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9S20 JDP 2005 – Communications orales Ann Dermatol Venereol 2005;132:9S01-9S70 Un troisième patient, précédemment publié et suspect d’avoir le même phénotype, a été contacté. La présentation clinique des 3 sujets était superposable : atteinte cutanée étendue, stries angioï- des absentes (1 cas) ou sans complications néo-vasculaires, athéro- matose absente ou modérée et asymptomatique, malgré un âge supérieur à 45 ans dans les 3 cas. Des antécédents de saignements viscéraux graves (hémorragies digestives, méningées, utérines) n’étaient retrouvés que dans un des 3 cas. Un patient disait « saigner facilement » sans gravité. La recherche de mutation dans le gène ABCC6 était négative. Discussion : Compte tenu de la rareté du PXE et du déficit congéni- tal en FCDVK, d’une part, et de la constance du phénotype clinico- biologique (incluant l’absence de mutations de ABCC6) dans les 3 cas, il est peu vraisemblable que cette association PXE et déficit en FCDVK soit fortuite. Trois autres cas ont été décrits avant la décou- verte du gène ABCC6. Les déficits congénitaux en FCDVK ont été as- sociés à des mutations dans 2 gènes : GGCX et VKORC1. Ce dernier est localisé en 16p11, c’est-à-dire à proximité de ABCC6 (16p13). Chez les 2 patientes, une grande délétion emportant ABCC6 et VKORC1 a été éliminée par FISH et QMPSF. Le phénotype PXE et hématologi- que paraît donc associé à un autre gène. Ceci est en faveur d’une hé- térogénéité génétique dans le PXE. La recherche du gène responsable de cette association, par étude de liaison génétique, est actuellement en cours. Conclusion : La connaissance de ce phénotype PXE particulier est utile pour la pratique dermatologique. En effet, l’atypie des lésions peut constituer une difficulté diagnostique et faire poser à tort le dia- gnostic de cutis laxa. Une biopsie cutanée est indispensable pour ob- jectiver l’élastorrhexie. La sévérité de l’atteinte cutanée peut imposer une correction chirurgicale de certains sites lésionnels (plis, abdo- men). En revanche, même si l’effectif de patients est de petite taille, il semble que le pronostic ophtalmologique et cardio-vasculaire de cette variété de PXE soit bon. La pénétrance des saignements viscé- raux est incomplète et paraît indépendante du déficit en FCDVK. Références 1. Chassaing N, Martin L et al. J Med Genet 2005. 2. Rost S, Fregin A et al. Br J Haematol 2004. Efficacité de l’anakinra et nouvelle mutation du gène CIAS1 dans le syndrome de Muckle-Wells : 3 cas CAUX F (1), MAKSIMOVIC L (2), STIRNEMANN J (2), CUISSET L (3), ROUAGHE S (2), LETELLIER E (2), FAIN O (2), LAROCHE L (1) (1) Service de Dermatologie, Hôpital Avicenne, Bobigny. (2) Service de Médecine Interne, Hôpital Jean Verdier, Bondy. (3) Laboratoire de Biochimie Génétique, Hôpital Cochin, Paris, France. Introduction : L’urticaire chronique est un motif fréquent de con- sultation en Dermatologie. Une des étiologies rares est le syndrome de Muckle-Wells de transmission autosomique dominante qui fait partie du groupe des maladies inflammatoires récurrentes hérédi- taires et associe urticaire, arthralgies et fièvre évoluant par poussées. Nous rapportons ici une nouvelle famille dans laquelle les trois sujets atteints présentaient une mutation faux-sens V262G du gène CIAS1 et dont les manifestations cliniques ont été contrôlées par l’anakinra. Observations : Une femme de 20 ans consulte pour bilan d’urticaire chronique. L’interrogatoire permet de préciser que les lésions cuta- nées évoluent depuis l’âge de 14 ans, sont à type de papules non pru- rigineuses, s’associent à des arthralgies, une conjonctivite et une fièvre à 38 C, surviennent par poussées avec une fréquence hebdo- madaire et une durée de 48 heures et sont plus fréquentes en hiver. L’examen dermatologique en dehors d’une poussée ne retrouve que 2 papules érythémateuses plantaires. Le bilan biologique est stricte- ment normal. Le père de la patiente, âgé de 48 ans, présente depuis l’âge de 6 mois de façon quasi-quotidienne des lésions urticariennes déclen- chées par le froid associées à des arthralgies et une conjonctivite. Depuis l’âge de 20 ans, il a aussi une surdité bilatérale de percep- tion. Le frère de la patiente, âgé de 16 ans, a des manifestations cli- niques similaires à celle de son père en dehors de l’absence de surdité. L’analyse moléculaire du gène CIAS1 chez les 3 patients re- trouve une mutation hétérozygote faux-sens V262G. Un traitement quotidien par anakinra (Kineret ® ) 100 mg SC chez les 3 sujets atteints a permis une disparition complète des manifes- tations cliniques. Ce traitement a été bien supporté en dehors d’une réaction locale transitoire aux sites d’injection uniquement chez la patiente. Discussion : Dans ces observations, le diagnostic de syndrome de Muckle-Wells a été porté chez la première patiente, tandis que son frère présentait un tableau d’urticaire familial au froid et que leur père présentait une forme de chevauchement entre ces 2 pathologies. Ce chevauchement phénotypique a déjà été décrit et s’explique par le fait que les deux pathologies sont associées à des mutations du même gè- ne, CIAS1. Ce gène code pour la cryopyrine et environ 10 mutations différentes ont été rapportées dans le syndrome de Muckle-Wells dont certaines portaient sur les acides aminés 260 et 264. En revan- che, la mutation faux-sens V262G présentée par nos 3 patients est ori- ginale. Enfin, le traitement par un antagoniste du récepteur de l’interleukine 1, l’anakinra, a été très efficace chez nos patients avec une suspension complète des poussées. Ce traitement qui a été déve- loppé pour la polyarthrite rhumatoïde a été utilisé très récemment dans le syndrome de Muckle-Wells. Chez 5 patients, il a eu une très bonne efficacité clinique et biologique et a même permis dans 2 cas une réduction de l’amylose rénale qui survient chez 10 % des malades atteints de syndrome de Muckle-Wells [1, 2]. Conclusion : Ces observations familiales ont permis d’illustrer le chevauchement phénotypique entre syndrome de Muckle-Wells et urticaire familiale au froid, de rapporter une nouvelle mutation V262G du gène CIAS1 dans ces maladies et de confirmer la remar- quable efficacité de l’anakinra. Références 1. Hawkins PN et al. Spectrum of clinical features in Muckle-Wells syn- drome and response to anakinra. Arthritis Rheum 2004;50:607-12. 2. Hawkins PN et al. Interleukin-1-receptor antagonist in Muckle-Wells syndrome. N Engl J Med 2003;348:2583-4. Mot-clé : Pseudoxanthome élastique (déficit facteur coagulation). C30 Mot-clé : Syndrome de Muckle-Wells.

C30 - Efficacité de l’anakinra et nouvelle mutation du gène CIAS1 dans le syndrome de Muckle-Wells : 3 cas

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Page 1: C30 - Efficacité de l’anakinra et nouvelle mutation du gène CIAS1 dans le syndrome de Muckle-Wells : 3 cas

9S20

JDP 2005 – Communications orales Ann Dermatol Venereol2005;132:9S01-9S70

Un troisième patient, précédemment publié et suspect d’avoir lemême phénotype, a été contacté. La présentation clinique des3 sujets était superposable : atteinte cutanée étendue, stries angioï-des absentes (1 cas) ou sans complications néo-vasculaires, athéro-matose absente ou modérée et asymptomatique, malgré un âgesupérieur à 45 ans dans les 3 cas. Des antécédents de saignementsviscéraux graves (hémorragies digestives, méningées, utérines)n’étaient retrouvés que dans un des 3 cas. Un patient disait « saignerfacilement » sans gravité. La recherche de mutation dans le gèneABCC6 était négative.

Discussion : Compte tenu de la rareté du PXE et du déficit congéni-tal en FCDVK, d’une part, et de la constance du phénotype clinico-biologique (incluant l’absence de mutations de ABCC6) dans les3 cas, il est peu vraisemblable que cette association PXE et déficit enFCDVK soit fortuite. Trois autres cas ont été décrits avant la décou-verte du gène ABCC6. Les déficits congénitaux en FCDVK ont été as-sociés à des mutations dans 2 gènes : GGCX et VKORC1. Ce dernierest localisé en 16p11, c’est-à-dire à proximité de ABCC6 (16p13). Chezles 2 patientes, une grande délétion emportant ABCC6 et VKORC1 aété éliminée par FISH et QMPSF. Le phénotype PXE et hématologi-

que paraît donc associé à un autre gène. Ceci est en faveur d’une hé-térogénéité génétique dans le PXE. La recherche du gèneresponsable de cette association, par étude de liaison génétique, estactuellement en cours.

Conclusion : La connaissance de ce phénotype PXE particulier estutile pour la pratique dermatologique. En effet, l’atypie des lésionspeut constituer une difficulté diagnostique et faire poser à tort le dia-gnostic de cutis laxa. Une biopsie cutanée est indispensable pour ob-jectiver l’élastorrhexie. La sévérité de l’atteinte cutanée peut imposerune correction chirurgicale de certains sites lésionnels (plis, abdo-men). En revanche, même si l’effectif de patients est de petite taille,il semble que le pronostic ophtalmologique et cardio-vasculaire decette variété de PXE soit bon. La pénétrance des saignements viscé-raux est incomplète et paraît indépendante du déficit en FCDVK.

Références

1. Chassaing N, Martin L et al. J Med Genet 2005.

2. Rost S, Fregin A et al. Br J Haematol 2004.

Efficacité de l’anakinra et nouvelle mutation du gène CIAS1 dans le syndrome de Muckle-Wells : 3 cas

CAUX F (1), MAKSIMOVIC L (2), STIRNEMANN J (2), CUISSET L (3), ROUAGHE S (2), LETELLIER E (2), FAIN O (2), LAROCHE L (1)

(1) Service de Dermatologie, Hôpital Avicenne, Bobigny. (2) Service de Médecine Interne, Hôpital Jean Verdier, Bondy. (3) Laboratoire de BiochimieGénétique, Hôpital Cochin, Paris, France.

Introduction : L’urticaire chronique est un motif fréquent de con-sultation en Dermatologie. Une des étiologies rares est le syndromede Muckle-Wells de transmission autosomique dominante qui faitpartie du groupe des maladies inflammatoires récurrentes hérédi-taires et associe urticaire, arthralgies et fièvre évoluant par poussées.Nous rapportons ici une nouvelle famille dans laquelle lestrois sujets atteints présentaient une mutation faux-sens V262G dugène CIAS1 et dont les manifestations cliniques ont été contrôléespar l’anakinra.

Observations : Une femme de 20 ans consulte pour bilan d’urticairechronique. L’interrogatoire permet de préciser que les lésions cuta-nées évoluent depuis l’âge de 14 ans, sont à type de papules non pru-rigineuses, s’associent à des arthralgies, une conjonctivite et unefièvre à 38 C, surviennent par poussées avec une fréquence hebdo-madaire et une durée de 48 heures et sont plus fréquentes en hiver.L’examen dermatologique en dehors d’une poussée ne retrouve que2 papules érythémateuses plantaires. Le bilan biologique est stricte-ment normal.Le père de la patiente, âgé de 48 ans, présente depuis l’âge de6 mois de façon quasi-quotidienne des lésions urticariennes déclen-chées par le froid associées à des arthralgies et une conjonctivite.Depuis l’âge de 20 ans, il a aussi une surdité bilatérale de percep-tion. Le frère de la patiente, âgé de 16 ans, a des manifestations cli-niques similaires à celle de son père en dehors de l’absence desurdité. L’analyse moléculaire du gène CIAS1 chez les 3 patients re-trouve une mutation hétérozygote faux-sens V262G.Un traitement quotidien par anakinra (Kineret®) 100 mg SC chezles 3 sujets atteints a permis une disparition complète des manifes-tations cliniques. Ce traitement a été bien supporté en dehors d’uneréaction locale transitoire aux sites d’injection uniquement chez lapatiente.

Discussion : Dans ces observations, le diagnostic de syndrome deMuckle-Wells a été porté chez la première patiente, tandis que sonfrère présentait un tableau d’urticaire familial au froid et que leur pèreprésentait une forme de chevauchement entre ces 2 pathologies. Cechevauchement phénotypique a déjà été décrit et s’explique par le faitque les deux pathologies sont associées à des mutations du même gè-ne, CIAS1. Ce gène code pour la cryopyrine et environ 10 mutationsdifférentes ont été rapportées dans le syndrome de Muckle-Wellsdont certaines portaient sur les acides aminés 260 et 264. En revan-che, la mutation faux-sens V262G présentée par nos 3 patients est ori-ginale. Enfin, le traitement par un antagoniste du récepteur del’interleukine 1, l’anakinra, a été très efficace chez nos patients avecune suspension complète des poussées. Ce traitement qui a été déve-loppé pour la polyarthrite rhumatoïde a été utilisé très récemmentdans le syndrome de Muckle-Wells. Chez 5 patients, il a eu une trèsbonne efficacité clinique et biologique et a même permis dans 2 casune réduction de l’amylose rénale qui survient chez 10 % des maladesatteints de syndrome de Muckle-Wells [1, 2].

Conclusion : Ces observations familiales ont permis d’illustrer lechevauchement phénotypique entre syndrome de Muckle-Wells eturticaire familiale au froid, de rapporter une nouvelle mutationV262G du gène CIAS1 dans ces maladies et de confirmer la remar-quable efficacité de l’anakinra.

Références

1. Hawkins PN et al. Spectrum of clinical features in Muckle-Wells syn-drome and response to anakinra. Arthritis Rheum 2004;50:607-12.

2. Hawkins PN et al. Interleukin-1-receptor antagonist in Muckle-Wellssyndrome. N Engl J Med 2003;348:2583-4.

Mot-clé : Pseudoxanthome élastique (déficit facteur coagulation).

C30

Mot-clé : Syndrome de Muckle-Wells.