Carlat

Embed Size (px)

DESCRIPTION

source : http://cantal.liens.free.fr/V2-histoire.php

Citation preview

Universit de Toulouse II Le Mirail

Le Carladez de lAntiquit au XIIIe sicleTerroirs, hommes et pouvoirs

Thse de doctorat Nouveau rgime Prsente par Jean-Luc Boudartchouk Sous la direction de Monsieur le Professeur Pierre Bonnassie Toulouse, 1998 [extrait du manuscrit en 6 tomes prsent lors de la soutenance]

Avant-propos et remerciements

A l'issue d'un travail dbut en novembre 1989 faisant suite une recherche prliminaire effectue l'anne prcdente, que dire de ces dix annes ? Ce laps de temps a permis une volution de notre perspective de recherche, d' une histoire du peuplement vers une histoire globale de la vicomt et du pays de Carlat. Ceci dit, ma gratitude va tout d'abord au professeur Pierre Bonnassie qui a assur la direction de cette thse, alliant comme dans ses travaux rigueur et humanit. Je remercie galement le professeur Grard Pradali qui m'a fait profiter de son exprience du terrain et de sa sagacit ; le professeur Gabriel Fournier de son amical et efficace soutien. Les Services Archologiques de Midi-Pyrnes et d'Auvergne qui m'ont permis de consulter leurs archives ; le muse Jean-Baptiste Rames Aurillac ; les services des Archives Dpartementales du Cantal et de l'Aveyron, les Archives du Palais de Monaco o le travail a t particulirement facile et agrable. Les associations d'archologues du Cantal : Association pour l'Etude de la Chtaigneraie Cantalienne, Groupe de Recherches Historiques et Archologiques de la Valle de la Sumne. Les nombreux chercheurs en histoire locale du Carladez et du Barrez. Mes amis, archologues, historiens, amis de toujours, ma familia et en particulier ma femme, Sandrine, pour beaucoup.

INTRODUCTION

Les cadres de l'tude Le cadre territorial Ce qui fut le Carladez mdival s'tend aujourd'hui cheval sur les dpartements du Cantal (rgion Auvergne) et de l'Aveyron (rgion Midi-Pyrnes). Il se dveloppe essentiellement dans le centre et le sudouest du Cantal (cantons de Murat, Vic-sur-Cre, Aurillac, Maurs, Montsalvy, Saint-Mamet, Laroquebrou) et occupe l'extrmit nord-ouest de l'Aveyron (cantons de Mur-de-Barrez et Entraygues), soit 84 communes actuelles, 75 en Auvergne et 9 en Rouergue. Ce territoire d'un seul tenant, comme le notait M. Boule (H.V.C. II-XIX sq.) "ne correspond nullement une rgion naturelle du Cantal (...) de sorte que la constitution gologique du Carladez est aussi varie que celle du Cantal lui-mme. Tandis que les hautes montagnes sont d'origine volcanique, les parties basses sont formes de granites, de schistes et autres roches cristallines. Entre ces deux grandes divisions, une zone intermdiaire montre des affleurements de roches sdimentaires, argile, marnes et calcaires". Cette diversit de la zone tudie nous a conduit mener notre tude en tenant compte des spcificits de chacun de ces trois principaux terroirs, dont nous allons rappeler ici les caractristiques principales d'un point de vue de gographie physique puis de gographie humaine. Elments de gographie physique 1 - Les hautes terres du Carladez : rgion de Dienne et du Plomb du Cantal (communes de Laveissire, Dienne, Lavigerie, Chastel-sur-Murat). Les hautes valles glaciaires de l'Allagnon et de la Santoire convergnent vers le Plomb du Cantal (alt. 1855 m) et le Puy Griou (alt. 1690 m). Les altitudes sont importantes et vont croissant vers l'ancien volcan cantalien : elles sont la plupart du temps suprieures 1000 m en fond de valle, alors que les crtes latrales se situent entre 1300 et 1500 m. Les deux valles se terminent au pied des crtes par des cirques domins par des cols peu pratiquables qui permettent de joindre, par-del le volcan central, la valle de la Cre l'Allagnon et celle de la Santoire la Jordanne. D'une manire gnrale le cratre d'effondrement du volcan cantalien constitue un vritable verrou, tous points de vue. A ce relief glaciaire correspond un sol exclusivement volcanique, issu des diffrentes phases de fonctionnement du volcan cantalien, puis de l'activit glaciaire. Le paysage est parsem de coules mais aussi de necks basaltiques, notamment autour de Murat, qui sont des chemines tronques par l'rosion. L'action des glaciers a tapiss la brche volcanique d'un manteau de dpts morainiques complexes. La vgtation est caractristique de l'tage montagnard froid (on rencontre le htre et surtout le sapin) jusqu' une altitude de 1300 1400 m, au-del de laquelle se dveloppent la lande et la pelouse montagnarde. Enfin le climat montagnard (versant nord) est trs inhospitalier, avec un enneigement important et persistant associ des tempratures trs rigoureuses.

1 Pour plus de dtail l'on pourra se rapporter : C.A.G. 15 p.38-40 ; Farges 1928 p. 9-77 ; Bril 1987 ; Chamina 1989 et 1990 ; Granet 1955 ; Delpuech et Fernandes 1983 ; Inv. Vic 1984.

- La valle glaciaire de la Cre (communes de Saint-Jacques-des-Blats, Thizac, Vic-sur-Cre, Polminhac, Yolet, Giou-de-Mamou). Elle se dveloppe au sud-ouest du cratre d'effondrement du volcan du Cantal et descend en pente douce vers le bassin d'Aurillac. La haute valle possde des caractristiques gomorphologiques identiques la rgion prcdente : altitude leve (1000 m en fond de valle, 1400 1600 m sur les crtes latrales), sous-sol volcanique (coules de basalte surmontant un pais dpt de brche), rosion glaciaire importante, vgtation de type tage montagnard mridional (essentiellement htre, sapin rare ou absent). Du fait de sa position (sud-ouest) par rapport l'ancien volcan, la haute valle de la Cre offre un climat moins rigourux que celui de la rgion de Murat malgr des altitudes comparables. La moyenne valle se caractrise par un profil en auge particulirement prononc, avec une amplitude altimtrique de prs de 600 m entre le fond de valle et les crtes latrales couronnant les versants escarps (de 600 1200 m environ). Des dpts sdimentaires fertiles tapissent le fond de valle. Si la vgtation de type montagnard domine sur les crtes latrales, en fond de valle apparat un tage atlantico-montagnard, chnaie et htraie mixte. Le climat y est bien sr moins rigoureux mais plus humide puisque situ sur le versant arros du massif cantalien. La basse valle de la Cre s'ouvre sur le bassin d'Aurillac. L'altitude y dcrot rapidement et le fond est parsem d'alluvions post-glaciaires fertiles ; la transition se fait vers un paysage ouvert de plaine et le climat est comparable celui du bassin d'Aurillac. - La rgion de Carlat, terroir "de transition" : hautes valles du Goul et du Siniq (communes de Malbo, Lacapelle-Barrez, Pailherols, Saint-Clment, Jou-sous-Monjou, Raulhac, Badailhac, Saint-Etiennede-Carlat, Carlat, Cros-de-Ronesque, Labrousse, Narnhac, Paulhac, Saint-Martin-sous-Vigouroux). La partie nord de ce territoire triangulaire au contact du Rouergue est marque par des altitudes importantes (1000 1600 m), des plateaux basaltiques et des valles encaisses, formant un paysage tourment et inhospitalier o l'rosion glaciaire a eu un rle important, produisant un "pays coup". Vers l'est (valles du Siniq et du Brezons, au contact de la rgion de Pierrefort), le relief s'adoucit au fur et mesure que l'on descend vers le sud. La valle du Brezons acquiert une forme "en auge" caractristique et le paysage est marqu par des forts o le htre domine. Le sous-sol demeure volcanique, parsem de reliefs rocheux trachytiques et de dpts glaciaires et post-glaciaires. L'amplitude altimtrique entre plateaux latraux et fond de valle demeure importante. Vers l'ouest se dveloppe un terroir formant une "interface" entre le milieu montagnard et la Chtaigneraie orientale. C'est le terroir de Carlat proprement dit -que l'on vitera ici d'appeler "Carlads" pour lever toute ambiguit-. Par biens des cts, les formes du paysage annoncent la Chtaigneraie , notamment dans la haute valle du Goul : altitude modre (700 800 m), relief adouci coup par des cours d'eau nombreux et encaisss, vgtation appartenant l'tage collinen ou atlantique (chnaie ou chnaie mixte), climat assez favorable. Mais la nature du sous-sol est mixte, voire triple : exclusivement volcanique dans sa partie haute, puis volcanique et sdimentaire (priphrie du bassin d'Aurillac : sdiments calcaires d'poque tertiaire), enfin au sud apparat le socle mtamorphique (gneiss et micaschistes). Carlat en particulier se situe l'interface entre une coule de basalte des plateaux, une formation de brche volcanique sous-jacente ayant elle-mme recouvert partiellement un dpt sdimentaire tertiaire. Le socle primaire apparat moins de un kilomtre au sud. - Le Barrez aveyronnais s'inscrit pleinement dans la continuit gomorphologique de la rgion prcdente (communes de Brommat, Enguials, Ginolhac-Entraygues ouest, Lacroix-Barrez, Mur-de-Barrez, Murols, Saint-Hippolyte, Taussac, Throndels).

D'un point de vue topographique, il s'inscrit entre la valle du Goul et celle de la Truyre. Dans sa partie septentrionale, plateaux et tables basaltiques sont frquents ; ils couronnent un important horizon de brche volcanique laissant apparatre par endroits des lambeaux de dpts sdimentaires tertiaires correspondant la formation d'Aurillac. L'altitude dcrot en direction du sud pour passer sous le cap des 600 m. L'exposition favorable de ce terroir a induit la mise en place d'une vgtation plus "mridionale", chnaie et formations arbustives , mme si le climat reste assez "cantalien". Plus au sud, le socle schisteux apparat et l'altitude baisse sensiblement. On observe un relief de "cams" (interfluves allongs) spars de valles profondes profil en "v" identique celui de la Chtaigneraie non-granitique. Le caractre mridional de la vgtation s'affirme (tage collinen et atlantique) bien que le paysage reste localement sauvage; avec un couvert forestier important sur les coteaux. L'altitude dcrot jusqu' 200 m en fond de valle de la Truyre mais reste leve sur les interfluves. - Le bassin d'Aurillac (communes de Vzac, Arpajon, auxquelles on peut rattacher Ytrac et SaintPaul-des Landes). C'est une zone de relief ouvert, une dpression o se sont accumuls une masse importante de sdiments calcaires tertiaires. Le bassin sdimentaire est travers par la Cre aprs son point de confluence avec la Jordanne. L'altitude se situe autour de 600 700 m, le relief est trs adouci (petites collines calcaires) et les cours d'eau quasiment dpourvus de valles. La vgtation buissonnante est caractristique des sols calcaires en association avec des forts de chnes. Ainsi le bassin d'Aurillac et ses appendices, jusqu' Saint-Paul-des-Landes, peuvent-ils apparatre comme formant un terroir "mridional" en lisire des formations volcaniques du nord et du socle granitique schisteux au sud. - La Chtaigneraie est un trs vaste ensemble englobant tout le sud-ouest du Cantal, au sud du cours de la Cre et du bassin d'Aurillac (communes de Vzels-Roussy, Teissires-les-Boulis, Leucamp, Prunet, Lafeuillade-en-Vzie, Lacapelle-del-Fraisse, Sansac-Veinazs, Labesserette, Lapeyrugue, Montsalvy, Junhac, Snezergues, Cassaniouze, Calvinet, Vieillevie -canton de Montsalvy- ; Marcols, Vitrac, RoannesSaint-Mary, Saint-Mamet-la-Salvetat, Omps, Pers, Le Rouget, Cayrols, Sansac-de-Marmiesse, Parlan, Roumgoux, La Sgalassire -canton de Saint-Mamet- ; Glnat, Siran, Saint-Grons, Lacapelle-Viescamp, Saint-Etienne-Cantals, Laroquebrou -canton de Laroquebrou- ; Quzac, Saint-Julien-de-Toursac, Rouziers, Boisset, Leynhac, Saint-Antoine, Saint-Etienne-de-Maurs, Mourjou -canton de Maurs-). Ces quatres cantons dfinissent autant de sous-rgions l'intrieur de la Chtaigneraie. La rgion de Montsalvy, la Chtaigneraie orientale, longe la valle du Goul puis du Lot. Elle se situe une altitude moyenne de 600 700 m, avec une amplitude allant de 850 m sur les hauteurs de Montsalvy 200 m sur les rives du Lot. Le relief varie selon la nature du sous-sol ; ainsi la "microrgion" du Veinazs (Leucamp, Ladinhac, Sansac-Veinazs) qui possde un substrat granitique offret- elle un relief adouci (collines) l'inverse du reste du canton o le substrat schisteux induit un relief tourment de "pays coups". La mme dichotomie se retrouve en Chtaigneraie centrale (canton de Saint-Mamet) entre zones schisteuses et granitiques, ici majoritaires (Parlan, Pers, Marcols). L'altitude y est peu prs partout suprieure 600 m. En revanche l'ouest de la Chtaigneraie (canton de Laroquebrou), ouvert sur le Quercy, offre une altitude moyenne plus faible et un relief peu accentu, parsem de petits bassins sableux ds aux affleurements granitiques. La vgtation est caractristique du sud-ouest du Cantal : landes buissonnantes et bois de chnes dominent. Les sous-sols sont egalement mixtes, schiste et granite.

Le sud-ouest de la Chtaigneraie (canton de Maurs) constitue la priphrie du bassin sdimentaire de Maurs qui prsente vis--vis de la Chtaigneraie un dnivel spectaculaire. La vgtation et le climat y sont beaucoup plus mridionaux que dans le reste de la Chtaigneraie, alors que le sous-sol reste le mme, l'exception d'une partie de Saint-Etienne-de-Maurs o le calcaire affleure. L'altitude varie de 200 500 m. - Le Cantals, qui n'appartient que partiellement au Carladez mdival, est la zone comprise au nord de la Chtaigneraie entre le cours de la Cre et celui de la Bertrande, puis de la Maronne (Nieudan, SaintSantin-Cantals, Saint-Victor, Arnac). C'est en quelque sorte un pays "de transition" entre la Xaintrie (terroir du Mauriacois) et la Chtaigneraie, bien qu'il soit culturellement assez proche de cette dernire. Le relief y est peu accentu, l'altitude autour de 600 m et le sous-sol majoritairement schisteux malgr la prsence de quelques affleurements volcaniques dans le nord. Elments de gographie humaine : l'conomie traditionnelle Celle-ci varie bien sr considrablement en fonction du terroir et l'on peut distinguer travers le Carladez trois "cultures" bien diffrentes : celle du volcan cantalien, du bassin d'Aurillac et de la Chtaigneraie. - Les hautes terres volcaniques. Au-del de 1000 1100 m, au XIXe s., l'habitat permanent disparat pour faire place des zones de pacage extensif parsemes de "burons", que l'on retrouve jusqu' 1300 voire 1400 m d'altitude. La fabrication du fromage jouait un rle capital dans l'conomie traditionnelle, en liaison avec l'estive des troupeaux bovins. Les fonds de valle comme celui de la Santoire pouvent tre mis en culture avec des crales rustiques, la fertilit du terrain compensant la rigueur climatique. Les forts sont galement exploites. - Le bassin d'Aurillac et la basse valle de la Cre. Le sous-sol sdimentaire permet une culture intensive des crales que favorise aussi le climat humide et doux. Comme le notait dj M.Boule (H.V.C. II-XXI), ces conditions "ont attir de tout temps les populations rurales et dtermin l'emplacement des agglomrations humaines". Le commerce a bien sr lui aussi jou un rle important dans le dveloppement conomique de la rgion d'Aurillac, pays "riche" au regard de ses voisins. En priphrie du bassin d'Aurillac se trouvent des zones sous-sol mixte (volcanique et sdimentaire) qui permettent galement la craliculture bien que le relief soit moins favorable (rgion de Carlat et Barrez septentrional par exemple). - La Chtaigneraie. "Ainsi nomme parce que les chtaigniers s'y dveloppent avec vigueur, y forment de vritables forts et fournissent leurs habitants le plus clair de leurs revenus" (Boule, H.V.C. II-XX) possde une conomie varie. Ainsi la culture de crales, notamment le seigle ("bl sarrazin") cause de la nature siliceuse du terrain ; mais aussi l'levage ovin, pratiqu grande chelle dans les landes orientales. Les terroirs les plus mridionaux (Barrez, sud du canton de Montsalvy, priphrie du bassin de Maurs) fournissaient de petites quantits de fruits et de vin, le Lot jouant un rle conomique important.

Bref, le Carladez n'offre pas plus d'unit culturelle que gographique (1648 m de dnivel !) : tout oppose le "castanhare" au montagnard, mme la langue traditionnelle qui est trs diffrente. Pourtant il existe un facteur d'unit : l'hydrographie ; le Carladez est globalement compris entre la Cre et la Truyre et relve donc, via le Lot, du bassin hydrographique de la Garonne. Dtermination du cadre administratif actuel pris en compte Nous avons pris en compte -en la vrifiant dans toute la mesure du possible- la cartographie du Carladez propose par Saige et Dienne (1900) dans leur tude ingale ayant pour base les hommages rendus Carlat au XIIIe s ; soit 87 communes actuelles. Nous avons pris en compte dans la synthse la seigneurie de Dienne en tant que partie intgrante du Carladez (Dienne, Lavigerie, Laveissire) comme l'avaient fait les deux chercheurs. Nous avons galement retenu Chastel-sur-Murat malgr sa mouvance ambigu en raison de son importance capitale rvle par les textes et l'archologie. En revanche nous n'avons pas pris en compte dans la synthse les territoires de la Planze qui appartenaient, d'aprs les auteurs, au Carladez (Brezons, Paulhac, Valujols) : selon toute vraisemblance, ils n'en font pas partie. Nous avons galement exclu de notre tude les territoires de Pleaux et Salers, acquis tardivement par alliance, ainsi que la vicomt de Murat, malgr ses liens avec Carlat. Chaque commune a t, dans le cadre des monographies, traite dans son intgralit mme lorsqu'il est manifeste que seule une partie relevait du Carladez. Cadre chronologique de l'tude Le Carladez historique que nous venons de dcrire dans sa configuration gographique du XIIIe s. s'inscrit dans une certaine perspective de continuit jusqu' nos jours. La vicomt mdivale avait t rige en comt en 1643, aprs sa fusion avec l'ancienne vicomt de Murat, au profit de Honor II Grimaldi. Le souvenir de la terre et des vicomtes de Carlat est rest vivace, prcisment au coeur du Carladez carolingien et fodal dans un triangle compris entre Carlat, Mur-de-Barrez et Vic sur-Cre. Dans la mmoire populaire, un Carladez existe donc toujours. Malgr cette relative continuit nous avons choisi de clre notre recherche la fin du XIIIe s., en la dbutant dans l'Antiquit bien avant la formation de la vicomt de Carlat. Nous avons donc retenu une option de "trs longue dure" alors que les tudes comparales ne prennent souvent en compte que le haut Moyen Age et le Moyen Age, ou l'Antiquit et le haut Moyen Age. Initialement, dans le cadre de notre D.E.A. (1989), nous avions adopt une chronologie encore plus longue (de la Prhistoire au XVe s.) afin de tenter de raliser une estimation des "potentialits" des diffrentes priodes ; cette tude avait permis de montrer que le sud-Cantal n'est pas une terre vide d'hommes antrieurement au Moyen Age. Le thme gnral du Carladez ayant t retenu pour la prsente thse, le problme de la slection de la priode prise en compte s'est pos immdiatement. Une date "centrale" s'imposait : 839, premire mention de Carlat l'occasion de son sige par l'arme impriale, suivie par l'apparition dans les textes du comitatus de Carlat. Ce simple fait ncessitait d'accorder une attention particulire au haut Moyen Age, et comment tudier cette priode sans faire rfrence l'Antiquit dans une rgion o l'on a montr la puissance des phnomnes de continuit ? La prise en compte de l'Antiquit -englobant l'ge du Fer rcent comme dans le cadre de la Carte Archologique de la Gaule- a permis d'aborder de faon dynamique la question du peuplement sur la "longue dure" mme travers le prisme dformant que constitue la seigneurie mdivale. La faiblesse quantitative et souvent qualitative, ne le cachons pas, des donnes recueillies pour les poques gallo-romaine et mrovingienne tait compense par leur caractre indit.

Quant la limite basse de la priode traite, nous l'avons fixe la fin du XIIIe s. pour plusieurs raisons. D'une part, notre optique premire est celle d'une histoire du peuplement dans une perspective volutive ; or les textes comme l'enqute archologique montrent que le peuplement rural actuel est fossilis - quelques exceptions prs- depuis le XIIIe s. au moins. L'intrt de poursuivre cette tude au-del de ce sicle aurait donc t tout relatif. D'autre part le XIVe s. correspond pour le Carladez une relle rupture, de la guerre de Cent Ans et ses corollaires, alors que Carlat chappe sa mouvance traditionnelle tourne vers le Rouergue. S'il faut absolument fixer une date "politique" nous retiendrons donc celle de 1304 o le Carladez choit la maison de Pons. Mthodologie et documentation Historiographie du Carladez : quelques jalons Les tudes historiques sur le Carladez -ou l'ayant pris en compte- sont souvent anciennes et assez mconnues. De Froquires, au XVIIe s., retranscrit et analyse plusieurs actes disparus depuis - tout comme son manuscrit- dans un document appel De la vicomt de Carlat et de ses vicomtes (conserv aux archives municipales d'Aurillac ? Aux archives dpartementales du Cantal ?). Puis au sicle suivant de Sistrires crit un volumineux manuscrit intitul Histoire du pas de Carladez (A.D.15, 101 F 3 et 101 F 4), sans oublier les auteurs de mmoires du XVIIIe s. dont l'un crit que l'"on trouve des titres de la vicomt de Carlat depuis le huitime sicle et elle a t possde pendant plusieurs sicles par les roys d'Aragon (...)" (Arch. Palais de Monaco G 17 n198). Il faut ensuite attendre la fin du XIXe s. pour trouver une approche synthtique et rationnelle de la vicomt de Carlat dans l'oeuvre monumentale de Deribier du Chtelet (Dictionnaire Statistique du Cantal, abrg D.S.C., t.III p. 14-52, article de Sartiges d'Angles), o l'auteur s'attache avant tout la gnalogie des vicomtes et l'histoire institutionnelle de la vicomt. Des indications complmentaires sont apportes par Bouillet (Nobiliaire d'Auvergne, abrg N.A., art. "Carlat"). Mais la contribution essentielle - et ingale - est constitue par les deux monumentaux volumes des Documents Historiques relatifs la Vicomt de Carlat (756 et 790 pages) publis Monaco en 1910 (abrg H.V.C.). Les auteurs en sont Gustave Saige, archiviste de la Principaut, et le dernier comte de Dienne. Le travail men bien par eux et par leurs collaborateurs -dont on trouve trace dans les archives de Monaco- est colossal : des centaines d'actes sont publis, dont une trs importante srie d'hommages du XIIIe s. sur pices originales. Ce vritable cartulaire est complt par une synthse historique de trs grande qualit et un index remarquable d'exactitude et de prcision. L'ampleur de cet ouvrage, qui reste encore pleinement utilisable aujourd'hui, a pu avoir pour effet de dcourager toute tentative de recherche d'envergure sur le Carladez : tout tait dit -ou presque-. En tous cas, la quasitotalit des travaux postrieurs cet ouvrage lui en sont fortement -voire uniquement- tributaires, l'image de ceux du chanoine Joubert. Si la recherche historique sur le Carladez proprement parler s'est donc arrte en 1900, ce n'est pas le cas, fort heureusement, des tudes ayant trait l'Auvergne mridionale et au Rouergue qui ont apport leur contribution celle du Carladez. La thse de Lonce Bouyssou tout d'abord (1939-1946), consacre la rgion d'Aurillac au XVe s. -y compris la majeure partie du Carladez- travers les actes notaris, apporte en quelque sorte un complment chronologique aux travaux de Saige et Dienne en mettant en lumire continuits et ruptures aprs le XIIIe s. Puis Gabriel Fournier, dans le cadre de sa thse sur la Basse Auvergne au haut Moyen Age (1962) a abord la problmatique de la forteresse de Carlat l'poque carolingienne. R. Monboisse, en 1966, s'est livr une tude comparative des seigneuries et de la fodalit en Haute Auvergne au XIIIe s., l'ide-force tant celle d'un "ordre fodal" caractristique de l'Auvergne mridionale. En 1984 le "Carladez vicois" a t tudi en dtail dans une perspective d'archologie du bti mais aussi archivistique, avec un remarquable souci du dtail et de la qualit des illustrations (Inventaire

Gnral (...) Canton de Vic-sur-Cre, abrg Inv. Vic). En 1987 la thse novatrice de C. Lauranson-Rosaz sur l'Auvergne carolingienne permet de reconsidrer la gnalogie des premiers vicomtes de Carlat. Enfin en 1990 la thse de B. Phalip sur les chteaux en Haute Auvergne et Brivadois apporte des lments archologiques et historiques capitaux, recueillis dans le cadre de monographies dtailles, ainsi qu'une analyse renouvele de la classe seigneuriale. Quant la partie rouergate du Carladez, elle a bnfici des tudes de Miquel (1981) sur l'architecture castrale et de Bousquet sur la socit fodale (1992), sans oublier la contribution de P. Bonnassie sur les forteresses du nord-Rouergue et du Cantal travers le Livre des Miracles de sainte Foy de Conques (1982) ni les remarquables travaux de F. de Gournay sur Conques (1988 et 1992) qui se poursuivent l'heure actuelle. Enfin, mentionnons la Carte Archologique de la Gaule - Cantal (abrge C.A.G. 15) qui vient d'tre publie (Provost et Vallat 1997) et laquelle nous avons collabor dans le cadre d'un change de donnes fructueux. Nous avons bien sr dans une large mesure intgr le rsultat de tous ces travaux qui avaient complt l'ouvrage de Saige et Dienne. Corpus des sources crites Le corpus de base reste les Documents Relatifs la Vicomt de Carlat qui ont permis la publication ou la rdition- de l'essentiel des textes connus en 1900 touchant au Carladez en tant qu'entit fodale. Nous ne cachons pas que c'est lui qui nous a guid tout au long de notre recherche ; sa richesse nous a incits rdiger des monographies communales prsentes sous la forme d'un rpertoire des lieux habits -avec l'aide du prcieux Dictionnaire topographique du Cantal de E. Am (abrg : Am 1897)-. En second lieu nous avons utilis le cartulaire de Conques publi par Desjardins (1879) dont une cinquantaine de chartes se sont avres utilisables pour le Carladez aprs reconsidration de quelques localisations. Les grands cartulaires de Brioude (1863), Bonneval (1938), Saint-Flour (1910) et Beaulieu (1859) contenaient chacun une poigne de chartes concernant notre sujet, de mme que les quelques documents pars relatifs aux abbayes d'Aurillac et de Montsalvy (Bouange 1899, Muratet 1843). Mentionnons galement le petit cartulaire -mconnu- de Notre-Dame-du-Pont de Leynhac (1908) et le "cartulaire Beaumarchais" joint l'Histoire de la Guerre de Navarre (1857). Des chartes isoles ont par ailleurs t publies dans divers travaux touchant l'Auvergne, le Rouergue, le Lot au la Lozre ; l'on en trouvera la liste infra. Les sources manuscrites demeures indites pour la priode prise en considration sont quasiment inexistantes : Saige et Dienne avaient fait procder des inventaires de fonds d'archives et publi les documents encore inconnus. Nous avons toutefois effectu des recherches systmatiques aux Archives dpartementales du Cantal et aux Archives du Palais de Monaco. Aux premires nous avons dpouill en particulier le fonds des "notes Champeval", copies rapides de plusieurs centaines de chartes des XIIIe, XIVe et XVe s. demeures indites, ainsi que le fonds "Carlat". A Monaco nous avons pu consulter l'intgralit du fonds "Carlat", y compris les minutes de l'ouvrage de Saige et Dienne, ce qui nous a permis d'tudier toute une srie d'hommages tardifs (XIVe et XVe s.) qui n'avaient pas t pris en compte en 1900. Mthodologie de l'enqute archologique Afin de mener bien une enqute archologique aussi efficace que possible, nous avons eu recours une mthode dsormais classique inaugure par G. Fournier (1962), prconisant la confrontation systmatique des sources avec l'enqute sur le terrain ; mthode dveloppe ensuite par E. Zadora-Rio en ce qui concerne la prospection proprement dite. Nous avons poursuivi ici l'application des principes utiliss dans le cadre de notre D.E.A. sur le canton de Montsalvy. En voici l'essentiel :

Aprs inventaire et analyse de toutes les sources archives disponibles, quelle que soit leur nature, le travail sur le terrain a consist en premier lieu en une enqute orale auprs de la Mairie et des habitants ; celle-ci s'est rvle souvent fructueuse, les paysans ayant une connaissance approfondie du terroir dans l'espace et dans le temps. Cette premire enqute est complte par une prospection au sol systmatique comprenant le relev graphique et photographique des structures visibles, ainsi que le ramassage du mobilier archologique en surface. Dans certains cas, nous avons pratiqu une prospection au sol systmatique mme en l'absence de donnes antrieures ou de renseignements oraux, lorsque la topographie permettait de souponner une prsence humaine ancienne. C'est le cas des sites perchs et des micro-terroirs particulirement favorables une activit agricole. Ce type d'enqute, mene commune par commune et en partie dans un cadre associatif (Association pour l'Etude de la Chtaigneraie cantalienne) a permis la collecte d'une masse de renseignements, souvent htroclites, qui ont ensuite t regroups et synthtiss 2. Il tait bien sr illusoire de prtendre faire une couverture exhaustive, mme en travaillant en quipe, de plus du tiers du dpartement du Cantal et des deux cantons de l'Aveyron que reprsentent nos 87 communes. Notre but premier a donc t de contrler et complter les donnes disponibles l'issue de l'enqute documentaire et orale. Ceci a permis d'liminer une part non ngligeable des donnes en question et donc d'"assainir" le corpus de base. Des prospections slectives dans la plupart des communes, mais aussi systmatiques dans les communes de Leucamp et Ladinhac, ont permis de complter ce corpus qui a ainsi pu acqurir une valeur statistique sur l'ensemble de la zone considre. Pour dire les choses clairement, le rsultat de cette enqute permet essentiellement de se "faire une ide" de la densit du peuplement des terroirs entre l'Antiquit et le Moyen Age central. Les enqutes archlogiques de ce type - quelques variantes prs- sont banales depuis plus d'une dizaine d'annes. Ici toutefois nous avons choisi de tenir en outre compte, et toutes les phases de l'tude, des donnes toponymiques renvoyant au haut Moyen Age et l'poque antique, toujours dans une dmarche statistique d'observation des densits. Ce type de procd parat parfois obsolte, notamment lorsqu'il dbouche sur des quations simplistes dans la ligne des travaux de Fustel de Coulanges. Mais il apparat que si l'on rsonne en termes de densit et non au cas par cas, les donnes toponymiques antrieures la fin de l'poque carolingienne deviennent utilisables dans le cadre d'une approche globale, l'chelle d'un terroir. Dans cette optique il convient bien sr d'viter les analyses a silencio : la transmission d'un toponyme ncessite une certaine continuit de l'occupation et est donc trs alatoire. Enfin ce qui vaut pour le Carladez -terroir de continuits s'il en est- ne vaut pas forcment ailleurs o les phnomnes de renouvellement toponymique peuvent avoir t beaucoup plus accentus. Tonalit et finalit de l'tude Il s'agit bien sr d'un travail dominante historique qui procde en grande partie de l'analyse du "cartulaire" publi en 1900 ; d'une manire gnrale, les sources crites constituent l'essentiel de notre base documentaire. Cependant nous avons eu coeur d'utiliser l'archologie comme une source historique part entire ainsi que de pendre en compte toutes les donnes disponibles sans prjuger de leur valeur : un fragment de tegula trouv au sommet d'une montagne peut avoir un intrt majeur dans une perspective d'histoire du peuplement. Dans cette optique de complmentarit, c'est l'analyse de chaque site -au sens archologique du terme- qui est la base de ce travail d'inventaire que nous avons voulu aussi complet que possible. L'intrt - peut-tre d en partie notre activit professionnelle - que nous croyons devoir apporter ces donnes a motiv l'laboration de monographies rdiges recelant toutes les informations recueillies, par2

Nous ne prsentons ici que les donnes ayant p tre confirmes ou recoupes, l'exclusion des renseignements

fantaisistes et / ou invrifiables que nous avons tout de mme consigns dans des notes de prospection.

commune pour une plus grande commodit d'utilisation. Ces quatre-vingt sept monographies communales, dont le fil directeur est strictement chronologique, sont prsents selon un plan-type que voici : - Superficie, dmographie, altitude - Milieu naturel - Economie traditionnelle et donnes administratives 1. L'occupation antique 1.1. Toponymie 1.2. Voies de communication 1.3. Dcouvertes archologiques 2. L'occupation du haut Moyen Age 2.1. Toponymie 2.2. Voies de communication 2.3. L'occupation du sol : textes et archologie 3. L'occupation mdivale 3.1. Voies de communication 3.2. Les chteaux 3.3. L'habitat dispers : les exploitations agricoles 3.4. L'habitat group - Conclusion

Les illustrations qui compltent l'ensemble procdent de la mme intention : fournir un corpus de donnes aussi nombreuses que possible sans prjuger de leur prestige, de l'glise romane au fragment de tegula. C'est dans cette optique de corpus que nous avons reproduit des documents publis antrieurement. La masse que reprsentent ces monographies, nettement suprieure celle de la synthse, se justifie notre avis par la possibilit offerte de juxtaposer plusieurs niveaux d'analyse : le site, le terroir, la synthse historique. C'est dans cette volont d'aller du particulier au gnral que nous prsentons ces monographies comme pralable indispensable la synthse. Un systme de renvoi (matrialis par le signe *) permet, inversement, de revenir de la synthse vers les monographies. L'autre principe que nous avons retenu est celui d'une analyse rigoureusement chronologique et mme parfois vnementielle laquelle nous avons subordonn l'analyse thmatique ; ceci tait rendu necssaire non seulement par l'amplitude de la priode tudie mais aussi par la nature mme de notre sujet : l'histoire d'un pays, y compris son histoire politique et institutionnelle, dans une perspective dynamique. Nous avons donc tent d'laborer une "histoire globale" en associant -ou en juxtaposantles divers types d'approche de l'histoire antique et mdivale, des plus conservateurs aux plus "dans le sicle".

Abrviations Abrviations courantes : rfrences AA.SS : Acta Sanctorum. B.A.R.A. : Bulletin Archologique de la Rgion d'Aurillac. B.S.F.N. : Bulletin de la Socit Franaise de Numismatique. C.A.G. : Carte Archologique de la Gaule. D.S.C. : Dictionnaire Statistique du dpartement du Cantal. G.C. : de Gloria confessorum, par Grgoire de Tours. H.F. : Histoire des Francs par Grgoire de Tours. H.G.L. : Histoire Gnrale du Languedoc. H.V.C. : Documents Historiques relatifs la Vicomt de Carlat. Inv. Vic : Inventaire topographique de Vic-sur-Cre. L.C. : La Chtaigne. L.M. : Livre des Miracles de saint Julien de Brioude, par Grgoire de Tours. M. S.L.A.V. : Mmoires de la Socit des Lettres ... de l'Aveyron. N.A. : Nobiliaire d'Auvergne. Pat. Lat ou P.L. : Patrologie Latine. P.V. S.L.A.V. : Procs-verbaux de la Socit des Lettres ... de l'Aveyron. R.H.A. : Revue de la Haute-Auvergne. R.I.C. : Roman Imperial Coinage. RR.PP : Baudot, Chaussin et Dubois, 1939-1957. V.G. : Vita Geraldi. V.P. : Vitae Patrum, par Grgoire de Tours. Abrviations courantes : divers A.D. : Archives Dpartementales. A.E.C.C. : Association pour l'Etude de la Chtaigneraie Cantalienne. A.N. : Archives Nationales. B.E.C. : Bibliothque de l'Ecole des Chartes. C.A.M.L. : Centre d'Archologie Mdivale du Languedoc. D.S.P. : Drives des sigilles palochrtiennes. G.R.H.A.V.S. : Groupe de Recherches Historiques et Archologiques de la Valle de la Sumne. P.C. : Point culminant. S.A.R.A. : Socit Archologique de la Rgion d'Aurillac. S.R.A. : Service Rgional de l'Archologie. T.C.M. : Touring Club de France U.T.M. : Universit Toulouse-Le Mirail.

ARNAC Superficie : 2015 ha Dmographie : 33 feux en 1709 Altitude : 620 m Milieu naturel : La commune d'Arnac est installe sur un plateau volcanique dominant au sud la valle de la Maronne ; cette formation occupe tout le centre de la commune, la priphrie possdant un soussol schisteux. La zone volcanique (chef-lieu et alentours) offre un relief quasi plan, autour de 600 m d'altitude. La partie ouest (Selves / Saint-Rouffy) offre un relief beaucoup plus tourment et trs bois, dont l'altitude s'abaisse du sud (650 m) vers le nord (572 m Saint-Rouffy), formant un peron schisteux dominant la Maronne. Le couvert forestier est trs dvelopp, l'exception du plateau d'Arnac. Economie traditionnelle et donnes administratives : La paroisse mdivale d'Arnac constituait l'extrmit ouest-ouest de la vicomt de Carlat, au contact de la valle de la Maronne qui marquait le dbut des possessions mridionales du monastre de Mauriac. L'conomie traditionnelle reposait sur quelques terrains agricoles au centre de la commune ainsi que de petites chtaigneraies, mais l'essentiel de la surface tait occup par des terres vaines destines au pacage des moutons. Durant la Rvolution, il fut projet de rattacher la commune d'Arnac celle de Saint-Santin. Ce projet ne fut pas ralis et au contraire, entre 1831 et 1836, le territoire de la commune fut doubl grce au rattachement du secteur de Saint-Rouffy (comm. Saint-Santin), Cavanhac et Uzols en partie (Saint-Santin). Communes limitrophes : Pleaux, Saint-Martin-Cantals, Saint-Illyde, Saint-Santin, Cros-de-Montvert. *** 1. L'occupation antique 1.1. Toponymie - Arnac (Arnos + acum), anthroponyme Gaulois (Dauzat 1939 p.250). - Carsac (?), microtoponyme proximit d'Arnac (Cad. XIXe s. Saint-Santin, E411), (Carcius + acum), anthroponyme latin (Dauzat 1963 p.150), ou Carisius + acum (Morlet 1985 p.57). - Cavarnac (?) (Cavannus + acum ?), anthroponyme latin (?), mais peut driver aussi de "Caput Arnacum" (Dauzat 1939 p.263). - Marcenat (Marcenus + acum), anthroponyme latin (Dauzat 1963 p.432), ou plutt Marcianus + acum (Morlet 1985 p.128). - Massac, microtoponyme prs de Selves (Cad. XIXe s. Saint-Santin A 749), (Massius + acum), anthroponyme latin (Dauzat 1963 p.421). 1.2. Voies de communication 1.3. Dcouvertes archologiques

- Environs d'Arnac. En 1933 fut dcouverte "dans un bois" une pice d'or reprsentant l'avers une tte de profil tourne dextre, au revers un cheval galopant dextre avec entre les pattes un triskle et au dessus du dos un fleuron

dont seule la partie infrieure est conserve (R.H.A. 1935 p.229). L'auteur attribue cette monnaie "la dernire poque du monnayage Gaulois". Il s'agit d'un statre Arverne type LT, XII, 3722. Un bronze gaulois du type du trsor du Vaubry a galement t dcouvert (C.A.G. 15). 2. L'occupation du haut Moyen Age 2.1. Toponymie 2.2. Voies de communication - Une "strata publica" confronte la vigne d'Arnac, en 918 et 930 (Cart. Conques n6 et 391). 2.3. L'occupation du sol : textes et archologie - Arnac. En 918 Bernard I de Carlat cde Conques "ni pago Arvernico, in aro que vocatur Rocolas, hoc est vinea mea quae dicitur Darna qui michi justissime per conquistum obvenit" (Cart. Conques n391). Cette parcelle est confronte par une "voie publique", une vigne Saint Santin et une terre Saint Sauveur (Pleaux), ainsi qu'une autre vigne appartenant un certain Bernard, "habet ipsa vinea fines vel confrontaciones : de superiori fronte strata puplica, de uno latus vinea Santini et Eliani et Matfredi, de alio latus vinea Bernardo, de subteriore terra sancti Salvatoris". La donation de la "vinea mea quae vocatur Darna" est confirme en 930 (Cart. Conques n6). Il semble bien s'agir d'Arnac, et non d'un hameau disparu commune de Glnat (cf. Saint Santin Cantals) (variante du n6 par rapport au n391 : "(...) de imo latus vinea Sancti Santini"). - La Gineste. Elle semble tre mentionne en 917 dans le cartulaire de Beaulieu (Cart. Beaulieu nCLX : "In vicaria Rofiacense, in villa quae dicitur Genestedo vel Genestro mansum quem Geraldus tenet, et alium mansum ubi Bernardus manet, et alium mansum ubi Romnaldus manet (...) cum omnibus ad se pertinentibus, id est pratis, pascuis, silvis, adjacentiis, aquis aquarum vel decursibus, quaesitis vel adinquirendis (...)"). Un manuscrit contient "vicaria Asnacense" au lieu de "Rofiacense" (Cart. Conques nCLX p.223). Est-ce un lapsus du copiste pour Arnac ? Le Bernard est-il celui de la charte de 918 ? 3. L'occupation mdivale 3.1. Voies de communication - Un rseau de chemins centriptes est visible autour du chef-lieu. 3.2. Les chteaux - Pouls. Pouls apparat dans les textes en 1251 dans l'hommage de Durand de Montal Hugues IV de Rodez, vicomte de Carlat : "castrum de Pol pro indiviso cum nobili viro Ramundo de Monte Alto, consanguineo meo" (H.V.C. II-23)). En 1267, le "castro et mandamento de Pol" est cit par Petrus d'Artigas comme confront au "castrum" de Saint Christophe (H.V.C. I-74). La mme anne Petri d'Albars, domicellus, coseigneur du chteau de Saint Christophe, cite lui aussi comme confront ce dernier le "castro et mandamento de Pol" ainsi qu'une "terra Beati Geraldi de Aurelhaco" (H.V.C. I-76), qui doit se situer l'est

de la Maronne. Le texte de 1251 prcise que la forteresse est rendable lors de toute mutation du seigneur ou du vassal, mais doit tre rendue sans dtrioration la suite d'une guerre comtale ventuelle. En 1281 Durand de Montal dans la charte de franchises de Laroquebrou mentionne le "castrum de Pol" comme mandement en limite de la chtellenie de Laroquebrou (Grand 1902 p.216). En 1283 Durantus de Monte Alto renouvelle son hommage Carlat pour "totum quod habemus et possidemus in castro de Pol pro indiviso cum nobili viro Raimundo de Monte Alto, consanguineo meo" (H.V.C. I-178). En 1302 un certain noble Graud Bec tait coseigneur de Pouls et un certain noble Jacques de Prallat aurait fait hommage d'une part du chteau Carlat en 1329 (D.S.C. t.I p.90). Cette anne-l Graud de Montal renouvelait son hommage Carlat pour le "castrum de Poul, in medietate, ut predecessores sui consueverunt" (H.V.C. II-95). Malgr ces lignages secondaires, les Montal restent matres de Poul jusqu' la fin du Moyen Age (Am 1897 ; D.S.C. t.I p.90). En 1470 il existait un chteau, une tour et des bois (ibidem) ; une tour et des ruines de btiments subsistaient au XVIIe s., constituant trois chteaux distincts (ibidem). La microtoponymie est loquente (Cad. XIXe s. Saint-Santin E) : 183, "Lort de la Tour" ; 184, "Le rocher" ; 188 "Roc du Castel" ; 189, "La Croux" ; 203, "Dubalat" ; 266-67, "Pr et bois de Saint Georges" ; 314-15, "Bois du Castel". B. Phalip (1990 p.934-935) a tudi le site : "Les chteaux sont situs dans une boucle de la rivire de la Maronne l'endroit o l'peron rocheux troit de Savalaure se raccorde au reste du plateau (...). Un foss naturel qui coupe l'peron du plateau est occup par les restes de deux btiments rectangulaires le long du chemin qui mne Savalaure. Plus au nord toujours sur le ct est du chemin se voit un rocher envelopp de restes de maonneries l'ouest, taill en terrasses son sommet et l'est. Les parements ont disparu, mais le blocage laisse voir des pierres disposes en artes de poisson". Les ruines s'talent sur la crte de l'peron. L'auteur compare ce site de coseigneurie aux tours de Merle. D'aprs Calle (1912 p.166), un chteau aurait relev directement de Montal, la "Tour de Poul" aurait appartenu la famille de Bec, un troisime la famille de Biarc (?). L'auteur parle de la prsence de souterrains, de la dcouverte de "monnaies anciennes" et de lgendes relatives la cloche du chteau. Nous avons prospect le site la suite de B. Phalip. Deux rochers, loigns de quelques dizaines de mtres, sont couronns de restes de maonneries, dont des ensembles de blocages de lauzes de schiste lis au mortier de chaux disposs en arte de poisson, mais aussi des lments pars de moyen appareil, soit une architecture typique du XIIIe s. Le foss barrant l'peron nous parat tre au moins partiellement artificiel. 3.3. L'habitat dispers : les exploitations agricoles - Brousses n'apparat qu' la fin du Moyen Age, "Mansus de Brossas", o il relve l'poque de SaintSantin (Am 1897 p.78). Il s'agit sans doute d'une formation antrieure. Un souterrain mdival contenant des cramiques y a t dcouvert en 1982 (Archives muse archologique d'Aurillac). Il comporte deux galeries dotes de niches et de cellules latrales (B.A.R.A. n2 p. 56-57). Ce souterrain est en relation avec l'habitat de surface. - Cavarnac est attest en 1316, "Cabarnas" (Am 1897 p.84). A noter proximit des microtoponymes "Saint-Santin" (Cad. XIXe s. F383 385) qui tmoignent de son ancienne appartenance. - Prs de La Gineste se trouvent des microtoponymes "Issards" (Cad. XIXe s. B158 sq.). - Marcenat aurait donn son nom une famille ponyme atteste depuis le XIIe s., dont Guillaume de Marcenat, bailli de Carlat en 1285 (D.S.C. t.I p.90). G. de Marcenaco paraphe un hommage Carlat en 1283 (H.V.C. I-178).

- Progis : l'"affarium de Prossiert" n'apparat qu' la fin du Moyen Age, mais il s'agit sans doute d'une cration antrieure (Am 1897 p.395). - Raynal, anciennement paroisse de Saint-Santin, apparat la fin du Moyen Age : "Mansus de Raynal" (Am 1897 p.409). - Sacde (anciennement paroisse de Saint-Santin). Un certain Jacques de Prallat en tait seigneur en 1309 (D.S.C. t.V p.276). En 1316 est cit le "Mansus de Serasceyda" (Am 1897 p.440). En 1337, le hameau appartenait Armand de Prallat, seigneur de Pouls (D.S.C. t.I p.90). Le "Mansus de Caracereda" est attest ensuite en 1329, o il se situait dans la mouvance des Montal (Am 1897 p.98). - Saint-Rouffy n'apparat qu'en 1402 "Sanctus Rofinus", puis est qualifi de "Mansus Sancti Roffi" (Am 1897 p.456). Il s'agit d'une dformation de "Rufinus", martyr italien. Une chapelle a exist cet endroit, disparue avant le XVIIIe s. (ibidem) ; la toponymie en a conserv le souvenir : "La Capelloune" (Cad. XIXe s. Saint- Santin A169-170, 174), "Ort du prieur" (Cad. XIXe s. Saint-Santin A317 sq.). - Salvalaure apparat en 1316 : "Se[l]valaura" (Am 1897 p.468) ; cette appellation drive du toponyme "Silva". A signaler dans les environs de nombreux toponymes "Lissartou" (Cad. XIXe s. E 15 19, 37, 157, 206, 419). Le hameau appartenait A. de Prallat en 1337 (D.S.C. t.I p.90). - Selves n'apparat qu' la fin du Moyen Age "Mansus de Silva", mais il s'agit sans doute d'une cration antrieure (Am 1897 p.470). Les microtoponymes "selve" sont trs nombreux (Cad. XIXe s. Saint-Santin A193 sq., 504 sq., 668 sq. ...). A noter galement un microtoponyme "Lartegue" (Cad. Saint-Santin XIXe s. A 562) et un "Lissartou" (Cad. XIXe s. B 186). - Vabre : le "Mansus de Vabre" apparat ds 1316 ; ce n'est plus qu'une "bordaria" la fin du Moyen Age (Am 1897 p.503). 3.4. L'habitat group : le bourg d'Arnac En 1270 Jean et Rigaud de Mauriac reconnaissent Carlat ce qu'ils possdent "in parrochia d'Arnac" (H.V.C. I-103). "Arnac" apparat ensuite en 1275 dans le testament de Bertrand de Montal ; les formes "Arnacum" et "Arnatum" sont attestes aux XIVe et XVe s. (Am 1897 p.14). Le bourg est rest dans la mouvance des Montal jusqu' la fin du Moyen Age (ibidem). On connait des recteurs Arnac depuis 1347 seulement (D.S.C. t.I p.89). D'aprs Deribier (ibidem), l'glise tait l'origine une simple chapelle, ddie la Nativit de la Vierge puis Saint Laurent (Am 1897 p.14), "rpare, allonge, devenue prieur au XVe s. la nomination de SaintFlour." Cette glise a t entirement dmolie et rebtie dans le courant du XIXe s. Le plan cadastral ancien montre un difice plan-cella flanqu d'une chapelle latrale et d'un cimetire demi-circulaire (Cad. XIXe s. A712-714). Les maisons s'grnent au nord et au sud de l'glise, le long du chemin traversant le bourg. Celui-ci est implant (cf. supra) au centre d'un vaste plateau volcanique. ***

Le terroir volcanique d'Arnac, qui domine les gorges de la Maronne, semble avoir t peupl densment l'poque antique si l'on se rfre la toponymie et la dcouverte d'une monnaie gauloise. Arnac est attest au Xe s. en tant que domaine viticole appartenant Bernard I de Carlat, en limite de la vicaria de Roufiac, dont La Gineste pourrait constituer l'extension la plus mridionale. D'aprs la Charte de Conques, Arnac tait alors un terroir viticole, travers par une "strata publica". Au XIIIe s. Arnac est constitu en paroisse, peut-tre depuis peu. La rgion est entirement contrle par la famille de Montal ; le peuplement apparat concentr autour d'Arnac. Nanmoins des zones forestires priphriques subsistent. Au XIXe s. s'y ajouteront les zones forestires enleves Saint-Santin qui donnent l'heure actuelle Arnac la densit de toponymes "Selves" et "Issarts" la plus importante du Carladez. La presqu'le schisteuse de Salvalaure l'extrme nord de la paroisse, face aux possessions de Mauriac, tait le sige d'une coseigneurie importante comprenant plusieurs "castra" juxtaposs, comme Lastours de Ladinhac ou Toursac. C'tait une petite chtellenie possde pour l'essentiel par les Montal de Laroquebrou et rattache cette dernire chtellenie. Le contrle drastique effectu par Carlat sur Pouls est perceptible travers les multiples hommages rendus du XIIIe au XIVe s., les Montal se comportant en vassaux loyaux vis--vis de la vicomt, ainsi que les deux lignages secondaires de Pouls. Pouls tait en effet gographiquement un poste avanc de Carlat face la grande seigneurie ecclsiastique de Mauriac. Son origine est vraisemblablement antrieure au XIIIe s. si l'on prend en compte la topographie des lieux. Nous pensons qu'Arnac est une paroisse de formation tardive postrieure l'an Mil dmembre de celle de Saint-Santin, situe au sud. Illustrations Fig. 1 . Bourg d'Arnac. Cadastre du XIXe s., A.D. 15. J.-L. Boudartchouk. Fig. 2 . Hameau de Selves. Cadastre du XIXe s., A.D. 15. J.-L. Boudartchouk. Fig. 3 . Hameau de Saint-Rouffy. Cadastre du XIXe s., A.D. 15. J.-L. Boudartchouk. Fig. 4 . Topographie du souterrain de Brousses. Usse / S.A.R.A. Fig. 5 . Galerie du souterrain de Brousses. Usse / S.A.R.A. Fig. 6 . Eperon du chteau de Pouls. Cadastre du XIXe s., A.D. 15. J.-L. Boudartchouk. Fig. 7 . L'un des rochers de Pouls. Cadastre du XIXe s., A.D. 15. J.-L. Boudartchouk. Fig. 8 . Dtail des maonneries (blocage en opus spicatum) subsistantes de l'un des chteaux de Pouls. J.-L. Boudartchouk.

ARPAJON-SUR-CERE Superficie : 4767 ha Dmographie : 320 feux en 1709 Altitude : 613 m Milieu naturel : La commune d'Arpajon est installe au sud - est du bassin d'Aurillac, dans une cuvette vallonne qui borde la Cre. Dans la partie sud de la commune, le bassin sdimentaire cde la place au massif schisteux de la Chtaigneraie : l'altitude s'lve rapidement (715 m Senilhes) et le relief devient tourment (alternance de crtes rocheuses et de vallons profonds). Au contraire, la partie Nord de la commune d'Aurillac offre un relief quasiment plan et un paysage ouvert. Le bourg d'Arpajon est install sur une minence dominant la Cre, au pied du Puy de Vaurs (alternance de formations volcaniques et sdimentaires). La plaine d'Arpajon est situe autour du confluent de la Cre, de la Jordanne et du Mamou. Economie traditionnelle et donnes administratives : La paroisse mdivale d'Arpajon tait comprise dans le Carladez, l'exception de la seigneurie de Conros qui relevait d'abord de l'abbaye Saint-Graud d'Aurillac. L'conomie traditionnelle tait domine par l'agriculture intensive rendue possible par la faible altitude, le soussol sdimentaire trs fertile ainsi que le relief peu accident, du moins dans la partie nord. Une vritable activit commerciale est atteste dans le bourg, avant la Rvolution. Le couvert forestier est absent de la partie nord de la commune, mais il est en revanche trs dvelopp sur les reliefs schisteux du sud. Communes limitrophes : Aurillac, Ytrac, Roannes, Prunet, Labrousse, Vzac. *** 1. L'occupation antique Antrieurement l'poque antique le bassin d'Aurillac-Arpajon fait l'objet d'une occupation humaine intense : des silex moustriens ont t dcouverts par Boule prs d'Arpajon (H.V.C. II p.XXII), ainsi que d'importantes sries nolithiques (Aymar, R.H.A. 1912 p.55 sq.), tmoignant d'une importante mise en valeur du bassin d'Arpajon cette poque. Ces industries sont partiellement conserves au muse archologique d'Aurillac. Par ailleurs, un bracelet en bronze du Bronze final - Ier ge du Fer a t dcouvert prs d'Arpajon (dpt ? tumulus ?) (R.H.A. 1910 p.136 sq.), de mme qu'une hache talon du Bronze moyen (muse d'Aurillac) trouve Vermjo sur la limite communale avec Prunet. 1.1. Toponymie - Ariac (Arius + acum), anthroponyme latin (Morlet 1985 p.26), toponyme disparu. - Boussac (Buccius + acum), anthroponyme latin (Dauzat 1939 p.256). - Brouzac (Broccius + acum), anthroponyme gaulois latinis (Dauzat 1939 p.255). - Carbonnat (Carbonius + acum), anthroponyme latin employ adjectivement (Morlet 1985 p.54). - Carnejac (Carnisius + acum), anthroponyme latin (Dauzat 1939 p.261). - Carsac (Carcius + acum), anthroponyme latin (Dauzat 1963 p.150). - Crespiat (Crispius + acum), anthroponyme latin (Dauzat 1939 p.265). - Donazat, hameau cit au XIXe s. (Donatius + acum), anthroponyme latin (Dauzat 1963 p.250).

- Ganhac (Gannius + acum), anthroponyme gallo-romain (Dauzat 1963 p.308). - Jodergues (Judocius + anicum), anthroponyme latin (Dauzat 1985 p.109). - Lentat (?) pourrait driver de Lentius + acum (Morlet 1985 p.118). - Maussac (Mausius + acum), anthroponyme latin (Morlet 1985 p.139). - Senilhes (Senilia + acum), anthroponyme latin fminin (Dauzat 1939 p.236). 1.2. Voies de communication - Voie Nord - Sud en provenance de Prunet : L'itinraire mdival attest au XIIIe s. comme "strata publica" (cf. infra) venant de Montsalvy et Prunet passait au pied de Senilhes, dans la plaine du Cambon (ncropole antique) puis franchissait la Cre avant de se diriger sur Arpajon, puis Aurillac. - La voie Nord - Sud en provenance de Marcols, "strata publica" au XIIIe s., franchissait elle aussi la Cre au pont de Cabrires et se dirigeait vers Arpajon, via le Bousquet (ncropole antique). - Voie Est - Ouest en direction de la valle de la Cre, vers Ytrac et Vic (cf. monographies correspondantes) : cet itinraire dbouchait dans la plaine d'Arpajon. - Voie Nord vers le Pont de Mamou (ncropole ?) et Aurillac : ce chemin, identifi par E. Am comme la "Voie de Figeac Massiac par le Col de Cabre" (Am 1897 p.VIII) remontait vers la valle de la Jordanne. Arpajon se situe donc un carrefour de voies antiques secondaires, dont deux au moins sont vraisemblablement longes par des ncropoles. 1.3. Dcouvertes archologiques Les dcouvertes de mobilier antique se succdent dans le terroir d'Arpajon depuis le milieu du XIXe s. - La ncropole de l'"enclos Larmandie", dcouverte entre 1836 et 1841 correspond peut-tre approximativement la parcelle 175 du cadastre actuel -section du bourg-, le long de la rue du Lieutenant Goby (Scherding 1989 ; Scherding et alii 1990). Ce site est connu par le "Rapport Dubuisson" publi dans les Tablettes Historiques de l'Auvergne, 1842 p.83 sq. En voici le texte : " Chapitre Ier. Monnaies ou mdailles. 1 Deux mdailles gauloises, dont une, assez bien conserve, a pour type une tte cheveux boucls ; pour lgende, quelques lettres peu apparentes, et pour revers, un cheval au galop, avec quatorze zros contigus, rangs en ligne l'exergue. 2 Deux petites mdailles consulaires, en argent, des familles Muscia et Postumia, plus, six autres mdailles consulaires ou gauloises en cuivre, petit bronze. 3 Un fragment de mdaille de Csar, dictateur, en argent, mais fruste ; une mdaille de Tibre, et une autre de Cestianus ?, en argent, bien conserves. 4 Trois mdailles avec l'autel de Lyon, consacr Rome et Auguste, par soixante nations gauloises. Ces mdailles ont pour type la tte laure d'Auguste, et au revers, comme nous l'avons dit, un autel entre deux colonnes surmontes de Victoires, qui portent elles-mmes d'autres Victoires et des palmes, avec deux gnies sur la face de l'autel, supportant une couronne place entre deux pins. Autres mdailles, moyen bronze, de la colonie de Nismes, une des colonies espagnoles ; d'autres de Faustine la mre, de Claude, de Faustine la jeune, de Titus, de Domitien, de Nerva, de Trajan, d'Hadrien, d'Antonin, de Marc-Aurle, de Septime Svre, et de Svre Alexandre, plus deux autres mdailles du plus petit module de Ttricus pre et fils.

Toutes ces monnaies ou mdailles sont bien conserves et couvertes de ce vernis antique, naturel et inimitable, nomm patine, qui les embellit, au lieu de les dgrader, ce qui les rend d'autant plus prcieuses pour les amateurs numismatistes. 5 Trois mdailles, petit module, de Gallien, Salonine, sa femme, et Probus, en mauvais argent ou seulement sauces, ignobles et mal frappes, tmoignant l'tat de dcadence o l'art montaire tait parvenu cette poque. 6 Trente mdailles, moyen bronze, dans un tat plus ou moins fruste, et un petit anneau rput monnaie. 7 Mdaille ou amulette perce, dforme et altre par un commencement de fusion, ayant t probablement jete dans le bcher funbre de celui qui la portait. 8 Plusieurs fragments de monnaies, partages dessein, pour en faire des demies et des quarts. Chapitre II. Bijoux et petits instruments de toilette, de bain, etc. 9 Petit buste ou figurine, en ronde bosse, mauvais argent, ayant un petit anneau sur le sommet de la tte, pour l'adapter un collier. 10 Quatre agrafes ou fibules, en cuivre, de diverses formes et couvertes de patine ; deux pinces piler ou pilatoires (Voyez pl. 5, fig. 12 et 13) ; un passe-lien (mme pl., fig. 14) ; de longues pingles pour redresser, tager, soutenir et fixer les cheveux ; quatre graphium ou styles (mme pl., fig. 5) ; et de nombreux fragments d'autres petits instruments dont il est difficile de prciser la forme et l'usage. 11 Un beau fragment, en cuivre trs-oxyd, d'une poigne de cassette ou de tiroir (mme pl., fig. 9) ; une clochette en bronze, ayant la forme d'une fleur quatre ptales ; deux strigilles, ou raclettes, en cuivre, instruments de bain servant ntoyer la peau (mme pl., fig. 10) ; des cure-oreilles (mme pl., fig. 16 et 17) ; deux fragments d'une chanette en cuivre, artistement tresse, et deux cuillers en plomb de forme antique (mme pl., fig. 11.). 12 Un manche, en cuivre, de petit poignard ou de couteau de sacrifice, auquel est adhrente une partie de la lame, en fer trs-oxyd ; ce manche, d'une forme lgante, parat avoir t garni en pierres de couleur, ou plutt d'incrustations en mail (mme pl., fig. 5) ; une bulle, en cuivre trs-oxyd, ou mdaillon, qui servait renfermer des parfums, et que les jeunes Romains consacraient au dieux Lares, aprs les avoir ports en colliers jusqu' l'ge de dix-sept ans. Chapitre III. Statuettes et figurines en terre cuite blanche. 13 Douze petites statues de Vnus sortant de la mer, ayant deux dcimtres de hauteur environ, pidestal compris, provenant de diffrents moules, de formes plus ou moins lgantes. La desse de la beaut est reprsente nue, debout sur un pidestal hmisphrique, ayant les cheveux partags sur le front, descendant de chaque ct sur les tempes, cachant les oreilles, puis nous derrire la tte, et partie tombant sur le cou et les paules (Voyez pl. 4, fig. 2.). La main droite de la desse, releve la hauteur de la joue, tient quelques mches de cheveux ; tandis que le bras gauche tombe naturellement le long du corps, la main tient quelques plis d'un peplum ou voile, plac sur la console qui lui sert d'appui. 14 Deux statutettes de Minerve, dont une entire et bien conserve, ayant 23 centimtres de hauteur, pidestal et cimier compris, reprsente debout, casque en tte, la poitrine recouverte de la redoutable gide, sur laquelle on peut distinguer la tte de Mduse, hrisse de serpents entrelacs ; la main gauche repose naturellement sur un bouclier ovale, dress sur le pidestal contre la jambe gauche, tandis que la main droite est releve la hauteur du cou pour s'appuyer probablement sur sa lance (Voy. pl. 4, fig. 1re.).

La desse porte une tunique manches courtes, serre la taille, au cou et aux bras, descendant jusqu' mi-cuisse, avec une autre longue tunique au-dessous, plis nombreux. Plus simple et modeste dans son attitude et dans son maintien que fire et majestueuse, Pallas est ici reprsente le front doux et calme, la tte un peu incline en avant, comme dispose couter avec bienveillance les prires et les voeux qui lui sont adresss. 15 Quatre statuettes de Vnus, de 13 centimtres de hauteur, en tout semblables celles ci-devant dcrites, mais ayant la tte mitre, pour reprsenter quelque impratrice, Faustine la jeune peut-tre, ces sortes de comparaisons et de reprsentations tant trs-communes vers ce temps de l'empire romain. 16 Quatre bustes reprsentant une trs-jeune femme, la poitrine et les paules dcouvertes, les cheveux artistement boucls, natte et relevs, tenant de ses deux mains, contre son sein, un jeune lapin, petit quadrupde dou d'une grande vertu prolifique et adopt en consquence comme symbole de la fcondit. (Voy. pl. 4, fig. 7.). 17 Une statuette reprsentant un petit garon et une petite fille, qui se tiennent embrasss cte cte, envelopps dans la mme tunique et couverts du mme manteau, dont les coins relevs viennent former un gros noeud sur le devant, un peu au-dessous de la ceinture. Il est regretter qu'on n'ait trouv que deux fragments de cette figurine, qui, tant restitue, pourrait avoir 14 centimtres de hauteur sur cinq de largeur. L'un de ces deux fragments prsente le derrire des ttes des deux enfants, leurs bras et leurs mains mutuellement placs sur les paules l'un de l'autre, tandis que l'autre fragment n'offre que la partie antrieure des jambes, caches par la tunique, et la pointe des quatre petits pieds de ce groupe intressant. 19 [Sic]Une tte de jeune ptre ou d'esclave, riant et coiffe de la cucule (Voyez mme pl., fig. 3.). Autre tte entirement semblable, mais nue et absolument rase. Plus deux autres ttes de Romains, ignobles et sans caractre prononc. 20 Quatre bustes d'impratrices pares de la mitre, (mme pl., fig. 6), dont l'un, trs-petit et d'une bonne excution, n'est que la rptition de la tte de la petite Vnus. (Art. 15.). Plus, cinq bustes de matrones romaines coiffes du calathus ou en cheveux, et trois bustes de jeunes Romains de figures trs-distingues. (Voyez pl. 4, fig. 8.). 21 Une tte de jeune taureau, et quatre ttes de chevaux, de diverses grandeurs (Voyez pl. 5, fig. 1re.). 22 Quinze figurines de chiens et une seule de chienne, poil ras, museau pointu et oreilles droites, qui paraissent reprsenter le canis laconicus, ayant quelques rapports avec le renard ; un seul de ces petits chiens est couch, les autres sont assis, et ont tous un collier avec un grelot (Voyez pl. 4, fig. 4 et 5.). 23 Douze petits coqs d'espces et de grandeurs diverses, bien caractriss, les uns portant la tte haute et fire, les autres ayant la tte basse, le corps allong, dans cette attitude anime de coqs antagonistes, le plus souvent rivaux, prts s'lancer et frapper du bec et de l'ergot (Voyez pl. 5, fig. 3 et 4.). Plusieurs espces de poules (Voyez pl. 5, fig. 2), quelques oiseaux de proie ayant un collier, des oies, des paons (mme pl., fig. 6 et 8), et autres oiseaux peu faciles reconnatre (mme pl., fig. 7.) (1). Chapitre IV. Poteries romaines et briques. 24 Grande quantit de fragments de poterie, terra campana, de vases anaglyphes, orns de reliefs trsdlicats, de dessins varis en arabesques, festons, guirlandes, avec des figures de sacrificateurs, de guerriers, de petits amours, d'animaux fantastiques, griffons et autres ; des cerfs, des chiens, des livres ou lapins, etc. Plusieurs de ces fragments portent pour cachet les noms des artistes potiers, Jasius, Pudinis, Moxius, et autres noms illisibles, ou simplement indiqus par des lettres initiales.

25 Une petite urne lacrymatoire en verre vernisse et fracture, un guttus bien conserv, en terre cuite blanche, moul en forme de pomme de pin. Quatre patres ou coupes dans lesquelles on recevait le sang des victimes ou des liquides servant aux libations, plus, deux petites lampes spulcrales, dont une en argile rouge. 26 Un simpuvium ou simpulum, vase sacr dans lequel on versait le vin servant aux premires effusions. Et un discus, bassin plat ou assiette, servant recevoir les entrailles des victimes. 27 Plusieurs fragments de cous de bouteilles en terre, lagnes ou lcythes, autres fragments de cyathes ou vases boire, plusieurs cous deux anses, ayant 31 centimtres de longueur sur 15 de diamtre, provenant d'amphores. 28 Plusieurs carreaux en brique, ayant 2 dcimtres en carr sur 7 centimtres d'paisseur, trouvs avec des briques rebord, de celles nommes lateres pentadorum, cause de leur longueur, qui tait de cinq palmes, revenant 368 millimtres et un quart. 29 Le corps d'une urne cinraire (le cou ayant t fractur), trouv rempli de cendres, de terre avec quelques charbons, et une dent de cheval termine en pointe, ayant 46 centimtres de hauteur sur 25 de diamtre. Ce fragment d'urne spulcrale, le plus considrable qui ait t trouv, a t dpos au cabinet de la ville par M. Larmandie, avec les deux meules d'un moulin bras en trachyte, ayant 42 centimtres de diamtre sur 10 centimtres d'paisseur, dont l'une est presque use. 30 Et enfin, dans le terrain dfonc, il a t trouv de plus huit ou dix meules de moulin bras en trachyte et de mme dimension que celles dposes au cabinet. Ainsi se compose la collection de la majeure partie des objets antiques dcouverts Arpajon jusqu' 1841 ; elle pourra s'accrotre, puisque, dans divers endroits de cette localit, on fait, de jour en jour, quelques dcouvertes nouvelles. Dans nos excursions, nous avons t quelquefois frapps du retentissement bien prononc de nos pas sur le sol, aux environs de la maison de M. Magnes, situe la ase du Puy Gioli ; nous sommes peu prs certains qu'il existe une cavit au-dessous de ce sol ; esprons que des fouilles nous mettront un jour sur la trace de quelques antiquits plus intressantes. Ce mobilier est conserv en partie au muse archologique d'Aurillac, la majorit tant dtenue l'heure actuelle par des collectionneurs (Scherding 1989 ; Scherding et alii 1990). Il est difficile d'interprter les dcouvertes du XIXe s. La chronologie du site est donne partiellement par les monnaies. La srie dbute par deux monnaies "gauloises", puis trois monnaies d'Auguste, un as de Nmes ... les monnaies impriales reprsentent les principaux empereurs, des Julio-Claudiens aux Antonins. Les monnaies les plus rcentes appartiennent aux "Empereurs Gaulois" Ttricus pre et fils (troisime tiers du IIIe s.). Il semble donc que l'occupation du site soit situer entre le dbut du Ier et le courant du IIIe s. La nature du site parat tre funraire si l'on suit les descriptions de Dubuisson qui parle d'"urnes cinraires", de "cimetire ancien". Les trs nombreuses statuettes en terre blanche de l'Allier (plus de soixante), recueillies pour la plupart en bon tat de conservation attestent - notre avis- d'un site cultuel, ce type d'objet tant souvent prsent, titre d'offrande, dans les spultures des Ier - IIe s. Parmi les types les plus frquents dcouverts Arpajon figurent Vnus anadyomde, Minerve, des bustes fminins et masculins dont un revtu du cucullus, un risus, des chiens assis, coqs, poules, chevaux, colombes ... Cet ensemble constitue la plus importante srie de statuettes en terre blanche dcouverte en haute Auvergne. Les unguentaria en verre avaient eux aussi sans doute une destination funraire. Nanmoins la prsence d'objets usuels, notamment destins la toilette, et surtout de nombreuses meules bras montrent qu'il peut aussi s'agir d'un site d'habitat. La cramique sigille dcouverte par Dubuisson pourrait appartenir en partie aux ateliers du groupe de Lezoux.

Quoi qu'il en soit, l'abondance inhabituelle de statuettes en terre blanche bien conserves atteste l'existence d'un site cultuel, sans doute vocation funraire. Faut-il y voir la ncropole principale d'Arpajon, qui fut vraisemblablement chef-lieu de pagus, situe en priphrie de l'agglomration ? - La ncropole du Bousquet ("Martres", en bordure de chemin, Cad. XIXe s. D 187). En 1899 eut lieu la dcouverte fortuite de spultures du haut - empire (Aymar, R.H.A. 1899 p.37 sq.) : "En labourant la terre des Issards (n106 Sect.D), le fermier (...) ramena avec le soc de la charrue une pierre de forme rectangulaire, perce au centre d'un trou rond (...). On mit au jour une seconde pierre de forme identique et des fragments de verre. On se trouvait en prsence d'une spulture gallo-romaine compose de deux pierres superposes recouvrant une urne cinraire brise (0,6 x 0,3 x 0,2). L'urne en verre de couleur verte (...) reprsentait une carafe large panse, munie d'un bord en saillie avec une embouchure relativement large. Elle ne contenait que des cendres et des fragments de menus ossements (...). Le petit monument tait entour d'une couche de terre noire (...) L'existence d'une villa est atteste par des dbris de briques rebords que l'on rencontre dans la terre des Issards et dans un champ contigu (Les Clauzels, D107) (...) La voie d'Arpajon Figeac devait passer prs du Bousquet". L'auteur parle enfin de "substructions romaines" dans le village du Bousquet. On peut situer l'emplacement de la dcouverte au nord - ouest du Bousquet, entre les P.C. 611, 621 et 637. Des urnes provenant du Bousquet sont conserves au muse archologique d'Aurillac. - La ncropole du Cambon. En 1967, une dcouverte fortuite est signale dans la sablire du Cambon (La Montagne, Cantal, 2 mai 1967). "La carrire de sable du Cambon d'Arpajon a livr de nombreux tessons de poterie (assiettes, urnes ou amphores). Ils taient rcolts dans la couche suprieure de la carrire dans laquelle se trouvaient aussi de nombreux dbris de tuiles romaines. Dernirement l'on dgagea dans un front d'exploitation nouvellement ouvert deux plaques d'argile cuite distantes de 50 cm environ. Entre elles tait une sorte de bol lgrement verniss [?] trs aplati, des tessons de poteries de teintes varies et des objets enfer - clous ? (...). Il s'agissait d'une ciste funraire (...). La spulture en question a t expose Aurillac en 1972 (Muzac 1972, R.H.A. 1973 p.387) "ciste funraire avec son contenu, assiette, plat, vase une et deux anses". Des urnes provenant du Cambon sont conserves au muse archologique d'Aurillac, qui possde un sesterce d'Antonin le Pieux (R.I.C. 967). - Carbonnat : "dans une sablire", J.-B. Rames signale "plusieurs urnes funraires avec dessins en relief" (sigille ?) (C.A.G. 15 p.69). - Le site de la "grande sablire d'Arpajon". La localisation de ce site est problmatique. Il est mentionn pour la premire fois de faon explicite en 1902 (Grand 1902 p.187 sq.). "La compagnie de chemin de fer d'Orlans fit exploiter pour la construction de la ligne Figeac - Arvant une ballastire qui se trouve l'entre du bourg, droite de la route nationale, en venant d'Aurillac" (actuelle D 920). Les traces de cette ballastire, abandonne dans les annes 1920, sont encore perceptibles sur la terrasse qui domine la Cre, au nord - ouest du bourg mdival d'Arpajon (PC 605). "Les ouvriers mirent au jour (...) deux ou trois petits bronzes et une belle stle (...) dont la tradition veut qu'elle ait t trouve au fond d'un puits (...) [Ces puits] taient cylindriques, d'un diamtre troit (0,4 0,5 m), btis en pierres sches par assises superposes de dalles de silex. Combls de terre et de dbris par l'boulement de la couche suprieure, ils taient creuss dans la couche de cailloux rouls qui forme la ballastire, mais ne la traversaient pas compltement (...). Le fond tait absolument sec. Parmi les dbris de

toutes sortes on a trouv de nombreux os de volatile, de mouton, de veau, des dbris de poterie commune, un crampon en fer cinq crochets et un anneau de suspension, une lame en fer (...)". Un croquis a t effectu l'poque. On y voit le dgagement d'un puits circulaire. Une cramique figure au premier plan, le front d'extration de la ballastire l'arrire-plan. En 1912 fut dcouvert un nouveau "puits du IIIe s. contenant des fragments de poterie ayant p tre reconstitus dans la sablire d'Arpajon" (L'Avenir du Cantal, 21 juillet 1912). Un dessin de Pags-Allary, conserv au muse archologique d'Aurillac, dat lui aussi de 1912, figure des "objets trouvs dans un des puits des carrires de sable d'Arpajon" dont, selon l'auteur, quatre monnaies arvernes et deux monnaies gauloises " la croix", ainsi qu'une anse d'amphore Dr.20 estampille LOS. L'identification des monnaies d'argent propose par Pags-Allary a t rectifie par G. Charvilhat en 1913 (Rev. d'Auvergne p.274). Une monnaie de Marseille, une des Volques Tectosages, une des Squanes, une des Eduens. L'absence de monnayage Arverne est surprenante. Enfin le croquis de l'un de ces puits, effectu "d'aprs nature" au XIXe s. montre une structure circulaire d'un diamtre suprieur au mtre. Il convient donc de ne pas gloser sur le diamtre d'ouverture. Le remplissage de ces puits permet de situer leur utilisation entre le Ier sicle de notre re (monnaies gauloises) et le Haut-Empire (amphore Dr.20). Mais c'est surtout la stle -trouve au fond d'un puits d'aprs une tradition orale qui avait cours vers 1900-qui constitue la trouvaille majeure du site. Sculpte dans un trachyte local, elle mesure 0,82 m de long, 0,37 m de large pour une paisseur maxima de 0,08 m. De composition trs classique, elle reprsente le dieu Mars, entour d'un dicule. Celui-ci est figur par deux colonnes chapiteaux corinthiens surmonts par un fronton triangulaire dont le centre est orn d'un canthare. Mars est debout, en nudit hroque, tenant d'une main une lance, de l'autre un bouclier ovale pos sur une pierre en forme d'autel. Le casque est dot d'un cimier axial et de couvre-joues relevs, peut-tre pour permettre la reprsentation de la chevelure boucle. On pourra comparer cette reprsentation avec la stle de Mars conserve au muse de Meaux ou la jambire de parade de Slavonski Brod (Slovnie), datant du IIe s. La stle votive d'Arpajon est difficile dater avec prcision, entre le IIe et le IVe s. Sa prsence voque bien sr la proximit d'un lieu de culte. Lors de sa dcouverte, en 1874, l'objet avait t identifi comme un "cippe funraire sculpt (...). L'urne de ce cippe se trouve dans notre cabinet avec une autre urne en verre renfermant les restes incinrs d'un petit enfant (...)" (cit par Grand 1902 p.190, qui infirme l'identification et l'association propose ci-dessus). Une vocation funraire de cette stle semble carter ; sa prsence au fond d'un puits ne traduit videmment que son abandon ; sa provenance reste problmatique. - Maussac. "En 1867 dans le jardin de Mr Bonnefons Maussac, distant de 500 600 m vol d'oiseau de l'enclos Larmandie (...) on dcouvrit des fragments de poterie lustre [sigille ?], des tuiles rebord [tegulae] et des mdailles, dont une de l'empereur Antonin". (Grand 1902 p.188). - Mrigot. On aurait dcouvert cet endroit des statuettes en terre blanche (Muzac 1973 p.385). - Puy Gioli (?). D'aprs Dubuisson (1842 p.92), "Les fondations formant un carr long mises dcouvert en 1818 sur le sommet du Puy Gioli que je visitais (...) pour en dresser le plan doivent tre attribues un (...) temple ou autel ddi Jupiter".

Des "fondations carres" pourraient bien sr faire penser un fanum, et la petite colline dominant le bourg d'Arpajon constitue un site cultuel potentiel pour un sanctuaire de hauteur. Les prospections au sol que nous avons menes avec E. Vabret ont montr la prsence au sommet de tessons d'amphore, de tegula et de cramique antique en petite quantit. Toutefois on ne dispose d'aucune forme ancienne concernant le toponyme, crit aussi "Joly" au XIXe s. Le site parat tre appel "podium d'Arpajo" au XIIIe s. et une description archologique faite en 1808 y signale une "plate-forme carre et entoure de fosss demi combls" (C.A.G. 15 p.67). Elle semble plutt se rapporter un castrum mdival, peut-tre celui de la famille ponyme (cf. infra). - Le Pont - La Vergne. Au cours des travaux autour de la D.920, nous avons pu observer dans les limons de colluvion la prsence de mobilier antique : tegulae, cramiques communes du Haut-Empire ... - Le bourg d'Arpajon. Depuis les annes 1980, les dcouvertes archologiques se sont succdes au coeur du bourg mdival, dans le secteur de l'glise. Ces dcouvertes concernent l'Antiquit classique et tardive: Antiquit classique. - En 1985 dans la rue L. Dauzier, Mr et Mme Scherding recueillent dans une tranche une masse importante d'amphores italiques et grco-italiques, associe de la cramique gauloise (Scherding 1989, Scherding et alii 1990). Nous avons pu tudier ce lot qui comportait 71 bords d'amphore Dr. 1A, 2 de Dr. 1B, 16 d'amphore grco-italique 5 ou 6 ; 13 pieds de Dr. 1A, 2 de grco-italique, 1 de Dr.1B ; 61 anses de Dr. 1. Le mobilier cramique associ comprend de la campanienne A, des urnes carnes, des bols et des jattes non tournes caractristiques de la Tne III. Ce lot, trs homogne, est coup sr antrieur la Conqute ; on peut le faire remonter la fin du IIe ou au dbut du Ier s. avant notre re. - En 1988, rue du Gnral Leclerc fut dcouverte "plante droite dans le sol une demi - amphore haute du pied la panse de 48 cm environ. Elle tait pleine de terre et de cailloux (...) une multitude de tessons d'amphore (...) de nombreux tessons de poterie varie, sombre et assez grossire (Scherding 1990 p.71). Il s'agit d'amphores de type Dr. 1. - Un autre lot de cramiques provenant du centre ville comprend une srie d'assiettes, de jattes carnes, d'urnes caractristiques de la Tne III, associs de la campanienne A. L'amphore italique est galement prsente place de l'glise, place de la Rpublique, avenue Goby (Scherding et alii 1990 p.68). Ces dcouvertes attestent une occupation antrieure la Conqute l'emplacement du bourg mdival. A l'occasion de travaux de voirie effectus entre 1985 et 1988, au centre du bourg, ont t recueillis par les chercheurs locaux plusieurs ensembles de cramiques de l'Antiquit classique, dont des sigilles de la Graufesenque et de Lezoux (Dr. 29, 37 ...). Mais surtout un mur antique orient est - ouest a t repr sur une longueur de 13 m, place de la Rpublique, en 1988. Il est construit de petits moellons calcaires (opus vittatum) assises rgulires, comme le fanum d'Aron dat du Ier s. Le mobilier dcouvert en association avec ce mur comprend notamment de la sigille de Lezoux et la Graufesenque (Dr. 37) comprise entre la deuxime moiti du Ier s. et le IIe s. de notre re (Usse et alii 1990). La longueur de ce mur laisse supposer la prsence d'un btiment important de l'Antiquit classique.

Enfin, des dcouvertes anciennes provenant d'Arpajon sont conserves au muse archologique d'Aurillac, dont un fragment de mosaque polychrome. Antiquit tardive. - Les ramassages effectus par les chercheurs locaux au centre du bourg lors de travaux de voirie ont permis d'identifier quelques cramique tardives : sigille claire B, mortier mufle de lion Drag. 45 ... - Cependant l'essentiel des vestiges sont concentrs sur l'actuelle place de la Rpublique, autrefois occupe par l'ancienne glise paroissiale romane. Une couche de tegulae tardives a notamment t observe dans une tranche. La dcouverte fortuite, en 1988, d'un sarcophage aquitain en marbre de l'Antiquit tardive face l'extrmit occidentale de la nef de l'glise romane, suivie d'un sondage archologique cet endroit, claire d'un jour nouveau l'histoire d'Arpajon (Usse 1989, Usse et alii 1990). Ce sarcophage, en partie dtruit lors de sa dcouverte, n'a pu tre fouill ; sa position stratigraphique n'a pu tre observe avec prcision. Toutefois il tait orient est-sud-est / ouest-nord-ouest, ce qui ne correspond ni l'orientation du mur antique (est - ouest), ni celle de l'glise romane (est-ouest vel plus vel minus). Sa position altimtrique tend le mettre en rapport avec le niveau le plus profond de sarcophages en pierre observs immdiatement l'est. Le sarcophage tait rempli de terre infiltre, aucune inhumation n'a t observe. Le sommet de la btire du toit prsente les traces d'une usure trs importante patine lustre. Cette usure est de un frottement rpt. Deux sillons parallles peuvent avoir t creuss par le passage rpt de vhicules roues, mais il s'agit plus vraisemblablement de prlvements de matire intentionnels dans le but de constituer des "reliques". En tout cas, la parte sommitale du sarcophage est reste longtemps l'air libre avant d'tre totalement ensevelie. Le sarcophage est taill dans un bloc de marbre gris de type Saint Bat (cipolin pyrite). La cuve est de plan rectangulaire et de section trapzodale (L. : 2,10 m ; l. : 0,82 m ; h. : 0,50 m ; p. parois : 0,09 m). Un paississement est visible la liaison fond - paroi, dtail caractristique des cuves pyrnennes. Seules trois faces sont sculptes, la quatrime tant simplement lisse. A la suite d'un clatement de celle-ci, elle a t soigneusement rpare grce une agrafe en fer, selon une technique utilise pour ce type d'opration ds la fin de l'Antiquit. Le grand ct est orn de trois panneaux subrectangulaires rythms par des pilastres rudents chapiteaux "corinthiens". Le panneau central est orn d'un chrisme "constantinien" entour d'un disque moulures concentriques. Le motif central est entour de deux rinceaux de vigne jaillissant d'un canthare. Les deux panneaux priphriques sont orns de frises de chevrons rigides opposs disposs sur deux registres, spars par une gorge. Les petits cts sont galement orns de frises de chevrons opposs sur deux registres, de part et d'autre d'un pilastre central. Le couvercle (L. : 2,22 m ; l. : 0,85 m ; h. : 0,30 m) est en btire quatre pans dont les artes s'ornent d'un pi stylis. Un dcor d'imbrications recouvre l'ensemble de la surface, limit sa base par une gorge - gouttire perle. Ce type de sarcophage aquitain dcor gomtrique et vgtal est maintenant bien dat du Ve s., la suite du colloque de Genve en 1991 (Antiquit Tardive n1, Genve 1993). Le sarcophage d'Arpajon a d'ailleurs t insr par C. Metzger (ibid. p.83) dans une srie trs homogne, diffuse Manglieu en basse Auvergne, Bordeaux, Agen, la Gascogne, Toulouse et Bziers. Une datation de la seconde moiti du Ve s., base sur des critres stylistiques (Usse et alii 1990) parat hasardeuse, la chronologie interne des sarcophages d'Aquitaine tant peu assure. Dans le cas du sarcophage d'Arpajon l'aspect du chrisme, soign et non latinis, pourrait tre un argument en faveur d'une datation haute ; les motifs gomtriques sont inversement considrs comme assez tardifs. Situer cette oeuvre dans le courant du Ve s. nous parat raisonnable. Mais sa date de fabrication ne peut apporter a priori d'information dcisive concernant l'poque de son enfouissement cet endroit.

En effet, les fouilles de 1988 proximit de l'ancienne glise romane ont rvl la prsence d'une ncropole du haut Moyen Age (cf. infra), dont les origines pourraient remonter la fin de l'Antiquit. Plusieurs indices tendent en effet dmontrer qu'une ncropole chrtienne s'est dveloppe proximit de la future glise romane. Lors de la dcouverte fortuite des sarcophages a t recueilli un fragment de marbre sculpt appartenant un autre sarcophage d'Aquitaine. Il s'agit d'un morceau de fond de cuve conservant la base du dcor de la face externe (grand ct ?). Le dcor est compos d'alvoles carres spares par un cable torsad, dans lesquelles devaient se dvelopper des fleurs, comme c'est le cas de plusieurs sarcophages du Midi Toulousain. Il y avait donc au moins deux sarcophages de l'cole d'Aquitaine dans la ncropole d'Arpajon. Or, un texte de 1635 mentionne : "Il y avait un village tout proche d'Aurillac appel "Areopagus" ou Arpajon o il y a une spulture de marbre blanc avec une belle inscription qui dit que Constantius Nobilis a t enterr l" (Vigier 1635 p.789). D'aprs Deribier (D.S.C. t.II p.311), "Ce tombeau tait dans l'glise d'Arpajon, et fut dtruit dans les premires annes du XVIIe s.". Cette pitaphe parat trs crdible, mme si la lecture de Vigier est certainement lacunaire. On peut titre d'hypothse la restituer en "HIC REQUIESCIT CONSTANTIUS DE NOBILE GENERE", sur le modle de l'pitaphe de Ludebertus Trves. Le support de l'inscription est tout aussi problmatique : sarcophage tabula, couvercle, stle ? Le patronyme Constantius est frquemment utilis au Ve s. (cf. Sidoine Apollinaire) et se rarfie au haut Moyen Age. Nous serions tents de voir dans l'pitaphe de Constantius un indice supplmentaire de la prsence d'une ncropole palochrtienne Arpajon. Enfin une des spultures du haut Moyen Age, vraisemblablement contemporaine de l'enfouissement du sarcophage d'Aquitaine, contenait en remploi une bouteille de verre panse cylindrique de type Morin 66 - Feyeux-Perin 111, fabriqu dans le courant du Ve s. et qui disparat vers 530 - 540. Cet objet pourrait provenir d'une spulture de la fin de l'Antiquit rutilise au haut Moyen Age. Il est donc vraisemblable qu'une ncropole palochrtienne du Ve s. ait exist Arpajon, laquelle fait suite une ncropole du haut Moyen Age, cette dernire tant atteste par l'archologie. - Enfin une srie d'objets antiques provenant de la commune d'Arpajon -sans plus de pcisions- sont connus par un inventaire partiel publi en 1910 (R.H.A. 1910 p.136 sq.). On reconnat un as de Nmes, deux fragments de sigille Dr. 29, une estampille SABINI (La Graufesenque), une estampille anpigraphique de Lezoux, une paroi fine, une terra nigra du IIIe s., deux cls dont une laconienne et un couteau soie. 2. L'occupation du haut Moyen Age 2.1. Toponymie 2.2. Voies de communication 2.3. L'occupation du sol : textes et archologie Un tremissis mrovingien porte l'avers ARPAGONE et au revers LEODERAMNUS M. (Prou n2490 ; Belfort n318). Il semble bien s'agir d'Arpajon : mme si le style de la monnaie est atypique, on peut remarquer sur le droit la prsence d'une toile comme sur les monnaies de Brioude, et sur le revers un nom de montaire connu par un autre triens de style Arverne (Belfort n214). Par ailleurs, trois tremissis ont t dcouverts avant 1896 "sporadiquement dans les environs d'Aurillac" (Ann. S.F.N. 1896 p.150 sq.). Il s'agit d'une monnaie de Banassac, une de IVCIOD (Maine ou Anjou) et d'une de la Schola palatina. Dans ce cas encore, pas de monnaie arverne.

- Arpajon est mentionn en 930 ; c'est une vicairie faisant partie du ministerium de Carlat : "In ministerio Cartladense, in vicaria Arpagonense" (Cart. Conques n6). Les fouilles de 1988 l'extrmit de la nef de l'ancienne glise paroissiale romane, ddie St Vincent de Saragosse, l'un des saints mrovingiens d'Aquitaine, ont montr la prsence d'une ncropole du haut Moyen Age cet endroit. Anciennement, en 1912, avaient t mis au jour "des cercueils en pierre parfaitement conservs" et "le ft d'une colonne (...) en trois tronons" qui n'appartenait pas -semble-t-il- l'glise romane (L'Avenir du Cantal et Le Cantal Rpublicain, 4 fv. et 12 fv. 1912). Deux objets pourraient galement se rattacher un difice religieux du haut Moyen Age : il s'agit de deux carreaux de terre cuite dcors d'une frise reprsentant un ove au centre, entour de part et d'autre de rinceaux vgtaux styliss. On peut les comparer des lments de dcor en terre cuite provenant de St Germain des Prs, appartenant un difice religieux mrovingien. Ce type de briques dcoratives est gnralement dat entre le Ve et le VIIe s. Les briques d'Arpajon sont conserves au muse archologique d'Aurillac ; elles auraient t dcouvertes dans l'enclos Larmandie, mais ne figurent pas sur l'inventaire Dubuisson. On ignore en vrit le lieu prcis de leur dcouverte. Le sondage archologique de 1988 (Usse et alii 1990) a permis de mettre en vidence trois niveaux de sarcophages successifs. Les deux plus profonds semblent tre attribuables au haut Moyen Age. Le niveau le plus ancien (trois sarcophages) parat synchrone de la mise en place du sarcophage d'Aquitaine. Ils sont installs au contact du substrat naturel, travers un horizon limoneux peu anthropis. Un sol de mortier de chaux est mis en place peu aprs en surface, scellant le niveau. Il est donc vraisemblable qu'une structure couverte ait t amnage au-dessus des tombes. Les trois cuves sont tailles dans la brche volcanique. Le plan gnral est oblong, arrondi la tte, se rtrcissant vers les pieds. L'une des cuves possdait un coussinet accompagn d'une bauche de cavit cphalique. Deux des couvercles taient en brche, ovalaires et en lgre btire, le troisime plat et en calcaire, trapzodal. Il s'agit sans doute d'un remploi. Le sarcophage amnagement cphalique a livr une bouteille de verre rutilise, dcrite supra, dpose au niveau de la clavicule gauche selon un usage attest l'poque mrovingienne. Le squelette avait les mains croises sur le pubis. Les auteurs de la fouille laissent entendre un lien de contemporanit entre le sarcophage d'Aquitaine et ces trois sarcophages, la bouteille de verre tant interprte comme un dpt primaire. Nous pensons que cette analyse doit tre abandonne. Les trois sarcophages en pierre sont d'un type volu : plan trapzodal arrondi la tte, amnagement cphalique bauch ..., et ne peuvent pas, dans l'tat actuel des cannaissances typologiques sur les sarcophages du haut Moyen Age, tre antrieurs au VIIe ou au VIIIe s. Nous pensons que cet ensemble est rattacher au courant de l'poque mrovingienne. Ces spultures devaient tre protges par une structure couverte, qui recouvrait sans doute aussi le sarcophage d'Aquitaine situ plus l'est. Faut-il y voir un mausole dont la tombe privilgie serait le sarcophage aquitain, dont l'arte du couvercle devait merger du sol et donc tre offerte la vnration des fidles, ce qui expliquerait l'usure patine et les prlvements de matire constats ? (cf. Vita Geraldi : le sarcophage de Graud est visible dans le cimetire, d'o le couvercle merge. La dvotion des fidles l'exhume petit petit). Le second niveau : aprs destruction partielle du sol de mortier, un remblai contenant des matriaux de dmolition est mis en place : mortier, tegula, imbrex, mobilier de l'Antiquit classique et un clat de marbre de Saint Bat provenant peut-tre d'un sarcophage. L'angle d'un massif de maonnerie orient a t dcouvert dans l'angle sud - est du sondage. Il semble appartenir cette phase, comme deux sarcophages. L'un d'entre eux est d'ailleurs parallle au parement de la maonnerie ; il est donc vraisemblablement postrieur celle-ci.

Une cuve ovale en brche possde un orifice de drainage des sucs, le couvercle ovode est lgrement bomb. L'autre cuve est taille au pic dans un calcaire tertiaire local, elle prsente un plan "naviforme" ; le couvercle est taill dans un tuf volcanique, de forme ovode, lgrement en btire, orn d'une croix grecque branches gales