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‘Caractérisation territoriale, urbanistique et architecturale de Ganghwa’ WAT Workshop_atelier/terrain Ganghwa 2007 1 ‘Caractérisation territoriale, urbanistique et architecturale de Ganghwa’ Porte de la ville, Ganghwa Ce présent travail est une analyse typo-morphologique de la ville de Ganghwa, en Corée du sud. Il s’agit de caractériser et de comprendre les processus qui ont agit sur l’urbanisation de la ville à l’aide de moyens visuels mais aussi d’informations venant d’un cadre plus global. L’analyse se fait en considération de l’échelle de la macroforme jusqu’à l’architecture, mais se doit de tisser des liens entre chacun des éléments pour comprendre les causes des effets. Ce qu’a révélé la lecture morphologique est le puissant ancrage des formes urbaines actuelles dans l’histoire de la ville, que ce soit en lien avec l’agriculture ou bien avec les pratiques géomantiques. Ainsi le processus d’urbanisation s’est fait sur une trame persistante dans le temps et la forme. Or, aussitôt que la croissance dépasse ces limites anciennes on remarque des changements visibles qui permettent de lire l’histoire.

Caractérisation territoriale, urbanistique et architecturale de Ganghwa

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‘Caractérisation territoriale, urbanistique et architecturale de Ganghwa’ Porte de la ville, Ganghwa Ce présent travail est une analyse typo-morphologique de la ville de Ganghwa, en Corée du sud. Il s’agit de caractériser et de comprendre les processus qui ont agit sur l’urbanisation de la ville à l’aide de moyens visuels mais aussi d’informations venant d’un cadre plus global. L’analyse se fait en considération de l’échelle de la macroforme jusqu’à l’architecture, mais se doit de tisser des liens entre chacun des éléments pour comprendre les causes des effets. Ce qu’a révélé la lecture morphologique est le puissant ancrage des formes urbaines actuelles dans l’histoire de la ville, que ce soit en lien avec l’agriculture ou bien avec les pratiques géomantiques. Ainsi le processus d’urbanisation s’est fait sur une trame persistante dans le temps et la forme. Or, aussitôt que la croissance dépasse ces limites anciennes on remarque des changements visibles qui permettent de lire l’histoire.

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«La morphologie urbaine est l’étude de la forme physique de la vile, de la constitution progressive de son tissu et des rapports réciproques des éléments de ce tissu qui définissent des combinaisons particulières, des figures urbaines (rues, places et autres espaces publics…).» 1 Or, le présent travail se veut une analyse typo-morphologique de la ville de Ganghwa. Ce type d’approche permet de caractériser et surtout de comprendre comment le paysage urbain est constitué afin d’élaborer une base solide pour une intervention cohérente dans celui-ci. La ville étant un système complexe dont les acteurs sont multiples et les modes d’expression variables, doit être vue comme une superposition de couches historiques. Alors que chacune influence l’autre, cela permet une certaine stabilité dans le temps et ainsi chacune parle du système qui l’a engendrée. C’est pour cette raison que l’analyse typo-morphologique doit être une approche systémique. C’est-à-dire qui prend en ligne de compte tous les facteurs d’influence et tisse des liens entre eux pour permettre une compréhension efficace de l’ensemble de la composition urbaine.

Image 1 Détail des éléments du système morphologique

1 Allain, Rémy, Morphologie urbaine : géographie, aménagement et architecture de la ville, Armand Collin, Collection U, Paris, 2004, page 5.

Méthodologie de travail Dans cette optique, ma méthode de travail partira d’une vision globale de la ville de Ganghwa, la macroforme, pour ensuite s’étendre sur le plan général en passant par le maillage, le parcellaire jusqu’à l’unité architecturale (voir le glossaire des termes). Or, même s’il y a distinction entre ces éléments, l’analyse de chacun sera remise dans le contexte général, pour permettre d’en saisir les effets et les causes et le caractère expérientiel. Toutefois, il y a la limite du manque d’informations préalables à une analyse exhaustive, puisque les facteurs économiques, politiques, légaux et autres sont relativement peu disponibles et, somme toute, généraux. Le matériel utilisé pour l’analyse sera dans un premier temps la carte topographique pour la situation globale, le plan d’urbanisme, les photos satellites et celles à partir du sol. Les cartes historiques seront d’une grande utilité pour superposer les éléments et faire ressortir ce qui persiste ou ce qui a changé. Encore là, l’utilisation n’est pas linéaire, mais exige un va-et-vient entre les différents documents pour confirmer les observations.

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Macroforme La macroforme est synonyme de "tache urbaine" qui fait référence à la forme que prend la ville sur le territoire. En observant celle de l’agglomération urbaine de Ganghwa, on peut émettre des hypothèses quant à sa morphogenèse et son expansion future. Ainsi, sa transformation est due à des forces (systèmes de transports) qui favorisent l’expansion, mais aussi à des contraintes qu’on appelle des éléments d’inertie (plan d’eau et topographie inappropriée). 2 En fait, l’analyse de l’image satellite nous permet de comprendre l’interaction que l’urbanisation de Ganghwa a avec le site dans lequel elle est insérée. La topographie peut être vue sous forme de contraintes et de potentialités. Dans ce cas, la ville est encerclée par une chaîne de collines, limitant son expansion plus fortement au nord et de l’est vers le sud. Dans la portion sud-ouest il y a une vallée correspondante à la rivière qui pénètre le territoire de la ville ce qui permet clairement l’étirement de la tache urbaine. Le même phénomène se produit au nord-est, cependant avec moins d’impact. Ainsi, la contrainte limitative des collines est compensée par l’ouverture dans la topographie sous forme d’une vallée d’où un axe principal de transport routier a été établi en reliant la ville à la capitale. On peut remarquer que l’étalement se poursuit le long de cet axe routier qui a un effet d’entraînement dans l’établissement du tissu urbain de par son rôle de vecteur économique. Comme dans le cas de la presque totalité des villes, le passage d’un mode piétonnier à un système mécanisé de transport comme l’automobile induit des changements majeurs dans l’étalement urbain. L’automobile permet de s’éloigner des centres urbains en faveur de la périphérie. Toutefois, on peut voir que l’agriculture semble jouer un rôle modérateur. En sachant que l’agriculture sur l’île de Ganghwa est toujours forte avec 58 % des terres arables en culture, on peut déduire que l’agriculture sur les flancs des collines plus le facteur topographique freinent l’urbanisation de ces mêmes collines. 3 Le 2 Allain, Rémy, Morphologie urbaine : géographie, aménagement et architecture de la ville, Armand Collin, Collection U, Paris, 2004, page 28. 3 http://www.quid.fr/monde.html?zoom=1&nbphot=9&iso=kr&mode=detail&style=photo

même effet se produit le long de la rivière à partir de la porte du sud où l’agriculture y puise son eau. Comme résultante, on peut qualifier la macroforme de Ganghwa comme modèle en étoile avec des radiales fuyant par les vallées.

Image 2 : Diagramme de la tache urbaine et des contraintes et potentiels du site. En analysant la morphologie du site et les documents historiques, il serait possible que l’établissement de la ville de Ganghwa fut choisi par des praticiens de la géomancie, terme qui signifie la divination par la terre. Or le terme géomancie serait une mauvaise francisation de p’ungsu qui veut dire vent et eau. Cette pratique dérive du Feng shui chinois que les Coréens ont adapté à leur territoire et l’ont assoupli dans l’application de la théorie. Sommairement, "le P’ungsu est un savoir-faire hautement développé et un système de valeur qui

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prône que la situation d’un site d’édification et l’orientation des bâtiments ne devraient pas s’opposer à la nature".4 Or, la base théorique est la suivante : la nature est remplie d’une énergie vitale qui circule (le ki), qui est dispersée par le vent et captée par l’eau. Le site idéal parviendrait à canaliser cette énergie en utilisant les éléments de la nature comme les montagnes protectrices des vents qui dispersent l’énergie et les rivières qui la canalisent. Il conviendrait de trouver le point culminant (hyŏl) de cette énergie et d’y établir le temple de la ville. Par ailleurs, le schéma idéal d’un site se résume à la localisation de la montagne principale au nord ou à l’arrière (chusan) pour protéger des vents rigoureux, de deux montagnes embrassant les côtés est et ouest et la plus petite montagne au sud. Le centre étant une vallée parcourue par une rivière dont l’eau ne doit pas circuler trop rapidement pour que l’énergie reste.

Image 3 d’un site géomantique idéal L’analyse de ces critères et de la situation géographique de la ville de Ganghwa laisse effectivement croire que le site a été choisi pour son potentiel géomantique, tout comme l’a été la capitale, Séoul. L’image cinq montre un plan de la ville en 1866 et montre très clairement la situation des collines, la vallée parcourue par la rivière et l’établissement du centre de la ville au point culminant. Outre l’ancienne symbolique de cet art, le p’ungsu reste une pratique

4 Bong-ryol, Kim, Natural perspective revealed in traditional Korean architecture, Koreana automne 1999 volume 13 numéro 3, 4 pages

ancrée sur des valeurs humaines de bien-être et d’harmonisation à la nature et influencée par les éléments surtout climatiques.

Image 4 du site géomantique de Séoul Image 5 Plan de Ganghwa en 1866 de la marine française montrant le site et son potentiel géomantique

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Le plan de la ville Le maillage est le tracé de la voirie. Il permet de comprendre la hiérarchisation des voies et comment elles irriguent les différents secteurs de la ville et sa périphérie; mais bien plus encore. Porteuse de sens, cette structure urbaine raconte en quelque sorte l’histoire de la ville puisqu’il est un élément d’inertie des plus durables dans le temps. L’histoire se raconte lorsque nous superposons des cartes historiques aux plans les plus récents et que les tracés passés apparaissent.

Image 6 montrant le maillage en négatif Ce que révèle le maillage de Ganghwa est qu’il n’y a pas eu d’organisation à grande échelle ou de plan d’urbanisme. On pourrait le qualifier de maillage organique ou de plan spontané. 5 Même si, à première vue, les voies semblent désorganisées, elles peuvent être analysées à plusieurs niveaux et peuvent démontrer qu’il y a une logique derrière toute structure. Premièrement, les contraintes du site sont un facteur d’organisation et la topographie du site en témoigne. Dans ce cas-ci, si nous superposons le plan de la ville fait par le Dépôt des cartes et Plans de la marine française en 1866 sur le plan d’urbanisme actuel, nous pouvons voir le tracé des routes principales

5 Allain, Rémy, Morphologie urbaine : géographie, aménagement et architecture de la ville, Armand Collin, Collection U, Paris, 2004, page 70.

qui s’est perpétué dans le temps. Or, les routes qui mènent aux portes de la ville ont été vraisemblablement adaptées aux courbes de niveaux en les suivant parallèlement, mais aussi en évitant les pentes plus fortes en construisant dans le creux des vallées. De ce fait, elles sont sinueuses, mais tout de même directes.

Image 7 montrant la logique des potentiels et contraintes du site et la logique de centralité et convergence

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La rivière a été un élément servant de guide à la construction du chemin allant de la porte est à la porte ouest. On remarque que les tracés de la rivière et du chemin se suivent fidèlement sur presque la totalité du parcours. En fait, cela devait avoir une importance capitale pour l’accès à l’eau des villageois lors des siècles passés. Maintenant, on ne peut en dire autant puisque la route a été reconstruite par-dessus la rivière sous une forme de boulevard. C’est ce qu’on nomme : un tracé de substitution.6 Le débit de la rivière a été du même coup réduit par la construction d’un réservoir à l’ouest de Ganghwa. D’autre part, la logique de la centralité-convergence dirige les chemins principaux vers le temple et la place centrale qui se trouvent au pied de la colline du nord. 7 Aujourd’hui, la route qui mène au temple s’y trouve toujours quoique le tracé se soit redressé ce qui permet une plus grande profondeur dans le champ visuel en opposition avec le maillage de détail. Dans un même sens, les portes de la ville produisent le même effet de convergence des routes qui autrefois les franchissaient, mais aujourd’hui les contournent à cause d’un élargissement de la chaussée pour répondre au débit de circulation et de la hauteur des véhicules. Bref, ces voies plus larges structurent l’espace et assurent la liaison entre les édifices traditionnels et les portes. Après avoir reconnu les axes de circulation principaux, on peut remarquer deux autres niveaux de voies qui assurent l’irrigation vers les routes principales et une desserte locale, soit les rues secondaires et les ruelles ou les impasses qui desservent seulement quelques parcelles. C’est le maillage de détail. D’abord, les rues secondaires servent à connecter les quartiers aux axes principaux. Elles prennent une forme irrégulière qui varie entre les courbes, les angles et les droites. Ensuite, généralement très irrégulières en largeur et en longueur, les ruelles sont une succession de courbes et de petits segments qui se faufilent entre les parcelles pour rejoindre

6 Allain, Rémy, Morphologie urbaine : géographie, aménagement et architecture de la ville, Armand Collin, Collection U, Paris, 2004, page 86. 7 idem.

une rue secondaire ou un axe principal. Par ailleurs, le maillage tend à être plus complexe et dense dans les anciennes parties où les premières habitations se sont construites, par exemple, le périmètre au sud du palais. Ainsi, on voit le nombre d’impasses et de ruelles augmenter dans ce secteur. En quelque sorte, on peut affirmer que

Image 8 montrant le maillage du périmètre au sud du palais cette complexité est le résultat d’une construction progressive et entrelacée à partir d’actes plus ou moins coordonnés, selon la logique du terrain. Quelques différences sont observables dans les zones où il y avait de l’agriculture et où celle-ci subsiste encore.

Image 9 montrant le maillage d’une zone agricole et quelques parcelles résidentielles

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Les rues sont moins nombreuses, elles sont construites en marge des cultures et ne se connectent pas nécessairement à chaque parcelle. C’est-à-dire que les travailleurs doivent marcher dans les rangs des cultures pour se rendre à certaines d’entre elles. De l’autre côté des collines, où le territoire est plat et étendu, on a uniformisé les parcelles agricoles en de vastes surfaces rectangulaires de cent mètres de longueur et variant de quelques dizaines de mètres en largeur. Le maillage a été, lui aussi, uniformisé et prend une forme très régulière par un tracé nord-sud et ne se relie pas d’est en ouest. Cette systématisation est le résultat d’un désir de production à grande échelle et d’uniformisation. Enfin, les tracés plus récents de la périphérie sont plus étendus puisqu’ils répondent à un autre type d’urbanisation et d’architecture. Ainsi, les constructions sont de type pavillonnaire, souvent en milieu de parcelle, occupent plus d’espaces au sol, avec stationnements tout autour et en retrait de la route. C’est le domaine de l’automobile qui se dessine, donc le tracé piétonnier, impasses et ruelles, disparaît. En somme, le maillage est une structure qui répond tant à l’occupation du sol qu’à l’histoire et permet certainement de créer des atmosphères qui seront discutées plus en aval.

Image 10 montrant le maillage agricole en périphérie de Ganghwa De la maille à la parcelle

« À la logique réticulaire du maillage, support de flux, se superpose une logique aréolaire, de surfaces dont l’organisation conditionne l’aspect du tissu. Mailles et îlots sont le négatif du maillage. Ils accueillent différents types d’usage du sol qu’ils peuvent conditionner. Ils sont découpés en parcelles de propriétés qui sont en général redivisées en lots et parcelles, unités élémentaires et supports des constructions ». 8 De manière globale, les mailles suivent la même règle que le maillage selon que plus nous nous éloignons du centre de Ganghwa, soit les anciennes parties, les mailles s’agrandissent et le parcellaire aussi. Cette observation est due au fait que la périphérie récente se construit : à une époque où l’automobile est le moyen de transport privilégié, où l’occupation du sol devient plus extensive et sur un parcellaire d’origine agricole. Ainsi, la croissance de la ville se fait par étalement, contrairement à l’ancienne ville qui avait tendance à se densifier par un processus de division des parcelles et de rester à l’intérieur des remparts. En fait, plusieurs mailles périurbaines sont une combinaison d’usage agricole, résidentiel, commercial ou industriel et on y trouve même des friches et des boisés. Elles peuvent atteindre quelques centaines de mètres de côté alors que celles dans l’ancienne ville se limitent à moins de cent mètres. Dans le même ordre, le parcellaire peut atteindre presque cent mètres de côté et de 15 à 30 mètres dans l’ancienne partie.

Image 11 montrant une maille et le parcellaire en périphérie de Ganghwa

8 Allain, Rémy, Morphologie urbaine : géographie, aménagement et architecture de la ville, Armand Collin, Collection U, Paris, 2004, page 93.

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Par ailleurs, le fait que plusieurs bâtiments traditionnels ont été conservés n’a pas engendré de découpage secondaire dans le parcellaire. Ils sont considérés comme des éléments d’inertie pour leur immuabilité. Pour certaines parcelles, on peut voir qu’elles ont été divisées géométriquement en micro-parcelles et irriguées par des ruelles probablement afin de satisfaire une demande d’habitations. Ce processus récent est défini par un tracé géométrique qui permet une meilleure utilisation de la surface.

Image 12 montrant les parcelles du palais qui sont des éléments d’inertie

Image 13 montrant un découpage secondaire du parcellaire

D’autre part, là où la ville se fait plus dense, on observe la formation d’îlots au lieu de mailles. Or, l’îlot s’exprime différemment de la maille, il est « l’addition de parcelles qui s’ouvrent à l’extérieur sur des rues différentes et s’assemblent au centre sur une limite

commune ».9 Il a sans aucun doute une connotation plus urbaine, puisque son rapport à la rue et aux parcelles est très rapproché. De plus, ils sont du type ouvert puisque la plupart du temps il est possible de voir à l’intérieur par l’entremise d’une ruelle, d’un interstice ou d’un porche. Puisque les parcelles ont des formes très irrégulières, il reste souvent des espaces résiduels à l’intérieur des îlots. Les habitants s’en servent comme passage, mais aussi comme stationnement, petits jardins, débarras et espaces pour étendre le linge. Ce type d’urbanisation est dans un registre très familier, où les gens se côtoient et y vivent leur quotidien dans la simplicité.

Image 14 montrant trois îlots

La trame agraire traditionnelle a eu une grande influence sur la forme du parcellaire, des mailles et du maillage. Au départ, la forme des rizières s’adaptait à la topographie et modelait les pentes pour créer des terrasses. Les routes et les chemins étaient construits parallèlement à la pente pour résister à l’érosion. Or, avec l’urbanisation progressive, les parcelles d’usage agricole ont été morcelées en parcelles de propriétés et ont gardé ces caractéristiques. L’héritage du parcellaire agraire est avantageux au niveau du paysage parce qu’il conserve un caractère traditionnel et familier. De manière générale, il évoque l’histoire des classes sociales et de leur rapport avec l’espace.

9 Mangin et Panerai (1999)

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Le nouveau plan d’urbanisme Une proposition de réorganisation urbanistique est actuellement projetée pour la ville de Ganghwa. Dans les faits, le plan d’urbanisme montre un projet de grande envergure qui se base sur le principe de la table rase. Il se décrit comme une surimposition d’une trame orthogonale relativement régulière et une sectorisation des usages du sol de façon homogène. La différenciation des secteurs prend pour assise la topographie et le milieu naturel, les secteurs résidentiels actuels, les bâtiments importants, les écoles et les axes routiers principaux. Ainsi, la chaîne de collines incluant le rempart ceinturant la ville serait préservée comme aire de parc. Ce serait ni plus ni moins l’aménagement d’une ceinture verte qui serait probablement non-constructible puisque le nouveau maillage ne s’y étend pas. Par contre, il n’est pas dit ce qui se passerait avec les constructions qui sont actuellement à l’intérieur de cette zone. Or, la création de cette ceinture verte serait un gain avantageux pour la récupération de bandes vertes d’une cinquantaine de mètres de large aux portes est, ouest et sud. En effet, à ces endroits, le rempart a été démoli laissant place à une expansion urbaine et isolant les portes comme des monuments séparés. En ce sens, il semble

Image 15 montrant la ceinture verte à l’endroit du rempart et en blanc une école

qu’une intervention de mise en valeur du tracé du rempart serait projetée. Ensuite, les zones agricoles actuelles seraient désignées comme des aires de verdure naturelles; une appellation générale qui

est peu explicite sur le type d’intervention. Elles pourraient faire place à un reboisement, à un laisser-aller ou à un aménagement touristique, par exemple. Par ailleurs, la zone agricole serait relayée aux limites sud-ouest de la ville, là où il y a présentement une production à grande échelle sur une trame agraire uniformisée. Tout

Image 16 du plan d’urbanisme proposé

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près de cette zone, quatre mailles destinées à un usage semi manufacturier et connectées aux axes autoroutiers majeurs et une zone résidentielle qui pourrait servir de bassin d’ouvriers agricoles et manufacturiers. Les zones à l’intérieur des collines seraient consolidées à des usages strictement résidentiel, commercial et institutionnel. Le dernier étant les écoles qui sont présentement en place, donc peu de changements si ce n’est que la redéfinition des limites de la maille par le maillage. Ensuite, le secteur commercial serait concentré le long du boulevard superposé à la rivière. Ce serait le centre économique de la ville. Enfin, le résidentiel occuperait la surface actuelle, mais en étant restructuré par un nouveau maillage.

Image 17 montrant un agrandissement des axes de circulation périphériques et de la zone manufacturière et agricole

La restructuration proposée du maillage semble s’inspirer d’un plan hygiéniste. Ce type d’urbanisme favorise une circulation fluide de l’automobile, des flux économiques, mais aussi assure l’aération et la pénétration de la lumière. C’est le sens pragmatique qui prime dans ce genre d’intervention. Cela pourrait être une décision en réaction à l’urbanisation non planifiée, très complexe et même contraignante effectuée sur une très longue période. En effet, les intentions de faire de la ville de Ganghwa un pôle culturel et historique à proximité de Séoul et d’en modifier l’image pour répondre à une clientèle touristique sont plausibles. Toutefois, cela implique des changements d’importance dans la base du tissu constructif de la ville. Le retraçage du maillage implique la formation implicite de nouveaux îlots variant d’une superficie d’un demi-hectare à un hectare et demie en moyenne. Quant à la géométrie de ceux-ci, ils

sont généralement rectangulaires et triangulaires en fonction de l’adaptation à la trame existante.

Image 18 du maillage surimposé sur l’ancienne trame

La composition même de ces îlots est laissée en suspens et le remaniement du parcellaire aussi. Le parcellaire, s’il est vu comme une contrainte, peut être complètement refait pour s’assurer d’une division efficace dans la nouvelle trame. Hypothétiquement, les îlots pourraient prendre une forme fermée, avec des façades urbaines continues et un espace intérieur privé, mais aussi ouverte et reliée par un système piétonnier connectant les îlots entre eux, ou encore complètement bâti. Même que le concept d’îlot pourrait ne pas être adopté dans le cas où des mégastructures comme les tanji seraient construites sur un espace libre ayant peu de lien avec la rue. En somme, le plan d’urbanisme présenté est en rupture relativement partielle avec l’existant. Ceci génèrerait toute une gamme d’ambiances et de paysages différents selon le mode de division du parcellaire, mais surtout du type d’architecture préconisée. Ainsi, la division orthogonale permettrait la perspective et un effet de monumentalisation de l’espace dû à un long parcours rectiligne. De plus, il est évident que l’automobile aura une place beaucoup plus importante et qu’elle apportera un flux économique plus important qui se traduirait par une hausse de la valeur foncière dans tous les secteurs. Ceci pourrait résulter dans la construction en hauteur afin de rentabiliser chaque parcelle. La fluidité de la circulation permettrait aussi une hausse de la vitesse et, par conséquent, une autre expérience spatiale que le tracé organique actuel n’offre pas.

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Tissu constructif Le tissu constructif est la valeur tridimensionnelle de la ville sous la forme de pleins et de sa contrepartie de vides. Les pleins sont les constructions résidentielles, industrielles, commerciales et fonctionnelles autant du domaine public que privé. Les vides constituent les espaces non édifiés, c’est-à-dire les parcs, les jardins, les places, la voirie, les stationnements et les friches. Même s’ils résultent d’actions individuelles, les pleins et les vides sont en rapport constant entre eux. Dans cette optique, leur proximité et leur rapport à la rue créent un espace dit urbain qu’on peut qualifier. Cette partie permettra de déterminer les grandes caractéristiques du tissu constructif. D’abord, il convient de faire ressortir les types de bâti traditionnels et contemporains pour permettre une meilleure compréhension lorsqu’il sera question de qualifier le tissu constructif dans une perspective d’ensemble. En premier lieu, l’architecture traditionnelle coréenne. On retrouve quelques bâtiments d’importance bien conservés comme c’est le cas pour le palais Goryeo, les portes de la ville et un pont qui est partie intégrante du rempart. Il y a également quelques maisons traditionnelles, nommées hanak, qui ont été altérées à divers degrés et qui se mêlent aux autres styles. Par ailleurs, le palais fut occupé par la royauté suite aux agressions mongoles de 1231 durant la période Goryeo et un palais temporaire fut érigé pour le roi Injo sous la dynastie Joseon. 10

10 Korean cultural heritage 1, Sigong Tech Co., Ltd. And Korea Visuals Co., Ltd., Seoul, 2003, page 54.

Image 19 de l’entrée du palais Goryeo L’architecture traditionnelle : l’hanak La lecture de l’architecture autant traditionnelle que contemporaine se fera sur une base commune de quelques clés qui permettront de mettre en relief les caractéristiques de chacune. Donc, la masse, le plan, le nombre de façades ainsi que le gabarit-enveloppe et le système constructif seront les éléments clés de lecture et seront traités de façon non linéaire. 11 En premier lieu, le concept de stabilité visuelle caractérise le bâtiment traditionnel coréen. 12 Ça se traduit autant dans la disposition des bâtiments sur une surface donnée, mais surtout dans la composition de la structure. Ainsi, une stabilité visuelle est synonyme de stabilité structurelle. La construction de bâtiments traditionnels doit être suffisamment solide pour résister aux tempêtes et aux tremblements de terre qui sont 11 Allain, Rémy, Morphologie urbaine : géographie, aménagement et architecture de la ville, Armand Collin, Collection U, Paris, 2004, page 122 et 123. 12 Bong-ryol, Kim, Aesthetics of korean architecture : the concept of visual stability, koreana, autumn 1998, volume 12, numéro 3, 3 pages.

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choses courantes en Corée. Toutefois, le matériau utilisé est le bois de pin coréen qui est très irrégulier dans sa forme en comparaison avec le pin canadien. Le menuisier coréen doit adapter chaque construction au bois disponible et assurer la stabilité de la structure. Toute la grâce d’un tel bâtiment s’exprime avant tout par les avant-toits recourbés vers le haut qui sont caractéristiques de l’architecture coréenne. Cette forme est avant tout adaptée au climat coréen puisqu’elle permet, en hiver, de laisser pénétrer les rayons de soleil et bloque les rayons estivaux. Aussi, plus les précipitations sont fortes, plus les avant-toits sont longs pour ne pas laisser la pluie toucher le bois sensible à l’humidité.

Image 20 d’une maison traditionnelle Or, l’emploi de la ligne droite n’est pas de mise parce que l’artisan coréen n’aime pas suivre les règles établies puisqu’il s’évertue à créer avec une grande sensibilité. Ce trait de caractère se retrouve également dans la flexibilité du plan. Par conséquent, il peut varier infiniment, mais il doit d’abord s’adapter aux conditions environnementales comme la géomancie le démontrait. Les formes

pouvaient être construites en U, en L, rectangulaires et carrées sur un espace intérieur et comportaient toujours quatre façades. Pour ce qui est du nombre d’étages des bâtiments, les règles géomantiques de la construction architecturale ne permettaient pas d’édifier en hauteur. La raison est dans la relation des proportions et de l’unicité des montagnes du site choisi. Ainsi, Tosŏn, géomancien de renom, affirmait : « à montagnes rares conviennent les hauts bâtiments, à montagnes nombreuses les bâtiments plats, car les montagnes nombreuses sont yang et les hauts bâtiments aussi tandis que les montagnes rares sont yin comme les bâtiments plats ». 13 D’autre part, l’intérieur est organisé par des piliers disposés selon une échelle humaine et cela crée du même coup des pièces ou des modules. 14 Par exemple, si la taille moyenne des Coréens est de 1,5 mètre et de 0,8 mètre lorsque assis, la somme fait 2,3 mètres et ce qui équivaut à la distance des murs par rapport à la personne au centre de la pièce et à la hauteur du toit. Ces dimensions s’accroissent proportionnellement lorsque les pièces sont de dimensions supérieures. Par ailleurs, les pièces s’adaptent à des besoins fonctionnels et permettent avant tout une circulation fluide et naturelle d’un espace à l’autre. Les murs servent à partitionner l’espace, mais ne le divise pas. Ainsi, l’espace fait partie d’un tout. 15 Ce même concept se reflète également dans la relation intérieure et extérieure qui implique une transparence des limites. Même qu’une interprétation suggère que tout l’espace qui est utilisé pour vivre est considéré comme l’intérieur.16 Enfin, les particularités du système constructif de l’hanak personnalisent ce type de bâtiment et lui donnent tout son sens en termes d’adaptation à son environnement. Le système de chauffage comme l’ondol permet un confort climatique dans les régions plus 13 Magouin, Francis, Pavillons et monastères de la Corée ancienne, Éditions Findakly Patrimoines d’orient, Paris, 1998, page 30 et 31. 14 In-cheurl, Kim, Heritage in architecture, koreana, autumn 1989, volume 3, numéro 3, page 1. 15 Idem. 16 Young-hoon, Shin, The function and beauty of the traditional Korean house, koreana, winter 1988, volume 2, numéro 4, page 4.

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froides de la Corée, mais il est aussi esthétique. L’ondol est le chauffage de l’air par convection par l’entremise de conduits sous le plancher où l’on fait brûler du bois dans un four. L’air chaud monte et l’air froid descend pour être réchauffé et les fumées s’échappent par la cheminée qui peut être attachée au bâtiment ou dans la cour. Un autre système, le maru, est une pièce dont le plancher de bois et les murs inexistants servaient à rafraîchir les occupants durant l’été dans les régions plus chaudes. Toutefois, l’évolution de l’hanak permet la combinaison de ces deux systèmes dans les régions méridionales de la Corée.

Image 21 du système de chauffage appelé ondol Les bâtiments récents Dans ce thème, sont regroupées les constructions qui ont eu lieu après la première moitié du 20e siècle, soit quand la Corée du Sud a débuté un processus d’occidentalisation. En effet, les mouvements d’architecture comme le style international, ont eu une grande influence dans les techniques de construction et surtout dans la façon de construire les bâtiments et l’urbanisation. Des matériaux nouveaux et une production industrialisée de ceux-ci ont amené des changements importants dans le paysage urbain. Notamment à Séoul, avec des bâtiments d’habitation en forme de barres appelées tanji. Cette vague occidentaliste a eu des échos également à

Ganghwa, où les nouveaux matériaux comme le béton, le métal, le verre ont été utilisés pour toute construction et aussi pour transformer plusieurs bâtiments traditionnels. Ces modifications sont pour la plupart du temps dans le but de faire des économies d’argent et de temps, mais aussi parce que la ressource forestière devient plus rare pour des techniques traditionnelles. Par ailleurs, le type de construction résidentielle retrouvé majoritairement dans la ville de Ganghwa peut être qualifié de vernaculaire. On nomme ainsi une

Image 22 d’une construction vernaculaire habitation populaire locale lorsqu’elle est construite par le peuple et pour le peuple sans l’aide de professionnels spécialisés, comme un architecte, ni selon la réglementation régissant le bâtiment. 17 À première vue, ce genre de bâtiment demeure hétérogène quant à l’apparence qu’il prend. Or, il y a des caractéristiques communes dans la forme et le système constructif qui permettent d’identifier des

17 Mazumdar, Sanjoy, The encyclopedia of housing, Willem van Vliet, California, 1998, page 622.

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types. D’abord, le bâtiment urbain de plain-pied avec une ou deux façades donnant sur la rue et sur un espace intérieur comme une ruelle ou une cour. Habituellement, elle est basse, avec un toit en pente, inspiré ou non d’une toiture traditionnelle faite de tuile; une porte dans le mur de façade et de petites fenêtres. De facture très simple et construite avec des matériaux économiques comme la brique ou avec un fini cimenté, elle est l’unité la plus petite. Ensuite, il y a le bâtiment étagé à trois ou quatre façades. Le toit est généralement plat avec un accès fonctionnel et ceinturé d’une rambarde ou un avant-toit en pente. Il a une série de fenêtres plus ou moins carrées intercalées de façon régulière sur au moins deux façades. Toutefois le système de répartition des pièces est inconnu, mais on peut penser qu’il soit un hybride du système coréen et occidental. À partir de ces types, il y a plusieurs variations possibles, entre autres le bâtiment étagé dont le rez-de-chaussée est occupé par un commerce et vitré en grande partie sur la façade à la rue. Encore, le bâtiment étagé peut avoir des balcons individuels ou continus sur plusieurs façades. D’une façon globale, c’est l’utilisation des matériaux et leurs propriétés qui donnent le caractère aux bâtiments. On remarque souvent une imitation du style de toit traditionnel fait de tuiles colorées, bleues ou orange, ou encore des bâtiments cimentés peints d’une couleur pâle. Le skyline D’abord d’un point de vue d’ensemble, le skyline, ou bien la ligne des toits permet de saisir la verticalité de la ville dans son contexte environnant. De plus, cet angle de vue nous permet d’amorcer des hypothèses sur le dynamisme socioéconomique, sur les règlements d’urbanisme ainsi que les traditions architecturales. Par l’analyse des photos, il nous est aisé de reconnaître que le profil de la ville est bas, puisqu’il se limite en majorité par des édifices d’un ou deux étages et en proportion moindre par des blocs de trois et quatre étages et finalement peu atteignent plus de six étages. Les plus grands bâtiments semblent être des édifices religieux chrétiens qui font office de point repère de par leur stature, mais aussi par leurs croix dominantes. Nous constatons effectivement que les toitures des bâtiments traditionnels sont peu visibles de l’horizon à cause de la coutume géomantique de ne pas construire en hauteur. La répartition

horizontale des édifices dominants est irrégulière, quoiqu’il semble avoir une plus grande densité près du boulevard qui augmente la valeur foncière. Le profil bas et parsemé de Ganghwa pose plusieurs avantages face à son environnement. En effet, il est toujours possible à quelques places dans la ville d’avoir une vue sur les collines qui la ceinturent, ce qui facilite notamment l’orientation. Or, quand on est dans les collines, on peut avoir une vue d’ensemble, sans obstacle.

Image 23 montrant la ligne des toits Les ensembles urbains Bien que la ville soit un processus d’actes individuels, il existe des systèmes qui ont une influence sur la morphologie du tissu. Par exemple, l’avancement technologique, le dynamisme économique, les traditions, la culture et même les axes routiers permettent de créer des ensembles urbains homogènes. Dans ce cas, le boulevard principal qui traverse d’est en ouest le territoire de Ganghwa permet une densification du bâti au niveau de son emprise au sol et de son taux d’occupation. Cependant, elle s’estompe rapidement lorsqu’on

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quitte le centre de la ville. Le manque de cohérence dans le gabarit des bâtis, les vides résiduels, les stationnements sont les éléments qui interrompent le tissu constructif. La périphérie est la plus marquée par ce phénomène parce qu’elle prend du terrain sur un territoire plus vaste, majoritairement agricole. De plus, la valeur foncière des terres agricoles est inférieure à celle d’une parcelle urbaine desservie par une gamme de service, donc cela encourage à consommer plus de surface au détriment de bâtir en verticalité. Ainsi, on remarque que les établissements périurbains sont au centre de la parcelle, plutôt de type pavillonnaire avec stationnements et des reculements plus importants en relation à la rue. En résultante, il devient difficile de parler d’urbanité face à ce type de tissu distendu.

Image 24 montrant le type d’établissement pavillonnaire en périphérie À l’opposé, les quartiers situés dans la partie la plus ancienne, juste au sud du temple et au sud du boulevard, sont caractérisés par un tissu traditionnel, plus organique et à l’architecture vernaculaire. Il y a dans ces quartiers majoritairement résidentiels une certaine homogénéité dans le gabarit des bâtiments et dans leur emprise au

sol. Le type de bâti est adapté à une quantité de couches historiques superposées. Ainsi, passant d’un village agricole où les déplacements se faisaient à pied en majeure partie, la proximité des bâtiments et des fonctions étaient de mise. Les ensembles dont l’urbanisation est plus ancienne sont caractérisés par la proximité du bâti. Ainsi, la répétition et la juxtaposition des unités bâties permettent de créer une façade urbaine. De cet agencement, chacun des bâtiments participent à l’ensemble en lui donnant un sens et permettent une lecture révélant l’histoire des événements qui l’ont engendré. Les éléments comme l’alignement du bâti, les retraits, la forme architecturale et ses détails sont autant de pistes d’analyses qui mènent vers la compréhension du processus. On retrouve à Ganghwa, des façades urbaines hétérogènes parce que les bâtis sont de styles et de types différents. Par exemple, on observe sur l’une des photos une alternance de bâtiments étagés dont le rez-de-chaussée est commercial et vitré sur la façade et des maisons plain-pied typiques. Sur une autre photo, deux bâtiments très différents se côtoient; l’un est traditionnel, mais altéré par des rénovations et des matériaux récents et l’autre a été construit dans les dernières décennies et a une facture fonctionnelle et une utilité commerciale.

Image 25 montrant une façade urbaine

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Sources des photos et image Image de la page couverture : : © Philippe Poullaouec-Gonidec – Balisage photographique Ganghwa (République de Corée) 2007. Image 1 : Allain, Rémy, Morphologie urbaine : géographie, aménagement et architecture de la ville, Armand Collin, Collection U, Paris, 2004, page 15. Image 2 : fond d’image google earth, modifications : David Valiquette Image 3 : Korean cultural heritage 1, Sigong Tech Co., Ltd. And Korea Visuals Co., Ltd., Seoul, 2003. Image 4 : http://koreankaupungit.blogsome.com/category/luennot/ Image 5 : © Philippe Poullaouec-Gonidec – Balisage photographique Ganghwa (République de Corée) 2007. Image 6 : © Philippe Poullaouec-Gonidec – Balisage photographique Ganghwa (République de Corée) 2007; modifications : David Valiquette Image 7 : © Philippe Poullaouec-Gonidec – Balisage photographique Ganghwa (République de Corée) 2007; modifications : David Valiquette Image 8 : © Philippe Poullaouec-Gonidec – Balisage photographique Ganghwa (République de Corée) 2007; modifications : David Valiquette Image 9 : © Philippe Poullaouec-Gonidec – Balisage photographique Ganghwa (République de Corée) 2007; modifications : David Valiquette Image 10 : © Philippe Poullaouec-Gonidec – Balisage photographique Ganghwa (République de Corée) 2007; modifications : David Valiquette Image 11 : © Philippe Poullaouec-Gonidec – Balisage photographique Ganghwa (République de Corée) 2007; modifications : David Valiquette Image 12 : © Philippe Poullaouec-Gonidec – Balisage photographique Ganghwa (République de Corée) 2007; modifications : David Valiquette Image 13 : © Philippe Poullaouec-Gonidec – Balisage photographique Ganghwa (République de Corée) 2007; modifications : David Valiquette Image 14 : © Philippe Poullaouec-Gonidec – Balisage photographique Ganghwa (République de Corée) 2007; modifications : David Valiquette Image 15 : © Philippe Poullaouec-Gonidec – Balisage photographique Ganghwa (République de Corée) 2007; modifications : David Valiquette Image 16 : © Philippe Poullaouec-Gonidec – Balisage photographique Ganghwa (République de Corée) 2007. Image 17 : © Philippe Poullaouec-Gonidec – Balisage photographique Ganghwa (République de Corée) 2007; modifications : David Valiquette Image 18 : © Philippe Poullaouec-Gonidec – Balisage photographique Ganghwa (République de Corée) 2007; modifications : David Valiquette

Image 19 : © Philippe Poullaouec-Gonidec – Balisage photographique Ganghwa (République de Corée) 2007. Image 20 : © Philippe Poullaouec-Gonidec – Balisage photographique Ganghwa (République de Corée) 2007. Image 21 : Korean cultural heritage 1, Sigong Tech Co., Ltd. And Korea Visuals Co., Ltd., Seoul, 2003, 311 pages. Image 22 : © Philippe Poullaouec-Gonidec – Balisage photographique Ganghwa (République de Corée) 2007. Image 23 : © Philippe Poullaouec-Gonidec – Balisage photographique Ganghwa (République de Corée) 2007. Image 24 : © Philippe Poullaouec-Gonidec – Balisage photographique Ganghwa (République de Corée) 2007. Image 25 : © Philippe Poullaouec-Gonidec – Balisage photographique Ganghwa (République de Corée) 2007. Bibliographie Livres Allain, Rémy, Morphologie urbaine : géographie, aménagement et architecture de la ville, Armand Collin, Collection U, Paris, 2004, 254 pages. Magouin, Francis, Pavillons et monastères de la Corée ancienne, Éditions Findakly Patrimoines d’orient, Paris, 1998, 230 pages. Korean cultural heritage 1, Sigong Tech Co., Ltd. And Korea Visuals Co., Ltd., Seoul, 2003, 311 pages. Mazumdar, Sanjoy, The encyclopedia of housing, Willem van Vliet, California, 1998. Mangin et Panerai (1999) Articles Bong-ryol, Kim, Natural perspective revealed in traditional Korean architecture, Koreana automne 1999 volume 13 numéro 3, 4 pages.

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Bong-ryol, Kim, Aesthetics of korean architecture : the concept of visual stability, koreana, autumn 1998, volume 12, numéro 3, 3 pages. In-cheurl, Kim, Heritage in architecture, koreana, autumn 1989, volume 3, numéro 3, 2 pages. Young-hoon, Shin, The function and beauty of the traditional Korean house, koreana, winter 1988, volume 2, numéro 4, page 4. Sites web Sujet : Page d’images de la Corée du sud http://www.quid.fr/monde.html?zoom=1&nbphot=9&iso=kr&mode=detail&style=photo Sujet : Bref historique de l’architecture coréenne http://nongae.gsnu.ac.kr/~mirkoh/ob1.html Sujet : Page de la revue Koreana, Arts et culture de la Corée http://www.koreana.or.kr/ Sujet : Les six étapes d’un projet de recherche http://www.ebsi.umontreal.ca/jetrouve/projet/index.htm Sujet : Site du palais Goryeo http://www.lifeinkorea.com/travel2/inchon/287 Sujet : Site de la ville de Ganghwa http://english.ganghwa.incheon.kr/