19
• 1 • La Fouine • N° 1 • Décembre 2014 • L L L L L L L L L A A A A A A A A A F F F F F F F F F F F F OUINE OUINE OUINE OUINE OUINE OUINE OUINE OUINE OUINE OUINE OUINE OUINE Bulletin d’information de la Fédération Allier Nature N° 1 - Décembre 2014 « Le triomphe des démagogies est passager, mais les ruines sont éternelles. » Charles Péguy

Bulletin FAN n° 1 2014alliernature.asso.fr/texte/fouine n1.pdf · 2014-12-24 · tous les moyens, tout particulièrement l’erreur d’appréciation (T.A. de Cler-mont-Ferrand,

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Bulletin FAN n° 1 2014alliernature.asso.fr/texte/fouine n1.pdf · 2014-12-24 · tous les moyens, tout particulièrement l’erreur d’appréciation (T.A. de Cler-mont-Ferrand,

• 1 • La Fouine • N° 1 • Décembre 2014 •

LLLLLLLLLLLLAAAAAAAAAAAA F F F F F F F F F F F FOUINEOUINEOUINEOUINEOUINEOUINEOUINEOUINEOUINEOUINEOUINEOUINE

Bulletin d’information de la Fédération Allier Nature

N° 1 - Décembre 2014

« Le triomphe des démagogies est passager,

mais les ruines sont éternelles. »

Charles Péguy

Page 2: Bulletin FAN n° 1 2014alliernature.asso.fr/texte/fouine n1.pdf · 2014-12-24 · tous les moyens, tout particulièrement l’erreur d’appréciation (T.A. de Cler-mont-Ferrand,

• 2 • La Fouine • N° 1 • Décembre 2014 •

Editorial

Les temps sont dursLes temps sont dursLes temps sont durs

Les motivations des bénévoles qui œuvrent dans une association de protection de la

nature et de l’environnement sont diverses, mais elles reposent essentiellement sur

l’idée qu’on peut, en étant rassemblés, en unissant nos forces, influer sur l’avenir de

cet « héritage que nous empruntons à nos enfants ». Pour qu’on respecte cette na-

ture, cette diversité, ces ressources des milieux naturels, pour lutter contre toutes les

pollutions et nuisances qui nous menacent, pour … je m’arrête ! Je suis en train de

reprendre nos statuts ! En tout cas, c’est une motivation relevant au plus haut point

de la préservation de l’intérêt général, privilégiant résolument le long terme par op-

position aux intérêts privés, partisans, lobbyistes. Or nous baignons dans une socié-

té intéressée, pusillanime, recherchant le plaisir immédiat, obnubilée par des cour-

bes de ventes, de croissance, d’emplois, de profits, devant être sempiternellement

ascendantes. Que nous refusions le gaspillage, que nous défendions la forêt, la res-

source en eau, les économies d’énergie, la santé, la qualité des aliments, le respect

des animaux… convient parfaitement aux discours, à la presse, aux pouvoirs publics,

aux administrations tant que cela reste de la littérature. Eux-mêmes se gorgent de

mots de ce type dans leurs réunions, leurs professions de foi, leurs congratulations.

Par contre, que ces idées les contraignent à reconsidérer leurs positions, à remettre

en cause, et alors ils les oublient, ou même les combattent sans vergogne. Trop

nombreux sont les élus qui nous déçoivent : sous prétexte que quelques-uns, en

nombre de plus en plus restreint d’ailleurs, aient glissé un bulletin de vote à leur

nom à un moment donné, ils se croient autorisés à jouer aux potentats locaux im-

bus de leurs prérogatives, responsables, eux, face à ces utopistes qui réclament une

démocratie participative, un débat citoyen, une décentralisation des responsabilités.

Ne nous trompons pas : si le pouvoir décisionnel nous échappe encore plus en pas-

sant de notre capitale Clermont-Ferrand à Lyon, ce n’est pas un hasard : cette re-

fonte du paysage administratif dans ce pays malade d’hypercentralisation depuis des

siècles relève d’un calcul réfléchi mais tu. Sous prétexte d’amélioration de gestion

financière, cette refonte territoriale s’inscrit parfaitement dans le schéma de reprise

en main du pouvoir central opposé à ceux qui aspirent à une démocratie réelle ac-

crue. Sous les conseils bienveillants et la bénédiction des hauts-fonctionnaires éta-

blis persuadés qu’il n’est que temps de revenir aux choses sérieuses, aux temps où

on pouvait endiguer un lit majeur, forer des tunnels sous les Alpes, assainir toutes

ces malsaines zones humides... Tout en bombant le torse lors de conférences envi-

ronnementales.

MMMMAGAZINEAGAZINEAGAZINEAGAZINE « « « « LLLLAAAA F F F FOUINEOUINEOUINEOUINE » » » » ---- B B B BULLETINULLETINULLETINULLETIN DDDD’’’’INFORMATIONINFORMATIONINFORMATIONINFORMATION DEDEDEDE LALALALA F F F FÉDÉRATIONÉDÉRATIONÉDÉRATIONÉDÉRATION A A A ALLIERLLIERLLIERLLIER N N N NATUREATUREATUREATURE

N° 1 N° 1 N° 1 N° 1 ---- DDDDÉCEMBREÉCEMBREÉCEMBREÉCEMBRE 2014201420142014

Directeur de la publicationDirecteur de la publicationDirecteur de la publicationDirecteur de la publication : Jacques Debeaud. Rédaction, mise en page & diffusionRédaction, mise en page & diffusionRédaction, mise en page & diffusionRédaction, mise en page & diffusion : équipe bénévole et salariale de l’association.

PhotographiesPhotographiesPhotographiesPhotographies. Couverture : bras de la Loire en crue, commune de Beaulon, 11 novembre 2014 © FAN 2014 / p. 3 : val de Besbre, commune de Vaumas © FAN 2009 / p. 3 : Martes foina © Bohus Cicel, www.flickr.com/photos/bcicel, licence CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons / p. 10 : stockage

de déchets, commune de Montluçon © FAN 2014.

Reproduction intégrale ou partielle strictement interdite sans autorisation de l’association (article L. 122-4 et articles L. 335-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle).

FFFFÉDÉRATIONÉDÉRATIONÉDÉRATIONÉDÉRATION A A A ALLIERLLIERLLIERLLIER N N N NATUREATUREATUREATURE (FAN) (FAN) (FAN) (FAN) Maison des Associations Maison des Associations Maison des Associations Maison des Associations ---- 216 Avenue de la Gare 216 Avenue de la Gare 216 Avenue de la Gare 216 Avenue de la Gare

F F F F ---- 03 03 03 03 290 Dompierre290 Dompierre290 Dompierre290 Dompierre----sursursursur----BesbreBesbreBesbreBesbre 04 70 34 69 49 - alliernature [at] orange.fr - www.alliernature.asso.fr

Fondée en 1976. Agréée de protection de l’environnement dans le département de l’Allier au titre de l’article L. 141-1 du Code de l’environnement. Affiliée à la Fédération de la région

Auvergne pour la nature et l’environnement (FRANE) et à France Nature Environnement (FNE).

Magazine publié sur le site Internet de la FAN.Magazine publié sur le site Internet de la FAN.Magazine publié sur le site Internet de la FAN.Magazine publié sur le site Internet de la FAN.

Sommaire

���� Editorial p. 2

���� Travaux routiers dans le lit majeur de l’Allier p. 4

���� Projet de barrage sur la Chaux p. 7

���� Montagnes de déchets illégaux dans l’agglomération

montluçonnaise p. 8

���� Ligne à grande vitesse Paris - Orléans - Allier - Lyon p. 11

���� Golf de Montcombroux-les-Mines p. 13

���� Palmarès 2014 de l’écologie. Allier : 92ème sur 96

départements dans le domaine de la qualité de l’eau ! p. 14

���� Fusion des régions p. 16

���� Tribune : Au loup ! Au loup ! p. 18

Page 3: Bulletin FAN n° 1 2014alliernature.asso.fr/texte/fouine n1.pdf · 2014-12-24 · tous les moyens, tout particulièrement l’erreur d’appréciation (T.A. de Cler-mont-Ferrand,

• 3 • La Fouine • N° 1 • Décembre 2014 •

Nous allons tenter de résister, de ne pas entrer dans leur jeu, de continuer à viser un

intérêt général masqué par des orientations à courte vue. Mais ça va être dur. Il faut

aller contre l’opinion bien pensante, contre les idées distillées en permanence par la

majeure partie des médias. Voyez comment est présentée la question du loup à TF1 :

benoitement, doucereusement, ces milliers de douces brebis amoureusement bichon-

nées par de si gentils bergers… vous voyez la suite ? Comment aller contre ça ? Cet

édito de La Fouine n’y suffira pas ! Avec le concours de la presse, elle n’est pas toute

complaisante et un de nos moyens d’action réside dans le caractère global de la situa-

tion : de toutes les régions, de tous les départements nous viennent des alertes, l’auto-

ritarisme n’est pas qu’en Allier ! Déception, amertume, colère, désespoir..., c’est par

ces mots que le président de la FRAPNA s’exprime dans son édito du mois d’octo-

bre. D’ailleurs, s’il y a eu un remaniement ministériel, il est significatif de constater

qu’il n’y a qu’au ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie

que quatre ministres se sont succédés depuis mai 2012.

Les temps sont durs, les générations qui suivent la mienne ne réagissent pas de la

même façon. Ils hésitent à s’engager. Et je les comprends, mes enfants ont donné à

travers nous ! Ils militent autrement, de manière spontanée, en tout cas moins conti-

nue, passant d'un domaine à un autre plus motivant. C’est pourtant bien un membre

d’une association de FNE comme la nôtre qui est mort au barrage de Sivens. Ils sont

bien là, c’est à nous de nous adapter pour eux. �

Jacques Debeaud, Président

Val de Besbre sous la neige

Martes foina

Agenda 2015

� Assemblée générale FAN : 7 mars (en val de Besbre).

� Assemblée générale FRANE : 11 avril (dans le Puy-de-Dôme).

� Assemblée générale FNE : 28 mars (en région parisienne).

Page 4: Bulletin FAN n° 1 2014alliernature.asso.fr/texte/fouine n1.pdf · 2014-12-24 · tous les moyens, tout particulièrement l’erreur d’appréciation (T.A. de Cler-mont-Ferrand,

• 4 • La Fouine • N° 1 • Décembre 2014 •

Contournements routiers de Vichy

et de Varennes-sur-Allier

La lutte contre le « Notre-Dame des Landes »

auvergnat a vécu Contournement Sud-Ouest de Vichy, acte I

En 2012, le Tribunal administratif de Clermont-Ferrand annulait l’autorisa-tion de réaliser le contournement routier Sud-Ouest de Vichy (4 km de rem-blai dans le lit majeur de l’Allier et pont de franchissement dans une zone de mobilité intense) au titre de la loi sur l’eau pour renvoi à une étude ulté-rieure de la détermination des mesures compensatoires destinées à assurer à la rivière Allier sa dynamique fluviale et pour insuffisance des études d’incidences du projet sur le milieu aquatique et la biodiversité associée (T.A. de Clermont-Ferrand, 30 octobre 2012, Fédération de la région Au-

vergne pour la nature et l’environnement (FRANE) c. Préfet de la région

Auvergne, Préfet du Puy-de-Dôme et Préfet de l’Allier, n° 1200404). Il considérait également que le « remblai sera créé dans un secteur à forte mobi-lité de la rivière, dite encore dynamique fluviale, qu’il convient de préserver afin, non seulement de ne pas accentuer les altérations déjà constatées, mais aussi afin de garantir la qualité des écosystèmes et maintenir la quantité et la qualité de la nappe alluviale » (point 4 du jugement). Acte II : la dynamique dynamitée

Le pétitionnaire, le Conseil général de l’Allier, déposait immédiatement un dossier nouveau, et obtenait fin 2013 une autorisation nouvelle des Préfets de l’Allier et du Puy-de-Dôme, attaquée par la FAN et la FRANE. Les tra-vaux débutent au printemps 2014, un recours en référé-suspension est enga-gé, l’affaire est expédiée, pas de doute sérieux quant à la légalité de la déci-sion querellée… (T.A. de Clermont-Ferrand, ordonnance du 18 juin 2014,

FRANE et FAN, n° 1400994).

Le 7 novembre 2014, sur le fond, le T.A. ignore le point 4 précité et rejette tous les moyens, tout particulièrement l’erreur d’appréciation (T.A. de Cler-

mont-Ferrand, 7 novembre 2014, FRANE et FAN c. Préfet de la région Au-

vergne, Préfet du Puy-de-Dôme et Préfet de l’Allier, n° 1400148). Les me-sures destinées à compenser la réduction de l’espace de mobilité (52 ha dé-truits par l’infrastructure) sont « validées » bien que jugées par les associa-tions comme inopérantes, non-additionnelles aux actions publiques existan-tes ou prévues (Directive communautaire sur l’eau, SDAGE, Plan Loire Na-ture) voire irréalisables*. Les associatifs auvergnats, pionniers sur les questions d’hydromorphologie et le concept d’espace de liberté (v. « Eléments d’hydromorphologie fluviale », J.-R. Malavoi et J.P. Bravard, ONEMA, 2010), apprécient la leçon. Par ailleurs et plus que jamais, ce jugement ne fait que conforter l’idée que la « compensation écologique » équivaut à un droit à détruire. * Les sites dits de « compensation » sont situés à Mariol, en amont (25 ha à la boucle du Buisson), et à Avermes, à 60 kilomètres en aval (21 ha aux Verdiaux et 5 ha aux Chaven-nes). Les associations dynamitées également En 2012, le Conseil général de l’Allier et les deux Préfectures, parties per-dantes, n’avaient pas été condamnés aux frais. En 2014, les associations, parties perdantes, sont condamnées à verser glo-balement 1 500 € audit Conseil général… Cela se passe de commentaire. Equité et situation économique sont par ailleurs ignorées (budget du Dépar-tement : 457 millions en 2014). On n’oubliera pas aussi d’exposer que, dans le cadre du premier conten-tieux, les élus du Conseil général avaient stoppé manu militari, en 2012, par minables représailles, une opération de sensibilisation à destination du pu-blic en faveur des bonnes pratiques de jardinage qui devait être menée par la FAN avec le soutien dudit Conseil, anéantissant l’ensemble du travail effectué jusqu’alors, le fruit des échanges constructifs tenus avec les fonc-tionnaires, etc.

Page 5: Bulletin FAN n° 1 2014alliernature.asso.fr/texte/fouine n1.pdf · 2014-12-24 · tous les moyens, tout particulièrement l’erreur d’appréciation (T.A. de Cler-mont-Ferrand,

• 5 • La Fouine • N° 1 • Décembre 2014 •

Vichy et Varennes : rejet des plaintes communautaires

Parallèlement, et probablement parce que pas un étudiant écolo et pacifiste n’a encore reçu une grenade dans la tronche, la Commission européenne a rejeté les plaintes des associations, FRANE et FAN, contre ce projet du contournement S.O. de Vichy (décision du 18 décembre 2013) ainsi que contre celui de Varennes-sur-Allier (décision du 24 janvier 2014), porté par la DREAL Auvergne, également dans le lit majeur de l’Allier, impactant son espace de liberté minimal sur 9 ha, dans une zone sensible et riche et de mo-bilité très intense : aquifère reconnu comme très sensible et vulnérable ; in-frastructure située dans le périmètre de protection de captages d’alimenta-tion en eau potable, de trois sites Natura 2000, de deux ZNIEFF de type I, de secteurs de présence d’espèces protégées, dont certaines rares et emblé-matiques dont la Cistude d’Europe et l’Agrion de Mercure. On rappellera qu’aucune mesure compensatoire à la destruction de la zone de dynamique fluviale à Varennes n’a été actée. La seule mesure décidée est une duperie des services de l’Etat tendant à démolir, aux frais du contribua-ble, une digue moderne composée de déchets... totalement illégale ! Quant aux mesures compensatoires aux atteintes à la biodiversité, les plans de gestion 2013 - 2017 (parcelles réparties sur 4 sites*) présentés par le Conservatoire d’espaces naturels de l’Allier ont reçu un avis critique et dé-favorable du Conseil scientifique régional du patrimoine naturel (CSRPN Auvergne) le 25 mars 2014. La FAN et la FRANE ne se sont jamais opposées à un contournement de Varennes (pollutions, nuisance, accidentologie importantes via la circula-tion en pleine ville de 8 700 véhicules dont 32 % de camions). Un tracé dans le bocage, à l’est de la ville, hors de la zone inondable, était possible ; il avait été écarté lors de la procédure de la DUP (signée en 1995 par la ministre de l’environnement Corinne Lepage) à raison de probables interventions politiques ; et son coût financier eut été moindre. Le traitement des procédures devant la Commission européenne s’est réali-sé non contradictoirement, se bornant, suite aux mémoires des plaignantes,

Page 6: Bulletin FAN n° 1 2014alliernature.asso.fr/texte/fouine n1.pdf · 2014-12-24 · tous les moyens, tout particulièrement l’erreur d’appréciation (T.A. de Cler-mont-Ferrand,

• 6 • La Fouine • N° 1 • Décembre 2014 •

à de seuls échanges avec les services de l’Etat. Quand on sait que pour Varennes, c’est l’Etat qui est cumulativement péti-tionnaire et décisionnaire… Quand on sait également que pour Vichy, la Banque européenne d’investissement a co-constitué la société Allicso, la-quelle finance et construit l’ouvrage... Les travaux de ces deux projets sont en cours**. Le flumen elaver, dit-on, est l’une des dernières grandes rivières sauvages d’Europe occidentale. * Pont de Châtel (18 ha), Île Saint-Loup (3 ha), Pont de Chazeuil (23 ha) et Le Clos Richard (11 ha). ** Pour Varennes, le projet primitif annonçait un coût de 38 millions d’€. En 2014, le bud-get passe à 45,4 millions. Et bel exemple d’étude d’impact bidon, la crédible DREAL décou-vre au cours des travaux qu’une décharge, pourtant connue de tous, est située sous l’em-prise. Cette découverte retarde depuis plusieurs mois les travaux de terrassements dans ce secteur, remis à 2015, sous réserve de financements comme l’indique le quotidien régional dans son édition du 19 juillet 2014. Le petit chien du grand capital

On observe que le Président - communiste - du Conseil général et la société Allicso* ont signé une convention de partenariat public-privé (PPP) pour le financement du contournement S.O. de Vichy. Très concrètement, ce PPP signifie que la société du BTP avance les fonds et que le loyer annuel à la charge du contribuable, via le ploutocratisé Conseil général, est de 4,27 mil-lions d’€, et ce, pendant 15 ans. De façon générale, ce type de convention est désastreux pour le contribua-ble, au travers de l’Etat ou des collectivités territoriales, ainsi qu’en attestent les exemples multiples en France ou à l’étranger (exemple de la catastrophe financière de 60 hôpitaux anglais) et les nombreux articles et documentaires d’investigation sur ce sujet (v. « PPP : un crédit trop cher », enquête diffusée le 27 février 2014, émission Envoyé spécial, France 2 ; « Lorsque Etat et écono-mie font des affaires », pages Internet - schémas et vidéos - sur le site Arte fu-ture.arte.tv/fr/les-partenariats-public-prive). Par cette technique de racket, les banques financent la poignée de multina-

tionales du BTP et produisent de la dette publique à long terme… Il est de l’intérêt des banques et des groupes du BTP, et de leurs actionnai-res, que de localiser les grands projets d’infrastructures dans des secteurs où les milieux naturels sont fragiles, où des organisations citoyennes sont actives… afin d’augmenter les coûts (mesures compensatoires, retard de travaux lié à des actions en justice, études complémentaires…). Cela n’est certes pas nouveau (exemple régional du giscardoscope**) mais le système des PPP amplifie ces dérives, calamiteuses pour le contribuable et pour le patrimoine naturel. * La société Allicso est constituée par Colas Rhône-Alpes Auvergne (groupe Bouygues), DTP Terrassement (groupe Bouygues), Bouygues Travaux Publics Régions France, SEIEF / EPI2 et CSO Investissement. SEIEF est un fonds d’investissement de Dexia et de la Banque européenne d'investissement (BEI), géré par European Infrastructure Managers (EPIM), lequel fonds se concentre sur les opportunités d'investissement dans les montages de type PPP. La BEI est l'institution financière des États membres de l'Union européenne. Nous ne disposons d’aucune information sur « CSO Investissement ». ** Voir « Vulcania - Main basse sur les volcans », Jean-Michel Duclos, Ed. Golias, 2002. Voir également les articles de Robert Belleret parus dans Le Monde du 16 février 2002, « Vulcania : le parc auvergnat de tous les dangers » et « Les mystérieux objectifs de la socié-té anonyme Volcania », reproduits sur le site de Puy-de-Dôme Nature Environnement ici : www.ppdne.pagesperso-orange.fr/pdf/vlemonde16022002.pdf Et fin des travaux de l’A 719 Vichy - Gannat

1 100 000 m3 de déblais, 600 000 m3 de remblais, 14 ha de déboisement, 53 ha de terres agricoles détruits, 4 ha de zone humide détruits, nombreux cours d’eau impactés, atteinte aux paysages... pour un gain de temps aléa-toire - d’après une étude de la FNAUT - de 3 minutes ! Telle est la réalité des travaux, en voie d’achèvement par la société autoroutière APPR, de la liaison entre Gannat et Vichy, et de ce tracé inutile (excepté probablement la déviation de la route à Cognat-Lyonne), surdimensionné et mal étudié (le parcours est 27 % plus long que la route RD 2209). Les contribuables bourbonnais ont également encore mis la main à la poche avec le co-financement du Conseil général à hauteur d’un million d’€ du diffuseur d’Ebreuil. �

Page 7: Bulletin FAN n° 1 2014alliernature.asso.fr/texte/fouine n1.pdf · 2014-12-24 · tous les moyens, tout particulièrement l’erreur d’appréciation (T.A. de Cler-mont-Ferrand,

• 7 • La Fouine • N° 1 • Décembre 2014 •

Projet de SAGE Cher amont

Le barrage sur la Chaux refait surface Depuis le 1er décembre 2014 et jusqu’au 8 janvier 2015, le projet de schéma d’aménagement et de gestion (SAGE) du bassin Cher amont est mis à en-quête publique. Les documents sont consultables à l’adresse suivante : www.sage-cher-amont.com/?page_id=1176 Inscription du barrage dans le SAGE

Dans ce projet de SAGE est inscrit le projet de barrage de la Chaux, affluent de l’Œil, sur le territoire de la commune de Colombier, près de Commentry. On peut lire que « les collectivités travaillent actuellement à renforcer la sécurité des approvisionnements à travers la mise en place d’un programme qui comprend notamment des interconnexions entre les réseaux d’alimentation, mais également en menant des réflexions sur la création d’une nouvelle retenue sur la rivière La Chaux. » Aucune précision complémentaire n’est apportée sur ce projet porté par le SMEA - syndicat mixte des eaux de l’Allier -, constituée par des collectivités locales et le Conseil général. Les documents se bornent à indiquer que le SMEA réalise actuellement une étude qui a pour objet d’évaluer l’impact du projet de barrage sur l’atteinte du bon état écologique des masses d’eau du bassin de l’Oeil. Déni démocratique et scientifique

Ce projet n’est pas nouveau. Il avait déjà été présenté officiellement à la commission locale de l’eau du SAGE le 18 juin 2009. A l’époque, la FAN avait dénoncé le déni démocratique et scientifique, les pressions du SMEA aux fins d’inscription du barrage dans le SAGE et dans le SDAGE Loire-Bretagne ainsi que tous les lieux communs employés par le SMEA pour justifier le projet : multiplication par vingt de la consommation

en eau de certaines usines dans le futur, soutien d’étiage, réservoir d’eau potable pour le secteur Montluçon / Commentry… Ces arguments sont mal fondés ou relèvent de l’incantation, tout particuliè-rement ceux concernant la sécurisation en eau potable et en eau indus-trielle : les études montrent des prévisions de maintien voire de baisse des prélèvements d’eau à terme (diminution de la population de l’arrondisse-ment de Montluçon, évolution des comportements vers l’éco-responsabilité, déclin de l’industrie traditionnelle…) ; au surplus, les approvisionnements sont déjà diversifiés (interconnexions avec le bassin de la rivière Allier) et les industries présentes ne réclament aucunement des quantités d’eau sup-plémentaires. Ainsi, avant même qu’une étude n’ait été réalisée sur l’impact de ce projet sur l’environnement et sur l’objectif communautaire de bon état écologique des eaux, le SMEA avait décidé du lieu de construction ! ... en amont du

village de Colombier. La capacité de la retenue serait de 3,95 Mm3 et le volume de la digue serait de 42 000 m3 (béton conventionnel) ou de 165 000 m3 (enrochements et bé-ton bitumeux). Coût, à supporter par les consommateurs, estimé à 9 300 000 €. Un bel exemple de démocratie et de rigueur scientifique que cette décision prise en catimini par quelques élus locaux il y a quelques années et réaffir-mée par cette inscription dans le SAGE, dans le mépris du diagnostic sur la ressource en eau à l’ouest du département et des plus élémentaires exigen-ces citoyennes et environnementales. Ainsi que le faisait déjà remarquer la FAN en 2009, l’heure est aux écono-mies d’eau et non à la création de réserves surdimensionnées, au traitement de la pollution à la source et non à sa dilution par un soutien d’étiage. Ce projet est le lot de consolation de tous les partisans politiques et indus-triels encore et toujours traumatisés par l’abandon du barrage de Chambon-chard (décisions du Comité interministériel d’aménagement et de dévelop-pement du territoire du 23 juillet 1999 et du Ministère de l’écologie du 26 septembre 2002).

Page 8: Bulletin FAN n° 1 2014alliernature.asso.fr/texte/fouine n1.pdf · 2014-12-24 · tous les moyens, tout particulièrement l’erreur d’appréciation (T.A. de Cler-mont-Ferrand,

• 8 • La Fouine • N° 1 • Décembre 2014 •

Avis critique de l’autorité environnementale

Co-signé par les cinq Préfets des départements concernés par le SAGE (en réalité, quatre Préfets - Cher, Creuse, Indre et Puy-de-Dôme - et un Secré-taire général de Préfecture, celui de l’Allier), l’avis de l’autorité environne-mentale du 28 avril 2014 se montre néanmoins critique sur ce projet (extraits pertinents reproduits ci-dessous). Le projet de SAGE indique également que, dans le but de limiter les prélè-vements en période estivale, la commission locale de l’eau souhaite que les porteurs de programmes contractuels, les organismes uniques et les cham-bres d’agriculture accompagnent les exploitants irrigants dans la création

de retenues collinaires (exclusivement alimentées par les eaux de ruisselle-ment) et de substitution. Nous acquiesçons à l’opinion de l’autorité environnementale regrettant que le programme d’économie d’eau affiché par la commission locale de l’eau n’incite pas à une évolution vers des cultures moins exigeantes en eau et procurant des niveaux de revenu ou de production fourragère équivalents, afin de limiter les prélèvements d’irrigation. La FAN présentera des observations à la commission d’enquête publique. Wait & see. �

Déchets Polival A l’automne 2013, la FAN avait engagé une procédure pénale contre la so-ciété Polival et son Président pour le double délit d’exploitation de stocka-ges de déchets sans autorisation à Saint-Victor et Montluçon. Le Parquet du T.G.I. de Montluçon a de nouveau été saisi par la FAN il y a quelques semaines pour connaître l’état de l’instruction. Une année s’est écoulée… Il a été rappelé au Procureur de la République les graves délits :

- stockage illégal de 25 000 à 30 000 m3 de déchets plastiques sur le site de

Saint-Victor, route de La Loue ; à raison des actions menées par la FAN vers la Préfecture de l’Allier et la DREAL Auvergne, à ce jour, seule une quantité résiduelle de déchets demeure sur place ; les déchets ont en effet été évacués vers un site autorisé dans le département du Cher, mais mal-heureusement sans qu’ils puissent être valorisés.

- stockage illégal de près de 14 000 m3 de déchets sur le site de Montluçon, rue M. Dassault ; à ce jour, les déchets sont encore bien présents. Ils de-vaient pourtant être évacués fin 2014… La DREAL Auvergne indique que l’élimination devrait s’opérer au cours du second trimestre 2015.

La FAN ne peut que s’étonner de l’absence de poursuites judiciaires ainsi que de l’atonie des services de l’Etat et des collectivités territoria-les dans ce qui ressemble fort à une arnaque financière. Relancée à plusieurs reprises, la courageuse Préfecture de l’Allier n’a

jamais répondu aux sollicitations répétées de la FAN tendant à saisir la Chambre régionale des comptes : la société Polival a bénéficié de fonds publics importants (dont 214 000 € par le Conseil régional d’Auvergne

et 46 000 € par le Conseil général de l’Allier) alors même que le projet primitif de traitement des déchets n’a jamais reçu un quelconque com-mencement d’exploitation. �

Page 9: Bulletin FAN n° 1 2014alliernature.asso.fr/texte/fouine n1.pdf · 2014-12-24 · tous les moyens, tout particulièrement l’erreur d’appréciation (T.A. de Cler-mont-Ferrand,

• 9 • La Fouine • N° 1 • Décembre 2014 •

Propos tenus lors de la session du Conseil général de

l’Allier octroyant 46 000 € à Polival via le fonds d’interven-

tion économique : M. Dufrègne, Président du Conseil général :

... destinée nouvelle pour notre département que d’accueillir des entreprises qui vont se développer …

opportunité à saisir ... M. Mazuel, vice-Président du Conseil général :

... dossier exemplaire …

activité totalement innovante …

il y a 20 ou 25 ans […] tendance à vouloir faire de nos départements ruraux des dépotoirs de déchets …

process innovant …

belle revanche [pour notre département] ...

La Montagne, éd. Montluçon, 28 novembre 2014

Page 10: Bulletin FAN n° 1 2014alliernature.asso.fr/texte/fouine n1.pdf · 2014-12-24 · tous les moyens, tout particulièrement l’erreur d’appréciation (T.A. de Cler-mont-Ferrand,

• 10 • La Fouine • N° 1 • Décembre 2014 •

Déchets Polival. Site de Montluçon. Stockage illégal de 14 000 m3 de déchets en pleine ville.

Page 11: Bulletin FAN n° 1 2014alliernature.asso.fr/texte/fouine n1.pdf · 2014-12-24 · tous les moyens, tout particulièrement l’erreur d’appréciation (T.A. de Cler-mont-Ferrand,

• 11 • La Fouine • N° 1 • Décembre 2014 •

LGV POCL

La DREAL Auvergne, le 28 décembre 2014, a fait le point sur les étapes conduisant à une décision ministérielle sur la suite du projet de ligne à grande vitesse Paris - Orléans - Clermont-Ferrand - Lyon (en réalité Paris - Orléans - gare dans l’Allier - Lyon, puisqu’aucun mètre, ni kilomètre de la LGV ne passera ou ne passerait dans le Puy-de-Dôme). Décision ministérielle prévue début 2015

Après le débat public (octobre 2011 à janvier 2012), RFF (Réseau Ferré de France) avait décidé, le 7 juin 2012, d’étudier les conditions de la poursuite du projet par une étape préliminaire aux études préalables à l’enquête pu-blique avec la réalisation d’études complémentaires en 2012 et 2013 des scé-narii Ouest et Médian (les scénarii Est et Ouest-Sud ont été définitivement écartés). Suite au rapport de la commission Mobilité 21, paru en juin 2013, le POCL a été classé par le Gouvernement en priorité secondaire c’est-à-dire parmi les projets dont l’engagement peut être envisagé entre 2030 et 2050. Cependant, le Ministre en charge des transports avait nommé le Préfet de la région Auvergne en tant que coordonnateur de l’étape préliminaire. Les études menées dans le cadre de cette étape sont financées par les cinq régions concernées : Île-de-France, Centre, Bourgogne, Auvergne, Rhône-Alpes, ainsi que par Réseau Ferré de France (RFF) et l’État pour un montant total de 3 millions d’€. Les restitutions de ces travaux sont présentées dans le « bilan intermédiaire de la concertation » et le document de synthèse intitulé « éléments de choix pour un scénario » (accessibles sur le site RFF dédié au projet POCL). Selon la DREAL, la phase dite pompeusement de « concertation » se poursuit dans l’objectif « de converger vers un scénario unique pour obtenir ensuite une décision ministérielle courant 2015 sur les suites à donner à ce projet

Nous savons tous que Nevers se trouve en région Auvergne…

Le val de Loire, le val Allier

et le val de Besbre doivent être franchis. Inévitablement.

L’aire d’étude montre que la LGV serait susceptible de traverser

le secteur de confluence Allier - Sioule.

Page 12: Bulletin FAN n° 1 2014alliernature.asso.fr/texte/fouine n1.pdf · 2014-12-24 · tous les moyens, tout particulièrement l’erreur d’appréciation (T.A. de Cler-mont-Ferrand,

• 12 • La Fouine • N° 1 • Décembre 2014 •

d’envergure. » : - commission consultative prévu fin 2014 pour recueillir les avis des élus, - comité de pilotage prévu début 2015 pour clore l’étape préliminaire. Réaffirmation de l’opposition de la FAN

Confortée par le récent rapport de la Cour des comptes « La grande vitesse ferroviaire : un modèle porté au-delà de sa pertinence », paru en octobre 2014, la FAN rappelle son opposition à ce projet et la seule solution qui serait accep-table : la modernisation des voies existantes. Alors que le projet vise à réduire le temps de trajet Paris – Clermont à 2 h 00* (3 h 00 actuellement), on pourrait réaliser, sans attendre 2030 et avec moins de 2,2 milliards d’€ (LGV POCL = 14 milliards d’€ minimum), des travaux permettant de gagner 40 minutes, pour une liaison Clermont-Paris en 2 h 20, sans détruire les tissus environnementaux, économiques, sociaux, et avec des travaux qui pourraient être échelonnés. * Depuis une gare existante (qui ne pourrait-être que celle de Moulins) ou nouvelle (qui ne pourrait être, entre Moulins et Vichy, qu’une gare « betterave ») dans le département de l’Allier, le TGV circulerait non pas sur la LGV mais sur la ligne existante (Moulins – Saint-Germain-des-Fossés – Vichy – Riom – Clermont-Fd) en direction de la future ex capi-tale auvergnate. En savoir plus

Site RFF dédié au projet POCL : www.rff-pocl.fr/

Site officiel du débat public : http://debatpublic-lgv-pocl.org/

Voir les cahiers d’acteurs dont ceux de la FAN, n° 53, janvier 2012, et du Collectif Stop LGV POCL, n° 203, janvier 2012 : http://debatpublic-lgv-pocl.org/DOCUMENTS/CAHIERS_ACTEURS.HTM

Consulter le rapport de la Cour des comptes : www.ccomptes.fr �

[…]

[…]

Extraits

des conclusions du rapport

de la Cour des comptes du 23 octobre 2014 :

« La grande vitesse fe

rroviaire

:

un modèle porté

au-delà de sa pertinence »

Page 13: Bulletin FAN n° 1 2014alliernature.asso.fr/texte/fouine n1.pdf · 2014-12-24 · tous les moyens, tout particulièrement l’erreur d’appréciation (T.A. de Cler-mont-Ferrand,

• 13 • La Fouine • N° 1 • Décembre 2014 •

Projet immobilier et de golf de

Montcombroux-les-Mines

Les travaux de déforestation de ce projet

démentiel débutent Ce projet de golf très ancien, soutenu par les élus locaux, le Conseil Général et son Président, est à nouveau d’actualité. Ni la SAFER ni la Chambre d’a-griculture ne sont intervenues pour la défense du monde paysan. Et la DREAL avait aussi donné un avis favorable ! Le massacre a commencé à

Montcombroux-les-Mines avec l’arrêté de déboisement pris par le Préfet de l’Allier et ses conséquences… En 2011, le commissaire-enquêteur avait minimisé nos arguments, retenant soigneusement les avis favorables tels que ceux des chasseurs, souhaitant que les clôtures empêchent bien les dégâts des sangliers… Minimisé aussi l’intérêt écologique du site qui est une tête de bassin de plusieurs cours d’eaux, en particulier le Roudon, qualifié de ruisseau alors que ce petit af-fluent de la Loire traverse plusieurs communes avant son confluent à Diou, et de plusieurs affluents de la Besbre. La lecture des commentaires de ce commissaire-enquêteur est très instructive : dans ses « commentaires », on note par exemple, à plusieurs reprises, ses arguments contre ceux qui préco-nisent pour ces 300 ha et plus le maraîchage ou l’agriculture, notamment en bio : « ce ne semble pas être une tendance ni l’usage dans cette région. » ! Par contre, l’arrosage intense de pelouses, l’usage massif d’herbicides pour ne laisser pousser que l’herbe souhaitée, de taupicide et autres répulsifs pour préserver le sacro-saint gazon, ça c’est une tendance et un usage dans cette région ! La déconfiture du golf de Serbannes n’a pas servi de leçon. Une seule villa aura finalement été construite… celle de démonstration… sur les 325 initialement prévues, piscine comprise pour chacune ; elle est aujourd’hui en ruine. Et sur ce domaine du château de Montcombroux d’où on entend les cloches des vaches Salers des troupeaux voisins, on repart pour un golf de 27 trous

(126 ha), 275 villas, 136 appartements, un hôtel de 4 500 m2 et 96 chambres, des parkings, un centre équestre, des retenues d’eau (environ 110 000 m3)... sur plus de 300 ha (75 % de zone agricole ; 30 ha de terres cultivés)… Bulldozers, excavatrices et autres engins reprennent leurs œuvres de conquête salvatrice contre une nature qui doit être domestiquée ! Tout cela pour un « tourisme » éclectique, à une heure de route de Moulins et de Vichy, et à 1 h 49 de Clermont ! � Site du projet immobilier et de golf de Montcombroux-les-Mines.

Travaux de déboisement en cours. 14 décembre 2014.

Page 14: Bulletin FAN n° 1 2014alliernature.asso.fr/texte/fouine n1.pdf · 2014-12-24 · tous les moyens, tout particulièrement l’erreur d’appréciation (T.A. de Cler-mont-Ferrand,

• 14 • La Fouine • N° 1 • Décembre 2014 •

Palmarès de l’écologie. Département de l’Allier : 62ème au classement

général.

Qualité de l’eau : 92ème ! Encore un petit effort

pour arriver à la dernière place. C’est bien parti !

Dans son édition du 6 au 12 novembre 2014, le journal La Vie a présenté pour la 8ème année consécutive le Palma-rès de l’écologie en passant 96 départements au crible selon 8 critères environnementaux : agenda 21, gestion des dé-chets, agriculture biologique, qualité de l’air, consomma-tion durable, qualité de l’eau, protection de la biodiversité et énergies renouvelables. Le département de l’Allier, malgré tous les efforts déployés par les pouvoirs publics, n’est que 62ème au classement gé-

néral. Il est cependant à une honorable place de 55ème en matière

de gestion des déchets (interviennent dans ce classement

Source : www.lavie.fr/actualite/ecologie/palmares-ecologie-2014

Page 15: Bulletin FAN n° 1 2014alliernature.asso.fr/texte/fouine n1.pdf · 2014-12-24 · tous les moyens, tout particulièrement l’erreur d’appréciation (T.A. de Cler-mont-Ferrand,

• 15 • La Fouine • N° 1 • Décembre 2014 •

spécifique les chiffres de la collecte et de la valorisation des déchets et leur évolution entre 2009 et 2011 ; s’ajoute à cela le nombre de sites pollués fai-sant l’objet d’une action publique et de sites produisant et/ou entreposant une forte quantité de déchets radioactifs).

Pour ce qui concerne l’agenda 21 (critères basés sur le nombre de collectivi-tés territoriales ayant adopté un agenda 21 et le pourcentage de la popula-tion concernée), l’Allier est dans le peloton de tête : 90ème.

Presque sur le podium, l’Allier est 92ème (sur 96) en matière de qualité de

l’eau (calcul fondé sur la qualité de l’eau de consommation vis-à-vis des pesticides, sur celles des eaux de baignade et du milieu naturel : concentra-tion moyenne en nitrates des eaux souterraines en 2011, teneur moyenne des cours d’eau en phosphates en 2012, moyenne des notes de l’indice pois-son-rivière en 2011). Fort dommage que les atteintes aux nappes, à l’hydromorphologie et/ou aux sites Natura 2000 et autres ZNIEFF de zones fluviales ou humides n’aient pas été intégrées dans les critères de classement. Mais avec l’expé-rience acquise lors des compétitions de pollution des eaux dont les effets ne se sont révélés que récemment (pollution de la nappe du Cher par Lan-dis+Gyr à Montluçon, pollution aux solvants chlorés des eaux souterraines à Prémilhat…), de bétonnage et de massacre des milieux aquatiques qui se

sont déroulées cette année (tel l’enduro moto dans les gorges du Haut-Cher) ou qui sont en cours (travaux routiers à Vichy, à Varennes…), une progression spectaculaire dans le domaine de la biodiversité est attendue prochainement et, dans le domaine de l’eau, la médaille d’or du 96ème sera

au cou du département l’année prochaine. Assurément. �

Extraits de l’éditorial du directeur de la rédaction de la Vie

Editorial

Les raisons de notre engagement pour l’écologie

Jean-Pierre Denis, directeur de la rédaction La dégradation de notre environnement atteint un seuil critique. Rapports et études alarmistes se succèdent. Un jour, on apprend que les effectifs des 3 000 espèces sauvages que le WWF observe dans le monde entier ont baissé de moitié depuis les années 1970. Un autre, on découvre que l’Europe a perdu plus de 400 millions d’oiseaux en trois décennies – et notamment des plus communs, comme les moineaux ou les alouettes. Quant aux experts climatologues du Giec, ils viennent de confirmer l’am-pleur du réchauffement climatique en cours (voir aussi l’ouvrage de réfé-rence que vient de publier Olivier Nouaillas). On peut et il faut agir vite, rappellent-ils. Sinon, la gestion de la catastrophe aura un coût économique et écologique abyssal. Tous les lobbys liés au monde actuel de dévoration veulent nous faire croire que la raison se situe du côté du laisser-faire. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, ils y parviennent assez bien, par exemple en entretenant notre inquiétude pour les emplois existants. Accepterons-nous donc de léguer à nos enfants une planète invivable ? Depuis la naissance de la société industrielle, jamais les enjeux spirituels, éthiques et écologi-ques n’ont convergé de manière aussi dramatique. Le viol de la nature ne se poursuivra qu’en défigurant davantage encore l’humanité. […].

Page 16: Bulletin FAN n° 1 2014alliernature.asso.fr/texte/fouine n1.pdf · 2014-12-24 · tous les moyens, tout particulièrement l’erreur d’appréciation (T.A. de Cler-mont-Ferrand,

• 16 • La Fouine • N° 1 • Décembre 2014 •

Fusion des régions Le 17 décembre 2014, l’Assemblée nationale a adopté définitivement, en der-nière lecture, le projet de loi relatif à la délimitation des régions, et ainsi la fu-sion anti-démocratique entre les régions Auvergne et Rhône-Alpes. L’occasion de montrer que le territoire de l’Allier n’a pas l’exclusivité dans l’a-charnement à massacrer la nature et à mater les organisations citoyennes : page ci-après, les trois derniers éditoriaux de la Newsletter de la FRAPNA Région, représentante de France Nature Environnement en Rhône-Alpes. �

Faites c’que j’dis, pas c’que j’fais… On s’amusera (ou pas) à constater la virulente critique de l’inénarrable Président du Conseil général de l’Allier contre cette réforme territoriale des régions « sans concertation », le même qui avec l’ensemble des potentats nationaux et barons locaux ont imposé autoritairement la ligne à grande vitesse POCL, un petit pro-jet d’au moins 14 milliards, touchant 5 régions et des millions de français… Monsieur le Président, Quand, précisément, et comment avez-vous demandé l’avis de la population bourbon-naise avant de vous positionner sur le POCL ? Est-ce vous qui avez financé ou financez les grandes messes du débat public et le coût des innombrables études ? Pourquoi le mensuel du Conseil général n’a jamais donné la parole aux citoyens ou organisations citoyennes opposés à ce projet et/ou proposant des alternatives ? Pourquoi ne vous a t-on pas entendu suite au récent rapport de la Cour des comptes remettant en question « la pertinence économique, sociale et environnementale de l’investissement public » du TGV ? Est-ce vous qui paierez les travaux de construction de cette LGV ? Êtes-vous d’accord pour que le TGV passe dans votre jardin ? �

Sou

rce

: lem

onde

.fr

Page 17: Bulletin FAN n° 1 2014alliernature.asso.fr/texte/fouine n1.pdf · 2014-12-24 · tous les moyens, tout particulièrement l’erreur d’appréciation (T.A. de Cler-mont-Ferrand,

• 17 • La Fouine • N° 1 • Décembre 2014 •

L’édito du Président : Avec Valls au pouvoir, la Na-ture broie du noir ! (septembre 2014) Chers amis, Déception, amertume, colère, désespoir... tous ces sentiments se mêlent face au gouvernement « Valls II » et sa Ministre de l’Ecolo-gie. Elle ne montre que Royal mépris et dédain pour les Associa-tions de Protection de la Nature et de l’Environnement qui, pourtant, sont à l’origine de son Ministère. Roselyne Bachelot caracolait en tête du palmarès des Ministres de l’environnement les plus toxiques de la Vème République, elle est désormais largement devancée par Ségolène Royal et son intelligence autoproclamée. Quelle ne fut pas notre surprise lorsqu’à peine nommée, notre Mi-nistre enterrait l’ « éco redevance poids lourds » sous prétexte d’é-cologie punitive ! Mais elle ne s’arrêta pas là ! Comme un certain Arnaud Montebourg, désormais remercié, elle ne « ferme pas la porte » aux gaz et pétroles de schiste. Comme si Stéphane Le Foll, l’homme qui a oublié qu’il y a quelques mois la FNSEA demandait sa tête, ne suffisait pas, nous avons une seconde Ministre de l’agriculture. Une Ministre qui relance les bat-tues au loup sans le moindre contrôle, qui effarouche les vautours et qui ordonne le massacre des bouquetins du Bargy alors qu’elle vient de parader pour la réintroduction de leurs cousins pyrénéens ! Il faut bien dire qu’elle est encouragée par Manuel Valls, qui atta-que frontalement la Directive Nitrates que la France s’applique à ne pas respecter pour le bonheur de l’agriculture intensive mais pour le malheur de notre santé et de celle des écosystèmes. Et pour la seconde fois, la France est condamnée par la Cour de Justice de l’Union Européenne : sa lutte contre la pollution des nitrates d’ori-gine agricole est jugée trop laxiste… Que dire du même Premier Ministre qui envoie les CRS cogner sur les opposants pacifiques à la réalisation du barrage de Sivens dans le Tarn ? Ce barrage dé-truira irrémédiablement une zone humide irremplaçable pour irri-guer un maïs qui ne nourrit pas les hommes mais les porcs ! Que dire de la simplification de la réglementation environnementale qui ouvre la boîte de Pandore de la dérégulation à tout va ? Que dire de la négociation à marche forcée du traité de libre-échange entre l’Union Européenne et les Etats Unis, qui implique un alignement des législations environnementales sur les moins contraignantes ? Chers amis, nous allons devoir entrer en résistance et rassembler toutes nos forces pour sauver ce qui peut l’être face à un gouverne-ment qui cumule les tares du marxisme et du néolibéralisme écono-

mique ! � Eric FERAILLE, Président FRAPNA Région

L’édito du Président : Des p’tits trous, toujours des p’tits trous... (octobre 2014) Attention, la fièvre des forages, propagée par le lobby de l’industrie pétrolière, est revenue en force à l’occasion de la loi sur la transition énergétique, qui vient d’être votée par l’Assemblée Nationale. Les vecteurs de cette fièvre sont puissants, organisés et avancent dans l’ombre. On trouve parmi eux Jean-Louis Shilanski, Président de l’Union Française de l’Industrie Pétrolière, Gérard Mestrallet, PDG de GDF-Suez, feu Christophe De Marjorie, PDG de Total, Philippe Crouzet, PDG de Vallourec (leader mondial du tubage), Nicolas Sarkozy (ancien Président de la République), Arnaud Montebourg (ancien Ministre), Bernard Accoyer (ancien perchiste)... Les patients atteints présentent une longue liste de symptômes caractéristiques comme des hallucinations de miracle économique, des pensées magiques de création de 100.000 emplois, la peur panique du prin-cipe de précaution, la paranoïa de l’obscurantisme, la négation du changement climatique, l’inconscience des dangers environnemen-taux… Fait inquiétant, le virus semble avoir muté et engendré une seconde forme de la maladie. Celle-ci consiste à rechercher la chaleur au plus profond des couches géologiques, quitte à polluer irrémédia-blement les nappes d’eau, irremplaçables sources d’eau potable pour l’humanité. Cette nouvelle forme clinique de la fièvre des fora-ges, caractérisée par la recherche de gites géothermiques pro-fonds, se développe sur le territoire de la Haute-Savoie, château d’eau de l’Europe de l’ouest (voir notre courrier adressé au Préfet de région). Espérons que des mesures prophylactiques efficaces seront prises pour que la société Géoforon, vecteur de la maladie, soit mise en quarantaine… Ne serait-il pas temps d’en finir une bonne fois pour toutes en Rhône-Alpes avec cette mascarade des demandes de Permis Ex-clusifs de Recherche d’hydrocarbures liquides ou gazeux, soit di-sant conventionnels, comme les Moussières, Gex et Gex Sud, Blyes et plaine d’Alès ? Ne serait-il pas temps de réaliser, qu’en matière de ressources naturelles, les réserves d’eau potable sont prioritaires ? Mme Royal, vous qui, le 15 octobre à Lyon, avez déclaré qu’il était hors de question d’explorer les gaz de schiste, qui n’étaient que chimère et bulle financière sur un territoire aussi peuplé que le nô-tre, ne pouvez-vous pas enfin rejeter toutes ces demandes indécen-tes et nous permettre de nous engager enfin dans une transition énergétique, basée sur le triptyque sobriété, efficacité énergétique

et énergies renouvelables ? � Eric FERAILLE, Président FRAPNA Région

L’édito du Président : Le prix de l’indépendance (novembre 2014)

Chers amis,

L’indépendance a un prix, chacun d’entre nous le sait. La FRAPNA

la paye au prix fort. C’est d’abord la FRAPNA Ain, qui, pour avoir

osé dénoncer des travaux réalisés sans autorisation sur le site clas-

sé du Fort de l’Ecluse, s’est vue "punie" par la Communauté de

Communes du Pays de Gex, qui n’a pas renouvelé un partenariat

de longue date pour des animations nature dans les écoles primai-

res. Ensuite, ce fut le tour de l’indocile FRAPNA Savoie, qui s’est

vue supprimer l’aide modique mais régulière du Conseil Général de

Savoie, en raison de son action contre le port illégal de Portou sur

le lac du Bourget et de son engagement pour préserver le lac d’Ai-

guebelette de dégradations irréversibles liées à l’organisation d’une

compétition d’aviron. La FRAPNA Isère, quant à elle, a déjà subi les

foudres de certains élus pour avoir empêché l’extension illégale du

domaine skiable du Collet d’Allevard. Elle se voit désormais couper

les vivres par le Conseil Général de l’Isère, qui n’accepte pas que

l’on puisse contester la légalité d’un projet touristique qui va détruire

des dizaines d’hectares des précieuses zones humides des Cham-

baran. Le projet de Center Parcs devait-il absolument se faire sur

une des dernières grandes zones humides non drainées du dépar-

tement de l’Isère qui alimente en eau presque un quart du départe-

ment de la Drôme ? Nous ne le pensons pas et tant pis si nous

sommes punis pour cela ! A qui le tour ? La FRAPNA Haute-Savoie

qui subit des pressions car son positionnement scientifiquement

étayé contre l’éradication des bouquetins du Bargy gêne certains

élus (trop) proches de la FDSEA ?

Un partenariat entre une association indépendante et une collectivi-

té territoriale ou toute autre personnalité publique ou privée a un

objet bien précis. Le partenariat n’implique pas la soumission et

encore moins la prostitution des associations ! Certains élus, de

droite comme de gauche, qu’ils soient frontistes, conservateurs,

centristes, socialistes, verts, ou encore rouges, plus ou moins fon-

cés, etc., ne semblent pas avoir bien assimilé cette notion d’indé-

pendance fondamentale pour la FRAPNA et l’ensemble du réseau

fédéré à France Nature Environnement (FNE). Jamais nous ne

cèderons au minable chantage aux subventions que certains vou-

draient nous imposer. A quand le "choc de démocratie" pour en finir

avec ce clientélisme abject ? Espérons que Denez l’Hostis, Prési-

dent de FNE, aura été entendu par le Président de la République,

qui l’a reçu à l’Elysée le 7 novembre ! �

Eric FERAILLE, Président FRAPNA Région

Page 18: Bulletin FAN n° 1 2014alliernature.asso.fr/texte/fouine n1.pdf · 2014-12-24 · tous les moyens, tout particulièrement l’erreur d’appréciation (T.A. de Cler-mont-Ferrand,

• 18 • La Fouine • N° 1 • Décembre 2014 •

Tribune

Au loup ! Au loup ! Jusque dans certains milieux écolo-libertaires se véhiculent de drôles d’i-

dées noires. Voilà qu’on y crie « au loup » ! Qu’on y fait la propagande de films apparemment documentés, mais à l’argumentaire plus que biaisé, pour exiger la « régulation » des loups en insistant sur les images des carna-ges et sur la fin de l’agriculture paysanne. Pourtant cette intimidation ciné-matographique, qui a valeur d’une thèse à charge contre la vie sauvage, ne peut guère faire croire que l’élevage serait en péril en France à moins d’une très grosse manipulation. Pour 24,7 % de « parcs naturels », il n’existe sur le territoire français que 2 % de zones en réserve pour le maintien de la faune sauvage quand l’es-pace naturel et nos montagnes sont de plus en plus avalés par les aéroports, par des barrages, par l’intensification des cultures, par le tourisme et par la croissance urbaine. Il est probable pourtant que cette invasion continuelle des espaces soit de plus en plus incompatible avec la présence de la faune sauvage. Alors, la solution serait, sinon de détruire tous ces animaux qui gênent, au moins de les écarter ailleurs, plus loin encore, de réduire leur prétendue « prolifération » ? Mais que viennent faire tous ces moutons seuls et sans défenses dans nos

montagnes et sur nos causses ? Pourquoi ces territoires fragiles sont-ils en-tre les mains de propriétaires terriens qui admettent un pâturage aussi bru-tal ? D’autant que la plus grande part de la production ovine reste large-ment industrielle ou quasi industrielle et dépendante des subventions bien qu’elle se présente comme extensive. Il y a environ 7 millions de moutons en France (seulement 38 000 en bio soit 0,5 %) dont 2 millions pour la pro-duction laitière, mais tout cela finit toujours à l’abattoir où un agneau se vend 6 € la tête. Car ce qui menace la filière, c’est le modèle économique lui-même. A peu près 14 tonnes sont exportées sur un total de 65 tonnes soit quasiment 1 agneau produit pour l’étranger sur 5. Dans les élevages, 60 % de la mortalité des agneaux survient pendant les 3 premiers jours. Et à l’âge

adulte, les conditions atroces du transport des brebis domestiques à des densités réglementaires de 5 moutons par m² (!) durant jusqu’à 19 h (mais le voyage peut durer 2 semaines) entraînent à elles seules la mort de milliers d’animaux. Enfin, moins de 1 800 élevages ont admis les mesures de protec-tion contre le loup. Or, d’après les chiffres maximum, les loups emportent à peine 0,08 % du cheptel un peu avant l’abattoir. Quelle place reste-t-il pour la faune sauvage ? Les lions, les tigres, les panthères et les ours attaquent bien davantage ailleurs, prélevant aussi régulièrement des animaux domes-tiques. Il existe, même au Canada, des accidents avec les humains. Et j’en suis désolé, du point de vue de la détresse humaine, un paysan espagnol, un ouvrier agricole indien, ou un éleveur tanzanien valent bien autant qu’un producteur d’ovins français. Les détracteurs du loup répètent toujours la même chose, il faut « réguler ». Mais les éleveurs ont déjà droit à effectuer des tirs de défense pour tuer ou effaroucher les loups qui approchent les herbages. Ils ne s’en privent pas. Il s’ajoute désormais nombre de battues, menées tambour bat-tant. L’élimination exceptionnelle d’individus agressant un troupeau peut se comprendre, mais l’élimination indifférenciée ne s’avère jamais une solu-tion durable. A combien de loups tués s’arrêteront ils ? Car ici, le mot « régulation » n’est qu’une autre forme du mot « élimination ». On tue tout ce qui est vu. On a déjà « régulé » c’est-à-dire tué 33 loups en France (15 fe-melles et 18 mâles au 30 novembre 2014), soit 11 % de la population des 300 loups français (il y a 3 000 loups en Espagne), dont des femelles gestantes ou allaitantes. Les chasseurs « régulent » c’est-à-dire massacrent tous les ans 200 000 putois, 150 000 martes, 300 000 belettes et nombre de renards, de blaireaux, de fouines et de visons pour « protéger » leur gibier. Et pourtant, le petit putois de nos campagnes est juste accusé de manger des grenouilles, des lapins et… des rats ! A-t-on été si mauvais dans l’enseignement que l’écologie n’est plus vécue

que comme une économie du monde ? Quand et à combien d’animaux tués cesseront ils de dire qu’il y a trop de renards, de loups, de blaireaux ? Cette prétendue « régulation » est une incongruité écologique. Les préda-teurs ne prolifèrent jamais. Plus même, chez des animaux vivant en

Page 19: Bulletin FAN n° 1 2014alliernature.asso.fr/texte/fouine n1.pdf · 2014-12-24 · tous les moyens, tout particulièrement l’erreur d’appréciation (T.A. de Cler-mont-Ferrand,

• 19 • La Fouine • N° 1 • Décembre 2014 •

communautés sociales, le groupe familial constitue la clé de la survie. Tuer des loups au hasard entraîne juste l’éclatement des groupes. Le territoire atteint environ 200 km². Les survivants inexpérimentés qui n’ont rien pu apprendre risquent alors de mener une vie plus ou moins erratique et, s’en prenant aux proies les plus faciles, ils peuvent au contraire aggraver le pro-blème des attaques contre les moutons. La proie « naturelle » du loup reste le chevreuil, et le prédateur a besoin d’environ 3 à 5 kg de viande par se-maine, soit en moyenne 1 à 2 chevreuils par mois, moins de 2 % de ce que l’activité cynégétique tue. Car les chasseurs tuent 500 000 cervidés en France par an et entre 1985 et 2000, le nombre de chevreuils abattus a été multiplié par 4. On le constate, les chiffres n’ont rien de comparable. Il n’y a pas à être pour ou contre le loup, mais juste à apprendre à vivre

avec les animaux sauvages qui nous accompagnent durant notre passage sur cette planète. Vivre avec les animaux comme les agriculteurs biologi-ques apprennent à cultiver en tolérant les plantes sauvages. Cela n’est pas facile, mais la nature n’est pas la seule affaire des petits propriétaires qui industrialisent nos vies. Notre monde est comme un château de cartes et la biodiversité est nécessaire à notre survie, comme les abeilles et les syrphes pollinisent des millions de plantes à fleurs, depuis nos courgettes à nos as-siettes, comme les vers de terre labourent et digèrent des millions de tonnes de déchets et comme les oiseaux, les blaireaux et les fouines dispersent des milliards de graines. On ne sait pas bien à partir de quelles altérations les écosystèmes perdent leur intégrité fonctionnelle mais ôter une carte, puis une autre, encore une autre et c’est l’ensemble de notre monde qui s’écrou-lera… On a pourtant vu défiler à Paris des cortèges de tracteurs demandant à continuer à user des pesticides encore, et encore. Au lieu de précariser les ouvriers agricoles, d’exploiter les pauvres et de détruire les milieux naturels, il faut réinventer une agriculture humaine avec des bergers, de vraies communautés et où la survie des uns ne dépen-dra pas du prix de vente d’animaux regardés comme marchandises, ni de la destruction des autres espèces. Ce n’est pas le loup qui menace l’agriculture paysanne, c’est l’industrialisation de nos vies !

Doit-on considérer la nature comme un espace mercantile dévolu à tou-jours plus d’échanges marchands ? Doit-on exploiter toutes les « ressources », braconner tous les rhinocéros ? Détruire tous les tigres ? Massacrer tous les putois ? Eliminer tous ces animaux dont on affirme qu’ils dérangent afin de garder seulement des espèces condamnées à perpétuité à être contemplées dans des « réserves » où seuls Mickey et Goofy seraient bien gentiment derrière des grilles ? Partout l’érosion de la biodiversité s’aggrave et la détérioration des milieux s’empire, et, cependant, jamais au-tant d’éléphants, de tigres, d’hermines et de rhinocéros n’ont été braconnés. Alors, qui orchestre cette nouvelle fable du loup et de l’agneau ? Je me refuse à vivre dans un monde dépeuplé d’animaux sauvages où la seule réalité serait l’économie de nos vies assujetties aux marchandises. Ce que veulent ces gens-là, c’est une nature vide, bien propre, sans dangers ni ani-maux sauvages, dépeuplée de tout ce qui en fait l’écologie vitale. Apparem-ment, les hérauts de « chasse pêche nature et tradition » et autres réaction-naires semblent encore posséder bien de la marge. Ne nous trompons pas d’ennemis. Nous ne voulons pas de ce monde-là, vide des êtres vivants et seulement rempli de leur police, de leurs producteurs et de leurs mar-chands. Oui, la nature n’est pas un monde de petits pandas gentils, la vie sauvage peut être inquiétante, vivre c’est prendre des risques. Mais le vrai danger en France, ce n’est pas la survie d’à peine 300 loups

sauvages, c’est la gigantesque propagande idéologique de 3 millions de

fachos dans l’hexagone. �

Thierry Lodé Professeur d’écologie évolutive

UMR CNRS 6552 - Université de Rennes I

Auteur de : « Manifeste pour une écologie évolutive », Ed. O. Jacob, novembre 2014

Texte du 3 décembre 2014, reproduit avec l’autorisation de son auteur.