8
ESPACES NATURELS DE LORRAINE Conservatoire des Sites Lorrains Conservatoire des Sites Lorrains Connaître, Protéger, Gérer, Valoriser les Conservatoire des Sites Lorrains Bulletin d’information numéro 48 - SEPTEMBRE 2006 http://www.cren-lorraine.fr Le Conservatoire des Sites Lorrains est membre de la Fédération des Conservatoires d’Espaces Naturels Actualité des départements Mesures étangs : un outil régional pour la sauvegarde des étangs Biodiversité : les Coléoptères Parutions Étang d’Amel en Meuse, première Réserve Naturelle Régionale de France ! - N. Avril Certes les avatars météorologiques de l’été, juillet cani- culaire, août automnal, ne prédisposaient pas à la bonne humeur. Mais ces semaines étaient de plus ponctuées de bien mauvais coups envers la nature qui rendaient bien sûr difficile la rédaction d’un éditorial consensuel et œcuménique pour ce troisième bulletin consacré à la biodiversité. Juillet débutait par l’autorisation donnée aux exploitants des centrales nucléaires d’augmenter la température de leurs rejets de refroidissement en eaux courantes. On ne détaillera pas ici les conséquences particulièrement néfas- tes induites par ces pratiques sur les écosystèmes et les communautés vivantes, mais on s’étonnera cependant qu’une telle prime à l’eutrophisation soit consentie après tous les efforts demandés aux usagers pour améliorer l’état général de nos eaux douces. On n’abordera pas ici la triste chronique des cultures transgéniques de la vallée de la Nied mais on pariera que sa biodiversité n’en sort pas enrichie. En Méditerranée, sans mésestimer l’inquiétude légitime des pêcheurs de on rouge, c’est le mépris témoigné par les autorités envers les rapports alarmants de l’IFRE- MER (institut public…) sur la rapide diminution de la ressource qui retiendra l’attention. Bien que corroborées (malheureusement) par les observateurs scientifiques des divers pays riverains, ces études n’ont pas empêché le mi- nistre en charge de la pêche de s’engager pour augmenter les quotas de pêche français, accélérant la progression d’une profession vers une impasse annoncée… On aurait pourtant souhaité entendre le même respon- sable, également titulaire de l’agriculture, s’exprimer sur les mesures à prendre à la lecture du dernier rapport de l’Institut Français de l’Environnement (IFEN) relatif à la contamination des eaux par les pesticides : sur un total de 10 000 stations de surveillance réparties sur le terri- toire métropolitain, ces molécules ont été retrouvées dans 96 % des points de mesure en eaux superficielles et 61 % des points de mesure en eaux souterraines. La biodiversité et la santé humaine n’ont qu’à bien se tenir ! On aurait aussi souhaité connaître les dispositions en- visagées par le ministre pour enrayer la diminution du nombre des exploitations agricoles, plus d’un million en 1988 contre 545 000 en 2005 (source INSEE), tant il est vrai que nombre de nos paysages, de nos espaces naturels (sans parler de nos tissus ruraux…) sont étroitement liés au maintien d’une agriculture diversifiée et extensive. Mais, sous des allures de détail mesquin, l’événement le plus sidérant restera sans doute ce très discret décret ef- fectif au 1 er juillet 2006 qui interdit dorénavant de faire publicité pour les purins végétaux et autres produits na- turels de soin aux plantes*… Il fallait y penser et certains l’ont fait. Après la prime à la dégradation des cours d’eau, la prime à l’agrochimie : la boucle est bouclée. Décidément, sans la volonté obstinée de la ministre de l’écologie pour mener à bien le programme de renforce- ment des populations d’ours dans les Pyrénées, on finirait par oublier l’immense intérêt porté récemment par nos hommes politiques à la biodiversité… Quant aux vacances de Monsieur Hulot, on comprend que tant d’événements aient pu nourrir certaine ré- flexion ! Alain Salvi Président * Pour tout renseignement : Bernard Bertrand, porte parole de l’association des Amis de l’ortie. Contact : [email protected] ou 06 33 11 02 08

Bulletin 48 CSL

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Bulletin 49 CSL

Citation preview

w

ESPACES NATURELS DE LORRAINE

Conservatoire des Sites LorrainsConservatoire des Sites Lorrains

Connaître, Protéger, Gérer, Valoriser les

Conservatoire des Sites LorrainsB u l l e t i n d ’ i n f o r m a t i o n n u m é r o 4 8 - S E P T E M B R E 2 0 0 6

http://www.cren-lorraine.fr

Le Conservatoire des Sites Lorrains est membre de la Fédération des

Conservatoires d’Espaces Naturels

Actualité des départements

Mesures étangs : un outil régionalpour la sauvegarde des étangs

Biodiversité : les Coléoptères

Parutions

Étang d’Amel en Meuse, première Réserve Naturelle Régionale de France ! - N. Avril

Certes les avatars météorologiques de l’été, juillet cani-culaire, août automnal, ne prédisposaient pas à la bonne humeur. Mais ces semaines étaient de plus ponctuées de bien mauvais coups envers la nature qui rendaient bien sûr difficile la rédaction d’un éditorial consensuel et œcuménique pour ce troisième bulletin consacré à la biodiversité.Juillet débutait par l’autorisation donnée aux exploitants des centrales nucléaires d’augmenter la température de leurs rejets de refroidissement en eaux courantes. On ne détaillera pas ici les conséquences particulièrement néfas-tes induites par ces pratiques sur les écosystèmes et les communautés vivantes, mais on s’étonnera cependant qu’une telle prime à l’eutrophisation soit consentie après tous les efforts demandés aux usagers pour améliorer l’état général de nos eaux douces.On n’abordera pas ici la triste chronique des cultures transgéniques de la vallée de la Nied mais on pariera que sa biodiversité n’en sort pas enrichie.En Méditerranée, sans mésestimer l’inquiétude légitime des pêcheurs de Thon rouge, c’est le mépris témoigné par les autorités envers les rapports alarmants de l’IFRE-MER (institut public…) sur la rapide diminution de la ressource qui retiendra l’attention. Bien que corroborées (malheureusement) par les observateurs scientifiques des divers pays riverains, ces études n’ont pas empêché le mi-nistre en charge de la pêche de s’engager pour augmenter les quotas de pêche français, accélérant la progression d’une profession vers une impasse annoncée…On aurait pourtant souhaité entendre le même respon-sable, également titulaire de l’agriculture, s’exprimer sur

les mesures à prendre à la lecture du dernier rapport de l’Institut Français de l’Environnement (IFEN) relatif à la contamination des eaux par les pesticides : sur un total de 10 000 stations de surveillance réparties sur le terri-toire métropolitain, ces molécules ont été retrouvées dans 96 % des points de mesure en eaux superficielles et 61 % des points de mesure en eaux souterraines. La biodiversité et la santé humaine n’ont qu’à bien se tenir !On aurait aussi souhaité connaître les dispositions en-visagées par le ministre pour enrayer la diminution du nombre des exploitations agricoles, plus d’un million en 1988 contre 545 000 en 2005 (source INSEE), tant il est vrai que nombre de nos paysages, de nos espaces naturels (sans parler de nos tissus ruraux…) sont étroitement liés au maintien d’une agriculture diversifiée et extensive.Mais, sous des allures de détail mesquin, l’événement le plus sidérant restera sans doute ce très discret décret ef-fectif au 1er juillet 2006 qui interdit dorénavant de faire publicité pour les purins végétaux et autres produits na-turels de soin aux plantes*… Il fallait y penser et certains l’ont fait. Après la prime à la dégradation des cours d’eau, la prime à l’agrochimie : la boucle est bouclée.Décidément, sans la volonté obstinée de la ministre de l’écologie pour mener à bien le programme de renforce-ment des populations d’ours dans les Pyrénées, on finirait par oublier l’immense intérêt porté récemment par nos hommes politiques à la biodiversité…Quant aux vacances de Monsieur Hulot, on comprend que tant d’événements aient pu nourrir certaine ré-flexion ! Alain Salvi Président

* Pour tout renseignement : Bernard Bertrand, porte parole de l’association des Amis de l’ortie. Contact : [email protected] ou 06 33 11 02 08

Bulletin d’information du Conservatoire des Sites Lorrains n° 48 Bulletin d’information du Conservatoire des Sites Lorrains n° 482

ACTUALITÉ DES DÉPARTEMENTSMeurthe-et-Moselle

Meuse

Assemblée Générale à Lay-Saint-Rémy

Le Conseil Général de la Meuse renforce son appui au Conservatoire

Le Conservatoire des Sites Lorrains a profité de son Assemblée Générale au marais de Pagny-sur-Meuse, Foug et Lay-Saint-Rémy pour remercier Mme Marie MARON, Maire de Pagny-sur-Meuse. Madame MARON a été pionnière dans la protection des espaces naturels de Lorraine en confiant la gestion du marais, il y a 25 ans à une toute jeune association devenue aujourd’hui le Conservatoire des Sites Lorrains.

L’Assemblée Générale 2 005 s’est déroulée le 8 avril 2006 à Lay-Saint-Rémy où M. Dominique POTTIER, Maire, a réservé au Conservatoire des Sites

Lorrains un accueil particulièrement chaleureux.Après une visite des désormais célèbres marais de Pagny-sur-Meuse, Foug et Lay-Saint-Rémy et une rencontre avec leurs gestionnaires équins : les Konik polski, le cortège d’une centaine d’adhérents a pris la

route de la salle de Lay. Les membres du Bureau et les représentants des partenaires du Conservatoire ont procédé à la présentation des rapports moral, d’activités et financier, rapports approuvés à l’unanimité par l’assistance. En résumé, le Président Alain SALVI a souligné les démarches constantes de recherches partenariales avec les associations, les collectivités et les institutions lorraines.Il a également précisé qu’au terme de plus de 20 ans d’existence, avait

sonné l’heure des bilans, tant sur la protection, que sur le fonctionnement du Conservatoire afin de déterminer les nouvelles priorités en terme de préservation de la diversité biologique en Lorraine et les moyens à mettre en œuvre pour y parvenir.Même si les résultats financiers de 2005 sont excédentaires, le Président a souligné l’importance des négociations nécessaires au financement des futures actions du Conservatoire au terme du Contrat de Plan État-Région 2000-2006 et à l’aube du cadrage des nouveaux crédits européens.

Enfin, les membres sortants ont été réélus. Félicitations donc à Alain SALVI, Daniel BEGUIN, Claudine DEMOULIN et Joël TRIBOUT.

En 2006, la décli naison des axes de travail du CSL (connaître, protéger, gérer, valoriser) sur les 37 sites du département

de la Meuse, a généré un programme prévisionnel estimé à 177 858 €. Ainsi, pour la Mission Meuse, la gestion optimale des sites meusiens nécessitait la réalisation de 5 plans de gestion, la maîtrise foncière de 2 nouveaux sites, l’intervention en génie écologique sur 24 sites (31 ha d’intervention), la gestion agropastorale sur 4 sites, le suivi partenarial (37 sites) et la valorisation pédagogique qui passe notamment par la réalisation de sorties de découverte et la mise en place de signalétique adaptée (11 sites). Pour mettre en œuvre financièrement ce programme,

le CSL sollicite chaque année l’Agence de l’eau Rhin-Meuse pour les zones humides, le Conseil Régional de Lorraine et le Conseil Général de la Meuse. La sollicitation des Conseils Généraux repose notamment, sur notre volonté de tisser des liens importants avec les acteurs de proximité, dotés de surcroît d’une compétence législative en matière de protection des Espaces Naturels Sensibles.

Ainsi, en 2006, le Conseil Général de la Meuse a témoigné pour la 2e année de l’intérêt qu’il accorde à la pertinence des actions du CSL en s’associant à son programme d’action et en augmentant largement sa contribution pour la porter à 62 774 € (soit 35 % de l’action départementale). Cette implication

franche et ce soutien des élus meusiens apportés aux actions du CSL sur ce département nous confortent dans notre stratégie et apportent de belles perspectives sur les systèmes partenariaux qu’il reste à échafauder en faveur des ENS Meusiens.

Nul doute que cette décision satisfait pleinement le CSL et démontre que les collectivités territoriales prennent toujours plus la mesure de l’intérêt et de l’urgence des actions à mener en faveur des espaces naturels.

En Meuse, le constat est fait, les consciences éveillées, et l’action engagée, les idées et projets doivent encore germer, et pousser…

Merci encore Madame MARON

Bulletin d’information du Conservatoire des Sites Lorrains n° 48 Bulletin d’information du Conservatoire des Sites Lorrains n° 483

Vosges

Moselle

Le Conservatoire des Sites Lorrains compte un nouveau site protégé en Moselle : les pelouses calcaires de la Côte de

Saulny, situées près de Metz.Connue depuis 1983 pour sa richesse écologique, la côte abrite notamment l’Aster amelle bénéficiant du statut de protection national, la Violette

blanche et la Laîche de Haller, toutes deux protégées en Lorraine.

La Côte de Saulny présente également un fort intérêt pour les espèces animales qu’elle

abrite (oiseaux, papillons, reptiles…) ; on notera entre

autres la présence de 3 espèces d’intérêt européen : l’Azuré du serpolet, le Damier de la succise

et la Pie-grièche écorcheur.La protection du site s’est

Les pelouses calcaires de la Côte de Saulny protégéesconcrétisée le 1er juin 2006 par la signature, entre la commune de Saulny et le Conservatoire, d’un bail emphy téotique de 33 ans pour l’euro symbolique portant sur 18 ha de pelouses.Les prospections réalisées dans le cadre du plan de gestion 2007-2011 ont permis de découvrir un papillon présumé disparu de Lorraine : le Sylvain azuré Azuritis reducta. Ce papillon dont la chenille se nourrit de Chèvrefeuille affectionne les lisières boisées.

Face à l’affluence constatée sur la réserve en été, le Conservatoire des Sites Lorrains sensibilise les visi-teurs grâce au «maraudage» depuis 2003.Le principe est simple : un anima-teur capte l’attention des visiteurs en formant un groupe et en profite pour l’informer de la richesse du patrimoine naturel des chaumes, mais aussi sur la fragilité du site, l’existence de la réglementation et la gestion mise en œuvre.En 2005, le «maraudage» a permis de contacter 6 000 personnes !

Sentier de découverte de Saulxures-sur-MoselotteSitué en bordure de la Moselotte, le coteau du Bambois est un ensemble de forêts, falaises, pelouses, tourbières et autres zones humides qui occupent

une ancienne vallée glaciaire de la Moselotte. Le site est géré par le Conservatoire des Sites Lorrains en partenariat avec la Commune de Saulxures-sur-Moselotte, la Commu-nauté de Communes de la Haute-Moselotte et l’ONF dans le cadre de la politique des Espaces Naturels Sensibles du Conseil Général des Vosges.

Sur le site, deux types de granite différents permettent le dévelop-pement d’espèces végétales tantôt à affinité acide, tantôt de sols riches. Ainsi se côtoient sur le site une petite fougère primitive appelée Ophio -glosse ou « Langue de serpent » et la Drosera, petite plante carnivore.Autrefois le théâtre de nombreuses activités humaines et industrielles : sylviculture, filatures, stand de tir…, le site est aujourd’hui équipé d’un sentier créé lors d’un chantier de jeunes Européens organisé par la commune et aménagé par le CSL à l’initiative de la Communauté de Communes. Le sentier a été inauguré en avril 2006.

Depuis 2000, les patients du CATTP (Centre d’Accueil Théra-peutique à Temps Partiel) Van Gogh de Thionville prêtent main-forte au CSL pour débroussailler les pelouses (4 ha en 2005).Les résultats pour les patients sont très positifs : mise en place d’un véri-table programme de resocialisation, gain d’autonomie… La Réserve Naturelle de Montenach est ainsi devenue, pour l’équipe soignante particulièrement impliquée, un bon observatoire clinique.Pour cette action, le CATTP s’est vu décerner le Prix Jean Roland lors du Congrès des Réserves Naturelles de France, ce qui va lui permettre de boucler le budget pour l’achat d’un nouveau minibus indispensable pour aller en chantier à Montenach.Félicitations et encore merci !

Prix Jean Roland pour le CATTP Van Gogh !

« Maraudage » sur la chaume !

Pelouse de Saulny - J. Dabry

Maraudage au Tanet - D. Arserguel

Les premiers visiteurs du Bambois - D. Jung

Azuré du Serpolet - E. Sardet

Sylvain azuré - V. Nicolas

Les étangs lorrainsLa plupart des étangs lorrains ont été créés au Moyen-Âge par les moines pour assurer la production d’aliments pour les « jours maigres ». La plupart de ces étangs ont aujourd’hui conservé leur vocation séculaire de pisciculture extensive. Ils sont souvent gérés de manière traditionnelle, gestion qui garantit le maintien de la faune et de la flore exceptionnelles des étangs. Ainsi les étangs sont empoissonnés au printemps et vidangés en automne. Le poisson est récolté dans un fossé, selon des méthodes ancestrales, à l’aide de filets tirés à la main. Idéalement, l’étang devrait être conservé en assec et éventuellement en culture pour permettre la minéralisation des boues et éviter ainsi l’envasement.

La Lorraine : une région piscicoleAvec ses 10 000 ha d’étangs dont 7 000 exploités en pisciculture extensive, la Lorraine représente à elle seule 10 % de la surface d’étangs exploités en France et la 5ème région

piscicole. Bien plus que pour la consommation humaine, le poisson récolté est principalement destiné à l’empoissonnement des rivières.

Sanctuaires ornithologiquesLieux de quiétude, les roselières des étangs lorrains abritent notamment une trentaine de mâles chanteurs de Butor étoilé dont on ne compte plus guère que 300 individus en France mais aussi le Busard des roseaux et la Rousserole turdoïde.

Mesures de conservationLe patrimoine biologique exceptionnel constitué par les centaines d’étangs lorrains a conduit le Conseil Régional de Lorraine à soutenir l’ensemble des pisciculteurs qui s’engagent pour la conservation de la biodiversité.À cette fin, la conservation des roselières et herbiers, supports de la valeur patrimoniale, est une mesure obligatoire et financée à hauteur de 200 € par hectare. Elle ouvre la possibilité au pisciculteur d’être aidé pour la réalisation d’aménagements à des fins biologiques, des travaux de réfection des ouvrages hydrauliques ainsi que pour la pratique d’assecs complets, avec ou sans culture. Toutes ces dispositions visent à conserver les étangs dans un état de fonctionnement écologique optimal.

Préalablement à la signature de la convention quinquennale, un prédiagnos-tic est établi par la Fédération Lor-raine d’Aquaculture Continentale (FLAC) pour la partie piscicole et le Conserva-toire des Sites Lorrains pour la par-tie biologique.

Les projets d’assec et de réfections d’ouvrage, ainsi que l’amélioration biologique des roselières, seront accom-pagnés. La création de chenaux d’eau libre au sein des roselières aquatiques est recommandée pour augmenter les interfaces eau/roselières, lieux privilégiés de reproduction et de pêche pour l’avifaune.

État d’avancementSi le bilan de cette première série de conventions reste à faire entre le Conseil Régional de Lorraine, la FLAC, le CSL et le Parc Naturel Régional de Lorraine, on peut déjà noter avec satisfaction les points positifs de ce programme :• Les échanges techniques et néanmoins conviviaux entre les biologistes et les pisciculteurs permettent un partage important des savoirs et des cultures.• Le programme a permis l’acquisition de nouvelles connaissances sur le patrimoine naturel des étangs. Les

Lors de sa commission permanente d’octobre 2005, le Conseil Régional de Lorraine a voté, à l’unanimité, un ambitieux programme de conservation de la biodiversité dont un volet relatif à la sauvegarde des étangs de Lorraine .

Rous

sero

le tu

rdoï

de -

H. M

iche

l

Pêche de l’étang de Romagne - P. Richard

Neuf-Etang des Mandres en assec - D. Jung

Mesures Étangs : outil régional pour la sauvegarde des étangs

Bulletin d’information du Conservatoire des Sites Lorrains n° 48 Bulletin d’information du Conservatoire des Sites Lorrains n° 485

La RNR de l’étang d’Amel a été approuvée à l’unanimité en séance plénière du Conseil Régional de Lorraine du 30 juin 2006. Il s’agit de la première d’une série de quatre réserves, dont les créations sont

prévues en 2006.La Réserve Naturelle Régionale de l’étang d’Amel est la première de sa génération en France (hors Réserves Naturelles Volontaires devenues RNR).Pour mémoire, l’intérêt écologique des 108 hectares de l’étang ainsi que des prairies qui l’entourent a justifié son acquisition par le Conservatoire des Sites Lorrains en 1997.

petits étangs se révèlent être des zones humides relais très intéressantes.• Les études ont mis en lumière le manque de connaissances sur le fonctionnement écologique des étangs et la nécessité d’étudier plus à fond les dynamiques de roselières et plus globalement les interactions entre les différents compartiments des étangs.

Découvertes intéressantesLe travail d’élaboration des prédiagnostics réalisés par le Conservatoire des Sites Lorrains a permis de contribuer à l’acquisition de la connaissance biologique des étangs lorrains : 70 couples de Rousseroles turdoïdes, 25 couples de Busards des roseaux ont pu être recensés. Les investigations de terrain ont également permis d’observer une vingtaine de plantes protégées dont l’Œnanthe de Lachenal, une ombellifère de milieux salins protégée en Lorraine et Ricciocarpos natans, une mousse flottante jamais observée

Étang de Lachaussée - P. Richard

Butor étoilé - Jeff Gordon

Étang d’Amel - N. Avril

Première Réserve Naturelle Régionale (RNR) de France pour l’Étang d’Amel !

en Lorraine et rare en France. Enfin, le Vertigo de moulin, mollusque d’intérêt européen a été identifié sur les 3 étangs de la Forêt de la Reine et sur 3 étangs du Pays des Étangs (de Dieuze à Sarrebourg).Les étangs abritent des larves de libellules et de coléoptères aquatiques rares. Les phragmitaies, les typhaies et les saulaies hébergent des papillons nocturnes très spécifiques et pour certains, très rares.

À ce jour, 12 pisciculteurs représentant 23 étangs ont déjà porté leur candidature à ces mesures étangs. Les mesures concernent une superficie totale de 1 110 ha, c’est-à-dire plus de 15 % de la surface d’étangs lorrains exploités, et plus de 400 ha de roselières et herbiers qui voient ainsi leur avenir garanti durant 5 années.Le Conservatoire émet le souhait que de nombreux autres pisciculteurs rejoignent les 12 contractants.

Ces mesures concernent des étangs aussi prestigieux que

l’étang d’Amel, le Neuf Étang des Mandres, l’étang de Lachaussée,

l’étang Romé, le Nolweyer ou encore l’étang du Bischwald.

Bulletin d’information du Conservatoire des Sites Lorrains n° 48 Bulletin d’information du Conservatoire des Sites Lorrains n° 486

Biodiversité : les Coléoptères

Qu’est-ce qu’un Coléoptère ?

Il est dur de les décrire finement car c’est le groupe le plus diversifié du règne animal : en France métropolitaine, environ 9 600 espèces sont connues, soit près du tiers des insectes recensés. Ce décompte n’est cependant pas encore fixé, chaque année apporte son lot d’espèces nouvelles !

Leur biologie n’en est pas moins diversifiée. Des sources salées aux tourbières des crêtes vosgiennes, tous les milieux sont colonisés par des espèces souvent spécialisées. Prédateurs, nécrophages, coprophages ou détritivores, chacun occupe une place importante dans les écosystèmes. Les nombreux phytophages sont souvent associés à une plante-hôte spécifique.

État des connaissances

Les premiers catalogues régionaux sont établis dès le 19e siècle : FOURNEL, GÉHIN et leurs confrères citent déjà 2 378 espèces en 1 846. Mais depuis, l’entomologie connaît un énorme déficit d’observateurs : il n’y a guère plus de coléoptèristes lorrains que de pattes à un bousier ! Leurs publications ne sont pas nombreuses non plus.

Les moyens d’inves ti-gation sont à l’échelle

de la diversité de la biologie des espèces : tami-sage de litière,

r e c h e r c h e des plantes-hôtes, dé pe -çage de bois

mor t ,

sondage des pièces d’eau… Les études s’évertuent donc principalement à actualiser l’inventaire des espèces présentes en Lorraine. Quelques familles vivement colorées et de taille respectable sont mieux connues (Longicornes, Carabes). La Société Lorraine d’Entomologie devrait éditer prochainement des listes de référence. Pour d’autres familles, tout reste à établir, y compris des clés de détermination pour la faune de France (Scydmaenidae, Mordellidae…). Nous pouvons heureusement nous appuyer sur les travaux approfondis et récents de nos voisins alsaciens, allemands et belges. Même si les connaissances ne sont pas synthétisées (ni synthétisables) dans un seul ouvrage, l’expert est capable d’apprécier la rareté de la plupart des espèces.

Et en Lorraine ?

La prise en compte de cette diversité au sein des activités du C.S.L. est assez tardive. En 1997 un inventaire approfondi du marais de Pagny-sur-Meuse, réalisé par Yoan BRAUD assisté par le Professeur Henry CALLOT (Strasbourg), révèle 238 espèces. Depuis 2004, les Coléoptères sont intégrés plus systématiquement, mais généralement de manière moins approfondie par manque de temps, dans l’établissement des études

menées par le Conservatoire. Ainsi plus de 400 espèces ont été inventoriées sur une trentaine de sites protégés. Signalons qu’une étude des cortèges de Coléoptères et Punaises des tourbières acides vosgiennes est en cours de réalisation. Nous avons déjà obtenu quelques découvertes d’intérêt national : Agrilus guerini, élégant bupreste, hôte des Saules à Metting (57) ou encore Negastrius sabulicola, petit taupin dont la présence sur les bancs de sable de la Moselle Sauvage à Chamagne (88) constitue une nouveauté pour l’Est de la France.

Menaces

Bien que les Coléoptères aient certainement beaucoup souffert de l’utilisation d’insecticides peu sélectifs, la principale menace réside dans la destruction et la fragmentation de leurs habitats naturels. Cette menace est à accommoder suivant l’écologie des espèces : la banalisation de la flore d’une prairie par amendement excessif entraîne la dispa rition des espèces phyto phages asso ciées; l’abattage des arbres mou rants et à cavités sont autant de niches écologiques disparues; la disparition du pâturage et des grands herbivores naturels induit une disparition de la faune coprophage associée (au même titre que l’utilisation de certains traitements anti parasitaires se retrouvant dans les fécès) ; les Dytiques et autres espèces aquatiques pâtiront de toute pollution des eaux…

Les entomologistes regroupent sous le vocable de Coléoptère, les insectes dont la particularité commune est d’ être muni d’une paire d’ailes antérieures rigides, une sorte de carapace recouvrant tout ou partie de l’abdomen ainsi que la paire postérieure qui, elle, reste généralement fonctionnelle pour le vol. Vous les connaissez plus sûrement sous leurs noms de Coccinelles, Scarabées, Hannetons ou Charançons… Insectes méconnus, le nombre d’espèces de coléoptères pèse pourtant très lourd en terme de biodiversité.

1

2

3

4

Bulletin d’information du Conservatoire des Sites Lorrains n° 48 Bulletin d’information du Conservatoire des Sites Lorrains n° 487

Personnes et structure ressources :Julien DABRY : 03 87 03 00 90Société Lorraine d’EntomologieLaurent GODE : 03 83 57 12 79

La détermination : un travail de fourmiÀ la loupe binoculaire, voici de véritables bijoux ! Les collections sont des écrins remplis de « perles ». Mais comptez une bonne dizaine de kilos de livres, de nombreux articles spécialisés et quelques heures libres, voici les in-grédients nécessaires à l’identification de ces insectes dont la taille moyenne n’excède pas le centimètre. L’étude des pièces génitales, après dissection, est même parfois obligatoire ! Ajoutez des révisions régulières de la systémati-que, et vous comprendrez qu’un réseau de connaisseurs et une collection de référence sont très fortement recommandés. Heureusement, avec l’expé-rience, quelques espèces sont identifiables directement sur le terrain.

Les Coléoptères au jardin

La Jardinière est aussi le nom de Carabus auratus, prédateur émérite de limaces mais sensible à de nombreux pesticides. Certaines coccinelles dévoreuses de pucerons sont aussi d’excellents auxiliaires de culture ; préférez

notre Coccinella 7-punctata indigène plutôt qu’Harmonia axyridis, espèce asiatique qui s’avère être une compé-titrice redoutable dans la nature depuis quelques années.

Mais il y a aussi quelques mal-aimés. À commencer par le redoutable Doryphore, chrysomèle im-porté des États-Unis au début du xxe siècle dont larves et adultes défolient

nos plants de pomme de terre. Les Hannetons et Taupins dont les larves, des vers blancs, sont d’insatiables mangeuses de racines, ont très

largement régressé à force d’être détruites.

La conservation des Coléoptères, comme pour tous les insectes, commence donc par le maintien de milieux naturels diversifiés. Le manque de connaissances régionales ne nous permet généralement pas de préciser l’état des populations locales.

Mesures de protection

À titre plus pédagogique que scientifi-que, quelques espèces emblématiques ont été inscrites dans les annexes de la Directive européenne dite « Ha-bitats », ce qui a été traduit en droit français par une protection stricte de tous les stades de ces espèces. Un tel statut de protection s’avère inadapté : il peut entraver sérieusement la réali-

sation d’inventaires mais n’em-pêche pas la destruction de

leurs habitats ! Parmi ces espèces, si le Lucane cerf-volant (Lucanus cer-

vus) est relativement commun même dans certains arbres d’alignement en ville, le Grand Dytique (Dytiscus latissimus) a lui disparu des eaux de France et de Lorraine depuis quelques décennies. La magnifique Rosalie des Alpes (Rosalia alpina) aurait été re-trouvée récemment dans des hêtraies thermophiles au sud des Vosges… (n’hésitez pas à nous transmettre tou-te observation de ces espèces).

6

Rosalie des Alpes - Photo : insecte.org

Hippodamia septemmaculata fréquente les tourbières vosgiennes - Photo : T. Acic

Le bousier, comme son nom l’indique se contente des « restes » - Photo : P. Richard

Agrilus guerini - Photo : M. Pilard

Aphodius fossor : Photo : J. Dabry

Carabe doré - Photo Wikipedia

Doryphore - Photo Wikipedia

Lucane cerf-volant, plus grand coléoptère d’Europe : 8 cm ! Ses mandibules lui ont donné son nom - Photo : V. Nicolas

1

2

3

4567

5

7

8

8

Bulletin d’information du Conservatoire des Sites Lorrains n° 48 Bulletin d’information du Conservatoire des Sites Lorrains n° 488

Espaces Naturels de Lorraine est publié parle Conservatoire des Sites Lorrains

Siège social7, place Albert Schweitzer

57930 FénétrangeTél. : 03 87 03 00 90 - Fax : 03 87 03 00 97

E-mail : [email protected]

Antenne Meurthe-et-Moselleet Meuse

6, rue de Vigneulles55210 Nonsard

Tél. : 03 29 90 04 40 - Fax : 03 29 90 04 41E-mail : [email protected]

Antenne Nord-Moselle1, place de la Mairie57480 Montenach

Tél. : 03 82 83 62 84 - Fax : 03 82 83 20 58E-mail : [email protected]

Antenne Vosges58, route de Granges

88400 Gérardmer - KichompréTél. : 03 29 60 91 91 - Fax : 03 29 60 91 90

E-mail : [email protected]

Directeur de la Publication :Alain Salvi

Rédaction :Julien Dabry, Mathieu Millot, Emmanuel Patte, Pascale Richard, Alain Salvi et Andrew Wooding

Comité de relecture :Alain Salvi, Claudine Demoulin, Armand Bémer,

Damien Aumaître, Roseline Berry, Philippe Hacker, Denis Lenganey, Mathieu Millot, Pascale

Richard, Christiane Riff et Pierre Wernain.

Coordination - Conception graphique :Emmanuel Patte

Les partenaires du Conservatoiredes Sites Lorrains

Union EuropéenneDirection Régionale de l’Environnement

LorraineConseil Régional de LorraineAgence de l’eau Rhin-Meuse

Conseil Général de la Meurthe-et-MoselleConseil Général de la MeuseConseil Général de la Moselle

Conseil Général des VosgesBanque Populaire de Lorraine

Fondation Nature et DécouvertesEt plus de 200 communes

et intercommunalités lorraines…

Ce bulletin a été réalisé grâce au soutien de :

PARUTIONS

Le 14ème Congrès des Conservatoires d’Espaces Naturels organisé par Espaces Naturels Comtois et la Fédération des

Conservatoires d’Espaces Naturels se déroulera du 19 au 22 octobre 2006 au fort Saint-André à Salins-les-Bains dans le Jura.Les 21 Conservatoires Régionaux et 8 Conservatoires Départementaux se réuniront pour échanger sur les questions de « biodiversité et politiques territoriales ».Le congrès a pour vocation d’ouvrir les réflexions menées au sein des conservatoires régionaux à l’ensemble de leurs partenaires.Renseignement et inscriptions :www.mre-fcomte.fr/Public/congres.htm

La Fédération des C o n s e r v a t o i r e d’Espaces Natu-rels organise la 5ème édition des

« Chantiers d’automne » du 1er octobre au 1er décembre 2006.L’opération relayée en Lorraine par le Conservatoire des Sites Lorrains, consiste à :• promouvoir les travaux de restauration

entrepris par les bénévoles, les écoles, les collèges, les associations d’insertion, associations de protection de la nature et de l’environnement,

• donner un coup de jeune à la nature,• mener une action citoyenne en

sensibilisant le public.Pour obtenir le label « Chantier d’automne » pour votre chantier, contactez le Conservatoire des Sites Lorrains au 03 87 03 00 90

Toujours disponibleLe calendrier des animations 2 006 du Conservatoire des Sites Lorrains…Plus de 100 manifestations sont proposées sur l’ensem-ble de la Lorraine.Nous attendons de vous y rencontrer…

Gratuit

Et de quatre pour les ENS 88Après le plateau de Beauregard à Maxey-sur-Meuse, l’Ile-sous-Es-segney à Charmes, le Delta du ruisseau Saint-Jacques à Xon-rupt-Longemer, une 4ème pla-quette de présentation de site vient d’être éditée dans le cadre de la politique des ENS des Vosges : le coteau du Bambois à Saulxures-sur-Moselotte.

Gratuit en mairies ou au CSL

Observatoire des ZonesHumides du Sud MosellanLe Conservatoire des Sites Lorrains réalise actuellement un Observatoire des Zones Humides du Sud Mosellan, sur les arron-dissements de Sarrebourg et Château-Sa-lins.Afin d’enrichir le recensement des sites, le Conservatoire a lancé un appel au public pour le signalement des zones humides de ce territoire.

Chacun peut donc nous informer de la présence d’une zone humide sur le site in-ternet de l’observatoire :

http://observatoire.zh.free.frou en remplissant le coupon réponse de la plaquette disponible sur demande.Une affiche peut également être mise à disposition des communes et lieux publics concernés.Renseignements au Conservatoire des Sites Lorrains : 03 87 03 00 90

Du côté de la Fédération des Conservatoires d’Espaces Naturels

OPUS

Des

ign

• te

l : 0

3 87

76

89 8

9 •