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Cahier consacré à Marguerite Duras
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L’Herne
Les Cahiers de l’Herneparaissent sous la direction de
Laurence Tacou
Marguerite Duras
Ce Cahier a été dirigé par Bernard Alazet et Christiane Blot-Labarrère
avec la collaboration d’André Z. Labarrère
Ouvrage publié avec le soutien du Centre National du Livre
Tous droits de traduction, de reproductionet d’adaptation réservés pour tous pays.
Couverture : © photographie d’Hélène Bambergeret 4e de couverture : © collection Jean Mascolo
© Éditions de l’Herne, 200522, rue Mazarine 75006 Paris
No ISBN : 2-85197-149-2
Sommaire
11 Bernard Alazet et Christiane Blot-LabarrèreAvant-propos
13 Bernard AlazetLes voix souterraines de l’écriture
I De Marguerite Donnadieu à Marguerite Duras19 Marguerite Duras
Texte inédit : Les petits pieds de la Chine
23 Pierre VilarLa règle de Saint-Benoît
29 Martin Crowley« Pas de ça ici »
34 Edgar MorinAvec Marguerite Duras
37 Monique AntelmeEntretien avec Christophe Bident
40 Robert AntelmeLettre à Marguerite Duras
41 Marguerite DurasLettre à Monique Antelme
42 Jean Mascolo/Marguerite DurasCorrespondance
49 Marie-Claire RoparsUn rapport du troisième genre ?
54 Maurice Blanchot, Michel FoucaultLettres à Marguerite Duras
56 François NoudelmanLe non-savoir de la différence sexuelle
60 Hélène Merlin-KajmanLa communauté judaïsée de Marguerite Duras
69 Marguerite DurasSublime, forcément sublime Christine V.
5
74 David AmarLa voix du gai désespoir
78 Marguerite DurasTexte inédit : Deauville la mort
80 Marguerite DurasLa route Paris-Rouen
81 Xavière GauthierLettre à Marguerite Duras
83 Paul Otchakovsky-LaurensUn jour, Marguerite Duras m’a téléphoné
84 Nicole CoudercMarguerite-Duras-de-la-Forêt suivi de la Lettre à Éléonore de M. Duras
89 Yann AndréaÀ Duras-la-Myrobolante
II Enjeux et formes de la fiction
« Écrire c’est tenter de savoir ce qu’on écrirait si onécrivait »
95 Marguerite Duras – Yann AndréaMarguerite Duras : « C’est fou c’que j’peux t’aimer »
99 Michel DavidL’amour illimité de Marguerite Duras
105 Brian StimpsonL’écriture en scène dans les manuscrits de Duras
110 Anne CousseauLa chambre noire de l’écriture
118 Carol J. MurphySpectres de Duras : affect, écriture, lecture en mouvement
124 Florence de ChalongeMarguerite Duras, « l’écrivain »
129 Mireille Calle-GruberLa peine de la littérature
« Raconter une histoire qui en passepar son absence »
135 Marguerite DurasTexte inédit : Théodora
137 Sylvie LoignonDes fleurs d’encre
6
143 Marguerite DurasTexte inédit : Monsieur Desbaresdes
144 Dominique RabatéParadoxes du romanesque
148 Catherine Bouthors-PaillartLol ou l’innommable
154 Madeleine BorgomanoLes Indes de Marguerite Duras
162 Marguerite DurasLa jeune fille et l’enfant
« Au théâtre, c’est à partir du manquequ’on donne à voir »
169 Sabine QuiriconiM. D. : Théâtre
176 Marie-Hélène BobletPassages : Le Square, L’Amante anglaise
181 Joëlle Pagès-PindonL’architecture de l’invisible dans le cycle atlantique
188 Marie-Pierre FernandesPropos recueillis par Danièle Chouraqui
191 Éric VignerPropos recueillis par Sabine Quiriconi
195 Violaine de Villers« Ma petite misère » Marguerite Duras
196 Marguerite DurasClaire Deluca
197 Témoignages de comédiensClaire Deluca, propos recueillis par Christiane Blot-LabarrèreCatherine Sellers, entretien avec Odile Perrissin-FabertBulle Ogier, entretien avec Bernard AlazetFanny Ardant, propos recueillis par Christiane Blot-Labarrère et André Z. LabarrèreGérard Desarthe, entretien avec Simona Crippa
« Dans l’image vous écrivez tout à fait, tout l’espace filméest écrit »
209 Jean CléderDe la littérature au cinéma : une esthétique de l’indifférence
220 Marguerite DurasLettres à la Commission consultative du Cinéma et à Antoine de Baecque
221 Marguerite DurasTexte inédit : Gradiva
7
222 Jean Marc Turine5, rue Saint-Benoît, 3e étage gauche
227 André Z. LabarrèreLol perdue et retrouvée : autour d’un manuscrit inédit
235 Edda MelonVéra Baxter, la femme atlantique
243 Dominique Auvray« Quand on travaillait ensemble au cinéma »
247 Philippe RogerUn mélodrame de chambre : La Bête dans la jungle
250 Marguerite DurasTexte inédit : Dialogue de Rome
256 Marguerite DurasNuit noire Calcutta
260 Témoignages de réalisateurs et d’acteursMarin Karmitz, propos recueillis par Christiane Blot-Labarrère et André Z. LabarrèreBenoît Jacquot, entretien avec Bernard AlazetMichelle Porte, entretien avec Bernard AlazetEmmanuelle Riva, propos recueillis par Christiane Blot-Labarrère et André Z. LabarrèreMichael Lonsdale, entretien avec Jean Cléder
« Il n’y a de composition que musicale »281 Marguerite Duras
Le chant de Savannaketh
282 Chloé Chouen-OllierLe chant précaire de l’écriture
287 Marguerite DurasTexte inédit : Les Chantiers
288 Marguerite DurasTexte inédit : Publicité pour la bière Pelforth
289 Ami Flammer« Elle était musicienne »
291 Jean-Christophe MartiMarguerite Duras : temps musical et temps de l’écriture
294 Michel ChionIndia, Indiana
296 Marguerite DurasTextes inédits : chansons (Viens, Le Merle moqueur)
298 Marguerite DurasVenise
299 Michèle LaverdacEn tant que peintre et femme...
8
300 Maud FourtonPeintures pour une écriture
306 Aki KurodaEntretien avec B. Alazet, C. Blot-Labarrère et A. Z. Labarrère
308 Marguerite DurasTextes inédits : Arguments pour ballets (La Voix d’or, Le Ballet spatial)
309 Marguerite DurasTexte inédit : La Source
III Marguerite Duras au contemporain
Voix d’écrivains317 Yohan Faerber
Cité de mémoire ou le spectre Marguerite Duras dans la littérature contemporaine
324 Sylvie GermainLe Lieu-Livre
326 Jean Pierre CetonMarguerite Duras qui parfois pleurait pour écrire ses livres
328 Philippe VilainEntretien avec Philippe Heneman
332 Christine AngotPropos recueillis par Christiane Blot-Labarrère
334 Jérôme BeaujourLes Gens
Voix de l’étranger336 Barbara Bray
Entretien avec Robert Harvey
338 Donata FeroldiLa réception de Marguerite Duras en Italie
341 Tomasz StrozynskiLa réception de Marguerite Duras en Pologne
345 Najet TnaniRésonances durassiennes dans le monde arabe
347 Jacques AswadTraduire dit-elle, propos recueillis par Najet Tnani
348 Hichem RostomEntretien avec Sélila Méjri
350 Xu HejinLa réception et le rayonnement de Marguerite Duras en Chine
9
354 Masako TaniguchiLa réception de Marguerite Duras au Japon
355 Christiane Blot-LabarrèreLes soleils révolus de C’est tout
364 Jean VallierRepères biographiques
368 Christiane Lachaize-PénéMarguerite Duras et la propriété de Platié
369 Marguerite DurasLettre à Yvette Barreau
370 Christiane Blot-LabarrèreBibliographie/Filmographie
373 Bernard Alazet, Christiane Blot-LabarrèreDuras après Duras
374 Contributeurs du Cahier
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Avant-proposBernard Alazet et Christiane Blot-Labarrère
Écrire, c’était la seule chose qui peuplait ma vie et qui l’enchantait. Je l’ai fait.L’écriture ne m’a jamais quittée.
Marguerite Duras, Écrire
Sans doute, le temps était-il venu d’accueillir, pour la première fois, une femme. Une femme, unécrivain, Marguerite Duras. Partout, désormais, tandis que ne cesse de grandir sa fortune littéraire,scintillent les différentes facettes de son génie singulier.
Aux confluents de maints parcours, sa passion de l’écriture – elle seule – l’a jetée dans les tra-quenards et les opacités de la fiction romanesque. Ne négligeant pas la révolte contre l’absurdité del’univers et ses injustices, elle l’a placée dans l’œil du cyclone, mise au service d’engagements divers.Écriture triomphante ou désolée, ardente, brûlée, détruite, peut-être, toujours signe d’un esprit conqué-rant. Elle l’affrontera uniment à la scène, au cinéma, riche de brusques trouvailles ou soumise à un lentmonologue intérieur.
Car, chez Marguerite Duras, le langage naît au cœur mystérieux des êtres et des choses qui suscitentun permanent émerveillement. Regard non point naïf, innocent plutôt, de l’innocence des enfants, despoètes, des fous et des musiciens, des inspirés, en somme. Sa parole met en mouvement l’âme dulecteur, le déconcerte ou le séduit. Le bouscule, l’envoûte, l’entraîne, lui impose ses suggestions. Sesmots, loin d’une assurance illusoire, avouent leur douloureuse imperfection, gage certain de plus hautesexigences, de plus audacieuses investigations. En elle, autant que dans ses écrits, se devine le mêmefiligrane d’un dessein et d’un destin qui attestent leur parenté secrète.
Comme en jugeait Cocteau, la beauté d’une œuvre se mesure au nombre de questions qu’ellesème. Dès lors, ont été bannies ici l’anecdote futile ou mensongère et la visée hagiographique. Pourautant, nul témoignage, étude ou propos ne s’est laissé corroder par de trop doctes exégèses, évitantainsi le risque d’un divorce entre l’érudition pesante et les forces fraîches de la vie. Tous, nous noussommes simplement mis à l’écoute d’une voix dont le lecteur découvrira, peu à peu, les échos répercutésdans l’immédiateté sensuelle et sensible du monde, de notre monde.
Cette voix, il nous fallait la surprendre mais aussi lui offrir un décor dans lequel elle puisse prendreplace et faire sens, quitte à en fragiliser les contours au fur et à mesure de son avancée. Nous avonsdessiné trois espaces pour accueillir et l’œuvre et l’écrivain, à travers lesquels la voix de MargueriteDuras se mêle aux voix de ceux qui ont accepté de lui faire ici écho.
Un premier temps voudrait donner forme à la figure mouvante de Marguerite Duras, intellectuelleaux prises avec le monde de la seconde moitié du XXe siècle, un monde qui l’appelle à dire, expliquer,combattre, condamner, un monde par rapport auquel elle construit son engagement politique et sonœuvre d’un même mouvement...
Au centre du Cahier se propose un second volet dont le Sésame est la matière de l’œuvre duras-sienne : la fiction. Si celle-ci investit différents genres littéraires pour mieux les dévoyer, elle se laissepourtant reconnaître dans les divers chemins qu’elle choisit pour se dire : l’expérience de l’écriturecomme interrogation toujours relancée par laquelle elle a accompagné la réflexion de Maurice Blanchot ;la pratique paradoxale du texte romanesque ou théâtral, tous deux enchaînés à l’absence comme condi-tion d’émergence ; l’entreprise cinématographique et son rôle original dans notre modernité ; les margesenfin de sa production à travers ce qui relèverait d’une voix poétique, musicale dans son sens le pluslarge, qui emprunte à ces arts que Marguerite Duras a côtoyés sans jamais les aborder de front : lapoésie, la musique, la danse, la peinture...
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