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Camps d'entraînement para-militaires crimes, ,3^ subversion, ' ' ; : infiltration \* ît de l'appareil policier... Le tristement célèbre Ku Klux Klan, agissant en symbiose avec des groupuscules nazis, est en pleine résurgence aux Etats-Unis. Télémoustique révèle ses contacts en Belgique. P ULASKI, Tennessee, le 6 mai 1866. Les cendres de la guerre de Séces- sion fument encore. Dépités par leur défaite, quelques offi- ciers confédérés désoeuvrés décident de se regrouper au sein d'une société secrète. Ils la baptisent Ku Klux Klan en référence au mot grec « kuk- los » (cercle). But : la mise sur pied d'un mouvement de masse contre-révolutionnaire. Méthode : la terreur. Victimes désignées : les populations noires dont l'émancipation (abolition de l'esclavage) est considérée comme une « me- nace pour la race blanche ». De 1866 à 1875, près de quatre mille Noirs sont assas- sinés, le plus souvent dans des conditions horribles : émascu- lation, tortures sadiques, éven- trations de femmes enceintes, écartèlement par des chevaux, crémation sur des bûchers ou dans des chaudières à sucre... Vers 1880, à la suite d'un ac- cord électoral avec le président Rutherford Hayes, les diri- geants racistes du Sud ont les mains libres pour réduire les nouveaux droits démocrati- ques des Noirs. On assiste à l'instauration d'un véritable apartheid qui durera plusieurs dizaines d'années. Le Klan se met en veilleuse. Il renaît dès novembre 1915, sous la férule du pasteur mé- thodiste William Joseph 46 ttlémmistipe

Camps Ku Klux Klan, aux Etats-Unis. Pdata.over-blog-kiwi.com/1/45/89/83/20150527/ob_eb... · dè s l'âg d dix an dan le Klans Youth Corps des Che-valiers du KKK —, effort spécial

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Campsd'entraînementpara-militairescrimes, ,3^subversion, ' ' ; :infiltration \*ît

de l'appareilpolicier... Letristement célèbreKu Klux Klan,agissanten symbiose avecdes groupusculesnazis, est enpleine résurgenceaux Etats-Unis.Télémoustiquerévèle ses contactsen Belgique.

PULASKI, Tennessee, le6 mai 1866. Les cendresde la guerre de Séces-

sion fument encore. Dépitéspar leur défaite, quelques offi-ciers confédérés désœuvrésdécident de se regrouper ausein d'une société secrète. Ilsla baptisent Ku Klux Klan enréférence au mot grec « kuk-los » (cercle). But : la mise surpied d'un mouvement demasse contre-révolutionnaire.Méthode : la terreur. Victimesdésignées : les populationsnoires dont l'émancipation(abolition de l'esclavage) estconsidérée comme une « me-nace pour la race blanche ».

De 1866 à 1875, près dequatre mille Noirs sont assas-sinés, le plus souvent dans desconditions horribles : émascu-lation, tortures sadiques, éven-trations de femmes enceintes,écartèlement par des chevaux,crémation sur des bûchers oudans des chaudières à sucre...

Vers 1880, à la suite d'un ac-cord électoral avec le présidentRutherford Hayes, les diri-geants racistes du Sud ont lesmains libres pour réduire lesnouveaux droits démocrati-ques des Noirs. On assiste àl'instauration d'un véritableapartheid qui durera plusieursdizaines d'années. Le Klan semet en veilleuse.

Il renaît dès novembre 1915,sous la férule du pasteur mé-thodiste William Joseph

46 ttlémmistipe

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Simmons, à Atlanta. Une ré-surrection principalement ins-pirée par le film de David Grif-fith, Naissance d'une nationqui, à l'époque, rencon-tre un succès considérableaux Etats-Unis. On y présentele Klan comme une organisa-tion noble et patriotique, touten mettant en évidence la souf-france des Etats du Sud.

L'immigration massive demillions d'Anglo-Saxons, d'Al-lemands, de Russes, d'Italienset de Slaves puis, après la Pre-mière Guerre mondiale, la ré-volution soviétique, les nouvel-les revendications des Noirsdont plusieurs centaines demilliers sont allés se battre enEurope renforcent encore lemouvement. Conséquence :en 1925, le KKK est la force po-litique la plus active des Etats-Unis avec près de cinq millions

membres.Toujours aussi raciste, l'or-

ganisation se trouve de nou-veaux ennemis. Les juifs, les« rouges », les femmes immo-rales, les alcooliques... Mais leKKK, qui n'a d'autre pro-gramme que la haine et l'oppo-sition systématique, victime ausurplus de guerres internes etde scandales divers, connaîtensuite une forte érosion deses effectifs.

En 1939, la société secrèteaffiche clairement sa sympa-thie pour l'Allemagne nazie.Ainsi le président Rooseveltdécide de porter un rude coupau KKK lors de l'entrée enguerre des Etas-Unis contre lerégime hitlérien : le Trésor pu-

blic américain réclame vingtannées d'arriérés d'impôts auxchevaliers de la haine. Dansl'impossibilité de payer,« L'Empire invisible » est offi-ciellement dissous.

Le temps du KKK unitaire avécu. Des Klans apparaissenten Géorgie, en Floride, dans laCaroline. Ils se renforcent et seradicalisent pendant la périodede « chasse aux sorcières » dumacarthysme et plus encorelors des manifestations noirespour la déségrégaîion au dé-but des années soixante.

Après le décretdes droits civi-ques en 1964, cesextrémistes pas-sent carrément auterrorisme. Atten-tats à la bombe,meurtres sontmonnaie cou-rante. L'indignation est pro-fonde et conduit à la créationd'une commission parlemen-taire d'enquête sur les différen-tes organisations qui se récla-ment de l'héritage du KKK. Plu-sieurs dirigeants klanistes sontmis en prison pour « activitésantiaméricaines » et participa-tion à des actes de violence.

On croit que, cette fois, lesKlans sont en passe d'ago-niser.

Les « pourrisseursde sociétés

occidentales »En 1970, le KKK ne compte

plus guère que trois mille ouquatre mille sympathisants ac-

LES CROIXEN FEU,

SYMBOLES DUKLAN,

BRULENT AUSSIEN EUROPE.

Un camp d'entraînement du Ku-Klux-Klan, en Alabama...

tifs pour l'ensemble de toutesses branches. Mais, dix ansplus tard, les effectifs ont plusque triplé.

Désormais, les Klans sont in-timement liés à des organisa-tions nazies et des groupes pa-ramilitaires et « survivalistes »qui — en attente de l'après-catastrophe nucléaire — pré-parent la « survie de la raceblanche « dans des « campsd'entraînement » disséminéssur tout le territoire des Etats-Unis. En fait, ces fanatiquesnéo-nazis y apprennent l'usage

d'armes diverseset la pratique dela guérilla. C'estnotamment le casau camp My Lai,près de Culman,en Alabama.

Très organisée,l'ultradroite ra-

ciste américaine recrute tousazimuts. Organisations pourjeunes — embrigadés parfoisdès l'âge de dix ans dans lesKlans Youth Corps des Che-valiers du KKK —, effort spécialvers l'armée et les différentespolices, appel ouvert à tous les« Blancs » incarcérés dans lesprisons d'Etat américainespour qu'ils se révoltent contre...le « Gouvernement d'occupa-tion sioniste » (ZOG).

Comme nous l'expliquel'écrivain français Roger Mar-tin (1) : «L'idéologie de cesgroupes se résume à lacroyance que la race blancheest supérieure à toutes les au-tres et que le déclin des socié-tés a toujours commencé avecle métissage. Leur combat estdonc dirigé contre ceux quimettent en péril la pureté ra-ciale : Noirs, Hispaniques,Orientaux et, naturellement, lesjuifs, en butte à une hostilitétoute particulière des Klans,car ils sont considérés commeune "vengeance de Satan",Ensuite arrivent ce qu'ils appel-lent les "pourrisseurs de socié-tés occidentales", communis-tes, homosexuels et "avor-teurs". »

Suite page 49 >

lëlémoustique 47

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DOSSIERSuite de la page 47

La « révolutionblanche »

Les « klanistes » d'au-jourd'hui ne songent plus àcréer une grande organisationde masse : « Le KKK doit seconstruire sur le principe de laqualité putôt que sur celui dela quantité. C'est pur délired'imaginer que te Klan puissedevenir un mouvement assezlarge pour obtenir pacifique-ment les changements qu'ilsouhaite. Cela n'exclut pas desactivités politiques, au con-traire. L'engagement politiqueest un excellent moyen de pro-motion et de popularisationd'idées. Mais, la seule solution,c'est le retour aux sources, larévolution blanche par ungroupe limité mais convaincu.Se rappelle-t-on aujourd'huique les patriotes qui obtinrentl'indépendance de notre paysétaient ultra-minoritaires ? Lespatriotes d'aujourd'hui doiventse préparer à la plus grande detoutes les guerres, la guerredes races, et pour cela, il fautmettre en place des structuresclandestines et être prêt à sa-crifier sa vie. »

Louis Beam, le chevalieraméricain du KKK 33/5 qui aécrit ce texte est par ailleursmembre de l'organisation« Nations aryennes », basée àHayden Lake, dans l'Idaho.« Hayden Lake est depuis plu-sieurs années le centre mon-dial d'un réseau nazi. RichardButler, le fondateur des Na-tions aryennes, y organise desréunions et des séminaires in-ternationaux auxquels assis-tent des Canadiens, des An-glais, des Allemands, des Aus-traliens et des Belges. Ilsviennent y discuter de l'avenirde la race blanche, mais aussid'armement et de clandesti-nité », explique Roger Martin.

De l'activismeau terrorisme

Le bras droit de Butler estRobert Mlles, pasteur del'Eglise de la Montagne de

Jésus-Christ le Sauveur, dansle Michigan. Le 21 avril 1987,Miles a été inculpé par la jus-tice américaine de « conspira-tion séditieuse » pour ses acti-vités au sein des « Nationsaryennes ». En cause, son im-plication dans les actions de« L'Ordre », une organisationterroriste.

«L'Ordre» est né en 1983. Ils'appelle aussi BrudersSchweigen en référence à untexte clandestin publié par Ro-bert Miles (« Wenn Allé Bru-der Schweigen - Quand tousles frères restent silen-cieux »). Selon Roger Martin,« // s'agit d'une ar-mée de "guerriersd'élite", constituéepar les meilleurs élé-ments de diversmouvements extré-mistes. Cet œcumé-nisme lui permet debénéficier de sou-tiens sur la totalité duterritoire américainpour exercer une vio-lence stratégique.L'objectif de cegroupe est clair etprécis : "Engager laguerre contre leZOG". Une vague decrimes commis par"L'Ordre" a déjàmarqué de façonspectaculaire et san-glante les années1983 à 1985 auxEtats-Unis. Plastica-ges de synagogues, assassi-nats d'adversaires politiques,incendies de locaux "d'enne-mis", fabrication de faussemonnaie, attaques de banqueset de fourgons de transport defonds, trafic d'arme et de dro-gue... L'Ordre a ainsi récoltéplusieurs millions de dollars eten a redistribué une bonne par-tie, comme l'a révélé récem-ment le FBI. Bénéficiaires : leschefs de différents groupes del'ultra-droite raciste, dont Ro-bert Miles. Vingt-sept membresde l'Ordre sont actuellementemprisonnés aux Etats-Unis.Mais ses têtes pensantescomme Louis Beam et Robert

Miles ont échappé aux poursui-tes. Ce dernier continue à édi-ter son bulletin "Beyond thébars, thé stars" (Derrière lesbarreaux, les étoiles) afin de re-cruter des repris de justiceblancs dans la mouvance duKKK et des Nations aryennes...Une sorte d'investissementpour l'avenir ».

« Royaumede ftante »...

L'influence du KKK et desNations aryennes ne se limitepas aux Etats-Unis. En Franceet en Belgique, ces mouve-ments comptent également

Roger Martin : « Difficile d'évaluerl'Importance du K.K.K. belge. »

des sympathisants. Il en vaainsi du Français Olivier Déva-lez. Malgré son jeune âge — ilest né en 1963—, ce skinheadde la région de Tours a une lon-gue expérience des milieux ex-trémistes. Dès 1980, il militedans les rangs de la FANE(Faisceaux nationalistes eu-ropéens), un mouvement néo-nazi aujourd'hui disparu. Puisil anime plusieurs revues con-fidentielles à caractère ouver-tement nazi, telle « Cobra-Information », dont le but es-sentiel était d'apporter un sou-tien aux militants nationalis-tes... emprisonnés, ou encore« Bras tendu »...

Les contacts de Dévalezavec le KKK américain datentd'il y a environ quatre ans. Epo-que où il entre en relation avecRichard Bondira, « Grandsorcier du KKK-New Jer-sey », mais aussi... membre duparti républicain de RonaldReagan et Georges Bush.

Début 1989, Dévalez est ini-tié et prête serment aux États-Unis. Il revient en France avecle titre d :« aigle royal »(NDLR : - Klaigle royal » dansle jargon du klan...) et la mis-sion de créer un « royaume deFrance du KKK». Dès mai1989, il lance des appels au re-crutement dans la revue « LeRebelle blanc » diffusée dansles milieux néo-nazis françaiset belges.

« Vu l'organisation du Klansous forme de société secrète,il est difficile d'estimer l'impor-tance réelle qu'a pu prendrecette organisation en France »,explique Roger Martin. - Néan-moins, Dévalez a de réels ta-lents d'organisateur. De plus,son KKK est de toute évidencetrès actif. Il y a déjà eu, à plu-sieurs reprises en France, descérémonies d'illumination decroix et pas seulement dans larégion de Tour, où Dévalez ha-bite ».

Début 1990, la revue « LeRebelle Blanc » change de ti-tre. Elle s'appellera dorénavant« L'Empire invisible ». Puis, àpartir de mai-juin 1990, elleporte la mention « 33/5 ». Sim-ples détails? Pas vraiment, carces modifications dénotent unesensible radicalisation du KKKfrançais. A la suite de désac-cords avec Richard Bondira,l'organisation de Dévalez dé-pend désormais du Klan dirigéaux Etas-Unis par des fanati-ques comme Louis Beam et lepasteur Robert Miles — donton a vu par ailleurs l'apparte-nance aux « Nations aryen-nes » et à la mouvance terro-riste de « L'Ordre ». Au traversdu KKK français, c'est doncbien une internationale brunequi se profile.

Actuellement emprisonnépour « Incitation à la haine ra-

Suite page 171 >

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Suite de la page 49

o/ate», Dévalez bénéficie denombreux soutiens dans notrepays. Ainsi, c'est le Belge LéoVanden Bosche qui s'occupedepuis mars-avril 1991 de l'édi-tion de « L'Empire invisible33/5 ».

Vanden Bosche est égale-ment actif au sein du Vrij His-toriek Onderzoek (VHO), uneorganisation de diffusiond'écrits révisionnistes (négationde l'existence des chambres àgaz nazies pendant la SecondeGuerre mondiale) basée à An-vers. Par ailleurs, ce vieux mi-litant nazi est connu de la jus-tice. En 1946, il a été condamnéà quatre ans de prison pour" intelligence avec l'ennemi » et« avoir porté tes armes contrela Belgique »...

N'ayant jamais renié son en-gagement pour un « ordrenouveau », ce fanatique aanimé pendant plusieurs an-nées des revues — « Eurofo-rum » et « Thulé » — dans les-quelles apparaissaient des si-gnatures de nombreux néo-nazis européens et... améri-cains.

Dans « Euroforum » de juillet1984, par exemple, on peut lireun texte en anglais de... RobertMiles. Impliqué à l'époquedans les actions terroristes de« L'Ordre », le « pasteur » Milesy plaide longuement la causedes « Nations aryennes » etdes «racistes blancs amé-ricains ». Il est vrai qu'au-paravant, la revue de LéoVanden Bosche avait déjàrendu compte d'un « congrèsmondial » nazi tenu en 1983 àHayden Lake et où il fut décidéque le Klan et les groupes na-zis devaient créer des structu-res clandestines distinctes deleurs directions officielles afind'organiser la « guerre ra-ciale «...

D'au groupuscule

Une autre signature apparaîtsouvent dans « Euroforum ». Asavoir, celle d'un certain Pa-trick Morlez. En 1986, lorsquecette revue devient l'organe of-ficiel du « Mouvement euro-

péen », une organisation néo-nazie fondée par le terroristeallemand Michael Kûhnen,le dénommé Patrick Morlezen devient même le rédacteuren chef. Tant du côté de la Sû-reté de l'Etat que de celui de lasection info/pol de la BSR, lesenquêteurs arrivent aujour-d'hui à la même conclusion :« Morlez » est un pseudonymeemployé par un militaire d'ac-tivé, le 1" sergent Hervé VanLaethem (voir notre encadré).Aujourd'hui, cet admirateurdu régime hitlérien anime« L'Assaut », - un groupe demilitants nationalistes euro-péen attachés à l'idéal défen-du par le VMO de Bert Erik-son».

En fait d'« Idéal », les mem-bres de « L'Assaut » sont sur-tout des adeptes de la batte etdu cran d'arrêt. Ils l'ont encoredémontré, le 22 mars dernier,en s'attaquant violemment àdes personnes dont le seul tort,à leurs yeux, était de vouloirparticiper à la manifestationpour la démocratie et la tolé-rance, organisée à Bruxellespar une multitude d'associa-tions. Résultat de cette « actionnationaliste » — pour utiliserle jargon de « L'Assaut » —,trois blessés : un enfant dedouze ans, une femme detrente-trois ans et un hommede trente-cinq ans. Trois mem-bres de « L'Assaut » dont leur

Suite page 172 >

Hervé Van Laethem(au centre), un militairetrès engagé à droite...

L'ARMEE BELGE TOLERE LES NAZIS

PEUT-ON cracher sur la Belgique et son système démo-cratique, célébrer le centenaire de la naissance d'Hitler,

diriger un mouvement nazi et être sous-officier instruc-teur à l'armée? Affirmatif, mon commandant!

Actuellement caserne à Heverlee, Hervé Van Laethemest militaire depuis le 17 février 1981. Il est actif depuislongtemps dans les milieux extrémistes. On trouve d'abordsa trace au sein du « Parti européen » (EPE) de feu Jac-ques Borsu — un informateur rémunéré de la Sûreté del'Etat. Ensuite Van Laethem adhère au « Vlaams MilitantOrde » de Bert Eriksson — rendu célèbre au début des an-nées '80 par ses organisations de camps para-militaires etdont plusieurs membres ont fait divers passages en prison.Actuellement, on l'a vu, le premier sergent Van Laethemdirige le groupuscule nazi « L'Assaut ».

Fait étonnant, les supérieurs de ce jeune homme, né en1965, connaissent très bien son curriculum vitae. A plu-sieurs reprises, le SDRA (Service de Documentation, deRecherche et d'Action) de l'armée belge a été averti desactivités politiques extrémistes de Van Laethem, — tantpar la Sûreté de l'Etat que par la section info-pol de laGendarmerie. Dans le(s) dossier(s) Van Laethem transmisà l'armée figurent notamment des photos de l'intéressé encompagnie de l'ancien rexiste Léon Degrelle ou encore deGareth Norman, leader du National Action Party (NAP),un mouvement nazi britannique. Sur une cassette-vidéofilmée par les services secrets allemands, Van Laethem tientun discours devant des militants nazis célébrant le centièmeanniversaire de la naissance d'Adolf Hitler...

Au ministère de la Défense nationale, le porte-parole duministre Léo Delcrnix nous confirme que : « Les opinionsnéo-nazies de ce premier sergent sont connues de l'armée.Pour cette raison, ce militaire ne dispose pas de "certifi-cat de sécurité1' et est donc écarté d'office de certainesfonctions. Par ailleurs, nous indique-t-on encore à la Dé-fense nationale, nous vivons en démocratie. Chacun peutavoir ses opinions. Pour sanctionner éventuellement VanLaethem, il aurait dû commettre une infraction à la loi mi-litaire. Or, dans le cadre de son service, il ne peut rien luiêtre reproché. »

L'armée, temple de la tolérance ? Peut-être. Exemple detransparence, certainement pas. Car, selon nos informa-tions, les activités militaires de Van Laethem sont bel et

bien entachées de certaines ir-régularités sur lesquelles sessupérieurs ont fermé les yeux.il en va ainsi notamment dela fréquentation de certainsétablissements interdits auxmembres de l'armée belge, telle café Uylenspiegel à Bruxel-les (lieu de rassemblement de« nationalistes » flamands).Par ailleurs, le nom de VanLaethem apparaît aussi dansune affaire de « viol » collec-tif — dont on passera ici lesdétails sordides — commissur un milicien à Spa, le 25janvier 1990 (P.V. 1620 de lapolice judiciaire de Gand, 2février 1990.) Mais il est vrai

que cette affaire a été classée sans suite par l'auditorat mi-litaire de Liège.

L'armée belge tolère aussi les «jeux de chambrée»... •

tétémonstiqne 171

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Suite de la page 171

« fuhrer » Hervé Van Laethemont été mis sous mandat d'ar-rêt pour appartenance à unemilice privée, port illégal ettransport d'armes et associa-tion de malfaiteurs.

... au KKK belge ?Selon Roger Martin, « l'im-

plantation du KKK en Europene se limite pas à la France. Ilest également présent en Alle-magne et en Belgique. Le prin-cipal relais du KKK en Belgiqueest le groupuscule "L'As-saut" ».

On a vu en effet que l'adhé-sion au KKK n'excluait pas l'ap-partenance à une autre asso-ciation. De plus, apparaissentdes indices très clairs desympathie mutuelle entre« L'Assaut » et le KKK français.

En décembre 1989, la revuede « L'Assaut » annonce : « /Vo-tre camarade Olivier Dévalez aété condamné à six mois deprison pour incitation à la haineraciale. Olivier Dévalez animela revue "Le Rebelle blanc" etest très actif dans lesmilieux nationalistes.Nous lui affirmonstoute notre solida-rité ».

Quelques moisplus tard, « L'As-saut » prend la dé-fense du chevalierfrançais du KKK, Mi-chel Lajoye : « Cemilitant nationaliste aété condamné à laprison à perpétuitéavec une peine in- Gwenaël Breës en compagnie du députécompressible de dix- Vlaams Blok, F. Dewinter, au Parlement.huit ans pour des at-

thème : « A Treblinka, il n'a étégazé que des poux »...

En septembre dernier, « L'As-saut» avançait encore dansson organe de liaison que« pour tous les défenseurs dela race blanche, le Ku Klux Klanest une référence. Il fascine, in-trigue, bref, il plaît ». Et de pu-blier un dossier « démontrantson indispensable nécessité »,comportant notamment un cha-pitre intitulé : « Commentdevient-on membre duKlan? ».

Il n'est pas étonnant que lesnazis de •< L'Assaut » éprouventdes sympathies pour le KKKfrançais. Ils s'en expliquenteux-mêmes dans leur revued'octobre 1991 : « On peut dis-cuter sur le fait d'importer enEurope une organisation typi-quement américaine. Il n'enreste pas moins que touteforme de lutte pour la raceblanche ne peut que rencontrernotre sympathie et notre sou-tien. Déplus, "L'empireinvisi-ble" ne pèse pas ses mots etn'hésite pas à désigner tous lesennemis de notre peuple, mal-gré les interdits et les tabous.

tentais commis en France con-tre des immigrés nord-africains.Michel Lajoye a décidé de sepourvoir en cassation. Sou-tenez-le en lui envoyant un ap-pui financier ».

Parallèlement, des textes deLajoye sont publiés par « L'Em-pire invisible 33/5 » de Dévalez.En janvier 1990, par exemple,il écrit un long texte sur le

172 télétnoiBtique

Enfin, Olivier Dévalez estun vieux et fidèle militant natio-naliste. Autant de raisons poursoutenir "L'Empire Invisi-ble",,. •

Michel BOUFFIOUX.

Roger Martin est notamment l'auteurd'un ouvrage passionnant sur le KluKlux Klan, « Amerikka. voyage enAmérique fasciste • > . Calman-Levy,Paris, 1991.

DES NAZIS ET LEURS AMIS...AU PARLEMENT

CREE en 1986, le mouvement néo-nazi « L'Assaut » s'estrais déjà plusieurs fois en évidence. Actions de chaulage

et de « taggage » de bâtiments privés et publics. Agitationset intimidations — et même un faux attentat à la bombe —lors de manifestations pacifistes et antiracistes. Participationà des réunions de l'Internationale nazie en Belgique, en France,en Espagne et en Allemagne. Cérémonies d'hommage à la mé-moire de l'ex-dauphin d'Hitler, Rudolph Hess, de Franco, desanciens du Front de l'Est.

Les slogans de « L'Assaut » sont également explicites :« Pendez Mandela - Libérez Touvier » — « Si la crapule im-migrée descend dans la rue, nous réglerons la circulation »— « six millions de baffes, cela se mérite tous les jours » —« La démocratie, c'est le droit pour les poux de bouffer leslions » — « Les chambres à gaz, mensonge sioniste ».

Dans son organe de liaison daté de juillet 1991, « L'Assaut »cite longuement feu José Antonio Primo de Rivera, ex-chefde la « Phalange espagnole » : « La révolution est la tâched'une minorité résolue, inaccessible au découragement, d'uneminorité dont la masse ne comprendra pas les premiers pas ».Quelque temps auparavant, « L'Assaut » publiait une inter-view du révisionniste français Olivier Mathieu : « Hitler n'étaitpas fou. Il fut l'un des plus grands génies politiques, militai-res, historiques et poétiques de l'humanité. Oui, le national-socialisme, seule démocratie réelle au vingtième siècle, fut uneapogée... ».

Selon nos sources, « L'Assaut » compte actuellement en-tre trente et cent membres. Insignifiant? Il faut se rappelerque les activistes du Westland New Post étaient bien moinsnombreux et qu'ils sont cependant parvenus à déstabiliser laSûreté de l'Etat. Mais il est vrai qu'Hervé Van Laethem n'aimepas être comparé à Paul Lalinus — l'ex-dirigeant du WNPaujourd'hui décédé. Dans l'organe de liaison de « L'Assaut »,on peut lire : « On a voulu nous comparer à un nouveau West-

land New Post. Le but du WNP était de renforcerl'Etat, Nous, nous y sommes radicalement op-posés. »

L'activisme et les prises de position de « L'As-saut » ne l'empêchent pas de disposer de sympa-thies dans l'extrême-droite « légaliste », présente auParlement. Selon Gwénaëi Breës, auteur de « L'Af-fronl national. Le nouveau visage de Fextrême-droite en Belgique » (1) : « Plusieurs réunions ontdéjà eu lieu entre des membres de "L'Assaut" etdu Front national de Daniel Féret. Avant les der-nières élections législatives, il fut envisagé de pla-cer Hervé Van Laethem en tête de liste du FN àCharleroi Cela n'a pas abouti. Enfait, cescontactsavec le Front ne sont pas étonnants. II y a toujourseu un courant néo-nazi considérable au sein de ce

parti qui cherche aujourd'hui à se donner une image de res-pectabilité. »

« L'Assaut » est aussi proche de « Agir », un mouvementd'extrême-droite qui dispose d'un conseiller provincial à Liège.« Les liens avec "Agir "son (évidents. Depuis quelques mois,on voit très souvent les militants de "L'Assaut "en compagniede ceux d'"Agir". Déplus, le responsable de la section bruxel-loise d"'Agir "est membre de "L'Assaut". Il faut enfin signa-ler que le Vlaams Blok — NDLR : dix-huit parlementaires,dont un certain nombre avec casier judiciaire — a annoncé aussides rapports avec "L'Assaut". La revue interne de "L'Assaut"annonce toutes les manifestations du VB et son éditeur respon-sable HNoé a été présent à plusieurs reprises sur les listes élec-torales de ce parti », conclut M. Breës. •

(1) Une édité par EPO, Berchem-Anvers, 1991.