16
1 C/ L’Asie du Sud et de l’Est : les enjeux de la croissance (p.302) L’Asie du Sud s’étire du Pakistan au Bangladesh, en englobant les États himalayens que sont le Népal et le Bhoutan. Mais c'est l’Inde qui en constitue le pivot central. L’Asie du Sud-Est est un ensemble hétéroclite de péninsules et d’archipels, regroupé dans 10 États, tous membres de l’ASEAN. L’Asie de l’Est (au sens strict) regroupe la Chine, le Japon, la péninsule coréenne, l’île de Taïwan et Hong Kong et Macao. L’Asie du Sud et de l’Est concentre la majeure partie de la population mondiale avec près de 3.8 milliards d’habitants (55 % de la population mondiale), près de 30 % de la richesse mondiale et un quart du commerce planétaire C’est aussi la partie du monde qui connaît actuellement la plus forte croissance économique, cette croissance, initialement centrée sur l’Asie de l’Est, s’étant également diffusée à la partie méridionale du continent. Mais l’Asie est également le continent qui compte aujourd’hui le plus de personnes pauvres, soulignant ainsi que son essor économique ne permet pas, pour l’instant, de répondre complètement aux besoins de sa très nombreuse population. - Quelle relation existe-t-il entre croissance démographique et croissance économique en Asie du Sud et de l’Est ? - La croissance démographique est-elle un potentiel ou un frein pour l’essor économique des pays asiatiques ? - Comment mettre la croissance économique de cet espace au service du développement humain ? 1/ Etude de cas : Mumbai, modernité, inégalités. C’est à partir du 17e siècle que Bombay devient une ville moderne avec un processus d’expansion rapide. Au cours du 19e siècle, les changements sont spectaculaires : la population est x 4 pour atteindre 928 000 habitants en 1901 et la croissance économique s’accélère. Les grands ouvrages d’aménagement réalisés par le pouvoir colonial édifient des infrastructures de qualité permettant à Bombay de s’imposer comme la capitale économique de l’Inde au 20e siècle. (Le nom désormais officiel de Mumbai a été imposé en 1996 par les autorités municipales nationalistes hindoues pour rappeler le nom de la déesse Mumba adorée par les pêcheurs autochtones avant l’arrivée des colons britanniques). Vitrine de la modernité et symbole de l'émergence indienne, Mumbai connaît un fort développement économique conduisant à des transformations importantes de l'organisation de l'espace urbain. La mégapole se caractérise aussi par d’importants problèmes d’aménagement en raison de son site urbain (presqu’île) et de sa croiss ance rapide et désordonnée. Enfin, la ville de Mumbai reste marquée par la persistance voire l’aggravation des inégalités avec la cohabitation de populations aux conditions de vie très différentes. - En quoi le cas de Mumbai est-il révélateur à la fois du dynamisme économique de l’Asie du Sud et de l’Est et des profondes inégalités qui affectent cet espace ?

C/ L’Asie du Sud et de l’Est : les enjeux de la croissancelewebpedagogique.com/hgboulle/files/2014/04/cours-Asie.pdf · (p.302) L’Asie du Sud s’éti e du Pakistan au angladesh,

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: C/ L’Asie du Sud et de l’Est : les enjeux de la croissancelewebpedagogique.com/hgboulle/files/2014/04/cours-Asie.pdf · (p.302) L’Asie du Sud s’éti e du Pakistan au angladesh,

1

C/ L’Asie du Sud et de l’Est : les enjeux de la croissance

(p.302) L’Asie du Sud s’étire du Pakistan au Bangladesh, en englobant les États himalayens que sont le Népal et le Bhoutan. Mais c'est l’Inde qui en constitue le pivot central. L’Asie du Sud-Est est un ensemble hétéroclite de péninsules et d’archipels, regroupé dans 10 États, tous membres de l’ASEAN. L’Asie de l’Est (au sens strict) regroupe la Chine, le Japon, la péninsule coréenne, l’île de Taïwan et Hong Kong et Macao. L’Asie du Sud et de l’Est concentre la majeure partie de la population mondiale avec près de 3.8 milliards d’habitants (55 % de la population mondiale), près de 30 % de la richesse mondiale et un quart du commerce planétaire C’est aussi la partie du monde qui connaît actuellement la plus forte croissance économique, cette croissance, initialement centrée sur l’Asie de l’Est, s’étant également diffusée à la partie méridionale du continent. Mais l’Asie est également le continent qui compte aujourd’hui le plus de personnes pauvres, soulignant ainsi que son essor économique ne permet pas, pour l’instant, de répondre complètement aux besoins de sa très nombreuse population. - Quelle relation existe-t-il entre croissance démographique et croissance économique en Asie du Sud et de l’Est ? - La croissance démographique est-elle un potentiel ou un frein pour l’essor économique des pays asiatiques ? - Comment mettre la croissance économique de cet espace au service du développement humain ?

1/ Etude de cas : Mumbai, modernité, inégalités. C’est à partir du 17e siècle que Bombay devient une ville moderne avec un processus d’expansion rapide. Au cours du 19e siècle, les changements sont spectaculaires : la population est x 4 pour atteindre 928 000 habitants en 1901 et la croissance économique s’accélère. Les grands ouvrages d’aménagement réalisés par le pouvoir colonial édifient des infrastructures de qualité permettant à Bombay de s’imposer comme la capitale économique de l’Inde au 20e siècle. (Le nom désormais officiel de Mumbai a été imposé en 1996 par les autorités municipales nationalistes hindoues pour rappeler le nom de la déesse Mumba adorée par les pêcheurs autochtones avant l’arrivée des colons britanniques). Vitrine de la modernité et symbole de l'émergence indienne, Mumbai connaît un fort développement économique conduisant à des transformations importantes de l'organisation de l'espace urbain. La mégapole se caractérise aussi par d’importants problèmes d’aménagement en raison de son site urbain (presqu’île) et de sa croissance rapide et désordonnée. Enfin, la ville de Mumbai reste marquée par la persistance voire l’aggravation des inégalités avec la cohabitation de populations aux conditions de vie très différentes. - En quoi le cas de Mumbai est-il révélateur à la fois du dynamisme économique de l’Asie du Sud et de l’Est et des profondes inégalités qui affectent cet espace ?

Page 2: C/ L’Asie du Sud et de l’Est : les enjeux de la croissancelewebpedagogique.com/hgboulle/files/2014/04/cours-Asie.pdf · (p.302) L’Asie du Sud s’éti e du Pakistan au angladesh,

2

11/ Modernité et émergence d’une métropole mondiale - Mumbai est la première ville indienne et le principal point d’ancrage de l’Inde à la mondialisation. Agglomération de plus de 22 millions d’habitants, elle est la 4 eme mégapole mondiale. Capitale économique et culturelle de l'Inde, Mumbai représente 5% du PNB indien, 25% de l'activité industrielle, 45% du commerce extérieur, et fournit au pays 30% de son budget total. La ville concentre par ailleurs de nombreuses activités tertiaires et une capacité économique décisionnelle unique en Inde grâce à la présence des sièges sociaux ( 2/296) des plus grandes entreprises indiennes ( Tata, Birla) regroupées dans le CBD du centre historique de l’ « Island City » et des nouveaux quartiers d’affaires ( Bandra Kurla Complex,6/297). C’est un pôle financier majeur grâce à la présence de la Banque centrale (Reserve Bank of India) et aux 2 bourses de valeurs qui concentrent 70% des transactions financières du pays (Bombay Stock Exchange BSE est la 1ère place boursière mondiale pour le nombre de sociétés cotées, 9ème pour la capitalisation,5/297). La ville est considérée comme le « hub » de la recherche indienne (Institut indien de technologie de Bombay). C’est le centre des P° cinématographique (Bollywood). 250 films sont produits par an (10/299). Enfin, elle dispose d’importants équipements portuaires (1er port indien avec 42 % du commerce maritime) et aéroportuaires (50 % du trafic passager indien intérieur) et accueille de nombreuses firmes étrangères. Mumbai est ainsi devenue la « vitrine » de la modernité de l’Inde et une « ville globale » par laquelle le pays affirme son statut de puissance émergente ; Cependant, les 2/3 des actifs de la ville travaillent dans le secteur informel (croquis/300). 12/ Inégalités spatiales et sociales Mumbai est un vaste espace composite formé de territoires planifiés et aménagés, de territoires au développement anarchique et de zones abritant des slums, des espaces semi-ruraux et des zones d’emplois informels

La ville a grandi anarchiquement depuis plusieurs décennies en raison d’une très vive croissance urbaine. En 1990, Mumbai comptait à peu près autant d'habitants que l'agglomération parisienne. Depuis, 1 500 personnes s'y installent chaque jour, soit 400 000 par an. À ce rythme, la population double environ tous les 20 ans. À l’horizon 2030, Mumbai devrait accueillir près de 40 millions d’individus et ainsi être la métropole la plus peuplée dans le monde (1/296). Cette croissance urbaine s’est souvent faite sous la forme de quartiers informels ou d’habitats précaires. À l'heure actuelle, près de 60% des Mumbaikars vivent dans des slums, des bidonvilles (11/299). Il faudrait construire 2.5 millions de logements, ou en d'autres termes que la ville double de taille, pour offrir un habitat décent à toutes ces familles. Dans ces quartiers (slums), la population n’a pas accès aux services de base (eau, transports…). Près de 60 % des habitations n’ont pas de toilettes et ne sont pas reliés à un réseau d’assainissement des eaux (81 personnes en moyenne partagent une seule toilette). Mais Mumbai compte aussi une classe moyenne en plein développement et des populations très aisées (la famille Tata dont l’empire réalise 2.5% du PIB indien) en raison de la

Page 3: C/ L’Asie du Sud et de l’Est : les enjeux de la croissancelewebpedagogique.com/hgboulle/files/2014/04/cours-Asie.pdf · (p.302) L’Asie du Sud s’éti e du Pakistan au angladesh,

3

croissance économique importante que connaît la ville et de sa bonne intégration à la mondialisation. Le revenu de la population est 3 x > à celui de la moyenne nationale. La différenciation spatiale traduit les fortes inégalités sociales : le sud et l’ouest de Mumbai rassemblent des classes favorisées avec un IDH moyen élevé. La tertiarisation et la gentrification du centre-ville ont expulsé les usines et favorisé l'installation de ces classes supérieures et moyennes. A l’opposé, les quartiers du centre et de l’est concentrent les bidonvilles (celui de Dharavi, le plus important d’Asie, compte plus de 900 000 personnes et une densité qui dépasse les 100 000 habitants au km²). 13/Des grands défis d’aménagement Du fait de ses fonctions métropolitaines et de ses nombreux échanges avec l’extérieur, Mumbai connaît actuellement une croissance économique forte qui impose des aménagements urbains. Elle multiplie les ensembles résidentiels, les centres d’affaires (Bandra Kurla Complex (6/297), Worli, Oshiwara) . Il y a une "verticalisation" du centre comme à Singapour, Shanghai ou Pékin. Mais l’un des problèmes majeurs reste celui des communications du fait de l'extension de l'agglomération et de la population: il y a 12 millions de déplacements journaliers et les réseaux collectifs publics (notamment bus) sont dépassés. Les rames des trains qui devaient recevoir 1500 passagers en accueillent en fait 5000, les Mumbaikars doivent parfois voyager entre deux wagons ou sur le toit, et la densité atteint le chiffre aberrant de 16 personnes par mètre carré aux heures de pointe. Côté route, ce n'est pas mieux. La mairie a admis récemment que Mumbai était « la ville la plus embouteillée du monde » ... et les ennuis ne font que commencer : à mesure que la classe moyenne grandit, le nombre de voitures va augmenter lui aussi En 2005 les autorités ont lancé un plan d'urbanisme sur 30 ans qui prévoit notamment la construction d'un nouvel aéroport, 334 ronds-points, 91 autoroutes surélevées et un métro de 146 kms (à l'horizon 2020). Mais cet ambitieux projet a des effets pervers : plus il y a de chantiers à Mumbai, plus la circulation empire. Depuis 1995 et le Slum Réhabilitation Scheme, Mumbai démoli les bidonvilles en relogeant les habitants (500 000 depuis 1995) souvent en périphérie ; mais seulement 12% des objectifs ont été atteint. Conclusion L’Asie du Sud et de l’Est est de loin l’aire géographique la plus peuplée dans le monde. Elle constitue également un paradoxe dans la mesure où son urbanisation est encore inférieure à la moyenne mondiale, mais elle concentre également le plus grand nombre de très grandes métropoles, également appelée mégapoles dès lors qu’elles dépassent 8 millions d’habitants (selon l’ONU). Mumbai est donc à l’image de ce qu’il se passe aujourd’hui en Asie, c’est-à-dire une mégapolisation du continent.

Les acquis de cette étude seront synthétisés sous la forme d’un croquis. Le cas de Mumbai peut aussi donner lieu à un sujet de composition au baccalauréat.

Page 4: C/ L’Asie du Sud et de l’Est : les enjeux de la croissancelewebpedagogique.com/hgboulle/files/2014/04/cours-Asie.pdf · (p.302) L’Asie du Sud s’éti e du Pakistan au angladesh,

4

2/L’Asie du Sud et de l’Est : les défis de la population et de la croissance 21/ Population et urbanisation 211/ Des foyers de peuplement aux dynamismes contrastés (cartes p.303, 345,347) L’Asie du Sud (subcontinent indien) et l’Asie de l’Est constituent les deux principaux foyers de peuplement mondiaux : Plus de 55% de la pop. mondiale (3.8 milliards). La Chine (1.3) et l’Inde (1.2) en concentrent 37%. Les autres Etats les plus peuplés sont l’Indonésie (246 millions), le Pakistan (182) et le Bangladesh (162), Japon (127) et Philippines (102). La croissance démographique devrait rester soutenue jusque vers 2030 avant que ne s’amorce un lent déclin à partir de 2050. Mais cette croissance est contrastée et proviendra essentiellement de l’Asie du Sud (Inde : + 27 millions/an) et de quelques Etats d’Asie du SE (Philippines) alors que dans la plupart des Etats industrialisés et émergents d’Asie du SE il y aura stagnation voire déclin démographique. Les densités moyennes sont également très élevées : La Chine (137), le Japon (351), l’Inde (350) la Corée du Sud (487), Taïwan (637), le Bangladesh (1 200), alors que la moyenne mondiale s’établit à un peu plus de 50 habitants au km². Ces fortes densités sont essentiellement localisées le long des littoraux et des axes fluviaux. La vallée du Gange est ainsi une des régions les plus densément peuplées du monde. 212/ Vieillissement et déséquilibre du sex-ratio La baisse de la fécondité et l’allongement de l’espérance de vie entrainent l’augmentation rapide du % des pop.> 65 ans. Cette baisse de la fécondité résulte du développement mais aussi de politique de limitation des naissances (Chine, Inde ou Vietnam). Le vieillissement s’accompagne d’une diminution de la main - d’œuvre. On parle du « choc argenté » au Japon pour désigner le vieillissement accéléré de la population avec 8% > 65 ans en 1975, 21% en 2010 et 30% en 2030. Le Japon, qui ne devrait compter que 100 millions d’hab. en 2045 contre 127 millions en 2011, fait appel à des travailleurs pakistanais, indiens, indonésiens ou philippins.

Page 5: C/ L’Asie du Sud et de l’Est : les enjeux de la croissancelewebpedagogique.com/hgboulle/files/2014/04/cours-Asie.pdf · (p.302) L’Asie du Sud s’éti e du Pakistan au angladesh,

5

En Chine, la population active devrait diminuer dès 2015 et perdre 100 millions d’actifs d’ici 2030 d’où l’interrogation sur le maintien de la politique de limitation des naissances instaurée en 1979. L'âge médian qui s'élevait à 27 ans en 1995 devrait s'élever à 39 ans en 2025. (Expl de Shanghai où 25% de la pop.> 60 ans). Les conséquences de ce vieillissement accéléré de la population sont et seront nombreuses. La prise en charge économique d’une population de plus en plus âgée est lourde (dépenses de santé) et s’ajoute à la faiblesse des pensions de retraite.

Le déséquilibre des sexes augmente fortement en Chine, Inde et Vietnam. En règle générale, le sex-ratio naturelle s'établit à 105 naissances de garçons pour 100 filles, rapport qui s'inverse par la suite du fait de la surmortalité des hommes. Le sex - ratio moyen pour l'ensemble de la Chine (2/305) est de 123, 117 au Vietnam et 112 en Inde. Il manquerait environ 50 millions de femmes en Chine et autant en Inde. Classée au 214e rang sur 226 pays, l’Inde est parmi les pays les plus mal placés, avec la Chine. Les femmes du monde indien sont donc victimes d’un « fondamentalisme démographique » : avortements sélectifs (l’Inde est le pays où l’on pratique le plus d’avortement sélectifs, 6

Page 6: C/ L’Asie du Sud et de l’Est : les enjeux de la croissancelewebpedagogique.com/hgboulle/files/2014/04/cours-Asie.pdf · (p.302) L’Asie du Sud s’éti e du Pakistan au angladesh,

6

millions par an), eugénisme à la naissance dans certaines régions, mauvais traitements, sous-nutrition dès l’enfance (le taux de mortalité est plus élevé en Inde chez les filles de moins de 15 ans que chez les garçons du même âge), taux de suicide trois fois supérieur à celui des hommes (pour échapper à sa condition et à un mariage forcé avant 18 ans)… Les filles, ayant vocation à quitter le foyer familial (« élever une fille, c’est arroser le jardin du voisin » selon un dicton indien), sont sous-scolarisées. Ainsi, en Inde, dans le cas d’un 3e enfant, il naît 219 filles pour 1 000 garçons (3/305).

213/ Urbanisation et métropolisation

L’Asie reste encore une région faiblement urbanisée avec un taux de 40% (1/306) (moy. mond. 50%). Cependant, l’urbanisation connait une croissance forte (x 5 depuis 1960) : D’ici 2020, l’Asie concentrera les 2/3 de la croissance urbaine mondiale (1/340) notamment grâce à la Chine, Pakistan et Indonésie (Dacca, 15 millions d’hab., accueille 650 000 nouveaux citadins/an, New Delhi, 250 000 ruraux/an, (2/306).Globalement, La population des villes d'Asie augmente de 40 millions de personnes / année. Mais attention aux valeurs relatives car en 2012, L’Asie concentre 44% des urbains mondiaux. La Chine (52%, compte 670 millions de citadins (soit plus que la pop. urbaine des Etats - Unis et de l’Union Européenne réunies) et 220 villes de plus d'1 million d'hab. En 2050, le taux d’urbanisation devrait atteindre 75 %, avec une population urbaine de 1,1 milliard d’habitants, selon les estimations des autorités chinoises. De même l'Inde avec un très faible taux d'urbanisation (31% en 2011 et 150ème rang sur 195) compte 377 millions d’urbains, soit > à la pop. des EU. En 2010, parmi les 100 agglomérations les plus peuplées au monde (2/303), l’Asie en compte 42 dont les 8 parmi les 10 premières : Tokyo (1er /37 millions d’habitants), Séoul (3ème /23 millions d’habitants) Mumbai (4ème /23 millions), puis Pékin, Shanghai, Manille, Bangkok, Delhi, Djakarta.

Page 7: C/ L’Asie du Sud et de l’Est : les enjeux de la croissancelewebpedagogique.com/hgboulle/files/2014/04/cours-Asie.pdf · (p.302) L’Asie du Sud s’éti e du Pakistan au angladesh,

7

22/ Une émergence économique rapide et massive Avec 5 des plus grandes puissances éco. (Japon, Chine, Inde, Corée du Sud, Indonésie), l’Asie du Sud et de l’Est est le principal pôle de croissance de l’économie mondiale (1/311). (Au cours des dix dernières années la croissance en Asie a été en moyenne 4 à 5 x > à celle de la zone euro, (1/308, repère p.310). Sa part dans le PIB n’a cessé de croitre depuis les 60’s et atteint 30% en 2011. Elle représente plus d’1/3 des exportations mondiales et domine de nombreux secteurs (textile, électronique, construction navale, acier). 221/Des décollages économiques successifs L’émergence économique de l’Asie du Sud et de l’Est a eu lieu de façon progressive selon le principe du développement en «vol d’oies sauvages», c’est-à-dire en vagues successives. Un pays lance un processus d’industrialisation sur un produit à faible valeur ajoutée, en devient exportateur puis l'abandonne au profit d’un produit à plus forte valeur ajoutée, permettant à un autre pays de se lancer à sa suite dans l’industrialisation. Le «vol d’oies sauvages» évoque l’effet d’entraînement. Cette croissance, d’abord centrée sur l’Asie de l’Est, s’est ensuite étendue à la partie méridionale du continent, faisant de cet ensemble (à l’exclusion de l’Asie centrale et de la Russie), un pôle d’impulsion majeur de la mondialisation Le Japon est le 1er à décoller et fonder un modèle à partir des 60’ s .Il s’appuie sur une population active nombreuse, qualifiée, et consensuelle et le « Toyotisme » (polyvalence des

Page 8: C/ L’Asie du Sud et de l’Est : les enjeux de la croissancelewebpedagogique.com/hgboulle/files/2014/04/cours-Asie.pdf · (p.302) L’Asie du Sud s’éti e du Pakistan au angladesh,

8

tâches, flux tendus). L’intervention de l’Etat par le METI: Ministry of economy, trade and industry (aménagement du territoire, protection du marché intérieur, aide financière aux entreprises). Sur les Keiretsu (Mitsubishi, Mitsui, Sumitomo, Toyota) et les Sogos shoshas. Ces facteurs sont mis en œuvre dans le cadre d ‘une planification du développement en plusieurs étapes : - 1955- 1965 : ind. de main d ‘ œuvre (textile) - 1960- fin 70’s : ind. lourde (sidérurgie, cons. navale, pétrochimie) - fin des 60’s- aujourd’hui : ind. d ‘ assemblages (automobiles, électronique, machines) - Depuis le début des 80’s : Ind. innovantes (biotechnologies, semi-conducteurs,

espaces.2/329) Pour chacun de ces secteurs, la stratégie était celle du « vol d ‘ oies sauvages » (A. Kanume) : Importation / Production / Exportation / Délocalisation.

Progressivement une structure en cercles concentriques s’est formée autour du Japon : dans le 1er cercle on trouve les NPI de 1ere génération, les "Dragons" : Corée du Sud, Taiwan, Singapour, Hong-Kong, (1/333) .Ces pays – ateliers ont profité dans les 60’s du glissement des activités japonaises et des investissements occidentaux (EU) attirés par les zones franches. Ces NPI ont appuyé leur décollage sur des facteurs « japonais »: Une main d ‘ œuvre nombreuses avec une forte cohésion sociale, une intervention forte de l’Etat, des Cheabols en Corée, PME à Taiwan. Aujourd ‘hui ces pays deviennent à leur tours des investisseurs et des délocalisateurs (Bébés tigres et Chine littorale). Puis ceux de la 2nd génération: les «Bébés Tigres»: Malaisie, Thaïlande, Indonésie et Philippines et enfin la Chine littorale à partir de 1978 et des « Quatre modernisations ». L’Inde amorce à partir des 80’s une politique de libéralisation éco. et d’ouverture (ZES) mais a pris du retard du fait d’une politique protectionniste prolongée. Le développement en «vol d’oies sauvages» fait de l’Asie du Sud et de l’Est le moteur de l'économie mondiale en raison d’une croissance économique d’environ 8% pour l’ensemble de la zone et d’une forte concentration de richesses (28% du PIB mondial) et d’échanges (25% du commerce mondial). Elle abrite, aujourd’hui, 5 des 20 plus grandes puissances économiques mondiales (Chine, Japon, Inde, Corée du Sud, Indonésie) et 15 des 50 premières places boursières mondiales. Hong Kong, le Japon et la Chine font partie des 10 premiers pays émetteurs d’IDE. La croissance économique s’appuie aussi sur la réussit e de

Page 9: C/ L’Asie du Sud et de l’Est : les enjeux de la croissancelewebpedagogique.com/hgboulle/files/2014/04/cours-Asie.pdf · (p.302) L’Asie du Sud s’éti e du Pakistan au angladesh,

9

grandes firmes. En 2012 ,81 FMN asiatiques sont classées parmi les 250 plus importantes dans le monde Schéma n°1, p.333 :la diffusion de la croissance économique en Asie

La diffusion de la croissance en Asie du Sud et de l’Est

1950-1970

1970-1980

Des Sud qui émergent : forte croissance, IHD moyen

Des Nord : IDH et PIB/hab très élevés

Japon

4 Dragons ou NPIA-1: Corée du Sud, Hongkong, Singapour, Taïwan

Tigres ou NPIA-2 : Malaisie, Indonésie, Philippines, Thaïlande

1980-1990

1990 Chine, Inde

2000 Vietnam, Cambodge

222/ Une intégration régionale croissante En Asie de l’Est, La croissance des flux intra - régionaux de marchandise et d’investissements favorise l’intégration car ils représentent plus de 50% du commerce extérieur de l’Asie de l’Est contre 25% en 1970 (repère p.328) L’intégration est illustrée par des échanges intra-firmes résultats d’une DIT asiatique et des multiples délocalisations sur la base des avantages comparatifs. Les grandes firmes favorisent le « circuit intégré asiatique » : implantations (filiales, prises de participation, sous-traitance) dans l’ensemble de la zone. La littoralisation des économies a favorisé cette intégration et a donné naissance à un « corridor économique » de Singapour à Tokyo structuré par des nœuds littoraux : 19 des 25 principaux ports de commerce sont en AO dont Shanghai (1er), Ningbo (2nd), Singapour (3ème), Tianjin (5ème,). On parle de structure en « hubs and spokes » ou de plate forme multimodale comme Singapour qui redistribue 70% de ce qu’elle reçoit. Du point de vue institutionnel, l’intégration progresse peu : l’ASEAN (Association of South-East Nations, 2/309), fondé en 1967 autour de la Thaïlande, Malaisie, Singapour, Indonésie, Philippines dans un but de containment évolue vers un objectif libre – échangiste. Les rencontres « ASEAN + 3 » (Chine, Japon, Corée) veulent créer un zone de libre – échange (AFTA : Asian Free Trade Area) dont les 1ère négociations sérieuses ce sont ouvertes en mai 2012. En réalité le mouvement d’intégration à l’échelle régionale est compliqué par la multiplication des accords bilatéraux : en 2010, il y en a plus de 115 (7 en 2000). Par ailleurs, les difficultés viennent aussi de la diversité des régimes politiques et des contentieux historiques et frontaliers entre les Etats.

Page 10: C/ L’Asie du Sud et de l’Est : les enjeux de la croissancelewebpedagogique.com/hgboulle/files/2014/04/cours-Asie.pdf · (p.302) L’Asie du Sud s’éti e du Pakistan au angladesh,

10

L’Asie du Sud n’a pas connu de processus d’intégration éco. comparable car l’Inde n’a pas joué un rôle moteur. Depuis 2005, l’Inde crée de nombreuses ZES et développe des partenariats avec le Japon, la Chine et l’Asean (« Look East Policy »).

23/ Croissance et développement 231/ Une croissance sans développement humain ? L’Asie reste encore éclatée entre une Asie de l’Est économiquement intégrée, à l’IDH élevé-moyen et une Asie du Sud, plus continentale à l’IDH faible. Ces inégalités s’illustrent sur toutes les échelles (1/308) :

Page 11: C/ L’Asie du Sud et de l’Est : les enjeux de la croissancelewebpedagogique.com/hgboulle/files/2014/04/cours-Asie.pdf · (p.302) L’Asie du Sud s’éti e du Pakistan au angladesh,

11

Si la pauvreté recule en part relative (79% de la population en 1981 et 18% en 2006 avec moins de 1,25 $ par jour), l’Asie est le continent en tête pour le nombre de pauvres : 2.2 milliards. Le % des personnes disposant de moins de 1.25 $/jour (grande pauvreté pour l’ONU) est de 40% en Asie du Sud, 17 % en Asie de l’Est. En Inde, près des 2/3 de la population vit avec moins de 2$ par jour. A l’échelle régionale, alors que la Chine n’a plus que 10% de sa pop. souffrant de malnutrition, l’Inde en a 20% et le Cambodge 25%. La mortalité infantile au Laos (60°/°°) est 25 x > à celle du Japon ou de Singapour. A l’échelle nationale, les inégalités opposent les villes aux campagnes (1/306, 3/311), les littoraux aux espaces continentaux : L’écart de revenu/hab. entre la région la plus riche et la région la plus pauvre est de 1 à 10 en Chine contre 1à 2 en France. Expl en Inde: l’IDH de l’Inde a progressé de 48% depuis 1975 mais les contrastes restent très forts: l’état rural du Bihar au nord: mortalité infantile > 10 %, taux de fécondité > 3,5 alors qu’au sud, le Kérala, taux de fécondité de 2 et espérance de vie de 73 ans soit 13 ans de plus que la moyenne nationale.

232/ Forte dégradation de l’environnement et risques aggravés: Pluies acides et pollution atmosphériques. Déforestation (Indonésie pour l’huile de palme, 2/315), désertification et pénurie hydrique (Chine, 2/321, 1/317). En 2011, les émissions de CO² en Asie représentent plus de 40% du total mondial, dont la Chine (25%, 1er émetteur de gaz à effet de serre devant le Japon et l’Inde, charbon > 70% dans le bilan énergétique). 16 des 20 villes les plus polluées dans le monde sont situées en Chine (5/307)/ Expl de Pékin avec le phénomène "airpocalypse". Population > 21 millions d’habitants (augmentation de 5 millions en 12 ans). Une des villes les plus polluées au monde: plus de 5 millions de véhicules

Page 12: C/ L’Asie du Sud et de l’Est : les enjeux de la croissancelewebpedagogique.com/hgboulle/files/2014/04/cours-Asie.pdf · (p.302) L’Asie du Sud s’éti e du Pakistan au angladesh,

12

(300 000 supplémentaires chaque année), soit 300% d’augmentation alors que la surface de la voierie n’a augmenté que de 30% et que le métro ne gagnait que 14 kms => en 2013 limitation à 150 000 immatriculations/an. La vulnérabilité de certaines régions aux risques naturels (mousson, typhons, tsunamis, séismes) peuvent aggraver les accidents industriels ou les provoquer (Fukushima, 2011, 3/317) de même que la surpopulation aggrave les bilans (Catastrophe telle celle de Bhopal en Inde en 1984). Schéma de synthèse n°2, p.333 : l'organisation régionale de la croissance

3/Japon-Chine : concurrences régionales, ambitions mondiales - Comment se manifeste la rivalité entre le Japon et la Chine en Asie? - Quel pays assurera, à l’avenir, le leadership dans cette région du monde en pleine croissance économique ? - En quoi le Japon et la Chine sont des puissances régionales concurrentes aux ambitions mondiales ? 31/ Japon et Chine, puissances asiatiques 311/ les caractères économiques des puissances japonaise et chinoise Le Japon et la Chine constituent les deux pôles principaux d’Asie orientale. Ils assurent à eux deux 68% du PIB asiatique et 63% du commerce extérieur du continent. Mais leur influence dans la région s’exprime de manière différente. Le Japon reste le pays d’Asie orientale le plus riche (le PIB/hab. au Japon est 10 x > à celui de la Chine) et le plus développé (12ème pour l’IDH contre 89ème pour la Chine). Le poids du PIB japonais en Asie est comparable à celui de la Chine (32% contre 36%). Si le Japon reste puissant dans les secteurs industriels traditionnels (2nd pour la P° d’acier, d’automobiles en 2011) il est supplanté par la Chine, véritable « atelier du monde » (près d’1 million d’entreprises étrangères sont désormais implantées en Chine) dont, l’industrie est devenue en 2010 la 1ere au monde : 1er producteur d’acier (44%), d’automobiles (18.2 ms de véhicules, soit 23% du totale de la production mondiale qui est de 78 ms de véhicules en 2010), textiles (22%). Par ailleurs, la Chine est un gros producteur de produits agricoles (l'agriculture est encore la 1ère source d'emplois) et de matières 1ères (1er pour le blé, riz, fer, charbon, hydroélectricité) alors que le Japon est fortement dépendant. La Chine est le premier pays récepteur des IDE, mais aussi de plus en plus émetteur: 75% des IDE chinois vont vers l’Asie alors que seulement 25% pour le Japon →renforcement du poids de la Chine en Asie, pratiquant « une diplomatie financière » Par contre, Le Japon reste le plus avancé technologiquement grâce au maintien d’importants investissements dans le RD (3.6% du PIB contre 1.5% en Chine, 1/327, 2/329) qui lui permettent une montée en gamme constante : (45% du parc mondial des robots, 70% des semi-conducteurs). Sur les 10 entreprises les plus innovantes d’Asie, 8 sont japonaises, Hitachi est la 1ère, Canon 3e, Sony 5e).

Page 13: C/ L’Asie du Sud et de l’Est : les enjeux de la croissancelewebpedagogique.com/hgboulle/files/2014/04/cours-Asie.pdf · (p.302) L’Asie du Sud s’éti e du Pakistan au angladesh,

13

312/ interdépendances économique et concurrence Il y a une interdépendance économique très forte entre les deux : la Chine est le premier partenaire économique du Japon, et celui-ci est le premier investisseur étranger (hors Hong Kong et Taiwan) en Chine (2 et 3/319) Depuis le début des 2000’s, le commerce bilatéral a été x 3 et il représente en 2011 3,2% du commerce mondial ( de la part de la France dans le com.mond.).Les deux économies sont interdépendantes (1/329) dans le cadre des avantages comparatifs : le Japon exporte vers le Chine des biens intermédiaires (composants électroniques), des biens d’équipement ( machines-outils) et importe des biens de faible valeur ajoutée (textile, électronique grand public) souvent fabriqués par des entreprises et des capitaux japonais (21 000 entreprises japonaises en Chine et près de 60% P° électronique japonaises sont délocalisées en Chine). D'une façon plus générale, l'expansion des capacités de P° et d'exportation de la Chine dépend très largement des firmes étrangères qui y investissent massivement : le commerce extérieur représente 60% du PIB chinois contre 21% du PIB japonais. Les interdépendances chinoises avec son environnement immédiat (et pas seulement avec le Japon) sont donc extrêmement fortes. Cependant, les 2 économies sont de plus en plus concurrentes en amont du système de P°, notamment pour l’accès aux matières 1ères. 313/ deux puissances rivales Il y a des différends d’ordre mémoriel : la 1ère guerre sino-japonaise de 1895, l’annexion de la Mandchourie en 1931, l’invasion de 1937 et les massacres de 2 à 300 000 chinois à Nankin

(Nanjing) continuent de brouiller les relations entre les 2 pays (3/329) Des différends d'ordre territorial : désaccord sur les délimitations de leur ZEE en mer de Chine. Revendication par la Chine de la souveraineté sur l'archipel Senkaku, annexé par le Japon en 1895 Des différends d'ordre stratégique : La Chine et le Japon ne partagent pas la même vision de la régionalisation asiatique. La Chine souhaite limiter la régionalisation à l'ASEAN + 3 pour maintenir son influence et se reporte surtout sur la construction de l'OCS (Organisation de Coopération de Shanghai (2/309), Russie et pays d'Asie Centrale). Le Japon souhaiterait au contraire ouvrir l'ASEAN à l'Australie, la Nouvelle Zélande et l'Inde (ASEAN + 6). Depuis 2005, Le Japon défend l'idée à terme d'une communauté asiatique sur le modèle de l'UE.

Page 14: C/ L’Asie du Sud et de l’Est : les enjeux de la croissancelewebpedagogique.com/hgboulle/files/2014/04/cours-Asie.pdf · (p.302) L’Asie du Sud s’éti e du Pakistan au angladesh,

14

32/ Les ambitions mondiales de la Chine et du Japon Depuis le XIXème siècle, le Japon et la Chine exercent une influence à l’échelle mondiale mais ne disposent pas des mêmes atouts. Le statut du Japon dans le monde est essentiellement celui d’une grande puissance économique, acteur-clé des échanges mondiaux alors que l’influence chinoise sur le monde est plus diversifiée. Ceci étant, la Chine accroit son rôle : La participation massive au capital de la Banque mondiale depuis avril 2010 lui octroie la 3ème place après les États-Unis et le Japon 321/ Des centres d'impulsion majeurs de la mondialisation Le Japon fait partie dès la fin des 70's de la Triade. Il réalise aujourd'hui 8.7% du PIB mondial, 4e exportateur mondial avec 4.5% du commerce mondial. Des FTN très puissantes (220 d'entre elles sont classées parmi les 1000 plus grandes firmes manufacturières du monde contre 276 aux EU, 48 en France). Tokyo est une ville mondiale de l'AMM ("archipel métropolitain mondial", 1/321) La Chine (carte 2 /325) ouvre son économie et son territoire à partir de 1978 avec les ZES.

Elle entre à l’OMC en 2001 et devient le 1er pays d ‘ accueil des IDE. ainsi que le 1er exportateur mondial depuis 2010 (10% contre 3% en 2000) .En 2010, la Chine est aussi devenue la 1ère puissance industrielle mondiale (21% de la P° manufacturière totale en 2010

Page 15: C/ L’Asie du Sud et de l’Est : les enjeux de la croissancelewebpedagogique.com/hgboulle/files/2014/04/cours-Asie.pdf · (p.302) L’Asie du Sud s’éti e du Pakistan au angladesh,

15

contre 20.5% aux EU) en polarisant 41 % de la croissance mondiale des dix dernières années. 7 des 10 premiers ports sont chinois. Parmi les 10 1ères FTN, 4 sont chinoises. Parallèlement, la Chine investit massivement à l'étranger: les flux d'IDE chinois passent de 3 à 60 milliards de $ entre 2003 et 2010 (> aux IDE japonais) et le stock d'IDE chinois à l'étranger a été x 10 depuis 2000. (La Chine et le Japon sont aussi des créanciers majeurs: ils détiennent à eux deux 45% des bons du Trésor américain, 3/313). 322/ Des ambitions géopolitiques parfois rivales La Chine, "puissance ascendante", accentue son rôle politique dans les grandes instances comme l'ONU (membre du CS) ou le G20. Son influence en Afrique et en Amérique latine s’est aussi développée. Elle cherche à mettre en place un "collier de perles" (1/314) dans l'océan Indien, un réseau de bases maritimes militaires et civiles jusqu’au détroit d’Ormuz en passant par l’Océan Indien et les côtes orientales de l’Afrique pour diversifier et sécuriser la route des approvisionnements en hydrocarbures. La Chine souhaiterait aussi accéder à des bases navales au Pakistan, en Birmanie, au Bangladesh, au Yémen, Djibouti, Sri Lanka et Singapour d'où la crainte des EU et de l'Inde (carte / 338) . La Chine renforce sa puissance militaire : son armée est la plus nombreuse au monde (2.5 millions de soldats actifs) et son budget militaire a été x 6 depuis 2000 (2nd au monde mais 6 fois < aux EU, 1/330).C'est une puissance nucléaire. Cependant le pays n'a pas la capacité à projeter son armée et sa vocation reste le contrôle des frontières du territoire et des routes stratégiques. Le Japon n'est plus véritablement le "nain politique" de 1945. Il revendique un siège au conseil de sécurité de l'ONU dont il est un des principaux contributeurs (opposition de la Chine). Mais la limitation du budget militaire à 1 % du PIB, l’interdiction d’exporter du matériel militaire, le refus de se doter de l’arme nucléaire et l’ article 9 de la Constitution qui stipule que « le Japon renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la nation » sont des freins à sa puissance géostratégique. Mais ce renoncement est critiqué et un ministère de la Défense a été rétabli en 2007. Le rôle de son armée évolue: 5ème budget mondial militaire ( Allemagne, 250 000 hommes), les forces japonaises participent depuis 2002 aux opérations de maintien de la paix (Irak 6/331, Afghanistan), sa marine surveille les routes internationales et lutte contre la piraterie (5/331). 323/ Les "soft power" chinois et japonais. La Chine cherche à désamorcer le mythe de la "menace chinoise" et à lisser son image négative liée à son intransigeance au Tibet et sur la question des droits de l'homme. Elle développe sa politique d'APD (aide publique au développement) notamment vers l'Asie (2nd contributeur de la Banque asiatique de développement derrière le Japon), l'Afrique et l'Amérique du Sud. Elle mise sur la promotion de la culture et de la langue chinoise à travers le développement notamment des Instituts Confucius, 330 dans 94 pays (l'objectif est de

Page 16: C/ L’Asie du Sud et de l’Est : les enjeux de la croissancelewebpedagogique.com/hgboulle/files/2014/04/cours-Asie.pdf · (p.302) L’Asie du Sud s’éti e du Pakistan au angladesh,

16

passer à 1000 instituts en 2020). Elle s'implique dans l'organisation d'événements mondiaux : JO de Pékin (2008), Expo. Universelle de Shanghai (2010, 73 millions de visiteurs). Elle pratique aussi la "diplomatie du Panda" (Beauval, 2012) pour favoriser les relations diplomatiques. Le Japon cherche à contourner sa faible influence politique et militaire en jouant la carte de la puissance civile: aide financière massive dans le cadre de l'APD (vers l'Asie et l'Afrique surtout). La J-pop (japanese pop culture = culture de masse) séduit la jeunesse occidentale et asiatique (mangas, jeux vidéo, dessins animés) et permet la diffusion du Cool Japan. Schéma de synthèse :

Cette question peut donner lieu à des sujets de compositions portant sur le cas de Mumbai et sur chacune des deux autres entrées de la question. Ces différentes entrées se prêtent également à l’étude critique de document(s). L’étude de Mumbai donne lieu à la réalisation d’un croquis qui pourra être demandé à l’examen.