Cabrol. Les Eglises de Jérusalem : la discipline et la liturgie au IVe siècle. 1895

Embed Size (px)

Citation preview

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    1/228

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    2/228

    Digitized by the Internet Archivein 2010 with funding from

    University of Ottawa

    littp://www.arcliive.org/details/leseglisesdejrOOcabr

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    3/228

    5f.4.

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    4/228

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    5/228

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    6/228

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    7/228

    GLISES DE JRUSALEMLA DISCIPLINE

    ET LA liturgie: AU IV' SICLE

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    8/228

    POITIERS. TVPOdRAPHlK 0LT)1N ET C"

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    9/228

    KTUDi: SUR LA PKliE(U\INATIO SILVI.E

    1. ESGLISES DE JRUSALEM

    LA DISCIPLINEET LA LITURGIE AU lY^^ SIECLE

    PAU Lj:

    R. p. DoM Fernand GABROLPrieur de Solesmcs

    Professeur d'histoire TUniversit catholique d'Angers

    LIBRAIRIE RELIGIEUSE H. OUDINPARIS

    10, HUE DE MZIHES, 10POITIERS

    4, RUE DE l'PEROX, 4

    1895

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    10/228

    DEC -2 1960

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    11/228

    PREFACE

    La Peregriiatio Silvi, dcouverte en 1885dans la bibliothque d'Arezzo par M. Gamurrini,a t ds l'origine considre par les critiques lesplus comptents comme un document de premierordre pour l'histoire ecclsiastique. Peut-tre,aprs avoir applaudi cette dcouverte, n'a-t-onpas suffisamment tudi ces prcieuses pages ;peut-tre n'a-t-on pas recherch avec assez de soinles renseignements historiques nouveaux qu'ellesrenferment.

    Et tout d'abord pour la topographie ecclsias-tique de Jrusalem au iv^ sicle, la Peregrinationous permet d'tablir le vritable emplacementdes principaux difices sacrs celte poque, et

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    12/228

    VI PRKFACE

    de rectifier ainsi, sur plusieurs points, l'opiniondes plus savants archologues.

    Mais c'est surtout pour l'histoire de la disci-pline et de la liturgie que la Peregrmatio est im-portante ; celle qui a crit ces pages nous donnedans les plus minutieux dtails la description descrmonies liturgiques et des offices de chaquejour, elle nous parle des principales ftes de l'an-ne ecclsiastique une poque o les autres cri-vains restent muets sur ce sujet, ou ne nousfournissent que quelques renseignements vagueset incomplets. xMais il faut, dans le rcit souventobscur ou diffus de Silvia, dgager des donnesprcises, et essayer de fixer, aulanl qu'il est pos-sible, les indications nouvelles que nous lui de-vons.

    C'est ce que nous nous sommes efforc defaire dans les pages suivantes.En dehors des questions de topographie et

    de liturgie qui tont l'objet principal de ce tra-vail, il y a dans la Peregrinatio bien d'autrespoints qui mritent de fixer notre attention : ladescription du manuscrit d'Arezzo et son histoire;

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    13/228

    PRFACK VII

    1(1 (liile (le la l'crcgrinatio et son auteur. \\ estutile aussi de connatre les voyages de Silvia aumonl Sina, aux saints lieux de Palestine, au montNbo, en Msopotamie, en Asie Mineure. Tout cercit claire d'une vive lumire l'histoire reli-gieuse et monastique de l'Orient au iv sicle.Nous avons trait ces diffrentes questions dansles appendices. De cette sorte notre tude sur laPeregrinatio Silvi aura quelque chance d'tre com-plte (1).

    I , Les dififrents paragraphes de l'appendice sont empruntsen partie aux articles que nous avions publis dans la Revue duMonde catholique, fvrier et mars 1888. Parmi ceux qui ont tu-di la Peregrinatio, nous devons citer les articles de M. Kohler{Bibliothque de l'cole des Chartes, [. XLV, p. 141). ceux deM. l'abb Duchesne (Bulletin critique, jef juillet 1887, et Les Ori-gines du culte chrtien, p. 469 seq.); ceux de M. l'abb Davin(Univers, 27, 29 sept. ; 3, 22, 28 et 3i oct. 1887) ; de Cozza-Luzi,La Pellcgrina biblica ovvero S. Silcia in Palestina, Roma, 1889 ;Batiffol, Histoire du Brviaire romain, 2^ d., p. 21 et suiv.Le texte de La Peregrinatio a t dit pour la premire foisdans le quatrime volume de la Biblioteca deW arademiastorico -giuridica , Rome, 1887, in-4. iM. Gamurrini a publiune seconde dition, S. Silvi Aguitan Peregrinatio ad locasancta, Rome, 1888. Enfin une 3'' dition a paru en Russie,Saint-Ptersbourg, 1889, dans la 209 livraison des travaux de laSocit pour les tudes palestiniennes. Cf. aussi les correctionsproposes par l'abb Duchesne, Origines du culte chrtien, 1. c,

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    14/228

    VIII PRFACE

    Puissent les rcits de la pieuse voyageuse ser-vir l'instruction et l'dification des lecteurs!

    et par Mommsen, Ueber ein neuaufgefundenen Reiseberichtnach d. Geloblen Lande, dans Sitzungsberichte d. Berliner Aka-demie d. Wissensch. 1887, XXIII, 357 ss. On trouvera une bi-bliographie assez complte de tous les travaux publis sur laPeregnnatio dans Rhrichl, Bibliotheca geogr. Palestin, Chro-nologisches Verzeuhniss, etc. Berlin, 1890. p. o et 6.

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    15/228

    ITOPOGRAPHIE RELIGIEUSE DE JRUSALEM ET DES

    ENVIRONS AU IV^ SICLE

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    16/228

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    17/228

    TOPOGRAPHIE RELIGIEUSE DE JERUSALEM ET DES ENVIRONSAU IV SICLE

    L'invasion des Perses, qui, sous la conduite deChosros II, s'emparrent de Jrusalem en 61 i, vintdtruire en partie la Ville sainte, et des magnifiquesdifices levs au temps de Constantin, ou aprs lui,il ne resta bientt plus que des ruines '. Pour res-tituer l'tat de Jrusalem avant cette destruction,nous n'avons qu'un petit nombre de textes, souventobscurs ou qui paraissent contradictoires, d'Eusbe,de saint Cyrille de Jrusalem, de saint Jrme, etquelques itinraires ou descriptions de la Terre sainte;encore la plupart de ces relations sont-elles post-rieures la date de la destruction et nous dcrivent

    \.Eutych. Annales 1084-1039; Chronic. Alex., a. C. 644 ;Anon,, De Persica caplivitate, col. 32-35. Le premier de ces his-toriens nous apprend que les juifs s'taient joints aux Perses etqu'ils furent les agents les plus actifs de la destruction des monu-ments sacrs de Jrusalem. Couret, La Palestine sous les empe-reurs grecs, p. 242.

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    18/228

    LES (EGLISES DE .lERUSALF.M

    Jrusalem telle que l'ont vue les pMerins aprs larestauration de Modestus, abb de Saint-Thodore,au commencement du vu* sicle '. Quand ilsdonnent des dtails sur l'tat antrieur de la ville,leur tmoignage ne saurait tre accept sans con-trle. On comprend dans ces conditions l'importancequ'il faut attacher au rcit d'un tmoin oculaired'une date trs probablement antrieure saintJrme.En effet, d'aprs une hypothse qui a t assezgnralement admise, l'auteur de ce voyage ne serait

    autre que la sur de Rufin d'Aquitaine, vnredans rp]glise sous le nom de sainte Silvia ". Venue Jrusalem au cours d'un long plerinage en Orient,elle y sjourna plusieurs annes, et, de retour Constantinople vers 380, elle rdigea des souvenirsde voyage, consacrant une bonne partie de son rcit

    1

    .

    Tous ces rcits et descriptions se trouvent runis dans lesIiinera Hierosolynitana et descriptives Terrce sancl, publispour la Socit de l'Orient latin par MM. Tobler, Molinier etKohler, Genve, ISST-iSSo, in-S.

    2. Cf. nos articles dj cits dans la Revue du Monde calho-lique, o nous faisons pour notre compte des rserves sur celtehypothse. Mais ce que nous considrons comme dmontr,c'est que le document appartient bien la fin du iv* sicle. C'estl'avis du premier diteur, qui a t adopt par les plus savantscritiques, de Rossi, Duchesne, etc. M. Rubens Duval, dans sonHistoire politique, religieuse et lillcraire d' Edesse (1892), reporte

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    19/228

    LES KCLISES DK JIUUSALEM

    nous dcrire la Iiluri;io de Jrusalem. Quoiqu'ellen'ait pas pour objet, dans son ouvrage, de dresser,comme certains itinraires, la topographie des saintslieux de Palestine, elle est amene, par la naturemme de son sujet, nous parler souvent des glisesde la cit et des environs, o s'accomplissent lesfonctions liturgiques. Sa narration est parfois con-fuse et d'une rdaction assez embarrasse ; mais onarrive, par une tude attentive, en dgager desnotions suffisamment claires sur le sujet qui nousoccupe. D'une faon gnrale et au point de vue del'exactitude des renseignements, la valeur de cedocument est de premier ordre. L'auteur a pris note.

    la Peregrinatio Siloin' aprs le sige d'Edesse ea 503, cf. JournalAsiatique, julllet-aol i82\, p. 95 et 101 (cf. Universit catho-liqiie.t.X, p. 153-158). M. Chabot s'est dclar partisan dumme systme, thses soutenues Louvain, juillet 1892, et : DeS. Isaaci Ninivit vi(a, scriptis et doclrina (Paris, 1892). Mais, la suite d'un voyage au mont Sina, ce dernier nous crit qu'iln'est pas loin de revenir la thse commune. Les preuves don-nes par M. Gamurrini pour dterminer l'poque n'ont du restepas t dtruites. Sans nous proposer d'tudier spcialement icicette question, nous pouvons dire que de ce travail, qui a surtoutpour objet la discipline et la liturgie, sortiront des preuves nou-velles en faveur de la thse du premier diteur. Du reste, nousferons remarquer que l'opinion de M. Rubens Duval, au moins ence qui concerne la topographie, ne modifierait en rien nos con-clusions. Il faudrait, pour les branler, tablir que notre documentest postrieur linvasion des Perses en 614.

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    20/228

    LES EGLISES DE JRUSALEM

    au jour le jour et avec une prcision minutieuse,de tout ce qui l'intresse. On peut s'en rapporter son tmoignage.

    C'est au IV sicle, sous Constantin, que la Villesainte fut dote de ses principales glises. Cet empe-reur fut, on le sait, un grand constructeur. Il ne secontenta pas de relever les glises dtruites durant laperscution de Diocttien ; il en difia un grand nom-bre d'autres dans les principales villes de l'empire*.Pour Jrusalem en particulier, il voulut faire

    preuve d'une magnificence vraiment impriale. Nousne rappellerons pas dans quelles circonstances samre, sainte Hlne, avait fait excuter des fouillessur le Calvaire, et dcouvert le tombeau du Seigneuret le lieu o il avait t crucifi. On sait quel en-thousiasme excita dans tout l'empire devenu chr-tien, cette dcouverte si prcieuse pour la pit desfidles. Les architectes se mirent aussitt l'uvre,et sur les plans de Constantin et de sainte Hlne, ilscommencrent difier les monuments sacrs quidevaient conserver le souvenir de la Passion et de lamort du Sauveur.

    I . Uq rudit du sicle pass a consacr un grand ouvrage nous les dcrire. Giampini, Desacris dificiis a Constanlino Magnoconstructis, un vol. in-folio, Rome, i783. Cf. aussi Duchesne,Liber Pontif., t. 1,191 seq.

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    21/228

    LKS iiLlSES DE .lRUSALKM

    C'est ici que la narration de sainte Silvia va nousrendre les plus signals services. Il faut d'abord soreprsenter le Calvaire au temps de la Passion deNotre-Seigneur. C'tait une petite colline nue,rocailleuse, coupe de ravins, de carrires, deciternes, de tombeaux '. Il est assez gnralementadmis, parmi les archologues, que le Calvaire tait cette poque hors de l'enceinte de Jrusalem ; cen'est que plus tard qu'il fut enferm dans lesmurs -. Sur cette colline nous devons distinguertrois points principaux. C'est, en suivant une lignede l'ouest l'est, le lieu o Notre-Seigneur futenseveli ; au del et un peu au sud, une distance dequelques mtres, se trouve la place o il fut crucifi,ou Golgotha. C'tait; dit M. de Yog dans l'ouvragedj cit,

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    22/228

    LES GLISES DE jnUSALF.M

    jour du sabbat ne ft pas souill par la prsence deces instruments de torture ^

    Revenons au rcit de Silvia. L'glise dont la men-tion se rencontre le plus souvent sous sa plume estcelle de la Rsurrection ou, selon le mot grec, Anas-tasie. Ce magnifique monument, de forme ronde,d'aprs plusieurs itinraires, avait t construit au-dessus du tombeau oii le corps du Sauveur fut dposaprs sa mort, et doii il ressuscita. Le tombeaucreus dans le roc comprenait primitivement deuxchambres spulcrales dont la premire servait devestibule la seconde; c'est dans cette dernire,sous une sorte de vote ou arcosolium, que fut en-seveli le Seigneur. Mais, lors de la construction cons-tantinienne, la disposition du saint spulcre futmodifie. On dcoupa, dit encore M. de Yogii,le flanc de la colline de manire sparer complte-ment le rocher qui renfermait la chambre spulcraleet en faire une masse isole, au milieu d'une sur-face aplanie. La paroi extrieure du bloc ainsi obtenufut dcore de colonnes et de marbres prcieux, cequi lui donna l'apparence d'un petit difice distinct ;

    1 . Ce n'est pas le lieu d'exposer ici les arguments qui militenten faveur de l'authenticit des lieux saints. La preuve a t faitebien des fois. Nous nous contentons de renvoyer M. de Vogii,1. c, et M. Gurin, Jrusalem, 'm-%, p. 30oetsuiv.

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    23/228

    LES GLISES DE juUSALEM

    OU li'ti'uisit aussi la premire grotte ou vestibule dusainl tombeau \ Le rcit de Silvia confirme, surce point, les donnes du savant archologue. Dansla basilique de l'Anastasie, au temps oii Silvia lavisita, s'levait le rocher du saint Spulcre ; lagrotte, comme elle nous l'apprend, tait spare dela nef par une barrire ou cancel, et des lampesnombreuses brlaient l'intrieur ^

    Les archologues, en s'aidant de la descriptiond'Eusbe et de quelques autres textes, en tudiant laconfiguration actuelle du sol et les parties anciennesencore subsistantes dans les constructions plusrcentes du saint Spulcre, ont tent plusieurs foisla restitution de l'Anastasie et des difices qui endpendaient ^ Malheureusement, l'obscurit des

    i . Les glises de la Terre sainte, p. 122.t. Peregrinatio, p. 77. C'est au texte de la premire dition

    de M. Gamurrini que nous renvoyons toujours. Antonin Martyrnous dcrit l'ornementation de la chapelle, De Locis sanclis,Tobler, Itinera, I, 101. Saint Cyrille de Jrusalem nous donneles mmes dtails, Migne, Patrol. gr , t. XXXIII, p. 833.

    3. Voyez surtout le bel ouvrage de M. de Vogii que nous venonsde citer et le mmoire de Willis, insr dans la deuxime ditiondu livre de William, The hohj city, Lond. 1849. La descriptiond'Eusbe se trouve dans sa Vita Constantini, L III, c. 34 etsuiv. Un autre ouvrage qu'Eusbe avait consacr au mme sujetne nous est pas parvenu. Dans Ciampini, De sacris dificiis aConstantino M. constructis, la question des glises construites

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    24/228

    10 LHS GLISES DE JRUSALEM

    textes a t, comme nous l'avons dit, une cause degraves erreurs dans leur interprtation, et a donnelieu aux systmes les plus divergents. Les donnesnouvelles fournies par Silvia devraient mettre fin toutes ces discussions en portant la lumire sur lespoints obscurs de la question.

    L'opinion dominante depuis le savant ouvragede M. de Vogu, est qu'un seul difice renfermaiten mme temps le rocher du saint Spulcre, le Gol-gotha et la citerne ou crypte de l'Invention de laCroix '. Le texte de Silvia nous amne des conclu-

    Jrusalem est tudie trop sommairement ; l'auteur se contentede renvoyer au clbre ouvrage de Quaresmius : ElucidatioTerr sanct, qui n'a rien perdu de sa valeur. Le mme sujet at repris plus tard par Unger, die BaUen Constantins d. Gr.am heilige Grab zu Jrusalem. Nous ferons remarquer ici que laPererjrinatio Silvi, si prcieuse sous d'autres rapports, ne donnepresque aucun renseignement sur la dcoration des glises ouleur disposition intrieure. Nous n'avons donc pas traiter icicette question; nous nous bornerons renvoyer ceux qui vou-draient se renseigner sur ce point, aux travaux de Bingham, dePellicia, aux tudes plus rcentes de Sarnelli, de Hiibsch, deMarchi, et l'important article de Kraus dans la Real-Encydo-pdied Christ. Alterth , vo Basilika.

    1. Mislin, Les Lieux saints, II, 230 ; Willis, o. c, p. 242; deVogU, 0. c, p. 130 ; Gurin, La Terre sainte, son histoire, etc.,in-fol. Paris, 1882, p. 96, 147 et suiv., et aussi son livre inti-tul : /riso/em, son /i5fotre, sa description, elc, 1889, p. 125.On s'tonne que, dans ce second ouvrage, M. Gurin paraisseignorer encore l'existence del Peregrinatio. M. Couret, o. c,

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    25/228

    LKS GLISES DE .lRUSALEM Hsions toutes diffrentes : elle distingue trs nette-ment et mainte reprise l'Anastasic d'une autreglise, dite glise Majeure, ou glise du Golgolha, etappele encore le Marhjrion ou tmoignage, parcequ'elle tait construite l'endroit mme o eut lieule supplice de Notre-Seigneur '. Les proportionsp. 18, a suivi la mme opinion, non sans se rendre compte desdifficults qu'elle soulevait. Dom Toutte, l'diteur de saint Cy-rille de Jrusalem, tait dj tomb dans cette erreur ; voyezses notes et sa dissertation sur la basilique de l'Anastasie, Migne,P. G., t. XXXIII, p. 832, et 1262. Am. Thierry, Saint Jrme,la socit chrtienne Rome et l'migration romaine en Terresainte, a mieux vu la distinction de l'Anastasie, du Golgotha etdu lieu de l'Invention de la Croix ; il a nanmoins laiss subsisterdans son rcit certaines confusions, p. 241, 246. Ce qui paratplus extraordinaire, c'est que les savants russes et allemandsqui s'occupent de ces questions, semblent encore ignorer lesdonnes nouvelles qu'apporte la Peregrinatio, et suivent l'opi-nion de M. de Vogii ; voyez par exemple Lonide, Das alteJrusalem ;Mansurov, Die Ktrche des heiligen Grabes zu Jrusalemin ihrer ltesten Geslalt, Heidelberg, 1888, in-S", et les travaux deWassiliewski, Sepp, Schick, etc.

    1 . Gamurrini, /. c. Ecclesia qu in Golgotha est, sed et sawtaecclesia qu est in Anastase, p. 108. Nam quid dicam deor natu fabric ipsius, quam Constantinus sub praesentia matrissu, in quantum vires regni sui habuit, honoravit auro, musicoet marmoreo prelioso tam ecclesiam majorem, quam Anastasim,vel ad crucem, vel cetera loca sancta in Jerusolima . Ib., p. 83 ;et 90 : Proplerea autem Martijrion appellatur quia in Golgothaest, id est post crucem (c'est ainsi qu'elle dsigne le lieu de l'In-vention de la Croix ou l'dicule dans lequel se conservait la vraiecroix), ubi Dominus passus est, et ideo Martyrion . A rapprocher

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    26/228

    12 LES GLISES DE JERUSALEM

    de l'Anastasie taient donc beaucoup moindres quecelles qui lui ont t attribues par MM. Willis, deVogti, Lonide, Mausurov dans leurs plans; elle nerenfermait que le saint Spulcre, qui en tait lecentre et en faisait l'unit. Nous apprenons encorede Silvia que l'on clbrait de nombreux officesdans l'Anastasie; on y allait chaque jour, sauf derares exceptions, pour les vigiles ou offices de lanuit, pour le Sacrifice et les prdications, pour laclbration de Sexte, de ?sone et du Lucernaire. Et

    des p. 80, 81, 8o, etc. Pour ne pas surcharger l'exposition, nousdonnerons la fin de ce paragraphe l'explication de certainstextes de saint Cyrille ou d'autres auteurs qui, au premier as-pect, paraissent en contradiction avec celui de Silvia.Cependant, ds maintenant une observation est faire sur les

    termes de Martyrion et de basilica. Le mot Alartyrion est unterme gnrique qui signifie tmoignage et s'applique touteglise de martyr. C'est ce qui explique que certains auteurs par-lent du Martyrion du Golgotha ou du Martyrion de la Rsur-rection. Cf. S. Cyrille, catchse XlVe, n. 6. B-e-.?, ti /.a-tv tttov ty^ 'AvaTTw; -ooToev 6 poor^'r^^, Map-Z'jpiovETrt>cXT,6T,70!a.v'jv ; zvj: -'p tj Xovoj, ;j.r, xa-r -; Xo'.-;'E-/.y.).T,'7(ar 6 to'j Yo/.-^o^i /.xl tt. vaT-.Tw; ojto; 6 ttto?Ey.y.).T,7'a /.%'/. t~.-.'x:, /.Xi MxpTjpiov . Les itinraires appliquentgalement le nom de Martyrion, tantt l'une, tantt l'autreglise. Cf. aussi Eusbe, De Vita Const. 1. III, c. 8 ; de laud-Const. c. 9; Hier. ep. 41. Le mot de basilique est aussi unterme gnrique. Silvia, qui distingue fort nettement la basiliquedu Golgotha et de l'Anastasie, dit cependant quelquefois igliseou la basilique de l'Anastasie.

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    27/228

    LES GLISKS DE JRUSALEM 13

    mme certains jours de fte, quand l'office s'estaccompli dans d'autres glises, on revient en pro-cession H l'Anastasic pour dire une dernire prireet recevoir la bndiction de l'vque. C'est aussidans cette g:lise que se rendent les nophytes pen-dant l'octave de Pques pour tre initis aux mys-tres*.

    Le Golgotha comme le saint Spulcre avait aussisa basilique, Vglise Majeure, qui parat avoir tl'glise la plus remarquable de Jrusalem. Outre lesnoms d'glise du Martyrion et du Golgotha que luidonne Silvia, elle est encore appele, par d'autresauteurs, le Saint Crne, zb y-ov Kpavfov, Caivarilociis, qui est la' traduction de l'hbreu Golgotha.Ce nom de Crne venait de la tradition d'aprs la-quelle la Croix du Sauveur aurait t plante Feu-droit mme o fut dpos le crne d'Adam. L'gliseMajeure s'levait l'orient de l'Anastasie, mais plusau sud, de manire ne pas masquer la faade decette dernire qui avait ses portes l'orient : il noussemble aussi, sans que les termes de Silvia permet-tent de l'affirmer, que l'glise Majeure tait orientedans le mme sens que l'Anastasie ; elle avait dumoins aussi des portes l'orient ; le fond avait la

    1. Pererjrinatio, ). c, p. 76, 84, Si, 92, 99, etc.

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    28/228

    14 LES GLISES DE JPiUUSALEM

    forme d'abside '. Btie par Constantin et sainteHlne, cette basilique est une des grandes stationsliturgiques de Jrusalem ; on s'y runit le dimanchepour l'office du matin et pour les prdications ; lescatchumnes qui sont jugs dignes du baptme,s'y font inscrire au commencement du carme, ety assistent aux instructions ou catchses qui s'ydonnent durant ce temps de l'anne; la fte dePques ils y recevront le baptme ^

    C'est dans l'angle form par la faade orientale del'Anastasie et le ct nord, que s'tend une autreconstruction destine relier tous les difices sacrsdu Calvaire ; Silvia lui rserve d'une faon spcialele titre de basilique. Ici encore le rcit de notrevoyageuse fait la lumire sur un autre point impor-tant ; ses expressions ne laissent plus aucune placepour les hypothses qui tendaient confondrel'Anastasie et la basilique. Elle nous dit formelle-

    \. .... Apertis balvis majoribus qu sunt de quinlanaparte. Peregrinatio, p. 103. Ces portes s'ouvraient devant lepeuple qui venait en procession du mont des Oliviers. Cf.aussi p. 106, 107. Si la loi de l'orientation voulait que la porteregardt l'occident et que l'abside ft' l'orient {Conslit. Aposl.,II, oj), il faut remarquer qu'on drogeait souvent cette rgle,surtout quand la disposition des lieux l'exigeait ainsi, ce quitait prcisment le cas pour les glises du Calvaire.

    i. Peregrinatio, p. 80, 85, 90, etc.

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    29/228

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    30/228

    16 LES GLISES DE JRUSALEM

    rini, et il tait situ du ct de Torient et peu prssur la mme ligne que le Golgotha \ Remarquonsen outre que, d'aprs les indications de Silvia, cetdicule se trouve au milieu d'un espace libre etdcouvert, o le peuple se runissait certainesheures ; on nous parle des crmonies qui s'accom-plissent tantt devant la croix, tantt deriire lacroix. Les fidles s'y rendaient la fin de certainsoffices pour recevoir la bndiction de l'vque.Le Jeudi Saint on clbrait le Sacrifice, et le lende-main avait lieu solennellementl'adorationdel Croix^.Nous pouvons maintenant, grce ces renseigne-

    ments nouveaux, nous faire une plus juste ide de

    1. Nous donnons plus loin d'aprs l'ouvrage de M. de Vogii,pi. VIII, le plan du Calvaire et du Golgolha, avec la place de laciterne o fut trouve la sainte Croix.

    2. Ante ciucem ipse locus subdivanus est id est quasi ati'iumvalde grande et pulchrum satis quod est inter cruce et Anastase. Peregrinatio, p. 97. Notre interprtation de ce passage est con-forme aux textes de saint Paulin, de Thodose, d'Antonin, citspar Gamurrini, p. 78. Le teste d'Antonin cadre parfaitement aveccelui de Silvia. In basilica Constanlini, cohrente circum monu-mentum vel Golgotha, in atrio ipsiiis basilic est cubiculum, ubilignum sanct crucis positum est. Antonin, cap. 20. Il ne paratpas cependant que ce ft une crypte comme l'ont cru quelques-uhs des interprtes de la Peregrinatio, car Silvia nous parlede deux portes, l'une d'entre, l'autre de sortie ; mais elle nelaisse pas souponner qu'il y et un escalier conduisant unecrypte. Cf. Peregrinatio, p 97.

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    31/228

    LIS EGLISES DE JRUSALEM

    ronseiiiblL' des constructions de Constantin sur leCalvaire. Trois difices de forme et de destinationditTronte taient runis par la cour de la basi-lique qui permettait d'accder de plain-pied ou l'aide de quelques degrs de l'un dans l'autre ;en allant de l'ouest l'est, on les rencontrait dansl'ordre suivant, l'Anastasie, puis l'atrium de la ba-silique, accoste au sud par l'glise Majeure, et en-fin l'dicule de la croix.A la suite de cette tude sur les monuments sacrsdu Calvaire, une autre conclusion parat s'imposer.D'aprs le systme qui ne voulait voir sur le Calvairequ'une seule glise runissant dans son enceintetous ces monuments divers, on tait amen croireque, lors de la restauration qui fut entreprise aucommencement du vu sicle par Tabb Modeste,on n'avait pas tenu compte des anciens plans deConstantin, et que trois glises diffrentes avaientremplac l'unique basilique de l'empereur. On devraadmettre dsormais que cette restauration fut bienplus conforme qu'on ne l'avait cru jusqu'ici l'an-cien tat de choses. On se servit probablement desparties laisses debout par les Perses pour repro-duire, autant qu'il tait possible, l'uvre du grandempereur. Et cette interprtation est d'autant plusacceptable que les Perses ne durent pas dtruire de

    GLISES DE JRUSALEM 2

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    32/228

    LES EGLISES DE JERUSALEM

    fond en comble les difices du Calvaire. Comme leremarque trs justement M. de Yogc, lorsqu'unauteur mme exact, mme contemporain des vne-ments qu'il raconte, nous dit qu'un monument consi-drable a t dtruit de fond en comble, ras par unennemi victorieux, dl faut bien se garder de prendreses expressions au pied de la lettre. Une horde d'en-vahisseurs qui passe comme un flot destructeur surune ville conquise, pille, dvaste, brle, mais ellen'apporte pas dans la dmolition cette persvranceintelligente et intresse qui seule fait disparatre jamais les monuments ; elle laisse toujours debout,aprs son passage, des parties plus ou moins impor-tantes des difices renverss, des pans de murs, dessubstructions qui en marquent la place... Pour cequi touche la ville de Jrusalem, il est impossibled'admettre que la grande basilique de Constantinait t entirement dmolie par les Perses^ malgrleur acharnement contre les monuments du christia-nisme. Leur court sjour en Palestine ne leur per-mit pas de tout renverser; des fragments consid-rables de l'difice primitif devaient tre debout, quandModeste, immdiatement aprs le dpart des vain-queurs, entreprit de les restaurer : il dut les utiliser '.

    1. Les glises de la Terre sainte, p. 150,

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    33/228

    LES EGLISES DE JRUSALEM Id

    Or il est certain, et le fait est reconnu par les ar-chologues presque sans exception, qu'aprs les re-constructions etles restaurations entreprises par l'abbModeste, il y avait sur le Calvaire trois glises dis-tinctes: celle du Golgotha, et la basilique avec l'di-cule de l'Invention de la Croix '. C'est donc une nou-velle preuve qui confirme le rcit de Silvia.Au sud du Calvaire, sur la montagne de Sion et

    dans l'enceinte de la ville, Silvia mentionne uneglise au-dessus de l'emplacement qu'avait occupla maison de saint Marc. C'tait le cnacle, lieuvnr par tous les chrtiens, comme tmoin du mi-

    1. Il y avait mme une quatrime glise, celle de la Vierge.Cf. de Yogii, /. c. p. 148 et sui;^. Les textes sont trs formelssur ce point, et l'un des voyageurs les plus voisins du temps de3Iode;te, Arculphe, donne mme un plan des quatre glises.Malgr tous ces tmoignages, M. Mansurov soutenait, rcemmentencore, que Modeste n'avait reconstruit qu'une seule glise ren-fermant tous les souvenirs du Calvaire. Mais son systme nousparat manquer de toute base srieuse. Cf. Die Kirche des heil.Grabes zu Jrusalem, 1888, et Die BasiUka Kaiser Consta Uin's.Citons en particulier le texte si formel de la lettre d'un moine deSaint-Sabas, Antiochus, "Avr/'EipE /.a to'j; ;ji-pT,!76v-a; joaa-

    Koavtov, xa; TT,v vav ajTOj 'AvxTai'.v, /.at tv --tov oTxovToj t'j;jl(o'j Ztxjoo . Apud Migne, Pair, ijr., t. LXXXIX, col.1427, et aussi les annales d'Eutychiusdans le mme sens, Palrol.gr., t. CXI, col. 1083. On remarquera que ces textes prouventmme pour l'poque antrieure l'invasion des Persos.

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    34/228

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    35/228

    LKS ^GI.ISKS DE JUUSALKM 21

    qu' la suite du mouvement architectural qui si-gnala pour Jrusalem le rc^gne de Constantin, cetteglise reut des embellissements et des agrandisse-ments ; mais les auteurs du temps n'en disent rien '.Silvia ne nous donne aucun renseignement sur saconstruction ; elle se borne nous dire que lofficeliturgique s'y clbrait les mercredis et vendredisdurant toute Tanne, puis le jour de Pques et celuide la Pentecte : elle l'appelle toujours l'glise deSion ou en Sion ^ Arculf en donne le plan dans sadescription des Lieux saints ; elle a la forme d'un pa-ralllogramme rgulier; la colonne de la flagellationest au centre ; l'un des angles est le lieu de laCne, l'autre celui de la descente du Saint-Esprit ;l'Eglise de Jrusalem, d'aprs une tradition qu'elle atoujours dfendue, y vnrait encore la place oiimourut la sainte Vierge, et la pierre sur laquelle futlapid saint Etienne ^ Silvia ne mentionne pasd'autres glises dans Jrusalem parce que, commenous l'avons fait remarquer, elle ne s'occupe que decente, ce qui, avec une autre indication chronologique contenuedans son rcit, permet d'en fixer la date une poque trs voi-sine de celle de Silvia. Cardinal Pitra, Analecta, p. 120.

    1. Cf. de Vogli, /. c, p. 329, et Gurin, Jrusalem, p. 125.2. Peregrinatio, p. 95, 100,102.3. Arculfus, de Locis sanctii!, ap. Itinera et descriptioncs

    Terr sanct, t. I, p. 160

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    36/228

    ^2 LES LGIISES DE JERUSALEM

    celles o se font les grandes stations liturgiques. C'est ce titre qu'elle nous signale en dehors de la villeplusieurs autres sanctuaires o l'on se rendait pro-cessionnellement dans certaines circonstances. Cesont d'abord les glises du mont des Oliviers, l'estde la ville.La plus importante de ces glises tait celle de

    VImbomon, EiJLowa-.o;, ou de l'Ascension, btie parl'architecte Eustache, sous les ordres de Constantinet de sainte Hlne, au sommet du mont des Oli-viers, pour consacrer la mmoire du mystre. Ony faisait des offices particuliers le jour des Rameauxet pendant l'octave de Pques. Les nophytes quivenaient de recevoir le baptme s'y rendaient fr-quemment. M. de Vogu, conduit par l'tude desruines, a distingu trs nettement ici la vrit, aumilieu de l'obscurit et de la contradiction des textes.Il a prouv qu'on avait confondu tort l'glise deVlmbomon avec une autre glise construite quelquedistance. Son hypothse est pleinement confirmepar Silvia ; celle-ci nous dit en effet qu'en descen-dant de rimbomon vers Jrusalem, on rencontraitune autre glise qu'on appelait in Eleona ("EXa'.Lvx )^c'est--dire dans le jardin des Oliviers. On y vn-rait la grotte dans laquelle Notre-Seigneur, quel-ques jours avant sa mort, instruisait ses disci-

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    37/228

    LES EGLISES DE JERUSALEM 23

    pics'; c'estl, croyait-on, qu'il avait prononc son dis-courssurla ruinedutemplc etlesmalheursqui allaientfondre snr Jrusalem [Matth., cap. xiv). On faisait lastation VE/cona, le dimanche des Rameaux et lejour de la Pentecte ; on y menait aussi les nouveauxbaptiss pendant l'octave de Pques-. Le marty-rion de saint Etienne tait tout prs de l '

    .

    Enfin sur les dernires pentes du mont des Oliviers,on trouvait un nouveau sanctuaire, une lganteglise, ditSilvia, l'endroit de la grotte de l'Agonie

    .

    Puis, en descendant encore vers la cit, la distance

    1. Cf. Iter Burdig. Tobleret Molinier.I, IS.a Ibi facta estjussiiConstantini basilica mir pulchritudinis. Pseudo-Eucher, deLocissaHetis{ihid. 39), parle des deux glises clbres du montdes Oliviers: l'une o le Christ enseigaait ses disciples, l'autrao il quitta la terre. Cf. aussi Arculf, I. 23.

    2. Peregrinatio, p. 83, 90, 94, 99. D^ Vogii, p. 315, suppose,d'aprs un passage de saint Jrme, que l'Imbomon tait deforme circulaire. Le milieu du toit tait ouvert, parce que, d'aprsla tradition que nous rapporte le mme saint, tous les efForls desarchitectes furent impuissants couvrir l'endroit par lequel No tre-S igneur tait mont au ciel. C'est la tradition dont parlentsaint Paulin, Epist. 31, Ji. 4; Sulpice Svre, 1. II Sxcr. hislor.cap. 48, et plusieurs des anciens plerins. Saint Cyrille semble yfaire allusion, Migne, P. G., t. XXXIII, 856.

    3. Martyrium sancti Stephani non longe. Peregrinatio, p. 121,Sur le tombeau de saint Etienne, cf. Revue Biblique, Ul, i52.Sur l'emplacement de Gethsmani, cf. Keppler, TheologischeQuirlalsclirift, 1893 (III), et Revue biblique, III, p. 153.

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    38/228

    24 LES lGLISES DE JERUSALEM

    d un jet de pierre, on arrivait au lieu dit Geths-mani, o le Sauveur fut pris par les soldats et dontle souvenir tait sans doute consacr par une chapelleou un oratoire '. Virgile mentionne sans aucun d-tail vingt-cinq glises sur le mont des Oliviers, ran-geant sans doute sous ce titre les petits oratoires quien effet y taient fort nombreux '. C'est grce autexte de Silvia que nous pouvons dsormais nette-ment tablir, ds le IV* sicle, l'existence et la desti-nation de ces sanctuaires qui ne nous taient gureconnus que par la mention d'auteurs trs postrieurs.On allait processionnellement visiter ces saints lieux,la nuit du jeudi et du vendredi saint.

    Il nous faut citer aussi, parmi les sanctuaires oavaient lieu les stations liturgiques, deux glises Bthanie et la fameuse basilique de la ?sativit Bethlhem.La premire glise de Bthanie, deux milles en-

    viron au sud-est de Jrusalem, avait t construite quelques pas en avant du bourg, l'endroit mmeo Marie sur de Lazare rencontra le Sauveur. Le

    1. Peregrinalio, p. 94. L'diteur confond ici tort Gelhs-mani et la grotte de l'Agonie, et il oublie que l'glise de l'agonietait distincte de celle dite de Sainte-Marie, sur le spulcre dela sainte Vierge. Cf. de Vogu, o. c, p. 305, 313.

    2. Cardinal Pilra, Analeda, p. 119.

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    39/228

    LES GLISES DE JERUSALEM 25-

    lmoignage de Silvia est le premier qui nous faitconnatre l'existence de cette glise. Le second di-fice dont nous parle notre voyageuse est celui duLazariou, ('glise de Lazare; elle s'levait au milieudu bourg de Bthanie, sur le lieu du tombeau dudisciple'. Les fidles de Jrusalem allaient quatre oucinq fois par an en procession visiter ces glises. Onconnaissait dj par les itinraires deux autres sanc-tuaires Blhanie: celui de la maison de Marthe etMarie, et celui delamaisonde Simon le lpreux, dontSilvia du reste ne parle pas. Quant la basilique dela Nativit Bethlhem, c'tait la plus fameuse detoutes les glises de Palestine, en dehors des basi-liques de Jrusalem ". Elle remonte l'poque cons-tantinienne. Les anciens itinraires, Eusbe et saint

    1 . Silvia, comme le plerin de Bordeaux, place Blhanie quinze cents pas de Jrusalem, Peregrinatio, p. 83. Virgile metce lieu au cinquime mille de Jrusalem, /. c, p. 1 19. Plusieursautres itinraires en parlent aussi. Voir S. Jrme, Onoin. advoc. Belhania. L'endroit du Lazarium s'appelle encore Aiziiieti.On y montre le tombeau de Lazare au fond d'une glise quidate des croisades. Cf. aussi saint Jrme, epist. Paulct.2. Nous renvoyons la belle restitution de M. de Vogii

    (p. 50;, qui nous semble avoir bien prouv, dans son habile dis-cussion, que la basilique remonte au ive sicle. Cf. aussi Gurin,Description gog , histor. et archoL de la Palestine, Jude, 1,128.Origne. dans un texte clbre, nous montre dj de son tempsBelhlliem vnr et clbr par la pit chrtienne. Contra Cel-sum, 1.

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    40/228

    2(> I.KS KGLlKS DU Ji^RUSALEM

    Jrme, ne manquent pas de la mentionner ^ Silvianous apprend qu'elle tait le centre des offices litur-giques de rglise de Jrusalem pour les ftes de FEpi-phanie (Xol), et aussi par une coutume assez singu-lire, que nous essaierons d'expliquer plus tard, lequarantime jour aprs Pques. C'est de toutes lesglises de la Palestine celle qui a le mieux rsist auxdvastations et, comme le dit M. de Yog, cellequi a le mieux conserv, jusqu' nos jours (aprsquinze cents ans d'existence), l'antique physionomiede son origine. Nous devons, en terminant ce chapitre, revenir en

    quelques mots sur les difficults que prsentent cer-tains textes que l'on a proposs comme contraires l'interprtation que nous avons donne ci-dessus dela description de Silvia. Eusbe, sur lequel on asurtout voulu s'appuyer, n'est pas trs explicite. Ilparle du saint Spulcre, puis, Torient, de la basi-lique et de l'hmicycle ou lieu de l'Invention de laCroix. Mais il n'est pas question du Golgotha ; il secontente de dire: Ce temple qui vient d'tre d-crit fut lev en tmoignage de la rsurrection ^. Les itinraires avant le vii^ sicle prsentent aussi

    \. Iter Burdig., Eusbe, H. E.,X, 14; Vit. Const. 111,50;IV. 45 ; de Laiid. Const. IX ; Hieron. ep. CVIII, 28.

    2. Eusbe, Vita Const., 1. III, ch. xxxiv-xxxix.

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    41/228

    I.KS dLlSES DE JKRUSAL! M 27

    une corlaino confusion ; leur tmoignage n'est pasconcorilant ; la valeur de ces documents est du restefort ingale, et il serait utile d'en faire une tudecompare et critique pour tablir le degr d'autoritqu'ils mritent. Cette uvre nous entranerait troploin. Le De Loch sanctis faussement attribu saint Eucher, mais qui est bien du vi^ sicledistingue entre la basilique, qu'il appelle Marty -rion , le Golgotha et l'Anastasie ^ Le Breviariumde Hierosolyma, dit pour la premire fois dansles Itinera hierosolymitana, fait la mme distinc-tion ^ Le texte d'Antonin de Plaisance, cit parM. de Yogli en faveur de son opinion, est loin d'treformel ; on sait du reste que son rcit renferme denombreuses erreurs ^ Le tmoignage de Thodoreou plutt Thodose, que les partisans de l'opinioncite plus haut n'ont pas pens invoquer, est pour-tant pleinement favorable cette opinion *. Mais lesdeux rdactions de ce rcit sont galement pleinesd'erreurs, et on ne connat de cet auteur que le nom.Le cardinal Pitra avait exhum et donn comme

    1. Tobler et Molinier, Itinera, I, 52.2. Itinera, 1, 57.3. Voyez les deux rdactions dans les T(ine7'a{l, lOI-IO et

    4. Ibidem, p. 63 et 85.

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    42/228

    28 LES EGLISES DE JERUSALEM

    indit un Iter hierosolyniitanum que nous avons djcit et qui est attribu un certain Yirgilius. Maison peut se convaincre que ce n'est pas un ouvragenouveau; c'est, purement et simplement, une troi-sime recension du rcit du mme Thodose \M. de Yog, qui cite aussi le texte du fameux Itin-raire de Bordeaux^ avoue que ses paroles ne sont pastrs concluantes ^ Quant saint Cyrille de Jru-salem, nous discuterons plus loin tous les textes oil fait allusion la topographie sacre du Calvaire,et nous montrerons qu'ils sont pleinement d'accordavec le rcit de Silvia. Il y a videmment pour luiune glise de l'Anastasie, une autre du Golgotha, labasilique et la croix. De pareils tmoignages ne sau-raient tre infirms par des textes, assez confus dureste, dont on ne peut tablir la valeur. Si le lecteurveut bien nous suivre dans les chapitres o nousallons traiter de la liturgie Jrusalem, il se con-vaincra de plus en plus que le texte de Silvia nelaisse place aucune hsitation au sujet de la topo-graphie que nous avons propose.

    1. Analecla sai ra el dassica, i. V. Cf. noire article : Lts der-nires dcouvertes du C'U di)tal Pit/fl, dans \a Science catholique,

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    43/228

    11

    LA LITURGIE A JRUSALEM. LES OFFICES DE LASEMAINE ET DU DIMANCHE.

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    44/228

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    45/228

    II

    LA LITURGIE A JRUSALEM. LES OFFICES DE LA SEMAINEET DU DIMANCHE.

    Avant de commencer ce chapitre, nous feronsremarquer l'importance, au point de vue liturgique,du document que nous allons interprter. La liturgiesubit au i\ sicle une transformation. Jusqu'alors etsauf de rares exceptions, les runions des chrtiensavaient t secrtes, confines dans les catacombes oudans des lieux carts. Sous Constantin elles purentse tenir au grand jour. De vastes basiliques s'le-vrent comme par enchantement sur les diverspoints de l'empire; les runions furent publiques etsolennelles ; on institua des processions ; les chantset les autres parties de l'Office se dvelopprent ^

    Il est intressant d'avoir un document authen-tique, qui saisit, en quelque sorte, la liturgie dans

    1 . Eusbe mentionne comme consquence de la paix de 1 E-glise ce dveloppement de la liturgie. /isi. Eccl, cm [Patr

    .

    Gr., t. XX, c. 848 J ; Vita Constant., 1. IV, c. xxii ; (76. x\,1170).

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    46/228

    '62 LA LITURGIE DE JERUSALEM

    cette priode de son volution, alors que, sous le b-nfice de cette libert et sous l'influence d'une forceinterne, elle se dveloppe et progresse rapidement.De plus, comme nous le verrons bientt, c'est Jrusalem qu'ont pris naissance plusieurs crmo-nies qui furent ensuite adoptes dans le reste del'Eglise. Quoique cette liturgie hirosolymitaine serattache ce que l'on a appel le ti/pe syrien, c'est--dire la liturgie des Eglises de Syrie et spciale-ment d'Antioche, elle a pourtant des caractres trsparticuliers qui lui donnent une physionomie propre *.La Pereyrinatio devient le texte le plus important quenous ayons pour reconstituer cette liturgie. Jus-qu'alors nous en tions rduits quelques passagesde saint Cyrille de Jrusalem et aux tmoignagesindirects de saint Jean Chrysostome, des Constitu-tions apostoliques, de la liturgie dite de saintJacques, qui reprsentent la liturgie syrienne. Les

    i . On sait que toutes les anciennes liturgies peuvent se ra-mener quelques types principaux, liturgies syrienne, alexan-drine, romaine, gallicane, ambrosienne, etc. Cf. Hammond, Li-turcjies eastern and icesiern^ Oxford, 1878, p. xvi, suiv., et Du-chesne, Les Origines du culte chrtien, p. 54. Mais ces classifica-tions laissent toujours une large part l'arbitraire. Ce qu'onpeut affirmer, c'est que toutes ces diffrentes familles ont entreelles des caractres communs et pourraient se rduire en der-nire analyse un type unique de liturgie primitive.

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    47/228

    LA LITURGIE DE JlRUSALEM 33

    Ncstoricns, dtachs de l'Kglise avant le milieu duVI* sicle, conservent aussi, dans leurs usages, de pr-cieux vestiges de cette antique liturgie \ Nous cher-cherons clairer et complter ces documents lesuns par les autres ^ La description topographiqueque nous avons donne au chapitre prcdent, vaservir de cadre cette liturgie. C'est comme lefond de la scne sur laquelle nous allons voir sedrouler les difTrentes phases des rites sacrs, Cha-

    i. A ce point de vue, letude de la Bibliotheca orientalis d'As-semani (notamment la Dissertatio de Syris Nestorianis) est d'unrel intrt et nous nous en servirons dans la suite.

    2. Sur les essais de reconstitution de la Liturgie syrienne parBingham {Orig. eccL, XIII, 6) et Ilammond {The Aticient Liturgrjof Anlioch) cf. Bickell, Zeitsch. F. Kath. Theol, i879, p. 614 ;Probst, ibid., 1883, p. 230, et Duchesne, /. c, p. 55. C'est tortque l'on a fait honneur Bingham de cette restitution ; il n'a faitque l'emprunter Claude de Saintes, De Eucharistia et Missesritibus ex opp. d. Joannis Chrysostomi, dans Liturgi sive Misssonrtorum Palrum, Antuerpia', MDLX, rimprim dans le t. VI,de Marguerin de la Bigne. Nous aurons aussi quelques rappro-chements faire entre la Liturgie de la Peregrinatio et une Li-turgie du saint Spulcre, d'ge videmment postrieur, mais quiconserve bien des traits antiques ; elle a t dite d'aprs unmanuscrit de Barletta par Giovene, Kalendaria vlera manu-scripta, Parsprima (seule dite). Napoli, MDCCC XXVIII. Le doc-leurMader, dans un ouvrage rcent, derheiligeCyrillus BisohofvonJrusalem (Einsiedeln, 1891), consacre un de ses chapitres la Li-turgie de Jrusalem II a malheureusement nglig quelques do-cuments importants, notamment la Peregrinatio qu'il ne paratpas connatre.

    KGI.ISKS I)K JliLSALEM. 3

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    48/228

    34 LA LITURGIE DE JRUSALEM

    cune de ces glises tait affecte en effet quelqu'undes offices de la journe ou l'une des ftes du cycle.Suivant les solennits, on se transportait du Calvaireau Golgotha, du Golgotha la Croix, de la Croix l'glise de Sion ou au Mont des Oliviers.Nous connaissions cette coutume des stations par

    les usages de quelques Eglises, surtout de celle deRome, et ces pratiques remontent la plus hauteantiquit: on voit, par exemple, d'aprs les plus an-ciens calendriers et les documents liturgiques, quela fte de saint Flix et de saint Philippe se clbraitau cimetire de Priscille, o ces deux Saints taientensevelis ; celle des saints Martial, Vital et Alexandre,au cimetire des Jordani ; pour la fte des septfrres Martyrs, fils de sainte Flicit, une messetait dite au cimetire de Priscille, une seconde celui des Jordani, une troisime celui de Sainte-Flicit *.Lorsque des basiliques s'levrent au-dessus des

    tombeaux des martyrs, les mmes usages persis-trent et furent mme observs avec une plus grandesolennit. Prudence nous parle de l'empressementdes fidles courir au tombeau de saint Hippolyte

    1. Tomasi, opp. d. Rom. II, 491 ; Boucher. Calend. de doclr.temp., 268.

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    49/228

    LA LITURGIE DE JRUSALEM 35

    sur la voie de 'libiir '. Au 21) juiu, pour la fte desaiut Pierre et saiut Paul, il y a trois stations : uneaux Catacombes, une seconde au Vatican, la troi-si^me sur la voie d'Ostie. La mme crmonie a lieupour la fte de Nol : la premire station est Sainte-Marie-Majeure , la seconde Saint-Pierre ; plustard il y en eut une troisime Sainte-Anastasie '.

    Mais si Rome avait ses cimetires, ses basiliques,les tombeaux de ses aptres et de ses martyrs, Jru-salem avait les lieux sanctifis par la Passion et lamort de l'Homme-Dieu. C'est autour de ce centreque rayonne la liturgie hirosolymitaine ; elle y ases attaches topographiques, et c'est ce caractrelocal ^i accentu qui lui donne son originalit. L'his-toire du Seigneur y est rappele, vcue nouveau;c'est un drame en action, c'est presque, certainsmoments, mais avec un caractre plus grave, le

    \. Prudence, Peristeph. XI, 195 ss.2. Duchesne, Liber pontifcalis, p. cv. Une hymne attribue

    saint Ambroise relate les trois stations pour la fte du 29 juin ;Daniel, Thsaurus, n 71 . Elles sont aussi indiques au martyro-loge hironymien. Les stations du Vatican, de la voie d'Ostiepour le 29 juin, sont indiques par Prudence, Peristeph.hymn. XII. Sur l'origine de la Messe Sainte-Anastasie ou troi-sime Messe de Nol, cf. Duchesne, Mlanges d'archologie etd'histoire (Ecole de Rome), 1887, Not^s sur la topographie deRome, p. 406 et suiv.

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    50/228

    36 LA LlTUnOIE DE JKRUSALEM

    mystre, lel qnc le moyen ge le mettra en uvrequelques sicles plus tard '.Le premier office dont Silvia fait mention est celui

    des vigile^, qui parat se rapprocher de nos Matines.On sait que cette pratique de diviser le jour et lanuit par diverses prires est trs ancienne ; les Juifs,longtemps avant Jsus-Christ, en avaient l'usage ;elle faisait partie du culte ou rituel des synagogues.Les chrtiens l'adoptrent en partie ; on en retrouveles vestiges ds le premier et le deuxime sicle,dans les crits des aptres et de leurs successeurs -.

    1. Il faut remarquer que la plupart des Liturgies ont l'origine,et dans une certaine mesure, ce caractre local ; elles ont lesftes de leurs saints et de leurs martyrs qu'elles clbrent dansl'glise qui contient leurs reliques. Ainsi, pour ne citer qu'unexemple, Tours, le Xalale de saint Pierre et de saint Paul seclbre dans la basilique de ce nom ; celui de saint Martin dansla basilique du saint, etc. Mais ce qui est une exagration mani-feste, c'est de prtendre, comme on l'a fait, que jusqu' unepoque trs avance toute fte de saint a toujours quelqueattache topographique. Cf. Batifiol, Histoire du brviaire romain,2* dition, p. 33 et 77, Les exemples contraires abondent dsle ive sicle.

    2. Sur les analogies entre le culte chrtien et celui des syna-gogues, cf. Vitringa, De synagoga vetere, c. IV et V des prolo-gomnes, et 1. lil, pars II, c. JO, 17, 19, et Chrubin de Saint-Joseph, Bibliolheca Crilica sacra, t. II; Bingham, V, 302 ; Su-ringar, De publias veterum christianorum precibus, Lugd. Batav.1833, in-80 ; Vigoureux. Les synagogues au temps de Jsiis-Chrigl(Mlanges bibliques, I8S?).

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    51/228

    LA I.ITl'UaiE DK .IKUrSAI.EM 37

    Les vieilles se CL'Ioltiaiciil la s(>c(ii(le veillfi de luluiil, (jui \a (le luiiiuil li'ois heures dn malin,l/olliee devait se lerniiiiei' au levi-r du soleil, et parsuite sa place variait avec les saisons. Silvia appellecette heure le premier chant des coqs '.Ceux qui veulent y assister, nous dit-elle, se ru-

    nissent dans la basilique, o ils attendent l'ouver-ture de l'Anastasie, car c'est dans cette glise quese clbrent les vigiles presque tous les jours del'anne. Les moines et les vierges, monazontes etparthen, sont seuls obligs d'y assister^. Mais uncertain nombre de laques de bonne volont, hommes

    ! . A pullo primo, ou ante pullorum cantum : il y a aussiailleurs ad quartum puUi cantum. Les Constitutions Apostoliques,VllI, 3, i, se servent des mmes expressions. Saint Jean Chry-sostome appelle aussi le milieu de la nuit le chant du coq {homil.59 ad pop. Antioch.). Les anciens Ordines romains disent indiff-remment mdia nocte ou galli cantum. Mmes expressions dansles canons de saint Hippolyte (dition Achelis, Texte u. Vnter-such., t. M, 4, p. 94 et 122); dans Pallade, Vita Chrysost., etc.

    2. Aputactit omnes vadent : de plbe autem, qui quomodo pos-sunt, vadent, p. 104. Dom Toutte prtend que dans saint Cy-rille le terme Monazontes dsigne les moines vivant dans lesvilles, Monachi, ceux qui vivent dans la solitude. Cf. Migne, P. G.,t. XXXIII, 36, 485, 486. Silvia, pour dsigner les moines, se sert peu prs indiffremment des termes Monachi, Monazontes,Apudactit,Tp. 69, 70, 74,76, 84, 99, ]Oi,e{c.Les Ascites sont lesmoines qui s'exercent l'asctisme, p. 71. Cependant, pour lesmoines vivant Jrusalem, elle se sert surtout du terme mona-zontes .

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    52/228

    38 LA LITURGIE DE JKRUSALEM

    et femmes, se joignent eux. Silvia nous dit ailleursque les simples fidles sont assez instruits par lescatchses, pour pouvoir suivre et comprendre ai-sment les lectures des Livres saints dans la liturgie.Les offices ne paraissent obligatoires pour tous lesfidles que le dimanche et les jours de fte VOn voit, par l, qu' Jrusalem, comme plus tard

    Rome et dans d'autres provinces, les moines etles vierges taient ds le iv^ sicle attachs au ser-vice des grandes basiliques ; c'est sur eux que repo-sait en partie le soin de l'office liturgique de chaquejour^ La liturgie de ces asctes est la mme icique celle du peuple fidle, tandis que dans bien despays, ds le iv" sicle, nous voyons les matres dela vie religieuse, comme saint Ambroise et saintBasile, donner aux moines une liturgie particu-lire, mieux approprie aux besoins de la vie mo-

    1

    .

    On sait qu' Rome les vigiles solennelles donnrent quelque-fois lieu des dsordres, et ce fut sur ce prtexte que s'appuyaYigilancepouren demander la suppression.Sa demande fut du restecombattue avec virulence par saint Jrme. Contra Vigilant., etEp. CVII, 9. Par la description de Silvia, on voit que ces officesde nuit Jrusalem se clbraient au contraire a\ec beaucoup derecueillement.

    2. Cf. Duchesne, Liber Pontif., 1, 410, pour l'existence de cesmonastres auprs des basiliques au vue et au viii" sicle, et ladiscussion entre M. l'abb Batifol et dom Lvque, La sciencecatholique, io avril 4 893.

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    53/228

    LA LITURGIE DE JRUSALEM 39

    nasliqiie. Los fondateurs monastiques du v" et duVI* si^cle (loiinTcnt aussi leurs disciples une litur-j;'ie particulire.A tous les offices, mme sur semaine, sont tou-

    jours prsents deux ou trois prtres et autant dediacres, qui chacun leur tour viennent prsider etaccomplir les fonctions confies leur ministre.Ds que les portes de l'Anastasie sont ouvertes, oncommence l'office, qui se compose de psaumes,d'hymnes ou de cantiques, d'antiennes et d'oraisons.On verra plus loin, propos des vigiles du dimanche,que Silvia nous donne d'autres dtails sur la com-position interne de cet office. Nous essaierons dureste de dterminer tout l'heure le sens qu'elleattache ces termes de psaumes, cantiques, an-tiennes, lectures. La fin des vigiles concidait avecle crpuscule, et oscillait, selon les saisons, entretrois et six heures du matin.Ds que le jour commenait poindre, on chan-

    tait ce que Silvia appelle les hymnes matutinaleSyc'est--dire les Laudes ; lorsqu'elles se terminaient,il tait tout fait jour. Cet office se composait,comme les Matines, de psaumes et de cantiques.Silvia ne nous dit pas quels taient ces psaumes.Mais d'aprs les auteurs contemporains de Silvia etceux de Tge suivant, on sait que l'on choisissait

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    54/228

    40 LA LITURGIE DE JRUSALEM

    de prfrence, cause du symbolisme, les psaumesdans lesquels il est parl du soleil ou du lever dujour: Ma?2 astabo tibi et videbo... Mme exaudiesvocem meatn (ps. v). In linnine tuo videbimus lumen(ps. xxxv). Emitte lucem tuam (ps. xlii). Exurgamdiluculo (ps. LVi). Mane oratio mea prveniet te(ps. Lxxxvii). Repleti sianns mane iniseiicordia tua(ps. Lxxxx). Lucerna pedibus meis verbum tuum.Prvenerunt ocidi mei ad te diluculo (ps. cxviii), etc.On chantait encore volontiers les psaumes qui pro-phtisent la rsurrection du Christ, car c'tait aulever du jour que le Ghrist_, Soleil de justice,s'tait lanc hors du tombeau ; par exemple :Terra tremuit cwn exurgeret Deus (ps. lxxv), etsurtout le psaume cxvii : Lapidem quem reprobave-runt dificantes hic factus est in caput anguli. . . Hapcdies quam fecit Dominus... Non moriar sed vivam...Benedictus qui venit in nomine Domini *. Les can-tiques de Laudes tirs de l'ancien Testament taientsans doute aussi ceux dont parlent les mmes au-teurs : le cantique des enfants dans la fournaise,celui d'Isae (cap. xii), ceux d'Ezchias (ib. xxxviii),de Mose (Ex. xv), etc. Les Laudes comprenaient

    \ . Quelques-uns de psaumes de Laudes en furent plus tarddtachs et passrent l'ofci

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    55/228

    LA LITURGIE DE JRUSALEM 41

    aussi les trois (iernicrs psaumes cxlviii, cxlix, a.,dont le mot Laudatc qui revient si souvent^ a faitdonner cette heure le nom de Laudes '.Durant cet oflice, la liturgie dployait toutes ses

    pompes. L'vque arrivait avec tout son clerg ; ilentrait dans la grotte mme du Saint-Spulcre,disait une pri^re pour tout le peuple et prononaitmme le nom de ceux dont il voulait faire spcia-lement mmoire. A l'office du soir ou Lucernaire,on rptait la mme crmonie, mais alors c'taitun diacre qui lisait les noms , et chaque procla-mation les enfants de chur ou pisinni rpon-daient Kyrie eleison : Seigneur, ayez piti - !

    Cette mention est fort curieuse. On connaissaitbien la commmoraison des vivants et celle desmorts faites durant la messe. Ces noms inscrits surdes tablettes ou diptyques taient ceux des fidles qui

    1. Sur la composition de cet office, cf. Cassien, Instit., IH, 6 ;ps. Athanase, De Virginita(e,c. 20{Patr. Gr., XXVIII, 275). etBaumer, Einfluss des hl V. Benedict. aiif die Enlwidlung desroemischen Breviers, dans Studien und Mittheilungen, 1887, p. 12et seq.

    2. Silvia donne elle-mme le sens de ce mot pisinni dans unautre passage, Peregrinatio, p. 50. Nam a pisinno in monasterionutritus est, dit-elle propos d'un moine lev depuis son en-fance dans un monastre. M. de Rossi a trouv le diminutif Pi-tzinnina dans une inscription de 392. Cf. Inscriptiones, I, 177,D. 404.

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    56/228

    42 LA LITURGIE DE .TJRUSALEM

    faisaient l'offrande, des magistrats ou des princes,des clercs, des martyrs, des confesseurs, des fidlesvivants ou morts.

    Mais les auteurs qui se sont occups de cette ques-tion croyaient que les diptyques n'taient lus qu'la messe ; ils ignorent cet usage d'autres offices '

    .

    On retrouve jusque dans la plus haute antiquitchrtienne des vestiges de cette prire pour tous la fin des principaux offices. Le livre YIII desConstitutions Apostoliques contient des formules deprires qui sont absolument du mme genre.A chaque proclamation du diacre. Je peuple et

    1. Saint Cyrille, dans sa catchse XXIII, 8, 9, parle seule-ment de la commmoraison faite la messe. Sur les diptyques,leur emploi, les noms qu'ils contenaient, cf. Salig, De dij.iychisvelerum ; Donati, De ditlici derjli anlkhi ; Dodwell, De diptychisEcclesi, dans Disserlationes Cypriauir, disserlatio quinta,et aussi l'article de Dippel, Real Encyclopddie de Krauf, I, 3G6.Mais aucun de ces auteurs ne signale l'emploi des diptyques li-turgiques en dehors de la messe. On trouve dans les vieilles Li-turgies des formules de ces oraisons post nomina od super no-viina. Cf. Renaudot, Liturgies Orientales, i. 150; Swainson, Thegreek Liturgies, p. 82, 432, 463; Ilammond, The ancient Liturgyof Antiorh and other liluujical frafjments. Oxf. 4 879, p. 28 etseq., et les Liturgies dites par Mabillon, Tomasi, Mone, etc.On a mme rcemment publi des diptyques de Jrusalem, dedate videmment postrieure, mais qui contiennent des traditionsanciennes, Papadopoulos Krameus "Ava/.-za 'JpoTo/.ja'.T'.y.T;;X-aT'Joo-'a; t, TJ/J.O'^r, v/.oTwv xal javiov eXt// './.a>v auv-vpaoDjv, etc., t. I, S.-Ptersb., Socit de Palestine, 1892.

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    57/228

    LA LITUHGIE DK .IhlnUSALF.M 43

    stirfnitt 1rs r/i/Vi/i/s sV'criont : Soi^iicur, ay^''^ pilio !Tiiis l'vrcjnc ivsunic les aspinilions de rassemble;il prii' pour la paix des glises, pour les vqueset tout le clerg, pour tout le peuple chrtien.

    Saint Benot a recueilli cette tradition conservejusqu'aujourd'hui dans la liturgie monastique.Tous les offices se terminent par le Kyrie eleison, lePater et l'Oraison. L'Eglise grecque a gard aussi lacoutume de cette prire aux deux offices qui rpon-dent aux Vigiles et au Lucernaire, le Maovu/.Ti/.v etlaS'jvarTT, laEvXr, OU grande collecte. L'-o'jari; ou finalecommune toutes les heures, en est peut-tre aussiun souvenir \Aprs cette commmoraison, l'vque bnissait les

    catchumnes. Il y avait une autre oraison et unebndiction pour les fidles ". L'vque sortait en-

    1 . Cf. Bickell, Ueber die Entslehung u. Entwicklung dercanon. Tagzeiten, {Katholik, 1883, II, 291 et s.) ; Probst, Litur-gie der drei ersten Jahr., p. 14 et s. Le P. Suitbert Baiimer,dans une curieuse tude sur ce point particulier de la Liturgiebndictine, a recherch les traces de cet usage jusque dans la'.oa/T,, dans saint Justin, Athaagore, TertuUien. Mais il n'a passong la Peregrinatio. Cf. Eiu Beitrag z. Erk luruug von Litaniu. Miss in capp. 9-17 der heil. Regel, dans : Studien u. Mitlhei-lungen aus den Benediktiner u. dem Cistercienser Orden, 188G,p. 285 et s.

    2. Cette bndiction des catchumnes et des fidles est rap-porte dans la mme forme par les Constitutions apostoliques,II, 59.

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    58/228

    44 LA LITURGIE DE JRUSALEM

    suite de la grotte, il se plaait devant le cancel qui enfermait l'entre, et chacun venait devant lui, recevaitune bndiction particulire, lui baisait les mains^ etc'tait la fin de l'office, le renvoi; Missafit, dit Sil-via ^ Voil pour l'office de nuit, ou cursiis noc-turne. Il n'y avait pas d'autre office jusqu' Sexte, quiest l'heure de midi

    .

    Il n'est pas question encore de l'office de Prime quise clbre aujourd'hui le matin. Cet office, dont l'ori-gine est toute monastique, fut institu d'abord Bethlhem, au temps de Cassien, c'est--dire vers lecommencement du v' sicle. Bientt il fut adoptdans tous les monastres et passa enfin dans l'usage

    1. Ce mot pris dans le sens de Messe qu'il a aujourd'hui, afait commettre de singulires mprises au premier diteur, quicroit une messe quotidienne la fin des Laudes, et admetquelquefois jusqu' trois ou quatre messes le mme jour (Cf.,p. 77, note 3 ; 78, note 3. etc.) Il a du reste corrig son erreurdans la seconde dition (1888, p. 46, note 2]. Missa, missio, di-missio, est employ avec ce sens de renvoi dans les documentsliturgiques anciens. Il faut remarquer toutefois que dans deuxpassages Silvia prend Missa dans le sens de messe, p. 87 :a Missa qu fit sabbalo ad anastase, anle solem fit, hoc est ohlatioul ea kora qua incipit sol procedere jam missa in anastase factasit... et p. 104 : celehralur missa ordine suo . Cf. CanonesHippol , d. Achelis, p. 119.

    2. Cassien, Instit., III, 4. Sur l'organisation dfinitive de cetoffice par saint Benot, cf. Dom Suitbert Baumer, /. c, et : Ein

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    59/228

    LA LITUKGIK DE JKRUSALEM 45

    Il n'est pas t'ait nuMition non plus, aux jours ordi-naires, d'un office Tierce (neuf heures du malin).

    L'Oblation et le Sacrifice n'avaient lieu, semble-t-il,que le dimanche, pour les ftes des martyrs, le mer-credi et le vendredi de chaque semaine et, en carme,le samedi ".A midi c'est encore dans l'Anastasie que l'on se

    runit pour l'heure de Sexte. On rcitait des psaumeset des antiennes, puis l'vque arrivait ; il entrait,

    comme le matin, dans la grotte du Saint-Spulcre, etBeitrag zur Erkliirung v. Lilanx u. MisscB in capp. 9-17, derheil. Regel ., dans les Studien u. Mitiheilungen atis dem Bndic-tine)' u. Cist. Orden., 1886, p. 283-294.

    1. D'aprs le texte de la page 86 (dition Gamurrini) que nouscitons plus loin. Nous ne savons o M. l'abb Batiffol a trouvque Silvia parle de tierce pour l'office de chaque jour {Histoiredu Biviaire, 2 d., p. 34 et 41]. M. l'abb Duchesne, qui d'or-dinaire lui sert de guide, a pourtant remarqu avec raison quetierce n'est clbre publiquement que durant le carme, Origins du culte chrtien, p. 434. Mgr de "SVaal, tromp sans doute parles notes de M. Gamurrini, croit aussi tort que la messe avaitlieu tous les jours, Die Feste des Kirchenjahres zu Jrusalemgegen Ende des IV Juhr., dans Boemische (Juartalschrift, iSSl,p.3!2. Il est bien vrai que durant ses voyages travers l'E-gypte, l'Arabie et la Palestine, Silvia assiste a l'oblation presquechaque fois qu'elle se prsente dans une glise ou un monastre ;mais il faut bien remarquer qu'il s'agit dans ces cas particuliersd'une liturgie prive. Cf. Pere^rtna^io, 41, 62, etc. A l'appui denotre assertion, nous pouvons citer ce texte de Silvia : in diebiisquadragesim et hoc addiinr ut ad lirliumealur ; p. 104, elle dit

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    60/228

    46 LA LITURGIE DE JERUSALEM

    bnissait le peuple avec les mmes crmonies.Cet office devait tre fort court. D'aprs les rgles

    anciennes, il se compose de trois ou de six psaumes KA None (trois heures de l'aprs-midi), nouvelle

    runion dans FAnastasie, comme Sexte, et l'officetait de mme nature ^ Ces offices de la journe com-posaient ce que l'on appelait le cursus diwme

    .

    A la dixime heure (quatre heures du soir) a lieule Lucernairey qu'on appelle Jrusalem i/^cm^co;qu'aprs la Pentecte on reprend l'office ardinaire ; elle parle desautres heures, mais elle omet Tierce. Cf. aussi Hieron.ep. adLcBt.c. IX. Cette coutume de l'Eglise de Jrusalem de ne sacrifierque le mercredi et le vendredi durant la semaine, est encoreconfirme par un texte important de Svrien de Gabala, dans unsermon prononc Jrusalem mme, au iv* sicle : Num novaqufedam hostia in festo illo offerlur?Num illa alia est mactatio etilla alia ? Num aliuddecus mysteriorum in paschate est et aliudin dominica, atque feria quarto, et die veneris ? Quotiescumqueagas memoriam passionis Christi, pascham peragis. Severianihomili (d. Aucher), Yenetiis, 1827, p. 187. S. Epiphane, inExpos, fidei, n. 22, indique commejours de synaxe eucharistiquele mercredi et le vendredi. Cf. aussi Tertullien, De oratione,cap. ult. Quoique Silvia ne parle pas de Tierce pour les jours dela semaine, l'habitude de faire cette heure une prire officielleou prive est d'origine apostolique : elle est rappele dans lesActes des aptres, la oioa/r, , les auteurs du ne sicle, etc.

    'I. Six psaumes, selon les rgle.* de Cassien iinstit., III. 2), desaint Csaire, de saint Aurlien ; trois, selon la rgle de saintBanot. Selon Cassien, les moines de Palestine et de Msopotamiedisent 3 psaumes ces heures (/. c, II, 5, 6 ; III, 3).

    2. Peregrinatio, p. 77.

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    61/228

    LA LITURGIE DE JERUSALEM 47

    (lu mot ^rcc Xj/v-xv qui a le mme sens, c'est--dire Toffice des lumires^ On l'appelait ainsi parcequ'on allumait toutes les lampes ou les ilambeaux del'glise, cequi fait, dit Silvia. une lumire infinie .Cette lumire se prenait au feu qui nuit et jour br-lait devant le Saint Spulcre.

    C'tait le plus solennel, des offices de la journe;il prsente quelque analogie avec nos vpres et secomposait d'antiennes et des psaumes appels lucer-nales *.

    \. Silvia, comme on le voit ici et dans plusieurs autres passa-ges, avait dans sa prononciation l'usage de l'iotacisme.

    2. Socrale emploie le mme terme que Silvia, >'j/v'.y.v, H. E.,V, l\ . Lq moi Lucernarium ou hora lucernaria, est usit enOccident (Hieron., Comni. in ps. 118 ; Cassien, Instit., III, 3).Les Constitutions Apostoliques mentionnent aussi cet office, XIII,31, et VIII, 34. On cite quelquefois comme ayant t composepour cette heure l'hymne de Prudence Ad incensum lucern, eton nie que le pote y ait eu en vue la crmonie du cierge pascalau samedi saint. C'est une erreur dans laquelle sont tombs tropdecritiquesmodernes.il suffit de lire cette hymne pour voirqu'elle a t compose non pour le lucernaire, mais pour lecierge pascal. Arevalo, qui lui-mme avait commis cette mprise,la reconnut plus tard loyalement ; Prwt/e/i/i carmina, t. I, 12i(d. 1788). Voyez aussi ce que nous disons plus loin propos descrmonies du samedi saint. Sur la profusion des lumires dansl'glise l'office du Lucernaire, cf. S. Paulin, Patr. Lut., t. LXI,585 ; Mabillon, De Lit. Gnllic, d. 1720, p. 141-142 ; les Consti-tvtions Aposl. (V II. 35 ; II, 59) appeWenl psalmum lucernalem,le ps. 140, zTjX'y/y.oQ -HX.jio;. Saint Basile parle d'un cantique oud'une hymne, chant au moment o l'on allume les flambeaux (De

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    62/228

    48 LA LITURGIE DE JERUSALEM

    L'vque arrivait au milieu de l'office, prenait placesur son sige, entour de ses prtres qui, eux aussi,taient assis, et on continuait dire des hymnes et desantiennes. A la fin de l'office avait lieu la proclama-tion des noms ou litanie dont nous avons parl ci-des-sus. Tout se passait ensuite comme le matin l'heuredes Laudes : bndiction par l'vque des catchu-mnes et des fidles, baisemcnt des mains de l'vqueet renvoi du peuple. Seulement il y avait ceci de par-ticulier, le soir : c'est qu'avant de se sparer, vque,clerg et peuple, allaient processionnellement, auchant des hymnes, la chapelle de la Croix. Devantla relique, l'vque faisait encore oraison pour les ca-tchumnes et pour les fidles; il bnissait les uns etles autres et on lui baisait les mains. On passait en-suite derrire la croix o s'tendait, comme par de-vant, un espace libre pour le peuple, et l'on recom-menait la mme crmonie. Quand on se sparait,la nuit tait dj venue ^

    .

    Spir. sancto, n. 17, Putr. Gr., t. XXXU, c. 209) ; c'est sansdoute l'jiJLvo; Etf-spivo, Lumen hilare, conserv dans lesConstit.Apost. Cf. U. Chevalier, Bibliothque Liturgique, I, Im, PosieLiturgique du moyen ge, p. 47. Sur le nombre des psaumeschants, il y eut aussi diversit dans les glises. Cf. Martne, Deant. ecd. ritihus, IV, 8, n. 7 ; De mit. Monach. rit., 1. I. c. \0,

    \. Peregrinatio, p. 79. Les Constitutions Apostoliquesmentionnent aussi cette bndiction et donnent quelques autresdtails sur cet office, VU, 48 ; VIII. 36, .37.

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    63/228

    LA LlTrKGIE DE JKRUSALRM 41)

    Tels taient les offices, les jours de la semaine entemps ordinaire. Le mercredi et le vendredi taientdes jours de synaxe eucharistique et de station ou dejene, mme pour les-catchumnes ; on ne prenaitle repas, d'aprs les anciennes coutumes, qu'aprstrois heures de l'aprs-midi. On allait clbrer l'of-fice de None l'glise de Sion, moins que ce jour-l ne tombt une fte de martyr, qui dispensait dujene'.

    Silvia ne fait aucune mention de Compiles. Cet of-fice n'est pas encore dtach du Lucernaire. Son exis-

    H Adnonam aulem, quia consuetudo est semper, id est totoanno, quarta feria et sexta feria ad nona in Syon procedi, quo-niamin istis locis, excepto si martyriorum dies evenerit, semperquarta et sexta feria etiam et a catechuminis jejunatur, et ideoad nonam ia Syon proceditur. Nam si fortuite in quadragesimismartyrorum dies evenerit quarta feria aut sexta feria, neque adnona in Syon proceditur. Diebus vero quadragesimarum, ut su-perius dixi, quarta feria ad nona in Syon proceditur juxta con-suetudinem totius anni, et omnia aguntur, quse consuetudo estad nonam agi pra?ter oblatio. Peregrinatio, 1. c, p. 86, 87.Comme il s'agit du carme dans ce passage, le sens, qui estassez confus, me parat tre pour la dernire phrase, qu'endehors du carme il y ^^^t'* l'oblation le mercredi et le ven-dredi. Le jene du vendredi et du samedi est aussi observdans la Liturgie des Nestoriens. Assemani (IH, 2^1 pars,p. cGCLxxxvi), et pour les temps les plus reculs, voir Tert.,De Jejunio, U ; Clem. Alex.. Strom. ; Origne, S. Epiphane, etc.Cf. Duguet, Confrences erxlsiast., 7e dissertation, sur l'anciennepratique du jeune, I, 118 et seq.

    GLISES DE JRUSALEM. 4

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    64/228

    5 LA LITURGIE DE JEKUSALRM

    tence comme office spcial, ainsi que celle de Prime,est monastique. Les moines, avant de se livrer aurepos, faisaient une prire. La rgle de saint Benot,qui parat le plus ancien tmoignage historique quel'on puisse invoquer, donne cette prire le nom deCompiles, Completorium, complment del journe ;par la rgle bndictine, elle pntra en Occident, \et, comme Prime, fit bientt partie de l'office desclercs '

    .

    Le dimanche, il y a plusieurs modifications dansl'office. Le concours du peuple est beaucoup plusgrand. Ce n'est plus seulement l'office des moineset des vierges, c'est l'office de tout le peuple chrtien,le vieil office du dimanche dont l'institution remonte la plus haute antiquit chrtienne ^ Ds le milieu

    \. Saint Basile parle aussi d'une prire du soir, De Spiritusancto, p. 73, et Rey. fus. interp., 37 'Pat7-. Gr. XXXI, 10-15).On a cru tort qu'il s'agissait ici de Complies. Chez S. Basile,il ne semble pas que les Complies soient encore spares del'office du Lucernaire. Pour les textes de S. Jean Chrysostome etde Cassien interprts aussi tort dans le mme sens, cf. Baiimer,Le. p. il ; Rp.rjula sancti Benedictl, cap. XVI.

    2. S. Paul, I. Cor. xvi, 2 ; Actes, xx, 7; Apocal,, i, 10, etc.Cf. Kraus, Real Encyclopaedie, T, 466 ; Arnoldt, De antiq. dieidominici, Progr. paschale univ. Rgion., 1754, dans Volbeding,Thsaurus commentalionum, Lips., 1846. Le mme ouvrage con-tient aussi la disserlalion de Franck, De Die dominici, et celled'Albert, De celebratione sabbati et diei dominici inter veteres elrecentiores.

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    65/228

    LA LITURGIK DE JRUSALEM 51

    d(' la nuit le peuple accourt pour roffice des Vigiles;

    il se runit sous les portiques de la basilique; leslampes sout allumes, on s'assied, et on rcite deshymnes et des antiennes, aprs lesquelles les prtresel les diacres disent les oraisons. Cet office ne paratcorrespondre aucune des parties liturgiques au-jourd'hui en usage. M. l'abb Duchesne y voit unvestige de l'antique runion qui, durant les premierssicles du christianisme, avait lieu dans la nuit du di-manche et des jours de stations (vigiles stationales),et qui se composait de lectures et d'homlies, entre-mles du chant des psaumes et de prires ; cet office,coordonn une messe laquelle le peuple et lesclercs assistaient, se serait ensuite combin avec celuides Matines qui rlimina K Mais il n'y a pas trace delectures et d'homlies dans le texte de Silvia ; d'a-prs les termes qu'elle emploie, ces prires ne pa-raissent avoir d'autre but que d'occuper les fidles enattendant le commencement de l'office ^

    1. Cf. Duchesne, Les origines du culte chrtien, p. 219 et 435.Il resterait un souvenir de cette ancienne synaxe nocturne l'office du samedi saint et de la veille de la Pentecte, dans lasrie des leons, rpons et oraisons qui prcdent la messe.

    2. Peregrinatio, p. 79. Dtmi enim verentur, ne adpullovum cantum non occnrrant, antecessus veninnt, et ibi sedent(se. in basilica). Et dicuntuv ymni, necnon et antipkon ; etfiunt orationes cata singulos ymnos vel antiphonas.

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    66/228

    52 LA LITURGIE DE JERUSALRM

    C'est au premier chant du coq, au milieu de lanuit, que s'ouvrent les portes de l'Anastasie; la basi-lique est brillamment illumine. L'vque entretout de suite dans la grotte du Saint-Spulcre. Le do-cument que nous tudions nous donne ici des rensei-gnements plus prcis sur la composition interne decet office. Un prtre dit un psaume auquel tous rpon-dent, et on fait une prire ; puis un diacre rcite unautrepsaumesuivi^commele prcdent, d'une oraison;enfin un troisime psaume est dit par un clerc, et onfait ensuite la mmoire de diverses personnes commeles jours de semaine. Silvia nous dit ailleurs que cesoraisons ne peuvent tre rcites que par les prtresou les clercs.Aprs ces prires, on brle des parfums dans la

    grotte, et l'odeur se rpand dans toute la basilique.L'vque, qui est jusqu'alors rest dans Tintrieur dusaint tombeau, s'avance vers le seuil et lit dans l'iCvan-gile le passage de la rsurrection de Notre-Seigneur. Or, dit Silvia, la lecture de tout ce que le Sei-gneur a souffert pour nous, la foule des fidles estpntre d'une si grande douleur, que mme les plusinsenss ne peuvent s'empcher de pousser desgmissements et de verser d'abondantes larmes'.

    1 . Peregrinatio, ib. Silvia parle mme de rugissements et 'demugissements : Quod cutn ceperit legi, lantus rugitus et mugitus

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    67/228

    LA LITURGIE DE J^KUSALEM 53

    C'est tous les dimanches que se lit aux vigiles i'6-vangilo Je la rsurrection. Les autres jours, il n'enest pas fait mention '. On remarquera que la lec-ture de l'vangile Matines a subsiste avec un cr-monial peu pr^s semblable dans le rite monastique,notamment aux Matines pontificales ; seulementcette lecture varie selon les ftes, tandis qu' Jru-salem c'tait toujours l'vangile de la rsurrection, cause des souvenirs locaux. La lecture de l'hom-lie sur l'Evangile, dans la liturgie romaine, n'est-ellepas un autre vestige de cet usage, et n'est-ce pas deJrusalem que cette pratique a pass dans les autresglises?Aprs cette lecture de l'vangile, l'vque sort de

    la grotte, et, accompagn du peuple, il va vers lachapelle de la Croix au chant des hymnes. On dit unpsaume, une oraison, puis il bnit les fidles avecles mmes crmonies que les jours ordinaires. Lerenvoi a lieu ensuite.L'vque se retire alors, et va prendre quelque

    repos, ainsi que les simples fidles^ tandis que lesmoines et quelques personnes pieuses reviennent

    fit omnium hominum et tant lacrim i utquamvis durissimus possiimoveri in lacrimis dominum pro nobis tauta sustinuisse.

    1. Voyez, par exemple, Peregrinatio, p. 103

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    68/228

    54 LA LITURGIE DE JERUSALEM

    TAnastasie et continuent la veille sainte en disantdes psaumes et des antiennes jusqu'au jour; il resteaussi parmi eux quelques prtres et quelques dia-cres, dsigns chaque dimanche tour de rle pourdire les oraisons aprs chaque antienne, car nousavons dj vu que ce privilge leur est rserv. Cettepartie de l'office ne semble rpondre, non plus quecelle qui a prcd les vigiles, aucune partie del'office liturgique aujourd'hui reu. Il ne parat pasen effet, d'aprs les termes de Silvia, que ce soientles Laudes ; c'taient plutt des prires facultativescomme celles qui prcdaient les vigiles.

    Vers huit ou neuf heures, a lieu une autre runion,non pas dans l'Anastasie, mais dans l'glise majeuredu Golgotha : c'est la synaxe liturgique. Tout s'y fait,dit Silvia, selon la coutume qui existe partout ledimanche \ Aussi ne prend-elle pas la peine de d-crire cette crmonie ; elle remarque seulement,comme une particularit digne d'attention, que parmiles prtres qui assistent la runion, ceux qui veulentprennent la parole, et c'est aprs eux tous que parleFvque ^ Ces prdications roulent sur les Ecritures

    I. Per< grinatio, p. 81.2. Cette particularit se retrouve encore dans la Liturgie des

    Comtiiut ions Apostoliques {livre l\, 31), qui a tant de points decontact, nous l'avons dj vu, avec la Liturgie de Jrusalem. Ka;

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    69/228

    LA LITURGIE DE JRUSALEM 55

    o\ sur rawour de Dieu, et se prolongent jusqu' la(jualrinie lieuro ou mme la cinquime (10 heuresou 1 1 heures).Nous pouvons suppk'er facilement ici au silence

    (le notre voyageuse. L'office qu'elle nous dcrit^ c'estce que l'antiquitr a])pelle \di Messe des catchumnes,c'est--dire la messe laquelle les catchumnespeuvent assister; elle rpond la premire partiede notre messe actuelle, depuis l'introt jusqu' l'of-fertoire. Nous la trouvons dcrite tout au long dansdes documents peu prs contemporains du rcitde Silvia. Il y avait une lecture de l'ancien Testa-ment (livres de Mose), le chant des psaumes, lalecture des Actes des aptres ou de leurs ptres,celle de l'Evangile, et ensuite rhomlie\ C'est on levoit, lemme dessin liturgique que notre grand'messejusqu' l'offertoire, lecture de l'ptre, et, certainsjours de quatre-temps ou de vigile, lecture de pas-sages de l'ancien Testament, psalmodie, chant des

    XX [JLT, aTTav-c? xa'. TsX'j-aTo- T.ivuxi't z-'.iv.'jtzq:,, o^ zoiy.zx'jpvr^'LT,

    .

    1. Constit. Apost., 1. II. Cf. Liturgie de saint Jacques, Liturgiegallicane, et autres Liturgies. On peut voir la description de lamesse des catchumnes d'aprs ces documents dans Lebrun,ErpUration de la mesi^e (d. de 1777. t. III et IV), et dans Duchnsne, Oiiijines du cu'te chrtien, p. 56 et suiv.

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    70/228

    56 LA LITURGIE DE JRUSALEM

    antiennes OU des rpons de l'introt et de TofTertoire,lecture de l'vangile, instruction du prtre sur cetexte.Aprs la messe des catchumnes, les moines sor-

    tent les premiers de l'glise du Golgotha et condui-sent processionnellement, et au chant des hymnes,l'vque jusqu' l'glise de l'Anastasie ; on ouvretoutes les portes, mais les fidles sont seuls admis ;les catchumnes n'ont pas le droit d'assister cetteseconde partie de la messe, appele pour cette raisonMesse des fidles. Silvia ne nous la dcrit pas^soit parce qu'elle a retrouv Jrusalem la mmeforme du sacrifice que partout ailleurs, soit parcequ'une loi encore en vigueur dfendait de livrer lesecret des mystres. Elle se contente de dire : Quandtout le peuple est runi, on rend grces Dieu :aguntur grati Deo; c'est proprement la traductiondu mot grec Eucharistie. Ailleurs, quand il s'agitde parler de la messe, elle se sert toujours de termesquivalents : on accomplit les mystres ou lessacrements, on fait l'orande, l'oblation * . Cettemesse des fidles est conserve, quant aux lignesprincipales, dans la seconde partie de notre messe.

    i. Offertur, aguntur sacramenta^oblatio, aguntur omnia lgitima,id Bit offertur juxta consuetudinem (Gamurrini, /. c, 81, 84, 87,101, etc.).

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    71/228

    LA LITURQIK DE JRUSALKM 57

    Nous pouvons ici encore suppler au silence de Silviapar (les documents liturgiques contemporains, quiIrnioignent en faveur des pratiques orientales doTKglise de Jrusalem, ou des Eglises d'Antioche et deSyrie, dont la liturgie aie plus d'analogie avec cellede Jrusalem. Saint Cyrille, vque de cette Egliseau milieu du iv*^ si^cle, expose en effet en dtail toutecette partie des mystres. La loi de l'arcane, quil'avait jusqu'alors retenu dans l'exposition du sacre-ment, n'existe plus pour lui, car ceux qui l'coutentsont les nouveaux baptiss, qui ont droit par cons-quent d'tre initis tous les mystres ^

    .

    Il dcrit donc les diverses crmonies de la messedepuis l'offertoire, le lavement des mains, le baiserde paix, la prface, le Sanctus, l'piclse ou invoca-tion du Saint-Esprit et la conscration, les supplica-tions et prires du Mmento, le Pater, la communion

    1. \e catchse mystagogique. Rapprocher celle Liturgie decelle des Constitutions Apost., sauf quelques lgres diffrences,et de la Liturgie de sainl Jacques, qui est la vraie Liturgie deJrusalem et dont la rdaction dfinitive, d'aprs certains criti-ques, est du ve sicle ; mais elle a certainement des lmentsd'origine trs antique. Probst, dans le Katholik, 1884, 1, 142. 253, atabli contre Lebrun et quelques autres liturgistes, l'analogieentre les catchses de saint Cyrille et les Constitutions Aposto-liques. Cf. aussi Real-Ency. de Kraus, au mot Liturgie, I, 310, etMader, Der heiliye Cyrillus von Jrusalem, p. 148 seq.

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    72/228

    58 LA LITURGIE DE JRUSALEM

    et l'action de grces*. A la fin de la messe, reprendSilvia, le diacre lve la voix; les fidles qui sontdebout inclinent la tte, et l'vque les bnit. Il sortensuite du Saint-Spulcre o il a clbr les mystres,et on vient lui baiser les mains. La messe dure en-viron jusqu' la cinquime ou la sixime heure(onze heures ou midi) ". On voit que cette bndictionde l'vque, avec un crmonial uniforme, tait lafinale de tous les offices un peu solennels. Dansnotre liturgie, il en reste des traces la fin de lamesse et des vpres pontificales.Les offices de Sexte et de None disparaissent

    le dimanche, comme celui des Laudes. Pour le Lu-cernaire, il s'accomplit comme les autres jours de lasemaine.

    Il y a, pour les dimanches de carme et de la Pen-tecte, d'autres modifications que nous exposeronsplus loin ^Une sera pas inutile, avant d'aborder la description

    des ftes principales, d'expliquer, autant que le per-met l'obscurit des textes, le sens de quelques-uns

    1. Lebrun, /. c, p. 55 et suiv. ; Duchesne, p. 58. Pour lestextes liturgiques de saint Cyrille, cf. l'dition de Swainson,The greek Liturgies chiefly from original authorities, in-i, Lond.,1884, p. 209.

    2. Peregrinatio, 81.3. Pererp'inatio, 81, 82. 106.

  • 8/4/2019 Cabrol. Les Eglises de Jrusalem : la discipline et la liturgie au IVe sicle. 1895.

    73/228

    LA LITURGIE DE JERUSALEM 59

    dos termes dont se sert Silvia pour dsigner lesdiircntes parties de l'office.

    Elle nous parle des psaumes, des cantiques, desantiennes, des hymnes, des leons, des oraisons quise rcitent ou se chantent ; mais l'interprtation deces mots est loin d'tre aise dans les documentsanciens. Les crivains de cette poque, parlant d'unechose que tous connaissaient et pratiquaient, ne pre-naient pas la peine de s^expliquer en dtail.Pour les psaumes, il n'y a pas de difficult, L'office

    liturgique se composait, dans la plus haute antiquit,et dj chez les Juifs,d'un certain nombre de