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les cahiers Esch/Alzette Port payé PS/610 N°13 - avril 2009 de l’autonomie La prise de médicaments La prise de médicaments

Cahiers de l'autonomie n13 - La prise de médicaments

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Les Cahiers de l'autonomie La prise de médicaments N°13 - avril 2009

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Page 1: Cahiers de l'autonomie n13 - La prise de médicaments

les cahiers

Esch/AlzettePort payé

PS/610

N°1

3 - a

vril

2009

de l’autonomie

La prise demédicamentsLa prise demédicaments

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Sommaire

2 les cahiers de l’autonomie

Les cahiers de l’autonomie paraîtront 4 fois par année.

Les textes transmis sont publiés sous la responsabilité des auteurs respectifs.

Tirage: 6.000 exemplaires

Comité de rédaction: les collaborateurs du réseau Help

Editeur responsable: José Luxen, coordinateur général du réseau Help

Adresse de rédaction:54, rue Emile Mayrisch • L-4240 Esch-sur-Alzette • tél. 26 70 26

Graphisme: Paprika+ • Bascharage • tél. 26 501 775

Imprimerie: Watgen • Luxembourg • tél. 43 84 86-1

Photos: Marc Deloge, Dani Octave, divers

Être un acteur conscient et responsable face auxmédicaments est une nécessité individuelle, col-lective et sociale. Que l'on occupe le rôle depharmacien, de médecin prescripteur, de soi-gnant, d'aidant ou de consommateur, l'exercicede ce rôle doit se faire de manière éclairée etconsentie.

En effet, la consommation de médicaments nousconcerne tous. Elle est souvent utile et efficacemais n'est pas pour autant sans danger. Si leurefficacité a été éprouvée pour des maladies ousymptômes précis, une utilisation non-conformepeut s'avérer préjudiciable. Les médicamentsdoivent donc faire l'objet d'une prescriptionmédicale et d'une attention particulière.

Aussi, cette publication a voulu visiter les diffé-rents niveaux de la «chaîne médicament» endonnant la parole aux différents acteurs. Nousn'avons pas la prétention de traiter le sujet demanière exhaustive, par contre nous espéronspouvoir démystifier et clarifier certaines notions.Dans l'intérêt de notre santé soyons conscientset responsables face à la consommation demédicaments.

Catherine Gapenne,

responsable du département des soins de Help - Doheem-versuergt,

infirmière diplômée d’état.Master en gérontologie

de l’Université de Luxembourg.

Edito

SommairePersonne âgée et médicaments - Le point de vuedu médecin spécialiste en GériatrieDr René Dondelinger, Médecin spécialiste en GériatrieChef de Service du Service de Gériatrie aiguë au CHEM, site Dudelange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

Médicament ou potion magique?Régine Arnold - psychologue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

Le médicamentDr Jil Koullen, médecin généraliste,président du Cercle des Médecins Généralistes . . . . . . 6

Les médicaments en maison de Soins:d'abord une affaire d'écoute et de dialogueVéronique Zeippen, infirmière,licenciée en gestion hospitalière, cadre de proximité,Maison de Soins de Steinfort . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

Centre National de Convalescence Emile Mayrisch - ColpachJean-Philippe Schmit, directeur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

La prise de médicament et le droitMe Pierrot Schiltz, avocat à la Cour,avec la participation de Me Anne Foehr, avocat à l'étude Theisen, Schiltz & Barbian . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

Le bon médicament au bon momentMessage de André Marxen,Pharmacien à Schuttrange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

Le patient - Votre avis? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

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les cahiers de l’autonomie 3

Gériatrie

Etre âgé n'est pas synonyme d'être malade.

L'âge n'est pas non plus une cause de maladie, par contre l'âgepeut-être un facteur de risque de maladie. En effet, plus on vieillit,plus on a le temps et la chance (surtout malchance) de tombermalade. De surcroît, peut - on avoir la malchance d'avoir plusieursorganes qui tombent malades, donc d'avoir plusieurs maladies(polypathologies).

Qui dit plusieurs maladies, dit plusieurs médicaments: voilà lapolymédication, grand problème en gériatrie, médecine spécialiséede la personne âgée.

Il y a beaucoup de choses à dire sur les médicaments dans le grandâge. Ne pouvant pas parler de tout, je me permets de faire passerquelques messages qui me paraissent importants :

Polymédication

Plusieurs maladies, fréquentesavec l'âge nécessitent un traite-ment comportant plusieurs médi-caments.

En effet, plusieurs médicamentsont maintenant prouvé leur effi-cacité dans des études internatio-nales bien documentées pour trai-ter une maladie spécifique, enaméliorant la survie et les symp-tômes.

Mais, si on a une maladie quinécessite 4 médicaments (p.ex: lescardiaques ont besoin de betablo-quants, statines, anti-aggrégantset IEC) et une autre nécessitant 5médicaments (par exemple le dia-bète) et encore une autre …

On se retrouve vite avec une listeimpressionnante de 10-15-ou-20médicaments, qui ont tous uneindication valable.

Par contre, un médicament donneun effet, mais parfois aussiquelques effets secondaires. Si on aplusieurs médicaments, on a plu-sieurs effets et on a vite beaucoupd'effets secondaires. Pour compli-quer la chose, la conjoncture deseffets de plusieurs médicamentsdans le même organisme, peutencore engendrer d'autres effets…

Un illustre professeur français deGériatrie a dit: “Au dessus de 3 à 4médicaments, on ne sait plus ceque l'on fait”

Les interactions médicamenteusesdeviennent tellement importanteset parfois contradictoires, qu'il arri-ve qu'en voulant bien faire, onaggrave la situation du patient.

Il est donc important en gériatriede faire une analyse des différentstraitements, et parfois d'arrêtercertains médicaments, qui ontcertes une bonne indication à être

prescrit, mais qu'on arrête pourminimiser les multiples effetssecondaires possibles.

Métabolisation des médica-ments

Les médicaments sont pour beau-coup transformés par le foie pourdevenir actifs, sont ensuite trans-portés dans le sang par des pro-téines, dont la principale est l'al-bumine et sont ensuite éliminéspar le foie et/ou les reins.

Avec l'âge et selon les maladiesque l'on a contractées, il peut yavoir des changements à tous lesniveaux:

• si le foie est malade, il faut adap-ter la posologie (dose) des médi-caments et surtout diminuer lenombre des médicaments.

• le transport des médicaments estassuré par les protéines, qui peu-vent manquer dans les états dedénutrition protéinique, assezfréquents en Gériatrie, ce qui faitqu'il peut y avoir trop ou pasassez de médicaments dans lesang, générant des sur- ou dessous-dosages médicamenteux.

• enfin, l'élimination qui se faitsouvent par les reins peut êtregênée par l'insuffisance rénale,également plus fréquente avecl'âge.

Les fonctions de métabolisation,de transport et d'éliminationnécessitent d’être évaluées chez lapersonne âgée et le sont systéma-tiquement par l'évaluation géria-trique.

Le point de vue du médecin spécialiste en Gériatrie.

Médecin spécialiste en GériatrieChef de Service du Service de Gériatrie aiguë au CHEM, site Dudelange

Message du Dr René Dondelinger

Personne âgée et médicaments

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4 les cahiers de l’autonomie

Gériatrie

Les médicaments actuels passentdes contrôles rigoureux et doiventmontrer leur efficacité par rap-port aux anciens médicaments.Ces substances ne sont donc pasanodines et sont évalués dans desétudes avec des personnes jeunessans problème ni de foie, ni derein, ni de protéines. Il faut doncêtre prudent quand on utilise sesmédicaments chez la personneâgée, d'autant plus qu'il y a sou-vent beaucoup de médicaments.

Galénique

La forme galénique du médica-ment est la présentation du médi-cament, c'est-à-dire les compriméssécables ou non, les comprimés dis-persibles, les capsules, les gelules,les patchs, les suppositoires, lesgouttes...

Chez certaines personnes âgéesmalades, il est parfois difficiled'administrer des médicamentsdans leur forme galénique prescri-te, car par exemple les pilules peu-vent être trop grosses, les gouttesparfois difficiles à compter,...

Pour remédier à certains pro-blèmes, il arrive qu'on écrase lesmédicaments pour pouvoir lesadministrer. ATTENTION!

L'enrobage de la «pillule» fait sou-vent partie du médicament: parexemple certains médicamentssont absorbés dans le tube digestif,mais sont dégradés par l'acidité del'estomac avant d'y arriver. Pourpasser l'estomac, le laboratoirepharmaceutique rajoute un enro-bage «gastro-résistant». Si on écra-se le médicament, on enlève cettepropriété gastro-résistante et onrend inutile le médicament, quisera détruit dans l'estomac avantd'être actif.

De même, certains médicamentssont «à libération prolongée»,cette propriété est contenue dansl'enveloppe, qui se délite progres-sivement. Si on écrase le médica-ment, on perd cette propriété delibération progressive.

En règle générale, un comprimédispersible ou sécable peut êtreécrasé, mais pas les autres.

A chaque fois qu'on écrase unmédicament, il faut en parler aumédecin prescripteur, généralisteou si besoin au médecin gériatre,qui apprend dans sa formationspécifiquement à gérer la polymé-dication des patients âgés.

Immuabilité du traitement

«Mais mon docteur m'a dit que jedevais prendre ce médicamentjusqu'à la fin de mes jours.» Onentend souvent cette phrase etc'est un bon signe, car il signifieque le docteur a bien expliqué letraitement au patient et/ou que lepatient a une grande confiance enson médecin.

Par contre, le savoir médicaldouble tous les 7 ans, et certaineschoses valables il y a des années,ne le sont plus actuellement, etd'autres choses interdites aupara-vant deviennent des standardsincontournables. C'est ce qui s'estpassé avec les betabloquants dansl'insuffisance cardiaque: il y a 20ans, donner un betabloquant à uninsuffisant cardiaque était consi-déré comme une faute médicalegrave, maintenant c'est presquel'inverse: ne pas donner de beta-bloquant à un insuffisant car-diaque chronique, c'est lui enleverdes chances de survie.

Ceci est du aux études scienti-fiques qui font des tests contrôléset comparables.

En plus, comme le corps changeavec le temps, ce qui était bonpour nous il y a 20 ans, ne l'estplus forcément actuellement, etvice-versa.

Dans le même ordre d'idée, cer-tains médicaments pour «calmer lepatient agité» restent sur l'ordon-nance pendant très longtemps,alors que ce qui avait causé l'agita-tion, est fini depuis longtemps.

En gériatrie, il est donc importantde remettre en question souventle traitement d'un patient afind'essayer de réduire le nombre demédicaments prescrit, tout enessayant de minimiser les effetssecondaires.

Compliance et observance

En règle générale, les traitementsbien expliqués aux patients sontsouvent bien pris.

Un problème plus fréquent engériatrie est l'opposition dupatient à prendre les médica-ments qui lui sont administrés parla famille ou l'infirmière du réseaude soins à domicile.

Ce refus de prendre les médica-ments est souvent difficile à com-prendre et nécessite une analyseméticuleuse. Il peut y avoir beau-coup de raisons, comme parexemple une dépression avecrefus de se laisser soigner, ou unedémence avec incompréhensionde l'utilité du traitement, mais ilpeut aussi tout simplement s'agird'un moyen de montrer à l'autreque l'on existe: la seule chose quecertains patients peuvent fairepour montrer qu'ils existent, c'estde refuser de coopérer.

En face se trouve la famille ou l'in-firmière du réseau de soins àdomicile, qui est obligé de se tenirà l'ordonnance médicale.

Peut-on ou doit-on forcer le patientà prendre les médicaments?

Cette discussion éthique est pas-sionnante et dépassera les colonnesde cet article, et il n' y a pas deréponse générale à cette question.Il faut trouver des réponses au caspar cas.

Par contre, si on a donné le médi-cament ou pas, l'important est demettre au courant le médecin, carce dernier attend un effet dumédicament qu'il a prescrit. S'iln'a pas d'effet, il va se dire qu'ilfaut encore augmenter le traite-ment, alors que le traitement nepouvait pas agir car n'était paspris par le patient.

Il faut donc une concertationentre le médecin et la famille etl'infirmière. Cette concertationprend toujours beaucoup detemps, mais un temps tellementrentable après.

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Nous avons un souci desanté qui nous préoccupe.

Nous «décidons» de consulter unmédecin. Avec toutes nos repré-sentations de la «blouse blanche»,notre peur de la maladie et cequ'elle engendre, nous nous trou-vons à la consultation. Pour cer-taines personnes, il va leur falloirmobiliser toute une énergie pouroser franchir la porte du cabinetmédical.

Un diagnostic est posé. Mais qu' avons-nous entendu et compris?

Le médecin nous annonce qu'ilfaut prendre des médicaments!

Outre le stress de se les procurer,il va falloir les prendre aux bonsmoments, en bonne quantité etpendant la durée prescrite.

Tout cela en continuant à vivreet à ne pas vivre en ne pensantqu'à cela.

Rien ne remplacera un dialoguedans lequel chacun peut s'expri-mer et écouter le point de vue del'autre.

Peut-être serons-nous aidéspar quelqu'un (conjoint,soignant) dans la prise dumédicament

Comment se passera cette «prise»de médicaments (ou cettecontrainte)? Aurons-nous untemps d'échange pour nous(ré)expliquer ce qu'est le médica-ment et surtout ce qu'il provoqueet apporte en nous? Serons-nousau courant chaque fois des médi-caments qu'on nous donnera?

Bref, serons-nous un partenaireou un individu à qui il faut donnerune pilule?

les cahiers de l’autonomie 5

Psychologue

Que représente pournous le médicament?...

…Que dire des per-sonnes qui n'ont jamaispris de médicamentsdans leur vie et qui sont«obligées» de le fairemaintenant?…Qu'en est-il de toutesces personnes qui sesont toujours soignéesavec des remèdes de«grand-mères»...

Osons poser nos questions.Expliquons ce qui noustracasse et ce que nousfaisons déjà pour noussoigner (avec plus oumoins de succès)

Prendre des médica-ments n'est pas anodin.Cela peut bouleversernos croyances et bouscu-ler tout notre quotidien.

Quelle place occupe l'autonomie(= avoir la possibilité dedonner son avis, de choi-sir et de dire non) dans tout ce processus?

Médicament ou potion magique?

Que se passe-t-il quand nous revenons de chez le médecin et que nous avons des médicaments à prendre?Remontons le temps, voulez-vous?

En conclusion, nous avons tous,plus ou moins consciemment, une «représentation», uneimage, du médicament. Nous luidonnons tous un sens qui nousest personnel. D'ailleurs, il serasouvent chargé d'émotion.

Prendre un temps pour écouter la personne qui est amenée àprendre un médicament, répon-dre à ses questions et apaiser sescraintes, contribuera aussi àatteindre nos objectifs de soi-gnant (ou d'aidant) qui est deprendre soins des autres.

psychologue, coordinatrice-psychologue au Centre Psycho-Gériatrique à Steinfort

Message de Régine Arnold,

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Médecin

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Le Médicament

Définition

D'après le «Petit Larousse» un mé-dicament est une «substance oupréparation administrée en vued'établir un diagnostic médical, detraiter ou de prévenir une maladie,ou de restaurer, corriger, modifierdes fonctions organiques».

Principe actif et excipient

Un médicament est composé dedeux sortes de substances:

• de un ou de plusieurs principesactifs

• de un ou de plusieurs excipientsqui sont des substances auxi-liaires inertes servant à la for-mulation de la forme galénique(comprimé, gélule, sirop, suppo-sitoire, timbre transdermique,ampoule injectable, pommade,crème, gel dermique, aérosol,collyre ophtalmique et auricu-laire, etc)

Terminologie

• Posologie: c'est la dose usuelledu médicament. Elle est vari-able en fonction de la mala-die, de l'âge du patient, de sonpoids ainsi que de sa fonctionrénale et/ou hépatique.

• Pharmacocinétique: il s'agitdu métabolisme du médica-ment dans l'organisme de-puis son absorption jusqu'àson élimination en passantpar les stades de la distribu-tion dans l'organisme, lafixation dans les tissus et satransformation.

• Interaction médicamenteuse:Elle résulte de l'administrationconcomitante ou successive dedeux ou plusieurs médicamentspouvant mener à des consé-quences graves pour la santédu patient.

• Effet secondaire ou indésirable:réaction nocive et non voulueà un médicament, se produi-sant aux posologies normale-ment utilisées

• Indication: il s'agit en généralde la maladie pour laquelle lemédicament est utilisé

• Contre-indication: il s'agit dela situation dans laquelle lemédicament ne peut pas êtredonné parce qu'il existe undanger pour le patient.

Prescription et balance bénéfice /risqueLe médecin qui veut prescrire unmédicament à son patient devra,outre connaître le médicament(effet recherché, posologie, phar-macocinétique, indication, contre-indication, etc), évaluer le rap-port bénéfice/risque. Le profil derisque est surtout lié à la rédac-tion entre les effets secondaireset la maladie soignée. Dans cerapport le médecin devra prendreen compte outre les effets secon-daires, la durée du traitement, lavoie d'administration du médi-cament, les interactions médica-menteuses ainsi que le bénéfice

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risques et périls. Il peut égale-ment estimer ne pas être suffi-samment informé, souhaiter undélai de réflexion ou l'obtentiond'un autre avis professionnel.

Automédicationet banalisationdu médicamentLe médicament est en généralune substance high-tech. Sa pres-cription ou non est le fruit d'uneconnaissance approfondie en lamatière et la conséquence d'untravail intellectuel poussé.

Devant ce constat il faut voir lesréticences du corps médical vis-à-vis de l'automédication par lepatient.

Cette automédication est d'au-tant plus dangereuse qu'actuelle-ment existe une banalisation dumédicament. Bien qu'il représen-te un acte thérapeutique incon-tournable, sa balance bénéfice/risque est insuffisamment évaluéeet bien souvent dédramatisée jus-qu'à l'en oublier.

La diminution du coût des médi-caments, voire leur gratuité,contribuent certainement à cettebanalisation.

Il faut noter aussi que le taux deremboursement élevé des médi-caments garantit une accessibili-té aux médicaments pour tout lemonde et doit être considérécomme un acte de solidarité

Conclusion

Même si la prescription d'unmédicament semble être d'unefacilité déconcertante il ne fautjamais oublier qu'il s'agit d'unacte thérapeutique responsable.Faisons donc confiance auxmédecins et laissons aux profes-sionnels de la santé la gestionen bonne et due forme des trai-tements médicamenteux.

les cahiers de l’autonomie 7

(ou résultat) escompté pour lepatient.

L'idéal serait un traitement effi-cace, bien toléré et de courtedurée.

Un traitement non efficace n'aaucune raison d'être. Un traite-ment mal toléré sera abandon-né ou arrêté prématurément.Un traitement à long terme estconfronté au problème de com-pliance ou d'observance.

Information du patient

Aucun acte médical ne peut êtrepratiqué sans le consentementdu patient, hors le cas où sonétat rend nécessaire cet acteauquel il n'est pas à même deconsentir.

Ce consentement doit être libreet renouvelé pour tout actemédical ultérieur.

Il doit être éclairé, c'est-à-direque le patient doit avoir étépréalablement informé des actesqu'il va subir, des risques norma-lement prévisibles en l'état desconnaissances scientifiques etdes conséquences que ceux-cipourraient entraîner.

Tout patient, informé par unpraticien des risques encourus,peut refuser un acte de diagnos-tic ou un traitement, l'inter-rompre à tout moment à ses

médecin généraliste,président du Cercle des Médecins Généralistes

Message du Dr Jil Koullen,

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Infirmière

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Parmi les nombreuses missionsde l'infirmier, le volet qui toucheaux médicaments constitue unegrande partie de son travail enMaison de Soins. En effet, lemédecin, après avoir constaté lessymptômes de son patient etétabli un diagnostic, prescritdans certains cas un traitementmédicamenteux. L'infirmier doitalors veiller à l'acheminementdu médicament, de la pharmacieau chevet du résident. Adminis-trer le bon médicament au bonmoment à la bonne personneconstitue une tâche essentiellepour le personnel infirmier.

Des questions,des réponsesLors de la distribution des médi-caments, le rôle des infirmiers, estbien entendu de répondre auxquestions que suscite le traite-ment. Bien souvent, les résidentssont soucieux de connaître l'indi-cation du médicament. Ils veu-lent par exemple savoir si c'estbien le médicament pour le cœurque leur médecin leur a prescrit,s'il faut le prendre à jeun ounon... Ils sont également préoc-cupés par la forme du médica-

ment, sa couleur, son goût, sur-tout s'il laisse une impressiondésagréable ou amère dans labouche. Même si le médecinexplique à ses patients le bien-fait du médicament, son action,et les recommandations pour leprendre, nous constatons, dans lapratique, qu'il est essentiel derépéter ces informations.

Les médicaments en Maison de Soins:d'abord une affaired'écoute et de dialogue

Expliquer et réexpli-quer dans un langageclair rassure et sécuri-se le résident.

Page 9: Cahiers de l'autonomie n13 - La prise de médicaments

les cahiers de l’autonomie 9

Les médicaments existent parfoissous différentes formes: compri-més, gouttes, sirop, patchs... Pourquoi en changer? Une formede médicament peut être parfoisplus facile à prendre ou peutlimiter certains désagréments.Ici aussi, le résident marque sespréférences. En effet, sans sesrepères habituels, il peut douterde l'efficacité du remède: «Cemédicament est-il aussi efficaceque le médicament que je pre-nais avant?». Là encore, notrerôle est d'informer, de conseilleret de rassurer les résidents.

Mettre des motssur les maux

Au-delà de son action thérapeu-tique, le médicament peut revê-tir un rôle important dans lacommunication et devient alorsun médiateur. Ainsi, le résident“profite” de ce temps privilégiépour dire ce qui le préoccuperéellement. Certaines chosessont parfois tellement difficilesà verbaliser qu'il prend alors unchemin détourné pour les expri-

mer. «J'ai toujours trop de ten-sion artérielle malgré mon com-primé que je prends 2 fois parjour, ...je suis très inquiet pourmon épouse...». En effet, les per-sonnes nous parlent de leurs res-sentis, leurs problèmes, leurssoucis. Quand le soignant està l'écoute, de beaux momentsd'échange ont lieu. Certainsnous parlent de douleurs phy-siques. D'autres, de problèmesqu'ils ont eus avec leur voisin dechambre ou encore de la visitequ'ils n'ont pas reçue.

Les résidents et le personnel soi-gnant savent que la réponse àces tracas ne se trouve pasnécessairement dans la prised'un médicament. En revanche,une écoute vraie et l'attentionsincère portée à l'autre, sontsouvent vécues comme un remè-de, un réel soulagement.

Soyons attentifs, donnons du temps à l'écoute. Et si le message prend à un moment donné une autre forme, permettons-nous ensemble de voir plus loin.

Les habitudes:futiles, utiles?Chaque personne est différenteet aime conserver ses petitsrituels pour prendre ses médica-ments. Les habitudes des rési-dents sont importantes à respec-ter pour leur procurer confortet sérénité. Certains souhaitentprendre leurs médicaments avecdu café, d'autres avec de l'eauou au cours du repas,...

La prise du médicament est unmoment très important. Il ponc-tue la journée et permet aux rési-dents de reproduire les gestes duquotidien, de faire comme à lamaison: «je prends d'abord cesdeux pilules et, après le déjeuner,je prendrai les gouttes avec unpeu d'eau». Ne pas respecterleurs souhaits risque de changerle cours de la journée, créer unsentiment d'insécurité, voiremême un certain mal-être.

Bien entendu, certains médica-ments, pour une efficacité opti-male, requièrent un horaire etdes consignes de prise particu-lières qu'il est indispensable derespecter.

Message de Véronique Zeippen,infrmière, licenciée en gestion hospitalière, cadre de proximité, Maison de Soins de Steinfort

Changer de forme demédicament, changerses habitudes, nécessi-te de la part du rési-dent une réelle moti-vation.

La distribution desmédicaments est biensouvent à l'origine demoments riches, deréels échanges autourd'une « pilule bleueou rouge ».

Page 10: Cahiers de l'autonomie n13 - La prise de médicaments

Vous êtes responsables de votre santéVous êtes au centre de nos pré-occupations lors de votre cure deconvalescence. Pour qu'elle soitun succès, nous pensons qu'il estimportant d'agir en prenant enconsidération votre propre moti-vation, le cadre dans lequel vousvivez, les contraintes matériellesque vous devez affronter et bienentendu votre santé. D'autrepart nos actions sont guidées parcertaines valeurs qui nous sontchères, à savoir: la responsabili-sation, l'autonomie, la confianceet l'humanité.

Centre national de Convalescence Emile Mayrisch

10 les cahiers de l’autonomie

IntroductionLe retour à domicile est un desobjectifs prioritaires de notre tra-vail au centre et c'est pourquoinous avons développé un conceptinnovant concernant la convales-cence thérapeutique.

Pour nous, il est très importantqu'il soit accompagné d'une pré-vention ciblée tendant à éviterque le problème ne réapparaisse.Ainsi, toutes les activités faisantpartie de la convalescence théra-peutique tournent autour de 3

axes: le retour de la personnedans son lieu de vie antérieur; laprévention et surtout la respon-sabilisation de la personne parrapport à sa nouvelle situation desanté (information, éducations àla santé, apprentissages).

Une place de choix est bienentendu réservée aux soins né-cessaires et à la récupérationphysique, physiologique et psy-chique. Néanmoins, nous sommesconvaincus que le repos n'a d'in-térêt que lorsqu'il est accompa-gné d'une activité adaptée.

Colpachcadre original - détente

Pendant la période d'entre-deux-guerres, Colpach a été lelieu de séjour et de rencontrede nombreuses personnalitésde la vie politique, écono-mique, littéraire et artistiquede toute l'Europe. La somp-tueuse bibliothèque du châ-teau, au premier étage, peutêtre considérée à juste titrecomme le «sanctuaire», ou lieu

de mémoire, de ce que les générations suivantes appellent mainte-nant «l'esprit de Colpach».

Le cadre historique et naturel du site fait rêver les passionnés maispermet surtout aux personnes convalescentes de bénéficier d'unendroit calme et reposant.

ColpachCentre National deConvalescence Emile Mayrisch

Message de Jean-Philippe Schmit,directeur

Page 11: Cahiers de l'autonomie n13 - La prise de médicaments

Prenons un exemple:votre médicationA votre arrivée, vous rencontrerezun de nos «coach» qui sera la per-sonne qui vous guidera durantvotre convalescence. Etant donnéqu'il s'agit d'une infirmière oud'un infirmier, elle abordera trèsrapidement avec vous votre mé-dication et en parlera égalementà votre médecin pour vérifierqu'ils sont encore tous néces-saires. Si vous en avez besoin,nous vous proposerons une ouplusieurs séances d'éducationà la santé. Durant celle-ci, vousrecevrez les explications précisesdes raisons pour lesquels chaquemédicament vous est prescrit parvotre médecin ainsi que les effetsqu'ils ont sur votre vie de tous lesjours.

Ce que nous appelons « éduca-tion à la santé » est un entretienpersonnel que nous passonsensemble avec un seul but: vouspermettre d'intégrer de nou-velles notions. Mais la prise encharge étant multidisciplinaire,le coach ne sera pas la seule per-sonne à pouvoir agir sur votre

médication. En effet, l'ergothé-rapeute pourra avec vous cher-cher une solution technique àun problème qui se pose à vouspour sortir une pilule de sa pla-quette, pour la couper en deuxou pour tout autre problème dece genre. Le kinésithérapeuteaussi jouera son rôle indirecte-ment par exemple en envisa-geant vos problèmes d'équilibreavec le reste de l'équipe.

La finalitéCe que nous voulons faire, c'estvous aider à retrouver votredomicile dans les meilleuresconditions et prendre un nou-veau départ.

Nous souhaitons vous donnerl'occasion de reconsidérer votrepropre santé aujourd'hui etd'en décider la suite

Il est bien entendu possible quedes soins doivent être prestés etdans ce cas, vous pourrez biensûr comptez sur notre collabora-tion pour diffuser les informa-tions nécessaires auprès duréseau de votre choix.

les cahiers de l’autonomie 11

Si actuellement le bâtiment pro-visoire nous permet d'accueillir50 personnes, le nouveau bâti-ment qui sera terminé fin del'année 2009, pourra en accueillir100. Le bâtiment est modernesans pour autant trancher dansle décors; il répondra aux atten-tes des professionnels comme desconvalescents.

Le nouveau concept actuelle-ment en période de mise aupoint permettra la responsabili-sation des convalescents dansune ambiance détendue et sti-mulante à la fois.

Contacts:

Centre national de Convalescence Emile Mayrisch

Château de ColpachTél.:+352 23 62 51Fax: +352 23625251L-8527 [email protected]

En jaune : les valeurs que nous défendons

En vert :les dimensions dans lesquellesnous travaillons

Page 12: Cahiers de l'autonomie n13 - La prise de médicaments

Droit

12 les cahiers de l’autonomie

Les articles précédents ont montréque la gestion des médicamentsmet en scène plusieurs interve-nants:

• la prescription du médicamentappartient au médecin alorsqu'elle constitue un actemédical;

• la préparation et la dispensa-tion du médicament est dudomaine du pharmacien;

• l'administration du médica-ment est de la responsabilitéde l'infirmier(ère).

De manière générale, le droit veutqu'un chacun soit responsable desactes qu'il pose. Si le médecincommet une erreur au niveau dela prescription (mauvais médica-ment, faux dosage...) la responsa-bilité lui incombe.

Si le pharmacien se trompe dansla préparation ou la dispensation(erreur dans le dosage, fauxmélange,...) c'est lui qui sera res-ponsable.

Le même principe vaut pour l'in-firmier(ère) au niveau de l'admi-nistration du médicament qui, àson tour, peut être subdivisée enplusieurs actes: elle commencepar la préparation de la médica-tion pour la prise (1), elle peutcomporter une information aupatient pour autant que celui-civenait à poser des questions (2),elle comporte ensuite la distribu-tion du médicament au patient,et le cas échéant la vérification de

la prise de ce médicament par lepatient (3). Finalement, l'infir-mier(ère) peut se voir confron-té(e) à un patient qui refuse deprendre son médicament (4).

1) La préparation du médicament par l'infirmier(ère)

L'acte de préparation n'est pas àconfondre avec celui qui incombeau pharmacien. La préparation dupharmacien consiste à appliquerle bon dosage au mélange de cer-tains produits pour atteindre laquantité et la qualité prescritespar le médecin tandis que la pré-paration de l'infirmier(ère) se limi-te aux actes précédant la prise telsque le remplissage de la piqûreavec le contenu de l'ampoule, lamise en place du baxter, le triexact du nombre des différentespilules à prendre... L'infirmier(ère)devra assumer toute faute commi-se au niveau de la préparationnotamment si une erreur étaitcommise au niveau du dosage. S'ils'avère cependant que l'erreurdans le dosage a été commise auniveau de la prescription ou de lapréparation du médicament, lemédecin respectivement le phar-macien seuls répondront de leurfaute.

Une exception subsiste cepen-dant en cas d'erreur grave com-mise par l'infirmier(ère): si eneffet, celui (celle)-ci aurait dû serendre compte de l'erreur com-

mise par le médecin et le phar-macien ayant par exemple prévuun dosage d'1 gramme de médi-cation au lieu de 0,01 gramme,la jurisprudence estime que l'in-firmier(ère) aurait dû détecterl'erreur grossière sous peine devoir engagée sa propre respon-sabilité.

2) L'information du patient

L'administration d'un médicamentpeut amener un patient à poserdes questions à l'infirmier(ère) encharge. La prescription, la prépara-tion et dispensation du médica-ment appartenant au médecin etau pharmacien, les informationsautour de ces actes leur incom-bent. L'infirmier(ère) est dès lorsbien conseillé(e) d'éviter de don-ner des informations sur des actesque la loi ne lui réserve pas. Pourmieux aider le patient, les infir-miers(ères) sont évidemment endroit de s'informer auprès dumédecin ou pharmacien et decontinuer ainsi les informationsreçues au patient. En cas de ques-tion délicate sur des réactions dumédicament dans certaines situa-tions ou états (de grossesse, d'épi-lepsie,…), l'infirmier(ère) seraitprudent(e) de s'enquérir auprès dumédecin plutôt que d'improvisersa réponse, même si elle est fondéesur son expérience. Une fausseréponse qui entraînerait uneconséquence dommageable pourle patient engagerait la responsa-bilité de l'infirmier(ère).

La prise de médicament et le droit

Page 13: Cahiers de l'autonomie n13 - La prise de médicaments

les cahiers de l’autonomie 13

3) Distribution et surveillance de la prise du médicament par l'infirmier(ère)

C'est l'acte consistant à «faireprendre» son médicament aupatient. L'infirmier(ère) peut ainsiêtre amené(e) à gérer lui(elle)-même la prise du médicament.Dans ce contexte, une piqûre malplacée, une pilule donnée entrop, quelques millilitres servisau-delà de la dose prescrite sontautant d'actes de nature à enga-ger la responsabilité de l'infir-mier(ère).

Les atteintes à l'intégrité phy-sique et les jurisprudences affé-rentes sont nombreuses dans cedomaine. Si le patient s'avère dif-ficile, soit par peur, soit à raisonde son jeune ou vieil âge, la juris-prudence exige de l'infirmier(ère)de se faire assister plutôt que «d'imposer » à lui(elle) tout(e)seul(e) un acte dommageable. Onlui reprochera de ne pas avoir faitpreuve de la prudence requise.

Une administration consciencieu-se d'un médicament est accom-pagnée d'une surveillance parl'infirmier(ère). Elle se situe aumoment même de la prise dumédicament mais surtout paraprès. Lors de la prise du médica-ment, l'infirmier(ère) s'assureraque le patient «ne triche pas» etabsorbe bien la médication pres-crite. A ce niveau, la responsabili-té de l'infirmier(ère) nous paraîtlimitée alors que tel que nous leverrons infra 4) un patient esttoujours en droit de refuser deprendre un médicament.

Il en est autrement de la sur-veillance qui suit la prise par le

patient de son médicament etqui pourrait provoquer certainesréactions. Les tribunaux n'hési-tent ainsi pas à engager la res-ponsabilité des infirmiers(ières)«laissant à l'abandon» le patientaprès lui avoir administré unmédicament alors qu'il aurait dûse douter que ce médicamentétait susceptible de provoquerune réaction pendant laquelle lepatient peut se blesser.

Notons finalement que l'infir-mier(ère) sera responsable du ma-tériel qu'il (elle) utilise lors del'administration du médicament.La seringue devra ainsi être par-faitement stérile et le médica-ment non périmé. Des dommagescausés par ces négligences enga-geront la responsabilité de l'infir-mier(ère).

4) Quid du patient qui refuse de prendreses médicaments?

En droit, une telle attitude s'assimi-le à un refus de soins qui s'imposeau personnel traitant. Le médecindoit ainsi respecter dans la mesuredu possible la volonté du malade.Ce qui vaut pour le médecin vau-dra pour l'infirmier(ère). En France,les tribunaux ont cependant déci-dé que la volonté du patient peutêtre méconnue à la triple conditionque l'acte médical soit indispen-sable à la survie du patient, pro-portionnée à son état, et que lemédecin le réalise avec l'intentionde sauver le malade. La Cour fran-çaise fait ainsi prévaloir la protec-tion de la santé sur la liberté indivi-duelle.

La situation devient plus délicatelorsque l'infirmier(ère) se trouveface à un patient qui, en raison

d'un trouble mental, n'est pas enmesure d'exprimer une volonté“éclairée” qui est exigée en droitcomme condition indispensable aurespect d'un refus de soins. Face àun tel patient, l'infirmier(ère) doitapprécier la capacité du patient decomprendre ses actes et d'enmesurer la portée. L'origine dutrouble mental importe peu. Ilpeut s'agir d'un patient dément enraison de son âge ou en raisond'une maladie.

En droit il y a une tendance àadmettre que, face à une personneinconsciente de ses actes et de sesconséquences, l'infirmier/ère peutadministrer le médicament endépit du refus. Le non-respect de lavolonté du patient se justifie parl'affection mentale dont souffre lepatient et qui ne lui permet pas deprendre une décision “éclairée”. Lerôle de l'infirmier(ère) vise, danscette hypothèse, à assister et à gui-der le patient confus.

Finalement, si l'infirmier(ère) poseun acte qui cause un dommage àun patient, il risquera de voir enga-gée sa responsabilité. D'un pointde vue civil, les dommages causés àla victime devront être indemnisés.La plupart du temps, cette chargeincombera cependant à l'em-ployeur de l'infirmier(ère) qui,d’après les dispositions du Code duTravail, demeure responsable deson entreprise. L’infirmier(ère) res-tera cependant personnellementresponsable de sa faute lourde.

D'un point de vue pénal, l'infir-mier(ère) risquera de s'exposer àdes poursuites pour coups et bles-sures (volontaires ou involon-taires), empoisonnement, homici-de involontaire,... alors que lesconséquences d'une administra-tion fautive d'un médicamentconstitueront toujours des attein-tes à l'intégrité physique.

Message de Me Pierrot Schiltzavocat à la Cour,

avec la participation de Me Anne Foehr,avocat à l'étude Theisen, Schiltz & Barbian

Page 14: Cahiers de l'autonomie n13 - La prise de médicaments

Pharmacien

14 les cahiers de l’autonomie

Avec l’âge la fréquence des mala-dies augmente. De nombreusespersonnes âgées souffrent de plu-sieurs maladies à la fois. Ces per-sonnes, dont la coordination desmouvements, l’acuité visuelle et lamémoire diminuent, ont souventdes problèmes lors de la prise demédicaments. Souffrant éventuel-lement de plusieurs troubles, ellessont traitées avec différents médi-caments à la fois pouvant entrainerdes interactions et effets secon-daires.

Non seulement les personnes deplus de 60 ans représentent le plusgrand groupe de conseil dans nospharmacies, mais elles sont égale-ment celles qui consomment leplus de médicaments.

Pour garantir un effet optimal desmédicaments, votre collaborationest primordiale.

Prise correcte – effet optimal

Les substances actives sont géné-ralement absorbées sous formesoluble par l’appareil digestif.Comme les personnes âgées boi-vent moins et ont même tendanceà avaler les médicaments à sec, cecipeut endommager les muqueusesde l’estomac. Les médicamentssont nettement mieux tolérés s’ilssont pris avec de l’eau (exempletype: anti-inflammatoires et anal-gésiques). Nous vous conseillons deprendre ces médicaments en posi-

tion debout - pour les personnesalitées, il convient de s’asseoir - etd’avaler les pilules ou gélules avecun verre d’eau. Ainsi le produit estlibéré plus vite dans l’estomac etagit plus rapidement.

Métabolisation de la substance active par le foie.

Le foie est le laboratoire chimiquedu corps. Les médicaments y sontmétabolisés par les enzymes et éli-minés ensuite par voie rénale. Avecl’âge l’irrigation sanguine du foiediminue et par conséquent samasse cellulaire fonctionnelle. Ceciralentit la métabolisation et il con-vient de réduire la dose en fonc-tion afin d’obtenir le même effetque chez le jeune adulte.

Elimination par les reins

Ce qui vaut pour le foie, vaut éga-lement pour les reins. Une irriga-tion sanguine réduite des reinsdiminue leur fonction et il convientune fois de plus de réduire la dosedu médicament.

Ce sont quelques exemples quimontrent que l’effet des médica-ments chez les personnes âgées estun chapitre à part. Le médecin ouvous-même peuvent évaluer l’effetconcret sur votre corps. En cas detension artérielle élevée le méde-cin vous prescrit des médicamentsspécifiques. La mesure régulière dela tension vous permet de vérifiersi le médicament prescrit produitl’effet souhaité. Ce qui est vraipour les antihypertenseurs vautaussi pour d’autres classes de médi-caments, notamment les antidia-bétiques, les anticoagulants, lesproduits contre le cholestérol etc.

Compliance ou l’observancethérapeutique.

Le terme compliance désigne lacollaboration du patient dans sontraitement. Pour avoir un effetoptimal il faut prendre le bonmédicament dans la dose requiseau bon moment. Le respect ounon-respect de la prescription estsans doute un problème chez lespersonnes âgées. Des études mon-trent que 58% des patients modi-fient leurs prescriptions médicales,21% modifient les doses prescrites,36% modifient la durée du traite-ment. La prise de 4 ou 5 voir 10pilules par jour rend plus difficileune bonne compliance. Vous n’êteséventuellement pas convaincu dela nécessité du traitement ou est-ceque vous craignez les effets secon-daires repris sur la notice? Peut-être votre voisine n’a-t-elle pastoléré ce même médicament? Leplus souvent il s’agit d’un oubli puret simple de la prise. Il va de soiqu’alors les effets thérapeutiquessouhaités ne se produisent pas.

Chez les personnes âgées la dimi-nution de la mémoire, de l’acuitévisuelle et des difficultés à avalerainsi que des connaissances insuffi-santes de la maladie et de sa théra-pie peuvent conduire à un mauvaisrespect de la prescription. Desemballages de médicaments avecouverture «sécurité enfants», lamanipulation de pilules de tailletrès petite rendent la complianceplus difficile encore. Une meilleureinformation sur la bonne prise, lemoment de cette prise, des effetssecondaires possibles, des mesuresd’accompagnement etc. peuventaméliorer l’efficacité de votre trai-tement. Votre médecin ou phar-

Le bon médicament au bon moment

Page 15: Cahiers de l'autonomie n13 - La prise de médicaments

les cahiers de l’autonomie 15

macien vous renseignera bienvolontiers, n’hésitez pas à lui poserdes questions.

Les piluliers se positionnentcomme un précieux dispositif d’ai-de à l’observance. Ils sont faciles àutiliser et permettent de répondreaux différents cas de figures:patient sédentaire ou nomade,traitement occasionnel ou patientpolymédiqué, pilulier pour un jour,pour une semaine ou même pourun mois de traitement. Votre phar-macien vous informera sur le systè-me le plus adapté pour vous.

En raison de cette problématiqueimportante au niveau de la santé,de plus en plus d’experts proposentun autre circuit du médicamentpour certains groupes de patients.La pharmacie prépare des piluliersnominatifs pour le besoin d’une,voir quatre semaines. Cette distri-bution en doses unitaires et plus enboîtes entières peut se faire pourdes patients ambulants aussi bienque pour des clients vivant dans lesrésidences pour personnes âgées.En Bavière la plus importante caissede maladie (AOK) teste un tel systè-me depuis janvier 2009 pour ensui-te le généraliser dans tous les étatsfédéraux en Allemagne.

En Allemagne la «Bundes-arbeitsgemeinschaft derSenioren-Organisationen E.V.»a mis au point des critères dequalité pour une pharmacieadaptée aux séniors.

La pharmacie “idéale” pour lespersonnes âgées répond à cescinq critères pour une plus gran-de sécurité et un confort amé-lioré.

1. Conseils et informations étendus

De plus en plus souvent lesclients se rendent d’abord à lapharmacie avant d’aller trouverun médecin. Ainsi, il est d’au-tant plus important que le phar-macien écoute le client etobtient une description précisedu problème. Ceci lui permet delui conseiller le médicamentadéquat ou éventuellement lediriger dans le cabinet d’unmédecin.

2. Absence de barrières et aménagement adéquat.

L’accès à la pharmacie devraitêtre sans marches ou dénivelle-ment. Une porte automatiqueest idéale ainsi qu’un endroit enretrait permettant de conseillerle client en toute discrétion.Prévoir des possibilités de s’as-soir.

3. Information supplémentaires.

Des informations écrites sur lamaladie, sa prévention, ses symp-tômes et ses traitements ainsi quesur des groupes de soutien bénéfi-cient au patient et lui permettentde se prendre en charge.

4. Un plus de services.

Le contrôle des interactions etincompatibilités éventuelles entredifférents médicaments, un grandstock et une livraison à domicilefont partie du service offert. Leclient apprécie des explicationsprécises sur les différents appareilsde mesure pour la tension, la gly-cémie etc. Des conseils appropriéssur l’alimentation ou les soins deplaies sont également importants.

5. Qualification du personnel et gestion de la qualité.

Une formation adéquate du per-sonnel sur l’ensemble des ques-tions concernant spécifiquementles clients âgés est la base de toutconseil professionnel.

pharmacien à Schuttrange

Message de André Marxen

Page 16: Cahiers de l'autonomie n13 - La prise de médicaments

16 les cahiers de l’autonomie

Le patient - Der Patient

Sie hatten regelmäßig die Gelegenheit in diesem Heft zublättern oder verschiedene Artikel genauer zu lesen. DieTexte werden von Fachleuten aus dem Gesundheitswe-sen verfasst, die ständig mit Patienten und Kunden inKontakt sind. Die Artikel sind Ausdruck ihres Wissens undihrer fachmännischen Meinung hinsichtlich bestimmterThemen, wie in diesem Fall die Medikamente.

Das Einnehmen von Medikamenten betrifft jeden imalltäglichen Leben und wir wollen Ihre Meinung dazukennen.

Ich habe Schwierigkeiten selbst zur Apotheke zu gehen

� Ja � Nein

Ich kann mich nur schwer erinnern ob ich heute dieMedikamente eingenommen habe oder nicht

� Ja � Nein

Ich habe Probleme damit, die Medikamente aus ihrerVerpackung zu nehmen

� Ja � Nein

Einige Medikamente bereiten mir Probleme beimEinnehmen

� Ja � Nein

Ich weiß nicht immer aus welchem Grund ich diesesoder jenes Medikament einnehmen muss

� Ja � Nein

Ich vergesse manchmal das ärztliche Rezept erneuernzu lassen

� Ja � Nein

Ich möchte, dass ein Pfleger bei mir zu Hause vorbeikomm und mir beim Einnehmen der Medikamentebehilflich ist

� Ja � Nein

Möchten Sie eine weitere Frage stellen?

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Hier können Sie uns ihre Anschrift hinterlassen,wenn Sie das möchten

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n° …..…… à ……………………………………….....………………………

Adresse, an die dieser Fragebogen verschickt wird

Help - 54 rue Emile MayrischL-4240 Esch/Alzette

Wir danken Ihnen recht herzlich für Ihre Mitarbeit

Votre avis?Vous avez eu l’occasion de feuilleter ou de lireattentivement les articles de professionnels dumonde de la santé. Ces personnes sont quotidien-nement en contact avec les patients ou clients, ilsen ont fait leur métier. Leurs écrits sont l’expressionde leurs connaissances et de leurs regards sur cethème.

Mais la prise de médicaments vous concerne enpriorité et nous souhaiterions connaître vos com-mentaires, vos difficultés ou votre avis à ce sujet.

Je me déplace difficilement à la pharmacie

� oui � non

Je rencontre des difficultés à me rappeler si j’ai pris les médicaments aujourd’hui

� oui � non

J’ai des difficultés à extraire les médicaments de leur emballage

� oui � non

J’ai des problèmes à avaler certains cachets

� oui � non

Je ne me souviens pas toujours de la raison pourlaquelle je prends ce médicament

� oui � non

J’oublie parfois de faire renouveler l’ordonnance

� oui � non

Je souhaiterais qu’un soignant passe à domicileet m’aide pour la prise des médicaments

� oui � non

Vous souhaitez posez une autre question:

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Vos coordonnées, si vous souhaitez nous lestransmettre

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Adresse: …...............………………………………………...............…

n° …..…… à ……………………………………….....………………………

Merci d’envoyer de ce questionnaire à:

Help - 54 rue Emile MayrischL-4240 Esch/Alzette

Nous vous remercions pour votre participation.

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