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RIPOBLIKAN' 1 MADAGASIKARA Tanind razana- Fahofahona-Fahamllrlnana BULLETIN DE L'ACADEMIE NATIONALE MALGACHE NUMERO SPECIAL DU 50ème ANNIVERSAIRE DE L'ORSTOM Institut Français de Recherche Scientifique pour le Développement en Coopération 1994 ANTANANARIVO 1995

BULLETIN DE L'ACADEMIE NATIONALE MALGACHEhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers11-10/... · dont il le Directeur. Il était membre de l'Académie des Sciences,

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RIPOBLIKAN' 1 MADAGASIKARATanind razana- Fahofahona- Fahamllrlnana

BULLETIN

DE

L'ACADEMIE NATIONALE

MALGACHE

NUMERO SPECIAL

DU 50ème ANNIVERSAIRE

DE

L'ORSTOM

Institut Français de Recherche Scientifique

pour le Développement en Coopération

1994

ANTANANARIVO1995

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SOMMAIRE

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OUVERTURE OFFICIELLE DES JOURNEES ORSTOMA L'ACADEMIE MALGACHE (22 mars 1994)

- Intervention de M. Césaire RABENOROPrésident de l'Académie Malgache 4

- Intervention de M. Michel LEVALLOIS,Président du Conseil d'Administration de l'ORSTOM 7

- Intervention de M. Renaud PAULIAN,Recteur Honoraire. ancien directeur de l1nstitut de Recherche Scientifique àMadagascar,Secrétaire perpetuel de l'Académie Malgache 14

. COMMUNICATIONS

"Première demi-journée : 22 mars 1994 . Thème : Eaux continentales"

1- Biotypologie des cours d'eau. Aspects théoriques et développements actuels.Famaritana ireo rian-drano. Fisehoana sy Fivoarana amin'izao fotoana izao.Jean-Marc ELOUARD, François-Marie GillON, Richard ANDRlAMIHAJA 17

2- GODET, un logiciel pour la gestion infonnatique de la biodiversité.Fitantanana sy fandrindrana ireo fahalalana momban'ny zavamanan'ainasy ny tontolo manodidina azy, "logiciel" natao ho amin'ny fitantananaara-infonnatika ny "Biodiversité".Jean-Marc ELOUARD, François-Marie GIBON 26

3- Premiers résultats d'une étude générale sur les lacs malgaches.Ireo voaloham-bokatra azo tarnin'ny fanadiadiana ankapobeny nataotarnin'ireo farihy eto Madagasikara.Luc FERRY, Christian DEPRAETERE, Laurent ROBISON 30

4- Bilan des eaux, typologie des bas-fonds, érosion et modélisation surdes bassins emboîtés des hautes terres de Madagascar.Béatrice DUSSARRAT, Luc FERRy..................................................... 47

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"Deuxième demi-journée: 23 mars 1994 - Thème: Marge littorale et océan"

1- Quelques aspects caractéristiques des mangroves de Madagascar.Endrika manokana vivivitsy ho an'ny honko sy ny tontolo manodidinaazy eto Madagasikara.Jacques ILTIS 61

2- Biodiversité marine du littoral Nord-ouest de Madagascar.Karazan-java-manan'aina andranomasina hita amin'ny morontsirakaavaratra andrefan'i Madagasikara.Pierre LABOUTE 68

3- Surveillance de l'évolution des paysages de mangroves à l'aidedes données "satellite". Exemples pris à Madagascar et en Afrique de l'Ouest.Fanarahamaso ny fiovaovan'ny totonlo iainana avy amin'ny alalan'nyzanabolana. Raisinaohatra arnin'izany ny natao teto Madagasikarasy Afrika Andrefana.Noële MOREAU 69

4- La pêche et la gestion des ressources thonières :des enjeux pour la recherche scientifique.Ny jono sy ny fitantanana ny loharano-karena azo avy arnin'ny lamatra :antoka ho an'ny fikarohana siantif1.ka sy ny toekarena malagasy.Patrice CAYRE 74

"Troisième demi-journée 23 mars 1994"

1- Les antipaludiques de la mer.Ireo ody tazo azo avy amin'ny ranomasina.Louisette RAZANAMPARANY, Voahirana ANDRIANASOLO,Pierre LABOUTE, Ronan JAMBOU, Yvonne RANARNELO etDominique CORTADELLAS 82

2- Histoire des lacs et paléoclimats à Madagascar :Premiers résultats sur le lac Triuivakely (massif d'Ankaratra),36 000 ans d'histoire hydroclimatique.Ny farihy sy ny tantaran'ny toetr'andro eto Madagasikara.Françoise GASSE et Luc FERRY 94

3- Les transformations économiques et sociales des populations ruralesde l'ensemble méridional de Madagascar: Les applications de la recherchearchéologique fondamentaleau développement rural.Ny fiovarn-piainan'ny mponina amin'ny faritra atsimo andrefan'i Madagasikara :Fampiharana ny fandalinana ny fiaimpiainan'ny olombelona natao ho arnin'nyfam pandrosoana.Emmanuel FAUROUX 102

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Intervention du Président de l'Académie Nationale des Arts,des Lettres et des Sciences

M. Césaire RABENORO

L'ACADEMIE MALGACHE ET L'ORSTOM

L'ORSTOM - appelons-le ainsi pour desraisons pratiques au lieu de la dénominationofficielle actuelle "Institut de recherchescientifique pour le développement encoopération", Office de RechercheScientifique et Technique Outre-Mer créépar une ordonnance du GouvernementProvisoire de la république Française endate du 25 novembre 1944, fête soncinq uantenaire cette année 1994.L'Académie Malgache peut se prévaloir dudroit d'aînesse car elle a 92 ans cette mêmeannée 1994, un arrêté du 23 janvier 1902du Gouverneur Général GALLIENI luiayant donné naissance.

L'histoire a voulu que les deux institutionspartagent, en quelque sorte, le même destinà travers leurs dirigeants communS pendantune dizaine d'années à la fin des années 40et pendant les années 50. Confusion deshommes et aussi cohabitation matérielle carles deux organismes étaient logés dans lemême bâtiment. A propos de bâtiment,s'adressant au Haut-Commissaire del'époque, lors du cinquantenaire del'Académie en 1952, le ProfesseurMILLOT, Directeur de l'Institut deRecherches Scientifiques à Madagascar(IRSM) et Président de l'AcadémieMalgache, s'exprima en ces termes: "Ilnous a fallu attendre 50 ans pour que soitenfin tenue la promesse de GALLIENI denous donner "un bâtiment présentant toutesles commodités désirables et dont l'aspectextérieur répondra à l'importance de sadestination". Comme une âme en peinel'Académie Malgache a erré du Palais de laReine à la Chambre de Commerce ouailleurs, elle a cru trouver un ancragedéfinitif dans le bâtiment, digne de sonprestige, qui fut construit dans le quartier deTsimbazaza où elle s'installa ainsi quel'IRSM. Hélas pour peu de tem ps car il enfurent délogés pour laisser la place àl'Assemblée Représentative issue de la loi-

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cadre de 1956. U leur fallu t donc qui tter cequi est aujourd'hui le Palais de l'AssembléeNationale pour cet édifice bien plus modesteoù nous nous trouvons.

Emanation de l'ORSTOM, l'IRSMfonctionna à partir de 1947 avec à sa tête leprofesseur MILLOT, lequel avait commeadjoint celui qui allait devenir le RecteurPAULIAN. Le tandem se retrouva auxcommandes de l'Académie Malgache car leProfesseur MILLOT en prit la présidence en1948, à la suite du décès duDr FONTOYNONTqui occupa laprésidence pendant 41 ans, alors que leDocteur PAULIAN fut élu SecrétairePerpétuel en 1954. D'autres équipes ontpris la relève de ces prestigieux précurseursà l'IRSM au début des années 60. Al'Académie le Professeur MILLOT passa lamain au Dr RADAODY -RALAROSY,premier Président malgache, monprédécesseur, en 1958, alors que leProfesseur PAULIAN resta SecrétairePerpétuel jusqu'à son départ en 1961.

Je ne dirai pas davantage de l'ORSTOM,des voix plus autorisées que la miennepouvant en parler bien mieux et plusabondamment, sinon que sous la houlettedu Président Michel LEVALLOIS - unquasi-compatriote qui a passé une partie desa jeunesse chez nous - il a de beaux joursdevant lui. Je saisirai cette occasion pourprésenter, ou pour rappeler à ceux qui laconnaissent déjà mais peut-être passuffisamment, notre vieille compagnienonagénaire qui s'achemine vers soncentenaire en l'an 2002 qui n'est plus siloin.

"En fondant l'Académie MalgacheGALLIENI voulait lui donner comme butprincipal l'étude de la langue, des moeurs etde la société malgache, mais devant larichesse de la moisson scientifique quis'offrit dans la Grande Ile l'Académie n'a

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pu s'empêcher d'étendre presque aussitôt ledomaine qui lui était assigné, publiant dansson Bulletin et ses Mémoires d'importantstravaux sur les sciences de la vie et de laterre". Ces propos sont ceux du ProfesseurHUMBERT, botaniste de renom, qui aentrepris la publication de la Flore deMadagascar. Effectivement les problèmesethnographiques, linguistiques, sociolo­giques, historiques, archéologiques relatifsà Madagascar furent d'abord étudiés maisles sciences biologiques et naturelles prirentde plus en plus de place. Grâce à sonAcadémie, à ce point de vue, Madagascarprit de l'avance parmi les territoires setrouvant dans la mouvance française à l'èrede la colonisation. A ma connaissance seulle Maroc s'est doté d'une Académie il y aune dizaine d'années ; certains Etatsd'Afrique francophone en manifesteraientl'intention à l'heure qu'il est.

Pluridisciplinarité, multinationalité - j'ajou­terai ouverture à toutes les confessions -.Voilà les traits caractéristiques del'Académie Malgache depuis sa créationjusqu'à ce jour. S'agissant de multina­tionalité n'est-il pas remarquable que dès ledébut, en 1902, la vice-présidence d'uneinstitution localisée dans une coloniefrançaise fût assurée par un Britannique,le Révérend Richard BARON de laLondon Missionary Society. BARONpossédait la langue malgache à laperfection, s'essaya à la poésie dans lescantiques dont il composa les paroles, ce futaussi un éminent naturaliste auteur entreautres, du Compendium des plantesmalgaches. Je ne peux m'empêcher de luiassocier le nom d'un autre Vice-Président,Français celui-là, disparu il y a juste 40 ans,Gustave MONDAIN, membre del'Académie Malgache pendant 52 ans ­record qui est en passe d'être battu s'il nel'est déjà, par notre collègue Maître BertheRAHARDAONA-. Ancien élève de l'EcoleNormale Supérieure, section sciencesphysiques, ce scientifique "stricto sensu"d'origine versa dans la théologie et lessciences humaines en général. CommeBARON il se fit poète en langue malgachedans les cantiques qui sont chantés dans leséglises protestantes malgaches. TI a laissé denombreux écrits touchant divers domainesde la vie malgache qui font autorité chezmes malgachisants.

Nous poursuivons donc cette tradition de la

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multinationalité et nous comptons desmembres étrangers en France, évidemment,en Grande-Bretagne, en Norvège, enRussie, aux Etats-Unis, au Japon et dansd'autres pays encore. Au plus fort de lacrise qui a affecté les relations franco­malgaches dans le seconde moitié desannées 70, nos collègues français se sontréjoui de trouver à l'Académie Malgacheune atmosphère de cordiale confraternité,un havre de paix aux dires de quelques uns.Nous pouvons, je crois en être légitimementfiers.

En 1952 le cinquantenaire de l'Académie futdonc célébré, le Professeur MILLOT étantPrésident. Le 75 ème anniversaire le fut en1977, sous ma présidence. Il fut marquépar la tenue, pour la première fois, de troiscolloques internationaux- sur la langue,l'histoire, les plantes médicinalesmalgaches-. Les colloques, nationaux etinternationaux, ont été continués ainsi queles séminaires, les tables rondes, outre lesséances ordinaires tous les jeudis à 16heures. Le 75 ème anniversaire fut aussicélébré dans les 5 autres chefs-lieux deprovince, les comi tés d'organisation s'étanttransformés par la suite en sectionsprovinciales de l'Académie Malgache dontcelle de Fianarantsoa est particulièrement~ti~. ~.

Académie Nationale des Arts, des Lettres etdes Sciences c'est la nouvelledénomination reconnue par le récent décretdu 27 mai 1993. Il est clair que les postesde responsabilité sont tenus par desnationaux malgaches : le Président, leChancelier, les Présidents, Vice-Présidentset Secrétaires Perpétuels des 4 Sections. Jerelèverai seulement la présence de femmesparmi les responsables: une Présidente etune Vice-Présidente de Section, uneSecrétaire Perpétuelle. Comme pourl'ORSTOM le nom d'Académie Malgachereste en raison de la commodité. Revenant àl'ORSTOM, précisément, je voudraisévoquer brièvement les deux personnalitésqui nous étaient communes, l'un décédé - leProfesseur MILLOT, l'autre - le RecteurPAULIAN -, bien vivant, que je suisheureux d'accueillir dans ces lieux qui luiétaient familiers.

Le Professeur Jacques MILLOT, Docteuren Médecine et Docteur ès-Sciences, a étéProfesseur à la Faculté de Médecine de

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Paris puis au Muséum d'Histoire Naturelledont il le Directeur. Il était membre del'Académie des Sciences, de l'Académiedes Sciencesd'Outre-Mer. Je rappelle qu'ila été Directeur de l'Institut de RecherchesScientifiques à Madagascar de 1947 à 1959et Président de l'Académie Malgache de1948 à 1958. Il publia des centainesd'articles surtout concernant la biologieanimale. Ses travaux sur des sujetsmalgaches ont porté sur les arachnides, lesbatraciens, les lémuriens, ceux sur lecoelacanthe l'ont rendu célèbre dans lemonde entier. il est mort en 1979 à l'âge de82 ans.

J'ai eu l'honneur de décorer de l'OrdreNational Malgache, à notre Ambassade àParis il y a près de deux ans, celui qui fut leSecrétaire Perpétuel de l'AcadémieMalgache de 1954 à 1961 et le DirecteurAdjoint puis Directeur de l'Institut de 'Recherches Scientifiques à Madagascar de1947 à 1961, je veux dire Monsieur lerecteur Renaud PAULIAN. Docteur ès­Sciences et Docteur ès-Lettres, après sonséjour malgache il fut Directeur du Centred'Enseignement Supérieur de B.razzaville,Recteur de l'Université d'Abidjan, Recteurde l'Académie d'Amiens pour terminer unebrillante carrière en qualité de Recteur del'Académie de Bordeaux. Il estcorrespondant de l'Académie des Sciences,membre de l'Académie des Sciencesd'Outre-Mer et plusieurs autres sociétéssavantes françaises et étrangères. Sespublications se comptent par centaines, sestravaux sur Madagascar concernent lazoologie et plus particulièrementl'entomologie. n est toujours le Présidentdu Comité de la Faune de Madagascar dontles volumes continuent à sortir grâce à soninlassable activité. Pour donner une notemulticonfessionnelle, et pour me laver dusoupçon de sectarisme ... confessionnel,j'ajouterai que le successeur du protestantlaïque Renaud PAULIAN dans lesfonctions de Secrétaire Perpétuel fut leRévérend Père Jean COZE, religieux,catholique doublé d'un homme de science.Directeur de l'Observatoired'Ambohidempona il a été le dernierSecrétaire Perpétuel étranger.

L'ORSTOM, voué à la recherche sur lesmilieux intertropicaux dès l'origine, au delàde cette célébration entend assumerpleinement le rôle que lui assigne sa

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nouvelle appellation: la recherche pour ledéveloppement en coopération. J'ai bienretenu les quatre grands thèmes :environnement et écosystèmes, agricultureen milieu tropical, environnement et santé,homme et société en mutation. J'apprécie lavolonté de coopération avec les institutionsdu sud et c'est dans ce cadre, précisément,sans compter le passé historique commun,que se situent les Journées de l'ORSTOM àl'Académie Malgache que nous inauguronsaujourd'hui.

L'Académie Malgache est toujoursdisponible pour servir de tribune auxchercheurs de l'ORSTOM à l'oeuvre àMadagascar. La tradition doit êtrecontinuée, dans un contexte certes différent,comme lorsque les deux organismes avaientles mêmes têtes. Le grand âge, l'approchedu centenaire n'ont pas émoussé ledynamisme ni restreint le rayonnement denotre institution nationale qui peuts'enorgueillir de compter parmi sesmembres les deux premiers personnages del'Etat: le Président de la République et lePrésident de l'Assemblée Nationale.

Au service de la science, la science auservice de l'homme, voilà notre finalitécommune en cette fin de siècle et fin demillénaire, l'ORSTOM au delà de soncinquantenaire, l'Académie Malgache verset au delà de son centenaire.

Ce que, les uns et les autres, nous avonsaccompli jusqu'ici - pour reprendre unproverbe malgache ne sont que les prémicesd'une moisson qui s'annonce abondante.allusion à la récolte de riz, ce riz qui tient laplace que l'on sait à Madagascar. "Sant.atraam-bava rano ny manetsa be mbola hoavy".

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Intervention du Président du Conseil d'Administration de l'ORSTOM

M. Michel LEVALLOIS

Pennettez-moi tout d'abord, Monsieur lePrésident, de vous remercier pour lapassionnante et chaleureuse évocation quevous venez de présenter de votre Académieet de ses liens étroits avec l'Institut deRecherche Scientifique à Madagascar.

Monsieur le Président de l'AcadémieNationale des Arts, des Lettres et desSciences,Monsieur le Représentant de Madame leMinistre de l'Enseignement Supérieur,Monsieur le Recteur de l'Université,Monsieur le Premier Conseiller

Représentant de Monsieurl'Ambassadeur de France et deMonsieur le Chef de la Missionde Coopération,

Mesdames, Messieurs,

C'est un rare privilège que de me trouverici, aujourd'hui, panni vous, pour cettecélébration du cinquantenaire del'ORSTOM.

Je le dois au Président CésaireRABENORO, Président de votreAcadémie, et à Henri RAHARIJAONA,Chancelier, car dès ma première mission àMadagascar en 1989, "comme la brède et laviande de boeuf, nous nous sommesrejoints", car "ceux qui ont la même fuméepensent de même" dit le proverbe: or,nous avions humé la même fumée ici àTananarive, dans les mêmes écoles, danscette grande maison sans murs que sont laculture et l'amitié franco-malgache.

Ce privilège se double d'un grand plaisir,celui d'être accompagné par Monsieur leRecteur Renaud PAULIAN qui a bienvoulu accepter mon invitation de participer àcette manifestation du cinquantenaire del'ORSTOM à Madagascar. Vous avezrappelé, M. le Président, le rôle qui fut lesien dans la création de l'Institut deRecherches Scientifiques à Madagascar etdans la relance de l'activité scientifique àMadagascar au lendemain de la guerre.Qu'il soit remercié pour avoir accepté, par

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sa présence, de resserrer les liens entre lepassé et le présent, entre l'ORSTOM d'hieret celui d'aujourd'hui.

En exprimant le souhait que lecinquantenaire de l'ORSTOM soit célébré àl'Académie malgache, avec elle, avec vous,je voulais tout d'abord rendre hommage àvotre Académie, la première Académie dusud de l'Equateur qui, depuis 92 ans,maintient la réputation du patrimoineexceptionnel que sont la flore, la faune, lesécosystèmes, les sociétés et les cultures dela Grande Ile, qui entretient avecobstination, zèle et enthousiasme la flammede la recherche scientifique par despublications, des conférences, desrencontres, des débats.

Il n'était donc pas imaginable de parler del'ORSTOM à Madagascar sans nous placersous le patronage de votre Académie qui estson aînée, et qui a toujours été, en dépit desvicissitudes de l'histoire, un interlocuteurprivilégié, un interlocuteur ay.ec lequel noussouhai tons maintenir une coopérationexemplaire, toujours vivante, chaque jourrenouvelée.

L'IRSM, puis l'ORSTOM aujourd'hui,Institut français de recherche scientifiquepour le développement, se placent en effetdans la longue histoire des recherchesnaturalistes à Madagascar, dans laprestigieuse lignée des explorateurs,administrateurs et missionnaires qui ont étéfascinés par la richesse et par l'originalité decette "terre de promission des naturalistes",avides de connaître mais aussi soucieux defaire partager l'émerveillement de leursdécouvertes.

Rendons grâce avant d'aller plus loin àFLACOURT, COMMERSON, auxmissionnaires de la London MissionarySociety, à Alfred GRANDIDIER, à Perrierde la BATHIE, à HUMBERT, à DECARY.Depuis 1902, l'Académie malgache aenraciné cette tradition scientifique etnaturaliste dans la société malgache elle­même, car après le DocteurFONTOYNüNT et le Professeur MILLOT,

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le Docteur RADAODY-RALAROSY, puisvous-même, Monsieur le Président, vousavez pris et maintenu allumé le Oambeau dela science à Madagascar, entouréd'universitaires et de chercheurs, aunombre desquels je ne citerai que le docteurRAKOTO-RATSIMAMANGA, faute depouvoir les citer tous.

Le souvenir de ces prédécesseurs et laprésence de ces partenaires justifient que jefasse mien le conseil de Jean-JosephRABEARIVELO:

"Les nweurs de chez nous, jeune homme,sont bien rigides: l'on ne doit pas faireretentir trop haut le bruit des pas sur notreterre,. l'on ne doit pas y parler trop fort.Que soit d'un humble votre démarche ,.qu'elle soit traînante. Que vos .paroles,quoique d'un homme, ne sOIent pasrouges,. ni, même d'un noble, trop'franches".

Pour évoquer l'histoire de la présence et del'activité de l'ORSTOM à Madagascar et sesrelations avec l'Académie malgache, nousdisposons des rapports et des publications,mais aussi du témoignage et dés souvenirsdu Recteur Renaud PAULIAN pour lapremière période 1947-1962, puis durapport réd igé en 1971 par PatriceROEDERER pour les 25 ans de l'ORSTOMà Madagascar. En effet, son départ et sonremplacement par Paul de BOISSEZON en1971, puis la révolution malgache ontentraîné un très sensible amenuisement deseffectifs de l'ORSTOM à Madagascar et unralentissement de la coopération scienti­fique. Il fallut attendre 1986 pour que monprédécesseur, Pierre LAVAU, signe unnouvel accord de coopération qui marquaitnon pas la reprise - car le lien n'a jamais étérompu entre l'ORSTOM et la recherchemalgache, et en particulier votre Académie,mais un nouveau départ dans la coopérationavec l'ORSTOM. Car je dois dire ici ce queje vous avais dit, M. le Président, lors dema mission de 1989 : c'est un nouvelORSTOM qui s'efforce de bâtir avec sespartenaires scientifiques, les instituts derecherche malgaches et, depuis le nouvelaccord général signé par Gérard WINrERen février dernier, avec les Universités, unpartenariat scientifique aux ambitions et auxméthodes profondément renouvelées sinondifféren tes de ce q u'étaient celles del'ORSTüM d'autrefois.

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Parler d'un nouvel ORSTOM, ce n'est pasfaire insulte au passé, et encore moins àceux qui ont travaillé ici, dans un contextescientifique et politique différent, à l'époqueoù la priorité était encore aux grandsinventaires, où les Universités n'existaientpas et où les objectifs de mise en valeur etde progrès social étaient ceux d'une autoritécoloniale et non ceux d'un Etat indé­pendant. Pour m'être attaché à connaître et àcomprendre l'histoire de ce demi-siècleORSTOM, je suis aujourd'hui convaincuque si cette maison a traversé les péripétiespolitiques et administratives françaises, lesmutations scientifiques et la vague desindépendances africaines et malgache, c'estparce qu'elle a su rester fidèle à son mandatinitial; rester fidèle ne veut pas direconserver, cela veut dire au contraire, ausens claudélien, "renaître", puiser dans sonfonds originel, dans ses racines les forces etles solutions de l'avenir, changer, muter ense ressourçant pour reprendre la dialectiqued'Emmanuel MOUNIER entre la tradition etle changement. Et c'est bien sur cette ligneque je vois se dérouler l'histoire del'ORSTOM à Madagascar, celle d'uneévolution dans la fidélité à une mission.Evolution dont l'Académie aura été, dontelle doit rester le témoin et le garant.

Je vous rappelle ce qu'est la mission denotre Institut: "Etudier le fonctionnement etl'évolution des écosystèmes tropicaux ainsique la gestion, par les sociétés humaines,des patrimoines naturels et culturels qui leursont liés. Mener ces recherches encoopération avec les communautésscientifiques du Sud". Ainsi, la finalité decette mission se comprend à l'interface del'environnement et du développement. Ellese décline le long de cinq axes: connaître,comprendre, valoriser, former, coopérer.C'est cette mission que l'ORSTOM aessayé de remplir à Madagascar, sous desformes différentes, selon des proportionsvariables et qu'il ambitionne de continuer àremplir selon des modalités renouveléesdans les prochaines années.

Voyons rapidement comment l'IRSM, puisl'ORSTOM, se sont acquittés de cesmissions de 1947 à 1971, puis de 1971 ànos jours.

La première période de 25 ans qui va de lacréation de l'IRSM, en 1946, jusqu'à 1971est celle de la construction des

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infrastructures, à Tsimbazaza et à Nosy-be,et celles des inventaires, des cartes, desmonographies.

Dans un texte qu'il a bien voulu rédigerpour le cinquantenaire, le ProfesseurPAULIAN évoque ce que fut le travail dupremier Institut de Recherche Scientifique àMadagascar qu'il vint créer en 1947 avec leProfesseur MILLOT et qu'il dirigea de1947 à 1961 et dont ils eurent l'ambition defaire l'Institut de recherche scientifique deMadagascar.

"Pendant que se poursuivait le programmede construction et d'équipement, lesrecherches s'organisaient et sedéveloppaient et de nouvelles sectionss'organisaient : hydrologie, scienceshumaines, chimie végétale, auxquellesdevaient s'ajouter, bien plus tard, laphysique du Globe, lorsque l'équipe desPères Jésuites de l'Observatoire deTananarive fut atteinte par la limite d'âge.

En pédologie l'activité fut orientée autourde trois axes : le lever d'une cartepédologique générale du pays; le leyer dedétail de secteurs paraissant plusimmédiatemen! susceptible d'être mis envaleur; l'étude de la genèse et de l'évolutiondes divers types de sols. Par la suite, desrecherches de microbiologie du sol et uneliaison avec les essais de conservation dessols entrepris par le service des Eaux etForêts complétèrent le dispositif.

En entomologie médicale, le concours del'entomologiste fut demandé par le servicede lutte contre le paludisme, afin decontrôler et de conseiller les actionsentreprises en vue de l'éradication, ce quiétait la principale endémie malgache, à unmoment où l'OMS croyait à sa possibilité;puis par l'Institut Pasteur dans le doublecadre de la lutte contre la filariose et contrela billharziose quand celle-ci se développa.

Les entomologistes agricoles se penchèrentsur les problèmes rencontrés dans les essaisde culture du lin sur les Hauts-Plateaux etdans la culture du Cinchona à la Montagned'Ambre. Mais très vite est apparue lanécessité d'établir un inventaire de lafauneentomologique dont on s'apercevait qu'elleétait pratiquement inconnue.

Les botanistes, pour leur part, portèrent

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leurs efforts sur l'étude des équilibresnaturels des prairies locales et sur leurspossibilités d'amélioration.

Les hydrologues.. installèrent un réseau destations d'observation sur les principauxfleuves: Betsiboka, Mangoky, Mangoro,Menarandra, Mandrare, Onilahy. Ils'agissait d'apprécier leurs débits, deconnaître les régimes de crue et d'étiage,pour décider de l'installation de barrageshydroélectriques ou de stations d'irrigationen direction des terres fertiles les bordant.

En sciences humaines. trois directions derecherche furent privilégiées:

- les recherches archéologiques sur le sitedes anciennes villes "arabes" dans larégion de Vohémar et à Mahilaka;

,- les recherches sodo-économiques,analysant les activités et les modes de viedes populations dans des secteurs où desprojets de développement prenaientcorps, afin de lier le développement auxbesoins et aux possibilités réelles de cespopulations ;

- des recherches sur les coutumes, lesrites et les croyances permettant d'enmieux comprendre le sens et de lesintégrer dans les projets· dedéveloppement. .

Les océanographes dressaient les cartes desmouvements des masses d'eau dans le canalde Mozambique, dressaient l'inventaire despoissons et des crevettes locales dont ilparaissait qu'une exploitation rationnelleétait possible et serait rentable." Fln decitation. En effet, le Professeur MILLOTavait créé à Nosy-be en 1949 un centre derecherches océanographiques bien équipé etqui procéda au premier chalutage à lacrevette en 1958. .

Ainsi, l'activité scientifique lancée par MM.MILLOT et PAULIAN se développe danstous les domaines de la connaissance et dela compréhension des milieux physiques,des ressourc~s naturelles, des écosystèmeset des maladIes à vecteurs, des sociétés etde leur culture, faisant de l'IRSM l'Institutde recherche de Madagascar. Ces travauxsont diffusés et valorisés par les "Mémoiresde l'Institut scientifiQue" et par unpériodique de vulgarisation,

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"Le naturaliste malg~, A partir de 1956,l'Institut lance "La [aune de Madagascar",Poursuivie, jusqu'à aujourd'hui, avec leconcours de Pierre VIETTE, "La faune"atteint le tome 79, tandis que quatrevolumes sont actuellement sous presse,dotant Madagascar d'un instrument uniqueparmi les pays tropicaux.

Pennettcz-moi de compléter cette rapideévocation de l'IRSM par quelques mots quej'emprunterai à nouveau au RecteurPAULIAN sur la bibliothèque deTsimbazaza :

"Profitant des bouleversements del'immédiat après-guerre, nous eûmes lachance de pouvoir acheter les collectionscomplètes des principaux périodiquesscientifiques, ce quifit de la bibliothèque duCentre l'une des plus belles de l'hémisphèreaustral. A la mort de Guillaume •GRANDIDIER, M. MILLOT parvint àobtenir le transfel1 à Tananarive de la partiemalgache de la bibliothèque GRANDIDIER(celle d'Alfred, l'explorateur de Madagascaret initiateur de l'Histoire physique, naturelleet politique de Madagascar, af,l XIX émesiècle, et celle de Guillaume, son fils,naturaliste) avec ses documents anciens.Par la . suite, la bibliothèque futconstamment enrichie, en partie grâce auxéchanges consentis avec les publicationspropres de l'Institut."

Pendant la période qui suivit le départ de lapremière équipe de direction, en 1961,l'IRSM devenu Centre üRSTOM en 1963,orienta son action dans trois directions:

Premièrement, la poursuite desinventaires et de la compréhension desspécificités malgaches, ce qui impliquaitune collaboration étroite avec l'universitéde Madagascar, l'Institut Pasteur, lesinstituts de recherche malgache, avec lesuniversités françaises, le muséum, leCNRS, avec le WWF, l'Université deTokyo, la Smithsonian Institution).

On peut citer les recherches engravimétrie et magnétisme, en géologiedes basaltes, des cartes pédologiques debase et de synthèse, des études debotanique générale, les inventaireszoologiques, en particulierentomologiques, les travaux surl'histoire des pays de la région, les atlas,

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etc. Des expéditionsinterdisciplinaires et inter-organismessont organisées pour compléter lesinventaires.

- Deuxièmement, l'orientation plusmarquée des recherches vers desapplications immédiates, à la demandedes structures nationales. Dans cetteoptique, des recherches en hydrologiesur les différentes rivières sontpoussées, des études précises. enpédologie effectuées, ainsi que sur lesplantes médicinales locales et lesvecteurs de maladies tropicales(paludisme, filariose de Bancroft).Citons les travaux sur les caféiersmalgaches, sur les insectes parasites, lestechniques agricoles, sur les sociétéstraditionnelles et leurs rapports avec lespolitiques de développement, lesrelations ville-campagne du point de vueéconomique et géographique, la mise aupoint de méthodes démographiquesadaptées au pays, les terroirs et lesétudes régionales, etc.... C'est dans cetesprit que les sciences humaines sontrenforcées avec les travaux de GeorgesCondominas, d'Henri Lavondès et dePaul Gttino venus prendre le relais deleurs collègues Decary et Molet, et quesont créées les sections de sociologie en1962, d'économie-démographie et degéographie en 1965.

- Troisièmement, les relations avec lesautorités et avec les structuresscientifiques et universitaires malgachesqui se font par l'intermédiaire de laDirection de la Recherche, rattachée à lavice-présidence, et dont le responsableétait un chercheur malgache détaché del'ORSTOM à l'IRAM.

Les autres interlocuteurs sont leCommissariat au Plan et les différentsministères techniques : Agriculture,travaux publics, services de Santé.

Les relations commencées dès 1948 avecle centre universitaire sont poursuiviesavec l'Université de Tananarive:enseignement prodigué à l'Universitépar des chercheurs du Centre, travauxpratiques organisés au Centre pour lesétudiants, recherches exécutées àl'ORSTOM par les enseignants­chercheurs. Les instituts du GERDAT,

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maintenant regroupés au sein duCIRAD, sollicilcnt l'ORSTOM pourcertains travaux et plusieurs missionssunt fai tes en comm un; de même,l'Institut Pasteur pour tout ce quiconcerne les vecteurs des maladiestropicales.

Outre le Conseil Supérieur de laRecherche, J'ORSTOM est représenté auconseil de l'Université et au Comitéinter-îles de Recherche agronomiqueregroupant les recherches surtoutsucrières de Madagascar, de la Réunionet de Maurice. Cette présence pennet decréer une antenne du Centre à la Réunionpour l'histoire et la pédologie, puis à!'.-1aurice pour la pédologie etl'entom ologie agricole, en collaborationavec le "Mauritius Sugar InsdustryInstitute". EUe pennet de lancer la "Floredes Mascarei2nes" avec le même institutet le "Royal Botanical Garden" de Kewen grande-Bretagne.

La période qui commence en 1972 va voirapparaître une nouvelle coopération avec unnouvelORSTOM.

Les maladresses et les malentendus quisecouent les sciences sociales à Tsimbazazaau début des années 1970, bien vitedépassés par la révolution de 1972,débouchent sur la signature de l'accordculturel du 4 juin 1973, aux. tennes duquelle gouvernement malgache prend en chargeles Centres de recherche de la grande île àcompter du 1er janvier 1974. L'Orstomquitte Tsimbazaza et Nosy-be. Seuls restentun chercheur et un technicien enhydrologie. Mais le contact est maintenu, enparticulier avec votre Académie. C'est àcette époque que le conseil d'administrationde l'üRSTüM (délibération du 22 juin1977) autorise la donation du fondsGRANDIDIER à l'Académie malgache.

La création, en 1985, d'un Ministère pourla Recherche Scientifique et Technique pourle Développement ouvre une ère nouvellepour la recherche et la coopérationscientifique. Un protocole d'accord decoopération scientifique est signé le 12 juin1986 entre l'ORSTOM et le MRSTD, unprotocole relatif aux contrats de fonnation­insertion le 26 juin 1988, puis un accordavec le ministère des Transports, de laMétéo et du Tourisme, le 27 avril 1989,

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enfin un accord-cadre de coopérationscientifique le 9 février 1994 avec leMRAD.

Je ne sais pas s'il faut dresser un bilan deces bientôt dix. ans de coopérationscientifique renouvelée. Sans doute pas.Mais sans "faire retentir trop haut le bruitdes pas sur votre terre", sans "parler tropfort", il doit être possible de dire quel'ORSTOM s'est efforcé de répondre auxdemandes du gouvernement et des institutsde recherche malgaches, demandes derecherche, demandes de formation,demandes d'appui scientifique et documen­taire, demandes d'animation scientifique.

Le travail scientitïque de ces dernièresannées a porté sur trois programmes degrande portée pour le développement:

le programme "eaux continentales" qui adébouché sur la publication de " Fleuveset rivières de Madagascar" et qui vaaboutir à la création d'une banque dedonnées hydrologiques et pluvio­métriques avec le CNRE et la DMH; ceprogramme a permis la fonnation de 15chercheurs et ingénieurs et de 10 agentsdes ministères intéressés;

- le programme "mangrove" mené ave,cJeCNRE dont la première phase s'achè­vera en juin prochain, qui a permisl'encadrement et la promotion de Ilétudiants ;

le programme "urbanisation et systèmesde production en crise dans l 'ensem bleméridional malgache", poursuivi avec leCUR d'abord, puis l'Université deToliara, et qui s'achèvera en juin par unetable-ronde de restitution des résultats.En cinq ans, 65 étudiants ont été intégrésà ce programme pour des maîtrises, desDEA, des doctorats. Cinq ouvrageséducatifs, sept films vidéo et une revue"Aom be" en sont issus;

Une collaboration étroite s'est instauréeavec le CIDST et Melle JulietteRATSIMANDRAVA pour la reconS­titution et la modernisation des fondsdocumentaires üRSTOM/CIRADIBDPA,qui représentent quelques 5000documents. Cette opération est achevéeet j'aurai le plaisir de transférerofficiellement ce fonds au CIDST.

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Je tiens à dire que ces programmes, cesactions ont bénéficié d'un appui sans failledu ministère de la coopération et du soutiende la mission.

Après avoir évoqué le passé, y compris lepassé très proche, il nous faut dire quelquesmots de l'avenir. Celui-ci devra s'inspirerde trois principes : j'ouverture, lepartenariat, la vaJOIisation.

- L'ouverture: Organisme de recherche encoopération intervenant dans plus detrente cinq pays de la ceintureintertropicale (et ne cessant d'élargir sonchamp de compétence géographique à lademande de nouveaux Etats, l'Institutinterviendra par exemple très prochai­nement au Vietnam), l'üRSTOM qui setrouve placé à l'interface entre lescommunautés scientifiques du Sud, aveclesquelles il collabore, et celles du Norddont il est naturellement mem bre à partentière, souhaite s'affirmer comme unrelais entre ces deux communautés.l'ORSTOM milite, vous l'avez compris,pour une science sans frontière.

- Le partenariat: Mais l'ORSTOM saitaussi que la réussite de sa mission passepar une 'Collaboration loyale et équilibréeque nous trad uisons par le terme departenariat, par un dialogue soutenu avecle monde universitaire qui, seul, luipermettra de préparer l'a venir ens'att2chant à la formation de nouveauxchercheurs, mais aussi de scientifiquesspécialistes des problèmes de dévelop­pement durable et d'environnement.Comme nous avons conscience que cetenjeu dépasse largement nos seulespossi bilités, nous avons choisi derejoindre l'AUPELF-UREF dans uneassociation formalisée où nousretrouvons d'ailleurs Madagascar, et denous situer, pour une part importante denos activités, au sein de la francophonie.

- la valorisation: Trop souvent, nous nesavons pas valoriser nos résultats. Nousne mobilisons pas assez ni la commu­nauté scientifique internationale, ni lesopérateurs de développement qui pour­raient s'appuyer sur nos recherches etbénéficier des connaissances acquises.Je souhaite que chaque programme quise termine soit l'occasion de mieux faireconnaître autour de nous les résultatsobtenus. Dans ce domaine, notre co11a-

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boration avec l'Académie peut jouer unrôle essentiel.

Sur la base de ces principes, la commissionde concertation 1vfRAD-ORSTüM de t~vrier

a décidé de resserrer et de renforcer lacoopération scientifique sur cinq thèmesmajeurs:

- L'eau et les ressources du milieuaquatique avec, après l'achèvement desprogrammes PEC 1, PEC Il et PEC V, lelancement de deux nouvelles opérationsco.ncernant l'étude des lacs et paléo­chmats (PEC VI) et la biodiver­sité/biotypologie (PEe VIl).

- La déforestation et ses rapports avec lessystèmes de production de l'ensembleméridional avec un nécessaire rappro­chement entre les programmes man­groves et DESPAM (déforestation etsociété paysanne à Madagascar).

- Les ressources vivantes marines avecl'installation en 1993 d'un agentüRSTOM à Antsiranana à l'antenneCNRO/DRJ-I (Direction des RessourcesHalieutiques) sur un programme intéres­sant les thons. Un programme analoguesur les cervettes est à l'étude.

- Les problèmes de santé dans uneapproche prenant en compte la diversitédes zones écologiques et les systèmes desanté.

- L'étude de la politique d'ajustementstructurel et de son impact sur la sociétémalgache, thème quelque peu nouveaupour l'ORSTOM dans sa thématique etdans son mode d'intervention. .

Pour ce qui concerne la valorisation,l'ORSTOM s'efforcera de répondre auxdemandes du CIDST concernantl'alimentation des bases de donnéesl'envoi du publications, la formation à l~rédaction scientifique, l'utilisation duréseau de courrier électronique Rio,l'~dit!on de thèses et d'articles, l'orga­OI~a!J0n de colloques; toutes questionsqUl mtéressent au plus haut point votreAcadémie, comme l'ont prouvé sesinitiatives récentes, en particulier votrecolloque de 1991 sur la recherche. Nousdevons aussi continuer à jouer avecvotre compagnie un rôle moteurd'animation scientifique.

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Tirant les leçons des opérations réaliséesconjointement ces dernières années,considérant les évolutions récentes tant del'ORSTOM que du dispositif scientifiquemalgache, analysant les demandes decollaboration qui se présentent aujourd'hui,je dirai, pour conclure, que nous auronsatteint nos objectifs si la politique decoopération que nous souhaitonspromouvoir, permettait à la recherchemalgache de se situer durablement au seind'un double réseau:

- Un premier réseau Recherche/Univer­sitélmonde du développement pennettantle rapprochement des chercheurs, desuniversitaires et des scientifiquesspécialistes du développement. C'est unpremier défi.

- Un second réseau plaçant la recherchemalgache au sein de la communautéscientifique internationale et pennettantaux chercheurs malgaches de multiplierles contacts avec les scientifiques desautres pays et de diffuser plus largementles résultats des recherches réalisées àMadagascar. C'est le second défi quinous est proposé aujourd'hui.

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J'emprunterai le mot de la fin à GérardWINTER, Directeur général de l'Institut,qui disait il y a quelques jours fi l'ouverturede la commission de concerta tion:"j'ORSTüM serait fier, au moment où ilfête son cinquantenaire, d'accompagner larecherche malgache dans ce rôle de chef defile d'une véritable recherche pour ledéveloppement à long terme, unanimementreconnue à l'échelle internationale".

J'ajouterai à ce voeu, celui d'un pleinsuccès de ces deux journées. Qu'elles'permettent d'approfondir et de mettre enlumière les divers aspects de lacollaboration qui s'est établie entre l'IRSM,puis l'ÜRSTüM et votre Compagnie.Qu'elles continuent à servir la recherche etMadagascar, dans l'amitié et la coopération.

Michel LEVALWIS

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Intervention du Recteur Honoraire M. Renaud PAULIAN

Monsieur le Président,

Puisque vous me faites l'honneur, en cejour exemplaire, de me donner la parole ici,dans ces bâtiments de J'Académiemalgache, de participer à nouveau, aprèstrente-trois années, à côté de mes confrères,à une séance de notre Compagnie, vouscomprendrez sans doute aisément que mespremiers mots seront empreints d'uneprofonde émotion et d'une grande joie; joiede me retrouver dans un pays que j'aibeaucoup aimé et qui m'a valu hier dessatisfactions professionnelles, joie deretrouver des visages connus et d'évoquer,avec les vivants, le souvenir des disparus.Emotion aussi, et dont l'une des plus vivesme vient de retrouver à chaque pas, sivivace, le souvenir conservé par treizepromotions d'élèves de l'Ecole desSciences, puis de l'U niversi té deTananarive, et de l'Ecole de Médecine deBefelatanana, de ma femme et de sonenseignement.

Si je ne développe pas devant vous cetteémotion, c'est, Monsieur le Président, etvous le savez mieux que quiconque, que lesmots sont faits pour exprimer avecprécision des faits concrets et des idéesclaires; les appliquer à l'émotion risque defausser celle-ci, de la priver de son essence.Il y faudrait la musique, et je ne suis hélaspas musicien !

En ce jour où l'üRSTüM célèbre soncinquantenaire sous les auspices del'Académie malgache, vous me permettezpeut-être de me prévaloir d'une longueexistence dont vingt-deux années ont étéconsacrées à la coopération et les autres àdes tâches diverses de hautesresponsabilités administratives, pourévoquer les problèmes du développement etdu rôle de la recherche.

Il y a une cinquantenaire d'années,l'homme devenu maître de l'atome etprofitant des prodigieux progrèsscientifiques et techniques nés de la guerre,a cru être le maître de la nature. Sans quel'on en ait pris conscience, la penséehumaine a subi à ce moment une mutation

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prodigieuse. N'ayant sans doute pasd'autre équivalent dans l'histoire del'humanité que la révolution prométhéennelui ayant procuré, il y a bien desmillénaires, la maîtrise du feu. Pendantcinquante ans, les hommes ont alors cruque par l'application de l'une ou l'autre desidéologies qu'ils avaient élaborées, et enutilisant les recettes de la recherchescientifique et technique, ils étaient maîtresdu développement, de leur développementet de celui des autres hommes, de cedéveloppement dont, à des degrés divers,tous les groupes humains rêvent.

A l'échéance de ce demi-siècle, force est dereconnaître l'échec général, total, de cetteprétention. Les idéologies constructives sesont brisées sur les faits, les recettes del'ingenium humain, si variées soient-elles,se sont révélées inefficaces. Les unes et lesautres, plus hautes productions de l'esprithumain, ne suffisent pas pour assurer lestransformations des sociétés.

Depuis une décennie à peu près, quelquesesprits ont alors voulu comprendre lesraisons de cet échec universel; ils nepouvaient accepter l'idée que la rechercheétait inefficace et inutile et voulaientdécouvrir comment lui rendre le rôle quidevait être le sien. Peu à peu, deux plans deréflexion ont alors émergé. D'une part. on apris conscience de ce que le développementétait un phénomène complexe où devaientêtre intégrés de très nombreux facteursrelevant de domaines et de disciplinesscientifiques différents. Un succèsponctuel, local, n'avait pas de sens. Seulel'harmonie entre l'ensemble des facteurs,physiques et humains, assurait le progrès.Chaque recherche rassemble des éléments,comme le lexicographe construit sondictionnaire, l'informaticien sa banque dedonnées. Mais un dictionnaire, une banquede données ne sont qu'un outil, nedisposent pas de la vie. C'est legrammairien qui, associant les mots dudictionnaire en un ordre convenu, donne àla phrase résultante sens et pouvoir. Trois

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mots isolés, sans rapports entre eux, sansefficacité. deviennent. lorsqu'ils sontorganisés "Sésame ouvre-toi". et la porte dutrésor s'ouvre.

Le second plan de réflexion plonge plusprofondément dans la réalité humaine.Technocrates et idéologues constammentaffrontés ont dû reconnaître que ledéveloppement comportait d'inévitablestensions, de douloureuses fractures, qu'iln'était pas que lumières, mais lourdementchargé d'ombres. Mais alors, il n'estpossible que s'il est acceptable pour ceuxauxquels on le propose. Il faut que lessociétés en développement prennentconscience de tout ce que comporte ledéveloppement, en mesurent toutes lesconséquences, les assument pleinement.Cela veut dire qu'il n'y a de développementqu'endogène, généré par la population touteentière et que jamais un rapport extérieur nepourra faire plus que d'offrir uneinformation scientifique et technique,l'indispensable connaissance des élémentsde base du développement. Le resteappartient au domaine du politique national,de la sensibilité et des choix du. groupehumain et ne portera de fruits que si legroupe en assume la pleine charge enl'adaptant à' ses réalités propres, en ledigérant et en l'assimilant, en somme.

Apparaît alors une dimension de lacoopération essentielle et trop souventméconnue, celle qu'hier le PrésidentLevallois appelait la valorisation de larecherche.

Trois étapes marquent cette valorisation,trois étapes indispensables sans lesquellestout l'effort de la recherche n'aboutit qu'àconstituer des archives mortes.

La première suppose l'intégration desrésultats des diverses recherches.

Couvrant des champs distincts, oeuvre dechercheurs spécialisés, la recherche nousapporte des éléments. Pour qu'ils soientutilisables, ils doivent s'articuler les uns surles autres, associer l'hydrologie àl'épidémiologie et à la sociologie, parexemple. Aucune recherche n'a, isolée, deportée réelle; le passage de l'indispensablerecherche fondamentale à l'active rechercheappliquée suppose cette intégrationpermanente. Il ne s'agit pas, il ne peuts'agir, d'adapter les résultats de l'une à

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J'autre, ce serait une faute contre l'esprit.mais d'édifier l'une par l'autre en uneconstante des faits et des idées.

La seconde impose que ces résultatsintégrés, ces conclusions eflïcaccs, soientformulés, présentés, en un langage, unvêtement, compréhensible par tous. Leschercheurs, un peu par paresse. beaucouppour se faire plaisir, font usage d'unlangage ésotérique dont le vocabulaire et lasyntaxe échappent aux non spécialistes.Pour que la recherche soit valorisable, ilfaut qu'après cette première formulation,des présentations claires et simples puissentêtre offertes, ne serait-ce que pour respecterle vieil adage "ce qui ce conçoit biens'énonce clairement". Et cette valorisation­là passe par la forme de la présentationaussi bien que par son fond.

. Enfin, c'est là peut-être la phase la plusdifficile de la valorisation, celle-ci doit,d'une part, prendre en compte toutes lesconséquences de la recherche, positivescomme négatives, toutes les contraintes quiinspirent ses conclusions, ne rien occulterdes travaux, des difficultés, descontradictions qu'elle génère. Elle supposeune réflexion profonde fondée sur uneprofonde sympathie (au sens étymologiquemême de cc mot), elle interdit tout jugementde valeur, toute échelle de comparaison.Elle doit présenter des résultats tels que,n'ignorant plus rien des enjeux et desrisques, afin que les intéressés puissentfaire leurs les conclusions et construire eux­mêmes leur propre développement.

A ce point de notre réflexion apparaît lanécessaire distinction entre le politique, quiseul a pouvoir pour décider des mesures àprendre et du concret de leur application,qui seul aussi a compétence à le faire, et lescientifique dont le rôle est d'apporter uneinformation honnête, totalement intégrée etaussi étendue que possible. C'est ici,Monsieur le Président, que l'Académiemalgache me paraît appelée à un rôleévident.

En un pays où coexistent de multiplesorganismes de recherche, nationaux, ONGou relevant de la cOGpération bilatérale; enun pays de vieille tradition scientifique,riche de deux siècles de travail de recherchesur la nature et les hommes; il faut qu'unecoordination puisse s'établir entre lesactivités scientifiques, que des orientations

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soient données à la recherche, dessynthèses proposées. Sinon, il sera difficilede pro gresser et beaucoup d'efforts serontperdus. L'Académie malgache, par sonhistoire, par ses statuts, par sa force, mesemble le lieu même de tous ces arbitrages,de tous ces choix, l'endroit où doit se fairela politique nationale de la recherche, ensomme, comme il en va, en d'autres lieux,de l'Académie des Sciences, de la RoyalSociety de Londres, de l'Académie Royalede Stockholm, et bien d'autres.

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Je souhaite que votre Compagnie, sousvotre direction éclairée, avec le concours detous ses membres, malgaches, zana-lany etvazahas, joue ce rôle essentiel et bénéfiqueet je suis confiant que c'est bien ainsi queles choses se passeront.

Je vous remercie de votre attention.

Renaud PAULlAN

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BIOTYPOLOGIE DES COURS D'EAUASPECTS THEORIQUES ET DEVELOPPEMENTS ACTUELS

FAMARITANA IREO RIAN-DRANO.FISEHOANA SY FIVOARANA AMIN'IZAO FOTOANA IZAO

François-Marie GIBONJean-Marc ELOUARD

Richard ANDRlAMlliAJA

RESUME: FAMINTINANA

Les recherches sur la biotypologiedes eaux continentales ont pour but derépondre à la question suivante : lescommunautés d'organismes aquatiquessont-elles structurées? Dans l'affirmative,comment le sont-elles et quels sont lesfacteurs structurants ? Une fois latypologie établie, son utilisation en tantqu'outil de gestion écologique s'appuierasur une réponse affirmative àl'interrogation : toute modification desfacteurs s'tructurants entraîne-t-elle unemodification prévisible et mesurable descommunautés aquatiques?

Les concepts et les différentesthéories en cours font l'objet d'un rappel,de même que les principaux acquisconcernant les zones intertropicales~ puissont exposés les objectifs du programmePEC 7 réalisé à Madagascar par leC.N.R.E. et l'ORSTOM.

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Ireo fikarohana atao mikasika nyfamaritana sy fandinihana ny ranomamyan-tanety (renirano, ony, farihy) ary ireozavamanan'aina ao aminy na amin'ny tenybaiko "biotypologie des eauxcontinentales" , dia mikatsaka ny hamalyireto fanontaniana manaraka ireto : Moa vevoarafitra ny fikambanan'nyzavamanan'aina anaty rano ? Raha eny,manao ahoana izy reo ary inona nompandrafi tra azy ?

Ny fampiasana io famaritana izayvoapetraka io amin'ny maha-fitaovanaentina hitantanana ny zavamanan'aina syireo manodidina azy dia hiankina amin'nyvaliny tsy misy fisalasalana nyfanontaniana hoe : ny fanovana ireompandrafitra ny fiainan'ny zavamanan'ainaanaty rano ve mety mitarika fiovana izaytsikaritra mialoha sy voarefy eo amin'nyfivondronan'ny zavamanan'aina anatyrano?

Hitarika fampahatsiahivana ireofijery sy fianarana maro samihafa izaymbola an-dàlana . Toy izany koa nyvotoatin-kevitra voaray tao amin'ny faritra"intertropical". Ho entina hamaranana diahovelabelarina ireo tanjon'ny fandaha­ran'asa PEC 7 izay nifarimbonan'nyC.N.R.E. sy ny üRSTOM ny fametrahanaazy teto Madagasikara .

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1.1 La spécificité deshydrosystèmes lotiques.

Les fleuves et rivières, plus généralementl'ensemble des écosystèmes lotiques,présentent deux particularitésremarquables:

11 ils sont fortement déterminés parles caractéristiques de leur bassinversant (ce qui a été remar­quablement exprimé par Hynes,1975, : "la vallée gouverne le

d, ")cours eau ;

21 ils sont structurés longitu­dinalement; chaque bief dépenddes caractéristiques du site et desapports locaux (pluies, eauxsouterraines), mais, bien plusencore des flux d'eau, de matièresorganiques et d'êtres vivants enprovenance de l'amont.

Les hydrosystèmes sont donc particu­lièrement sensibles. Ils subissent, nonseulement des.impacts ponctuels et direc~

(pollution, canalisatio.n, barrages : .. ), I!1alsencore les effets indUits des modificatIOnsqui affectent le bassin versant et les rives,tout particulièrement les changements ouévolutions de l'occupation des sols(déforestation ou intensification agricole,voir par exemple : Corkum, 1990).L'existence du flux longitudinal aggravel'effet des impacts ponctuels en lesprolongeant vers l'ava.l, ~n o~tre, d,~ fait dela linéarité, la multlplicatlon d Impactsponctuels entraîne une fragmentat.ion quifragilise de nombreuses populatIons etpeuplements. On estime que le benthos dela plupart des fleuves et grandes rivièresd'Europe occidentale s'est. con~idé­

rablement modifié et appauvn depuIs unsiècle (Zwick, 1992), bien avant que les"études d'impact" ne prennent pour"référence" des situations dont on connaîtmal la représentativité et dont on ignorel'histoire et le fonctionnement. L'idéecouramment admise de fleuves américainsou tropicaux plus proches d'un "état natureloriginel" doit être, dans la plupart des cas,sérieusement réexaminée (Benke, 1990).Les grands fleuves sont à la fois très

I. INTRODUCTION

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anthropisés et mal connus.

Les stratégies classiques de conservation(c'est-à-dire la création de zones où lesactivités humaines sont réduites) sont peuefficaces car elles impliquent la mise enréserve de la majeure partie du bassinversant, ce qui est dans I~ majorité d~s, casirréalisable. La conservatlûn de ces milieuximplique donc des politiques actives .degestion et d'aménagement que CummlOs(1992) résume de la manière suivante ':agreat deal of present management ISrestauration effort; namely, the attempt torepair damage of former managementprogrammes, or lack of them:'. Lamanipulation d'un écosystème nécesslt~ ,unemeilleure connaissance de sa composlUon,de sa structure et de son fonctionnementque la mise en réserve. Au, niveauéconomique, les sommes nécesséU:r~s pour

. restaurer la qualité et la productivité deseaux atteignent des niveaux qui justifientpleinement l'étude, des ~rocessus

biologiques et écologiques qUi ass~rent

gratuitement ces services (mécaOlsmed'autoépuration des rivières).

1.2 Utilité des recherches biotypo-logiq ues.

Gérer un patrimoine demande uneplanification de l'utilisation des ressourcesainsi que la prévision de l'imp~ct desévolutions en cours, des opératIOns dedéveloppement ou d'aménagement. Il fautpouvoir évaluer l'état et les potentialités desécosystèmes et dispos~r ,de m?dèlesfonctionnels pour en préVOir 1évolution. Latypologie des eaux courantes élaborée surdes bases écologiques sera l'outil principalde cette gestion rationnelle deshydrosystèmes.

L'approche biotypologique ~es eauxcontinentales postule que les bIOcénosessont structurées et qu'à un ensemble deconditions écologiques données correspondune structure et un fonctionnement propre.Ces derniers peuvent être caractérisés par lacomposition faunistique et/ou floristiquedes biocénoses.

Enfin, l'utilisation de la typologiebiologique en tant qu'outil de gestionsuppose la mise en évidence des facteursstructurants par comparaison de systèmessitués dans des conditions différentes.

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II. LES DEUX PRINCIPALESTHEORIES FONDATRICES

ILL La théorie de la zonation lon­gitudinale d'Illies et Botosaneanu.

La première théorie globale a été celled'Illies et Botosaneanu (1963). Le principegénéral en est le suivant: l'évolution descaractéristiques physico-chimiques depuisles sources jusqu'à l'estuaire induit desmodifications floristiques et faunistiques.Cette évolution se réalise principalement par"sauts" au niveau de confluences princi­pales (entre cours d'eau de débits équi­valents). Il y a donc une zonation biolo­gique longitudinale et ordonnée des réseauxhydrographiques. Ce modèle est le cadredans lequel se sont inscrits la plupart destravaux ultérieurs (Botosaneanu, 1979;Verneaux ,1976), il reste, aujourd'huiencore, le cadre de base de toute approche'globale des réseaux hydrographiques.

Deux débats demeurent ouverts à son sujetLe premier concerne la nature du "facteurdéterminant". Lorsque le débit augmente,de nombreux facteurs évoluent de manièreconcomitante et généralement interagissent(par exemple : oxygène dissous, tempé­rature et ·vitesse du courant ou vitesse ducourant et granulométrie du substrat). PourIllies et Botosaneanu, la température est lefacteur primordial tandis que les travauxrécents mettent l'accent sur les facteurshydrauliques (Statzner et Higler, 1986;Davis et Barmuta, 1989).

Le second débat concerne l'extension dumodèle à d'autres régions que les zonestempérées pour lesquelles il a été élaboréNous savons maintenant qu'il ne s'appliqueni aux zones alpines, ni aux zonesarctiques. Des essais de généralisation ontdéjà été publiés. Bien que cela ne soit pastoujours explicite, ces demiers considèrentla température comme le facteur principal(Wasson, 1989). TIlies (1964) situe à plusde 2.000 mètres la limite rhithron 1potamonau ni veau de l'équateur, dans la régionamazonienne. Une étude plus récente sur lazonation des fleuves et rivières éthiopiens aété publiée par Harrison et Hynes (1988).Ils définissent un Rhithral situé au dessusde 2.000 mètres, une zone de transitionsituée entre 1.650 et 1.900 mètres et au­dessous un Potamal "which contains afauna that is similar ta that of mu ch ofAfrica". Le principal inconvénient de ces

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travaux est de sous-estimer les changementsfaunistiques qui ont lieu aux bassesaltitudes, car les cours d'eaux africainssitués à des altitudes inférieures à 1.650mètrcs ne sont pas faunistiqucmenthomogènes. Ce rait avait déjà été noté eldiscuté par Hanison et Rankin (1976). Cesauteurs décrivent, aux Antilles, une faunetorrenticole, c'est-à-dire un rhithron, situé àpeinc au-dessus du niveau la mer et à destempératures nettement supérieures à 20°C.Ils ont donc distingué, en zone tropical~ un"rhitron froid", celui qui avait été défini parIllies, et un "rhitron chaud" qu'ils mettaienten évidence. La situation géomorpho­logique qu'ils rencontrent, des collines auxpentes abruptes tombant presque directe­ment dans la mer, n'est pas le seul cas de"rhithron chaud" que l'on peut observer enzone tropicale. La plupart des fleuves etrivières d'Afrique occidentale sont com­posés d'une alternance de zones calmes etde rapides (Lévèque et al, 1983). Lespeuplements de ces biotopes sont trèsdifférents, celui des biefs "calmes"(Chironomidae, Oligochètes, Mollusques,Ephémères et Trichoptères fouisseurs ... ) estun potamon typique, celui des rapides(Hydropsychidae, Philopotamidae, Baetidae.Tricorythidae... ) peut être considéré commeun "rhitron chaud".

Il.2 Le River Continuum Concept.

Vannote et al. publient en 1980, uneseconde théorie globale des cours d'eau: le"River Continuum Concept" (R.C.C).Contrairement au modèle précédent, leR.C.C. est une approche fonctionnelle; ilstructure les écosystèmes lotiques autour duflux de matières organiques (apports, trans­ports et transformations, recyclage).

Les réseaux alimentaires des courssupérieurs sont dominés par les apports dematières végétales provenant des écosys­tèmes terrestres riverains. Ils donnentnaissance à un flux de fines particules dematières organiques, base de la productivitédes cours intermédiaires où se développeprogressivement une production primaire.Enfin les plaines d'inondation et deltas sontles principales sources de matières orga­niques des grands fleuves. On assiste doncau passage d'''écosystèmes majoritairementhétérotrophes" directement dépendant desbassins versants à des "écosystèmesmajoritairement autotrophes". Si nous

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reprenons la métaphore de Hynes 1 nousconstatons une autonomie progressive ducours d'eau par rapport à sa vallée (cephénomène ne concerne pas seulement lefonctionnement trophique, du fait del'augmentation des masses d'eau, le sys­Lème est, par exemple, de plus en plusrésistant à la variabilité des températures).La situation extrême est la plaine alluvialeou le delta qui constituent des écosystèmes"créés" par le neuve.

La faune benthique est intégrée au moyendu concept de groupe fonctionnel(Curnrnins, 1974, Cummins et Klug, 1979),qui prend en compte non seulement laressource alimentaire, mais surtout sonmode d'acquisition. Minshall et al. (1985)fournissent un schéma théorique de zona­tion de ces groupes fonctionnels en fonctiondu rang du cours d'eau (stream order). Lespetits ruisseaux sont dominés par lesdéchiqueteurs de grandes particules (largeparticulate shredders), puis par les collec­teurs de fines particules (fine particulatecollectors); les rivières moyennes voient ledéveloppement des brouteurs de peri­phyton (peryphyton grazers) et des filtreursbenthiques (benthic filter fecders); enfin lesfieuves les plus larges sont le domaine desfouisseurs (sediment burrowers). Il y à doncune évolution graduelle de la structure dubenthos en fonction de la quantité, de lanature et de l'accessibilité des matièresorganiques charriées ou produites par leshydrosystèmes.

Le R.e.e. a permis le développement denombreux travaux complémentaires oucritiques (Statzner et Higler, 1985). Il est lemodèle actuellement utilisé pour com­prendre le fonctionnement des réseauxhydrographiques (Minshall et al., 1985).Les critiques les plus vives n'ont pasconcerné le R.e.e. lui-même mais sa géné­ralisation à d'autres domaines bioclima­tiques, particulièrement en zones tropicales(Winterbourn et al., 1981; Dudgeon, 1984).

Ainsi les deux modèles principaux d'étudeglobale des réseaux hydrographiques serévèlent difficiles à appliquer aux fleuvestropicaux. Peut-être n'est-ce seulement quepar manque d'informations.

II. 3. Intégration des deux modèles

1 Hyncs, 1975 : "la vallée gouverne le cours d'eau"

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Le R.e.C. devrait intégrer les approches detype "zonations" qui l'ont précédé. Mais,ces dernières supposent des secteurs plusou moins homogènes séparés par des tran­sitions nettes, ce qui semble en contra­diction avec la notion de "continuum". Ils'agit peut-être d'un problème d'échel1e,car, comme le remarque Wasson (1989) :"il est facile de confondre un escalier avecun toboggan, lorsque l'on ne dispose qued'un seul point par marche". Plus géné­ralement, il semble exister sur les réseauxhydrographiques des frontières faunistiquesque l'on ne peut réduire aux transitionsfonctionnel1es. Le déterminisme de cesfrontières est l'une des questions soulevéespar les théories de zonations, les inter­relations entre "associations benthiques" etle fonctionnement est l'une de celles poséespar le R.e.e.

'Ces deux approches de la structure faunisti­que longitudinale des eaux courantes nesont pas incompatibles: il y a, par exemple,des relations directes entre la tail1e ct lanature des matières organiques transportéeset les conditions hydrodynamiques. Lescontradictions apparentes entre certainstravaux proviennent souvent du niveautaxonomique utilisé. Des recherches menéessur l'ensemble du peuplement benthique àun niveau taxinomique qui oscille entre legenre et l'ordre, mettront en évidence unestructure proche de celle prévue par leR.e.e., car les espèces d'un même genreappartiennent généralement a un mêmegroupe fonctionnel et de la même façon,elles auront, du fait d'une morphologievoisine, des réactions analogues aux con­traintes hydrauliques. Au cours de tellesétudes, certaines frontières zoologiquéspassent inaperçues. En revanche, une re­cherche menée au niveau spécifique pourramettre en évidence des remplacementsd'espèces déterminés par des facteursclimatiques. Le fait que de nombreusesétudes aient été réalisées en utilisant desniveaux spécifiques disparates (généra­lement en fonction de la disponibilité desidentificateurs) a contribué à la confusion deces deux phénomènes. Dans le cadre dudéveloppement actuel des recherches sur labiodiversité, il sera essentiel de distinguerles transi tions fonctionnelles généralementliées aux changements trophiques (nature etaccessibilité des ressources alimentaires), etles transitions faunistiques généralementliées aux facteurs thermiques ou chimiques.

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III. LES DONNEES DISPONIBLES

Il Y a très peu de données précisespermettant de tester ces théories en zonetropicale. Un certain nombre de travaux debase ont toutefois éLé réalisés, apportant deséléments à la modélisation des hydro­systèmes africains.

Il La comparaison des biefs lotiques desgrandes rivières de l'Afrique del'Ouest a permis de mettre en évi­dence, au niveau familial, une fortehomogénéité des peuplements entmi­ques. Soumises à des traitementsinsecticides semblables durant plu­sieurs années, les communautés d'in­sectes lotiques évoluent de la mêmemanière (Elouard, 1983; Yaméogo etal., 1991; Elouard et al., 1992). Entredes sources, souvent théoriques(Statzner 1984) et l'estuaire, il existeune "zone à Hydropsychidae" indif­férenciée (Lévèque et al, 1983), sansréelle transition rhithron/potarnon.

21 Sur le bassin du Bandama en Côted'Ivoire, la richesse spécifiqueaugmente avec le rang du cours d'eau.Mais cela est dû à deux phénomènesdistincts~ d'une part, les hauts cours etles petits affluents sont moins richesen espèces, souvent de manièrealéatoire avec des populations moinsabondantes; d'autre part, la zoneméridionale du bassin pénètre dans lazone forestière et se trouve coloniséepar des espèces caractéristiques de latransition forêt/savane, voire parquelques espèces strictement fores­tières (Statzner, 1984; Gibon etStatzner, 1985). Le résultat principalde ces travaux est la mise en évidenced'une forte homogénéité faunistiqueen savane, quel que soit le rang ducours d'eau. Cette situation est encontradiction apparente avec lesmodèles classiques de zonation.L'ensemble des recherches menées enAfrique occidentale sur la répartitiongéographique des insectes lotiquesindique que leur distribution peut êtredécrite par l'altitude (elle mêmeétroitement corrélée à la température)et par la formation végétale dominantedu bassin (elle même étroitementcorrélée à la pluviométrie). Ce modèlede distribution se vérifie de manière

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21

concordante chez les Trichoptères(Gibon et al., 1994; Gibon, souspresse) et chez les vecteurs del'Onc hocercose (Qui llévéré, 1979;Quillévéré et al., 1981). On observemême, à la suite des phénomènes dedéforestation, de profondes modifica­tions de certaines situations épidémio­logiques (Walsh et al.,1993).

IV. LE PROGRAMME "BIODIVER­SITE ET BIOTYPOLOGIE DES EAUXCONTINENTALES MALGACHES"(PEC 7)

IV.1. Le contenu du programme

L'Orstom et le eN.R.E. ont entrepris,avec le soutien Enancier du Fonds d'Aide etde Coopération, un programme de bioty­pologie des eaux continentales malgaches.Cette recherche doit fournir un outil de sur­veillance et de gestion des hydrosystèmescontinentaux aux responsables nationaux.Au-delà de cette application directe, nousespérons mettre à l'épreuve, en milieutropical, les théories actuelles élaboréespour les zones tempérées d'Europe occi­dentale et d'Amérique du nord.

Pour tester ces hypothèses, il est indispen­sable de travailler au niveau spécifique. Lapremière phase consiste donc en un inven­taire faunistique des insectes et macro­crustacés benthiques. Ce travail est coor­donné à des recherches hydrochimiques,hydrologiques et climatologiques. L'ensem­ble constitue une base de données destinéeà:

11 déterminer les structures cénotiques etleurs distributions sur les hydrosys­tèmes,

21 mettre en évidence les régionsbi 0 géographiques,

3) étudier les principaux facteurs déter­minant les répartitions des invertébrésbenthiques,

4) décrire les éventuelles zonations etadapter le modèle d'Illies etBotosaneanu en zone tropicale, surplusieurs bassins ayant une fortevariation altitudinale et répartissuivant un gradient de pluviométrie,depuis les milieux très arides du Sud­ouest jusqu'aux forêts humides de lacôte orientale,

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5) fournir aux décideurs un modèle pourprévoir et évaluer toute modificationde ces systèmes à la suite desperturbations ou des aménagements.

Madagascar offre des conditions favorablesà de telles études car l'île possède unegrande variété d' habitats aquatiques due àson relief et à ses régimes pluviométriquesvariés. La diversité des situations altitu­dinales et climatiques, géomorphologiqueset édaphiques rencontrées sur un espaceaccessible à une petite équipe est un atoutremarquable pour ce type de recherche.Madagascar, île continent, constitue en cesens un véritable laboratoire naturel d'étudedes hydrosystèmes.

1V . 2. Les objectifs à moyen terme.

IV.2.1. Effets de la déforestation surles écosystèmes lotiques.

Les résultats obtenus nous permettrontd'étudier l'effet de la déforestation sur lesécosystèmes lotiques. Le défrichement,sui vi ou non de mise en culture, est unphénomène ancien qui s'est considé­rablement accentué au cours des dernièresannées à Madagascar. Si les effets sur labiodi versi té des milieux terrestres a faitl'objet de nombreuses recherches, nousdisposons de peu d'éléments permettant deprévoir son impact sur les milieuxaquatiques. Cependant, il semble que lebiome dominant du bassin, ou la formationvégétale environnant le cours d'eau, soitl'un des facteurs majeurs déterminant labiocénose benthique. Nous avons vu qu'enAfrique occidentale, les espèces ne sont pas"rhitriques" ou "potamiques" mais "deforêt" ou "de savane". Ce facteur estétroitement corrélé à la pluviométrie et doncaux régimes hydrologiques. Par ailleurs, ila un effet direct sur la température de l'eauet sur son pH; il conditionne l'érosion et, enconséquence, les transports solides enrivière et la sédimentation. Son importanceest de plus en plus soulignée (Minshall etal., 1983; King et al., 1992).

La situation actuelle nous permet d'ana­lyser, à Madagascar, les effets du défri­chement, l'existence de zones refuges dansdes vestiges forestiers et la dynamique del'installation d'une nouvelle faune et/oud'un nouveau fonctionnement trophique. Lacomparaison des stratégies de diversgroupes taxinomiques, offrant des capacités

22

de dispersion complètement différentes(durée de vie adulte et possibilités de vol),en sera un élément central.

IV.2.2. Typologie fonctionnelle desécosystèmes lotiques

Il s'agit d'appliquer la démarche du RiverContinuum Concept à deux petits bassinsversants où existe une typologie faunistiquenette. Un tel projet suppose:

• l'étude des flux de matières organi­ques (sous ses différentes formes),

• l'étude des ressources alimentaires etde ses modes d'acquisition chez lesprincipaux invertébrés benthiques.

Les hypothèses à tester sont les suivantes:

1/ il existe des zones faunistiques déter­minées par des facteursphysicochimiques (température,hydraulique ... ), eux-mêmesdépendant de la géo-morphologie, dela pluviométrie et de la couverturevégétale du bassin (résultats acquispar les études typologiques);

2/ les transitions entre ces zones sontindépendantes du fonctionnementtrophique de l'écosystème (la structu­ration longitudinale du fonctionne­ment n'intervenant qu'au niveau del'abondance des divers groupesfonctionnels).

La question abordée est celle de l'articu­lation entre la diversité zoologique et lefonctionnement des écosystèmes, elle est,aujourd'hui, au coeur du débat sur leconcept de biodiversité.

CONCLUSION

L'objectif du programme PEC 7 est la miseau point d'un modèle de gestion deshydrosystèmes malgaches. Les étapespréliminaires de ce programme permettrontd'inventorier la faune invertébrée desmilieux aquatiques (relativement peuconnue), de cartographier la distribution desespèces et des peuplements. La base dedonnées BiBiSOA, qui sera l'un dessupports du programme, mettra à ladisposition des futures recherches enhydrobiologie un fonds bibliographique,taxinomique et écologique opérationnel.

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GODET

UN LOGICIEL POUR LA GESTION INFORMATIQUEDE LA BIODIVERSITE

(Fitantanana sy fandrindrana ireo fahalalana momban' ny zavamanan'ainasy ny tontolo manodidina azy)

"Logiciel" natao ho amin'ny fitantanana ara-informatikany "Biodiversité",

Jean-Marc ELOUARDFrançois-Marie GillON

RESUME FAMINTINANA

L'ORSTOM développe depuis plusieursannées, le logiciel GODET (Gestion etOrganisation des Données Ecologiques etTaxinomiques) conçu pour gérer dans lamême base relationnelle, l'ensemble desdonnées nécessaires à la réalisation d'untravail écologique, à savoir des référencesbibliographiques, des fiches taxinomiques,l'iconographie des taxons et des donnéesde terrain. Les différents fichiers sontinteractifs soit directement, soit parl'intermédiaire de routines et permettent dece fait la création de bases deconnaissances intégrées, sur de multiplessujets.

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Efa aman-taona maro ny ORSTOM nonamakafaka ny "logiciel GODET". 10"logiciel" io no natao dia roba hitantananaao anatin'ny "base relationnelle" tokana nyfitambaran'ny fahalalana voaangona avyamin'ny fikarohana ka tena ilaina amin'nyfanatanterahana asa momba nyzavamanan'aina sy ny tontolo manodidinaazy. Toy izany ireo famantarana syfilazalazana maro ara-bibliografika sy ara­taksinomika.

Mifandray mivantana na amin'ny alalan'nyfahazarana avokoa ireo filazalazanasamihafa ireo (fichiers) izay mitondra arakaizany ho amin'ny famoronana "bases" ara­pahalalana mifandraika amina foto-kevitramaro isan-karazany.

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I. PROBLEMATIQUE

Les écologistes de terrain se trouventconfrontés dans l'exploitation de leursrésultats à la gestion de plusieurs catégoriesd'informations.

1) Travaillant sur du matériel biologique,ils sont amenés à identifier les espècesrécoltées dans les différentséchantillons. Ceci nécessite deposséder un fichier sur lasystématique des espèces présentesdans la région dans laquelle ilsœuvrent; fichier qui comprend aussibien des infonnations systématiqueset taxinomiques que biologiques,biogéographiques, éthologiques ete ...ainsi que l'iconographie de lamorphologie des espèces.

2) La constitution de ce fichier d'espècess'appuie, au moins partiellement, surdes infonnations documentaires. Ilfaut donc gérer un fichier deréférences bibliographiquesaccessibles selon des critères"bibliographiques" classiques maiségalement par mots-clés. Il est surtoutindis-pensable de pouvoirsélec'tionner les référencescorrespondant à un genre ou uneespèce donné.

3) Les écologistes ont également à gérerun fichier de "terrain" corn posé defiches sur lesquelles sont reportées leslistes d'espèces capturées ainsi queles différentes informations, biotiqueset abiotiques, enregistrées lors del'échantillonnage. La gestion de cesfiches permet de sélectionner lesdonnées correspondant à certainscritères d'étude et leur miseautomatique en tableaux.

4) Ils doivent enfm pouvoir recaler laprésence des espèces au sein desinformations géographiques etbiogéographiques préexistantes.

Cette problématique est ancienne et lamajeure partie des écologistes possèdent cesquatre fichiers fondamentaux. En revanche,leur présence simultanée dans la même baserelationnelle constitue une approchenouvelle et permet une exploitationinteractive des infonnations contenues dans

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ces fichiers liés, mais de conception trèsdifférente.

Il est ainsi possible d'avoir en quelquessecondes, toutes les informations taxi­nomiques, bibliographiques, iconogra­phiques, biogéographiques (cartographiethématique des distributions incluse) etécologiques pour une espèce sélectionnée.

II. LE LOGICIEL GODET

Le logiciel GODET permet de gérer dans lamême base relationnelle des donnéesbibliographiques, des fiches taxinomiqueset des données de terrain; ces différentesinformations sont interactives soitdirectemen t, soit par l' intennédiaire deroutines (cf. structure).

II.1. Données bibliographiques

Le fichier [FICHES BruLIO] est constituéd'enregistrements classiques avec un accèsmulticritère dans la sélection des fiches. Larubrique Espèce TXT de ce fichier permetd'accéder rapidement à l'ensemble desfiches bibliographiques concernant unordre, une famille, un genre ou une espècedonné.

Ce fichier est lié à un fichier d'adressesfacilitant l'envoi du courrier aux auteurs.

Le nombre de formats d'édition n'est paslimité et permet, entre autres, d'éditer lesréférences selon les ex igences desdifférentes revues, ainsi que d'imprimerdemandes de tirés-à-part et enveloppes.

B.2. Données Systématiques .

Le fichier [SYSTEMATIQUES] gère toutesles informations concernant la classificationdes organismes, depuis le phyllum jusqu'àla sous-espèce ou variété.

Ce fichier intègre également les synonymes(anciens noms et synonymes) ce qui faciliteune recherche bibliographique complètepour une espèce, sur son nom actuel et surses synonymes.

L'ensemble des spécimens correspondant àune espèce est également pris en compte,que ce soit les spécimens récoltés lors d'uneétude (couplage avec le fichier écologique)ou les spécimens déposés dans les muséeset centres de recherche.

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L'iconographie intégrée présente lesdifférents dessins correspondant à chaqueespèce soit séparément, soit sous forme deplanches synthétiques automatiquementconstituées.

Un module spécial couplé au fichierécologique, permet la représentationcartographique (sommaire) de ladistribution des espèces.

11.3. Données écologiques

Il s'agit d'un fichier de terrain organisé enquatre lÙveaux :

1- Le Fichier [STATIONCAPTURE} : il correspond à la localisationdans l'espace de l'échantillonnage (= fichierx, y, z : latitude, longitude, altitude), etaux paramètres "immuables" à l'échelle del'étude (géologie, pédologie, couvertvégétal ete... );

2- Le Fichier [JOUR PRELEVE}: :il comprend les enregistrement faits pourune date donnée sur une station donnée (=fichier x, y, Z, t : lati tude, l0rtgi tude,altitude, temps), c'est-à-dire les paramètresdépendant de la date de prélèvement(conditions météorologiques,hydrologiques etc.).

3- Le Fichier [MEmODES} : ilintègre les différentes méthodesd'échantillonnage sur une station donnée,un jour donné (= Fichier x, y, Z, t , m :latitude, longitude, altitude, temps,méthode);

4- Fichier [LECH_SP} : il estconstitué des listes d'espèces capturées surune station, un jour donné par une desméthodes. Le programme génère ensuiteautomatiquement les listes récapitulativesd'espèces pour un jour ou une stationdonnée. Il permet également des sélectionsmulticritères de fiches aux quatre niveaux;sélection du type "quelles sont les fichescomprises entre telle et telle altitude(longitude, latitude), telle et telle date,échantillonnée par telle méthode etcontenant telle famille (genre, espèces)?Une liste d'espèces synthétisant les listesdes fiches sélectionnées estautomatiquement générée par leprogramme.

/

28

Des procédures permettent l'exportation oul' importation de tous les types de données.

III. MATERIEL NECESSAIRE

Le logiciel Godet 1est greffé sur le logicielde base de données relationelle 4èmeDimension (AC!). Il nécessite de possèderun ordinateur MacIntosh de configurationminimale 4/40. L'utilisation du fichier desdessins nécessite en revanche uneconfiguration plus évoluée (16/250).

1 Ce logiciel GODET est enregistré à l'Agence pourla Protection des Programmes sousle numéro 94 - 42-001-00

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PREMIERS RESULTA TSD'UNE ETUDE GENERALE SUR LES LACS

MALGACHES

IREO VOALOHAM-BOKATRA AZO TAMIN'NY FANDALINANAANKAPOBENY NATAO TAMIN'IREO FARIHY MALAGASY

Luc FERRYChristian DEPRAETERE

Laurent RÜBISON

RESUME:

Après quelques considérations sur laterminologie du mot "lac" il est soulignéque, dans la langue malgache, les noms delac pourraient donner de précieusesindications sur leurs caractéristiques. Lesobjectifs du programme "lacs etpaléoclimats !TIalgaches"sont ensuiterapidement présentés. A partir d'unpremier inventaire de plus de 1300 lacs etzones humides constitué à partir des cartesau 1/100000ème, les différents types delac présents à Madagascar sont décrits.Leur répartition est mise en relation avec lagéologie et la tectonique. La relation entrela fréquence des lacs et leur superficiesuggère qu'en deçà d'une certaine taillebeaucoup d'entre eux ne sont pas figuréssur les cartes au 1/100 ()()()ème. Des indicesde fonne sont proposés en vue de leurcaractérisation. Enfin, l'intérêt duprogramme pour le développement estillustré par deux exemples.

/

30

FAMINTINANA :•

Rehefa nofakafakaina ny teny hoe " lac "na adika hoe farihy amin'ny akapobeny,dia voarnarika fa teo arnin'ny Malagasy, nyanarana nomeny ny farihy na matsaborydia azo itarafana sahady ny toetraananan'izy ireny, izay anisan'ny tanjonatratrarin'ny tetik'asa " Lacs et Paléoclimats" na adika tsotsotra hoe " Ny farihy sy nyTantaran'ny toetr'andro teto Madagasikara". Avy tarnin'ny fanisana sy fanadihadianany saritany (maridrefy 1/100 000)nataon'ny FTM no nahalalana fa miisa1300 ireo farihy na matsabory, etsetra ... ;ary nahafahana nisokajy azy ireo.Narnpifandraisina koa ny fitsijaran'izy ireoara-paritra amin'ny fahalalana ara-jeolojiasy ny "tectonique". Ny kajy natao izay .mampifandray ny habetsahan'ny farihyamin'ny habeny dia nahatsapana fa maroireo farihy tsy misoritra eo amin'nysaritany rehefa mihoatra ny habe kelyindrindra voafaritra. Nisy marika telonatolotra mba ahafahana misokajy ireofarihy ireo araka ny bikany. Ary farany,amin'ny alàlan'ny ohatra roa nonanaporofoina ny tombon-tsoa mety hoazo arnin'ity tetik'asa ity.

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1. INTRODUCTION

L'ÜRSTÜM l, le CNRE2 et le CNRS3mènent conjointement un programmeintitulé "Lacs et paléoclimats malgaches"

Cette communication a pour objet de donnerune description du volet "Lacs" de ceprogramme, de présenter les premiersrésultats et de montrer son intérêt pour ledéveloppement à partir de quelquesexemples.

II. QU'EST-CE QU'UN LAC?

La définition la plus courante du mot "lac"donnée dans les dictionnaires est la suivante: "Grande étendue d'eau entourée de terre"On s'aperçoit immédiatement que cettedéfinition manque de précision et n'est passatisfaisante. Elle engloberait entre autresles mares, les étangs, les marais, les

marécages, les lagunes ainsi que les mersintérieures.

il semble donc que les dénominations "lac""mare" "étang" "marais" "marécage" voire"mer" données aux étendues d'eauentourées de terres sont employées demanière subjective et que leur utilisation, aumoins dans la langue française. cOITespondplutôt à des habitudes terminologiques.

A partir de 725 noms de lac donnés par lescartes du FfM4, il est également difficile defaire une distinction précise entre lesdiverses étendues d'eau. Cependant, dansla langue malgache, les noms de lacs sontsouvent évocateurs. Certainesdénominations ou racines se retrouventassez fréquemment et sont accompagnéesd'un qualificatif spécifiant la caractéristiqueprincipale traditionnellement reconnue:

Rano Matsabory ou Matsabori- Amparihi- ou Farihy(eau) (étendue d'eau) (lac)80 dont: 53 dont: 63 dont:

Andranotapahina Matsabory Lemby AmparihibeRanovorimena Matsabory Malaiboka AmparihikambanaAndranovorimbolo Matsabory Taranta AmparihimboronaAndranobe Matsaboribe AmparihinandrianaRanolava Matsaborimadio AmparihibevoayAndranofasina Matsaborimaika AmparihindralehilahyAndranonjazavavy Matsaborimena AmparihitsimisivodyAndranomazava Matsaboribi tika AmparihilavaAndranoratsy Matsaborivato AmparihimoraAndranomamy Matsabori fanjava AmparihimenaAndranonankoay Matsaborinamboaimena AmparihibendranoAndranovoringisa Matsabori nkova AmparihimaintilahyAndranovorin 'isoantsy Matsaborimbola AmparihimalotoLanirano Matsaborifady Amparihimangabe

lORSTOM

2CNRE

3CNRS

4FfM

Institut Français de Recherche Scientifique pour le Développement enCoopération,Département des Eaux Continentales.

Centre National de Recherche sur l'Environnemenl

Centre National de la Recherche Scientifique,GDR 970, CNRS, ÜRSTÜM, Paléohydrologie et PaléoclimatologieContinentales.

Foiben Taosarintanin'i Madagasikara (Institut Géographique et HydrographiqueNational).

31

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III. RESULTATS PRELIMINAIRESAU PROGRAMME DE RECHER­CHE SUR LES LACSMALGACHES

L'étude des lacs malgaches a pour objectifde donner aux décideurs et aux aménageursles informations de base indispensables à lagestion et à l'aménagement des écosystèmeslacustres au sens large.

Ces informations sont:

- la localisation et la forme,

- l'origine,

- le fonctionnement hydrologique etsédimentologique,

- les caractéristiques physico-chimiquesdes eaux,

les potentialités.

Partant de la définition, "étendue d'eauentourée de terre" un premier catalogue deplus de 1300 lacs a été constitué à partir dela numérisation des cartes du FTM au1/100 O(}()ème. Ce travail a été effectué pourtoutes les étendues d'eau libre (horsrivières) pouvant être considérées commetelles en fonction de leur figuré sur lescartes. Il englobe certainement un nom breimportant de mares, marais et de marécagesprobablement cartographiés en période dehautes eaux.

Ce travail préliminaire, encore incomplet etqui demande à être validé, permet:

- d'une part, ôe proposer unecodification de zones humides deMadagascar organisée suivant lesgrands bassins hydrologiques commele sont les banques de donnéeshydrologiques, pluviométriques ethydrogéologiques ;

- et, d'autre part, de tirer des résultatspréliminaires sur le nombre, lalocalisation et la forme des "lacs"malgaches en vue d'orienter les futurstravaux.

I1L1. ORIGINES, TYPES ETLOCALISATION

111.1.1. Origines et types

Les lacs de Madagascar peuvent être

32

classés en six grandes catégories :

- Lacs d'oligine tectonique:

De forme généralement allongée, ilscorrespondent à des accidents tecto­niques (failles). Le plus connu est celuidu lac Alaotra situé dans le fosséqu'occupent les bassins versants duManingory et du Mangoro. Le lacTsimanampetsotsa situé sur la côte sud­ouest appartient également à cettecatégorie. .

De manière générale, la présence de lacsnaturels sur socle cristallin des HautesTerres de Madagascar est explicable par:

- les mouvements verticaux d'ensemblequi créent un déséquilibre régionalmodifiant le réseau hydrographique;

des failles dont la composanteverticale s'oppose à l'écoulement desrivières et dont le rejeu est suffi­samment rapide pour compenser lescomblements.

- Lacs d'origine volcanique:

Il s'agit principalement des lacs decratère de la Montagne d'Ambre, desrégions d'AntsirabelBetafo, de l'Itasy, etde l'île de Nosy Be. Lorsque les cratèressont égueulés, ces lacs peuvent présenterun exutoire. Ces lacs sont associés à desbassins versants de petite taille. Il fautinclure dans les lacs d'origine volca­nique les lacs de barrage formés à lasuite de coulées volcaniques barrant lesvallées. Le lac Itasy est de ce type.

- Lacs des plaines alluviales :

Ils sont très nombreux en paI1iculier surla partie occidentale de l'Ile depuisAmbilobe jusqu'à Morombe et dans lesparties basses des grands fleuves :Mahavavy nord, Mahajamba, Betsiboka,Manambola, Tsiribihina, Morondava...Ces lacs peu profonds correspondent,soit à des zones d'inondation pardébordement des rivières, soit à desimpluvium (lhotry), soit encore à desaffleurements de nappes alluviales. Ilsoccupent souvent des anciens lits derivière (delta, méandres et brassecondaires). Sur le versant ouest, deuxgroupes peuvent être distingués:

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---~Man tasoaTsiazoMPèVlil'Y

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•• . .

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lac (superC. PI'OP.)

Hosy

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LOCALISATION DES LACS

Fig. 1

33

/

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les lacs de la plaine côtière ;

les lacs situés en bordure du soclecristallin et dans les dépressionspériphériques, séparés des premierspar des massifs calcaires et gréseux:Manasamody, Bongalava,Ankarafantsika, Kelifely, Bemaraha,Makay.

Lacs littoraux et lagunes côtières:

Ces lacs se confondent souvent avec leslacs des plaines alluviales précédemmentdécrits. On peut cependant lescaractériser par la présence d'un cordonlittoral pouvant être partiellement détruitlors des fortes crues et des tempêtes.Ces lacs sont présents sur toute la côteest. Le lac Nosive, un des plus grandslacs de Madagascar, appartient à cettecatégorie.

C'est à parti l' du chapelet de lacslittoraux s'étendant le long de la côte estqu'à été ouvert le canal des Pangalanes(lakandranon' Ampangalana), voie d'eaunavigable de près de 600 km reliantMahavelona (Foulpointe) à Farafangana.Les lacs du système des Pangalanes sonten communication permanente avec lamer par l'intennédiaire des estuaires desgrands fleuves qui recoupent le canal.En fonction de la proximité desembouchures, les eaux de ces lacspeuvent être saumâtres et peuplées depoissbns marins.

Lacs artificiels ou naturels aménagés :

Il s'agit de réservoirs et de grandsbarrages aménagés pour :

- l'hydroélectrici té par les anciennessociétés d'énergie et la JIRAMA(Antelomita, Mantasoa, Mandraka) ;

- l'alimentation en eau potable(Mandroseza pour Antananarivo,Andraikiba pour Antsirabe) ;

- la régulation du débit des rivières(Tsiazompaniry pour la régulation desdébits de l'Ikopa dans la plained'Antananarivo) ;

- l'irrigation par les services du Génie

/

34

Rural notamment Marovoay(Amboromalandy), les retenuespériphé-riques des cuvettes del'Alaotra et d'Andilamcna(Sahamaloto, Antanifotsy.Ambodivato... ).

111.1. 2. Localisation

La localisation des lacs de Madagascar estprésentée en figure 1. C'est sur le versantouest et aux altitudes inférieures à 100mètres qu'ils sont les plus nombreux (fig.3). Sur les versants de raccordement situésentre d'une part, les plaines côtières et lesdépressions périphériques de l'ouest etd'autre part, les Hautes Terres, ils sont peunombreux en raison des pentes tropaccentuées. Dans le sud, le faible nombrede lacs s'explique par les conditionsclimatologiques (précipitations faibles). Surles Hautes Terres, les lacs sont relativementnombreux avec des concentrations impor­tantes dans les régions d'Antananarivo et dulac Alaotra.

La localisation des zones humides deMadagascar est en relation directe avec lagéologie et la tectonique (fig. 3). Ceci estparticulièrement remarquable pour la zonede contact entre le socle cristallin et lesformations sédimentaires de l'ouest ainsique dans les régions à volcanisme récent:AntsirabelBetafo, ltasy, Montagne d'Ambreet Bealanana. La correspondance entre leszones à forte densité de lacs et les régionsfaillées est nette en ce qui concerne lesrégions du sud de la Montagne d'Ambre,du lac Alaotra et d'Antananarivo.

IV.DÉNOMBREMENT, SUPERFICIEET FORME:

1V .1. Dénombrement et superficie :

Par hypothése, on posera qu'il existe unerelation statistique entre la fréquence deslacs et leur taille, soit une fonctionhyperbolique du type :

F(S>s) =k s-B

La fonction F(S>s) représente la fréquencedes lacs ayant une superficie S supérieure àune superficie s.

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Fig. 2 HISTOGRAMME DES FREQUENCES

8

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. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ~'. . . . . . ., ,

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Altitudes (echelle log)

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SCHEnA GEOLOGIQUEET TECTONIQUE

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et M. COLLlatON <1<):16).

F. ARrHAUD ~t ~l. (19~B)~

Fig.3a

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LOCALISATION DES LACSOlac (supe...c ........P.)

Fig.3b

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> 3:188 ......Fig.3e

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L'échantillonnage de 1300 lacs numérisés àpartir des cartes au 1I100000éme deMadagascar ont des superficies comprisesentre 1 hectare et 231 km 2. li va permettred'évaluer la validité d'une telle hypothèse.

Une relation hyperbolique entre fréquenceset superficies se traduit par une relationlinéaire entre le logarithme des fréquences etle logarithme des superficies. Sur la figure4, on constate qu'une telle relation semblevérifiée pour les lacs dont la superficie estcomprise entre 0,26 et 8 km 2 avec commefonction:

F(S>s) =5.27 çO,815

s (en km2) E [0.26,8.0]R2= 0.99

Les 30 lacs dont la superficie est supérieure 'à 8 km2 semblent suivre une loi différente :

Fg(S>s) = 5.41 s-0,985

s (en km2) E [8.0,231.0]R2 = 0.97

Ce seuil pourrait avoir un sens tectonique(échelle minimale des grabbens suffisam­ment actifs par rapport à la vitesse decomblement ?).

Les lacs dont la superficie est inférieure à0,26 km 2 ne suivent pas une telle loi. Celapeut s'expliquer par le fait qu'à l'échelle du11100 OOOème, ils ne sont pas tousreprésentés sur la carte. Ainsi, il n'y a que880 lacs dont la superficie est compriseentre 1 et 26 hectares recensés à partir descartes au 11 100000ème alors que leurdécompte théorique en fonction de lafonction F est de 8400 (20000 avec lafonction Fg !).

On peut tenter un dénombrement théoriquedes lacs de petites tailles sur la base de lafoncLion F et établir leur surfaces cumulées:(voir tableau).

S'il convient d'utiliser avec circonspectionce type d'approche, elle n'en permet pasmoins une analyse critique de la base dedonnées et l'estimation de quelques ordresde grandeur.

IV.2. Formes des lacs

Afin de tenter une description et à tenne uneclassification des formes de lacs, troisindices ont été retenus sur la base detravaux antérieurs (Depraetere, 1991).

Soient les caractéristiques planimétriquessuivantes (figure 5) :

S : superficie du lac en km2.L : longueur du grand axe en km.1 : périrnétre du lac en km.Spc : superficie du polygone convexe enkm 2.

A partir de ces quatre caractéristiquesplanimétriques, les indices sont calculéscomme suit:

- un indice d'allongement la :

la = 0,5. CARSPECIAUX 112 \f"Symbol" 0,5.L.S-0,5

la est égal à 1.0 si le lac est parfaitementcirculaire sinon la> 1.0.

- un indice "de festonnement" Ife:

Ife = 0,5. CAR SPECIAUX 112 \f"Symbol" -1.l2.S-1

Ife fait le rapport entre le périrnétre du lac etsa superficie. Ife est égal à 1.0 si le lac estparfaitement circulaire sinon Ife> 1.0.

sen km2 fréquences (S>s) superficies cumuléesenkm2

10 30 10191 194 1450

0,1 1270 17460,01 8280 1945

0,001 54110 20740,0001 353500 2156

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- un indice "de péninsularité" Ipe :

Ipe =(Spc-S).Spc-1Ipe fait le rapport entre la superficie despéninsules du lac et la superficie dupolygone convexe (enveloppe) associé à cedernier. Ipe sera égal à 0.0 si le lac neprésente aucune péninsule sinon Ipe>O.O etIpe< 1.0.

L'indice d'allongement a une valeur modalede 1,45 (figure 6a) avec un maximum de5, Il pour le lac d'Ampamandrika (figure7h).

L'indice de festonnement a une valeurmodale de 1,15 (figure 6b) avec des valeursne dépassant 6,0 que dans les deux cas deslacs de Mantasoa et de Tsiazompaniry(figures 7a et lOg).

L'indice de péninsularité a une valeurmodale de 0,03 (figure 6c) avec des valeursne dépassant 0,65 que dans les deux casdes lacs de Tsiazompaniry et de Mantasoa.

Les grands lacs artificiels se caractérisentpar un fort indice de festonnement et un fortindice de péninsularité. Leurs car.acté­ristiques planimétriques sont directementhéritées de la fonne des courbes de niveausans que les processus de comblementsoient venus les modifier.

Les lacs de cratére sont marqués par defaibles valeurs sur les trois indices.

Faisant intervenir le périmétre du lac,l'indice de festonnement est sensible àl'échelle de mesure ce qui n'est pas le caspour les deux autres indices.

D'autres indices devront être définis pourles caractéristiques volumiques. Ces indicespourront être définis à partir de cartesbathymétriques telles que celle de la retenuede Sahamaloto (fig. 8) et des courbes decapacité résultantes (fig. 9).

V. INTERET DE L'ETUDE DESLACS POUR LEDEVELOPPEMENT ET LARECHERCHE

V.1. Intérêt pour le développement(exemples)

Compte tenu de leur nombre, les lacs deMadagascar représentent une ressourceimportante pour l'irrigation, l'hydro-

38

électricité et l'alimentation en eau des villes.Rappelons également que les lacs sont deszones privilégiées de loisirs d'où leur intérêt particulier pour le développement dutourisme.

- Prenons en premier exemple, le grandprojet de régulation des niveaux du lacAlaotra par construction d'un ouvrage àson exutoire, sur le fleuve Maningory.Ce projet de 1923 dit "projetLonguefosse"est toujours d'actualité. Saréalisation permettrait:

- d'augmenter les surfaces rizicoles dela région;

- d'envisager l'irrigation des périmètrespar pompage des eaux du lac(actuellement les retenues périphé­riques sont à peine suffisantes) ;

de fournir à l'ensemble de la régionde l'électricité (rizeries, villes ... ).

Ce projet, envisageable à l'époque, seraitd'un coût de réalisation considérable de nosjours. Il mériterait cependant d'êtrereconsidéré à sa juste valeur dans le cadredes besoins actuels. TI serait souhaitable quedes études approfondies du lac Alaotrasoient lancées dès maintenant afin d'évaluerla faisabilité et la rentabilité du projet et àterme de dimensionner et gérer leséquipements. Soulignons que certaines deces études peuvent nécessiter de longuespériodes d'observation sur le terrain.

En ce qui concerne le lac Alaotra, leprogramme "Lacs et Paléoclimatsmalgaches"a pour objectif de fournir uncertain nombre d'informations de base :caractéristiques bathymétriques, fonction­nement hydrologique, évaluation, recons­titution des niveaux du lac à partir desdébits du Maningory, évaluation de lasédimentation.

- Prenons comme autre exemple, laretenue de Sahamaloto située sur labordure occidentale de la cuvette del'Alaotra et pour laquelle une cartebathymétrique et plusieurs courbes decapacité sont disponibles (fig. 8 et 9) :

La retenue de Sahamaloto a été réalisée vers1955 en vue de l'irrigation d'un grandpérimètre rizicole de la bordure ouest du lacAlaotra. En 30 ans, entre 1955 et 1985,

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cette retenue a perdu, à sa cote dedéversement, plus d'un tiers de sa capacité,en passant de 21 millions de m3 à 14millions de m3. Le levé bathymétrique de1985 a montré également le risque de voir lelac coupé en deux par la progression ducône de sédimentation au débouché de larivière Sahamaloto. C'est à la suite del'étude de 1985 que d'importants travauxont été réalisés sur cette retenue :rehaussement des digues, calage etinstallation d'une nouvelle tour de prise,renforcement de l'évacuateur de crue...

V.2. Intérêt pour la recherche

Du point de vue scientifique, l'étude dessédiments lacustres contribue à unemeilleure connaissance de l'évolutionclimatique des zones tropicales del'hémisphère Sud qui est assez mal connue,notamment en Afrique. Pour Madagascar,cette étude contribuera à une meilleurecompréhension de l'évolution de la faune etde la flore malgaches pendant les derniersmillénaires. Elle devrait permettre d'établirdes ordres de grandeur en matière d'érosionpendant la période précédant l'arrivée del'Homme à Madagascar. Cet aspect duprogramm,e "Lacs et paléoclimats"quiconstitue une contribution scientifique nonnégligeable à la connaissance des grandséquilibres écologiques de la Grande ne, faitl'objet d'une autre communication"Histoire des lacs et paléoclimats àMadagascar"(F. GASSE et L. FERRY).

VI. CONCLUSION

Les résultats qui ont été présentés nemarquent qu'une étape préliminaire et sontencore incomplets. Il s'agissait de montrerl'importance des milieux lacustres àMadagascar, le potentiel qu'ils représententpour le développement de la Grande Ile etleur intérêt pour la recherche.

Un travail de terrain important vamaintenant être réalisé. Il ne peut s'agird'une étude exhausti ve. Quelques lacs"témoins"de divers types serontsélectionnés dans des conditionsmorphoclimatiques variées en vue d'yeffectuer des observations plus détaillées:bathymétrie, hydrologie, géochimie,sédimentologie etc. Parallèlement, une basede données spécialisée sera conçue afin depouvoir mettre à la disposition des

39

décideurs, aménageurs et chercheurs,l'ensemble des informations recueillies dansle cadre du programme.

Les lacs et retenues d'eau déjà exploitésdoi vent être considérés comme faisantpartie de systèmes plus larges et pluscomplexes incluant les bassins versants. Ilsnécessitent donc un suivi prenant en comptel'évolution du milieu environnant.

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Cal ibrage de la loi de fréquence en fonction de la superficiepour les lacs de "adagascar

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41

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Fig_ 10 - LES GRANDS LACS DE MADAGASCARl5

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BILAN DES EAUX, TYPOLOGIE DES BAS-FONDS,EROSION ET MODELISATION

SUR DES BASSINS EMBOITES DES HAUTES TERRES DEMADAGASCAR

Béauice DUSSARRATLuc FERRY

RESUME: FAMINTINANA

Les résultats d'une étude'multidisci plinaire, géomorphologique,tectonique, hydroclimatologique ethydrogéologique réalisée de 1991 à 1993dans la région d'Antananarivo (HautesTerres de Madagascar) sont présentés. Lesdifférents réservoirs aquifères de la régionde Mahitsy sont décrits. La présence d'unenéotectonique encore active influence lemodelé' de surface et conditionne lagéométrie des aquifères et lefonctionnement hydrologique des bassinsversants. Un accent particulier est donnéaux ressources en eaux souterraines et àleur gestion ainsi qu'à la protection desbassins versants et des bas-fonds rizicoles.

47

Ny vokatry ny fikarohana"multidisciplinaire", "géomorphologique","tectonique", "hydroclimatologique" ary"hydrogéologique" natao tamin'ny faritrairay teto Antananarivo (afovoantanymalagasy) dia efa naseho ny be sy nymaro. Ireo "réservoirs aquifères "samihafa na adika tsotsotra hoe sinibempitahiry ny rano ambanin'ny tany taoamin'ny faritry Mahitsy, fivondronanaAmbohidratrimo dia novelabelarinatamin'ny antsipirihiny. Ny fisian'ny"néoctectonisme" na adika hoe nyfihetsehin'ny tany izay mbola mitohyankehitriny dia mandray anjara amin'nyfirafitry ny nofo-tany, mametra nybikan 'ireo sini be ireo sy ny"fonctionnement hydrologique" ny"bassins versants". Notsindriana kokoa nymomba ny rano ambanin'ny tany, nyfitantanana azy ary koa ny fiarovana ny"bassins versants" sy ny "bas-fonds" naadika hoe lembalemba fambolem-bary.

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A VANT PROPOS

Sur les Hautes Terres de Madagascar,les ressources en eau semblent, a priori,suffisamment abondantes. Toutefois,dans la région d'Antananarivo, lademande en eau à usage domestique,pour l'irrigation (essentiellement lariziculture) et l'industrie est telle que desproblèmes pourraient se poser à terme.

De 1987 à 1989, une étudemultidisciplinaire (agronomie,géomorphologie, hydrologie,hydrogéologie, tectonique) menée dansle cadre d'un programmeFOFIFA 1/CNRS2/ CIRAD3 a étéréalisée sur le site expérimentald'Ambohitrakoho, situé à environ 30km au NW d'Antananarivo. L'objectifscientifique, de cette étude était deréaliser un bilan hydrique et minérald'une "unité bas-fond" (130 ha) quisemblait représentative de la région. Lesrésultats ont été présentés en décembre1991, à Antananarivo lors de la tenuedu colloque international "Bas-fond etriziculture".

Dans le domaine de l'hydrogéologie etde la tectonique, les résultats ontdépassé la simple applicationagronomique qui en était l'objectifessentiel. La mise en évidence d'unsystème aquifère bicouche et d'unetectonique récente dans la régiond'Antananarivo est apparue d'un grandintérêt pour la connaissance des eauxsouterraines de cette région, ressourcePeu étudiée jusqu'à présent

Le programme CNRE/ORSTOM4"Bilan des eaux, typologie des bas­fonds, érosion et modélisation sur desbassins emboîtés des Hautes Terres deMadagascar" mené entre 1991 et 1993 apermis d'étendre ces résultatspréliminaires à une zone plus vaste de140 k fi 2 située dans la région deMahitsy et incluant le bas-fondd'Ambohitrakoho précédemment étudié.Les principaux résultats de cette étudemultidisciplinaire (morphotecton ique,hydrologique, hydrogéologique) sontdonnés dans cette note.

l FOFIFA

2 CNRS3CIRAD

4 ORSTOM

Centre National de la Recherche Agronomique Appliquée au DéveloppementRural.Centre National de la Recherche Scientifique.Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour leDéveloppementInstitut Français de Recherche Scientifique pour le Développement enCoopération.

48

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1

OBJECTIFS DE L'ETUDE

confronter la connaissance dufonctionnement hydraulique d'uneunité témoin à celle d'uniLésemboîtées de dimension croissante ;

caractériser les composantes del'écoulement souterrain et leurinterférence avec les eaux de surface;

défmir l'exploitabilité et la gestion desressources en eau ;

- piézométrique: enregistrement duniveau des nappes en écoulementnaturel;

- physico-chimique: détermination desteneurs en ions majeurs et enéléments isotopiques ;

- hydrodynamique: détermination despropriétés de stockage des aquifèreset de l'aptitude des nappes auxécoulements souterrains (pompagesd'essai et expérience de Darcy).

• orienter la protection et l'aména­gement des Hautes Terres deMadagascar vis à vis des phénomènesintenses d'érosion.

II. METHODOLOGIE

Sur la base d'une description du milieuphysique de la zone d'étude (Fig. 1),différentes approches (Fig. 2) ont permis:

- d'identifier et de caractériser lesterrains aquifères de la région deMahitsy : analyse pédologique,géomorphologique et géologique ;

- de déterminer la structure desréservoirs aquifères : analysemorphotectonique et microteetonique(étude des reliefs et des roches enfonction de la fissurationlfracturationdes formations géologiques).

Cette dernière approche a égalementpermis:

- de confirmer l'existence d'unetectonique récente sur les HautesTerres malgaches;

- de proposer une classification desbas-fonds rizicoles et de montrer qu'ilexiste une relation entre la tectoniqueet la reprise d'érosion des bassinsversants.

La compréhension du fonctionnement desaquifères, objectif essentiel du programme,repose en grande partie sur les résultatspréliminaires obtenus entre 1987 et 1989sur le site d'Arnbohitrakoho, par différentesanalyses:

50

Les trois années d'observationssupplémentaires réalisées sur tout le bassinde Mahitsy ont permis d'apporter desprécisions aux résultats antérieurs et deproposer de nouvelles hypothèses. L'étuderepose essentiellement sur une analysephysico-chimique des eaux de source :

. utilisation de certains ions naturels ensolution et de l'oxygène dissous commeindicateurs et traceurs du fonctionnementhydrologique des aquifères. Cette approchea permis de proposer un modèled'alimentation des différentes nappes,d'identifier et de caractériser différentstypes de domaines hydrogéologiques dansla région de Mahitsy.

Enfin, l'établissement de bilanshydrologiques sur 5 sous-bassins versantsvient confirmer l'ensemble des hypothèses,notamment sur le fonctionnement desaquifères. Les bilans hydrologiquesreposent sur une analyse des précipitationset des écoulements de surface et surl'évaluation de l'évapotranspiration. Ilsconsistent au niveau d'un bassin versant, àidentifier les différents réservoirs, àexaminer le cheminement de l'eau et àquantifier leur volume suivant le principe dela conservation des masses.

Du point de vue pratique, les résultats del'étude peuvent être considérés comme deséléments d'aide à la décision desplanificateurs et concepteurs pournotamment:

- l'exploitation et la gestion desressources en eaux (irrigation etalimentation en eau potable)

- la protection et l'aménagement desbassins versants (lutte contrel'érosion) et des bas-fonds rizicoles.

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II I. RÉSULTATS

Les résultats des études multidisciplinairesmenées sur le site d'Ambohitrakoho et dansla région de Mahitsy ont fait l'objet denombreuses publications dont les référencessont données en annexe.

Nous ne présenterons ici que quelquesrésultats concernant la géomorphologie dubassin de Mahitsy et l'hydrogéologie de sesréservoirs aquifères.

111.1. Géomorphologie de la régionde Mahitsy

La morphologie des Hautes Terres deMadagascar a longtemps été considéréecomme ne dépendant que de la lithologiedes roches et du contexte climatologie. Lestravaux menés dans la région de Mahitsyont montré que ces facteurs sont .insuffisants. Sur les Hautes Terres, lesmouvements d'ensemble d'originetectonique ont conditionné les modalités del'érosion et du transport : drainage versl'Ouest dominant, répartition des zones àérosion dominante sur l'altération.

On rencontre à Madagascar deux phasesrécentes- de tectonique cassantecorrespondant à deux distensions. Lapremière phase est E-W, la seconde estN-S. Ces deux phases sont biencaractérisées sur la côte ouest et dans larégion d' Antsirabe. moins bien surl'ensemble des Hautes Terres.

La première phase de fracturation affecte,dans l·ouest. les séries carbonatées éocènes(et oligocènes ?). Ses structures guidentl'installation des systèmes karstiques anté­oligo-miocènes. Son âge est donc post­éocène et anté-miocène. Il s'agit d'unedistension E- W réactivant des faillesprofondes N20E et N160E en failles àcomposante normale. Sur les HautesTerres, des failles, en moyenne N-S,contrôlent le volcanisme précoce del'Ankaratra, les bassins pliocènes et lesmorphologies antérieures à la surfaced'aplanissement d'âge fini-tertiaire(S.F.T.). La tectonique est caractérisée parla microtectonique au Sud et à l'Estd'Antananarivo, par des microfailles et untenseur de contraintes antérieures à latectonique en extension N-S.

La deuxième phase correspond à une

/

51

distension N-S qui a été mise en évidencedans plusieurs sites de Madagascar. enparticulier dans la région d'Antananarivopar une analyse microteclOnique des petitesfractures associées aux failles. Cette analysea permis de caractériser le champ decontraintes (Fig. 3).

L'ensemble des mouvements correspond àun état de contrainte défini par uneextension horizontale (63) en moyenneN-S. Du point de vue de l'âge : onconsidère qu'elle est actuelle, dans 1amesure où les zones dans lesquelles elle estévidente sont également des zonessismiques, et où elle affecte les alluvions lesplus récentes (plaine d'Antananarivo).Quant à la fracturation on peut dire qu' elleest d'âge quaternaire récent à actuel car elleest:

- postérieure à la distension E-W (dansplusieurs stations m icrotecloniq ues,les stries de la distension N-S recou­pent celles de la distension E-W) ;

- postérieure à la réalisation de lasurface d'aplanissement fini-tertiaire ;

probablement postérieure aux dépôtsde la basse terrasse mis en placependant le "displuvial vavaténien"défini par F. Bourgeat et daté de-25000 à -10000 B.P. ;

- antérieure à l'installation des dépôtsdu niveau organique correspondant àun épisode de stabilité bioclimatiquesitué entre -9000 à -2600 ans(M. Raunet).

Dans la région d'Antananarivo. des mouve­ments verticaux différentiels liés à laprésence de failles accentuent ou diminuentle rôle du soulèvement d'ensemble. Lamorphologie du bassin de Mahitsy (Fig. 4)dépend princi-palement de deux facteursdont les inter-férences se traduisent par despaysages différents.

Le premier facteur est le changement deniveau de base dans la période compriseentre la mise en place de la surfaced'aplanissement fini-tertiaire (S.F.T.) etl'installation d'un réseau de bas-fonds à unealtitude tendant vers 1250 m NOM, à partirdu seuil de l'Ikopa (seuil de Farahantsana).

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MORPHOPEDOLOGIE HYDROGEOLOGIE HYDROLOGIE MORPHOTECTONIQUEAGRONOMIE - Test hydrau. + carottage écoulement de surface

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - -;- - - - - - - - - - - ~ - - - - - - - - -- piezométrie

GEOPHYSIQUE- physico-chinùeGEOLOGIE eaux souterraines "CLIMATOLOGIE" MIC ROTECTONIQUE

CIRAD/~OHI'A lJniversité .,j'Ankasto M."MlC.N.R.E/ORSTOMlU.S:r.L/LR.I. C.N.R.I:./OIôTOM 1 D.M.H C.N.R.EiORSTOMI U.S.T.Lus:r.1. SACS.

Université d'Anka'IO

Identification etCaractérisation Structure et géométrie f4

caractérisationdes nappes des réservoirs aquifères f4

des terrains aquifères

+Fonctionnement ~ ~

et alimentation Bilan hydriquedes nappes

•r .~.................................................. " .............................................. ..."."""."....".".,,""""."..............--

Bilan nùnéralL-T~~~q~~~nt~ ___~~ -Classification Bas-Fonds ~

(Apport en éléments minéraux) j -Conditions d'érosion j..-........................................................................................... :."."".""""('".... " .."."............ " ..:: !~

1t

Exploitation et~ gestion des ressources

Aménagementl .................~,. des bas fonds

en eaux souterraines et des bassins versantsel de surface.___._._ ...·_·n.

Fig. 2 : Méthodologie de l'étude de la région de Mahitsy.

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Le second facteur correspond aux phasesrécentes de tectonique cassante qui du pointde vue géomorphologique se manifesteessentiellement par des mouvementsverticaux différentiels de blocs séparés pardes failles (ces déplacements n'excluant pasles bascu-lements d'ensemble). Comptetenu du recou-vrement altéritique et desphénomènes d'érosion actuels, seulel'analyse morpho-tectonique et microtec­tonique a permis de mettre en évidence unetectonique encore active. Particulièrementbien développée, eHe confère une grandeoriginalité à cette région, où de nombreuxtypes de bas-fonds et plaines alluviales sontreprésentés. Les failles majeures du secteur,à composante normale et d'orientation E-Wà N 110°, correspondent à une phasetectonique récente à actuelle d'extensionN-S. Le jeu de ces failles dont le rejet peutêtre de l'ordre de la centaine de mètres .s'accompagne du basculement de certainsblocs, de la réactivation de fractures plusanciennes en particulier NE-SW et deJ'apparition de failles secondaires d'orien­tation E-W à NW-SE.

La région de Mahitsy est un exempleparticulièrement démonstratif de l'influencede la fracturation sur la typologie des bas­fonds et l'hydrographie, dans un contexted'interaction entre le soulèvement régionalet le jeu de failles.

L'étude morphotectonique a permis deproposer une classification des bas-fondsqui prend en compte l'amplitude desmouvements verticaux d'ensemble, soitpositifs (soulèvement), soit négatifs(enfoncement), par rapport au niveauhydraulique de base (NBH) et l'intensité dela tectonique, appréciée par le rejet moyendes failles, leurs dimensions ou leurdensité.

L'analyse statistique des fréquencesdirectionnelles a montré qu'il existe unerelation entre l'orientation des faiHes ensurface et celle des bas-fonds et coursd'eau. Ces contrôles tectoniques permettentde proposer un mode d'organisation desécoulements de surface: outre l'influencede J'héritage des fractures anciennes N4üE,des seuils liés à l'érosion différentielle etdes aménagements humains, les coursd'eau principaux se sont installés sur deszones de failles d'orientation E-W.

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AI' échelle locale, les déplacementsverticaux liés au jeu des failles ontégalement un rôle important dans lescirculations hydrauliques souterraines (tailleet forme des différents réservoirs aquifères)et les conditions d'érosion des bassinsversants.

III.2.Identification, caractérisaUonet fonctionnement du systèmeaquifêre de la région de Mahitsy

Les terrains aquifèrès identifiés sur lebassin de Mahitsy (Fig. 5) renferment tousdes nappes aux caractéristiques hydrody­namiques et physico-chimiques différentes:altérites, arènes micacées, socle fissuré,matériaux de bas-fonds et de plainesalluviales et formations d'éboulis.

Bien qu'en relation hydraulique, certainesd'entre-elles ont un mode de fonction­nement très différent, notamment en ce quiconcerne leur alimentation (Fig. 6).

AQuifère des altérites :

La partie supérieure des formations altérées(AL : Altérites) des interfluves renferme unenappe bien développée mais d'extensionlimitée. Cette nappe peu minéralisée(conductivité électrique < 30 IlS.cm-l) estrapidement alimentée (infiltration de l'ordrede lm/jour) par les précipitations depuis lasurface.

Des échanges hydriques (Fig. 7) peuvents'opérer par drainances verticalesdescendantes (début du cycle pluvieux) ouascendantes (seconde moitié du cyclepluvieux) avec les nappes arènesmicacées/socle sous-jacentes. La fm de larecharge de la nappe des altérites estmarquée par un retour rapide à desconditions de lente décrue relativementconstante durant la saison sèche.

L'eau de cette nappe contribue à l'irrigationdes rizières par son émergence au niveau delignes de sources et de suintements situéesen bordure des bas-fonds et des plainesalluviales.

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me : porosité efficace en % (rapport duvolume d'cau de gravité au volume total) ;K : coefficient de perméabilité de Darcy(volume d'cau libre qui percole pendantl'unité de temps à travers l'unité de surfaced'une section totale de la couche aquifèresous un gradient hydraulique égale àl'unité, à la température de 20°C) ; Kv etKh : perméabilités verticale et horizontaleen mis (caractérise et régit respectivementl'écoulement vertical et horizontal) ; T :Transmissivité en m2/s (produit ducoefficient de perméabilité par la puissancede la couche aquifère) ; S : coefficientd'emmagasinement en % (volume d'eaulibéré par un prisme vertical de la coucheaquifère, de section égale à l'unité, pourune baisse unitaire du niveau piézo­métrique) ; CE : conductivité électrique enIlS/cm-1 pour une température ramenée à20°C (est fonction de la concentration et dela nature des sels dissous).

AQuifère des arènes micacées:

La formation altérée (AM : Arènesmicacées), comprise entre les altélites et lesocle sain fissuré (SF) renferme une nappeplus minéralisée (conductivité électrique>lOO IlS.cm- l ) ~t d'extension régionale. Unni veau argileux discontinu formé ausommet des arènes micacées confère loca­lement à la nappe des conditions d'écou­lement différentes de celles de la nappe sus­jacente et une bonne protection à d'éven­tuelles pollutions.

L'alimentation de cette nappe semi-captivese ferait soit par des écoulements provenantde la nappe de socle sous-jacente (SF) soitdepuis la surface, au niveau des plainesalluviales, lacs et marécages situés dans lebassin.

Aquifère de socle (SE) :

Dans ce type de réservoir, les circulationssouterraines importantes se font essen­tiellement par le réseau des failles. L'étudetectonique et morphotectonique a montréque, dans la région de Mahitsy, de tellescirculations étaient possibles.

L'alimentation de la nappe de socle seraitréalisée depuis des zones, situées dans ouhors du bassin, à faible couverture alté­ritique (foliation métamorphique des rochesfavorisant l'infiltration des précipitations

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depuis la surface) et par des échanges avecla nappe des arènes micacées sus-jaccntcavec laquelle elle serait en continuitéhydraulique. Ces échanges hydriques sontprobablement accrus dans les zonesaffectées par des failles et les zones dépres­sionnaires : zones de lacs, marécages...Soulignons que les bilans hydrologiquesont mis en évidence l'existence d'apportssouterrains extérieurs au bassin. Le systèmede fracturation E-W favoriserait deséchanges avec d'autres bassins (Fig. 1),notamment ceux situés dans la régiond'lvato.

Soulignons que la nappe de socle deman­derait à être plus étudiée, notamment en cequi concerne ses propriétés hydrodyna­miques.

Aquifère des matériaux de bas-fonds et de. plaines alluviales :

Les matériaux situés sous les bas-fonds etles plaines alluviales (LT : Limonstourbeux, T : Tourbe franche et SL : Sables"lavés") renferment des "nappes" trèssuperficielles et de faibles épaisseurs.

Les pratiques culturales qui précèdent lasaison des pluies (labours, édification desdiguettes de retenue et de régulation du pland'eau des rizières...) modifient le compor­tement du recouvrement argileux anthro­pique de surface. Ces pratiques ont poureffet de déstructurer cet horizon, favorisantles infiltrations depuis la surface : destransferts de flux verticaux descendantspeuvent ainsi s'opérer au début du cyclepluvieux (6, Fig. 7).

Durant la seconde moitié du cycle pluvieuxet la première moitié de la saison sèche, destransferts de flux verticaux ascendants(7, Fig. 7) s'opéreraient depuis les arènesmicacées jusqu'au recouvrement argileuxanthropique globalement restructuré et danslequel s'enracine le riz. Au cours de laseconde moitié de la saison sèche cestransferts s'inverseraient (8, Fig. 7).

Ces nappes sont alimentées par des écou­lements verticaux ou latéraux provenant soitdu réseau de surface (rivières, drains,canaux, rizières inondées... ) soit des autresnappes.

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Du point de vue agronomique, l'eau de cesnappes a probablement une grande impor­tance, car elle contribuerait à l'alimentationdes rizières en élémenl<; nutritifs (potassium)pouvant provenir des nappes des arènesmicacées et du socle.

Aquifère des formations d'éboulis:

Les formations d'éboulis renferment desnappes d'extension limitée. En fonction del'état de consolidation des éboulis, ellessont alimentées soit directement par lesprécipitations soit par des écoulementsprovenant de la nappe de socle.

Ces nappes sont déjà très utilisées pargravité pour l'alimentation en eau desvillages.

IlI.3. Représentativité du bassin de .Mahitsy à l'échelle desHautes Terres

L'approche morphotectonique couplée àl'étude hydrologique au sens large etnotamment la définition de domaineshydrogéologiques identifiables par certainsparamètres physicochimiques des eaux apermis dé tester la représentativité d'unbassin témoin (bas-fond d'Ambohitrakoho)à l'intérieur d'un système considéré, à pluspetite échelle (bassin de Mahitsy).

Le bas-fond unitaire d'Ambohitrakoho neserait pas représentatif de l'ensemble dubassin de Mahitsy mais correspondrait àune structure comprenant un ensemble debas-fonds, et appartenant à un domainehydrogéologique en relation avec desconditions morphotectoniques.

Cette approche a également permis demontrer que le bassin versant de Mahitsyest un ensemble complexe, nonreprésentatif des Hautes Terres. Pour undomaine hydrogéologique considéré, lesbas-fonds n'ont pas la même structure quel'ensem ble du bassin mais les phénomèneshydrodynamiques doivent rester assezidentiques.

Cela signifie que, si l'on veut changerd'échelle en vue d'une étudehydrogéologique, il est nécessaire de

. réaliser, sur la zone considérée, uneapproche multidisciplinaire couplée à une

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analyse morphotectonique (identificationdes seuils, du niveau hydraulique de base,des failles ... ). En cela, la méthodologiemise en place pour l'étude du bassin deMahitsy pourrait servir d'exemple.

1V. RESSOURCES EN EAUX ETPROTECTION DES BASSINSVERSANTS(RECOMMANDATIONS)

1V .1. Exploitation par pompage etgestion des ressources eneaux souterraines

En raison de son extension réduite auxinterfluves et de sa rapide alimentationdepuis la surface, une éventuelleexploitation de la nappe des altérites pourl'alimentation en eau villageoise ne pourraitêtre que limitée et nécessiterait unesurveillance particulière d'une part de sonniveau et d'autre part vis à vis des risquesde pollutions. Un abaissement de sonniveau aurait probablement desconséquences sur l'alimentation en eau desrizières à partir des lignes de sources et desuintements (exutoires de la nappe),notamment lors des périodes sèches.Toutefois des pompages excessifsn'auraient probablement que desrépercussions très localisées.

Les nappes des arènes micacées et du socled'extension régionale sont mieux protégéescontre d'éventuelles pollutions, et ellessemblent avoir des potentialités plus inté­ressantes du point de vue quantitatif. Acela, ajoutons que leur exploitation parpompage provoquerait des écoulementsdescendants (mis en évidence au cours destests hydrauliques) provenant de la nappesus-jacente des altériles et traversant lacouche argileuse (protection contre lespollutions). C'est seulement par des étudesmorpho-tectoniques préliminaires (locali­sation des failles et implantation des foragesen consé-quence) que des échecs sur lesforages dans les nappes arènesmicacées/socle pour l'alimentation en eauvillageoise pourraient être évités.

Rappelons que de manière générale,l'exploitation par pompage des eauxsouterraines exige un suivi très rigoureuxdes fluctuations des nappes.

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1V .2. Protection et aménagementdes bas-fonds rizicoles et desbassins versants

Les seuils rocheux barrant les cours d'eau(seuils de Farahantsana, d'Andakana... )jouent un rôle déterminant dans ladynamique des écoulements de surface etsouterrains, la stabilisation des niveauxpiézométriques de l'ensemble du systèmeaquifère et la stabilité des terrains. Leurmodification pourrait avoir de gravesconséquences qu'il est difficile d'estimer àterme: abaissement ou remontée locale duniveau des nappes (assèchement ouengorgement des rizières), perte dessurfaces rizico les par reprise d'érosion ...

L'étude morphotectonique a montré unerelation entre la tectonique et l'importancedes phénomènes d'érosion. Les projets delutte contre l'érosion par reboisement et ledéveloppement de nouvelles surfacescultivables devraient prendre en compte ce

type d'étude. Le choix des sites devrait seporter en priorité sur des zonestectoniquement stables, pour réaliser desaménagements à moindre coût et à moindrerisque de dégradation.

V. PERSPECTIVES DERECHERCHE

L'identification et la cartographie des unitésmorphotectoniques peut servir pour uneapplication au niveau des ressources en eauet de la protection des bassins versants à'l'échelle des Hautes Terres.

L'acquisition d'une meilleure connaissancede l'aquifère de socle est nécessaire pourune gestion durable et efficace desressources en eaux souterraines, nonseulement sur les Hautes Terres malgachesmais également dans d'autres régions

, comme par exemple la région cristalline dusud malgache (zone semi-aride).

TERRAINS NA1URE PEDOLOOIQUE EPAISSEUR CARACfERlSTIQUES DESAQUIFERES el/ou LITHOLOGIQUE MOYENNE AQUIFERES ET DES NAPPES

(M)

Nappe libre

Altérites Altérites kaoliniquesBien développée

D'exteo.sion limitéedes limono-argilo-sableuses 20 Infiltration de l'ordœ;;de 1m/jour

interfluves Faiblement minéralisée: CE < 30me: 6% ; Kv > lE-4

1E-5 < T > 5E-SNiveau argileux 2 Semi-pennéable

Arènes discontinu

micacées Arènes argilo-sableusesNappe semi-captive

D'extension régionalequartzo-feldspato-micacées 6 S : de l'ordre de 0,1 %

T: de l'ordre de SE-6Socle Granitoïdes Nappe d'extension régionale

fissuré et orthogneiss Porosité de fissure/fractures

Matériaux Tourbe franche 0,40-1,50Nappes très superficielles

De faible épaisseurde bas-fonds Kv et Kh < 1E-9

et Limon tourbeux 0,40-1,50 Kv : 4E-4 ; Kh: 3E-6de plaines Sables grossiers "lavés" 0,20-0,60 Kv et Kh de l'ordre de 1E-Salluviales

Fonnations Blocs, pierres, graviers, Nappes libres oud'éboulis sables, argiles... semi-captives à captives

(plus ou moins consolidés) D'extension limitée

Fig. 5 Identification et caractérisation des terrains aquifères et de leur nappe(B. Dussarrat, 1994).

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sswil

NNE

Fig. 3:

o '------'-------......-----.... 200m.

H

Données microtectoniques d'unestation de la région de Mahitsy

Carrière dans les migmatitesx=508 ; Y =814

(F. Arthaud et aL, 1989)

®

3.A: Coupe schématique passant par lepoint de mesure des microfailles

3.B: Projection cyclographique desmicrofailles (plan et direction desstries ainsi que l'orientation des troisdirections principales)

1 : Escarpement de faille; 2 : Thalweg; 3 : Surface d'aplanissement fini-tertiaire (S.F.T.) ; 4 : Accumulationde boules; 5 : Coulées boueuses; 6 : Bas-fond alluvial; 7 : Terrasse; 8 : Bas-fond en doigt de gant; 9 :S.F.T. surélevée par rapport à 3 ; 10 : Eboulis; 11 : Bas-fond de transit; 12 : Filon rocheux; 13 : Lavaka ;14 : Vallon perché; 15: Glissement de terrain; 16 : Ligne de suintement et de sources; A : Relief de lignede faille; B : Faille ancienne; C : Faille récente; 0 : Escarpement de ligne de faille; E : Escarpement; F :Faille; a : Altérites ; 1 : Filon; Il : Granitoïdes; III : Gneiss et migmatites.

Fig. 4 : Unités morphotectoniques du bassin versant de Mahitsy(8. Dussarrat, J. Ralaimaro, 1993).

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~ arènes micacées

ri~~~' éboulis

~ J~ gneiss

~ LD granite

1 ~ m~t~rtaux d~ ~as-fondHj,HI alternes kaohnlques

_ allérites sur granite

~ niveau argileux

1 F1 '-SA

l l 1111111

SA"': 2 3

J, l 11

1schéma sans échelle et sans orientation

0- source

Fig. 6 : Modèle d'alimentation des exutoires des différentes nappes du bassinversant de Mahitsy. (B. Dussarrat, J. Ralaimaro, 1993)

a : éboulis stabilisés; b : éboulis actifs; e : zone d'altération-érosion; F : faille majeure; f : failleaffectant les altérites ; sp : surface piézométrique de la nappe libre ; s : source ; 1, 2 et 3 :précipitations sur les reliefs, les interfluves et les éboulis non stabilisés; 4 : écoulements provenantde la nappe des altérites ; 5 : écoulements provenant de la nappe des arènes micacées ; 6 :écoulements descendants provenant du socle fissuré; 7 : échanges hydriques entre ra nappe desarènes micacées et celle du socle ; 8 : ruissellement eUou écoulements hypodermiques ; c :circulations souterraines contrôlées par le réseau de failles; KH : Ambohitrakoho ; GK : Antangirika; FT : Ankadifotsy

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7.1 : Sous les interfluves.AL : Altérites kaoliniques ; SP : surfacepiézométrique ,DA discontinuitéargileuse ,AS ensemble arènesmicacées/socle ,SA surfaced'aplanissement ; INT : interfluve ; 5 :source des altérites ; 8F : bas-fond : le :infiltration efficace ; 1 : drainancesverticales descendantes (début du cyclepluvieux) ; 2 : ascendantes (secondemoitié du cycle pluvieux) ; 3, 4 et 5 :directions de drainage souterrain

7.2 : Sous le bas-fond.1 : plan d'eau libre des rizières ; 2 :recouvrement argileux anthropiquedéstructuré par les labours et l'édificationdes diguetles ; 3 : tourbe franche ; 4 :limons tourbeux; 5 : sables lavés; 6 :arènes micacées ; 7 : socle fissuré ; 8 :directions de drainage souterrain ; A :drainances verticales descendantes (débutdu cycle pluvieux) ; 8 : ascendantes(seconde moitié du cycle pluvieux etpremière moitié de la saison sèche) ; C : ànouveau descendantes (seconde moitiéde la saison sèche).

Fig. 7: Modèles des transferts de flux entre la surface et le milieu souterrain.(J.C. Grillot et B. Dussarrat, 1992).

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REFERENCES

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QUELQUES ASPECTS CARACTERISTIQUESDES MANGROVES DE MADAGASCAR

ENDRI KA MANOKANA VITSIVITSY HO AN'NYHONKO SY NY TONTOLO MANODIDINA AZY

ETO MADAGASIKARA

Jacques IL'fiS,

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RESUME

La mangrove est la formation depalétuviers établie dans la zone debalancement des marées de tous les,littoraux tropicaux. A Madagascar, cetteformation couvre environ 320 000hectares. essentiellement sur la côte ouest(98 % de la superficie totale). Ondénombre huit espèces de palétuviers,identiques a celles de la côte de l'Afriquede l'Esl Les mangroves les plus étenduessont celles des estuaires des grandsfleuves, dont elles occupent les rives et lesbancs de vase (Betsiboka, Mahajamba,Mahavavy, Tsiribihina, Mangoky).L'intérêt écologique de ces milieux estconsidérable : ils constituent le lieu dereproduction 'd'un grand nombre depoissons et de crustacés d'intérêtcommercial, et en même temps, undispositif de protection contre l'érosionfluviale et marine. Entre la mangrove et laterre~ apparaît géoél'alement un sol aefflorescences et croûtes salines, moinsfréquemment submergé que la mangrove.Ce sol, en grande partie dénudé, est appeléinternationalement tanne et localementsirasira; il occupe une superficie totaled'environ 100 000 hectares. Ces terrains,voués jusqu'alors a l'exploitation saline,attirent a présent l'attention de sociétésdésireuses d'implanter des fermesd'élevage de crevettes de mer.

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FAMINTINANA :

Ny honko dia ala mandrakotra ny faritraazon'ny samonta amin'ny morontsiraky nytany mafana. Velaran-tany 320 000bekitara eo ho eo no anirian'ity alan-driakaity eto Madagasikara, ary amin'nymorontsiraka andrefana no tena marc azy(98 % n'ny honko misy eto). Misy valokaranma ny hazon'ny bonko eto amintsika;tsy misy valaka aminru..ay hita any amin'nymorontsiraka atsinanan'i Mrika. Ny alan­konko midadasika indrindra dia ireo izaymaniry amin'ny vinanin'ny ony lehibe toaan'i Betsiboka. Mahajamba, Mahavavy,Tsiribihina, Mangoky. Mandrakotra nymorona, na ny nosinosy misy betrom­potaka ireny alan-konko ireny. Mananaanjara asa lehibe eo amin'ny tontolomanodidina azy ny bonko: toeram­panatodizana sy fahafoizan'ireohazandranomasina isan-1<arazany, tadiavinaeo arnin'ny tsenam-barotra. toy ny trondrosy ny tsitsika. Ankoatr'izany dia mananaanjara asa amin'ny fiarovana ny moron­tsiraka tsy hokaohin'ny ony sy nyranomasina izy ireny. Eo anelanelan'nyhonko sy ny tety dia ahitana faritramadiodio rakotry ny bon-tsira ary tsy diaazon'ny rano samonta matetika. 10 faritraio no antsoina eran-tany hoe "tanne", nasirasira etc amintsika; mahatratra 100 000hekitara ny velarany. Manombokamahasarika ireo orin'asa manao fiompianatsitsika ireny faritra ireny amin'izao fotoanaizao raha natao ho toeram-pamokarana sirafotsiny hatramin'izay.

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Une ambiguïté terminologique

Qu'est-donc précisément la mangrove? Letenne désigne a la fois -et dans une certaineconfusion- la formation de palétuviersétablie dans la zone de balancement desmarées des linoraux tropicaux et, d'autrepart, l'écosystème caractéristique de cemilieu littoral. Dépassant l'ambiguïtétenninologique, certains auteurs parlent de"marais maritime tropical", pour désigner lecadre spatial complexe dans lequels'installe, s'épanouit et, parfois, disparaît lamangrove (Baltzer et Lafond, 1971). Celle­ci est la composante végétale la plus activedu marais maritime -qui, lui, est un espaceplus vaste, englobant d'autres milieuxsoumis a l'influence des marées: la basseslikke dénudée, les tannes dénudés ouherbacés, des forêts et prairiesmarécageuses, faiblement ou non salées,ete.

Pour qui n'a pris, un jour, le temps de laparcourir. a pied ou en pirogue. aMadagascar ou ailleurs. la mangrove estréputée impénétrable et d'accès, pour lemoins, difficile. D'elle, la mémoire neretient alors que l'enchevêtrement desracines de palélUviers. l'épaisseur de lavase, la moileur de l'air eL. les nuées demoustiques ! Exacte, cette image est,cependant, très réductrice. Elle ne reflètepas, en particulier. l'intérêt écologiqueconsidérable de ce milieu, a la fois réservoirde ressources biologiques et dispositifprotecteur contre l'érosion fluviale etmarine. Au cliché de la mangrove-enfervégétal, on peut aussi opposer la force et,souvent, l'harmonie des paysages demangrove aménagés par l'homme, certainsdepuis des siècles: les rizières des paysansdiola en Casamance (Sénégal), celles destransmigrants a Kalimantan (1ndonésie), lesbassins rizipiscicoles du delta du Mékong(Vietnam). les marais salants du Golfe deKutch (Inde) el, a Madagascar, les salinesde Diégo-Suarez ou la riziculture itinérantedans le delta de la Tsiribihina. Plusrécemment, un cenain nombre de littorauxtropicaux ont vu se développerl'aquaculture de crevettes de mer, non sansque le fragile équilibre du milieu en ait étéperturbé, lorsque la mangrove y étaitsacrifiée.

La mangrove, formation

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végétale pantropicale

La mangrove, formation pantropicale, estinstallée a la périphérie des trois océans dela planète. Celle de Madagascar appartientau domaine de l'Indo-Pacifique -appeléégalement domaine oriental. par distinctionavec le domaine de l'Atlantique ouoccidental-. L'on y dénombre huitpalétuviers (en incluant Heritiera littoralis).identiques a ceux d'Afrique de l'Est. Cecine saurait surprendre: la dissémination desgraines s'est faite aisément dans le Canal deMozambique, qui ne mesure que 420 kmdans sa partie la plus étroite. Au sein dudomaine Indo-Pacifique, les mangroves dela façade ouest sont les plus pauvres enespèces; en revanche, elles sont plus richesque les mangroves ouest-africaines. L'onpeut rappeler, ici, un certain nom bre9'hypothèses plus ou moins convergentes,selon lesquelles le berceau planétaire de lamangrove serait l'ensemble malayo­indonésien, qui compte le plus grandnombre d'espèces. La mangrove se seraitensuite largement étendue vers l'Ouest el.pour partie, vers le Sud-Est (Ding Hou,1960; Van Steenis, 1962; Aubréville. 1964;Marius, 1985).

Marais maritimes et mangrovesa Madagascar

L'on compte, a présent, un nombresubstantiel de publications consacrées auxmangroves et aux marais maritimes deMadagascar. Dans un premier temps.correspondant grosso modo a la périoded'avant-guerre, ont été publiés une majoritéde travaux mettant en évidence l'intérêtéconomique que les mangroves revêtaientalors. L'époque était celle de l'exploitationdes écorces a tanin, d'un vers a soie(landibe) et d'une cochenille produisant unvernis (Iombiro). Puis sont venues lespublications scientifiques, dont leprécurseur aura été H. Perrier de la Bathie(1921,1954). Avec lui, l'on citera un autrebotaniste: H. Weiss (1966, 1972, 1973).D'autres disciplines ont fourni descontributions substantielles: la zoologie,avec A. Kiener (1963, 1971, 1972) ;la sédimento10gie, avec L.R. Lafond(1967) et J. Hervieu (1968); et, enfin, lagéographie physique, avec G. Rossi(1976, 1980), J.-N. Salomon (1978, 1986)et J.-M. Lebigre (1984, 1987, 1988,1990).

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Figure 1 LES MARAlS MARITIMES A MANGROVESDE MADAGASCAR

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Madagascar compte environ 420 000hectares de marais maritimes, et entre 320000 et 325 000 hectares de mangroves(Kiener. 1972; IUCN. 1983; Lebigre.1990). C'est davantage que la côte est­africaine considérée dans son ensemble. EnAfrique de l'Ouest, seuls le Nigéria et leSénégal en possèdent des superficies plusimportantes.

Les zonations de palétuviers.davantage que leur (faible) diversitéspécifique. reflètent la variabilité spatiale ettemporelle des conditions écologiques.L'on peut classer. ainsi. les palétuviers deMadagascar en fonction de la durée et de lafréquence de l'inondation des marées(Lebigre. 1990) :

1. Palétuviers adaptés a une très longuesubmersion (50% du temps) : SonneratiaaLba et Avicennia marina.

2. Palétuviers adaptés a une longue duréede submersion: Rhizophora mucronata.

3. Palétuviers adaptés a une duréeimportante de submersion. mais selocalisant le plus souvent dans des zonesa faible dui-ée de submersion: Bruguieragymnorrhiza et Ceriops tagaL

4. Palétuviers adaptés a une faible durée desubmersion: XyLocarpus granatum etHeritiera littoraLis.

5. Palétuviers et autres plantes seulementadaptées a une faible durée desubmersion : Lumnitzera racemosa.Phoenix reclinita. Thespesia populnea etHibiscus tiliaceus.

La répartition des mangroves. aupourtour de l'île. est très inégale : 98 %d'entre elles se situent sur la côte ouest.face au Canal de Mozambique; 2 %seulement sur la côte orientale. Cettedissymétrie végétale reproduit ladissymétrie morphologique et hydrologiquequi caractérise les deux côtes (voir figure).

La côte orientale

La forme allongée de l'île. selon unaxe N-N-E/S-S- W. souligne l'oppositionentre la côte occidentale et la côte orientale.

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La côte orientale est. des points de vueclimatique. hydrologique etgéomorphologique. la plus homogène. Ellesubit toute l'année l'influence des massesd'air humides des alizés. L'amplitude desmarées y est faible (inférieure a 1 mètre envives eaux). Sur un tronçon rectiligne de900 km. une plaine côtière étroite. allant del'extrémité sud-est aux 2/3 nord-est de l'île.limite le développement de la mangrove auxembouchures fluviales et aux passes des.lagunes. Plus au Nord, quelquesmangroves sont établies a l'abri des récifsou dans les petites baies qui indentent lacôte. Sur l'ensemble du littoral est, lasuperficie des marais maritimes ne dépassepas 5000 hectares (Kiener. 1972). Aucuntanne d'étendue significative n'est asignaler.

La côte occidentale

A la différence de son vis-a-vis. lacôte ouest s'inscrit dans un ensemblegéologique homogène: le bassinsédimentaire malgache. Les marées duCanal de Mozambique, de type semi­diurne. affectent le littoral avec un effetcroissant du Sud vers le Nord: en viveseaux. les marnages sont compris entre 3,20m (Tuléar) et 4,20 m (Nosy Be). Lesmarais maritimes se couvrent, puis sedécouvrent alors sur de grandes superficies.L'extrémité nord de l'île constitue. pour sapart. une zone de transition vers le domaineocéanique. A Antsiranana (Diégo-Suarez),le marnage n'atteint plus que 2.10 m.

Du Sud vers le Nord, se succèdentdeux grands ensembles de littoraux amangroves, lesquels reflètent égalementd'importants contrastes climatiques :

- Entre l'extrémité sud de lTIe (25°S) et leCap St André (l6°S). soit les 2/3 dulittoral. la côte est généralement basse etprolongée par un plateau continental delargeur variable. Sur celui-ci sedéposent, depuis plusieurs milliersd'années, de grandes quantités desédiments terrigènes (sables, limons etargiles). Les contours de ces dépôts sontprogressivement régularisés par depuissants courants de dérive littorale,formant des cordons littoraux et deslagunes. Ailleurs, se fonnent des deltas

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-dont certains mesurent plusieurscentaines de km 2 de superficie(Mangoky, Tsiribihina)-, aux endroitsoù la masse des sédiments enprovenance des fleuves excède lacapacité des courants littoraux. Sur cetteportion du littoral, alternent ainsimangroves de plaines deltaïques etmangroves lagunaires.

- Au Nord-Ouest de l'île, le domainecôtier est découpé, du fait de la présencede massifs de roches cohérentes et delithologie contrastée. Entre les avancéesrocheuses, se sont fonnés des estuaireset des baies, caractéristiques d'un littorald'ennoiement, lesquels enserrent degrands marais maritimes a mangroves(Betsiboka, Mahajamba, Narinda). Lacôte nord-ouest est, contrairement aulittoral sud-ouest, assez pauvre encordons littoraux. La rareté de ces .derniers et, par conséquent, celle desmangroves lagunaires, s'expliqueessentiellement par la faiblesse deshoules, dont la plupart sont de secteurnord-ouest.

Du point de vue climatique, la côteouest subit des influences variées, allant duclimat tropical a courte saison sèche, auNord-Ouest, au climat subaride, au Sud­Ouest. Alors que Nosy Be, par exemple,reçoit en année moyenne 2200 mm de pluie,Tuléar n'en recueille que 340 mm. Entre cesdeux localités, Morondava a unepluviométrie de l'ordre de 750 mm. Lapluviométrie influe-t-elle sur la vigueur despeuplements de palétuviers ? D'aucunsl'affirment, en prenant l'exemple de lalagune de Belo-sur-mer (21 0 de latitudeSud, 700 mm de précipitations), où laplupart des peuplements ne dépassent pas5-6 m de hauteur, contre 20 m dans la baied'Ambaro (150 S et 2200 mm). En réalité,l'accroissement vers le Nord des apportsd'eau fluviale -très faibles a Belo- expliquemieux ces différences.

Les tannes

Le tanne -tenne d'origine sénégalaise,mais d'usage international- a pouréquivalent malgache sirasira et, ailleurs, lestennes salina et salt fiat. Le tanne forme, enretrait de la mangrove, la partie interne du

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marais maritime, la moins soumise al'influence des marées; il constitue, ainsi,une zone de transition vers la terre ferme. AMadagascar, des contrastes régionauxapparaissent dans la zone occupée par lestannes. Ceux-ci sont plus étendus au Sudqu'au Nord. Il y aurait, ainsi, unecorrélation entre la durée de la saison sècheet la superficie des tannes, ou, encore unefois, entre l'étendue de ceux-ci et ladiminution des apports fluviaux (Lebigre,1990). Rares sont les tannes homogènes,totalement herbacés ou vifs, secs ouhumides.

Des conditions d'hypersalinitéprésident généralement a la fonnation destannes, aussi bien dans les marais delagunes que ceux des em bouchuresfluviales. D'autres tannes, ditshydrologiques, dérivent davantage de ladessication prolongée du sol hors saisonpluvieuse, que de la concentration élevée dusel (Lebigre, 1990). De cette secondecatégorie relèvent, par exemple, les tannesenclavés dans la mangrove du maraismaritime de la Mahajamba. L'un d'entreeux constitue le si te de la première fenned'aquaculture semi-intensive de crevettes demer a Madagascar, implantée en 1993.

La côte ouest compte, tous typesconfondus, environ 100 000 hectares detannes, dont la moitié recèle des sitespotentiellement aménageables en fermesd'aquaculture de crevettes. Le potentiel dela zone Nord/Nord-Ouest (de la baie duCourrier a Soalala) a été évalué a environ 21300 hectares (PNUD-FAO, 1988). Lepotentiel de la zone Sud/Sud-Ouest (deTuléar a Soalala) représenterait, pour sapart, une superficie de 31 500 hectares(PNUD-FAO, 1990).

La mangrove dans le contextede la déforestation généralisée

Les mangroves de Madagascarreprésentent près de 0,5 % de la superficiede l'île et 2,6 % du domaine boisé. Cedernier taux est en augmentation constantedepuis plusieurs décennies, compte tenu dedeux faits:

1. Sur la terre ferme, les forêts reculentd'année en année. C'est, a l'évidence, leproblème environnemental majeur, a

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l'heure actuelle, a Madagascar. En 1980,l'île comptait 132 000 km2 de forêts,dont 103 000 km2 de forêts fennées ct29 000 k.m 2 ouvertes (FAD, PNUE,1981). En 1988, il en restait 123 000km 2 (FAü. 1992). Neuf mille km2 deforêts auraient, par conséquent, disparuen 8 ans, au rythme de 1100-1200 km2

en année moyenne. Certaines années, lesdestructions pourraient même dépasser3000 km2 -davantage que la superficietotale des reboisements depuis qu'ilssont pratiqués (2647 km2 en 1988).

2. La mangrove échappe en grande partie-mais pas totalement- a ce phénomène.La conjonction de plusieurs faitsexplique cette situation particulière.Primo, la mangrove, établie sur des solsengorgés et cloisonnée par des chenauxet des espaces dénudés (les tannes), seprotège naturellement. Secundo, lamangrove progresse a l'embouchure desfleuves principaux (Betsiboka,Tsiribihina, Mangoky), en colonisant lessédiments arrachés aux parties hautesdes bassins hydrographiques, livrées aune érosion vigoureuse. Tertio, lesgroupes hUl1)ains installés sur le littoralouest, essentiellement ruraux (paysans,

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pêcheurs), sont peu nombreux. Au boisde mangrove, ces populations préfèrent,en outre, généralement les ressourcesligneuses de terre ferme (fourrés, forêtsdenses sèches). Toutefois, quand celles­ci ont disparu, comme dans les secteursde Tuléar et de Majunga, la mangroveest a son tour exploitée.

Dans le cas bien particulier de lamangrove, et en l'isolant du contexteenvironnemental national, l'on pourrait,ainsi, dresser un constat a priori rassurant.Mais ce constat ne doit pas faire illusion: ledynamisme de la mangrove n'est que leprisme déformant de la situationcatastrophique des forêts malgaches ! Sil'ironie était de mise en la matière, l'onpourrait considérer la mangrove comme "laforêt qui cache l'arbre". Et combien detemps encore le cachera-t-elle? A Majunga,la mangrove fournit déja 6% del'approvisionnement en combustiblesligneux de l'agglomération (VPED, 1992).Quelle sera sa part lorsque, comme cela estprévisible, l'approvisionnement en bois eten charbon de bois de terre ferme se réduiraencore, ne serait-ce que de 20 % -la partactuelle de l'exploitation, totalementillégale, du massif forestier del'Ankarafantsika ?

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BIODIVERSITE MARINE DU LITTORAL NORD-OUESTDE MADAGASCAR

KARAZAN-JAVA-MANAN'AINA ANDRANOMASINA HITA ANYAMIN'NY MORONTSIRAKA AVARATRA ANDREFAN'I

MADAGASIKARA

Pierre LABOUTE

RESUME:FAMINTINANA :

La communication. présentée sous formeorale. a pour thème une tentatived'inventaire de la biodiversité marine dulittoral Nord-ouest de Madagascar.

L'auteur présente la méthodologie de larécolte. identification et réalisation .d'unecollection d'invertébrés marins littoraux dela région de Nosy Be et commente laprojection de diapositives de photographiessous-marines de ces organismes.

A noter qu'il est envisagé de réaliser. encollaboration avec le Centre National deRecherche Océanographique (CNRO) deNosy-Be. un ouvrage illustré sur la faunemarine littorale du Nord-ouest deMadagascar.

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Ny fampahalalana. izay natao am-bava. diamikasika fananganana tahirin-kevitramomban'ny "biodiversité" ao anatin'nyranomasina avaratra-andrefan'iMadagasikara

Nasehon'ny mpanolotra amin'izany ireofombafomba fakana sy fisokajiana aryfanantanterahana ny tahirim-bibikely tsymisy taolana ao anaty ranomasina amin'inyfaritr'i Nosy Be iny. Narahina sary syfanazavana izany rehetra izany.

Marihina fa kasaina ny hanonta boky misyny sarin'ireo bibin-dranomasina aoavaratra-andrefan'i Madagasikara ireo kaiarahana amin'ny Foibe ny Fikarohana an­dranomasina (CNRO) ao Nosy Be izany.

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SURVEILLANCE DE L'EVOLUTION DES PA YSAGESDE MANGROVES A L'AIDE DES DONNEES SATELLITEEXEMPLES PRIS A MADAGASCAR ET EN AFRIQUE DE

L'OUEST

FANARAHAMASO NY FIOVAOVAN'NY TOTONLO IAINANAAVY AMIN'NY ALALAN'NY ZANABOLANA.

RAISINA OHATRA AMIN'IZANY NY NATAO TETOMADAGASIKARA SY AFRIKA ANDREFANA

Noële MOREAU

RESUME:

Les mangroves, formations à palétuvierscaractéristiques des zones littorales desrégions intertropicales, représentent uneécosystème très riches tant pourl'agriculture, que pour la pêche,l'aquaculture (crabes et crevettes).

L'étude par images satellite permel nonseulement de reconnaître toutes lescomposantes de ce paysage. mais aussid'appréhender les ruptures d'équilibre decet écosystème, d'accès difficile et souventinhospitalier. Des exemples seront pris enAfrique de l'Ouest et à Madagascar.

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FAMITINANA :

Ny honko, izay hita any amin'ny faritra tsydia be orana any amoron-tsiraka aryanirian'ny karazan-kazo toy ny mahabibo,dia manana toetra tena ilaina amin'nyfamokarana, na voly, najono na fiompianatrondro toy ny drakaka sy makamba.

Ny fandinihina ny sary azo avy amin'nyzana-bolana dia lSy ahafahana mamantatrafotsiny ny drafitr'ilay toerana fa koaahazoana manaramaso izay rnety hofahatapahan'ny firindran'ny fiaimpiainanaao satria sarotra idirana sy tsy azohonenana izy ireny. Raisina ohatra ny anyAfrika Andrefana sy ny eto Madagasikara.

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CARACTERES GENERAUX DE LAMANGROVE

Les mangroves qui ne se rencontrent quedans les régions tropicales et intertropicales,sont constituées d'arbres spéciaux, lespalétuviers, qui ont la particularité de vivre,tou te ou partie de leur vie, les pieds dansl'eau marine, soumise au balancement desmarées.

L'alternance des marées est à l'origine del'installation des 2 genres principaux depalétuviers en Afrique de l'Ouest :RHIZOPHORA (palétuviers avec racineséchasses) et AV/CENNIA (palétuviers avecracines à pneumatophores).

En effet, les mangroves de l'Afrique del'Ouest font partie du domaine occidental,atlantique, moins diversifié au niveau desgenres et des espèces que les mangroves deMadagascar, qui font partie du domaineoriental indo-pacifique, plus riche enespèces.

Mais le terme "mangrove" comprend nonseulement les espèces forestièrescomposées donc par les palétuviers, maisaussi les tannes naturels ou anthropiques,(tanne, terme vernaculaire sénégalais,désignant une zone nue sursalée, située enarrière de la mangrove), les fleuves quiparcourent ces paysages, ou les côtes quiles bordent.

Végétation terrestre et faune marine etfluviale composent donc un écosystème.Cet écosystème a ses propres lois defonctionnement, difficiles à connaître.

En fonction des domaines considérés, lespaysages de mangroves peuvent procurerdifférentes ressources économiques:

dans les marigots ou dans les fleuvesqui traversent les paysages demangroves:

la pêche

- dans les forêts de palétuviers:

l'exploitation du bois pour le boisd'oeuvre ou la fabrication de charbonde bois

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le défrichement des palétuviers pour lariziculture, en effet les sols demangroves sont des sols riches car cesont des sols alluvionnaires, et le rizest une plante halotolérante, leurdéfrichement pour aménager desbassins d'aquaculture, les zones demangroves rassemblant, théori­quement, toutes les propriétés pourl'élevage de la crevette.

sur les tannes: l'exploitation de sel si letanne est vif, avec présence d'efflo­rescences salines, l'aménagement derizières, si le tanne n'est pas trop saléou si on peut le dessaler, l'amé­nagement de bassins d'aquaculture.

Les paysages de mangrove sont donc desmilieux écologiques riches en potentialités.Mais on s'est aperçu que l'équilibre de cetêcosystème ne résiste pas à desinterventions brutales. Des exemplesd'aménagement de mangrove mal pensé (enCasamance, poldérisation atteignantd'anciens sols acides à RHIZOPHORA)montrent qu'une fois l'équilibre de cetécosystème rompu, il est difficile de fairemarche arrière, pour récupérer des terresdevenues parfois stériles.

Aussi, nous allons vous montrer, aprèsavoir rappelé les caractéristiques du satelliteSPOT, que les données radiométriquesrelevées par SPOT permettent de mettre enévidence les contraintes naturelles dont ilfaudra tenir compte avant tout aménagementdes mangroves, pour que celui-ci neperturbe pas l'équilibre naturel de cespaysages, sans quoi l'aménagement lui­même ne sera pas rentable.

Le satellite SPOT est un satelite hélio­synchrone qui passe au-dessus d'unerégion toujours à la même heure solaire quine dépend que de sa latitude. Tous les 26jours, le satellite repasse exactement sur lamême trace. Ceci permet d'effectuer desobservations répétées d'une même régionsous le même angle de visée verticale. Orcomme il est possible d'orienter l'angle devisée des récepteurs en position latérale,l'observation d'une région quelconque de laTerre peut être assurée avec une périodicitévariant de un à quelques jours, rendant ainsipossible le suivi de phénomènes localisés àévolution relativement rapide.

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Histogramme =

En mode multispectral, qui est celui quinous intéresse, les détecteursradiométriques du satellite SPOT captent laréflectance d'un pixel (ou plus petit élémentobservé au sol) de 20 m. dans 3 bandes delongueurs d'onde, ou canaux,

XS 1 = 0,50-0,59mm, 1du vertXS2 =0,61-0,68mm, 1du rougeXS3 = 0,79-0,89mm, 1du proche IR

Les 3 canaux sont divisés en 256 niveauxd'intensité radiométriques.

La résolution spatiale de 20 m. convientbien, en général, aux mangroves aménagéespuisque la surface d'un pixe~ ~eprésente lataille moyenne des parcelles nZlcoles ou dessalines.

La résolution spectrale convient bien àl'étude d'un paysage végétal tel que lamangrove, végétation amphibie. La'présence d'eau donne une absorption dansl'IR, alors que la chlorophylle présente uneréponse dans le vert, une absorption dans lerouge, et une réponse dans le proche IR.

DÉMONSTRATION DE TRAITE­MENT NUMÉRIQUE' D'UNEIMAGE SPOT

Région du delta de la Tsiribihina, rivegauche du Bekopaka.Image de 1295 lignes et de 1076 colonnesqui est un extrait d'une scène SPOT(3000 lignes, 3000 colonnes).

Cette image contient 1.393.420 pixels, lavaleur moyenne de radiance d'un pixel estcodée numériquement sur 256 niveauxd'intensité sur les 3 canaux XS l, XS2,XS3.

Cette masse énorme d'informations estdonc une véritable banque de données enénergie de radiation, au jour et à l'heure del'image.

Tout le problème du traitement consiste àréduire cette information pour la rendrecompréhensible.

Le traitement des données radiométriquesconsiste à ordonner tous ces niveauxd'in tensité pour faire des cartesthématiques, en fonction des thèmes quinous intéressent.

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71

Il s'agit donc de classer les valeurs r~dio­

métriques, et la classification sera toUjoursfaite avec une vérité-terrain à la clé.

Analyse monocanale :

le nom bre de pixels parvaleurs radiométriques

L'histogramme permet d'isoler des groupesde réflectance en constituant des classes, 2minima encadrant un mode.

Or il est difficile de fixer les bornes desclasses.

Nous allons donc travailler sur les valeursradiométriques que nous allons visualiserindividuellement

Les bornes des classes seront donc fixéesd'après la connaissance du thématicien.

En visualisant les données radiométriquesrelevées sur l'histogramme du canal 3, onvoit que la signature spectrale de l'eau setrouve dans les faibles valeurs de l'Infra­Rouge, alors que celle de la végétation setrouve dans les fortes valeurs.

Le canal 3 distingue bien ces 2 classes.

Le canal 2 ne permet pas de distinguer l'eaude mer de la végétation, par contre les hautsfonds et l'eau des fleuves qui reflètent dansles hautes valeurs peuvent êtreindividualisés.

Même chose pour le canal l, en effet lescanaux 1 et 2 sont toujours très corrélésdans les paysages de mangroves.

Si on faisait un histogrammebidimensionnel de ces 2 canaux, lesinformations radio-métriques sedisposeraient suivant une droite.

La méthode des histogrammesmonocanaux, faite sur une grande région,n'est pas satisfaisante, car, sauf pour lecanal 3, plusieurs thèmes ont la mêmesignature spectrale.

Analyse des 3 canaux simultanément:

La composition colorée numérique consisteà combiner de façon automatique lesniveaux radiométriques des 3 canaux.

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On distingue la composition colorée nonsupervisée, c'est-à-dire que tous lescomptes radiométriques sont pris encompte, de °à 256, et la compositioncolorée supervisée, faite par le thématicienqui fixe lui-même les bornes minimales etmaximales, sur chaque canal, en fonctionde ce qu'il veut mettre en valeur.

La composition colorée classique consiste àcolorer en fausses couleurs les valeursretenues des canaux, en rouge les valeursdu canal 3, en vert, celles du canal 2, enbleu, celles du canal 1. Le document obtenua les mêmes couleurs qu'une photo InfraRouge Couleur (IRC).Chaque pixel prend donc une couleurdifférente en fonction de sa valeur surchacun des 3 canaux.

Avec les bornes choisies, dans l'exemple,4-100, pour XS3,10- 70, pour XS2,13- 70, pour XS 1,

on obtient une composition colorée intéres­sante, car on distingue bien la forêt sèchedes mangroves, mais si on fait un zoom,c'est-à-dire qu'on observe au niveau dupixel, le manque de détail peut géner lethématicien qui veut plus de renseignementsen fonction Be sa vérité-terrain.

Extraction d'une zone plus petite, bienconnue du thématicien.

L'analyse monocanale faite sur un nombrede pixels plus réduits pennet de mieuxcerner les bornes que nous allons retenirpour une nouvelle composition colorée :

13-70, pour XS3,12-44, pour XS2,22-45, pour XS 1,

La composition colorée obtenue donne plusde détails que la précédente, et on distinguebien les palétuviers, (BRUGUIERA), enrouge, des zones défrichées à l'intérieur dela mangrove, en vert, foncé ou clair, ce sontdes défrichements clandestins faits derrièredes rideaux de palétuviers pour aménagerdes rizières, ces zones ne sont pas encoreplantées en riz, certaines sont abandonnéescar elles sont colonisées par des herbesadventices tenaces, des CYPERACEES oudes MIMOSACEES, en marron rose,d'après la vérité-terrain faite parL.RATSIMBA etM.ANDRIAMASINORO.

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Les rizières en activité sont très visibles etse distinguent bien en rose.

Pourquoi en rose:

forte réflectance dans l'IR,car végétation active

couleur rougeabsorption dans le rouge,car végétation active

pas de vert.peu de réflectancedans le vert, peu de bleu

Rouge + un peu de bleu = rose

Les rizières abandonnées sont colorées envert.

Pourquoi en vert :

faible réflectance dans l'IR,car pas de végétation active.. pas de rougeforte réflectance dans le rouge,car pas de végétation..... couleur vertfaible réflectancedans le vert, peu de bleu

Vert + rien, ou un peu de bleu =vert

Les rizières en friches recolonisées par desadventices sont en vert + rose.

Nous avons vu qu'une compositioncolorée, faite scrupuleusement, avec unevérité-terrain précise, apporte beaucoupd'informations sur les paysages demangroves.

Dans le cas de cette région du delta de laTsriribihina, il serait intéressant de suivreavec des images ultérieures la progressionde ces défrichements sauvages, qui se fontdans des régions retirées, difficilementaccessibles, et évaluer si la vitesse de cetteprogression ne va pas faire disparaitre lapopulation de BRUGUIERA.

Un autre exemple intéressant montre lanécesssité de surveiller l'évolution desmangroves par satellite.

En Afrique, en Guinée, le traitement del'image satellite de 1986, fait à l'échelle trèsprécise du 17/000, a permis de voir des

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A VICENNIA en position anormale, alorsque la photographie aérienne de 1966montrait des RHIZOPHORA à leur place.

L'installation des A VICENNIA est lapreuve d'un changement dans lasédimentation de la boucle du Kapatchez.

A la demande des paysans guinéens, unaménagement a été effectué pour pallierl'excès de sédiments qui bouchait le coursdu Kapatchez. Un canal a été construitparallèlement au Soussoudé, qui a exercéun drainage trop fort et a inversé le sens ducourant. Cet aménagement a surdrainé lesterres au lieu de les drainer raisonnablementet a bouleversé l'équilibre des sols, il s'en

est suivi un changement dans la végétationenvironnante, et la progression des rizièresen friches.

Nous avons montré que l'étude des imagesspatiales des paysages de mangrove permetde prendre conscience, grâce à la précisiondes détails, des contraintes naturellesauxquelles doit obéir tout aménagement deces régions, si on veut les aménager sansperturber l'équilibre de cet écosystème.

BIBLIOGRAPHIE

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MOREAU N., VERCESI L. (1989) ­Cartographie des mangroves deGuinée à l'aide du satelliteSPOT, in Rev.Photo Interpr.,89-1, fasc. 4, pp. 35-48.

MOREAU N. (1990) - Identification etDynamique des paysages demangroves en Guinée à l'aidedu satellite SPOTl, in Editionsdu CNRS - TELEDETECTION

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ET TIERS MONDE - pp.l07­131

MOREAU N. (1991) - Contribution de latélédétection à l'étude del'évolution des paysages demangroves de }'Afrique del'Ouest - Thèse de doctorat del'Université de BORDEAUXIII276 p.

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LA PECHE ET LA GESTION DES RESSOURCES THONIERES :DES ENJEUX POUR LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

ET L'ECONOMIE MALGACHES.

NY JONO SY NY FITANTANANA NY LOHARANO-KARENA AZO AVYAMIN'NY LAMATRA: ANTOKA HO AN'NY FIKAROHANA SIANTIFIKA

SY NY TOEKARENA MALAGASY.

Patrice CAYRE

RESUME:

Ce sont près de 20% des capturesmondiales 0,1 millions de tonnes en1992) de thonidés majeurs quiproviennent actuellement de l'océanIndien; l'exploitation des thonstropicaux (a1bacore, bonite à ventre rayéet ilion obèse) a en effet littéralementexplosé dans le sud-ouest de l'océanIndien au cours de la dernière décennie,en passant de 117.000 t en 1981 à450.000 t en 1991. Cet accroissementest essentiellement dû à l'avènement dela pêche industrielle de surface (senne)même si les pêcheries traditionnellesreprésentent toujours une partprépondérante (56%) dans les captures,fait caractéristique de cet océan. Lesthons et leur pêche sont ainsi devenusun enjeu économique de premier planpour Madagascar et les pays de larégion, alors que les caractéristiques etpotentialités offertes par cette ressourceétaient très peu connues et étudiées.

Après avoir mentionné la nécessitéd'actions régionales et internationalesconsensuelles pour la gestion effectivede ressources hautement migratricescomme les thons, on trouvera ici unbref rappel des méthodes utilisées pourdisposer d'éléments objectifsindispensables à cette gestion.L'importance des enjeux économiqueset les nécessaires opérations derecherche qui ont été entreprises encoopération avec l'ORSTOM pour yfaire face dans un cadre régional sontexposées. Il apparaît ainsi clairementqu'une coopération internationales'impose en matière de gestion desressources thonières et cela pour lebénéfice des différents acteurs de lapêche, pays riverains et paysexploitants, qui ont tous intérêt à uneexploitation durable.

FAMINTINANA

Ny 20 % amin'ny vokatra azo erantany(3,1 tapitrisa tonina tamin'ny 1992)amin'ny jono lamatra vaventy dia avyamin'ny Oseana Indiana. Tao anatin'nyfolo taona lasa izay dia nirongatra tokoany fitrandrahana lamatran'ny tanymafana (larnatra, vohy, lamatra matavy)117.000 T tamin'ny 1981, niakatra450.000 T tamin'ny 1991. Mamokatrakokoa ny jono nentin-drazana (56%)raha ny eto amin'ity oseana ity nodinihina nefa dia isan'ny nampitombony vokatra ny fisian'ny jono indostrialy(senne). Nanjary isan'ny voalohan'nyamin'ny tambin-karena ho an'iMadagasikara sy ireo tany manodidinaazy ny lamatra sy ny jono lamatrakanefa dia zara raha fantatra syvoadinika ny momba azy sy nytombontsoa mety ho azo arniny.

Rehefa voamarika ary fa ilaina nyfandrindrana ny asan'ny mpanjono, natera-tany izany na iraisam-pirenena, eoamin'ny fitantanana tena izy ny hazampifindra toerana toy ny lamatra, diatsiahivina vetivety ny fom bahampiasaina mba hahafantarana izaytena ilaina ka hahatratrarana ny zava­kinendry eto an-toerana.

Novelambelarina ny maha-zava-dehibeny tambin-karena sy ny asam­pikarohana izay natao niaraka tamin'nyORSroM mba hiantrehana izany eto an­toerana. Mazava tsara fa tsy maintsymila fiaraha-miasa iraisam-pirenena eoarnin'ny fitantanana ny famokarana nylamatra ary izany dia ho tombotsoan'nyrehetra izay mila ny fitrandrahana mbahaharitra sy hateza.

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LA PECHE DES THONS DANS LEMONDE ET LA RECHERCHE DANSL'OCEAN INDIEN

Les thons sont depuis des tempsimmémoriaux très activement pêchés dansl'ensem ble des océans. Les capturesmondiales de thonidés majeurs l , environ2,8 mil1ions de tonnes, par an proviennentessentiellement de l'Océan Pacifique (65,7%). de l'Océan Aùantique (14.5 %) et del'Océan Indien (19,8 %). La bonite à ventrerayé ou listao, représente actuellementl'espèce de thon la plus pêchéemondialement (43 % des captures dethons).

En zone intertropicale, où se situent leseaux malgaches, les espèces exploitées parles pêcheries industrielles sont essen­tiellement : l'albacore, le listao (ou bonite àventre rayé) et le thon obèse aussi appelé .patudo. Ce sont ces espèces qui font l'objetde la pêche de la cinquantaine de grandsthoniers senneurs océaniques (Espagne.France, japon, uRSS, Maurice) en activitédans la partie occidenlale de l'Océan Indien.(figure 1)

La fantastique croissance des captures dethonidés majeurs dans l'Océan Indiendepuis le début des années 80 (tableau 2 etfigure 2) a suscité un effort de rechercheparticulièrement important dans le cadre duProjet Thonier Régional de la Commissionde l'Océan Indien (projet administré parl'Association Thonière dont le siège est àAntananarivo) avec l'aide de l'ORSTOMqui en coordonne les activités scientifiques.Ce projet, financé en partie par les états dela COI (Comores. France pour la Réunion,Madagascar, Maurice, Seychelles) et pourl'essentiel par le FED (Fonds Européen deDéveloppement), s'occupe spécifiquementde jeter les bases d'un suivi de l'exploi­tation thonière et de ses consé-quences surles ressources afin d'en assurer uneexploitation durable. Il vise à tenne la miseen place d'un ensemble de moyens et decorn pétences (réseau statistique régional,opérations de recherche sur la biologie,l'environnement et les migrations des thons... ) qui pemettront aux pays de la tOI dejouer pleinement un rôle d'excellence ausein d'une future Commission Thonière del'Océan Indien dont les statuts sont encours d'élaboration.

ANNEE) . 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992ESPECEYF 622 724 789 866 912 964 1058 993 1092SJ 1063 914 1090 1040 1282 1222 1302 1561 1421BE 208 242 257 249 232 238 272 248 250ALB 176 189 213 220 225 244 230 168 213BLF 73 73 62 58 56 53 47 44 48LOT 64 92 86 83 141 133 166 134 122TOTAL 2206 2234 2506 2516 2848 2854 3075 3148 3146

Tableau 1 : Production ID(}ndiale (milliers de tonnes) de thonidés majeurs. (Sources FAO),

Année 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991YFT 38 47 61 97 102 121 129 181 164 181 178SKJ 46 53 62 103 136 150 172 204 240 212 216BEf 33 39 44 36 42 46 48 54 41 45 44ALB 13 23 17 15 10 28 42 40 18 28 31SBF 26 29 37 30 28 22 19 19 14 9 7om 128 168 163 157 223 213 249 254 246 238 289BIL Il 11 10 11 18 19 18 18 18 14 16Total 295 370 394 449 557 599 677 771 741 726 780

Tableau 2 : Capture annuelles (milliers de tonnes) de thons et espèces voisines dans l'océanIndjen de 1980 à 1991 (source IPTP) ; YFf = albaeore. SKJ = bonite à ventrerayé, BET =thon obèse, ALB =gennon, SFB =thon rouge du sud, OTH = autrespetits thonidés et scombridés, BIL =espadon et marUns.

par thonidés majeurs on entend les espèces qui ont légalement droit à l'appellation commerciale de "thon" etqui sont notamment destinées à la conserve.

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LA GESTION DES RESSOURCESTHONIERES

La qualité de "grands migrateurs" reconnueofficiellement aux thonidés par laConvention des Nations Unies sur le Droitde la mer (Caracas, 1982) induit uneexploitation appliquée sur une vaste échelleocéanique qui déborde largement les limitesjuridiques reconnues des Zones Econo­miques Exclusives (ZEE) d'Etats riverains.La gestion des pêcheries thonières estrendue particuuèrement complexe en raisonde ce comportement migrateur, de l'étenduedes zones fréquentées et de la multiplicitédes pays qui exploitent les thons avec desengins de pêche très divers. Pour cesraisons il apparaît, sauf cas très excep­tionnels, que ces espèces ne peuvent êtregérées à l'échelle des ZEE d'un ou mêmede plusieurs pays isolément.

Le souci légi time de Madagascar et despays riverains de protéger une ressourceimportante qu'ils souhaitent exploiter aumieux, directement (création d'armementsthoniers nationaux) ou indirectement(négoci ation d'accords de pêche, conser­veries), ont conduit ces pays et aussi lespays exploitants (en raison des investis­sements matétiels et financiers énormesqu'implique l' exploi tation thonière) às'inquiéter de la pérennité de la ressource etde son exploitation rationnelle.

Pour étudier une population exploitée et lagérer il faut avant tout disposer d'uneestimation de son abondance ; il estpossible d'estimer cette dernière parl'intermédiaire des rendements réalisés parles bateaux de pêche. Il est ensuitenécessaire de modéliser l'exploitation et laréponse des populations, de thons enl'occurrence, à cette exploitation. Celle-cidépend étroi tement des caractéristiquesbiologiques des espèces exploitées et deleurs relations avec l'environnement, touteschoses qu'il convient donc d'étudier afind'alimenter les modèles.

Un modèle se définit comme une entitémathématique que l'on substitue à la réalité.Dans l'élaboration d'un modèle on va doncsimplifier la réalité en essayant de larespecter au mieux par l'incorporation deparamètres destinés à quantifier les aspectsessentiels d'un processus biologique (etéventuellement économique). Les modèles

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auront pour but de décrire ct éventuellementd'expliquer un ensemble complexe inté­grant les interactions entre la biologie d'uneespèce (mortalité naturelle, croissance.fécondité, comportement, migrations ... ),l'environnement et son exploitation (statis­tiques de capture, effort de pêche, captu­rabilité). Tous ces facteurs nécessitent pourêtre connus l'entreprise de recherchesapprofondies menées conjointement dansdifférents domaines de la biologie (âge,croissance, mortalité, reproduction, migra­tions, ... ) avec des techniques particulières(histologie, marquage, entre autres). Parailleurs l'acquisition régulière, précise etexhaustive des statistiques de pêchedétaillées (prises, efforts de pêche, tailledes poissons exploités) à une échelled'espace et de temps tine, est absolumentindispensable à l'élaboration de cesanalyses de dynamique des populations.

Une cellule statistique a été mise en place àAntsiranana à cet effet dans le cadre duProjet Thonier Régional. des chercheurs ettechniciens du Ministère de l'Elevage et dela Pêche, du Ministère de la RechercheAppliquée au Développement (CNRü deNosy-Be) et de l'ORSTOM y travaillent enétroite et harmonieuse collaboration.

Un modèle est donc essentiellementdescriptif, parfois explicatif et prédictifmoyennant un certain nombre d'hypothèsessupplémentaires sur l'évolution future del'exploitation et de la biologie des espèces.Les modèles sont utilisés comme base dedécision pour, si cela apparaît nécessaire,prendre des mesures de gestion visantnotamment à réduire l'effort de pêche, àimposer une taille minimale des individusexploités ou à instaurer un système dequota limitant les captures totales.

Les deux grands types de modèles classi­quement utilisés à l'heure actuelle en dyna­mique des populations sont:

Les modèles synthétiques ou globaux: ilsservent à décrire comment un stock depoisson réagit à la pêche et notamment si onne pêche pas plus que la population nepermet compte tenu de ses capacités pro­pres d'accroissement (reproduction, crois­sance, longévité des individus). Outre cer­taines hypothèses sur l'identité des stocks ilsuffit pour les utiliser de posséder lesdonnées concernant les prises et les effortsde pêche réalisés sur le stock considéré.

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Figure 1. les zones de pêche thonière dans l'océan lndial

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Les modèles globaux vont apporter desrenseignements sur la position de lapêcherie à un moment donné, par rapport àune courbe de production équilibrée et parrapport au point optimal de la Product.i0~

Maximale Equilibrée (PME). on peut amSIdécrire quatre phases différentes dansl'exploitation d'un stock (figure 3)

Stock sous exploité :Toute augmentation de l'effort de pêchese traduira par une augmentation descaptures.

Stock modérément exploité :Une augmentation de l'effort de pêchese traduit par une faible maissignificative augmentation des captures.

Stock pleinement exploité :La production maximale équilibrée estatteinte. Les captures sont égales à ceque le stock produit naturellement par lejeu de la croissance des individus et durecrutement.

- Stock surexploité :Toute augmentation de l'effort de pêchen'entraîne qu'une diminution descaptures qui peut parfois aller jusqu'àune diminution irréversible du stock.

Lorsque l'on constate que la PME et l'effortqui y correspond sont dépassés, cesmodèles indiquent que le stock estsurexploité, et servent alors de signald'alarme. ils ont souvent été utilisés commebase de décision pour prendre des mesuresde gestion visant notamment à réduirel'effort de pêche ou à instaurer un systèmede quota des captures totales effectuées surun stock menacé.

Les modèles analytiques 0 U

structuraux: ils ne vont pas simplementdécrire comment un stock réagit à la pêche,ils vont permettre de comprendre pourquoiet comment il réagit. dans ce type demodèle le maximum de paramètrescaractéristiques d'un stock (mortalité,croissance, composition en âge descaptures, recrutement, ... ) seront pris encompte. Le nombre de paramètres seralimité à ceux jugés les plus caractéristiquesdu stock afin de ne pas créer unecomplexité trop grande rendant le modèleinutilisable dans la pratique. Ces modèles

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analytiques permettent de déterminer s'il estutile ou non de diminuer les capturesd'individus inférieurs à une taille donnéepour augmenter la productivité globale dustock (figure 4). En effet. pour gérer unepêcherie on peut généralement agir sur deuxfacteurs: la taille (ou l'âge) des premiersindividus capturés et la mortalité par pêche.

LES PECHERIES THONIERESDANS L'OCEAN INDIEN

Par "pêcherie" il faut entendre un ensemblede moyens de capture mis en oeuvreconjointement. Cet ensemble sera limité,selon les cas et les besoins, par différentsparamètres ou critères qui seront considérésséparément ou conjointement pour définirde manière plus ou moins restrictive lapêcherie en question. Le premier de ces

. critères peut être l'espèce ou un ensembled'espèces exploitées (ex: la pêcheriethonière). D'autres critères concernent lanature des engins de pêche ou la zone depêche proprement dite (ex: la pêcheriethonière à la senne dans l'Océan Indien) ;des critères sociaux économiques voirenationaux peuvent aussi être invoqués pourdéfinir une pêcherie (ex : la pêcherieartisanale thonière dans cet océan).

L'exploitation thonière dans l'Océan Indienpeut être di visée selon deux pêcheries(tableau 3) : la pêcherie industrielle et lapêcherie artisanale. Cette dernièrereprésente en effet une part très importante(56 % en 1991) et caractéristique del'exploitation thonière dans cet océan.

La croissance spectaculaire de l'exploitationindustrielle (figure 5) au cours des dixdernières années explique la diminution del'importance relative de la pêche artisanale(de 68 % des captures en 1980 à 56 % en1991), pourtant en forte croissance elleaussi (+ 104 % de 1980 à 1991). Lespêcheries artisanales, aussi parfois appeléestraditionnelles, se caractérisent en généralepar la nature et la di versité des engins depêche utilisés (lignes à main, harpons, fùetsdivers) par la taille réduite des unités depêche (pirogues, barques) et par lesstructures socio-économiques qui sous­tendent et encadrent les activitéshalieutiques artisanales. On remarquera queles éléments de définition des pêcheriesartisanales se traduisent en terme d'espèces

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exploitées (tableau 3, figure 5) ; lespêcheries industrielles (senneurs, fileyeurset palangriers) visent préférentiellementl'exploitation des espèces qui alimentent lesmarchés internationaux alors que lespêcheries artisanales exploitent en majoritédes espèces destinées à des marchésnationaux (consommation intériew:e).

Cette description demeure cependant trèsschématique dans la mesure où elle éliminetous les particularismes et les différencesfondamentales qui peuvent exister entrediverses pêcheries artisanales ou indus­trielles. Ainsi la Proportion de thonidésmajeurs exploités par les pêcheriesartisanales (39 % en 1991) est loin d'êtrenégligeable (figure 5), et concourt aussidans certains cas à alimenter des marchésinternationaux. A titre d'exemple dansl'Océan Indien on peut citer les Maldivesdont une importante proportion des .conséquentes captures annuelles dethonidés majeurs (environ 65 000 tonnes)est destinée à l'exportation sur le marchéinternational. Ceci illustre bien l'existencedes nombreuses compétitions ouinteractions potentielles entre pêcheries denature différentes et parfoisgéographi­quement éloignées, exploitant des espèceset stocks Communs.

En ce qui concerne plus particulièrementMadagascar une conserverie importante (laplus importante de la région) est en activitéà Antsiranana, et des projets d'accrois­sement des capacités de mise en conservesont envisagés. Des palangriers asiatiquessont susceptibles d'accroître leurs débar­quements à Madagascar et de nombreuxsenneurs et cargos frigorifiques chargés dethons relâchent et débarquent outransbordent leur cargaison àAntsiranana. (figure 6)

LES ENJEUX POUR MADAGASCAR

La négociation des accords de pêche avec laCEE (maintenant Union Européenne) etl'ensemble des activités énuméréesreprésentent donc un secteur très impol1antde l'activité économique malgache qu'il fautpréserver et développer. Madagascar doitpouvoir faire valoir ses intérêts dansl'Océan Indien pour se ménager annéeaprès année un accès aux ressourcesthonières si des projets de développementd'une flotte thonière nationale venaient à seconcrétiser. Dans cette optique il est doncessentiel de s'assurer que les stocks ne sontpas surexploités. Etant donné que lesressources thonières recouvrent à la fois lesZEE de différents pays et les eauxinternationales, les intérêts malgachespassent par une gestion rationnelle et unepréservation de ces ressources surl'ensemble de leur aire de répartition; ils nepeuvent donc s'exprimer que dans le cadred'une organisation internationale regrou­pant pays riverains (exploitants ou non) etpays exploitants non riverains.

Les entraves majeures qui demeurent à lacréation et au fonctionnement de ces orga­nismes internationaux tiennent essentiel­lement à une défiance mutuelle instinctive età des intérêts à long terme mal compris desdifférents acteurs. La tentation générale deréaliser à court terme des profits importantspeut inciter les uns à vouloir imposer desdroits de pêche et des mesures contrai­gnantes excessifs, et les autres à fausserleurs déclarations de captures pourminimiser les "pressions" excessives despremiers et se garder de la concurrence.Mais chacun comprend de plus en plusclairement maintenant que la gestion desressources et de l'exploitation thonières nepeut reposer que sur une base consensuellecar il y va de l'intérêt commun.

Année 1980 19-91Type de pêche Artisanale Industrielle Artisanale Industrielle

Groupe d'espèce Tonnage % Tonnage % Tonnage % Tonnage %Thonidés majeurs 69,5 47 % 77,5 53 % 184,3 39% 290,5 61 %Petits Thonidés et 123,5 96% 5,2 4% 201,4 93% 14,7 7%ThazardsPoissons à rostre 1,1 Il % 8,7 89% 11,2 73 % 4,2 27 %

194,1 68 % 91,4 32% 396,9 56% 309,4 44%

Tableau 3 : évolutio~ (1980-1991) des captures (exprimées en milliers de tonnes) de thonidéset de pOIssons à rostre dans les pêcheries artisanales et industrielles de l'OcéanIndien.

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Figure 3: relation entre l'abondance d'un stock de poisson et l'effort de pêche

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Figure 4: exemple d'isoplèthes de production par recrue calculées par un modèle analytique.Cette figure montre que la production de la pêcherie donnée en exemple (env 100.000 tonnes)ne pourrait en aucune cas être augmentée par une réglementation visant à accroître la taille légaledes poissons capturés; seule un accroissement de l'effort de pêche (nombre de bateaux) seraitsusceptibel d'augmenter une production que le stock peut supporter

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Figure 6: évolution des débarquements et transbordements de thon au port d'Antsiranana

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LES ANTIPALUDIQUES DE LA MER

IREO ODY TAZO AVY AMIN'NY RANOMASINA

J.L.RAZANAMPARANY, V.O.ANDRlANASOLO, P.LABOUTE, R. JAMBOU,Y.RANARlVELO et D.CORTADEU..AS.

RESUME:

Pour la première fois à notre connais­sance, une activité antipaludique a étédécelée chez deux Invertébrés marins.

Ces deux Invertébrés, récoltés dans larégion de Nosy Be, sont originaux etencore indéterminés. Il ont été confiés auxspécialistes de leurs groupes zoologiques,qui n'ont pas encore rendu leur réponse.En attendant, ils sonl nommés SAMM 06et SAMM 12 : SAMM du nom duprogramme scientifique qui leur a valud'émerger (SUBSTANCES ACTIVESMARINES DE MADAGASCAR) ; 06 et12 parce qu'ils sont le 6ème et le 12èmedes 22 organismes marins chez lesquels aété recherchée une activité antipaludique.

Ces 22 Invertébrés, récoltés en plongéesous-marine, ont eux-mêmes été. sélec­tionnés d'après les critères biologiques etbib1iographiql}es.

L'activité antipaludique que nous avonsmise en évidence chez SAMM 06 etSAMM 12 est due, dans les deux cas, à unprincipe actif de nature protéinique, qui apu être purifié mais n'est pas encoreanalysé. C'est également la première fois,toujours à notre connaissance, qu'uneactivité antipaludique est rapportée desubstances protéiniques.

Cette activité antipaludique a été mise enévidence "in vivo" sur des souris delaboratoire infestées par Plasmodiumberghei, parasite murin, et "in vitro" surdes cultures de Plasmodium jalciparum,parasite humain. Son observation doit êtreaméliorée et confortée au fur et à mesureque nous progressons dans la connais­sance de la structure de la substance activeresponsable dans chacun des cas.

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FAMINTINANA :

Araky ny fahalalanay dia voalohany izaono nahitana fa misy hery miasa mandresyny tazo ao amin'ny bibikely tsy misytaolana (invertebrés) ao an-dranomasinaao.

Ireo bibikely roa ireo, izay nalaina taoamin'ny faritry Nosy Be, dia miavaka symbola tsy voafaritra. Natololra nymanampahaizana momban'ny biby izy ireomba ho sokajiana araka ny toerana misyazy nefa dia mbola tsy nahazoana valiny

. izany hatramin'izao. Eo ampiandrasanaizany dia nomena anarana hoe SAMM 06sy SAMM 12 izy ireo : ny SAMM diaanaran'ny fandaharan'asa nahitana nyfisian'izy ireo (5 ubstances A cti vesMarines de Madagascar); ny 06 sy 12 kosadia satria izy ireo no biby tsy misy taolanafaha-6 sy faha-12 amin'ireo biby an­dranomasina 22 nanaovan'ny fanda­haran'asa (SAMM) fùcarohana momban'nytazo.

lreo biby tsy misy laolana 22 ireo koa dianofidiana araka ny sokajy "biologiques" sy"bibliographiques" misy azy avy.

Ny asa manohitra ny tazo izay nasongadinaao amin'ny SAMM 06 sy SAMM 12 diavokatry ny toetra misy "protéine" ao aminyka azo nodiovina nefa kosa mbola tsyvoahadiady. Sambany koa, araky nyfahalalanay, no nahitana fa misy herymiasa amin'ny tazo avy amin'ny zavatramisy"protéine".

10 asa manohitra ny tazo natao fikarohanaio dia nasongadina tamin-javamananaina(in vivo) avy amin'ny alalan'ny totozymisy otrik'akeritana (parasite murin)"Plasmodium berghéi", ary ara­mpikarohana (in vitro) tamin'ny vo1yotrik'aretina (parasite humain)"Plasmodium falciparum". Mbola milafanatsarana sy fanoharana maro, arakarakyny faha1alana azo mom ba io hery miasamanohitra ny tazo io ny fandinihina tokonyatao.

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L'objeclif du programme SA MM(Substances Actives Marines deMadagascar) est de chercher des substancesantipaludiques à partir d'organismesmarins.

Pour réaliser ce programme, unaccord a été signé pour trois ans le 31 mai1991 entre le CNRO (Centre National deRecherches Océanographiques - Nosy Be)et l'üRSTüM.

En fonction de cet accord, l'inventairede la biodiversité marine, nécessaire à laconnaissance des organismes marinsétudiés, a été réalisée à Nosy Be.Cependant, les travaux biochimiques etpharmacologiques ont du être effectués àAntananarivo, dans les laboratoires del'Inslitut Pasteur de Madagascar ainsi quedans les laboratoires de Biochimie et deChimie des Produits Naturels de la Faculté .des Sciences.

V BIOUXIIE MARINE

Dans sa communication, remarquablementillustrée, P. Laboute a décrit le milieu marinde la région de Nosy Be et montré sarichesse en Invertébrés marins. Pour laplupart, ce~ organismes, inféodés au milieucorallien, ne sont pas encore décrits.

Chacun des organismes échantillonnés est.répertorié sur une fiche, est photographié"in situ" et est éventuellement mis encollection dans un liquide de conservationapproprié.

Parmi les 450 espèces récoltées depuisseptembre 1992, 22 ont fait l'objet derecherche d'activité antipaludique. Ces 22organismes marins ont été sélectionnésselon des critères de nouveauté etd'originalité zoologiques.

Les quantités récoltées pour l'étudepharmacochimique varient entre 0,3 et 3 kg.Les échantillons sont numérotés de 1 à 22puis dénommés selon un code - SAMM 01,SAMM 02, SAMM 03, etc - en attendantque leur détermination exacte soit donnéepar les spécialistes des groupes zoologiquesauxquels ils appartiennent

IIJ E1UDE PHARMACOCHIMIQUE

N EXTRACTION DES SUBSTANCESACTIVES

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Nous avons d'abord réalisé, à partir de ces22 organismes marins sélectionnés,l'extraction des substances actives. Nousavons utilisé deux méthodes d'extraction àfroid, par les solvants organiques d'unepart, et par l'eau d'autre part.

1/ EXTRACTION PAR LES SOLVANTSORGANIQUES

Le matériel animal décongelé est broyé.L'extraction est ensuite conduite selon laméthode classique, à savoir l'utilisation duméthanol à froid puis la méthode de partageliquide-liquide avec des solvantsorganiques: dichlorométhane, acétated'éthyle, et enfm n-butanol.

21 EXTRACTION AQUEUSE

Nous avons opté pour une simple extractionen milieu aqueux à froid, dans un rapportPlV =3/4.

Ce mode d'extraction ayant pu être réalisésur place à Nosy Be, les organismes marinsont été broyés frais (et non congelés) ; lebroyat est agité pendant 2 heures à 4°C puiscentrifugé. Le surnageant résultant, decoloration très foncée (orange ou brune),constitue l'extrait brut (E.B).

BI ESSAIS BIOLOOIQUES

1/ ESSAiS DE TOXICITÉ

Des tests de toxicité ont été effectués surtous les échantillons en administrant. en uneseule injection intrapéritonéale, 0,5 mld'extrait brut à des souris SWISS pesant 20+1- 2 g.

Les extraits organiques issus de SAMM 01,04, 05,06,09 et 12 ont été repris avec duDMSü 1%, puis testés biologiquement. ilsn'ont présenté aucune toxicité.

Trois extraits aqueux se sont montrétoxiques et ont provoqué la mort des sourisentre 4 et 24 heures. Il s'agit de SAMM 01,SAMM 06 et SAMM 12.

Nous rappelons que les extraits organiquesde ces trois mêmes échantillons n'avaientprésenté aucune toxicité.

21 ESSAIS ANTIPALUDIQUES

L'activité antipaludique a été testée "invivo" sur un lot de 20 souris SWISS selonle protocole suivant:

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- à JO, les souris sont inoculées par voieintraréritonéale avec Plasmodiumberghei (parasite murin) ; le taux deparasitémie est de 2 %.

- à JI, 0,25 ml d'extrait brut dilué au 1/4,ce qui constitue la dose non toxique,sont administrés aux souris "traitées" parvoie sous-cutanée.

Les extraits organiques toxiques n'ontrévélé aucune activité antipaludique "invivo".

Des extraits aqueux toxiques SAMM al,SAMM 06 et SAMM 12 testés "in vivo",seuls SAMM 06 et SAMM 12 sont actifssur Plasmodium beq~hei.

L'évolution des parasites a été suivie eneffectuant des frottis sanguins (méthodeMay Grunwald - Giemsa). Les témoinsmeurent entre 6 et 8 jours avec uneparasitémie de 8 %, tandis que les souristraitées résistent jusqu'à 21 jours avec uneparasitémie moyenne de 5,3 % (cf.tableau 1).

Les extraits organiques issus de SAMM al,06 et 12 n'avaient, nous le rappelons,présenté aucune toxicité.

Par la suite, nous avons délibérémentnégligé l'étude pharmacochimique desextraits autres que les extraits aqueux deSAMM 06 et de SAMM 12. Nous avonségalement cessé de récolter de nouveauxorganismes marins, préférant approfondirnotre étude plutôt que d'effectuer uncriblage d'activités superficiel. Notre choixa été déterminé autant par des facteursmatériels (temps et moyens disponibles)que par des critères scientifiques puisquenous avions en effet la chance insigned'avoir décelé une activité anti·paludique dans des extraits aqueuxd'Invertébrés marins encoreinconnus, toutes nouveautés remar·quables selon la bibliographie.

A ce jour, d'ailleurs, la déterminationzoologique des Invertébrés marins SAMM06 et SAMM 12 est toujours à l'étudeauprès des spécialistes. Nous savonsseulement à quel grand groupe appartientSAMM 12, et que SAMM 06 seraitprobablement un symbionte dont undes éléments appartiendrait au mêmegrand groupe que SAMM 12. Cedernier point est en lui-même d'un

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grand intérêt scientifique; il sembleexpliquer en partie les comportementspharmacochimiques parallèles de SAMM 12et de SAMM 06 et la sorte de "compétition"que nous avons pu noter entre ces deuxsubstances au cours de la puri1ication et desessais" in vitro".

Bien évidemment, compte tenu de lanouveauté et de l'intérêt potentiel de notrerecherche, nous considérons pour l'instantcomme confidentielles les rares indicationsque nous avons sur l'identité zoologiquedes Invertébrés SAMM 06 et SAMM 12.

C/ PURIFICATION

Nous avons voulu avoir une première idéede la nature chimique du principe actif desextraits aqueux de SAMM 06 et de SAMM12 en les soumettant à un traitementthermique: l'extrait brut est chauffé à 70°C

1 pendant 15 mn. Le précipité qui se formeest éliminé par centrifugation.

Le surnageant de couleur claire Uaune oubrun) n'est pas actif. Le principe actif estdonc un produit thennolabile.

D'autre part, comme les extraits alcooliquesde ces deux organismes n'ont révélé, on lesait. aucune toxicité, on peut en déduire queleurs principes actifs sont dénaturés par lessolvants organiques.

Pour situer approximativement la massemoléculaire de ces principes actifs, nousavons dialysé une partie aliquote de lasolution. Dans les deux cas, elle n'était pasdialysable. Les substances ont donc unemasse moléculaire élevée.

Partant de ces données, nous avons émisl'hypothèse de la nature protéique dessubstances actives antipaludiques extraitesde SAMM 06 et de SAMM 12. Leurpurification à été dirigée dans cette voie.

I) Dans une première étape, nous avonsprécipité les protéines au sulfated'ammonium à 100 % selon la méthode deWilliam. Le précipité obtenu est dissousdans l'eau, dialysé pendant 72 heures à4°C, puis concentré. Le concentrat, decouleur foncée, est toxique. Il constituel'extrait sulfate (E.S.).

2) Dans une deuxième étape, nous avonschoisi une méthode de fractionnementsuivant les charges en utilisant unéchangeur d'anions, le DE 52 (Whatman) :

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L'extrait sulfate est déposé sur cesupport préalablement équilibré avec dutampon tris-HCl 50 mM pH 7,6 ; deuxpics, A 1 et A2, pour SAMM 06, et un pic,BI, pour SAMM 12, correspondant à dessubstances non retenues par l'échangeur,apparaissent lors du lavage de la colonneavec le tampon précédent (cf. figure 1).

Les substances adsorbées sont éluées avecune solution NaCl 0,3 M dans le tampond'élution. Il en sort, pour l'une et l'autredes deux substances, un seul pic, dont lesfractions sont fortement colorées.

Toutefois, seuls les pics A l et BI sontactifs.

Par électrophorèse sur gel depolyacrylamide en milieu non dénaturant, àpH 4,2, ces deux pics sont encorehétérogènes.

3) Dans une troisième étape, les fractionscorrespondanl à A 1 et BI sont rassembléesséparément, dialysées contre du tamponphosphate 10 mM pH 8, puis concentrées.

Le concentrat est déposé S1Jr CM 52(échangeur de cations) : dans les deux cas,un seul pic apparait lors du lavage, le pic Cpour SAMM 06 et le pic D pour SAMM 12(cf. figure 2).

En effectu,ant une élution avec une solutionNaCI 0,3 M dans le tampon précédent, lesvaleurs de densité optique (0.0.)correspondant aux substances adsorbées nesont pas significatives. Les pics Cet 0 sontcependant actifs.

L'électrophorèse sur gel de polyacrylamidede C et de 0 ne révèle, dans les deux cas,qu'une seule bande.

A partir de ces résultats sur DE et CM, nouspouvons estimer que le pHi de cessubstances est situé entre 7,6 et 8.

4) Dans une quatrième étape, nous avonsvoulu vérifier l'homogénéité de ces deuxproduits en effectuant un fractionnementsuivant la masse.

Les pics C et 0 sont déposéssuccessivement sur Séphadex G-50.

Les profils d'élution par NaCI 9 % °montrent deux pics: El et E2 pour SAMM06 ; FI et F2 pour SAMM 12 (cf.figure 3).

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Seuls E2 et F2 sonl Loxiques.

L'électrophorèse sur gel de polyacrylarnideà pH 4,2 montre une scu le bande.

Après avoir déterminé le Vo de la colonneG-SO en utilisant le bleu dexlran 2000, nousavons constaté que la sortie de ces deuxfractions est située dans le domaine defractionnement du gel.

Compte tenu de ce résultat et de la propriéténon dialysable de ces deux produits, nouspouvons conclure que leur poidsmoléculaire se situerait entre 12 000 et 30000. Nous effecluerons ultérieurement uneélectrophorèse sur gel de polyacrylarnide enprésence de SOS et en utilisant desmarqueurs protéiques pour préciser le poidsmoléculaire de chaque substance.

La figure 4 montre les étapes successives dela purification des substances protéiquesactives de SAMM 06 et de SAMM 12.

0/ DOSAGE DES PROTÉINES

Nous avons dosé le taux de protéinescontenues dans les fractions actives selon laméthode de Lowry.

Au départ, SAMM 06 contient deux foisplus de protéines que SAMM 12.Au fur et à mesure de la purification, lesfractions issues de SAMM 12 contiennent àpeu près quatre fois plus de protéines quecelles issues de SAMM 06. En effectuant lerapport entre la quantité initiale de protéineset celle obtenue dans le produit fmal, onmontre que le principe actif de SAMM 06est purifié 131 fois, et celui de SAMM 12seulement 14 fois (tableau n02).

Les tests de toxicité ont montré que lafraction pure issue de SAMM 06 est plustoxique que celle issue de SAMM 12 : la DL50/24 heures est en effet de 3 mglkg pourSAMM 06 (fraction E2) et de 15 mglkgpour SAMM 12 (fraction F2).

Bien que nous ayions obtenu les produitspurs, nos tests antipaludiques "in vivo" et"in vitro" ont encore été réalisés sur lesfractions de la deuxième étape, c'est-à-direavec les fractions issues de la DE 52.

Fi ESSAlS "IN VIYO"

Les résultats obtenus sont synthétisés dansle tableau nO 1.

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F/ ESSAIS "lN YITRO"

Nous avons effectué les essais "in vitro"pour mettre en évidence la sensibilité dePlasmodium faJciparum, parasite humain,aux substances SAMM 06 et SAMM 12.

Le test permet de réduire les variations,dues à l'immunité, de la réponsemédicamenteuse "in vivo".

La culture de Plasmodium falciparum àpartir de sang prélevé chez un malade enaccès palustre est réalisée dans un milieuRPSH constitué par du RPMI et 10 % desérum humain.

Chacun des 96 puits de la microplaque àfond plat utilisée contient 700 III de mélangeRPSH - culot à 4 % d'hématocrite.

Les concentrations croissantes des fractionsactives de SAMM 06 et SAMM 12 issuesde la DE 52 sont introduites en triplicatedans les puits.

Trois puits servent de témoins.

La plaque sera ensuite mise en incubation à37°C, 5 % de C02 et 02.

On laisse les parasites exposés auxsubstances à tester pendant 24 heures, puis25 j..ll d'hypoxanthine tritiée sont introduitsdans chaque puits.

La plaque est incubée pendant 42 heures,puis la culture est arrêtée par congélationà - SO°C.

Après décongélation, les échantillons sontcollectés par filtration sur des petits disquesde papier filtre. Ces papiers filtres sontintroduits dans des flacons où ont été verséspréalablement 2 ml de liquide scintillant

L'hypoxanthine tritiée s'incorpore dans leDNA des parasites dont la maturation n'estpas inhibée avant de passer au comptage.

Une inhibition de la maturation desschizontes de la souche en culture estestimée par la diminution de l'incor­poration, dans leur DNA, de l'hypoxan­thine tritiée présente dans le milieu. T--esconcentrations inhibitrices sont calculées àpartir des concentrations croissantes dessubstances à tester (cf. figure 5).

On observe par ce procédé qu'uneinhibition de la maturation des schizontes dela souche en culture est produite par les

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86

substances SAMM 06 et SAMM 12 qui se[LXent sur les hématies parasitées.

CONCLUSION

Il nous reste encore à réaliser ladétennination de la CI 90.

Le test "in vitro" sera refait avec le produitpur.

Nos résultats actuels montrent que SAJvtM06 inhibe "in vitro" la maturation duPlasmodium falciparum à 57,11 % ;SAMM 12 inhibe "in vitro" le Plasmodiumfalciparum à 49,27 % (cf. tableau 3).

Au stade actuel de nos travaux, nouspouvons estimer que ces produits, que nousappelons par extension du même nom decode que leurs organismes marinsd'origine, SAMM 06 et SAMM 12, ont uneacti \lité antipaludique.

Or nous avons vu que le rapport rendementen substance protéique/activité "in vitro"s'inverse au cours de l'expérience, et quel'organisme le plus purifié contenant lemoins de protéines, SAMM 06, s'avèreplus actif "in vitro" que SAMM 12.

Nous devons donc dès lors considérer queles substances pures de nature protéiniqueSAMM 06 et SAMM 12 sont, malgré leurapparent parallélisme, de structuresdifférentes et que cette différence destructure crée la différence d'activité.

Il est essentiel, de notre point de vue, deréaliser, dès que possible et en parallèleavec la confirmation et l'étude approfondiede l'activité antipaludique, l'analyse et laséquence des acides aminés qui composentles substances protéiniques SAMM 06 etSAMM 12.

Nous ne pouvons que regretter quel'ORSTüM ait dû, faute "des compétencesrequises", se retirer du programme SAMM.Nous espérons que "la qualité (des)travaux" déjà réalisés, qui "n'est nullementremise en cause" et que l'équipe SAMMsurvivante entend bien faire progresser,retiendra l'attention de la communautéscientifique.

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Tabk-au n0 1

EVOLUTION DES FORMES PARASITAJRESAU COURS DU TRAITEMENT AVEC LES FRACTIONS ACTIVES

DE SAMM 06 ET SAMM 12*****

TÉMOINS <--- SOURIS ---> TRAJTÉES

(parasitémie 2%(frophozoïtes jeunes et âgés

JI JI idem(Microgamétocytes jeunes(Schizontes jeunes immatures

.(Hématies parasitées éclatée (Pas d'hématies éclatées(Microgamétocytes mâles mûrs {Prédominance de schizontes

17 (Trophozoïtes âgés 17(Schizontes jeunes immatures (frophozoïtes + polyparasitis(Parasitémie 8 % (Parasitémie 4,4 %

MORT DES SOURIS TÉMOINS(frophozoïtes + polyparasitis

J9 (Microgamétocytes mûrs(Schizontes immatures

(prédominance de schizontesJ11 (Microgamétocytes mâles jeu

-nes et mûrs(frophozoïtes + po1yparasitis

(Schizontes mûrsJ 12 (Schizontes en division

(frophozoïtes jeunes

(Schizontes jeunes et mûrsJ17 (frophozoïtes jeunes et âgés

(Macrogarnétocytes

(Prédominance de schizontesJ21 Geunes et immatures

(parasitémie 5,3 %

MORT DES SOURIS TRAITÉES

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Tableau nOZ

RENDEMENT PROTÉIQUE

fTAPES VOLUME PROTÉINES PROTÉINES % TAUX DE(ML) (MGIML) TOTALES PURlFICAnON

(MG)

SAMM06 16,25 1053,5 100 X 1E.S 65,2

SAMM 12 7,93 511 100 X 1SAMM06 0,18 Il,52 1,1 X 98

DE-52 64SAMM 12 0,68 4~,52 8,5 X 12SAMM06 0,13 8,32 0,80 X 126

CM-52 64SAMM 12 0,59 , 37,76 7,36 X 13,5SAMM06 0,125 8,0 0,76 X 131

G-50 64SAMM 12 0,58 37,12 7,26 X 14

Tableau nO 3

ESSAIS "IN VITRO"

INHIBmON DU PLASMODIUM FALCIPARUM PAR SAMM 06 ET SAMM 12

%PRODUIT DOSE (JlGIML) PARASITES % D'INHIBmON

VIVANTS

SAMM06 o(témoin) 100 °1,25.10-3 74,54 25,466,25.10- 3 69,32 30,68

62,50.10-3 56,18 43,82625,00.10-3 42,89 57,11

SAMM 12 a(témoin) 100 02,4.10-3 76,35 23,654,8.10-3 67,90 32,10

Il,5.10-3 65,35 34,6523,0.10-3 50,73 49,27

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HISTOIRE DES LACS ET PALEOCLIMATSA MADAGASCAR

Premiers résultats sur le lac Tritrivakely(massif de l'Ankaratra)

36 000 ans d'histoire hydroclimatique

NY FARIHY SY NY TANTARAN'NY TOETR'ANDROETO MADAGASIKARA

Françoise GASSELuc FERRY

RESUME: fAMINTINANA :

Après avoir souligné l'intérêt d'étudier lespaléoclimats dans le but de mieux gérerl'environnement futur, les premiersrésultats obtenus sur un sondage dequarante mètres effectué en 1992 dans unlac des Hautes Terres de Madagascar sontprésentés. Les lreize mètres supérieurs dece sondage révèlent 36 000 ans d'histoirehydroclimatique : Un lac peu profond semaintient entre :::;35 et 19 ka BP sous unclimat plus froid que l'actuel; le milieu est.proche de l'assèchement et peu productifentre:::; 19 et :::;15 ka BP ; un

réchauffement ample s'amorce dès z 14,5ka BP ; la tourbière actuelle s'installe vers4 ka BP.

/

94

Rehefa nove1abe1arina ny tombontsoa azotamin'ny fanadiadiana ny tantaran'nytoetr'andro rnba ahafahana rnitantanatsaratsara kokoa amin'ny ho avy ny tonto10iainana, dia naseho ny vokatra voalohanytamin'ny fanadiadiana ireo tany noloaranatao Tritrivakely 1 Betafo. Marihina famirefy 40 metatra ny halavan'izy io ary ny13 metatra no efa vita fanadiadiana syfandalinana, ka toy izao ny vokatra azo. 1013 metatra io dia mirakitra ny tantaran'nytoetr'andro nandritra ny 36 000 taona lasa(TL) teto Madagasikara, toa izao nofitrangany: Tritrivakely dia farihy tsy dialalina teo anelanelan'ny 35 000 sy 19 ()()()TL, ny toetr'andro tamin'izay fotoana izaydia mangatsiaka kokoa noho nyankehitriny ; saika ritra sy tsy namokatrafiry izy tao anelanelan'ny 19 000 sy 15000 TL ; nanomboka nafana tampokatamin'ny 14 000 TL ; ary ny "fompotra"misy ankehitriny dia niforona tamin'ny4000 TL.

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INTRODUCTION

L'étude du paléocl imat à Madagascar estconduite par le CNRSI, l'ORSTOM2 et leCNRE3 avec la collaboration de l'Obser­vatoire de Géophysique d'Antananarivo.Elle s'inscrit dans le cadre d'un programmescientifique sur la compréhension desfacteurs régissant les changements du climatde la planète, avec pour but in fine deprévoir son évolution future.

POURQUOI ETUDIER LESPALEOCLIMATS?

A l'époque où la préoccupation des grandsorganismes nationaux et internationaux estla gestion de l'environnement futur, on peuts'interroger sur l'intérêt de se pencher sur lepassé. La tendance au réchauffement globalobservée au cours du dernier siècle (environO,6°C) a été associée à l'accroissement, .dans l'atmosphère, de la teneur en gaz àeffets de serre d'origine anthropique. Lesteneurs en gaz carbonique (C02) et enméthane (CH4) se sont, en effet, élevéesd'environ 280 à 330 ppmv et de 0,8 à 1,4ppmv, respectivement (Jouzel et al., 1989).Une extrapolation sur les décennies futuresest alarmante, si l'on considère lesconséquences d'un réchauffement globalsur la fonte des glaces polaires, l'élévationdu niveau moyen de la mer, et les perturba­tions du cycle hydrologique à l'échelle de laPlanète. Prévoir l'impact de l'activité hu­maine sur l'environnement est un desobjectifs essentiels du Programme Interna­tional Géosphère-Biosphère (PIGB ouGlobal Change). Cette approche nécessite lamodélisation du système climatique àl'échelle de la planète.

Les variations climatiques provoquées parl'activité humaine ne font toutefois que sesurimposer à la variabilité naturelle duclimat. Les données géologiques, déduitesen particulier de l'étude des carottes

océaniques et des carottes de glacespolaires, montrent que la terre a subi, aucours de son histoire "récente" (quelquescentaines de milliers d'années), deschangements climatiques naturels d'ampli­tude considérable. Ainsi. en Antarctique, lateneur en C02 de l'air fossile piégé dans lesglaces sous forme de bulles a oscillé entre200 et 290 ppmv au cours des derniers 140000 ans (Jouzel et al., 1989). L'amplitudedes fluctuations thermiques, grossièrementparallèles, est d'environ 12°C, avec 2maxima vers 130 000 et après 10 000 ansavant l'actuel (périodes interglaciaires) et unminimum vers 21000 ans (DernierMaximum Glaciaire). Ces fluctuations àlong terme sont en large part attribuablesaux changements des paramètres orbitauxde la Terre qui varient de façon cyclique(cycle de 100 000 ans, 41 000 ans, 21000 ans, 19 000 ans) et modifient laposition de la Planète vis-à-vis du soleil.Les variations des paramètres orbitauxn'expliquent toutefois pas le caractèreasymétrique des fl uctuations climatiquesobservées, avec des phases de réchauf­fement extrêmement rapides contrastantavec le retour lent, et non linéaire auxconditions glaciaires.

Les mécanismes régissant les changementsclimatiques naturels sont loin d'êtretotalement élucidés. De plus, le seul moyende tester la validité des modèles climatiquesest de réaliser des expériences de simulationpour des périodes du passé très différentesde l'Actuel. Les paléodonnées sont encoreinsuffisantes, en particulier sur lescontinents, pour tester solidement cesmodèles. Prévoir le climat et l'environ­nement du futur exige donc l'étude dupassé. C'est pourquoi l'un des volets duprogramme PIGB (Global Change ­PAGES) se focalise sur les paléoclimats.

ICNRS : Centre National de la Recherche Scientifique (GDR 970)Laboratoire d'Hydrologie et de Géochimie Isotopique. Universilé Paris-Sud.Laboratoire de Géodynamique et Planétologie, Universilé Paris-Sud,Centre des Faibles Radioactivités, Gif-sur-Yvelte,Laboratoire de Géologie du Quaternaire, MarseilleLaboratoire de Pétrologie organique, Université d'Orléans.

20RSTOM: Institut Français de Recherche Scientifique pour le Développement en Coopération. Département desEaux Continentales,

3CNRE : Centre National de Recherche sur l'Environnement, Antananarivo (Madagascar).

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PREMIERS RESULTATS36 000 ANS D'HISTOIRE HYDROCLIMATIQUE DU LAC TRITRIVAKELY

DANS LE MASSIF DE L'ANKARATRA

Les premiers résultats de l'étude de foragesréalisés en 1992, à la suite d'une campagnede prospection géophysique, dans un lac decratère des Hautes Terres de Madagascarsont rapportés ci-après.

LE MILIEU ACTUEL

Tritrivakely (19°47'S, 46°55'E, 1760 m) sesitue au sud du massif de l'Ankaratra,constitué de dômes et de coulées volca­niques pliocènes et quaternaires recouvrantun socle ancien métamorphisé (Bésairie,1946). La région est soumise à un climattropical d'altitude (précipitation moyenneannuelle: 1500 mm/an ; températureannuelle moyenne : 16°C), avec un étéchaud et pluvieux et un hiver frais et sec(Chaperon et al., 1993). Le lac Tritrivakelyoccupe un maar (cratère d'explosion)d'environ 600 m de diamètre et 1()() m deprofondeur. Le fond du cratère estaujourd'hui occupé par un marécage àCyperus et Juncus (zozoro), sans exutoirede surface. Les eaux sont peu minéralisées(conductivité électrique: 20,6 (S cm-l),légèrement acides (pH = 5,5), et affichentune activité I04C de 98,14::1,75%, soit un"age apparent" d'environ 1000 ans (Table).

Les résul tats relatifs aux 13 m su périeursd'une séquence lacustre et palustre continuede 40 m d'épaisseur sont résumés ci-après.

Les faciès dominants sont (fig. la) :

- des tourbes à Cypéracées,- des vases organo-argileuses à lamina-

tions grossières (5-20 mm) ou milli­métriques,

- des vases argileuses homogènes,- quelques lits de sable,- des tephras (projections volcaniques),

dont un niveau in situ à Il,70 mtémoigne d'une éruption très proche.

METHODE D'ETUDE

La chronologie s'appuie sur 14 âges radio­carbone (figs. 2a-l b ; Table). Les âgesobtenus, entre 0 et 4,6 m et à la base dusondage, sur fragments de feuilles deCypéracées sont validés par l'activité 14Cde l'échantillon sommital (113,5%) quitraduit l'équilibre avec le C02 post­nucléaire. Les âges mesurés sur matière

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organique totale entre 5,5 el 9,0 m (Table)peuvent être vieillis par la présence departicules organiques détritiques.

Les propriétés magnétiques des sédiments,analysées tous les centimètres ou tous les5 cm (fig. 2d-e) expriment des change­ments drastiques de la concentration engrains de titanomagnétite détritique.

Les analyses granulométriques (fig. 2c) etpaléobiologiques (figs. 3c-e) sont réaliséestous les 10 cm. La fraction minérale fine«40 \-lm) des dépôts est principalementconstituée d'allophanes (argiles mal cristal­lisées) parfois associées à de la vivianite(phosphate de fer). La fraction >40 J-lm est

• dominée soit par des matériaux détritiquessouvent éolisés, soit par de la sidérite(carbonate de fer), minéral authigèneabondant au-delà de 6 m et reflétant unmilieu de sédimentation réducteur (Berner,1971).

La teneur en carbone organique total (COnet l'indice d'hydrogène, IH (mg HC/geÛT), obtenus par pyrolyse Rock-Eval(fig. 3 a, b) sont contrôlés par la productionlacustre primaire, l'apport en matérielorganique détritique, et les processus dedégradation syn- et post-sédimentaire de lamatière organique.

L'analyse des diatomées pennet d'observerdeux principaux types d'assemblagesdominés respectivement par :

1) des espèces acidophiles, pour beaucoupaérophiles (Pinnularia spp., Eunotiaspp.) observées dans le marécage actuel(fig. 2c) ;

2) des épiphytes (Cymbella silesiaca,Gomphonema gacile), et/ou des espècesvivant en eau libre (Fragilaria spp.,Auloacosira spp.) reflétant un milieulacustre aux eaux neutres et plus richesen éléments nutritifs qu'aujourd'hui.

Les pollens sont abondants sur l'ensembledu profil. Les plantes terrestres sont prin­cipalement représentées, entre 13 et 4 m deprofondeur, par des Ericacées qui carac­térisent aujourd'hui des zones d'altitude>2000 m (fig. 2e), et, au-dessous de 4 m,par des Graminées qui indiquent l'instal­lation d'une savane ou d'une savane boisée.

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RESULTATS

L'intervalle 13,0 - 12,5 m (-36 ka BP).

Les valeurs élevées du CûT et de IHrerJètent une forte productivité biologiquedans un marécage à fond réducteur. Lesfaibles valeurs des paramètres magnétiquesi ndiq uent que les particules détri tiq uesruisselées ne parviennent pas au point dusondage, sans doute filtrées par uneceinture de végétation. Les rares grainsdétritiques, relativement grossiers, sontattribuables à des apports éoliens depuis lesarènes granitiques proches. Les diatoméesenregistrent un milieu subaérien. Le lac est,hydrologiquement, voisin de son état actuelmais l'abondance des Ericacées témoignentd'un climat plus froid.

L'intervalle 12,5·4,7 ID (-36-20 ka BP)

Un épisode lacustre complexe est représentépar des vases brunes à vitesse moyenne desédimentation (vms) relativement élevée(fig. 2b). Entre 12,5 - 12,0 m, la mise enplace d'un lac peu profond se manifeste parle développement des pollens de plantesaquatiques, puis des diatomées d'eau libreassociées à des épiphytes. Les faciès la·minés apparaissenL La teneur en CûT chuteet se stabilise autour de 10%. Entre 12 m et6 m, les valeurs des paramètres magné­tiques, généralement fortes mais fluc­tuantes, témoignent de l'importance desapports détritiques fins par lessivage dubassin versant (hormis le pic à Il,7 mcorrespondant à un niveau de tephra). Ladécroissance de IH traduit l'augmentationde la teneur en matière organique oxydée.Cette évolution n'est pas linéaire : lespulsations de IH centrées sur Il,5 - 10,5m et 9,5 - 8 m, grossièrement synchronesdes teneurs maximales en diatomées,traduiraient des phases à forte productivitéalgaire en milieu franchement lacustre. Leretour à des conditions palustres oxydantesest ensuite enregistré par les diatoméesaérophiles et la diminution de IH. La florepollinique terrestre est toujours dominée parles Ericacées.

L'intervalle 4,7 - 3,0 m (-19-4 ka BP)

Plusieurs niveaux de sable oxydé entre 4,6et 3,6 m ainsi qu'une vms très réduite (fig.2b) suggèrent de brèves phases d'assè­chement. Pendant le dernier maximumglaciaire (4,7 - 4,1 m), la production biolo-

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gique est extrêmement faible avec des va­leurs de CûT et IH minimales, une quasi­absence des diatomées et des plantes aqua­tiques. Les conditions favorables à la vieaquatique s'installent de nouveau dès 15 kaBP (4,0 m). Les fragments de charbon debois, témoignant d'incendies fréquents,sont abondants dans les sédiments. Ledéclin, en deux étapes, des Ericacées,marque le fin des conditions thermiques dudernier épisode glaciaire. La colonisationdes pentes par les graminées ralentit le tauxd'érosion, et la ceinture de Cypéracées filtreles particules détritiques grossières, expli­quant le maintient d'une vms faible.

L'intervalle 3,0-0,0 m (-4-0 ka BP)

L'Holocène supérieur correspond à l'accu­mulation d'une tourbe dont les paramètressédimentologiques et magnétiques sontvoisins de ceux de la base de la carotte. Unerecrudescence des Elicacées, attribuée à unrefroidissement, est à noter vers 3,5-3,0 kaBP avant la mise en place des conditionsactuelles.

CONCLUSION

Les résultats obtenus à ce jour, bien quepréliminaires, permettent néanmoins dedégager quelques conclusions sur l'histoireclimatique de la région.

Le lac Tritrivakely a enregistré environ 36000 ans d'histoire sur les 13 m supérieursde sédiments. Compte tenu de la compo­sition des sédiments en profondeur, on esten droit d'attendre des 40 m carottés àTritrivakely un enregistrement continu dupremier cycle climatique, soit environ

130 000 ans. Le dernier maximumglaciaire et la dernière déglaciation sontreprésentés, bien que très condensés enstratigraphie.

Signalons que l'étude pollinique ne révèlepas l'existence de grandes forêts naturellessur la région pendant la période étudiée.L'abondance des fragments de charbon debois dans les sédiments témoignent d'incen­dies naturels bien avant l'installation del'Homme sur l'île. Enfin, notons que cetteétude a permis de dater une éruptionvolcanique proche à environ 35 000 ansBP.

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Echantillon Profondeur Analyse Matériel Activité 14C Age 14c ô13C(cm) N°LHG (%) (ans BP) (%oPDB)

LTI 15 H616 Macrophytes 113,47(Ll,97%) Moderne -LT2J5 140 H667 Macrophytes 70,24(L0,69%) 2840 ±60 -26,00LT4 305 H618 Macrophytes 58,25(Ll,06%) 4340 ±90 -24,80LT4I5 340 H669 Macrophytes 45,69(Ll,57%) 6290 ±110 -22,80LT4 (40) 350 H711 Macrophytes 34,87(Ll,58%) 8460 ±130 -21,11LT4 (69) 379 H712 Macrophytes 10,46(L2,08%) 12750 ±170 -18,83LT5 (19) 412 H710 Macrophytes 15,32(L2,13%) 15070 ±170 -18,06LT5/8 463 H670 Macrophytes 9,15(L2,28%) 19210 ±180 -16,70LT6 550 H624 T.G.M. 5,04(L4,07%) 24010 ±330 -19,90LT8 732 H650 T.O.M. 2,95(L6,46%) 28290 ±500 -21,90LTIO 904 H626 T.O.M. 1,34(±12,32%) 34630 ±990 -10,40LT12 1034 H628 T.O.M. 0,47(±34,20%) [43100 ±27oo] -21,00LT14 1165 H619 T.O.M. 1,33(±12,22%) 34720 ±980 -24,50LT16 1300 H617 Macroph)'tes 1,1 0(±14,97%) 36200 +1200 -25,70

(LHGI : Laboratoire d'Hydrologie et de Géochimie Isotopique. ORSAy ; T.O.M.: Matière Organique Total)

Table: Chronologie radiocarbone de la carotte LT II (13 m ; janvier 1992)du lac Tritrivakely

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Fig. 1: Coupe schématique ducratère de TritIivakely

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AImantation InduI1eà aaturamn.

1500 500 eoo eoo 1100 1100100 1000

Sosceptlbllltémagnétique

100 1000

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1200

100299OtSO 'fITe - 0,66

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Fig.2. Quelques propriétés sédimentologiques et magnétiques des sédiments deTritrrvakely : a) log stratigraphique simplifié; b) âges 14C vs profondeur; c)susceptibilité magnétique; d) aimantation induite à saturation.

Ages raDIOCarbone(a1sElP)

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Fig. 3. Quelques caractéristiques paléobiologiques de la séquence de Tritrivakely :a) Carbone Organique Total (COn; b) Indice d'Hydrogène (IH) ; c) teneursen diatomées; d) fréquences relatives des diatomées acidophiles et aérophi­les; e) pollens d'origine terrestre: pourcentage des Ericacées.

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REFERENCES

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LES TRANSFORMATIONS DES POPULATIONS RURALES DEL'ENSEMBLE MERIDIONAL DE MADAGASCAR:

LES APPLICATIONS DE LA RECHERCHE ANTHROPOLOGIQUEFONDAMENTALE AU DÉVELOPPEMENT RURAL.

NY FIOVAM-PIAINAN'NY MPONINA AMIN'NY FARITRAATSIMO ANDREFAN'I MADAGASIKARA : FAMPIHARANA NY

FANDALINANA NY FIAIMPIAIAN'NY OLOMBELONANATAO HO AMIN'NY FAMPANDROSOANA.

Emmanuel FAUROUX

RESUME:

Le comportement des populations ruralesde la région obéit à un certain nombre degrandes cohérences qui se sont formées aucours de l'histoire. Ces cohérences necorrespondent pas toujours à celles quisont retenues dans les projets dedéveloppemenl

Elle ne signifient cependant pasimmobilismes. En effet, les sociétésrurales élaborent des stratégies. parfoiscomplexes, pour s'adapter aux nouvellesconditions imposées par lestransformations du milieux ou par deschangements d'ordre politique. Laconnaissance de ces stratégies devrait êtrel'une des lâches essentielles del'anthropologie.

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FAMINTINANA :

Ny fihetsikin'ny mponina eo amin'nyfaritra iray misy azy dia manaraka nyfomba sasantsasany hateraky nyfifampikasohana be mitranga mandritry nytantaram-piainany. Izany fombafifampikasohana izany anefa diamandrakariva tsy mifanaraka amin'izayvina vina noheverina ho amin'nyfampandrosoana.

Tsy nampiraviravy tanana ny mponinaanefa izany fa kosa nandrisika azy ireoampiasa tetika maro mba hahafahanymandrindra ny tïainany amin'ireo fombavaovao hateraky ny tïovana samy hafa naara-pitantanana izany na ara-politika.

Ny fahalalana ireo tetika maro samy hafaireo no tokony ho vaindohan­draharahan'ny fandalinana nyfiaimpiainan'ny olombelona(anthropologie).

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Toutes les sociétés se transforment, mêmeles plus traditionnelles, même celles quiparaissent les pl us allachécs aux valeurs dupassé.

A partir de 1985, l'Equipe de RechercheAssociée eN RE 1 ORSTüM de Tuléar(ERA) s'est donné pour objectif de décrireet de comprendre, en utilisant les méthodesde l'Anthropologie au sens large(synonyme, ici, de Sciences Humaines) lestransformations de longue période subiespar les sociétés rurales et l'ensembleméridional de Madagascar.

Cette vaste région correspond à peu près àl'ancien Faritany de Tuléar moins leFivondronana de Fort-Dauphin. C'est unensemble très vaste, mais culturellementhomogène. Malgré de nombreusesdifférences locales, on y trouve une réelleunité économique et culturelle. Les groupesautochtones y présentent d'impor-tantstraits communs. En particulier, ils accordenttous une place centrale au boeuf dans leursac ti vi tés et d ans les processusd'accumulation, ainsi que dans les rituels decommunications avec les ancêtres. Cesrituels sont marqués par des cérémoniesostentatoires où les lignages s'affrontentdans une compétition pour le prestige dontles vainqueurs conquièrent aussi le pouvoiret le richesse au niveau local.

Mais, il est devenu rapidement clair, pourles chercheurs de l'Equipe, que laconnaissance de ces transformations surlongue période, qui est du domaine de larecherche fondamentale, avait nécessai­rement des applications importantes dans ledomaine du développement rural.

Les travaux de l'ERA ont pu montrer, à lafaveur de nombreuses applicationsconcrètes, que les résultats de la recherchefondamentale étaient parfaüement et immé­diatement applicables dans la pratique dudéveloppement.

De façon plus originale, ces travaux ontmontré, enfin, que recherche fondamentaleet recherche appliquée pouvaient êtreconsidérées comme constituant les deuxphases d'un seul processus deconnaissance.

Il est évidemment impossible, ici, deprésenter un résumé exhaustif del'ensemble de ces travaux. Nous voudrions

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seulement souligner quelques acquisgénéraux portant sur les trois domainesdans lesquels les travaux ont conduit auxavancées les plus significatives:

la description et l'analyse des transfor­mations sur longue péliode,

les applications au développement,

J'intégration des recherches fondamen­tale et appliquée dans un processusunique de connaissance.

(1). Les transformations de longuedurée les acquis de larecherche.

Quelques conclusions solidement étayéesressortent nettement de l'ensemble destravaux réalisés par l'ERA depuis 1985

1) Sur longue période, les transformationsdes sociétés étudiées obéissent à deslogiques, à des régularités qui ne sontpas toujours perceptibles dans le courtterme. Par contre, il apparaît possible, aposteriori, de reconstituer lesprincipaux éléments de ces logiques etde ces régularités.

En fait, au niveau d'une unité locale debase, les mêmes causes tendent àproduire à peu près les même effets tantque certaines conditions restentconstantes. Lorsque ces conditionschangent, on peut identifier des seuils.En-deçà de ces seuils, les effets déjàobservés se produisent encore. Au­delà, ils ne se produisent plus, ou seproduisent avec des modificationssignifieati ves.

Par exemple, dans les villages sakalavadu Menabe, tous les nouveaux arrivantsqui en faisaient la demande dans lesrègles traditionnelles étaient facilementintégrés, même lorsqu'ils pratiquaientun système de production différent (lariziculture irrigués, par exemple, dansune région vouée à l'élevage extensifdes boeufs). L'intégration s'opéraitselon des modalités diverses maisaboutissait toujours à un renforcementdu potentiel productif local basé sur ladifférenciation des activités. A partird'un certain taux d'occupation del'espace, qui a été atteint dans les

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années quatre-vingts, la tendance s'estinversée. Les nouveaux arrivants ontcommencé à être mal accueillis, lacomplémentarité des systèmes deproduction a fait place à une situation deconcurrence et les relationsinterethniques, autrefois hannonieuses,ont commencé à devenir conflictuelles.

De même, les vols de boeufs onttoujours existé et constituent l'un desrouages du fonctionnement "normal" dusystème pastoral extensif tant qu'ilsrestent à un niveau modéré. D'une part,ils favorisent certaines formesd'accumulation, profondément ancréesdans la culture locale. D'autre part, ilsmaintiennent dans la précarité toute unecatégorie sociale de gens menacés par lapauvreté qui, pour se protéger contreles voleurs, ou pour ne pas restermisérables après avoir été volés,deviennent les "cüents" des mpanarivo,des riches propriétaire de boeufs. Mais,lorsque l'insécurité s'aggrave au-delàde certains seuils, comme ce fut le casau début des années quatre-vingts, lesystème s'affole et tend àl'autodestruction : les mpanarivos'appauvrissent eux aussi et n'ont plusles moyens de st.curiser la micro-sociétéqui les entoure.

2) Contrairement aux idées reçues quiparaissent trop souvent animer lesopérations de développement, lapopulation rurale n'est pas homogène.Elle n'est pas composée d'une seulecatégorie d'agents entièrementsubstituables les uns aux autres. Denom breux clivages séparent lesindividus. En se combinant, cesclivages pennettent de détenniner descatégories d'agents qui mettent enoeuvre des stratégies différentes pourvivre, se reproduire socialement etassurer leur prospérité. L'interaction deces stratégies au niveau micro-localdébouche sur des types decomportements bien différenciés.

Ainsi, les transformations de longuepériode ne sont pas la somme demouvements simples dans une mêmedirection, mais la résultante de forcess'exerçant dans des directionsdifférentes à partir des décisions prisespar un petit nombre de catégories

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d'agents, en vue de réaliser desstratégies souvent contradictoires.

Les clivages séparant les individus cnLrceux sont nombreux, trop nombreuxpour être énumérés ici: Ils portcntnotamment sur l'appartenance ethnique,sur le statut de tampon-tany (originaire)ou d'arrivant plus ou moins récent, surl'appartenance lignagère ... Au seind'un même lignagc, les lignées sonthiérarchisées en fonction de la placegénéalogique des ancêtrcs respectifs.Au sein des lignées, le rang social desindividus dépend de l'âge, du sexe...Enfin, la richesse et, surtout, sonexpression en boeufs, hiérarchisent lesgroupes et les individus.

Dans cette société extrêmementhiérarchisée et stratifiée, où n'existentpas deux personnes ni deux groupesayant exactement le même statut, onpeut, au prix de quelquessimplifications, regrouper les "agents"en un petit nombre de catégories,chaque catégorie étant caractérisée pardes stratégies et des comportements àpeu près comparables.

Les critères de catégorisation retenuspar l'ERA portent d'abord sur lessystèmes de production mis en oeuvre,ensuite sur la place occupée par l'agentdans ce système. En simplifiant àl'extrême, on aurait, dans la région,trois grands types de systèmes deproduction:

le système localement dominant alliel'élevage extensif et la riziculture avecprédominance, tantôt de la rizicultureirriguée ;

un système allie l'élevage aux culturessèches : il concerne surtout lesmigrants Tandroy et Mahafaly ;

plusieurs systèmes n'accordentqu'une importance nulle ou faible àl'élevage bovin: il s'agit des pêcheursde mer Vezo, de quelques riziculteurspurs (Betsileo et, parfois, Antesaka),d'agriculteurs des périphériesurbaines - où l'élevage n'a pas saplace - et de groupes marginaux, telsles chasseurs-cueilleurs Mikea ou lesVazimba Bôsy du Bemaraha.

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Dans les deux premiers types desystèmes de production, on peutdistinguer:

les détenteurs du pouvoir local(économique et social, plutôtstrictement politique) ; parmi eux, lesmpanarivo, (assez riches pour fournirdes boeufs à ceux qui n'en ont paspour leurs cérémonies lignagères,sous forme de vente, de prêts ou dedons), divers notables locaux, lesgrands ombiasy ... ;

les "pauvres", qui ont besoin des'adresser à des mpanarivo pourremplir leurs devoirs cérémoniels etqui, pour ce faire, tendent à rentrerdans leurs réseaux de clientèle;

les éléments à peu près autonomes quis'en sortent tant bien que mal, qui nesont ni riches, ni pauvres; quelquesuns d'entre eux parviendront àémerger pour devenir peut être lesmpanarivo de demain, mais la plupartretomberont parmi les "pauvres" encas de difficultés (mauvaise récolte,troupeau volé, ... ) ;

Pour ne. pas compliquer le schéma,nous laissons ici de côté les catégoriesd'agents des systèmes de productionsans élevage qui fonctionnent sur desmodèles différents.

3) Nous entendons ici par "dynamiquespontanée" l'ensemble des transfor­mations qui résultent de l'interactiondes stratégies et des comportements desdiverses catégories d'agents intervenantau niveau micro-local.

La connaissance de ces dynamiquesspontanées permet de présenter deshypothèses fines et solidement étayéessur le comportement futur des diversescatégories d'agents micro-locaux.

Pour ne donner qu'un exemple, lesEquipes ERA ont suivi, sur longuepériode, le comportement de plusieursmpanarivo dans des conditions souventtrès différentes. A la longue, on aboutitpourtant à l'idée que, malgré desdifférences de circonstances, de lieu ... ,les comportements des mpanarivotypiques obéissent à un certain nombrede constantes que l'on retrouve un peu

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partout : relative clandestinité desactivités, tendance à la multiplicité desrésidences, utilisation de la polygamiepour placer des épouses et des lignagesalliés en divers lieux stratégiques,tendance à l'hégémonie micro-locale quiimplique des stratégies cohérentes envue d'éliminer les rivaux locaux,techniques quasi-uniformes de gestiondes réseaux de clientèle...

De même, la plupart des paysans "niriches, ni pauvres",deviennentsouvent"pauvres" par un cheminementidentique dont la clé réside princi­palement dans un endettement imposépar la nécessité de réaliser correctementles cérémonies lignagères.

Les possibilités d'application de cesrésultats au développement régionalsont nombreuses.

(II). Les applications audéveloppement.

Une idée nai"ve semble animer beaucoup deprojets de développement. On suppose queles innovations proposées sont reçues pource qu'elles sont vraiment, pour leur valeurobjective, par un milieu homogène danslequel les paysans constituent une massehomogène et indifférenciée. On considèrealors que la diffusion de l'innovation poseseulement un problème d'éducation et depersuasion. On attribuera l'échec éventuel àun problème de "mentalités", à l'atta­chement malencontreux que les genséprouvent à l'égard de leurs ancienneshabitudes.

Les suivis d'opérations réalisés par deséquipes de l'ERA depuis 1985 suggèrent,que cette idée est largement fausse.

Le succès ou l'échec d'une interventiondépend essentiellement de la façon dont eUeest récupérée dans les stratégies des agentslocaux et, en particulier, dans les stratégiesmises en oeuvre par les vrais détenteurs dupouvoir local. Ces derniers ne sont pastoujours apparents, les mpanarivo étant,dans l'Ouest et le Sud-Ouest, despersonnages essentiellement discrets. Enfait, toute "opération", qui cherche àintervenir sur une réalité locale, touteinnovation introduite de l'extérieur estréinterprétée. réutilisée et, finalement,biaisée, par les diverses catégories d'agents

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qui s'affrontent à ce niveau pour fairetriompher leurs stratégies.

En particulier, si les détenteurs du pouvoirlocal sont hostiles à l'innovation parcequ'ils pensent qu'elle est contraire à leursintérêts, ils utiliseront tous les moyens queleur donne la maîtrise de leurs réseaux declientèle pour la faire échouer. Ces moyenssont aussi efficaces que discrets.

S'ils y trouvent un intérêt direct,l'innovation a des chances d'avoir dessuites positives, mais dans des conditionsconcrètes que n'avaient probablement pasenvisagées les promoteurs du projet. Cedernier est alors souvent détourné de sesobjectifs initiaux au profit d'une petiteminorité.

Dans le cas le plus général, les innovationsproposées obéissent à des objectifshumanitaires; la terre à ceux qui la cultivent,le progrès pour tous, éliminer les prélè­vements parasitaires sur les réseaux decommercialisation... Elles ont souvent pourobjectif de s'attaquer plus ou moinsdirectement à certains privilèges. Lesprivilégies ne se laissent pas dépouiUer sansrésistance. D'où, souvent, des difficultésinextricables - et,à peu près inintelligibles del'extérieur qui assaillent, en fait, ces projetset les étouffent progressivement, sans quel'on puisse diagnostiquer correctement cequi se passe vraiment, car les vrais ennemisdu projet avancent masqués.

La recherche anthropologique a, bienévidemment, un rôle essentiel à jouer danscette situation qui compromet les chances desuccès de toutes les opérations entreprisessans une connaissance approfondie desclivages internes qui structurent lespopulations-cible.

En particulier:

1) Elle doit pouvoir faire apparaîtreclairement l'écart existant d'embléeentre les logiques qui sous-tendent lesinnovations proposées et les logiquespaysannes locales concrètes. Contrai­rement aux idées reçues, les logiquespaysannes se sont souvent révélées, àla lueur des travaux de l'ERA, commeplus massivement cohérentes que leslogiques des "développeurs". En effet,les objectifs des opérations successivesse contredisent fréquemment et oublient

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les aspects parfois positifs et hienadaptés aux situations locales despratiques autochton~s. Il n'cst à peuprès jamais tenu compte des leçons dupassé. de sorte que les mêmes erreurssont renouvelées à J'infini malgré lescepticisme des populations localesqui, elles, n'ont pas oublié. Le suivides réalisations n'est pas assurédurablement, et l'hyperactivisme desopérateurs alterne avec de longuesphases d'abandon.

2) La recherche anthropologique doitpouvoir identifier les principales caté­gories d'agents qui sont en présence ausein de la population-cible et élaborerdes hypothèses précises sur le com­portemen t de chacune de cescatégories. il convient en particuüer, detenter de prévoir quelles devraient êtreleurs réactions "normales" dans lecadre de la logique paysanne préa­lablemen t identifiée face aux inno­vations proposées. Il ne s'agit pas là devéritables prévisions, mais seulementd'une fourchette de scénarios vraisem­blables toutes choses égales d'ailleurs.

3) La recherche anthropologique, enfin,doit pouvoir proposer un suivirigoureux des opérations en cours deréalisation. Ce suivi ne devrait pas seborner à des constatations d'ordrequantitatif, mais devrait apprécier aussil'impact qualitatif du projet sur chacunedes catégories d'agents. il conviendraitaussi d'évaluer avec précision leséventuelles transformations subies parles stratégies des diverses catégoriesd'agents locaux au contact desnouvelles données imposées par lapénétration de l'innovation.

(III). Recherches fondamentale etappliquée comme deuxphases distinctes d'un mêmeprocessus de connaissance.

A la lueur des travaux de l'ERA, il apparaîtarbitraire et contre-nature de séparerradicalement - comme on le faitgénéralement - la recherche fondamentale deses applications les plus immédiates. Enfait, il est claire que les deux démarchessont strictement complémentaires etqu'aucune ne peut fonctionner con'ectementsans l'apport de l'autre.

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1) La contradiction la plus grave, entre cequi devrait constituer les deux branchesd'un même processus de connaissance,vient d'un problème de méthode. Larecherche fondamentale ne peut éviterd'être très longue ; la rechercheappliquée est tenue, notamment pourdes contraintes budgétaires, d'être trèscourte.

La mise en lumière des dynamiquesspontanées différenciées par catégoriesd'agents ne peut se faire en effet, qu'auprix d'un effort de recherche long,beaucoup trop long, en tous cas, pourles besoins d'une "application" qui, aumieux, s'accorde quelques mois (plussouvent, quelques semaines) pour les"études socio-économiquespréalables". Il est radicalementimpossible dans un délai aussi court,même pour des enquêteurs-chercheurstrès expérimentés et de grand talent, dedécouvrir les clivages fins, lesstratégies cachées, les réseauxinavoués d'alliances sur lesquelsreposent les dynamiques spontanéesconcrètes.

Le problème, par contre, ne se posepas dans les mêmes termes si l'étudeappliquée intervient dans une région oùdes études fondamentales ont déjàlargement balisé le terrain. Les travauxde l'ERA, accomplis dans desconditions "fondamentales" longuesentre 1985 et 1993, ont pris tout letemps qui leur était nécessaire pourétablir des typologies de dynamiquesspontanées intégrant, en principe, tousles cas observables dans la région. Ildevient alors possible, après quelquesjours sur le terrain dans un contexte"appliqué", d'adapter, de préciser, denuancer le modèle général en fonctionde la situation concrète du lieu prévupour l'intervention. La rapidité del'enquête n'implique plus, alors,obligatoirement une approche super­ficielle.

En intervenant après des étudesfondamentales réalisées dans de bonnesconditions de scientificité, lesrecherches appliquées peuvent, malgréleur relative rapidité, s'entourer deréelles garanties de sérieux.

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2) Les résultats des recherches appliquéeseffectuées dans ces conditions sontdirectement intégrables dans le corpusde données de telTain qui alimentent larétlexion "fondamentale".

Les modèles de comportementdéterminés par la recherchefondamentale ne constituent, en aucuncas, des résultats définitifs.

D'une p\U1, en effet, ils sont imparfaits,incomplets, peut-être partiellementinexacts car les paramètres quiinterviennent dans les phénomènessociaux les plus simples sont d'uneextrême complexité. Ils ne constituentet ne constitueront toujours que desesquisses constamment susceptiblesd'être améliorées, précisées ... Lesinformations inédites obtenues grâce àla nouvelle étude appliquée permettrontde vérifier, d'infirmer ou, simplement,de nuancer, les modèles decomportement attribués aux diversacteurs micro-locaux.

D'autre part, la réalité ne cesse de setransformer et elle aura, nécessairementévolué lors de la nouvelle étude quiintervient quelques temps après lesétudes fondamentales. Dans desconditions "normales", horsintervention extérieure, le changementsocial se produit avec une lenteur quiconstitue un obstacle majeur pourl'observateur des transformationssociales. Dans le cadre d'une"opération", par contre, les chosesvont parfois très vite et le modèle initialpeut subir des modifications rapides.L'arrivée plus ou moins inopinée del'innovation provoque un ensembled'adaptations, des réactions, detensions, qui débouchent quelquefoissur une situation de crise. Il convient àl'anthropologue d'adopter alorsl'attitude qu'aurait un expérimentateurdans les sciences "dures". Tout sepasse alors, en effet, comme si onprocédait à une expérience delaboratoire, dans laquelle on fait varierles paramètres sur lesquels l'opérateurdu développement a choisi d'agir.

On voit alors généralement les agentslocaux se mobiliser en fonction del'innovation introduite par le projet,

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pour l'appuyer ou pour l'éliminer. Lemode de mobilisation utilisé qui scplace souvent dans le domainesymbolique et cérémoniel, la chroniquequotidienne des luttes ainsi engagées,la manière dont les "vainqueurs"assurent leur succès et tentent de lepérenniser apportent desenseignements de grande valeur pourcorriger le modèle décrivant lesdynamiques spontanées.

3) L'importance pour la recherchefondamentale d'un suivi minutieux,aussi constant que possible, desopérations en cours, mais aussi, deslieux où il ne se passe rien, quideviennent alors de zones-témoins,conduit à l'idée de mise au pointd'observatoires permanents de la réalitésociale.

Les travaux de l'ERA ne pouvaientéviter de subir ce glissement naturel. Ilsont abouti à constituer, à titreexpérimental, deux "Unitésd'Observation Permanente" (UOP) àToliara et Morondava. Ces unitésvisent, selon deux types de méthodesprovisoirement différentes, àenregistrer et à décrire "tout ce qui abougé" dans une région détenninée aucours d'une année. Le suivi desopérations de développement en coursconstitue, bien évidement, un thèmeparticulièrement intéressant, pour laconstitution de ce corpusd'observations nouvelles. Un peu à lamanière d'un puzzle, l'UüP tend àrapprocher les multiples observationsmicro-locales effectuées par lescorrespondants d'un réseau. Lesphénomènes, qui ont un aspectincohérent, chaotique, quand on lesobserve au niveau le plus "micro",retrouvent leur cohérence et leursignification quand on reconstitue lepuzzle et que la réflexion s'opère auniveau de l'ensemble régional.

En guise de brève conclusion:

La recherche appliquée audéveloppement ne peut se passernotamment pour des problèmes deméthode, de l'apport de la recherchefondamentale. L'analyse qui faitintervenir les dynamiques spontanées

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différenciées par catégorie d'agentsreprésente l'un des aspeclspotentiellement les plus nettementpositifs de CCl apport.

La recherche fondamentale sort enrichiepar le regard appuyé qu'clle porte sur laréalité transformée par les "opérations"ct sur la réalité transfonnée lout court.Sans en arriver à une "anthropologieexpérimentale" que la déontologiecondamne encore, le suivi d'opérationssur une base scientifiquementrigoureuse donne au chercheur unemagnifique occasion de travaiUer sur devéritables expérimentations.

Les observatoires permanents duchangement, sous les di versesmodalités que ['on peut concevoir,constituent, dans tous les cas, unremarquable instrument apte à enrichirsimultanément les démarchesfondamentales et appliquées.

Dans l'univers du développement, on necesse de souligner la nécessité detransformer les mentalités. Mais ceproblème ne se pose pas seulement du côtédes paysans et des populations cible.

On le trouve encore, dans les "mentalités"des chercheurs lorsque ceux-ci hésitent à "se salir les mains" dans l'application, oulorsqu'ils utilisent, pour publier leursrésultats, un langage scientifiqueinaccessible au commun des mortels et, enparticulier, aux opérateurs dudéveloppemenl

De même, on le trouve encore chez lesopérateurs du développement lorsqu'ils nefont appel aux anthropologues qu'aprèsl'échec de leur "programme" pour tenter, aposteriori, de comprendre ce qui s'estpassé, alors que les interventions àl'aveuglette, sans connaissance desvéritables clivages locaux, comportentd'évidents risques d'échec.

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ACADEMIE NATIONALE MALGACHEANTANANARIVO

O. L. 1 /95BAN M / N° Sp.

Tirage: 500 exemplaires

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