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Carnet sonore d’Iran 2008…2009 Marianne Afsar Soltani Azad Éditions Déracontés

Carnet sonore d'Iran

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Carnet sonore d'Iran

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Carnet sonore d’Iran 2008…2009

Marianne Afsar Soltani Azad

Éditions Déracontés

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À votre belle écoute qui m’a accompagnée, sur ce chemin vibrant et sonore

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Femmes au sanctuaire

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Carnet sonore d’Iran 2008…2009

Je suis française, je suis iranienne, je suis en chemin.

Je suis partie de France goûter à la culture persaneLa langue, la musique traditionnelle, la littérature, les arts du spectacle…

Pour partager ce voyage prêtez votre oreille. Laissez-vous transporter à votre tour,

en vous plongeant dans l’ambiance sonore iranienne.

Bonne écoute.

MariannAfsar

Carnet sonore d’Iran 2008…2009 est avant tout un carnet de voyage à écouter. Cette correspondance, composée de 100 échantillons sonores, vous donne un aperçu de la vie “ici”, à vous “là-bas”. Les sons ont été pris sur le vif et donnés à entendre tels quels. Ils ont été envoyés mensuellement par mails à un réseau amical, durant mon séjour en Iran.

L’édition actuelle se présente sous forme d’un CD et d’un livret avec les textes et les dessins.

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Brin de persil

Piste 7 : Découpage des “sabzis”

Piste 1 : Présentation du mail n°1

Piste 2 : Tajrish, taxi “dar bast”

Piste 3 : Musiciens de rue

Piste 4 : Sortie de l’école primaire des filles

Piste 5 : Vendeur de glace dans l’autobus

Piste 6 : Chanson du “zalzalak”

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Mail sonore n°1 16 âbân 1387, 6 novembre 2008

Salam azizam, bonjour les amis,

Voici le début de ce carnet sonore de voyage. Dans ce premier envoi du sizdahome âbân hezar o si sad o hashtad o haft, ou du six novembre deux mille huit, je vous propose d’écouter des échantillons de l’ambiance téhéranaise (Piste 1). Sur la place de Tajrish, au nord de Téhéran (Piste 2), toujours extrêmement peuplée, bondée, encom-brée de voitures, des chauffeurs de taxis proposent leurs services aux passants : « Dar bast, taxi dar bast ». À la sortie du concert de Mohamad Reza Shajarian (Piste 3) - très grand chanteur de musique clas-sique iranienne - des musiciens de rue (deux enfants à l’accordéon et au chant) font la quête. Les mamans et les papas attendent à la porte de l’école des filles la sortie de leurs enfants. (Piste 4). En partance pour la ville sainte de Ghom, dans l’autobus (Piste 5), un vendeur de glace propose ses produits aux passagers.« Deux glaces pour 500 toumans ! ». Zalzalak (Piste 6), c’est un petit fruit dont on doit cracher les gros noyaux. Des vendeurs de rue chantaient ce chant pour faire venir le client. L’enregistrement est très court car la mémoire des personnes enregistrées leur fait défaut. « Ce sont des zalzalak, zalzalak, fruits du jardin de Vanak. Tu en manges et tu gonfles. Tu craches ses noyaux… » Dans les cuisines iraniennes, on peut souvent entendre le rythme du découpage des « sabzis » (Piste 7). Les plantes aromatiques sont d’abord finement hachées. Sous cette forme, elles entreront dans la fabrication de nombreux plats.

Je vous fais mille et un baisers sonores jusqu’au prochain mail.

MariannAfsar

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Joueur de foot “Hossein” n°3

Piste 8 : Présentation du mail n°2

Piste 9 : Prière à Ghom

Piste 10 : Football

Piste 11 : Jomeh bazar

Piste 12 : “Barun barun” sur la route

Piste 13 : Mozart à quatre mains

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Mail sonore n°2 16 âzar 1387, 6 décembre 2008

Salam azizam, bonjour les amis,

Dans ce deuxième envoi de mon carnet sonore iranien, du sizdahome âzar hezar o sisad o hash-tad o haft, ou du six décembre deux mille huit, voici encore quelques échantillons de l’ambiance iranienne (Piste 8). Un petit bout de l’appel à la prière dans le Haram (sanctuaire) de Ghom (Piste 9). Autre rassemblement de masse, le football... (Piste 10). Le bazar du vendredi (Piste 11) est un marché spécial où antiquités, objets de brocante, et de fabrica-tion chinoise se côtoient dans un mélange de sons ahurissant entre les commentaires des marchands et des clients, les essais des vieilles radios à lampe, des tourne-disques crachotant la Symphonie de Faust, ou un ancien morceau iranien et bien d’autres sons encore…

Pour fuir Téhéran, et précisément le béton et les milliers de voitures, je suis allée avec les partici-pants du cours de chant classique persan respirer l’air d’Amol dans le Mâzanderân, au nord de l’Iran et voir l’automne avec ses arbres de toutes les couleurs. Le voyage a été l’occasion de chanter à pleins poumons. « Barun barun », (pluie, pluie) c’est une chanson très connue, accompagnée dans l’enregistrement par un divan (Piste 12).

Ce carnet sonore se conclut, cette fois, par une répétition d’une sonate de Mozart à quatre mains (Piste 13) : deux mains iraniennes et deux mains non iraniennes. Et quelques accords verbaux en persans et en anglais.

À la prochaine écoute.

MariannAfsar

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Grenade

Piste 19 : Soirée musicale, chanson galeshi

Piste 14 : Présentation du mail n°3

Piste 15 : Manger une grenade et se faire manger par le soleil

Piste 16 : École des garçons à la récréation

Piste 17 : Ashoura trompette et caisse claire

Piste 18 : Ashoura chant

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Mail sonore n°3 16 dey 1387, 6 janvier 2009

Salam azizam, bonjour les amis et très bonne année 2009

Dans ce troisième envoi de mon carnet sonore iranien, du sizdahome dey hezar o sisad o hashtad o haft, ou du six janvier deux mille neuf, voici encore et toujours quelques échantillons « sonnants et trébucha-nts » de la vie d’ici (Piste 14).Cet envoi marque également le jour de mon anniversaire : 29 ans de vie sur terre, le premier anniversaire que je passe en Iran. En additionnant tous mes séjours iraniens -jour pour jour- c’est aussi l’anniversaire de mes un an de vie en Iran. Après quelques semaines de sérieux doutes et de remises en cause, dus aux échafaudages d’incompréhensions culturelles, c’est enfin aussi peut-être un nouveau départ pour moi… Et c’est reparti !

Aujourd’hui il fait très beau, dans le jardin de mon amie, je mange une grenade, pendant que le soleil me mange la peau (Piste 15). Avec aussi les oiseaux, les travaux et la voix amplifiée des marchands ambu-lants qui passent dans la rue proposer leurs fruits et légumes, offrir leurs services, ou acheter tout ce qui est usagé… Le bonheur de la vie ! Après l’école des filles, voici l’école des garçons à la récréation (Piste 16). L’Ashoura (Piste 17 et 18) c’est une fête commémorative du martyre de l’Emâm Hossein, descendant du prophète, tué de façon injuste pour les musulmans chiites. Depuis quelques jours déjà une partie de la population se mobilise. La ville, le pays se transforment : les rues et les magasins sont striés de banderoles noires en hommage à Hossein. Des processions sont organisées : les hommes habillés de noir défilent en chantant des chants d’hommage et en se frappant la poitrine rythmiquement avec la main ou avec un « fouet de chaînes ». Les femmes sur le côté regardent passer les cortèges et pleurent Hossein. Des mises en scène de la vie d’Hossein et de sa mort tragique se donnent aux principaux carrefours, ou sur les places des bazars. Par exemple dans l’enregistrement, vous écoutez dans une première partie un accompagnement à la trompette et à la caisse claire et dans une deuxième partie des déclamations et du chant. Lors d’une soirée musicale dans la région du Gilân au nord de l’Iran (Piste 19) : un petit bout d’une chanson de la région du Galesh.

Je laisse vos oreilles déguster, jusqu’à la prochaine fois. Je vous fais deux mille neuf baisers sonores et vous souhaite une année-lumière de bonheur.

MariannAfsar

Piste 17 : Ashoura trompette et caisse claire

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Poussins colorés du bazar

Piste 20 et 21 : Présentation du mail n°4

Piste 22 : Prédiction

Piste 23 : Chant kurde

Piste 24 : Ashoura-Frappements de poitrine

Piste 25 : Ashoura-Procession des chars

Piste 26 : Ashoura-Chameau égorgé

Piste 27 : Ashoura-Levé du Naghl

Piste 28 : Source du désert

Piste 29 : Bazar de Shiraz

Piste 30 : Salam Hafez

Piste 31 : Cours de chant classique persan

Piste 32 : Târ

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Piste 20 et 21 : Présentation du mail n°4

Piste 22 : Prédiction

Piste 23 : Chant kurde

Piste 24 : Ashoura-Frappements de poitrine

Piste 25 : Ashoura-Procession des chars

Piste 26 : Ashoura-Chameau égorgé

Piste 27 : Ashoura-Levé du Naghl

Piste 28 : Source du désert

Piste 29 : Bazar de Shiraz

Piste 30 : Salam Hafez

Piste 31 : Cours de chant classique persan

Piste 32 : Târ

Mail sonore n°4 18 bahman 1387, 6 février 2009

Salam azizam, bonjour les amis

Voici un quatrième mail très chargé en échantillons sonores. Je vous parle du jardin en compagnie des oiseaux et du son de la neige qui fond au soleil (Piste 20 et 21). Un message spécial pour vous dire, que par delà les contraintes matérielles et psychologiques - non des moindres - j’ai intention de passer le printemps jusqu’à l’été en Iran. Après quatre mois de séjour, je pourrais ainsi enfin entreprendre ce pourquoi je suis partie au départ : les cours de littérature persane, les cours de chant traditionnel, de daf, de calligraphie. Je pourrais aussi continuer à donner des cours de français et à monter des spectacles de marionnettes en français et en persan. Et surtout continuer à manger des Pofaks (des chips de maïs au goût fromage savoureusement chimique).

J’ai acheté une « prédiction de Hâfez » à un vieux monsieur dans la rue (Piste 22). Dans une envel-oppe décorée avec d’une représentation du poète, se trouve plié en deux, le poème de Hâfez qui répondra à mes questionnements du moment. Une amie me lit le poème. Je vous laisse découvrir cette prédiction. Un petit bout de chant kurde (Piste 23).

Suite du collectage sonore de la commémoration du martyr de l’Emâm Hossein (Piste 24). Le matin de l’Ashoura à Yazd, au rez-de-chaussée de la mosquée, les hommes se frappent la poitrine ensemble et en rythme pour commémorer la tragédie ; sur la mezzanine, les femmes assistent à la scène. Des chars et des figurants représentant les scènes importantes de la vie et de la mort de l’Emâm défilent dans la rue en musique (Piste 25). À Yazd en fin d’après-midi, un chameau est égorgé en hommage au martyr (Piste 26 : oreilles sensi-bles s’abstenir). Toujours en l’hommage à la souffrance de Hossein et de sa famille (Piste 27), dans la cour d’une des mosquées de quartier, le naghl, une imposante construction de bois en forme de feuille de palmier, décorée de miroirs et de poignards, est soulevée et déplacée sur un ou plusieurs tours de la cour, par une cinquan-taine d’hommes (cela peut aller jusqu’à plusieurs centaines de personnes selon la hauteur et le poids des constructions). La foule rythme chaque avancée du naghl du nom de Hossein et suit le naghl.

Retour au calme, retour au(x) source(s) (Piste 28). Le temps d’écouter l’eau couler dans le petit vil-lage de Garmeh aux portes du désert. Au crépuscule pendant l’appel à la prière, le bazar de Shiraz, côté légumes (Piste 29). Sur le tombeau de Hâfez à Chiraz, j’engage la conversation avec le poète : « Bonjour Hâfez. De loin, je suis venue ici, pour faire ta connaissance. C’est une bonne idée non ? Je suis venue te voir pour continuer à chanter tes poèmes. Hâfez, tu m’as entendue ? Hâfez ? » (Piste 30).

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Kaki

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Plusieurs d’entre vous me titillent… il faut bien que je dévoile un peu ce qui m’a attirée en Iran et qui me fait rester et supporter la pression quotidienne (Piste 31). Voici donc une répétition de la fin du chant Ma-snavi dans le mode Mahour. C’est un poème de Mowlânâ (Rumi) : « Quand l’amour est arrivé, le kalam s’est cassé et la feuille du poème s’est déchirée ».Je fais appel à toute votre indulgence : vous comprendrez bien qu’entre le persan littéraire difficile à com-prendre pour moi, mon accent franchoulliard et mon chant nasal, on ne peut plus délicat, les variations du mode lui-même, les variations de la mélodie dans le mode, la technique ornementale, la fin d’une grosse grippe et la peur de chanter pour des oreilles attentives… Bref vous serez j’espère, vous aussi, indulgents en écoutant cet extrait. Pendant le cours de chant classique, le musicien, improvise au târ (instrument traditionnel à cordes) sur le mode Mahour (Piste 32).

Je vous laisse savourer des oreilles ces échantillons sonores. La suite au prochain mail... Merci pour vos retours écrits. Et toujours, pour vous, des pensées bien sonores.

MariannAfsar

Kakis sous plastique en hiver

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Échoppe d’épices au bazar

Piste 33 et 34 : Présentation du mail n°5

Piste 35 et 36 : Voix du kalam, entre papier et encre, mots et sens

Piste 37 : Accordéon de rue

Piste 38 : Rémouleur

Piste 39 : Chanteur du bazar de Tajrish

Piste 40 : Chanteur de rue “Ya Ali”.

Piste 41 : Bistodo e Bahman, les 30 ans de la Révolution islamique

Piste 42 : Hossein techno

Piste 43 : Répétition de théâtre

Piste 44 : Clochettes des chevaux d’Esfahan

Piste 45 : Joueur de flûte du bazar d’Esfahan

Piste 46 : Chant en résonance à Esfahan

Piste 47 et 48 : Chant sous les ponts d’Esfahan

Piste 49 : Maison de thé d’Esfahan

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Mail sonore n°5 16 esfand 1387, 6 mars 2009

Salam azizam, bonjour les amis

Dans ce cinquième envoi de mon carnet sonore iranien, du chunsdahom e esfand hezar o sisad o hashtad o haft, ou du six mars deux mille neuf, je vous emmène de Téhéran à Ispahan, écouter les voix dans la rue : entre paroles, chants, déclamation, poèmes, mots et sons (Piste 33 et 34). Prenez le temps d’écouter le son du kalam glissant sur le papier, entre plainte et plaisir, qu’est ce qu’ils se disent ? (Piste 35). Ils se racontent un poème écrit et lu par Kave Teymuri, professeur de calligra-phie. Un morceau d’accordéon attrapé au vol dans le centre de Téhéran (Piste 37). « Couteaux ! » « Ciseaux ! » crie un rémouleur, avec un accent à couper au couteau (Piste 38). J’ai suivi ce chanteur de rue aveugle, qui se déplace à l’oreille, dans le bazar de Tajrish (Piste 39). Le soir du 21 du mois de bahman, ce sont des chants religieux qu’on entend en ville, car demain c’est le 22 du mois de bahman (Piste 40). Le 22 du mois de bahman, c’est l’anniversaire des 30 ans de la Révolution islamique (Piste 41) ; le président Hamadinejad prononce un long discours sur la place de la liberté. Dans cet extrait, il aborde le sujet des missiles. Ça fait 40 jours que l’Ashoura est passé (Piste 42), c’est l’occasion de remémorer encore une fois la mort de l’Emâm Hossein, cette fois dans une version techno. Au théâtre, entre répétition et installation de dernière minute, les bruits du plateau se mélangent et se mangent (Piste 43). Partons pour la belle ville d’Ispahan (Piste 44). Je vous donne rendez-vous sur la place de l’Emâm, une des plus grandes et plus belles places du monde, où de petits chevaux fringants tirent des calèches de touristes et d’autochtones en visite. Aux détours des ruelles du bazar, on se laisse ravir par la musique d’un joueur de flûte (Piste 45). Je profite d’une merveille de réalisation architecturale dans le palais d’Ali Kapou, pour vous chanter à une extrémité de la coupole d’entrée, un petit bout de chant occitan…que vous entendez enregistré en réso-nance à l’autre bout de la coupole, à environ 7 mètres de moi, et ceci seulement si vous collez votre oreille contre la paroi du mur (Piste 46). En écho encore, cet extrait pris sous les arches du pont Khajou. Le jeudi soir, les chanteurs (exclu-sivement des hommes, des adolescents aux papis), s’en donnent à coeur joie, entre chansons traditionnelles et chansons pop actuelles (Piste 47 et 48). Pour clore cette promenade, je vous invite enfin dans une maison de thé près de la place de l’Emâm (Piste 49), entre bruits des buveurs de thé et des fumeurs de narguilé.

En attendant la prochaine diffusion sonore, je vous embrasse bien fort, de façon très sonore.

MariannAfsar

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Ombres et poules

Piste 50 et 51 : Présentation du mail n°6

Piste 52 : Accordéon au café des artistes

Piste 53 : Boulangerie de pain sangak

Piste 54 : Excursion dans le désert de Kashan

Piste 55 : Radio Payam

Piste 56 : Terminal des autobus

Piste 57 : Appel à la prière à Rasht

Piste 58 : Téléphone gilaki

Piste 59 : Air de flûte

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Mail sonore n°6 17 farvardin 1388, 6 avril 2009

Salam azizam, bonjour les amis,

Sixième mail de mon Carnet sonore d’Iran, plein de printemps et de nouvelle année iranienne (Piste 50 et 51). Des sons que j’ai cueillis tous frais, en profitant des jours fériés du début de la nouvelle an-née, à Téhéran, dans le désert de Kashan et jusque dans la région du Gilân au nord de l’Iran.

Les oreilles attirées, encore et toujours, par le son d’un accordéon dans le café des artistes à Téhéran. Le serveur vient prendre la commande (Piste 52). En attendant que les trois pains que j’ai commandés finissent de cuire, j’écoute la préparation de ces grosses crêpes allongées, cuites sur un lit de pierres, d’où leur nom : pain petite pierre (Piste 53). Viennent les sons des doigts sur la pâte humide, de la grande pelle qui racle le fond du four, des pains jetés chauds devant soi et de l’éternelle dispute pour le meilleur pain, le sangak ou le barbari d’origine turque. Au retour d’une excursion dans le désert de Kashan, au sud de Téhéran, le minibus, rideaux tirés, devient discothèque (Piste 54). Sur de la musique pop, les jeunes se tortillent, et reprennent le refrain en choeur : « profites- en, profites- en » ! Extrait des informations diffusées par la radio Payam (Radio message). « Depuis les dernières 24 heures , le nombre des accidents de la route s’élève à 81, le nombre des tués à 68, des blessés à 149 » (Piste 55). Tous les jours, les recommandations aux conducteurs sont nombreuses… Les morts aussi. L’Iran est le premier pays au monde pour le nombre des tués sur la route. La conduite à l’Iranienne ne peut être racontée. Venez tenter l’expérience, c’est sans équivalent au monde. Dans le terminal des autobus, dans l’attente du départ, j’écoute les chauffeurs racolant les voyageurs en partance pour Ispahan. Le départ est imminent (Piste 56). Des peintres en bâtiment turcs se rencontrent près de mon banc et entament une conversation. Dans l’enregistrement, les langues se superposent et se tricotent. Appel à la prière en fond sonore au crépuscule à Rasht, principale ville de la région du Gilân (Piste 57). « Où es-tu ? Tu rentres à la maison ? » Demande par téléphone une mère à sa fille dans le dialecte du Gilân. (Piste 58). Mélodie des montagnes de la région du Talesh jouée à la flûte par Résa Fakouri (Piste 59).

Très bonne année 1388 à vous tous, remplie de cacophonie de vie ! Merci pour vos oreilles attentives et sensibles. Sur ces jolies notes rurales, je vous embrasse jusqu’à la prochaine fois.

MariannAfsar

Page 20: Carnet sonore d'Iran

L’image du rossignol dans le jardin du tapis

Piste 60 et 61 : Présentation du mail n°7

Piste 62 : Téléphone gilaki

Piste 63 : Sur la route, musique et cris

Piste 64 : Chez une vieille femme

du village d’Hambou

Piste 65 : Pain maison

Piste 66 : Histoire de Kelardeh

Piste 67 : Ney et danse

Piste 68 : Ney et chant de Sépanta

Piste 69 : Rossignol

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Mail sonore n°7 16 ordibehest 1388, 6 mai 2009

Salam azizam, bonjour les amis,

Je vous invite à tendre l’oreille vers les échantillons sonores du mois de mai. Septième envoi de mon carnet sonore iranien, du chunsdahom e ordibehest hezar o sisad o hashtad o hasht, ou du six mai deux mille neuf. Encore des sons récoltés entre Téhéran et la région du Gilân au nord de l’Iran (Piste 60 et 61).

Dans le précédent mail, vous avez entendu l’appel téléphonique en gilaki (le dialecte de la région du Gilân) d’une mère à sa fille. Cette fois vous écoutez la réponse en gilaki de la fille à sa mère (Piste 62). Avec Sépanta 6 ans et ses parents, nous nous amusons à crier quand nous passons en voiture dans les tunnels creusés sous la chaîne de montagnes de l’Alborz (Piste 63). Nous sommes sur la route en direc-tion du petit village d’Hambou, perché dans les montagnes du sud du Gilân. La musique de Mohsen Manjou, qui ré-interprète la musique iranienne classique, accompagne notre périple. Chez une vieille femme du village d’Hambou (Piste 64), le but de notre visite est l’achat d’un gelim (un tapis tissé) fait main. Nous passons un bon moment entre femmes à regarder les motifs représentés, spécifiques à la région et à discuter de l’ancienne vie au village.

Dans le précédent mail, vous avez entendu la fabrication du pain sangak dans une boulangerie. Cette fois vous écoutez les bruits de la fabrication traditionnelle du pain tafetoun cuit dans le tanour (four à bois en terre) (Piste 65). Deux vieilles femmes cuisent le pain de la famille pour la semaine. Elles préparent les pâtons, étendent la pâte au rouleau, la font passer d’une main à l’autre, l’installent sur un bouchon de tissu avant de la plaquer verticalement quelques secondes sur la paroi brûlante du four, et de la récupérer dev-enue pain-crêpe croustillant, à l’aide d’une tige de fer. Autour de la fabrication du pain, dans la pièce chaude, la conversation s’oriente sur les relations familiales : avant on se rendait souvent visite entre membres de la famille, aujourd’hui, tout le monde est par-ci par-là, personne ne se voit ;heureusement maintenant on peut demander des nouvelles par téléphone. À un papi du village, nous demandons s’il connaît l’histoire du « voleur attaché à un arbre » qui s’est passée au village de Kelardeh, pas loin du village d’Hambou (Piste 66). Comme il est un peu dur de la feuille, tout le monde rajoute son mot. Le papi ne connaît pas cette histoire alors une femme l’a lui raconte. Il récite ensuite quelques vers. Au village, pendant que les femmes s’affairent en cuisine, le soir en attendant le repas, le grand-père de la famille joue du ney (flûte de roseau). Sépenta 6 ans, nous explique alors, geste à l’appui, ce qu’est une danse de campagne, une danse de ville, une danse de village. Tout le monde se prend au jeu et rit de bon coeur. (Piste 67) Sepanta chante en gilaki et le grand-père joue du ney (Piste 68).

Page 22: Carnet sonore d'Iran

Les fruits du plaisir

Page 23: Carnet sonore d'Iran

Accrochée à l’arrière de la boulangerie, une cage décorée se balance doucement (Piste 69). L’oiseau de l’amour, le rossignol, est en cage ; il prend le soleil du printemps. À mon passage, il me présente des échantillons de tout son répertoire en version accélérée. Puis, décidant que j’en ai sans doute assez en-tendu, se tient soudain silencieux, me replongeant ainsi dans l’infernale et bruyante ambiance de Téhéran.

Je vous lis et vous laisse sur ces vers de Lorraine Pobel, tirés de son journal de voyage sur l’Iran ; une pub-lication sonore avant la publication papier :

Apprends-moi à lire Les alphabets du monde Fastueux message

Les alphabets du monde Sont fleurs passées au crible D’humanités gravides

Enceintes de quintessences De Ciels et de fenêtres D’envols précieux

Des bises harmonieusement sonoresBonne route à vous

MariannAfsar

Page 24: Carnet sonore d'Iran

Musiciens de rue au Dayereh et à l’accordéon

Piste 70 et 71 : Présentation du mail n°8

Piste 72 : Mer Caspienne

Piste 73 : Chant gilaki, Ishale !

Piste 74 : La basse-cour

Piste 75 : Le coq dit ghoughouli ghoughou

Piste 76 : Dans ma basse-cour il y a

Piste 77 : Intervalles du mode Esfahan

Piste 78 et 79 : Cours de chant classique persan : Gharache

Page 25: Carnet sonore d'Iran

Mail sonore n°8 16 khordad 1388, 6 juin 2009

Salam azizam, bonjour les amis

Huitième envoi de mon carnet sonore iranien, du chunsdahom e khordad hezar o sisad o hashtad o hasht, ou du six juin deux mille neuf. Cette fois je vous propose d’écouter plus particulièrement des chansons et des chanteurs : des enfants qui chantent à plein choeur, du chant classique qui chante le cœur (Piste 70 et 71). En introduction, ces quelques secondes de son de la Mer Caspienne capturées à la volée, à vous de trouver le chant des sirènes (Piste 72). Le son de cette mer est-il le même que celui des autres mers ? Chant gilaki dans la voiture au retour de la mer : « Ishale ! » (Piste 73). Il existe des volatiles bien extraordinaires en Iran (Piste 74). Avec les enfants de la classe de mater-nelle de grande section de l’école française et leur institutrice, nous avons monté un spectacle sur le thème du poulailler. Les enfants sont poules, canards, dindons, oies. Ils chantent des comptines de poulettes, de la ponte à l’incubation, au poussin, au coq et à la poule, au poulet rôti et à la joyeuse vie de la basse-cour. Voici quelques cocoricos, cot cot cot codette, coin coin et autres cris divers. Et en Iran, le coq ne chante pas “cocorico” mais « goughouli ghoughou ». Je vous laisse écouter la chanson du coq persan, sur la musique jouée au târ par Shooresh Ranaï (Piste 75). Et encore un petit aperçu de la basse-cour française sur la musique iranienne jouée au divân par Shooresh Ranaï et au tombak par Nima Pirouzbakhsh. Quel joyeux raffut de métissages musicaux ! (Piste 76) Toujours sur la voie des chants, un extrait d’un cours de chant classique, pour comprendre de manière sensible les intervalles du mode Esfahan (Piste 77). Suite encore à vos mails curieux, je vous donne maintenant des pistes pour comprendre ce qui m’a fait poursuivre de façon imprévue mon séjour et rester aussi longtemps en Iran (Piste 78). Voici à nouveau des répétitions de chant classique persan, des goushe Gharache et Rahavi dans le mode Shour, avec tous les couaks. Le persan littéraire est toujours difficile à comprendre pour moi, mon accent franchoulliard reste bien présent et Shour est un mode très difficile. Vous serez, j’espère encore indulgents en écoutant ces ex-traits.

Je vous glisse dans l’oreille que je rentre en France plus rapidement que prévu. La vie en Iran a tel-lement rempli mon coeur et l’a tellement meurtri, que j’ai décidé d’avancer mon départ d’Ici et mon retour Là-bas.

À très bientôt donc.

MariannAfsar

Page 26: Carnet sonore d'Iran

Piste 90 et 91 : Présentation du mail n°9

Piste 92 : Mariage youyou

Piste 93 : Mariage pop

Piste 94 : Numéro de force dans la rue

Piste 95 : Prière à l’Emâmzadeh Âshem

Piste 96 : Discussion de chef cuistot

Piste 97 : Prédiction codée de Hâfez

Piste 98 : Explication d’une prédiction de Hâfez

Piste 99 : Métro de Téhéran du côte des femmes

Piste 100 : Métro de Téhéran du côte des hommesCarambolage

Page 27: Carnet sonore d'Iran

Mail sonore n°9 27 khordad 1388, 17 juin 2009

Salam azizam, bonjour les amis

Je vous donne à écouter des enregistrements supplémentaires, pris sur le vif, pour ne pas rester SANS VOIX devant les événements qui se passent ici en Iran, suite à l’élection de Mahmoud Hamadinejad comme président de la République islamique d’Iran, et au soulèvement populaire des partisans de son op-posant Mir Hossein Moussavi qui contestent les résultats des élections (Piste 80, 81 et 82).

Avant les élections, devant le débat télévisé Hamadinejad/Moussavi avec les commentaires des téléspectateurs partisans de Moussavi. Au début, vous entendez Moussavi qui termine sa phrase au sujet de l’attitude d’Hamadinejad sur l’Holocauste et Israël, puis suit la réponse d’Hamadinejad (Piste 83). Avant les élections, discussion dans un taxi à Mashad au sujet de l’argent du pétrole et des men-songes du président : « il a pourri le gouvernement », « les jeunes sont malchanceux », « ce ne sont que des mensonges », « le budget du pétrole a disparu », « moi qui ai 30 ans, jusqu’à maintenant je n’ai jamais vu ça » (Piste 84).

« Vous faites erreur, maintenant les jeunes savent qui mange l’argent du pétrole, les jeunes d’aujourd’hui comprennent bien mieux que l’ancienne génération ce qui se passe », « ils comprennent que Monsieur Moussavi pendant huit ans de la guerre a laissé les ventres vides, maintenant depuis quatre ans, ils ont compris. » Suivent des commentaires à bâtons rompus entre les femmes de l’autobus (Piste 85).

Avant les élections, de 20h à minuit, les jeunes partisans de Moussavi défilent et lancent des slogans. Un slogan que j’ai lu : Hamadi rafte, dige jahan be ma nemikhande : « Hamadi est parti, depuis le monde ne rit plus de nous ». Je vous laisse écouter la ferveur des jeunes. La présence même des jeunes filles et garçons ensemble dans la rue jusqu’à tard le soir reflète une atmosphère exceptionnelle. (Piste 86)

Vers 23h dans un quartier nord de Téhéran après les élections, vous pouvez entendre les cris de Allah o Akbar « Dieu est le plus grand » lancés par les partisans de Moussavi, chacun depuis le toit de sa maison, se répondant les uns les autres (Piste 87).

Faites vous l’oreille à ce qui se passe ici.

Mariannafsar

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Piste 80-81-82 : Présentation du mail n°10

Piste 83 : Débat Hamadinejad / Moussavi

Piste 84 : Discussion dans un taxi à Mashad

Piste 85 : Discussion dans un autobus à Mashad

Piste 86-87 : Ambiance de rue à Mashad

Piste 88 : Ambiance de rue à Téhéran

Motifs accoeurdés

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Mail sonore n°10 15 tir 1388, 6 juillet 2009

Salam azizam, bonjour les amis

Dernier envoi de mon carnet sonore iranien de ce séjour 2008-2009, du punsdahe tir hezar o sisad o hashtad o hasht, ou du six juillet deux mille neuf. Une dernière invitation à tendre l’oreille vers les échantillons sonores récemment glanés en Iran. Beaucoup de paroles à comprendre dans le sens, ou à écouter comme des musiques (Piste 90 et 91).

En introduction, ces quelques secondes de youyou lors de fiançailles (Piste 92). Musique pop diffusée pendant les fiançailles. La fête est non mixte. Du côté des femmes, les belles se trémoussent en robe moulante sur de la musique pop, où la chanteuse demande de façon lancinante et suave au chanteur si elle danse à son goût (Piste 93). Un athlète de rue demande la charité de l’assistance au nom du Saint Aboulfaz, avant de faire un numéro de force où il casse les chaînes qui l’enserrent (Piste 94).

Prêche en l’honneur de l’Emâm Hossein et début de prière à l’Emâmzadeh Âshem au nord de Téhéran (Piste 95). Dans le train pour Mashad j’ai happé cette discussion culinaire exceptionnelle : le bien manger, le manger sain, le manger peu, le manger cuit à la vapeur... qui diffère de bien des préparations iraniennes habituelles aux saveurs délicieuses, comprenant du riz en grande quantité, aliments frits et longues heures de cuisson (Piste 96).

Après avoir acheté un poème de Hâfez qui me dira ce que l’avenir me réserve, je demande à un pas-sant du bazar de Tajrish de me lire le poème. Celui-ci me recommande d’aller dans un endroit tranquille, de prendre le temps. Il lui faudra une demi-heure pour lire les huit vers, qu’il doit lire deux fois avant de pouvoir me les lire ensuite correctement. Car « c’est dur à comprendre » (Piste 97). Bref impossible de savoir ce que l’avenir me réserve. J’emporte donc ma prédiction codée de Hâfez. Traduction de l’enregistrement (Piste 98). « Chacun comprend ce qu’il veut dans Hâfez. Chacun voit dans les écrits de Hâfez, Saadi, Mowlânâ (Rumi) ce qu’il est lui-même. Par exemple quelqu’un de calme et posé voit Mowlânâ comme un sage, celui qui est mal dans sa peau le voit comme quelqu’un d’instable. »

Dans le métro de Téhéran, le premier et le dernier wagon de chaque rame est réservé aux femmes, les autres wagons sont mixtes, mais en général plutôt « masculins ». Dans les wagons féminins, des ven-deuses à la sauvette proposent chouchous , barrettes, culottes, soutien-gorge, tee-shirt, autocollant, cd, barres chocolatées… Dans l’enregistrement, une vendeuse fait avec précision et conviction la promotion de sacs-poubelles (Piste 99). J’ai la sensation que durant le temps de mon séjour, le nombre des vendeurs de rue, de fleurs, ballons, jouets, accessoires de voiture, et toutes sortes de bric-à-brac incroyable a considéra-blement augmenté.

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Paon en couronne

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Dans le métro de Téhéran, côté hommes, un joueur de tanbour joue en slalomant entre les sonneries et les passagers pour faire la quête (Piste 100).

Je suis de retour en France. Ce Carnet sonore d’Iran se conclut par le silence. Merci pour votre écoute depuis la France. Les sens encore imprégnés d’Iran, je vous envoie des pensées chargées de sons.

Ces enregistrements sont détachés de l’actualité iranienne. Je reste moi-même sans voix sentant que tout me dépasse. Ce silence reste-il aussi bruyant de sens qu’un témoignage sonore ?

MariannAfsar

Couronne de palmier

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Éditions Déracontés

2008…2009

ISBN 978-2-9541324-7-1

Mûres et figues

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Carnet sonore d’Iran 2008…2009

Je suis française, je suis iranienne, je suis en chemin.

Je suis partie de France goûter à la culture persaneLa langue, la musique traditionnelle, la littérature, les arts du spectacle…

Pour partager ce voyage prêtez votre oreille. Laissez-vous transporter à votre tour, en vous plongeant dans l’ambiance sonore iranienne.

Bon voyage

MariannAfsar