Cahiers Du Communisme (1947-1950)

Embed Size (px)

Citation preview

  • 7/25/2019 Cahiers Du Communisme (1947-1950)

    1/136

    1

    Cahiers du communismeArticles 1947-1950

    Sommaire :

    Documents sur les origines de la Deuxime Guerre Mondiale (p. 2)

    Andr Jdanov Sur les origines de la Deuxime Guerre Mondiale (p. 8)

    Andr Jdanov Sur la situation internationale (p. 11)

    F. Dvoriankine La victoire de la science biologique mitchourinienne (p. 24)

    I. Charikov De la lutte entre le nouveau et lancien dans le dveloppement de la socit sovitique (p. 32)

    Joseph Staline Les fauteurs de guerre ont peur dune entente avec lUnion Sovitique (p. 39)

    Lconomie de guerre (p. 41)

    Que se passe-t-il en Yougoslavie (p. 48)

    La Yougoslavie de Tito dans le camp imprialiste (p. 54)

    Le nouveau budget dEtat de l'URSS 1949 (p. 59)

    Le nouveau budget dEtat de l'URSS 1950 (p. 61)

    Lconomie sovitique de paix et ldification du communisme (p. 63)

    Trente ans de luttes de lURSS pour la paix et la scurit (p. 69)

    Les dbats en Union Sovitique sur les questions dconomie (p. 77)

    B. Kedrov La naissance du marxisme Une grande rvolution dans la philosophie (p. 86)

    40e anniversaire de Matrialisme et Empiriocriticisme Lnine et la philosophie (p. 89)

    Anarchisme ou socialisme et les fondements thoriques du communisme (p. 102)

    V. Kroujkov Un ouvrage classique de Staline Des principes du lninisme (p. 108)

    Une nouvelle dition de Lanti-Dhring de Friedrich Engels (p. 112)Une revue anticommuniste Les Temps Modernes (p. 118)

    Philosophie de dictateur (Sur de Gaulle) (p. 120)

    La raction et lEglise catholique (p. 128)

    Edition lectronique ralise par Vincent Gouysse partir darticles publisdans les Cahiers du communisme de 1947 1950. Cette slection ne pose pas deproblme majeur de rvision des principes marxistes-lninistes.

    WWW.MARXISME.FR

  • 7/25/2019 Cahiers Du Communisme (1947-1950)

    2/136

    2

    Documents sur les origines de la deuxime guerre mondiale Falsificateurs de lhistoire

    On peut tromper tout le monde pendant un certain temps, on peut tromper quelques-unsindfiniment, mais on ne saurait tromper indfiniment tout le monde. (Lincoln.)

    Lorsque le Prsident Truman, agent d'excution de la classe des capitalistes, annonce une campagne devrit , cela signifie prcisment que l'entreprise de falsifications et de calomnies qu'il dirige va essayer de travailler un rythme plus ample et plus rapide.Certes, les procds amricains (et leurs imitations ou plutt leurs traductions franaises) sont, dansl'ensemble, grossiers. Les Amricains traitent de ces questions de la mme faon que leurs affaires : lamanire du big business .Il serait nanmoins trs dangereux de sous-estimer la porte de ce travail d'intoxication qui atteint un trslarge public, et il serait puril et indigne d'un communiste d'y rpondre seulement par un haussementd'paules.Le fait que nos ides soient justes et vrifies par les faits ne suffit pas pour que cela soit clair tout lemonde. Il faut encore avoir le courage d'en faire, sans se) lasser, la dmonstration.A l'occasion de l'anniversaire du dclenchement de la deuxime guerre mondiale, les falsificateurs de

    l'histoire ont entrepris une campagne grossire dont le but est de prparer les esprits une troisime guerremondiale, dirige contre l'U.R.S.S. Le Populaire, organe des dirigeants socialistes de droite, a une fois de plus donn le ton ce concert,notamment en dnaturant la porte et le caractre du pacte de non-agression germano-sovitique du 23 aot1939. L'Aurore publie, sous le titre Les secrets de la deuxime guerre mondiale , une srie d'lucubrations de la plus haute fantaisie qui n'ont rien voir avec la vrit historique. France-Soir commence une enqute intitule Guerre ou Paix par un article sur l'Arme Rouge dontles lments, pour les besoins de la cause, ont t puiss chez les tratres et les espions qui sont les auxiliairesindispensables, et pour ainsi dire uniques, des falsificateurs.Il ne s'agit pas ici de dmonter le mcanisme du mensonge chez les falsificateurs de l'histoire. On auraintrt, sur ce point, se reporter la trs courte et trs vivante tude faite par Roger Garaudy dans lesCahiers. (Roger Garaudy : Le mcanisme du mensonge chez les falsificateurs de l'Histoire , Cahiers,avril 1950.)Il est indispensable de rpondre aux falsifications et aux calomnies des dirigeants amricains, anglais et deleurs valets franais.Il existe, de ce point de vue, une srie de documents publis par le Ministre des Affaires trangres del'U.R.S.S. au dbut de 1948 ( Documents et matriaux se rapportant la veille de la deuxime guerremondiale . Archives du ministre des Affaires trangres d'Allemagne publies par le ministre des Affairestrangres de l'U.R.S.S. (1937-1939), en 2 volumes relie toile, 582 pages : 240 francs.) et dont lesenseignements se trouvent rsums dans la notice historique Falsificateurs de l'Histoire publie lamme date par le Bureau d'Information Sovitique. ( Falsificateurs de l'Histoire (notice historique). Edition de Moscou, 64 pages : 12 francs, Edition du C.D.L.P., une plaquette de 96 pages, avec Index desnoms cits : 35 francs.)La lecture (d'ailleurs passionnante) et l'tude de cette notice sont ncessaires tous ceux qui veulent y voir clair dans les vnements qui ont prcd et accompagn la prparation et le dclenchement de la deuximeguerre mondiale et, par consquent, ncessaires tous ceux qui veulent comprendre les vnementsactuels. Ces documents sont un complment indispensable et de grande valeur au rapport du camaradeJdanov, en 1947, sur la situation internationale.Ils constituent une mine prcieuse pour rpondre aux falsificateurs et aux fomentateurs d'une nouvelle guerreet pour retourner contre eux les coups qu'ils prtendent nous porter.A en croire les dirigeants amricains, anglais et franais, l'anne 1939 suffirait pour expliquer le

    dclenchement de la deuxime guerre mondiale. Dans toutes les fameuses enqutes sensationnelles publies par les journaux leur dvotion, il n'est question en gnral que de l'anne 1939 et mme plus prcisment du pacte de non-agression germano-sovitique d'aot 1939.

  • 7/25/2019 Cahiers Du Communisme (1947-1950)

    3/136

    3

    A croire que, dans toutes les annes prcdentes, il ne s'est rien pass, que les dirigeants amricains, anglaiset franais ont men la politique la meilleure qui soit au monde. Or, Qui ne sait que l'Allemagne a commenc la prparation de la guerre ds l'accession de Hitler au pouvoir ?Qui ne sait galement que le rgime hitlrien a t cr par les milieux monopolistes allemands, avecl'approbation pleine et entire du camp dirigeant de l'Angleterre, de la France et des Etats-Unis ? ( Falsificateurs de l'Histoire , chapitre I, page 9 (les rfrences correspondent l'dition du C.D.L.P.).)

    Les trusts amricains ont donn Hitler l'outil ncessaire pour son agression.C'est la mme politique qui est mene actuellement par les dirigeants amricains et, comme par hasard, avecles mmes hommes, notamment, Allen Dulles, chef des Services secrets amricains, et son frre, le fameuxJohn Foster Dulles, minence grise du Prsident Truman.Allen Dulles, directeur des maisons de Londres, Cologne et Hambourg de la Banque Schrder o dominait letrust allemand de l'acier fond par le clbre magnat de la Ruhr Thyssen, a jou un rle de premier plan dansles rapports entre les monopoles capitalistes amricains et allemands.C'est le mme Allen Dulles qui, en pleine guerre, en fvrier 1943, tait dlgu par le gouvernement desU.S.A. en Suisse pour sonder les possibilits de conclure une paix spare avec Hitler.Allen Dulles dclara au cours des pourparlers qu'il reconnaissait pleinement les prtentions de l'industrieallemande un rle prpondrant en Europe ( Falsificateurs de l'Histoire , page 34.). C'est cette politique que les Amricains appliquent actuellement !Quant John Foster Dulles, il dirigeait la fameuse affaire de contentieux Sullivan and Cromwell ,troitement lie avec le trust Standard Oil de Rockfeller et avec la plus puissante banque des U.S.A., la Chase National Bank , qui a investi d'immenses capitaux dans l'industrie allemande.Aprs avoir permis que se crent les conditions conomiques du rarmement hitlrien, les dirigeantsamricains, anglais et franais ont tout naturellement laiss Hitler constituer tranquillement une vritablearme d'agression en menant avec lui une politique de non-intervention et de capitulation que l'on baptisaitdu nom trompeur de politique d'apaisement avec l'Allemagne.C'est ainsi qu'actuellement, aprs avoir permis la renaissance des trusts de l'Allemagne occidentale, lesimprialistes amricains en sont arrivs permettre et favoriser la constitution d'une vritable arme

    d'agression dont la direction reviendrait aux anciens gnraux nazis que l'on blanchit tour de bras.Les dirigeants socialistes de droite marchaient fond dans cette politique et fournissaient les armesidologiques.Voil les faits indiscutables que les fauteurs de guerre cachent cyniquement aux peuples ; voil des faits donton ne parle pas beaucoup dans le Populaire, dans France-Soir, dans Franc-Tireur et autre Aurore. Nous avions un pacte d'alliance avec l'U.R.S.S., mais c'tait avec Hitler que Daladier et Chamberlains'acoquinaient.C'est pourquoi l'Epoque du 25 aot 1950 ose crire des Sovitiques : ... Ceux que le hasard fit nos allis en juin 1941. En effet, la grande ide des dirigeants des U.S.A., de l'Angleterre et de la France tait d'isoler l'U.R.S.S., delancer Hitler contre les Soviets.C'est ce que Truman, alors membre influent du Snat amricain, annonait sans vergogne, en 1941, aulendemain de l'agression hitlrienne contre l'U.R.S.S. : Si nous voyons l'Allemagne prendre le dessus, nous devrons aider la Russie, et, si les chances sont du ctde la Russie, nous devrons aider l'Allemagne de telle sorte qu'il y ait le plus de tus possible. (New York Times, du 24 Juin 1941, cit dans Falsificateurs de l'Histoire , page 78.)(On voit, entre parenthses, quel respect a M. Truman de la personne humaine .)On comprend aussi pourquoi les U.S.A. ne sont entrs en guerre qu'en dcembre 1941 et pourquoi ilsdemandent constamment aux autres peuples de se faire tuer pour eux.Un des thmes favoris des discours et des articles de nos ractionnaires est la question du pacte de non-agression germano-sovitique du 23 aot 1939.C'est l'argument sans cesse avanc que l'on vous prsente triomphalement avec le sentiment de vous mettreknock-out. C'est la tarte la crme de la propagande amricanise.

  • 7/25/2019 Cahiers Du Communisme (1947-1950)

    4/136

    4

    De nombreux documents s'inscrivent en faux contre les affirmations mensongres de l'adversaire sur cettequestion. (On relira ce sujet avec profit l'article clairvoyant et vigoureux, oubli par Jdanov, dans la Pravda, du 29 Juin 1839 (repris par les cahiers de septembre 1950), et le chapitre XXVI, au tome III del'Histoire de la Diplomatie, publie sous la direction de V. Potiemkine.)Dans son discours du 3 juillet 1941, Staline a rappel le caractre de ce pacte : On peut nous demander : comment a-t-il pu se faire que le gouvernement sovitique ait accept de

    conclure un pacte de non-agression avec des flons de cette espce et des monstres tels que Hitler et Ribbentrop ? Le gouvernement sovitique n'a-t-il pas en l'occurrence commis une erreur ? Non, bien sr. Le pacte de non-agression est un pacte de paix entre deux Etats. Et c'est un pacte de ce genre que l'Allemagnenous avait propos en 1939. Le gouvernement sovitique pouvait-il repousser cette proposition ? Je pensequ'aucun tat pacifique ne peut refuser un accord de paix avec une puissance voisine, mme si la tte decette dernire se trouvent des monstres et des cannibales comme Hitler et Ribbentrop. Cela, bien entendu, une condition expresse : que l'accord de paix ne porte atteinte, ni directement, ni indirectement, l'intgritterritoriale, l'indpendance et l'honneur de l'tat pacifique. On sait que le pacte de non-agression entrel'Allemagne et l'U.R.S.S. tait justement un pacte de ce genre. Qu'avons-nous gagn en concluant avec l'Allemagne un pacte de non-agression ? Nous avons assur notre pays la paix pendant un an et demi et la possibilit de prparer nos forces la riposte au cas ol'Allemagne fasciste se serait hasarde attaquer notre pays en dpit du pacte. C'est l un gain certain pour nous et une perte pour l'Allemagne fasciste. (J. Staline : sur la grande guerre de l'Union Sovitique pour le salut de la patrie, page 7.) Falsificateurs de l'Histoire donne une relation complte, rigoureuse des faits qui ont amen la signaturedu pacte de non-agression germano-sovitique. ( Falsificateurs de l'Histoire , chap. III : L'isolement del'Union Sovitique, le pacte de non-agression sovito-allemand .)Le pacte de non-agression germano-sovitique est la consquence de l'chec des ngociations franco-anglo-sovitiques commences en mars 1939 et qui ont dur prs de quatre mois.Preuves l'appui, la notice Falsificateurs de l'Histoire montre que ces ngociations ont chou pour lesraisons suivantes :a) les dirigeants anglais et franais dsiraient des conversations autour d'un accord avec l'U.R.S.S. et nevoulaient pas de l'accord lui-mme. Ces conditions taient ncessaires du point de vue de Daladier et deChamberlain pour tromper l'opinion publique en essayant de prsenter ces pourparlers comme une srieuse tentative d'empcher les progrs de l'agression hitlrienne . b) le principal objectif des dirigeants franais et anglais, appuys par les U.S.A., tait d'isoler l'U.R.S.S. etd'orienter l'agression hitlrienne contre elle. Par suite, l'galit et la rciprocit des obligations n'taient pasadmises par les Occidentaux de ce temps-l : L'U.R.S.S. devait assumer tout le poids des sacrifices quecoterait la riposte une agression hitlrienne possible, tandis que ni l'Angleterre, ni la France ne prenaient la moindre obligation envers l'union sovitique. c) sur l'instigation des dirigeants anglais et franais, l'ambassadeur de Pologne Moscou communiqua le 11mai 1939 que la Pologne n'estime pas possible de conclure un pacte d'assistance mutuelle avecl'U.R.S.S. .

    d) les dlgus anglais et franais ainsi que les missions militaires anglaises et franaises n'taient munisd'aucun pouvoir pour signer quelque accord que ce ft avec l'U.R.S.S., et se trouvaient composs de personnalits de second rang. Pour discuter avec l'U.R.S.S., on envoyait des subalternes ; pour ngocier avec Hitler, Chamberlain et Daladier s'taient dplacs en personne !e) alors que les Sovitiques se dclaraient prts mettre en ligne contre l'agresseur 136 divisions, 10.000tanks et 5.000 avions, les Anglais mentionnaient les chiffres drisoires de 5 divisions d'infanterie et d'unedivision mcanise !f) pendant ces ngociations, les Anglais menaient dans la coulisse des pourparlers avec lAllemagne,auxquels ils attachaient une importance infiniment plus grande . ( Falsificateurs de l'Histoire , page 56.)C'est ce que le Times de Londres avouait en crivant :

    Une alliance rapide et rsolue avec les Russes peut gner d'autres ngociations. Et l'ancien Prsident du Conseil anglais Lloyd George crivit dans Ce Soir un article o il disait : Neville Chamberlain, Halifax, John Simon ne veulent aucun accord avec la Russie.

  • 7/25/2019 Cahiers Du Communisme (1947-1950)

    5/136

    5

    Daladier et Bonnet n'en voulaient pas plus que Chamberlain et Halifax.Leur attitude, encourage par les U.S.A., revenait dire Hitler : Vous voyez bien que nous n'avons pasl'intention de nous entendre avec l'U.R.S.S. Par consquent, l'U.R.S.S. est isole, vous pouvez l'attaquer entoute tranquillit, nous ne lverons pas le petit doigt. L'Union Sovitique tait place devant cette alternative : Ou bien accepter, dans un but d'autodfense, la proposition faite par l'Allemagne de signer un pacte denon-agression, et assurer par-l mme l'U.R.S.S. la prolongation de la paix pour un certain laps de temps,que l'Etat sovitique utiliserait pour mieux prparer ses forces en vue de la riposte l'attaque ventuelle del'agresseur. Ou bien dcliner la proposition de l'Allemagne relative au, pacte de non-agression et permettre de ce fait aux provocateurs de guerre du camp des puissances occidentales d'entraner immdiatement l'Union sovitique dans un conflit arm avec l'Allemagne, cela dans une situation tout a fait dfavorable l'Union sovitique qui serait compltement isole. ( Falsificateurs de l'Histoire , page 60.)L'Union Sovitique s'est donc vue oblige de signer le pacte de non-agression avec l'Allemagne. Cet acte du gouvernement sovitique a dtermin, dans une trs, grande mesure, l'issue favorable, pour l'Union sovitique et pour tous les peuples dmocratiques, de la deuxime guerre mondiale.

    La stratgie stalinienne a russi djouer le plan des imprialistes qui, n'ayant pu museler le bolchvismeds sa naissance , comme dit Churchill, voulaient anantir le pays du socialisme.La stratgie stalinienne a sauv l'Union Sovitique, la France et tous les autres peuples.Relater l'histoire de la deuxime guerre mondiale seulement dater du pacte de non-agression germano-sovitique comme le font les falsificateurs de l'histoire, est donc une escroquerie pure et simple. De plus : N'est-ce pas un fait que, de toutes les grandes puissances non agressives de l'Europe, l'Union sovitique fut la dernire conclure un pacte avec les Allemands ? . ( Falsificateurs de l'Histoire , page 62.)En effet, nos calomniateurs et nos falsificateurs veulent faire oublier que la Pologne, allie la France et l'Angleterre, avait sign un pacte de non-agression avec les Allemands en 1934.Ils veulent faire oublier que le 30 septembre 1938, Munich, Hitler et Chamberlain ont sign une dclaration

    de non-agression germano-anglaise.Ils veulent faire oublier aussi que le 6 dcembre 1938 Bonnet et Ribbentrop signaient Paris une dclarationde non-agression franco-allemande analogue la dclaration germano-anglaise.C'est au cours de ces entretiens que Bonnet avait promis Ribbentrop de mettre les communistes laraison !Le droulement de la guerre devait apporter une clatante justification la politique stalinienne.Mme engags dans la guerre contre Hitler, les dirigeants anglais et franais continuaient rver de retourner la guerre contre l'U.R.S.S. Alors qu'ils n'avaient rien fait pour dfendre la Pologne (qui avait pourtant unegarantie franco-anglaise) contre l'agression allemande, ils encouragrent le gouvernement finlandais dans sa politique de provocation l'gard de l'U.R.S.S. et le ravitaillrent en armes et en effectifs qui faisaient pendant ce temps-l dfaut sur le front occidental devant la menace hitlrienne.Le but des dirigeants anglais et franais n'tait pas de s'emparer de Berlin, mais de Moscou. Leurs hommes etleurs avions n'taient pas employs contre l'Allemagne, mais contre l'U.R.S.S., que l'on esprait envahir travers la Finlande et le Caucase sur la base d'un plan labor par de Gaulle et Weygand, avec l'appui de Paul Reynaud et des dirigeants socialistes. ( Falsificateurs de l'Histoire , pages 65 73.)En face de cette politique antisovitique courte vue, l'U.R.S.S. prenait des dispositions pour mettre enchec la stratgie hitlrienne, non seulement en se protgeant elle-mme, mais en prparant les conditions dela victoire des peuples dmocratiques.Elle cra un front Est contre Hitler et vita que la Finlande, l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie et la moitide la Pologne ne soient transformes en colonies hitlriennes.C'est ce que Daladier et Chamberlain appelaient cyniquement une politique d'agression de la part de

    l'U.R.S.S. C'est le prtexte dont ils se sont servis pour l'exclure de la Socit des Nations. Or, Que serait-il arriv si l'U.R.S.S. n'avait pas cr, avant l'agression de l'Allemagne, le front Est , passant bien plus l'ouest des anciennes frontires de l'U.R.S.S. ?

  • 7/25/2019 Cahiers Du Communisme (1947-1950)

    6/136

    6

    Cela aurait permis aux troupes de Hitler de gagner un espace s'tendant sur des centaines de kilomtres,ce qui aurait rapproch le front allemand de 200 300 kilomtres de la ligne Lningrad-Moscou-Minsk- Kiev... et abouti la prise de Moscou par les Allemands et la prise de Lningrad par les forces runies des Allemands et des Finlandais. L'U.R.S.S. se serait vue contrainte de passer la dfensive pour un temps prolong, ce qui aurait permis aux Allemands de librer l'Est une cinquantaine de divisions en vue de leur dbarquement dans les Iles britanniques et de renforcer le front germano-italien dans la zone de l'Egypte. Il est fort probable que le gouvernement anglais aurait d s'exiler au Canada et que l'Egypte et le canal deSuez seraient tombs sous la domination de Hitler. Mais ce n'est pas tout. L'U.R.S.S. se serait vue oblige de transfrer sur le front Est une grande partiede ses troupes de la frontire mandchoue afin de renforcer sa dfense, ce qui aurait permis aux Japonais delibrer environ trente divisions en Mandchourie et de les diriger contre la Chine, les Philippines, le Sud-Est de l'Asie en gnral et enfin de compte contre les forces amricaines d'Extrme-Orient. Tout cela aurait prolong la guerre de deux ans au moins, et la deuxime guerre mondiale aurait, fini, non pas en 1945, mais en 1947 ou mme un peu plus tard. ( Falsificateurs de l'Histoire , page 76.)Ainsi, c'est l'U.R.S.S. et son chef Staline qui ont empch le dbarquement hitlrien en Angleterre et la chutede Londres.C'est grce l'U.R.S.S. et Staline que les Amricains n'ont pas t obligs de sacrifier des millions et des

    millions de soldats dans une guerre plus longue.C'est grce l'U.R.S.S. et Staline que des millions et des millions de vies humaines ont t pargnes etque des millions de dports et de prisonniers ont pu rentrer des camps de la mort.Voil ce qu'il faut lancer la face des falsificateurs et des calomniateurs : la politique de paix de l'U.R.S.S. setrouve une fois de plus confirme d'une faon clatante par les faits.Les vnements de la deuxime guerre mondiale offrent galement de nombreux exemples des principes dela politique de l'U.R.S.S. envers ses allis et, notamment, du respect des engagements pris.Deux faits trs caractristiques sur ce point sont relats dans les Falsificateurs de l'Histoire : d'une part,le fait que les Anglo-Amricains n'ont pas tenu leur serment solennel d'ouvrir le deuxime front en Europeds 1942, ce qui a prolong la dure de la guerre, accru les souffrances du peuple franais et provoqu lamort supplmentaire de millions d'hommes, notamment de millions de Sovitiques.D'autre part, le fait qu' la demande expresse de Churchill au mois de janvier 1945, Staline avanait la datede l'offensive des forces sovitiques pour viter un effondrement du front anglo-amricain perc dans lesArdennes par l'offensive de Von Runstedt en 1944. ( Falsificateurs de l'Histoire , page 87 91.)Rcemment, Churchill a t fait citoyen d'honneur de Strasbourg, mais l'histoire montre que le sauveur deStrasbourg et de la France ce ne fut pas Churchill, mais Staline. L'histoire rparera un jour cette erreur.Les dirigeants amricains clament sur tous les tons que la France est leur allie .A la manire dont le seigneur traite son valet...C'est pourquoi ils ont impos la France le plan Marshall, non pour l'aider vivre, mais pour la tuer, etveulent introduire en France les caractristiques essentielles du mode de vie amricain : le chmage et lamisre.Cette conception des rapports entre allis est explique dans les Falsificateurs de l'Histoire : Les citoyens sovitiques sont d'avis que, lorsqu'un alli se trouve dans une situation difficile, il faut luivenir en aide par tous les moyens possibles ; il faut le considrer non pas comme un compagnon de routetemporaire, mais comme un ami, se rjouissant de ses succs, se rjouissant lorsqu'il devient plus fort. Lesreprsentants des Anglais et des Amricains ne sont pas d'accord l-dessus et taxent cette morale denavet. Ils partent de ce point de vue qu'un alli fort est dangereux, qu'il n'est pas dans leurs intrts que cet allidevienne plus fort, que mieux vaut un alli faible plutt que fort et que, s'il devient quand mme plus fort, il faut prendre des mesures pour l'affaiblir. ( Falsificateurs de l'Histoire , page 85.)Tout autre est la conception des Sovitiques : ils l'ont prouv dans les accords politiques et conomiques

    conclus avec les pays de dmocratie populaire sur un pied d'galit et de rciprocit absolues ou dans lesngociations commerciales avec les pays capitalistes, comme Attlee a t rcemment oblig de le reconnatre propos de l'accord commercial anglo-sovitique.

  • 7/25/2019 Cahiers Du Communisme (1947-1950)

    7/136

    7

    Par ces quelques aperus des documents sovitiques sur l'origine et le dclenchement de la deuxime guerremondiale, nous avons voulu attirer l'attention sur la valeur de ces documents trs facilement accessibles par leur prix, trs agrables par leur lecture. Ce vritable prcis d'histoire ne doit pas rester entre les mains dequelques-uns.Il constitue pour tous nos militants, pour nos propagandistes, pour nos journalistes une source dedocumentation riche et passionnante.

    Quand on a lu ces textes, on reste confondu devant la clairvoyance de la politique stalinienne, ne laissant rienau hasard, examinant tous les aspects pour trouver la solution juste.Combien de millions et de millions d'hommes et de femmes doivent leur vie a Staline, celui qui dit del'homme qu'il est le capital le plus prcieux .Combien lourde, par contre, est la responsabilit des dirigeants occidentaux , et criminelle leur politique.Ces textes nous apportent aussi de nouvelles lumires sur la politique de paix de l'Union Sovitique, sur l'incomparable patience de ses dirigeants, et sur leur connaissance approfondie des ractions politiques deschefs imprialistes. Falsificateurs de l'Histoire est un arsenal prcieux de la campagne contre les entreprises de mensonges etde falsifications de la campagne de contre-vrit lance par Truman.

    Que nos militants, que nos journalistes, que nos dessinateurs et caricaturistes y puisent sans tarder.Que l'on se donne la peine de faire travailler son cerveau, et que l'on se serve de ces armes incomparablesdans la lutte pour la paix.Certains de nos journalistes font des prodiges d'ingniosit pour prsenter ou raconter un fait diverssensationnel. Qu'ils fassent preuve d'autant, et mme d'une ingniosit plus grande encore pour prsenter cesdocuments, pour les raconter, pour les porter, comme on dit, la connaissance du grand public.Ce serait une grave ngligence et une lourde responsabilit que de les laisser dormir dans la poussire destiroirs.

    Henry Bordage(Cahiers du communisme, octobre 1950, pp. 86-94.)

  • 7/25/2019 Cahiers Du Communisme (1947-1950)

    8/136

    8

    Andr Jdanov Sur les origines de la deuxime guerre mondiale

    Il y a deux ans, le 31 aot 1948, mourait Andr Jdanov, secrtaire du Comit central du Particommuniste (bolchevik) de l'U.R.S.S., proche compagnon d'armes de Staline. Andr Jdanov estsurtout connu du peuple franais par son magistral rapport, toujours actuel, Sur la situationinternationale prsent en septembre 1947 la premire confrence des Partis communisteset ouvriers et galement par quelques-unes de ses interventions sur des problmes culturels[A. Jdanov : Sur la littrature, la philosophie et la musique. Les Editions de la NouvelleCritique (en rimpression, avec une prface d'ARAGON).]. Les Cahiers du Communisme quiavaient alors, sous la plume de Laurent Casanova, consacr une tude ce grand disparu [L.Casanova : Jdanov et le mouvement ouvrier international. Cahiers, octobre 1948.] reviendront prochainement sur l'apport de Jdanov. Toutefois, en ces jours anniversaires dudclenchement de la deuxime guerre mondiale, nous voulons faire connatre nos lecteursl'article clairvoyant et vigoureux, publi par Jdanov dans la Pravda du 29 juin 1939, alors queles ngociations anglo-franco-sovitiques demeuraient au point mort, du fait de la duplicit desgouvernants de Londres et de Paris qui ne voulaient pas aboutir un accord vritable et sincreavec l'Union Sovitique, condition indispensable au maintien de la paix.

    La rdactionLES GOUVERNEMENTS ANGLAIS ET FRANAIS NE VEULENT PAS TRAITER AVECL'U.R.S.S. SUR UN PIED D'GALIT

    Les pourparlers anglo-franco-sovitiques, en vue de conclure un pacte efficace d'assistance mutuelle contrel'agression, se trouvent dans une impasse. Malgr la clart absolue de la position du gouvernementsovitique, malgr tous les efforts du gouvernement sovitique tendant la conclusion rapide du pacted'assistance mutuelle, en ne voit aucun progrs plus ou moins substantiel dans la marche des pourparlers.Ce fait ne peut pas ne pas avoir une signification srieuse dans la situation internationale actuelle. Il ranimeles espoirs des agresseurs et de tous les ennemis de la paix, de pouvoir faire chouer l'entente entre les Etatsdmocratiques contre l'agression, il pousse les agresseurs au dveloppement plus large de l'agression.Sous ce rapport, une question surgit : en quoi rside la cause du retard survenu dans les pourparlers, dontl'achvement favorable est attendu avec impatience et esprance par tous les peuples pris de paix, par tousles amis de la paix ?Je me permettrai d'exprimer une opinion personnelle ce sujet, bien que mes amis ne soient pas d'accord

    avec moi. Ils continuent considrer qu'en commenant les pourparlers pour le pacte d'assistance mutuelleavec l'U.R.S.S., les gouvernements anglais et franais avaient l'intention srieuse de dresser une barrire puissante contre l'agression en Europe.

  • 7/25/2019 Cahiers Du Communisme (1947-1950)

    9/136

    9

    Je pense et j'essaierai de prouver par des faits, que les gouvernements anglais et franais ne veulent pas detrait d'gal gal avec l'U.R.S.S., c'est--dire le seul genre de trait que puisse accepter un Etat qui serespecte et que, prcisment, cette circonstance est la cause de l'tat de stagnation o se trouvent les pourparlers.Quels sont ces faits ? Les pourparlers anglo-sovitiques, dans le sens direct de ce terme, c'est--dire depuis lemoment o les premires propositions anglaises du 15 avril nous furent soumises, se poursuivent dj depuis

    75 jours, dont 16 jours furent employs par le gouvernement sovitique pour prparer la rponse auxdiffrentes propositions anglaises et les autres 59 jours furent employs par les Anglais et les Franais freiner et faire traner les choses. On se demande qui porte, en l'occurrence, la responsabilit, du fait que les pourparlers avancent si lentement, si ce ne sont les Anglais et les Franais ?La pratique de la conclusion d'accords internationaux, semblables l'accord anglo-franco-sovitique,dmontre que l'Angleterre a conclu un pacte d'assistance mutuelle avec la Turquie et avec la Pologne, en un bref laps de temps. Il s'ensuit que lorsque l'Angleterre a dsir conclure des traits avec la Turquie et laPologne, elle a su assurer le rythme dsirable dans la conduite des pourparlers.Ces retards inadmissibles et atermoiements sans fin dans les pourparlers avec l'U.R.S.S. permettent de douter de la sincrit des intentions vritables de l'Angleterre et de la France, et nous obligent poser la question desavoir ce qu'il y a prcisment la base d'une telle politique : aspirations srieuses d'assurer le front de la paix ou dsir d'utiliser ces pourparlers et le retard de ces pourparlers pour quelque autre but n'ayant rien voir avec l' uvre de cration d'un front des puissances pacifiques.De telles questions se posent, d'autant plus qu'au cours des pourparlers les gouvernements anglais et franaisamoncellent les difficults artificielles, crent une apparence de dsaccords srieux entre l'Angleterre et laFrance, d'une part, et l'U.R.S.S., d'autre part, sur des questions qui pourraient tre rsolues sansatermoiements et sans obstacles, condition d'une bonne volont et d'intentions sincres de l'Angleterre et dela France.On sait, par exemple, qu'une telle pierre d'achoppement , imagine artificiellement dans les pourparlers,est la question de la garantie par les trois puissances de l'aide immdiate la Lettonie, l'Estonie et laFinlande, au cas o leur neutralit serait viole par les agresseurs ; les allgations par lesquelles les Etats baltes mentionns ne dsirent pas cette garantie et que cette circonstance empche soi-disant l'Angleterre etla France d'accepter les propositions sovitiques, sont videmment inconsistantes et ne peuvent tre dictesque par la seule intention de rendre les pourparlers difficiles en vue de les faire chouer.En tout cas, nous connaissons des faits tmoignant que lorsque l'Angleterre se considre intresse garantir tel ou tel pays, elle trouve pour cela les voies convenables sans attendre que ces pays exigent eux-mmes desgaranties pour eux.Le journal anglais Sunday Times crit, dans son numro du 4 juin, que la Pologne exprima sonconsentement pour le cas o la Grande-Bretagne serait entrane la guerre en liaison avec l'agression contrela Hollande, venir en aide la Grande-Bretagne, que, d'autre part, la Grande-Bretagne est d'accord pour venir en aide la Pologne au cas o celle-ci serait entrane la guerre en liaison avec une agression contreDantzig ou la Lituanie .Ainsi il rsulte que la Grande-Bretagne et la Pologne garantissent simultanment tant la Lituanie que laHollande. Je ne sais si on a demand la Lituanie et la Hollande leur avis sur cette garantie bilatrale entout cas il n'y avait aucun article sur ce point dans la presse mais, autant que je sache, la Hollande et laLituanie nient avoir sollicit cette garantie. Cependant le pacte bilatral garantissant ces pays est dj conclu pour l'essentiel, comme le communique le Sunday Times et ce n'est un secret pour personne que lecommuniqu de ce journal n'a jamais t dmenti.Il n'y a pas longtemps, le ministre polonais des Affaires trangres, M. Beck, interview par un journalistefranais, a dclar, entre autres, de manire non quivoque, que la Pologne n'exigeait rien, ne demandait rienconcernant des garanties quelconques de l'U.R.S.S. et qu'elle tait entirement satisfaite par le fait qu'unaccord commercial rcemment conclu existait entre la Pologne et l'U.R.S.S.En quoi la position de la Pologne diffre-t-elle en l'occurrence de la position des cercles gouvernementauxdes trois Etats baltes ? Absolument en rien. Cela n'empche pas l'Angleterre et la France d'exiger del'U.R.S.S. des garanties non seulement pour la Pologne, mais encore pour les quatre autres Etats dont nous nesavons pas s'ils dsirent avoir une garantie de l'U.R.S.S., et aussi une garantie pour la Hollande et la Suisseavec lesquelles l'U.R.S.S. n'a mme pas de simples relations diplomatiques.

  • 7/25/2019 Cahiers Du Communisme (1947-1950)

    10/136

    10

    Tous ces faits dmontrent que les Anglais et les Franais ne veulent pas de trait avec l'U.R.S.S. fond sur le principe de l'galit et de la rciprocit ; bien qu'ils jurent chaque jour tre, eux aussi, pour l'galit , maisqu'ils veulent un trait o l'U.R.S.S. jouerait le rle de valet de ferme et supporterait elle seule tout le poidsde l'engagement.Cependant, aucun pays qui se respecte n'accepterait un tel trait s'il ne voulait pas tre un jouet entre lesmains de gens qui aiment faire tirer les marrons du feu pour eux par d'autres. A plus forte raison, un tel

    trait ne peut pas tre accept par l'U.R.S.S. dont la force, la puissance et la dignit sont connues dans lemonde entier. Il me semble que les Anglais et les Franais ne veulent pas d'un trait vritable, acceptable pour l'U.R.S.S., mais seulement des conversations au sujet d'un trait, afin de spculer sur la prtendueintransigeance de l'U.R.S.S. devant l'opinion publique de leur pays et rendre plus facile le chemin ducompromis avec les agresseurs. Les jours prochains doivent montrer s'il en est ainsi ou non.

    (Cahiers du communisme, septembre 1947, pp. 24-27.)

  • 7/25/2019 Cahiers Du Communisme (1947-1950)

    11/136

    11

    Andr Jdanov Sur la situation internationale(Rapport prsent la confrence d'information des neuf partis Communistes qui s'est tenue en Pologne la fin du mois de septembre 1947.)I. SITUATION INTERNATIONALE APRS LA GUERRELa fin de la seconde guerre mondiale a apport des changements essentiels dans l'ensemble de la situationmondiale. La dfaite militaire du bloc des Etats fascistes, le caractre antifasciste et de libration de laguerre, le rle dcisif jou par d'Union Sovitique dans la victoire sur les agresseurs fascistes : tout cela aconduit un changement radical dans le rapport des forces entre les deux systmes socialiste et capitaliste en faveur du socialisme. En quoi consistent ces changements ?Le rsultat principal de la seconde guerre mondiale consiste dans la dfaite militaire de l'Allemagne et duJapon les deux pays les plus militaristes et les plus agressifs du capitalisme. Les lments ractionnairesimprialistes du monde entier, et particulirement en Angleterre, aux Etats-Unis d'Amrique et en France,avaient fond des espoirs particulier sur l'Allemagne et le Japon, et surtout sur l'Allemagne hitlrienne, premirement, en tant que force la plus capable de porter un coup tel l'Union Sovitique qu'il aurait pul'affaiblir et miner son influence sinon l'craser, et deuximement, en tant que force capable d'craser lemouvement ouvrier rvolutionnaire et dmocratique en Allemagne mme et dans tous les pays qui taientl'objet de l'agression hitlrienne. On visait, de cette faon, consolider la situation gnrale du capitalisme.C'est l qu'il faut chercher l'origine et l'une des principales causes de la politique munichoise d'avant-guerre, politique d' apaisement et d'encouragement l'agression fasciste, politique mene mthodiquement par lesmilieux imprialistes dirigeants d'Angleterre, de France et des Etats-Unis d'Amrique.Cependant, les espoirs que les imprialistes anglo-franco-amricains nourrissaient l'gard des hitlriens nese sont pas justifis. Contrairement ce que supposaient les munichois, les hitlriens ont prouv qu'ils taient plus faibles, tandis que l'Union Sovitique et les peuples pris de libert ont prouv qu'ils taient plus forts.Ainsi, la seconde guerre mondiale a eu pour rsultat ceci : les forces principales de la raction fascisteinternationale militante ont t mises en droute et se sont trouves pour longtemps hors de combat.Par consquent, le systme capitaliste mondial dans son ensemble a subi de nouveau un coup srieux. Si lersultat le plus important de la premire guerre mondiale fut la rupture du front uni de l'imprialisme et ledtachement de la Russie du systme capitaliste mondial ; si, par suite de la victoire du rgime socialiste en

    U.R.S.S., le capitalisme a cess d'tre le systme universel unique de l'conomie mondiale, le rsultat de laseconde guerre mondiale avec la dfaite du fascisme, avec l'affaiblissement des positions mondiales ducapitalisme et le renforcement du mouvement antifasciste, a t le dtachement de toute une srie de pays del'Europe centrale et sud-orientale du systme imprialiste. De nouveaux rgimes populaires et dmocratiquesont surgi dans ces pays. Le grand exemple de la guerre patriotique de l'Union Sovitique, le rle librateur del'arme sovitique se confondaient avec l'lan de la lutte de masse de libration nationale des peuples prisde libert contre les occupants fascistes et leurs complices. Au cours de cette lutte ont t dmasqus, commetratres aux intrts nationaux, les lments profascistes qui avaient collabor avec Hitler : gros capitalistesinfluents, grands propritaires fonciers, hauts fonctionnaires, officiers monarchistes.Dans les pays danubiens, la libration de l'esclavage germano-fasciste s'est accompagne, d'une part del'limination du pouvoir de la couche suprieure de la bourgeoisie et des gros propritaires terriens,compromise par sa collaboration avec le fascisme allemand, et, d'autre part, de l'arrive au pouvoir denouvelles forces du peuple qui avaient fait leurs preuves durant la lutte contre les oppresseurs hitlriens.Dans ces pays, ce sont les reprsentants des ouvriers, des paysans, des intellectuels progressifs qui sontarrivs au pouvoir. Partout, dans ces pays, ce fut la classe ouvrire qui a manifest le plus grand hrosme, le plus de consquence et d'intransigeance dans la lutte antifasciste, et, partant, son autorit et son influence parmi le peuple se sont normment accrues.Le nouveau pouvoir dmocratique en Yougoslavie, en Bulgarie, en Roumanie, en Pologne, enTchcoslovaquie, en Hongrie et en Albanie, s'appuyant sur les masses populaires, a russi raliser, dans ledlai le plus court, des transformations dmocratiques progressives telles que la bourgeoisie n'est dj pluscapable d'en faire. La rforme agraire a remis la terre aux paysans et a conduit la liquidation de la classedes hobereaux. La nationalisation de la grande industrie et des banques et la confiscation de la proprit destratres qui avaient collabor avec les Allemands ont sap d'une manire radicale les positions du capitalmonopoliste dans ces pays et ont affranchi les masses de la servitude imprialiste. En mme temps, ont ttablis les fondements de la proprit de l'Etat. Un nouveau type d'Etat a t cr : la Rpublique populaire,o le pouvoir appartient au peuple, o la grande industrie, le transport et les banques appartiennent l'Etat et

  • 7/25/2019 Cahiers Du Communisme (1947-1950)

    12/136

    12

    o la force dirigeante est constitue par le bloc des classes travailleuses de la population, ayant sa tte laclasse ouvrire. Les peuples de ces pays se sont non seulement librs de l'tau imprialiste, mais ils sont entrain d'difier les bases du passage vers le dveloppement socialiste.L'importance et l'autorit internationale de l'U.R.S.S. se sont considrablement accrues la suite de la guerre.L'U.R.S.S. a t la force dirigeante et l'me de l'crasement militaire de l'Allemagne et du Japon. Les forcesdmocratiques progressives du monde entier se sont rassembles autour de l'Union Sovitique. L'Etat

    socialiste, aux prises mortelles avec l'ennemi le plus puissant, est sorti victorieux des terribles preuves de laguerre. L'Union Sovitique est sortie de la guerre renforce.La face du monde capitaliste a chang elle aussi bien sensiblement. Des six puissances appeles grandes (l'Allemagne, le Japon, l'Angleterre, les Etats-Unis d'Amrique, la France, l'Italie), trois ont t limines par suite de la dfaite militaire : l'Allemagne, l'Italie, le Japon. La France aussi a t affaiblie et a perdu sonancienne signification de grande puissance.Ainsi, il ne reste plus que deux grandes puissances imprialistes mondiales : les Etats-Unis etl'Angleterre. Mais les positions de l'un de ces pays, l'Angleterre, se sont trouves branles. Durant la guerre,l'imprialisme anglais s'est montr affaibli du point de vue militaire et politique. En Europe, l'Angleterre s'estmontre impuissante devant l'agression allemande. En Asie, l'Angleterre la plus grande puissanceimprialiste n'a pas russi par ses propres forces sauvegarder ses propres possessions coloniales. Ayanttemporairement perdu ses liaisons avec les colonies, qui approvisionnaient la mtropole en denresalimentaires et en matires premires et qui absorbaient une partie considrable de sa production industrielle,l'Angleterre s'est trouve du point de vue de son conomie de guerre et en ce qui concerne ses propresfournitures industrielles et alimentaires, dpendante de l'Amrique. Depuis la fin de la guerre, la dpendancefinancire et conomique de l'Angleterre l'gard des Etats-Unis d'Amrique n'a fait que crotre.Aprs la guerre, l'Angleterre a recouvr ses colonies ; cependant, elle s'y est heurte une influencerenforce de l'imprialisme amricain qui, pendant la guerre, avait dploy son activit dans toutes les zonesconsidres jusque-l comme des sphres d'influence du capitalisme monopoliste anglais : l'Orient arabe,l'Asie du Sud-Est.L'influence de l'Amrique s'est renforce dans les dominions de l'Empire britannique et en Amrique du Sud,o le rle jou par l'Angleterre lui chappe de plus en plus au bnfice des Etats-Unis d'Amrique.

    La crise du systme colonial, accentue par l'issue de la seconde guerre mondiale, se manifeste par le puissant essor du mouvement de libration nationale dans les colonies et les pays dpendants. Par l mme,les arrires du systme capitaliste se trouvent menacs.Les peuples des colonies ne veulent plus vivre comme par le pass. Les classes dominantes des mtropolesne peuvent plus gouverner les colonies comme auparavant. Les tentatives d'crasement du mouvement delibration nationale par la force militaire se heurtent maintenant lu rsistance arme croissante des peuplesdes colonies et conduisent des guerres coloniales de longue dure : Hollande en Indonsie, France au Vit- Nam.La guerre, qui a, son origine, le dveloppement ingal du capitalisme dans les diffrents pays, a conduit une nouvelle aggravation de cette ingalit. De toutes les puissances capitalistes, une seule les Etats-Unisd'Amrique est sortie de la guerre sans tre affaiblie, mais considrablement renforce tantconomiquement que militairement. Les capitalistes amricains ont grassement profit de la guerre. Le peuple amricain n'a pas souffert des privations accompagnant la guerre, ni du joug de l'occupation, ni des bombardements ariens, tandis que ses pertes humaines n'ont pas t comparativement nombreuses, puisqueles Etats-Unis, en fait, n'ont pris part qu' la dernire tape de la guerre, alors que le sort de celle-ci tait djdcid. Pour les Etats-Unis, la guerre a servi avant tout d'impulsion large dveloppement de la productionindustrielle au renforcement dcisif de l'exportation, principalement vers l'Europe.La fin de la guerre a pos devant les Etats-Unis une srie de nouveaux problmes. Les monopoles capitalistesse sont efforcs de maintenir le niveau lev de leurs profits de guerre. Dans ce dessein, ils ont recherch ce que le volume des commandes du temps de guerre ne soit pas rduit. Mais pour cela les Etats-Unisdevaient conserver tous les marchs extrieurs qui absorbaient la production amricaine durant la guerre, etconqurir de nouveaux marchs, puisque s'est produite la fin de la guerre une forte rduction de la capacitd'achat de la majorit des pays.En mme temps, l dpendance financire et conomique de ces pays l'gard des Etats-Unis d'Amriques'est accrue. Les Etats-Unis ont investi l'tranger des crdits pour la somme de 19 milliards de dollars, noncompris les investissements la Banque internationale et au Fonds international des changes. Les principaux

  • 7/25/2019 Cahiers Du Communisme (1947-1950)

    13/136

    13

    concurrents des Etats-Unis l'Allemagne et le Japon ont disparu du march mondial, et cela a ouvert denouvelles et trs grandes possibilits aux Etats-Unis d'Amrique.Si, avant la seconde guerre mondiale, les cercles ractionnaires les plus influents de l'imprialisme amricains'en tenaient la politique isolationniste et s'abstenaient d'intervenir activement dans les affaires de l'Europeou de l'Asie, maintenant, dans les nouvelles conditions d'aprs-guerre, les matres de Wall Street font uneautre politique. Ils ont dress un programme d'utilisation de toute la puissance militaire et conomique

    amricaine, non seulement pour conserver et consolider les positions conquises l'tranger pendant laguerre, mais aussi pour les tendre au maximum en se substituant sur le march mondial l'Allemagne, auJapon et l'Italie.L'affaiblissement considrable de la puissance conomique des autres Etats capitalistes a fait surgir la possibilit d'utilisation spculative des difficults conomiques d'aprs-guerre, ce qui favorise la mise de cesEtats sous le contrle des Etats-Unis. Cet affaiblissement a permis en particulier l'utilisation des difficultsconomiques d'aprs-guerre de la Grande-Bretagne. Les Etats-Unis d'Amrique ont proclam un nouveaucours ouvertement conqurant et expansionniste.Le but que se pose le nouveau cours expansionniste des Etats-Unis est l'tablissement de la dominationmondiale de l'imprialisme amricain. Ce nouveau cours vise la consolidation de la situation de monopoledes Etats-Unis sur les marchs, monopole qui s'est tabli par suite de la disparition de leurs deux concurrentsles plus grands l'Allemagne et le Japon et par l'affaiblissement des partenaires capitalistes des Etats-Unis : l'Angleterre et la France.Ce nouveau cours compte sur un large programme de mesures d'ordre militaire, conomique et politique,dont l'application tablirait dans tous les pays viss par l'expansionnisme des Etats-Unis la domination politique et conomique de ces derniers, rduirait ces pays l'tat de satellites des Etats-Unis, y instaureraitdes rgimes intrieurs qui limineraient tout obstacle de la part du mouvement ouvrier et dmocratique l'exploitation de ces pays par 1e capital amricain. Les Etats-Unis d'Amrique cherchent tendreactuellement l'application de ce nouveau cours politique non seulement envers les ennemis de la guerred'hier, ou envers les Etats neutres, mais aussi de faon toujours plus grande, envers les allis de guerre desEtats-Unis d'Amrique.On attache une attention spciale l'utilisation des difficults conomiques de l'Angleterre l'alli et enmme temps le rival capitaliste et concurrent depuis longue date des Etats-Unis. Le cours expansionnisteamricain a pour point de dpart la considration que non seulement il faudra ne pas tendre l'tau de ladpendance conomique vis--vis des Etats-Unis, dans lequel l'Angleterre est tombe durant la guerre, mais,au contraire, renforcer la pression sur l'Angleterre, afin de lui ravir successivement son contrle sur lescolonies, l'vincer de ses sphres d'influence et la rduire l'tat de vassal.Ainsi, par leur nouvelle politique, les Etats-Unis tendent raffermir leur situation de monopole et comptentassujettir et mettre sous leur dpendance leurs propres partenaires capitalistes.Mais sur le chemin de leurs aspirations la domination mondiale, les Etats-Unis se heurtent l'U.R.S.S. avecson influence internationale croissante, comme au bastion de la politique anti-imprialiste et antifasciste, aux pays de la nouvelle dmocratie, qui ont chapp au contrle de l'imprialisme anglo-amricain, aux ouvriersde tous les pays, y compris les ouvriers de l'Amrique mme, qui ne veulent pas de nouvelle guerre dedomination au profit de leurs propres oppresseurs.C'est pourquoi le nouveau cours expansionniste et ractionnaire de la politique des Etats-Unis vise la luttecontre l'U.R.S.S., contre les pays de la nouvelle dmocratie, contre le mouvement ouvrier de tous les pays,contre le mouvement ouvrier aux Etats-Unis, contre les forces anti-imprialistes de libration dans tous les pays.Les ractionnaires amricains, inquiets des succs du socialisme en U.K.S.S., des succs des pays de lanouvelle dmocratie et de la croissance du mouvement ouvrier et dmocratique dans tous les pays du mondeentier, aprs la guerre, sont enclins se fixer comme tche celle de sauver le systme capitaliste ducommunisme.De sorte que le programme franchement expansionniste des Etats-Unis rappelle extraordinairement le programme aventurier des agresseurs fascistes, qui a misrablement chou, agresseurs qui, comme on lesait, se considraient nagure aussi comme des prtendants la domination mondiale.Comme les hitlriens, lorsqu'ils prparaient l'agression de brigandage afin de s'assurer la possibilitd'opprimer et d'asservir tous les peuples et avant tout leur propre peuple, se masquaient de l'anticommunisme; de la mme manire, les cercles dirigeants d'aujourd'hui des Etats-Unis dissimulent leur politique

  • 7/25/2019 Cahiers Du Communisme (1947-1950)

    14/136

    14

    d'expansion et mme leur offensive contre les intrts vitaux de leur concurrent imprialistes devenu plusfaible l'Angleterre par des tches de pseudo-dfense anticommuniste.La course fivreuse aux armements, la construction de nouvelles bases et la cration de places d'armes pour les forces armes amricaines dans toutes les parties du monde sont justifies par les arguments pharisiens etfaux de la soi-disant dfense contre le danger militaire imaginaire de la part de l'U.R.S.S.La diplomatie amricaine agissant par les mthodes de menaces, de corruption et de chantage, arrache

    facilement des autres pays capitalistes, et avant tout de l'Angleterre, le consentement l'affermissement lgaldes positions avantageuses amricaines en Europe et en Asie, dans les zones occidentales de l'Allemagne, enAutriche, en Italie, en Grce, en Turquie, en Egypte, en Iran, en Afghanistan, en Chine, au Japon, etc.Les imprialistes amricains, se considrant comme la force principale oppose l'U.R.S.S., aux pays de lanouvelle dmocratie, au mouvement ouvrier et dmocratique de tous les pays du monde, se considrantcomme le bastion des forces ractionnaires, antidmocratiques du monde entier, ont entrepris littralement,au lendemain de la fin de la seconde guerre mondiale, de dresser contre l'U.R.S.S. et la dmocratie mondialeun front hostile et d'encourager les forces ractionnaires, antipopulaires, les collaborationnistes et lesanciennes cratures capitalistes dans les pays europens qui, librs du joug hitlrien, ont commenc organiser leur vie selon leur propre choix.Les politiciens imprialistes les plus enrags et dsquilibrs ont commenc, aprs Churchill, dresser des

    plans en vue d'organiser le plus rapidement possible une guerre prventive contre l'U.R.S.S., faisantouvertement appel l'utilisation contre les hommes sovitiques du monopole amricain temporaire de l'armeatomique.Les instigateurs de la nouvelle guerre tentant d'utiliser l'intimidation et le chantage non seulement enversl'U.R.S.S., mais aussi envers les autres pays, et en particulier, envers la Chine et l'Inde, prsentent d'unefaon calomnieuse l'U.R.S.S. comme agresseur possible, et se prsentent eux-mmes en qualit d'amis dela Chine et de l'Inde, comme sauveurs du danger communiste, appels aider les plus faibles. Decette faon, on accomplit la tche de maintenir dans l'obissance l'imprialisme l'Inde et la Chine et de prolonger leur asservissement politique et conomique.II. NOUVELLES DISPOSITIONS DES FORCES POLITIQUES D'APRS GUERRE ETFORMATION DE DEUX CAMPS

    Les changements profonds survenus dans la situation internationale et dans la situation des diffrents pays, la suite de la guerre, ont modifi tout le tableau politique du monde. Une nouvelle disposition des forces politiques s'est cre. Plus nous nous loignons de la fin de la guerre, et plus nettement apparaissent les deux principales directions de la politique internationale de l'aprs-guerre, correspondant la disposition en deuxcamps principaux des forces politiques qui oprent sur l'arne mondiale : le camp imprialiste et anti-dmocraiique d'une part, et, d'autre part, le camp anti-imprialiste et dmocratique. Les Etats-Unis sont la principale force dirigeante du camp imprialiste. L'Angleterre et la France sont unies aux Etats-Unis.L'existence du gouvernement travailliste Attlee-Bevin en Angleterre et celle du gouvernement socialisteRamadier en France n'empchent pas l'Angleterre et la France de marcher comme des satellites, en ce quiconcerne les questions principales, dans l'ornire de la politique imprialiste des Etats-Unis. Le campimprialiste est soutenu aussi par dos Etats possesseurs de colonies, tels que la Belgique et la Hollande, et par des pays au rgime ractionnaire antidmocratique, tels que la Turquie et la Grce, ainsi que par des paysdpendant politiquement et conomiquement des Etats-Unis, tels que le Proche-Orient, l'Amrique du Sud, laChine.Le but principal du camp imprialiste consiste renforcer l'imprialisme, prparer une nouvelle guerreimprialiste, lutter contre le socialisme et la dmocratie et soutenir partout les rgimes et mouvements profascistes ractionnaires et antidmocratiques.Pour raliser ces tches, le camp imprialiste est prt s'appuyer sur les forces ractionnaires etantidmocratiques dans tous les pays et soutenir les ennemis de la guerre d'hier contre ses allis de guerre.Les forces anti-imprialistes et antifascistes forment l'autre camp. L'U.R.S.S. et les pays de la nouvelledmocratie en sont le fondement. Les pays qui ont rompu avec l'imprialisme et qui se sont rsolumentengags dans la voie du dveloppement dmocratique, tels que la Roumanie, la Hongrie, la Finlande, en font partie. Au camp anti-imprialiste adhrent l'Indonsie, le Vit-Nam, l'Inde ; l'Egypte et la Syrie y apportentleurs sympathies. Le camp anti-imprialiste s'appuie dans tous les pays sur le mouvement ouvrier etdmocratique, sur les Partis Communistes frres, sur les combattants du mouvement de libration nationaledans les pays coloniaux et dpendants, sur toutes les forces progressives et dmocratiques qui existent dans

  • 7/25/2019 Cahiers Du Communisme (1947-1950)

    15/136

    15

    chaque pays. Le but de ce camp consiste lutter contre la menace de nouvelles guerres et d'expansionimprialiste, pour l'affermissement de la dmocratie et pour l'extirpation des restes du fascisme.La fin de la deuxime guerre mondiale a plac les peuples pris de libert devant l'importante tche d'assurer une paix dmocratique durable, consolidant la victoire sur le fascisme. C'est l'Union Sovitique et sa politique extrieure qu'appartient le rle dirigeant dans la solution de cette tche principale d'aprs-guerre.Cela provient de la nature de l'Etat sovitique socialiste, profondment tranger tous les mobiles agressifs

    et exploiteurs, et intress crer les conditions les plus favorables pour raliser l'dification de la socitcommuniste. L'une de ces conditions, c'est la paix. En tant que nouveau systme social suprieur, l'UnionSovitique reflte, dans sa politique extrieure, les espoirs de toute l'humanit progressive, qui aspire une paix durable et ne peut tre intress une nouvelle guerre engendre par le capitalisme. L'Union Sovitiquefidle combattant de la libert et de l'indpendance pour tous les peuples, est l'ennemie de l'oppressionnationale et raciale, de l'exploitation coloniale sous toutes ses formes. Le changement survenu la suite de ladeuxime guerre mondiale dans le rapport des forces entre le monde capitaliste et le monde socialiste del'Etat sovitique a largi le rayon de son activit politique extrieure.C'est autour de la tche consistant assurer la paix dmocratique juste que s'est opr le ralliement de toutesles forces du camp anti-imprialiste et antifasciste. C'est sur cette base qu'a pris naissance et que s'estrenforce la coopration amicale de l'U.R.S.S. avec les pays dmocratiques l'gard de tous les problmes de politique extrieure. Ces pays, et tout d'abord les pays de la nouvelle dmocratie la Yougoslavie, laPologne, la Tchcoslovaquie, l'Albanie, qui ont jou un rle important dans la guerre libratrice contre lefascisme, ainsi que la Bulgarie, lu Roumanie, la Hongrie, partiellement la Finlande, qui ont rejoint le irontantifasciste sont devenus dans l'aprs-guerre, de fermes combattants pour la paix, pour la dmocratie, pour la libert et l'indpendance contre toutes les tentatives faites par les Etats-Unis et l'Angleterre pour faireretourner leur dveloppement en arrire et les placer de nouveau sous le joug imprialiste.Les succs et l'augmentation du prestige international du camp dmocratique ne sont pas du got desimprialistes. Dj, pendant la deuxime guerre mondiale, on Angleterre et aux Etats-Unis, l'activit desforces ractionnaires s'est accrue infailliblement, s'efforant de briser l'action coordonne des puissancesallies, de faire traner la guerre en longueur, de saigner blanc l'U.R.S.S. et de sauver les agresseursfascistes de la dbcle complte. Le sabotage du deuxime front de la part des imprialistes anglo-saxons,Churchill en tte, refltait nettement cette tendance, qui n'est, au fond, que la continuation de la politique de

    Munich dans la nouvelle situation change. Mais, tant que la guerre durait, les cercles ractionnairesd'Angleterre et des Etats-Unis n'osaient pas intervenir ouvertement contre l'Union Sovitique et les paysdmocratiques, comprenant trs bien que, dans tous les pays, la sympathie des masses populaires allait sansrserve l'U.R.S.S. et aux pays dmocratiques. Mais, ds les derniers mois qui prcdrent la fin de laguerre, la situation commena se modifier. Dj, au cours des pourparlers la Confrence des TroisPuissances, Berlin, en juillet 1945, les imprialistes anglo-amricains ont montr leur dsir de ne pas tenir compte des intrts lgitimes de l'U.R.S.S. et des pays dmocratiques.Au cours des deux dernires annes, la politique extrieure de l'Union Sovitique et des pays dmocratiquesa t une politique de lutte pour la ralisation consquente des principes dmocratiques d'aprs-guerre. LesEtats du camp anti-imprialiste se sont montrs de fidles et consquents combattants pour la ralisation deces principes, sans en dvier d'un seul point. C'est pourquoi la tche principale de la politique extrieure desEtats dmocratiques d'aprs-guerre est de lutter pour une paix dmocratique, de liquider les restes dufascisme et d'empcher une nouvelle agression fasciste imprialiste, de lutter pour l'affermissement des principes d'galit des droits et le respect de la souverainet des peuples, pour la rduction gnrale desarmements et l'interdiction de tout genre d'armes de grande destruction, destines l'extermination en massede la population paisible. Dans la mise en application de toutes ces tches, la diplomatie sovitique et ladiplomatie des Etats dmocratiques se sont heurtes la rsistance de la diplomatie anglo-amricaine qui,aprs-guerre, suit infailliblement et consquemment une ligne visant renoncer tous les principescommuns proclams pendant la guerre par les Allis pour l'organisation de la paix d'aprs-guerre, une lignetendant remplacer cette politique de paix et d'affermissement de la dmocratie par une nouvelle politiqueayant pour but de rompre la paix gnrale, d'assurer la dfense des lments fascistes et de perscuter ladmocratie dans tous les pays.L'activit commune de la diplomatie de l'U.R.S.S. et de la diplomatie des Etats dmocratiques visant

    rsoudre le problme de la rduction des armements et l'interdiction de l'arme la plus destructrice la bombe atomique a une grande signification.

  • 7/25/2019 Cahiers Du Communisme (1947-1950)

    16/136

    16

    Sur l'initiative de l'Union Sovitique, il a t l'ait une proposition l'Organisation des Nations Unies pour larduction gnrale des armements et pour la reconnaissance, comme tche de premier plan, de l'interdictionde la production et de l'utilisation de l'nergie atomique pour des buts de guerre. Cette proposition dugouvernement sovitique se heurta une rsistance acharne de la part des Etats-Unis et de l'Angleterre.Tous les efforts des milieux imprialistes ont t dirigs en vue de saboter cette dcision. Cela s'est exprim par toutes sortes de barrires et d'atermoiements sans fin et striles dans l'intention d'empcher toutesmesures pratiques effectives. L'activit des dlgus de l'U.R.S.S. et de ceux des pays dmocratiques dans lesorganes de l'Organisation des Nations Unies porte un caractre de lutte quotidienne, systmatique, opinitreen faveur des principes dmocratiques de coopration internationale et pour dvoiler les intrigues descomploteurs imprialistes contre la paix et la scurit des peuples.Cela se manifeste de faon particulirement visible, par exemple, dans l'examen de la situation aux frontiresseptentrionales de la Grce. L'Union Sovitique et la Pologne sont intervenues ensemble nergiquementcontre l'utilisation du Conseil de Scurit en vue de discrditer la Yougoslavie, la Bulgarie, l'Albanie,faussement accuses par les imprialistes d'actes d'agression contre la Grce.La politique extrieure sovitique a pour point de dpart le fait de la coexistence, pour une longue priode,des deux systmes, le capitalisme et le socialisme. De l dcoule la possibilit de coopration entre l'U.R.S.S.et les pays possdant un autre systme, condition de respecter le principe de rciprocit et d'excuter lesengagements pris. On sait que l'U.R.S.S. a toujours t et reste fidle ses engagements. L'Union Sovitiquea montr sa volont et son dsir de coopration.A l'Organisation des Nations Unies, l'Angleterre et l'Amrique mnent une politique compltement oppose.Elles font tout pour renoncer leurs engagement, pris antrieurement, et pour se dlier les mains afin demener une nouvelle politique, non pas dans l'esprit de coopration des peuples, mais pour les dresser les unscontre les autres, politique visant violer les droits et les intrts des peuples dmocratiques et isoler l'U.R.S.S.La politique sovitique suit la ligne d'entretien loyal des rapports de bon voisinage avec tous les Etats quimontrent leur dsir de cooprer. L'Union Sovitique a toujours t, est et sera toujours une amie fidle et uneallie envers les pays qui sont ses vritables amis et allis. La politique extrieure sovitique vise uneextension ultrieure de l'aide amicale de la part de l'Union Sovitique ces pays.Dfendant la cause de la paix, la politique extrieure de l'U.R.S.S. rejette le principe de vengeance envers les peuples vaincus.Comme on le sait, l'U.R.S.S. est pour la formation d'une Allemagne unie, prise de libert, dmilitarise,dmocratique. Formulant la politique sovitique envers l'Allemagne, le camarade Staline a dit : Bref, la politique de Union Sovitique dans le problme allemand se rsume la dmilitarisation et ladmocratisation de l'Allemagne... La dmilitarisation et la dmocratisation de l'Allemagne sont une des plusimportantes conditions pour instaurer une paix durable et solide. Cependant, cette politique de l'Etat sovitique envers l'Allemagne se heurte une rsistance effrne desmilieux imprialistes des Etats-Unis et d'Angleterre.La session du Conseil des ministres des Affaires trangres, qui s'est tenue Moscou en mars-avril 1947, amontr que les Etats-Unis, l'Angleterre et la France sont prts, non seulement faire chec la

    dmocratisation et la dmilitarisation de l'Allemagne, mais aussi liquider l'Allemagne, en tant qu'Etat uni, la dmembrer et rsoudre sparment le problme de la paix.La ralisation de cette politique s'effectue actuellement dans de nouvelles conditions, alors que l'Amrique arompu avec l'ancien cours de Roosevelt et passe une nouvelle politique, une politique de nouvellesaventures militaires.III. LE PLAN AMRICAIN D'ASSERVISSEMENT DE L'EUROPELe passage de l'imprialisme amricain au cours agressif et ouvertement expansionniste depuis la lin de ladeuxime guerre mondiale, a trouv son expression tant dans la politique extrieure des Etats-Unis que dansleur politique intrieure. Le soutien actif des forces ractionnaires et antidmocratiques dans le monde entier,la mise en chec des dcisions de Potsdam visant la dmocratisation et la dmilitarisation de l'Allemagne,la protection des ractionnaires japonais, l'extension des prparatifs militaires, l'accumulation des rserves de bombes atomiques, tout cela s'accompagne d'une offensive contre les droits dmocratiques lmentaires destravailleurs l'intrieur des Etats-Unis.

  • 7/25/2019 Cahiers Du Communisme (1947-1950)

    17/136

    17

    Bien que les Etats-Unis aient t relativement peu touchs par la guerre, la majorit crasante des Amricainsne veut pas d'une nouvelle guerre et des sacrifices et restrictions qui en dcoulent. Cela incite le capitalmonopoliste et ses serviteurs parmi les cercles dirigeants des Etats-Unis chercher des moyensextraordinaires pour briser l'opposition intrieure ce cours expansionniste et agressif, et ainsi se laisser lesmains libres pour continuer mener cette politique dangereuse.Mais la campagne contre le communisme, proclame par les milieux dirigeants amricains, s'appuyant sur

    les monopoles capitalistes, aboutit, avec une invitable logique, la violation des droits et des intrts vitauxdes travailleurs amricains, la fascisation intrieure de la vie politique des Etats-Unis, la diffusion des thories et notions misanthropes les plus sauvages. Nourrissant des rves de prparation d'une troisimeguerre mondiale, les milieux expansionnistes amricains sont profondment intresss touffer l'intrieur du pays toute rsistance possible aux aventures extrieures, empoisonner de chauvinisme et de militarismeles masses politiquement arrires et peu cultives des Amricains moyens, abrutir le petit bourgeoisamricain l'aide des moyens les plus divers de propagande antisovitique, anticommuniste, par exemple lecinma, la radio, l'Eglise, la presse.La politique extrieure expansionniste, inspire et mene par la raction amricaine, prvoit une activitsimultane dans toutes les directions :

    1 Mesures militaires stratgiques ;

    2 Expansion conomique ;3 Lutte idologique.La ralisation des plans militaires stratgiques de futures agressions est lie aux efforts pour utiliser aumaximum l'appareil de production militaire des Etats-Unis qui s'est accru considrablement vers la fin de ladeuxime guerre mondiale. L'imprialisme amricain mne une politique consquente de militarisation du pays. Aux Etats-Unis, les dpenses pour l'arme et la flotte dpassent 11 milliards de dollars par an. En 1947-48, les Etats-Unis ont assign pour l'entretien de leurs forces armes 35 % du budget, soit onze fois plusqu'en 1937-38.Si, au dbut de la deuxime guerre mondiale l'arme des Etats-Unis occupait la dix-septime place de tousles pays capitalistes, actuellement elle occupe la premire place. Paralllement l'accumulation des bombesatomiques, les stratges amricains ne se gnent pas de dire qu'aux Etats-Unis se font des prparatifs pour l'arme bactriologique.Le plan militaire stratgique des Etats-Unis prvoit la cration, en temps de paix, de nombreuses bases et places d'armes, trs loignes du continent amricain et destines tre utilises dans des buts d'agressioncontre l'U.R.S.S. et les pays de la nouvelle dmocratie. Les bases amricaines militaires, ariennes etnavales, existent ou sont de nouveau en voie de cration en Alaska, au Japon, en Italie, au sud de la Core, enChine, en Egypte, en Iran, en Turquie, en Grce, en Autriche et en Allemagne occidentale. Une missionmilitaire amricaine opre en Afghanistan et mme au Npal. Des prparatifs se font fivreusement pour utiliser l'Arctique en vue d'une agression militaire.Bien que la guerre soit dj depuis longtemps finie, l'alliance militaire entre l'Angleterre et les Etats-Unissubsiste encore, de mme que l'tat-major anglo-amricain unifi des forces armes. Sous l'enseigne de laconvention sur la standardisation des armements, les Etats-Unis ont tendu leur contrle sur les forces

    armes et les plans militaires des autres pays, en premier lieu de l'Angleterre et du Canada. Sous l'enseignede la dfense commune de l'hmisphre occidental, les pays de l'Amrique latine sont en voie d'entrer dansl'orbite des plans d'expansion militaire des Etats-Unis. Le gouvernement des Etats-Unis a annonc que satche officielle tait d'aider la modernisation de l'arme turque. L'arme du Kuomintang ractionnaire faitson instruction avec des officiers amricains et reoit du matriel amricain. La clique militaire devient uneforce politique active aux Etats-Unis dont elle fournit, sur une grande chelle, les hommes d'Etat et lesdiplomates qui suivent une ligne militariste agressive dans toute la politique du pays.L'expansion conomique des Etats-Unis complte d'une faon importante la ralisation du plan stratgique.L'imprialisme amricain s'efforce, comme un usurier, d'exploiter les difficults d'aprs guerre des payseuropens, surtout la pnurie de matires premires, de combustibles et de denres alimentaires dans les paysallis qui ont le plus souffert de la guerre, pour leur dicter ses conditions asservissantes de secours. En prvision de la crise conomique imminente, les Etats-Unis s'empressent de trouver de nouvelles sphres demonopole pour l'investissement des capitaux et pour l'coulement des marchandises. Le secours conomique des Etats-Unis a pour but d'asservir l'Europe au capital amricain. Plus la situation conomiqued'un pays est grave, plus les monopoles amricains s'efforcent de lui dicter de dures conditions.

  • 7/25/2019 Cahiers Du Communisme (1947-1950)

    18/136

    18

    Mais le contrle conomique entrane aussi avec lui une dpendance politique de l'imprialisme amricain.Ainsi, l'extension des sphres d'coulement des marchandises amricaines se combine pour les Etats-Unisavec l'acquisition de nouvelles places d'armes propices la lutte contre les nouvelles forces dmocratiques del'Europe. En sauvant un pays de la famine et de la ruine, les monopoles amricains ont le dessein de le priver de toute indpendance. L'aide amricaine entrane presque automatiquement des modifications dela ligne politique du pays qui reoit cette aide ; viennent au pouvoir des partis et des personnalits qui,obissant aux directives de Washington, sont prts raliser, dans leur politique intrieure et extrieure, le programme dsir par les Etats-Unis (France, Italie, etc.).Enfin, les aspirations des Etats-Unis la domination mondiale et leur ligne antidmocratique comportentaussi une lutte idologique. La tche principale de la partie idologique du plan stratgique amricainconsiste user du chantage envers l'opinion publique, rpandre des calomnies sur la prtendue agressivitde l'Union Sovitique et des pays de la nouvelle dmocratie, afin de pouvoir ainsi prsenter le bloc anglo-saxon dans le rle d'un bloc de prtendue dfense et de le dcharger de la responsabilit dans la prparationde la nouvelle guerre. La popularit de l'Union Sovitique l'tranger s'est considrablement accrue pendantla deuxime guerre mondiale. Par sa lutte hroque, pleine d'abngation, contre l'imprialisme l'UnionSovitique a gagn l'amour et le respect des travailleurs de tous les pays. La puissance militaire etconomique de l'Etat socialiste et la force indestructible de l'unit morale et politique de la socit sovitiqueont t dmontres clairement devant le monde entier. Les milieux ractionnaires des Etats-Unis et de

    l'Angleterre se demandent, avec souci, comment dissiper l'impression inoubliable que le rgime socialiste produit sur les ouvriers et les travailleurs du monde entier. Les instigateurs de guerre se rendent trs biencompte que, pour envoyer les soldats combattre contre l'Union Sovitique, une longue prparationidologique est ncessaire.Dans leur lutte idologique contre l'U.R.S.S., les imprialistes amricains, qui s'orientent mal dans les problmes politiques et montrent leur ignorance, mettent en avant tout d'abord l'image reprsentant l'UnionSovitique comme une force soi-disant antidmocratique, totalitaire, tandis que les Etats-Unis, l'Angleterre ettout le monde capitaliste sont prsents comme des dmocraties.Cette plate-forme de la lutte idologique dfense de la pseudo-dmocratie bourgeoise et attribution aucommunisme de traits totalitaires unit tous les ennemis de la classe ouvrire sans exception, depuis lesmagnats capitalistes jusqu'aux leaders socialistes de droite qui, avec un grand empressement, s'emparent de

    n'importe quelle calomnie antisovitique, dicte par leurs matres imprialistes. Le pivot de cette propagandefourbe rside dans l'affirmation que l'existence de plusieurs partis et d'une minorit oppositionnelle organiseserait l'indice d'une dmocrate vritable. Sur cette base, les travaillistes anglais ne mnageant passeursforces pour lutter contre le communisme, auraient voulu dceler qu'il y a, en U.R.S.S., des classesantagonistes et une lutte de partis correspondante.Ignorants en politique, ils ne peuvent pas arriver comprendre que, depuis longtemps dj, il n'y a plus, enU.R.S.S., de capitalistes et de propritaires fonciers, qu'il n'y a plus de classes antagonistes et, partant, qu'ilne pourrait y exister plusieurs partis. Ils auraient voulu avoir en U.R.S.S. des partis chers leurs coeurs, des partis bourgeois, y compris des partis pseudo-socialistes, en tant qu'agence imprialiste. Mais, pour leur malheur, l'histoire a condamn ces partis bourgeois exploiteurs disparatre. Ne mnageant pas les mots pour monter des calomnies contre le rgime sovitique, les travaillistes et autres avocats de la dmocratie bourgeoise trouvent en mme temps tout fait normale la dictature sanglante de la minorit fasciste sur le peuple en Grce et en Turquie; ils ferment les yeux sur les nombreuses infractions rvoltantes aux normesmmes de la dmocratie formelle dans les pays bourgeois; ils passent sous silence le joug national et racial,la corruption, l'usurpation sans crmonie des droits dmocratiques aux Etats-Unis.L'une des lignes de la campagne idologique qui accompagne les plans d'asservissement de l'Europe estl'attaque contre ls principes de souverainet nationale, l'appel renoncer aux droits souverains des peuples,aux quels on oppose l'ide d'un gouvernement mondial . Le sens de cette campagne consiste embellir l'expansion effrne de l'imprialisme amricain qui, sans crmonie, porte atteinte aux droits souverains des peuples, et prsenter les Etats-Unis dans le rle de champion des lois humaines, tandis que ceux quirsistent la pntration amricaine sont prsents en partisans d'un nationalisme goste prim. L'ided'un gouvernement mondial , reprise par les intellectuels bourgeois rveurs et pacifistes, est utilise nonseulement comme moyen de pression en vue de dsarmer moralement les peuples qui dfendent leur

    indpendance contre les attentats de l'imprialisme amricain, mais aussi comme mot d'ordre spcialementoppos l'Union Sovitique, qui dfend infatigablement et consquemment le principe d'une relle galitdes droits et de la protection des droits souverains de tous les peuples, grands et petits. Dans les conditionsactuelles, les pays imprialistes, tels que les Etats-Unis, l'Angleterre et les Etats qui leur sont proches,

  • 7/25/2019 Cahiers Du Communisme (1947-1950)

    19/136

    19

    deviennent des ennemis dangereux de l'indpendance nationale et de l'autodtermination des peuples, tandisque l'Union Sovitique et les pays nouvelle dmocratie constituent le rempart sr dans la dfense del'galit des droits et de l'autodtermination nationale des peuples.Il est tout fait caractristique que les claireurs militaires et politiques amricains, du genre Bullitt, lesleaders syndicaux jaunes du genre Green, les socialistes franais avec Blum, l'apologiste fieff ducapitalisme en tte, le social-dmocrate allemand Schumacher et les leaders travaillistes du type Bevin,

    collaborent troitement la ralisation du plan idologique tabli par l'imprialisme amricain.La doctrine Truman et le plan Marshall sont, dans les conditions actuelles aux Etats-Unis,l'expression concrte des efforts expansionnistes. Au fond, ces deux documents sont l'expression d'une mme politique, bien qu'ils se distinguent par la forme sous laquelle y est prsente une mme et seule prtentionamricaine d'asservir l'Europe.En ce qui concerne l'Europe, les principales lignes de la doctrine Truman sont les suivantes :1 Cration de bases amricaines dans la partie orientale du bassin mditerranen, afin d'affermir ladomination amricaine dans cette zone ;2 Soutien dmonstratif des rgimes ractionnaires en Grce et en Turquie, en tant que bastions del'imprialisme amricain contre la nouvelle dmocratie dans les Balkans (aide militaire et technique laGrce et la Turquie, octroi d'emprunts) ;3 Pression ininterrompue sur les Etats nouvelle dmocratie, ce qui s'exprime par de fausses accusations detotalitarisme et d'aspirations expansionnistes, par les attaques contre les fondements du nouveau rgimedmocratique, par l'immixtion continuelle dans les affaires intrieures de ces Etats, par le soutien de tous leslments antidmocratiques l'intrieur de ces pays lments qui luttent contre l'Etat par la cessationdmonstrative des rapports conomiques avec ces pays en vue de crer ces derniers des difficultsconomiques, de freiner leur dveloppement conomique, de faire chec leur industrialisation, etc.La doctrine Truman qui prvoit l'offre de l'aide amricaine tous les rgimes ractionnaires, qui agissentde faon active contre les peuples dmocratiques, porte un caractre ouvertement agressif. Sa publication a provoqu une certaine gne mme dans les milieux des capitalistes amricains habitus n'importe quoi.Aux Etats-Unis et dans d'autres pays, les lments progressistes ont protest nergiquement contre lecaractre provoquant, ouvertement imprialiste, de l'intervention Truman.L'accueil dfavorable qui a t fait la doctrine Truman a rendu ncessaire le plan Marshall qui estune tentative plus voile de mener cette mme politique d'expansion.Le fond des formules voiles, embrouilles intentionnellement, du plan Marshall consiste former un bloc d'Etats lis aux Etats-Unis par des engagements et offrir aux Etats europens des crdits amricains,en paiement de la renonciation leur indpendance conomique et ensuite leur indpendance politique.L'essentiel du plan Marshall est donc de reconstruire les rgions industrielles de l'Allemagne occidentale,contrles par les monopoles amricains.Il ressort des dlibrations qui se sont succd et des interventions des hommes d'Etat amricains que l'objetdu plan Marshall n'est pas une offre de secours, tout d'abord aux pays vainqueurs appauvris, allis del'Amrique dans la lutte contre l'Allemagne, mais une offre de secours aux capitalistes allemands, afin que,tenant en main les sources principales de charbon et de mtal, ncessaires l'Europe et l'Allemagne, lesEtats qui ont besoin de charbon et de mtal soient placs sous la dpendance de la puissance conomique del'Allemagne en voie de restauration.Malgr le fait que le plan Marshall prvoit l'abaissement de l'Angleterre, ainsi que celui de la France, l'tat de puissances de second ordre, le gouvernement travailliste d'Attlee en Angleterre et le gouvernementsocialiste de Ramadier en France se sont accrochs au plan Marshall comme une planche de salut. Onsait que l'Angleterre a dj presque dpens l'emprunt amricain de 3.750 millions de dollars qui lui futoctroy en 1946. On sait aussi que l'Angleterre a eu les pieds et les mains lis par les conditionsasservissantes de cet emprunt. Le gouvernement travailliste de l'Angleterre, serr comme dans un noeudcoulant par sa dpendance financire envers les Etats-Unis, ne voit d'autre issue, pour en sortir, quel'obtention de nouveaux emprunts. C'est pourquoi il a accueilli le plan Marshall comme une issue l'impasse conomique, comme une chance d'obtenir de nouveaux crdits. En outre, les hommes politiques

    anglais avaient compt sur la cration du bloc des pays de l'Europe occidentale pays dbiteurs des Etats-Unis afin d'essayer de jouer l'intrieur de ce bloc le rle d'un grant en chef amricain qui pourrait, larigueur, en tirer profit au dtriment des pays faibles. L bourgeoisie anglaise avait caress le rve qu'enutilisant le plan Marshall , en rendant des services aux monopoles amricains et en se soumettant leur

  • 7/25/2019 Cahiers Du Communisme (1947-1950)

    20/136

    20

    contrle, elle recouvrerait ses positions perdues dans certains pays et, en particulier, rtablirait ses positionsdans les rgions balkano-danubiennes.Afin de donner extrieurement une plus grande apparence d'objectivit aux propositions amricaines, ilavait t dcid d'inclure, au nombre des initiateurs devant prparer la ralisation du plan Marshall , laFrance, qui avait dj sacrifi moiti sa souverainet nationale en faveur des Etats-Unis, puisque l'octroi ducrdit la Fiance, en mai 1947, de la part des Etats-Unis, avait t conditionn par l'loignement des

    communistes du gouvernement. Suite la directive de Washington, les gouvernements d'Angleterre et deFrance avaient propos l'Union Sovitique de participer l'examen des propositions Marshall. Une telledmarche devait masquer le caractre hostile l'U.R.S.S. de ces propositions. Sachant bien d'avance quel'U.R.S.S. se refuserait discuter les propositions d'aide amricaine selon les conditions formules par Marshall, on avait fait le calcul d'en profiter pour essayer de mettre la charge de l'U.R.S.S. la responsabilitdu refus de contribuer la reconstruction conomique de l'Europe et de cette faon dresser contrel'U.R.S.S. les pays europens qui ont besoin d'un secours rel. Si, par contre, l'U.R.S.S. acceptait de participer aux pourparlers, il serait fac:le de faire tomber dans le pige de la reconstruction conomique del'Europe avec l'aide de l'Amrique les pays de l'Est et du Sud-Est de l'Europe. Pendant que le planTruman misait sur l'intimidation terroriste de ces pays, le plan Marshall avait comme objectif desonder la fermet de leur situation conomique, de tenter de les sduire et de les lier ensuite par le secours du dollar.

    Le plan Marshall tait appel, dans ce cas donn, contribuer la ralisation de l'une des tches les plusimportantes du programme amricain gnral : restaurer le pouvoir de l'imprialisme dans les pays de lanouvelle dmocratie, obliger ces pays renoncer leur coopration conomique et politique troite avecl'Union Sovitique.Les reprsentants de l'U.R.S.S., ayant consenti examiner Paris, avec les gouvernements de l'Angleterre etde la France, les propositions de Marshall, ont dmasqu, la Confrence de Paris, le manque de fondementde la tche visant l'laboration d'un programme conomique pour toute l'Europe. Ils ont dvoil, dans latentative de crer une nouvelle organisation europenne sous l'gide de la France et de l'Angleterre, unemenace d'immixtion dans les affaires intrieures des pays europens et de violation de leur souverainet. Ilsont dmontr que le plan Marshall est en contradiction avec les principes normaux de cooprationinternationale, qu'il porte dans son sein la scission de l'Europe, la menace d'assujettissement d'un certain

    nombre de pays europens aux intrts du capitalisme amricain et qu'il est bas sur l'octroi prfrentiel, par rapport aux Allis, de secours aux consortiums et monopoles allemands la reconstitution desquels le plan Marshall rserve avec vidence un rle particulier en Europe.Cette position claire de l'Union Sovitique a enlev le masque au plan des imprialistes amricains et deleurs commis anglo-franais.La Confrence europenne a subi un chec scandaleux. Huit Etats europens ont refus d'y participer. Mais ily a eu aussi, parmi les Etats qui avaient accept de participer l'examen du plan Marshall et l'laboration de mesures concrtes pour sa ralisation, un certain nombre de pays qui n'ont pas fait un accueil particulirement enthousiaste ce plan , d'autant plus qu'on s'est bientt aperu que les suppositions del'U.R.S.S. taient entirement justes, c'est--dire que ce plan est loin de comporter une aide effective etrelle. Il se trouve que le gouvernement des Etats-Unis ne se presse pas du tout de raliser les promesses de

    Marshall. Des personnalits politiques amricaines du Congrs ont reconnu que ce dernier ne discuterait pasavant 1948 les nouvelles sommes alloues pour les crdits promis quelques pays europens.Ainsi, il est devenu vident que l'Angleterre, la France et d'autres Etats de l'Europe occidentale, qui ontaccept le schma parisien de ralisation du plan Marshall , sont tombs eux-mmes victimes duchantage amricain.Cependant, les tentatives de former un bloc occidental sous l'gide de l'Amrique continuent.Il faut noter que la variante amricaine du bloc occidental ne peut pas ne pas rencontrer de srieusesoppositions, mme dans les pays qui dpendent dj des Etats-Unis, tels que l'Angleterre et la France. La perspective de restaurer l'imprialisme allemand en tant que force relle capable de s'opposer la dmocratieet au communisme en Europe ne peut sduire ni l'Angleterre ni la France. Nous nous trouvons l en prsenced'une des principales contradictions intrieures du bloc Angleterre-Etats-Unis-France. Visiblement, les

    monopoles amricains, comme toute la raction internationale, n'estiment pas que Franco ou encore lesfascistes grecs soient un rempart un tant soit peu sr des Etats-Unis contre l'U.R.S.S. et les nouvellesdmocraties en Europe. C'est pourquoi ils nourrissent des espoirs particuliers sur la restauration del'Allemagne capitaliste, considrant qu'elle constituerait la plus importante garantie pour le succs de la lutte

  • 7/25/2019 Cahiers Du Communisme (1947-1950)

    21/136

    21

    contre les forces dmocratiques en Europe. Ils n'ont confiance ni dans les travaillistes en Angleterre, nidans les socialistes en France, estimant que, malgr toute leur complaisance, ils sont des semi-communistes n'ayant pas suffisamment mrit la confiance.C'est pourquoi la question allemande, et en particulier celle du bassin de la Ruhr, base du potentiel militaireet industriel du bloc hostile l'U.R.S.S., est la plus importante de la politique internationale et fournit unsujet de litige entre les Etats-Unis, l'Angleterre et la France.

    Les apptits des imprialistes amricains ne peuvent pas ne pas provoquer de srieuses inquitudes enAngleterre et en France. Les Etats-Unis ont fait comprendre d'une manire non quivoque qu'ils veulent prendre la Ruhr aux Anglais. Les imprialistes amricains exigent aussi la fusion des trois zonesd'occupation et veulent tablir ouvertement l'isolement politique de l'Allemagne occidentale sous le contrleamricain. Les Etats-Unis insistent pour que le niveau de production de l'acier soit lev dans le bassin de laRuhr sur la base du maintien des entreprises capitalistes sous l'gide des Etats-Unis. Les crdits promis par Marshall pour la reconstruction de l'Europe sont compris Washington de prfrence comme aide auximprialistes allemands.Ainsi apparat le bloc occidental qu'est en train de forger l'Amrique, non d'aprs le modle du planChurchill des Etats-Unis d'Europe, qui fut conu comme instrument de la politique anglaise, mais comme protectorat amricain dans lequel les Etats souverains d'Europe, y compris l'Angleterre elle-mme, auront jouer un rle qui n'est pas si loign du rle du fameux 49e Etat d'Amrique . L'imprialisme amricaintraite l'Angleterre et la France de plus en plus insolemme