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N o 93 – 2 e année, 30 juillet au 5 août 2009 – 10 000 riels (2,50 $) Politique Page 8 Étoile montante Estimant ne pas avoir les moyens de se défendre, Mu Sochua est restée silen- cieuse face au Tribunal. Ovationnée à sa sortie, la députée (PSR) de Kampot jouit d’une notoriété sans précédent. Viêtnam Page 19 Retour à Kontum Jean-Claude Pomonti, ex-correspondant du Monde, se rend dans la ville forte- resse des Hauts Plateaux pour la pre- mière fois depuis 1972. La région, ravagée par la guerre, s’offre aujourd’hui à la modernité. Éducation Page 13 Bac option triche Avant les épreuves, les candidats ont potassé les mille et une leçons pour frauder sans se faire repérer. Plongée dans les annales de la triche, assidument potassées par les futurs bacheliers. Écrin pour écrans Pour faciliter les projets cinématogra- phiques au Cambodge, une commission inaugurée par la France s’occupera d’organiser les tournages. Culture Page 16 Déambulations Page 17 Protectorat mon amour Une promenade architecturale dans le Phnom Penh des années 1930. Siem Reap : silence, on vole Alors que la cité angkorienne est officiellement vierge de tout acte de délinquance, une expatriée met en lumière le modus operandi des cambrioleurs, qui agissent avec un aplomb saisissant. La police, de son côté, se contente de hausser les épaules et de décourager les plaintes. Pages 6 et 7

Cambodge Soir Hebdo nº 93

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Semaine du 30 juillet au 05 août 2009A la une : Siem Reap : Silence, on vole

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Page 1: Cambodge Soir Hebdo nº 93

No 93 – 2e année, 30 juillet au 5 août 2009 – 10 000 riels (2,50 $)

Politique ❭ Page 8

Étoile montante

Estimant ne pas avoir les moyens de sedéfendre, Mu Sochua est restée silen-cieuse face au Tribunal. Ovationnée à sasortie, la députée (PSR) de Kampotjouit d’une notoriété sans précédent.

Viêtnam ❭ Page 19

Retour à KontumJean-Claude Pomonti, ex-correspondantdu Monde, se rend dans la ville forte -resse des Hauts Plateaux pour la pre-mière fois depuis 1972. La région,ravagée par la guerre, s’offre aujourd’huià la modernité.

Éducation ❭ Page 13

Bac option tricheAvant les épreuves, les candidats ontpotassé les mille et une leçons pourfrauder sans se faire repérer. Plongéedans les annales de la triche, assidumentpotassées par les futurs bacheliers.

Écrin pour écransPour faciliter les projets cinématogra -phiques au Cambodge, une commissioninaugurée par la France s’occuperad’organiser les tournages.

Culture ❭ Page 16

Déambulations ❭ Page 17

Protectorat mon amourUne promenade architecturale dans lePhnom Penh des années 1930.

Siem Reap : silence, on vole

Alors que la cité angkorienne est officiellement vierge de tout acte de délinquance, une expatriéemet en lumière le modus operandi des cambrioleurs, qui agissent avec un aplomb saisissant. Lapolice, de son côté, se contente de hausser les épaules et de décourager les plaintes. Pages 6 et 7

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Page 2: Cambodge Soir Hebdo nº 93

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Pour l’exemple

Décidément, quelque chose ne va pas dans le royaume. Comme chaque

année, la principale préoccupation des lycéens en instance de passer le

baccalauréat ne consiste pas, comme on pourrait s’y attendre, à réviser

leurs cours, mais à chercher tous les moyens possibles pour tricher lors de l’exa-

men, encouragés dans cette voie par leurs parents qui leur donnent l’argent des-

tiné à soudoyer les surveillants lors des épreuves. Et si tout cela n’était qu’une

question d’autorité ? Pourquoi les lycéens auraient-ils plus de respect envers

leurs professeurs et tout ce qui représente une forme quelconque d’autorité, tant

que leurs aînés ne leur auront pas montré l’exemple ? Si dès leur plus jeune âge,

les futurs citoyens voient leurs parents s’affranchir de toutes les règles, du code

de la route par exemple, il y a peu de chances qu’une fois adultes ils s’y plient.

D’autant que les policiers ne font pas de zèle pour faire la chasse aux incivilités

et aux infractions sur la voie publique. Les conducteurs de luxueuses voitures ne

sont jamais arrêtés, et les propriétaires de moto, s’ils ne portent pas leur casque

pourtant obligatoire, s’en tirent avec quelques billets, glissés dans la main du

policier. Au vu de leur maigre traitement, il n’est pas étonnant que les agents de

la force publique se tournent vers d’autres activités plus rémunératrices sur un

plan strictement personnel, alors que l’impunité règne en maître dans le pays.

Pourtant, des solutions existent. Leur mise en œuvre n’est qu’une question de

volonté. En renouvelant le personnel des forces de l’ordre et en versant des sa-

laires décents. Les policiers devraient normalement être moins sensibles aux

tentatives de corruption des contrevenants pris sur le fait. Les professeurs pour-

raient également être mis à contribution. Ceux-là mêmes qui sont censés dis-

penser des cours de morale et d’instruction civique aux écoliers méritent de voir

leurs salaires revalorisés. Car comment demander à de jeunes élèves de respecter

les règles le matin, et leur soutirer des poignées de riels pour assister à des

cours « supplémentaires » l’après-midi ? Que peuvent-ils retirer au final de tels

comportements, si ce n’est que pour de l’argent, les adultes sont prêts à s’affran-

chir de toutes les règles ? À moins que le bac ne soit en réalité l’examen final

destiné à vérifier que les adolescents ont bien assimilé les règles de vie inculquées

par leurs aînés ?

Alain Candille

www.cambodgesoir.info

26CD, rue 302 - Phnom PenhTél. rédaction : 012 462 092 ;012 815 990 ; 016 815 990 ;015 462 092 ; 011 671 700Tél. administration : 023 726 804Fax : 023 211 [email protected]@cambodgesoir.info

Président du CRDCS :Oknha Kong Rithy Chup

Administrateurs de CSH :Yves Bernardeau, Beatrix Latham,Robert Latil, Philippe Monnin,Oknha Kong Rithy Chup

Directeur de la publication :Robert Latil

Directeur :Jérôme MorinièreChroniqueur : Jean-Claude PomontiConseillers de la rédaction : Jean-Michel Filippi, Frédéric AmatRédacteurs en chef : Pen Bona, Alain Candille Secrétaires de rédaction :Charlotte Ducrot, Stéphane Dartoux

Rédaction :Florent Chevallier, Barbara Delbrouck,Im Navin, Kang Kallyann, Adrien Le Gal,Nhim Sophal, Maxime Revol, RoxanneTurk, Ung Chamrœun, Ung Chansophea,Ronan Vial, Benjamin Vokar Webmaster :Sébastien GeiserPhotographe :Pring SamrangCollaborateurs :Roxanne, Philippe Escabasse Responsable administration :Péou Sothy : 012 766 652Administration et comptabilité :Kam Saroeun, Heng Davy, Dul KhemaraResponsable commercial : Tep Sareth : 012 522 906017 555 186 ; 016 815 991Commercial : Sum Kosal : 016 996 994Secrétaire commerciale : Chen Dalin : 099 659 467Imprimerie :Post Media Co., Ltd., Phnom Penh Center, Building F, Unit 888, 8e étage, aucoin de Sothearos & Sihanouk Blvd.Distribution Siem Reap : Som Bunlong : 012 593 650

Cambodge Soir Hebdo estsoutenu par l’Organisationinternationale de la francophonie

Siem Reap : silence, on vole

p. 6 et 7

Une résidente de la cité angkorienne arédigé un rapport sur le mode opéra-toire des cambrioleurs, notammentceux qui s’en prennent aux maisonsd’expatriés. La police, elle, adopte lapolitique de l’autruche en proclamantune délinquance inexistante. Les sta-tistiques officielles, fantaisistes, re-posent sur un système de dépôt de

plaintes qui a échoué depuis longtemps à inspirer confiance aux victimes.

Mu Sochua, députée du Parti Sam Rainsy : « Je�vais�écouter,�le�4�août,�la�proclama-tion�du�verdict�dans�l’affaire�qui�m’oppose�au�Premier�ministre�devant�la�Cour�municipale.Je�voudrais�l’entendre�de�mes�propres�oreilles�pour�savoir�sur�quelle�base�la�juge�a�pris�sadécision. » Khmer�Machas�Srok, le 29 juillet 2009.

Un officiel du gouvernement : « Nous�allons�bientôt�ouvrir�un�autre�poste�frontièreinternational�à�Preah�Vihear�permettant�aux�touristes�de�passer�par�le�territoire�cam-bodgien�pour�visiter�le�temple.�La�porte�actuelle,�où�les�visiteurs�montent�directementl’escalier�du�côté�thaïlandais,�sera�fermée�par�un�mur�en�béton. » Kampuchea�Thmey,�le29 juillet 2009.

Dr. Ros Chantraboth, ancien vice-président de l’Académie Royale : « La�familleroyale�thaïlandaise�a�l’habitude�de�réclamer�le�temple�de�Preah�Vihear.�Elle�soutientd’ailleurs�le�gouvernement�d’Abhisit�dans�la�politique�d’invasion�du�territoire�cambodgien. »Kampuchea�Thmey,�le 29 juillet 2009.

LES MOTS DE LA SEMAINE

Photo-montage de une : CSH – Photo en vignette : Pring Samrang

CSH

Une semaine au Cambodge. Pour lutter contre le terrorisme, les opéra-teurs devront être vigilants quant à l’attribution des cartes SIM.

Le pouvoir de la bougie. Mu Sochua est restée silencieuse devant ses juges,allant jusqu’au bout d’un pari politique risqué dans son affrontement avec HunSen. Au PSR, sa popularité n’a jamais été aussi forte.

Au commencement était le proverbe… Un livre trilingue propose unelecture du Cambodge à travers les phrases de sa sagesse populaire.

Le « Serpent » mord encore. Pen Phath, star du foot cambodgien des an-nées 1960, représente avec énergie la fédération nationale en Europe.

Hillary est de retour. Au 16e sommet régional de l’Asean, la secrétaire d’Étataméricaine a voulu montrer que les États-Unis sont politiquement de retour enAsie du Sud-Est, et a demandé des sanctions contre la junte birmane.

Ça s’est passé il y a dix ans. L’ex-« boucher » khmer rouge Ta Mok prometdes aveux complets, et jette un froid dans les rangs du PPC et du Funcinpec.

Actualité p. 4 à 13

Un curieux cas d’amnésie. Au TribunalKhmers rouges, Kok Sros s’est révélé incapable dese souvenir de ce qu’il avait déclaré à David Chan-dler, puis aux juges d’instruction. Diagnostic deDuch : le témoin, qui l’accuse de s’être rendu dansles cellules des détenus, a menti du début à la fin.

p. 13

Culture et sport p. 15

Asie p. 19 à 21

Chronique p. 22

Daline

ÉDITORIAL SOMMAIRE

Cambodge Soir Hebdo n˚ 93 – 2e année, 31 juillet au 5 août 20092

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Page 4: Cambodge Soir Hebdo nº 93

Le Japon va aider le gouverne-ment cambodgien à hauteur de3,3 milliards de yens supplémen-taires, soit un peu plus de 34 mil-lions de dollars. Cette somme de-vrait contribuer à l’améliorationde la nationale 1, à la construc-tion d’un centre aquacole à Siha-noukville et à l’installation d’unsystème d’approvisionnement eneau à Memot, dans la provincede Kampong Cham. Le Japonrépond ainsi positivement à unedemande émanant du gouverne-ment cambodgien qui souhaitaitobtenir les moyens d’« améliorer

la�stabilité�économique�et�les�ef-

forts� de� développement » duroyaume.

Pour troismilliards deyens de plusLa Banque asiatique de dévelop-

pement a publié ses prévisionséconomiques pour 2009 et 2010.Après une baisse amorcée en2008, la croissance devrait conti-nuer à ralentir cette année auCambodge, avec une progressionde 2,5% seulement. L’activitééconomique devrait toutefoiscommencer à rebondir en 2010,où la banque prévoit une crois-sance de 4%.

ADB publieses prévisions2009-2010

Le volume des containers tran-sitant par les trois principauxports du royaume, Sihanoukville,Phnom Penh et le port OkhnaMong, situé entre Koh Kong etSihanoukville, est en nettebaisse. Alors que le trafic a chutéde 18 % à Sihanoukville, le portle plus important avec plus de200 000 containers par an, et de20 % à Phnom Penh, le portOkhna Mong enregistre lui unrecul de son activité de 10 %.

Les portssouffrentde la crise

Le classement de la CambodianPremier League est actuellementtrès serré. Les deux premiers,Preah Khan Reach (27 points) etPhnom Penh Crown (26 points) sesont séparés sur un match nul (1-1) le week-end dernier. En troi-sième position avec 24 points,Khemara Keila est encore dans lacourse au titre après sa courte vic-toire (1-0) contre l’équipe de la Dé-fense nationale. En bas de ta-bleau, Post Tel Club (4 points) etPhouchung Neak (2 points) fontface à de graves difficultés alorsque le promu Spark FC (16 points)réalise une belle saison et a prati-quement assuré son maintien.

Football :trois équipesen têteLe service d’enquêtes américain

a organisé un stage à destinationde la police cambodgienne sur lethème de la protection des ri-chesses culturelles et du patri-moine. Pendant deux jours, àSiem Reap et à Phnom Penh, lesresponsables et les experts dechaque province se sont concen-trés sur les stratégies d’enquêteet la coopération avec des policesétrangères. Le pillage des tem-ples reste en effet un problèmeimportant au Cambodge.

Le FBI s’investitdans la pierre

Pour faire face aux effets de lacrise économique mondiale, le mi-nistère du Travail a annoncé qu’ilallait ouvrir quatre bureaux pourl’emploi le mois prochain, dont undans la capitale. Ce projet, dotéd’un financement de 6,5 millionsde dollars, a pour objectif final lacréation de neuf centres pour l’em-ploi d’ici à la fin 2010. L’Organisa-tion internationale du travail(OIT) est impliquée dans ce pro-cessus. Selon les représentants del’OIT, ces centres auront une ac-tion locale et pourront effectuerdes bilans de compétences. Le butde ce programme est de centraliserl’information sur l’emploi : quellesqualifications sont recherchées surle marché du travail, quels emploissont disponibles et quelles forma-tions sont proposées.

Le ministèredu Travailau chevetde l’emploi

Avocats sans frontières (ASF) areçu 126 000 dollars de la part del’ambassade de France afin de pré-parer « les�dossiers�des�victimes�du

régime�khmer�rouge »�pour la pé-riode comprise entre août et dé-cembre 2009. Il s’agit de ladeuxième tranche d’un projet dontle montant total s’élève à 275 000dollars. Les avocats d’ASF Franceont assuré la rédaction et la tra-duction des plaintes en français,

en anglais et en khmer, de 28 des94 constitutions de parties civilesqui ont été officiellement acceptéespar la Cour dans le cadre du pre-mier procès. En coopération avecles ONG locales, ASF continue depréparer les dossiers des partiesciviles dans le cadre du second pro-cès, pour lequel Khieu Samphan,Ieng Sary, Ieng Thirith et NuonChea se retrouveront, normale-ment, sur le banc des accusés.

TKR : La France soutientles victimes

Les tuk tuks et les remorques sontdésormais interdits sur le boule-vard Norodom. Dans un commu-niqué diffusé le 23 juillet, KepChuktema, gouverneur de PhnomPenh, a expliqué que la circulationdevenait de plus en plus difficilesur certains axes en raison du tropgrand nombre de tuk tuks. « Afin

de�maintenir�l’ordre�et�la�sécurité

dans� les�rues�de� la�capitale�et�de

régler� les� problèmes�d’embouteil-

lages,�la�municipalité�interdit�dés-

ormais� la�circulation�de� tuk� tuks

et�de�remorques�tirées�par�des�mo-

tos�sur�le�boulevard�Norodom�dès

la� publication� de� cette� déclara-

tion », a annoncé Kep Chuktema.Les services municipaux ont déjàinstallé un panneau d’interdiction.Les contrevenants seront punis se-lon le Code de la route cambodgien.

Tuk tuks et remorques bannisdu boulevard Norodom

Le terrorismeaux abonnésabsents

Les ministères de l’Intérieur et desCommunications rappellent à l’or-dre les compagnies de téléphoniemobile en leur demandant de res-pecter l’obligation de vérificationd’identité avant de vendre unecarte SIM… pour lutter contre leterrorisme ! Lors d’une réunion te-nue au commissariat général, lechef de la police nationale, le gé-néral Sok Phal, a dénoncé les« malfaiteurs [qui] utilisent�le�télé-phone�pour�des�actes�de�terrorisme,

des� enlèvements,� des� agressions

voire�pour�du�trafic�de�drogue�ou

du� trafic� humain ». Devant desfonctionnaires en charge des télé-communications, des patrons decompagnies téléphoniques et desreprésentants de la police, il a rap-pelé les dangers que constituentles téléphones portables. Les ex-plosions des hôtels Mann Y etHong Kong le 4 juillet 2001, dumonument de l’amitié khméro-vietnamienne en juillet 2007 oubien la récente explosion devantle ministère de la Défense en jan-vier 2008 ont ceci en communqu’elles ont été déclenchées à dis-tance grâce à des portables GSM.En conséquence, et afin de sauve-garder la sûreté de l’État, une cir-culaire interministérielle oblige,comme il était d’ailleurs déjà derigueur depuis des années, à exi-ger de tout souscripteur d’uneligne téléphonique une carted’identité, de fonctionnaire, voireune carte bouddhique pour lesbonzes. Quant aux étrangers, unpasseport en cours de validité seranécessaire. La guerre qui fait rageentre les différents opérateurs setraduit notamment par à la dis-tribution gratuite de nombreusescartes SIM, reléguant aux ou-bliettes la règle fondamentale ducontrôle d’identité…

Cambodge Soir Hebdo n˚ 93 – 2e année, 30 juillet au 5 août 20094

Le comité national anti-catas-trophes a débuté une action deprévention dans les zones fronta-lières de l’Ouest du pays afin d’in-former ceux qui vont travailler enThaïlande sur les dangers de lagrippe A/H1N1. Cette mesure vadans le sens des récentes décla-rations du ministère de la Santéqui conseillent aux Cambodgiensde ne pas se rendre en Thaïlande.Le comité agit dans les provinces

de Battambang, de BanteayMeanchey et d’Oddor Meanchey.Peou Samy, secrétaire général ducomité anti-catastrophes, affirmeque les allées et venues illégalesd’ouvriers de part et d’autre de lafrontière constituent une grandeinquiétude quant à la propagationdu virus de la grippe porcine.« Cette�mesure�d’urgence� est� très

importante.� En� comparaison,� le

problème�des�déplacements�de�tou-

ristes� reste� mineur », soulignePeou Samy, qui rappelle que lagratuité des visas dans leroyaume voisin favorise unegrande circulation de touristes,contrairement au Cambodge. Legouvernement cambodgien a at-tribué une enveloppe de 100 à 200millions de riels pour cette cam-pagne de prévention. Le virusA/H1N1 est aujourd’hui présentdans plus de 170 pays.

Prévention pour les travailleurs frontaliers

UNE SEMAINE AU CAMBODGE

Le général Sok Phal, chef de la policenationale.

NhimSophal

Peou Samy, Secrétaire général duComité anti-catastrophes.

NhimSophal

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Cambodge Soir Hebdo n˚ 93 – 2e année, 31 juillet au 5 août 2009 5

Le gouvernement cambodgien asollicité auprès de l’ONU un sou-tien de dix ans supplémentairespour le déminage du pays. Laconvention d’Ottawa a donné dixans à chaque pays signataire pourdébarrasser son territoire desmines. «Mais�nous�n’avons�pas�la

possibilité�de� le� faire,� car� ici� les

surfaces�minées� sont� trop� impor-

tantes », a expliqué Khem So-phoan, directeur général du Cam-bodia Mine Action Center (CMAC).Selon le rapport de l’autorité cam-bodgienne anti-mines, depuis 1990et le début des opérations, 480 ki-

lomètres carrés ont été déminés,mais il resterait 2 à 3 000 km2 dechamps de mines. Le nombre desvictimes de ces engins de mort estcependant en baisse constante,passant de 450 en 2006 à 271 en2008. Au premier semestre 2009,le bilan avait baissé de 12 %.

Dix ans de plus pour faire bonne mine

Une pétition contre unpédophile belge

Un remblai d’une vingtaine de mètres s’est effondré sous la poussée duMékong dans l’arrondissement de Meanchey à Phnom Penh. Un fosséde quinze mètres s’est brutalement ouvert mais n’a pas fait de victime.Il faudra attendre la saison sèche pour effectuer les réparations.

Une digues’effondre à Phnom Penh

Le ministère de la Santé tient àdémentir les rumeurs alarmistesfaisant état de nombreuses infec-tions au virus A/H1N1 dans lepays. Dans un communiquéconjoint avec l’OMS, publié mardi27 juillet, il a précisé que seuls 17cas ont été recensés, tous ayantété guéris. Le ministère souhaiterassurer la population sur lesrisques de propagation du virus

A/H1N1 dans le royaume. Il a sou-ligné que les personnes touchéesavaient voyagé dans d’autres paysou avaient été en contact directavec des voyageurs, et que tousles cas ont été isolés du reste dela population. Selon le communi-qué, un système de surveillance aété mis en place et tous les voya-geurs entrant dans le pays doiventdéclarer leur état de santé.

A/H1N1 : contaminationlimitée au Cambodge

UNE SEMAINE AU CAMBODGE

De Siem Reap à Sihanoukville,le Cambodge vole à nouveauLa compagnie aérienne khméro-vietnamienne « Cambodia Angkor Air » a étéinaugurée lundi. Huit ans se sont écoulés depuis la faillite de l’aviation civilecambodgienne.

Une aile cambodgienne,une aile vietnamiennepour éviter le crash au

décollage : tel est le plan de fa-brication de la nouvelle compa-gnie « Cambodia Angkor Air »(CAA), inaugurée lundi 27 juilletpar Hun Sen et le vice-Premierministre vietnamien TroungVinh Trong à l’aéroport interna-tional de Phnom Penh.

Le capital, estimé dans un pre-mier temps à 100 millions de dol-lars, sera détenu à 51 % par lapartie cambodgienne, le reste re-venant aux Vietnamiens. SelonSok An, ministre auprès duConseil des ministres, ce projetd’investissement sur trente ansa été facilité par des conditionspréférentielles accordées par legouvernement cambodgien.

Le premier vol de CAA fermeune parenthèse (de vacance) pourl’aviation civile cambodgienne. Lapremière compagnie nationale futcréée en 1956, fruit de la coopé-ration avec Air France, qui déte-nait 60 % des parts. Détruite sousles Khmers rouges, la compagnielaisse la place à la « Compagnieaérienne du Cambodge » sous laRépublique populaire du Kampu-chéa, détenue à 100 % par l’État.

Royal Air Cambodge renaît en1995, en coopération avec la Ma-laisie ; mais l’entreprise fait fail-lite en 2001. Il a donc fallu atten-dre huit ans pour que le pays sedote à nouveau d’une compagnienationale.

Des trous d’air sont pourtantà prévoir : « Nous�avons�mené�de

nombreuses�négociations�avec�nos

partenaires�pour� lancer�au�plus

vite�cette�compagnie,�mais�le�ter-

rorisme,� la� crise� économique� et

les�maladies�infectieuses�ont�for-

tement� atteint� le� secteur� touris-

tique� et� nous� ont� compliqué� la

tâche », a reconnu Hun Sen dansson discours d’inauguration.

Dans ce contexte, le Premier mi-nistre a suggéré aux responsa-bles de faire preuve de profes-sionnalisme pour permettre à lanouvelle société de prendre sonenvol.

Cambodia Angkor Air disposeaujourd’hui de deux appareilsATR 72-500 qui assurent des liai-sons entre la capitale, Siem Reapet Sihanoukville. D’ici à la fin del’année, la compagnie devraitfaire l’acquisition de deux AirbusA320 et A321, puis s’équiper dedeux nouveaux appareils d’ici2015.

Pen Bona

Un des ATR 72-500 de la nouvelle compagnie nationale.

Une vingtaine d’ONG cambod-giennes font circuler depuis deuxsemaines une pétition deman-dant au gouvernement l’expul-sion de Philippe Dessart, un ci-toyen belge condamné pourpédophilie dans son pays et auCambodge. Libéré en avril 2009après trois années de prisonpour actes de pédophilie requa-lifiés en appel en actes indé-cents, Philippe Dessart, 49 ans,a demandé en mariage la mèrede sa victime. Ce qui a provoquéla colère des ONG luttant contrel’exploitation sexuelle des en-fants. Ces dernières sont entrain de faire circuler une péti-tion pour le faire expulser du ter-ritoire cambodgien. « Notre�péti-

tion�sera�bientôt�entre�les�mains

du�gouvernement.�Je�pense�qu’on

ne�peut�pas�laisser�ce�pédophile

rester� au� Cambodge.� Il� a� été

condamné�dans�son�pays�pour�les

mêmes� faits� et� ici,� il� aurait� dû

faire� 18� ans� de� prison�mais� en

raison�de�son�appel�et�de�la�mo-

dification�de� la� loi� sur� le� trafic

humain,� il� n’est� resté� que� trois

ans� derrière� les� barreaux.�C’est

un� récidiviste� dangereux.� En

plus,� il� veut� se�marier� avec� la

mère�de�sa�victime�et� couvre�de

cadeaux�la�famille�pour,�soit�di-

sant,�compenser�les�ennuis�cau-

sés », s’énerve Samleang Seila,directeur de l’ONG Action pourles enfants. Il ne sait pas encoresi cette demande pourra être re-cevable juridiquement. Rappe-lons que, selon des informationspubliées par le site internet dela RTBF, Philippe Dessart, an-cien professeur de latin et d’his-toire dans la région de Liège, aété condamné en 1994 à cinq ansde prison en Belgique pour avoirabusé de plusieurs de ses élèves.Il s’agissait de viols accompa-gnés de tortures. Au Cambodge,il avait été arrêté en avril 2006dans la chambre d’une gues-thouse avec un garçon de 13 ans.

DR

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Cambodge Soir Hebdo n˚ 93 – 2e année, 30 juillet au 5 août 20096

DOSSIER

Vague de cambriolageschez les expatriés de Siem ReapSelon une étude menée par une habitante de la cité des temples à partir de la collecte de témoignages d’autres résidents, depuis février decette année, pas moins de 45 cambriolages (ou tentatives) auraient été commis dans la ville. Toutes les maisons visitées étaient habitées pardes étrangers. Les malfrats ont opéré de nuit, et certains n’ont pas hésité à revenir plusieurs fois de suite.

«Ce�rapport�n’a�absolu-

ment� rien� d’officiel,

tient d’emblée à si-

gnaler son auteur. J’ai� voulu

mettre�noir�sur�blanc�et�synthéti-

ser� ce�que� j’entendais�autour�de

moi.� Le� but� est� de� créer� des� ré-

seaux,� de� stimuler� une� relation

avec�la�police�locale�et�échanger

des� informations.�Nous� ne� vou-

lons�pas�seulement�attirer�l’atten-

tion�sur�les�problèmes�des�étran-

gers,�mais�sur�les�crimes�commis

à�l’encontre�de�toute�personne�vi-

vant�à�Siem�Reap.�Si� les�étran-

gers� sont� les� principaux� cités

dans� ce� rapport� c’est� qu’il� a� été

plus�facile�pour�nous�d’obtenir�ces

informations. »Kristen, expatriée

canadienne à l’origine de cette

compilation, ne lésine pas sur

les formule de prudence avant

d’avancer des chiffres.

Sur les quarante-cinq actes

malveillants relevés depuis le

mois de février, trente ont abouti

et des objets personnels ont été

dérobés. Six ont été commis par

effraction et quatre concernent

des maisons où dormaient des

enfants lorsque les visiteurs y

ont pénétré. Il est intéressant de

constater que ces cambriolages

concernent seulement 25 habita-

tions, ce qui indique que, en

moyenne, une maison a été visi-

tée au moins deux fois en six

mois. Certains expatriés ont dé-

claré que des voleurs revenaient

régulièrement à la charge, es-

sayant sans cesse de réussir là

où ils avaient échoué les nuits

précédentes.

La majorité des biens volés

Étrangers et police locale

D’une manière générale lesexpatriés rechignent àdéposer plainte au com-

missariat après une tentative decambriolage, si rien ne leur a étédérobé, ou si la valeur des objetsdisparus est minime. Plusieurs rai-sons expliquent ce phénomène :« le commissariat est loin de la ville,on n’y est pas tellement bien reçuet d’une manière générale, il faudratoujours payer des “frais de dos-

sier.” De plus, lorsqu’il ne s’agit quede tentatives, comme cela m’est ar-rivé, aucun policier ne veut se dé-placer pour procéder à uneexpertise. Donc, on s’y rend unique-ment si c’est vraiment important »,explique un expatrié sous couvertd’anonymat.

Ainsi, la police n’est pas forcé-ment au courant des déboiressubis par les étrangers. Kristenavance quelques pistes dans son

rapport, pour améliorer les rela-tions entre forces de l’ordre et ré-sidents. L’une des idées principalesserait d’augmenter la présence po-licière durant la nuit.

En effet, à partir de 17 h, les uni-formes disparaissent de la ville.Kristen incite donc les expatriéseux-mêmes à augmenter leur vigi-lance et, pourquoi pas, à organiserdes patrouilles nocturnes dèsqu’un incident est porté à la

connaissance des habitants d’unquartier. De plus, « il n’y a pas, àSiem Reap, de nombreuses ma-nières de se débarrasser de sonbutin, surtout lorsqu’il s’agit d’ordi-nateurs portables, souvent sans cor-don d’alimentation et accessoires »,écrit-elle. Encore faut-il que la po-lice réagisse.

Coïncidence, quelques jours aprèsla diffusion de ce rapport, notam-ment auprès de certaines ambas-

sades, un coup de filet permettaitde mettre la main sur un lot detéléphones et ordinateurs porta-bles volés. La police a donc de-mandé aux expatriés victimes devols ces derniers temps de venirreconnaître leur bien éventuel etde fournir les documents d’achatde ceux-ci, y compris les numé-ros de série.

L.M.

sont des ordinateurs, portables

de préférence, des téléphones, des

appareils photos, des espèces et

des trousseaux de clés.

Stéphane, un expatrié belge,

n’a pas eu de chance. Sa maison

a été la cible de voleurs quatre

fois en moins d’un mois et demi,

alors même qu’elle est située

dans un quartier résidentiel,

calme, où les voisins sont nom-

breux. « Par� deux� fois,� ils� sont

parvenus�à�ouvrir�une�fenêtre�et

ils�ont�dérobé�des�choses�à�travers

les�barreaux.�Nous�avons�déposé

une�plainte�la�première�fois,�et�la

dernière,� je� me� suis� rendu� au

commissariat�un�week-end,�mais

personne� n’a� voulu� enregistrer

ma�plainte,�arguant�ne�pas�avoir

de�temps�pour�cela�et�ne�voulant

même�pas�se�déplacer.�Comme�les

choses�volées�ne�sont�pas�impor-

tantes,� je� n’ai� pas� insisté.�Nous

avons�eu�de�la�chance�car�ils�n’ont

pas�réussi�à�entrer.�Ils�ont�attaché

un� crochet� au� bout� d’un� long

bambou�et�à�travers�les�barreaux,

ils� ont� tenté� d’attraper� ce� qu’ils

ont�pu.�Ils�ont�réussi�à�s’emparer

du�sac�de�ma�femme.�Ils�ont�pris

les�clés�qui�étaient�à�l’intérieur�et

ont�essayé�d’ouvrir�la�porte�avec.

Heureusement,�les�loquets�étaient

mis� derrière� et� ils� n’ont� pas� pu

entrer », détaille Stéphane.

Carte de crédit

Le sac de son épouse a été re-

trouvé sur le pas de la porte, sous

un néon qui reste allumé toute

la nuit. Ils avaient pris le temps

de le vider et de jeter par terre

les cartes de crédit et les papiers

d’identité pour ne prendre que

les espèces.

Résultat, les propriétaires ont

rajouté des grilles, réhaussé des

CSH

Master_06-07:Master_CSH 29/07/09 14:15 Page6

Page 7: Cambodge Soir Hebdo nº 93

DOSSIER

La cité des temples est-elle dangereuse ?

Le type d’agression récurrent,

à Siem Reap bien plus qu’à

Phnom Penh, est le vol à l’ar-

raché. Il ne se passe pas un mois

sans qu’un touriste qui circule sur

les routes des temples à vélo ne se

fasse voler son sac, surtout si ce-

lui-ci est posé sur le panier situé

sur le garde-boue avant. Si les tou-

ristes déclarent ces agressions la

plupart du temps à travers leur

hôtel ou guesthouse, car ils ont be-

soin de la plainte pour effectuer

les démarches auprès de leurs am-

bassades afin de renouveler leurs

documents de voyage, il semble

que ces plaintes disparaissent dés-

ormais des statistiques. En 2006,

selon un rapport publié sur le site

cambdogesoir.info, la police avait

enregistré pas moins de 122 vols

à l’arraché dont dix commis avec

agression. Dans la province de

Siem Reap, 103 passeports au-

raient été dérobés lors de ces vols.

Or, officiellement, la délinquance

envers les étrangers n’existe plus

dans la cité des temples, car sur

les six premiers mois de 2009, un

seul incident aurait été reporté à

la police de Siem Reap, touristes

et expatriés confondus (lire�enca-

dré). Sur le terrain, toutefois, la

réalité est bien différente.

« Une pierre au visage »

« Avant�de�partir�pour�Phnom

Penh,�un�ami�m’a�proposé�de�lo-

ger�dans�son�hôtel�situé�dans�le

centre�ville,�explique Franck, un

Français, affichant un œil au

beurre noir.� Je� rentrais� donc� à

pied�vers�minuit�depuis�le�quar-

tier� du� vieux� marché� lorsqu’un

Cambodgien�m’a�interpellé.�Je�ne

lui� ai� pas� répondu.� C’est� alors

qu’un�autre�s’est�précipité�sur�moi

au�même�moment�où�je�recevais

une� pierre� au� visage.� J’ai� re-

poussé�mon�agresseur�et�j’ai�foncé

sur�le�lanceur�de�pierre.�C’est�là

que� j’ai� réalisé� qu’il� y� avait� un

troisième�homme.�Ils�ont�pris�la

fuite� sans� rien� me� dérober.� Je

m’en�suis�bien�sorti ». Rien ne lui

ayant été volé, et partant travail-

ler tôt le lendemain pour la capi-

tale, il n’a donc pas rapporté cet

événement à la police.

La semaine dernière, un autre

Français qui rentrait chez lui a

été le témoin d’une agression. La

scène se déroulait non loin de la

pagode Polanka, près de la ri-

vière, dans un quartier où l’éclai-

rage public est inexistant. Son

arrivée a mis en fuite les voyous

qui étaient en train de s’en pren-

dre à une jeune fille, la laissant

choquée, mais saine et sauve.

« Ils�étaient�quatre.�La�fille�était

à�terre,�son�sac�à�main�était�éven-

tré�et�ses�affaires�répandues�sur

la�chaussée.�Les� jeunes� lui�don-

naient�des�coups�de�pied�en�riant.

Lorsqu’ils� ont� vu� les� phares� de

ma�voiture,�ils�se�sont�enfuis�sur

deux� motos.� La� jeune� fille� était

en�pleurs,�en�pleine�crise�de�nerfs.

Je�l’ai�raccompagnée�chez�elle�à

deux�pas�de�là,�mais�elle�a�refusé

d’aller�à�la�police,�arguant�qu’elle

travaille�comme�lanceuse�de�bière

et� que� les� policiers� n’ont� rien� à

faire�de�ce�qui�peut�arriver�à�une

fille� comme� elle,� craignant� en

plus� que� cela� lui� coûte� de� l’ar-

gent »,�explique l’expatrié qui dé-

sire garder l’anonymat. Bilan de

l’agression : un téléphone porta-

ble dérobé, ainsi que 5 dollars.

Ces dernières années, plusieurs

touristes ont été violées alors

qu’elles visitaient Siem Reap.

D’autres agressions ont eu des

conséquences fatales, comme ce

ressortissant australien retrouvé

inanimé en pleine nuit dans le

parc face au Grand Hôtel, un

énorme hématome au visage en

février 2006. Plongé dans un pro-

fond coma, il est décédé lors de

son évacuation sans que personne

n’ait jamais su ce qu’il lui était

arrivé.

Un mois plus tard, une jeune

touriste belge de 18 ans était

abusée sexuellement par deux

hommes, alors qu’elle circulait à

vélo à la nuit tombée sur la route

de la rivière aux mille lingas, vic-

time d’une crevaison. Les coupa-

bles n’ont jamais été attrapés ; aux

dires de la famille, la police ne se

serait même pas déplacée sur

place pour mener une enquête.

Trois ans plus tôt, devant la re-

crudescence d’agressions contre

les étrangers, la municipalité

avait enjoint tous les commerces

à tirer leur rideau à minuit afin

de limiter le nombre d’étrangers

dehors à une heure avancée de

la nuit. Cette mesure n’avait été

que peu appliquée et était rapi-

dement tombée aux oubliettes,

pour le plus grand plaisir des

commerçants.

Le site Internet de l’ambassade

de France met en garde les visi-

teurs qui se rendent au Cambodge

sur les risques d’agressions : « à

Phnom�Penh�comme�dans�les�prin-

cipaux�centres�urbains,�et�notam-

ment� à�Siem�Reap� et�Sihanouk-

ville,�ne�pas�circuler�seul�la�nuit,

particulièrement�à�pied,�en�cyclo-

pousse,�en�moto�ou�en�moto-taxi ».

L.M.

La politiquede l’autruche

Pour Sam Siyan, directeurdu département de la po-lice touristique de Siem

Reap, la ville est un paradis oùles agressions n’existent quedans l’esprit des étrangers.Selon lui, une seule plainte au-rait été déposée par un étran-ger en seulement six mois.Aucun cambriolage, aucun vol àl’arraché donc, la version offi-cielle est sans appel. Lorsqu’onlui parle du rapport établi parune résidente, le directeurs’emporte : « Ce rapport ne cor-respond pas à la réalité. Les ser-vices de police, tous secteursconfondus, n’ont jamais entenduparler de ce rapport. Les rési-dents disent n’importe quoi dansle but de se faire rembourser parleur assurance des biens qu’ilsn’ont jamais achetés. Notre ser-vice collabore avec toutes les po-lices, nous sommes parfaitementau courant de la situation. Nousassurons aussi bien la sécuritédes touristes que des expa-triés », annonce-t-il avec sé-rieux. Sot Nady, commissairede la police de Siem Reap n’a,quant à lui, pas pu être joint autéléphone. Personne, au sein ducommissariat, n’a accepté des’exprimer officiellement.

Ung Chamrœun

murs d’enceinte de la villa,

changé les verrous et les serrures

pour de nouvelles plus solides et

embauché un gardien de nuit.

« J’ai�refusé�les�fils�de�fer�barbelés

tout�de�même.�On�n’avait�pas�non

plus�envie�de�vivre�dans�un�block-

haus », lance Stéphane qui garde

le sourire malgré ces mésaven-

tures, d’autant que son épouse

est enceinte de six mois…

Le moral, Pierre, lui, ne l’a plus.

Et les deux cambriolages dont il

a été victime ont achevé de le

convaincre qu’il était peut-être

temps pour lui de quitter défini-

tivement le pays, après de très

nombreuses et heureuses années

passées ici. « Ma� maison� a� été

cambriolée�deux� fois,�d’abord� en

janvier�et�l’autre�fois�en�mai.�Nous

habitons� pourtant,� avec� ma

femme�et�mes�deux�enfants�dans

un�quartier�résidentiel�où�vivent

d’autres� étrangers.�Nos�maisons

sont�entourées�d’un�grand�mur�et

il�y�a�deux�gardiens�pour�surveil-

ler�ces�résidences.�Les�policiers�se

sont�déplacés,�mais� ils�n’ont�pas

enregistré�ma� plainte.� Ils�m’ont

demandé�de�venir�au�commissa-

riat.� Comme� nous� partions� en

congés�en�France�et�que�nous�ve-

nons�à�peine�de�revenir,�nous�al-

lons�le�faire�à�présent.�Les�voleurs

ont�pris�deux�ordinateurs�porta-

bles�et�un�appareil�photo.�Or,� la

police�a�récemment�arrêté�des�vo-

leurs�en�possession�d’ordinateurs

dont�un�correspond�à�la�marque

du�mien.�Je�dois�aller�leur�mon-

trer�la�facture�avec�le�numéro�de

série.�Cela�fait�plus�de�dix�ans�que

j’habite�à�Siem�Reap�et�c’est�la�pre-

mière�année�que�je�me�fais�cam-

brioler.�Je�pense�sérieusement�que

le�phénomène�empire�ces�derniers

temps.�Il�suffit�d’évoquer�notre�mé-

saventure� pour� entendre� autour

de�nous�des�histoires�similaires »,

raconte ce Français désabusé.

Mode opératoire

D’après le rapport de Kristen,

il ressort que le mode opératoire

est quasiment toujours le même.

Il consiste à repérer une fenêtre

ouverte ou à tenter d’en ouvrir

une et d’aller « à la pêche » avec

une longue tige de bois ou de

bambou agrémentée d’un crochet.

Cela demande du temps, et de la

patience. La jeune expatriée,

dans son rapport, note que la plu-

part des voleurs, « en�février,�pro-

cédaient� seulement� de� cette�ma-

nière,�à�travers�les�barreaux�d’une

fenêtre,� sans� forcément� chercher

à� entrer.� La�méthode� a� quelque

peu�évolué�dès�avril�et�mai�où�les

voleurs�sont�devenus�plus�hardis

et�ont�commencé�à� forcer� les�en-

trées,�soit�en�brisant�des�barreaux,

en�découpant�ou�en�forçant�les�ser-

rures�avec�des�outils�adéquats.�En

deux�occasions,�les�fenêtres�ont�été

forcées�avec�succès�grâce�à�des�ou-

tils.�Une�fois�dedans,�il�apparaît

que� les� voleurs� effectuent� les� re-

cherches�de�manière�systématique

et�ils�prennent�leur�temps,�exami-

nant�et�rejetant�ce�qui�ne�les�inté-

resse� pas.� Plusieurs� personnes

rapportent�que�les�intrus�ont�pris

le�temps�de�manger,�des�bananes

par�exemple,�ce�qui�démontre�leur

absence�de�crainte�d’être�surpris

et� surtout� leur� assurance.�Dans

un�des�cas,�un�voleur�a�seulement

remis�à�plus�tard�dans�la�nuit�sa

tentative�lorsque�les�occupants�de

la�maison�se�sont�levés�après�avoir

entendu� du� bruit.� Il� a� alors

changé�de�mode�opératoire », note

l’expatriée dans son rapport.

D’autres témoignages d’étran-

gers, qui ne désirent pas donner

leur identité, mentionnent des

« face-à-face » nocturnes dans

leurs maisons avec les voleurs.

Dans tous les cas, les habitants

ont réussi à mettre en fuite les

indésirables. Mais plusieurs fois,

ces derniers n’ont pas hésité à

revenir un peu plus tard pour

tenter à nouveau de terminer le

travail qui avait été interrompu.

Siem Reap ne semble pas être

la seule ville touchée par cette

vague de cambriolages. D’autres

témoignages semblent confirmer

une recrudescence de ce type de

délits à Phnom Penh.

Loris Mattis

Cambodge Soir Hebdo n˚ 93 – 2e année, 30 juillet au 5 août 2009 7

Siem Reap serait-elleune ville où l’insécuritérègne ? Ce n’est, en toutcas, pas le ressentiparticulier de nombreuxexpatriés qui vivent surplace, pour qui la villen’est ni meilleure ni pirequ’une autre.Si, ces derniers temps,les cas d’agressionsemblent en haussecontrairement auxaffirmations de la police,ils ne sont malgré toutpas nouveaux.

Master_06-07:Master_CSH 29/07/09 14:15 Page7

Page 8: Cambodge Soir Hebdo nº 93

Cambodge Soir Hebdo n˚ 93 – 2e année, 30 juillet au 5 août 20098

Mu Sochua joue à quitte ou doubleLa députée PSR de Kampot a estimé qu’elle n’avait pas les moyens de se défendre dans le procès pour diffamation intenté par lePremier ministre. Cet affrontement, qui offre à Mu Sochua un regain de popularité, pourrait néanmoins se solder par la fin de sacarrière parlementaire.

Sam Rainsy, leader de l’op-position et Mu Sochua au-raient pu rêver de cette

scène : une ovation de la partdes militants, la bougie à lamain, sous le crépitement descaméras et appareils photo desjournalistes et observateurs ve-nus en nombre. Vendredi 24 juillet, il n’était que 7 h 30quand la foule s’est amasséedevant les locaux de la Courmunicipale de Phnom Penh. À 8 heures précises, les deuxténors de l’opposition apparais-sent, chacun brandissant unebougie décorée de rubans bleus.Députés ou simples militantsdu Parti Sam Rainsy, tous sontlà pour réclamer la justice,dans le procès pour diffamationintenté par Hun Sen lui-mêmeà l’encontre de Mu Sochua.

Le cortège de bougies fran-chit la grille du Palais de jus-tice. Pour autant, il n’est pasquestion d’offrir une tribune àMu Sochua : la salle d’audiencefait 50 mètres carrés à peine.Tous les sièges sont immédia-tement occupés.

Bougies interdites

Un homme en habits civilss’avance, prend la parole : « Leprocureur�a�donné�l’ordre�à�tous

ceux�qui�tenaient�des�bougies�de

les�éteindre,�pour�des�raisons�de

sécurité,� faute�de�quoi�elles�se-

ront� confisquées. »� Dans lasalle, les bougies s’éteignentaussitôt. Mais à l’extérieur, lesmilitants ne semblent pas pres-sés d’obtempérer. Un policierintervient, pousse un hommevers la rue. Le ton monte ; maisrapidement, un député (PSR)sort de la salle pour calmer lejeu. Dans la cour du Palais dejustice, les militants éteignentleur bougie.

Pour Mu Sochua, pas de trai-tement de faveur : la députéedoit attendre une demi-heureque la juge, Sem Sakola,achève de régler l’affaire pré-cédente, un différend profes-sionnel. Puis Mu Sochua prendla parole, rappelle les épisodesprécédents : le 5 juin dernier,son avocat Kong Sam Onn a ététraduit devant le Conseil d’ins-pection du Barreau, sur de-mande de Ky Tech, ex-bâton-nier et avocat de Hun Sen danscette affaire. En raison despressions exercées, expliqueMu Sochua, elle n’est pas enmesure d’être défendue. Faux,lui réplique la juge : « Vousvous� êtes� vous-même�privée�de

votre� droit� à� un� avocat. » MuSochua, en revanche, entend

bien user de celui de garder lesilence : elle ne répondra doncà aucune des questions du tri-bunal.

Aucun débat

L’enquête n’a pas dépassé lalecture des procès-verbauxfournis par les deux parties :aucun débat sur le fond n’a eulieu. À la différence de Mu So-chua, l’avocat de Hun Sen, KyTech, n’a pas prévu de se taire :selon lui, la conférence de

presse tenue, le 23 avril ausiège du PSR à Phnom Penh,avait pour seul objet de diffa-mer le Premier ministre. Aucours de son intervention, la

députée avait annoncé qu’elleallait poursuivre Hun Sen enjustice, après que celui-cil’avait désignée sans la nom-mer comme une « provoca-

trice ». Cette joute verbale s’ins-crivait dans le cadre del’« affaire� du� chemisier » : MuSochua ne pardonne pas auPPC d’avoir été agressée, pen-dant la campagne électorale de2008, par un militant qui luiaurait arraché en partie sonchemisier, en tentant de l’em-pêcher de prendre en photo,une voiture de l’armée utiliséeà des fins électorales.« Lors� de� cette� conférence� de

presse,�Mu�Sochua�a�évoqué�ces

faits� avant� même� de� porter

plainte…� En� demandant� des

dommages�et�intérêts�à�hauteur

de� 500� riels,� elle� ne� cherchait

qu’à� tourner� le�Premier�minis-

tre� en� dérision� ! », estime KyTech.

Pour l’avocat de Hun Sen, en-fin, la députée essayerait d’uti-liser la justice à des fins politi-ciennes, comme en témoigne,selon lui, la manifestation or-ganisée devant le Palais de jus-tice par le PSR à l’heure del’audience.

Sa plaidoirie achevée, Ky Tech demande la condam-nation de Mu Sochua à 10 mil-lions de riels (2 500 dollars) dedommages et intérêts, en vertude l’article 63 du Code pénal.La députée, de son côté,s’adresse aux magistrats, lesenjoint de se prononcer entoute indépendance et avec pro-fessionnalisme, sans avoir peurdes « pressions » exercées par lepouvoir.

Fin d’une carrière parlementaire ?

La séance est rapidement le-vée : à 11 h, la juge indique quele verdict, qui ne fait guère dedoute, sera rendu le 4 août. De-hors, la foule de militants s’en-thousiasme et applaudit la pa-sionaria anti-PPC. Pour eux, ceprocès est déjà une victoire ;aucun ne semble se soucierd’une possible mise sur latouche définitive de Mu So-chua. Pourtant, le matin même,le Chrac, collectif de 21 ONGde défense de droits del’homme, avait diffusé un com-muniqué dans lequel il s’in-quiétait de la partialité des ma-gistrats cambodgiens.

En choisissant l’attaque fron-tale contre Hun Sen, la députéede Kampot a fait un pari ris-qué. Certes, sa popularité estaujourd’hui meilleure que ja-mais. Son sort a ému l’opinionpublique et la communauté in-ternationale. Mu Sochua sem-ble avoir suivi à la lettre lesconseils de Khem Veasna, ex-député PSR : « Dans� l’opposi-tion,� pour�percer,� il� faut� avoir

le�courage�d’insulter�Hun�Sen. »

Dans l’hypothèse probabled’une condamnation, Mu So-chua ressortirait avec un statutd’opposante renforcé.

Mais dans le même temps, ceprocès pourrait signifier la findéfinitive de sa carrière parle-mentaire : comme l’a laissé en-tendre le Premier ministre, ilpourrait être difficile, pour elle,de retrouver son immunité par-lementaire levée le 22 juin parles députés PPC. « Il�est�facile,avec�une�telle�majorité,�de�lever

une�immunité�parlementaire…

Et�plus�difficile,�pour�celui�qui

l’a�perdue,�de�la�retrouver�si�les

députés� PPC� ne� le� souhaitent

pas », avait averti Hun Sen.

Pen Bona

PringSamrang

La députée PSR de Kampot a répondu aux questions des journalistes devant le Palais de justice.

POLITIQUE

«Le procureur adonné l’ordre à tousceux qui tenaient desbougies de leséteindre, pour desraisons de sécurité,faute de quoi ellesseront confisquées. »

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Cambodge Soir Hebdo n˚ 93 – 2e année, 30 juillet au 5 août 2009 9

ÉCONOMIE

Microsoft Cambodge : « Développerla�motivation�des�jeunes »

Vous avez annoncé en 2008 la miseen place d’un système obligeant lesutilisateurs de copies pirates de Win-dows au Cambodge à se mettre enrègle. Cela a-t-il eu lieu ?Il y a eu un couac de la presse. Noussommes là pour offrir un choix à l’utili-sateur et c’est à lui de respecter la pro-priété intellectuelle. Le système consistesimplement en un patch qui s’installe lorsd’une mise à jour pour aider l’utilisateurà vérifier que sa version est bien origi-nale. Si ça n’est pas le cas, le fondd’écran devient noir, sans mettre l’ordi-nateur hors-service. Parfois, les utilisa-teurs sont victimes des revendeurs, quifont l’économie de la licence à l’insu deleurs clients.

Le prix des licences de Windowsau Cambodge est-il en cause ?Les prix sont les mêmes que dans lereste du monde. Il existe des réductionspour les étudiants qui peuvent acquérirla « suite Office » pour 70 ou 80 dollars,contre 300 à l’origine. On a aussi desprix pour les ONG et les écoles, les ré-ductions allant jusqu’à 90 %.

La crise économique favorise-t-elleles logiciels libres et gratuits ?Nos clients font valoir cet argument pournous faire baisser nos tarifs. En réalité,les logiciels libres ne sont pas couram-ment utilisés car les différents pro-grammes ne s’intègrent pas forcémententre eux comme sous Windows. Et lecoût de customisation (personnalisationdu programme, ndlr) est bien plus élevéque l’achat des licences de logicielspayants. De plus, il y aura des coûts deformation. Si vous faites le calcul, vousverrez qu’à la fin, les logiciels de Micro-soft vous reviendront moins cher.

Quelle est votre position vis-à-vis dumonde du logiciel libre ?Je sais qu’en France il y a pas mal degens qui utilisent Ubuntu (une versiondu système d’exploitation libre Linux,ndlr). Je pense qu’il y a aussi chez euxun facteur de jalousie envers les grossessociétés américaines qui « dominent lemonde ».

Ce sentiment est exacerbé enversMicrosoft…Oui mais au Cambodge, le logiciel libreest vu comme une application ciblant lesgens défavorisés, qui n’ont pas forcé-

ment les moyens de payer un logiciel Mi-crosoft. Par exemple dans les zones ru-rales, Open Institute s’adresse auxenfants, et je trouve ça très bien : ça leurpermet de rentrer légalement dans lemonde de l’informatique.

Abus de position dominante, pratiquesdéloyales, Microsoft a eu de nombreuxdémêlés avec la justice européenneet a été condamné…Nous offrons aux utilisateurs de nom-breux logiciels dans la même boîte, cequi leur permet de profiter de nom-breuses fonctions, mais après noussommes critiqués pour cette raison. Faut-il créer un Windows où il n’y a rien dutout, et après laisser les gens acheter leslogiciels et les mettre dedans ?

C’est précisément ce que réclamentnombre d’utilisateurs : avoir le choix.Les gens ont toujours le choix de ne pasutiliser Internet Explorer (IE). Ils peu-vent même l’enlever, et ce depuis trèslongtemps.

Pourtant la désinstallation d’IE n’estjamais facile, et toujours incomplète.Je pense que si un jour on enlève IE,beaucoup plus de gens vont se plaindre.Cela enlève de la simplicité, l’utilisateuraura une étape en plus à effectuer. Lesnovices auront à choisir leur navigateur,ce qui pour eux ne veut peut-être riendire, c’est compliqué.

Pensez-vous que Microsoft possèdetoujours l’image d’un acteur innovant ?On y travaille : nous avons sorti Vistarécemment et nous sortirons WindowsSeven en octobre, puis le nouveau packOffice l’année prochaine. Mais il est cer-tain qu’en ce moment c’est Google quifait la Une avec de nouveaux outils.

Vista a encore du mal à s’imposer.Windows 7 va-t-il changer la donne ?Sur Vista, Microsoft est parti très enavant sur la sécurité et les graphismes.Cela a rendu le système assez lourd et lesmachines n’ont pas suivi le rythme. On alancé un système d’exploitation avant-gardiste qui demandait trop de res-sources. Du coup il provoquait deslenteurs. Dans le même temps, les at-taques informatiques sont devenues pluscomplexes et il a fallu sécuriser tout ça.Devoir toujours confirmer ses actionspeut être pénible pour l’utilisateur, mais

ce n’est pas Microsoft qui a voulu ça.

C’est pourtant bien Microsoft quil’a programmé…Oui mais s’il n’y avait pas de hackers,on n’aurait pas eu à faire tout ça.

Microsoft a-t-il à s’inquiéter de l’an-nonce faite par Google de lancer sonpropre système d’exploitation basésur Linux en 2010 ?On s’inquiète toujours, mais de manièrepositive parce que cela va peut être nousmettre un petit coup de fouet, nous pous-ser à évoluer, ce qu’on fait déjà, d’ail-leurs. Mais pour le moment, ça ne nousinquiète pas de manière négative. Nousavons quand même des décenniesd’avance dans la conception du systèmed’exploitation. Le grand gagnant seral’utilisateur qui aura plus de choix.

À quand une version en khmerde Windows ?C’est confidentiel. Il y a quelque chose enpréparation, mais je ne peux malheureu-sement pas en dire plus. Au sujet d’uneversion khmère, il y a le pour et le contre.Pour moi, le fait que Windows soit uni-

quement en anglais oblige les gens à ap-prendre cette langue. À force de cliquersur « file » ou « edit », ils comprendront ceque ça veut dire. L’inconvénient étantque ça prend beaucoup de temps.

L’informatique personnelle sedémocratise-t-elle au Cambodge ?J’ai participé à plusieurs réunions sur ledéveloppement des campagnes, et on aévoqué l’outil informatique qui permetaux ruraux d’avoir accès à l’information.Les agriculteurs pourraient consulter lesprévisions météo, les nouvelles tech-niques de semis, de sélection desgraines…

Mais ce sont des techniques qui fontappel à Internet…Oui, c’est loin, mais on essaie d’y arriver.Pour nous Internet est essentiel. SansInternet, l’informatique a beaucoup moinsd’intérêt.

Quels sont les freins au développementde l’informatique au Cambodge ?Il y a l’éducation, l’accès à Internet et lemanque de protection de la propriété in-tellectuelle. Le piratage n’est pas un pro-blème propre à Microsoft. À cause decela, l’industrie locale ne se développepas. Par exemple ceux qui ont créé desdictionnaires anglais-khmer ne touchentpas un sou pour leur travail. Les pro-grammeurs n’ont pas de motivation àcréer des outils et des logiciels qui serontcopiés et revendus illégalement.

Que peut apporter Microsoftau Cambodge ?Le fait que nous soyons leader dans l’in-formatique et que nous mettions unpied au Cambodge peut rassurer d’au-tres investisseurs étrangers. Ça peutêtre un message très fort pour dire quele Cambodge est un beau pays qui estmaintenant très stable politiquement eten plein boom économique. Il faut veniry investir sans attendre. Ensuite nousaimerions créer un engouement dans lacommunauté informatique. Microsoftest là avec un savoir-faire et un supporttechnique : n’ayez plus peur, lancez-vous ! On essaye de fédérer les diffé-rents acteurs, de créer une forme desolidarité, des synergies entre entre-prises pour développer le marché et lamotivation auprès des jeunes, maisaussi pour faire baisser les prix desabonnements à Internet.

Propos recueillis par Florent Chevallier« Pily Wong, 33 ans, est à la tête de Hung Hiep, distributeur de Mercedes-Benz et Hyundai au Cambodge.Depuis 2008, il dirige également Microsoft MDP Cambodia, le « programme de développement demarché » de l’éditeur américain, en vue d’une future implantation commerciale.

I N T E R V I E W

Pily Wong.

FlorentChevallier

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Cambodge Soir Hebdo n˚ 93 – 2e année, 30 juillet au 5 juillet 200910

ÉCONOMIE

Perte de crédit pour la micro financeDepuis dix ans, le secteur du micro crédit a explosé au Cambodge. Une vingtaine d’organismes agréés couvrent aujourd’hui près de 50 000villages à travers le royaume. Censé améliorer les conditions de vie des plus pauvres, il s’est pourtant traduit par une vague d’endettement.

Toutes les semaines, les

« conseillers bancaires » de

Chamroeun, un institut de

micro crédit, se rendent dans le

petit village de Deymeas, situé

dans la périphérie de Phnom

Penh, pour rencontrer leurs 27

clients. Flanquée entre le mur en

béton d’une propriété et un petit

étang, la bourgade se compose de

maisons de tôle sur pilotis. Plu-

sieurs villageois ne sont pas pro-

priétaires et vivent sur des terres

prêtées par le gouvernement.

Chamroeun est donc leur seule

alternative pour accéder au sec-

teur financier. « C’est�différent�des

autres� organismes�de�micro� cré-

dits�car�il�ne�demande�pas�d’être

propriétaire�et�il�propose�un�taux

d’intérêt� très� bas� comparé� aux

prêteurs�privés », estime Sinath,

40 ans, qui a pu développer un

commerce ambulant de maïs cuit

grâce aux petits prêts qu’elle

contracte tous les six mois depuis

deux ans. C’est aussi le cas de

Sam Rith Mom, vendeuse de

nouilles de 48 ans. Auparavant,

elle a emprunté chez Acleda, un

des plus vieux organismes de mi-

cro crédit du Cambodge, mais elle

a dû vendre sa maison car sa fa-

mille était en difficulté.

Chamroeun est l’un des seuls

organismes à proposer un prêt

aux communautés très pauvres.

Ses débiteurs vivent avec un ou

deux dollars par jour et ne peu-

vent pas fournir de garanties. Il

a donc développé un autre sys-

tème de sécurisation. Les clients

sont obligés de déposer 18 % de

leur prêt en tant qu’épargne. Une

façon de garantir qu’au moins

cette somme sera conservée

jusqu’à la fin du remboursement.

En outre, les partenaires doivent

proposer des garants, générale-

ment des membres de la famille,

qui seront responsables s’ils ne

paient pas. L’organisation

compte aussi sur la présence quo-

tidienne de l’équipe sur le terrain

pour suivre de près les contrac-

tants. « Depuis�2006,�seules�trois

personnes�ont�fui�dans�une�autre

province.�Et� encore,� nous� avons

récupéré�l’argent�parce�que�notre

équipe�les�a�rattrapées », précise

fièrement Suon Sophea, direc-

teur général de Chamroeun. En

outre, l’organisme propose de

très petits montants. « Un�petit

prêt�est�un�petit�risque ! », lance

le directeur, au sourire commer-

cial. «�Nous�faisons�des�prêts�de

25�à�125�dollars�maximum.�Les

institutions�similaires�proposent

jusqu’à�1 000�dollars ! »�

Multiplication des prêtset surendettement

Confrontées à des problèmes de

remboursement, les institutions

de micro crédit sont plutôt fri-

leuses envers les clients « à

risque ». Entre 1 et 5 % des clients

sont à classer dans la catégorie

des mauvais payeurs, selon l’As-

sociation de micro finance du

Cambodge (AMF). Les clients en

difficulté ont généralement mal

géré le capital prêté ou l’ont uti-

lisé pour des activités non géné-

ratrices de revenus comme les

soins de santé ou les dépenses fa-

miliales quotidiennes. Or, le but

du prêt est de lancer un petit com-

merce ou acheter un tracteur…

Mais surtout, de nombreux clients

contractent des prêts auprès de

plusieurs organismes et se retrou-

vent surendettés. Le micro crédit

mène alors à l’exacerbation de la

pauvreté plutôt qu’à son éradica-

tion. Le problème est apparu en

Inde, berceau de la micro finance.

Un phénomène auquel le Cam-

bodge n’a pas échappé. « Certains

empruntent�pour�payer�un�crédit,

puis�réempruntent�pour�en�payer

un�autre »,�confirme le directeur

de Chamroeun. « Un� client� peut

donc�emprunter�à�4�ou�5�institu-

tions�de�crédit�différentes ! »�

Une situation aggravée par les

organismes eux-mêmes qui se

trouvent en concurrence et accor-

dent des prêts à n’importe qui.

Les paysans finissent par per-

dre leur terrain ou leur maison

afin de rembourser leurs dettes.

Un phénomène que An Bun Hak,

directeur exécutif de « Maxima »,

un autre institut de micro crédit,

tient à nuancer. « Je� certifie

qu’un�organisme�de�micro�crédit

n’a�pas�le�droit�de�saisir�les�biens

d’un�client.�Seul�un�tribunal�peut

l’ordonner.�Et�nous�allons� rare-

ment�en�justice�car�les�frais�d’avo-

cat�sont�plus�élevés�que�la�somme

à�récupérer. »

Vague d’endettementavec la crise alimentaire

En juin 2008, plus de la moitié

des ménages cambodgiens étaient

endettés, selon une étude du

CDRI, l’Institut de Recherche sur

le Développement du Cambodge.

Et un tiers avait contracté un

nouvel emprunt dans les six der-

niers mois. « La�situation�n’est�pas

bonne, explique Chan Sophal, di-

recteur de recherche. Beaucoup

ont�fait�un�emprunt�l’année�passée

pour�pouvoir�acheter�les�produits

qui�étaient�plus�chers�à�cause�de

la� crise� alimentaire.�Le� prix�des

fertilisants�par�exemple�avait�tri-

plé. » Le prix du riz, pilier de l’ali-

mentation dans le pays, avait lui

à l’époque doublé.

Chan Sophal vient de lancer

une étude sur l’impact de la crise

économique globale sur la micro

finance qui sera publiée dans un

mois. Selon l’AMF, qui analyse le

sujet, l’impact semble limité car

« la�plupart�des�prêts�sont�utilisés

pour� l’agriculture� et� les� petits

commerces,�qui�ne�sont�pas�affec-

tés�par�l’économie�globale ». Une

situation différente à Siem Reap,

selon le directeur de Chamroeun.

« D’autres�organismes�ont�des�pro-

blèmes�avec�le�taux�de�rembour-

sement�qui�est�de�6�ou�7 %.�ça�ne

fonctionne�pas�car�ils�se�concen-

trent�sur�de�gros�prêts�et�dépen-

dent�beaucoup�du�tourisme. »

Pour pallier à la concurrence ex-

cessive, l’AMF a mis en place un

système d’échange d’informations

sur le nombre d’organismes déjà

installés dans chaque village.

« Certaines�provinces�ont�beaucoup

d’institutions� de� micro� finance

mais�d’autres�comme�le�Rattanak

Kiri,�le�Mondol�Kiri�et�Preah�Vihar

n’en�n’ont�qu’une�ou�deux.�Ce�sys-

tème�permettrait�une�meilleure�ré-

partition », explique Hoy Sophea,

secrétaire générale de l’AMF.

Un projet de « bureau de cré-

dit » a aussi été lancé par l’Inter-

national Finance Corporation,

membre du groupe de la Banque

mondiale, et la Banque Natio-

nale du Cambodge. L’idée est de

créer une base de données natio-

nale reprenant tous les micro dé-

biteurs du pays. L’échange des

informations sur leurs clients

permettrait aux différents orga-

nismes de savoir si la personne

a déjà contracté d’autres prêts et

donc d’éviter le surendettement.

La mise en route du système

avait été annoncée pour la fin

2009, mais elle devrait déjà être

retardée, selon Hoy Sophea.

En attendant, pour évaluer le

dossier de leurs futurs clients, les

instituts de micro finance comp-

tent exclusivement sur les conseil-

lers bancaires qui se rendent dans

les villages et discutent avec les

gens. Cela fonctionne dans le cas

de Chamroeun, car le personnel

est très présent et aide les clients

à monter leur projet. Mais il s’agit

d’un organisme à vocation sociale

financé en partie par Entrepre-

neurs du Monde. Même si un « bu-

reau de crédit » voit vraiment le

jour au Cambodge, un suivi per-

sonnalisé restera nécessaire pour

éviter les écueils. Si les orga-

nismes de micro crédit ne le pren-

nent pas en compte, une nouvelle

vague d’endettement pourrait en-

core s’abattre sur le pays.

Kang Kallyann

et Barbara Delbrouck

BarBaraDelBrouck

À l’agence Chamrœun du psar Kan-dal. Inscrit sur le bureau, le slogan :« Économiser, emprunter, former ».

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Page 11: Cambodge Soir Hebdo nº 93

Sur les ondes, Ek Monosen

met des mots sur les mauxViolences conjugales, chantage à la vidéo, élèves abusées par leurs enseignants… Depuis quatre ans, l’émission « Bonheur et amour »,sur FM 102, permet aux auditeurs de confier leurs problèmes de cœur ou familiaux. Morceaux choisis, avec son animateur vedette.

«U

n homme m’a récemment avoué

qu’il était amoureux de moi de-

puis longtemps. Il me demande

de l’attendre car il doit continuer ses

études pendant encore cinq ans. Si je re-

fuse, il me dit qu’il est prêt à tout arrêter

pour chercher un travail et se marier avec

moi. Est-ce que je dois l’attendre ? » Au

bout du fil, la jeune femme, âgée de 19

ans, coiffeuse à Phnom Penh, est angois-

sée. Nous sommes à l’antenne de FM 102,

également connue sous le nom de Wo-

men’s Media Center Cambodia. Il est

18h30, c’est l’heure de l’émission « Le

bonheur et l’amour ». « Vous l’aimez, oui

ou non ? », questionne Ek Monosen, 30

ans, le présentateur, avec autorité. « Pas

vraiment, mais j’ai pitié de lui », répond

avec hésitation l’auditrice. « Alors vous

ne devez pas être un objet qui se consacre

à quelqu’un d’autre. La vie de couple doit

reposer sur l’amour, non sur la pitié »,

explique-t-il doctement.

Depuis 2005, Ek Monosen, directeur ad-

joint d’université privée de Phnom Penh,

achète une heure d’antenne quotidienne

pour répondre aux questions de ses audi-

teurs. Jour après jour, le téléphone sonne

sans discontinuer dans le studio. Certains

appellent depuis plusieurs mois, voire plus,

dans l’espoir de parler de leurs problèmes

avec Ek Monosen.

En dépit de son jeune âge, 30 ans à

peine, le présentateur se montre très

sage, posé et rassurant. Son style clair

et sans retenue séduit les auditeurs, de

plus en plus nombreux à suivre son émis-

sion. Il classe les appels qui lui parvien-

nent en deux catégories : les problèmes

familiaux et les interrogations amou-

reuses des jeunes. Ces deux thèmes sont

les piliers de ce programme.

« De nombreux jeunes ne sont pas sûrs

de leurs sentiments ou se font manipuler

lorsqu’ils ont un coup de foudre, explique

Ek Monosen. Leurs décisions ont souvent

des conséquences importantes sur leurs

études et leur avenir. D’autre part, à

cause de la tradition, de nombreuses filles

acceptent encore les mariages arrangés. »

L’animateur doit également gérer des

histoires récurrentes d’adultère, de vio-

lence domestique et d’alcoolisme. Ces

trois sujets arrivent en tête des pro-

blèmes soulevés par les auditeurs mariés

ou ceux qui vivent en couple.

L’animateur a beau bien maîtriser son

sujet, il arrive qu’un grain sable grippe

la mécanique bien huilée. « Il y a deux

semaines, une dame m’a appelé pour dire

qu’elle envisageait de tuer son mari après

l’émission. Elle ne supportait plus ses

multiples infidélités, ni leurs incessantes

disputes. J’ai essayé de lui faire compren-

dre que son projet était stupide et je l’ai

finalement convaincue d’abandonner

cette idée », se souvient le présentateur.

Cette année, il a aussi eu affaire à pas

moins de cinq cas de personnes qui ont

indiqué avoir fait une tentative de sui-

cide. Selon l’animateur, le manque de

confiance dans les couples sur la question

de la gestion des finances est à l’origine

de nombreux conflits familiaux.

Ek Monosen, docteur en gestion et ti-

tulaire d’un master en économie, a éga-

lement appris la psychologie pendant

deux ans auprès d’un professeur sino-

khmer. Peu à peu, ce travail s’est trans-

formé en une véritable passion. Tout pe-

tit, Ek Monosen a été à bonne école.

Régulièrement, son père organisait des

réunions de famille pour résoudre les pro-

blèmes du ménage.

Bien que célibataire, il aide les familles

cambodgiennes à surmonter leurs diffi-

cultés. « L’illettrisme, le manque de

confiance et d’honnêteté sont les racines

du mal. Dans une société où les disco-

thèques et les karaokés poussent comme

des champignons, la misogynie avance à

grands pas. Les gens ne parviennent pas

à contrôler leurs sentiments et les his-

toires de viol et d’adultère sont de plus

en plus fréquentes », déplore l’animateur

radio.

« Il torturait sa femme

avec des couteaux »

Loin d’un donneur de leçon, Ek Mono-

sem sait être à l’écoute de ses auditeurs

en détresse. Le rituel est toujours le

même, il cherche d’abord à comprendre

l’histoire, cerner le problème. « Je ne dé-

cide pas à leur place, je leur explique les

choix possibles. Si le problème est vrai-

ment grave, j’évoque la solution du di-

vorce. Car les situations sont parfois ex-

trêmes. Comme celle de cet auditeur de

Prey Veng, alcoolique, qui battait sa

femme et la torturait avec des couteaux.

J’ai essayé plusieurs fois de raisonner

l’homme mais finalement le couple a

choisi de se séparer comme je le leur

conseillais. C’était le meilleur choix au

vu du nombre de cicatrices portées par

la femme et le fait que leur enfant était

tombé deux fois dans le coma », se rap-

pelle-t-il.

En bon professionnel, l’animateur se sert

du ton de sa voix pour gagner la confiance

des auditeurs. Une voix sévère mais dyna-

mique. « Il ne faut se montrer ni trop dur ni

trop doux sur ce genre de questions. Il faut

simplement exposer clairement les choses »,

précise-t-il. Il demande souvent à ses audi-

teurs en couple d’écouter ensemble son

émission et d’appeler le standard ensemble

pour gagner en clarté et recueillir les do-

léances et les espoirs des uns et des autres.

L’émission reflète les évolutions de la so-

ciété cambodgienne et libère la parole. Des

couples stériles dans lesquels le mari sou-

haite faire un enfant à un autre femme,

aux jeunes filles victimes du GHB (drogue

du viol) puis soumises à un chantage à la

vidéo, jusqu’aux enseignants qui abusent

de leurs élèves… Sans parler des questions

sur l’efficacité des produits aphrodisiaques

en vente libre à Phnom Penh. « Je me sou-

viens d’un cas récent où un professeur, après

un banquet, au lieu de raccompagner l’une

de ses étudiantes ivre chez elle, l’a conduite

dans une guesthouse pour la violer. La fa-

mille a alors obligé la fille à se marier avec

lui. Une erreur terrible », s’indigne Ek Mo-

nosen.

Tout les sujets y passent, le relatif ano-

nymat de la radio permet de dévoiler des

vérités que les auditeurs n’osent parfois

même pas confier à leurs proches. Ce climat

de confiance participe à créer un lien fort

avec l’émission et son animateur vedette.

Une proximité qui n’est pas du goût de

tout le monde. S’il travaille dans la pénom-

bre et la tranquillité d’un studio fermé, le

présentateur n’est pas à l’abri des intimi-

dations. Certains hommes qui ne veulent

pas que leur vie privée soit dévoilée sur les

ondes l’ont menacé. D’autres, plus avisés,

lui ont fait des cadeaux pour qu’il se taise.

« Mais je n’ai pas peur. Je n’ai jamais eu de

graves soucis. Je ne fais qu’aider les gens à

résoudre leurs problèmes. Il ne faut pas

avoir peur de cela », conclut l’animateur.

Ung Chansophea

charlotteducrot

charlotteducrot

Ek Monosen : « Obliger une fille à épouser celui qui l’a violée est une erreur terrible ».

Cambodge Soir Hebdo n˚93 – 2e année, 30 juillet au 5 août 2009 11

SOCIÉTÉ

Ek Monosen a acheté des produits « aphrodisiaques » en vente libre à Phnom Penh, à proposdesquels les angoisses des auditeurs sont nombreuses.

«Vous ne devez pasêtre un objet qui seconsacre à quelqu’und’autre. La vie decouple doit reposersur l’amour. »

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Cambodge Soir Hebdo n˚ 93 – 2e année, 30 juillet au 5 août 200912

JUSTICE

EN BREFEN BREFInformations publiées dans Rasmei Kampuchea,Koh Santépheap et Kampuchea Thmei et traduitesdu khmer par Pen Bona.

Le 25 juillet, 83 joueurs, dont 72 femmes, ont été arrêtés lors d’unedescente de police dans une maison duquartier de Sras Châk, arrondissementde Daun Penh, à Phnom Penh. Cet éta-blissement qui accueillait des joueursde cartes de la capitale était sous sur-veillance depuis plusieurs jours. Selonles autorités, ce salon de jeux clandes-tin avait ouvert ses portes il y a un peuplus d’une semaine. Sa patronne,connue sous le nom de « Chê Im », fi-gure parmi les personnes interpellées.Réputée pour ses talents d’organisa-trice de parties de cartes intéressées,elle n’avait jamais été arrêtée en raisonde ses multiples contacts avec deshommes de pouvoir dont elle se préva-lait. Selon des témoins, les joueurs pré-sents lors de la descente étaient enréalité plus nombreux, mais la policeaurait laissé filer par la porte de der-rière plusieurs personnalités et de nom-breuses femmes.

Le colonel de la gendarmerie du districtde Stung, province de Kampong Thom,est mis en cause dans un commerce illégal de bois. Cette accusation a étérendue publique après une descente depolice menée par l’administration fores-tière dans les locaux des gendarmes etdans la maison du gradé, dans la nuitdu 22 juillet. Cette opération a permisaux forces de l’ordre de confisquer sixvéhicules remplis de bois de premièrequalité. Plusieurs mètres cubes de boisont également été découverts à proxi-mité d’un point d’eau dans l’enceinte dela gendarmerie. Le colonel Khun Bun-hour, responsable de cette unité, a

échappé à l’arrestation. Son dossier aété transféré au tribunal. Selon les ha-bitants de Stung, il se livrait au traficde bois depuis longtemps, mais les au-torités n’osaient pas intervenir, du faitde son pouvoir et de ses relations.

Le 23 juillet, vers minuit, deux jeuneshommes ont ouvert le feu sur un restau-rant du quartier de Chak Angrè, arron-dissement de Meanchey, à PhnomPenh. Selon une source proche du dos-sier, l’un d’eux était en colère contre

une serveuse qui refusait de céder à sesavances. Selon des témoins, ils ont tiréà plusieurs reprises sur l’enseigne et leportail du restaurant depuis leur Mer-cedes avant de quitter les lieux. Les po-liciers n’ont pas réussi à lesinterrompre dans leur fuite. Leshommes armés seraient des fils de LokThom (hommes de pouvoir), que lesagents n’osent pas appréhender.

Deux voleurs à la tire, dont l’un est filsde colonel, ont été roués de coups par lafoule en colère après avoir été arrêtés le23 juillet, rue de la Fédération de laRussie, dans le quartier de Teuk Tla, àPhnom Penh. Les deux jeunes voyousont agressé une femme en moto pour luiarracher son collier. Leur tentative aéchoué. Les cris et les appels au secoursde la victime ont alerté les passants.Leur intervention a permis d’arrêter lesvoyous. Passés à tabac par la foule, ilsétaient presque mourants quand la po-lice les a finalement sauvés du lyn-chage. Grièvement blessés, ils ontensuite été emmenés au commissariatpour la constitution du dossier.

Top Sarœung, membre du conseil provin-cial de Banteay Meanchey, a été assassinéle 24 juillet à l’arme blanche par des

lynChéS par la foUle, la poliCe leUr SaUve la vie

il préTend avoir Un piSToleT, ilS SorTenT leUrS épéeS : Un morT

éCondUiT, il vide Un ChargeUrSUr le reSTaUranT

BûCheron la nUiT, Chef deS gendarmeS le JoUr

JeUx ClandeSTinS, maUvaiSe pioChe

truands vietnamiens dans un restaurant.Âgé de 63 ans, il a été attaqué à coupsd’épée. Selon la police, la victime et deuxde ses amis, colonels dans l’armée, parta-geaient un bon repas. À la table d’à côté,des jeunes buvaient et parlaient très fort.Un des amis de Sarœung leur a alors de-mandé de baisser d’un ton afin de ne pasdéranger leur discussion. Il les a menacésen affirmant qu’il possédait un pistolet.Le groupe a demandé l’addition avant dequitter les lieux. Quelques instants plustard, ils sont revenus avec chacun uneépée à la main et ont agressé les troishommes sans leur laisser le temps de ri-poster. Top Sarœung est mort sur le coup.Ses deux amis sont sains et saufs. En réa-lité, aucun d’eux ne possédait d’arme àfeu. Les agresseurs se sont enfuis, mais lelendemain, la police est parvenue à les arrêter.

Un Sud-Coréen, responsable d’une en-treprise de pompage du sable à Kep, etun couple de Cambodgiens ont été arrê-tés et mis sous les verrous, le 22 juillet,pour le viol d’une mineure. L’adoles-cente de 17 ans a porté plainte contrele trio, a indiqué la police. Le couple deCambodgiens est accusé d’avoir attiréla victime dans un hôtel de Phnom Penhoù l’attendait son agresseur. Lors du dî-ner, le Sud-Coréen a versé une droguepuissante dans son verre avant d’abuserd’elle. Les trois accusés attendent main-tenant leur procès.

Sun Hour a tout juste 16 ans, mais c’est déjàl’âge, pour lui, de faireconnaissance avec les ar-canes du système judi-ciaire. Le 12 novembredernier, il a été interpellédans le quartier de psarKandal II (arrondissementde Daun Penh), après unetentative de vol à l’arraché.« Ce� jour-là,� Sun� Hour� et

son� complice� ont� repéré

deux� jeunes� filles� sur� une

moto, lit le greffier, le rap-port de police et celui dujuge d’instruction sous lesyeux. La�passagère�portaitun�sac�à�main.�Sun�Hour,

assis�à�l’arrière�de�la�moto,

a� tenté�de� le� lui� arracher.

Mais� les� victimes� se� sont

débattues,� provoquant� la

chute�du�véhicule�des�agresseurs.�Les

jeunes� filles� ont� appelé� à� l’aide,� per-

mettant� l’arrestation� immédiate� de

Sun� Hour,� tandis� que� son� complice

prenait�la�fuite. »

Sun Hour est impassible, hésite sur lecomportement à adopter. Face àChhay Kong, président adjoint de laCour municipale, de ses deux asses-seurs et du procureur, le jeune hommesemble bien seul. Il n’est même pas re-présenté par un avocat. Ses parents se

sont fondus dans le public pour assis-ter à l’audience discrètement. Seuls les magistrats semblent en me-sure de conseiller Sun Hour quant à sastratégie. « Tu�sais,�tu�as�été�arrêté�enflagrant�délit,�tu�n’es�pas�en�position

de�contester�les�faits, lui glisse le pré-sident. Le�mieux,�pour�toi,�c’est�d’êtrehonnête�et�de�dire�la�vérité,�et�la�peine

sera�moins� sévère. » «� En� effet,� nous

ne�sommes�pas�là�devant�une�affaire

complexe, renchérit le procureur.�Nousdisposons�de�toutes�les�preuves�néces-

saires�pour�établir�ta�culpabilité. »

Sun Hour, humble et poli, reconnaîtses torts, tout en mettant l’accent sursa pauvreté et son manque d’éduca-tion. Le procureur, estimant que l’actede vol reste impardonnable, campe sursa position, et maintient le chef d’in-culpation.Après une courte pause, les magis-trats retournent à leur place. L’accuséest condamné à deux ans et demi deréclusion. Le juge se veut pédagogue :« Tu� sais,� cette� peine� aurait� été� plus

lourde� si� tu� avais� été�majeur…�Avec

une� telle� accusation,� tu�aurais� écopé

d’au�moins�cinq�ans�de�prison. »

Dans la salle, une dame s’effondre.Est-ce la mère de l’accusé ? C’est pro-bable, mais elle ne veut pas le confir-mer. « C’est� son�ami�qui� l’a� entraîné

là-dedans,� Sun� Hour� est� un� garçon

honnête », affirme-t-elle. Dans le pu-blic, les visages sont tristes. Sun Hoursort de la salle, puis avant d’êtreconduit vers le fourgon de police. Lescommentaires sont rares, et s’effacentderrière le hurlement de la sirène.

Ung Chamrœun

« Tu n’es pas en position decontester les faits »En l’absence d’avocat, c’est aux magistrats qu’il revient de conseiller SunHour, 16 ans, sur sa stratégie de défense.

Tu sais, cette peine aurait été pluslourde si tu avais été majeur. »

Dél

its

& D

énis

Une mineUre violéepar Un SUd-Coréen

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Page 13: Cambodge Soir Hebdo nº 93

SOCIÉTÉ

Cambodge Soir Hebdo n˚ 93 – 2e année,30 juillet au 5 août 2009 13

Bac : triche et bakchichTrès exactement 88 698 lycéens ont passé les épreuves du baccalauréat dans les 155 centres d’examen du royaume. Cette annéeencore, la triche était dans tous les esprits.

Le ministère de l’Éducation,comme les années précé-dentes, avait appelé tous les

candidats à se méfier des ven-deurs de sujets. Les fonction-naires avaient pour mission derenforcer leur lutte contre la cor-ruption et les tricheries, lors desépreuves du 27, 28 et 29 juillet.Malgré tout, les irrégularitésétaient inévitables tant le sys-

tème des antisèches est ancrédans les têtes des candidats.

Le matin du deuxième jourd’examen, Channa s’est levé tôt.Non pas pour réviser une der-nière fois ses leçons, le jeunehomme cherchait plutôt un moyenefficace de dissimuler ses anti-sèches dans ses vêtements. Pen-dant ce temps, sa mère préparaitpour lui, non pas un encas, mais

la liasse de billets destinée à ai-der les enseignants chargés desurveiller les épreuves à fermerles yeux sur certaines pratiquesdouteuses. « J’ai� déjà� dépensé10 000�riels�pour�les�épreuves�de

littérature.�Je�cache�les�réponses

dans� mes� poches »,� expliqueChanna devant ses camarades,sur le trottoir du lycée Youkun-thor. Channa est loin d’être uncas isolé, tous avouent avoir payépour pouvoir consulter leursnotes pendant l’épreuve.

Des techniques plus ou moinsdiscrètes, ingénieuses et efficacess’affrontent. Les classiques res-tent des valeurs sûres. Certainsélèves attachent leurs antisèchesautour de leurs jambes avec dufil, d’autres les cachent dansleurs poches. Les filles n’hésitentpas à les dissimuler dans leursoutien-gorge. Il est égalementcourant de cacher des informa-tions dans les fournitures sco-laires telles que les gommes, lesrègles ou les stylos.

La technologie aidant, des pe-tits malins innovent : certainsutilisent leur téléphone portable

via une oreillette Bluetooth pourse faire aider par des complicesà l’extérieur du centre d’examen.Dans la ville de Kampong Chhang,certains candidats ont rapportéavoir reçu les épreuves de chimiepar fax depuis Phnom Penh,avant l’examen.

À l’entrée du lycée Bœung KengKang, enseignants et policiers ontmis la main sur un grand nombred’antisèches lors de la fouille descandidats avant les épreuves.« Pour� contrôler� les� garçons,� ce

n’est� pas� très� compliqué.� Mais

pour�les�filles,�même�si�on�sait�où

elles�cachent�leurs�antisèches,�on

ne�peut�rien�faire�car�elles�utilisent

leur�culotte�et�leur�soutien-gorge.

Il�faut�les�surprendre�en�flagrant

délit�au�moment�où�elles�les�sor-

tent�pendant�l’examen », relève unenseignant qui souhaite garderl’anonymat. Il estime toutefoisque la situation s’est amélioréecette année. « Le�responsable�ducentre�d’examen�a�ordonné�à�tous

les�surveillants�de�ne�pas�accepter

d’argent�des�candidats�sous�peine

de�se�voir�infliger�une�amende »,

ajoute l’un de ses collègues.

À l’extérieur des centres d’exa-men, les familles des candidatsétaient néanmoins prêtes à fairepasser les réponses en soudoyantles policiers ou les surveillants,voire à les jeter directement dansla salle d’examen.

De son côté, Rong Chhun, pré-sident de l’Association indépen-dante des enseignants du Cam-bodge (AIEC), remarque que lesirrégularités pendant les exa-mens sont toujours aussi fré-quentes et que des opportunistescontinuent de vendre des fauxsujets aux candidats.

Cette opinion syndicale n’estpas partagée par le ministère del’Éducation. Chhrœung Limsry,directeur du département de l’en-seignement général, estime quel’édition 2009 du baccalauréats’est mieux déroulée en compa-raison avec les années précé-dentes et qu’un nombre réduitd’irrégularités a été observé. Lesrésultats du baccalauréat serontaffichés le 21 août à Phnom Penhet le 22 dans le reste du pays.

Ung Chamrœun

Les élèves sortent du lycée Samdach Euv après une épreuve du bac.

PringSamrang

Kok Sros, gardien « ordinaire » ouaffabulateur ?

Sous la plume de DavidChandler (1) et dans sa dé-position, son récit était gla-

çant : des hurlements qui déchi-raient la nuit de Phnom Penh àun kilomètre à la ronde, uneodeur pestilentielle de cadavresà peine recouverts de terre au-tour de S-21… Le témoignage deKok Sros promettait d’être unmoment fort du procès.

Mais devant la Cour, surprise :l’éloquence du témoin et son sou-venir précis des atrocités s’effa-cent subitement derrière une am-

nésie totale pour tout ce quiconcerne la période. « Ces� événe-ments�ont�eu�lieu�il�y�a�longtemps,

je�n’en�ai�pas�un�souvenir�précis »,

répond Kok Sros à pratiquementtoutes les questions. Au point d’ir-riter le juge Jean-Marc Lavergne :certes, l’interview accordée à Da-vid Chandler remonte à 1997.Mais la déposition devant les co-juges d’instruction, elle, ne dateque du 3 avril 2008… « Pour� ceque�j’en�ai�vu,�ce�travail�était�plutôt

un�travail�ordinaire.�On�ne�nous

forçait�pas�à�faire�quoi�que�ce�soit,

nous�appliquions�les�ordres�de�ma-

nière� routinière »,� affirme KokSros. Devant tant de mauvaise vo-lonté, le juge Lavergne s’emporte :« Et�les�cris,�et�l’odeur�de�cadavres,

c’était� ordinaire ?�Et� les� prison-

niers� qui� vous� demandaient� de

l’aide,� c’était� ordinaire ? » KokSros s’embrouille, tente de se jus-tifier, parle d’une « grande� souf-france » liée au fait qu’il devait tra-vailler « très� dur », avant de sereprendre, à la demande du juge :

« Les� prisonniers� ont� davantage

souffert�que�le�personnel. »

Duch, droit derrière sa table,écoute avec attention, prend desnotes sur un post-it. Lorsqu’il s’ex-prime, c’est une petite bombe qu’illâche en direction du témoin : pourlui, les incohérences viennent dufait que le Kok Sros n’est proba-blement rien d’autre qu’un affa-bulateur. « Il�m’a�intéressé�lorsquej’ai�lu�le�livre�de�David�Chandler,

lance Duch.� J’ai� alors� cherché� àsavoir�qui�il�était.�Mais�je�ne�me

souviens�pas�du�tout�de�lui,�et� je

continue�à�croire�que�je�ne�l’ai�ja-

mais�rencontré. » Et de pointer cequ’il considère comme des contre-vérités : le fait qu’il obligeait lesprisonniers à recopier des docu-ments, alors qu’il possédait troisappareils de reproduction (« unphotocopieur,�un�stencil�et�un�rou-

leau »), le fait que Duch se rendaitlui-même, à l’occasion, dans lessalles de détention… Enfin, il sedélecte de souligner qu’à l’excep-tion des membres de S-21 connus

du public, le témoin n’a été capa-ble d’identifier personne, à com-mencer par son supérieur directdont il dit avoir oublié le nom.

David Chandler et les co-jugesd’instruction se sont-ils fait abuser,en accordant leur temps et leurconfiance à Kok Sros ? Alors queson avocat international FrançoisRoux est retenu au Liban, et quele Cambodgien Kar Savuth s’est

contenté d’effectuer le service mi-nimum, Duch a au moins prouvéune chose : pour jeter le doute surla crédibilité d’un témoin gênant,il n’a besoin de l’aide de personne.

Adrien Le Gal

1- David�P.�Chandler,�S-21�ou�lecrime�impuni�des�Khmers�rouges,

éd.�Autrement,�2002.

Confronté à sesdéclarations passées, l’ex-gardien est soudainementvictime de trous demémoire. Pour Duch,l’explication est simple :le témoin n’a jamais misles pieds à S-21.

KHMERS ROUGES

Kok Sros témoignant aux CETC.

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Cambodge Soir Hebdo n˚ 93 – 2e année, 30 juillet au 5 août 200914

SOCIÉTÉ

Kep, en français dans le texte

Sur le chemin de terre qui mène à

l’école, résonnent déjà les premiers

« Bonjour », qui tranchent avec les

« Hello,�Hello » entendus habituellement.

Il suffit ensuite de suivre les enfants pour

trouver le bâtiment de l’école, située à une

centaine de mètres de l’ancien casino de

« Kep City », le quartier populaire de la

cité balnéaire.

Portail bleu fraîchement repeint, édifice

en brique surmonté d’un toit de paille, l’école

est entourée d’un potager et bordée par une

cour de récréation « en construction ». En ce

début d’après-midi, les pupitres de l’unique

salle de classe sont occupés par le « groupe

des plus petits », des enfants de cinq à neuf

ans. Ici débute pour eux l’initiation aux pre-

miers mots de la langue de Molière.

L’école a ouvert ses portes il y a tout

juste cinq mois. Elle accueille à présent

près de soixante-dix élèves, répartis dans

sept classes. Au départ, une cotisation

symbolique de 5 000 riels par mois était

demandée aux parents. Mais rapidement,

les cours sont devenus gratuits. « On� avoulu�faire�payer�les�parents�afin�de�leurmontrer�que�les�leçons�avaient�de�la�valeur.C’est�dans�la�mentalité�des�gens�de�la�ré-gion,�si�quelque�chose�est�payant,�cela�vautla� peine� qu’on� s’y� intéresse… », souligne

Sokphal Ngo-Sisowath, le fondateur.

Lorsque Sokphal décide de s’installer

au Cambodge en 2006, il n’a que ses éco-

nomies en poche et comme seul bagage

son expérience d’entraîneur sportif. Il hé-

site un temps entre enseigner le sport,

son domaine de prédilection ou donner

des cours de français. Finalement son

choix se porte sur les cours de langue,

qu’il juge plus utiles pour l’avenir des en-

fants. « Avant�de�dispenser�les�premièresleçons,�il�a�d’abord�fallu�créer�l’école,�trou-ver�le�terrain,�construire�le�bâtiment.�Du-rant�les�premiers�mois�j’ai�dû�apprendreun�nouveau�métier,�j’étais en�quelque�sortechef�de�chantier.�Un�travail�que�je�n’auraisjamais� imaginé� être� capable� de� faire� enFrance ».�

L’objectif initial du professeur en herbe

était de créer une classe d’apprentissage

du français pour une vingtaine d’enfants

du quartier du vieux marché. Le bouche-

à-oreille a fait le reste. « Les� premiersélèves�en�ont�parlé�à�leurs�copains,�d’autresont� ramené� leurs� frères� et� sœurs,� je� nem’attendais�vraiment�pas�à�un�tel�engoue-ment », explique le fondateur, le sourire

aux lèvres. À�un�moment�je�n’arrivais�plusà�tout�gérer :�enseigner�aux�enfants,�m’oc-cuper�de�la�construction,�rechercher�des�sou-tiens�financiers,�j’étais�dépassé. »

Soutien royal

Par la suite, des volontaires bénévoles

ont rejoint le projet. Cindy Morillas, une

étudiante lyonnaise, s’est occupée pendant

neuf mois de toutes les formalités concer-

nant la création de l’association cambod-

gienne « Chaul� Rean� Taing�Os�Knea »,dont dépend l’école, ainsi que de la re-

cherche de financements, indispensables

à la survie du projet.

Côté cours, deux professeurs ont pris le

relais de Sokphal. Sarah Dohr, institutrice

suisse arrivée à Kep au hasard d’un voyage

et Emmanuel Pezard, un passionné de

langue française qui s’est découvert une

vocation d’enseignant. Pour les épauler,

Ven Veng, un Cambodgien de la région, a

rejoint le groupe et assiste les professeurs.

Grâce aux efforts des uns et des autres,

l’école a reçu des pupitres et des manuels

scolaires de la part du Centre culturel

français, ainsi que des dons de particuliers.

Mais le plus gratifiant a été l’audience ac-

cordée par le Roi Norodom Sihamoni, au

cours de laquelle ils ont pu mettre en avant

leur école. En parfait francophile, le Roi les

a assurés de son soutien, renforçant au pas-

sage la motivation de toute l’équipe. « Nousavons�plein�de�projets :�refaire�le�toit�en�dur,ouvrir�une�bibliothèque�franco-khmère,�en-seigner�à� encore�plus�d’enfants,� les� initieraux�sports… », s’enthousiasme Sokphal.

Pour ces jeunes de Kep, où le tourisme

connaît un nouvel essor, apprendre une

langue étrangère est un préalable incon-

tournable dans la recherche d’un futur

emploi.

Sans compter que l’ouverture d’une

école de français est un événement assez

rare pour être souligné dans un pays où

l’anglais est devenu prédominant. Une si-

tuation que Sokphal Ngo-Sisowath compte

changer : « Nous espérons�que�la�créationde�notre�école�fera�boule�de�neige�dans�larégion� et� que� d’autres� auront� envie� d’ap-prendre� ou�d’enseigner.�Dans� le�domainede�l’éducation�toute�concurrence�est�la�bien-venue. »

Benjamin Vokar

Une nouvelle école de françaisa vu le jour, suite au pari unpeu fou d’un jeune Franco-cambodgien revenu au pays.Lassé de la vie parisienne,Sokphal Ngo-Sisowath a initiéce projet par amour de lalangue, mais avant tout pourpoursuivre sa passion pourl’éducation.

L’école accueille à présent soixante-dix élèves répartis dans sept classes.

BenjaminVokar

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Cambodge Soir Hebdo n˚ 93 – 2e année, 30 juillet au 5 août 2009 15

CULTURE

La barque passe, le quai demeureDeux Françaises ont recueilli, depuis le début des années 1990, des dizaines de proverbes cambodgiens. Ces petites« méditations », agrémentées de photographies, sont autant de fenêtres sur la société d’aujourd’hui.

Les proverbes sont issus de la sa-gesse populaire. Validés par letemps, ils sont le fruit de la ré-

flexion et des commentaires qu’inspireaux humbles, aux gens du peuple, l’ob-servation de la vie – une vie souventdure, plutôt avare en gratifications. Mo-ralistes ou ironiques, sévères ou mali-cieux, ils donnent à penser le sens deschoses, enseignent à quoi il faut s’at-tendre et à qui s’en remettre ici-bas, vi-sent à consoler du mal ou à prévenir ce-lui-ci.

Recueillis puis ramassés dans un ma-nuel, ils forment alors une source pré-cieuse de connaissances, aussi bien pourcelui soucieux de se ressourcer auprèsdes anciens que pour l’étranger avidede découvrir une culture. Le recueil La

barque passe, le quai demeure s’inscritdans cette tradition.

Les auteurs, Anne Yvonne Guillou etIsabelle Fournier-Nicolle, deux Fran-çaises passionnées par la culture dupeuple khmer, ont entrepris, il y a plusd’une quinzaine d’années de rassemblerces maximes, ces dictons. En les cou-

chant par écrit en khmer, en françaiset en anglais, elles rendent ainsi acces-sibles au plus grand nombre ces petites« méditations » cambogiennes. D’autantplus précieuses que la parole est aussi

en pays khmer un art du camouflage.Le choix établi reflète aussi bien la sa-gesse quotidienne des Cambodgiens quela sensibilité des auteurs, qui ont retenules pensées les plus révélatrices à leursyeux des caractères de ce pays.

La période à laquelle la majeure par-tie de ce travail a été réalisée retiendra

aussi l’attention du lecteur : le débutdes années 1990 correspond à la réou-verture du Cambodge au monde exté-rieur, un temps de brusques évolutionsautant sociales que culturelles.

Certains proverbes semblent offrir uncommentaire autant qu’une mise enperspectives de ces évènements. Ils dé-montrent que, loin de se réduire à unassortiment de pensées désuètes, lesproverbes offrent aux Cambodgiens uncadre pour appréhender cette périodede transition. En mettant à jour la per-

manence de certaines pratiques derrièreles proclamations fallacieuses de rup-ture. En épinglant d’une formule « biensentie » la vanité des ambitions. Ou en-core en opposant à la corruption moraledu jour un corpus de valeurs inaltéra-bles, ou de vérités supposées éternelles.

Les photographies qui accompagnentles maximes, et qui datent aussi de cettepériode, sont ancrées dans leur époqueet pourtant intemporelles. Jouant avecl’esprit et la lettre, limpides ou aucontraire énigmatiques, elles contri-buent judicieusement aux « interpréta-tions contrastées » évoquées dansl’avant-propos. Car toutes les clés nesauraient être données à l’avance. Àchaque lecteur d’établir cette « prome-nade » à son gré, et laisser telle ou tellesentence résonner en lui.

Ronan Vial

La barque passe, le quai demeure

Promenades et proverbes cambodgiens

Anne Yvonne Guillou, Isabelle Fournier- Nicolle – Ed. du Mékong, 2009.

Quel est exactement votre rôle en tantque représentant technique en Europe ? La FFC souhaite donner aux jeunes expa-triés l’opportunité de s’impliquer dans lasélection nationale. Mon rôle est de repé-rer et d’entraîner les meilleurs joueurscambodgiens ou d’origine cambodgienne.Aujourd’hui, ils sont une trentaine, dontun Français, à suivre cette formation. Les séances d’entraînement ont lieu leweek-end et les jours fériés, et toutes lesactivités sont diffusées sur www.selection-ffc-france.blogspot.com.

Croyez-vous que ces jeunes peuventaméliorer le niveau du football cam-bodgien ? Bien sûr. Ils réalisent de bonnes perfor-mances et montrent de la bonne volonté.Le problème majeur pour eux sera la cha-leur car au Cambodge les températuressont plus élevées qu’en France. Mais nouspouvons régler ces problèmes si nous par-venons à les inviter assez souvent pourqu’ils jouent avec des clubs cambodgienset s’adaptent aux conditions.

Que pensez-vous du niveau de laCambodia Premier League ? Je pense que les performances des foot-

balleurs cambodgiens sont admirables àl’heure actuelle. Malgré tout, il reste deschoses à améliorer, notamment sur leplan technique. Je ne souhaite pas ren-trer dans les détails car je ne veux pasqu’on pense que je juge le travail des au-tres. Par le passé, notre sélection a sou-vent battu celles des pays voisins.J’espère que les jeunes générations y par-viendront aussi.

Comment trouvez-vous les infrastruc-tures du football cambodgien ? Je tiens à féliciter le général Sao Sokha,président de la FFC, qui bouillonned’idées pour développer le football : créa-tions d’écoles, élargissement ou construc-tion de terrains… Actuellement, nousmanquons néanmoins d’infrastructures.Si nous possédions un terrain aux normesinternationales, nous pourrions inviter lesmeilleures équipes du monde à jouer auCambodge, comme le font déjà nos voi-sins. Il faudrait disposer de trois stades àPhnom Penh et d’un stade par province.Cela permettrait aussi aux gens de regar-der du foot en province et pas seulementdans la capitale ou à la télévision. Le gé-néral Sao Sokha utilise bien l’argent de lafédération pour développer le football. Ilfaut que les personnes sous ses ordres lui

obéissent…Êtes-vous satisfait de votre carrièreprofessionnelle ? Je n’ai pas de regrets. C’est une fiertépour moi d’être respecté en Thaïlandedepuis 30 ans tout en étant Cambod-gien. À l’époque où je jouais au Rapra-cha, on me surnommait le « Serpent deKeng Kang » et on m’a même demandéde changer de nationalité pour joueravec la Thaïlande. Et, lorsque le Cam-bodge jouait contre l’Indonésie par

exemple, les Thaïlandais me suppor-taient. J’ai conservé de bons contactsavec mon ancien club. Les Thaïlandaissouhaitent ouvrir une école sportive etm’ont demandé de l’aide. J’ai ainsi étéinvité au Palais royal pour partager monexpérience avec des jeunes. D’autre part,mon contrat d’entraîneur du clubd’Othis (Seine-et-Marne) est terminé etje ne le renouvellerai pas car je veux meconsacrer à l’entraînement des jeunesCambodgiens expatriés.

Pen Path, gloire du football cambodgien des années 1960.

nhimsophal

Propos recueillis par Ung Chamrœun« Pen Phath, 61 ans, star du football cambodgien des années 1960-1970, aujourd’hui installé en France, vient d’êtrenommé représentant technique de la Fédération de Football du Cambodge (FFC) en Europe. L’entraîneur, de passagedans le royaume, nous explique sa nouvelle mission.

I N T E R V I E W Le Serpent de Keng Kang eSt de retour

SPORT

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Cambodge Soir Hebdo n˚ 93 – 2e année, 30 juillet au 5 août 200916

CULTURE

Le Cambodgese verrait bien sur grand écran

L’Empire du tigre, Holy Lola,City of Ghosts, Lara Croft :Tomb Raider, R-Point, Deux

Frères figurent parmi les films

les plus connus réalisés dans le

royaume. Le pays cherche à ac-

croître son attractivité et à mieux

tirer parti de ses paysages auprès

des professionnels du cinéma du

monde entier. Une équipe sera

mise à leur disposition afin d’or-

ganiser les tournages, les rendez-

vous, les hébergements et fournir

les services nécessaires.

La Commission du film cam-

bodgien (CFC) tâchera aussi de

valoriser le territoire, de favoriser

le développement d’un environ-

nement attractif pour les produc-

teurs, et d’améliorer la qualité

des productions.

« J’espère que le Cambodge de-viendra très prisé pour les tour-nages. Il faudra être très réactifcar le septième art est une indus-trie économique en constante évo-lution », a insisté Jean-François

Desmazières, ambassadeur de

France, lors de l’inauguration de

la CFC à Phnom Penh le 16 juil-

let dernier.

Le projet dans sa globalité coû-

tera 1,5 million de dollars sur

4 ans. « Depuis la première étuded'implantation de la CFC jusqu'àla remise de l'outil aux autoritéscambodgiennes », confie Cédric

Eloy, membre permanent de la

commission. L’équipe mise en

place veut privilégier la forma-

tion théorique des techniciens,

complétée par des stages sur des

tournages. Les formateurs seront

tantôt européens, tantôt asia-

tiques. « Nous les nommerons enfonction de leur parcours profes-

sionnel et de leurs aptitudes à en-seigner », précise-t-il.

La commission s’est également

fixée comme objectif de faciliter

« les procédures administrativespour les tournages et de promou-voir le Cambodge auprès des pro-fessionnels du cinéma du mondeentier et plus particulièrement,auprès des marchés cibles, telsque la France, les États-Unis oula Corée du Sud. »

L’équipe a de nombreux projets

en vue, mais elle doit auparavant

régler quelques détails. « Nousdevons avant tout finaliser et ali-menter les bases de données detechniciens, de comédiens, de dé-cors, et concevoir un annuaireprofessionnel à destination desproductions. Sans oublier qu’il ya un travail de repérage et d'in-ventaire très important à faire,pour pouvoir satisfaire plus rapi-dement les demandes des produc-teurs », met en avant Cédric Eloy.

Roxanne Turk

Une commission a étécréée pour faciliter lestournages de films dansle royaume et pourattirer les productionsétrangères.

La CFC est installée à Phnom Penh en face du centre Bophana.

PringSamrang

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Page 17: Cambodge Soir Hebdo nº 93

Cambodge Soir Hebdo n˚ 93 – 2e année, 30 juillet au 5 août 2009 17

ASIE DU SUD-EST

Face à la gare après avoir traversé

l’actuel boulevard Monivong, on a

fait un petit saut dans le temps. Dès

1925, Ernest Hébrard annonce un nou-

veau plan d’urbanisme pour Phnom Penh

qui prévoyait, entre autres, de combler le

canal qui enserrait le quartier européen,

chose faite entre 1928 et 1935. Ses projets

publiés dans L’éveil économique ne seront

pas tous réalisés, comme l’urbanisation

de la péninsule de Chroy Changvar, néan-

moins le mérite lui revient d’avoir trans-

formé Phnom Penh en une ville moderne.

Au delà du canal

La gare (1932) est un des premiers bâ-

timents de Phnom Penh à être construit

en béton armé, alors que jusque-là la plu-

part des bâtiments, comme l’hôtel le

Royal ou la bibliothèque nationale,

étaient construits en briques avec un en-

duit de plâtre. Si le rideau de fer est en-

trouvert, n’hésitez pas à pénétrer dans la

gare, le spectacle a quelque chose de sur-

réaliste : des quais déserts, des panneaux

et des balances de l’époque du protectorat

et du Sangkum Reastr Niyum... comme

si le temps s’était brusquement arrêté.

Une centaine de mètres plus loin, après

avoir dépassé l’Université des sciences de

la santé, un vide mal rempli par

d’énormes paraboles est en fait l’empla-

cement de l’ancienne cathédrale qui fut

détruite à l’époque des Khmers rouges.

La destruction de cet édifice monumental

en béton armé ne fut pas une mince af-

faire et on en assigna la tâche aux 400

Khmers revenus de France à l’appel des

Khmers rouges. Les débris furent trans-

portés à 12 kilomètres au sud-est de

Phnom Penh pour construire une digue,

les barres de fer soigneusement récupé-

rées et les hommes qui accomplirent la

tâche furent, pour la plupart, exécutés.

Attenant à l’ancienne cathédrale se

trouve l’actuelle mairie de Phnom Penh

qui était l’ancien évêché, comme le rap-

pellent les motifs cruciformes qui compo-

sent l’enceinte extérieure. La taille de

l’ensemble est étonnante, surtout quand

on songe au fait que le Cambodge a

compté une population catholique des

plus réduites ; il s’agissait pour l’essentiel

de communautés vietnamiennes qui pos-

sédaient de surcroît leurs églises de quar-

tier, toutes détruites, à une exception

près.

Retour à Vat Phnom

Nous revoilà sur l’espace bordé par les

rues 92 et 96. L’aménagement en jardins

qui conduisent à Vat Phnom est d’une

facture remarquable qui convient parfai-

tement aux bâtiments qui la bordent.

Immédiatement sur la gauche, l’hôtel

Le Royal a été construit en 1929 dans un

style néo-classique ; Il n’est pas, comme

cela a été écrit et reproduit, le premier

hôtel de Phnom Penh : le plus ancien se

trouvait sur la place de la poste. L’inté-

rieur en vaut la visite mais donne tout

de même un sentiment de froideur, à

peine tempéré par les fantaisies colo-

niales habituelles. Tout un chacun se ren-

dant à Angkor à la Belle époque y a sé-

journé et on trouvera dans l’ouvrage de

Milton Osborne Phnom Penh, a cultural

and literary history une belle anthologie

littéraire où Le Royal occupe une place

de choix.

La bibliothèque nationale construite en

1922 suit immédiatement Le Royal. Il

s’agit d’un bâtiment d’un goût exquis et

très bien restauré avec le bâtiment des

archives qui y est attenant et dont la par-

tie arrière est bordée de constructions su-

perbes un peu plus tardives. Les livres

qui s’y trouvaient ont beaucoup souffert

de la période d’abandon (1975-1979),

quand ils n’ont pas été éparpillés dans la

cour. Un très gros effort de conservation

a été couronné de succès et s’achève au-

jourd’hui avec le programme Valorisation

du livre et de l’écrit en Asie du Sud-Est

(Valease) qui a réalisé la numérisation

d’ouvrages dont l’état ne permettait plus

la consultation.

Immédiatement après la bibliothèque,

l’énorme bâtiment du ministère des Fi-

nances était à l’origine les bureaux du ré-

sident supérieur ; il s’agit d’un des bâti-

ments les plus massifs construits à

l’époque du protectorat. Le contraste est

saisissant entre l’énoncé originel très li-

béral au terme duquel la France assurait

au Cambodge une vague mission protec-

trice respectueuse des prérogatives

royales et une construction qui ne saurait

mieux symboliser un état de fait destiné

à s’inscrire dans la durée.

Au bout sur la droite, le regretté Cercle

sportif, construit en 1929, qui, après une

éphémère renaissance en 1993, a été dé-

truit pour laisser la place à un ensemble

des plus disgracieux.

Petite ville

Au terme de cette promenade, il appa-

raît que le quartier colonial que fermait

l’ancien canal était en fait une petite ville

à part entière qui possédait toutes les in-

frastructures nécessaires à la population,

en partie européenne, qui y vivait.

Qu’on songe aussi simplement au fait

que, de 1865, date à laquelle Phnom Penh

devient capitale, à 1953, le pouvoir au

Cambodge s’est exercé dans un cadre géo-

graphique compris entre les alentours de

Vat Phnom où se trouvaient les locaux

du protectorat et le palais royal, résidence

d’un souverain dépourvu du pouvoir réel,

mais qui demeurait l’égal d’un dieu pour

ses sujets.

Les choses ne changeront vraiment

qu’avec l’Indépendance du pays (1953)

lorsque le Prince Sihanouk en finira avec

cette dualité des lieux du pouvoir. La

construction de l’immense complexe de

Chamkarmon sera la matérialisation de

cette rupture profonde.

Jean-Michel Filippi

Photoscharlotteducrot

La gare est, en 1932, un des premiers bâtiments de Phnom Penh à être construit en béton armé.

Phnom Penhsous le protectorat français

DÉAMBULATIONS PHNOMPENHOISES

Les années 1930

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Cambodge Soir Hebdo n˚ 93 – 2e année, 30 juillet au 5 août 200918

Les enjeux qui vont présider à une po-litique de la langue sont éminemmentsociaux et politiques et c’est un

truisme de le rappeler. Le terme « poli-

tique » renvoie à la gestion de la cité et lalangue y occupe une place de choix ; enrègle générale, on construit une norme ense basant sur un parler précis à partir du-quel on concevra grammaires et diction-naires.

L’importance de cette notion de normen’échappera à personne car c’est sur labase d’un état de langue dit « standard »

que l’on rédigera des textes juridiques,des manuels d’enseignement, que l’on tra-duira à partir des langues étrangères etque l’on s’exprimera dans les médias.

Cet ancrage spatial, même très relatif,de la norme se traduira en Chine par lechoix des parlers de la région de Pékin,au Viêtnam, par celui du parler de Hanoiet en Thaïlande par celui des parlers dela Thaïlande centrale ; rien de tel au Cam-bodge où la norme linguistique s’expri-mera avant tout en termes idéologiques.

Contradictions initiales

La première époque du protectorat, engros jusqu’aux années 1930, va s’attacheraux questions linguistiques essentielle-ment dans le cadre de la remise au pasd’un Sangha (communauté des moines)jusqu’alors dépositaire essentiel des ques-tions de langue. L’argument invoqué estcelui de la normalisation linguistique etl’on refuse le particularisme de la pagodeavec son orthographe propre. Les argu-ments divergent quant au bien-fondé decette politique car là où Tandart voit une

richesse, Maspero écrit que : « l’ortho-

graphe,� jamais� fixée� jusqu’ici,� est� restée

soumise� aux� fantaisies� des� scribes� qui

constituent� au� Cambodge� la� classe� let-

trée... ». Le système des pagodes rénovées insti-

tuées par le protectorat a été un premierpas vers une normalisation de l’ortho-graphe qui ne connaîtra qu’un succès re-latif ; ces réformes seront le lieu de la cris-tallisation d’une opposition entre lapolitique éducative du protectorat et unSangha qui craint pour ses prérogatives.

Cette opposition ira en s’amenuisant àpartir des années 1930 où, à l’instigationdes autorités du protectorat, la mise enplace de la commission du Tripitaka, lafondation de l’Institut bouddhique, la com-mission des lettrés et la rédaction du pre-mier dictionnaire khmer vont jouer unrôle majeur dans la première véritable po-litique de normalisation des cadres de lalangue. Cette politique linguistique estétroitement liée aux autorités religieusesqui y verront par la suite une chasse gar-dée.

Les grands débats linguistiques quivont suivre l’indépendance auront pourthème la création de mots nouveaux ; cesdébats demeurent, jusqu’à aujourd’hui,très emblématiques de la politique lin-guistique cambodgienne. Pour en saisir laportée, il faut avoir à l’esprit les enjeuxpolitiques liés à la langue, à l’écriture età la politique linguistique au Cambodge.

À la source, deux personnalités horspair et finalement antithétiques : L’au-guste patriarche Chuon Nath (1883-1969),chef de l’ordre des Mohanikay, qui diri-

gera les travaux qui aboutiront à la ré-daction du premier dictionnaire khmermonolingue et se prononcera dans desémissions de radio hebdomadaires sur lesquestions liées à la langue et la littératurekhmère et Keng Vannsak (1925-2008) quiexposera ses conceptions dans ses courset publiera un ouvrage intitulé Principes

de�création�des�mots�nouveaux en 1964. Si l’on devait un jour écrire une histoire

des conceptions linguistiques dans leCambodge du XXème siècle, il faudraitavant tout réexaminer les idées de cesdeux hommes ainsi que le devenir de leursthèses.

« Charette de feu »

Dans les années 1950 et 1960 qui ontsuivi l’indépendance, la modernité est lemaître mot et la langue n’y a pas échappé.Il était à l’époque indispensable d’enrichirla langue en créant des mots qui rendentcompte des concepts de la vie moderne etc’est ce que fit Chuon Nath sur la base dupâli, langue sacrée du bouddhisme petitvéhicule.

À titre d’exemple, pour le mot « train »le terme « roteh pleung » littéralement« charette feu » péchant par manque d’aca-démisme, Chuon Nath crée le termeayaksmeyana à partir du Pâli Yana « vé-hicule » combiné à un autre terme pâliayomoyo « objet�en�métal ». C’est précisé-ment ce type de « pâlisation » de la langueque Keng Vannsak refuse pour lui préfé-rer une création de mots nouveaux sur labase de termes khmers préexistants, ainsique la transcription directe de termesétrangers. Il ne s’agit pas d’une querellede clocher restreinte à quelques indivi-dus, mais de positions antithétiques etsans compromis qui opèreront une divi-sion radicale dans l’intelligentsia cambod-gienne.

En surface, deux conceptions de lalangue et de la culture khmère s’opposent: l’une qui puise dans le bouddhisme petitvéhicule et l’autre qui se refuse à réduirela khmérité au bouddhisme. En profon-deur, c’est d’une sociologie du pouvoir dontil s’agit : l’ordre des moines est aussi uneinstance de pouvoir à laquelle va s’opposerun groupe d’intellectuels et d’universi-taires laïcs qui entend bien jouer son rôledans la société cambodgienne post protec-torat ; l’opposition de ces deux corps, enfait profondément politique, va utiliser lalangue khmère comme cadre d’affronte-ment. L’histoire ne s’arrête pas là et ledébat va se poursuivre jusqu’à au-jourd’hui.

Une politique nationale de la langue

procède évidemment d’oppositions qu’ilfaudra réduire car, en tout lieu, les ques-tions liées à l’enrichissement de la langueet à son orthographe déclenchent desconflits passionnels ; il suffit, pour s’enconvaincre, de songer aux débats sur lesréformes de l’orthographe en France.

Le Sangkum Reastr Niyum (1955-1970)ne manquait pas d’atouts pour réussir unenormalisation de la langue et la produc-tion scientifique de l’époque laisse rêveur :dictionnaire de l’Institut Bouddhique, tra-vaux en phonétique de Khuon Sokhampu,production littéraire abondante, etc. Une

seule chose a manqué pour pérenniser cesefforts et les traduire dans une politiquenationale : le temps, ce qui touche à lalangue ne pouvant se régler par décret.

La République khmère qui succède aucoup d’État de mars 1970 ne fera preuved’aucune innovation et se contenterad’éditer les textes de personnalités dontles thèses n’étaient pas à l’honneur àl’époque du Sangkum, notamment le fa-meux « dictionnaire�de�khmérisation » de1973 qui est, comme par hasard, conçu entermes d’opposition aux thèses domi-nantes de l’époque du Sangkum.

La suite est trop bien connue, le régimedes Khmers rouges bannissant touteforme de recherche et d’enseignement.

La République populaire du Kampu-chéa (1979-1992) renoue avec la vieille lo-gique d’opposition et propose des principesnouveaux d’orthographe inspirés de loinpar les thèses de Keng Vannsak. Ces prin-cipes seront remis en cause dès la restau-ration du Royaume du Cambodge en 1993,mais le débat ne semble pas terminé,comme en témoignent les deux systèmesorthographiques employés concurrem-ment aujourd’hui.

Un péché originel du Cambodge en ma-tière linguistique semble ainsi avoir étél’incapacité à sortir d’une prise en otageidéologique de la langue pour parvenir àen élaborer une véritable politique natio-nale, la vision de la langue demeurantl’objet de factions somme toute peu àmême de produire un matériel techniquequi continue de faire cruellement défaut.

Jean-Michel Filippi

(À suivre)

OPINIONS

Les problèmes auxquels une politique de la langue se heurte dans le Cambodge contemporainn’ont pas une origine « linguistique », mais relèvent plutôt de rivalités politiques qui ont trouvédans le discours de la langue un terrain d’expression.

Langue de la culture et culture de la langue

Dissensions (2 / 3)

«L’orthographe jamaisfixée jusqu’ici, estrestée soumise auxfantaisies des scribesqui constituent auCambodge la classelettrée. »

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Les Montagnards du Viêtnamemportés par le temps

ASIE DU SUD-EST

Àpartir de la rade de Da Nang, uneroute bitumée emprunte la valléede la rivière Cai pour rejoindre

la RN14, ou Route Ho Chi Minh, là oùcette dernière serpente sur les Hauts Pla-teaux du Viêtnam central en direction deKontum, en longeant la même rivière. Lesgens du cru y pratiquent encore l’orpail-lage, mais avec des résultats plus limitésque par le passé. À une centaine de kilo-mètres de Da Nang par la route, KhamDuc, bourg tout neuf, se présente commela « capitale » des orpailleurs. Une toutepetite capitale.

Dans les environs de Dak Glei, autreagglomération à une cinquantaine de ki-lomètres au sud de Kham Duc, la cultureitinérante sur brûlis demeure répanduesur des pentes très raides. Après le défri-chage, les Montagnards y plantent du ma-nioc. En bandes, les enfants se rendent àl’école, ou en reviennent, plus souvent àpied qu’à vélo. Des buffles tirent des traî-neaux sur roues minuscules et chargésd’ananas. Des vaches paissent tranquille-ment. Les populations locales ne baignentpas dans l’opulence.

Mais un paysage domestiqué se met enplace et ne se modifiera guère jusqu’à ladescente, des centaines de kilomètres plusloin, vers le delta du Mékong. Autrefoiscouverts de forêts peu peuplées, les HautsPlateaux sont devenus, à quelques cen-

taines de mètres d’altitude seulement, unesuccession de vallons qui accueillent plan-tations de théiers, de caféiers, d’hévéas,ainsi que des champs de manioc, de maïs,et des rizières. Bombes au napalm, Agentorange, la guerre qui a ravagé la régionjusqu’en 1975 s’estompe.

Ma précédente visite à Kontum remonteà fin mai 1972. À l’époque, la ville étaitencerclée et, pour tenter de desserrerl’étreinte des divisions nord-viêtna-miennes, le conseiller américain local,John Paul Vann, commandait l’interven-

tion en appui tactique des B-52, bombar-diers géants qui déversaient leurs chape-lets de bombes sur les premières lignesde l’adversaire. « Lorsque� le� vent� souffledu�nord,�quand�les�B-52�transforment�le

terrain�en�paysage�lunaire,�on�sait�d’après

la�puanteur�du�champ�de�bataille�que�l’at-

taque� a� été� efficace.� Hors� de� Kontum,

chaque�fois�qu’on�lâche�des�bombes,�on�fait

voler�les�cadavres », nous avait-il dit, à uncollègue américain et à moi-même. Vanndevait être tué quelques jours plus tard àbord de son hélicoptère, lors d’un vol denuit. Un accident.

Triste forteresse

Kontum était alors une sorte de tristeforteresse. Dans la foulée de la victoirecommuniste de 1975, plusieurs années decoupes de bois ont également fait reculerla forêt, jusqu’à leur interdiction. Au-jourd’hui, c’est une belle ville de deux centmille habitants, peuplée pour l’essentiel deViêtnamiens attirés par le boom agricole.Les villages des Montagnards – ici, le plussouvent, des Bahnar – en forment les ban-lieues semi-rurales. Ces hameaux se re-groupent autour de leur longue maisoncommunale sur pilotis, restaurée ouconstruite avec l’aide des autorités. Denombreux membres des minorités monta-gnardes des Hauts Plateaux du centre, of-ficiellement Tay Nguyen, les « plateaux del’ouest », ont été convertis au christianisme.

À une petite heure en moto de Kontum,se trouve la commune de Kontori, sur unecolline où dominent, côte à côte, la maisoncommunale et l’église catholique. Le doyendu village, qui se dit âgé de 75 ans, a en-tendu parler du « roi des Sedang », autreminorité du coin. Il indique du doigt uncoude de rivière à deux kilomètres de dis-tance. « Son�village�se�trouvait�là-bas.�Il�adisparu.�Dans�les�années�cinquante,�les�Se-

dang�ont�émigré�ailleurs », dit-il. À la fin duXIXe siècle, sur des terres encore peu

connues, un aventurier français, Charles-Marie David de Mayréna, avait suffisam-ment séduit d’autochtones – des Sedang,des Rengao et des Bahnar – pour être élu« roi », le 3 juin 1888. Charles-Marie 1er avaitdistribué des titres de noblesse avant de serendre à l’étranger pour y solliciter des sou-tiens. Il était mort au cours de l’un de cesvoyages, deux ans plus tard, dans des cir-constances non éclaircies. L’administrationfrançaise a, par la suite, rattaché cescontrées reculées au protectorat d’Annam.

Curieusement, le souvenir de cet éphé-mère royaume demeure à l’étranger. ÀMontréal, à la fin du siècle dernier, lesdescendants de nobles se sont réunis pouradopter une constitution et proclamer unerégence, tout en admettant la virtualitéde leurs décisions. Sur place, toutefois, lamémoire, transmise oralement, s’affaditet personne ne sait plus au juste commentCharles-Marie 1er s’est évanoui.

Les Montagnards des « plateaux del’ouest » viêtnamien forment de petitesminorités : les plus nombreux sont les Ja-raï (300 000) et les Bahnar (175 000), loindevant les Mnong, les Katou ou les Brou.Leurs contacts avec les gens des plaines– les Kinh, l’ethnie viêtnamienne, 85 %de la population actuelle du pays –s’étaient limités, pour l’essentiel, à deséchanges commerciaux jusqu’à la coloni-sation française. Il y avait eu aussiquelques raids de Kinh, l’occasion de ra-mener des esclaves. Repliés sur eux-mêmes pendant des siècles, les Monta-gnards ont vécu en symbiose avec leursforêts, à la fois à l’écart du monde et enrelation avec les gens des plaines. Maisla colonisation française et surtout lesguerres du vingtième siècle ont brouillécette relative harmonie.

À partir de Kham Duc, le bourg des or-pailleurs, la route devient plus vivante. Lesconstructions, le long de la chaussée, sontplus nombreuses, Les petites maisons enbois, aux toits de tuiles rouges, sont souventcelle de Montagnards. Ils auraient été invi-tés à s’y installer, afin de contrôler les popu-lations mais aussi pour faciliter l’accès àl’école ou à la clinique. Une fois franchie laville de Ban Mê Thuôt, la route en directiondu sud est de plus en plus encombrée.

Avec la route, comme ailleurs sur la pla-nète, arrivent l’électricité, l’eau courante,l’instituteur, l’administration. Dans leursprovinces de Kontum, Giai Lai, Dak Lak,Lâm Dông, les « peuples de peu de gens »,selon la qualification officielle des mino-rités ethniques, ne représentent plus lamajorité de la population. En secteur ur-bain, ils sont largement minoritaires. D’uncôté, leurs enfants fréquentent de plus enplus l’école vietnamienne, avec de sé-rieuses difficultés d’adaptation. De l’autre,ils ne sont pas insensibles au mieux être,à la télé, aux soins. Assimilation et aspi-ration à la modernité les tirent dans lamême direction.

Jean-Claude Pomonti

Habitation dans le village Mnong de Buôn Jun, dans les hauts plateaux du centre du Viêtnam.

Dr

Paysage des hauts plateaux du centre du Viêt-nam.

NicolascorNet

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«Les États-Unis sont de retour enAsie du Sud-Est. » Hillary Clin-ton l’a répété à l’envi au cours

de son séjour en Thaïlande, la semaine der-

nière, à l’occasion de la conférence ministé-rielle de l’Asean et du Forum sur la sécuritérégionale réunis sur l’île de Phuket. Remisede sa fracture du coude, la secrétaire d’État

américaine, qui s’est d’abord rendue enInde, a voulu insuffler une dynamique nou-velle à la diplomatie de Barack Obama. Leprésident américain prendra le relais ense rendant en novembre à Singapour, pourparticiper à un sommet de l’Apec, avec uneescale probable en Indonésie.

Ni clichés ni platitudes, Hillary Clintonconnaît ses dossiers et n’a pas manqué dele rappeler. Elle a également profité de l’es-cale de Bangkok pour déclarer qu’elle pre-nait « très au sérieux » les informations fai-sant état d’un renforcement possible desrelations militaires entre la Birmanie (ouMyanmar) et la Corée du Nord. La marinede guerre américaine a récemment suiviun navire nord-coréen soupçonné de trans-porter des armes et qui se dirigeait vers laBirmanie jusqu’au moment où il a faitdemi-tour. Les États-Unis s’inquiètent éga-lement de la possibilité d’une aide nucléairenord-coréenne à la junte militaire birmane.

L’« engagement »�des�Birmans

Quand le ministre birman des Affairesétrangères s’est publiquement engagé, àPhuket, à appliquer les sanctions de l’ONUcontre la Corée du Nord, Hillary Clinton ya vu un élément « positif », un « encourage-ment ». Notant que les Birmans n’avaientjamais encore prononcé ce type d’engage-ment, elle a toutefois appelé à la « vigi-lance » compte tenu de la coopération pas-sée, sur le plan nucléaire, entre Birmanset Nord-Coréens. Si Washington manifesteainsi une sensibilité nouvelle aux signes« positifs » en provenance de Birmanie, Hil-lary Clinton a réitéré l’exigence de la libé-ration des prisonniers politiques détenuspar la junte militaire, à commencer parAung San Suu Kyi, dont le procès a repris.Elle a même suggéré à l’Asean, ce qui a étérejeté sur le champ par la présidence thaï-landaise, d’« expulser » la Birmanie jusqu’àla libération de la célèbre opposante.

Constatant que les sanctions écono-miques occidentales ont fort peu d’in-fluence sur le pouvoir militaire birman,la nouvelle administration américainetente de trouver un moyen de débloquer

la situation sans pour autant accepter« l’engagement constructif » pratiqué parl’Asean et d’autres voisins de la Birmanie,comme la Chine et l’Inde. Cette recherchen’a pas abouti pour l’instant. Mais l’assis-tance étrangère, à la suite du cyclone Nar-gis de mai 2008, représente un dévelop-pement nouveau, une sorte de petitebrèche que l’Asean tente d’élargir. D’unautre côté, les retombées des dividendesde l’exploitation du gaz et du pétrole sontassez importantes en Birmanie pour neplus y être le seul monopole de la castemilitaire au pouvoir.

Hillary Clinton a également profité deson deuxième séjour en Asie du Sud-Est –elle s’était déjà rendue en Indonésie au dé-but de l’année – pour signer le Traité d’ami-tié et de coopération de l’Asean et rencon-trer la Commission du bas Mékong. Elle arassuré la Thaïlande – principal allié ré-gional des États-Unis, aux côtés des Phi-lippines – sur les intentions américaines.En bref, elle a voulu donner des assurancesaux gouvernants de la région : les États-Unis entendent rester un contrepoids dé-cisif face à une Chine dont la montée enpuissance se poursuit. Washington de-meure, entre autres, le principal garant dela liberté de circulation maritime, y com-pris en Mer de Chine du Sud.

Mais peut-on parler, pour autant, de « re-tour » américain ? Même sous l’adminis-tration de George W. Bush, lequel n’a ja-mais manifesté beaucoup d’intérêt pour lapolitique étrangère en-dehors des dossiersles plus brûlants, l’Asie du Sud-Est est de-meurée dans le champ de vision de la Mai-son-Blanche, ainsi que l’a souligné l’aide àla lutte contre le terrorisme dans la fouléedes attaques du 11 septembre 2001. Maisl’effort sécuritaire, du temps de Bush, l’aemporté sur les autres aspects de la diplo-matie américaine. L’administration Obamaentend corriger cette tendance et définirun autre type de relations sur des basesdifférentes. Hillary Clinton est venue met-tre en œuvre sur place cette nouvelle ap-proche, avec un certain succès.

J.-C. P.

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ASIE DU SUD-EST

La chronique régionalede Jean-Claude Pomonti

Le « retour » de l’AmériqueHillary Clinton (en tailleur bleu) au 16e forum régional de l’Asean. Les États-Unis entendent rester un contrepoids face à la montée en puissance de la Chine en Asie du Sud-Est.

Xinhuanewsagency

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Cambodge Soir Hebdo n˚ 93 – 2e année, 30 juillet au 5 août 2009 21

ASIE DU SUD-EST

Les�autorités�phi-lippines�ont�arrêté�quatre�Sud-Co-réens,� suspectés� de� se� livrer� autrafic�humain,�dans�une�provincedu�Nord.� Ils� ont� dans� le�mêmetemps� libéré� 14� jeunes� Philip-pines,� en� « formation »,� avantd’être�envoyées�en�Corée�du�Suden�tant�que�danseuses�et�entraî-neuses.�Selon�la�police,�le�quatuoraurait�démarré�ses�activités�illé-gales�en�mai�dernier.�Le�nombrede� cas� de� trafic� humain� auraitdoublé� lors�du�premier�semestre2009,�en�comparaison�avec�2008.Au� total,� les� tribunaux�ont� eu�àtraiter�200�affaires�de�ce�genre�dejanvier�à�juin�2009,�contre�90�en2008�sur�la�même�période.

PHILIPPINES

Quatorzeentraîneuseset danseuseslibérées

Héroïne malgré elle

Deux�soldats�sontmorts�et�cinq�autres�ont�été�bles-sés�dans�une�explosion�à� l’exté-rieur�de�Davao,�sur�l’île�de�Min-danao.�La�rébellion�communisteaurait� déclenché� la�mise� à� feuau� passage� du� camion� mili-taire. La�Nouvelle�Armée�popu-laire,� branche� armée� du� Particommuniste� philippin,� metainsi� à�mal� les� efforts� de� paixmenés� par� le� gouvernementalors� que� des� pourparlers� doi-vent� se� tenir� en�Norvège�dansdeux� semaines.� Les� commu-nistes�ont�rejeté�les�appels�à�uncessez-le-feu�tant�qu’un�accordn’a� pas� été� trouvé.� Ils� exigentdes�progrès�en�matière�de�droitsde�l’Homme�et�des�réformes�éco-nomiques.

PHILIPPINES

Bombemeurtrièrede la guerilla

Jusuf�Kalla,� vice-président� sortant� d’Indonésie,conteste�les�résultats�de�l’électionprésidentielle�du�8�juillet�devantla�plus�haute�juridiction�du�pays.Le�président�sortant�Susilo�Bam-bang�Yudhoyono�avait�été�recon-duit� par� 61 %� des� voix,� contre27 %�pour�l’ancienne�présidenteMegawati� Sukarnoputri.� Kalla,qui�a�obtenu�12 %�des�voix,�a�pré-senté�à�la�Cour�constitutionnelleune� requête� dans� laquelle� il� seplaint�de�fraude�électorale.�Il�re-lève�que�les�listes�de�votants�éta-blies� par� la�Commission� électo-rale�diffèrent�de�beaucoup�avecles� listes� locales.� Son� action� enjustice� ne� prend� cependant� pasen�compte�la�décision�de�dernièreminute�de�la�Cour�constitution-nelle�qui�permet�aux�citoyens�des’inscrire�au�bureau�de�vote.�LaCommission� électorale� n’a� pascommenté� cette� action,� maisl’élection� ayant� été� gagnée� pardes�millions�de�voix�d’avance,�ily�a�peu�de�chance�que�le�résultaten�soit�altéré.�Peu�après,�Mega-wati� Sukarnoputri� a� lancé� uneprocédure� similaire,� soulevantles� mêmes� irrégularités.� Lesdeux�perdants�devraient�obtenirune� décision� relative� à� leurplainte�avant�deux�semaines.

INDONÉSIE

La courconstitution-nelle saisiepour fraude

Premiers kWhLe� barrage� hydroélec-

trique�de�Nam�Theun�II,�au�Laos,a� produit� ses� premiers� kilo�-wattheures�la�semaine�dernière,après�un�essai�mené�sur�l’une�dessix�turbines,�indique�l’hebdoma-daire� francophone� Le Rénova-

teur.� Le� barrage,� construit� parun�consortium�dans�lequel�l’élec-tricien�français�EDF�est�majori-taire,�devrait�être�mis�en�serviceavant� la� fin�de� l’année.� 95%�deson�électricité�sera�exportée�versla�Thaïlande.

LAOS

Troisièmemort dela grippe A

La�Malaisie� déploreun� troisième� décès� dû� à� lagrippe A.�Un�homme�de�42�ansqui�avait�contracté�le�virus�H1N1est� décédé� d’une� pneumonieaprès�dix�jours�d’hospitalisation.Pas� moins� de� 1 219� cas� degrippe A�ont�été�détectés�dans�lepays�depuis�mai.

MALAISIE

Àpremière vue, si le milieu expatriésemble hétéroclite il ne l’est pasréellement. Que ce soit la jeune

passionnée engagée dans une œuvre huma-nitaire, piercing au nez, pantalon tradition-nel khmer et sac birman en bandoulière, oule patron chemise cravate d’une grosse mul-tinationale, tous les deux ont un point com-mun : ils recréent ici, à dix mille kilomètresde chez eux, le nid qu’ils ont quitté, enconservant les mêmes habitudes et clivagessociaux. Si les différents milieux ne se ren-contrent guère en France en dehors desheures de bureau, ici, l’appartenance à lamême catégorie (des expats’), fait que,même s’ils ne se fréquentent pas, ils se re-trouvent dans les mêmes lieux. Le bar-lounge branché, spécialement conçus pourle repos du Barang autour non pas d’une,mais de deux piscines, (l’une permettant depatauger en se relevant le bas du pantalon)est l’un d’eux. Le petit troquet pâtisserie,café au lait, jus de fruits, avec l’indispensable

Wi-Fi en est un autre. Autre point com-mun : quel qu’il soit et quel que soit son uni-vers au Cambodge, l’expat’ vit parmi lesKhmers, mais rarement il vit avec eux. Mais,au-delà des bars et bistrots, ce que l’expa-trié fréquente le plus assidûment, sont les« soirées d’expats’ », le samedi soir généra-lement, chez un membre de la confrérie.L’annonce d’un tel évènement s’effectue parSMS de portable à portable, ou par boucheà oreille. Dernièrement sont apparues, àPhnom Penh, des soirées spéciales où lesjeunes, qu’ils soient bobos humanitaires oujeunes cadres dynamiques, envahissent unlieu public. La soirée (qui se serait appeléerave en France et full moon party à KohPangan en Thaïlande) qui s’est tenue derniè-rement dans la gare de Phnom Penh, est unexemple flagrant qui démontre encore unefois la nécessaire recherche de regrouperceux qui partagent la même culture. Cettesoirée dansante s’est déroulée devant unpublic halluciné de sans domicile fixe, dontla foule de Barang a, pour une nuit, em-prunté ce qui leur sert habituellement derefuge. L’excuse de la jeunesse ne peut pastout expliquer. Comment peut-on, dans unpays où celui qui veut s’enrichir culturelle-ment a tout à découvrir, ressentir le besoinde recréer une grand-messe techno ? Lesorganisateurs ont promis encore mieux quela gare désaffectée pour leur prochaine édi-tion. On s’attend au pire. Pourquoi pas lemarché central ou encore les jardins du Pa-

lais royal ? Quoi qu’il en soit, ce regroupe-ment ethnique sur mode festif s’apparenteà la reconstitution d’un troupeau de brebiségarées, afin de créer l’égrégore nécessaireà la recharge des énergies individuelles dansle partage commun des mêmes valeurs oc-cidentales. Cet événement reste fort heureusementmarginal. La soirée d’expat’ à la maison estpar contre une constante que l’on retrouvesous tout type de tropiques. Dans les petitesvilles comme Siem Reap ou Sihanoukville,l’expat’ vient à la soirée, même s’il connaît àpeine l’organisateur puisqu’il connaîtquelqu’un qui le connaît. Là, des groupes se forment, un verre à lamain, une cigarette à l’autre et une caca-houète en bouche. Les uns dansent, se tré-moussent sous un ventilateur en plastique etles autres se racontent les petits bobos ; lesleurs, mais surtout ceux de leurs sembla-bles : l’occasion de dire du mal des concur-rents, de prendre les nouvelles, de lancer ledernier bruit, de le répéter et de le regardercourir. Quelques concubines cambodgiennesjouent les pots de fleurs dans les coins, unmasque d’ennui posé avec ostentation surleur visage. Ce sont les seules Cambod-giennes. Normal, puisqu’il s’agit de « soiréesd’expats’ », censée ravitailler en oxygène labulle hermétique des Barangs. Un soir, alors qu’il sombre peu à peu dans sanouvelle vie « indigène », Claude, le person-nage central du roman Le retour à l’argile de

Georges Groslier, se trouve sur une piroguedans la chaleur de la nuit coloniale. Bercé parles chants de Kâmlang, sa maîtresse cambod-gienne, il aperçoit les lumières d’une « fêtefrançaise » qui scintillent sur les berges. Et ilperçoit les convives, au loin, rassemblésentre eux dans cette maison : « On distin-guait des tables servies sur la terrasse. Et leshoquets d’un jazz-band dévalèrent sur lefleuve si imbéciles et, disons le mot, si sales,dans le cristal lunaire, si saugrenues (…) Est-ce dont là ce que je regrette ? (…) Il ne disaitpas que cette fête et ce jazz représentaienttoute la société — mais ils représentaient unensemble de causes qui avaient conduit làcette société (…) Et chacun tend le cou etdispute sa place dans le troupeau ». Latechno de 2009 a remplacé le jazz-band de1930, tout comme l’expat’ s’est substitué aucolon, mais un chat reste un chat, quelle quesoit son appellation dans le temps. Lesépoques se suivent et se ressemblent. La lo-gique du troupeau est un aimant amené à sereformer éternellement. La mondialisationnivelle, uniformise et se reproduit. Il est indispensable aux uns qui ne sauraientvivre sans. Sauf à cette minorité d’expats’,ces Barang hors du lot à qui cette meute ap-paraît, aujourd’hui comme hier, tout aussiimbécile. Il sera toujours de ces nouveauxClaude, un peu à l’écart sur leur pirogue,pour glisser lentement vers l’argile.

Frédéric Amat

LA CHRONIQUE DU BARANG

Samantha�Orobator�avaitété�condamnée�à�mort�par�la�jus-tice� lao� pour� trafic� de� drogue.Tombée� enceinte� en� prison,� sapeine�avait�été�commuée�en�pri-son�à�perpétuité.�Le�ministre�bri-tannique�des�Affaires�étrangères,Chris� Bryant,� a� annoncé� la� si-gnature�d’un�mémorandum�entreles�deux�pays�prévoyant�le�trans-fert�de�la�détenue�vers�une�prisonde�son�pays�d’origine.�L’extradi-tion�devrait�avoir�lieu�dans�la�se-maine� ou� les� dix� jours� au� plustard,� selon� le�ministre,� comptetenu�de�sa�grossesse�dont�le�termeest�attendu�pour� septembre.�Enjuin�dernier,�la�Britannique�de�20ans� avait� été� condamnée� par� laCour�de�Vientiane après�avoir�étéarrêtée� en� possession� de� 680grammes�d’héroïne�alors�qu’elles’apprêtait�à�prendre� l’avion�en

direction� de� la� Thaïlande.� Lapeine�de�mort�avait�été�requise,assortie� d’une� amende� de� 600millions� de� kips,� soit� près� de50 000� euros.� Les� circonstancesde� sa� grossesse,� intervenue� enprison,�restent�floues,�mais�la�fa-mille� de� la� trafiquante� préciseque�la�jeune�femme�n’a�pas�subide�violences.�Le�feuilleton�avaittenu�en�haleine�les�médias�car�ils’agissait�de�la�première�peine�demort�requise�envers�un�étrangerdepuis�la�promulgation�de�la�loicontre� le� trafic� de� drogue� en2001.�Un�accord�d’extradition�aété�conclu�entre�la�Grande-Bre-tagne�et�le�Laos�en�mai,�mais�iln’est�pas�encore�entré�en�vigueur.Le�mémorandum�permet�d’obte-nir�les�mêmes�effets�plus�rapide-ment,�compte�tenu�de�l’état�par-ticulier�de�la�future�mère.

LAOS

Aung San Suu Kyi sera fixéevendredi sur son sort

Sous� couvert� d’anonymat,� un� responsable� du� tribunalde�Rangoon�a�déclaré�que�le�verdict�du�procès�de�l’opposante�seraitrendu�public�vendredi�31�juillet.�À�64�ans,�la�Prix�Nobel�de�la�Paixencourt�jusqu’à�5�ans�de�prison�pour�avoir,�selon�la�justice�birmane,enfreint�les�conditions�de�son�assignation�à�résidence.�L’AméricainJohn�Yettaw�avait�traversé�un�lac�à�la�nage�pour�s’introduire�dansla�maison�de�la�Birmane.�Il�est�également�jugé,�de�même�que�deuxemployés�de�maison�d’Aung�San�Suu�Kyi.�Tout�laisse�à�penser�qu’unecondamnation� interviendra,�malgré� le� soutien� de� la� communautéinternationale�qui�dénonce�une�parodie�de�justice.

BIRMANIE

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Page 22: Cambodge Soir Hebdo nº 93

Cambodge Soir Hebdo n˚ 93 – 2e année, 30 juillet au 5 août 200922

UN AUTRE REGARDUN AUTRE REGARD

Un étrange animal à fourrure escalade le temple. Photo de Florent Chevallier

Si vous aussi, vous avez pris une photo étonnante, insolite, décalée, envoyez-la à la rédaction : [email protected]

Ça s’est passé il y a dix ans • du 30 juillet au 5 août 2009 •

Une vérité qui dérange

Juger tout de suite ou attendre ?Le cas de Ta Mok fait l’objet d’unvif débat entre les deux parte-

naires de la coalition PPC-Funcinpec aupouvoir. Pour traduire l’ex-« boucher »en justice, en effet, le temps presse : laloi ne permet de le garder que six moisen détention provisoire, un délai trèsinsuffisant pour mettre en place un tri-bunal international. D’où une alterna-tive possible : accuser Ta Mok en vertude la loi de 1994, qui interdit le mouve-ment khmer rouge, et le garder ainsiau chaud dans une cellule en attendantde pouvoir le juger pour génocide.

Mais ce scénario a du plomb dans l’aile.L’avocat de Ta Mok, Benson Samay, aen effet promis que son client ferait desaveux complets et que les témoins citéspar la défense comprendraient entre 70et 80 personnalités haut placées. Uneoption qui n’enthousiasme guère le PPC :inquiet pour la sacro-sainte « réconcilia-tion nationale », le parti du Premier mi-nistre penche pour une révision de l’ar-ticle 14 du Code de procédure pénale, cequi permettrait d’allonger la période dedétention provisoire de Ta Mok. Reste àconvaincre les députés Funcinpec, sans

lesquels aucune majorité n’est possible…Mais Hun Sen a un argument clé enmain : « Ta�Mok�avouera�tout, lance-t-ilau Rasmei�Kampuchea. Concernant�lesévénements�des�5�et�6�juillet�1997,�qui�a

donné�des�armes�à�Ta�Mok ?�Qui�a�reçu

de� l’argent� de�Ta�Mok ?�La�Thaïlande

elle-même� pourrait� être� embarrassée� si

Ta�Mok�raconte�qu’il�était�là-bas�avant

d’être�arrêté ! » En 1997, le PPC avait eneffet justifié son coup de force en accu-sant Norodom Ranariddh de s’être en-tendu avec les Khmers rouges pour ef-fectuer un coup d’État. Un événementque Hun Sen rappelle au prince Rana-riddh en tête-à-tête… La stratégie finitpar payer : mardi 3 août, les députés semettent d’accord sur un texte spécifiqueconcernant les crimes de génocide. TaMok restera donc en prison pendant troisans dans l’attente d’un hypothétique pro-cès international. « Il�semble�que�le�gou-vernement�préfère�voir [les anciens chefsrebelles] vieillir�et�s’éteindre�en�silence »,déplore un diplomate étranger.

Hun Sen a tout juste retiré une épinede son pied qu’une autre vient s’y plan-ter. Son neveu, Nem Piseï, a été arrêtépar la police municipale après une alter-

cation au Manhattan, le bar de l’hôtelHoliday, avec un groupe de jeunes. Alorsqu’il avait collé le canon d’un pistolet surla tempe d’un de ses adversaires, un deses amis l’a bousculé pour l’empêcherd’appuyer sur la détente. Déséquilibré,le neveu du Premier ministre a alors logéune balle dans le pied du jeune hommequi lui tenait tête. Sur le sujet, Hun Sena été clair : « il�a�demandé�à�la�police�dese�conformer�à� la�procédure,�sans�tenir

compte�de�l’identité�du�suspect », insisteNet Savœun, chef de la police munici-pale, lui-même lié par un mariage à lafamille du Premier ministre.

« Cruel�criminel »

Mais trois semaines après sa mort,c’est toujours la mort de Piset Pilica quiaccapare l’émotion. Les paroliers khmersmultiplient les chansons rendant hom-mage à l’artiste, assassinée par un in-connu en pleine rue. Certains lui don-nent la parole : « Quelle� faute� ai-jecommise ? », s’interroge un des titres.Sur les marchés, les CD à l’effigie de ladanseuse défunte s’arrachent, signe quel’émotion ne faiblit pas. « J’éprouve�unecolère�terrible�contre�le�cruel�criminel…

Il� est� impensa-

ble�de�tuer�des�gens�doux�et�honnêtes ! »,

s’enflamme une vendeuse du marchécentral. Les directeurs des programmesde radios, eux, hésitent à s’engouffrerdans la brèche : « Ces�morceaux�rappel-lent�de�trop�douloureuses�images�à�nos

auditeurs », estime un des responsablesde la station de la municipalité.

La plupart des touristes ignorent toutde cette tragédie. Mais une autre me-nace les guette : le sanctuaire du templed’Angkor pourrait bien, comme le Par-thénon d’Athènes ou certains quartiersde la Cité interdite à Pékin, être doré-navant interdit aux touristes. « Le�tem-ple�n’a�pas�été�construit�pour�supporter

tant�de�poids,�au�demeurant�mal�réparti,

estime Smitthi Siribhadra, professeurà la faculté d’archéologie de Silpakorn,à Bangkok. Il�était�prévu�pour�la�visitede� quelques� prêtres� et� hauts� digni-

taires. » La porte ouest, qui menace des’effondrer, a déjà été barrée aux visi-teurs par des échafaudages en bois.

Adrien Le Gal

L’avocat de Ta Mok promet que son client fera des aveux fracassants… et obtient ainsi le reportde l’ouverture du procès.

Halte à la rumeur ! Il sedit parmi les lecteursde Cambodge Soir

Hebdo qu'un « véritable » mé-téorologue devrait debarquerau service météo afin de satis-faire enfin les amateurs deforces venteuses, variations detempératures locales et autresbasses pressions en goguette...Rassurez-vous, il n'en serarien, car ledit spécialiste a déjàdébarqué dans nos locaux etnous avons pris soin de lui.Premier jour, visite de la sta-tion à dos d'éléphant, celui deFifi – à la vitesse de 0.2 kilo-mètre par heure, il a fallu lajournée pour longer la clô-ture, le gars etait déjà nerveu-sement destabilisé et de plus,victime d'insolation... Ensuite,apéro d'honneur avec le dirlo

qui lui a sorti ses liqueurs lesplus fines, dont un Vermouth1822 ; à la fin de de la collation,il ne savait plus son nom. Onl'a ensuite dirigé vers sa cham-bre, où dorment également lepython, la tortue venimeuse etune araignée géante du Laos,capable de gober un canichecomme un œuf. Malgré leshurlements du « spécialiste »,qui n'ont cessé de la nuit, il n'aété relâché qu'à l'aube pour lepetit déjeuner, composé d'unbol de whisky frelaté assai-sonné de calmar conservécinq ans en barrique de pra-hoc – un mets de roi. Il a alorsréussi à courir jusqu'à l'aéro-port, on n'a plus eu de nou-velles de lui… Non, la météoest chose trop sérieuse pourêtre confiée à des blancs-becsde ce genre. Pour les lecteurssceptiques, une visite de noslocaux est possible, mais surréservation uniquement pourla dégustation de calmars. À bientôt.

Températures : modérées mais sans plusLever du soleil : normalCoucher du soleil : classique, peu avant la nuit

La météo de Fifi

Preah Palilay, Angkorle 03/07/09

DÉTENTE

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Page 23: Cambodge Soir Hebdo nº 93

Cambodge Soir Hebdo n˚ 93 – 2e année, 30 juillet au 5 août 2009 23

Un astrologue peu scrupu-leux pourrait vous faire mi-roiter des merveilles pourcette semaine : ce n’est pasle genre de la maison. At-tendez-vous donc à passer

une semaine pourrie d’un bout à l’au-tre, durant laquelle tout se passera detravers. Evitez plus que tout la croisièresur le Mékong.

Horoscope khmerHoroscope khmer

RAT

24-36-48-6072-84-96-08

Votre vie professionnellene suffisant pas à vous oc-cuper assez ces temps-ci, le pire est à craindre. Unetoute nouvelle série defrasques don-quichotesques

devrait émailler votre quotidien. Vouspourriez faire la une des journaux pro-chainement. Choisissez simplement labonne rubrique.T

IGR

E

26-38-50-6274-86-98-10

Epuisé par des mois de tra-vail sans relâche, vous res-sentez le besoin pressantde prendre du repos. Maistous vos collègues comp-tant sur vous pour faire

leur travail, ils vous empêcheront doncde prendre des congés. Usez de laforce, cognez, aux bons endroits etsans retenue.B

OEU

F

25-37-49-6173-85-97-09

En pleine forme physique,vous épuiserez cette belleénergie en jeux de plage etautres gamineries, dans leseul but d’épater la gale-rie… Une fois de plus, le

livre que vous vous êtes promis de lirecette année va rester sur son étagère...Vous pourriez au moins emmener votremoitié au théâtre. C

HE

VA

L

18-30-42-5466-78-90-02

En pleine forme, bourré d’idées, vous allez prendre latête de tous ceux qui tra-vaillent avec vous. Car per-sonne n’en veut, de vosidées. Notez-les, elles ser-

viront peut-être dans un futur que l’onpeut porter, sans éxagérer, à quelquesmilliers d’années… Utilisez votre éner-gie pour faire plaisir à vos proches.S

ING

E

20-32-44-5668-80-92-04

Période de cafard, tout lemonde est en vacancesmais pas vous. Seul(e),abandonné(e), vous risquezde tomber dans une pro-fonde apathie dont seule la

dive bouteille pourrait vous tirer. Maisboire en solitaire, c’est cafardeux... Es-sayez donc les drogues dures pourchanger.C

VR

E 19-31-43-5567-79-91-03

Le sport d’équipe ne vousréussit pas en ce moment.Trop nerveux (surtoutpour pointer), vous désta-bilisez vos partenaires plu-tôt que vos adversaires. Un

poste de déboucheur de canettes à labuvette vous conviendrait mieux ac-tuellement. Encore que... mieux vautrester chez vous.L

iÈv

re

27-39-51-6375-87-99-11

Semaine faste pour beaucoupd’entre vous car en cette pé-riode estivale, les rouages dela justice fonctionnent moinsrapidement et vous vaudrontun répit avant l’apparition de

l’huissier. Un voyage au loin, un déména-gement, sont tout-à-fait indiqués. Austra-lie ? Pérou ? Zimbabwe ? À vous dechoisir, profitez-en...S

ER

PE

NT 17-29-41-53

65-77-89-01

Vous avez tendance à vousfier à votre instinct. Erreur. L’œil perçant comme unevieille taupe, vous ferez leschoix les plus mauvais, surtouten matière financière. Banque-

route, vie de couple brisée. Bouchez-vousl’oreille interne et concentrez-vous, quediable ! À moins que la tentation du célibatet de la pauvreté ne soit la plus forte. D

RA

GO

N

16-28-40-5264-76-88-00

Vous avez les pieds qui bai-gnent, non dans une meraux couleurs bleu azur,mais dans un bain composéde gin et de whisky frelatés.Votre foie, surexposé aux

intempéries alcoolisées, renvoie toutesces matières dans vos extrémités…Cette semaine, abstenez-vous de faireun don du sang.C

OQ

21-33-45-5769-81-93-05

Vos bas instincts repren-nent le dessus, il y a doncpeu de chances que vousfassiez en ce moment desrencontres positives. L’œilexorbité, la salive aux lè-

vres et ne vous exprimant plus que pargrognements, une retraite en montagneserait la bienvenue. Elle vous permettraégalement de faire des économies.P

ORC

23-35-47-5971-83-95-07

Peu chanceux en ce mo-ment, vous retrouverez ra-pidement votre optimismenaturel malgré les tuiles quis’accumulent. Vous le savezd’instinct, il y a des limites

à tout, et au point, bas, ou vous en êtes,seule une remontée est possible... Bonrebondissement. De toute façon, toutcela vous passe au-dessus de la tête. C

HIE

N

22-34-46-5870-82-94-06

DÉTENTE

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Page 24: Cambodge Soir Hebdo nº 93

Cambodge Soir Hebdo n˚93 – 2e année, 30 juillet au 5 août 200924

JEUDI 30 JUILLET

06:30 Le Journal de France 207:00 TV5 Monde Le journal 07:20 Le journal de l’éco07:30 TV5 Monde Le journal 07:50 Le Journal de l’éco08:00 TV5 Monde Le journal08:20 L’invité08:30 C dans l’air09:35 Profession voyageur10:00 TV5 Monde le journal10:30 Vénus et Apollon11:00 J’ai vu changer la terre12:00 TV5 Monde Le journal12:30 Télématin 13:30 Escapade gourmande14:00 Des chiffres et des lettres14:30 Le Journal de Radio Canada15:00 Flash15:02 Sous le soleil17:02 Nos années pension17:30 Plus belle la vie18:00 Questions pour un champion18:27 Fourchette et sac à dos19:30 TV5 Monde Le journal

21:44 Orange juice22:00 TV5 Monde Le journal22:30 Faut pas rêver00:30 Flash00:32 Au clair de la lune

VENDREDI 31 JUILLET

06:30 Le Journal de France 207:00 TV5 Monde Le journal 07:20 Le journal de l’éco07:30 TV5 Monde Le journal 07:50 Le Journal de l’éco08:00 TV5 Monde Le journal08:20 L’invité08:30 C dans l’air09:35 Télétourisme10:00 TV5 Monde le journal10:30 Vénus et Apollon11:00 Les ailerons du Lagon12:00 TV5 Monde Le journal12:30 Télématin 13:30 Destination goûts14:00 Des chiffres et des lettres14:30 Le Journal de Radio Canada

15:00 Flash15:02 Sous le soleil17:00 Nos années pension17:30 Plus belle la vie18:00 Questions pour un champion18:30 L’objet du scandale19:30 TV5 Monde Le journal20:00 Petits meurtres en famille21:39 Les plus belles îles du littoral français22:00 TV5 Monde Le journal22:30 La carte aux trésors00:35 Un couple épatant00:30 TV5 Monde L’info

SAMEDI 1er AOÛT

06:30 Le Journal de France 207:00 TV5 Monde Le journal 07:20 Le journal de l’éco07:30 TV5 Monde Le journal 07:50 Le Journal de l’éco08:00 TV5 Monde Le journal08:20 L’invité08:30 TiVi 509:55 C’est pas sorcier10:30 Matière grise11:00 Paroles de clips11:41 Histoires de châteaux12:00 TV5 Monde Le journal12:30 La vie en vert 13:30 Telematin14:00 Des chiffres et des lettres14:30 Le Journal de Radio Canada15:00 Flash15:02 Le plus grand musée du monde16:01 Côté jardins17:30 30 millions d’amis18:00 Questions pour un champion18:30 Nec plus ultra19:00 Acoustic20:00 Sébastien et les gitans22:00 TV5 Monde Le journal22:30 Panique dans l’oreillette00:30 Le boulet02:13 Good job !03:01 Passe-moi les jumelles

DIMANCHE 2 AOÛT

06:30 Le Journal de France 207:00 TV5 Monde Le journal 07:30 TV5 Monde Le journal 08:00 TV5 Monde Le journal08:30 TiVi509:53 Mission aventure découverte10:26 Un couple épatant11:55 Paroles de clips12:00 TV5 Monde Le journal12:30 Escapade gourmande13:00 Côté maison13:31 Dans la nature avec Stéphane Peyron14:30 Le Journal de Radio Canada15:00 Flash15:02 Secrets d’histoire16:20 Le temps, l’espace et les autres17:08 Chat bleu, chat noir19:02 Pliés en 4

19:30 TV5 Monde Le journal20:00 Thalassa22:00 TV5 Monde Le journal22:30 Le cœur des hommes01:30 Fourchette et sac à dos03:00 Science X

LUNDI 3 AOÛT

06:30 Le Journal de France 207:00 TV5 Monde Le journal 07:20 Le journal de l’éco07:30 TV5 Monde Le journal 08:00 TV5 Monde Le journal08:30 Passe-moi les jumelles09:30 Le plus grand musée du monde10:00 TV5 Monde Le journal10:30 Vénus et Apollon11:00 Le rêve de Gabriel12:00 TV5 Monde Le journal12:30 Télématin 13:30 Les escapades de Petitrenaud14:00 Des chiffres et des lettres14:30 Le Journal de Radio Canada15:00 Flash15:05 Sous le soleil17:00 Déjà vu17:30 Plus belle la vie18:00 Questions pour un champion18:30 Tout ça...19:12 Non communiqué19:30 TV5 Monde Le journal20:00 Destination réussite22:00 TV5 Monde Le journal22:30 Après la vie00:12 Kwiz00:30 Flash00:30 TV5 Monde l’info00:32 Le cri03:00 Piégés par Staline

MARDI 4 AOÛT

06:30 Le Journal de France 207:00 TV5 Monde Le journal 07:20 Le journal de l’éco07:30 TV5 Monde Le journal 07:50 Le Journal de l’éco08:00 TV5 Monde Le journal08:20 L’invité08:30 C dans l’air09:35 Chroniques d’en haut10:00 TV5 Monde Le journal10:30 Pure laine11:00 Chroniques d’un lac sacrifié12:00 TV5 Monde Le journal12:30 Télématin 13:30 Les chefs cuisiniers14:00 Des chiffres et des lettres14:30 Le Journal de Radio Canada15:00 TV5 Monde l’info15:05 Sous le soleil17:00 Nos années pension17:30 Plus belle la vie18:00 Questions pour un champion18:30 Dans la nature avec Stéphane Peyron19:30 TV5 Monde Le journal

22:00 TV5 Monde Le journal22:25 Le cri00:00 Les plus belles plages du monde00:35 Le chapeau du petit Jésus

MERCREDI 5 AOÛT

06:30 Le Journal de France 207:00 TV5 Monde Le journal 07:20 Le journal de l’éco07:30 TV5 Monde Le journal 07:50 Le Journal de l’éco08:00 TV5 Monde Le journal08:20 L’invité08:30 C dans l’air09:35 Cité guide10:00 TV5 Monde Le journal10:30 Pure laine11:00 Quand la science va à la plage12:00 TV5 Monde Le journal12:30 Télématin 13:30 Mixeur, les goûts et les idées14:00 Des chiffres et des lettres14:30 Le Journal de Radio Canada15:00 TV5 Monde l’info15:05 Sous le soleil17:00 Nos années pension17:30 Plus belle la vie18:00 Questions pour un champion18:30 Temps présent 40 ans19:30 TV5 Monde Le journal

21:30 Les plus belles plages du monde22:00 TV5 Monde Le journal22:30 Écran vert00:40 Carnets de voyage

20:00 Le cœur des hommesFILM

20:00 Le trouFILM

20:00 Le marathon du litFILM

PROGRAMMES

Envie de sortir…

QUELQUES ADRESSES :• Institut Reyum : 47, rue 178 • Art Café : 48E0, rue 108 • Gasolina : 58, rue 57• Sovanna Phum : 111, rue 360 • Le CCF : 218, rue 184 • Centre Bophana : rue 200• Meta House : 6, rue 264 • Equinox : rue 278 • Java Café : 56E1, Blvd. Sihanouk• Flicks : 39B, rue 95 • Chinese House : 45, Quai Sisowath • The Place : Bld Sihanouk

JEUDI 30 juillet• Meta House - 19 hPay or die.

• Equinox - 19 hGares à vous !

• The Flicks - 20 hFear and Loathing in Las Vegas.

VENDREDI 31• Meta House - 19 h

Keep the Cannibals on Your Right.

• Sovanna Phum - 19 hStory of the Toad, spectaclede théâtre masqué, accompagné par un or-chestre traditionnel.

• The Flicks - 22 h Knowing.

• The Place - 22 hSwan Lake Party

.SAMEDI 1er août• Bophana - 16 h

L’homme crocodile.• Meta House - 19 hLiving in Emergency.

• Sovanna Phum - 19 h.Story of the Toad.

DIMANCHE 2• The Flicks - 11 h 30 Igor

• Stade Olympique -14 h Cambodia Premier League.

• Meta House - 19 hJohnny mad dog.

LUNDI 3• The Flicks - 18 h My Blueberry Nights.

Mode d’emploiLa grille de jeu est un carré de neuf cases de côté, subdivisé en au-tant de carrés identiques, appelés région. La règle du jeu est sim-ple : chaque ligne, colonne et région ne doit contenir qu’une seulefois tous les chiffres de un à neuf. Formulé autrement, chacun deces ensembles doit contenir tous les chiffres de un à neuf.

MOYEN

R É P O N S E D U N U M É R O P R É C É D E N T

SUDOKUSUDOKU

Football :Cambodia Premier

League

Dimanche 2 août14 h au Stade Olympique

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