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e 25 octobre dernier, après 31 ans de bons, loyaux et musicaux services, le Caroline Music Passage Saint-Honoré fermait cruellement ses portes. A deux minutes de là et à quelques mai- sons seulement du Goupil-o-phone où l’en- seigne est en train de renaître, Dédé, le gérant, se souvient. Il se souvient des allers-retours in- cessants sur Londres où il partait il y a 35 piges s’approvisionner une fois par semaine avec ses valises et la malle de nuit. “J’allais chez Rough Trade et compagnie... C’était d’ailleurs très gai. Le lendemain, les clients étaient aux portes du magasin dès l’ouverture et se battaient pour savoir ce qu’on avait ramené.” Après le bateau, ça a été l’avion. Les commandes. “C’était la démerde. On a même fait quelques trajets dans de petits coucous deux places en partance de Grimbergen fin des an- nées 70. On atterrissait sur une pelouse au nord de Londres. On chargeait à mac... Ca nous faisait parfois un peu flipper. Mais bon, le père du premier patron avait pas mal de potes dans l’aviation. Il était pilote de ligne.” C’est lui qui, au tout début, en 74, ramène les disques de New York. Le Caroline est alors installé rue de l’Athénée. Il ne fait que de l’import. Essentiellement du funk et de la dance... Et vend principalement aux boîtes de la Côte et de Bruxelles. “L’ouverture rue Marché aux herbes a coïncidé avec l’explo- sion punk. Les firmes ne nous prenaient pas au sérieux. On allait chercher les disques aux States, en Angleterre, aux Pays-Bas. Mais les choses se sont mises à changer.” Le Caroline devient au fil des années la référence pour tous les amateurs de musiques indépendantes de Bruxelles et d’ailleurs. Il ouvre des magasins à Liège, Na- mur, Lille, Huy, Wavre, Uccle Bascule... Il a même sa bou- tique à l’ULB fin 70, début 80. “Mais quand les lieux ont cessé d’être gérés par des associations d’étudiants, le loyer est devenu impayable. Quand un magasin ferme, c’est sou- vent la même histoire. Un changement de proprio, une hausse conséquente de loyer ou de charges...” Dédé se rappelle de cette époque où chaque magasin avait sa spécialité. Le populaire, le rock à la Grateful Dead, l’import, le blues, le jazz. “Tout ça s’est perdu avec l’installation des grandes chaînes. Ceux qu’on appelle dans le jargon les Bruns, les Rouges et les Bleus: la Fnac, le Media Markt et le Free Record Shop. La faillite de Sonica a fait mal également. Mais des petits magas avec une âme comme Veals & Geeks et Elektrocution voient le jour...” De tout mais du bon “Rock’n’roll suicide”. L’inscription sur le panneau des concerts en vitrine du magasin bouclé à jamais passage Saint-Honoré résonne comme une épitaphe. “La galerie ferme pendant quatorze mois pour transformation, explique Dédé. Ils veulent en faire un espace de luxe. On nous propo- sait une surface plus petite et des loyers doublés.” Intena- ble. Il a cherché pendant plusieurs mois et en vain des al- ternatives dans le quartier. Mais même quand l’exploitant principal a décidé de ne pas continuer, il s’est entêté. Ouvrir un magasin de disques en 2013, pour beaucoup c’est, si pas du suicide, à tout le moins se tirer une balle dans le pied. Sauf que Dédé ne se voit pas faire autre chose et qu’il le sait pertinemment: on n’engagera plus dans le disque un mec de 58 piges. “Je crois encore surtout à la vente de détail. A un magasin différent sur Bruxelles. Je ne le ferais pas si j’habitais Hasselt ou Mons. En Europe, beaucoup d’indépendants rouvrent depuis deux ou trois ans. Proposent à la fois du neuf, du vinyle et de l’occasion.” Avec le Goupil-o-phone, situé sur le boulevard Anspach, juste en face de l’Ancienne Belgique, il a trouvé l’empla- cement et le partenaire apparemment idéal. “Le Passage Saint-Honoré n’avait plus de passage que le nom. Il était devenu plutôt sinistre. Ici, 80 personnes défilent devant la vitrine à la minute. Avec une population d’un million d’habitants et 400 000 navetteurs par jour, il y a la place pour un magasin de disques indépendant comme le nôtre. J’ai dû négocier pendant cinq semaines pour que les compagnies pratiquent les mêmes tarifs. Pour faire le break, on doit ven- dre une centaine de plaques par jour.” Ce qui n’a rien d’utopique. Caroline n’aura certes plus 27 000 références en magasin mais l’esprit va demeurer le même. “Nous opérerons une sélection. Selon les critères habituels. Un peu de tout mais du bon. Tout sera possible à la 19 18 CLOSE UP MUSIQUE DISQUAIRES FOCUS VIF / 4 JANVIER 2013 commande. Nous en recevions encore entre 70 et 80 journa- lières avant de mettre la clé sous le paillasson. Nous étions essentiellement sur le CD tandis que le Goupil faisait surtout de l’occase et du vinyle pour lesquels il a sa clientèle. Il va pouvoir la diversifier. Nous développerons par ailleurs le vi- nyle neuf et le catalogue de fonds. Certes, nous allons vivre une période de transition. Il faudra prévoir des réajuste- ments mais nous verrons où nous en serons dans six mois. Le mariage peut fonctionner.” Les derniers chiffres qu’il a consultés sont plutôt du genre à le rassurer. 29 % des consommateurs se rensei- gneraient sur le Web avant de casquer mais seuls 17 % des compacts discs seraient achetés en ligne. Et dix mil- lions de CD ont tout de même encore été vendus en Bel- gique en 2011. Le Caroline nouveau ouvrira sept jours sur sept. De 10 h à 19 h jusqu’au samedi. De 12 h à 18 h le dimanche. “40 % de notre chiffre se fait sur les heures de table en semaine.” Rock’n’roll will never die. Ou pas tout de suite. CAROLINE RENAÎT DE SES CENDRES EN FACE DE L’ANCIENNE BELGIQUE. IL VENDRA DORÉNAVANT CD, VINYLES ET OCCASIONS. ROCK’N’ROLL IS NOT DEAD... RENCONTRE JULIEN BROQUET LE REVEN ANT CAROLINE, AVANT ET APRÈS.

Caroline Music

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e 25 octobre dernier, après 31 ans de bons,loyaux et musicaux services, le Caroline MusicPassage Saint-Honoré fermait cruellement sesportes. A deux minutes de là et à quelques mai-sons seulement du Goupil-o-phone où l’en-seigne est en train de renaître, Dédé, le gérant,se souvient. Il se souvient des allers-retours in-

cessants sur Londres où il partait ily a 35 piges s’approvisionner unefois par semaine avec ses valises et

la malle de nuit. “J’allais chez Rough Trade et compagnie...C’était d’ailleurs très gai. Le lendemain, les clients étaientaux portes du magasin dès l’ouverture et se battaient poursavoir ce qu’on avait ramené.”Après le bateau, ça a été l’avion. Les commandes. “C’étaitla démerde. On a même fait quelques trajets dans de petitscoucous deux places en partance de Grimbergen fin des an-nées 70. On atterrissait sur une pelouse au nord de Londres.On chargeait à mac... Ca nous faisait parfois un peu flipper.Mais bon, le père du premier patron avait pas mal de potesdans l’aviation. Il était pilote de ligne.” C’est lui qui, au tout début, en 74, ramène les disques deNew York. Le Caroline est alors installé rue de l’Athénée.Il ne fait que de l’import. Essentiellement du funk et de ladance... Et vend principalement aux boîtes de la Côte et deBruxelles.“L’ouverture rue Marché aux herbes a coïncidé avec l’explo-sion punk. Les firmes ne nous prenaient pas au sérieux. Onallait chercher les disques aux States, en Angleterre, auxPays-Bas. Mais les choses se sont mises à changer.”Le Caroline devient au fil des années la référence pourtous les amateurs de musiques indépendantes deBruxelles et d’ailleurs. Il ouvre des magasins à Liège, Na-mur, Lille, Huy, Wavre, Uccle Bascule... Il a même sa bou-tique à l’ULB fin 70, début 80. “Mais quand les lieux ontcessé d’être gérés par des associations d’étudiants, le loyerest devenu impayable. Quand un magasin ferme, c’est sou-vent la même histoire. Un changement de proprio, unehausse conséquente de loyer ou de charges...”Dédé se rappelle de cette époque où chaque magasinavait sa spécialité. Le populaire, le rock à la Grateful

Dead, l’import, le blues, le jazz. “Tout ça s’est perdu avecl’installation des grandes chaînes. Ceux qu’on appelle dansle jargon les Bruns, les Rouges et les Bleus: la Fnac, le MediaMarkt et le Free Record Shop. La faillite de Sonica a fait malégalement. Mais des petits magas avec une âme commeVeals & Geeks et Elektrocution voient le jour...”

De tout mais du bon“Rock’n’roll suicide”. L’inscription sur le panneau desconcerts en vitrine du magasin bouclé à jamais passageSaint-Honoré résonne comme une épitaphe. “La galerieferme pendant quatorze mois pour transformation, expliqueDédé. Ils veulent en faire un espace de luxe. On nous propo-sait une surface plus petite et des loyers doublés.” Intena-ble. Il a cherché pendant plusieurs mois et en vain des al-ternatives dans le quartier. Mais même quand l’exploitantprincipal a décidé de ne pas continuer, il s’est entêté.Ouvrir un magasin de disques en 2013, pour beaucoupc’est, si pas du suicide, à tout le moins se tirer une balledans le pied. Sauf que Dédé ne se voit pas faire autrechose et qu’il le sait pertinemment: on n’engagera plusdans le disque un mec de 58 piges. “Je crois encore surtoutà la vente de détail. A un magasin différent sur Bruxelles. Jene le ferais pas si j’habitais Hasselt ou Mons. En Europe,beaucoup d’indépendants rouvrent depuis deux ou trois ans.Proposent à la fois du neuf, du vinyle et de l’occasion.”Avec le Goupil-o-phone, situé sur le boulevard Anspach,juste en face de l’Ancienne Belgique, il a trouvé l’empla-cement et le partenaire apparemment idéal.“Le Passage Saint-Honoré n’avait plus de passage que lenom. Il était devenu plutôt sinistre. Ici, 80 personnes défilentdevant la vitrine à la minute. Avec une population d’un milliond’habitants et 400 000 navetteurs par jour, il y a la place pourun magasin de disques indépendant comme le nôtre. J’ai dûnégocier pendant cinq semaines pour que les compagniespratiquent les mêmes tarifs. Pour faire le break, on doit ven-dre une centaine de plaques par jour.” Ce qui n’a rien d’utopique. Caroline n’aura certes plus27000 références en magasin mais l’esprit va demeurerle même. “Nous opérerons une sélection. Selon les critèreshabituels. Un peu de tout mais du bon. Tout sera possible à la

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commande. Nous en recevions encore entre 70 et 80 journa-lières avant de mettre la clé sous le paillasson. Nous étionsessentiellement sur le CD tandis que le Goupil faisait surtoutde l’occase et du vinyle pour lesquels il a sa clientèle. Il vapouvoir la diversifier. Nous développerons par ailleurs le vi-nyle neuf et le catalogue de fonds. Certes, nous allons vivreune période de transition. Il faudra prévoir des réajuste-ments mais nous verrons où nous en serons dans six mois.Le mariage peut fonctionner.”Les derniers chiffres qu’il a consultés sont plutôt dugenre à le rassurer. 29% des consommateurs se rensei-gneraient sur le Web avant de casquer mais seuls 17%des compacts discs seraient achetés en ligne. Et dix mil-lions de CD ont tout de même encore été vendus en Bel-gique en 2011.Le Caroline nouveau ouvrira sept jours sur sept. De 10h à19h jusqu’au samedi. De 12h à 18h le dimanche. “40% denotre chiffre se fait sur les heures de table en semaine.”Rock’n’roll will never die. Ou pas tout de suite. �

CAROLINE RENAÎT DE SES CENDRES EN FACE DE L’ANCIENNE BELGIQUE. IL VENDRADORÉNAVANT CD, VINYLES ET OCCASIONS. ROCK’N’ROLL IS NOT DEAD...

R ENCON T R E J U L I E N B R O Q U E T

LE REVEN ANTCAROLINE, AVANT ET APRÈS.

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FOCUS VIF / 4 JANVIER 2013

COOK & BOOKPLACE DU TEMPS LIBRE 1, 1200 BRUXELLES

Partie intégrante d’un vaste ensemble de 1500 m2 compre-nant plusieurs restaurants et librairies, le coin disque de Cook& Book occupe son propre espace. Celui-ci, dans les 80 m2,est strictement design et baigné de couleurs roses-orangées.Modernisme géré par Sébastien, 38 ans, qui a confectionnéses goûts et son savoir-faire -le magasin vend aussi desplatines haut de gamme Rega- dans l’univers du disque et dela hi-fi. Le magasin compte une large section vinyle, environ1500 pièces, et joue la carte de l’éclectisme sans négliger leschoix plus pointus, en jazz comme en rock. Le top est de pou-voir écouter un disque en buvant un (ou plusieurs) verre(s),avec possibilité de consommer aussi la carte de la cuisine com-mune à Cook & Book. Endroit fourni et esthétique, qui donne envie d’acheter, certains soirs au-delà de minuit... �

� WWW.COOKANDBOOK.BE

’une des scènes mémorables d’Orange mé-canique (Stanley Kubrick-1971) présente AlexDeLarge (Malcom Mc Dowell), voyou désaxéet fan notoire du grand Ludwig Von, se ren-dant chez son disquaire récupérer un divinvinyle. Le psychopathe y emballe prestement

deux nénettes sur la promessede leur “faire entendre les trom-pettes des anges et les trombones

du diable”. Ce que confirme la scène suivante, mix deculs nus sur charge triomphante de Beethoven. Lescénario 2012 donnerait quoi? “Voulez-vous boire unverre en partageant un fichier MP3?” Ou version streetcapitaliste: “Une virée au rayon disques de la Fnac oude Media Markt, ça te dit chouchoute?” Depuis une dé-cennie au moins, la grande distribution et l’avènementde la digitalisation musicale ont semblé couler défi-nitivement les disquaires indépendants: pas renta-bles voire a priori ringards en comparaison de latechnosphère dématérialisée ou les grandes surfaces.L’autre signe de déconfiture discographique vienten avril 2009 avec la fermeture du Virgin Megastorede Times Square, New York: le plus puissant maga-sin de disques au monde -55 millions de dollars deventes annuelles...- a fini par céder sous le poids des

coûts d’exploitation et du piratage numérique. Pourrappel, le Virgin de Bruxelles sera, dès le début desannées 2000, voué au rachat puis à la disparition. EnBelgique, les grands machins actuels, la Fnac ou Me-dia Markt, survivent en faisant du profit autre que parle disque. La faillite du groupe Sonica (Extrazone) ily a trois ans, rappelle pourtant que la GBisation de lamusique n’est pas gagnée. La chaîne hollandaise FreeRecord Shop -environ 80 boutiques chez nous- est es-sentiellement active en Flandres, laissant quelquesbranches en Wallonie sans toutefois dépasser le ser-vice minimum en termes d’offre, de diversité ou deconseil. Paradoxalement, la résurgence, pas forcé-ment spectaculaire, du vinyle depuis une paire d’an-nées, redonne aux disquaires indépendants un lustreque le “tout CD” semblait avoir anéanti. En repar-tant d’une offre-niche, le LP et toutes ses variationsde luxe, mais aussi de ce fameux “service aux consom-mateurs” désertant les grosses machines -oseriez-vous déranger un vendeur Fnac?-, les disquairesindépendants semblent aujourd’hui condamnés àne pas disparaître. Et ce, dans un étonnant pari BackTo The Future qui, en français mal intentionné, pour-rait se traduire par Retour au passé... Quelques exem-ples de disquaires qui ne s’en foutent pas. �

DISC CARELOIN DES GRANDES SURFACES, LES DISQUAIRES INDÉPENDANTS -UNE POIGNÉE ÀBRUXELLES ET EN WALLONIE- FONT DE LA RÉSISTANCE. CE QUI EN TERMES D’ÉLECTRICITÉ, S’AVÈRE PARFOIS PAYANT.

T E X T E P H I L I P P E C O R N E T

SUNSET MUSICRUE DE LA BASCULE 21, 1180 BRUXELLES

Archétype du “disquaire de quar-tier”, cette boutique intime gor-gée de 10000 CD -et d’unepoignée de vinyles- existe de-puis 30 ans, ayant été repriseil y a treize ans par Jean-Pierreet son fils Nicolas, 34 ans. Cedernier résume les choses: “Ona été spécialisé en lounge, lamode est passée, nous sommesrestés. “ Avec l’impression d’êtreemmuré dans du CD -c’est plusagréable qu’il n’y paraît- loin dela foule, on peut discuter, chercher,

écouter à l’aise et comman-der un mix de rock-jazz-clas-sique-pop-world et plus siaffinités. La clientèle vientdes quatre coins d’Ucclevoire de plus loin, attirantles fidèles, tels que John -il se reconnaîtra- hommed’affaires fou de rock su-diste, de santiags et de Ly-nyrd Skynyrd... Mix bruxelloisgaranti. �

�WWW.SUNSETMUSIC.BE

4 JANVIER 2013 / FOCUS VIF

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© GETTY IMAGES

© PHILIPPE CORNET

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2322 CLOSE UP MUSIQUE DISQUAIRES

CARNABY RECORDSPLACE SAINT PHOLIEN 5, 4020 LIÈGE

Après la fermeture du Caroline Music de la rue de l’Uni-versité en mai 2010, il semble bien que Carnaby soit ledernier disquaire indépendant liégeois, coincé entre leschaînes étrangères Fnac, Media Markt, Free Record Shopet Saturn... Alors oui, le quartier souffre du deal et laboutique spartiate évoque sensiblement une échope clan-destine en pleine guerre de Yougoslavie, mais ceux quiaiment a) le vinyle b) le vintage authentique, prendrontle train. Rien de neuf à acheter mais des raretés commele premier LP de King Crimson -150 euros quand même-ou le premier volume vagissant de Can, 37 boules. L’en-droit existe depuis un quart de siècle et fait de la résis-tance avec un catalogue qui va “des Beatles à Kasabian”.Bonnes tranchées. �

� PAS DE SITE, TÉLÉPHONE 04 341 07 49

VANSIPPE GUYAVENUE WANDERPEPEN 29, 7130 BINCHE

“L’année prochaine, je fêterai mes 70 ans et je serai dis-quaire depuis un demi-siècle!” Dans son antre, Guy Van-sippe surnage dans une marée de CD, cartons, babiolesélectriques et un maximum de souvenirs. La boutiquebinchoise date d’après-guerre mais est à l’adresse ac-tuelle depuis 35 piges, à l’initiative de son père, musicienet éditeur. Le fiston prend les rênes de l’affaire en pleinyéyé et est toujours là, même s’il pourrait bien arrêterles frais l’été prochain. Comment a-t-il tenu le coup dansune région du Centre qui semble connaître la crise de-puis les sixties? “En travaillant seul, en me contentantde peu. “ Et même en reprenant du vinyle, comme le der-nier Arno, qu’il sort de dessous le comptoir, même s’iltrouve le chanteur “parfois vulgaire”... �

� PAS DE SITE, TÉLÉPHONE 064 37 09 12

COFFEE & VINYLVOLKSTRAAT 45, 2000 ANTWERPEN

La Flandre n’a pas forcément mieux ré-sisté que la partie sud du pays au lami-nage des disquaires indépendants, maisdes magasins gantois comme Music Ma-nia (www.musicmaniarecords.be) ou lerécent Music Zombi (www.music-zombi.com) perpétuent une tradition quisait aussi se renouveler. Ainsi chez l’An-versois Coffee & Vinyl, on retrouve l’at-mosphère anglo-saxonne d’un miniBarnes & Noble, les bouquins en moins,la bière et le vin en plus. Mi-café, mi-vendeur de disques, le lieu est à la foispointu dans ses choix musicaux et convi-vial, avec une belle place accordée auvinyle. Wi-Fi gratos et expo renouveléechaque mois: qui dit mieux? dEUS et DezMona sont des clients réguliers. �

� WWW.COFFEEANDVINYL.COM

PÊLE-MÊLE WATERLOORUE FRANÇOIS LIBERT 25, 1410 WATERLOO

Essentiellement dédié au livre et au disque d’occasion,PM Waterloo doit sa présence dans cette sélection à sasection de vinyles neufs, plutôt cossue. José, manager dela branche Waterloo: “Les disques neufs sont là aussi pourredynamiser le rayon. On propose quelque chose qui n’existepas dans le coin (la section vinyle du Media Markt de Braineest faiblarde, ndlr): une sélection contemporaine et biensûr de la réédition, principalement ciblée sur les années 70,paradoxales et ayant produit plein de choses introuvablesen occasion. On évite les rééditions trop chères, genre BlueNote où un double maxi en 220 grammes peut coûter 50 eu-ros, prix de gros. “ Bon choix de déambulation. �

� WWW.PELE-MELE.BE

LIDO MUSICRUE DES CROISIERS 45, 5000 NAMUR

“J’ai repris ce magasin à mon nom depuis un an, et je pourraiseffectivement faire quelques changements de décoration, maisje sais que la clientèle aime la sensation de rentrer dans uneautre époque.” Sans doute les années 70, période de créa-tion de l’enseigne. Isabelle, 45 ans, est une “disquaireheureuse”, persuadée que “le service fait la différence”, acha-landant son magasin d’un mix de pop-rock-jazz-chansonfrançaise qui propose aussi quelques produits locaux. Iciaussi, la résurgence du vinyle est boostée par les rééditionsclassieuses du jazz et le dernier LP de Johnny voisine ai-mablement avec la réédition du Raw Power des Stooges!“Merci de mentionner le prochain Record Store Day, le 20 avril2013, occasion pour certains artistes de sortir des chansonsinédites. “ Lido Music est l’un des trois indépendants de Na-mur -avec Juke Box et Musique Loisirs-, score plus qu’ho-norable pour la capitale de la Wallonie... �

� WWW.LIDOMUSIC.BE

VEALS & GEEKSRUE DES GRANDS CARMES 8A, 1000 BRUXELLES

Au centre du quartier de Bruxelles comptant le plusde magasins de disques -tous d’occasions- celui-ci ne fait pas mentir la règle du seconde main. “Noussommes spécialisés en garage et rock sixties, ex-plique le vendeur Maxime, 25 ans. Mais devant larareté des originaux, le patron Stan a décidé de stockerégalement des disques neufs, des rééditions ou dessorties contemporaines. “ Le vinyle prédomine à en-viron 70% et est à destination d’une clientèle no-tamment française, intéressée par le “moins cheret plus calme” de Bruxelles. Aux côtés des clas-siques MC5/Stooges/ Seeds, on trouve du garagejaponais ou du prog italien, acheté par “un mélangede jeunes et de vieux (sic), ces derniers ayant liquidéleurs vinyles au début des années 90 quand le CD estarrivé”. Un rayon de littérature spécialisée nous yinstruit ardemment. �

� WWW.VEALSANDGEEKS.COM

FOCUS VIF / 4 JANVIER 2013 4 JANVIER 2013 / FOCUS VIF

© PHILIPPE CORNET

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