H.f<o/ l'étymologie donnée de arm.0~eM ne

saurait être juste. Un ancien *My(~o~r)-aurait garde son uinitial, et n'aurait pas~; du reste, le sens n'est pas favo-rable à cette explication.P. 96,sous Aa?MO~,l'explication donnéedearm.A~M~A'?je réunis )), est fausse car, en partant de */M;M!G-MA'c-,on ne s'expliquerait ni l'absence du -MM-ni le~ En revan-che. on retiendra, avec intérêt, l'explication donnée dearm. uc.ccaM« fin » etc. quoique tout n'y soit pas clair.

A. M.

H. REtCHELT. Die so~/tc~'e~e~ //c/«~c/[?'e?~c&'<e desZ~McAe/MMMMM, in 6~MC~MM</?M! Me/'M~MM~.n Teil. Die MX'cA~M~/AM~McAe?!y~ife. mit 9 Tafein,~y:</AacA<~<y~Mf/CM~u~<~Mi'M~e/!7'ca; Hcidclherg(Winter), 19~1, in-8, vm-80 p.

Avecune diligence qu'il faut admirer, Reichelt donnela fin de sa publication des manuscrits sogdiens du BritishMuséum qu'a rapportés Sir A. Stein.Le principal de la publication consiste dans les fameuses

lettres trouvées près de la grande muraille de Chine, lettresen partie mutilées, et dont la lecture e.t surtout l'interpréta-tion présentent des difficultés extrèmes. On ne pouvait s'yattaquer qu'après lecture des autres textes sogdiens qu'onpossède. M.Reichelt s'est tiré àson honneur d'une des tachesles plus délicates de la philologie iranienne. Au texte eta la traduction il a joint un index des mots de sorte quetous les iranistes pourront désormais, à sa suite, étudier deprès des textes uniques en leur genre, et, par la même,instructifs.La publication apporte une autre heureuse surprise la

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E. BEKVEKÏSTE

85

traduction des textes bouddhiques donnée à la suite deslettres l'un renferme un colophon, où est indiquée la date,728, à laquelle le texte a été traduit. Il est superflu de mar-

quer l'intérêt de cette trouvaille.A. M.

E. BEKVENtSTE. Deuxième édition entièrement corrigée,augmentée et mise à jour de A. MEtLLET,Grammaire du

M'eM-Type~e. Paris (Champion), 1931, in-8, xxrv-266 p.(Collection linguistique, XXXIV).

Ma grammaire du vieux perse est épuisée depuis long-temps, et, pour diverses raisons, je n'avais pu la mettre à

jour. M. Benveniste a bien voulu se charger de ce travail,étant entendu qu'il ajouterait, corrigerait, supprimerait et

changerait à son gré, le livre devenant sien. Voici le résul-tat de cette entente. Comme je l'ai dit dans le nouvel avant-

propos, on v verra ce qu'un livre peut gagner à changerainsi de mains. Un auteur nouveau est plus à l'aise pourtransformer que l'auteur initial qui n'est jamais libre vis-à-vis de sa première rédaction. Sans que les lignes généralesaient changé, le livre est, d'un bout à l'autre, devenu"autre, et meilleur.Sur un point, la graphie a été changée. Pour transcrire

ce qui en vieux perse répond à 8?*, j'avais recouru à pM. Benveniste se sert de .y. Par M, il indique qu'il s'agis-sait d un groupe de consonnes, et par que le signe tran-scrit est un. Mais. étant donné que le signe cunéiforme estun. et que dans la suite de l'histoire des parlers du Sud-Ouestil est représenté par une consonne unique, il y a un incon-vénient à noter par un caractère complexe un phonème quin'est indiqué ni parla graphie ni par l'histoire. Et ce signecomplexe a. de plus. le défaut grave qu'il sera difïlcile de le

reproduire: combien d'Imprimeries disposerontdece groupesins'utier .M. Eu somme. n'est bon ni au point de vue

théorique ni au point de vue pratique. Sans défendre le c,

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COMPTESRENDUS

86

qui n'a été pour moi qu'un pis-aller, je le regrette, et il mesemble que ssest le contraire d'un progrès.D'autre part, M. Benveniste a souffert, au début de

ce livre, de l'attention qu'il porte aux nouveautés.M. Herzfetd a publié une inscription qui se donne pour êtred'Ariyaramna. De cette inscription, M. Benveniste al'esprit trop critique pour avoir été dupe p. 2, il fait lesréserves nécessaires. Mais le fait qu'il la cite dès l'abord etqu'il en tire des conséquences donne, sinon une idéefausse, du moins une impression inexacte. M. Schaeder, enmontrant qu'il s'agit d'un faux (d'époque acbéménide), avu juste. Ce qui est enseigné p. 3 sur la dynastie achérné-nide est bien vrai. Mais il n'en résulte pas que l'inventionde l'écriture perse soit antérieure au grand Cyrus.Sije signalecesdeux diSerences avec le rénovateurde mon

livre, c'est pour marquer son indépendance tout ce qu'il ya de bien dans la nouvelle édition c'est beaucoup, on leverra est de lui. Je le remercie cordialement d'avoirrendu la vie à mon livre, par sa science et son érudition,par son sens critique, par ses dons de linguiste original.

A. M.

Roland G. KENT. 77<erecently ~M~/M~ee~&/f/~e~~?!inscriptions. Extrait du .7~M/o/<?A?Ke~'c~M Orien-Society, LI, 3, p. 189-240 avec publication spéciale

par la Linguistic Society o/LM!c~'e<7.

Réédition des inscriptions nouvelles trouvées à Suse etpubliées par le P. Scheil, avec traduction, notes et, ce quiimporte le plus aux linguistes, un index complet des mots.Les inscriptions trouvées et publiées par M. Herzteld n'yfigurent pas.En ce qui concerne la forme du duel secondaire de

3epersonne du pluriel ajivatam, apportée par la trouvailledu P. Scheil, il convient de rappeler que cette désinence

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H.F.J.Jt'KKER

-87-

-tam répond a un usage grec et que, au moins dans unepartie de ['indo-européen. *(/ï) est une désinence de2*'personne, comme l'indiquent le lituanien et le slave.

A. M.

H. F. J. JL'KER. .4rM'C/!e~O~C/tM~ST!,3'<2~MO~M-<Ae/i. L Die ~ar/eoyr<2~~Mc~p C~ee~er! des)'cy/~<o6-~t/M. Leipzig (Hinze!), ~930, in-8, 131 p.(~M. ~r~7.<M/. Ki. d .Mc~ d. tV~ XLI. 2).

Ce grand mémoire nous touche de près. I! est dédié à lamémoire de R. Gauthiot. Et en eSet, M. H. Junker, aujour-d'hui successeur de Brugmann ;'il'Université de Leipzig, aété le compagnon de R. Gauthiot lors de son voyage auYaghnob. Par malheur. les notes de R. Gauthiot sur cevovage se sonttrouvées perdues, en des conditions inconnues,lors de sa mort. en même temps que beaucoup de docu-ments importants et. outre ses notes personnelles, M. Jun-kcr n'a disposé que d'une faible part de ce qu'avait notéGauthiot.Cette perte se fera surtout sentir pour la seconde partie de

l'étude. Dans cette première partie. M. Junker décrit lasituation du dialecte. qui est remarquable l'accès de la valléede Yaghnob est difficile, et ce n'est pas un accident qu'il yait subsisté un dialecte singulier. Du reste, M. Junker indi-que l'état linguistique de la région, p. H7.Toutefois, dès maintenant. M. Junker fournit des textes

avec traduction, et il marque d'une manière précise les dif-férences que les deux explorateurs ont observées entre lesparlersde la vaUée. Une carte. p. 127. fait apercevoir larépartition des parlera.Le mémoire se termine par de judicieuses remarques sur

les conditions qui ont déterminé cette répartition.A. M.

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COMPTESRhXDUS

-88

/~??!NÂ'<x/a p/f~e~e~'a ~9.3~ </ 7~'M</</e~<?<~c!vypusk VI. Z.MM~'A' Leningrad (Â.kad. n. SSSR):1930, in-8, vm-108 p.

Le fascicule ne porte pas de nom d'auteur; mais le nomdu rédacteur, M. I. I. Zarubin, est indiqué au début del'avertissement, et suivi du titre particulier: 0~<MO~/f(/6<c~ i slovar'.Le parler pamirien étudié était jusqu'Ici à peu près in-

connu.Les textes, avec leur traduction russe, occupent 21 pages.

Suit un vocabulaire des mots de ce parler traduit en russe,p. 23-72, et des mots russes du parler, p. 73-96, et enfin,p. 97-108, quelques indications sur la structure du parler,qui est rapproché du sM~M!voisin géographiquement.

A. M.

A. CnmsTENSEK. Contributions à la dialectologie !rc-nzenne. Z)!'a~ec<<'~M:7~7~du Recht, dialectes de .Fa'y'~aM~, de Yaran et de A'~ifa~ avec un ~M~p~~eM~contenant quelques textes dans le pe~a?? fM~a:'?'e dey~e~ Copenhague, 1930, m-8, 300 p. (DanskeUM~ï~'<~e~ne~e&Aa~ ~M~?/. ~?~e/e&e~, XYII, 2).

L'éminent iraniste de Copenhague a fait un voyaged'études en Perse. Ce livre en apporte les résultats, quiseront très utiles pour la comparaison des parlers iraniensmodernes, bien que les observations dont disposaitM. Chrislensen ne permettent, pour aucun des parlers exa-minés, une description complète et détaillée.La grande difficulté de la dialectologie iranienne

consiste en ce que; sauf pour quelques régions reculées etpeu accessibles, le persan a exercé partout une action pro-fonde, tandis que lui-même a subi anciennement l'actiondes parlers septentrionaux. La difficulté qu'éprouve souvent

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L. MAR!ÈS

8H

le linguiste à apercevoir des parlers locaux offrant quelqueparenté n'est nulle part plus grande que dans !e domaineiranien.Le fait constaté en France par M. Terracber que. dans

les parlers, la morphologie est plus conservatrice que levocabulaire, se retrouve pleinement dans la région ira-niennne centrale sur laquelle ont porté les observations deM. Christensen. Tandis que la morphologie de tous les

sujets observes par l'auteur offre partout des particularitéscaractéristiques et demeure bien locale, la comparaison desvocabulaires faite p. 28~ et suiv. présente un vocabulaire

presque tout persan avec une prononciation provincialedans le parler urbain de Recht en face de vocabulaires

anciens assez locaux dans les parlers de caractère relative-ment rural. Le contraste est saisissant, ainsi dar « porte » àRecht en face de bar des autres parlers. Avec les donnéesfournies par M. Christcnscn, on peut; en une certaine me-sure. fixer une phonétique historique des parlers de Fu-rizand. de Varan et de i\atanz on ne le pourrait pas dansle parler de Recht.L'étude de M. Christensen est donc intéressante de bien

des manières.A. M.

ARMÉNIEN

L. MARtÈS. ~M/' /<//0/?C~:0~ de l'aoriste et des ~M<OM<~y p?? -r- p~ <y/'M!c??/p~.Paris, 1930 [paru en 1931],in-8. t6 p. (/~euM~ des <~M<~6'~o/eyï!eMMe~ [librairieGeuthner], X. 2, p. i67-t82).

Ce bref mémoire est plein de substance. On savait queie -r- des aoristes repose sur i.-e. et il est évident que

de la flexion moyenne des aoristes arméniens est a

rapprocher du typf'Iat. ou lit. ~M;'û. Mais qu'est-ce que) élément noté -e- dans le type arm. yo/'cecr '< il a a~i.M. L. Mariés a reconnu que cet ([ui repose sur un ancien

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COMPTES RENDUS

i s'explique par un rapprochement, avec le -M-du type lat.~'y-M- te -M-de nombreux aoristes indo-iraniens. Du coup,il note combien d'éléments de formation se sont accumuléspour fournir une forme arménienne une. De môme,dans l'i des subjonctifs tels queyo~eM'eM,il retrouve, avecun élargissement, l'ancien optatif. Deux des formes lesplus importantes de l'arménien sont désormais expliquées.Tout au plus sera-t-on tenté de regretter que, dans ce

mémoire décisif, l'auteur ait risqué à la fin l'hypothèseque certaines formes grammaticales de l'arménien moderneseraient empruntées. Les emprunts de cette sorte sontdifficiles,et il convient de ne les envisager que si des cir-constances spéciales les rendent plausibles.

A. M.

H. ADJARE&.X.~mM&~M~ Marayas! ~c~a~ Erivan(chez l'auteur), '1926[1930], autographié, 451 p. plus latable.

Personne, à beaucoup près, n'a fait pour la dialectologiearménienne un travail qui approche de celui de M. Adja-t'ean. Et rares sont ceux qui ont fait autant pour une dia-lectologie quelconque.Quant aux dinicultés que rencontre l'auteur, elles

dépassent ce que l'on peut imaginer. Le travail a été écrità Tauris en 1920, l'autographie en a commencé en 1926,f't n pu être achevée qu'en 1930.On y trouvera une description d'un parler non décrit

jusqu'ici, faite avec la précision et la minutie qui caracté-risent l'auteur.

A. M.

90

Page 330: BSL 1931- 32

J. MAROUXEAU

-9)

LANGUESCLASSIQUES

J. MAROUZEAL'.L'année philologique. ~My/'C/3/~e<'r<-~<yMeet analytique ~? /'a'M~yM~ey~'eeo-?:e. Tome IV,~929. Paris (Belles-Lettres), t930, In-8, xtx-331 p.

En donnant chaque année la bibliographie de l'annéeprécédente, M. Marouzeau renouvelle d'année en année unétonnant tour de force, et il augmente par là les servicesque rend un aussi excellent instrument de travail. I! necesse du reste d améliorer l'ouvrage. Ce qui a été omisdans les volumes précédents est ajouté au fur et à mesure,de sorte que les lacunes médiocres que la rapidité dela parution laisse subsister, sont peu à peu comblées. Pro-cédé qu'on doit approuver.Le linguiste ne devra pas se borner à regarder les pages

instructives consacrées à la langue. Ainsi, sous le titred'histoire sociale, on trouvera des études sur l'histoire desmots. par exemple sur l'origine grecque de ~M?'o??:7Me;p.264, ou sur le nom a:?- p. 269, ou sur les noms de parentéen lycien et en hittite, p. 268. Dans des notices sur l'his-toire. p. 297; est signalée une note sur l'étymologie de/a<M?7:. Les quatre lignes de résumé d'un article deM. Hendrickson, p. 255, indiquent clairement un faitessentiel: les anciens lisaient à haute voix, et, par suite, lerôle de l'écrit était chez eux tout autre que citez nous.Si curieux que 1 on soit on ne saurait lire tout ce qui

serait utile. Une bibliographie comme celle-ci ne peut êtrenégligée par aucun linguiste. Et l'on rappelle qu'il importede la soutenir et d en faciliter l'exécution de toutes les ma-nières.

A. M.

Page 331: BSL 1931- 32

COMPTES RENDUS

92

..S'Me~ e?'Me au Bulletin de /i.Moc<a'oM 6'M<7-~M~e ~M~e. Revue des joM~ca~'o/M e~'aMyc~e~~c~-/~e.s' ~a ~~xVo/o~eclassique. Tome II (1930). Paris(Belles-Lettres), 1930, in-8, 190.

Sans être encore aussi complet qu'il le sera quand lesauteurs et les éditeurs se seront aperçus de la qualité descomptes rendus qu'on y lit, ce ~f/e/Ke~ est déjà trèsinstructif, et le linguiste aura grand intérêt à le consulter,d'autant plus qu'il y trouvera résumés des ouvrages qu'iln'a pas le loisir d'étudier lui-même, ainsi Mucke, Die~~euu//ferM/ 6~'McAe?:M<squi, à en juger par le ré-sumé, est fantaisiste et aventuré.Les articles sur des ouvrages linguistiques, sur l'e~~

de M. Hirt par exemple, sont judicieux, et l'on ne pourraitleur reprocher qu'un excès de bienveillance. Mais la critiquequi met en évidence le parti à tirer des ouvrages est, on lesait. plus utile que celle qui insiste surtout sur les erreurset les faiblesses.On aura profit et agrément à lire ce recueil original.

A. M.

GREC

LIDDELLand SCOTT. A ~ee/f-eM~/M~ /ea?:'coM.A newédition revised and augmented throughout by HenrvStuart JoKEsvdth the assistance of Roderick MeKENZŒand \vith the co-operation of many scholars. Part 1-Y(x-y.M~).Oxford (Clarendon press), 1923-1930, in-Lxuv-1020 p.

La réfection de l'ancien yApsaMrM~grec par Hase et lesfrères Dindorf est maintenant vieillie. Les Académies ont.âpres examen, trouvé impraticable de faire un nouveauThesaurus; la nouvelle édition, par Cronert. du diction-

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Ut)DF:H. A~D SCOTT

-93-

nuire dp Passo\v n'a pas dépassé le mot x'/Y, ut. depuis la

guerre; on n'en entend plus parler. Les linguistes ne dispo-saient donc d'aucun dictionnaire du g-rec ancien où il soittenu compte des textes nouvellement puhHés et du travait

critique fait dans les cinquante dernières années.Grâce à une collaboration discrète des meilleurs hellé-

nistes anglais, les éditions successives du dictionnaire deLiddell et Scott s'étaient améliorées sans cesse. Mais. pouren faire un instrument de travail moderne il fallait le re-fondre entièrement. C'est ce qu'a entrepris AL H. St. Jonesavec la collahoration de M. Hod. Me Kenzie. et avec l'aided'un grand nombre de philologues qui sont indiqués dansla préface.Grâce à une impression où la densité ne nuit pas a la

clarté, les reviseurs ont réussi à donner un dictionnaire dugrec ancien où l'on trouvera une grande richesse de don-nées et qui est un admirable instrument de travail pour le

linguiste comme pour Je phiiotog'ue. Sous une forme élé-

gante et discrète; les articles apportent une véritable his-toire des mots en moins de trois lignes on aperçoitcomment x/ a fourni en grec moderne le nomdu « che-val x à 1 aide de quelques renvois, tous les faits essentielsy sont. Deux lignes de l'article ~t):: font comprendre quela forme à prothèse est <'populaire )), et donnent ainsi a

penser sur le développement de la prothèse en grec.Dans un dictionnaire tel que celui-ci, l'étymolog'ie n'est

qu'accessoire. Elle ne tient guère de place ici elle n'est

pas assez détachée, et on ne la découvre pas du premiercoup mais elle est sure ou demeure toujours plausible.Et les mots qui n'ont pas d'étymoiogie valable restentheureusement sans étymotog'ie. M. Me Kenzie a présidé àcette partie de l'ouvrage.

A. M.

Page 333: BSL 1931- 32

COMPTES RENDUS

-:M.-

Milman P~RM. Studies in the e/iï'c technique of oralue/M!< I. ~omc~ and AoMe~Mstyle (extrait deHarvard ~M~'M in c~M'cc'Yo/oyy, XLI [!930]. p.73-147).

Dans un grand mémoire, M. M. Parry précise, complèteet généralise les vues que, dans ses travaux connus surl'M~c homérique, il a exposées déjà, à propos d'un casparticulier, sur le caractère oral et formulaire du styled'Homère. Etant donnée l'importance qu'il y a, pour le lin-guiste, à se pénétrer du caractère formulaire des poèmeshomériques, on devra lire de près le mémoire de M. M.Parry, et retenir son excellente déGnition de la formulehomérique a groupe o/'Mwe~ which is regularly employedunder ~e same metrical conditions to express a givenessential idea.

A. M.

S. E)TREMand LeivAMUNDSEx.–7~a~y/'<'0.s7o<?/M'es.Fasc. II.Oslo (Dybwad), ~931, in-8, xt-182 p. (publication del'Académie d'Oslo).

Le second fascicule de la publication des papyrus d'Osloqui sont variés et Intéressants est dû à M. Eitrem,

avec la collaboration de M. L. Amundsen. On y trouvenotamment un curieux fragment de grammaire. Entreautre curiosités linguistiques, on notera, dans une listed'objets faisant partie sans doute de la dot d'une jeunefille; :="jT: pour s~~p~, où l'on voit combien les motsgrecs pouvaient être maltraités en Egypte par des gens peulettrés on connaissait déjà un :T:ps~.

A. M.

Page 334: BSL 1931- 32

J. PStCHAR! COLLOMP

us

PstCHAtu. ''3:<e/yMC6-~<xM~' de /~MM~'y«e, </e~/</o/oy:'e et f/c /e/Y/~M/'6' Ap/y?<f, 1884-1928. Tome ).Paris (Belles-Lettres~. IU30, in-8, vm-t337 p.

Au moment ou il est mort, après plusieurs années demaladie ou la lutte contre un mai cruel n'avait interrompuque par intervalles un travail acharné, noire confrère JeanPsichari préparait un recueil des mémoires qu'il avait dis-

persés dans des périodiques et des recueils de métanges, et)a préface, datée de février (928, est encore de lui. Levoiume renferme tous les mémoires publiés, par ordre

chronologique; il ne manque que les appendices et lesindex qui formeront un tome séparé.Chacun sait combien les mémoires semés de tous côtés

sont souvent perdus de vue par les confrères, et combienla personnalité de l'auteur s'efface par là-même. Il n'est pasdonné à tous les savants de réunir ainsi toute leur produc-tion. et il en est plus d'un qui ne gagnerait pas à cetteconcentration. Mais J. Psichari était une personnalité ori-

ginale le portrait qui figure en tête du recueil l'évoqueavec justesse pour ceux qui l'ont connu et l'on seraheureux de trouver rassemblés des mémoires qui donnentdes doctrines arrêtées et qui sont suggestifs. On sera choquéde la façon dont s'étalent certains défauts de l'homme, du

pédantisme des bibliographies et des déclarations répétéessur les principes. Mais il n'y a dans tout cela que le débor-dement d'une forte personnalité, et, quand on éprouvera de

l'agacement, on pourra se demander de combien de savantsla production résisterait, comme celle-ci, à la reproductiond articles vieux en partie de quarante ans. A. M.

P. CûLLOMp. Z~M c~yMC des textes. Paris (beMes-LeLtres), 1931, in-8; m-128 p. (Publications delàFaculté des Lettres de Strasbourg; collection /M!<~b~-J/c~/<o</e, tasc. 6).

Ce petit volume, ou II n'y a pas de linguistique, intéresse

Page 335: BSL 1931- 32

COMPTES RENDUS

90

le linguiste de deux manières. D'abord il y verra quelsproblèmes, souvent Insolubles, soulevé l'édition des ancienstextes qu'il est obligé d'utiliser. Puis il y trouvera poséesdes questions de méthode voisines de celles qui se posentpour lui.M. Collomp avait entrepris son ouvrage avec l'espoir de

donner à la critique des textes une base objective. Il aexposé. d'une manière claire, avec une information exacte,les théories qui ont été proposées; il en a su montrer lefort et le faible, et son petit livre est aussi facile à lire qu'ilest instructif. Mais savant d'une pleine bonne foi, il a étéobligé, après un examen attentif, de conclure que la critiquedes textes est chose subjective.Ce résultat se laissait prévoir à priori la transmission

des textes est chose complexe, qui ne se laisse pas ramenera des règles: la faiblesseet la volonté des hommes y inter-viennent à tout instant. Le linguiste qui compare des langueset lephilologue qui compare des manuscrits sont dans deuxsituations différentes le linguiste opère avec des faitssociaux, qui échappent aux accidents individuels l'éditeurde textes avec des faits individuels; où la volonté conscienteet la négligence sont des éléments dominants.En réalité, il ne se pose pas une question de la critique

des textes. Il y a autant de questions que de textes. PourPlaton, dont les œuvres ont été conservées fidèlement parune écoleet dont, à quelques altérations accidentelles près.le texte original semble conservé, le texte des manuscritsest, sauf de menus détails, correct et bien fixé. La situationes! tout autre pour Xénophon dont le texte est flottant,plein de fautes et d'inexactitudes, et'personne ne sauraitdire ce qui remonte vraiment à une édition originale. Lelinsuiste doit faire son profit de ces faits là où il a lechoix. il doit s'adresser aux textes qui sont authentiques,comme celui de Platon il doit éviter ceux qui sont troubleset empruntés, comme celui de Xénopbon. En tout cas, onne peut attribuer même valeur aux deux témoignages. D'unemanière générale, le linguiste ne peut utiliser un texte ques'i) en sait apprécier la valeur.

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P. COLLOMP

Si l'éditeur de textes classiques est mieux placé que la

plupart des autres, cela tient à deux circonstances. La pre-mière, vraiment favorable, consiste en ce que les textesdes grands écrivains grecs et tatins ont été considérés commedéfinitifs et qu'on a toujours cherché à les reproduire sansles modifier; sans les adapter. La seconde, fâcheuse pour une

critique approfondie, mais qui apporte une simpliGcationdécisive, est que presque toujours les différent.s manuscritsconservés dérivent d'un archétype unique. Ainsi, pour Pla-ton, dont on a des manuscrits des environs du x" siècle, ilest facile de voir que tous ces manuscrits, excellents en

général, et concordants en général, ont en certains pointsdes fautes communes, ainsi l'absence de ::j-cx C/'a~y~e399 h, ou de ::j.: du C/ 405 d (::j.: defB la lacunea été comblée, fautivement, par dans T et W). il est doncsur que les manuscrits du C/'a~/f remontent, en dernierlieu, à un texte unique ou il y avait certaines erreurs, (lecaractère accidentel. La tache de l'éditeur d'un texte clas-

sique comporte d'abord la restitution de cet archétype qu'ilne peut dépasser que rarement, par des conjectures simpleset évidentes, celles qui ne sont pas évidentes n'avant d'autreintérêt que de laisser entrevoir la place d'un fait ancien.D''s que ces conditions sont altérées par l'habitude d'adapterles textes aux besoins de lecteurs successifs et par la mul-

tiplicité des traditions, il devient impossible de faire uneédition unique, et l'on ne peut qu'éditer l'un des manuscritsen signalant les divergences des autres.Là ou les manuscrits d'un même texte sont nombreux.

on ne peut les utiliser qu'en les classant en groupes remon-tant chacun à un original commun. Alais, si les manuscritsd un groupe ont été corrigés d'après un des autres, s'ila eu « contamination )) et c'est le cas le plus fré-

quent le classement en familles n'est pas réalisable.C est dire qu alors toute édition critique est impossible, et

qu on est rédui) à choisir, sans règle absolue, le texte leplus satisfaisant. Pour un texte comme celui de l'Évangilegrec dont on à des centaines de manuscrits contaminésentre eux pour la plupart, le projet de faire une édition cri-

97

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COMPTESRENDUS

98

tique comparable à celle d'un texte dp Platon est chimé-rique. Blass l'avait bien vu, qui a bâti sa grammaire duNouveau Testament sur une édition revue sur les plusanciens manuscrits. En pareil cas, le linguiste doit critiquerséparément chacune des formes dont il se sert.En faisant ressortir la variété des cas et la complexité

des données, M. Collomp a obligé les linguistes qui devronttenir grand compte de ses indications. Il y a là matière abeaucoup de réflexions critiques.11conviendra de réfléchir aussi sur les idées exprimées

par M. J. Bédier dans son étude La tradition ?KOMM-.s'cy'!7ec/MLai de l'ombre. Réflexions .9M?'l'art d'éditer lesanciens textes. Paris, 1929. M. J. Bédicr ne se place pas aupoint de vue du linguiste, et c'est l'art d'éditer qu'il a envue. Mais le linguiste doit faire son profit des observationsqu'il présente.

A. M.

J. HuMBERT. La <~MjOŒoMdu datif en ~'ec (du t" aux' siècle). Paris (Champion), 1930. In-8 xn-204 p.

Le comparatiste opère en généra) avec des états detangues séparés par de longs intcrvaUes de temps. Sonobservation est, par nature, discontinue, et il ne forme, surles périodes comprises entre ces intervalles, que des hypo-thèses. Pour juger de la valeur de ces hypothèses, il estprécieux de voir ce qui se passe sur les domaines ou, parchance, on dispose d'une suite de textes. Sans doute cestextes ne donnent jamais une idée complète de ce qui s'es!passé les hommes n'écrivent guère comme ils parlent cou-ramment mais, pour le grec, on dispose de textes variés, etqui permettent d'entrevoir des moments du développementde la y. M. Humbert en a profué pour suivre, dans lamesure du possible, l'un des traits les plus curieux du dé-veloppement du grec, qui a eu lieu entre le t" et te x' siecif, :)savoir l'élimination du datif.

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J. 1fL'dBER'('

m'

M. Humbert a usé avec critique des données toutes par-tielles et généralement défectueuses qu'il rencontrait, et ila réussi ainsi à suivre, au moyen de faits positifs, les progrèsde la ruine du datif. Ce qui donne aux recherches de ce

genre un vif intérêt, ces) qu'ainsi on voit combien sont

complexes les faits dont. en envisageant les états (le

langue successifs, on aperçoit seulement les résultats. Parlà. on se rend compte de ceci que la simplicité des résul-tats n implique pas la simplicité des procès par lesquels la

langue y est parvenue. Comme il est dit avec raison; p. 48.« en matière de langue, on voit souvent trop simpleUn résultat linguistique résulte de la convergence desconditions qui n'ont le plus souvent rien de commun lesunes avec les autres. En même temps, M. Humbert a étéamené à tenir compte du style de chacun des textes qu'ilutilise, et ceci donne à son ouvrage un intérêt au point devue littéraire.Le travail fait grand honneur au jeune auteur, ainsi

qu'au maitre qui l'a dirigé et à qui il est dédié, M. Yendryes.Peut-être M. Humbert lui-même a-t-il parfois vu encore

trop simple: il n'est pas prudent de tirer, p. 178; uneconclusion d'une formule comme celle-ci « Les diilérencia-hons dialectales modernes ne se sont pas fait jour sans douteavant le x' siècle environ Le « sans doute » et l' « envi-ron » qui enveloppent d'un nuage la formule montrentassez que. sur ce point, il ne peut rien afurmer. De ce

qu un procès n'aboutit pas un résultat visible, il ne faut pasconclure que le point de départ n'est pas antérieur, peut-');-(' de beaucoup au moment ou il a abouti à un résultat

appréciable.Les conditions les plus importantes sont souvent les plus

générâtes, parce que les sujets parlants en subissent l'in-nuence sans s'en douter. A partir de l'époque impériale; les

opposilions quantitatives tendent à s'effacer, et, si l'on en

juge par la prononciation moderne, il a pu v avoir ten-dance à prononcer les svliabt's finales plus brèves que lesautres. Dès iors toutes les caractéristiques qui ne compor-taient pas une consonne finale nette devaient perdre de leur

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COMPTES RENDUS

iUO

valeur ceci atteignait particulièrement les unales -(''(t.),-~(ô. -T;(t)du datif singulier, pour ne rien dire de l'-Lde la3' déclinaison qui a fini par se confondre avec le -~('.) de lat" déclinaison. Ce fait peut s'ajouter aux homonymies de-:(-<)et ':&('.),de -~(v) et ~Q dont M. Humbcrt fait juste-ment état.

A. M.

E. DpERup. Die tye~M/a:M~?*ae~edes 6'pcAMc~ey! uo~:der ~e?!G:M~ancebis fM~G'e'e~Q' z'/K~o/MC/: einer(!<~e/e:'Mp??Geschichte des y~ec7:M'c~p~6~~e~~r:A~.Erster Teil uo/H~f bis ~M?MEnde des A' Ja~rAM~-f/c?' Paderborn (Sch(iningh), 1930, in-8: YtM-488p.

Dans cet exposé, aussi clair que nourri. M. E. Drcrup nedonne pas seulement un aperçu de la grande querelle entrela prononciation érasmienne du grec et la prononciation deshellénistes fidèles à l'usage grec moderne. Par un biais, ildonne un aperçu du développement des études grecques enEurope occidentale.L'exposé fait ressortir un fait naturel: la prononciation

du type grec moderne s'est maintenue surtout là ou persis-tait l'influence des Grecs, notamment en Italie la pronon-ciation réformée a fini par prévaloir chez les hellénistes quiéchappaient à cette influence. Comme, sur le domaine grec,il n'y a jamais eu rupture entre le grec ancien et le grecmoderne et qu'il ne s'est produit rien de pareil à la notationdu français, du provençal, de l'italien, de l'espagnol, les lec-teurs d'anciens textes ont toujours prononcé le grec classiquesuivant leur usage courant sans penser même qu'il pouvaitn'v avoir pas concordance entre 1 usageantique et l'usageactuel. Ce qui avait lieu jusque vers le xr' siècle au moinsdans les pays romans, à savoir l'usage de prononcer le latincomme on prononçait le parler vulgaire, par exemple dedire c~c/'x~ au lieu de c<2~<<Mquand la prononciation decc/'K.~était vulgairement cher(u)s n'a jamais cesséen Grèce.

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A. bE):tU.?ŒR

)0t

L'ne réforme de l'usage a été d'abord soutenue surtout pardes hommes qui. comme les calvinistes, faisaient professionde remonter aux sources. Par réaction. les luthériens onttendu d'abord à ne pas l'admettre. En France, ou le souci de

l'antiquité a été vif auxvn' siècle. les écoles des jésuites etdes jansénistes l'ont adoptée, et cette décision a été pourbeaucoup dans le triomphe de la prononciation érasmiennechez les hellénistes occidentaux. Histoire vraiment instruc-tive.

A. M.

Friedrich Ulass' Grammatik des !)eutestament!ichen Grie-cbisch, bearbeitet von A. DMRL'x~ER. Secitste, durch-

geseliene und vermehrte Aullagc. Gottingen, Vanden-hoeck und Ruprecht, t93i,xx-368 p.

(lui a écrit des livres sait combien, au moment de la

publication, un auteur est mécontent de ce qu'il a fait. Unlivre qui, comme ceiui-ci. a eu six éditions; et qui. a partirde la j~ édition, a été repris entièrement par un auteur nou-veau a chance d'avoir été si amélioré que les regrets éprou-ves par l'auteur initia! lors de la publication aient perdubeaucoup de leur raison d'être. Tel est le cas pour cettecrammaire du Nouveau Testament.La première édition avait le grand mérite de montrer la

langue du Nouveau Testament vue par un excellent philo-logue classique, qui avait une idée de la linguistique, et quia dédie son livre a Fick. La quatrième a été 1 œuvre d'un

comparatiste largement informé qui est en même temps unbon philologue et qui a dédié sa revision au grand compa-ratiste Wackernagel, l'homme qui réunit de la manière la

plus complète la science de philologue à celle de linguiste.Par deux fois. M.Debrunner a revu l'ouvrage et l'a tenu aucourant. Or. personne n'est ni plus consciencieux, ni plusexact, ni plus au courant de tout ce qui se fait queM. Debrunner. Consulter cette grammaire, c'est se donner

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COMPTESR!:KDUS

102

la meilleure chance d'être précisément renseigné sur tousles faits, sur toutes les idées.Cette sixième édition n'est. il est vrai, qu'une reproduc-

tion mécanique de la cinquième le prix de fabrication deslivres a tellement grandi et en Allemagne plus encorequ'en France qu'on est souvent amené à procéder ainsipour maintenir desprix de vente tolérables. MaisM.Debrun-ner a paré au mal en multipliant les additions et corrections.Ces additions, rédigées sous la forme la plus succincte, rem-plissent les pages 291-322. La bibliographie des dernièresannées, qui a été abondante, y est amplement signalée et enpartie utilisée. Les renvois de M. Debrunner ne sont pas deceux que fait aisément le premier venu ils témoignentd'une lecture personnelle variée, attentive, et sont étonnam-ment exempts de banalité la saveur en est singulière.Ces pages se vendent à part, et les personnes qui possèdentla 5~édition n'auront qu'à se les procurer pour mettre à jourleur exemplaire. Les additions faites dans le cours du livren'ont pu être que minimes.Les remarques suggestives abondent dans ces additions,

et elles donnent souvent à penser.A propos du § 111, Rem. 3, M. Debrunner renvoie à une

une observation de M Niedermann qui, entre et M-~uL. XXH, 30 aperçoit une différenced'ordre affectif. Sans lacontester, il faut noter aussi que J)~ est une forme ano-male. et que la substitution de M-yt:~à :B:, MT&:dans le par-ler courant a dû être, au moins en partie, conditionnée parlà. Ce n'est pas un hasard que le texte qui a le nom.-ace.:3.: ait le génitif M-j.A propos du §12-i.. la graphie x~t.xT, d'un papyrus et

d'un manuscrit, est cdnnrmée par le témoignage d'une ins-cription. Les graphies de ce genre expriment la tendance dela langue populaire à mettre en évidence les élémentsconstitutifs de certains mots. Mais la prononciation nerépond pas nécessairement à la graphie. Le mot a:p~x-:pc~a eu un grand succès emporté en Occident, il a fourni, onle sait. le nom de « médecin » au basque et à l'allemand.Le 197, en marquant l'élimination de l'accusatif de rap-

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KtK.U'KA A

10:~

port au profit du datif, signale un fait dont la portée au pointde vue de l'histoire de la langue dépasse de beaucoup lavaleur propre. La note qui souligne ce fait et en fournitde nouveaux exemples, en même temps qu'elle signale des

parallèles, est la bienvenue.A. M.

KtKAUEA. y~~e~ de la joop.Meyrpc~Memonodique. Riga(Valters et Rapa), 1931. in-8, 192 p. (Latvijas MM!'ue~z'-tales raksti, ~7o~(/'c~ un //7o.o/CM /a:/ft<~a~~~er~/a.Il, 1).

M. Kikauka a déjà exposé ses idées en grec. Il leurdonne en français (avec bref résumé en lette) leur formedéfinitive, qui est nette et qui fera beaucoup pour amener lesdoctrines à une pleine clarté. L'essentiel est qu'il repoussetoutes les théories récentes qui opèrent avec des rythmessouples ne comportant pas retour de temps forts à inter-valles égaux. 11demeure sur les positions de Westphal qui.en cas de difficulté, rétablissent l'isochronisme par diversartifices, notamment par le prolongement de certaineslongues. Il est donc en opposition complète avec l'exposérécent où M. Otto Schroeder a résumé brièvementses idées(<?rMM< der ~ce/:Me/;p?! Fe~~ye-yc/M'cA~,Heidelberg,1930) et tout en indiquant l'idée et en citant mon livre,il n'admet au fond rien de la doctrine enseignée comme cer-taine dans mes 0~Me~x/!</o-<?M~o~eenn~<~e~??:p~p.7'cc~.Comme tous les auteurs qui ont fortement présente à

1 esprit la prononciation grecque moderne. M. Kikaukaest très gêné par la conception purement quantitative desmètres grecs. il n'en conteste pas la possibilité, et il n'ose-rait pas s'inscrire en faux contre la doctrine fermementenseignée par M. 0. Schroeder. loc. cit.. p. 13. Seulementil en est incommodé, parce qu'un moderne a peine à réaliserune pareille métrique, et que son souci constant est, nonpas seulement de concevoir, mais de réaliser par la voix et

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COMPTESRENDUS

!04

pour l'oreille les rythmes qu'il décrit, ce qui, pour les genspariant des langues modernes de l'Europe, est chose à peuprès irréalisabte. S'il était.linguiste. il en prendrait son partil'historien des langues est forcé d'opérer avec des languesqu'il n'a pas le moyen de réaliser et dont, dans les meilleurscas, il n'utilise que des schémas généraux, connus avec plusou moins de précision.Quant à l'affirmation de l'isochronisme qui fait le fond de

l'exposé, c'est pour M. Kikauka, un postulat qui lui semblenécessaire. Mais ce n'est pas d'affirmations qu'on a besoin,c'est de démonstrations, et le livre n'en apporte aucune.L'auteur n'accepte ni la liberté rythmique du chant grégo-rien, qui est admise par les maîtres actuels de cette étude,ni l'importance de la liberté du rythme chez les musiciensmodernes qui se sont évadés de la prison des rythmes sim-ples de la musique classique. Pour lui, l'isochronisme desmesures fait partie des« lois immuables du rythme (p. 20).Or. c'est justement ce qui est en discussion. L'auteur est sifort dominé par son idée préconçue qu'il la met dans destextes ou elle n'est pas. Citant le texte où Aristote opposeles métrés fixes de la poésie aux rythmes libres de la prose,ii y voit l'affirmation de l'isochronisme là où il y a simple-ment affirmation du fait évident que, en poésie, les inter-valles entre les temps forts sont exactement définis. QuandAristoxcne enseigne que tous les vers se laissent découperen pieds, i) ne dit pas que ces pieds ont des durées égales.Si les vers grecs se laissent ainsi découper en pieds quipeuvent être inégaux il n'en va pas de même des versvédiques, dont la ressemblance avec certains vers grecs estfrappante. Ainsi reste vraie la formule que « le vers estantérieur au pied ».

A. M.

G. RoHLps. ~ymo&~Mc~M ~~r~Mc~ der MM~e~!<a-~ey!MeAe?:G?'a~a7. Halle (Niemeyer), 1930, in-8",xL\'u-393p. et écarte.

HI.Rohifs étudie depuis longtemps les parlers de l'Italie

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G. ROHLFS

i05

méridionale: il a enquêté la région pourl'aitasJabers-Jud. itla cognait à fond. Entre autres choses, il a étudie les parlerssrecs de la Calahre, et il est arrivé à la conclusion que, aulieu d'être comme on l'admettait d'ordinaire, des parlersd'immigrés ayant apporté de Grèce à époque moderne des

parters néo-grecs, ce seraient des débris de parlers grecsanciens qui auraient naturellement subi l'influence de la

y.<'r, et dont le développement aurait été parallèle a celui des

parlers grecs modernes, mais ou se reconnaitraient des traces(te l'état antique. Cette manière de voir a rencontré en Italiede grandes résistances (sans parler des vives polémiques diri-gées notamment par M. Battisti, qu'on voie les observationsde M. Ribezzo, 7~'r. m~XYI [1930]. p. !03 etl'article de M. G. de Gregoris, .Ze~e/ ro/M. /7., L.

p. 696 et suiv.). Mais comment expliquer autrement quepar!a survivance d'éléments non ioniens-attiques des formestelles que Ax-<s:,s: -S.: sx'ssc'j, '/27E. etc. Il y aura lieude déterminer quelle est, dans les parlers grecs de Calabre,ia part de colonisation venue de Grèce du v; au xn'' siècle.Mais un mot local comme A'<7MM!< a Bava, et tous lesmots des parlers italiens venus de ]à, sont visiblement unancien terme local qui a survécu. En étudiant, sous le nomgrec ancien, tous ces mots des pariers grecs et les mots ita-liens dialectaux qui procèdent du grec, M. Rohifs a doncrendu un grand service. La masse de renseignements quefournit ce livre sera largement utilisée, et M. Rohifs mêmesi on le discute souvent, gardera l'honneur d'avoir amasséun ensemble de données qui servira de base aux recherchesfutures. Les hommes à qui l'on doit ainsi un ensemble defaits sur lesquels on peut travailler sont de ceux qui font le

plus pour la science.Avec raison, l'auteur a fait fieurer dans son dictionnaire

les éléments suffixaux tout ce qui sert à la formation desnoms fait de droit partie de l'étymologie. C'est une initia-tive à retenir.Des mots qu'il étudie. il a fait deux parts les mots

grecs qui sont son principal objet, et les mots non grecs quifigurent dans les parlers néo-srecs de la région étudiée. [I

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COMPTESRENDUS

-t<)6-

les a traités séparément, et il a classé par matière ces motsétrangers. Autre initiative intéressanie.L'heUénisie trouvera beaucoup à prendre dans ce livre..

Par exemple, l':A~x c pays pierreux x qu'il fournit pourraitrappeller /& qu'évoque M. Rohlfs, et l'on peut penser qu'ily avait ici une ancienne prothèse la prothèse est chose cou-rante devant X.

A. M.

LATINETLANGUESROMANES

J. B. HopMAXx. Z<a~??Mc~~ e~~o~McAe~ WM~er-~Mc/tvon Aloïs~'ALDE.2 et 3 Lief. Heidelberg (Winter),i930-!93L in-8", p. 81-240.

Ces deux livraisons nouvelles vont de au~c à coccolo-bis. La publication marche lentement à ce compte, il fau-dra bien des années pour t'achever on n'en saurait fairereproche à l'auteur qui supporte la lourde charge du 7~-saurus mais qui aussi en apporte le profit au dictionnaireétymologique et qui remanie le travail de Walde au pointd'en faire un ouvrage nouveau, excellent. Le livre n'a pasété seulement remanié, il a été augmenté la p. 2~0 de la2" édition conduisait jusqu'à dominus l'édition de M Hof-mann n'amené que jusqu'àeoeco~M. Et le texte est d'uneextraordinaire densité. On peut avoir patience avecM. Hof-mann ce qu'il donne récompense de l'attente.Pendant l'impression de ce compte rendu a paru le

4" fascicule qui va de la p. 241 à la p. 320. Le dernier motest cycnus.

A. M.

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A. ERNOI'T ET A. MRtLLET

f07–

A. ËH~OL'Tet A. MEILLET. D~MMM~eC~TKO/O~'yMC de

/</Me latine. ~9~~p des ~ïo~ Paris (Klincksieck),i9~2,'in-8", xtx-~108 p.

Ce dictionnaire étymoiogique ne prétend pas faire concur-rence à ceux qui existent, en particulier à celui de M. Waldedont M. J. B. Hofrnann donne maintenant une excellentetroisième édition. Et même, dans la bibliographie, le lecteurest simplement renvoyé à 1 ouvrage de Walde.Un latiniste et un comparatiste se sont associés pour

l'écrire.Le latiniste a cherché a rendre compte des mots latins.

dans toute la mesure où il l'a pu, par des faits latins, à l'in-térieur du latin même et de montrer les rapports que sou-tiennent entre eux les mots latins. L'influence des languesde civilisation qui ont agi sur le latin, l'étrusque à date an-cienne. puis le grec. durant toute la période historique, aété signalée autant qu'il a été possible.Le comparatiste s'est surtout souciéde critique. Convaincu

qu'une étvmotogie qui n'est pas évidente ou au moins très

probable est inutile, il a laissé sans explication tous lesmots dont l'origine n'était pas bien visible c'est-à-dire

qu'une large part des termes populaires et techniques estdonnée comme étant d'origine inconnue. Quant aux motsdont le caractère indo-européen est certain ou très probable,on s'est eubrcé de serrer de près la forme et le sens des ori-

ginaux indo-européens, de réaliser ces oris'inaux.

L'objet commun des deux auteurs a été de tracer. avectoute la précision que permettent des données malheureuse-ment incomplètes et imparfaites, l'histoire des mots latinsde l'indo-européen commun jusqu'à la fin de la périodehistorique du latin ancien.La pensée commune des deux auteurs est que donner

l'étymologie d'un mot. c'est en tracer l'histoire. Le livre

qu ils publient s'eliorce d'être un livre d'histoire.t'n livre comme celui-ci vieillit vite il est dommage

qu'on n'ait pu v utiliser les belles notes de -M.Bcnveniste

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COMPTES RENDUS

-108-

sur f?/M (ou l'étymologie donnée dans le D~c~wï?!c:'r<?est réfutée), sur f/c?Met sur ?:e?MM~dansB. S. L., XXXH.p. 68 et suiv. On n'a pu le signaler qu'à l'~y~.

A. M.

AtAROUZEAU.La prononciation du latin (Histoire,/~eoy'/e, /)~a~Me). Paris (Belles-Lettres), 1931, in-8,25p.

Gf petit volume inaugure une Série jocf~~oy~Me de laSociété d'études latines. M. Marouxeau, qui a le sens de('actualité et qui sait intéresser les membres de sa société,y expose, avec sa netteté ordinaire, une question discutéeen France et où il est bon de mettre de la clarté. Hy a chezle Français trois manières de prononcer le latin unemanière traditionnelle, une manière linguistique qui vise àse rapprocher de la prononciation antique, et, enfin, cheznombre de prêtres catholiques, une manière italianisante.Si l'on néglige cette troisième manière, qui est une desmarque de l'ultramontanisme dans l'Eglise, et qui, en elle-mt'me n'est pas défendable, il reste à choisir entre devieilles habitudes et un effort pour retrouver la traditiondu latin antique, M. Marouzeau n'a pas de peine à mon-trer que la prononciation traditionnelle s'écarte beau-coup de L'antique sur ce point, pas de discussion. Mais,pour des Français, elle a l'avantage de faire sentir combien)e vocabulaire français qui est en si grande partie prisau latin écrit est proche du vocabulaire latin. Il va desoi que. en tout cas. dans un cours de linguistique, on nepeut suivre cet usage. Dans l'enseignement secondaire, laprononciation traditionnelle a sans doute plus d'avantagesque d inconvénients.La façon dont est présenté l'état du problème pour le haut

moven âge n'en donne pas la nuance juste. Jusqu'à Charle-magne, on n'a pas distingué la langue parlée du latin: et iln'y a qu'à regarder les textes écrits à cette date, comme ]'a

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H. K)h:CKEKS

i09–

fait M. F. Mulier, pour voir que le latin était prononcésuivant l'usage de la langue vulgaire. A l'époque de Char-

femagne, on a pu tenter de restituer des consonnes quin'existaient plus dans la prononciation, mais on s'est servide phnnétismes dont on disposait le sort de A'aecM~w!donnant t'r. siècle illustre ce compromis de l'époque caro-

lingienne. En matière de prononciation, il n'y a jamais detradition continue d'un état ancien, mais, d'une part. évo-lution dans le parier courant, de l'autre, restauration dis-continue dans la langue savante.D aucune manière, un Français ne peut, sans un dressage

qui serait long etdimciie, prononcer vraiment le latin a l'an-

tique réussir a opposer les voyelles longues et les voyellesbrèves, à ne pas rythmer les moi.s en insistant sur la finale.a élever la voix sur les syllabes toniques est un tour deforce dont peu de gens sont capables. M. Marouzeau a trople sens de la réalité pour ne pas le dire franchement. Deslors le latin est défiguré quand il est lu par un Françaisdaujourd hui. Et il serait fâcheux de faire marquer unaccent d'intensité à la place du ton latin car on fausseraittous les vers.

A. M.

E. KtECKERS. /y~o/'M'c/!e /a~MMe~e C/'s~/M~ rrTeil. ~o/e~ Munich (M. Hueber). t931. in-8.x-33~p.

Cf qui caractérise cette grammaire, c'est que l'aboutisse-tnent romat) des faits iatin.s y est considéré autant que 1 ori-~i)~' indo-européenne. 1) en faut louer l'auteur: on ne peutenvisas'er un moment (! une langue qu'en la situant danst ensemble du développement.AL Kieckers connait bien la question, il se tient près des

t'.n~spositifs et son jugement est correct et pondéré. Si l'ona un reproche a faire à sou exposé, .est d'être un peu tropmorcelé, de ne pas fair'' apparaitre assez les tie-nes s'énératesdu déve!oppement.

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COMPTES RENDUS

110

Le livre est au courant. Mais on regrettera que M. Kiec-ko's soit souvent trop réservé. Par exemple, il indique bienque le -e/'e de formes telles que lat. o.za'e a ses corres-pondants en iranien et en tokharien il faudrait maintenantajouter le hittite. Il signale le rapprochement du type la).//j;/<. nouït, en face de ~o~, et, avec skr. ya/aM en lenotant, il renvoie à mon article mais l'auteur du rappro-chement est M. Burger à qui en revient l'honneur etM. Kieckcrs n'est pas convaincu le gaulois MM~Met l'arm.c~<?i<« il est né )),montrent que les faits latins et védiquesne sont pas isolés: la grammaire tokharienne deMM.Schuize,Siée et Siegling, que M. Kieckers ne connaissait pas quandil a écrit, complète la preuve. Le problème est désormaisrésolu. L'explication de Iat._<~apar une combinaison deet du da- de eM??:M~etc., p. 312, est peu vraisemblable.

Le vrai n'est-il pas, simplement, qu'un monosyllabe das'allonge phonétiquement en latin ? Y a-t-il un exemplecontraire?.?

A. M.

M. XtEDEMIANK. T~O~g~MPhistorique du latin. Kou-velle édition. Paris (Klineksieck), 1931; In-16, xvi-279 p.

Ce petit ouvrage a été traduit en allemand. en anglais, enhollandais, en espagnol, et en russe, partout avec le mêmesuccès, que j'avais prévu en préfaçant la première éditionfrançaise; et qu'il était aisé de prévoir. Il a dû ce succès àla sûreté de la science de M. Niedermann, à la précision de1 exposé, à l'heureux équilibre qu'on y trouve entre unedoctrine linguistique correcte, bien au courant, et à uneinformation philologique tout aussi correcte, tout aussiimpeccable. Il l'a dû aussi un peu à une illusion de l'auteur.En s'abstenant de rapprocher d'autres langues indo-euro-péennes, en s'enfermant dans le latin, et en s'exprimant tou-jours avec clarté, en employant un minimum de termestechniques, tous expliqués dans l'ouvrage m&me,M. Nie-

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M.~ŒDERMAK~

–iH

dermann avait voulu s'adresser aux élèves de l'enseigne-ment moyen. C'est, chez les étudiants de Facultés et parmih's professeurs qu'il a trouvé presque tous ses lecteursquand un savant écrit un livre, il est rare qu'il ne dépassepas la capacité d'attention et d'enbrt de ceux à qui il ledestine; ayant voulu tirer bas, M. Niedcrmann a touché

juste pour les besoins d'un public de niveau plus élevé. Lefait est instructif.Par là M. Nierdf'rmann a été conduit pour la deuxième

édition à élever le niveau de son livre, tout en lui conservantson caractère de simplicité et en ne sortant pas du latin.

L'ouvrage n pas été seulement revu de près; il a été

augmenté il renferme plus de matières; quelques sujets ysont traités qui avaient été omis dans la première édition.Ainsi sont satisfaits mieux encore les besoins des étudiantssans qu'ils rencontrent de difficultés sensiblement plusgrandes. Le succès d'un livre qui dès l'abord était siheureusement conçu ne peut que grandir.Peut-ètre aurait-il été bon de toucher à quelques questions

de plus qui sont essentielles pour l'intelligence du déve-

loppement du latin et l'on ne peut se refuser le plaisir dediscuter un peu avec un savant aussi perspicace et aussiinformé que M. Niedermann.Sans doute on ne peut marquer le passage de -y- à -iy-

après consonne sans faire appel à skr. TK~c~yc/gr. p.M~en face de lat. M!<M.y, et c'est ce que M. Xiedermannexclut en principe. Mais il aurait été intéressant de noter

que l'i consonne, fréquent au début des mots, ne se trouvea i intérieur que dans c est à-dire dans le cas de/~<'<M~. 6'OM<< etc. Intéressant aussi de noter que ce

groupe n'a pas survécu en roman; où medius, .yo/K~'M~sont représentés en italien par ~cr~o, sogno, en françaispar~Mt, .~o/~yc. Au fond. ce fait est de même ordre que le

passage de -c/MTKà-CM/t</??suivi de la réduction « vulgaire »de -CM~<?/?à -r-?M qu'il aurait été aussi intéressant de

signaler. Car il y a là un des événements les plus signifi-catifs de l'histoire du latin. M. Kiedermann ne mentionnele cas dc~M~'M/a. aM~'c/o qu'incidemment, p. 34. Le jeu

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COMPTES RENDUS

H2

de saeculumlsaeclum devait être signalé parce que le philo-logue le connaît et cherchera dans le livre un éclaircisse-ment qu'il ne trouvera pas. P. lil à propos de la dissimi-lation, M. Kiedermann s'est trouvé forcé de parler d'unsuffixe -c/oM?devenu par la suite -CM/M~K;le lecteur atten-tif sentira qu'ici quelque chose lui échappe. Lors d'uneprochaine édition, tout cet ensemble de faits devrait êtresignalé il n'est pas au-dessus de l'habileté de M. Nieder-man d'en trouver le moyen.Du reste n'y a-t-il pas un peude parti pris à ne pas vouloir

signaler all. ~a& a côté de lat. co/7MMï?Et quand, p. 200. ilest indiqué que ~or/~o repose sur "~o~co, le latin mêmefournissait trace de d~s tostus expliqué p. 226.11aurait été bonde mettre en évidence certains principes.

P. 2iS: le passage de c~-à6- est signalé avec détail. Maisil apparaît comme isolé. Le lecteur se demandera ce qu'il enest de *-<~r à l'intérieur du mot; peut-être aurait-il été bonde citer ~M~MMau face de sMaefeo. Ce ne peut être unaccident que </M'-passe à < M. Niedermann n'avait pas àdire. mais on peut indiquer ici, que l'autre langue où dw- àpassé à ~-est une langue où, comme en latin, les groupesdu type consonne plus sonante tendent à s'éliminer,l'iranien. Si, après le passage de dw- à le mota~e~/M~,pris à des textes écrits, a été prononcé en trois syllabes.comme le note M. Kiedermann. c'est que, d'une manièregénérate, le groupe de occlusive plus n'avait pas sur-vécu en latin après .v, il en est de même swâd- a passérégulièrement à ~M<x< .~Mac~eô,~MCMM.Il y a là un en-semble de faits sans lequel le passage de c~< à~- apparaîtcomme un épisode sans importance. En réalité, c'est l'unedes parties d'un développement d'ensemble.La façon dont est présentée, p. 23, l'histoire de /o/M.y.

M!M/e?'fM!,etc., est trop compliquée. Il n'y a eu à aucunmoment diphtongue, de quelque nature que cesoit, dans lescas de ce genre. En latin ancien, il y avait ici -iyo-, -c-en deux syllabes. Au cours de l'époque impériale. i enhiatus, qui devait être ultra-bref, s'est fondu dans lesuivant, et l'on a eu -yo-, -ye- avec un y consonne, du type

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\V..l.tFYER-H'BKE

de ce que l'on entend dans fr. ~e.aM.r. w'°~'c~. Si, commedans y//p<M.< i'z' (''tait atone. i! n en est rien résulte pour leton. Si. comme dans /<M.?. 7?;M//cr<??K,~c~C~K, etc., 1était tonique, le ton, ne pouvant demeurer sur une voyeUeamuie, est passe sur la voyefie suivante qui. sousi'inuuencede y, s est fermée, soit /'<Myy! ~>fr. /?//eM~. ~'<C7M~>i'r.~)6' etc. Quand un auteur de basse époque, qui nesentait plus les anciennes différences de quantité, traitecomme longue l'e du ~M/?*p7M ainsi obtenu. c'est parcequ'il avait le sentiment qu'un p fermé de sa prononciationrépondait à un ancien c.P. 221, M. Niedermann attire finement ] attention sur la

parité de p de p;re~A< qui est classique, et de p de

.yo??!/MM.y.~?~/ïM/K, etc., qui sont des formes vulgaires. Ilaurait été intéressant d'en tirer des conclusions sur la fa<;ondont se prononçaient des croupes tels que -~?7-. -mn-. Pour

que on ait entendu une explosion sourde, notée de lanasale M!, il faut que la prononciation ait détaché nettementla première syHabe de la seconde, assez pour que les vibra-tions glottales aient cessé un instant entre 1 explosion de/?? et l'implosion de n ou la langue ne prenait la positiondentale requise pour Mou /qu après l'explosion. Cette pro-nonciation es! remarquable, et bien instructive pour lecaractère de la prononciation lutine.Qu on se sarde de voir dans les remarques précédentes

des reproches. La ciarié de M. Niedermann pourrait fairecroire à un non initié que la phonétique latine estclaire d'un bout à i autre. Un a voulu rappeler ici qu'il n'enest pas de plus difficile. Et il faut féliciter les étudiants dvavoir pour guide M. Xiederrnann.

A. M.

\V. MEYER-LiCKE. ~07~f7//M<?/!Mf/y//?0/0/yM<<M tf'O~/<?/<<. Lie!, i-6 (Bo~en i-24). Ht'ifi(.'îberc (Winter),i9~!)-'i93t. in-S. 320 p. (Sammhmt: rotnanischt' E)e-mentar- und HuttJbucin' ~).

Quand un savant conmh' ~i. \V. Me\cr-Lubk(.' rend u ses

ti38

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COMPTESREKDCs

–!)4–

collègues le service inappréciable de mettre son fichierà leur disposition, il doit s'attendre à être apremcnt cri-tique. Quand un linguiste publie un livre où il traite dedizaines de milliers de mots appartenant à une centaine deparlers, tout le monde sait qu'il n'a pas vérifié une à unechacune des formes qu'il cite il est évident que le tempsd'aucun homme n'y sumrait. Quand un linguiste parcourttout le domaine de l'étymologie romane, il n'a pu envi-sager l'histoire de chaque mot à tous les points de vue pos-sibles. Tous les spécialistes d'une langue, tous les savants(jui se placent à des points de vue particuliers trouvent àcontester, à l'infini. Mais le service rendu se mesure aunombre des personnes qui utilisent l'ouvrage voici que ledictionnaire de M. W. Meyer-Lubke a une troisième éditionque le maître, parvenu au terme de sa carrière, a revue etou il complète son œuvre et la met à jour. Même les lin-euistes qui ne pensent pas comme lui devront lui savoirgré de la peine qu'il a prise et du service qu'il rend à tous.Cet hommage est dû à l'un des maîtres dont le travail a étéle plus grand et le plus fécond. La façon dont M.W. Meyer-Lübke domine le domaine roman est admirable.H serait sans portée de critiquer tel ou tel détail dans

un livre de ce genre il est évident que, si l'on veut utiliserles faits cités pour une démonstration, il en faut fairel'examen. Mais il est intéressant de discuter-quelques-unsdes procédés employés.Les articles sont bâtis en partant des originaux latins

dont l'auteur signale ensuite les représentants romans. Maisil arrive souvent que les formes fournies par le latin écritne soient pas à la base des formes romanes. Au point devue roman, un original ~~eM?M n'a pas de sens. Toutesles formes reposent sur *M(m) [étant entendu, une foispour toutes, que le roman ne connaît pas -eum et a trans-formé en commun tous les e en hiatus], et le slave qui aemprunté le mot ne connaît que ~CM/a.Quitte à indiquerque la seule forme de latin écrit est 6a/MeM?K,c'est "°6a:MeM7Hqui devrait figurer à la suite de l'article. Le procédé quiconsiste à écrire auica, auca pour annoncer des mots qui

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W.MEYER-LrBKE

Ho

tous reposent sur 'auca ne saurait satisfaire un linguiste.Du reste, si <7~e<?n'est guère atteste, il semble que CM~ecne le soit pas 'lu tout.. En somme, il aurait fallu mettre enévidence un point de départ NMcc « oie H dont le rapportavec CMM « oiseau » et avec le diminutif raucellus quifournit les noms romans de 1' « oiseau Men gênerai reste à

expliquer. Tout comparatiste qu est, M. \V. Meyer-Lubkene s'est pas encore assez dégagé de l'emprise des texteslatins.Pour des mots propres au domaine gallo-roman, le pro-

totype indiqué est souvent accompagné de 1 indication

(gail.). à moins que. comme pour Ac/MM. il n'y ait (ligur.oder ke!t.) ou que, comme pour *balayum, aucune indica-lion d'origine ne soit donnée. Mais, dans la plupart des cas,ce que l'on sait des langues celtiques ne donne pas le droitd'attribuer aux mots en question le caractère celtique, eton ne les qualifie de c gaulois » que parce qu'ils se ren-contrent en Gaule. En réalite, il s'agit de termes locaux

qui existaient en Gaule. mais dont l'origine n'est pas déter-minable. Il serait bon de ne donner pour gaulois que lesmots qui se retrouvent dans les langues celtiques, ou, aumoins, dont l'extension romane correspond à l'aire du

gaulois; tel est le cas pour l'article *~e/H?o.s. Pour y~e/)/?-,M. Meyer-Lubke se borne sagement à un !co~er? C'estévidemment l'un de ces mois des anciennes langues locales

qui affluent en si grand nombre dans le Nord de l'Italie etdont les traces abondent dans l'Atlas de Jaberg-Jud.H est commode de trouver ces mots dans le dictionnaire

de M. Mcvcr-Lubke comme d'y trouver les mots d'originegermanique propres à une partie seulement du domaineroman. Mais, au fond. un dictionnaire étymologique du« roman N ne devrait comprendre que des mots avant existéen latin et qui ont subsisté ou pu subsister dans l'ensembledes langues romanes. Insérer à côté de ~6'c un ail. uhr

parce que le mot allemand moderne a été emprunté dans

i'Engadine, c'est mettre sur un même plan des choses denatures diii'érentcs, de dates diliérentes. Les autres mots,qui ont pénétré dans certaines langues après la dislocation

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COMPTESREKDUS

116

du domaine linguistique roman, ne devraient, tout au plus,trouver place que dans des appendices. Le caractère hété-rogène des articles montre qu'on est en présence du fichierd'un romaniste très érudit plutôt que d'un ouvrage systé-matique.La quantité n'est marquée que pour les voyelles accen-

tuées. Ce n'est pas suffisant. C'est z'Mra~qui explique lefr. ~/M/'p, et dans :M?'c?'e qui choque les linguistesil manqueune donnée nécessaire au romaniste.Est-ce que !'<{Më/!Mexplique it. yMMMe, esp. ~'oueM?

~e faut-il pas restituer un lat. *OKeKMqui s'expliqueaisément.

A. M.

.~ABEHG):nd JcD. tS'/)7'~C/<!<~f/jS'6!C/<Q:i'/<7~7~M und der6/<7«~'e' Band lit. Zofingen (Schweiz VerlagRin~ier), in-f", cartes 4l3-6{~2.

Le troisième volume est arrivé ponctuellement, commele préo'dent. Il est consacre aux animaux sauvages et auxplantes non cultivées. Pour les mots relatifs à ces notions,les auteurs ont rencontré des difScultés que signale avecsoin une préface; ces difficultés ne sont pas propres audomaine enquêté à des degrés divers, elles se retrouverontpartout cette préface a une portée générale, et tous lesenquêteurs, tous les lexicographes auront à en faire leurprofit.Ces difficultés ont amené à donner, sur beaucoup de

caries, des explications de détail qui sont instructives etprêtent a beaucoup de réflexions.La carte 462, sur le nom du « frelon a donne lieu à des

observations de ce genre. La façon dont sont réparties lesformesdonne lieu de croire que la forme ca/a~OMede l'ita-lien aurait subi une influence osco-ombrienne; car, sur ledomaine de l'ancien ombrien apparaissent les formes à f,ainsi ~<7/o~ etc., et l'on retrouve s/cra'/ë~ près de

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PEDROTTI Y. BERTOLD!

117

Naples. La singulière contamination avec le .~corc~~M.y ne

peuts'expliquer que dans une région ou l'on avaifeû/'a~et en enet la forme italienne ~c<x/'<x/û provient, d'anciens

parlers osco-ombriens, ainsi que le montre un coup d oeilsur la carte ~'o~ay/j'o de l'Atlas. Les formes à 6, comme/fa~ro?!e qui est toscan, reposent sur une contaminationdes formes osco-ombriennes avec la forme latine c~M~o.Si cette hypothèse, à laquelle il est difficile d'échapper, estexacte; on aurait ici un bon exemple du passage dc~'à/r;qui est bien établi pour le latin, mais dont on n'avait jusqu'àprésent aucun témoignage valable pourl'osco-ombrien.Onvoit quels services peut rendre l'atlas même à l'étude desanciens parlers italiques.

A. M.

PEDnom-V. HnRTOLDi. .Yoy?!<<a~«/2 oW/e ~/M~eMc~/cMe f/ y/'cM~ e </c//e ~M<a Do/o~ca, ~rM!in c.?<7~?erial /)u/o di UM/a della botanica. della lin-

</M<ca e del folclore. Trente (Monacini). [1930], in-8.xti-~88 p.

Pour élever un pareil monument, il a fallu la collabora-tion d'un botaniste et d'un linguiste. Des qu il s'agit determes techniques, on ne peut en eu'et aboutir que grâce àl'étude simultanée des choses et des noms, et cette étudene peut guère être poursuivie utilement que par une colla-boration telle que celle dont Pedrotti et M. V. Bertoldiviennent de donner l'exemple. Et il ne suffit pas d'exa-miner les mots il faut aussi indiquer comment ils sontconçus par les sujets observés. Il y a dans ce livre unensemble de données qui est extraordinairement instructif.On sait combien M. Bertoldi a l'esprit constructif et avec

quelle méthode sûre il construit. On aperçoit ici son talentsons un autre aspect celui d'un grand ramasscur de faits.Ces faits ont été réunis par un maitre qui en voit la portéeet la fait sentir.

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COMPTES RENDUS

H8

Entre autres traits, on remarquera la grande part quejoue l'étymologie populaire dans les mots observés. Unnom de plante est toujours plus ou moins un terme tech-nique et, quand un mot de ce genre, qui est rarementfixé dans la mémoire des sujets parlants, est accepté par la

langue, une réaction naturelle le fait adopter de manière àce qu'il en fassevraiment partie. Les mots sont inégalementsujets à de pareilles adaptations.

A. M.

E. G. R. \ATERS. ~4.Hold italian version o f </t<?Navi-~a~'o Sancti .Z~e?ïofa?M.Londres (Oxford Universitypress), 1931. in-8, (vii-)86 p. et une planche.

Ce texte préparé par le regrette Waters apporte à l'étudede l'ancien italien des données utiles. Les faits caractéris-tiques au point de vue de la langue sont signalés dansl'introduction. On remarquera l'influence du vocabulairefrançais sur le vocabulaire italien au xnr' siècle.

A. M.

C. BATTISTI. ~*0~0/ e /~MP ~e/ alto .Ac~S. tS*~M<~M//a /o~ï~c e'~o~/p~ïa. Florence (Bemporad), 1931,in-8, xi-401 p. et 3 cartes.

Le report jusqu'aux montagnes dominant le pays de lafrontière entre l'Italie et l'Autriche a posé des problèmesnouveaux. La haute vallée de l'Adige a été latinisée autre-fois mais l'avance germanique a refoulé au Sud de la lignede faite les limites entre parlers allemands et parlersromans enfin les conditions politiques nouvellement crééesont pour conséquence une offensive de l'italien. Intéres-sante pour le linguiste en générai, la question des parlersromans dans les hautes vallées de l'Adige a maintenant,pour les Italiens, un Intérêt d'actualité.

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E. F.TtSCOUKIA

119

M. C. Battisti a employé à eclaircir cette question difficiletoute son érudition, qui est vaste, et le talent de linguistequ'on lui connait. II l'a examinée sous toutes ses formes,en commentant par la préhistoire: en finissant par lessituations d'aujourd'hui. On ne peut, ici, que signaler cetouvrage considérable. Pour le discuter de près, il faudraitla compétence d'un connaisseur des parlers romans de larégion alpestre orientale.

A. M.

Amado ÂLoxso. /r«6~a~ de dialectologia /û!?!0-americana. Buenos-Aires, 1930, in-8, 175 p. et unecarte (Instituto de filologia de l'Université de Buenos-

Aires).

Estudios sobre el p~a~«/ de A'Meuo -V~o, por AurelioM. EspiNOSA. 7~6f</MCC!'dny ree/n&o~cr!'uM co~ notas porAmado ALoxso y Angel RosEXBLAT,I, con nueve estudios

conipternentarios de Amado ALOKSo.Buenos-Aires, 1930,in-8, 472 p. et 1 carte (Biblioteca de dialectologia hispano-americana, !).

E. F. TiscoRKiA. La /eH~Ma de « ~/c~< ~'eryo )).Buenos-Aires, 1930, in-8, 317 p. et une carte (Bibhotecade dialectoiogia hispanoamericana, IM).

Les pays neufs ne s'intéressent en généra] guère à la

philologie le fait que la République Argentine possèdemaintenant un institut de philologie actif est l'un des faits

qui montre que le pays a déjà des traditions et que l'intérêt

pour les recherches désintéressées v est vif. M. AmadoAlonso a pris la direction de cet Institut, et il y a apportéles traditions et méthodes du brillant Centro de Madrid.Voici trois ouvrages qui attestent l'activité déployée par lui.Ils montrent ce que l'on en peut attendre pour la linguis-tique.Les volumes d'études originales de M. A. Alonso inté-

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COMPTES RENDUS

ressent au point,de vue général comme au point de vue del'espagnol On y voit de bons exemples de la réaction de lalangue correcte et cultivée contre des tendances populaires.Le chapitre sur Consouantes ~Ya~'eas est à noter en parti-culier.La traduction des travaux de M. Espinosa n'a pas seule-

ment l'utilité de les rendre aisément accessibles aux hispa-sants. Ces travaux y sont rafraîchis et renouvelés.Le troisième des ouvrages annoncés offre une étude

systématique et complète.A. M.

Hans I\LAU!. Die jSe~e~cA~M~e?:/w K Ae~eZ MMG~o~oM<?/ZMcAeH.Aarau (Sauerlander): 1930, in-8,109 p.

Les expressions pour la notion de « brouillard diffèrentbeaucoup suivant les parlers dans le domaine gallo-roman,et elles proviennent d'origines diverses. M.Klaui les étudieen se servant notamment de l'Atlas GiUiéron-Edmont. Letravail est exécuté avec soin et avec la compétence qu'onpeut attendre d'un élève de M. Gaucbat. Les procédés qu'ilsignale doivent avoir eu, en partie, des aires plus étenduesque celles qui ont été fournies à l'auteur par les sourcesqu'il a utilisées. Par exemple fumée se trouve, je crois, enBerrv.

A. M.

Alf LoMUAnD. Les COM~C~O/M~0~<ï/('.? <<77~le/aMfCM MÏOf/cy/M.Êtude .X'MC et .~y/M~/C.Upsal (Almqvist), 1930/vm-298 p.

La tendance qu'étudie M. Lombard est réelle: elleméritel'ample étude qui en est faite avec un soin attentif, avec uneprécision qui va jusqu'au détail, et aussi avec un luxeextrême de divisions et de subdivisions. Mais il ne faut pas

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ALF LOMBARD

t2{f

être dupe du mot /~a~~M moderne la langue écrite n'estpas le tout ni même, pour le linguiste; le principal de lalangue or. tous les faits cités sont pris non pas seulementa la langue écrite, mais au style « artiste B.Et le style deGoncourt est, dans la littérature, ce qu'il y a eu de plusartiste, de moins nature. Les écrivains chez qui s'est mani-festée le plus fortement la tendance observée ne repré-sentent pas des tendances propres du français. Le procédéqu'examine Lombard et qui est familier à ces écrivainsne parait pas naturel à qui a le sens du français il sentl'art et l'artince.Pour illustrer la tendance; M. Lombard reproduit

d'abord un exemple qu'il emprunte à un auteur antérieur.Au lieu de ils cc</c?~/?/parce qu'on /PM/'promit qu'ils ne.ycraM'<M~M/M.s', le tour élégant, « français )) serait ilscédèrent à une promesse <?/)MM~e. L'exemple n'est pasbon car les deux phrases n'ont pas même valeur céderà une promesse n'est pas la même chose que céder parceyM'OMa pronzis dans le premier cas, il y a entre céder etpromesse un lien étroit de dépendance, tandis que. dans lesecond, ce</e/ étant pris absolument, le lien avec la notionde promesse est lâche. Ce qui serait comparable, ce seraitx'&ont cec/e à la ~yo/Hp.M6qu'ils Me~?'<7~ pas ~M/?.Moude n'ë/ye pas ~M?!M or. ces phrases ne sont pas pluslourdes que la première, et elles sont plus françaisescar le mot savant, //?!~M~ y est évité. D'autre part, ellessont plus réelles car ce qui y est énoncé, c'est un acte,non une abstraction. Mais le professeur à qui M. Lombard aemprunté son exemple suivait une mode qui a été répandue:comme il est malaisé d'écrire des phrases subordonnées.beaucoup de maitres ont conseillé à leurs élevés d'éviter lesque. De plus, il v a dans !/K/)M~e une nuance que n'ontpas les formes verbales l'impunité d'une faute est chosequi choque; une personne qui sait écrire n'emploie pas ~/)M-M<~comme équiva)ent à 7!'c~e/</ï! qui énonce simple-ment un fait à mettre ~/)M/?~ sans y être invité par cettenuance, il y a ]a vulgarité qui consiste à mettre du senti-ment dans le langage hors de propos. D'autre part, une

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COMPTES RENDUS

t32

Httératurc qui se souciait plus de décrire que d'exposer desidées ordonnées trouvait dans les formesnominales l'instru-ment qu'il lui fallait. L'usage que décritM. Lombard répondà une mode, et cette mode était faite pour plaire à des lec-teurs paresseux, peu habitués à raisonner et à combiner,qui demandaient à leurs lectures des sensations plutôt quedes raisons. Les journalistes tenus d'écrire vite pour unpublic qui veut lire vite ont trouvé commode le stylenominal. Les formes verbales sont difficilesà manier, parceque la conjugaison française est compliquée. 11faut ajouterque beaucoup de formes verbales prescrites par la gram-maire, prétérits du subjonctif, prétérit simple de l'indicatif,sont sorties de l'usage parlé et tendent aux écrivains despièges dont ils ne sortent pas toujours à leur honneur; lesubjonctif présent est de moins en moins usuel. Beaucoupde verbes anomaux sont défectifs. Le style nominal permetd'échapper à des difScultés infinies, en même temps qu'ilsuppose une pensée moins nette que le style verbal. Danstout cela. il y a mode pour une part, faiblesse pour uneautre il y faut ajouter l'influence des langues littérairesétrangères, où la dérivation nominale a une vie qu'elle n'apas en français et qui s'est exercée par de nombreuses tra-ductions, peu idiomatiques. On ne saurait parler d'unetendance du français. Ce n'est qu'une tendance de certainsécrivains vers le laisser aller. Et peut-être cette mode est-elle, chez les hommes qui savent vraiment écrire, plutôtsur le déclin.Ce n'est pas à dire que je r~oo~e~'à votre appel ou je

r/c.c<?~~ f~uo~M/'eCM~'oc/~c' crre~ n'appartiennent pasa la tradition du français. Et même c/!M/cen Me~ de/'<7MOMqui est du style de fait divers et la /<M!Q~!j'o?!de~o/Me par T~OMM&Men 753, qui est du style du manueld'histoire, n'ont rien que de normal. Mais <x/~o?' dansleur existence /'zM/euM <~M</M/oyu<?(fM/!e opérette follen'est pas du « français moderne », c'est de la littératuredémodée.Sous le bénéfice de cette réserve, le livre de M. Lom-

bard, nourri de faits, d'analyses poussées, est intéressant,

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CHARLES BA1LLY

-123-

souvent sans doute plus pour l'histoire de la littérature quepour qui fait profession d'observer la langue. Mais, mêmeau point de vue linguistique, il, importede voir commenton peut énoncer la même chose sous forme nominale et sousforme verbale un trait ressort de l'exposé de M. Lombard,c'est la valeur affective du type nominal, en regard ducaractère plus purement intellectuel du type verbal, et,par suite, la vulgarité du type nominal. On s'expliqueainsi que les langues de caractère aristocratique; commel'indo-européen, soient dominées par le type verbal.

A. M.

Charles B.4.ILLY. La Crise du jFr~MpaM..Yo/c /'<7/ï~uematernelle à l'école. Neuchatel et Paris (Delachaux etNiest)é)[1930J, in-8, 153p.

Le linguiste original qu'est M. BaiIIy ne dédaigne pasd'appliquer lui-même ses idées à la pédagogie. Ce n'est pasici le lieu de discuter des applications pratiques à l'ensei-gnement scolaire. Les vues de M. BaiIIy prêteraient sansdoute à une discussion approfondie. Essayer de partir desfaits pour en dégager des doctrines a toujours tenté certainspédagogues. Hest douteux que ce soit possibled'une manièregénérale et que ce soit le meilleur moyen de former l'esprità une discipline stricte. On exprimera plus de doutes encoresur la tentative qui consiste à partir de l'usage courant.Le français normal est une langue fixée et en général

l'usage des enfants ou au moins de la plupart d'entre euxest trop incorrect pour servir de point de départ à l'ensei-gnement. A procéder comme suggère de le faire M. BaiMyon aboutirait vite à abandonner le français normal. C'estalors que la crise du français deviendrait grave car la mesureavec laquelle opère un rnaitre comme M. Bailly ne dureraitpas longtemps.

A. -~i.A. M.

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COMPTES RENDUS

Î24–

J. Ï)AMOURETTEet E. PtCHOK. Essai de ~nM~!f:e deAy/o/7!<e/y~p6!Me, 19H-I930. Tome second, illustréde 3HOOexemptes. ~.<(/ee~HOMH' Adverbe.//?/p/oMC~'OK. Phrase MO?M!'na/e.Paris (d'Artrey),[i931], In-8, 539p.

Par le premier volume, on connaît les caractères del'ouvrage une observation toujours personnelle, correcte,extraordinairement riche -un vocabulaire gâte par le soucide la nouveauté et par l'idée fausse que les mots sont faitspour décrire les phénomènes qu'ils désignent. Si l'on veuttirer parti de la substance du livre, qui est précieuse, ondevra ne pas se laisser décourager par des désignationscomme <TM.XM'K<x/W~M!eccce~o~e, c'M~EM'~a~'AcMte/b~c'-/Me/?~ Il v faut du courage.Débarrassé de la gangue où il est comme perdu, l'exposé

est intéressant car il va au fond des choses. Soit, parexempte, la délicate question de la place de l'adjectif avantou après le nom dont il estJ'épithète, p. 38 et suiv. Lesauteurs ont vu exactement le fait essentiel s'il précède lesubstantif, l'adjectif est un élément constitutif du groupenominal et a un minimum d'autonomie s'il suit lesubstantif, l'adjectif est relativement autonome. et. parsuite, il indique une notion considérée à, part. Cette diffé-rence résulte de la structure intime du français où la phrasecomporte des groupes nominaux dont les éléments sont liésau point de former des unités ce qui plus ou moins s'isoledu groupe indique une idée qui est mise en évidence pare)k'-m<me qu'on compare /?c/' !'M!<')pc<7cet MHc<?rûc~'e/7' M~//OH!M!P/?~ U??Pchaude û'~ee~'OMet M/!verbec~aM~ Tous les cas entrent dans cette opposition, commele montre l'exposé détaillé des auteurs qui, ici commeaiHcurs. ont réuni une ample collection d'exemples caracté-ristiques.Mais il faut tenir compte de tous les détails. Il n'est pas

juste de dire (p. 47) que chétif soit en usage « dans à peuprès toute la France rurale ». C/n'est plus qu'un mot

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W. VOX\ARDiUKG

125

littéraire. Le mo) usuc! c!iez beaucoup de paysans est c~e~sans consonne finale, si bien que le féminin est e/!e~e.L'adjectif cheti(t) n'admet pas d'être placé après le sub-stanhf.

A. M.

W. VOn \VARTDL'RG. jF'a?:~d~Me/«?NC~MO/~CMC/tP~n'or/p/Mc~. Liefcr. i9-20. HeIdelberg(WIn!pr).p.299-426.

La publication du dictionnaire de M. von \Vartburg sepoursuit lentement. Ces deux livraisons du volume IIIapportent la fin de e et le début de f. Mais on sait que levolume II n'a pas encore paru.On déplorera naturellement cette extrême lenteur. Par

malheur, l'auteur ne se heurte pas seulement à la difficultéde rédiger des articles aussi nourris de faits, aussi appro-fondis. et qui apportent tant d'enseignements. Il n'est jamaisassuré que la publication ne cesse pas faute d'argent. Apartir de la feuille 26 de ce volume, la 7Vb/~pM:cz/Me/<û!cesse sa subvention. L'Académie saxonne en a pris laplace, mais ne peut s'engager au delà du fascicule 22 onvoit combien précaire est la situation, et combien il importeque souscrivent tous ceux qui s'intéressent à l'ouvrage ceserait un malheur si une publication, déjà si lente parnature, devait être suspendue.L'ouvrage garde sa richesse caractéristique pour le voca-

bulaire des parlers locaux mais une part a été faite plusgrande aux termes littéraires pris notamment au latin écrit.Pour ce vocabulaire savant, M. von Wartburg se sertbeaucoup du dictionnaire Larousse, en général, avec raison.Chacun des articles importants est un mémoire originaldont la lecture est pleine de saveur.La remarque sur ptry??OMgre,à propos d'c?KO!o~. ne

donne sans doute pas la nuance juste. Si it. 6'n/&uc/'e etv. fr. M/~ouo~ représentent e.r-~M)M<~e.et non ia formeclassique émouére, c'est que, d'une manière générale. les

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COMPTES RENDUS

126

langues romanes, et, en particulier, le gallo-roman ontlargement ramené au type étymologique les verbes latinsmunis de préverbes. Est-ce que v. fr. espaindre ne repré-senterait pas *e.E-pG:H~creplutôt que c~~c/'c, qui adonné it. ~o:'M~pre?A propos des représentants gallo-romans de /a:~r et de

/a~'ca, il aurait été intéressant de renvoyer au nompropre. En principe, le dictionnaire ne le mentionne pas,avec raison c'est un sujet à part. Mais ici, un simple renvoia Longnon sous /a~er ne suffit pas pour indiquer tout cequ'enseignent les formes du mot dans tant de localités etde lieux-dits.Sous faire, le composé forfaire est donné comme fait

sur /b~M-/cee~. Mais le sens de forfaire s'explique malpar là. On ne peut s'empêcher de penser qu'il y a uneinfluence du type germanique représenté par got. fra-M~M~A;/c7!.Il y aurait ici contamination du latin et dugermanique.Sous */a/ca?*e~>/aMcAcr,on regrettera que le sens ne

soit pas plus exactement précisé. Sans doute fr. /CMe~"s'applique en général à tout travail exécuté avec la fauxmais, d ordinaire, faucher ne fait penser qu'au foin unefaucheuse n'est pas une machine à faucher, suivant le senstrop vague rapporté p. 378 c'est une machine à couper lefoin. La machine analogue, en général plus compliquée,à l'aide de laquelle on récolte les céréales est une mois-.MMMpM~6,parce que l'acte de récolter les céréales s'appelleen français moissonner. Et, comme les céréales ne serécoltent plus guère qu'avecdes machines qui ne ressemblentpas à des faux, on pense de moins en moins à la faux àpropos de céréales. Comme il est dit avec raison, p. 3h79,etcomme l'avait bien montré Gilliéron dans son mémoire surscier. il faut, pour suivre l'histoire de pareils mots, penserà l'histoire des techniques. A aucun moment, on n'a pu« faucher )) commeon « moissonnait » parce que le foincoupé reste tel quel sur la prairie tandis que les céréalessont réunies en javelles et liées, double opération donts'acquitte la moissonneuse actuelle.

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E. HUGUET

t27

Les deux articles */<</ ~> fr. /a~?c et /bM:??p sontcurieux. M. von ~Vartburg explique les formes i f. Mdu

groupe de faine par l'action du représentant fou de /M~M~.La forme de /oM~<e' et les formes pareilles l'embarrassent;)e lat. /b~~e, dont il parle, n'explique rien. Le plus simpleserait de penser que, un Hotk'ment ayant iieu entre a et Mdansie groupe de /a: on l'a reproduit dans le groupe de

/OMMC, puis qu'il v aura eu répartition. Type de faits

romptique, mais intéressant à observer. Pour confirmercette hvpotbese. il faudrait examiner la répartition desformes suivant les pariers.L'article /c/M/)/M montre comment certains mots de

caractère populaire sont instables. On y est sur un solmouvant, et on ne peut s empêcher de penser que l'auteur

Y a mis beaucoup de mots dont il ne sait que faire. Plus lesmots sont instables, moins l'étymologiste a les moyens derien démontrer. En somme. le linguiste n'est pas armé poursuivre l'histoire de mots comme /7o~< Les faits énu-rnérës. avec leur obscurité, leur caractère fuyant, sontnéanmoins d'un vif intérêt, précisément parce qu'ils posentun srand problème.

A. M.

E. HuGUET. Dictiunnaire de la /c~yMe /a?~caMe </MA'r/" siècle. To:ne deuxième. Fascicules 13-16. Paris

(Champion), t930-i93L in-S, p. 16i-8<).

Le dictionnaire de M. Ilu~uet est le seul erand ouvragequi ait été fait, depuis longtemps, sur la lexico~rapilie his-

torique du irançais. On est d'autant plus impatient d'en

profiter. et l'on regrette d'autant plus que la publicationen soit si lente. Au train dont cela va, Fauteur risque d'êtrecentenaire avant qu'on n'en ait la fin. Le mot clou est ledernier traite.Sans doute le dictionnaire de M. Hus'uet (.'si-il trop un

simple recueil de faits, et l'on aimerait, par exemple devantc/~MC/~cr. apprendre que ie mot est usuel dans une partie

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COMPTES RENDUS

128

au moins de la région du centre_dc_la France, de mêmeque i'adjecLifro?MC/?~au sens de « consentant ». Le sens,peu exact, donne à c/M~' aurait pu être précise en évo-quant le sens du mot dans les parlers du centre de laFrance. La façon dont se sont embrouillés co~~croM*etcoM:e/' aurait pu être notée, et ce qui est dit de eo~a~Msous cu??!~ayoM~edispensait du second alinéa de com~a-ra<r 1. Mais ces menus regrets n'enlèvent rien à la re-connaissance que l'on doit à M. Huguet pour la masse defaits qu'il apporte.

A. M.

J. H&LST. Z~/e~'OH~a~eliégeois. 7'' et 8' fascicules.Liège (Vaillant-Cormanne), 1931, in-8, p. 385-5~2.

Le dictionnaire wallon de M. Haust forme, sur un planmoins vaste, le digne pendant du C/o~oz/'c du ~a~OM</ela6'?<e ~o~6'M</e.Avec ses illustrations dues à MM. Re-monchamps et Salme, il forme comme un recueil dechoses de la vie populaire. L'impression en est assezavancée, puisque le Sefasciculeva jusqu'à ~M?~M.L'activité de M. Jean Haust est grande. Il vient encore

de publier le fascicule Y de la commission de toponymieet dialectologie la philologie M?c//oyMeen 1930 et ilcollabore aux ~!yM~/M du M:M~ede la vie wallonne dontles n'" 21 à 24 du bulletin viennent de paraître.

A. M.

L. GAUCHAT,J. JEAKJAQUET,E. TAppOLET,avec la collabo-ration de E. MuRET. Glossaire o~ p<?<OM /a 6'M:e~'OMMMQfe.Fascicules 1-VII. Keuchatelet Paris (Âttinger),192i-i930,in-i, p. 1-448.

Ces sept fascicules représentent le début d'une œuvredont aucun de ceux qui l'ont entreprise n'espère voir la

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K.MtETHUCH

!:)

fin ils ne conduisent qu'au mot GM~OM~ On aura quelquesoupçon du travail accompli si l'on sait que, en 1930, a

paru le trente-deuxième des rapports de la commission derédaction du glossaire. Les maitres qui ont eu le couragede préparer un tel monument auront du moins la satisfac-tion d'en avoir réuni tous les matériaux il serait troptard pour les rassembler maintenant, car l'état du voca-bulaire qui est décrit est déjà en grande partie disparu, ouachevé de disparaître dans la plupart des localités en

question au fur et à mesure que s'éteignent les vieillards

qui le connaissent ou qui, du moins, en conservent le sou-venir. Les articles, signés par chacun des auteurs, seront,pour leurs successeurs, des modèles difficiles à imiter, mais

qui les guideront.Bien entendu, les articles de ce glossaire qui sont des

monographies détaillées n'intéressent pas seulement lesromanistes. De pareilles études font sentir à tout linguistela misère des données que l'on possède d'ordinaire sur lesmots. Sans avoir l'illusion qu'on puisse obtenir ailleurspareil ensemble de faits, c'est déjà chose importante quede voir nettement combien 1 un est loin de disposer desdonnées souhaitables pour l'histoire du vocabulaire. Riende plus instructif ni de plus propre à rendre modeste et

critique le linguiste, à montrer les dangers et les difH-cultés de l'histoire des mots. c'est-à-dire de l'étvmologie.On ne peut ici que recommander cette publication à

l'admiration des linguistes.A. M.

li. MtETuucH. –~re:c/u/?~eKfOM6'e~e~-M//«7M/ey? im 6'<7//o/'07KO?;?'~c/!<<.Aarau (Sauer!ar!d<r),1930, in-8. 128 p.

Cette thèse de Zurich fait honneur à renseisrncment d'uneuniversité où Je romanisme est si brillamment représenié.Les faits ont été en notable partie recueillis sur place, par

12 J

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COMPTES RENDUS

)30

M.Mietillicb lui-même. au cours de randonnées en moto-cyclette à travers la France. L'auteur dispose ainsi d'unmatériel considérable, plein de saveur. Il le rend présentau lecteur par de bonnes figures. Il a été formé par desmaîtres qui savent ce que vaut un exposé précis de la valeuret de l'emploi de chaque mot, accompagné d'une localisationgéographique exacte il y a vingt cartes. L'auteur a disposépar ordre alphabétique les mots qu'il a rencontrés et adonné pour chacun une étude plus ou moins poussée. Peude ces termes ont eu accès à la langue littéraire. Pour leprincipal, qui est le fr. ~<?M~,M. Micthlich ne se satisfaitd'aucune des étymoiogies proposées, et il aboutit à l'idéequ'il représenterait. un ancien terme employé en Gaule,conclusion intéressante car cesvieux mots apparaissent deplus en plus nombreux. Le vocabulaire de la langue géné-rale. qui est presque tout latin, dissimule les survivancesdes anciennes langues du pays.

A. M.

M. A. ROBERT-JURET.Le6'~<~OM~ la région de ~M~-nus. Les travaux de la campagne. Tournus (Société desamis des arts), 1931, in-8, 136 p. et 1 carte.

La belle-fille de notre ëmtnent_confrère, M. Juret. vientdo publier un ouvrage qui est d'un type excellent, et donton doit souhaiter qu'il en suscite nombre de semblables.Le livre comprend trois parties.D'abord une description des travaux de la campagne avec

indication, à chaque fois, des noms locaux qui s'y rap-portent et avec des dessins dont quelques-uns représentantk travail même sont pittoresques et instructifs à la fois, etquelques textes (p. 1-88).Suit, p. 89-118, un examen des traitements phonétiques,

d'ou ressort que, dans la région de Tournus, les parlers sontttrès diii'érents les uns des autres~ Comme d'habitude, leslignes Jisoglosses ne concordent pas entre elles. Le sujet

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VOCABL'LAtRE JL'tUD)QUE

-i31-

est traité avec une grande fermeté et une grande clarté. Lesconclusions sont instructives.P. 1 J6-<56, glossaire explicatif. Pour les noms de plantes

l'auteur ;t recouru à deux habitants du pays ayant une

compétence. En générât, les paysans ne connaissent pas ces

noms; ce qui mérite d'être noté.A. M.

~co~M~H'<<<yMP; redise- par des professeurs de droit,des magistrats et des jurisconsultes, sous la direction deH. CAf'fTA:sT.Paris (Presses universitaires), 1930, in-8.

Pour 1 étude du vocabulaire; des lexiques de languestechniques sont indispensables. Pour le français où la

langue du droit est si largement intervenue, cette utilité estparticulièrement grande. Ce n'est donc pas seulement aux

juristes que servira le lexique annoncé ici auquel collaborel'élite des juristes français. .\otrc confrère, ALOscar BIoch,v donné l'étymologie de chaque mot l'étymologie est dureste évidente le plus souvent toutefois un mot commeaval (donné à un effet de commerce) est d'origine obscuremais c'est qu'il vient du vocabulaire du commerce.C'est l'état actuel du vocabulaire du droit qui seul est

considéré. L'ouvrage n'est pas historique. Ce n'est pas sansinconvénients et il en est résulté que des éléments acces-soires sont parfois mis au premier plan dans la définition.Ce qui est essentiel à l'a~o~. ce n'est pas d'ètre licenciéen droit ou d'avoir prêté serment, c'est de « faire profes-sion de défendre devant les tribunaux les intérêts de ceuxqui lui confient leur cause u posséder le diplôme de licenciéet avoir prèté serment ne sont que des conditions spécialesimposées par l'organisation de l'ordre des avocats enFrance.

A. M.

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COMPTESHEKDUS

132

F. BotLLO-r. jLc/~<a!y~y<oM/f/6' ~'?'a/?.6'o/e(Doubs). Paris (Presses Universitaires). [1929,date de lasignature de l'imprimeur), in-8, x-351 p.

Yoici un livre tel qu'il en faudrait beaucoup. Encoren'cst-i! pas l'œuvre d'un linguiste de profession, et l'on endoit savoir à l'auteur un gré d'autant plus grand. Tout lemonde sait que le français parlé par la plupart des gensditferc sensiblement de la norme omcielle, plus ou moinssuivant le niveau social et le degré de culture et que,d'une province, à l'autre, il y a des divergences. Mais, cesfaits qui ont une importance capitale pour le développementultérieur du français et dont l'observation est instructivepour la théorie du développement des langues en général,sont peu étudiés, peu décrits, et les linguistes de l'avenirrisquent d'être mal renseignés sur un état de langue qui estpropre au plus haut point à intéresser les romanistes.Le livre commence par de judicieuses observations géné-

rales qui devront être retenues pour les études (le ce genresi, comme il faut l'espérer, M. F. Boillot a des Imitateurs.Les A'o<Msur la ~'ŒMMo~e, p. 37-76, se rapportent

spécialement à la Grand'Combe. Mais beaucoup de faits quiy sont signalés sont (lu français parle qu'on observe ailleurs,et même fréquemment. Par exemple, Les <&"AeM/'Mestune manière de s'exprimer bien connue. L'expression 6!Mvêpres m'est familière dans le centre de la France et demême à revoir, la seule différence avec ce qu'a observéM. Boillot portant sur la prononciation wè à la Grand'-Combe, we dans le centre de la France, plus parisianisé.Demême. j'ai souvent entendu en Berry c?:/7pour « enflé ?.>.~o~/?pour « gonflé s. En l'absence d'études sur l'ensembledu pays, on ne peut faire grief à l'auteur d'avoir misensemble des faits généraux et des faits locaux plus ~'en'a rien de caractéristique.Les indications sur le folk-lore sont savoureuses.Un bon nombre de ternies duvocabulaire sont accompa-

gnés de dessins au trait. Quelquefois une brève indication

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ALFRED DF. CELLES FH.S MAKIUS VALKHOFF

–):

~i<' plus aurai) ctt'' utite. Ainsi, sur ~re~~ « mauvaisemont,n' ne fallait-il pas citpr « battre la breloque M?

\.M1I,

Alfred de CELLESfils. /Vo/e beau parler de France.Ottawa, 1929, in-8, 104 p.

En luttant contre les anglicismes qui se répandent auCanada. M. Alfred de Celles instruit les linguistes de l'in-fluence de l'anglais sur le franco-canadien. Son petit livrea pour le linguiste l'utilité qu'ont tous les manuels depurisme, et l'on sait quel parti en tire la linguistique.

A. M.

Marius VALKHOFF. ~M6~M~M/'les mots /6!/?pCM<0y'~M~ ~M~ Amersfbort (ValkhofY), 1931. !n-8.330p.

Cette thèse se rattache à l'enseignement de M.SaJverda deGrave. Elle est donc méthodique et vraiment utile. L'auteurvoit juste autant qu'il est bien informé.La dernière phrase de son Errata est excellente « Cette

étymologie, qui convient aussi bien au point de vue séman-tique qu'à celui de la phonétique, est beaucoup plus évi-dente qu'une origine onomatopéique, cette panacée desetymoiogistes ». Dans le langage normal, le rôle de l'ono-matopée est si petit que. en fait, l'etymologiste n'a pas à entenir compte.Le français renferme beaucoup de mots empruntés au

germanique, et M. ValkhofU'appeHe avec raison que le trientre les langues d'où viennent ces mots est malaisé àfaire: les mots qui s'empruntent sont souvent les mêmes.les tangues germaniques sont restées proches les unes des

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COMPTESRENDUS

<34

autres et se sont emprunté des mots les unes aux autres. etun même mot germanique a pu être emprunté à plusieursreprises, à plusieurs langues diïférentes. Quand les mots ontété empruntés à des dates éloignées, dans des conditionsdifférentes, il ne se pose pas de question, ainsi pourhamenaet home. Maissouvent on ne peut décider. La première qua-lité de l'étymologiste est la critique, qui conduit àun certainscepticisme.Si le français a fourni au néerlandais beaucoup de son

vocabulaire de civilisation générale, ce sont uniquementdes termes techniques que les parlers français doivent aunéerlandais. Un trait frappe dès l'abord dans l'excellenteétude de M. Valkhoff presque aucun des mots examinésn'est entré dans la langue générale, ou, si l'un des motsest parvenu à la langue générale, c'est que cette langue l'aemprunté, en français même, à un parler technique. Le casle plus frappant est celui de boulevard les formes duxv* siècle. ~o~M~?' ~o/ue?'cy, ~o/M.'c~ye/~ etc.. sui-vant la date, sont des termes de fortification et ne sontentrés dans la langue commune que le jour où d'anciennesfortifications ont été remplacées par des voles publiques.Ainsi le mot courant boulevard n'est pas proprement unemprunt au néerlandais c'est un emprunt à un vocabu-laire technique qui le devait au néerlandais. Distinctionessentielle; et de grande portée pour toute théorie d'em-prunt.Comme tout autre fait de langue, un emprunt doit être

vu dans son ensemble, et, autant que possible, dans sonensemble de faits historiques. Soit le mot~c//<M~.L'empruntdu xvn" siècle, au sens de « lest embarqué dans descompartiments spéciaux M,peut avoir été fait à l'anglaisaussi bien qu'au néerlandais. Mais ce terme est propre à lanavigation et n'est pas entré en français. Dans la langueordinaire. on ne connaît ballast qu'au sens de « matériauxavec lesquels on consolide les traverses d'une voie ferrée Met. dans ce sens, le mot est d'origine anglaise, commel'ensemble de la terminologie des voies ferrées.L'ouvrage de M. ValkhoF n'est pas seulement Instructif.

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M.L.SJOESDEDT

1 ")"i

!i prête a beaucoup de réflexions et l'on en doit remercierfauteur.

A. M.

LANGUESCELTIQUES

M. L. SJOESTEDT. ~OMC~Me d'un parler il'landais de

A'e~i/. Paris (Leroux), 193t. x)-190 p. (Collection desdocuments linguistiques. IV).

Si l'on avait annoncé, il v a une quarantaine d'années,qu'on pourrait composer un livre de deux cents pages, dense.nourri, suggestif, simplement pour décrire, sans faireaucune histoire, la prononciation du parler gaélique d'uneseule paroisse, on aurait bien étonné. Aujourd'hui, pareilouvrage semble non seulement naturel, mais nécessaire, et

particulièrement propre à intéresser les linguistes.Pour décrire ainsi le phonétisme d'un dialecte. il ne faut

pas seulement l'avoir minutieusement observé M"" M. L.

Sjoestedt a fait. dans la localité observée, plusieurs séjoursprolongés, en se mèlant à la vie des habitants. Il faut enavoir saisi le plan d'ensemble, et c'est ce plan, compliqué,mais solidement agencé ou tout s'explique par des opposi-tions régulières, qu'expose l'auteur. Pareille descriptionl'ait comprendre la structure du phonétisme considéré etil n'y a pas besoin d'histoire pour faire apparaitre commentse comportent les pièces du système. Du reste, quiconqueest familier avec l'histoire de l'irlandais aperçoit aisé-ment cette histoire sous les faits décrits, et il v aurait eu

presque de la puérilité a énoncer bien des remarques quisautent aux yeux du lecteur compétent. Rien de plus utile,actuellement, que de pareilles descriptions, à condition

que, comme celle-ci, elles soient faites par des linguistesqui se gardent de donner chaque phonème pour un accident

singulier, et qui les présentent comme des conséquencesd un système cohérent.

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COMPTES RENDUS

136

Ce qui fait le prix d'une description aussi sobre, et qui,d'une façon volontaire, se borne aux faits, c'est que, àchaque page, elle est suggestive. Qu'on lise par exemple lap. 128, et l'on comprendra mieux comment le latin a jouéavec .~opc/MMet saeculum.M"' M. L. Sjoestedt avait déjà donné des travaux de

haute valeur. Le livre qu'elle vient de publier la montreen possession d'une manière personnelle, grâce à laquelleelle est appelée à faire œuvre singulièrement utile.

A. M.

Fr. VALLÉE. Grand <e~'o?!?M~'e/~<7Mpa'M-<?/o/?,avecle concours de E. EpKAULTet R. LE Roux. Fasc. 1-i.Rennes (Imprimerie commerciale), i93i, in-16. xnv-84p.

Ce dictionnaire n'est pas proprement destiné aux lin-guistes, mais, en première ligne, aux personnes qui veulenttirer parti des ressources du breton. Néanmoins le nom desauteurs qui est celui de savants qui connaissent le mieuxle breton suffit à garantir que les linguistes trouverontici des matériaux excellents.Les 84 pages parues du dictionnaire vont jusqu'au mot

fr. <~M~.A. M.

LANGUESGERMANIQUES

T. E. KARSTEN. Les anciens Germains. Introduction àl'étude des /aM~Me~et des civilisations germaniques.Traduction de F. MossÉ. Paris (Payot), Paris, 193~in-8". 282 p.

Dès le jour où a paru, en suédois, le livre deM. Karsten,j'ai eu l'impression qu'il serait bon de l'adapter pour lepublic français. On a déjà annoncé ici qu'une adaptation

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)'t!. K.\L'DS[;X On .\LF SOMMEUFF: H. H))!T

t:~

allemande avait paru. Ceci ne rend pas inutile ['éditionfrançaise que M. F. Mosséa préparée avec soin. de manièreà la rendre propre à satisfaire les besoins particuliers dupublic français et que d'aiiteurs M. Karsten a revue lui-même et mise à jour. On ne saurait trouver, sur la pré-histoire des Germains et de leur langue, exposé aussijudicieux.

A. M.

Tr. K.\UDSEXOgAifSOMMERFELT.7\0~ ~??!<X&-0~~0~Hefte III, Gsto(Ascbehoug), 1930-i93t,in-8". p. 2S4-571.

La 3'' livraison que des circonstances extérieures ontretardée, est tout entière l'oeuvre de M. Sommerfelt. Elleconduit au mot Bort. EHe a les mêmes mérites de richesseet de netteté que celles qui ont été annoncées déjà.Pendant l'impression <!u présent fascicule a paru unelivraison qui va jusqu'à </<7~M~ Une partie est due à

M. Knudsen.A. M.

H. HtRT. ~M</AMC//des ~yC/WMMMcA~ Teil t. Laut-und ~L/t-c/p. Heidetberg (Winter), 1931, In-8,vm-i68 p. (Indoe'crmanische Bibtiothek, 1. 2i).

ti est mélancolique de voir paraftre sous un nom nouveaule manuel du irermaniquc commun de la collection Winter.Au moment ou it a paru. le groupe des disciples deBrusmann qui s attachait à poser, à la suite de F. de Saus-sure, la théorie du vocalisme indo-européen, était dans toutesa force. Les disciples de brugmann publiaient ces manuels,encore bien nourris de faits à la manière allemande, maislimpides et ordonnés, qui ont beaucoup fait pour éclaircirles idées sur la grammaire comparée, et auxquels on ne

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COMPTES RENDUS

t38

saurait reprocher d'avoir cristallise les théories car ilsont été renouvelés quand il le fallait. Le manuel du germa-nique commun de W. Streitberg avait été comme un rayonde lumière en un domaine qui était resté sans assez defenêtres sur le dehors les faits germaniques apparaissaientdans leur ordre, et bien situés parmi les faits indo-euro-péens. J'ai eu, en son temps, de la joie à le lire. Car ilunissait l'exactitude à la clarté. Mais, comme il arrive ànombre de linguistes, Streitberg est devenu de moins enmoins théoricien et, tandis qu'il donnait de son admirablemanuel de gotique des éditions successives qu'il ne cessaitd'enrichir, il ne se décidait pas à donner du manuel dugermanique commun une nouvelle édition. Il est mort sansl'avoir donnée. Le plus germaniste des membres du groupe,Michels, qui aurait pu procurer cette édition après la mortde Streitberg, est mort à son tour. Il n'y avait pourreprendre le travail que M. Hirt, qui est demeuré théori-cien. Mais M. Hirt est. par cela même, trop personnelpour reprendre un livre d'autrui. Il s'est inspiré de l'ou-vrage de Streitberg, dont le plan était bon. Mais il a écritun livre nouveau qui est bien un livre de M. Hirt. En voicila première partie. On y trouve à plein ses brillantes qua-lités. au minimum ses défauts.Comparatiste né, M. Hirt est du nombre, plus petit qu'on

ne croit, des linguistes qui se rendent compte de ce qu'estle développement des langues, et du nombre, égalementpetit, de ceux qui osent prendre des partis nets. Il sait fairele départ entre le germanique commun et les développe-ments parallèles postérieurs des parlers germaniques son~20 où il ne faut pas négliger la note au bas de la p. laexprime une vérité capitale. Il sait dire que les innova-

tions du germanique supposent que le germanique est lalangue d'un peuple où il y a une forte part d'élémentsallogènes personne ne s'exprime plus fermement sur laquestion du substrat. Il sait marquer le parallélisme entreles innovations du germanique et celles du celtique (il aseulement tort de ne considérer que l'irlandais il faut tenircompte du brittonique, qui offre d'autres nuances, mais ne

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H.HtRT

contredit pas à la thèse g-énérale). I! sait formuler avecrigueur que le ton de l'indo-européen commun consistait enune élévation de la voix peu importe qu'il envisage, de

façon chimérique, des périodes pré-indo-européennes où ilv aurait eu un acceni d'intensité. Ce théoricien a le sens dela réalité, et il n'en noie pas les contours dans des demi-lumières troubles.On n'ignore d'ailleurs pas qu'il expose bien et qu'il sait,

à propos, faire comprendre le passé en évoquant un faitactuel. On n'ignore pas non plus qu'il est plein d'idées. et

qu'il est toujours suggestif.Bien entendu, il faut, comme d'habitude. le lire avec cri-

tique. On n'entrera pas ici dans le détail des discussions.M. Hirt apprend peu des autres: il tien! encore, p. 86, au

rapprochement de skr. jo/'o~- avec g'r. T:x0xy:-<: alors quegr. -=-x6:c montre que ~Xx6~ est de la famille de'K~M. Est-il utile de le lui redire ? Et combien faut-il de

temps pour qu'un rapprochement faux disparaisse de la mé-moire des comparatistes '? Pourquoi pose-t-il le sigDe del'identité entre des formes qui ne sont pas superposables?H n'est pas vrai que got. ~M~ et sîbun répondent à gr.::y.x et ~2 le -MMa-otiquf- suppose *-M~, tandis qu'il n'y a

pas de raison de douter que gr. ~x et ~xrépondent à skr.

<M('a..M/9/M. à lat. e~cc/M: A'e/~?/! les formes gotiquesn'étaient donc pas immédiatement utilisables p. 2i9. On est

plus surpris encore de voir que v. h. a. MM~a = g'r. '/j::la forme allemande est refaite. On ne parlera pas desmenus détails des faits. toujours imprécis chez M. Hirt,ainsi, dans cette même pasr-. lat. e</Mca/~(ainsi écrit) à côté

de/)i''pM/'x'(ainsi écrit). II faut vérifier chacun des faits cités.et c est as'açant.On ne s'arrêtera que sur quelques points qui ont de la

portée.Au 60. p. 91 et sui\ M. Hirt maintient la doctrine

suivant laquelle des groupes consistant en occlusive quel-conque plus ?/ auraient abouti en germanique a des occlu-sives sourdes. L'idée est manifestement fausse. La dispari-tion de /? dans groupes est sans analogue en germanique

\)-

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COMPTES RE~DL'S

~.u

l'assourdissement des anciennes sonores aspirées, égale-ment. Du reste, il n'y a pas un cas où les formes germa-niques à géminée répondent à un ancien groupe en Md'unemanière évidente toutes les formes supposées sont arbi-traires, à commencer par l'exemple classique de v. h. a.~°cA'<~car *?!a- ne saurait être ancien dans une racinemonosyllabique, et gr. /suM ne l'indique pas. M. Hirtadmet que les groupes occlusives plus n auraient après leton le traitement normal des occlusives, et que le passagea la géminée aurait lieu seulement après une atone maisil n'y a pas un exemple où ce contraste soit établi en fait;l'hypothèse est arbitraire. On ne voit pas pourquoi M. Hirtécarte l'idée qu'il s'agit d'anciennes géminées ayant uncaractère expressif il n'en donne aucune raison. C'est, aupoint de vue théorique, un des points ou le livre satisfaitle moins.P. i5S, § 94. En ce qui concerne l'accent germanique

sur l'initiale, les deux hypothèses possibles ne sont pas for-mulées nettement l'une est la création d'un accent surl'initiale indépendant du ton ancien, l'autre un changementdu ton ancien suivi de fixation sur l'initiale de l'accent ainsiobtenu. L'argument qui est invoqué contre une véritablecréation de l'accent initial ne convainc pas. Le fait que1 accentporte sur le verbe, et non sur le préverbe, ne prouve'[u unechose c'est que, en germanique commun, le pré-verbe et le verbe n'étaient pas fondus en un mot un desfaits gotiques connus en apportent la preuve dès lors lecaractère inaccentué des préverbes montre seulement quec'étaient des mots accessoires, comme l'indique en effetensembledes faits indo-européens. Il aurait convenu de

rappeler les faits irlandais l'accent y tombe, suivant lescas. sur le verbe ou sur le préverbe, et l'on voit ainsi que,suivant que le préverbe formait anciennement un mot unavec le verbe ou qu'il était autonome, l'accent frappe ou lepréverbe ou le verbe. Le contraste entre got. a~e~e~ etH/!e~p~o?t,signalé 89, 2, p. iiS. montre que le traite-ment de anda dans ûMo~'e~Mest celui d'un mot autonome.Quant aux accentuations M~, !'??!<!qu'on trouve chez Otfrid

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A. G. \'A~ HANEL

i~l

et dont on peut se demander si elles étaient constantesdans tous les parlers allemands anciens elles figurentdans 'tes mots accessoires <*t ne prouvent rien pour lesmots principaux. H semble que, comme le caractère

propre de l'initiale latine. l'accent sur l'initiale en ger-manique et gaélique provienne d'une véritable création,sans rapport direct avec te ton indo-européen. Cet accentinitial n'atteint pas les mots accessoires. II a eu pour résul-tat que, dans les verbes germaniques, 1 étément radical

porte l'accent; et ce fait a eu pour le développement ultérieurdu germanique de grandes conséquences. Mais cette inno-vation qui concerne le sens ne résulte de l'accentuationinitiale que secondairement et n'est pas intervenue dans lacréation du procédé. Les formes nominales, ou l'accent ne

porte souvent pas sur un élément radical, même en germa-nique le montrent assez.

L'explication de skr. aprM par un ancien *~o~f/)aA'M.qui est donnée p. 3i2 n'est pas vraisemblable en elle-même:les mots indo-européens avaient trop d'autonomie poursubir de pareilles mutilations que le jeu de la flexionsuffirait à rendre difficiles. Mais lit. <:?&'o'ra,qui n'est pasneutre; aurait du être cité: et le tokb. A ~'<ïr « larmes aest aussi féminin (v. Schulze-Sieg-Siegling, 7"6~. § 8,p. 6), ce qui montre que lit. ~crc, dont le genre concordeavec celui du lat. /Nc~7?!<7.etc., n'est pas récent. C'est le d-initial du gr. cxy. got. ~c~y qui est un élément prénxé.

A. M.

A. G. van HAMEL. 6r'o~c/! /~anf/~oeA', t~veede druk.Haarlem (Tjecnk ~VUlinf-;), 193L in-8, xix-283 p. et1 planche.

Le manuel de gotique (le M. van Hamei; qui fait partiede la collection hollandaise de manuels germaniques, arriveà sa seconde édition. Il est clair et Lien ordonné. Et, parle fait que l'auteur situe les faits gotiques dans le deveiop-

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COMPTES RENDUS

t42

pemcnt du germanique, et ne se place pas seulement aupoint de vue gotique, il répond aux besoins de la plupart(les étudiants.Sans doute. dans un manuel assez court et où il a fallu

sacrifier nombre de détails, aurait-il mieux valu ne pasinsister sur l'accent ici, le gotique n'enseigne rien, etl'on ne peut faire que des hypothèses et, en revanche,marquer plus explicitement entre autres faits caractéristi-ques la survivance du duel, qui est instructive pour l'en-semble du germanique. Les nuances d' « aspect x signa-it'-es p. 199 et suiv. n'ont pas le caractère de faits demorphologie c'est fausser le plan de la langue que demettre à un même niveau en gotique le passif, l'oppo-sition du temps et J'aspect. De même, p. 184-185, il nefaudrait pas mettre à un même njveau les « préJSxes)) etles sumxcs que, dans le verbe, emploie le gotique ce sont(tes éléments d'origine différente et. dont, en gotique, lecaractère est demeuré distinct. Onremarquera au contrairepour s'y associer les remarques présentées p. xi sur

l'usage qu'a fait Solmsen des hypothèsesde M. Sievers.A. M.

Fr. KLUGE. ~M!0/O~Me/ H'ô'McA der f~Mi~C~S?!~sracAc. 11Auflage;mitUnterstutzung durchW. KRAUSE;bearbeitet von A. GôTZE.Lief. i-3 (A ~e~M<7).Ueriin-Leipzig (\V. de Gruyter), 1930-1931, In-8, 240 p.

Ce dictionnaire a rendu des serviceséminents. Aumomentou il ~;nparaît, après la mort de l'auteur, une nouvelle édi-tion procurée par d'autres savants, il convient de rendrehommage au linguiste qui a fait œuvre si utile et dontchacun doit se sentir l'oblis~.Le livre avaitses faiblesses. Aveugle depuis 1902, l'auteur

n'avait pu le tanir au courant autanjL(]u'IIl'aurait souhaite.Mais il avait un mérite capital Kluge avait l'esprit histo-rique. ctson livre donnait, dans la mesure ou le permettaient

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JOSTTR)ER

i43

la brièveté des articles et 1 état des connaissances, une véri-table histoire (les mots. Grâce à la position de l'allemand.c'est un manuel de l'histoire du vocabulaire européen queKluge avait traité avec un remarquable sens du réel.Les articles sur les motsempruntës à datehistoriqucsont,

dans la nouvelle édition, précis et fondes sur des faits

positifs. Des articles comme T'a/j.-M~~ ou /o/~e/ sontexcellents.Quant aux mots anciens. l'auteur de la revision a un

faible pour les explications par des racines. Or c'est une pué-rilité que d'expliquer v. h. a. y~M/par une racine *~AM-visiblement, le mot est l'un de ces emprunts, de naturepolitique et juridique que le vieux germanique a faits au

celtique, et dont r<A'- est le plus remarquable le mot estceltique commun irl. //< Et, dans ce dictionnaire del'allemand moderne, il est inutile de chercher si aclise etac/My appartiennent à la racine de v. isl. aA'c, lat. <xye?*c.Dans un article sur ail. ye~e~, on peut se dispenser de

parler de got. !</f//a, etc. Ce qui est dit est plein d'erreurslit. y~/M se distingue de cw:; par le sens autant que par laforme et 1 de ce mot lituanien doit reposer sur un ancienM un ancien aurait donne K.

A. M.

Jost TRIER. Z~e~'</eM~<e n'o~c/<a~ ~??y~c~des ~'e~~Mf/M. Die C~'c/~c/ CM!e~~yMcA/zc/te/e/f/c~.Band L t'o~t der ~4.ff?~en bis rM~ ~e~M des7~' .<w:f/e/ Hcidelberg (Winter), !93i. in-8,[)v-]347 p. (Germanische Bibliotttek, Il, H)).

!1 y a dans le sous-titre un terme technique à noter,celui de « champ linguistique x. L'auteur en défend Fusa~o.dans son introduction, par de bonnes raisons, et le termedit bien en en'et ce qu'il veut dire. Par ceci que la valeurdes mots consiste en oppositions, on ne peut la déterminerqu'en examinant les mots qui figurent dans un même

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COMPTES REKDUS

!A4

Mchamp M.Le « champ » choisi par l'auteur est d'un vitintérêt: c'est celui des mots qui se rapportent à l'action del'intelligence.Si M. Trier avait voulu donner des mots qu'il étudiait

une explication approfondie.. il aurait rencontré de grandesdifïicultés. Au moment où on le rencontre dans les plusanciens textes, le vocabulaire allemand résulte de la ren-contre de deux traditions une tradition indigène et le latinde l'église. Mais les premiers textes sont chrétiens et pro-viennent de monastères sur la tradition indigène, on n'aaucun témoignage direct, et l'on ne peut s'en faire une idéeque par la comparaison avec les autres langues germa-niques. On n'a donc pas les moyens de voir exactementcomment s'est constitué le vocabulaire étudié. AussiM. Trier a-t-il décrit plutôt qu'expliqué. II énumere les faitsqu'il a rencontrés dans les divers textes et il les analyse.Comme les centres d'où viennent les textes du vieux hautallemand sont divers et, en une large mesure, indépen-dants les uns des autres, la description n'aboutit pas à untableau d'ensemble. On assiste à des recherches indivi-duelles, et à cet és'ard, les observations de M. Trier sontprécieuses.L'inconvénient du plan adopté est qu'il exclut l'histoire

particulière de chaque mot. Par exemple:pour arrivera tirerdu livre l'histoire de & il faut le parcourir d'un bout à1 autre.Pour un mot tel que /ey'/tMme~, il y aurait eu lieu

d'examiner l'influence du latin /c'MMH rappelle de prèstr. coMM'rcM~e M. Trier se borne à constater, p. 68 n.que le sens intellectuel de /me?: est propre à l'allemandc'est significatif. Et, d'autre part, est-il fortuit que rede soit).t traduction de ?'<x~?M. Trier fournit de bons matériaux. Mais l'histoire des

mots étudiés n'est pas faite pour cela.A. M.

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H. MOJMtR GEORGE 0. CL'MIE

'iCb

H. MojMtR. ï~'o~e?~Mc/<</p~c~M~c/;e~J/M~f/o?'~~o??ït~Ya'yM~M~fce.Erster TeiL A-R. hearbeitet von AdamK.LECKOWSKI.Cracovie (Gebethner). in-8, xxm-355 p.(/~o~A'o ~A'e</(?M!/<7t<e/e//ïo.~cz. /~?'û'ce ~'o??!~r.o~p; 18, 1).

Le parler de Wilamowice est une enclave allemande enPotognc, près de Cracovie. ~1.K)eczko\vski en a dujù donnéla description et montré que le parler appartient au typesiiésien. Il édite maintenant un lexique de ce parler qu'apréparé un médecin exerçant dans le pays. Ce lexique estriche, précis, et il renferme un grand nombre de phrasesqui. en même temps que du parler, donnent une idée de lamentalité des g-ens. L'auteur de ce lexique est mort. et lafin du manuscrit est perdue. Mais. grâce à des notesconservées et à d'autres moyens, la Im sera restituée. Onaura ainsi au complet un document précieux.

A. M.

George U. CurojE. 6'ï~ Boston, New-York, etc.(Heath), 1931. in-8, xv-616 p. (A Grammar of the englishIanguage,!tt).

M. Curme n'a pas prétendu; dans cet unique volume,exposer le détail d'une langue aussi complexe que l'anglais,et qui comporte tant de particularités idiomatiques. Son

objet est d'en faire apparaître les traits généraux, la struc-ture d ensemble, tels qu'on les peut observer chez les genscultivés de langue anglaise. en Amérique comme en Europe.Le livre est clair et propre en effet à montrer ce qu est l'an-glais d'aujourd'hui.M. Curme a le mérite de ne pas chercher l'originalité

facile qu'on obtient par des innovations singulières. Mopèreavec les catégories connues. Le trait particulier de son

exposé est qu'il commence par une analyse méthodique de

145

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COMPTRSHRKRUS

t4G

la phrase, et qu'il étudie ensuite la valeur des différentesformes grammaticales que possède l'anglais.Il ne se lie du reste pas à un système rigide. Tantôt il

opère avec des procédés linguistiques dont il décrit l'emploitantôt avec des notions dont il indique les divers moyensd'expression en anglais. Son objet est de décrire maissans cesse il se réfère au passé de la langue, et, quand ils'agit des emplois de noms dans la phrase, il part desanciens cas accusatif, datif, génitif, et c'est sous le nomde ces cas qu'il expose les emplois.Cette souplesse rend la rédaction facile. Mais elle offre

l'inconvénient de ne pas faire apparaître avec des lignesnettes le système de la langue. Par exemple, le titre Oldsimple !M!~e/'<x~:be/b/'M oriente mal le lecteur; peu imported'où sort la forme moderne le fait est que le commande-ment est exprimé par la forme qui sert à la fois d'infinitifet d'indicatif présent (sauf à la 3° personne du singulier) etqui est le radical des autres formes ce fait est intéressantpour la linguistique générale et caractérise la structureactuelle de la langue précédé de don't, la même formesert pour la prohibition. Il importe avant tout de ne pasnoyer ce trait essentiel dans des détails accessoires.Par exemple, il vaut la peine de noter que la forme ainsi

définiepeut servir à exprimer un vœu. Mais cela ne changerien ni à sa nature ni à sa valeur le vœu est un comman-dement adressé aux faits pour signifier que les chosesdoivent se passer de la manière Indiquée. Il y a ici un pro-''édé de « style M(en employant le terme de « style »comme M. Bally), non un fait de grammaire.Cette forme qui sert à commander offre une faiblesse

un commandement s'adresse à quelqu'un or, ni par elle-même, ni par opposition, elle ne comporte indication de lapersonne à qui s'adresse l'ordre. C'est ce qui a conduit àemployer la forme qui sert à indiquer la 2~personne, maisen insistant sur you. Ici encore, procédé de style plutôt queforme grammaticale. Et il en va de même des autres pro-cédés que signale M. Curme, p. 432 et suiv.Le chapitre du genre se compose d'éléments hétéroclites.

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SVA:\t!ERG

)47–

M. Curme y marque, bien entendu, le fait connu que,en anglais, l'opposition des genres est exprimée seulement

par le pronom personnel et l'adjectif possessif; mais il nefait pas assez ressortir l'originalité du procédé. Puisque,dans un ouvrage descriptif; il ne se refuse pas à invoquerl'histoire, il aurait valu la peine de souligner plus qu'il ne

afaitp. 555 1 explication de l'emploi de he pour les nomsde fleuves, de lacs, de montagnes, et aussi de vices, de.<~c pour les noms de vertus et de bateaux le genre desnoms français correspondants (lire fr. /!6' et non M:'e/")aété reproduit par les sujets au temps où beaucoup étaient

bilingues cette action du bilinguisme donne lieu de

penser que, dans la structure de l'anglais, le français a été

pour beaucoup.A. M.

hVA~BERG(Nils). –~M~e~s~a~'e~ teori. T~~M/M OC/<

/;Mi'o/'M/t'a' <<cy. Thèse publiée dans l'AnM/y' del'Université d'Upsal. Uppsala (Lundequist), 1930. ïn-8,xxm et 252 p.

Le livre (le M. Svanberg consiste en une revue critiquede certaines des vues dont ont été l'objet plusieurs des

problèmes fondamentaux de la linguistique. Il est composéde trois chapitres le style et la langue, la forme gramma-ttcate, la phrase. L'auteur discute les idées d'un très grandnombre de savants. On y trouvera étudiées les vues de

grammairiens c( de linguistes de toutes les époques à partirde J antiquité. des anciens grammairiens français, deHum-boidt jusqu'à MM. Croce et Humboidt et d'autres autorités

contemporaines. D'anciens grammairiens scandinaves ysont aussi représentés, mais l'auteur n'a pas cherché à êtrecomplet. Ses vues personnelles ne se dégagent pas toujourstrès nettement il s'associe, cependant, notammcntàH. Pault'n soutenant le caractère historique de la linguistique. Une

en'mmairc vraim'nt générale ne serait pas possible. On

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COMPTES RENDUS

H8

peut dinérer d'opinion avec l'auteur, mais on lit son exposéavec intérêt et,profit.

Alf SOM.~IERFEL'r.Alf SOMMERFELT.

ô~~o~ce Osloenses. Ediderunt S. Eitrem et GunnarRudberg. IX. Osloae (Some), MCMXXX. In-8, lli p.

Ce fascicule est presque entièrement consacré à desquestions philologiques, archéologiques, historiques etnumismatiques. M. Fridrichsen résume la discussion donta été l'objet pendant les dernières années l'Sp-=: M'.sj?t=:.Ilconclut que dans epioiisios «wahrscheinlich die volkstum-liche Bezeichnung fur ein kleines, bescheidenes Quantum(" Ration ») steckt. Die sprachlichen Grundiagen aber unddie semasiologische Entwicklung bleiben eine ofïeneFrage ». Seuls des documents nouveaux pourront éclaircirle problème.

Alf SOM.)IERFELT.Alf SOMMERFELT.

.Se~a ~M~cr~M~ Ediderunt H. Holst et H. Marland.Osloae (Brogger), MCMXXXI. In-8, 87 p.

Ce volume de mélanges est dédié à l'excellent philologueM. Gunnar Rudberg, qui, avec son collègue M. Eitrem. arenouvelé en Norvège les études de philologie classique.On y trouvera quelques contributions de caractère linguis-tique. M. Leiv Amundsen signale et explique une prépo-sition jusqu'ici inconnue: ~j~xpx; quiapparaît au numéro233de l'édition des Ostraca de Earanis que prépare M. Amund-sen. La préposition ~xpsa été modifiéepar yuvet le déve-loppement semble avoir été influencé par les composésverbaux en cu~xpx-. M. R. Ullmann étudie le caractèredes clausules dans les discours de Tacite. On trouve,d'après M. Ullmann, une tendance spondaïque-daetyliqueet

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SKARD (EtUY)

i4i)

trochaïque-crétiquf en même temps dans les clausules desdiscours et dans la prose non rythmée. Le tait s'expliquedonc par le caractère rythmique de la langue latine.M. E..Molland étudie et :0sv en tant que particules deliaison.Dans un intéressant article Some Oo~e~a~o~M on the

~<o??.o~ o/nc/eM~ 6'~ee~' Z)«x~ M. E. Smith s'efforce

d expliquer un certain nombre de changements phoné-tiques grecs, notamment la chute de M' et de et change-ments connexes, par une tendance générale du grec àouvrir les syllabes, tendance qu'on peut observer jusqu'àl'époque moderne. M. Smith, qui se fonde sur la théorie

syllabique de M. Grammont. parle de voyelles à tensioncroissante et décroissante. D'après M. Grammont, cepen-dant, les voyelles connaissent seulement la tension décrois-sante.Parmi les contributions philologiques un linguiste remar-

quera surtout les notes de 31. Eitrem sur des passages de

papyrus et sur les /~?<7p d'Aristophane (103 et sui\), deM. OEstby sur Sophocle. Oed. Co/ t452 et suiv., surDérnosthène, jP/~7., IM, i8 et surQuintilien, //M/. or., X,). G. de M. Thomas sur Tite Live, XXi. 18, 13.

Alf SOMMERFELT.

SKAUu(Eiliv). ~a/e/ ~~0~7 A'o~M~~ae (Dans les

.S7~<e/' de l'Académie d'Oslo, !L 1930. no. 3). Oslo

(Dyb~vad). 1930. tn-8. 86 p.

//M~o~c -o/'tfey/ae est le titre d un ouvrage anonyme,écrit en latin, trouvé en 1849 en Ecosse par P. A. Muncii.M date. à ce qu'il semble, de la dernière moitié du xn" siècleet l'auteur de l'ouvrage était probablement originaire de

l'Opland (Norvège de l'Est). M. Skard examine les carac-tères linguistiques de cet ouvrage, œuvre difficile puisqu'onpossède peu de points de comparaison. L auteur de l'ou-

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COMPTES RENDUS

~o0

vrase a dû étudier à l'étranger où il a appris son stylef]euri. Il a été influencé par la langue de laVuigate et pardes auteurs contemporains, tandis qu'il ne semble pas avoirconnu les auteurs classiques. On ne peut pas déterminerplus précisément les modèles qu'il a suivis.M. Skard a découvert,une source de l'ouvrage inconnue

jusqu'ici, l'écrit géographique d'Honorius Augustodunensis.L'auteur de la ~M~o?'a ~VoyweyM'een copie des passagesentiers.On regrettera que l'ouvrage consciencieux de M. Skard

soit écrit en norvégien. Une étude qui intéressera tous lesspécialistesdu latin du moyen âge devrait être rédigée dansune des langues principales.

Alf SOMMERFELT.

BUNKENBERG(A.) et THIELE(M.). Z~aM~ra?!~ 0/*6~0~.Fascicules 2-3 (p. 81-240). Copenhague (Hagerup), 1931.In-8 (Cf. ~7~, XXXI, no. 94, p. 184).

Ces fascicules, qui ont les mêmes excellentes qualitésque le premier, vont de ~'û'/ve-/b~! jusqu'à e~~M~o~e~T*.Sur la couverture du troisième fascicule apparaît le nomd'une collaboratrice nouvelle, celui de M°" C. Thierry.

Alf SOMMERFELT.

K.ARSTEK(T. E.). De fôrsta germanerna (Extrait de.F!?; ,MspMi?!, 1930). Uppsala (Lundequist), 1930.In-8. 30 p.

Réponse détaillée aux critiques de M. Nordiing (cf. ~M/-letin, n" 94, p. 178). M. Karsten trouve l'occasion deréfuter la prétention absurde que l'hypothèse par laquelleM. Meillet explique la mutation consonantique du germa-nique. serait inspirée par un point de vue germanophobe.

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)tAM;UARSTR~M(.'U.)F:'r KAHS'n:\ (')'. ;)

))cs linguistes allemands comme Brugrnann et MM. Hirtet Kauffmann ont exposé des idées analogues.

Atf St~MERFELT.

HA.MMARSTRÔM(M.) et K.ARSTE;(T. E.). ZM den ~<~P-/MM</6'Me~/~MMeK~c~r/<e7! aus f/ey Unterweser (SocietasScientiarum Fennica, Commentationes HumanarumLitterarum. !i!. 5). Hc'Isingfors-Leipzig (Harrassowitz),1930. In-8, 12 p. (Cf. Bulletin, XXXI, n° 94, p. 180).

M. tiarurnarstrorii maintient, vis-à-vis de M. S. AgreU,l'interprétation des inscriptions runiques de la Weser.M. Agreli avait proposé de lire s, et les signes queAI. Karsten avait lus s et ?ïM, et de lire la ligne dumilieu dp la troisième inscription de droite à gauche. Ilétait abouti au résultat suivant qu il croyait être une

inscription gotique/<7/0~? /<a~!<?/.!~«.y/<~<

et/O.MWher.

Le dessin de navire représente un navire romain etM. Hammarstrum suppos< que l'inscription est une incan-tation contre un navire ennemi romain. Les caractères de cedessin rendent probable l'authenticité des inscriptions. Maisd'autre part, la façon dont on a trouvé, dans des endroitsdifférents et à de brefs intervalles, toute une série d'objetsfaisant partie d'un ensemble, est suspecte. Dans ces cir-constances, le nn de CMM/ peut être considéré comme unindice contre l'authenticité.M. Karsten, par contre, est persuadé de l'authenticité. IJ

se demande si le dessin ne représente pas un type de navire

que les Germains avaient emprunté aux Romains ft sou-

ia)

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COMPTES REXDUS

152

tient, d'autre part. que rien ne s'oppose à une date de 3SO-

400 après J.-C. pour les inscriptions.

Alf SoMMERFELT.

JAConsEX(Lis). /Vye~M~e/b~A'M~er. Soborg. Tornby.7?~u/</p. C/auK~Mp. Copenhague (Levin et Munks-gaard), 1931. Grand in-8, J p. et 8 pl.

Dans cette plaquette, M" Jacobsen nous annonced'abord qu'elle projette de publier une nouvelle édition detoutes les inscriptions runiques danoises, 800 environ, édi-tion qui profitera des nouvelles méthodes de lecture et dereproduction qu'elle a inaugurées et qui sera nnancée parla Fondation Carlsberg. Elle nous communique ensuite descorrections à quatre inscriptions. dues à son collaborateurM. E. Moltke. L'inscription de Sohorg doit être lue ~BH/<p « le premier » et non pas ~<B~/(o'~6?) V~c? « labelle Yrsa » que Wimmer y avait cru voir. L'inscription del'église de Tornby, due à un Norvégien, que M"" Jacobsenavait lue « Thorstœin Brœidi écrit ces runes les jours dela Pentecôte, (il s'était) baucoup amusé là le matin avecJeanne M.doit être interprétée différemment. M" Jacobsenavait cru voir ioanom qui serait un datif incorrect deJohanna. De son côté, M. Marius Kristensen avait lu«Mo~i.dat. pl. du mot poétique ~'d?*«cheval». Il faut pour-tant lire tonom, de ~dm « ton, mélodie, chant M.C'estdoncune inscription pieuse et. comme le remarque spirituelle-ment M"" Jacobsen, le bon renom de mon compatriote aété rétabli.L'inscription de Ravnkilde ne contient pas un nom ~M~

que l'on croyait être ~yr! mais s~M~, nom de femmequi serait .-l~M~, J~o~ en orthographe ordinaire.Eniin. dans l'inscription de Glavndrup, M. Moltke a pu

lire quatre runes nouvelles La partie qui en était dou-teuse jusqu'ici est donc ~M/?ala ~aM/:<o/)'M~ MM/«MpMM!~<M~'a~M « après A11ISoivi yof/p (« prêtre ») des

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THOBSEN (P. K.) SEIJMER (E. W.)

sanctuaires, chef distingue de la garde militaire a. On voitdonc qu'aussi en Scandinavie le mot j~H a pu signifier« chef )). sens connu de l'anglo-saxon. Et l'inscription pos-sède un grand intérêt, historique, car elle nous montre

qu'au Danemark, aux environs de 900, le pouvoir temporelet spirituel était détenu par la même personne.

Alf SOMMERFELT.

THORSEN(P. K.). j4/7M/!o7: o~ ~eue. lit. Copen-hague (Schanbergske For'lag), 1930. tn-8, xxxix et 352 p.(Cf. ~;<?, XXX!, n°9~ p. 186).

Voici le troisième volume des écrits de P. K. Thorsencontenant sa correspondance privée. On y trouvera une

biographie de Thorsen par M. M. Kristensen et une intro-duction à la correspondance, due à la plume de M. Bvskovqui a reçu lui-même la majorité des lettres publiées.La correspondance jette une vive lumière sur la person-

nalité de Thorsen, sur ses qualités et ses défauts et aussi surle milieu scientifique danois. Les lettres sont souvent amu-santes. pleines de défiance pour la science officielle. On estheureux de les posséder, car elles nous permettront, dumoins dans une certaine mesure, de déterminer le rôle deThorsen dans le développement de la linguistique danoise.

Alf SOMMERFELT.

5ELMER(E. W.). ~poA'OjOe und ~Wt'M?~/?C.K. jEV~C</<eo~6~Me~pjE'.x/3e/~e/&~6~' t!M/' G'~M~a''der o&7?!-disclten ~LA're/<?/*Aa/~ï~e (Dans les ~t'er de l'Aca-démie d'Oslo, t!, 1930, n-' 10). Oslo (Dyhwad), 1930.tn-8, 149 p.

M. Selmer continue ici ses intéressantes études sur lesintonations Scandinaves. Cette fois, il a collaboré avec

i53

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COMPTES REXUUS

-1S4-

M. Lindroth qui a entrepris une grande étude sur le parlerde l'ile d'Oland (cf. 0/aK~ /b/~a/, T, Goteborg, 1926),avant étudié l'intonation du parler au moyen d'instrumentsphonétiques. M. Selmcr nous donne d'abord des chapitresd'introduction dans lesquels il discute des travaux anté-rieurs intéressant le problème qui l'occupe, notammentceux de MM. Ekblom, Chiumsky et A. Schmitt et. lesouvrages consacrés à l'intonation scandinave. De son côté,M. Selmer examine l'intonation du point de vue musical,en supposant qu'il y a parallélisme entre le facteur dyna-mique et le facteur musical.M. Selmer arrive aux résultats suivantsL'accent aigu (le « ton simple ») connait la descente et la

montée, mais la première n'a pas l'importance de la seconde.La phase la plus importante de l'aigu est la montée.L'accent grave (le « ton double ))) est également carac-

térisé par une montée et une descente. La montée s'étendjusqu'à la syllabe suivante et culmine en un sommet dyna-mique secondaire. L'opposition entre les deux accents estdonc moins nette que dans d'autres parlers scandinaves.L'accent circonflexe, dont la structure varie suivant les

cas et qui apparait sur des monosyllabes provenant d'an-ciens bisyllabes, est caractérisé par une descente et unemontée, mais il a une étendue tonale moins grande que lesdeux autres accents. L'accent circonflexe est d'origine nette-ment secondaire et conserve encore des caractères du typedont il est surgi.Ce qui manque chez M. Selmer, ce sont des renseigne-

ments sur le rôle phonologique de l'intonation du parlerétudié. De tels renseignements sont nécessaires si l'on veutcomparer utilement les différentes intonations scandinaves.

Alf SOMMERFELT.

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BROKDUM-XIELSE~ (JOHS.) RE)TAK (J.)

155

BRO:Dr:U-N[I:LSEX(,)ohs.). 6'~ ~~A/~M!9~0~/0~yM<?y tilblivelse (Dissertation-programme public par l'Uni-versité de Copenhague a 1 occasion du 60'* anniversairedu roi Christian X). Copenhague (Imprimerie Bianco

Luno), MCMXXX. In-8, 97 p.

L'ouvrage de M. Brondum-Nielsen est une étude détailléede la chronique rimée danoise. Après avoir examiné lecaractère littéraire et linguistique du texte, l'auteur arriveau résultat que le texte remonte à plusieurs auteurs, proba-blement a une série de moines de Soro. Le texte date de ladernière moitié du xv" siècle il est donc postérieur à la

petite chronique rimée suédoise. Il se peut, cependant.qu'une petite partie de la chronique danoise soit antérieureà cette dernière. ayant fourni le point de départ des deux

chroniques.Alf SûMMERFELT

REn'AK(J.). ~*e/<'<«;</e/. J/c<~o/j/yA'?!e/' o/~ c//f/re/</<7&Z'e M?a/(Publié par l'Académie d Oslo). Oslo(Dybwad), 1930. In-8, lût p.

M.Reitan, qui s'est spécialisé dans l'étude des parlers deTrondheim, est allé faire une enquête dans le Yemdal(département de Hurjedal). M. Reitan nous donne unedescription et un étude historique des systèmes phonolo-gique et morphologique du parler de cet endroit en lescomparant, sur de nombreux points, avec ceux des parlersvoisins.Le parler de Hârjedal est proche des parlers norvégiens

de l'autre côté de )a. frontière on sait que le H:);'jedaln'est devenu suédois que par la paix de Bromsebro. en1645, ayant appartenu, jusque-là, au pnvs de Trondhcim.Maisi! présente aussi des traits importants qui le rapprochentdes parlers proprement suédois (p. ex. le développement de

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COMPTES RENDUS

/?uen r. et non pas en /u comme dans les parlers norvé-giens voisins, et certaines formes des pronoms personnels).M. Reitan compare le parler étudié surtout avec les parlersnorvégiens de Trondelag. Il aurait fallu le mettre davantageen rapport avec les parlers norvégiens de l'Est.L'auteur s'efforcenon pas seulement de décrire le déve-

loppement phonologique,mais aussi de l'expliquer. Son livrecontient des remarques intéressantes et importantes pourl'étude des parlers norvégiens(et suédois). Particulièrementintéressantes sont les remarques sur les changements qu'asubis le système vocalique norrois on ne pourra pourtantpas se contenter de comparer les ditt'érentes voyelles dusystème entre elles. Il faudra voir les changemen t aussien relation avec les changements de l'ancien système quan-titatif.Quelquefois la terminologie de l'auteur n'est pas très

heureuse. Pourquoi parler, p. ex. (p. 65), d'un 6~para-sitique dans teiz'der (de ~w)? H est ici question d'unesegmentation des plus fréquentes d'un n. P. 78. Le S'norroissuivant voyelle ne s'est pas « conservé » en Lilihardai dumoment qu'il est devenu d (par une espèce de différen-ciation).P. 78. le t de t'~o~MM~ « demain M,etc.: n'est proba-

blement pas dû seulement à l'influence d'adverbes comme/s'<. etc. Il doit y avoir ici aussi un fait phonétique; unesegmentation qu'on connaît par d'autres parlers et d'autreslangues..M. Reitan a noté une forme ~MMM~?Mpour l'ancien

~aMe~p:My, la ville de Trondelag au nom célèbre. Cetteforme montre que le n long de ce nom a pu être palataliséet constitue donc un appui pour la théorie de M. Seipd'après laquelle la forme du nom dans le parler de la ville~'OH~/cp~serait le résultat d'une segmentation du n longet palatal.On est heureux de posséder l'étude de M. Reitan qui

contient beaucoup de renseignements d'intérêt pour l'étudedes parlers scandinaves.

Alf SOMMERFELT.

iS6

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SOREtDE(LAUS)

1-j-,

SoRE)DE(Lars). .Vorf/o~</??m/p~(Norske maaafore, publiépar if Studentmaallag, Xïf). Oslo (Norli), 1930. In-8,98p.

Cette étude s'occupe des parlers de Nordfjord, pays qui vade Sunnfjord à Sunnmore dans la région au nord de

Bergen. L'auteur, qui fonde sa description sur le parler de

Gioppen, en v joignant des remarques sur les parlers envi-ronnants, nous donne une phonétique, une morphologie,des remarques sur l'ordre des mots et quelques textes. II

compare généralement les données actuelles à celles duvieux norrois.Le livre présente le caractère des autres travaux dialec-

tologiques publiés par le Studentmaallag. On n'y trouveradonc pas de notation phonétique précise. mais l'on peut en

général se faire une idée des phonèmes par la descriptionqu'en donne l'auteur. Mais la transcription employée n'est

pas toujours systématique. Ainsi M. Soreide écrit, parexemple, y (c'est-à-dire y ouvert) pour une voyelle qui estun fermé (p. 23 et 25).Quelques remarques de détail. P. S. Il ne faut pas dire

que l'accentuation (lu second terme des composés continueun fait indo-européen. L'accentuation s-ermanique s'opposeradicalement à l'accentuation indo-européenne. P. 60. L'ode bon ne peut pis être comparé à de ~M?;du dano-nor-

végien commun, mais seulement a la forme de ce pronomtel qu il est prononcé à Bergen. Dans le ?'Ka/ de i'Est la

voyelle de ce pronom est tout autre. P. 91. Le verLe ~uen est pas un emprunt au danois, mais au bas allemand.peut-être par l'intermédiaire du suédois (cf. Seip. /~e~

.s'c/ 6~f6'e/~ p. 231 et suiv.).L ouvrage de M. Soreide. qui est sans grandes prétentions.

est utile et rendra des services.Alf So~MERFELT.

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COMPTES RENDUS

iS8

Danske Folkemaal. Udgivet af Udvalg for Folkemaal.Redigeret af Poul Andersen. 1-V, 3. fascicule. Copen-hague, 1927-31. ïn-8. 2.50 couronnes danoises parvolume.

La commission pour l'étude des parlers danois acommence-, en 1927, la publication d'une petite revue:Da/M/fcFolkemaal qu'il faut signaler aux lecteurs du Bul-letin. Elle est rédigé.epar le secrétaire de la commission,Poul Andersen. La commission réunit des matériauxintéressant les parlers danois. Onse sert aussi bien d'enquê-teurs spéciaux que d'enquête par correspondance. De plus,on entrepend des enregistrements phonographiques. Larevue de la commission a pour but de publier des étudesconsacrées aux parlers danois et à la civilisation populairedu Danemark. On essaie d'intéresser le grand public à cesétudes et s'efforce de lui rester compréhensible.On trouvera dans les volumes parus bien des choses

intéressantes et plusieurs contributions d'une valeur gêné-raie. Je signalerai des articles de MM.Brandum-KieIsen etMarius Kristensen sur les parlers danois en général.M. Péter Jorgensen publie une note sur ce qu'on a appelél' « oralisation » du stad, c'est-à-dire le développement deconsonnes occlusives du .sied, dans l'Ouest de Siesvig: et sedemande si le développement des occlusives en questiondans certains mots n'a pas eu lieu en même temps que ledéveloppement du ~M/dans d'autres. Les mots à occlusivesnouvelles n'auraient donc pas connu le M. KnudB. Jensen soutient, avec raison, qu'il ne faut pas expliquerdes particularités du parler du Sksvig par l'influence del'ancienne colonie suédoise qui y a été établie à l'âge desVikings. On trouvera dans le volume 4 deux articles sur desquestions de lexicologie géographique avec des cartes, l'unpar M. Svend Jespersen sur les noms de l'étable. l'autre parM. Ole Widdingsurles dénominations du guéret.Les fascicules 2-~ du volume 3 sont dédiés au linguiste

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SEtf(D. A.)

1 ,i9

danois bien connu. M. Marius Kristensen, à l'occasion deson 60e anniversaire, en 1929.

AifSoMMERFELT.

SEIP (D. A.). T~o~a~/c~M bynavn. ~Mp og ~7/e~.Oslo (Bruns Bokhandel. Trondhjem), 1931. In-8, 19 p.txDREBO(G.). AY<~<X~O~y!<X??!?ÏP~0~ 7"yO?!<<PM!Ma~Me~i .Vo~<?y.~V~/e<~ŒyÂ'<2~' M?M&M<2??!/ïp~.Oslo (i\oregsMuiiag), 1930.' In-8, 93 p. VAGsuo (E.). ~c/W!/?a~/t'e ~~6!?M~~e:y~M~o~a~e~cM. Oslo (NoregsMatlag), 1931. In-8, 14 p.

Les deux premières brochures résument les points devue des deux savants qui ont été le plus en vue dans lalutte politique et scientifique autour du nom de la ville deTrondheim. M. ïndrebo expose ses vues avec plus de détailset maintient ses conclusions anciennes (cf. ,SM/ n" 91;p. !78); son argumentation Iinguist)que garde le mêmecaractère simpliste. M. Seip résume son livre paru J'annéedernière (cf. ~;<ï. n" 9~ p. 19t) et répond aux critiquesqui lui ont été adressées. M. Vagslid soutient que, puisque-Y/M-est emp)ové dans les documents judiciaires, ce nomn a pas été seulement de caractère ecclésiastique. Son argu-mentation porte un peu à côté. Ce que suppose M. Seip, c'est

que le nom est du à une action de l'église et il est doncnaturel qu'il soit entré dans l'administration de iavifiedet.n'chevéché. Le fait qu'on trouve ;c/'dM' dans lesdocuments judiciaires n exclut pas la possibilité que ce nomait pu être peu courant dans le parler populaire.Dans les élections au Sterling de l'automne dernier

(1930). la question du nom de )a ville a joué un certainruic. surtout en Trnndela~. Les partisans de Trondhjemsont revenus plus nombreux qu'ils n'étaient au Stortingprécédent, mais pas suffisamment nombreux pour réunir une

majorité de deux tiers. nécessaire si l'on veut changer uneici en vigueur. Après des débats passionnés, on a iancé de

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COMPTES RENDUS

t6U

nouveaula formearchaïsante Trondheim qui était restéehorsde la discussion. Cette forme a été adoptée, les travaillistesayant reçu l'ordre de voter pour elle. Ce compromis était enfait la seule solution possible de la diHIculté.Les habitantsde la ville de Trondheim l'ont acceptée, mais sans enthou-siasme, et il en est de même de presque tous les partisansde ~idaros. Il faut espérer que cela marquera la fin en Nor-vège de tels débats, qui, quoiqu'ils soient instructifs etamusants pour le linguiste, ont occupé trop de placedans la vie politique norvégienne qui connait bien des pro-blèmes autrement importants.

Alf SOMUERFELT.Alf SOMMERFELT.

SoRUE(M.). Bergens ~M!ËM .<y~'aMM~O?'M/funder-A'cA'g&e(Publié par la Société historique de Bergen).Bergen (Imprimerie Beyer). 1931, In-8: 221 p.

On a prétendu que la forme actuelle du nom de la villede Bergen serait d'origine allemande, les Hanséates ayantjoué un grand rôle dans l'histoire de la ville, on le sait.M. Sortie, qui a examiné la question à fond, arrive à laconclusion que la forme du nom est duc à un développe-ment norvégien.Le nom remonte à l'époque préhistorique, étant composé

de ~c/ « mont, montagne », et vin & pâturage M(got.?~'n/f/), mot sorti du vieux norrois littéraire. La majoritédes noms de ce type date, d'après M. Magnus Olsen. duir au tV siècle après J.-C. L'ancienne forme a dû être"e/'Y<2-M'Mï/oqui est représentéepar~e/~u~, /(/<7?~/uM!dansles plus anciens documents. D'autres formes sont j~/o~iwïet /o/H qui apparaissent surtout dans l'Ouest et enIslande. La dernière de ces deux formes domine dans lesdocuments islandais. On trouve enfin aussi ~?!'o~M~etjSc~/M~,toutes formes qui s'expliquent par le prototypee*~er"c-M?m/'o.Au xn'" siècle apparaissent en Islande lesformes .S/~yuM, .B/a~ (l'n norrois se changeant en ~cnislandais) et c'est .S/.07t/u!Mqui est devenu le nom littéraire

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-OKUE(:M.)

et poétique de la ville et que les nationalistes en matière

linguistique veulent substituer au nom actuel.Dans les plus anciens manuscrits norvégiens on trouve

les deux formes principales ~e~'u:~ et ~o~U!M. Jusqu'àl'an 1320 M. Sortie a noté Z~n dans 24 documents,7y<o?yuM dans 21. Après 1320 Biorgvin devient dominant

pour disparaître brusquement en 1375. C'est donc à l'époqueoù les écoles de scribes avaient dégénéré après les terribles

ravages de la mort noire. A la fin du xiv~ siècle, c'est

Bergvin qui domine pour se maintenir jusque vers 1460.On le trouve pour la dernière fois en 1529.H est probable que Bergvin a joué un rôle plus considérable

dans la langue parlée que les documents ne le laissent entre-voir. C'est.lui qui a fourni la forme latinisée Bergae, avec

l'adjectif bergensis. 2?pryu!'y! évolue en donnant des formesdifférentes. Déjà au xtv" siècle il est représenté par jSe~MM.Z~yuen et Z~s~'H. Bergen. Dans les documents étrangers:anglais et irlandais, on rencontre les mêmes formes; lesHanséates appellent la ville Z~e~y~eM.Il va de soi que les

étrangers ont reproduit les formes qu'ils ont entendues des

Norvégiens. Au xv' siècle Z~< -ï devient généraldans les documents; on en rencontre aussi des formescasuelles i Z~7~ i jSe/yp~e. etc. Dans la langueparlée une forme sans le se généralise Z~yeM, Bern, quia dù surgir dans le parler deBergen à la fin du moyen âgeet qui est bien connu dans les parlers norvégiens. On letrouve dans des documents suédois et danois et même dansla littérature européenne. C'est l'intonation du monosyllabeBern qui est passé à Bergen quand cette forme littéraire a

pénétré dans la langue parlée.L'étude de M. Sariie est solide, son exposé précis et clair.

On lit le iivre avec grand intérêt. M. Sorlie a donné uneexplication scientifique des changements subis par le nomde la ville. Il faut espérer que ce livre introduira les réa-lités dans une discussion oi) les sentiments ont dominé

jusqu ici.Ait' SOMMERFELT.

J611)

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COMPTESREKDUS

i62

SE!p(D. A.) et STEEK(Sverre). Romsdal. A~u~p~ ogoy/~ae~ i sagatid og lenstid (Publié par l'Associationde la jeunesse de Romsdal). Molde (Imprimerie EristianLarsen), 193). In-8, 12 et 9 p.

Quand, en 1918, on a changeles noms des départementsdeNorvège,le Ronzsdals amt a été remplacé par Af~re/y//K?qui contientle nomdes districts voisins de Romsdal ~or~-MM7'eet.S'M?Mïm~e.Ce changement a provoquéleméconten-tement de la population de Romsdal qui voudrait garderl'ancien nom ~oms</Œ Afin de donner une base à la dis-cussion, MM.Seip et Steen nous exposent l'histoire du nomet de l'unité administrative appelée /~OMMe~La plus ancienne forme du nom est Raumsdalr qui

apparait pour la première fois dans les documents vers1200. Le premier élément de ce nom se retrouve dans lenom du fleuve qui longe la vallée, la Rauma. Depuis lexv° siècle on écrit généralement Romsdal, mais la mono-phtonguaison y est probablement plus ancienne. La formenouvelle n'a pas été introduite par l'administration danoisequi, si elle avait voulu avoir une forme d'aspect danois,aurait du choisir 7~?Me~M. Steen montre que Romsdal-s'est maintenu en tant que

Hef autonome jusqu'au xvu' siècle. Ce territoire a eu pen-dant l'époque des fiefsune position plus indépendante queles districts de Sunnmore et de Nordmore.

Aif SOMMEUFELT.

LANGUESSLAVES_ETBALTIQUES

Jan OTREBSEi.jPysyc.M~ <S'~o~MM~o-<eM76-e.Wilna(Inotytu) Europy Wschodniej), 1930, 80 p.

Dans cette brochure, assezbrève, car le texte proprementdit s'arrête à la page S8(suivent sept pages d'un résumé enfrançais et des index), M. Otrebski expose avec son habi-

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nfBDOr.RAFΠCKSKOVSLOVAXSEYCH

163

tuel don de combinaison des vues sur six questions diffi-ciles relatives au slave et au baltique. La première de ces

questions touche à toute la théorie des finales en slave.Les hypothèses proposées sont ingénieuses, mais compor-tent un si grand nombre de suppositions accessoires indé-montrables que sans doute l'auteur convaincra peu de sesconfrères. On ne saurait entrer ici dans une discussion dedétail qui obligerait à examiner à peu près tous les pro-blèmes de la flexion nominale en siave.

A. M.

/ruM~a~o ~M~.y/t'o/M~<x~t'c' i slovesnesti, 1930, tome III,kn. 2. Leningrad (Académie des sciences), 1930, in-8,p. 369-640.

Le linguiste remarquera ici une note de M. Bogorodickijsur la métrique. et une description d'un parler russe parM" P. Grinkova.

A. M.

~!Z/:o~<x/?p ee~A'ou~~oua~i'yc/o~<2c:KyMM~e~c~ a /?/o-/o~'e~/c~ 2a ~'o/t' 19?9. 6a~ Z~MM~cy obecna,~ïf/op~vop~o', .9/ouaM~ e e&~i. Prague (Académie).1930, in-8, 61 p.

Les slavistes avant décidé que chacun des pavs slavesferait la bibliographie des travaux publiés chez lui ou parses nationaux, voici la partie tchèque du travail pour la

linguistique. Organisé par M. Hujer. rédigé par M. Ha-vrànek, le recueil est assurément excellent. Chaque indica-tion de travail est accompagnée d'un petit résumé.Mais on regrettera le vieux ./?oef7n7t'de Cracovie si bons

que soient les recueils partiels, et a supposer que tous

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COMPTES RENDUS

164

paraissent le travail russe est-il assuré ? un recueilun était plus commode à manier.L'idéal aurait été de préparer la bibliographie dans chaque

pays et de constituer un centre unique de rédaction et depublication. Mais on sait que le monde est loin de l'idéal etque, s'il était peut-être possible d'obtenir des publicationsséparées, ç'aurait été trop demander que de donner àJ'un des pays l'honneur de la rédaction.

A. M.

</M~Mos/oup/s'A'?/o/oy,uredjuje Banc'. IX. Belgrade, 1930,1930, in-8, 388 p.

Ce volume de la revue de M. Belic' comprend la partyougoslave de la bibliographie slave décidée par le congrèsdes slavistes (voir l'indication de la partie tchécoslovaque,p. 163).Outre une étude dialectale et des études sur la langue d'un

texte ancien, on v remarquera une note de li. Belic' surle nom de nombre Ksept ? en slave. Le maintien du d dans.~p<7~est énigmatique. M. Bélier constatant que la formeN~/y~existe, notamment en russe, pose que l'ordinal auraitétt''M</t7KMoù le maintien de d est normal. Il n'y auraitdonc pas de problèmes du maintien de -~M! mais seule-ment une question d'analogie.

A. M.

iS. van WtjR. G'Mc~c/~c der a~~cAe~c'uz~c~cM6)o~Hc/<e.Erster Band. Laut- und Formlehre. Berlin-Leipzig(W. de Gruyter), 1931, in-8, xv-234 p. (SlavischerGrundriss).

Le titre ferait attendre un exposé du développement duvieux slave entre la fixation de la langue par les premiers

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K.A.UK

165

traducteurs et les formes qu'on rencontre dans les textesconservés. Ce serait un sujet capital, mais il est vrai.

périlleux. Modestement, M. van WIjk s'en est tenu, commeses prédécesseurs, à exposer les faits tels qu'on les rencontredans les textes, en les expliquant discrètement par la gram-maire comparée, et en caractérisant chaque fait au pointde vue historique dans la mesure du possible. Ainsi conçu,j'expose a tous les mérites qu'on peut attendre d'un savant

qui, comme M. Wijk. connait les textes à fond, qui saittout ce qui en a été dit et qui. sur chaque point, s'est faitune opinion personnelle. Pour chacun des problèmes qui se

posent, on trouvera dans le livre une bibliographie à jour,l'état actuel des connaissances et une appréciation judicieuseet autorisée. Trait à noter on n encore ici qu'un début,et la syntaxe, qui sera sûrement plus neuve, est réservée

pour un second volume. Promesse qu'on reçoit avec satis-faction.On regrettera que l'auteur présente trop les faits isolé-

ment, sans assez les ramener à des principes. On verra. parexemple, p. 176, que l'ancien nominatif /<v</ n'est pasconservé en vieux slave, et que seul sv rencontre le nomi-natif-accusatif féminin Av' ce n'est pas un accident levieux slave tend à confondre. au singulier, la forme dunominatif avec celle de l'accusatif, et. seuls, les noms de

personnes ~a~ et </îA' distinguent le nominatif de l'ac-cusatif même au féminin. sauf dans les thèmes en -<?-. Aumasculin, la confusion des formes du nominatif et de l'ac-cusatif est complète le paradigme nom. /c??!y, ace. A'a'T~e~!donné p. 183 est imaginaire les textes des premiers tra-ducteurs ont Aoy~e?!! nominatif-accusatif, et si le Supras-liensis a /M/My, c'est et M. van WIjk le note expressé-ment à l'accusatif comme au nominatif. Si, au fémininun nominatif c~M/?/ s'oppose à 1 accusatif c~M/t'Mu!,c'est sansdoute parce que ce mot, qui est emprunté, reproduit laflexion du nom de personne AwA'y, ~e~w;. Des détailsjuxtaposés ne font pas une grammaire il y faut l'indicationde la manière dont des faits sont liés les uns aux autres.P. t77; il est enseigné que la flexion oy?! <~r< provient

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COMPTES RENDUS

166

de la mouillure de Mais c'est decette mouillure qu'il fautrendre compte car H' (n molle) ne se confond pas en vieuxslave avec n' (n mouillée. Le problème de o<~W,qui estembarrassant, reste entier. tl faut expliquer pour quelleraison. qui ne peut être qu'une raison de sens, o~ estpassé du type de ~çi{îau type de ~OK~ï on ne peut s'em-pêcher de penser au fait que ~uc/'t a reçu un génitif ~c~/ade nom d'être animé.Ce qui est dit, p. 178, de la flexion de ~os~oc~!est un

amas de faits sans aucune explication, Il aurait convenu dedire qu'il ne s'agit évidemment pas d'un ancien thème en-<- et que l'Incohérence des formes indique un embarrassingulier où s'est trouvée la langue. Il est clair, par exemple,que~o~oec~'é,~'<M~o<Mne sont pas des formes anciennes,puisque d avait été éliminé devant dès le slave commun.P. !7't et 175, les formes en -o~ï, -o~ -oa?M,telles

que ~y/!o?H!,syMO?MM,~y~ïo.KMet les formes -eml, -e?MM,-rM, telles que ~)pi~?H,/~e?KM, p~e~M, sont rapprochéesavec raison, et, aussi avec raison, il est marqué, d'accordavec Yondràk et M. KuFbakin. qu'il n'y a pas là pronon-ciation o, c d'anciens L Mais le rapprochement mêmeexclut l'hypothèse proposée, suivant laquelle ~/?!O~M,~KOHï!serait dû à l'influence des thèmes en -o-, hypothèsequ'exclut du reste le locatif NyKo.xM,cfomoa;M,</<?y'o.K<etc.Sans doute ces formes sont énigmatiques. Mais il faut avanttout se garder de dissimuler la difficultépar des explicationsqui évidemment ne satisfont pas. Il est remarquable que,dans des formes où le mot se terminait par -w:î, -M?K!oupar -;a"M,-M;CK,des voyelles pleines e et o aient étésubstituées aux jers forts, dans le parler représenté par lestextes vieux slaves comme aussi en vieux serbe, alors queHç~/M!.sy?!M?K!ont subsisté. M. Vaillant, j6c;M~e deZlataric', tl, p. 29 et suiv-, a rencontré la même difîlcultéet ne l'a pas non plus résolue.P. 2U2. il est risqué de voir dans sega du Suprasliensis

un c serbisrne ». L'action analogique par laquelle la finale-a du génitif a été substituée à o de <oyo. -s'eyoa puintervenir sporadiquement ailleurs qu'en serbe. 11 ne

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A. VAH.LAKT

167

faut pas, en pareille matière, vouloir être trop précis.P. 203, M. van Wijk présente les faits comme si le relatif

~Y-~eet l'anaphorique étaient un seul et même mot. Lefait que l'anaphorique n'a pas de nominatif, tandis que lerelatif en a un, suggère une autre explication. L'anapho-rique doit appartenir au groupe de skr. ay-am, !M?-c'?K,f<a, c'est-à-dire à un thème alternant ei- :c/o-, tandisque le relatif répond à skr. ya~, gr. L'c d'un datif emua ses correspondants dans le démonstratif où le vocalisme eest courant. Il y a donc ici deux mots distincts par l'éty-motogie comme par le sens.

A. M.

Ateksej ~e~<2~</rou~c ~.r??:<ou, t86i-t920. Leningrad(Académiedes sciences). 1930, in-8, 103 p. et 1 portrait.

Saxmatov a sans doute été le linguiste le plus érudit et leplus original qui ait consacré à l'histoire du russe sonactivité. Quand il est mort des souffrances et des misèresendurées lors de la période révolutionnaire; les études slavesont fait une perte dont la gravité a été notée dès l'abordpar tous les hommes compétents. Le meilleur hommage àrendre à sa mémoire était de donner une bibliographie deson œuvre qui est grande. L'Académie vient de le faire; onl'en remerciera.

A. M.

A. YAtLLAXT. Le De Autexusio de Méthode t/'O/y~'e,version slave et texte ~y/'ecédités et traduits en français.Paris (Firmin Didot), 1930; in-8 (Patrologia orientalis,XXH[fasc. 5], p. 631-888).

Pour la /~2~'o/e~:Q;orientalis de M~Graffin, M. Vaillanta édite un petit ouvrage de Méthode dont l'original grec,en partie perdu, ne peut ctre restitué que grâce à la traduc-

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COMPTES RHKDUS

168

lion .slave. qui est étroitement littérale. L'édition est uncitcf-d'œuvre de philologieslave et se substituera à l'éditionprinccps de Bonwetsch, un initiateur, mais qui a beaucouplaissé à faire après lui.Toute la littérature slavonnc est traduite, et souvent

avec littéralite, des textes grecs et ne peut être interprétéeque par une comparaison constante avec les originaux.Tant dans ses introductions que dans ses deux lexiques,siave-grcc et grec-slave, AI. Vaillant montre comment ilconvient de procéder pour étudier le vocabulaire des ancienstextes.Les textes ont été transmis sans souci de reproduire

exactementles originaux etavec des adaptations successives:M. Vaillant fait de son texte une critique serrée.On s'est trop servi de textes vieux slaves bruts. Il faut

maintenant les critiquer. M. Vaillant a donné un exemplede ce qu'il convient de faire.

A. AI.

Gunnar GuKKARsoK. 7ïee/:e/'c/<~ syntaxiques NM/'ladécadence de l'adjectif nominalen slave. Paris (Geuth-ner), i931, m-8<vm-15i p.

Le sujet est intéressant, et le jeune auteur a en slave desconnaissances étendues et solides. Mais, pour traiter unequestion relative à l'histoire d'une forme grammaticale, illui manque la volonté de se tenir à quelques points fixes etl'instinct d'aller à la bonne solution, qu'il ne reste plus.une fois qu'on en a l'intuition, qu'à illustrer par les faits.L'historien du slave a la jdiance que des formes litua-

niennes parallèles aux formes slaves montrent comments'analysent les formesslaves, et que du reste, en slave même,le vieux slave a, dans son type le plus ancien, toutes lesformes encore clairement analysables, à la scutc exceptionde celles où la finale de l'adjectif comportant deux syHabcs.la finale de la forme composée en aurait comporte quatre.

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RU~AX Gt~ARSOK

169

L'analyse de la forme est donc évidente.–M. Gunnarsson

paraît embarrasse parle caractère enclitique de l'ancien *yo-dans tes formes lituaniennes et slaves. Cette enclise ne faiten slave aucune difficulté. elle est de même sorte quecncHse de si et /<? dans v. si. rodi-si, ~a~<M, et dans

toutes les formes pareilles des diverses langues slaves. C'estcette enclise qui. en faisant de l'ensemble adjectif plus *yo-une unité, a conditionné l'histoire de la forme.L'état de lansue des écrits des premiers traducteurs

montre un cmp)oi de la forme composée facile à définir et

qui répond exactement à l'origine connue. Au lieu de partirde là. en rapportant l'usage des langues baltiques, M. Gun-narsson émet des doutes sur la valeur du témoignagevieux slave; à tort, car il y a trop loin de la forme compo-sée de l'adjectif à l'article grec pour que le modèle grec ait,sur ce point, influencé les traducteurs.Deux conditions ont dominé le développement de la forme

composée. D'une part, en vertu des altérations subies, ellea cessé d être notée comme composée, et elle est devenueune forme longue d'ad,jectif, qui avait sur la forme simple] avantage d'être propre à l'adjectif. D'autre part. la valeurdéterminée qui était isolée et n entrait pas dans le plangénéra! de la langue, s'est de bonne heure affaiblie et a

disparu.Et ce détail montre combien M. Gunnarsson est sujet à

donner à certains faits une valeur qui ne répond pas à laréalité. Alors que dès la constitution de l'état vieux slave, laflexion de 1 adjectif composé a été employée d'une manière

complète, il se demande si )a double forme de l'instrumental

singulier des thèmes en -a- n'aurait pas servi de base à

j analyse (p. 15). Il est évident qu'une forme d'un seul cas,dont l'importance n'est pas particulièrement grande, dansun seul type de flexion, moins important que le type en -o-,ne saurait avoir exercé une action dominante. Cette actiondevait du reste être d'autant moindre que, dès la périodes!ave commune. le type en -o- était sorti de l'usage ordi-naire. et que. par suite. il n'y avait plus lieu à l'oppositiondu h'pf nominal et du tvpc à flexion du démonstratif.

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COMPTES RENDUS

–no–

Comment le jeune auteur n'a-t-il pas vu immédiatementqu'H faisait fausse route?Au point de vue de la graphie, l'emploi de est fâcheux

tout indique un o nasal pourquoi ne pas employer le ç in-dique par la graphie glagolitique? L'idée de noter le einitial non yodisé du russe par a est malheureux a estemployé d'ordinaire avec de tout autres valeurs.

A. M.

A. VAILLANT. La langue de DoMM'M~'0Z~<ŒC, II..)/o~~o/oy:'e. Paris (Champion), 1931, in-8, 393 p. (Tra-vaux publiés par l'Institut d'études slaves, VI).

Gràce à une subvention de la Caisse des Recherches,l'Institut d'études slaves de Paris a réussi à publier, sansattendre, la seconde partie de l'ouvrage capital deM. Vaillant, consacré à la morphologie.La langue de Zlataric' fournit, on le sait par le premier

volume. un point de départ pour poser l'histoire du serbo-croate depuisle slave communjusqu'à l'époque moderne. Alafois philologue précis, et complètement informé et linguistesolide et inventif, M. Vaillant a fait œuvre originale il nes'- borne pas à mettre au point l'état actuel des connais-sances d'une part, il apporte un grand dépouillement defaits nouveaux, de l'autre il construit un ensemble qui setient et il l'orne, à chaque instant, de vues personnelles etneuves.11faut signaler ce caractère systématique de l'exposé et.la

richesse des aperçus, parce que la nécessité où s'est trouvéauteurde ramasser des faits et de les citer marque la net-

teté de lu conception et l'abondance des idées. Dureste, parlà même, l'ouvrage a un intérêt général pour le linguisteon y aperçoit en même temps le caractère souvent troubledes sources où est obligé de puiser Je linguiste, et lacomplexité des faits qui se produisent dans le développementd'une langue les essais qui ne réussissent pas, les longues

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A. VAtLLAKT

-171-

survivances et les commencements qui n'ont pas de suites,en somme la confusion d'une histoire que des témoignagespermettent d'apercevoir dans une part au moins de sondétail. L'histoire d'une langue n'est simple que dans le casoù l'on en possède seulement le terme final, et ou sontoubliées les variations des périodes de transition. Par là,le livre de M. Vaillant est instructif pour tout linguistequi veut se rendre compte de la façon dont évoluent leslangues.Ce que l'on serait parfois tenté de reprocher à M. Vaillant,

c est 1 excèsde certaines de ses qualités. H a trop d inven-lion pour se résigner à laisser un mot sans étymologie, etses étymologies sont parfois aventurées par exemple,p. 37, il estime que bedro « aine, hanche, cuisse », selaisse ramener à une racine signifiant « creuser, piquer »,celle de lit. bedù. v. si. ~o~ pour le sens, ce n'est passatisfaisant; quant à rapprocher rebro « côte » d'uneracine '~e?M~-« entailler o. ce n'est satisfaisant ni pour laforme, ni pour le sens.P. 62, il est dit que o~~est devenu masculin en serbe.

Mais ce changement ne s'explique pas. Le genre masculinne pourrait-il être ancien ? Lat. c.rM et autres mots de lafamille sont masculins.P. 287 et suiv., l'exposé des restes du type athématique

fournit un bon exemple de la richesse et de l'ingéniosité del'exposé. Mais ici encore l'auteur risque d'aller trop loin.Par exemple, on croira d'autant moins que *ç et ye</psont dus à l'influence de ~'cc~, que ~'e<~ est moins cou-rant que les deux autres verbes et que la valeur « déter-minée » de_f/p en face de l'indéterminé i.-e. *cz'-s'expliquepar l'addition d'un suffixe *-de-qui a cette valeur.P. 366; il aurait été bon de marquer le caractère à part

de darovati, qui est dérivé du thème en -M-e~M-. Dès lors1 aspect perfectif de darovati n'est plus aussi surprenantce n'est pas un dérivé en -ovati, mais simplement en -<x~.

À. M.

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COMPTESRENDUS

-t72-

A. M&zox. G'~MMMï'rede la langue <cAe'yMe,2" éditionrevue et augmentée. Paris (Champion). 1931, in-S, 292 p.(Coltcction de grammaires de l'Institut d'études slaves,n).

La grammaire de M. Mazon est claire et précise, telleque pouvait seul récrire un slaviste dominant l'ensemble(lu domaine slave et connaissant à fond la langue qu'ildécrit. La première édition avait été établie avec soincelte nouvelle édition y apporte encore des améliorationset l'on a l'Impression qu'elle est au point.C'est une grammaire descriptive. Mais l'auteur ne s'est

pas interdit de laisser apercevoir des explications histo-riques là où il lui paraît que la description en est utilementéclairée. Tout en préférant une description pure et simpleoù l'explication ne résulte que de la façon dont est mis enévidence le système de la langue, je ne saurais blâmer unprocédé qui, en certains cas, donne à l'exposé plus declarté.Les faits sont présentés au point de vue du tchèque. Mais,

les verbes étant classés d'après la forme du présent, lesformes classées les premières, ?ïMM(cl. 1) et~Mï (cl. 3) nesont au point de vue slave que des survivances. Il y a làun inconvénient appréciable.H y aurait lieu d'examinersi ladénnition donnée p. 15S

de l'aspect est pleinement correcte. Elle satisfera sans doutela plupart des lecteurs; elle a le mérite d'être et simple etctaire. Mais, à l'examen, elle paraît s'appliquer mieux àl'opposition de déterminé/indéterminé, c'est-à-dire à celledf M~M/MS~/ïdont il n'est question que p. 23~ et suiv.C'est le déterminé qui indique le procès parvenant à unterme le perfectif indique le procès pur et simple, sansacception de durée, sans considération de développement.Mais. les définitions de ce genre prêtent toujours à dis-cussion, et l'ensemble de l'exposé de M. Mazon est lumi-neux.

A. M.

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)!. HALA F. TRAYXi'CEK ST. SXOBER

173

B. HALA. .2a/<~y spisovné urs~ou~o~é'oue/M~'e a srov-~aM! u~/ouMO~ c~A'OM. Prague (Tï~Kac). 1929, in-8,133 p. et 1 carte.

Travail du laboratoire de notre confrère M. Chiumskv,avec de nombreuses figures, des tracés et même une cartemontrant lu répartition (l'un fait sur le domaine étudie.M. H'Ha v étudie la prononciation slovaque, avec la préci-sion que permettent des appareils manœuvres par un expé-rimentateur habile. Le texte tchèque est accompagné d'unrésumé français.H est intéressant de relever que. comme en tchèque,

l'accent d'intensité est faible, et l'opposition (Je quantiténette; les longues durent le double des brèves.

A. M.

F. TR~vKtCEK. Neslovesné t~y v oe~ 1~ partie,M<cr/f~ /M (Faculté de philosophie de l'Université).1930, 255 p.

On ne peut que signaler ici ce volume du distingué sla-vistc de Brno, qui comprend un matériel important et soi-gneusement classé relatif aux phrases cxclamatives en

tchèque.A. M.

St. SzoBER. 6~a~a~~a~r~a/)o/o. Parties 1 et2.Varsovie (\vyd. Arcta): 1931, in-8, xn-276 p. et 1 carte,et vH-190p/.foc~o~e/MC ~orM~o/ jDO&e~o ~~yAc ~p~û'c~pfyo.Varsovie (wyd. Arcta), 1931, 35 p.

La grammaire du polonais littéraire actuel de M. Szobersera ample. Car le premier volume est consacré à situer le

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COMPTES RENDUS

174

polonais parmi les langues indo-européennes et les languesslaves, et le second à en exposer le phonétisme à touspoints de vue. C'est dire que la grammaire proprement diten'y est pas encore abordée.On sait que les linguistes polonais s'intéressent parti-

culièrement à la psychologie linguistique, et M. Szober plusque tout autre. Naturellement, M. Szober indique les résul-tats de la grammaire comparée quand il doit exposer laplace du polonais parmi les langues, et il le fait correcte-ment. Mais ce n'est pas ce qui l'intéresse spécialement. Et,quand il pose des problèmes historiques, il évite, les solu-tions tranchées. Par exemple, quand il discute vol. I,p. 88 et suiv., la nature de la parenté linguistique, il le faitavec toutes sortes de réserves il insiste sur la notiontrouble de « mélange des langues s et, au lieu de se placerau point de vue de la langue, réalité sociale qui comporteune continuité, il envisage, avec Schuchardt, les élémentsqui entrent dans la constitution de la langue c'est s'inter-dire, dès l'abord, une conclusion nette. Du reste, cette théo-rie étant mise de côté, M. Szober est bien obligé de poserque le polonais est une langue slave, et le slave un groupeindo-européen. Mais ces pages n'ont, dans le livre, riend'essentiel.Les indications sur les dialectes polonais tiennent natu-

rellement plus de place. Elles sont nettes et commodémentprésentées. Mais M. Szober les fait précéder d'un exposé dela « théorie des ondes » de Joh. Schmidt. Il serait, envérité, plus simple de parler de l'indépendance des lignesd'isoglosses l'idée de Joh. Schmidt était bonne maisl'image des ondes est fâcheuse. Quelle que soit la manière,imagée ou directe, dont s'exprime la notion de l'indépen-dance respective des limites de chaque caractère dialectal,il en ressort une conséquence ce qu'il faut mettre à labase de l'exposé, ce sont les limites de faits particuliers, quisont choses positives, et non des limites de dialectes qui,dès qu'on les fait précises, sont inexactes. On aimerait voirsur la carte qui est à la fin du premier volume commentles limites tracées se justifient par les lignes d'isoglosses.

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STUDt RALDC)

175

M. Szober s'est vu obligé de multiplier les divisions etsous-divisions, au point d'en compter, dans l'ancienne

Pologne russe, vingt-cinq.Le premier volume se termine par un exposé bref, mais

substantiel, des changements qui sont intervenus en polo-nais depuis les plus anciens monuments où l'on ne peutencore voir une langue littéraire jusqu'à la fixationmoderne. A la question de la langue littéraire, M. Szobera consacré une brochure annoncée ci-dessus, ou il indiqueles problèmes historiques.Dans le second volume, sur la phonétique, M. Szober

insiste sur les faits d'alternance qui jouent en polonais unrôle considérable le polonais est la langue avec laquelleBeaudouin de Courtenay a fait une théorie qui est fonda-mentale.Les linguistes qui s'intéressent au polonais trouveront

dans cette grammaire une information de première mainils en attendront la suite avec impatience.

A. M.

~Mf/6c~ dirctti de G. DEVOTO,Volume primo. Rome,1931, 117 p. (Puhlicazioni dell' Istittito per l'Europiorientale. Sezionebaltica. t.).

L'activité de l'Institut italien pour l'étude (le l'Europeorientale est grande, mais ne s'est guère étendue à la phi-lologie. La section baltique, dont la direction a été remiseà un linguiste bien connu, notre confrère M. Devoto, publieau contraire un périodique de caractère tout philologique etlinguistique dont le premier volume vient de paraitre. Horsde la Lituanie et de la Lettonie, il n'y avait jusqu'ici aucunrecueil consacré aux langues et littératures baltiques. Netrouvant pas encore chez lui assez de collaborateurs auto-risés, M. Devoto a su intéresser à sa publication des spécia-listes étrangers M. Niedernmnn a fait l'histoire des débutsde la linguistique lituanienne en s'arrêtant à Schleicher et

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COMPTES RENDUS

176

a Kurschat dont il donne des portraits à la fois vivants etcritiques M. Blese donne un historique plus touffu etmoins critique, mais complet et allant jusqu'à l'époqueactuelle, de la linguistique lettonne. M. Endzelin, en unenote précise et riche de faits, montre les traces qui subsistentde l'emploi du datif pluriel tiems au féminin. J'ai donné unepetite note sur le mot~'MMM.L'article le plus personnel est celui où M. Bonfante

s'efforce d'amender la loi de F. de Saussure sur un dépla-cement de l'accent. M. Bonfante est un jeune dont on peutattendre beaucoup. Il a une bonne érudition, mais tropd'assurance. Il fera bien de méditer les publications deF. de Saussure moins pour y apprendre des détails que pourse pénétrer de la méthode rigoureuse du maître. Sans douteapercevra-t-il que le type a~M ne sunit pas à une démons-tration, et qu'il faudrait tenir compte de tous les i finaux.Peut-être aussi apercevra-t-il que l'accentuation du présentlit. nësa ne doit pas être ancienne, que skr. !w<xAétant untémoignage unique n'est pas décisif pour la place du tonindo-européen (qu'on compare seulement skr. o/~C! et gr.x'j: skr.joa<~a??!,gr. T::§:v);que le sens de gr. Oup. rendpeu plausible un rapprochement avec lit. c~M~<Met lat./M~tM, que r de skr. iK?~A<~Hétant un i.-e. r à en jugerpar l'ensemble des mots signifiant « traverser », lit. tiltasne s'en rapproche pas aisément, que, à en juger par arm.MK,l'a de lit. ~p/MMpourrait être un ancien o, etc.

A. M.

G. GERULLIS. Litauische Dialektstudien. Leipzig(Marketu. Petters), 1930, in-8, Lv-lit p. et 8 plancheshors texte (SlavIsch-Celtische Quellen und Forschungen. Y).

La dialectologie du lituanien moderne laisse presque toutà désirer. Les observations de Baranowski ont été en partieexcellentes; mais elles étaient l'œuvre d'un autodidacte, etelles n'ont été publiées qu'après la .mort de l'auteur, dans

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ARL'MAA

12

des conditions qui ne rendent pas facile d'en tirer tous lesrésultats utiles. M. Gerullis a raison de vouloir qu'oncomble cette lacune. Là comme partout, il y a urgence.Car les parlers locaux s'altèrent vite aujourd'hui. L'auteurse propose moins de combler la lacune que de donner unedirection aux recherches que devraient entreprendre dessavants locaux.Sans doute. le plus urgent serait d'organiser immédiate-

ment une enquête par questionnaire qui aboutirait a unatlas linguistique de la Lituanie. M. Gerullis ne semble past'envisager. Mais c'est évidemment le seul moyen de fixer àbref délai l'éLat des parlers dans leur ensemble. Ceci nedevrait pas empêcher, bien entendu, des descriptions dé-taillées du plus grand nombre de parlers qu'il serait pos-sible.

L'ouvrage se compose de deux parties distinctes.t! y a d'abord une longue introduction ou M. Geruiiis

décrit notamment l'accentuation lituanienne. Les intona-tions ont été étudiées au moyen d'appareils, et de nombreuxtracés indiquent la façon dont elles se présentent. C'est acette description de la prononciation que se rapportent leshuit photographies qui se trouvent dans l'ouvrage.Suivent, après quelques pages sur la langue écrite actuelle,

de brèves descriptions de dix parlers, accompagnées chacuned'un peu de littérature populaire notée phonétiquement.Il est à souhaiter que l'initiative de M. Gerullis éveiiieen

Lituanie un intérêt pour les recherches de dialectologiequi a manqué jusqu'ici.

A. M.

ÂRUMAA. Litauische M!M~f/<2A'~C/!PTexte aus der ~7-/~er Gegend, mit y/'a/M/~c~c/te~ ~.y!??!e/7~MM~e~.Dorpat1931, in-8, 78 p. (extrait des ~.e~a et coyM?Me/<x~oM(?.s'de l'Université de Tartu).

M. Aruniaa a relevé, dans quatre ilots lituaniens quisubsistent, noyés dans une masse blanc-russienne, à l'Ouest

i77

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COMPTES RENDUS

-t78-

de Vilna, des contes et quelques traces de chansons. Cesparlers fournissent de bons exemples de l'état où se trouventdes parlers qui sont aussi des survivances à côtédes formessingulièrement anciennes qui y ont persisté, on y observedes altérations graves. En même temps qu'aux linguistesqui s'intéressent au baltique, l'étude de M. Arumaa s'adressedonc aux linguist.es en général. Elle offre un vif intérêt.

NtEDERMANK-SENK-BpENDER.H*or~?~McAder ~MMC~CM~y'ac/tp. 7 Lieferung. Heiden)erg(Winter), 1931, in-8,p. 385-448.

Le dictionnaire lituanien de MM. Niedermann-Senn-Brender avance lentement ce fascicule n'amène encorequ'à kàsti. Mais il est excellent.11 est bref, et il n'est pas historique. Mais, dans sa

brièveté, il dit beaucoup et, pour le lecteur averti, il estsuggestif. Dans un article comme ~/<xM?!<M,il n'en faut pasplus que l'exemple :'ssëna y!ay(m?!c pour faire voir quec'est à së7?Mque s'opposeyaMH~M.La différence d'intonationentre ya:<?!a~et &'g/:6~'indique Immédiatement au lecteurcompétent que les deux mots sont formes diS'éremmenttous deux sont des dérivés: en face de lat. :'MMe?!-(gén.plur. M/Me?ïMMï),lat. sen- (gén. pl. ~e?!M??ï)mais l'un af/-6~H, et l'autre non. Le mot latin et le mot lituaniens'appliquent d'abord à des hommes mais des dérivés, indé-pendants l'un de l'autre, s'appliquent aux animaux lat.!Mi<e?:CMNet lit. jaunilclis. Pas de lecture plus savoureusepour un vrai linguiste qu'un dictionnaire aussi dense et aussiprécieux.

A. M.

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F~LOLORL' BfEDRfBES RAKSTI MLLEXBACH-A

–i79–

-7o/o~K ~!e<e~ r<ï~ XI sejunis. Riga, 1931. in-8,208 p.

Avec cette régularité, cet ordre laborieux qui caracté-risent le travail letton, la société des philologues lettes

poursuit sa publication, apportant chaque année des faitsnouveaux, des discussions utiles.Les travaux du laboratoire de phonétique de M" A. Abele

tiennent une grande place dans le recueil p. 84-99 et141-180.Il y a, comme d'habitude, des descriptions de parlers.M. S. Fraenkel signale, en allemand, des Ze~'CMwzeM

in Daukantas Wortschatz.Tous les espaces libres sont occupés par des notes brèves

de M. Endzelin. de qui des comptes rendus indiquentégalement les vues.

A. ~1.

M)'LE:BACH-A. ~a~xesM ua~afa~ ua~M~ea. FasciculesXL-XLL Riga, 1931, in-8, p. 321-480.

La publication se poursuit, à un rythme régulier, peurapide on n'est encore qu'au mots varsts la fin n'est pasencore en vue.Le fasciculeXL est plein de formes comprenant M~ Mr-.Les variations d'un nom comme celui dela «grenouille»

uc!</e et ua/y~?, le premier ancien, à en juger par arm.,qort, le second au moins letto-lituanien, doivent s'expliquerpar le fait qu'un mot de ce genre a une forme peu fixe. Cf.les variations du nom grec, gx-ax~ etc.M. Endzelin admet un rapprochement du nom Moe~a de

la « queue avec le groupe de gr. MS~M.Le sens d'uneracine signifiant « pousser, frapper convient assez mal.

A. M.

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COMPTES RENDUS

-i80-

LANGUESASIATIQUES,CAUCASÏQUES,BASQUEETÉTRUSQUE

F. SoMMER. Das ~~MeAeund e~M~~c~e ~Ze!'c/:eM.Munich, 1930, in-8, 23 p. (Sitzungsberichte der WIenerAkademie, Phil. hist. Abt. 1930, 1).

Avec l'esprit critique qu'on lui connaît' et auquel nosétudes doivent tant, M. Sommer discute les conclusionsqui ont été tirées de la découverte portant sur la commu-nauté d'un signe entre les alphabets étrusque et lydien. Illes réduit à peu de chose. La démonstration est instructived un bout à l'autre.

A. M.

N. JAKOVLEVet D. ACHXAMAF. ~ra~C/'O ~C~C~t'a'Adygejckovo (~/CMC~'OUO)~'<M~M'dlja C~O~ u Ca/MOO-~?'a~o~aK/'a.Krajnaisdat, 1930, in-8, 23 p.

Bien que destiné avant tout aux maîtres qui doiventenseigner le tcherkesse aux enfants du pays, cepetit ouvragerédigé par le maître russe des études caucasiques M. Ja-koviev, avec la collaboration d'un de ses élèves originairedu Caucase, est propre à informer utilement les savantsqui s intéressent aux langues du Caucase. A ce titre ilconvient de le signaler ici. On remarquera que la descrip-tion commence par l'analyse de la phrase.

A. M.

Revue internationale des études ~(M~MM.tomes XXH,janvier-juin '1931.Paris (Champion) et San Sebastien.

La revue poursuit son utile carrière. Au point de vueHnguistique, on notera un article de type intéressant, surles noms relatifs à la maison en souletin, et le commen-cement d'un travail de G. Bôhr sur le verbe en guipuscoan.

A. M.

Page 420: BSL 1931- 32

EVAFŒSEL

18i

E\a F)ESEL. ~tM/McA. Berlin-Leipzig (W. de Gruy-ter). 1931, in-8, 81 p. (G'MC~!0~~eder ~/o~c?'~M-/!<A'C~P?!tS)'3~'C'C/<M~MSe?MC~<2/'<eM,It, 5, 4).

De ce que cet excellent aperçu de l'état actuel de la ques-tion étrusque paraît dans une histoire de la linguistiqueindo-européenne dirigée par des maîtres aussi prudents queMM. Debrunner et Sommer, on ne conclura pas quel'étrusque soit désormais classe parmi les langues indo-européennes. Il s'en faut du tout. Les directeurs du recueil,en s'adressant à M°"'Fiesel, savaient choisir un savant à lafois bien informé et d'esprit critique, et qui ne se laisseraitabuser par aucune théorie spécieuse.Personne ne peut plus croire que l'étrusque soit une

langue indo-européenne dès qu'une langue indo-euro-péenne. comme le tokharien ou le hittite, est découverte,l'interprétation aboutit assez vite, et l'origine de la languese dénonce immédiatement. Or, on n'arrive pas à interpré-ter vraiment l'étrusque, et les quelques détails qu'on arriveà déterminer sont si peu clairs que l'on n'est enclin sur lecaractère grammatical d'aucun quant aux mots. ils neressemblent de près à aucun mot connu d'une autre langue.Quand une personne qui demande des démonstrationsvalables, comme M""Fiesel. considère ce qui est établi, ellen'y trouve pas les données qu'il faut pour une morphologiesi sommaire soit-elle. L'exposé est, sur ce point, d'unenetteté saisissante.D'une manière générale. les problèmes sont posés avec

rigueur. On pourra être tenté de trouver M°" Fiesel scep-tique. Mais que faire avec les données actuellementacquises ? L'auteur espère que, une fois qu'on aura unindex complet des inscriptions et qu'on aura disposé chro-nologiquement les faits dont on dispose, l'étude pourrafaire quelques progrès. Mais il faut concevoir que cela nepromet pas de révélations importantes.Le mieux est de n'avoir pas d'illusion, et M" Fiesel n'en

donne pas. Sauf pour le phonétisme de la langue sur lequel

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COMPTESRENDUS

il aurait été possible de dire plus. il semble qu'elle disel'essentiel elle le dit bien clairement, et elle apporte unjugement sûr en une matière où beaucoup de bons espritsont ci ré. Elle marque où l'on en est, et ce n'est pas safaute si presque tout le chemin est encore à faire.

A. M.

LANGUESCHAMITO-SÉMITIQUES

P. DnoMtE. Langues et écritures ~M!M. Paris(Geuthner), 1930, in-8, 73 pages.

Le Père P. Dhorme donne ici un résumé des connais-sances acquises, rendu précieux par l'expérience d'une viede savant consacrée à l'étude des langues sémitiques; parson existence sur ou à portée des champs de fouilles. Dansles notes bibliographiques il ne laisse rien passer de ce quia paru, en partie de sa plume, dans les revues archéolo-giques ces notes pourront être consultées par les éruditsnon moins que par les étudiants.JI y aurait néanmoins des additions à faire même à la

bibliographie, et la clarté apparente de la rédaction demandesur divers points des précisions plus grandes (L'auteur a étéotontairementtrès court sur l'hébreu, la présente plaquette

étant comme l'Introduction de l'ouvrage qu'il annonce sur)'/7c~eM à travers les ~e$).P. 6. Il n'a paru de la grammaire comparée de Lindberg

que l'étude sur le consonantisme. Il est essentiel de citerBergstr~sser, .Eï~/M~MKyin die ~em~Me~eM<S~<7c~e?ï,Munich, 1928.P. 16. L'inscription de Byblos en caractères inconnus,

qui présentent des points de contact avec le phénicien,l'égyptien et le vieux-sinaïtique, est maintenant publiée parMauriceDunand dans Syria, 1930; p. 1-10.P. 24. Sur le punique de Plaute, voir L.-H. Gray, dans

182'–

Page 422: BSL 1931- 32

P. DHOMIE

183

American journal o f tS'e?M!'i':C~~MŒC~ and literature,janvier 1923.P. 27. Il faudrait mentionner l'idée que les ~abatéens

auraient été des Arabes ou au moins se seraient de plus en

plus mélangés d'éléments arabes.P. 32. Ajouter à la bibliographie Is. Lévy, dans ./OM?'/?c/

asiatique, 1927. Il.P. 33-34. La rédaction laisserait croire que l'araméen a

été admis dans le recueil biblique avant d'être la langueparlée de la Palestine; est-ce bien la pensée de l'auteur'?Les quelques mots sur l'écriture sont obscurs.P. 34. A propos dû Samaritain, il faut renvoyer aux

études de M. Gaster, notamment dans l'.ËMC:/c/o/~e~'f de/aM.P. 35. Sur le Nabatéen. voir maintenant l'ouvrage de

J. Cantineau (Paris, 1930).P. 36. Pour le paimyrénien. voir maintenant J. Canti-

ncau, /uey~<7!re. (Beyrouth, depuis 1930).P. 38. Le syriaque étant de l'araméen ne peut pas être

opposé à celui-ci. L'araméen moderne occidental deJA/M/r<, etc., dans l'Antiliban n'est pas du syriaque. Citer

Bergstrusser, A~!«2y'c?M<7MC/<c~~cAe~ <2M~~/c'/M/a,Leipzig, 191S. et 67<M6w ofc.y. dialekts von Af<2'Leipzig. 1921. avec bibliographie. Pour le dialecteoriental de Tour Abdin, voir Siegel, ~aM~-M?!(/~o~eH~<?des Dialekts des Tûr ~4~f/:M, Hanovre, 1923, avec biblio-

graphie, et pour la région de Mossoul le dictionnaire deMaclean, Oxford. 1901.P. 41-43. L'alphabet sudarabique représente une branche

de l'alphabet sémitique différente de l'alphabet phénicien.La double direction droite-gauche puis gauche-droite (bous-trophedon) est assez fréquente dans les inscriptions, tandis

<jue la direction fixe de gauche à droite ne se rencontre

guère que sur certains groupes de textes en dialecte du~Œ/a~OM.On aurait pu citer la A'o~'cc.sw les caractères <aMyp/'A',

tmprimerie Nationale, 1927. La bibliographie des inscrip-tions sudarabiques (notamment des ouvrages de Rho-

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COMPTES REKDUS

dnkanakis) est Incomplète. Voir Répertoire <fZ~<a;~AMsémitique, V, par G. Ryckmans.P. ~5. Sur une seconde inscription sudarabique de Délos.

voir Plassart, Les sanctuaires et les cultes ~M Cy~~e/)p/M. Paris, 1928, p. 263.P. Si. La présence d'éthiopiens en Yémcn se prolonge

jusqu au vt" siècle mais l'écriture sabéenne seule a étéemptoyée dans ce pays, ce qui n'apparaît pas dans la rédac-tion.P. 52-S3. La rédaction ne montre pas clairement que

i'amharique a été la langue officielle en Abyssinie depuisla lin du x)n° siècle. Il n'a pas supprimé les langues duSud argobba, harari, gouragué.P. 57. La bibliographie de l'Arabe maghribin est trop

sommaire. Deux descriptions détaillées au moins pourraientêtre ajoutées W. Marçais, Dialecte arabe des ~7~<~Bra-A~ de Saïda, et M.Colien, Parler arabe des Juifs d'Alger.P. §8. On ne peut pas dire que les langues sémitiques

n'aient qu'une flexion interne elles sont caractérisées parune flexion à la fois interne et externe. Dire qu'on y éviteles mots composés n'est pas exact, l' « état construit )) étantune véritable composition, sans parler des composés quiservent de noms propres.

Marcel CoHEK.

Martin SpMEKGUXG. The alphabet. /? yMe and deve-/~w:<?~ /ro?K the 6'MKMinscriptions. Oriental institutecommunications n" 12. The university of Chicago press.1931, in-8, x)-71 pages (P. S7-62 A. T. OLMSTEAD,~eCM?'M on ifAeCMyM:/W?Kalphabet o f Ras ShamraM?ï</ relation to the sinaïttc inscriptions).

Depuis le temps où il était rendu compte dans ce jSM//e<~(n°"80 et 82) des premiers ouvrages de H. Grimme sur lesinscriptions sinaïtiques, la question a continué à juste titreà passionner le monde savant divers articles et livres ont

184

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P. PAULJOrOK

185

paru (notamment un nouveau livre de H. Grinmie non par-venu à la rédaction) des expéditions archéoiogiqucs ontn'-coité quelques petits textes nouveaux. Examinant les

pubHcations récentes, M. Spr. s'est convaincu qu'on pouvaitconfirmer diverses lectures déjà proposées et traduire demanière nouvelle certains passages. Ses suggestions pour-ront t'-tre en partie retenues pour examen, de même quecertaines des idées qu'il émet sur les modes de propagationde l'alpbahet. dont il ne met pas en doute l'origine .M?!~7<yMc-A'<* M'~e (~e'~==pays entre mer Morte et mer Rouge). Undes points, déveioppépar M. OImstead, serait que les signescunéiformes de Ras Shamra s'expliqueraient comme desformes « cloutées » des signes alphabétiques d'originesinaïtique. Ouvrage non sans témérité, mais non sansutilité.

Marcel CoHt;K.

P. Paul Jocox. 6~MaH~Me </&s'verbes .s'/a~s' de la

/&w< qatila (qatel) c~ <2~'<x~<hébreu et araméen. Mé-

langes de l'Lniversité Saint-Joseph, tome XV, fasc. 1,Beyrouth, i930. in-8, 32 pages.

Dans ce mémoire le P. Joüon définit mieux, en s'ap-puyant sur d'importantes listes d'exemples, ce qu'il entend

par le terme « statif » dont il a fait usage dans des ouvragesantérieurs. Sa pensée est ainsi résumée p. 4-5 « La caté-

gorie morphologique ya/<7 répond à une catégorie séman-

tique présentant une certaine unité fondamentale c'est, à

l'origine, une notion d'état. puis, par analogie avec l'état,une notion de « passion (nettement distincte cependantdu « passif » proprement dit), enfin par une progressioninsensible, une notion d action envisagée d'une façon plusou moins stative ou une notion d'action moindre. »Le développement est fait surtout en contradiction avec

) article de nos J/<w<o~'&y. XXH). p. 22U-248, ou j'ai essayéde définir tes mêmes verbes comme « dépon''nts internes »

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COMPTES RENDUS

-186-

ou « adhérents », en les comparant (pour le sens et pour laforme, qui est proche du passif), aux déponents latins et àceux des verbes du grec qui n'ont que la forme moyenne(et non. comme parait le croire le P. Joüon, au moyen dugrec en général).H y a accord entre les deux points de vue sur le point

essentiel il ne s'agit pas de verbes « intransitifs ou« neutres ') l'emploi transitif y est normal et n'a pas besoind'être expliqué en particulier pour chacun des verbes quile comporte. La pensée du P. Jouon est bien précisée parIn comparaison avec les verbes du type MM~eredu latin(référence à Vendryes, B. S. L., t. 27, p. xxtv)..le continue à ne pas comprendre le passage « insensible »

de la notion d'état à la notion d'action, ni au juste ce qu'estl' « action moindre ». A ce sujet on jugerait mieux sansdoute si on envisageait la contre-partie, et on est tenté dedemander a l'auteur un nouveau mémoire ou il dévelop-perait la phrase (p. 29) « Pour certaines notions nettementstatives on trouve, il est vrai, des formes <~c'{ assez nom-breuses, mais on peut d'ordinaire les considérer commed'origine secondaire. »Jusqu'à preuve du contraire le mélange des formes~a~/c

d qatila dans l'expression des mêmes notions ne me paraitpas pouvoir s'expliquer par l'opposition état-action, a /b~-<M~'pas par une gradation de l'une des notions à l'autre.Je persiste donc à penser que (à part les cas ou il s'agit

de qualité ou de neutre opposé à l'actif, cas sur lesquels jen'ai pas assez insisté dans l'article précité), la notion quifait apparaître la forme labisa est celle qui est connue enindo-européen par le phénomène du déponent, à savoir uneexpression insistée « de la part personnelle que preml lesujet au fait exprimé ».

Marcel CoHEN.

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F. A. SCHAKFFER CH. VtROLLEACD

–i87–

F. A. SCHAEFFER. Les fouilles de ~Me~-e/3c!~7 et deT~s' ~</M~'f< (Campagne du printemps 1929).

Ch. VtROLLEAL'D. Z~P.S/C~ de Ras .S*Af7M! ~aVCCcontribution de R. DussAuo). Paris. Geuthner, 1929

(Extrait de ~~), in-4, p. 285-310, pl. LI-LXXX.

La découverte (tes tablettes de Ras Shamra (Syrie duNord, sur la côte, sensiblement à l'Ouest d'Alep) est le plusgrand événement qui se soit produit pour les études semi-

tiques dans ces dernières années.

L'opuscule annoncé ici est le premier compte renduu

complet de la découverte, fait avec précision et avecune illustration abondante M. Schaeffer décrit méthodi-

quement les fouilles faites par lui et M. Chenet et la mise au

jour d une cinquantaine de tablettes portant un texte encaractères cunéiformes. Différentes données permettent deles situer au xtv'xm*'siècle avant J.-C.M. Virollcaud a donné très vite une bonne copie de toutes

les tablettes, et une photographie de certaines d'entre elles.H a fait des premières constatations sur l'écriture mettantà part deux tablettes qui se lisent en accadien. il a reconnuque les autres présentent un alphabet de 26 ou 27 lettres, àmots courts (séparés par un trait vertical), donc sans douteécrits sans les voyelles.Cette prompte et bonne publication des documents a

porté ses fruits sans tarder. Chacun de leur côté, M. HansBauer et le Père Dhorme ont effectué un déchiffrement, encherchant à lire du phénicien ou au moins une langueproche. Après peu de tâtonnements, et chacun utilisanth's faits reconnus par l'autre, ils se sont arrêtés à untableau de signes dont ils se sont servis pour des lectures ettraductions étendues. A ce sujet. les dernières références derevues savantes, qui permettent de se reporter à la bib)io-

graphie antérieure, sont. sauf erreur H. Bauer;/.Y/<2~«7< ~1~/M~/in A'<~7~c/ dans Z. D. M. G.

(i930). p. 251-25L ci P. Dhorme. /<i'</Mc/<<~f/f. /e~(?.s-~e/ f/<i's ~7~M7' dans/~euMc ~yMe,

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COMPTESHEKDUS

188

)931, p. 32-56 (Ajouter maintenant les articles de <S'y?'M,1931, fascicule 1 connus trop tard).Entre temps la campagne de fouilles de 1930 a livré de

nouvelles tablettes à MM. Schactfer et Chenet. M. Virol-leaud. les lisant grâce aux valeurs de lettres reconnues parMM.Bauer et Dhorme, avec de menues modifications, aannoncé (communication à l'Académie des inscriptions enavril 1931) qu'on se trouvait en présence d'une longueépopéemythologique phénicienne. Enfin les fouilles de 1931ont fourni de nouveaux documents, donnant le complémentcle l'épopée découverte en 1930.Il faut maintenant attendre la publication de M. Yirol-

Icaud. La lecture d'un long texte compréhensible devra per-mettre de fixer les détails de la graphie et de la làngue. Onpeut remarquer que MM. Dhorme et Virolleaud emploientle terme de « phénicien », tandis que M. Bauer s'abstient denommer la langue deRas Shamra. Sans doute cette prudenceest-elle justifiée; dès maintenant on sait (notamment parune communication de M. Virolleaud à la Société de lin-guistique) que le traitement des consonnes que révèlei'écriture n'est pas proprement cananéen. Je me hasarde,à titre de timide suggestion, à citer le nom de ~4~ïM/M.Dans la carte de la p. 297 de l'opuscule annoncé ici, ce nomse trouve écrit de manière à se terminer juste à l'Est deRas Shamra. Si du phénicien, ou un langage proche, a étéécrit dans une écriture diS'érente du phénicien connu,n'est-on pas en présence d'une frontière politique, et nefaut-il pas penser à un Etat dont on connaît un peu l'his-toire, mais dont on n'a aucun document écrit?

Marcel CoHEK.

Wifhe!m BoRËE. Die ~L~e~ O~KCM:c/ï jPa/a~~aN.

StaaUicheForschungsinstitutcbei der UniversitatLeipzig.Leipzig (PfeifTer), 1930, in-8, 11, 125 pages.

Los études sur les noms de lieux snnt toujours Impor-tantes ceMe-ci est faite avec méthode et réserve elle

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WH.HELM BORËt:

189

représente un gros travail en dépouillements, classementset réflexions et elle présente des résultats positifs.Les noms de lieux étudiés s'expliquent pour la plupart

en sémitique. Il y a dominance de termes composés, dontbeaucoup comportent un nom de dieu, supposant un éta-blissement religieux. Parmi les noms à un seul terme, laplupart ont soit un préfixe net de nom de lieu, soit uneterminaison plus ou moins claire qu'on peut considérercomme sufnxe de nom de lieu. Tous ces noms. au moinsdans la forme attestée, peuvent être attribués sûrement auxpopulations sémitiques de la région.Dans le résidu non reconnu comme sémitique, un nombre

appréciable de termes a des caractéristiques asianiquesnettes l'auteur les attribue avec prudence, au choix, à uneoccupation partielle antérieure aux populations sémitiquesou à une avance momentanée vers le Sud des élémentsasianiques dans un pays déjà sémitisé.On aurait aimé, pour la meilleure utilisation du livre

par un public varié, que les résultats acquis soient reprisen tableaux, en index variés et surtout en croquis géogra-phiques. Hmanque même une mise en évidence des numé-ros des paragraphes qui1 permettrait d'utiliser la courtetable des matières et dese reporter facilement auxréférencesd'un endroit du livre à un autre.H serait souhaitable que l'auteurpoursuive ses recherches,

suivant des voies qu'il expose en partie lui-même. Il y au-rait lieu de distinguer mieux les temps et les régions etsurtout d'étendre la recherche à tout le domaine sémitiquedu Xord-Ouest. La plupart des noms importants de la Phé-nicie et de l'intérieur de la Syrie sont cités, en dépit de larestriction initiale à la Palestine: il faudrait aller plus avantdans cette direction. Une fois l'ensemble du domaine dé-broussaillé on pourrait essayer de faire la part des diverslangages cananéens: hébreu; phénicien, moabite, amoritesi c'était possible, etc.. ce qui n'a pas été fait par M. Borée.Les principales sources ont été utilisées hébreu, grecdes

Septante, documents accadiens et égyptiens, tablettes pales-tiniennes en écriture cunéiforme. Il y aurait à pousser plus

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COMPTES RENDUS

loin. pour être exhaustif versions bibliques grecquesautres que les Septante, Vulgate, versions araméennes etautres versions orientales, documents extrabibliques engrec, arabe, etc.Une étude des faits phonétiques, qui manque, ne donne-

rail pas seulement des résultats pour les langues citées(les échanges de liquides à eux seuls mériteraient un relevésoigneux), mais sans doute aussi des indications en ce quiconcerne l'origine de divers noms, et leurs transformationssur place sous diverses influences.A propos du gros bloc des noms simples, ou pour-

vus d'une simple finale de valeur plus ou moins claire,il faudrait, tout en mentionnant comme l'a fait l'au-teur les racines sémitiques connues, penser aux homo'nymies de langue à langue. Les explications de nomsde personnes ou de lieu par des étymologies hébraïquesévidemment fausses dont l'Ancien Testament est saupoudrésuffisent à faire soupçonner beaucoup de réemplois etd'adaptations. Ainsi doit-on peut-être expliquer un certainnombre de désignations apparentes, en partie surprenantes,par des noms d'animaux et de plantes. Il y aurait lieu ausside reprendre en un tableau à part les noms que le grec atraduits et non transcrits.(~ueiquesobservations de détail.P. i6. Le nom nbr peut être un doublet (existant en

éthiopienmoderne) de nmr «panthère » (voir p. Si, n° 12).P. 63 et 73 bas. L'équivalence Nx:.Ax~M~s'appliqueàdeux

noms différents; le moderne Naplouse (arabe MC~/M)n'estpas cité. sauf erreur.P. 83. il faudrait ajouter aux noms en « vallée M

ceux qui n'ont ce terme qu'en grec (par ex. p. 9U,n" 24,~3).P. 86. Le grec s~M~.ne recouvrirait-il pas un nom du

« sel )) dansquelque langue?'?P. 95. Les noms contenant un nombre peuvent se rap-

porter à un événement périodique, comme les noms demarchés désignés par les jours de la semaine en arabe mo-derne.

Marcel ConEK.

t90

Page 430: BSL 1931- 32

MAVER LAMBERT

<9i

Mayer LAMBERT. Traité de ~'cM~cz're hébraïque, Fas-cicule I, Paris, librairie Ernest Leroux, 1931, in-8,1-224pages.

[) est affligeant que Mayer Lambert n'ait pu voir impriméce Traité, fruit de longues décades d'études, de réflexions,d'efforts pédagogiques. Aumoins, aumoyen de cetteclaire édi-tion, son enseignement se perpétuera de manière profitablepour les hébraïsants et sémitisants. en particulier pour ceuxqui n'ont pas l'usage de l'allemand grammatical en rem-placement de la grammaire vieillie et épuisée dePreiswerk eta côté de la grammaire du Père P. Jouon, ce sera un ouvrageessentiel dans les bibliothèques publiques et privées pourles lecteurs de langue française. L'ouvrage ne pouvait êtreréalisé tel qu'il est dans sa richesse que par un homme pos-sédant à fond la langue, au courant de tous les travauxgrammaticaux des savants juifs de toute époque et de lalittérature linguistique moderne, savant dans les languessémitiques en général, Tl ne pouvait avoir cette clarté querédigé par un homme méthodique et modeste qui, se pla-çant continuellement comme à l'extérieur du sujet qu'ilconnaissait si bien. l'expliquait pas à pas en définissanttous les termes au passage. Les références à d'autres ou-vrages ont été choisies judicieusement et mises à leurplace en des notes qui n'écrasent jamais l'exposé.Le résultat est qu'on voit aussi clairement que possible

ici, avec l'aide d'un esprit positif chez qui le souci linguis-tique n'était occulté par rien; les variations des différentsmorceaux de la Bible dès leur plus ancien état atteignable,et les retouches postérieures des massorètes. On peut direqu'un pareil ouvrage clôt dignement une période d'études.Dorénavant il restera à reprendre encore le travail entenant compte des connaissances nouvelles sur l'hébreu pré-massorétique, et en entreprenant des monographies gram-maticales de différentes parties de la Bible. Puis on arriverasans doute une fois à replacer tous les faits dans un cadrequi tienne compte de plus près de la « phonologie », tant

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COMPTES RENDUS

-192-

pour les réactions des phonèmes en contact que pour laconstitution syllabique. Les progrès de la comparaisonapporteront aussi de nouvelles lumières.!I sied demarquer les réserves: commela systématisation

phonétique de Maycr Lambert apparaîtra déficiente, sa sys-tématisation logique apparaîtra un peu excessive, sa termi-nologie un peu trop proche encore de la grammaire fran-çaise usuelle.Le fascicule donné ici seul comprend une courte Intro-

f/Mc~'OH,une Sémasiologie ou étude des signes graphiques,une Phonétique, le début de la ~o~~o/o~'e (notions géné-rales, et étude du nom avec les pronoms et les noms denombre).Dans la morphologie, suivant la bonne méthode, les

emplois sont étudiés avec les formes.En généra! les explications historiques sont mises à leur

place, après l'exposition complète des faits. Par placesseulement la forte conviction sur la valeur de l'explicationa entraîné l'auteur à en faire le début de son exposé, et lelecteur devra s'armer de doute ceci s'applique surtout,dans la partie relative au nom, à l'explication des dési-nences de pluriel comme d'anciennes désinences du fémi-nin. qui ne parait pas tenable.L'éditeur annonce la parution proche de la suite de la

morphologie. On souhaitera que le fascicule final de l'ou-vrage contienne un index très completpermettant aux sémi-tisants de retrouver rapidement tous les détails concernantnon seulement l'hébreu mais les langues parentes et leshypothèses ingénieuses qui sont répandues un peu partout.Au total, bon ouvrage- de philologue, de linguiste, de

professeur.Marcel CoHEN.

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J. CANTINEAU

Ib

J. CAKTtKEAC. jLg/!<x&a~eM.1. Notions générales, écri-ture, grammaire. Paris, Librairie Ernest Leroux, 1930,in-8, x)-l 12 pages.

.]. C~NTtNEAu. Inventaire des inscriptions de ~'<a'~??yye.Fascicules 1-IV, Beyrouth, 1930-1931 (Publications duMusée national syrien de Damas).

Les langages sémitiques connus seulement par des in-scriptions doivent être l'objet d'études précises et complètes.M. Cantineau à donné à la fois un ouvrage utile et un bonexemple en traitant méthodiquement la question dunabatéen.L'ouvrage annoncé ici sera complété par un tome II, dès

maintenant en cours d'impression, qui donnera, avec desreproductions au trait, tous les textes importants connus.et un lexique complet de toutes les inscriptions recueillies.Ainsi le nabatéen peut prendre vraiment sa place dans les

études de linguistique araméenne.L'exposé de M. Cantineau est clair et méthodique la

comparaison y intervient partout, mais sans jamais masquerl'exposé des faits; les difficultés qui résistent provisoirementà une explication sûre sont nettement indiquées.Le domaine du nabatéen est situé à la frontière entre

l'ancien domaine araméen et le domaine arabe beaucoupde noms propres nabatéens se retrouvent en arabe. D'oùune question importante historiquement, et aussi pour lejugement à porter sur certains traits dialectaux du naba-téen les gens qui ont écrit les inscriptions nabatéennesdepuis environ 100 av. J.-C. jusqu'à 100 ap. J.-C. ont-ilsparlé nabatéen (c'est-à-dire araméen), ou arabe? M. Can-tineau (voir notamment p. 9 et suiv.) adopte la secondehypothèse, en réservant toutefois la possibilité que certainséléments de la population aient parlé araméen. II me sembleau contraire probable que les villes de la Kabatène ont eudes citadins de langue araméenne, que sans doute J araméenétait une langue employée même par les campagnards delangue arabe. Ainsi l'écriture originale nabatéenne a du

19~

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COMPTES RENDUS

194

noter une tangue véritablement vivante, avec ses parti-cularités propres, et non un aspect d'une grande langue derelation implantée seulement pour des usages savants etpratiques.

Pour le paimyrénien, M. Cantineau poursuit une doublebesogne il augmente le nombre des documents connus pardes fouilles qui se sont montrées fructueuses, ainsi que lerévèlent des publications de textes inédits (Inscriptions pal-M!?/y'pM!<??ï?!e~,Damas,1930, Textes funérairespalmyréniensdans Revue Biblique, i930) d'autre part il a entrepris uninventaire général des inscriptions tant palmyréniennesque grecques, qu'il bâtit avec rapidité. Ainsi, lorsque lescampagnes de fouille à Palmyre marqueront un nouveautemps d'arrêt, les documents seront rassemblés à la foisdans le répertoire de M. Cantineau et, il faut l'espérer, dansle Co~M~ inscriptionum semiticarum, et on peut escompterque quelqu'un rédigera alors pour ce dialecte aussi unebonne monographie grammaticale.

Marcel CoHEK.

Karolus CoKTtRossiNt. C/i~'e~o~a/~M a~o~xco ???e?'!dionalis e~yra/)/ti:c<xedita et glossario instructa. Rome,Istituto per l'Oriente, 1931, In-8, xi-264 pages.

Le sudarabique n'a pas pris la place qui lui est due dansles études sémitiques comparées, parce que le matériel déjàabondant d'inscriptions a été et est encore publié trop len-tement, et qu'on a hésité à faire ou a.u moins à publier desexposés grammaticaux et des lexiques sur des documentssouvent difficiles à interpréter et qu'on savait destinés à êtrecomplétés sous peu.M. Conti Rossini rend un signalé service en munissant

cette chrestomathie d'un lexique (p. 99 à 261) qui contienttous les mots des inscriptions publiées qui sont usuels et desens suffisamment établi, y compris les noms propres. Ce

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K. RHODOKAKAEtS CARL MEtNHOF

't3.

lexique est comparatif, ce qui s'impose d'autant plus qu'enmajorité les sens des mots ont été reconnus par compa-raison avec d'autres langues sémitiques, l'arabe, le sudara-

bique moderne et l'éthiopien étant ici spécialement impor-tants.A la vaste information et à la sûreté de travail de l'auteur

tous les sémitisants sont redevables d'un excellent instru-ment de travail, qui survivra tel quel, et qui devra aussi

provoquer de nouveaux travaux sur la même matière.

Marcel CoHEN.

N. RHODOKANAKfs. Studien ~M~ Z.e.r~o~~Axe M~/C~<?w??ï<7/<7.'< .4/~M~/a'~a~M'c/teMIM. Heft., <S*~?~~c~e, -4~'a<~eMM'e. M: tFx'e~ 213. 3, Vienne (Holder),1931, in-8, 50 pages.

M. Rhodokanakis, poursuivant ses patientes et minu-tieuses études, donne ici une monographie sur une seuleracine sudarabique. Il définit le sens des différentes formesà la lumière de textes inédits, de sorte que nombre d'autrestermes se trouvent étudiés dans le commentaire. La racineétudiée est ~r~ avec l'idée générale de « garantie a.

Marcel CoHEN.

Cari ME!KHOF. Die libyschen /?M'c/i'eM. Eine Unter-

suchung. Leipzig (~L~Aa~M~e?! für die ~M??c/e des

~o/yeM/<x?!</e~ XIX, 1), chez Brockhaus, 1931; in-8,46 pages.

L'infatigable vétéran des études africaines rend un nou-veau grand service en publiant ses recherches sur les

inscriptions libyques (berbère ancien).Son étude méthodique s'appuie sur un examen très

soigneux des deux bilingues punico-libyques relativement

195

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COMPTES RENDUS

i96

longues (7 lignes), et sur les inscriptions tombales latino-libyques. Pour les comparaisons graphiques et pour lesinterprétations phonétiques et lexicales il tient compte dansle détail de l'écriture berbère encore vivante au Sahara (letifinagh) et du phonétisme moderne (qui apparaît peuévolué en regard des documents du début de l'ère chré-tienne). Les berbérologues ont maintenant la parole; il estprobable qu'ils admettront les identifications nouvelles designes, en rectification à Fessai ancien (i87.i.) et sur diverspoints pas assezméthodique de Halévy, qui avait été insuffi-samment critiqué par descontinuateurs commeLidzbarski etChabot les études ultérieures en seront facilitées. Ellesdevront compter en partie sur des découvertes de hasardqui permettront l'interprétation des mots qui doivent resterprovisoirement incompris.P. 5. Le traitement anormal de u pour b est attribué; ce

qui n'est pas dit ici assez nettement, au nom complexe!/< (voir p. 19).Les considérations sur la graphie (présumée fautive)

b pour r se comprennent mal parce que dans la reproduc-tion de l'inscription p. 4 le bon signe de y (un rond) a étémis au lieu du signe de b (rond avec point central).L'observation surj/j~M sous1. S se rapporte à 1. 4.P. 7. L'édition de l'inscription de Masinissa faite par

Meinhofdans 0. L. Z. 1926a échappé à F. Beguinot lorsquecelui-ci a traité des deux premières lignes dans ses A'o~fdip/?!~f/~ libica, de .A?ma~'6~/ ist. or. di Napoli, 1928-9mais illeinhof a de son côté Ignoré cet utile travail où ontrouve notamment un supplément de bibliographie.P. 13. A propos de t et considération inutile sur

l'alphabet hébreu (ainsi qu'ailleurs certaines observationssur la prononciation spirante des occlusives intervocaliquespropre à l'hébreu massorétique et à l'araméen), alors quel'auteur admet en somme avec Littmann que l'origine detécriture libyco-berbère doit être cherchée plutôt dans unedérivation du typeméridional de l'écriture sémitique. (P. 33,il vaudrait sans doute mieux ne pas tenir compte de d dansle tableau phonétique).

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FRAKCESCO nKf.L'iKOT

i')7

P. 20-22. A propos des échanges de y et de (spirantevéiaire sonore) on pourrait citer le nom ancien M!M6'r-cA'etle moderne MM~eK.P. 34. 1. 15 fin, lire Zeiclaen et non Ze~P. 35. A propos de ~s~ « monument du souvenir )).

compHrer amharique ~c'ars « témoigner ».P. 37, 1. 12, lire rechts et non /M~.P..13. Parler d'écriture sémitique plutôt que d'écriture

&/<C/MC!C/?7?P.Marcel CoHEV.Marcel CoHEx.

Francesco BEGuixOT. Il ~e~e/'o Ap/~M /M<x/Grammatica. testi raccolti dalla viva voce, vocaholarletti.Home, Istituto per l'Oriente, 1931. in-8, vni-3ji pages.

Le berbère de l'ilot compact du Djebel Nefùsa en Tripo-litaine était jusqu'à présent assez mal connu. Voici unmanuel complet, fait de documents strictement situés, del'un des deux grands dialectes qu'on y distingue. L'auteurrend un service important aux études berbères.La notation est stricte, l'exposé grammatical (p. i-131)

clair et précis les textes abondants permettront aux spé-cialistes de l'enrichir encore, au moins pour la syntaxe.L'auteur est de ceux qui réclament avec énergie une

étude systématique et comparée des dialectes berbères, etil y contribue efficacement. Mais sans doute, dès mainte-nant, aurait-il pu mettre mieux en lumière le système du

parler particulier qu'il étudiait.Lu classification des consonnes et voyelles est faite de

trois manières, et pourtant le système phonétique propre du

parler ne ressort pas. On ne voit pas quels sont les pho-nèmes essentiels, et leurs relations contrastées. Les phéno-mènes « conditionnés » sont énumérés sans que les princi-pales tendances apparaissent bien. Il faudrait séparer non pasl'assimilation totale et l'assimilation partielle, mais l'assi-milation en contact et l'assimilation à distance, noter la

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COMPTES RENDUS

198

fréquence du phénomène, si l'accommodation se fait entreéléments de la racine, du mot, de deux mots, etc. Laconstitution syllabique pourrait être étudiée de plus près,et abstraction faite du dogme caduc que les chutes devoyelles sont dues essentiellement à la prédominance dessyllabes actuellement accentuées.Dans la morphologie, le rôle de la forme d'habitude est

mal mis en valeur il s'agit, actuellement, d'un aspect duverbe, non d'une voix comme sont les autres thèmesdérivés. Comment d'anciens thèmes dérivés (intensif etrénéchi) ont convergé dans la constitution de cet aspect estun problème capital de la linguistique historique berbèremais une description se doit de représenter d'abord claire-ment l'état actuel.Encore une fois, les faits sont bien recueillis et mainte-

nant offerts aux recherches ultérieures. On souhaiterad'avoir beaucoup de pareils travaux.

Marcel COHEN.

François REYKiERS. Taougrat ou Les Berbères racontéspar eux-mêmes. Paris (Geuthner), 1930, petit in-8,89 pages, illustré de bois et dessins.

Taougrat est le nom d'une vieille poétesse chleuh dontdes poèmes sont ici édités, en écriture phonétique à peuprès scientifique et en traduction française, avec de courtscommentaires quelques autres textes, d'intérêt moinslittéraire et plus ethnographique, complètent la plaquette.

Marcel CoHEK.

Ernst ZvLHARZ. Z)û:$~ero~MeAc <S~o'c~)~o~Z?~ tiragea part de J.~ro~<M, T. XXV, 1930, pp. 409-463.

L'auteur a appliqué à un sujet délicat une excellenteméthode et de l'ingéniosité, en s'appuyant sur ses connais-

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r:R\ST ZYLHARZ

)99

sances en égyptotogic et au sujet des langues couchitiqueset nilotiques. Son mémoire est d'un excellent type d'exposi-tion. On se sentdisposé à suivre avec confiance un savant quisait si bien résumer les travaux antérieurs et qui retrace tousles progrès de l'étude avec une minutie telie que le lecteursait exactement sur quoi s appuie chaque affirmation, etaussi ce qui empêche provisoirement d'aller plus outre.Tout au plus regrettera-t-on que le résumé final ne ren-voie pas par des chiffres de paragraphes au détail de la dé-monstration.Une critique assez grave les trois voyelles que distingue

i écriture mëroïtique. et dont le timbre n'est pas connu,sont désignées conventionnellement par des signes qui sont

employés par ailleurs dans les études chamito-sémitiquesou spécialement égyptologiques pour transcrire desconsonnes « faibles M il aurait fallu adopter soit deschiffres. soit des signes typographiques quelconques, àcondition qu'ils ne servent nulle part à désigner des pho-nèmes connus.Les faits sont tels on possède dans la région de l'ancien

royaume de Méroé des inscriptions assez nombreuses soiten un jeu simplifié (jusqu'au nombre de 23) d'hiéroglypheségyptiens, soit en une cursive de 23, caractères dérivés de ca-ractères démotiques. Le déchiffrement graphique a été faitparles égyptotogues(surtout Griffith)gràce aux nombreux nomspropres et mots égyptiens de ces inscriptions. D'autre partles circonstances historiques, aussi bien que linguistiques(non-concordance avec le Nuba), mènent à supposer que lalangue des inscriptions doit être (conclusion de Meinhofdès !922) une langue « chamitique ». C'est la conclusionconfirmée par Zvhtarz au bout de son étude. Il pense qu'ona retrouvé la vieille langue du pays de A;M.Il ajoute qu'elleest beaucoup plus ancienne que les inscriptions méroïtiques;il entend sans doute en tant que langue nationale et. lit-téraire A ce propos on peut remarquer que le mot< ancien est souvent employé abusivement en parlant des

langues; il faudrait toujours spécifier qu'on parle de l'an-cienneté en tant que langue distincte, ou en tant que languee

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COMPTES RENDUS

200

nationale (transportée ou non sur le domaine d'autreslangues). L'ancienneté ainsi définie se manifesterait sou-vent par un aspect assez évolué, autrement dit par un sys-tème d'innovations, un caractère moins archaïque que celuide tel idiome qui n'a pas eu les mêmes destinées de culturesur place ou en domaine conquis. Aussi bien sait-on queles langues les moins anciennement attestées sont souventles plus archaïques.Vo'ci les principales caractéristiques morphologiques

<7~M~'<yMM(il vaudrait mieux dire c~c~~o-~em~~Mp.s')duméroïtique reconnues jusqu'à maintenant: préfixes des voixdu verbe s- (-)- voyelle)causatif, t- réfléchi, ~(+ voyelle)passif; préCxes personnels: y- de 3e pers. masc. sing.,oppose à du féminin, préfixe vocalique pour la 1"' per-sonne. De plus il y aurait une distinction de deux aspectsdes verbes (parfait et imparfait) par la voyelle du préfixe,fait connu en couchitique.D'autre part. le vocabulaire reconnu jusqu'à présent ne

permet que mal la comparaison lexicale avec le couchitique.On voit tout l'intérêt de ces faits si le méroitique peut

être assez bien déchiffré pour donner vraiment l'idée de cequ'était une langue couchitique déterminée du premier mil-lénaire avant l'ère chrétienne, c'est une donnée de pre-mière importance pour la comparaison chamito-sémitique.

Marcel CoHEN.

Atk'C'ERNER. ~~MC~M~PCHef/'C~i'<0?M/p0/'G:C<XM/a~Maye~. Londres, New-York, Toronto (Longmans,Green and Co), 1930, in-8, 62 pages.

Cette plaquette est une erreur d'édition. Le petit ouvragedu même auteur (The /a??yMa<ye-/c'?M:7!Mof ~L/?'xca;,sie'naië dans ce Bulletin, t. XXVI, p. 261), sunisait à ren-seis'ner un public large sur la question des langues enAfrique, en lui indiquant cnmmenL pousser la recherche.Il s'agit ici de quatre courtes conférences publiées sans

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MARCF: COHE~'

30!

bibliographie (hors quelques citations) et sans carte. Dans)'ext;'t''mc brièveté de 1 expose, certaines questions ou théo-nés traitées avec un peu plus de longueur prennent une placedisproportionnée en outre, malheureusement, il s'agit de

préoccupations déjà dépassées en partie. On s'étonned'autre part de l'absence de toute allusion à l'activité et auxthéories de M. Delafosse et à celles plus récentes deL. Homburger on aimerait qu'une africaniste compétentecomme M"" A..Werner donne sur celles-ci une opinion cir-constanciée.

Marcel CoHEK.

Marcel CoHEx. ~:<<~M f/MjD!?~ méridional. Paris

(Geuttmer), 193L in-S, xvi-H6 p. (Collection d'ouvragesorientaux de la Société asiatique).

H n'y a pas de linguiste plus curieux de poser des pro-blèmes et plus soucieux de montrer la nécessité de recueillirdes laits nouveaux que M. Marcel Cohen. Son domaine,qui est le chamito-sémitique en général, et en particulier{éthiopien, au point où le sémitique voisine avec le couchi-

tique, ne lui donne que trop d'occasions de manifester ce

tempérament de chercheur toujours en quête de questionsnon résolues. Car le travail n'v est, pour une large part,qu'à ses débuts. Les doctrines générales ne sont pas fixées,et le détait des faits n'est en partie pas relevé, et, là où ilest connu, pas méthodiquement exploité. M y a trop peude travailleurs.Le livre de M. Marcel Cohen n'est pas un ouvrage systé-

matique, bien qu'il soit foriement composé et calculé dans ledétail. C'est un ensemble de théories sénérates et d'études

spéciales provenant à la fois d'enquêtes personnelles et d'unexamen attentif des publications faites sur le domaine étu-dié les parlers éthiopiens méridionaux.Au début de l'ouvrage, M. Marcel Cohen marque les traits

qui caractérisent dans l'ensemble l'éthiopien, en distinguant

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COMPTES RENDUS

202

chose particulièrement intéressante les particularitésinitiales de celles qui résultent de développements paral-lèles des parlers éthiopiens. II considère comme réelle uneinfluence du substrat couchitique sur le sémitique d'Éthio-pie. Le fait le plus remarquable est la modification del'ordre des mots sémitiques sous l'influence du couchitique(p. 12 et suiv.). Les observations des p. 44-46 sur les sub-strats sont prudentes et fermes à la fois on ne sauraittrouver meilleur exposé théorique d'une question contro-versée. La conclusion de la p. 52 est tout entière à retenir;c'est moins une conclusion qu'un programme de travailméthodique.Le principal du livre consiste en trois études sur des dia-

lectes éthiopiens méridionaux gouragué, harari, argobba.La plus poussée est celle sur le gouragué représenté parquatre de ses types de parlers, sur une douzaine environil est indiqué que le groupe oriental a des rapports étroitsavecle harari. L'étude sur le harari est aussi assez détailléesur l'argobba, il n'est donné que de brèves indications onnotera qu'un document du xv" siècle, découvert parM. Jorga, y est utilisé ce document n'est, malheureuse-ment, pas situé d'une manière exacte.Le volumese termine par l'examen de yMe/yMa~'o~/è?MC6'

phonétiques. Il s'agit de ces innovations phonétiques nonconstantes, mais propres à indiquer des tendances caracté-ristiques, que M.Marcel Cohen s'est fait une spécialité designaler et d'examiner. Il y a là un ordre de faits curieux etdont t'intérêt peut être grand. Par exemple, dominé pari'i'icc générale que les labiales seraient débiles en sémi-tiques. le chapitre de l'affaiblissement et des échanges deconsonnes labiales est frappant.Outre ce qu'il enseigne aux sémitisants, et le programme

de travail qu'il fait apercevoir, on voit que le livre deM.Marcel Cohen est important pour la linguistique géné-rale.

A. M.

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JOURNAL DE LA SOCfÉTÉ FtK~O-Ot'GRIEXXE

203

/p/<m<~aM~~9~<'<~ la section des arabisants de l'/M~~

français de Z)~ Tome 1 (1929). Beyrouth, in-8,181 p. et XXI planches.

Dans un recueil qui inaugure les publications du jeune<'[déjà actif 7M.M/ /?~~paM de Damas, un seul article decaractère linguistique E. Saussey, mots ~~c~ dans le~o/er/e ara~c de Damas, p. 75-129. Le sujet est inté-ressant. et la méthode suivie semble bonne cet article estd'un bon exemple, et l'on aimerait avoir beaucoup detravaux de ce genre qui mettent en évidence des faits decivilisation vus de la langue.

A. M.

LANGUES DIVERSES

VoM~KG~de /a Société finno-ouqrienne. XLIV, Helsinki,1930. Ce volume comprend trois grands mémoires.

P. 1-160. Ham:dâinen. ~e~M~e rM~ Ethnographie der

Ostflî?,nen. Des indications sur les usages matrimoniaux desMordves, des Tchérémisses et des Votiaks en occupent la

plus grande partie, p. 9-H7. Le reste est occupé par lesobservations sur les usages en cas de décès et sur des levéesde récoltes. Dans tous ces articles, il est donné beaucoup defaits relatifs au vocabulaire.P. 1-32. Kai Donner. Uber die Ienissei-Ostjaken und ihre

Sprache.P. 1-39. Olaf Hansen. Zur so~bdischen Inschrift aufdem

dreisprachigen Denkmal von Karabalgasun.Suivent des extraits de procès-verbaux de la Société,

pleins de données intéressantes.A. M.

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COMPTES RENDUS

-204-

YrJÔWlCHMANN. l'O~C~~MMjy und rb~<ÏMC/!e der7'e~eypMïMSCK.Helsinki, 1931, in-8,xvt-479p. (Afe~o~Mde la Société /~ïMO-OM~7'MMe,LIX).

Textes en diversdialectesdu tchérémisse, aussi importantspour le fond que pour la forme linguistique. M. Y. Wich-mann les publie en une notation phonétique précise, avecune traduction. Ces textes ont été recueillis durant unvoyage d'études, d'octobre 1905 à août 1906.

A. M.

S. RoGOZtK. ,4~7t'M//aC!/ ~UM~O!~ M/'Œ/O-C/ifC/.S~'M;y<<z.K v s~au~e?! a7*Meu~'o-~t~fMM!. Uijanovsk,!930. i4p.

Mémoirede phonétique d'un caractère neuf.A. M.

./OM~a/~e Société des Africanistes. Tome I, fasc. 1.Paris (61. rue de BuETon),1931, in-8, 130 p.

II est surprenant que, dans un pays qui a en Afriqueautantd'intérêts que la France, il ait fallu attendre jusqu'à 1930pour qu'une Société des ~r!'caMM~' se constitue. C'estchosefaite, et voicile premier fasciculeque publie cette nou-vellesociété.La linguistique en profitera. Dans ce premier cahier, un

seul article de caractère linguistique un petit vocabulairedorhosié et dorhosié-unng que M. L. Tauxier ajoute à sanotice sur les populations de ce nom.

A. M.

Page 444: BSL 1931- 32

CH. TISSERANT )!n.)OTHECAAFRtCAKA

203

Ch. T'SSERAKT. Essai NM~'la ~<X?~y7?<X:~'TM</C.1930,in-8, 185 p. D<c~oMMO!re~a~a'ay~aM, 1931, in-8,f))7 p. (Travaux et Mémoires de ['Institut d ethnologiede l'Université de Paris [19), rue Saint-Jacques, Paris.

Y"]. XiM et XIV).

Le P. Tisserant. qui réside dans l'Oubangui Cl)ari depuis!9H, a réuni dans ces deux ouvrages la somme du travailfait par la mission dont il est l'un des membres sur les

parlers du Banda. La grammaire, et plus encore ie voca-bulaire, témoignent d'une familiarité Intime avec la langueétudiée. En publiant un travail aussi approfondi et quiapporte autant de faits soigneusement observés, l'Institut

d'ethnologie rend à la linguistique africaine un grand ser-vice. Le P. Tisserant a tenu compte autant qu'il l'a pu desdifférences entre les parlers du Banda. II n'a donné quequelques pages de textes mais le chapitre de la syntaxerenferme nombre d'exemples, et les articles du dictionnairesont nourris de phrases et de locutions. de telle sorte quel'on peut se faire une idée de la langue. Le dictionnaire setermine par une énumération des noms d'animaux et desnoms de plantes qui sera sûrement utile. Si, un jour, leP. Tisserant y pouvait joindre une liste des noms d'outils

avec des figures et de ce qui sert à la technique etune liste des mots employés dans les relations socialesnoms de parenté, noms d'institutions, termes religieuxil augmenterait encore le service qu'il a rendu.

A. M.

.S!0if/!ec<x Africana. vol, IV. fasc. 2. innsbruck,Innalen H. 1930/31. 68 p.

Ce fascicule de la revue africaniste du Père Drexel

comprend trois articles de caractère linguistique. La suitede l'article sur le Bantou du P. \Vangcr, un article surl'Ewe et un sur une lanarue du Kordofan.

A. M.

Page 445: BSL 1931- 32

COMPTES RENDUS

-206-

Renward BRANDSTETTER.Das ~y*ec~e?îund die Spracfieim j5*/?Mye/der m~o~e~McAe~Idiome und Z<<e/'Q'~M~eM.Lucerne (Haag), 193t, in-8, 35 p. (Wir Menschen derindonesischen Erde, VII).

Les termes qui se rapportent au langage intéressent tropl'homme pour ne pas comporter des renouvellements. Cetrait qui s'observe dans les langues indo-européennes seretrouve dans les langues indonésiennes. M. Brandstetter,à côté de quelques concordances, est amené à signaler entreles langues données nombre de différences. Suivant sonprocédé habituel, M.Brandstetter ne donne que les résultatsd'ensemble d'un travail qui a été poussé plus avant etn'entre pas dans le détail il illustre les idées généralesil n'énumère pas tous les faits. Mais il pose toutes les ques-tions principales.

A. M.

T. CmBA. TÏMearcAinto the cA<zr<zc~~M~'csof the ~ue.7c~oMpsevowels compared analytically M?:'<A~o~c o fthe e~A~cardznal vozvels. (Yokohama). 1931, in-8, 44 p.

Description des voyelles du japonais qui sont de typepeu varié. On sait qu'en japonais la variété est obtenue par1 emploides tons. On retiendra des remarques curieusescelle de la p. 38 sur une altération de Fc qu'entraîne l'obli-gation pour les femmes bien élevées de ne pas trop ouvrirla bouche est curieuse et instructive.

A. M.

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JOURNAL DE LA SOCtËTÉ DES AMÉtUCAXfSTES

-207-

C. C. UHLENBECKand R. H. van GULIK. An e~7~-6~c/bo~ uoca~M/a~, ~aM</material from the NOM~yM

~'p~eMy! Amsterdam. 1930, in-8, 263 p. (publication del'Académie d'Amsterdam, Fc~Ae~e~eM. Zp~r/fMM~c,N. R. XXIX, 4).

Sous la direction de son maître, M. R. H. van Gutik arédigé un dictionnaire qui est fondé sur les donnéesrecueillies sur place par M. C. C. Uhlenbeck et M. de Jos-selin de Jong. Le nom de M. Uhlenbeck suffit à indiqueravec quel soin le travail a été fait. La préférence accordéeau type anglais-biackfoot indique les tendances du maîtrequi a dirigé le travail ce sont les idées expressives quiintéressent M. Uhlenbeck, et le matériel de la langue l'in-téresse surtout en tant qu permet de pénétrer la mentalitédes indigènes.

A. M.

Journal de la Société < américanistes, XXH, 2. Paris(61, rue de BufTon), 1930, in-8, xL:v p. et p. 249-S43.

Ce beau fascicule complète le volume XXM.Deux articles de caractère linguistique. l'un de F. John

Duval Rice, en portugais, sur la position de la languede Urubu parmi les langues sudaméricaines. l'autre de CurtNimuendajù, en allemand, une description de la langue deKuruàva.

A. M.

Page 447: BSL 1931- 32

TABLE DES COMPTES RENDUS'1

308

Pages.ADjAREAX.S'KKatA.:MKj)jrf!r<:Y6tSt6ar6c[rt' 90ALoxso. Dialectologia AMpanoameftcana. 119Année Psychologique. 32.-4rc/t:t'OrMRh~)tt. 37î.4re/t!'t)MmneopANo&)~!eum. 48AttL'MAA.Litauische Texte aus W~hia. 177ïBA[LLY..Lac)'tsedtf/')'<Mte<ïts. 133BATTtSTi.Popote/MS'MeKe~'A~e. 118BE<;utxoT.~6<')'&e)'oA'e/MS!(M.Cohen). 197BExvExtSTE.Grammaire du vieux perse. 85B:6~o</t'<e cNs/:os<at;a!nsAyc/t. 37, 163~<6/tot/tcco<t/)'K;<!M. 203BnxKENBERG-lHŒLE.Df!)M~)'<Ms/: Ord6og (Sommerfp)t). 150!!LCCH(Jules). I)!f~-<j!/anpMi'o!oyt/ 80Bi.'tOMFtELD-EDGEKTOX.?ed:C t'at'MKfS. 64fionurxu. Santal t!e<t0)t<:< (J. Bloch). 77iUon.i.oT. Français de la Gran~'Com&c. 133BuHEE.«t'(sH<MH<'?iPa~Mttna~ (M. Cohen). 188BftAxDs'rETTER.DasSprce/tettMM~etteSpMc/tC. 206B)tocH-SELMER.E<em<'K<a<b?:e<:& 35Bnùxm.'M-KtELSEX.RMH~-OHA'enssprogform (SommerMt). 158Rt~/ctùt de r~M. G. Budé, supplément. 92BM~tt international de rAo<tdem:<*po~oMfsc. 43CAxnxEAU. Le A'a6atMn. IttMrtph'OKs de Pa<m.)'c (M. Cohen). 193CAp~TAXT.Voca6M/t[M'<M)'ta'gMe. t31<.AS.s)nE!t.PMosopA:'ede)'sym6oHM/te!t Forme)! 4CcMC'a.M. 39))ECELLES.Notre &MMp<!)'~)' 138CtnBA.jF'~eJapanesefOMei! 306CnH!STEXSEX.Dialectologie iranienne. 88CnHEK(M.). Ethiopien méridional. 301

Questionnaire !tK<?MM<KyMe. 34CoLurz. Vert'so/'motton. 341*CoLL&MP.Cft<:</Mdeste.E<M. 95Cox'n RosstNt. Chrest. arabica tno'MtOKO's (M. Coben). 194

1. Les comptes rendus signés A. M. sont de M. A. Meillet. L'auteur n'enn'est pas indiqué dans cette table.

Page 448: BSL 1931- 32

TABLE DES COMPTES REXDL'S

209

CouRnfx.Grf!tKM6K'reMMs/frtte(J.B)och). 71CuftME.S~ttta.E. 145CMrmcM~UMe. 51DAMOURETTE-PtnHOx.Grammairc ~ro~cat'M. 124D<!K.!A:eJ'o<A'e?7Mo/(Sommerfc)t). 158DEMUxxEft..R/aM' Gromm. des KeM(es<<:m.GrMcAMe/t. 101DELACitO[x.~<aK</f7y<'e~/ap2~e< 1UnoHME.Langues el ecn'tin'M s~ttMh'ÇMM(M. Colten). -182i).!nUDJEFF.A~MS<ÇMepOpM~)'~6td~aM. S3URERCP.SchM~aMssprac/tf des Gr:cc/t:sc/teK. 100En'nEM-AMUxDSEx.Papi/t'<(<s<ocnses. 94E)<:s'OUT-ME)LLET.jDtC<M!tK.e<nM)~0~!ÇMe~!t:M. 107Espt:<osA..E~M;io<deA'i<6<M.~c;'tM. 119FIESEL.jEtrMsA-t.SC/t. 181F:/o<of/t;6Mdr:6f.sr~/fs< 179FmEDRtCH.Hethitisch M)tdA'<e~asta<ise/<eSpfac/ten. 56GAxcmxA.;Ue<odtA'c pt'epodauaH~a. 35GAUCHAT-.tEAXJAQCET-TAPPOLET.J'atois de la SKtSMRcmc~~C.. -i38GAUDEFHOY-UEMOMRYXES(J.). L',ruvre de HMK!&oM< 339GERULus. Litauische Dfa~'A'tsttfcft'cn. 176GoTTL!ER.Jn~o-<'uropMf)aK:nio<Komes. 53GuxxAttsox. Décadence de racf/ce~ttomtna~ 168HALA.Z<tA'<6[di!/sp:'sot'net't/s<ort<o.!< 173vunHAMEL.Go<r!cA/M?!d6oc/ 141HAMMAKSTRôM-KAitSTEx.R!tne!!sc/o'<ct! (Somme)'f'eX). 1S1HACST.DtCt!0?!t~<r<eg'MfS. 128HAVE~s.H~)t(/6)feAder erA'Mre;:dett S'/n<a.r. 20H[RT.~SMd6:<cAdest'rjyo'Ma))/.<!e/t<'K. 137HoFt'MAX\.~ne'/c~opaedia mtoido~ec (.). H)u'h). 77iHot'MAx~.La<<:<M~'c/tescf'/mo<. ~'urtet'&Me/f von n'aide. 106HuGUET.D!'c<t0)u;t'e dit xvï'' siécle. 127H['MBERT.D:s~Mrtt«.)ndi<da: 987~d!<ï~StMdiM.J'{ap.'io<t. 697Kdo~rman!se/)c~tr6t<c/ 49IxoKEun. A'idartM (SonmprMt). 159tpSEX. Sprac/t/jAt/osop/ne der Ge.~Kttxïrf. 3J'M)!~«()f)'Acndëmie. 163JABERU-.tun.,Sp;'ac~-Mnd.Soc/fn/~s Italiens. 116jAr.oBSEx.-Vt/t' h'i«tc/bf's/KM~c) (SommerfeX). 152.TAKOBsnx.R.a'raA'<fr!f<7;e6U)'c.s/M!;o. 7.tAKOVLEV-AcH\AMAF.Gt'SMm<P/C/<Ct*A'eME. 180.)~rox.Ve)'6MX)'~<s(M.Cohc))). 185.tour)tft/d<Soc:ei'edes~r<c<!M!s(<'s. 204.f<!urnn/dc<<!St'c!c?('des~inie)';cn)H'sfc.s. 207Jo<frtif!~dc~<!Soc;e~n)!o-OMr/<ip)U!e. 203.h'xKER.ya<j'/<)!où/-s<Md'cn. 87.t!<M~t.'e?!.<i'<u<<);if. 164f\Af!.STi;LMn;tc<en'crma?n~ 136

/)c/)rs~f(r<')'m<!nernf7(Somm<'t'tfJt). 150)\E\'T."<dpC)'<!Œy!SC)'<pfMns. 86

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TABLE DES COMPTES RENDUS

210

KiECKERS.H:'s<or!'scAelateinische Cran:Ma<tA. 409KtLAUKA.iUetresde~opocsMs'rec~MmoKod~Me. 103KLÂut.BeM:c/îMn~H/'u!-Kj!Ve6e<)' 130Ku'GE-GuTZE..E<ym.t7o)'<er6.derdeMfsc/t?!tSpracAe. 143~)KXUDSËX-SOMMERFELT.A'0)'S/fn'/fSntah ord&O/t. 136LAMUEHT(Mayer). G)'<!)Kma:f'ehébraïque (M. Cohen). 191LAXE.0?'ds/'orc!o<7: S3LEHCH.~nMp<pt'o6<t';)<eder /')'<!nz6sMcAe7:Sp;'acAe. 31LtDDELL-ScOTT.C)'ee/eK~<<S/t!<TtCOK. 93tjOMUAHn.Constructions nominales. 130AlAxstox.Histoire de la langue sans/;rt~c. GSMARLKS.~iot'tSt~gtSU~'OKCtt/sett! 89MAHOUZEAU.-4MMpA!<0/0~t<j'M< 91

Prononciation du latin. 108MAzoK.Gt'ttMMCtMtcAe~Me. 172MEtLLET,voir Benveniste et Ernout.MEtNHOf.Die H&~sc/tf):Jnsc/M't/'tfM(M. Cohen). 19S.Ue~aK~esC/~MMtsA'y. 35.U~ansres de l'Institut français de Damas. 303MEYEH-LuBKE.Romo)t:'scAe~etym. tVt))'te)'6McA. 113MtETHHCH.Get!'6Me-K)tdHeM/t<!M/t!H. 139Jh)tMess/;r:/)!G(!<e&o)' 47MujMm. Deutsche JfM)!da)'<von ~t!<:n!OM!ce. 14SMÙLENBACH.Dictionnaire ~«e. 179~tEDERMAXX.Phonétique historiqae du <a!tK. 110XtEDERMAXX-SENX-BREXDER.Dictionnaire lituanien. 178KYBERG.H~/s6!<c&desPe/t/6t't. 830<TiR. Vop's~MM/t-ett'MS/H'sc/ieVo~ehMmen. 58C'TREBSKi.Prjst/czT/MA':S~OM):a)MA'<j-KfetM/t* 163PaM!)'s/M~oeAspedMt/a~92~ 88PARRY.Ho<)ie)'<:nd/tome)'cs<< M-IkPEDEHSEx.Linguistic science )KfAextx~/tMnfMr; 33PEDHOTn-BEHTOLDi.A'om:d:<et{a~deHepfsKfe. 117PtSAKi.~cceK<oMpn'a~or:'oindo-europeo. S4

Û7atn))ta<:cadell'antico tK~M~o. 69PROcovn;t.jL!H~M:s<!CK~eneraM. MPstCHAm.OMC/tj'MCS~MMM.); ?QADRt.HMdMs~~tp/tOKe~es~.Btoch'). 74/fad~!<~o.s~MnsAe<ï/Mdem:?e. 44REtCHELT.Die Soghdischen HctMd<c/M't/'te)t)'Mte. 84hENOU.jH!&Ho<?t'apAMMd.M6. 64Revue des études basques. 180R<'utfeA:t<etas:M:gMe. -HREYxiERS.Taougrat (M. Cohen). 198RHODOKAXAKis..A~Mda!'a6:sc/t(M.Cohen). 19SrttEs.Wa!i:steMtSa~?. 17î~tMstaotdo-g'reco-tta/tca. 14rïtOBERT-JuRET.Patois de ToMt'ttMS. 130MoGoztx.Ar<:&Mi'~acty.:t'M/Mt' 304RoHLFs. tVur<er6McAder unteritalienischen GMZttat. 104

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TABLE DES COMPTES RENDUS

2H

SAXDBACH.Die zweisilbigen SC/tM)6)'C~Basen. 48SAPtR.7o<a~t/ ai~a.rmatou. 1R7ScHAEDER.V)'C!tt:'SC/teBc:<r&fS'e. MSCHAEFFER.Fouilles de Af!)te<Bc!'do (M. Cohen). 187ScHM!TT.AA'eKtMHf/D!p/t</tOn~erM)t~ 13ScHCLzE-SfEG-S[Ennxr..Toc/<af<<!e/<eGra<Hma<t/ 39SEfp.ï'fOKd/t/em(Sommei'fe]<). 159SEtp-STEEx.Ro??!sc~(Sommerfe]t). 162SELMER.Apokope und ZMum~c.r (Sommerfelt). 153SERHO[ANL'.LesJ's!~<es(J.n)och). 75Sef~aLeodensta. 44S~rta RMd6crg':ana (Sommerfett). 138SjOESTEDT.PaWer:?'<anc!a:'s6!eKcr;'y. 135SKARn.Historia ;orM)~<K (Sommerfe))). 149S.\nTH.Sa~aK:<(J.B)och). 7-1SoMMER.f-ZeM/ten. 180S~REfDE.A'ore!/yo?'dm<f (Sommerfeit). 187SoRHE.Be)'g'<'Ks6!/Mat.'n(Sommerfe]t). IGOSPITZER.Romance/te Sh'Mnd Literaturstudien. 14S~r~Â'~e~ens~ap~~a .SM~sAcpet~i Uppsala For/tondKngar. 46SpREXGLixG.r/t<'a</)/fa6ef(M. Co)ien). 184StMfh&a/~c: 175S!!t<G':o:n~o-!rante<j.H'.<?e:'oer. 61STURTEVAXT.J':r:«t<e~~OSSaf! 38SvAXBERG.Sp)'a/:c<.<teori (Sommerfeit). 147S:n&o<ae ~s/oense~ (Sommerfett). 148>zoBER.Gramaf!a~z!/&apo~e<yo. 173

PocAod:eK<c<ro.:tfo; 473THORSEX.A/<an~!nyet' o~ Bret'e (Sommertp]!). lg3T)sœRxiA.L:iy!<s~e<)f<:)'<F<erfo;). 119T!ssERAXT.Gramman'fetc{te<!0)'!MS!M&<!na!f! Mo7'raHMC<'tonso~tfPAt~o<o~ca/Soe!ef! 4~Travaux du Cercle linguistique de Pr<Me. 8TRAvxicEK.Ve<tK~r/eAeK! 173TRiER.DerdfMtsc~eWot'fscAat. 143TcKXER.I\'ep< dictionary (J. Bioch). 72TrTTLE.Dravidian deue/opment.s (J. B)och). 7SUHLEXBECK-vanGunK. English-blackfoot uocc&i~sry. 207VÂGSL[D..Yta!ttros(Sommerfe]t). lo9\'AtLLAXT.L'7!tgMea'fZ<a!'sr:'c. 170

I,<'Deautexusio. 167Le De autexusio. 167VALCHOFF..Uo~d'origine ~eeWMdaMc. 133YALLjÈE.D:ehoHMtt'('/rf:K''a!s-&Mton. 137YfROLLEAu.Tablettes de Ras-Shamra (M. Cohen).187 -1VossLER..Ue<odo~/<7/oMy!eo. 2S\on \VAHTB<R(;. fra)):6sMe/<Mg<m. Tt'~er<)uc/< H~\VATER5.~n//M t)c<'s/oxo~ </te.Yar:'f;fot:oS. Brendani.. 118EVALUE.~e)'S'~<C/;<'))dM~'<?<'<<')'6ue/t. g2

Voir Ho~niono.

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TABLE DES COMPTES RENDUS

WERKER.A/rtcant<t!Mas'es(M.Cohen). 200WiCHMAXK.Volksdichtung der T'cAeMMtSSCM. 204vanW[jK.~MMrscAe)ts<st).Spr<:c/te. 464\VrsTER.lKte)'H&(M)Ka!eSp)'acAMO)'mMKg!'tt(&;<ree/M!A. 5Z<:p!s;uos<oyfOMe!ot). 45ZYLHAxz.Das meroitisclee Sp)'a'cy<p)'o6y<'m(M. Cohen). 198

CHARTRES. IMPRIMERIE DURAND, RUE FULBERT (r-1932)