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antiepileptiques, antibiotiques, cardiovasculaires, psycho- tropes... Son evolution concer- nera progressivement les anti- cancereux, les antiretroviraux, les immunosuppresseurs, avec des methodes plus performantes : LC/BD, LC/MS, GC/MS (L. Richard, CHI de Poissy, ate- lier Olympus). Infections materno-foetales et CMV : proposant le panorama des progres dans le diagnostic et le suivi des infections mater- no-fcetales (syphilis, toxoplasmo- se, HSV-1, HSV-2, varicelle, rubeole), Liliane Grangeot-Keros (hepital Antoine-Beclere, Cla- mart) conclut qu'il reste encore beaucoup & faire en ce qui concerne I'infection & CMV. A Colmar, Jean-Marie Manus .................................. CANCER DU SEiN : ACTuALITE:S ET PERSPECTIVES ....................................... La seance pleni~re du 28 e Colloque du SNBH avait pour theme le cancer du sein, panorama confi# a une #quipe de cfiniciens et de biologistes du CHU de Strasbourg'. I L'mcidence de ce cancer, qui touche 8 4 9 % des femmes au cours de leur vie, est en augmentation. Sa mortalite, selon les r#gions, est de 20 b 38 % 4 5 ans. La place de la biologie va de I'histologle (pi6ces op~ratoires, poncfion ganglionnaire) et du dosage des recepteurs horrnonaux & la surveillance post-therapeutique des marqueurs tumo- i raux. Une ere nouvelle s'ouvre ~ elle avec /a decouverte de genes de susceptibifit6 (BRCA 1, BRCA 2), qui ne cor- respondent cependant qu'a un risque de 55 ~ 80 % de developper un cancer avant 70 ans. On comprend que leur recherche (qui n'est pas ~ la nomenclature) ne peut ~tre systematique, m#me en presence de cas familiaux, car cette ,, agregation de cas ,, peut #tre I'effet du hasard. Le CA 15.3 reste le marqueur tumoral de reference le plus utilis~ pour le suivi th#rapeutique et la surveillance du risque de m4tastase (se positivant chez plus de 75 o/o des patientes), dont le dosage est aujourd'hui facifit# par les m~thodes automatiques. Cependant, /'absence de standardisation entre les diff~rentes m~thodes de dosage impo- se/e su[vi d'une patiente par la m~me methode et des ,, precauhons ,* en cas de changement de technique. Le d~ve- Ioppement des m#thodes de diagnostic et de suivi biologiques a davantage progress~ que celui du d#pistage, bas# aujourd'hui sur I'imagerie (mammographie), proposee aux femmes de 50 a 69 ans. L'essentiel est ici de d#pister le cancer au stade infracfinique, avec confirmation diagnosfique (immuno-histochimie, FISH). Cette double strat~gie a permis un recul, sinon spectaculaire du moins significatif, de la chirurgie ,, mutilante ,, et /'expansion de la chirurgie conservatrice, associee 4 la chimioth~rapie ou a la radioth~rapie. On assiste r#gufi#rement ~ des avanc~es th#rapeutiques : modulateurs s#lecfifs des r#cepteurs estrog~niques t (SERM), anticorps monoclonaux anti-oncog#nes, intensification de la chimioth#rapie sous protection m~dullaire par 1 facteurs de croissance h~matopoi#tiques ou rejection de cellules-souches p#nph&riques, innovations largement bas~es sur la comprehension des m~canismes biologiques de la canc#risation. J.-M. M. *B. Ga~rard,J.-L. Mandel, C. Koehl, G. Dale. C. Mathehn. J.-tq Bellocq, A On(~a,M.-,q Chenard, CHU de Strasbourg. Les deux probier ' atiques de IA zhe mer la nor| reconnaissance comme maladie neurologique, I'absence de diagnostic biotogique vaiide La 6 e ,dournee mondiale Alzheimer,,, en septembre dernier, n'a pas r#ellement attire/'attention de/'opinion, faute sans doute de support m~diatique ou officiel. C et evenement a pourtant ete marque d'un moment important : le deroulement, au ministere de la Sante, d'une table-ronde reunissant des intervenants de I'univers des ,,soignants,,, notamment deux specialistes de gerontologie : les Prs Robert Moulias (Hepital Charles-Foix, Ivry) et Frangoise Forette (H6pital Broca, Paris), qui ont envisa- ge la maladie d'Alzheimer (MdA) sous divers angles. R. Moulias a denonce ce qu'il faut bien appe- let une lacune dans les connaissances du corps medical sur la MdA et, plus largement, sur la biologie du vieillissement, notamment le vieillissement pathologique. Du fait de ce manque s'enchatnent des carences dans la prise en charge specifique, en milieu de soins ou en ville, des problemes biologiques, cliniques et medico-sociaux des sujets &ges, car la formation pratique est encore ,,fragmentaire,,... Bref, la France manque de specialistes des ,,seniors,, : des medico-gerontologues et des bio-gerontologues. Deux anomalies Sur le plan medico-social, les intervenants ont denonce deux anomalies. Alors que I'on salt a peu pres ce qu'est et ce qui fait la maladie d'AIzheimer, les notions qui la classent ,,maladie neurologique,, (patholo- gie des neurones) - principalement des me- canismes biologiques et genetiques - ne sont pas integrees dans le savoir diagnostique. Trop souvent encore, le patient est vu comme un ,,cas psychiatrique,, - confusion avec le terme ,,demence,,, au sens ancien de ,,folie,,. Cela retarde une prise en charge therapeu- tique qui, si I'on n'est pas s0r qu'elle arrive assez t6t, a le merite d'exister : les anti-choli- nesterasiques. La MdA est une maladie chronique, il n'existe actuellement aucun espoir de reversibilite. Or elle n'est pas classee en affection de Iongue duree (ALD) et reste en fait a la charge des families, constituant un poids intolerable : en moyenne 52 h par semaine et une depense non negligeable, prise sur le budget familial. Sur 400 000 cas d'Alzheimer (a verifier), 10 % seulement beneficieraient actuellement d'une prise en charge medicale correcte... Deux pistes II s'agit d'une part des ,,consultations de memoire,,, tres nombreuses en France dans divers h6pitaux et cliniques specialisees, mais sans doute aussi peu connues que les ,,centres anti-douleur,,, la MdA etant genera- lement inauguree par des troubles de la memoire progressifs. II s'agit d'autre part, et surtout, de nombreux travaux en biologie fondamentale et appli- quee pour developper un test diagnostique reellement precoce - c'est-a-dire un diag- nostic justifiant la prescription d'un anti-choli- nesterasique - la seule classe therapeutique validee actuellement disponible dans la MdA. Pour R Forette, le defaitisme actuel ne se justifie pas, car les pistes pharmacolo- giques et biologiques en cours d'exploration devraient apporter des solutions au cours du prochain millenaire. L'une de ces pistes biologiques est en effet prometteuse : celle de I'ALZA ou Alzheimer's disease associated protein, proposee par la firme allemande de biologie Altegen de Hambourg. La bioJogie de [a MdA La MdA se caracterise, sur le plan biologique et histologique, par des ,,depets,, intra- et extra-cellulaires d'un materiel proteique, la beta-amyldlde (A-beta), et I'hyperphosphory- 10 lation d'une proteine du cytosquelette neuro- nal, la proteine Tau (PHF-Tau), qui entraTnent la formation d'enchevetrements de neurofi- brilles. Ce mecanisme avait de toute evidence des precurseurs biochimiques. C'est I'APP (amy- Idld precursor protein), mais il ne semble pas que I'on puisse en clinique correler les de- p6ts d'A-beta avec les signes de neurodege- nerescence et avec les sympt6mes demen- tiels (degradation des fonctions cognitives). Le facteur pathologique important serait un contexte inflammatoire, qui expliquerait d'ailleurs la possibilite d'attenuer, voire de freiner, la progression de la maladie par les anti-inflammatoires non sterdl'diens (AINS). Mais la phase inflammatoire ne semble pas liee & la phase amyloi'de. La decouverte recente d'un autre type de proteine, I'ALZA, retrouvee chez des sujets pathologiques (et non chez des sujets sains), evoque une reponse auto-immune. Cette reponse declencherait la reaction inflamma- toire constatee dans la MdA. Un test de detection dans le serum a un stade precoce des anticorps anti-ALZA a ete developpe par Altegen, I'ALZA semblant ¢tre un facteur initiateur de la MdA puisqu'elle contient des sequences proteiques des fac- teurs amyloTdes, ainsi qu'une sequence spe- cifique de 12 acides amines, le ct-12. La cle de la maladie serait la formation d'anticorps anti-ct 12. Cle definitive ou provisoire ? Si cette consta- tation, impliquant le systeme immunitaire, etait confirmee, le traitement de la MdA (et d'autres maladies neurodegeneratives) s'en trouverait profondement modifie. J.-M. M. Source : Clinical Laboratory International (Reed Elsevier), septembre 1999 Revue Franoaise des Laboratoires, novembre 1999, N ° 317

Cancer du sein : actualités et perspectives

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antiepileptiques, antibiotiques, cardiovasculaires, psycho- tropes... Son evolution concer- nera progressivement les anti- cancereux, les antiretroviraux, les immunosuppresseurs, avec des methodes plus performantes : LC/BD, LC/MS, GC/MS (L. Richard, CHI de Poissy, ate- lier Olympus).

• In fect ions materno- foe ta les et CMV : proposant le panorama des progres dans le diagnostic et le suivi des infections mater- no-fcetales (syphilis, toxoplasmo- se, HSV-1, HSV-2, varicelle, rubeole), Liliane Grangeot-Keros (hepital Antoine-Beclere, Cla- mart) conclut qu'il reste encore beaucoup & faire en ce qui concerne I'infection & CMV.

A Colmar, Jean-Marie Manus

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . CANCER DU SEiN : ACTuALITE:S ET PERSPECTIVES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

La seance pleni~re du 28 e Colloque du SNBH avait pour theme le cancer du sein, panorama confi# a une #quipe de cfiniciens et de biologistes du CHU de Strasbourg'. I L'mcidence de ce cancer, qui touche 8 4 9 % des femmes au cours de leur vie, est en augmentation. Sa mortalite, selon les r#gions, est de 20 b 38 % 4 5 ans. La place de la biologie va de I'histologle (pi6ces op~ratoires, poncfion ganglionnaire) et du dosage des recepteurs horrnonaux & la surveillance post-therapeutique des marqueurs tumo- i raux. Une ere nouvelle s'ouvre ~ elle avec /a decouverte de genes de susceptibifit6 (BRCA 1, BRCA 2), qui ne cor- respondent cependant qu'a un risque de 55 ~ 80 % de developper un cancer avant 70 ans. On comprend que leur recherche (qui n'est pas ~ la nomenclature) ne peut ~tre systematique, m#me en presence de cas familiaux, car cette ,, agregation de cas ,, peut #tre I'effet du hasard. Le CA 15.3 reste le marqueur tumoral de reference le plus utilis~ pour le suivi th#rapeutique et la surveillance du risque de m4tastase (se positivant chez plus de 75 o/o des patientes), dont le dosage est aujourd'hui facifit# par les m~thodes automatiques. Cependant, /'absence de standardisation entre les diff~rentes m~thodes de dosage impo- se/e su[vi d'une patiente par la m~me methode et des ,, precauhons ,* en cas de changement de technique. Le d~ve- Ioppement des m#thodes de diagnostic et de suivi biologiques a davantage progress~ que celui du d#pistage, bas# aujourd'hui sur I'imagerie (mammographie), proposee aux femmes de 50 a 69 ans. L'essentiel est ici de d#pister le cancer au stade infracfinique, avec confirmation diagnosfique (immuno-histochimie, FISH). Cette double strat~gie a permis un recul, sinon spectaculaire du moins significatif, de la chirurgie ,, mutilante ,, et /'expansion de la chirurgie conservatrice, associee 4 la chimioth~rapie ou a la radioth~rapie. On assiste r#gufi#rement ~ des avanc~es th#rapeutiques : modulateurs s#lecfifs des r#cepteurs estrog~niques t (SERM), anticorps monoclonaux anti-oncog#nes, intensification de la chimioth#rapie sous protection m~dullaire par 1 facteurs de croissance h~matopoi#tiques ou rejection de cellules-souches p#nph&riques, innovations largement bas~es sur la comprehension des m~canismes biologiques de la canc#risation.

J.-M. M. *B. Ga~rard, J.-L. Mandel, C. Koehl, G. Dale. C. Mathehn. J.-tq Bellocq, A On(~a, M.-,q Chenard, CHU de Strasbourg.

Les deux probier ' atiques de IA zhe mer la nor| reconnaissance comme maladie neurologique, I 'absence de diagnostic biotogique vaiide La 6 e ,dournee mondiale Alzheimer,,, en septembre dernier, n'a pas r#ellement attire/'attention de/'opinion, faute sans doute de support m~diatique ou officiel.

C et evenement a pourtant ete marque d'un moment important : le deroulement, au

ministere de la Sante, d'une table-ronde reunissant des intervenants de I'univers des ,,soignants,,, notamment deux specialistes de gerontologie : les Prs Robert Moulias (Hepital Charles-Foix, Ivry) et Frangoise Forette (H6pital Broca, Paris), qui ont envisa- ge la maladie d'Alzheimer (MdA) sous divers angles. R. Moulias a denonce ce qu'il faut bien appe- let une lacune dans les connaissances du corps medical sur la MdA et, plus largement, sur la biologie du vieillissement, notamment le vieillissement pathologique. Du fait de ce manque s'enchatnent des carences dans la prise en charge specifique, en milieu de soins ou en ville, des problemes biologiques, cliniques et medico-sociaux des sujets &ges, car la formation pratique est encore ,,fragmentaire,,... Bref, la France manque de specialistes des ,,seniors,, : des medico-gerontologues et des bio-gerontologues.

Deux anomal ies Sur le plan medico-social, les intervenants ont denonce deux anomalies. Alors que I'on salt a peu pres ce qu'est et ce qui fait la maladie d'AIzheimer, les notions qui la classent ,,maladie neurologique,, (patholo- gie des neurones) - principalement des me- canismes biologiques et genetiques - ne sont pas integrees dans le savoir diagnostique. Trop souvent encore, le patient est vu comme un ,,cas psychiatrique,, - confusion avec le terme ,,demence,,, au sens ancien de ,,folie,,. Cela retarde une prise en charge therapeu- tique qui, si I'on n'est pas s0r qu'elle arrive assez t6t, a le merite d'exister : les anti-choli- nesterasiques.

La MdA est une maladie chronique, il n'existe actuellement aucun espoir de reversibilite. Or elle n'est pas classee en affection de Iongue duree (ALD) et reste en fait a la charge des families, constituant un poids intolerable : en moyenne 52 h par semaine et une depense non negligeable, prise sur le budget familial. Sur 400 000 cas d'Alzheimer (a verifier), 10 % seulement beneficieraient actuellement d'une prise en charge medicale correcte...

Deux pistes II s'agit d'une part des ,,consultations de memoire,,, tres nombreuses en France dans divers h6pitaux et cliniques specialisees, mais sans doute aussi peu connues que les ,,centres anti-douleur,,, la MdA etant genera- lement inauguree par des troubles de la memoire progressifs. II s'agit d'autre part, et surtout, de nombreux travaux en biologie fondamentale et appli- quee pour developper un test diagnostique reellement precoce - c'est-a-dire un diag- nostic justifiant la prescription d'un anti-choli- nesterasique - la seule classe therapeutique validee actuellement disponible dans la MdA. Pour R Forette, le defaitisme actuel ne se justifie pas, car les pistes pharmacolo- giques et biologiques en cours d'exploration devraient apporter des solutions au cours du prochain millenaire. L'une de ces pistes biologiques est en effet prometteuse : celle de I'ALZA ou Alzheimer's disease associated protein, proposee par la firme allemande de biologie Altegen de Hambourg.

La bioJogie de [a MdA La MdA se caracterise, sur le plan biologique et histologique, par des ,,depets,, intra- et extra-cellulaires d'un materiel proteique, la beta-amyldlde (A-beta), et I'hyperphosphory-

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lation d'une proteine du cytosquelette neuro- nal, la proteine Tau (PHF-Tau), qui entraTnent la formation d'enchevetrements de neurofi- brilles. Ce mecanisme avait de toute evidence des precurseurs biochimiques. C'est I'APP (amy- Idld precursor protein), mais il ne semble pas que I'on puisse en clinique correler les de- p6ts d'A-beta avec les signes de neurodege- nerescence et avec les sympt6mes demen- tiels (degradation des fonctions cognitives). Le facteur pathologique important serait un contexte inflammatoire, qui expliquerait d'ailleurs la possibilite d'attenuer, voire de freiner, la progression de la maladie par les anti-inflammatoires non sterdl'diens (AINS). Mais la phase inflammatoire ne semble pas liee & la phase amyloi'de. La decouverte recente d'un autre type de proteine, I'ALZA, retrouvee chez des sujets pathologiques (et non chez des sujets sains), evoque une reponse auto-immune. Cette reponse declencherait la reaction inflamma- toire constatee dans la MdA. Un test de detection dans le serum a un stade precoce des anticorps anti-ALZA a ete developpe par Altegen, I'ALZA semblant ¢tre un facteur initiateur de la MdA puisqu'elle contient des sequences proteiques des fac- teurs amyloTdes, ainsi qu'une sequence spe- cifique de 12 acides amines, le ct-12. La cle de la maladie serait la formation d'anticorps anti-ct 12. Cle definitive ou provisoire ? Si cette consta- tation, impliquant le systeme immunitaire, etait confirmee, le traitement de la MdA (et d'autres maladies neurodegeneratives) s'en trouverait profondement modifie.

J.-M. M.

Source : Clinical Laboratory International (Reed Elsevier), septembre 1999

Revue Franoaise des Laboratoires, novembre 1999, N ° 317