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Alimentation LES SAMEDI 17 ET DIMANCHE 18 MARS 2018 ETIENNE PLAMONDON EMOND Collaboration spéciale S i tout se déroule comme prévu, Québec pré- sentera sa très attendue politique bioalimen- taire en avril prochain, signale-t-on du côté du cabinet du ministre de l’Agriculture, des Pê- cheries et de l’Alimentation, Laurent Lessard. Cette dernière détaillera les mesures d’accompagne- ment qui seront mises en avant par le gouvernement du Québec pour réussir à atteindre d’ici 2025 les ci- bles, dévoilées lors du Sommet sur l’alimentation du 17 novembre dernier, qu’il s’est fixées pour l’industrie bioalimentaire. Parmi ces objectifs, Québec a manifesté son inten- tion de favoriser des investissements de 15 milliards, d’augmenter de 6 milliards les exportations bioalimen- taires à l’international et de faire passer de 24 à 34 mil- liards la somme des produits alimentaires québécois achetés au Québec. Le gouvernement a aussi annoncé qu’il souhaitait que la superficie consacrée à la produc- tion biologique double dans la province et que la pro- portion des produits aquatiques québécois écocertifiés s’élève de 52 % à 70 %. D’autres volontés ne sont pas chiffrées, comme celles d’augmenter la part des entre- prises qui ont implanté des pratiques dites durables et d’améliorer la valeur nutritive des aliments transformés au Québec. Ces cibles ont été déterminées après trois rencon- tres thématiques et un sondage réalisé auprès de la po- pulation pour connaître ses préoccupations et priorités. Cette démarche a mené au Sommet sur l’alimentation, où le ministre Laurent Lessard et le premier ministre, Philippe Couillard, ont rendu publiques les cibles. « C’est le mot “ambition” qu’on souhaitait que le gou- vernement adopte », indique Marcel Groleau, président de l’Union des producteurs agricoles (UPA). Après le dévoilement des objectifs, il constate avec satisfaction que « c’est très ambitieux ». Les moyens de ses ambitions Reste maintenant à voir comment le gouvernement se donnera les moyens de ses ambitions à travers sa politique. Pour augmenter la part des aliments d’ici achetée dans la province, l’UPA souhaiterait que le gou- vernement se dote d’une politique d’achat des produits québécois pour ses institutions et établissements, no- tamment pour que les hôpitaux, prisons et écoles s’ap- provisionnent localement. L’UPA demande aussi un programme de soutien à l’investissement afin de favoriser la compétitivité des entreprises agricoles du Québec. « Le secteur de la transformation alimentaire, il faut qu’il s’approvisionne davantage en produits québécois, soutient Marcel Gro- leau. Ça interpelle directement la compétitivité des pro- duits québécois, parce que les transformateurs alimen- taires, c’est sûr qu’ils ont accès à des produits qui peu- vent provenir d’un peu partout sur la planète. Et la com- pétition est forte. » Le secteur de la transformation ali- mentaire constitue un des principaux débouchés de la production agricole, dont 70 % sont transformés au Québec, selon les chiffres du gouvernement. L’UPA espère aussi que la politique bioalimentaire contiendra des mesures pour assurer une meilleure gestion des risques. Elle aimerait notamment un ré- gime de stabilisation des revenus adapté à la volatilité Nutrition : quatre mythes à déboulonner C 2 Rapport Pronovost, 10 ans plus tard C 3 CAHIER SPÉCIAL C Manger mieux POLITIQUE BIOALIMENTAIRE Des objectifs ambitieux pour des moyens incertains VOIR PAGE C 2 : OBJECTIFS ISTOCK

CAHIER SPÉCIAL C Alimentation - Le Devoir...ALIMENTATION C 2 LE DEVOIR, LES SAMEDI 17 ET DIMANCHE 18 MARS 2018 MARTINE LETARTE Collaboration spéciale Le monde de l’alimentation

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Page 1: CAHIER SPÉCIAL C Alimentation - Le Devoir...ALIMENTATION C 2 LE DEVOIR, LES SAMEDI 17 ET DIMANCHE 18 MARS 2018 MARTINE LETARTE Collaboration spéciale Le monde de l’alimentation

AlimentationLES SAMEDI 17 ET DIMANCHE 18 MARS 2018

E T I E N N E P L A M O N D O N E M O N D

Collaboration spéciale

Si tout se déroule comme prévu, Québec pré-sentera sa très attendue politique bioalimen-taire en avril prochain, signale-t-on du côté ducabinet du ministre de l’Agriculture, des Pê-cheries et de l’Alimentation, Laurent Lessard.

Cette dernière détaillera les mesures d’accompagne-ment qui seront mises en avant par le gouvernementdu Québec pour réussir à atteindre d’ici 2025 les ci-bles, dévoilées lors du Sommet sur l’alimentation du17 novembre dernier, qu’il s’est fixées pour l’industriebioalimentaire.

Parmi ces objectifs, Québec a manifesté son inten-tion de favoriser des investissements de 15 milliards,d’augmenter de 6 milliards les exportations bioalimen-taires à l’international et de faire passer de 24 à 34 mil-liards la somme des produits alimentaires québécoisachetés au Québec. Le gouvernement a aussi annoncéqu’il souhaitait que la superficie consacrée à la produc-tion biologique double dans la province et que la pro-portion des produits aquatiques québécois écocertifiéss’élève de 52 % à 70 %. D’autres volontés ne sont paschiffrées, comme celles d’augmenter la part des entre-prises qui ont implanté des pratiques dites durables etd’améliorer la valeur nutritive des aliments transformésau Québec.

Ces cibles ont été déterminées après trois rencon-tres thématiques et un sondage réalisé auprès de la po-pulation pour connaître ses préoccupations et priorités.Cette démarche a mené au Sommet sur l’alimentation,où le ministre Laurent Lessard et le premier ministre,Philippe Couillard, ont rendu publiques les cibles.« C’est le mot “ambition” qu’on souhaitait que le gou-vernement adopte», indique Marcel Groleau, présidentde l’Union des producteurs agricoles (UPA). Après ledévoilement des objectifs, il constate avec satisfactionque «c’est très ambitieux».

Les moyens de ses ambitionsReste maintenant à voir comment le gouvernement

se donnera les moyens de ses ambitions à travers sapolitique. Pour augmenter la part des aliments d’iciachetée dans la province, l’UPA souhaiterait que le gou-vernement se dote d’une politique d’achat des produitsquébécois pour ses institutions et établissements, no-tamment pour que les hôpitaux, prisons et écoles s’ap-provisionnent localement.

L’UPA demande aussi un programme de soutien àl’investissement afin de favoriser la compétitivité desentreprises agricoles du Québec. « Le secteur de latransformation alimentaire, il faut qu’il s’approvisionnedavantage en produits québécois, soutient Marcel Gro-leau. Ça interpelle directement la compétitivité des pro-duits québécois, parce que les transformateurs alimen-taires, c’est sûr qu’ils ont accès à des produits qui peu-vent provenir d’un peu partout sur la planète. Et la com-pétition est forte. » Le secteur de la transformation ali-mentaire constitue un des principaux débouchés de laproduction agricole, dont 70 % sont transformés auQuébec, selon les chiffres du gouvernement.

L’UPA espère aussi que la politique bioalimentairecontiendra des mesures pour assurer une meilleuregestion des risques. Elle aimerait notamment un ré-gime de stabilisation des revenus adapté à la volatilité

Nutrition:quatre mythesà déboulonnerC 2

RapportPronovost, 10 ans plus tard C 3

CAHIER SPÉCIAL C

Manger mieux

POLITIQUE BIOALIMENTAIRE

Des objectifsambitieux pour des moyensincertains

VOIR PAGE C 2 : OBJECTIFS

ISTO

CK

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A L I M E N T A T I O NL E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 7 E T D I M A N C H E 1 8 M A R S 2 0 1 8C 2

M A R T I N E L E T A R T E

Collaboration spéciale

L e monde de l’alimentation et ses nom-breuses tendances comportent leur lot de

mythes. En ce Mois de la nutrition, on en dé-construit quelques-uns avec la nutritionnisteCatherine Lefebvre.Se bourrer de vitamine C pour donner un coup depouce à son système immunitaire. C’est la fin dela saison de la grippe et du rhume qui, chaqueannée, revient en force avec la folie qui en-toure la consommation de vitamine C. Lesgens se font des jus avec des oranges et du gin-gembre frais pressés, prennent des supplé-ments vitaminiques, etc.

« C’est un mythe tenace, mais les études ré-centes de qualité montrent en fait que laconsommation de vitamine C n’a pas énormé-ment d’effets sur le système immunitaire », af-firme Catherine Lefebvre, nutritionniste.

D’autres éléments ont un impact grandementplus significatif.

«Comme avoir de saines habitudes de vie, cequi inclut de bien manger, de bien s’hydrater,de bien dormir et d’apprendre à mieux gérerson stress», précise-t-elle.Ce qui est végétalien ou sans gluten est néces-sairement santé. Depuis plusieurs années, on avu apparaître dans les épiceries de plus en plusde produits sans gluten. Et, plus récemment,une foule de produits végétaliens, du faux pou-let aux biscuits au chocolat, en passant par lefaux-mage, du fromage végétal.

«C’est bien que l’offre de produits se diversifie,mais plusieurs produits sont ultratransformés etont une liste d’ingrédients à n’en plus finir, avecnon seulement du sucre et du sel, mais aussi,toutes sortes d’additifs alimentaires, explique Ca-therine Lefebvre. Même s’ils sont sans gluten, ouexempts de produits animaux, ces aliments ultra-transformés demeurent de faible qualité.»

Elle croit que les gens aux prises avec la ma-ladie cœliaque devraient particulièrement s’enméfier.

« Ces personnes sont plus à risque que d’au-tres de souffrir de diarrhée et de malabsorp-tion, alors leur alimentation doit être de qualitéoptimale», dit-elle.

En outre, les produits végétaliens ne sont pastoujours le meilleur choix environnemental. Onn’a qu’à penser à la boisson d’amandes.

« Il faut beaucoup d’eau pour cultiver des

amandes qui sont produites principalement enCalifornie, où il y a souvent des sécheresses, in-dique Catherine Lefebvre. Puis, en les transfor-mant en boisson, on perd presque toutes les fi-bres et les protéines des amandes. Mieux vautvraiment les manger entières. »Choisir stratégiquement ses aliments pour avoirsuffisamment de nutriments. Le chou frisé estriche en vitamine C, K et A. Les avocats regor-gent de bons gras et d’antioxydants. Le gin-gembre est aussi riche en antioxydants et faci-lite la digestion.

« Oui, ces aliments sont bons pour la santé,mais ils ne font pas de miracles, assure la nutri-tionniste. Il ne faut pas penser qu’il suffit de les

consommer régulièrement pour avoir tout cedont on a besoin et pouvoir mal manger le restedu temps. Si on adopte une saine alimentation va-riée avec peu d’aliments transformés, on n’a pasà s’inquiéter d’un manque de nutriments. L’équi-libre se fait naturellement. Se forcer à inclure cer-tains aliments dans son alimentation pour éviterde manquer de quelque chose crée un stress eton risque de tomber dans l’orthorexie.»Boire des jus pour se détoxifier. Les Fêtes ontété marquées par les excès. L’hiver a été richeen nourriture réconfortante bien grasse et endesserts bien sucrés. C’est le temps de faireune petite cure de jus pour vous détoxifier, pen-sez-vous ? Vous faites complètement fausseroute, d’après Catherine Lefebvre.

« Le jus représente une grande quantité desucre libre qu’on ingère d’un coup, et ce, mêmes’il ne contient pas de sucre ajouté, affirme lanutritionniste, qui est également l’auteure du li-vre Sucre. Vérités et conséquences. C’est vrai-

ment ancré dans la tête des gens que le jus estla solution de rechange santé à la boisson ga-zeuse, mais ce n’est pas parce que c’est moinsmauvais que c’est bon pour autant. »

Ensuite, penser détoxifier son foie en buvantdes jus pendant une semaine est complètementfarfelu.

« C’est plutôt le contraire qui se produit, pré-cise-t-elle. Lorsqu’on ingère beaucoup de sucred’un coup, on l’emmagasine et une partie setransformera en gras. On peut donc à termesurcharger son foie en graisses en buvant beau-coup de jus. On ne peut pas effacer ses excès.Ce n’est pas un filtre que l’on change !»

Sa solution pour se détoxifier : changer seshabitudes de vie !

«Améliorer sa santé ne passe pas par un trucmiracle, précise Catherine Lefebvre. Il faut réa-liser des changements réels dans ses habi-tudes, à commencer par réduire sa consomma-tion d’aliments ultratransformés et bouger. »

MOIS DE LA NUTRITION

Quatre mythes à déboulonner

ISTOCK

La nutritionniste Catherine Lefebvre souligne que tout ce qui est végétalien ou sans gluten n’est pas forcément santé.

des prix des marchés pour tra-verser les périodes de fluctua-tions. Elle croit aussi que desrégimes d’assurances des ré-coltes seront nécessaires pourfaire face aux événements mé-téorologiques extrêmes dusaux changements climatiques,puisque les grêles, les pluiesabondantes ou les sécheressespourraient affecter les cultures.

Les changementsclimatiques, grandsoubliés?

Selon Guy Debailleul, pro-fesseur associé au Dépar te-ment d’économie agroalimen-taire et des sciences de laconsommation de l’UniversitéLaval, la question des change-ments climatiques a été l’unedes grandes oubliées durantla démarche de consultationmenée par le gouvernementdu Québec. « J’étais étonnéque ça prenne si peu de place,souligne-t-il. On sait que cesont des changements quivont s’opérer relativement viteet qui vont aussi concernerl’agriculture. » Même si leQuébec ne constitue pas l’en-droit où l’agriculture risque leplus de pâtir du réchauf fe-ment de la planète, il souligneque les bouleversements detempératures pourraient im-pliquer une adaptation desproductions agricoles. « Il fauts’y préparer, assure-t-il. Si on aun climat avec lequel on estplus en mesure d’avoir des ar-bres fruitiers ou des vignes,ce n’est pas une variété de blé

qu’on décide de semer du jourau lendemain. »

Guy Debailleul déplore aussique cer tains angles mor tsn’aient pas été abordés concer-nant l’enjeu de l’accès à laterre, dont les discussions sesont limitées aux dangers gé-nérés par la convoitise des in-vestisseurs extérieurs à l’agri-culture sur la spéculation. Àson avis, la concurrence entreproducteurs pour l’achat desterres a eu une influence surles rentes foncières. « Lesjeunes ont de plus en plus demal à avoir accès à la terre,parce qu’elle est devenue trèschère, remarque-t-il. C’est as-sez préoccupant que des agri-culteurs doivent dépenser desfor tunes pour avoir accès àcette terre. On sait déjà qu’ilsdoivent dépenser beaucouppour les quotas. Ça pénaliseénormément l’agriculture,dans la mesure où, quand vousavez acheté de la terre et quevous payez des quotas à fortprix, il ne vous reste plus beau-coup d’[argent disponible]pour améliorer les moyens deproduction et les techniques.»

En plus de considérationspour la relève agricole, M. De-bailleul espère que la politiquebioalimentaire contiendra desmesures adéquates pour favo-riser la production biologique.«On est obligé d’importer unepartie des produits biologiquespour répondre à la demandedes consommateurs, constate-t-il. Il y a manifestement des in-citatifs qui n’ont pas été mis enplace.»

Des mesurescosmétiques?

Maxime Laplante, président

de l’Union paysanne, ne se faitpas trop d’attentes. «Ce que jeredoute, c’est que le gouverne-ment va mettre sur la table unprojet de politique qui va êtreessentiellement cosmétique :on veut améliorer la visibilitédes produits du terroir, du bio,de l’agriculture de proximité.Il va y avoir des petites modifi-cations, mais — c’est mon ap-préhension — qui ne change-ront pas grand-chose au mo-dèle en place.»

Guy Debailleul affiche une in-quiétude similaire. « Je crainsqu’on ait un certain nombre demesures par tielles et ponc-tuelles qui répondront à cer-taines demandes des consom-mateurs, mais qui n’iront pas aufond des choses», explique-t-il.Pour s’attaquer aux racines desenjeux, il considère que le gou-vernement devrait accepter deréexaminer la per tinence detous les programmes mis enplace au fil des années. Or, unetelle démarche déplairait assu-rément à certains acteurs, etM. Debailleul ne s’attend pas àce que le gouvernement prennece risque durant une annéeélectorale.

SUITE DE LA PAGE C 1

OBJECTIFS L’industriebioalimentairereprésente au Québec :8% du produit intérieur brut12% des emplois9% des exportations4% des investissements

En marge des consultations menées parQuébec au sujet de sa future politique bioali-mentaire, la firme Léger a réalisé trois son-dages auprès de 1000 répondants chacunpour connaître les principales préoccupa-tions de la population sur les enjeux abordéspar la démarche. Dans le sondage consacréaux attentes des consommateurs, deuxpréoccupations se distinguaient, soit cellesdu prix des aliments et de l’hygiène des éta-blissements, respectivement souligné par82 % et 79 % des personnes interrogées.Quant à leur perception de l’industrie ali-mentaire, 73 % des répondants se sont mon-

trés soucieux de l’hygiène et de la salubritédes aliments, et 65 % du gaspillage et despertes d’aliments par les entreprises alimen-taires. Lorsque questionnés sur leur percep-tion du secteur de la production agricole etdes pêches commerciales, 72 % des répon-dants ont soulevé l’enjeu des conséquencesdes résidus des pesticides sur la santé de lapopulation comme principale préoccupation.L’utilisation d’antibiotiques et d’hormones decroissance chez les animaux et les poissonsd’élevages venait au second rang, cette ques-tion trouvant un écho chez 69 % des per-sonnes interrogées.

Une population préoccupée

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A L I M E N T A T I O NL E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 7 E T D I M A N C H E 1 8 M A R S 2 0 1 8 C 3

www.lequebecbio.com

Ce cahier spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, grâce au soutien des annonceurs qui y figurent. Ces derniers n’ont cependant pas de droit de regard sur les textes. Pour toute information sur le contenu, vous pouvez contacter Aude Marie Marcoux, directrice des publications spéciales, à [email protected].

Pour vos projets de cahier ou toute autre information au sujet de la publicité, contacter [email protected].

Il y a dix ans, le rapport Pronovost sur l’ave-

nir de l’agriculture et l’agroalimentaire a

été rendu public. Les réponses à la plupart

de ses recommandations se font toujours

attendre.

AGRICULTURE ET AGROALIMENTAIRE

Rapport Pronovost, 10 ans plus tard

Lors du dévoilement du rapport Pronovosten 2008, la recommandation qui a provoquéle plus de débats dans l’espace public a sansdoute été celle qui demandait la reconnais-sance d’une pluralité d’associations profes-sionnelles en agriculture au Québec. « Il n’yaurait pas dû avoir cette recommandationconcernant l’accréditation syndicale, juge leprésident de l’UPA, Marcel Groleau. Cela adétourné l’attention du rapport et empêchéqu’il y ait une vraie démarche sur les autresrecommandations du rapport. »Questionné dix ans plus tard au sujet de cetterecommandation, Jean Pronovost persiste etsigne. «Je la trouve toujours pertinente», af-firme-t-il. Il tient en revanche à souligner qu’ellea parfois été mal interprétée. «La commissionque j’ai présidée n’était pas du tout, mais vrai-

ment pas du tout, contre le syndicalisme agri-cole», précise-t-il. Il rappelle qu’historiquement,l’approche préconisée jusqu’ici a permis d’amé-liorer les conditions salariales des agriculteurs,de les protéger contre les variations de prix etd’assurer une relative stabilité dans les revenusagricoles. «Maintenant, les agriculteurs tien-nent cela pour acquis, dit Jean Pronovost. Je lescomprends, mais ils prennent cela tellementpour acquis que changer en agriculture, au Qué-bec, ça devient très difficile.» Il ajoute que lesyndicalisme agricole actuel, limité à un seulsyndicat, «fait en sorte que toutes les voix dissi-dentes sont découragées […] On a recom-mandé qu’il y ait au moins un autre syndicatpour que la discussion soit plus ouverte».« Le rapport Pronovost suggérait des modali-tés de façon à ne pas permettre à n’importe

quelle association d’obtenir l’accréditation of-ficielle », rappelle Maxime Laplante, présidentde l’Union paysanne. En effet, le documentsuggérait notamment que pour être reconnue,une association devait démontrer à la Régiedes marchés agricoles et alimentaires du Qué-bec qu’elle représentait un nombre significatifde producteurs et disposait d’une structurede représentation dans plusieurs régions.L’Union paysanne, lors de sa création, a étéenregistrée comme une association profes-sionnelle pour lancer un message. En 2016,elle s’est convertie en organisme à but non lu-cratif afin d’aller chercher des contributionsen dons ou en subventions, puisqu’elle nepeut pas exiger des frais élevés à ses fermiersmembres, qui sont déjà obligés de payer la co-tisation de l’UPA.

Monopole syndical : une pomme de discorde

La création récente du Conseil des poli-

tiques alimentaires montréalais (CPA-Mtl)

permettra aux différents maillons du sec-

teur alimentaire de la région montréalaise

d’interagir et d’avoir ainsi une action plus ef-

ficace. Le CPA-Mtl poursuit l’objectif du Sys-

tème alimentaire montréalais (SAM),

amorcé en 2011, soit mieux s’alimenter, de

façon plus diversifiée, plus locale et plus en

accord avec le développement durable.

CONSEIL DES POLITIQUESALIMENTAIRES

Vers uneapproche plusglobale del’alimentationUnir les forces vives

du secteur alimentaire

montréalais

S T É P H A N E G A G N É

Collaboration spéciale

S’ alimenter sainement fait consensus au-jourd’hui. Et pourtant, des problèmes per-

sistent. À Montréal, 60 % des citoyens ont unefaible consommation de fruits et de légumes etun résidant sur dix connaît l’insécurité alimen-taire. Par les actions de ses 250 partenaires lo-caux et régionaux, le SAM cherche à atténuerces problèmes et d’autres (par exemple, lespertes et le gaspillage alimentaire) sur l’île deMontréal. D’ici la fin du printemps, son travailsera encore plus efficace, car il se transformerapour intégrer le mandat du CPA-Mtl.

Le CPA-Mtl et sa raison d’être« La création du CPA-Mtl permettra la mise

en œuvre des engagements pris lors de la si-gnature par la Ville de Montréal du Pacte deMilan en 2015 », affirme Ghalia Chahine, coor-donnatrice du SAM et du CPA-Mtl. Ce pacte, si-gné par 163 villes dans le monde, vise à mettreen place des actions locales en gouvernance ali-mentaire, en alimentation durable et saine, enéquité sociale et économique, en prévention du

JACQUES NADEAU LE DEVOIR

L’un des projets du Système alimentaire montréalaisa pour objectif de réduire le gaspillage alimentaire.

VOIR PAGE C 5 : APPROCHE

E T I E N N E P L A M O N D O N E M O N D

Collaboration spéciale

D e la «déception». C’est ce que ressent à ti-tre personnel Jean Pronovost, près de

10 ans après le dévoilement du rapport intituléAgriculture et agroalimentaire : assurer et bâtirl’avenir, associé étroitement à son nom. En2006, un décret gouvernemental avait lancé laCommission sur l’avenir de l’agriculture etl’agroalimentaire québécois (CAAAQ). JeanPronovost en était le président. Avec un budgetde plus de 3 millions, une vaste consultation aété mise en branle en 2007 et s’est déplacéedans 27 villes de la province. Plus de 800 per-sonnes avaient été entendues et 770 mémoiresavaient été recueillis. Le 31 janvier 2008, laCommission a remis son rapport de plus de250 pages au ministre de l’Agriculture, des Pê-cheries et de l’Alimentation, Laurent Lessard,qui détenait alors ce portefeuille qu’il a reprisdepuis janvier 2017.

Une fois rendues publiques, certaines conclu-sions ont provoqué des remous, notammentcelle qui remettait en question le monopole syn-dical dans le secteur agricole (voir encadré). Lerapport a été tabletté et la plupart de ses recom-mandations sont restées sans suite. Au-delà desa déception personnelle, Jean Pronovostconsidère que dans une perspective de bienpublic, son rapport contenait « une série deconstats dont on aurait dû tenir compte avantaujourd’hui».

Jean Pronovost poursuit aujourd’hui son plai-doyer pour une agriculture multifonctionnelle,plurielle et durable. À ses yeux, l’agriculturequébécoise doit être diversifiée pour se mon-trer plus résiliente. «Une bonne agriculture, cen’est pas une agriculture qui repose sur uneseule production, un seul procédé de produc-tion ou une seule méthode de production. C’estune agriculture qui table sur une variété de pro-duction par une variété d’établissements, defermes ou d’organisations, qui elles-mêmespratiquent toute une série de démarches agri-coles et de techniques appropriées. »

L’Institut Jean-Garon, dont Jean Pronovostest aujourd’hui le président, a réalisé un suivisur les 49 recommandations qui avaient étéfaites dans le rapport. Quelques-unes ont reçuun écho, comme la révision du conseil d’admi-nistration de la Financière agricole, mais ellesdemeurent des exceptions. Certaines ont étépar tiellement réalisées, d’autres semblentavoir été ignorées. Par exemple, les recom-mandations de traiter le territoire agricole

comme un patrimoine collectif, de prioriserles questions relatives à la santé et au respectde l’environnement dans la recherche en agri-culture et d’assouplir le système de mise enmarché collective n’ont eu aucune suite. Il enva de même pour l’appel fait au gouvernementdu Québec d’exercer un leadership auprès desautres gouvernements pour l’adoption de me-sures à l’égard des organismes génétiquementmodifiés (OGM).

« On a perdu 10 ans pour mettre en place lesbases d’une nouvelle politique agricole », sedésole Guy Debailleul, professeur associé à laFaculté des sciences de l’agriculture et de l’ali-mentation de l’Université Laval. « Le rapportPronovost établissait qu’il y avait dans le fonc-tionnement de l’agriculture, tel qu’il a été ana-lysé à l’époque, un certain nombre de rigiditéset qu’il fallait introduire plus de fluidité dansles programmes et favoriser la diversité. Cesorientations devaient passer par des remisesen cause des politiques qui prévalaient àl’époque. Ces constats de rigidité, on ne peutque les observer de manière encore plus fla-grante aujourd’hui. »

Jean Pronovost observe que depuis le dépôtde son rapport, de nouveaux enjeux sont appa-rus ou ont pris de l’importance. Les change-ments climatiques, entre autres, « étaientconnus et prévus, mais n’avaient pas le degréd’urgence qu’ils peuvent avoir aujourd’hui »,indique-t-il. Il remarque aussi une conscienceaccrue pour les questions de santé publique.« Aujourd’hui, on sent que les gens ont changéleurs habitudes ou sont prêts à les changer en-core plus profondément concernant la nourri-

ture, obser ve-t- i l . La variété de ce qu’ilsconsomment, ainsi que les enjeux de sécuritéet de santé associées à ce qu’ils consomment,ce sont des facteurs qui pèsent plus lourddans la balance. »

Marcel Groleau, président de l’Union desproducteurs agricoles, considère pour sa partque la situation du secteur agricole s’est amé-liorée au Québec depuis le dépôt du rapport dela CAAAQ. Il prend pour preuve le nombred’entreprises agricoles au Québec détenantune certification biologique, s’élevant à 1547selon les plus récents chiffres du Conseil desappellations réservées et des termes valori-sants (CARTV). « Sur certains éléments, l’UPAétait d’accord sur une politique pour dévelop-per l’approvisionnement local, les marchés lo-caux, la souveraineté alimentaire », af firmeMarcel Groleau. Néanmoins, l’UPA a mani-festé à l’époque son désaccord envers plu-sieurs recommandations du rappor t Prono-vost. Dans plusieurs cas, elle maintient ses po-sitions. Outre la question de la pluralité syndi-cale, elle s’oppose à une révision du pro-gramme d’assurance stabilisation des revenusagricoles (ASRA). Le rapport Pronovost suggé-rait de le remplacer progressivement par unprogramme universel relié aux particularitésdu milieu. L’UPA s’oppose aussi aux modifica-tions à la Loi sur la mise en marché des pro-duits agricoles, alimentaires et de la pêche, quiétaient proposés dans le document. « Ce n’étaitpas une bonne idée. La loi sert aujourd’hui trèsbien le Québec », juge le président de l’UPA,en évoquant les succès du secteur acéricole etde celui du porc.

ISTOCK

Une fois le rapport Pronovost rendu public, il a été tabletté et la plupart de ses recommandations sont restéessans suite.

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A L I M E N T A T I O NL E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 7 E T D I M A N C H E 1 8 M A R S 2 0 1 8C 4

Tamara Cohen, nouvelle chercheuse en nutrition et en mode de vie au Centre PERFORM de

l’Université Concordia, veut contribuer à améliorer la situation en trouvant les façons les

plus simples d’aider les gens à atteindre ou à maintenir un poids santé.

POIDS SANTÉ

L’importance du soutien et des objectifs réalistesBien que la saine alimentation et l’exercice fassent de plus en plus partie des préoccupations des Québécois, l’atteinte d’un poids santé tout au long de la vie est toutefois encore difficile

J E A N - F R A N Ç O I S V E N N E

Collaboration spéciale

S elon Recyc-Québec, entre30 et 40 % des aliments

sont gaspillés au Canada etprès de la moitié de ce gaspil-lage se fait par les citoyens.Pour y remédier, l’une des mé-thodes les plus efficaces restede diminuer ses achats, pourne prendre que les quantitésrépondant à nos besoins. Saufque c’est souvent plus facile àdire qu’à faire. Les produits enépicerie sont généralementvendus dans des contenantsou emballages standards et nevous laissent que peu de choixquant aux quantités.

H e u r e u s e m e n t , d e p u i squelques années, les épiceriesspécialisées dans la vente deproduits en vrac se multi-plient. À Québec, cer tainesont pignon sur rue depuis desdécennies, comme L’Ère duvrac ou Le Crac, mais d’autressont plus nouvelles, comme LaRécolte, située sur la 3e Ave-nue dans Limoilou. Lors deson ouverture, en décembre2016, elle est devenue la pre-mière épicerie à offrir exclusi-vement des produits en vrac.

Écologique et économique

La propriétaire, Flavie Mo-rin, explique que la mission deLa Récolte vise à réduire le su-remballage et le gaspillage ali-mentaire. Les clients se présen-tent avec leurs propres conte-

nants et achètent les différentsaliments dans les quantités deleur choix. La Récolte se spé-cialise surtout dans les ingré-dients secs, comme les épices,riz, farines, grains, thé ou café,ainsi que dans les huiles et vi-naigres. On y trouve aussi desproduits corporels, comme dushampoing, du sel d’Epsom oude la pierre d’alun, ou encoredes produits nettoyants.

« Nous avons démarré mo-destement, avec des produitsque nous connaissions, mais lechoix de produits a doublé enun an, notamment après desdemandes des clients », ex-plique Flavie Morin.

Cette dernière a aussi nouédes ententes avec des produc-teurs locaux, comme le pro-ducteur de kombucha Vee, oul’apiculteur Rucher des bassesterres, qui leur fournit du mielen vrac et de la cire d’abeille.La Récolte sert également depoint de dépôt à la Coopéra-tive La Mauve. Les clients peu-vent donc passer y prendreleur panier de fr uits et lé-gumes biologiques.

« Nous voulons attirer desgens soucieux de l’environne-ment, bien sûr, mais aussiceux qui souhaitent faire deséconomies, car nos prix sonttrès concurrentiels », expliquela commerçante.

Une telle entreprise ne vapas sans défis. Il faut d’abords’assurer d’adopter des stan-dards d’hygiène très élevés.Lorsque les produits sont of-

ferts en vrac, c’est crucial. Ilfaut aussi apprendre à gérerun commerce en croissance. À27 ans, Flavie Morin n’avaitpas elle-même beaucoup d’ex-périence en entrepreneuriat.La première année en a doncété une d’apprentissage in-tense de tout ce qui est marke-ting, gestion des ressourceshumaines, etc. Toutefois, sonpère et sa mère ont chacunleur propre boutique sur l’ave-nue Car tier, alors que sonbeau-père a longtemps été pro-priétaire de l’épicerie Picardie.Elle peut donc compter sur desolides mentors.

Épicerie complèteÀ Montréal aussi les épice-

ries de vrac fleurissent. On yretrouve Méga vrac, Vrac &Bocaux ou encore NousRire,

une boutique en ligne qui livreà dif férents points de chute.Les clients font donc leur com-mande en ligne avant de serendre à un point de rendez-vous avec leurs propres potset sacs, lesquels sont remplissur place.

Les quartiers Villeray et Ver-dun comptent quant à eux dés-ormais sur des succursales del’épicerie Loco. Sophie Macca-rio, Andréanne Laurin, Marie-Soleil L’Allier et Martine Ga-riépy sont d’anciennes col-lègues étudiantes en environ-nement de l’Université du Qué-bec à Montréal. Elles ont eul’occasion de développer desliens étroits lors d’un séjour enAmazonie en 2014, pour lequelelles ont notamment menéune campagne de financementensemble.

Les quatre comparses cher-chaient des moyens de réduireleur production de déchets,notamment celle liée à laconsommation de produits ali-mentaires ou quotidiens (net-toyants, cosmétiques, etc.).«Nous avons vite constaté quecela exigeait de faire l’épiceriedans plusieurs magasins diffé-rents, ce qui n’est pas pra-tique, explique Sophie Macca-rio. Nous avons donc voulufonder une épicerie en vracdotée d’une offre complète. »

De fait, on trouve de tout àl’épicerie Loco. Les produitssecs bien sûr, mais aussi desproduits frais, y compris du laitou du yogourt, du prêt-à-man-ger préparé par un traiteur, desproduits congelés, des pro-duits de soins corporels ou net-toyants, des boissons (toujoursen bouteilles consignées) etdes accessoires comme destampons démaquillants ou deslivres. De tout donc… sauf dela viande. «Nous avons un peude poisson provenant de lapêche responsable, mais nousavons fait le choix d’éviter laviande, explique Sophie Mac-cario. C’est un produit com-plexe à conserver, et la produc-tion de viande est très taxantesur le plan environnemental.»

Le vrac pose des exigencesparticulières, notamment pourles produits frais. Cela com-mence avec la livraison. Lescofondatrices de Loco souhai-tent que les producteurs leurlivrent leurs aliments en pro-

duisant le moins de déchetsd’emballage possible. Il fautdonc discuter avec eux afin detrouver des manières de livrersans emballage ou avec desemballages réutilisables. Ilfaut aussi développer desmoyens de bien conser vertous ces aliments en vrac.« C’est passionnant, car nousavons dû apprendre à connaî-tre à fond les dif férents ali-ments et les méthodes de pro-duction et de conservation, ra-conte Sophie Maccario. Noustravaillons assez peu avec desdistributeurs, nous avons plu-tôt des liens directs avec lesproducteurs. Leurs conseilssur la conservation nous sontd’une aide précieuse.»

C’est d’autant plus utile queles clients sont curieux et po-sent beaucoup de questionsen magasin sur chacun desaliments et les meilleures ma-nières de les conserver ou deles cuisiner. Les gens en épi-ceries deviennent ainsi descourroies de transmission deconnaissances entre les pro-ducteurs et les clients.

Les clients font aussi denombreuses propositions. Lescofondatrices misent beau-coup sur les médias sociauxpour les recueillir, ainsi quesur des moyens plus tradition-nels, comme une bonne vieilleboîte de suggestions dansl’épicerie. Elles peuvent ainsiadapter leur offre pour mieuxrépondre aux besoins desclients.

Objectif zéro déchetDes épiceries vous laissent choisir vos propres quantités pour éviter le gaspillage

GUILLAUME LEVASSEUR LE DEVOIR

Depuis quelques années, les épiceries spécialisées dans la vente deproduits en vrac se multiplient.

M É L A N I E G A G N É

Collaboration spéciale

E lle a déjà quelques tours dans son sac…Dans le cadre de son doctorat en nutrition

à l’Université McGill (2011-2017), Mme Cohen amené une étude d’inter vention avec des en-fants en surplus de poids et leur famille, afin detrouver une formule efficace pour les aider àperdre du poids. La simplicité est la clé, selonla chercheuse : « J’aide les gens à se fixer despetits buts, à faire un pas à la fois. Au départ, ilfaut choisir un changement qu’on peut faire fa-cilement, réussir, et poursuivre le processus,un pas à la fois. Quand on le dit, c’est simple,mais ce n’est pas facile pour autant. » Pour cetteétude, Tamara Cohen a suivi 78 enfants âgés de

6 à 8 ans ainsi que leur famillependant un an.

Les résultats de l’étude doc-torale de Mme Cohen montrentque les jeunes qui ont réussi àfaire diminuer leur indice demasse corporelle (IMC) ontdes points en commun qui nese situent pas au niveau du sta-tut social : « Le surplus depoids concerne tout le monde !Un enfant qui a un surplus de

poids, autant qu’un adulte, a besoin de soutiende la part des membres de sa famille ou de sesamis. C’est très important ! J’ai demandé quetoute la famille s’engage dans l’étude. Toute lafamille devait participer, apprendre à mieuxmanger, faire de l’exercice tous les jours, dansle plaisir. Ce n’est pas facile, et c’est pour celaque recevoir du soutien de ses proches esttrès important. »

Ce qui cause un surplus de poidsSelon les plus récentes données recueillies

par l’Observatoire des tout-petits, un enfant de3 à 5 ans sur trois ne suit pas les recommanda-tions en matière d’activité physique. TamaraCohen affirme d’ailleurs que l’environnementest la principale cause du surplus de poids :«C’est le plus grand facteur. Il faut bouger tousles jours, au moins une heure. Dans l’activitéphysique, il y a aussi le transport. Est-ce queles gens marchent pour aller à l’école ou au tra-

vail ? Prennent-ils un transpor t en communpour dépenser plus d’énergie qu’en utilisantleur voiture ? Ce sont des choses auxquelles ilfaut réfléchir. »

Tamara Cohen suggère aux gens de voir l’ali-mentation dans son ensemble et de ne pas êtretrop sévères envers eux-mêmes. «On a mangétrop de gâteau aujourd’hui ? On assume ! Onlaisse derrière et demain on recommence lesbonnes habitudes. C’est ça, la vie ! On sort, onrencontre des amis, la famille, on fête. On peutfêter, se permettre des écarts, mais il faut seule-ment être conscient que chaque jour n’est pasune grande célébration», explique-t-elle. Pour lachercheuse, aucun aliment n’est mauvais ou in-terdit : « Il faut être conscient de nos portions.C’est beaucoup une question de portions. Mêmeles aliments sains mangés en trop grande quan-tité deviennent mauvais pour la santé.»

Marcher, tout simplementComme pour l’alimentation, la chercheuse

prône la simplicité en ce qui concerne la pra-tique d’activités physiques. Elle invite les indivi-dus à se fixer des objectifs réalistes : « Ça nedonne rien de suivre une diète sévère quidonne des résultats rapides, mais qui est im-possible à tenir à long terme. Il ne faut pas nonplus s’inscrire à un marathon. Ce n’est pas réa-liste ! Au bout du compte, le corps gagne. C’estce que je dis toujours. Si on fait de grands chan-gements rapidement, le corps est en choc. Iln’aime pas ça. Il réagit. Ce sont de petits chan-gements qui permettent d’atteindre un poidssanté à long terme. Donc, marchez en familledans votre quartier, jouez dehors, faites des ac-tivités en famille tous les jours. Pas besoin decourir si vous n’en avez pas l’énergie ou l’envie !Je suis une maman, je comprends qu’on n’a pastoujours l’énergie. »

Une nouvelle étude au CentrePERFORM

Mme Cohen est chercheuse de la FondationR.-Howard-Webster au Centre PERFORM de-puis un mois. Elle y poursuivra ses recherchespour comprendre les comportements qui per-mettent l’obtention d’un poids santé tout aulong de la vie. Elle amorcera bientôt une étudesur les compor tements alimentaires des

adultes à laquelle le public pourra prendrepart. La chercheuse aime beaucoup l’approchecollaborative et interdisciplinaire de son nou-veau milieu de travail : « Ce qui est très intéres-sant ici, c’est qu’il y a toutes sortes d’expertsavec qui je peux travailler pour mieux com-prendre le fonctionnement du corps, le surplusde poids, la perte de poids. Il y a des expertsen nutrition, en exercice physique, en som-meil, etc. On a aussi de l’équipement, des ou-tils pour observer ce qui arrive au corps, auxos, au cerveau, lorsque l’on vit avec un surplusde poids. Cela nous permettra de comprendrele problème dans son ensemble. »

Le Centre PERFORM s’est donné pour mis-sion de devenir un chef de file mondial sur leplan de la recherche, de l’engagement commu-nautaire et de l’éducation dans le domaine del’amélioration de la santé. On y trouve huit plate-formes matérielles interreliées : une clinique dethérapie du sport, une salle d’observation car-

diopulmonaire, une salle d’analyse clinique, uneaire de conditionnement physique, un labora-toire d’évaluation des capacités fonctionnelles,une salle d’imagerie, une salle de nutrition et unlaboratoire du sommeil. «On a beaucoup de pro-grammes pour la communauté, pour encouragerles gens, mais peu de personnes à Montréal lesconnaissent. Des participants sont constammentrecherchés. Les besoins sont affichés sur notresite Web», raconte Tamara Cohen.

Mme Cohen souhaite également poursuivreses recherches avec les enfants : « Il y a des be-soins. Il faut aider les gens à faire des change-ments d’habitudes en famille, dire aux parentsque c’est surtout au médecin ou au nutrition-niste de peser les enfants, guider les gens versun retour à la base, c’est-à-dire comprendrepourquoi ils mangent et décoder les signaux desatiété. Tout le monde sait ça. Mais pour passerà la pratique, on a besoin de beaucoup d’aide,de trucs, de conseils et de soutien.»

Tamara CohenPEDRO RUIZ LE DEVOIR

La chercheuse en nutrition Tamara Cohen prône la simplicité en ce qui concerne la pratique d’activitésphysiques, comme la marche en famille.

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A L I M E N T A T I O NL E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 7 E T D I M A N C H E 1 8 M A R S 2 0 1 8 C 5

gaspillage alimentaire et enapprovisionnement, distribu-tion et production alimentaire.

Des CPA comme celui deMontréal, il en existe déjà 300en Amérique du Nord (dont unà Vancouver, à Boston et à To-ronto, le plus vieux de tous).« Chaque CPA fonctionne se-lon ses priorités propres, au-cun ne se ressemble, af firmeGhalia Chahine. À Montréal,nous travaillons à élaborer no-tre formule, et elle sera présen-tée avant l’été.»

On sait déjà que le CPA-MTL sera multidisciplinaire etmultisectoriel. Il se composerade 16 membres (7 membresstatutaires et 9 issus de la so-ciété civile) qui travailleronten collaboration avec le MA-PAQ, la Direction de la santépublique, la Ville de Montréalet Québec en forme.

Les actions du SAMEntre-temps, le SAM pour-

suit son action. Ainsi, le réseauet ses partenaires ont mis enœuvre plus de 30 actions colla-boratives de 2014 à 2016. Dansle cadre du plan d’action 2017-

2019, 12 nouveaux projets sontmis en branle. Des projets quise déploient dans quatre chan-tiers thématiques : sécurité ali-mentaire, agriculture urbaine,approvisionnement institution-nel, alternatif et solidaire etperte et gaspillage alimentaires.

« Chacun de ces 12 projetssera porté par nos partenaires,car ce sont eux qui possèdentl’expertise, dit Mme Chahine.Le SAM n’assure qu’un rôle decoordination.»

Quelques exemples de projets

Parmi ces projets, certainsse démarquent par leur façonde rejoindre le public ou d’ac-croître les connaissances enalimentation. C’est ainsi quedans le volet sécurité alimen-taire, Les Marchés publics deMontréal (MPM) implante-ront deux nouveaux marchéssolidaires (où l’on vend des ali-ments sains et locaux) auxabords des stations de métrode Montréal.

Au chapitre de l’agricultureurbaine, le groupe Alternativesorganisera des foires agricolesurbaines dans les quartiers deMontréal. Le groupe souhaiteainsi aider la population àadopter de meilleures pra-tiques en agriculture urbaine

et lui permettre de découvrirdes produits et services mis enmarché par les entreprises dela région.

Du point de vue institution-nel, Équiterre poursuivra etétendra à d’autres écoles de larégion son programme Écolesenracinées. Ce programme apour objectif de promouvoirles aliments locaux et biolo-giques dans les écoles de l’îlede Montréal. L’un des moyenspour y parvenir consiste à met-tre en place des campagnes definancement en vendant despaniers biologiques de produc-teurs locaux (au lieu de vendredu chocolat, par exemple).

Dans le volet gaspillage ali-mentaire, un organisme (dontle nom n’est pas encore connu)dressera un portrait des perteset du gaspillage à Montréal.On tentera d’estimer les quan-tités perdues, gaspillées et ré-cupérées sur le territoire. Se-lon Mme Chahine, il est très im-portant d’avoir ces données,car elles permettront de mieuxcibler les mesures à prendrepour réduire le gaspillage etles pertes.

De beaux projets en pers-pective qui amèneront lesMontréalais à mieux s’alimen-ter et à réduire le gaspillagealimentaire.

SUITE DE LA PAGE C 3

APPROCHE

M A R T I N E L E T A R T E

Collaboration spéciale

L es ventes des aliments biologiques sonten croissance au Québec, mais le frein nu-

méro un des consommateurs pour l’achat deces produits est leur prix plus élevé. La Fi-lière biologique du Québec a décidé de s’y at-taquer en montrant aux Québécois pourquoice type de production vaut son coût, notam-ment en matière de santé et de protection del’environnement.

Plus de 60% des consommateurs ont invoquéle prix des aliments biologiques comme princi-pal frein à l’achat, d’après deux sondages réali-sés ces dernières années par la Filière biolo-gique du Québec, dont la mission est de déve-lopper le secteur du bio québécois. C’est le caspour toutes les catégories d’âge et de profil.

Si l’écart des prix entre les produits bios ettraditionnels tend à se réduire depuis quelquesannées grâce à l’augmentation des volumes deventes dans le biologique, le mode de produc-tion génère tout de même davantage de coûts.

« Lorsque les gens comprennent mieux lesexigences des producteurs et des transforma-teurs de produits bios, ils ont tendance à ac-cepter davantage de payer plus pour se lesprocurer », explique Daniel Dubé, membre duconseil d’administration de la Filière biolo-gique du Québec et propriétaire du Rachelle-Béry de Saint-Sauveur.

Les avantages du bio«C’est certain que, si on n’utilise pas d’herbi-

cides, il faut prendre le temps de sarcler, puis sion n’utilise pas de pesticides, il faut essayerd’autres techniques pour lutter contre les enne-mis des cultures », explique Alain Rioux, coor-donnateur de la campagne «Le bio d’ici, ça vautle coût» de la Filière biologique du Québec.

Et ce n’est pas tout. Le site de la campagne(www.lequebecbio.com) décrit les grands avan-tages d’opter pour le biologique dans les diffé-rentes catégories d’aliments. Par exemple, pourles produits de l’érable, on apprend entre au-tres que les producteurs ont l’obligation d’utili-ser du matériel répondant à des exigences éle-vées, notamment en ce qui concerne la qualitédes soudures. Ainsi, alors qu’une ententeconclue avec la Californie oblige les acéricul-teurs québécois à se débarrasser de leurs outilsqui contiennent du plomb pour 2020, c’est déjàla norme dans le bio.

Pour les produits laitiers, les animaux ont ac-cès à l’extérieur et on n’utilise pas de pesti-

cides, d’OGM et d’engrais minéraux dans lespâturages.

Pour les viandes, l’élevage bio bannit les anti-biotiques, les hormones de croissance et les co-lorants synthétiques.

La raison principale pour laquelle les gensachètent du bio demeure d’ailleurs leur as-pect santé (89 % des gens). Mais la Filièrevoit dans ses sondages une évolution dans lesmotivations.

Par exemple, le goût des aliments incitemaintenant 74 % des consommateurs de bio àfaire ce choix.

Un secteur en croissanceSi les motivations varient, il est incontestable

que le marché mondial pour les produits certi-fiés biologiques connaît une croissance soute-nue. Il est passé de 35 milliards en 2006 à prèsde 100 milliards en 2016. Ces aliments comp-tent maintenant pour environ 5% de la consom-mation mondiale.

« Franchir le seuil de 5 % est une étape im-portante parce qu’on sort alors du marché spé-cialisé pour aller vers le créneau de masse, as-sure M. Rioux. Les détaillants n’ont plus lechoix de prendre ce marché en considérationparce qu’il y a un volume maintenant. Puis,c’est là qu’il y a une progression intéressantedes ventes. On parle d’environ 10 % par annéedepuis 10 ans. »

La moitié des Québécois consomment déjàdes aliments biologiques, dont 20 % sur unebase quotidienne. Il n’est donc pas surprenantde voir les points de vente se multiplier au Qué-bec. En plus des magasins spécialisés, lesgrandes surfaces développent aussi davantagece créneau et cherchent des fournisseurs afinde répondre à la demande.

« Les détaillants demandent de plus en plusaux transformateurs d’avoir des produits biolo-giques dans leur gamme, constate le coordon-nateur de la campagne « Le bio d’ici, ça vaut lecoût » de la Filière biologique du Québec. Lestransformateurs qui ne prennent pas le viragerisquent d’avoir un accès plus limité au marché,alors on voit beaucoup d’effervescence en cemoment à ce niveau. Déjà, 702 sites font de latransformation biologique au Québec.»

Les résultats surpassent les attentesAvec sa campagne « Le bio d’ici, ça vaut le

coût», la Filière biologique du Québec souhaiteavoir un impact à la fois sur les consomma-teurs, les producteurs, les transformateurs etles détaillants afin de soutenir cette transition.

C’est sur le Web que la Filière multiplieses actions. Du 15 juillet au 31 décembre 2017,les dif férentes initiatives sur les médias so-ciaux ont été vues 38 millions de fois et ontdonné lieu à près de 250 000 visites sur le siteWeb de la campagne.

« Les résultats sont au-delà de nos espé-rances, affirme M. Rioux. Il y a vraiment un at-trait pour le bio sur le Web. Les gens réagissent

fort, ils veulent de l’information.»« Le bio va bien au Québec, mais nous sou-

haitons que les Québécois achètent plus de biod’ici pour qu’on puisse réduire les importa-tions, indique Daniel Dubé. Avec la campagne,nous voulons montrer à tous les acteurs que levirage est sérieux, qu’il vaut la peine d’investirdes ressources pour le prendre et que lesconsommateurs sont au rendez-vous.»

ALIMENTS BIOLOGIQUES

Manger de plus en plus bio et local

ON A TOUSUNE PART DERURALITÉQUELLE ESTLA VÔTRE?

FAITES LE TESTtousruraux.quebec

Le bio au Québec en chiffres2025, nombre d’entreprises présentes dans le bio au Québec (en date de janvier 2018). C’était 1660 l’an dernier, à pareille date.Près de 10 000, nombre de produits biologiques québécois offerts sur le marché. C’était 8900 l’an dernier.50%, part des Québécois qui consomment des aliments biologiques.

JACQUES NADEAU LE DEVOIR

Les aliments biologiques comptent maintenant pour environ 5 % de la consommation mondiale. Le marché des produits certifiés biologiques est passé de 35 milliards en 2006 à près de 100 milliards en 2016.

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expomangersante .com

Alimentation saine

SantéglobaleÉcologie

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Présenté par :

QUÉBEC 17-18 MARS

Centre des congrès

MONTRÉAL 23-24-25 MARS

Palais des congrès

ECARSongrès

ÉALMARS

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expomangp g

M2

Entrée : 15$ / Étudiant et 65 ans et + : 12$ 16 ans et moins : Gratuit

à ne pasmanquer!

«I nciter les gens à la découverte et faire connaître les bénéfices d’un mode de vie sain », voilà le souhait de Renée Frappier, présidente et fondatrice de

l’Expo manger santé et vivre vert. Tenue cette fin de semaine au Centre des congrès de Québec, puis du 23 au 25 mars au Palais des congrès de Montréal, la 21e édition de ce rendez-vous santé-saveur réunira près de 350 exposants et conféren-ciers. Au total, 35 000 visiteurs y sont attendus. Lancé en 1997 au collège de Maisonneuve, l’Expo manger santé et vivre vert est un événement annuel qui a pour objectif de faire connaître au grand public l’incidence d’une nutrition saine et d’un mode de vie respectueux de l’environnement sur la santé des individus, des collectivités et de la planète. À chacune de ses éditions, il réunit une panoplie d’exposants issus des secteurs de l’ali-mentation, de l’agriculture biologique, de l’écolo-

gie, des cosmétiques, des produits ménagers, de la mise en forme et des services thérapeutiques. « Quand on a commencé, il y avait 90 exposants, se souvient Mme Frappier. Notre but, c’était surtout de mieux faire connaître la cuisine végétale et le bio. La clientèle était assez ciblée. Les gens qui venaient avaient en général déjà fait une démar-che personnelle. »Vingt et un ans plus tard, l’Expo poursuit toujours un objectif d’information et de sensibilisation, mais a beaucoup évolué ! Son succès ne cesse ne croître et se traduit notamment par une augmenta-tion constante de sa clientèle.« L’an dernier, on a eu 9000 visiteurs à Québec et 24 000 à Montréal, indique Mme Frappier. Cette année, on pense en accueillir 35 000. La clientèle est de plus en plus diversifiée. Des hommes, des femmes, des personnes âgées et de plus en plus de jeunes viennent à l’Expo. Il faut dire que l’intérêt pour l’alimentation, le végétarisme et la santé globa-le a grandi au fil des ans et que beaucoup plus de gens se montrent ouverts aujourd’hui à un change-ment d’habitudes alimentaires et de mode de vie. »

Un événement écoresponsableEn plus d’encourager les visiteurs de l’Expo à adopter de saines habitudes de vie, ses promo-teurs s’efforcent d’en faire un événement chaque année plus écoresponsable. Aujourd’hui, toutes les étapes de son organisation intègrent les princi-pes du développement durable.« On essaie le plus possible d’être cohérents avec les valeurs qu’on véhicule, souligne Mme Frappier. Chaque fois qu’on trouve un moyen d’améliorer nos procédés, on l’applique. »Cela se traduit de plusieurs manières. Par exemple, toutes les communications qui doivent être impri-mées dans le cadre de l’événement sont faites sur du papier 100 % postconsommation, fabriqué au Québec, sans chlore, à partir de l’énergie biogaz. Également, l’ensemble de la vaisselle utilisée dans les stands est compostable et un tri des déchets est réalisé par l’équipe de l’Expo sur place afin que les processus de recyclage et de compostage de la nourriture soient optimisés.« Il y a aussi un important travail de sensibilisation qui est fait auprès des exposants, assure la prési-

dente fondatrice de l’Expo manger santé et vivre vert. On le fait de façon constante et persévéran-te ! Cette année, par exemple, on les sensibilise à réduire la quantité d’ustensiles et de contenants qu’ils utilisent. On leur demande aussi de s’assurer de ne laisser aucune trace derrière eux lorsqu’ils quitteront leur stand à la fin de l’Expo, si ce n’est dans le cœur des visiteurs ! »

Particularités de l’édition 2018À Québec comme à Montréal, près de 70 % des exposants participant à l’Expo seront issus du sec-teur de l’alimentation. Ils y proposeront des produits biologiques, végétariens, locaux, sans gluten, etc.« La majorité des produits alimentaires qu’on trouvera à l’Expo seront biologiques, précise Mme Frappier. Aussi, nos exposants offriront une gamme végéta-rienne très diversifiée.Quant aux autres stands de l’Expo, ils seront occu-pés par des entreprises, des organismes et des pro-fessionnels œuvrant dans des domaines comme la probiotique, la biocosmétique, l’herboristerie, etc.L’Expo 2018 proposera également plusieurs confé-rences. Celles-ci porteront sur des thèmes aussi variés que l’introduction à un mode de vie zéro déchet, l’alimentation anti-inflammatoire et hypo-toxique, le déchiffrage des étiquettes alimentaires, l’agriculture urbaine et l’utilisation des algues sau-vages en cuisine. Certaines d’entre elles seront offertes par des personnalités connues. France D’Amour, Gardy Fury et Jacynthe Renée feront notamment partie des conférenciers. De plus, divers ateliers de mise en forme et des démonstrations culinaires seront présentés sur les scènes éducatives de l’Expo. « Il y aura des ateliers de yoga sur chaise, des techniques de respiration, etc. », commente Mme Frappier.

Deux championnats à MontréalLa cinquième édition du concours du Meilleur arti-san boulanger bio sera également tenue lors de l’événement, mais n’aura lieu qu’à Montréal. Elle se déroulera le vendredi 23 mars et sera animée par le comédien Emmanuel Bilodeau. Elle permet-tra à une dizaine de boulangers professionnels de s’affronter dans trois épreuves et de mettre en lumière leur talent. Pour faire valoir leurs compé-tences auprès du jury, lequel sera composé de fins connaisseurs en la matière, les participants devront confectionner une baguette au levain, un pain salé à la farine d’épeautre entière et un pain sucré à la farine de khorasan entière. Ceux-ci de-vront tous être réalisés avec des farines biologiques.L’Expo manger santé et vivre vert de Montréal accueillera aussi la huitième édition du Cham-pionnat de cuisine végétale. Celui-ci aura lieu le samedi 24 mars et sera animé par Mme Dominique Dupuis, fondatrice de L’Armoire du haut, une entre-prise qui offre des cours de cuisine végétale santé. Novembre Mercier, chef consultante et coach en santé intégrative, Veena Gokhale, enseignante de cuisine indienne, ainsi que Nicolas Mcclish, cuisi-nier au bistro Les enfants terribles, s’affronteront à l’occasion de ce championnat.La programmation entière de l’Expo manger san-té et vivre vert 2018 est disponible sur Internet. Pour obtenir plus de détails, il suffit de consulter le expomangersante.com

PUBLIREPORTAGE

EXPO MANGER SANTÉ ET VIVRE VERT

L’incontournable salon est de retour pour une 21e éditionAu total, 35 000 visiteurs sont attendus à Québec et à Montréal

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