24
Bulletin de l ACSRFR www.carrfsenews.ca Volume 5, numéro 1, hiver 2015 Alliance canadienne de surveillance régionale des facteurs de risque - Bulletin trimestrielle Entrevue de l'ACSRFR La faim chez les enfants D re Lynn McIntyre Professeure, Université de Calgary, Alberta Profil de l'ACSRFR John Cunningham Épidémiologiste, Bureau de santé du district de Leeds, Grenville et Lanark, Ontario Article vedette de l ACSRFR Développement de la petite enfance : Sonder les facteurs de risque au début de la vie

Bulletin de l'ACSRFR hiver 2015

Embed Size (px)

DESCRIPTION

La publication en ligne pour l'Alliance canadienne de surveillance régionale des facteurs de risque.

Citation preview

Page 1: Bulletin de l'ACSRFR hiver 2015

Bulletin de l’ACSRFRwww.carrfsenews.ca Volume 5, numéro 1, hiver 2015

Alliance canadienne de surveillance régionale des facteurs de risque - Bulletin trimestrielle

Entrevue de l'ACSRFRLa faim chez les enfantsDre Lynn McIntyreProfesseure, Université de Calgary, Alberta

Profil de l'ACSRFRJohn CunninghamÉpidémiologiste, Bureau de santé du district de Leeds, Grenville et Lanark, Ontario

Article vedette de l’ACSRFR

Développement de la petite enfance :

Sonder les facteurs de risque au début de la vie

Page 2: Bulletin de l'ACSRFR hiver 2015

Bulletin de l´ACSRFR www.carrfsenews.ca Volume 5, numéro 1, hiver 2015

2

Développement de la petite enfance : Sonder les facteurs de risque au début de la vie 6 Le Bulletin de l'ACSRFR explore un éventail de questions liées au développement de la petite enfance et à la surveillance des facteurs de risque. Par PAUL  WEBSTER

De la société aux cellules12 Le Bulletin de l'ACSRFR explore les dernières découvertes scientifiques sur l'épigénétique et de son impact sur le développement de la petite enfance. Par JOSTEIN ALGROY

Entrevue de l'ACSRFR 14 La Dre Lynn McIntyre discute avec l'équipe du Bulletin de l'ACSRFR de la faim chez les enfants et de son effet sur la santé générale d'une personne plus tard dans la vie. Par JOSTEIN ALGROY

Faits relatifs à la surveillance 18 Le Dr Bernard Choi, Agence de la santé publique du Canada, présente la partie VIII de sa série sur l'évolution de la surveillance de la santé publique. Par BERNARD  CHOI

Profil de l'ACSRFR 22 Le profil d'un membre de l'ACSRFR : John Cunningham, gestionnaire au Bureau de santé du district de Leeds, Grenville et Lanark, Ontario. Par JOSTEIN  ALGROY

Table des matièresMessage du rédacteur en chef …………………………. page 3

Nouvelles et tendances Canada ....................................... page 4

Nouvelles et tendances internationals ............................... page 5

Sonder les acteurs de risque au début de la vie ……..…. page 6

Étude canadienne CHILD .………………………….……. page 10

De la société aux cellules ……………….…………..……. page 12

Entrevue de l'ACSRFR : Dre Lynn McIntyre ....................... page 14

Faits relatifs à la surveillance ............................................. page 18

Message de la présidente ................................................ page 21

Profil de l’ACSRFR : John Cunningham …..……………. page 22

Salutations ………………….…………………………… page 24

COLLABORATEURS

Jostein Algroy, rédacteur en chefSteven Frei, rédacteur en chef de copiePaul Webster, rédacteur principalDr Bernard Choi, rédacteur scientifiqueMary Lou Decou, rédactrice principaleBetty Reid-White, présidente, Comité canadien de coordination (CCC)

COMITÉ CONSULTATIF DE RÉDACTION PANCANADIEN

Jostein Algroy, rédacteur en chefPaul C. Webster, rédacteur scientifique dans le domaine de la santé Anne Simard, directrice générale des affaires publiques, Santé publique OntarioMary Lou Decou, épidémiologiste, Agence de la santé publique du CanadaDr Bernard Choi, chercheur scientifique principal, Agence de la santé publique du CanadaDre Elizabeth Rael, épidémiologiste principale, ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l’OntarioLarry Svenson, directeur, ministère de la Santé de l’AlbertaDr Drona Rasali, directeur, Services de santé provinciaux de la Colombie Britannique

SERVICE DE SECRÉTARIAT

Agence de la santé publique du Canada, Mary Lou Decou.

DATES DE PUBLICATION

Le Bulletin de l’ACSRFR est le bulletin trimestriel de l’Alliance canadienne de surveillance régionale des facteurs de risque (ACSRFR) publié en hiver, printemps, été, et automne.

Sources des photographies :Photo de couverture : iStock_48702872Photo de la page 6 : iStock_18165985Photo de la page 12 : iStock_52206146

Avertissement : l’ACSRFR est un réseau pancanadien d’acteurs publics qui travaillent au renforcement des capacités de surveillance des facteurs de risque à l’échelle régionale au Canada. L’ACSRFR est appuyée par l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC). Le contenu du Bulletin de l’ACSRFR ne représente pas nécessairement la position officielle de l’ASPC, de Santé Canada, du gouvernement du Canada ni de l’employeur de ses collaborateurs.

CONTENU du présent numéro...

URL pour le site internet est l’ACSRFR

www.carrfs-acsrfr.ca

Page 3: Bulletin de l'ACSRFR hiver 2015

Bulletin de l´ACSRFR www.carrfsenews.ca Volume 5, numéro 1, hiver 2015

3

Message du rédacteur en chef Alors que le Bulletin de l'ACSRFR évolue pour offrir une meilleure compréhension et pour mieux servir la communauté canadienne de surveillance des facteurs de risque, nous mettons l'accent sur les thèmes clés en matière de santé publique. Dans le présent numéro, nous examinerons de façon plus approfondie le développement de la petite enfance et la surveillance des facteurs de risque.

L'automne dernier, lors de la Journée nationale de l'enfant se tenant le 20 novembre, le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada a indiqué que le Canada ne consacrait

pas un financement suffisant pour les soins et l'apprentissage des jeunes enfants. Actuellement, le Canada dépense seulement 0,6 % de son produit intérieur brut (PIB) en soins et apprentissage pour les jeunes enfants, se classant ainsi derrière la France, la Suède et la plupart des autres pays industrialisés, et en dessous du seuil de 1 % fixé par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Compte tenu du nombre croissant d'éléments probants liant le développement dans la petite enfance aux maladies chroniques à l'âge adulte, le Canada doit faire plus pour soutenir le développement de jeunes enfants en santé.

Comme Paul Webster le révèle pour ce numéro du bulletin de l'ACSRFR dans son article « Sonder les facteurs de risque du début de la vie », il faut s'occuper des lacunes à l'échelle nationale en matière de surveillance des enfants de moins de cinq ans, puisqu'il s'agit des années les plus formatrices dans la vie d'une personne.

Selon le Dr Paul Roumeliotis, médecin hygiéniste du Bureau de santé de l'Est de l'Ontario, le développement précoce de réseaux neuronaux sains dans le cerveau est indispensable à une vie longue et saine. Dans notre entrevue pour ce numéro, le Dr Roumeliotis a fait remarquer que sur la base des dernières avancées de la science en épigénétique, les enfants qui ont été exposés à des difficultés prenant la forme de maltraitances, de violences, de toxines, de stress ou simplement de négligence quotidienne au cours de la petite enfance, ont tendance à développer plus de maladies chroniques plus tard dans la vie que les enfants qui ont grandi dans un environnement positif avec des « soins affectueux ».

La Dre Lynn McIntyre de l'Université de Calgary constate que l'extrême pauvreté ainsi que le manque d'un logement et de nourriture adéquats ont aussi d'énormes répercussions sur les enfants. La Dre McIntyre remarque que le stress psychosocial, à savoir la privation de santé mentale qui provient d'un environnement appauvri, engendre des dégâts considérables. Rentrer à la maison avec quelques sacs provenant d'une banque alimentaire n'atténuera pas le stress. Cela ne réduira pas non plus de manière significative la faim chez l'enfant au Canada.

Il est clair que les facteurs de risque dans la petite enfance doivent être pris en compte. Un objectif clé pour la santé publique consiste à obtenir de meilleurs renseignements au sujet du développement des enfants en lien avec les maladies chroniques survenant tout au long de la vie. Nous espérons que vous apprécierez ce numéro du Bulletin de l'ACSRFR.

Jostein Algroy Rédacteur en chef

Bénévoles pour le Bulletin de l’ACSRFRLe Bulletin de l’ACSRFR cherche des collaborateurs bénévoles pour contribuer à certaines sections. Nous avons besoin de personnes qui aimeraient étudier les rapports d’épidémiologie et communiquer l’information au réseau. Nous cherchons un collaborateur qui rédigerait quelques courts textes de présentation sur les nouvelles et les tendances observées dans la communauté nationale et internationale de l’épidémiologie. Les personnes intéressées sont invitées à écrire à [email protected].

Envoyez-nous votre article Nous invitons tous nos membres à nous transmettre des articles et des idées pour les prochains numéros. Veuillez expédier votre article à [email protected].

Page 4: Bulletin de l'ACSRFR hiver 2015

Bulletin de l´ACSRFR www.carrfsenews.ca Volume 5, numéro 1, hiver 2015

4

Nou

velle

s et tendances La conférence « 10 Years after the

Edmonton Charter » L'Université de la Colombie-Britannique accueillera du 22 au 26 juin 2015 la conférence « International Conference on Health Promoting Universities and Colleges » de 2015 sur son campus Okanagan situé à Kelowna. La conférence, intitulée cette année « 10 Years after the Edmonton Charter », reviendra sur les leçons tirées depuis la création de l'Edmonton Charter for Health Promoting Universities and Institutions of Higher Education en 2005. La conférence apportera également des mises à jour sur l'activité du réseau à l'échelle régionale et mondiale ainsi que sur l'établissement de relations et la conception d'une nouvelle charte. La conférence a pour but de créer un lieu de rencontre dynamique pour les chercheurs, les professionnels de la santé, les administrateurs, les étudiants et les responsables des politiques de partout dans le monde afin d'examiner les enjeux urgents et d'identifier des trajectoires prometteuses pour le développement de campus sains et durables. Parmi les thèmes de la conférence, on trouve les exemples suivants : santé de la population; santé communautaire et durabilité dans la communauté; santé et emplacement; développement des connaissances, des politiques, des pratiques et de l'évaluation; technologies de la communication; réseautage et éducation; campus comme milieux et communautés faisant la promotion de la santé.

Sommet canadien sur l'obésité en avril

Le Réseau canadien de l'obésité et l'Association canadienne des médecins et chirurgiens bariatriques planifient le quatrième « Canadian Obesity Summit » à Toronto, du 28 avril au 2 mai 2015. Le sommet annuel, qui attire en temps normal plus de 1 200 professionnels de la santé, chercheurs et responsables des politiques, est une conférence de recherche qui offre un circuit distinct pour les professionnels de la santé ainsi qu'un éventail d'ateliers passionnants. Parmi les thèmes de la conférence, on trouve les exemples suivants : prévention et santé publique; psychologie et santé mentale; environnements propices à des modes de vie sains; régime alimentaire, activité physique et vie saine; publicité auprès des enfants et des programmes scolaires; biologie moléculaire, génétique et physiologie.

Plan analytique de l'ICIS de 2014 à 2016

L'Institut canadien d'information sur la santé (ICIS) a lancé un nouveau site Web qui permet aux hôpitaux, aux régions sanitaires, aux provinces et aux territoires du Canada de comparer leurs façons de mesurer jusqu'à 37 indicateurs. Ces indicateurs sont liés à l'accès aux soins, à la qualité des soins, à la sécurité des patients et aux nouvelles tendances en matière de santé partout au Canada. L'outil fournit des données comparables et interactives qui permettent aux hôpitaux, aux régions, aux provinces et aux territoires de se comparer aux groupes de pairs et à la moyenne pancanadienne. Les ensembles de données comprennent les déterminants sociaux, l'état de santé, la pertinence et l'efficacité, la sécurité et l'accès. Ces données devraient aider les systèmes de santé à travailler de façon plus efficace, plus sécuritaire et plus transparente. Le site Web se trouve à l'adresse suivante : http://votresystemedesante.icis.ca/hsp/?lang=fr

CA

NA

DA

Page 5: Bulletin de l'ACSRFR hiver 2015

Bulletin de l´ACSRFR www.carrfsenews.ca Volume 5, numéro 1, hiver 2015

5Nou

velle

s et tendances

Conférence mondiale de 2015 de l'Alliance mondiale sur la surveillance des facteurs de

risque (WARFS) à Antigua-et-Barbuda La conférence mondiale de l'Alliance mondiale sur la surveillance des facteurs de risque (WARFS) 2015 aura lieu à St. John's, Antigua-et-Barbuda (Caraïbes) du 17 au 20 novembre 2015. Les thèmes de la conférence comprennent : (1) le rôle des mégadonnées et des technologies novatrices pour l'avenir de la surveillance; (2) le suivi de la bonne santé, et 3) l'iniquité à l'échelle mondiale en matière de capacité de surveillance. L'Alliance est le groupe de travail sur la surveillance à l'échelle mondiale qui relève de l'Union internationale pour la promotion de la santé et d'éducation pour la santé (UIPES). Elle soutient la mise en place de la surveillance des facteurs de risque comportementaux comme outil pour la santé publique fondée sur des données probantes, et elle reconnaît l'importance de cette source d'information pour éclairer, surveiller et évaluer les politiques, les services et les interventions en matière de prévention des maladies et de promotion de la santé. Le Dr Bernard Choi, membre de l'ACSRFR, siège au Comité scientifique international de l'Alliance afin de planifier le programme de la conférence mondiale de 2015. Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez consulter le site Web de l'Alliance mondiale sur la surveillance des facteurs de risque (en anglais seulement) : http://www.warfs15.com. Le site Web de l'Alliance comporte également un lien vers le site Web de l'ACSRFR : http://www.warfs.info/links.html.

Par Bernard Choi

Optimiser les années de vie en bonne santé Bain & Company a publié récemment son rapport Insights Report intitulé Maximizing Healthy Life Years: Investments that Pay Off [http://www.bain.com/about/press/press-releases/future-of-healthy-2015-press-release.aspx]. Selon ce rapport, les maladies non transmissibles constituent l'une des principales menaces pour la santé d'une population, et par conséquent pour la croissance économique et l'avantage concurrentiel d'un pays. Une population en mauvaise santé coûte cher. À l'échelle mondiale, on estime que 47 000 milliards de dollars seront perdus entre 2012 et 2030 en raison des maladies non transmissibles et des troubles mentaux. Le rapport souligne que des populations en bonne santé devraient être considérées comme un investissement plutôt qu'un coût. Même des changements mineurs dans les politiques liées à la santé peuvent donner lieu à des gains économiques significatifs. À Singapour, par exemple, les responsables estiment qu'un programme qui subventionne une huile de cuisson plus saine pour cuisinier les repas pris hors de la maison permettra non seulement de réduire d'ici 2020 la coronaropathie, mais aussi de générer un rendement du capital investi (RCI) s'élevant à 1 100 %.

Redéfinir la santé mentale À la fin de l'année dernière, la British Psychological Society a publié un rapport intitulé « Understanding Psychosis and Schizophrenia » qui a examiné d'autres moyens d'évoquer certaines expériences traditionnellement décrites comme constituant des symptômes de maladie mentale. Selon le rapport, des expériences telles que la schizophrénie ou la psychose pourraient, dans certaines conditions, être décrites plus utilement en utilisant une démarche psychologique qui conçoit les expériences comme étant plus analogues à l'anxiété ou à la timidité qu'aux troubles mentaux. Aux États-Unis, le National Institute of Mental Health, qui finance la majeure partie des recherches américaines sur la maladie mentale, examine de nouvelles façons de classer les troubles mentaux tels que la dépression et la schizophrénie. Ces derniers sont catalogués selon les classifications traditionnelles comme des maladies biologiques distinctes. Le projet Research Domain Criteria utilise des approches de recherche modernes tirées de la génétique, de la neuroscience et de la science du comportement dans le but d'étudier les troubles mentaux, en prenant en compte l'interaction du développement neural avec l'environnement. L'importance de l'environnement dans le développement neural laisse entendre que l'expérience sociale a une incidence significative sur la maladie mentale. Cela laisse supposer à son tour que la maladie mentale nécessite une intervention sociale ainsi que des méthodes traditionnelles de traitement.

Inte

rnat

iona

l

Page 6: Bulletin de l'ACSRFR hiver 2015

Bulletin de l´ACSRFR www.carrfsenews.ca Volume 5, numéro 1, hiver 2015

6

Sonder les facteurs de risque au début de la vie

Article vedette de l’ACSRFR...

Page 7: Bulletin de l'ACSRFR hiver 2015

Bulletin de l´ACSRFR www.carrfsenews.ca Volume 5, numéro 1, hiver 2015

7

Développement de la petite enfance

Nous en faisons beaucoup trop peu pour les enfants âgés de moins de 5 ans

Paul Webster explore un éventail de questions liées au développement de la petite enfance et à la surveillance des facteurs de risque. « On estime que d'ici à la fin de leur enfance, 40 pour cent des enfants canadiens seront confronter à des complications liées au surpoids ou à l'obésité, à l'asthme, à des blessures, à des problèmes comportementaux ou à des difficultés d'apprentissage », déclare le Dr Jonathon Maguire, pédiatre et chercheur au Li Ka Shing Knowledge Institute de l'hôpital St Michael's de Toronto. Mais les avertissements du Dr Maguire vont bien au-delà de la santé des enfants. Il souligne qu'étant donné que l'état de santé au cours de l'enfance annonce laisse présager celui à l'âge adulte, les répercussions de la situation de crise entourant la santé de l'enfance au Canada se feront sentir tout au long des prochaines décennies. Le Dr Maguire déplore que « sans nous en apercevoir, nous conduisons nos enfants le long d'un chemin parsemé d'obstacles, où ils devront lutter contre des maladies chroniques à l'âge adulte ».

Les inquiétudes du Dr Maguire sont solidement fondées sur les données provenant de nombreux efforts de surveillance de grande ampleur et de longue durée à propos de la santé des enfants canadiens. Ces efforts comprennent l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes et l'Enquête canadienne sur les mesures de la santé, toutes deux coordonnées par Statistique Canada, ainsi que l'Étude sur les comportements de santé des jeunes d'âge scolaire de l'Agence de la santé publique du Canada et le Programme canadien de surveillance pédiatrique, qui s'appuie sur un réseau comprenant 2 500 pédiatres sondant les problèmes de santé peu communs. Le Dr Maguire reconnaît qu'il s'agit d'un ensemble respectable du point de vue de l'exhaustivité. Il avertit néanmoins que cet ensemble souffre d'un problème de manque de données à un certain âge. « Bien que nous fassions du bon travail quant à la collecte de renseignements au sujet des enfants âgés de plus de cinq ans, nous en faisons beaucoup trop peu en ce qui concerne la surveillance des enfants âgés de moins de cinq ans. Et nous savons maintenant que beaucoup de ce qui se produit dans la vie de quelqu'un se met en place durant ses cinq premières années. »

Afin de contribuer à surmonter la pénurie de données précises sur la santé des enfants de moins de cinq ans, le Dr Maguire et un petit nombre d'autres >>Ar

ticle

vede

tte d

e l’A

CSR

FR ..

.

Page 8: Bulletin de l'ACSRFR hiver 2015

Bulletin de l´ACSRFR www.carrfsenews.ca Volume 5, numéro 1, hiver 2015

8

Article vedette de l’ACSRFR...l'ACSRFR présente (suite) chercheurs canadiens ambitieux et innovants ont lancé une enquête sur les facteurs de risque au début de la vie pour une vaste gamme de maladies, du diabète à la dépression. Cela n'est pas chose facile. La conduire exige une étroite collaboration avec de très jeunes enfants et leurs familles sur fond de barrières logistiques, émotionnelles et légales qui découragent la surveillance des très jeunes enfants. Ces barrières peuvent s'avérer infranchissables. Il y a de cela quelques mois, les National Institutes of Health des États-Unis ont annulé une étude ambitieuse s'étalant sur plusieurs décennies à propos de l'influence de l'environnement sur la santé des enfants, après avoir dépensé approximativement 1,2 milliard de dollars américains et pour inscrit environ 5 700 enfants à une étude pilote menée dans 40 centres. Les difficultés liées au recrutement des enfants et des familles ont été l'un des principaux problèmes qui ont mis fin à l'étude.

À Toronto, le Dr Maguire a contribué à la conduite de deux études majeures sondant les facteurs de risque du début de la vie. La première étude est TARGet Kids!, une recherche financée par les Instituts de recherche en santé du Canada et qui porte sur 7 000 nouveau-nés inscrits auprès de 50 médecins. Selon le Dr Maguire, l'étude a jusqu'à présent permis de publier 25 articles. Certains des travaux les plus intéressants portaient sur la nutrition. La Dre Patricia Parkin, cochercheuse avec le Dr Maguire, et également directrice de recherche au sein l'équipe de recherche Pediatric Outcomes Research Team de l'Hospital for Sick Children de Toronto, a révélé que plus de 15 pour cent des enfants âgés de moins de cinq ans souffrent d'une carence en fer susceptible de provenir d'une surconsommation de lait de vache. Un à deux pour cent des enfants souffrent d'anémie ferriprive, laquelle est suffisamment marquée pour avoir des répercussions sur le développement du cerveau. « La pénurie de données sur ce sujet était assez considérable », affirme la Dre Parkin. « Il n'existe tout simplement pas de données nationales sur la carence en fer chez les enfants. L'étude TARGetKids! est à l'heure actuelle en train de collecter de bonnes données à ce sujet. »

La Dre Catherine Birken, une autre chercheuse à l'Hospital for Sick Children, agit à titre de codirectrice de l'étude TARGetKids! aux côtés du Dr Maguire et de la Dre Parkin. Son intérêt est placé sur l'obésité chez les enfants. Elle affirme encore une fois que le Canada ne dispose pas de données à l'échelle nationale sur cette question portant sur les très jeunes enfants. « Nous sommes médiocres dans la collecte de chiffres à l'échelle nationale », se plaint la Dre Birken. Elle espère bien combler cette lacune au moyen de TARGetKids!

« Nous sommes en train de recueillir des données longitudinales sur la croissance à l'aide des enfants participants à l'étude, ainsi que des renseignements en profondeur sur les comportements liés à la santé des enfants, y compris le temps passé devant un écran et les habitudes de sommeil. »

Le Dr Parkin, la Dre Maguire et la Dre Birken s'accordent sur le fait que la participation des médecins de famille joue un rôle clé dans le cadre de l'étude TARGetKids! Cela permet à l'équipe de TARGetKids! d'utiliser des techniques« de prise sur le vif » servant à recueillir des données auprès des enfants durant les rendez-vous et suivis de routine. Il s'agit d'une démarche que le Dr Maguire qualifie d'« intégrée à la pratique », puisqu'elle utilise à son avantage le fait que les « enfants vont tout le temps chez le médecin ». Bien que l'étude repose en grande partie sur des données de routine, elle recueille également des données à partir de sources non routinières telles que les échantillons sanguins, fait remarquer la Dre Parkin. « Nous n'avons connaissance d'aucune autre étude de ce genre qui soit intégrée à un milieu de soins primaires », ajoute-t-elle.

Mais TARGetKids! aspire à faire plus que simplement suivre les données recueillies lors des rencontres des enfants avec les médecins. Dans le cadre d'une seconde étude connue sous le nom d’Ontario Family Health Study, les données cliniques provenant de l'étude de cohorte TARGetKids! sont mises en commun avec des données administratives issues du régime d'assurance-maladie de l'Ontario, de même qu'avec des données provenant de deux vastes études des nouveau-nés ontariens. Le Dr Maguire, qui codirige l'Ontario Family Health Study, déclare espérer agrandir la cohorte pour atteindre un total de 20 000 enfants afin de « reconstituer la petite enfance et enquêter sur les causes des maladies » en utilisant des données provenant de ce qu'il décrit comme étant l'une « des cohortes portant sur de la grossesse et de la petite enfance les plus grandes, les plus complètes et les plus sophistiquées du point de vue technologique au monde ».

L'objectif à long terme, explique la Dre Laura Anderson, chercheuse universitaire participant à TARGetKids! et à l'Ontario Family Health Study, consiste à suivre les enfants tout au long de la petite enfance et de l'enfance afin d'étudier « les interactions entre les gènes et l'environnement qui fondent les trajectoires de développement au niveau de la santé, de l'apprentissage et du fonctionnement social ». En utilisant des technologies avancées afin de « prédire le potentiel humain sous-optimal et de dévoiler les enchaînements précoces de causalité et de relations dans les 4 premières années de vie », affirme la >>

Page 9: Bulletin de l'ACSRFR hiver 2015

Bulletin de l´ACSRFR www.carrfsenews.ca Volume 5, numéro 1, hiver 2015

9

l’ACSRFR présente (suite)Dre Anderson, elle-même et les autres chercheurs impliqués espèrent « élaborer des interventions pouvant être appliquées à des enfants tôt dans leur vie afin de profiter de la plasticité de leurs systèmes développementaux ».

Bien que les études torontoises Ontario Family Health Study et TARGetKids! représentent les efforts les plus ambitieux entrepris à ce jour au Canada pour faire le suivi des facteurs de risque de la petite enfance, plusieurs autres études majeures sont en cours ailleurs au pays. La plus ancienne étude en cours est l'Étude longitudinale du développement des enfants du Québec, qui a commencé à suivre une cohorte de plus de 2 000 enfants à partir de leur naissance en 1998.

Cette étude se concentre sur des thèmes en santé sociale, mentale et physique et a généré des centaines d'articles de revue, de mémoires de maîtrise, de thèses de doctorat et de rapports de recherche.

Les données de la première phase de l'étude (1998 à 2002) ont permis aux chercheurs d'évaluer l'influence de la famille, des modes de garde des enfants et de l'environnement social plus large, de concert avec des études du développement moteur, social et cognitif, du comportement, du régime alimentaire et du sommeil. Les données provenant de la deuxième phase de l'étude (2003 à 2010) ont produit des rapports au sujet de l'acquisition du vocabulaire, de l'état de préparation vis-à-vis de l'école et de l'adaptation à l'environnement scolaire, de l'activité physique et de la santé, de l'aide aux devoirs, du mode de garde pendant l'été, de la surcharge pondérale chez les enfants, de la structure familiale diverse et changeante, du mode de garde des enfants, du sommeil, de la motivation, de la victimisation par les pairs et de la prédiction du succès scolaire. Une troisième phase de l'étude, lancée en 2011, vise à examiner des thèmes liés à l'adolescence, y compris l'équilibre travail-école-loisirs, les relations romantiques, les comportements à risque (le tabagisme, la consommation d'alcool et de drogues, le jeu pathologique), la motivation scolaire et les aspirations éducatives, l'intimidation, la violence en milieu scolaire, et le décrochage.

Trois autres études actuellement en cours promettent également d'élargir la compréhension des facteurs de risque de la petite enfance liés aux maladies chroniques. En Alberta, l'étude Alberta

Pregnancy Outcomes and Nutrition (APrON) s'est intéressée au rôle de la nutrition dans les troubles mentaux et neuro-développementaux, ainsi qu'à la fonction neuro-cognitive à long terme au sein d'une cohorte de 2 300 femmes depuis 2013. Les domaines d'intérêt ont jusqu'à présent principalement été la dépression post-partum et les répercussions de l'allaitement.

À Hamilton, en Ontario, l'étude Canadian Healthy Infant Longitudinal Development Study

(CHILD) enquête auprès de 3 629 familles sur les causes profondes des allergies et de l'asthme, ce qui comprend les facteurs déclencheurs génétiques et environnementaux ainsi que leur façon d'interagir les uns avec les autres de la grossesse à l'enfance. Le but consiste à sonder une série de facteurs de risque, y compris certains qui sont déjà bien connus comme la pollution atmosphérique liée à la circulation routière, les acariens de poussière et les coquerelles, ainsi que des hypothèses plus récentes, y compris les composés organiques semi-volatils comme les phtalates. Sur un thème semblable,

l'Étude mère-enfant sur les composés chimiques de l'environnement (étude MIREC) de Santé Canada a recruté près de 2 000 femmes au cours du premier trimestre de leur grossesse dans des diverses villes du Canada. L'étude mesure le degré auquel les femmes enceintes et leurs bébés sont exposés aux substances chimiques présentes dans l'environnement, ainsi qu'à la fumée de tabac, afin évaluer, le cas échéant, les risques de santé découlant de l'exposition à des concentrations élevées de substances chimiques dans l'environnement. Bien que le nombre de participants soit plus réduit dans cette étude que dans plusieurs études internationales, l'étude MIREC possède l'une des bases de données les plus complètes au monde sur l'exposition prénatale à de multiples substances chimiques présentes dans l'environnement. <>

“Canada ne dispose pas de données à l'échelle

nationale sur cette question portant sur les très jeunes enfants. Nous sommes médiocres dans la collecte de chiffres à

l'échelle nationale.”

Page 10: Bulletin de l'ACSRFR hiver 2015

Bulletin de l´ACSRFR www.carrfsenews.ca Volume 5, numéro 1, hiver 2015

10

Le développement de l'asthme chez les enfants dépend des interactions entre une prédisposition génétique et des environnements critiques avant la naissance et dans la petite enfance, y compris des environnements physiques et microbiens, la nutrition, des infections et l'environnement social

(le statut socioéconomique et le stress).1 Immunité innée Les réponses immunitaires innées du début de la vie déterminent l'apparition de l'allergie

atopique et de l'asthme adaptatifs et liés au système immunitaire.

2 Nutrition et microbiome intestinal

La nutrition avant et après la naissance ainsi que les soins durant la grossesse affectent le développement de l'asthme chez l'enfant à travers des changements intervenant au sein du système immunitaire et du microbiome du tractus intestinal qui se développent.

3 Fonction et infection pulmonaires chez le nourrisson

Le développement de l'asthme est directement lié à la fonction pulmonaire pendant la petite enfance et à l'incidence des infections virales sur les poumons.

4 Facteur psychosocial Le statut socioéconomique pendant la petite enfance, en particulier les facteurs de stress de la vie, la privation matérielle et les conditions de vie inadéquates, interagit avec l'environnement physique et le génotype pour influencer le développement de l'asthme.

5 Expositions L'incidence de l'environnement physique sur le développement des allergies et de l'asthme pendant l'enfance, par l'intermédiaire de modulations du système immunitaire en développement, peut être expliquée par des expositions qui contribuent collectivement à l'inflammation chronique au moyen des voies du stress oxydatif. Environnement physique : Air intérieur : De multiples expositions ont été associées à une respiration sifflante.

6 Facteurs génétiques Des interactions précises entre les gènes et l'environnement prédisent le développement de phénotypes allergiques et asthmatiques.

7 Facteurs épigénétiques Les mécanismes épigénétiques arbitrent les effets des environnements au début de la vie pour continuellement transformer l'expression des gènes et les fonctions des cellules essentielles au développement des maladies allergiques et de l'asthme.

Rapport de 2012 sur la santé mentale en Ontario

Étude canadienne CHILDLe but de l'étude canadienne CHILD est de comprendre les causes profondes de l'allergie et l'asthme y compris les catalyseurs génétiques et environnementaux. Les résultats de cette étude devraient fournir des connaissances significative et mesurable qui peut être utilisé pour aider à réduire le nombre d'enfants qui développent allergie et d’asthme.

PRINCIPALE HYPOTHÈSE DE L'ÉTUDE CHILD ET 7 HYPOTHÈSES SECONDAIRES

Source: canadianchildstudy.ca

Page 11: Bulletin de l'ACSRFR hiver 2015

Bulletin de l´ACSRFR www.carrfsenews.ca Volume 5, numéro 1, hiver 2015

11

MÉTHODES DE CHILD PAR SUJET

Méthodes Résumé

Évaluations cliniques Évaluation clinique des nourrissons à 1 an, 3 ans et 5 ans dans l'ensemble de la cohorte. Données anthropométriques de naissance extraites à partir du dossier médical de naissance. Mesures anthropométriques réalisées lors de la visite à domicile des 3 mois. Anthropométrie, test cutané et examen clinique se déroulant en milieu clinique (1 an, 3 ans et 5 ans).

Nutrition et microbiome intestinal

Sous-cohortes de Vancouver et Toronto : la fonction immunitaire innée est évaluée à l'aide d'échantillons de sang ombilical. La fonction immunitaire adaptative sera évaluée dans des échantillons de sang de l'enfant prélevés à 1 an et 5 ans à l'aide d'analyses à haut débit et multiplexes.

Nutrition Données sur la nutrition prénatale et postnatale chez les mères et les enfants recueillies à l'aide de questionnaires et de questionnaires de fréquence alimentaire. Collecte de questionnaires sur l'allaitement et le lait maternel (3 mois).

Microbiome Selles de l'enfant prélevées à la naissance (méconium), à 3 mois et à 1 an pour profilage du microbiote.

Infections des voies respiratoires

Sous-cohorte de Toronto : journal de symptômes respiratoires, registres d'activités semestriels, questionnaires de santé, écouvillonnage du nez (à 3 mois, à 1 an et lors d'infections virales aiguës des voies respiratoires inférieures au cours de la première année). Ensemble de la cohorte CHILD : écouvillonnage du nez (à 3 mois et à 1 an).

Tests de la fonction pulmonaire

Sous-cohorte de Toronto : fonction pulmonaire évaluée à l'aide de compression thoraco-abdominale rapide à volume augmenté et de rinçage de l’azote en cycles multiples (à la naissance, à 3 mois, à 1 an et à 2 ans), et spirométrie (à 4 ans). Ensemble de la cohorte CHILD : fonction pulmonaire évaluée à l'aide de spirométrie à 5 ans.

Facteurs psychosociaux, stress et statut socioéconomique

Évaluations prénatales et postnatales détaillées et normalisées portant sur le statut socioéconomique de la famille, le stress existant à la maison, et la qualité de la relation parent-enfant.

Évaluations de l'exposition à l'environnement

Questionnaires complets (à 3 mois, 1 an, 3 ans et 5 ans) ainsi que des mises à jour semestrielles (activité-temps, tabagisme et changements de domicile). Évaluation à domicile à 3 mois avec un échantillon de poussière (pour l'analyse des allergènes, de l'endotoxine, de la moisissure, de la pollution atmosphérique et des phtalates) et questionnaires. Exposition à la fumée évaluée par les questionnaires et les mesures de la cotinine dans l'urine.

Rapport de 2012 sur la santé mentale en Ontario

Étude canadienne CHILD

Source: canadianchildstudy.ca

Page 12: Bulletin de l'ACSRFR hiver 2015

Bulletin de l´ACSRFR www.carrfsenews.ca Volume 5, numéro 1, hiver 2015

12

Développement de la petite enfance :

De la société aux cellulesDe récentes recherches ont montré que l'environnement avait une influence sur la manière dont les gènes sont activés et s'expriment. La petite enfance est une

période très sensible pour le développement humain; c'est au cours des deux à trois premières années que le cerveau et, en

particulier les circuits neuronaux régissant l'attention, les émotions, la maîtrise de soi et

le stress, sont formés.

Page 13: Bulletin de l'ACSRFR hiver 2015

Bulletin de l´ACSRFR www.carrfsenews.ca Volume 5, numéro 1, hiver 2015

13

En novembre 2014, le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada (CRMCC) a indiqué que le Canada ne consacrait pas un financement suffisant pour les soins et l'apprentissage des jeunes enfants. Citant une récente étude de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans laquelle le Canada se classe derrière la plupart des autres pays riches, le Collège a recommandé au gouvernement fédéral d'augmenter ses dépenses actuelles liées aux soins et à l'apprentissage de la petite enfance de 0,6 pour cent à 1 pour cent du PIB, niveau recommandé par l'OCDE, bien loin derrière les pays nordiques qui consacrent près de deux pour cent de leur PIB au développement de la petite enfance.

Un rapport de l'OCDE datant de 2006 plaçait le Canada en dernière position en ce qui a trait aux dépenses portant sur les programmes de la petite enfance, ce qui a mené à la réalisation d'une étude commanditée par le Comité du Sénat portant sur les Affaires sociales, des sciences et de la technologie, étude qui s'est conclue par la production d'un rapport en 2009 intitulé « Éducation et garde des jeunes : Prochaines étapes ». Le rapport recommandait au gouvernement du Canada de collaborer avec les provinces et les territoires afin d'établir « un solide système de collecte de données, d'évaluation et de recherche qui soit doté de fonds suffisants et qui mette en lumière tous les aspects de la qualité et du développement humain dans les programmes de développement de la petite enfance, y compris l'élaboration de programmes éducatifs, l'évaluation de programmes et la mesure des résultats pour les enfants ».

Bien que l'engagement du Canada ait progressé depuis 2006, la récente recommandation du CRMCC a été formulée à la lumière de la preuve convaincante que les maladies chroniques tirent souvent leurs racines des premières années de la petite enfance.

« Nous savons aujourd'hui que quelque chose se produit au niveau du développement des enfants qui ont été exposés à l'adversité sous la forme d'abus, de violences, de stress toxique ou simplement d'une négligence quotidienne au cours de la petite enfance. L'exposition à un stress important , avant ou après la naissance, peut avoir des conséquences à long terme observées plusieurs décennies plus tard, y compris des taux plus élevés de syndrome métabolique (hypertension, maladies cardiovasculaires, diabète), des problèmes de santé mentale ou même des cancers », affirme le Dr Paul Roumeliotis, pédiatre, médecin hygiéniste, président-directeur général du Bureau de santé de l'est de l'Ontario et auteur du livre publié tout récemment intitulé « Baby Comes Home: A Parent's Guide to a Healthy and Well First 18 Months ». « Il y a donc quelque chose qui se passe », ajoute le Dr Roumeliotis.

Ce « quelque chose » peut aujourd'hui s'expliquer d'un point de vue biologique et neurologique. L'exposition au stress chronique ou toxique, p. ex. les facteurs environnementaux « autres que physiques », ont une incidence sur l'aspect transmissible de l'expression des gènes, sans que cela ne modifie la séquence d'ADN. Il s'agit de ce qu'on appelle des changements épigénétiques. Près de 20 000 gènes ont été identifiés chez l'homme. Les cellules utilisent un système qui

régule la manière selon laquelle les gènes s'expriment, avec des « interrupteurs » qui activent ou non les gènes. On croit que ce système de contrôle génétique détermine ce qu'une cellule peut faire, et qu'il peut potentiellement déterminer les maladies auxquelles une personne peut être sujette. Les changements dans l'expression des gènes peuvent se manifester eux-mêmes sous la forme d'une maladie à un stade plus avancé de la vie, mais ils peuvent ne pas être décelés au départ. En outre, ces changements épigénétiques peuvent être transmis d'une génération à l'autre.

En plus des changements épigénétiques, l'exposition à des effets indésirables au cours du développement et du modelage précoces du cerveau peut avoir une incidence sur le système de contrôle hormonal perfectionné du corps (axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien). Les principaux vecteurs hormonaux de réactions au stress peuvent avoir des effets à la fois protecteurs et néfastes sur le corps. Ces hormones de « stress » sont essentielles pour la capacité d'adaptation, le maintien de l'homéostasie et la survie à court terme. Toutefois, si l'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien se développe mal en raison d'effets indésirables externes, tels que le manque de liens affectifs et de soutien moral au cours de la première année de vie, les réactions aux hormones de stress seront anormales. La présence de ces hormones de stress anormalement régulées et systématiquement élevées représente une « charge allostatique » qui peut accélérer la progression des maladies à long terme. L'allostasie liée aux réponses aberrantes du cerveau aux facteurs environnementaux de stress peut avoir une incidence sur le corps au niveau des tissus, ce qui peut entraîner la génération de diverses maladies chroniques.

Si un enfant est exposé à des facteurs environnementaux néfastes. qu'il s'agisse de violences, de la pauvreté, du manque d'un logement adéquat, de la faim et d'une alimentation inadéquate (voir également l'entrevue avec la Dre Lynn McIntyre dans le présent numéro), cela fait augmenter les hormones de stress ainsi que la quantité des stéroïdes, de cortisone, et d'adrénaline, ce qui amène les cellules à désactiver les blocs fonctionnels du système, les protéines. Cette modification des protéines régulatrices et des protéines de liaison ADN peut être transmise d'une génération à l'autre.

« Les effets à long terme de la charge allostatique et les changements épigénétiques se produisent réellement au cours des premières années de vie sensibles d'un bébé négligé », affirme le Dr Roumeliotis. « Un environnement néfaste n'aura pas seulement des répercussions sur la capacité d'apprentissage et le taux de réussite scolaire de ces enfants, puisque leur réseau neuronal ne se développera pas correctement, avec un risque d'échec scolaire de même que plus tard dans la vie. Mais nonobstant les effets psychologiques, nous comprenons désormais que l'exposition précoce à des environnements néfastes a également des effets biologiques indésirables à long terme sur les êtres humains. » <>

Par Jostein Algroy

Page 14: Bulletin de l'ACSRFR hiver 2015

Bulletin de l´ACSRFR www.carrfsenews.ca Volume 5, numéro 1, hiver 2015

14

Entrevue de l’ACSRFR...

La faim chez les enfants

Dre Lynne McIntyre

Professeure, Université de

Calgary, Alberta

Page 15: Bulletin de l'ACSRFR hiver 2015

Bulletin de l´ACSRFR www.carrfsenews.ca Volume 5, numéro 1, hiver 2015

15

Dans cette entrevue accordée au Bulletin de l'ACSRFR, la Dre McIntyre décrit de quelle façon la faim et l'insécurité alimentaire grave chez les enfants ont une incidence sur leur état de santé général une fois adultes.

Entrevue de l’ACSRFR...

Comment définiriez-vous la faim chez les enfants? Le terme réel que nous utilisons au Canada et aux États-Unis est insécurité alimentaire, qui se définit simplement comme le manque d'accès à la nourriture en raison de contraintes financières. Il y a une gradation de l'insécurité alimentaire – légère, modérée ou grave : Un ménage présentant une insécurité alimentaire légère s'inquiète de venir à manquer de nourriture; un ménage présentant une insécurité alimentaire modérée peut avoir des inquiétudes relatives à la qualité du régime alimentaire qu'il est en mesure de suivre; un ménage présentant une insécurité alimentaire grave a véritablement à faire face à la privation.

Lorsque nous parlons de la faim chez les enfants, nous pensons à un enfant qui vit dans un foyer présentant une insécurité alimentaire grave. Cela signifie que l'enfant est privé de nourriture, peut-être en sautant des repas ou en ne mangeant rien de la journée, et qu'il doit certainement devoir faire des compromis en ce qui concerne la qualité et la quantité de la nourriture. Lorsque j'utilise le terme « faim chez les enfants » dans mes recherches, je fais explicitement référence aux parents qui ont véritablement répondu oui à une question en particulier : « Votre enfant a-t-il déjà eu faim parce que la famille était à court de nourriture ou n'avait plus d'argent pour en acheter? » Cette question fait partie de l'Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes (ELNEJ) et est par conséquent très précise pour décrire cet « état » en particulier. Sinon, le terme privilégié est insécurité alimentaire grave chez l’enfant.

Comment évaluez-vous vraiment cet état? Le Canada, les États-Unis et de nombreux autres pays ont adopté le même outil de mesure, à savoir le Module d'enquête sur la sécurité alimentaire des ménages. Pour les ménages comptant des enfants, le module comporte 18 questions auxquelles des réponses sont apportées progressivement, pour finir avec la privation. L'ELNEJ, avec son unique question sur la faim chez les enfants, est antérieure à cet instrument.

Quels effets l'insécurité alimentaire a-t-elle sur la santé? L'insécurité alimentaire chez les enfants et les adultes est très liée à la santé – et, plus particulièrement à un mauvais état de santé physique et mentale. Les résultats des études sur l'apport nutritionnel menées au Canada montrent peu

de différence entre les enfants qui vivent dans des ménages présentant une sécurité alimentaire et ceux qui vivent dans des ménages présentant une insécurité alimentaire. Pour les enfants, les conséquences néfastes sur la santé ne semblent pas être causées par des déficiences nutritionnelles, mais plutôt par l'effet de l'insécurité alimentaire qui constitue un stress psychosocial associé à de l'anxiété, des inquiétudes et des tensions. Il est important de faire une distinction entre la faim dans les pays industrialisés et la faim dans les pays du « tiers monde ». Nous avons été en mesure de démontrer qu'au Canada, les cas de déficiences nutritionnelles sont rares. L'arrêt de la croissance, par exemple, est répandu dans les pays à faible revenu, où il est associé à la nutrition et aux infections. Dans les pays à revenu plus élevé, la pauvreté infantile présente des résultats différents. Elle semble être liée au stress causé par un environnement défavorisé, qui est le principal facteur causant des dommages.

Le stress se manifeste physiologiquement (voir l'article De la société aux cellules). Le stress chronique semble influencer les circuits neuronaux de l'enfant, et il peut créer des changements épigénétiques à long terme. Nous avons envisagé cette hypothèse avec nos données de l'ELNEJ, et nous pouvons démontrer pourquoi la dépression, mais pas l'estime de soi et d'autres types de capacités, est plus courante chez les enfants qui ont connu la faim. En d'autres termes, l'insécurité alimentaire grave est créée sociologiquement, mais elle a des effets physiologiques. Nous devons reconnaître les dangers qui menacent les enfants qui connaissent une insécurité alimentaire grave au sein de leur foyer, et nous devons comprendre que le fait de leur donner un peu de nourriture supplémentaire ne permettra pas de régler le problème. La pauvreté >>

“Nous devons reconnaître les dangers

qui menacent les enfants qui connaissent

une insécurité alimentaire grave au sein de leur foyer, et

nous devons comprendre que le fait de leur donner un peu

de nourriture supplémentaire ne permettra pas de

régler le problème.”

Page 16: Bulletin de l'ACSRFR hiver 2015

Bulletin de l´ACSRFR www.carrfsenews.ca Volume 5, numéro 1, hiver 2015

16

Entrevue de l'ACSRFR (suite)infantile qui va jusqu'à la faim chez les enfants doit être résolue, puisqu'elle est totalement inutile. En effet, cela ne coûte pas très cher de protéger une famille d'une insécurité alimentaire grave chez l'enfant (voir la barre latérale Coût de la pauvreté).

Le réseau de banques alimentaires ne fournit-il pas une compensation ou une substitution adéquate pour les familles victimes d'insécurité alimentaire? Absolument pas et jamais! On doit dire clairement que ce n'est pas de nourriture dont a besoin un ménage confronté à l'insécurité alimentaire. C'est un revenu qui est nécessaire. Le revenu discrétionnaire est utilisé pour acheter de la nourriture, et il s'agit de la seule composante flexible du budget, ce qui explique pourquoi il est compromis au sein des ménages qui peuvent à peine répondre à leurs besoins en matière de logement, de transport, de chauffage et d'autres nécessités. Nous savons qu'un tiers des ménages présentant une insécurité alimentaire ne demande jamais l'aide d'une banque alimentaire pour une multitude de raisons bien documentées, allant d'un manque d'accès à la stigmatisation et à la fierté. Le fait de revenir de la banque alimentaire avec quelques sacs de provisions n'atténue pas le stress social. Les banques alimentaires ne fournissent que très peu de repas par rapport aux besoins mensuels. Il s'agit d'un lieu de dernier recours, et les personnes qui utilisent les banques alimentaires en ont vraiment besoin. Mais la banque alimentaire n'a absolument aucun effet curatif pour empêcher les enfants de souffrir d'insécurité alimentaire. Et les effets sur la santé de l'insécurité alimentaire ne seront pas atténués ou réduits par les banques alimentaires.

La faim chez les enfants touche plus quels groupes au Canada? Si nous prenons le Nord en compte, les enfants autochtones sont bien entendu les plus défavorisés au Canada. Si nous parlons de la majorité de la société, la faim chez les enfants est plus courante au sein des ménages monoparentaux composés d'une mère seule. Le fait de vivre avec un revenu provenant de l'aide sociale est aujourd'hui quasi-synonyme de souffrir d'insécurité alimentaire. Il est très difficile, voire impossible, pour une mère avec des enfants qui s'appuie sur l'aide sociale de vivre sans connaître l'insécurité alimentaire. Et il existe également des ménages à faible revenu, par exemple un parent travaillant à temps plein au salaire minimum, qui sont touchés dans la même mesure par l'insécurité alimentaire. Il s'agit réellement d'un problème de revenu.

De quelle manière peut-on réduire le taux d'enfants souffrant de la faim au Canada? Je ne considère plus l'augmentation du salaire minimum ou la hausse des prestations d'aide sociale comme des solutions, car elles sont trop restreintes. Un revenu annuel garanti représente une véritable solution universelle. Cela a très bien fonctionné pour réduire la pauvreté touchant les personnes âgées, et c'est ce dont nous avons besoin pour les ménages et pour toutes les personnes. Il s'agit d'une solution universelle permettant l'accès aux besoins élémentaires, et elle sera plus que rentabilisée. On évite la stigmatisation; pas de condition de ressources ni de

jugement. Il ne s'agit pas de percevoir l'aide sociale. Il s'agit d'un droit universel qui donne la possibilité de répondre aux besoins fondamentaux. Les avantages pour la santé permettront à eux seuls de rentabiliser facilement une telle solution.

Lorsque vous mesurez l'insécurité alimentaire, comment vous assurez-vous que les réponses obtenues sont valides étant donné que les répondants, pour des raisons de fierté ou d'autres motifs, pourraient ne pas répondre franchement aux questions portant sur la faim de leurs enfants? Un travail considérable a été mis en œuvre afin de s'assurer de la validité et de la fiabilité de la mesure de l'insécurité alimentaire des ménages. Le Module d'enquête sur la sécurité alimentaire des ménages comporte

des questions progressives; par exemple, si vous avez répondu « Oui » à la question « Avez-vous eu peur de manquer de nourriture? », nous allons ensuite passer à la question suivante. Un examinateur est également présent. L'enquête est menée en personne ou par téléphone. Elle n'est pas autoadministrée. Ces enquêtes sont réalisées dans des conditions de sécurité et de confiance qui assurent la confidentialité. Elles ont été menées auprès de millions de ménages, et c'est la personne qui connaissait le mieux le foyer qui a répondu aux questions.

Dans l'une des études que nous avons publiées, nous nous sommes rendu compte que certaines femmes mariées signalaient une insécurité alimentaire plus importante que les maris dans des ménages très semblables; la différence en matière d’insécurité alimentaire qui a été révélée ne s'appuie pas sur une opposition entre qui dit la vérité et qui ment, mais plutôt sur ce que nous appelons l'information imparfaite. Il se peut que certaines femmes cachent leur situation à leurs maris qui font de leur mieux pour subvenir aux besoins de la famille. De la même manière, dans le cadre de notre Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes, nous avons posé >>

“Mais la banque alimentaire n'a

absolument aucun effet curatif pour empêcher les

enfants de souffrir d'insécurité alimentaire. Et les effets sur la santé de l'insécurité alimentaire ne seront pas atténués

ou réduits par les banques alimentaires.”

Page 17: Bulletin de l'ACSRFR hiver 2015

Bulletin de l´ACSRFR www.carrfsenews.ca Volume 5, numéro 1, hiver 2015

17

Entrevue de l'ACSRFR (suite) aux parents des questions sur la faim des enfants lorsque ceux-ci étaient petits, puis nous avons posé la même question aux enfants et nous avons obtenu des taux de réponse plus élevés parmi les jeunes. Cela soulève la question de savoir si les jeunes exagèrent? Pas nécessairement. En fait, les problèmes de santé chez les jeunes étaient plus en corrélation avec l'autodéclaration des jeunes à propos de la faim chez les enfants plutôt qu'avec la déclaration des parents. Peut-être que les mères ne réalisaient même pas que leurs enfants avaient faim parce qu'ils le dissimulaient habilement. J'ai découvert dans les études que les enfants trompaient leur mère pour qu'elle mange à sa faim lorsqu'elle semblait se priver de nourriture pour ses enfants. Mais cela a plus à faire avec la dynamique de la famille plutôt qu'avec le mensonge. Il s'agit de types de stress qui ont des répercussions énormes sur les personnes, mais qui n'ont pas d'incidence sur les taux de prévalence de l'insécurité alimentaire au Canada.

Quelles sont les prochaines étapes? En 1994, nous avons commencé une cohorte représentative d'enfants de toutes les provinces du Canada, et nous avons ensuite suivi cette cohorte tous les deux ans, jusqu'en 2008-2009. Les enfants étaient âgés de 1 à 11 ans lorsque nous avons commencé, et de 14 à 25 ans lorsque nous avons terminé. Tous les deux ans, nous avons collecté de l'information au sujet de la santé, de l'école, de la famille, des parents et de la faim. J'ai étudié ces 768 enfants pendant 16 ans.

Nous avons été en mesure de nous intéresser à leur santé au fil du temps, à leurs résultats en matière d'éducation, au début de leur période de fécondité, à leur santé mentale, à la dépression, aux idées suicidaires et ainsi de suite. Aujourd'hui, nous savons que la faim n'est pas un autre exemple de la pauvreté, mais un phénomène unique. Nous avons été en mesure de démontrer que la faim chez les enfants a un effet durable sur la santé générale d'une personne; au début, elle peut être liée à un moins bon état de santé général, et à mesure que les enfants grandissent et deviennent adolescents, ils présentent plus de maladies chroniques, notamment l'asthme.

Nous savons également que la faim chez les jeunes et les jeunes adultes est liée de façon indépendante à la dépression et aux idées suicidaires, même en tenant compte de facteurs biologiques, comme la dépression de la mère, etc.

Nous pouvons également démontrer, indépendamment de nombreuses autres « mauvaises » situations qui peuvent arriver dans la vie d'un enfant, qu'un enfant qui a connu la faim est moins susceptible d'obtenir son diplôme d'études secondaires que les autres enfants pauvres.

J'espère publier d'autres articles sur ces 768 enfants afin de mieux comprendre le stress unique auquel ils ont fait face et en comprendre les effets nuisibles à long terme. Je travaille également sur la question du revenu annuel garanti et plus particulièrement sur le fait qu'il s'agit d'une mesure pouvant être très rentable pour la société en réglant cette situation très difficile pour bon nombre de familles au Canada. <>

Par Jostein Algroy

Le coût de la pauvreté Assurer un financement adéquat du développement de la petite enfance représente un choix économique sensé. Selon un rapport spécial de 2012 de TD Economics intitulé « Early Childhood Education has Widespread and Long Lasting Benefits », les avantages liés à une éducation de grande qualité pendant la petite enfance l'emportent de beaucoup sur les coûts, avec des économies pour la société pouvant aller jusqu'à trois dollars pour chaque dollar investi, et des taux de rendement du capital investi encore plus élevés si l'on prend en compte les enfants défavorisés.

Le rendement du capital investi lié au développement de la petite enfance est encore plus important lorsque l'on s'intéresse aux familles présentant des risques élevés; par exemple, le cadre « Comprehensive Policy Framework for Early Human Capital Investment in BC » de 2009 du gouvernement de la Colombie-Britannique a permis de conclure que la réduction du taux provincial de la vulnérabilité des enfants de 27 % à 15 % en 2015-2016 permettrait de créer des avantages sociaux qui l'emportent sur les coûts selon un facteur de plus de six contre un.

Un rapport de 2011 du Centre canadien de politiques alternatives de Colombie-Britannique, intitulé « The Cost of Poverty in BC », présente des conclusions similaires à propos des avantages des efforts de financement visant à réduire la pauvreté. Si la province parvenait à faire passer les 20 % les plus pauvres de la population (1er quintile) au niveau de revenu du 2e quintile, les économies pour le système de soins de santé pourraient s'élever à elles seules à 1,2 milliard de dollars annuellement.

Le coût de la pauvreté pour la société canadienne est clair. La Dre Elizabeth Lee Ford-Jones, pédiatre sociale et professeure au département de pédiatrie de l'Université de Toronto, a écrit à l'automne dernier dans le Toronto Star que « des éléments de preuve probants dans le domaine de l'épidémiologie sociale démontrent que la pauvreté limite l'avenir des enfants, particulièrement des bébés, qui sont dépourvus de conditions de vie présentant un soutien familial et des occasions d'apprendre et d'être actifs, mentalement et physiquement. Nous ne pourrons pas résoudre ce problème sans faciliter l'accès à des emplois qui offrent un salaire suffisant pour vivre et à des services de soutien appropriés pour tous les Canadiens. » <>

Page 18: Bulletin de l'ACSRFR hiver 2015

Bulletin de l´ACSRFR www.carrfsenews.ca Volume 5, numéro 1, hiver 2015

18

Faits liés à la surveillance ...l’huit partie d’une série au sujet du passé, du présent et de l’avenir de la surveillance de la santé publique. Article rédigé par le Dr Bernard Choi, chercheur scientifique principal, Surveillance des maladies chroniques, Agence de la santé publique du Canada, et journaliste scientifique pour le Bulletin de l’ACSRFR.

Passé John Snow (1813-1858) est un anesthésiste célèbre pour ses enquêtes sur les causes des épidémies de choléra au XIXe siècle en Angleterre, et il est également considéré comme le père de l'épidémiologie moderne. En 1849, M. Snow a cartographié les cas de choléra à Londres et déterminé que la source de l'éclosion était la pompe

à eau publique de la rue Broad (maintenant la rue Broadwick). En plaçant des points sur une carte, il a mis en lumière la grappe de cas de choléra autour de la pompe. Le 8 septembre 1854, M. Snow a retiré la poignée de la pompe et l'épidémie a cessé. Les travaux de M. Snow représentent une bonne illustration de la collecte, de l'analyse, de l'interprétation et de la diffusion de données en préparation de l'intervention en matière de santé publique.

Au cours de la même période, aux États-Unis, on a proposé d'établir un lien entre la surveillance et l'infrastructure de santé publique des États. En 1850, Lemuel Shattuck a publié son rapport intitulé « Report of the Massachusetts Sanitary Commission » qui s'appuyait sur une enquête des conditions d'hygiène dans l'État. Ce rapport a servi de publication de référence en faisant le lien entre les décès, la mortalité infantile, la mortalité maternelle, les maladies transmissibles et les conditions de vie. M. Shattuck a proposé la création d'une infrastructure de santé publique permanente à l'échelle de l'État, et il a recommandé la création de bureaux de santé à l'échelle de l'État et à l'échelle locale, dans le but de recueillir des données statistiques sur les conditions de santé publique. Il a recommandé la réalisation d'un « recensement tous les dix ans, la normalisation de la nomenclature pour les maladies et les causes de décès, et la collecte de données sur la santé en fonction de l'âge, du sexe, de la profession, du niveau socioéconomique et de l'emplacement ». Bien que la législature n'a pas adopté son plan au complet, ses propositions spécifiques sont devenues des activités systématiques en matière de santé publique au cours du XXe siècle.

Présent Surveillance et activités de suivi : La surveillance correspond au suivi systématique des maladies (surveillance des maladies) ou, plus rarement, des comportements à risque (surveillance comportementale), en utilisant le même système de collecte des données au fil du temps. La surveillance permet de décrire une épidémie et sa propagation et peut contribuer à prédire les tendances futures et à élaborer des programmes de prévention. Autrement dit, la surveillance correspond au suivi systématique avant (ou en l'absence) une intervention (politique, programme ou mesure), ce qui peut mener à l'élaboration d'une intervention. D'un autre côté, les activités de suivi correspondent au suivi systématique des renseignements prioritaires à propos d'un programme et de ses résultats prévus. Les activités de suivi permettent de déterminer dans quels secteurs des efforts les plus importants sont requis et de confirmer les questions qui pourraient contribuer à une amélioration de l'intervention, mais auxquelles on peut uniquement répondre avec des méthodes de recherche de résultats plus raffinées que celles utilisées dans le cadre de la surveillance de routine et des activités de suivi. En d'autres termes, les activités de suivi correspondent à un suivi systématique après la mise en œuvre d'une intervention, et elles peuvent permettre d'améliorer l'intervention.

Surveillance et évaluation : L'évaluation correspond à un ensemble d'activités visant à déterminer la valeur ou le mérite d'un programme, d'une intervention ou d'un projet précis. Autrement dit, il s'agit de déterminer la pertinence, l'efficacité, et l'incidence d'un programme par rapport à ses objectifs. L'évaluation compte trois étapes : la collecte d'information, les attentes, et l'attribution. L'évaluation utilise les mêmes méthodes pour recueillir l'information que la surveillance. Mais elle va cependant deux étapes plus loin que la surveillance. Elle compare les répercussions réelles du programme par rapport aux niveaux prévus, tels qu'ils sont précisés dans les objectifs du programme (les attentes). Elle essaye également d'attribuer les changements à l'élaboration et à la mise en œuvre du programme (attribution). Il existe une différence entre le suivi et l'évaluation d'un programme. >>

Page 19: Bulletin de l'ACSRFR hiver 2015

Bulletin de l´ACSRFR www.carrfsenews.ca Volume 5, numéro 1, hiver 2015

19

Les activités de suivi s'intéressent aux changements apportés aux résultats après la mise en œuvre d'un programme ou d'un projet, mais elles ne sont pas en mesure d'attribuer ces changements directement à l'intervention. L'évaluation vise précisément à attribuer les changements à l'intervention comme telle, par opposition à des facteurs non liés au programme.

Futur Préparer l'avenir en s'appuyant sur les leçons tirées du passé : L'auteur et A.W.P. Pak ont proposé 12 défis relatifs à la surveillance de la santé publique au XXIe siècle : (1) élargir le système actuel de surveillance pour inclure, en plus des décès, les nouveaux cas de maladies; 2) élaborer des plans à long terme pour les systèmes de surveillance et éviter les systèmes ponctuels; (3) élaborer des règles de base à propos des délais et des modes pour ajouter, supprimer ou modifier les définitions des variables sous surveillance lorsque de nouvelles preuves scientifiques se manifestent; (4) élaborer des systèmes de collecte de données à grande échelle et largement distribués qui sont fondés sur la population; (5) élargir le système actuel de surveillance, qui est fondé principalement sur les résultats en matière de santé, pour inclure également les facteurs de risque et les indicateurs d'intervention; (6) mettre au point de nouveaux outils d'analyse et de nouvelles statistiques afin de faciliter l'élaboration de stratégies de prévention et de contrôle des maladies; (7) élaborer des systèmes de surveillance qui sont étroitement intégrés à la recherche étiologique; (8) développer des méthodes de prévisions plus performantes et plus précises; (9) mettre au point un mécanisme plus direct et plus efficace pour incorporer l'information au processus de prise de décisions en matière de santé publique; (10) élaborer de meilleurs protocoles d'évaluation des programmes de santé publique et des interventions à l'aide des données de surveillance; (11) élaborer de meilleures façons de diffuser l'information à toutes les personnes qui en ont besoin; (12) s'assurer que le système de surveillance permet d'améliorer la santé de tous, de manière équitable et sans préjugés.

Renforcement de la capacité de surveillance : Pour éviter la fragmentation des efforts de surveillance à l'échelle nationale, il est nécessaire que les organismes fédéraux favorisent la collaboration des intervenants à l'échelle nationale.

Les systèmes de surveillance de la santé publique peuvent être renforcés (1) en allouant des ressources, y compris des ressources humaines, pour l'utilisation efficace des données et des outils de surveillance de la santé publique, et 2) en reconnaissant la nécessité pour le personnel existant d'acquérir de nouvelles compétences. <>

Appel de candidatures Êtes vous intéressé et disponible pour contribuer à définir la stratégie de l’ACSRFR? Vous avez le temps de faire du bénévolat? Nous cherchons des membres pour nos groupes de travail (Formation, Outils et Ressources et Innovation en matière de surveillance) et pour le comité de coordination. Les mandats sont d’une durée de deux ans.  Chaque groupe a un objectif particulier. Le Groupe de travail sur la formation coordonne les activités, y compris les séances bimensuelles de formation en ligne et le Forum en ligne qui reposera sur une évaluation des besoins actuels. Le Groupe de travail sur les outils et les ressources repère les outils et les ressources qui sont actuellement disponibles et étudie comment jumeler ceux qui en « ont » à ceux qui en « ont besoin ». Il envisage des moyens créatifs qui faciliteraient les contacts, y compris une plus grande utilisation de notre compte Twitter et d’autres options de réseautage. Le Groupe de travail sur l’innovation en matière de surveillance existe depuis peu de temps et il est possible d’orienter la direction qu’il prendra. Le Comité de coordination fournit des conseils sur le fonctionnement de l’ACSRFR et prend les décisions dans des domaines précis, notamment sur la présence sur le Web et le bulletin. Plusieurs postes sont à combler, et nous vous invitions à communiquer avec nous si vous désirez des renseignements plus détaillés, proposer un collègue, ou vous porter volontaire. Les membres de l’ACSRFR sont sa force : nous vous encourageons à participer! <>

Page 20: Bulletin de l'ACSRFR hiver 2015

Bulletin de l´ACSRFR www.carrfsenews.ca Volume 5, numéro 1, hiver 2015

20

> MESSAGE > PROFIL > SALUTATION >

Page 21: Bulletin de l'ACSRFR hiver 2015

Bulletin de l´ACSRFR www.carrfsenews.ca Volume 5, numéro 1, hiver 2015

21

Message de la présidente Betty Reid-White, présidente du Comité canadien de coordination (CCC), fait le point sur les réalisations de l'ACSRFR au cours du dernier trimestre et sur ce qui attend l'ACSRFR pour les mois à venir.

Bienvenue à cette nouvelle édition du Bulletin de l'ACSRFR.

L'Alliance canadienne de surveillance régionale des facteurs de risques (ACSRFR) a été lancée en 2008 grâce aux efforts d'un groupe de chefs de file en matière de santé publique qui ont su reconnaître la nécessité d'améliorer la surveillance des facteurs de risque des maladies chroniques à l'échelle régionale et locale. L'ACSRFR est devenue un vaste réseau de professionnels de la santé publique aux niveaux local, provincial, territorial et fédéral. Le Comité canadien de coordination (CCC) planifie et appuie le travail de l'ACSRFR. Ensemble, tous les membres de l'ACSRFR espèrent faire progresser la santé publique grâce à une amélioration de la surveillance à l'échelle locale et régionale.

L'Agence de la santé publique du Canada (ASPC) agit à titre de secrétariat de l'ACSRFR, et est également son principal contributeur financier. À cet égard, l'ASPC commandite en ce moment une évaluation du réseau de l'ACSRFR. Durant le processus d'évaluation, plusieurs membres de l'ACSRFR seront interrogés afin de recueillir leurs commentaires et leurs rétroactions sur la valeur du réseau et sur la façon d'améliorer son fonctionnement. L'évaluation sera terminée d'ici mars 2015. Nous sommes impatients de recevoir les résultats de l'évaluation et le rapport connexe.

Dans le but d'atteindre ses objectifs, le CCC, grâce au soutien des personnes et des groupes de travail concernés, compte poursuivre l'élaboration d'une base de données d'experts en la matière, finaliser le document de validation de concept, et créer un site Web

du Bulletin de l'ACSRFR. Des renseignements sur ces activités vous ont été fournis au cours des éditions précédentes du bulletin.

Je tiens à remercier Nawal Lutfiyya, qui a terminé son mandat auprès du CCC. Nawal était membre du CCC, ainsi que présidente du groupe de travail sur la formation. Merci, Nawal, pour votre soutien à l'ACSRFR et votre contribution à la formation continue des membres de l'alliance. Nous vous souhaitons tout le succès possible dans vos projets.

C'est uniquement grâce au travail des bénévoles que l'ACSRFR peut continuer à atteindre son objectif qui consiste à améliorer la surveillance des facteurs de risques à l'échelle régionale. Nous sommes actuellement à la recherche de professionnels motivés prêts à participer au CCC et à appuyer les travaux permanents de l'ACSRFR. Si vous souhaitez apporter votre contribution, que ce soit en formulant des idées et des suggestions pour la planification future, ou en se joignant à un groupe de travail ou au CCC, veuillez communiquer avec Mary Lou Decou.

Il s'agit de votre réseau. Modelez-le à votre image!

Betty Reid-White Présidente, Comité canadien de coordination (CCC)

Page 22: Bulletin de l'ACSRFR hiver 2015

Bulletin de l´ACSRFR www.carrfsenews.ca Volume 5, numéro 1, hiver 2015

22

Profil de l'ACSRFR...Afin de renforcer notre communauté, le Bulletin de l'ACSRFR présente le profil d'un de ses principaux membres dans chaque numéro. Dans ce numéro, nous vous présentons John Cunningham, épidémiologiste au Bureau de santé du district de Leeds, Grenville et Lanark, en Ontario.

Quels sont vos antécédents professionnels? En dehors du milieu universitaire, j'ai travaillé pour le Ministère de la Défense nationale pendant 15 ans, en me spécialisant dans le génie militaire et en dirigeant ma propre entreprise pendant huit ans. Ma formation universitaire est très variée. J'ai étudié la foresterie au Collège MacDonald à Montréal au début des années 1980, puis la géographie et la géologie à l'Université Concordia. Après mon retour à l'université à la fin des années 1990 pour étudier la biologie à l'Université Queen's, je me suis intéressé à l'écologie végétale et en particulier aux aspects spatiaux de la compétition interspécifique des plantes. Ce domaine, associé à ma formation en géographie, a vraiment piqué mon intérêt pour l'analyse spatiale et les systèmes d'information géographique (SIG). J'ai également obtenu une maîtrise en santé communautaire et en épidémiologie à l'Université Queen's, effectué des recherches sur la médecine d'urgence, et ensuite travaillé à l'Université Queen's en effectuant des recherches en épidémiologie. J'ai commencé ma carrière dans le domaine de la santé publique en 2006 au Bureau de santé du district de Leeds, Grenville et Lanark dans l'est de l'Ontario, et j'y travaille toujours. Je suis passionné par l'apprentissage et j'ai continué à développer mes compétences professionnelles en suivant des cours liés à l'épidémiologie en ligne et par l'entremise du Programme canadien d'épidémiologie de terrain, ainsi que de nombreux cours de formation professionnelle à propos des SIG.

Qu'est-ce qui vous inspiré à devenir épidémiologiste? C'est au cours d'une excursion de pêche à Terre-Neuve que j'effectuais avec un bon ami rencontré pendant mon service au sein de l'Armée canadienne que les choses ont commencé à se dessiner plus nettement. Nous étions en train de discuter de ce que je pourrais faire avec toutes les études et l'expérience que j'avais accumulées. Il s'est tourné vers moi alors qu'il lançait sa ligne à l'eau et m'a dit de but en blanc : «As-tu déjà pensé à l'épidémiologie? » Je lui ai répondu : « Épidémio-quoi? » Et c'est ainsi que tout a commencé. Il n'y a eu aucun moment de clairvoyance ni d'épiphanie de ma part. Seulement une excursion de pêche. Je constate maintenant que mon parcours universitaire présentait un thème commun qui menait à l'épidémiologie. Je crois qu'il en est de même pour de nombreuses personnes qui trouvent un métier qui les passionne. >>

Page 23: Bulletin de l'ACSRFR hiver 2015

Bulletin de l´ACSRFR www.carrfsenews.ca Volume 5, numéro 1, hiver 2015

23

Profil de l'ACSRFR (suite) À quoi consacrez-vous le plus de temps dans le cadre de vos fonctions actuelles? J'ai la chance d'exercer un rôle au sein d'un bureau de santé publique qui me permet à la fois d'être généraliste et spécialiste en même temps. Je passe environ 60 % de mon temps faire à effectuer des travaux d'épidémiologie et d'analyse au quotidien qui appuient l'évaluation de la santé de la population ainsi que la surveillance et la planification et l'évaluation des programmes. Cela comprend la production de rapports destinés à notre personnel, au Conseil de santé, aux organisations communautaires et aux médias. Je dirige également des consultations épidémiologiques pour le personnel du bureau. Les autres 40 % de mon temps sont consacrés à travailler sur des projets de recherche approfondis au sein du bureau de santé et pour des intervenants externes, et à effectuer de la surveillance syndromique. Je suis également un ardent partisan de l'ajout d'un élément d'analyse spatiale au travail que j'effectue. Je suis très chanceux que le bureau ait compris la valeur qu'apporte l'épidémiologie spatiale et ait soutenu mon travail en me fournissant des logiciels, de la formation et un soutien en matière de technologie de l'information. Je me suis également efforcé d'aller au-delà de l'effet de gadget novateur qu'apporte notre SIG en matière de visualisation des données pour y ajouter les tests statistiques des effets spatiaux et spatio-temporels qui peuvent se produire au sein des distributions locales des maladies.

Qu'est-ce qui a vous a motivé à devenir membre de l'ACSRFR? J'ai assisté à la conférence du groupe de réflexion de l'ACSRFR en 2008 et j'ai été impressionné par la diversité et la profondeur des connaissances spécialisées, ainsi que par la participation de toutes les régions du Canada. À l'époque, je n'avais pas à offrir une grande expérience en matière de santé publique, mais j'ai été impressionné par la séance plénière et les ateliers. J'ai immédiatement compris l'intérêt qu'il y avait à unir de tels talents et connaissances afin de réfléchir à des idées en matière de coordination et d'échange de renseignements de surveillance de la santé publique entre tous les organismes au Canada. L'objectif d'un réseau de réseaux à l'échelle nationale est apparu comme une évidence à mes yeux.

Comment concevez-vous le rôle actuel de l'ACSRFR au Canada? Je pense que l'ACSRFR a un rôle majeur à jouer en regroupant la gigantesque quantité d'information de surveillance de la santé publique afin d'uniformiser la façon dont la surveillance est effectuée dans différents organismes partout au Canada et au-delà. Il s'agit là en soi d'une tâche

énorme. Le Canada est un grand pays diversifié tant sur le plan de la géographie que des dispositions territoriales et politiques prises par nos organismes de santé. Le fait de disposer d'un répertoire central des données, méthodologies et formations en matière de surveillance est essentiel pour permettre une communication et un partage efficaces. De plus, je pense que l'ACSRFR peut jouer un rôle déterminant dans la diffusion de nouvelles idées et tendances en matière de surveillance de la santé publique à mesure qu'elles évoluent.

Quelles sont les possibilités futures de l'ACSRFR? L'ACSRFR est bien placée pour tirer profit des développements et innovations actuels et futurs en matière de méthodes de collecte, d'analyse et de communication des données liées à la surveillance des facteurs de risque. Je crois que les progrès réalisés en matière de puissance informatique et de codage des logiciels, ainsi que les nouvelles méthodes de collecte de données et les grandes bases de données relationnelles rendent notre époque

très excitante pour toutes les formes de surveillance de la santé publique. Je pense que l'ACSRFR est en mesure de jouer un rôle clé dans la coordination et l'éducation des professionnels de la santé publique dans les domaines de la formation continue et de la communication de nouvelles méthodologies et de nouveaux processus. Je pense aussi que l'ACSRFR a la possibilité d'agrandir son répertoire de connaissances et de compétences en incluant une collectivité plus grande qui s'appuie sur la recherche universitaire et non universitaire. <>

Par Jostein Algroy

“Je pense que l'ACSRFR a un rôle majeur à jouer en

regroupant la gigantesque quantité

d'information de surveillance de la

santé publique afin d'uniformiser la façon dont la surveillance est effectuée dans

différents organismes partout au Canada et

au-delà.”

Page 24: Bulletin de l'ACSRFR hiver 2015

Bulletin de l´ACSRFR www.carrfsenews.ca Volume 5, numéro 1, hiver 2015

24

Salutation...Voici l'endroit pour souhaiter la bienvenue aux nouveaux membres du Comité directeur de l'ACSRFR, le Comité canadien sur la coordination (CCC), et pour rendre hommage à ceux qui doivent quitter le Comité pour prendre ou respecter d'autres engagements.

Envoyez-nous votre articleNous invitons tous les membres à nous envoyer des articles pour les numéros à venir. Nous favorisons un bulletin bilingue, et les articles seront publiés dans la langue dans laquelle ils sont transmis (l’anglais ou le français). Veuillez transmettre votre article au rédacteur en chef du Bulletin de l’ACSRFR à [email protected].

Dre Nawal Lutfiyya Dre Nawal Lutfiyya a été l'une des principales membres de l'ACSRFR depuis 2008 et une responsable clé de l'élaboration et de l'évolution du réseau de l'ACSRFR. Elle s'est jointe à l'ACSRFR afin de participer au comité de planification du premier symposium en 2008. Au fil des années, elle a fourni des directives et des conseils en tant que présidente du groupe de travail sur la formation et a été une membre brillante du Comité canadien de coordination. L'ACSRFR a profité au cours des années de l'expertise et des conseils de Nawal; elle a présenté de nombreuses séances d'apprentissage en ligne et tenu plusieurs discours liminaires, et elle a dirigé beaucoup d'ateliers. La Dre Lutfiyya est désormais chercheure scientifique principale auprès du National Center for Inter-professional Practice and Education, et professeure de soins de pharmacie et de sciences pharmaceutiques à la University of Minnesota-Twin Cities située à Minneapolis, au Minnesota. Nous remercions Nawal pour l'ensemble de ses contributions au fil des ans et pour avoir si généreusement partagé ses connaissances et sa grande sagesse. Nous lui souhaitons tout le meilleur pour l'avenir!

Par Mary Lou Decou

MANDAT VISION MISSIONl’ACSRFR est un réseau de

partenaires du secteur public qui souhaitent collaborer pour renforcer les capacités en

matière de surveillance des facteurs de risque de maladies chroniques à l’échelle régionale

et locale au Canada afin de contrôler et de prévenir les

maladies chroniques.

Des mesures durables et efficaces de collecte, d’analyse,

d’interprétation et d’utilisation de données sur les facteurs de

risque à l’échelle régionale et locale pour pouvoir prendre de meilleures décisions en matière de programmes et de politiques

au Canada.

Mettre sur pied et renforcer les capacités de surveillance des facteurs de risque à l’échelle

régionale et locale au Canada.

Comités l’ACSRFRComité de coordination

canadien (CCC)Group de travail sur les outils et les ressources

Group de travail sur la formation

Groupe de travail sur l’innovation en matière de

surveillancePrésidente: Betty Reid-White Présidente: Ahalya Mahendra Présidente: Vacant Présidente: Michelina Mancuso

Co-Président: Ali Artaman Co-Président:: Vacant Co-Présidente:: Audrey Layes Co-Présidente: Vacant