Cartas de Comte ao Dr. Robinet

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Cartas do filósofo positivista Auguste Comte ao Dr. Robinet e à sua família.

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  • Lettres d'AugusteComte au docteur

    Robinet, son mdecin etl'un de ses excuteurstestamentaires et sa

    famille. [...]

    Source gallica.bnf.fr / Bibliothque nationale de France

  • Comte, Auguste (1798-1857). Lettres d'Auguste Comte au docteur Robinet, son mdecin et l'un de ses excuteurs testamentaires et sa famille. prcdes d'une notice sur la viepositiviste du Dr Robinet. et suivies de renseignements complmentaires sur la maladie et la mort d'Auguste Comte / par Emile Corra,.... 1926.

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  • LETTRES B'MEM COMTEAU DOCTEUR ROBINET,

    son mdecin et l'un de ses excuteurs testamentaireset sa famille

    y PRCDESdune ~otice ~Myta vie positiviste du Dr. Robinete.n.s

    et SUIVIES

    de renseignements complmentaires sur la maladieet la mort d'Auguste Comte

    par Emile C~B!M,Prsident de ta Socit positiviste internationale

    PABtSSOmimPOSfnvmTBUtTBRNATMNAM

    54, ttUB DE SEtNB, 54lse

  • AVERTISSEMENT

    Les lettres, insres dans ce volume, m'ont t con-fis par Mme. Dubuisson, fille du docteur Robinet.Aprs sa mort, en aot 1920, ce dpt fut gracieuse-ment ratifi par ses fils, MM. Georges et Paul Dubuis-son, qui m'ont, en outre, laiss la facult d'en disposerlibrement, dans l'intrt de l'histoire du Positivisme.Le dfaut de ressources financires m'a, seul, empchde le faire jusqu'ici. Cet obstacle vient heureusementd'tre surmont, grce la libralit de mon distinguconfrre M. Germano Medeiros, de So Paulo, qui agnreusement pris sa charge les frais de la prsente `publication et en a fait don au Fonds typographique.

    Tous les positivistes, j'en suis sr, lui en seront,comme moi, trs reconnaissants.

    Toutefois, contrairement mon dsir, ce livre n'estpas complet. Il ne contient pas les lettres du docteurRobinet auxquelles celles d'Auguste Comte rpondent,parce que les dtenteurs actuels des archives histori-ques renfermes dans l'appartement d'Auguste Com-te, 10, rue Monsieur-le-Prince, Paris, m'en ontarbitrairement refus la communication. Mais cette la-cune regrettable, dont je dcline la responsabilit, nediminue pas l'intrt majeur des documents que ce vo~lumemetaujour.

    -c,.Emile CORRA

  • PREMIRE PARTIE

    LE OOCTEUR ROBINET

  • Le docteur Robinet, qui les lettres indites dont lapublication est l'objet essentiel de cet ouvrage furentadresses par Auguste Comte, naquit Vic-sur-Seille(Meurthe), en Lorraine franaise, le 24 avril 1825.

    Il commena ses tudes juvniles dans un collgeecclsiastique de Vie, les poursuivit au lyce de Nan-cy et les termina, en qualit d'tudiant en mdecine, Str~bourg,puis Paris, o il vint en 1847. Dans cettedernire ville, o il fut bless, en prenant part, les ar-mes la main, au renversement de la royaut, le Po-sitivisme lui fut rvl: d'abord, sous la forme philoso-phique, par le docteur Segond, l'un des premiers dis-ciples d'Auguste Comte, professeur agrg la Fa-cult de mdecine; ensuite, sous sa forme politique etreligieuse, par Auguste Comte lui-mme, dont il sui-vit assidment les cours publics, dater de 1848, etdont il lut, ds lors, avec avidit, les nouvelles uvres,aussitt qu'elles parurent.

    Ces lectures provoqurent chez lui un ardent en-thousiasme, qui ne devait jamais s'attidir et qui luiinspira le vif dsir d'entrer en contact personnel avecAuguste Comte. Le Dr. Segond lui procura les moyensd'exaucer ce dsir.

    Le 6 aot 1851, il fut admis au nombre des mem-bres de la Socit positiviste, o son entre fut spcia-lement salue par Auguste Comt~ dam ce passage

  • S~ Laffitte du 24 Dante 63 (8 aot1851). (I)Notre societ s'est enrichie avant-hier d'unnouveau membre fort intressant. C'est un jeune~~cm de vingt-six ans, M. Robinet, dj ma-nous~d~T"

    Ilnous vient de qui vous en avaitpeut-tre parl. Son mariage prcoce m'a paru con-stituer une exceptionassez motive, trs honora-ble pour son cur, au niveau duquel l'esprit s'-Sd~en~eu l'avantage de fournir im-mdiatement ce digne disciple d'minentesconsolations religieuses au sujet d'une dignemre qu'il va perdre et dont je lui ai aussittle culte subjectif. (2)

    !JLe docteur Robinet adhra compltement, en effet, innovations religieuses prconises par'Auguste Comte, spcialement la conception thoriqueet pratique des sacrements positivistesLe 25 dcembre 1851, par exemple, ce dernier proc-S~~=~pOllitiviste du mariage qu'il avait contract en lg4g etSSr~

    enfant, Virginie Ro-binet (future Mme. Antoine).n'a: pas retrouv le texte authentiquede l'acte de~agc; mais voici, crit sur vlin, de la main~uguste Comte, celui de la prsentation

    Aujourd'hui, dans mon domicile (10, n.."Monsicl1.le-Prince) Clotld'e Sophie Virginie_j~t~,S~~~MM"C~M~ deuxime srie, p. p~~6~b~

    seconde partie de cette la lettredu Gutenbl!1'8' 63.

  • conduite par sa mre et son pre, tous deuxpositivistes,

    actuellement domicilis Paris, 5, rue de la"Sorbonne,

    et devenue ainsi la fille spirituelle de Mme.Sophie Martin et de M. Auguste Segond, pareil-lementpositivistes, domicilis Paris,

    a reu de moi, au nom de l'Humanit,devantces quatre parents et 28 de nos coreligionnairesdes deux sexes, le sacrement de la Prsentation,premier sacrement social.Paris, le 23 Bichat 63 (jeudi 26 dcembre 1851.)

    Auguste COMTE,Prtre de l'Humanit.

    ~'Les deux couples de parents signent avec moicette attestation

    Marie Robinet. Pour Sophie Martin (crit deRobinet.

    m

  • L'amourcherche l'ordre et.pousse au progrs;Le progrs dveloppe l'ordre et ramne l;a-

    mour.

    Paris, le jeudi 17 Archimde 6810 avril 1856

    Les jeune Gabriel Robinet, venant d'accotn-plir sa septime anne, il doit dj se prparer recevoir, quatorze ans, le sacrement de l'Initia-tion, qui solennisera sa participation directe etvolontaire la religion universelle. Pour cela,l'HuManit lui prescritde dvelopper,par le culteet la conduite, les sentiments d'attachement, dereconnaissance et de vnration que mritent sonpre et sa mre, pendant qu'il suivra sous leur di-rection, avec zle et persvrance, les tudes deposie,de musique et de dessin propres son ge.Afin de faciliter cette prparation,il doit terminerchacune de ses trois prires quotidiennes en rp-tant genoux, haute voix, aprs avoir fait le si-gne sacr, la sentence suivante, que ses parents luireprsenterontcomme le rsum du Positivisme:La soumission est la base du perfectionnement.

    Le grand prtre de l'Humanit:Auguste COMTE,

    10, rue Monsieur-le-Prince.

    D'autre manire, le docteur Robinet manifesta sonenthusiasme pour les travaux d'Auguste Comte et sondvoment envers sa personne, en lui offrant, en 1852,de garantir, comme l'diteurparaissait vouloir l'exiger,les frais d'impression du Catchisme positiviste. Cetteoffre fut finalement superflue; mais Auguste Comten'en fut pas moins reconnaissant son auteur. (1)

    (1) V. lettre Pierre Laffitte, du 27 Gutettbeff:64, in respca-dance Indite, 2.' srie, p. t4?.

  • Enfin, en dehors de ces rapports directs, le docteurRobinet crivit frquemment Auguste Comte pourlui manifester ses soucis personnels et ses sentiments.Cette correspondance fut l'origine des rponses d'Au-guste Comte qu'on trouvera plus loin.

    En la lisant, on est frapp par la sympathie et par lasorte d'affection paternelle qu'AugusteComte prouvapour le docteur Robinet.

    Certes, de tels sentiments le guidrent, en 1855, dansla dsignation de ses treize excuteurs testamentaires,puisqu'il les choisit "aprs quinze mois d'examen se-cret, comme tant plus sympathiques, plus synthti-ques et plus synergiques, en un mot, plus religieux queles autres" (2) mais ils dterminrent particulirementson choix du docteur Robinet, car il crivit, au paragra-phe F (in fine) de son Testament: La nature minem-ment sympathique et synthtique de MM. Robinet etBazalgette me semble aussi les appeler au sacerdoce del'Humanit,malgr les lacunes actue!!e% de leur prpa-ration encyclopdique. Vu leur excellence morale, jen'hsiterais point, s'ils me le demandaient, les dis-penser de la thse mathmatique, et mme des trois sui-vantes, rien ne pouvant, mes yeux, exempter des troisdernires.

    Enfin, bien qu'il et pour disciples beaucoup d'autresmdecins, c'est au docteur Robinet seul qu'AugusteComte demanda conseil dans le cours de la maladie quil'emporta:"Il est le seul o je puisse maintenantplacerma pleine confiance, parce qu'il m'aime et me com-

    (2) ~

  • prend", disait-il, ~1) et c'est encore son assistancequ'il rclama ses derniers moments, comme en.tmoi-gne.le tlgramme, dont le texte suit, de la matine d'5 septembre 1857:

    Monsieur Robinet, mdecin,La Fert-sous-Jouarre

    Monsieur Comt vous demande; il est trs mal.Longchampt.

    A sa grande dsolation, le docteur Robinet n'arrivaque pour assister l'agonie d'Auguste Comte.

    Aux obsques d'Auguste Comte, le 8 septembre 1857,le docteur Robinet, qui tenait l'un des cordons du charfunbre, fut charg par les excuteurs testamentaires,prsents Paris, d'exprimer, sur la tombe, la douleur deses disciples il en fut de mme la crmoniecomm-morative qui eut lieu, le troisime dimanche aprs lamort du Maitre, le 27 septembre 1857 (2).

    Il fit ensuite partie du "Comitpositiviste" qui choi-sit Pierre Laffitte pour Prsident et qui, selon les ter-mes employspar ce dernier dans la neuvime circulai-re adresse, le 30 octobre 1857, chaque cooprateur dulibre subside (p. 3), se constitua"de manire formerle noyau central autour duquel se rallieront tes mem-bres pars de la famille positiviste

    (1) Lettre au Dr. AodiHrent du .) Dante 69, in Lettred'Angaete Comte divers publie!) par M9 ExecuteUM tcftta-tttettttHres, I, t&fe partie, p. 4t7.(2) Le texte de ces deux diMourx M trouve dMS b notice'

  • Le docteur Robinet fit donc partie de cette petite pha-lange d'aptres intrpides, enthousiastes et dsintres-ss, qui recueillirent pieusement l'hritage d'AugusteComte, que Stuart Mill appelait inintelligemment des"stupides" et qui sauvrent l'organisationnaissante dela religion de l'Humanit de la ruine et des tnbres.

    Personnellement, il entreprit sans dlai de contribuer l'clat de cette religion, en rassemblanttous les ma-triaux ncessaires la connaissance prcise de sa na-ture et de l'existence de son immortel fondateur.

    Ds 1860, il publia son importante Notice sur l'oeu-vre et la vie d'AugusteComte, qui fut rdite em 1864,puis en 1891, augmente, en dernier lieu, de pices jus-tificatives et entirement refondue quant la partiedoctrinale "d'aprs des conversations rptes et unecorrespondance trs active" avec Pierre Laffitte et leDr. Audiffrent.

    Ce livre, qui constitue -la fois un expos dogmati-que, une apologie,une rfutation des calomnies ou desscritiques et une biographie, eut donc un grande nombrede lecteurs; il servit trs efficacement la diffusion duPositivisme et lui attira des adeptes.

    En 1860 encore, le docteur Robinet vint s'tablir Paris et il accepta la fonction de trsorier du subsideet du Fonds typographique, qu'il remplit avec dvo-ment jusqu'en 1890.

    Ces fonctions le mirent en rapports personnels avectous les positivistes franais et trangers,pour lesquelssa demeure devint un centre de ralliement confraternel.

    Dans son proslytisme incessant et fructueux qui, la Fertc-iious-Jouarre dj, lui avait permis de consti-tuer une petite colonie positiviste, grce a la convcr-

  • n~fu~r~~~s. docteur R.M-net fut second par son minente etdigne compagne, qu'Auguste Comte tenait en pa~c.~e (1) Elle le premier saio?poS~

    et, par sa soc,aM,t,son intelligence, son civismeex~

    e~ue discrtement, une inHuen.e soci~e co~rabie (2)..0~~~~n d'ides et de sentiments avecson mari, Mme. Robinet fournit, en outre, la preuve

    ~n~ntaie de~ supriorit de Fdu~~viste,

    ses detoute mthode thologique, de telle sorte que GabrieiAntoine, Mme. Dubuisson, son fils etses filles, furent aussi distingus par le ceeur et l'es-prit .que par le caractre et la fermet de leurs convic-tions positivistes.

    Quant l'action publique du docteur Robinet, ellefut la fois politique et philosophiqueIl tait anim d'une vritable passion civique et, tout~cant son ministre mdical avec une rare a~~on, il consacra sa vie au service des ides rpuMcaines et positivistes. tepubh-

    H fut l'me du parti rpublicain, dans de VI arron-dissetnent de Paris, sous l'Empire et jusqu'ala consti-tution dfinitive de la Rpublique; il fut maire de cetarrondissementpendant le sige de 1870; il fit ensuitede courageux efforts pour conjurer l'explosion de laCommune, en 1871, et pour limiter la dure de la guer-(1) Voir in~ lettre du t4 Saint-Paul 66 et T~t,p.18.

    R~L~' t881. N.. 6= Ncrologie: Mme.Robinet.

  • re civile qui lui succda; il fut l'irrductibleadversairedes procdsde guerre inhumains et de l'expansion co-loniale, l'initiateurde l'rection d'une statue Danton,d'une statue Condorcet, de la laicisation de la maisonnatale de Jeanne d'Arc, Domrmy, et de l'institutiond'une fte civique en l'honneur de cette hrone natio-nale

    Il est l'auteur d'une innombrable collection d'articlesou d'opuscules positivistes, notamment de "La Philoso-phie positive. Auguste Comte et Pierre Laffitte", pu-blie dans la "Bibliothque utile" de Germer Baillire,(prix 1 fr.), dont la lecture occasionnelle, Constanti-nople, valut, entre autres, au Positivisme, la prcieuseadhsion de notre minent ami Ahmed-Riza. Il collabo-ra assidment la revue La Politique positive, fondepar le Dr. Smerie, en 1873, et, jusque vers 1890, laRevue Occidentale, fonde par Pierre Laffitte, en 1878.

    Mais la plus importante partie de son activit litt-raire consista dans l'accomplissement de la mission d'-crire une histoire scientifique de la Rvolution franai-

    se, dont AugusteComte l'avait charg. Avant d'aborderce vaste problme dans sa gnralit, il voulut se fami-liariser avec son ambiance et s'imprgner, aussi profon-dment que possible, de la connaissance des hommes etdes faits qui l'ont domin. Il mrita d'tre appel "l'his-torien de Danton" par le nombre et la valeur historiquedes ouvrages qu'il a consacrs la rhabilitationde cegrand homme d'Etat, si mconnu et si calomni: Dan-ton, mmoire sur sa vie prive, appuy de pices justi-.eatives (1865). Le procs des Dantonistes d'aprsles documents (1879). Danton migr (1887).Danton homme d'Etat (1889). II rdigea de mmeun livre monumental en l'honneur de Condorcet:

  • Condorcet, sa vie, son oeuvre (1743-1794) Paris, 1893.Enfin, ses dernires annes eurent pour objet la ru-nion des matriaux d'un grand ouvrage en trois volu-mes sur l'histoire du Mouvement religieux pendant la

    Rvolution franaise. Seuls, deux de ces volumes ontparu.

    Pour terminer, je ne puis taire qu' partir de 1893, ledocteur Robinet fut l'avocat gnral des excuteurstestamentaires contre Pierre Laffitte; il est l'auteurpnncipaldu rquisitoire fougueux qu'ils dressrentcon-tre lui, en 1896, sous le titre L'Excutiontestamentaired'AugusteComte tous les positivistes.

    Les rdacteurs de la petite histoire du Positivismetrouveront, dans ce document et dans la circulaire dePierre Laffitte du 9 mars 1~4, tous les aliments pro-pres repatreleur curiosit maligne sur ce sujet. I! meparait superflu de l'voquer ici. Je suis de ceux quids-approuvrent alors et qui dplorent encore ce dchire-mentde la premire famille positiviste, au cours duquel,finalement et comme toujours en pareil cas, les tortsfurent rciproques.

    Nanmoins, je ne conteste pas que la vhmencem-me .du langage du docteur Robinet fut, dans cette dsas-treuse circonstance, une nouvelle attestation de l'ner-gie de sa foi. Malgr cela, d'ailleurs, je l'ai toujourspersonnellement considr comme l'une des plus sym-

    pathiques et des plus reprsentativesfigures de la pre-) tnire gnration positiviste laquelle nous devons tantde reconnaissance.

    Dsintress, gnreux et charitable, !e Dr. Robinetmourut pauvre, comme il avait toujours vcu,le 3 no-vembre 1899, Paris, o i! exerait, depuis sa retraite

  • professionnelle. les modestes fonctions de Conserva-

    teur- adjoint du Muse Carnavalet, affect l'histoiredelaville..11 fut incint, deux jours aprs, au cimetire d~ fe-

    re-Lachaise (1) o ses cendres sont dposes non Iotade la tombe d'Auguste Comte.

    Par ses dispositions testamentaires,il a dciml'hon-

    neur de son incorporation subjective l'Humanit; ellene fat donc jamais clbre. Cependant, son nom esttrs honorablement inscrit, en lettres indlbiles, dansles premires pages de l'histoire du Positivisme, cons-cutive la mort d'Auguste Comte.

    C'est la raison pour laquelle j'ai ddi ces pages sa mmoire. B~C~

    (1) V. Re~te OceideDtale. 1." janvier 1900. Nle docteur RoMtet.

  • VINGT LETTRES D'AUGUSTE COMTE

    MBOCIEUR MBtMET ET SA Mt:iE ~11851-1857

    DEUXIME PARTIE

  • 1A M. ROBINET, mdecin Vtc-M--SeHte (Meurthe)

    Paris, le 7 Guttemberg 63 (mardi 19 aot 1851)

    Monsieur,

    Je suis trs touch de la sincre gratitude quevous voulez bien me tmoigner dans votre affectueuselettre d'avant-hier, au sujet d'un cas o je vous de-vrais plutt des remerciements. Car il est si doux desympathiser que quiconque nous en fournit spcia-lement une digne occasion mrite vraiment notre re-connaissance. L'office de consolateur qui commence,depuis quelque temps, se dvelopper chez moi sys-tmatiquement, m'a dj procur de prcieuses satis-factions. Votre intressante situation est venue spon-tanment m'en fournir une douce extension.

    Outre ce motif gnral, vous m'avez inspir unevive sollicitude particulire aussitt que j'ai reconnuen vous un de ces jeunes gens, encore si rares, qui ontprofondment cultiv leur esprit sans nuire leurcoeur et qui dj saventriger le perfectionnementmo-ral en principal objet de nos intimes efforts. Chaquenouvel exemple d'une telle rgnration personnellem'offre la fois l'annonce et !e garant de la grandernovation sociale. On peut hardiment entreprendre

  • de terminer rellement ta rvolution occidentale quandon se sent seconde par des hommes qui, ds leur dbut,se dgagent radicalement de l'tat rvolutionnaire ensubordonnantdignement l'esprit au coeur. Cette con-fiance s'accrot quand une semblable adhsion maned'une classe qui, malgr son empirisme et sa corrup-tion, peut seule aujourd'hui fournir rgulirementquelques dignes organes au sacerdoce rgnrateur.

    Je suis heureux d'apprendre que les graves inqui-tudes qui ont dtermin ~otre absence temporairecomment se dissiper. Mais je ne saurais regretterles prescriptions morales qu'une triste ventualitm avait inspires pour vous. Le culte intime que jevous recommandais comme subjectif peut utilementcommencer dj comme objectif. Un mariage prcocequid'ailleurs vous a heureusement prserv du mat-rialisme actuel, prouve chez vous une tendresse excep-tionnelle, qui mrite d'tre religieusement entretenuepar ce pieux exercice quotidien. Votre dveloppementintellectuel ne tardera point se bien trouver d'unetelle pratique assidue. En se rendant plus sympathi-que, on -ne devient pas seulement plus synergique,mais aussi plus synthtique. Le simple ,voisinage destrois organes crbraux suffirait pour expliquer cetteheureuse raction normale.

    Salut et Fraternit.

    Auguste COMTE(M, rue Monsieur-le-Prince)

  • II

    A M. ENG&NE ROBINET, Vic-snr-Se~e

    Paris, le jeudi 8 Homre 64.

    Mon cher disciple,

    Je lirai, mercredi prochain, nos confrres, la par-tie de votre touchante lettre qui concerne l'admirableconversion que je, leur ai annonce hier soir, et ensuitela lettre ci-jointe dont je vais, cet effet, prendre co-pie, ce qui pourrait bien retarder son dpart. Ma meil-leure manire de vous tmoigner ma satisfaction etma gratitude consiste vous confrer la mission d-licate qui termine cette lettre exceptionnelle votreincomparable mre. Vous seul, assist de votre ter-nelle pouse, pouvez bien juger, comme fils et commemdecin, de l'opportunitde la lecture, et surtout ausside la convenance de notre sacrement de la transforma-tion envers la sainte hrone dont vous venez d'enri-chir la religion positive.

    Mon admirable Sophie me charge de vous tmoi-gner combien elle est touche du souvenir spcial devotre aimable moiti. Elle me dclarait ce matin, avecsa sublime navet, qu'elle se regarde maintenantcom-me ayant deux jeunes enfants. Vous n'en serez sur-pris ni l'un ni l'autre de la part d'une telle mre, tou-jours prive jusqu'ici d'une fille.

    Salut et Fraternit,

    A~ste COMTE(10, rue Monsteur-le-Prince)

  • IIIA M.- VIRGINIE ROBINET, V.c.sar.geiNe (Meurthe)

    Paris, le 8 Homre 64 (Jeudi 5 fvrier 1852)Il n'y a rien de re) au monde qu'aimer

    (Madame de Stal)

    Madame,

    Votre digne fils vient de m'informer que, sur le litde douleur que vous habitez depuis trois an., vous avezeu la force d'entendre avec calme ses lectures et sesexplications sur les principaux dogmes du positivismeet que votre haute raison, soutenue par une admira-ble tendresse, a noblement reconnu la supriorit d-cisive de cette doctrine rgnratrice envers tous lespoints essentiels de la morale uni.en.eUe. tant priveque publique, surtout quant la vraie condition socia-le des femmes dans l'ordre moderne, leur surinten-dance morale de l'ducation humaine et la naturecomme la marche de cette ducation. Permettez-moide me fliciter directement auprs de vous de cettenouvelle sanction fminine obtenue par la religion po-sitive, au milieu d'une situation personnelle qui luiprocure un caractre la fois si touchantet si solennel.C'est pour vous prouver quel prix j'y attache que javous ai, ce matin, offert, par la poste, un exemplairespcial du volume qui vient de ine procurer un si au-guste suffrage, Vous y verrez que dj je me suis pu-b!iquemcl1t honor, quoique sans aucune indiscrtion,~~s~

    Ama thorie fminine par unc -!atne auglaise fort distiti-

  • gue, du mme ge que vous. Quand je ferai une se-conde dition de ce volume, j'oserai vous demander lapermissionde complter ce jugement fminin en ca-ractrisant, avec une pareille prudence, la conscra-tion, encore plus prcieuse, que cette doctrine vientd'obtenir.

    Le principal office de tout vrai pouvoir spirituelconsiste, soit dans l'ordre normal, soit mme pendantl'tat rvolutionnaire, juger les individus quelconquessuivant leur vritable mrite personnel, surtout moral,

    et proclamer dignement cette apprciation, pour lafaire prvaloir, autant que possible, sur le classementrel, qui doit rester essentiellement rgl par la puis-sance matrielle, ft-elle d'ailleurs fortuite. Cette mis-sion' difficile n'exige pas seulement qu'on sache carterl'clat vulgairement rsult d'une richesse ou d'uneautorit toujours trangres la personne, et rarementjustifiables autrement que d'aprs leur bon usage. Ilfaut aussi pouvoir s'y dfendre des avantages, pluspersonnels en apparence, qui drivent de l'instructionaccumule, souvent encore plus mal distribue et em-ploye que la fortune temporelle. Enfin, on doit allerjusqu' faire abstraction des travaux effectifs, leur ac-complissement se trouvant frquemment domin pardes influences non moins trangres que les prcden-tes au mrite qu'on veut apprcier. C'est travers cet-te triple corce qu'il faut sonder chaque nature hu-maine, pour dterminer, sans aucune illusion, toute savaleur crbrale, de cur, d'esprit et de caractre. Al'nge de cinquante-quatre ann, je serais peu digne demon incomparable mission si je n'avais point assezaim et assez souffert pour utiliser mes observationset mes m

  • damentale de chacun, quand'j'ai les renseignements in-dispensables. Je d'achever envers vous, Mada-me, cette opration sacerdotale, que je commenaispontanment ds les premires informations que vo'tre noble fils me fournit, son insu, sur votre admirable nature. Le rsultat vous en est compltement fa-vorable et je me flicite de pouvoir vous le dclarer,ou mme de le proclamer, autant que vous le dsirerez,en donnant la prsente lettre toute la publicit con-venable, soit maintenant, soit plus tard.Malgr mon existence solitaire, j'ai eu le rare bon-heur de trouver dj trois admirables types fmininsd abord ma sainte mre, que j'apprciai trop tard, puisune incomparable compagne, ternellement unie d-sormais ma

    reconnaissante enfin uneS ~i fille adoptive, qui auprs de moi!

  • asse~ prouve par ses rsultats sur votre fils, qu'ellea seule prserv d'une corruption anarchique et dudesschement scientifique et auquel elle a inspir laforce de prendre rcemment, avec une pouse dignede tous deux, un admirable engagement, tout en pro-jetant la religion positive un charmant rejeton etenfin une parfaite mre. Quant votre haute intelli-gence, quelques phrases caractristiques de vos dou-loureuses lettres m'en ont fait assez juger la porteet la consistance, indpendamment de toute acquisi-tion artificielle. Enfin, votre caractre hroque m'-tait dj prouv par la persistance mme d'une ex-istence que n'aurait pu soutenir aucune organisationmoins nergique, moins rsigne et moins persvrante.Sous tous les aspects, Madame, vous me rappelez l'an-ge incomparable qui ne cessera jamais de prsider ma seconde vie et mme l'existence, indirecte maisindfinie, que je suis maintenant certain d'obtenird'une impartiale postrit.

    D'aprs cette irrvocable apprciation, je serais heu-reux, Madame, si je vous survis, de confrer solennel-lement votre mmoire, soit de vive voix, soit parcrit, aprs le sage dlai prescrit par les rites positi-vistes, le dernier et le plus auguste de tous nos sacre-ments sociaux, celui qui doit jamais incorporer vo-tre me l'tre immense et ternel que vous servezdignement. Cette conscration finale, qui lvera l'immortelle dignit d'un culte vraiment public le saintculte priv dont vous serez d'abord l'objet, est la seu-le propre l'existence subjective qu'elle inaugure etdams laquelle toutes les dignes individualits s'unis-sent sans se confondre. Mais si, pendant la vie direc-te, quelque graves inquitudes personnelles vous fai-saient prouver le besoin du sacrement consolateur qui

  • couronne l'existence objective, vous m'y trouveriezgalement dispos, pourvu que la situation me permitd'accomplir ce devoir, encore plus susceptible de re-nouvellement que son triste analogue dans l'ancienculte. Si mme votre tat physique vous faisait crain-dre maintenant une sparation prmature, votre no-ble fils pourrait, sous ma dlgation spciale, me rem-placer auprs de vous pour ce saint ministre. Enversune mre moins admirable et un moins noble fils, jen'oserais hasarder cette substitution qui, pouvant exi-ger quelque svrit pour ne pas dgnrer en unevaine crmonie, se trouverait alors dplace. Mais ici,rien de semblablen'est craindre d'aucun ct. Au nomde l'Humanit, j'autorise donc mon cher disciple Eu-gne Robinet, votre bon fils, assist de sa digne pou-se, remplacer auprs de vous, pour ce cas ventuel,Auguste Comte accompagn de Clotilde de Vaux,afin de vous confrer dignement, sur votre demandevraiment libre et assez rflchie, le sacrement positi-viste de la transformation qui, compltant l'existenceobjective, annonce la vie subjective. Tous deux con-naissant bien l'intime connexit des neuf sacrements

    -sociaux, ils ont senti l'aptitude de chacun absorberles prcdentset suffire seul comme prparationauxsuivants. Cette unique solennit quivaudraitdonc en-vers vous toute la srie de conscrations par laquellepassera votre charmante petite fille, partir du sacre-ment initial que je lui confrai le 25 dcembre 1851.Quand vous serez rtablie, j'espre pouvoir un jourvous expliquer personnellement toute cette doctrine,que sa nouveaut rend seule difficile saisir. En at-tendant, Madame, une telle satisfaction, je terminecette ptre consolatrice en adressant votre belle mela sainte apprciation que Dante composapour la Vier-

  • ~ge Marie, suave type chrtien du sexe aimant, quej'osai rcemment transporter publiquement queNach'imparadisa la mia mente, et qui convient, en gn-ral, toute digne femme, personnification spontanede l'Humanit:

    In te misericordia, in te pietate,In te magnificenza, in te s'aduna.quantunque in creatura di bontate.

    Respect et sympathie,

    Auguste COMTEPrtre de l'Humanit

    (10, rue Monsieur-le-Prince)

    IV

    A M. EUG&NE ROBINET, Vie sur-SeiHe (Meurthe)

    Paris, le jeudi 15 Homre 64

    Mon cher disciple,

    Je ne suis pas tonne que vous n'ayez point encorelu votre sainte mre la lettre exceptionnelle que jevous ai adresse pour elle. Seul juge naturel, et commefils, et comme mdecin, de l'opportunit d'une tellelecture, vous justifierez, j'en suis certain, la confianceque je vous devais cet gard. Quand mme cettegrande lettre ne serait jamais lue la digne malade,je resterais convaincu de la ncessit relle d'une sem-blable prudence et j'ai toujours regard cette issuecomme possible, sans toutefois regretter aucunement,

  • tmme dans cette hypothse extrme, d'avoir crit ce'"monument domestique, qui finira probablement pardevenir public et qui dj me sert mieux fixer lespoints correspondants da notre culte. Votre touchantegratitude ce sujet ne me laisse dsirer qu'une meil-leure apprciation du soin continu que j'ai apportdans cette lettre pour loigner autant que possible tou-te ide spciale de mort prochaine. Les prcautions quecette sollicitude m'a inspires vous ont suscit unemprise secondaire, que je dois relever ici, afin de nepas usurper davantage un loge particulier que je nemrite pas. C'est au sujet de la rsolution que vousm'attribuez de me transporter personnellement au-prs de votre admirable mre pour lui confrer moi-mme la conscration qu'elle dsirerait. Outre que maprsente situation m'en interdit la possibilit, j'avouenavement n'avoir jamais eu la pense d'un tel voya-ge. Si vous relisez ma lettre, comme je viens de le fai-re, sans aucune prvention ce sujet, je crois que vousconcevrez difficilement la mprise que vous avez d'a-bord commise, car je ne vois rien qui puisse l'y su-sciter.

    Quant la conscration solennelle que je vous y aidlgue, je doute, d'aprs vos renseignements, etmme auparavant, qu'elle puisse rellement s'accom-plir, travers des conflits de famille que vous devezrespecter jusqu'au point o ils entraineraient t'hypo!-crisie ou l'oppression. Mais pour nous, positivistes,qui devons tre peu formalistes, il n'y a, dans le casactuel, de vraiment importantque la lecture de ma let-fre sacerdotale, si la maladepeut t'admettre, ce q

  • l'auguste crmonie o vous me remplaceriez, ellepourrait comporter une haute efficacit religieuse, sielle s'accomplissait dignement. Mais elle peut trs bientre omise, par de justes motifs de prudence ou mmede respect, sans empcher aucunement l'essentiel d'uneconscration qui rsultera ncessairement de la seu-le admission de ma lettre spciale, ce qui ne dpendrellement que de l'tat de notre sainte. malade. Il n'ya donc ici ni rien forcer, ni rien regretter pour per-sonne, et j'attends paisiblement une issue quelconque,qui ne sera jamais dplorable, d'aprs l'affectueuseprudence et la respectueuse nergie que je vous croiscapable d'apporter toujours dans ce cas important.

    Tout vous,Auguste COMTE

    (10, rue Monsieur-le-Prince)

    v

    A M. EUG&NE ROBINET. mdecin, V;e-suf-SeiUe(Meurthe)Paris, le jeudi 15 Archimde 64

    Monsieur et cher disciple,Votre douloureuse circulaire, (1) trop prpare par

    votre touchante lettre du 3 Archimde, m'est parvenuedimanche, le jour mme du fatal anniversaire d'odate l'ternelle subjectivit de mon culte intime. Cesimple rapprochement suffirait pour me rappeler la

    (t) La mre du dr. Robinet mourut le 29 Mars 1852 (No.te de tateur).

  • mmorable conformit morale et mentale que je com-menais reconnaitre entre celle que vous venez deperdre objectivement et l'admirable victime que jevis succomber il y a six ans. Vous pouvez donc trepleinement rassur quant la permanence du souve-nir spcial que j'avais dj consacr votre saintepatronne. Ds hier, j'en ai renouvel l'inaltrable inau-guration sur la tombe sacre qui constitue mon prin-cipal autel. L'impossibilit, trop facile prvoir ou expliquer, d'accomplir une suffisante communicationreligieuse, ne saurait affecter la ralit des motifs es-sentiels qui m'avaient inspir cette pieuse adjonction.Dans la vie subjective, o les sources assez constatesimportent davantage que les rsultats effectifs, oupeut rapprocher toutes les dignes natures, surtout f-minimes, dont l'organisation sympathise suffisam-ment, quoique les manifestations n'aient pu en tregalement dcisives, d'aprs la diversit involontairedes destines respectives Comptez donc que je necesserai d'honorer, ma manire, votre sainte mrecomme une minente adepte de la religion positive,qu'elle et certainement fait respecter et chrir parson exemple et son influence. L'exacte conformit deson ge avec le mien me fait seulement regretter da-vantage de n'avoir pu commencer avec elle aucune re-lation personnelle. Je suis tellement convaincu de l'im-possibilit de gurir l'anarchie occidentale sans uneprofonde participation du sexe aimant, que je me senspriv d'une prcieuse collgue quand je vois le Grand-Etre perdre une de ses dignes filles, d'aprs la cruelleimperfectionde la partie immodifiable de nos destinesrelles.

    Ma propre douleur, spcialement renouvele cetteanne, me fait attacher plus de prix au noble soulage-

  • ment que procurent nos efforts actifs pour adoucir leschagrins d'autrui. Jeudi dernier, l'approche de mafatale date, je me plaisais dvelopper les pieuses res-sources du culte positiviste l'un de nos confrresadmis tout rcemment, mdecin distingu de provin-ce, qui perdit, l'an dernier, une pouse adore, etj'espre que les pratiques ainsi conseilles auront unepleine efficacit sur un cur trs digne de les appr-cier, mais qui ne pouvait encore connatre la partie denotre culte expose seulement dans mes cours. Au-jourd'hui, je sens une nouvelle satisfaction du mmegenre en pensant que, dj pleinement initi cetteaptitude de la religion positive, vous avez commenc faire revivre subjectivement celle que vous perdtesobjectivement. Pendant l'anne du deuil, vous n'ap-prcierez point assez la douceur d'une telle compensa-tion, trop entrave encore par les images finales, quoi-que vous deviez, mme alors, la goter mieux que je lefis, puisque j'avais instituer ce que vous n'avez qu'appliquer. Mais quand votre culte aura pu s'organiserpleinement, d'aprs une sage subordination continuedu subjectif l'objectif, l'aide des images, des sou-venirs et des monuments surtout crits, vous sentirezchaque anne un nouveau progrs dans cette renais-sance indfinie, qui rendra l'vocation toujours plusvive et plus nette. En mme temps, la conviction crois-sante de la prcieuse aptitude de ce saint patronagepour vous amliorer radicalement, d'abord par lecur, puis par l'esprit, vous inspirera de plus en plusune gratitude profonde, qui, son tour, rendra votreculte plus cher et plus puissant. Vous avez surtoutune prcieuse ressource dans la digne assistance quevous tes certain de trouver chez votre noble et ten-dre pouse, qui s'associera sincrement, et pour son

  • propre compte, votre intime adoration. Je puis mefaire une ide d'un tel concours par le prix que j'atta-che la touchante participationde mon incomparableSophie, qui toujours pleure et vnre une minentesur dans celle qu'elle regarde justement comme madigne compagne ternelle. Le seul avantage personnelque je possde cet gard rsulte de la certitude, d-sormais acquise depuis l'approbation publique de maddicace exceptionnelle, d'assurer ma chaste coll-gue une sainte immortalit. Mais votre ge vous per-met d'esprer un jour que vous pourrez obtenir aussi,d'ans une proportion quelconque, cette prcieuse apti-tude, toujours accessible aux mes aussi bien nesque la vtre quand elles se conduisent dignement Enfaisant revivre dans notre coeur ceux qui nous sontchers, il faut que nous leur mritions le prolongementd'un tel culte chez d'autres mes et cela dpend vrai-ment de chacun de nous pour une certaine tenduedans le temps et dans l'espace.

    Je suis spcialement charg, par ma bonne Sophie,de, la rappeler l'affectueux souvenir de votre dignepouse et aux naives caresses de sa charmantefilleule,dont l'image proccupe souvent ses rves et mme sesveilles, quoiqu'elle attende pour le mois prochain leretour d'un enfant chri dont elle s'est sagement pri-ve depuis sa naissance, il y a quatre ans. Dans lesmes aussi bien organises, toutes les affections pureset tendres sont toujours accueillies et s'assistent m-me au lieude se contrarier.

    Pour terminer par une annonce personnelle, je meborne vous mander que ma sant se soutient passa-blement, surtout de manire me permettre de tra-vailler sans relche et fructueusementau second vo-lume de mon Systme de politique positive. Il sera fi-

  • ni dans trois ou quatre' semaines et son impression,dj commence, marche si bien que je compte le pu-blier au commencement de juin. Rien n'est encore d-cid sur mon cours annuel, quoique j'espre qu'il auralieu sans aucune entrave; mais ce ne peut plus treavant le premier dimanche de mai.

    Salut et fraternit pour vous.Respect et sympathie pour Madame.

    Auguste COMTE(10, rue Monsieur-le-Prince)

    VI

    A M. MARIE ROBINET, Saint-Raphal (Var) (1)Paris, le sametH 14 Saint-Paul66

    Ma trs chre disciple,

    Devant demain commencer mon chapitre final, quisera termin, j'espre, avec juin, je me trouve aujourd'hui pourvud'un loisir exceptionnel, sans lequel j'auraist forc de retarder jusqu' jeudi prochain ma rponse votre intressante lettre de dimanche, que je reusavant-hier. En la combinant avec celle que vous cri-vtes, le mme jour, Mme. de Capellen, je compatiaprofondment aux chagrins et dceptions que vousprouvez et j'prouve le besoin de recevoir bientt de

    (1) Le dr. Robinet s'tablit momentanment en Proven.ce, dans le double but de rtablir sa Mut .tfteree et de trouverune situation mdicale. (Note de t'diteor.)

  • meilleures nouvelles, surtout quant la sant de votreincomparable mari. Quoique j'aie toujours regrettque ce dplacement d'cisif s'accomplit sans le voyageisol qui devait d'abord procurer les informations n-cessaires, j'espre que le but principal ne se trouverapa3 manqu.

    Votre dpart nous a fait sentir, et surtout moi,que les positivistes commencent rellement formerune famille, o les sparations deviennent aussi dou-loureuses qu'entre parents, et dont votre mnage four-nissait le principal aliment. Ds le mercredi suivant,j'ai tmoign ces impressions nos confrres runis, enleur exposant sur votre noble poux une opinion quesa modestie m'aurait auparavantempch d'y dvelop-per. Afin de la mieux caractriser, j'ai dclar ma rso-lution de commencer par lui l'interventionque je mesuis rserve pour faciliter l'avnement des dignes as-pirants au sacerdoce de l'Humanit, quand l'tat dusubside positiviste permettra la ralisation du projetconu depuis longtemps et spcialement indiqu dansma dernire circulaire.

    Cette ventualit ne semble pas prte se raliser,puisque je crois dj prvoir l'impossibilit d'excuter,en septembre, la tourne qui m'aurait procur la satis-faction d'aller vous voir. J'espre donc qu'une telle ma-nifestation sera seulement apprcie comme un justetmoignage de ma profonde estime envers un disciplequi m'offre le phnomne, rare en tout temps et mira"cuteuxaujourd'hui, d'avoir de lui moins bonne opinionqu'il ne doit. Mais, si l'vnement se ralisait, je per-sisterais dans cette disposition, sachant bien que M.Robinet fera dignement tous les efforts, surtouts sci-entifiques. qu'exigerait sa conscration au sacerdocepositif, en cas qu'il prenne dcidment cette carrire,

  • laquelle il me semble vraimentappel. Cette assistan-ce ventuelle' serait d'ailleurs purement temporaire,comme l'institution analogue dans l'tat normal, etdestine seulement faciliter l'initiation philosophi-que, sans aucun engagement mutuel. Elle resteraitpleinement compatible avec la profession mdicale,qui deviendrait dfinitive au cas de renonciation ausacerdoce. Mais je regrette que la situation m'inter-dise d'exercerdj cette intervention dans tm cas aus-si satisfaisant, o je voudrais pouvoir aider M. Robinet poursuivre ses tudes thoriques en soignant sa san-t, sans se livrer, pendant quelques annes, trop detravaux pratiques. Dans une telle mesure, les modes-tes remontrances que M. Foley m'a transmises doi-vent seulement fortifier mon estime et ma confianceenvers celui qui, par l'ensemble des conditions intel-lectuelles et morales, me parait le plus digne d'inaugu-rer cet appui, comme le jugent aussi tous nos con-frres.

    Quant vous, Madame, quoique vous soyez heureu-sement insparable de M. Robinet, je dois spciale-ment renouveler par crit les sentiments que je voustmoignai verbalement dans notre dernire entrevue.La rsignation active et dvoue avec laquelle vousvenez d'accomplir une grave rsolution, contraire vos justes sympathies, et dont vous ne pouviez mmereconnatre la convenance que par une digne dfren-ce, ne cessera jamais de fortifier l'estime et l'admira-tion que m'inspire l'ensemble de vos qualits. Fn ac-cueillant avec reconnaissance votre affection filmie, lefondateur de la religion positive s'honorera toujoursd'une telle disciple, dont le touchant exemple est sipropre faire convenablement :tpp)'

  • Mon excellente Sophie est profondment touche,ainsi que son mari, de votre prcieux tmoignage. Enla liant votre fille, vous avez noblement manifestvotre aptitude discerner la valeur morale traversla situation et mme malgr le dfaut de culture intel-lectuelle. Vous vous tes ainsi montres dignes, l'uneet l'autre, de vous apprcier mutuellement.

    Respect et sympathie,

    Auguste COMTE(10, rue Monsieur-le-Prince)

    VIIA IL ROBINET, Saint RaphaN (Var)

    Paris, le jeudi 19 Saint-Paul66Mon cher disciple,

    Quoique j'aie exceptionnellement rpondu samedidernier la lettre que Mme. Robinet m'crivit le di-manehe prcdent, je veux utiliser la disponibilitnor-mal< de mon jeudi pour une rponse spciale votrelettre de vendredi. Sans avoir rien dire de nouveau,je n'ai pas moins de plaisir vous reproduire l'ex-pression des sentiments qui vous sont si bien dus quevous n'en avez charmer votre exil passager en lisantces tmoignages jamais inopportuns. Comme je lmandais votre digne pouse; votre dpart noua a faitprofondment sentir, et surtout moi, combien lesvrais positivistes commencent A former une vfititMe

  • famille,dont je suis encore plus heureuxque fier de metrouver le pre. Une telle conviction ragit d'ailleurssur mes plus intimes affections, en me manifestant lasource relle d'une telle aptitude. En effet, ce n'estpoint l'auteur du Systme de philosophie positive,mais au fondateur de la Religion de l'Humanit ques'adressentde tels sentiments, qu'il n'aurait jamais ob-tenus sans la rgnration morale dont l'anniversaired'ou je sors me rappelle la sainte origine.

    Cette connexit se trouve en ce moment ranimepar un petit vnement que vous apprendrez avec joie.Aujourd'hui, jour d'HMse et de Batrice, on vient deposer au-dessus du canap sur lequel je vous mariai,le tableau de M. Etex, qui me vint hier pendant queje ftai la Sainte Clotilde la tombe sacre, le premiermercredi de juin. Vous voyez que l'minent artistes'est enfin excut dignement, par suite, je crois, de sareconnaissance pour le bon accueil qu'il a recmmentobtenu de M. Vieillard auquel je l'avais recommand.La protection s'est tendue jusqu' lui procurer, cesjour derniers, une entrevue personnelle Saint-Clou~avec le dictateur, dont il obtiendra, j'espre, quelquesdignes commandes, aussi ncessaires que mrites.Quelle que soit la source de sa conduite actuelle en-vers moi, je vais, en vous quittant, en crire mes justesremerciements.

    Votre lettre tmoigne un ensemble de sentimentstrop naturel pour n'tre pas entirement excusable audbut d'un changement aussi pnible. Quoique nousayons, aprs de longues pluies, un temps sec et froid,vraiment cholrique, qui me fait regretter d'avoir ces-s le feu, je sens que l'attrait mofai et mental de !f viede Paris, surtout pour les positivistes, me rendrait

  • ficilement supportable un exil quelconque, mme trsvolontaire. Sans que vous soyez incorpor, comme moi,depuis quarante ans, la mtropole humaine, je senscombien vous devez dplorer qu'une ncessit corpo-relle vous force suspendre la noble et digne existen-ce dont vous y jouissiez, autant au profit de la rg-nration occidentale qu' votre satisfaction personnelleet domestique. Mais vous tes trop positiviste pouroublier la loi fondamentale qui subordonne les plusnobles phnomnes aux plus grossiers, dont le jougfatal n'est amlior que par une active rsignation..Une triste expansion de votre lettre me force vousrappeler que le suicide vous est, au nom de l'Humani-t qui vous attend, interdit sous tous ses modes quel-conques, aussi bien chroniques qu'aigus. Vous aveztant faire pour la Famille, la Patrie et l'Humanit.que vous devez regarder comme un religieux devoirle soin scrupuleux de votre rtablissement physique,en loignant toute motion propre l'entraver. Puis-que vous tes rsolu maintenantde rester Saint-Ra-phal jusqu' la fin de l'hiver prochain, employez cetemps ranimer votre existence corporelle, sur la-quelle repose votre vie crbrale, dont toute la proc-cupation doit maintenant consister savoir l'italienavant six mois, pendant que votre admirable pousevous payera vos leons en musique.

    Tout vous,

    Auguste COMTE(10, rue Monsieur-le-Prince)

  • vinA M. ROBINET, Saint Raphal (Var)

    Paris, le jeudi 5 Charlemagne 66Mon cher disciple,

    Votre lettre timbre du 13 juin m'tant parvenuevendredi, je me suis trouv forc, suivant le rgimeque vous me connaissez, d'attendre jusqu' prsentpour y rpondre. Elle m'a radicalement satisfait, enme montrant que vous avez enfin dignement comprisla juste ouverture que-je vous fis rcemment et quin'e&t qu'une confirmation plus prcise des esprancesque je vous ai toujours indiques. Si j'avais craint quece pronostic ou ce vu dveloppt votre orgueil ouvous fit ddaigner votre profession naissante, je m'enserais toujours abstenu. Mais votre noble et modestefranchise confirme la scurit que j'avais dj sousce double aspect. Je vois que vous tes dcid mainte-nant tenter le seul essai qui puisse devenir vraimentdcisif, en poursuivant une tude srieuse de la basemathmatique, qui vous serait toujours prcieuse,quand mme votre vocation se trouverait finalementplus pratique que thorique.

    Si je n'avais pas eu sur vous tous des nouvelles plusrcentes que celles que vous datez du 23 Saint Paul.je conserverais quelques inquitudes envers l'tat phy-sique de vos enfants et je serais surtout pein du trou-ble moral persistant chez votre excellente compagne.Mais, de trois cts, je reus, tant hier qu'avant-hier,des renseignements plus favorables ces divers titres.J'espre donc que rien ne drangera votre expdition

  • sanitaire, et que vous la prolongerez autant qu'il l fau-dra pour venir sans danger rsider dans la mtropolehumaine ou le plus prs possible du foyer rgnrateur,dont l'efficacit dpend davantage de sa concentrationque de son irradiation.Ma sant continue d'tre excellente et ce volumefinal s accomplit encore mieux que le prcdent. L'-lvation de la temprature m'a dispens de me chauf-fer au moment du solstice d't, sans que les pluiesfrquentes qui l'ont jusqu' prsent accompagnepuissent dranger beaucoup un philosophe dont laclaustration ne cesse qu'une fois par semaine. Le cha-pitre final, dont j'ai fait environ la moiti, s'tant al-long sensiblement, je ne serai quitte de mon volume(y compris la prface, o je traiterai l'incident russe)que dans un mois, et sa publication aura lieu vers lemilieu d'aot.

    Je suis heureux d'apprendre le succs actuel de lapersvrante nergie du pauvre Jacquier. Vous aveztrs bien fait de refuser sa noble tentative de restitu-tion. Tous les cooprateurs de cette minime interven-tion se flicitent qu'elle ait tant fructifi.Notre minent confrre est. entirement quitte dessuites lgales de son accident. Le mercredi qui suivit

    sa sortie nous procura la satisfaction de le voir, nulle-ment troubl d'un incident.quisera bientt oubli. S'iltait hier revenu, je n'aurais pas manqu de lui faireimmdiatement part de vos dignes regrets de n'avoirpu spcialement prendre cong de lui.

    Tout vous,Auguste COMTE

    (10, rue Monsiew-le-Prmce)

  • P. S. Mes affectueux hommages votre digne -pouse, qui doit, j'espre, commencer se fliciter deson sacrifice en voyant surgir le plein rtablissementd'aprs lequel il tait motiv. J'espre que la familleesthtique dont vous tes accidentellement entour luisera bientt une prcieuse compensation, sans lui fairejamais oublier un milieu qui vous convenait autantque vous y conveniez.

    L'excellente Sophie est trs touche de vos souve-nirs spciaux. Son enfant a pri qu'on serrt le ballonvenu du vtre, afin de le conserver frais pour jouerensemble.

    Dimanche: je fis porter la poste, avec d'autres en-vois, huit exemplaires destins vous donner unavant-got de mon prochain volume, par le tableauque j'ai fait tirer part, des ftes publiques du. cultenormal, dont vous pourrez ainsi faire mieux sentir lanature en cas opportun.

    IXA M. ROBINET, Saint Raphal (Var)

    Paris, le jeudi 26 Charlemagne 66Mon cher

  • votre dcision actuelle, vous me semblez seulementavoir accompli maintenant en famille l'excursion d'es-sai que vous vouliez d'abord tenter isolment, et je neregrette que de ne. pas vous voir prolonger jusqu' lafin de l'hiver prochain une course dispendieuse, quiparait avoir dj perfectionn votre sant, malgr tousles dsagrments d'aprs lesquels votre retour antici-p se trouve spcialement motiv.

    Les deux impressions durables que vous me repr-sentez comme rsultes de cette exprience confirmentmes esprances sur votre noble avenir, en me mon-trant que vous savez utiliser les occasions qui se pr-sentent de rparer le dfaut d'exercice prliminaire dela vie humaine inhrent la prcocit, d'ailleurs pr-cieuse tant d'gards, de votre digne mariage. Je suisd'abord heureux de vous voir convenablement sentirle besoin d'une profession dtermine qui puisse vousprserver de la fluctuation pratique et vous rattacherspcialement l'existence civique. Ma propre carrirevous prouve que cette obligation ne gne point la pr-paration ni le dveloppement d'une vocation thorique,et doit mme y concourir, soit en habituant au travailrgl, soit en fesant mieux sentir les contactshumains.En second lieu, je me flicite de vous voir personnel-lement prouver le besoin de la rsidence, qui n'estque l'extension ou le complment du prcdent. Vousdevez regarder le passage de l'existence nomade lavie sdentaire comme la plus grande de toutes les r-volutions temporelles que comportt l'initiation hu-maine, qui n'est pas acheve encore, mme parmi lesriches, et surtout chez les proltaires, la plupart cam-ps sans tre cass.

    Aprs-demain je terminerai mon chapitre final, quim'a pris deux semaines de plus que je n'avais compt,

  • grces son extension dcisive, ncessite par l'abon-dance des dveloppements, dont les plus spciauxm'ont mme forc d'annoncer, pour 1862, un courspurement relatifla transition humaine. Je ferai lundila: conclusion gnrale de ce tome capital et, la mmesemaine, celle du trait total, suivie de mon invocationfinale. Ds lors, pendant les trois derniers jours dejuillet, j'crirai la prface, consacre surtout l'inci-dent russe. Mais je dois vous dire d'avance que je nesuivrai pas votre conseil sur la publication partiellede cette explication. Ne devant pas la sparer de lalettre qui la suscite, l'impossibilit de publier spar-ment celle-ci, l'an dernier, me force, cette anne, prendre la mme dcision envers ce complment, qui,paraissant isol, semblerait vouloir excuser une d-marche que je ne regrette nullement, quels que soientles calomnies des rvolutionnaires cette occasion. Ilne faut avoir gard ces secrtes manoeuvres qu'enles divulguant, comme je le ferai pour ce bruit de d-dicace au tzar, et mme envers l'infme explicationque je vous remercie de m'avoir courageusement an-nonce sur ma spoliation polytechnique. Sans cher-cher jamais indisposer les rvolutionnaires contre lepositivisme, nous devons saisir toutes les occasionsnaturelles qui se prsentent pour que les conserva-teurs cessent de nous confondre avec le plus indigne,et mme le plus arrir, de tous les partis actuels.

    Tout vous,

    Auguste COMTE(10, rue Monsieur-le-Prince)

    Mes affectueux hommages votre charmante pouse.

  • P. S. Mon excellente Sophie et son digne marime chargent de vous tmoigner leur satisfaction devotre souvenir spcial. Leur charmant enfant, ayantentendu parler de votre retour, a dj demand quandon le mnerait jouer avec Gabriel.

    Vous trouverez ici M. Lefort, que j'attends aujourd'hui, comme oblig de venir chercher Paris un moyenquelconque d'existence, la chtive position qu'il cro-yait avoir obtenu pour deux ans se trouvant dj d-truite.

    L'excellent docteur Carr s'occupe dignement devous et s'efforce de vous trouver un poste mdical Maisons-Laffitte, deuxime station (ou premire)du chemin de Rouen.

    xA M. ROBINET, Jouarre (Se!ne.et.MMM)

    Paris, le mardi 10 Guttemberg66Mon cher disciple,

    C'est avec une vive satisfaction que j'apprends, deplusieurs sources, votre dbut dcisif; et j'espre quevous surmonterez bientt les fatigues exceptionnellesde la rude situation qui va fonder votre honorable car-rire plus promptement qu'on ne pouvait le prvoir.Je n'ai pas davantage reu de M. Vieillard de rponse votre gard qu'il n'en fit auparavant dans les autrescas o je rclamai son intervention. Mais je suis cer-tain qu'il a, mieux qu'en aucun d'eux, employ suivantmes vux son influence, tant officieuse qu'officielle,dont peut-tre les rsultats se font dj sentir autourde vous d'aprs l'attitude bienveillante des prittci-paux personnages.

  • Ayant, depuis trois semaines, entirement achevmon volume final, le premier usage de ma disponibilitconsista dans la lecture promise de votre excellentethse, laquelle je consacrai deux heures pleines d'in-trt. Je vous avais, ds le dbut, flicit sur le choixde la question, qui constitue l'un des mrites essentielsd'une telle preuve. Je suis maintenant heureux devous dclarer que votre laboration, aussi complteque modeste, consolide mes esprances thoriques en-vers vous, et m'a fait mme mieux apprcier l'impor-tance de cette institution, aussi philosophique que li-brale, qu'il faut soigneusement tendre la prpara-tion sacerdotale.

    Je reois affectueusement, au nom de notre digneveuve, les dix francs exceptionnels qui m'ont tre-mis hier soir, avec votre lettre de la veille, par M. Fo-ley. Ces nobles prmices des dignes profits qui voussont assurs grossiront un peu le trimestre que je doistransmettre le dernier jeudi d'octobre.Quant Ja petite excursion que vous m'indiquez,trois motifs me font craindre d'en tre autant privque de la grande tourne laquelle j'ai d renoncerpour cette anne. Il me serait doux de venir p~~sein de la meilleure famille positiviste, une portion desemaine commenant le vendredi matin et finissant lemardi soir. Mais Sabord, je ne puis me procurer cettesatisfaction avant l'entire publication de mon volume,dont l'impression s'est assez ralentie depuis un moispour me faire craindre qu'il ne paraisse pas avant-lami-Septembre; je dois mme attendre, afin de consta-ter si libraire, enterre aujourd'hui, ne m'obligera pas modifier mes arrangementsde ventes, lieu, j'ai lieu de P~ que jerecevrai, dans le courant de septembre, plusieurs vi-

  • sites occidentales, dont l'ventualit ne me laisseraitpas goter pleinement la prcieuse diversion que vousme proposez. Un dernier motif .rsulte de ma sollici-tude envers le subside sacerdotal, qui va peut-tre exi-ger alors un effort exceptionnel comme l'an dernier,d'aprs le notable dcroissement qu'prouve le prsenttrimestre, quoique le premier semestre ait offert unemoyenne suffisante.

    Tout vous,Auguste COMTE

    (10, rue Monsieur-le-Prince)P. S. Je n'ai pas besoin de vous charger de meshommages paternelspour ma charmante disciple et ses

    chers enfants, ni de vous tmoigner la satisfaction demon' excellente Sophie et de sa famille pour votre sou-venir spcial.

    Vous aurez bientt la visite de M. Hutton, que M.Foley vous amnera, je crois, dimanche. Il vous pa-ratra, sans doute, un digne type du prcieux foyer quenous possdons en Irlande. Mais je regrette qu'un tou-chant retour vous empche d'apprcier aussi M. All-man, que je me flicite d'avoir vu.

    XIA M. le docteur ROBINET, la Fert-sous-Jouarre

    Paris, le mardi 10 Bichat 66Mon cher disciple,

    Votre lettre de samedi me fait esprer que, aprfa-voir snM la fluctuation souvent lie, surtout de nosjours, nux dbuts quelconques, vous saurez vous pft'

  • server de l'inconstance incompatible avec tout sucesAyant spontanment reconnu que-~ous ne pouvez as-

    sez juger votre rsidenceactuelle sans une exprien-ce de quelques annes, vous viterez d'attacher tropd'importance aux dsagrments secondaires que vousretrouveriez partout, sauf Paris.

    J'admets pleinement vos explications spciales surImpossibilit rsulte de votre genre de vie actuelenvers les lectures et les rflexions qui pourraientvousmaintenir au point de vue habituel o vous tiez ici.Mais ces entraves passagres devraient aussi vous d-tourner de tout jugement prcipit sur des questionsqui dpassent,de votre propre aveu, votre comptenceprsente, surtout quand la principale difficult quepuisse offrir la construction religieuse se combine avec-la plus dlicate dtermination de l'avenir humain. N-anmoins, vous n'hsitez point blmer radicalementune institution que vous n'avez pas tudie, et sanspeut-tre avoir mme lu sa propre exposition.

    Lorsque M. Foley me communiqua votre protesta-tion inattendue, je fis peu d'attention la forme, quevous dsavouez seule aujourd'hui; mais je fus relle-ment pein du fond, que vous maintenez de manire l'aggraver par une persistance exceptionnelle. Quoi-que vous soyez l'unique positiviste ainsi rvolt con-tre mon principal volume, l'estime et l'attachementque je vous ai vou me font attacher beaucoup d'im-portance cette dviation. Mais, puisque vous conti-nuez regarder votre propre perfectionnement moralcomme le principal but de toute votre vie, j'espre qu'une paternelle apprciation stiff.ra pour vous fairesentir la gravit de cette chute, qui compromet direc-tement la vnration Mns laquelle on m. pern n~

  • goter, ni rien apprendre, ni constituer aucune situa-tion durable.

    Il est ais de sentir que votre opposition n'manepoint d'une routine excusable, qui seule prserve lesempiriques de mutations indfinies. L'instinct sexuelet l'orgueil masculin ont spcialement inspir cetteaveugle protestation contre une doctrine que vous n'a-vez pu srieusement examiner encore, ni d'esprit, nide coeur. En quoi diffrez-vous l des purs rvolution-naires, dont chacun ne reconnait d'autre autorit quela sienne envers les questions importantes et diffici-les. Ne vous trouvant pas d'accord avec votre chef spi-rituel sur une doctrine embarrassante, vous n'hsitezpoint proclamer qu'il se trompe malgr les ca~ nom-breux o vous avez antrieurementrectifi vos premi-res impressions. Si. ces dispositions, aussi tranchantes.que superficielles, s'tendaientaux dogmes cosmologi-ques dont la dmonstration vous est inconnue, je ne saisce qui resterait de votre foi scientifique.

    Cette rechute rvolutionnaire doit m'inspirer d'au-tant plus de sollicitude qu'elle se trouve en harmonieavec la raction continue de votre rsidence provin-ciale. La vie de petite ville vous expose habituellement concevoir une opinion exagre de votre suprioritpersonnelle, rtrcir vos vues gnrales, et mme compromettre vos meilleurs sentiments, d'aprs lespenchants critiques qu'excite l'irritation rsulte deschocs que vous prouvez.

    Je suis plus afflig que surpris de vous voir ainsiconduit terminer votre lettre en me rasssurant sp-cialement sur la persistance d'une adhsion et d'uu d-vouement qui ne devraient pas exiger de nouvellesconfirmations. Si votre perturbation actuelle pouvaitacquiii' toute son extension spontane, je ne doute

  • Pas, malgr ces sincres manifestations~1bientt altr la plupart de vos autres convictions po-sitivistes, qui ne sont pas, au fond, plus inbranlablesque celles contre lesquelles vous tes momentanmentinsurg. Mais la confiance que je conserve dans votreraison, et surtout dans vos sentiments, me fait, au con-NM

    avez contract l'habitude envers les trois premiersvolumes de ma construction religieuse dissipera pro-chainement les aveugles rpugnances que vous inspireaujourd'hui le tome le plus dcisif.Tout vous,

    Auguste COMTE(10, rue Monsieur-le-Prince)P. S. Mes affectueux hommages votre

    excellen-te pouse.

    XIIA M. le docteur ROBINET, h ~

  • tuelle a d'ailleurs cet avantage qu'il n'est point indis-pensable d'y rsider pour en tre rellement membre,pourvu qu'on se tienne toujours en pleine communau-t de sentiments et de penses avec ses vrais citoyens.

    Vos nobles souhaits pour le positivisme recevront,j'espre, une pleine confirmation, du moins quant la consistance des conversions, qui durent rester es-sentiellement provisoires, jusqu' la rcente terminai-son de ma synthse. J'ai lundi signal le volume finalcomme devant bientt purer et raffermir le noyaurgnrateur, plus que ne le fit la crise dictatoriale.Ceux qui subiront dignement cette dernire preuvepourront seuls devenir les directeurs systmatiques del'ordre et du progrs, tandis que les autres retourne-ront aux oscillations empiriques entre. l'anarchie etla rtrogradation.

    Tout vous,Auguste COMTE

    (10, rue Monsieur-le-Prince)P. S. Madame Robinet mrite mes remercments

    spciaux pour sa digne lettre mon excellente Sophie,dbnt la rponse ne se trouve retarde que par son filsam~ duquel dpend l'excution matrielle. Je puis seulapprcier tout le bien que font de telles manifestations,surtout en dissipant la principale inquitude de cetteadmirable femme qui, non moins humble que noble,craint secrtement de voir un jour sa filleule rougird'elle. Rien ne peut mieux fortifier les assurances queje lui donne souvent sur l'excellente ducation 'de cetenfant, qui saura toujours apprcier le propre mritede sa marraine, travers les entraves de la situation etmme de l'instruction.

  • XIIIA M. te docteur ROBINET, h Fe~-soua-JoNane

    Paris, le mercredi matin, 24 Homre 67Mon cher disciple,

    Hier soir, M. Foley m'a lu la noble et touchantelettre qui rpare, au-del de toute prvision, une cour-te dviation, dont la reproduction est ainsi devenueimpossible. J'prouve le besoin de vous tmoignercombien j'apprcie une conduite qui caractrise l'apti-tude des positivistes se perfectionner. C'est ainsique les dignes mes savent spontanment tirer, de leursaberrationspassagres, des moyens durables d'amlio-ration, inconnus quiconque ne se sent jamais faillir.

    Tout vous,Auguste COMTE

    (10, rue Monsieur-te-Prince)Mes affectueux hommages votre excellente com-pagne..

    XIVA M. le docteur ROBINET, la Fert-soM-JoM~

    Paris, le mardi 2 Aristote 67Mon cher disciple,

    L admirable lettre que j'ai reue hier a profond-ment ranim la confiance et la satisfaction que m'in-spire la libre suborjinat.on dont m'honorent des &mesd'lite. Ce sentiment habituel constitue ma principale

  • rcompense, et me fournit aussi le meilleur encoura-gement, en me poussant de plus en plus mriter untel ascendant. Quelques rares que soient jusqu'ici lesvrais croyants, il s'y trouve assez de types minentsphe de la foi rgnratrice. Votre excellente lettre con-firme spcialement cette prcieuse conviction, en

    ter-minant dignement l'preuve difficile que vous avezspontanment subie. Nous devons finalement nous f-liciter qu'un incident

    exceptionnel vous ait ainsi fournil'occasion de manifester et de dvelopper l'un desmeilleurs attributs de votre noble nature.J'ai souvent got la (ouceur et l'utilit du digneaveu d'une faute quelconque.Mais j'ai rarement trou-v cette disposition autour de moi, mme chez mesmeilleurs disciples, retenus

    sans doute par la craintedonner ainsi trop de prise contre eux. II faut se sen-~~r.les abusque peut susciter une telle soumission, qui ne permetq~ mes fortes de mieux rsister tT~jS~prtentions, aprs avoir accompli toutes les justesconfessions..

    Ce que vous m'indiquez envers mon volume final meprouve que vous avez pleinement utilis sa premirechapitre qui vous reste tant tout d'ap-sauraitT offrir aucune difficult s-rieuse. Vous faites un noble usage d'un tel ensemble,=~

    vous apprcierez mieux la situation actuelle, vous de-:=~demander ce qu'il ne peut donner. La prsente gn-ration est radicalemente sacrifie, comme toutes celleso se renouvelle la foi dirigeante. Elle ne comporte

  • d'autre service universel que de transmettre, avecquelques amliorations, le capital matriel de l'hu-manit, mais en aggravant l'altration chronique dutrsor intellectuel et moral.

    Un tel milieu ne comporte une vie pleine et digneque chez les mes destines participer la reconstruc-tion spirituelle. Mais celles-l peuvent v trouver plusd'essor qu'en aucun autre temps, puisqu'une telle coo-pration ne pourra jamais se reproduire. Quoique ceconcours permette plus d'activit que de bonheur, ilprocure dj la satisfaction de se trouver dans l'tatnormal autant que le comporte un entourage anarchi-que et rtrograde, que les fondateurs de la vraie pro-vidence doivent excuser et plaindre sans le ddaigner.

    En dveloppant ce privilge gnral des vritablespositivistes, vous avez spcialement l'avantage d'exer-cer la profession la plus propre son essor. Malgrtous ses vices, l'office mdical est aujourd'hui celuiqui permet le mieux de transformer un mtier en sa-cerdoce. Vous l'exercez d'abord sur un thtre provi-soire, indispensable, pour quelques annes, son in-stallation dcisive. Nanmoins, votre ge doit vousfaire patiemment apprcier un tel prambule, qui vousrendra mieux apte au mode dfinitif. II importe, en ef-fet, que le noyau rgnrateur se condense finalementdans la mtropole humaine, o sa consistance devientplus grande, son action plus efficace et son exempleplus dcisif.

    Puisque vous avez profondment apprci l'absorp-tion ncessaire du ftichisme par le positivisme, jecrois devoir vous indiquer ma rcente conception surle mode spcial d'une telle fusion. Cette exposition nesera normalement accomplie que dans le premier vo-lume de ma Morale positive, sauf l'bauche verbale

  • que j'aurai bientt lieu d'en faire publiquement si l'onme laisse faire mon cours annonc. Je ne l'ai suffisam-ment communiqu jusqu'ici qu' M. Laffitte et n'en airien crit encore personne.

    Au fond, cette difficult consiste bien distinguerle ftichisme de l'enfance et celui de la maturit. Dansle premier, le type humain est spontanment transpor-t partout avec ses trois attributs essentiels, sentiment,intelligence, activit. Le second doit systmatiquementconserver les deux extrmes, en supprimant le moyen,et d'ailleurs cartant, sous l'aspect corporel, la mobi-lit de composition laquelle il se trouve constammentli sans que nous puissions savoir comment. Quant l'activit, son existence universelle est scientifique-ment dmontre. C'est donc envers le sentiment seul,et par suite la volont, mais aveugle, que la fiction s'in-troduit afin de mieux dvelopper la sympathie et m-me la synthse, du moins esthtique. Si la logique phi-losophique doit toujours s'interdire les hypothses in-vrifiables, la logique morale et potique a plus d'es-sor elle peut admettre celles qui ne sont pas contrai-res l'ensemble des notions relles. Or, certainement,on ne pourra jamais dmontrer qu'un corps quekon~que, et mme une simple molcule, ne sent pas l'actionsubie, ou ne veut pas l'action exerce,quoique sans pou-voir l'apprcier ni la calculer.

    Te! est donc le ftichisme le l'ge mur, seul combi-nable avec le positivisme, dont il fournit intellectuel-lement le. complment ncessaire, et moralement oupotiquement, le bien gnral envers le monde inorga-nique, caractris surtout par le grand ftiche, la Ter-qtu domine l'Humanit,destine la perfectionner.Afin de mieux harmoniser ces deux lments du dua-lisme synthtique et sympathique, on peut pousser

  • les privilges de la libert potique jusqu' feindre quela Terre fut jadis intelligente, ainsi que ses collguesplantaires, et qu'elle tait alors doue, comme les corpspleinement vivants, de la mobilit de composition quila rendait inhabitable pour l'homme et les animaux.Dans cet ancien tat, elle concerta son activit de ma-nire perfectionner sa constitutionastronomique au-tant que le comportait sa raison, en vue d'instituerune situation compatible avec le dveloppement ult-rieur de l'Humanit, dont ce grand ftiche avait pr-vu l'avnement.

    On peut ainsi satisfaire, en la rglant, notre incura-ble curiosit sur la cration. La cration absolue, otout viendrait de rien, .doit tre finalement cartecomme incompatible avec l'ensemble des connaissan-ces relles, d'aprs lequel nous ne pouvons concevoirun gramme de matire vraiment introduit ou suppri-m. Mais la cration relative, o l'on se borne ddui-re l'ordre actuel d'un tat antrieur, ne cessera jamaisd'occuper notre imagination, qui- peut ainsi s'y con-tenter, avec profit pour la morale et l'art, sans aucundanger thorique.

    Voil comment l'volution individuelle passera dfi-nitivement du ftichisme spontan, prolong jusqu'la pubert, vers le ftichisme systmatique, que lepositivisme consacre relativement la nature morte,c'est--dire ayant cess de vivre pleinement. L'enfantn'a d'autre amendement concevoir que de supprimerl'intelligence, ainsi que la composition mobile, en con-servant partout le sentiment et l'activit, devenus a-veugles, mais rests volontaires, quand la composi-tion devient fixe. Tous les besoins de la morale et dela posie se trouvent ainsi respects, sans que les con-

  • ditions thoriques subissent aucune altration, auxyeux de quiconque a renonc franchement aux synth-ses absolues pour la synthse vraiment relative.

    Tout vous,Auguste COMTE

    (10, rue Monsieur-le-Prince)

    P. S. J'admire et je gote, mais sans tonnement,la conformit d'adhsion que vous m'annoncez chezvotre digne compagne. En lui transmettant les affec-tueux remerciments de mon excellente Sophie, je suisspcialement charg de tmoigner combien Mme. Mar-tin est touche de la noble lettre qu'elle a rcemmentreue. Ayant moi-mme lu cette admirable manifesta-tion, j'prouve le besoin d'indiquerma vnration pourune dmarche non moins honorable, et mme profita-ble, sa source qu' sa destination, et qui me prouvela profondeur inespre des convictions capables dergnre)' ainsi les moeurs prives.

    XV

    A M. ROBINET, la Fett-a

  • en fussiez encore priv plusieurs mois sans plus d'ef-hMMte. Veuillez donc m'indiquer ce qu'il en faut fai-te et, si je dois vous l'expdier, marquez-m'en le mo-de avec prcision.

    Tout vous,Auguste COMTE

    (10, rue Monsieur-le-Prince)

    XVI

    A M. 1. docteur ROBINET, la Pert~J.~Paris, le Samedi 6 Bichat 67

    Mon cher disciple,

    M. Foley dut, hier matin, vous renvoyer, ma pri-les trois cents francs qu'il tait venu, jeudi soifm'apporter en votre nom. Quelque dplorable que soitma situation actuelle, par suite de l'insuffisance nota-ble du subside positiviste en 1855, vos propres affairessont trop embarrassespour que je puisse accepter, m-me comme avance, un tel envoi, quand vous avez, cet-te anne dj fait mon gard des sacrifices dont jeconnais l'admirable exagration. Mais les motifs me-mes de mon juste refus m'imposent la douce obliga-tion de vous tmoigner spcialement combien j'appr-cie cette touchante confirmation de l'excellence, tantconstate mes yeux, de votre noble cur. La posi-tion de M. de Constant m'a permis d'accepter une lar-ge anticipation qu'il m'avait gnreusement propose

  • sur la portion dont il dispose dans mon subside hollan-dais pour 1856. Cette prcieuse remise me fait imm-diatementviter l'extrmit grossire laquelle je metrouvais rduit, et que j'aurais dsir vous cacher, a-fin d vous pargner une affliction sans rsultat.Tout vous,

    Auguste COMTE(10, rue Monsieur-le-Prince)

    XVII

    A M. !e docteur ROBINET, la Fert-sons-jouarre

    Paris, le Samedi 27 Bichat 67

    Mon cher disciple,

    Je viens d'achever mon testament, que j'ai remislundi 24 dcembre M. Laffitte, son dpositaire pef-ptuel. Vous ayant choisi pour l'un de mes treize ex-cuteurs testamentaires, je vous invite prendre con-naissance de cet acte chez M. Laffitte, afin que vouspuissiez sciemment dcider si vous acceptez ou refusezun tel office: En cas d'acceptation, vous aurez ensuite lafacult de copier cette pice, votre seul usage.

    Tout vous,Auguste COMTE

    (lO.meMonsieur-te-Prince)

  • XVIIIA M. le d.~ ROBINET. la Feit~j.

    Paris, le Jeudi 3 Mose 68Mon cher disciple,~=~

    vux que la solennit d'avant-hier vous a conduit m'exprimer, et dont la pleine sincrit m'est tant prou-ve depuis longtemps. La participation qu'y prend vo-tre excellente Marie mrite ma gratitude spciale,car je sens profondment le prix d'une.telle disciple.Une doctrine qui spontanment obtieut de pareils d-vouements est assure de son avnement social, queau milieude l'anarchie universelle qu'elles doivent bientt do-miner.

    Votre noble aceeptation immdiate de l'office que je=E~:?~

    me touche sans'm'tonner, d'aprs les dispositions sympathiques et~rS.

    tos lesexcuteurs testamentaires que j'ai choisis soient plus~x~je dsireque chacun d'eux n'accepte dfinitivement cette mis-~:=~

    connaissan-ce de ce document exceptionnel, Afin de vous faciliter~r~les obstacles propres votre situation, j'ai spcialement autorisM T atti~ par ~tuon, j ai apemie-tive, vous porter cette pice dans sa prochaine visi-te La Fert. Le mme motif s'appliquant M, de Ca-pellen, le meilleur mode de cette communication con-

  • sisterait en ce que M. Laffitte vous en St une lecturecommune, spcialement concerte entre, vous trois.Pour aller au-devant d'une sollicitude trs naturelle etfort lgitime, j'ai permis que cette lecture se fit enprsence de Mme. Robinet et de Mme. de Capellen,qui mritent une exception que je ne devrais point ac-corder envers des mnages moins unis.

    Tout vous,Auguste COMTE

    (10, rue Monsieur-le-Prince)Au debut du mois t

  • loppe triplement scelle o je venais de renfermer cet-te Addition secrte au Testament d'Auguste Comte.Avant de clore la dclaration fatale, je l'ai complte-ment lue Sophie, qui l'a spontanment trouve con-forme ma confidence verbale; et j'ai, le lendemain,ajout quelques lignes au Testament pour annoncerl'accomplissement de cette opration qui, selon touteapparence, deviendra finalement inutile.

    Tout vous,Auguste COMTE

    (10, rue M&nsieut-le-Prince)

    XXA M. E. ROBINET, la Fert-sons-Joaarre

    Paris (10, rue Monsieur-le-Prince),le mercredi 7 Dante 69

    Mon cher disciple,Je suis profondment touch de la charmante pro-position filiale laquelle est entirement consacre vo-tre lettre d'hier, reue ce matin; mais j'espre vousfaire aisment comprendre que je ne puis aucunementl'accepter. Vous avez peut-tre confondu la prsente

    anne, o je n'cris rien, avec mon chmage de-1855.o j'tais personnellement disponible; les deux cassont trs diffrents. En 1855, je venais d'achever monprincipal ouvrage, sans tre encore proccup de maconstruction complmentaire; em 1857, le tome initialde celle-ci se trouve dj publi, de faon me teniren travail continu, sous divers modes, jusqu', ce quemon oeuvre finale soit entirement termine en sorteque je ne deviendrai vraiment libre qu'en 1862. Laprsente anne est scrupuleusement voue la grande

  • prparation mditative qu'exigent les deux tomes dema Morale positive, et je ne puis rien distraire volon-fairement de ce temp!sacr, qui ne peut plus avoir decompensation. Si le chagloin et la maladie ont notable-ment altr, pendant quelques semaines, sans jamaisla suspendre, cette intime laboration,ce n'est pas uneraison pour que la joie et la convalescencey joignentde nouveaux drangements. y i~

    Fais ce que dois, advienne que pourra, constitue le~-S~ celle du moy-en-ge. Mon grand ouvrage actuel tant le dernier detous, les diverses i.mperf~ctions quelconques y devien-nent fatalement irrparables. Je suis donc responsableenvers la Postrit de toutes celles que pourrait viterun.plus austre emploi de mon temps.Pour vous mieux indiquer l'tend'ue et l'inflexibilitde ce devoir, il me suffira de vous informer que, dsle dbut de cette anne, j'ai systmatiquementretir laPromesse inconsidre qu'un zle spontan m'inspirad'une visite mon vieux pre en aot 1857, quand je4~ l'heureuse initiative de

    notre irrvocable;rconciliation. J'ai' formellement ajourn ce voyage~S~~tement publie, quoique j'aie tout lieu de craindre quemon vnrable pre ait alors cess de vivre. Il m'estdonc impossible d'accepter auparavant aucune autrediversion quelconque, mme d'un jour ou deux.: en sor-te que j'ai pareillement remis 1862 la visite projeteEE=~S-~S

    ce qui me dispense d'insister davantage sur votre fi-lialepropositioll.Ayant cordialement accept le noblemdical que vous m'avez d~n L dans votretouchante visite du 20 min~v~ touchante visite juin, j'y dois aujourd'hui faire

  • directement appel, parce que j'ai radicalement puis ` '`toutes les ressources dont je pouvais spontanmentm Miser, avec l'incomparable assistance de ma filleadoptive. L'inflammation du bas-ventre, qui d'abordsigea surtout dans le colon, me semble finalementdevenue essentiellement propre la vessie; mais l'a-mlioration obtenue est dj notable, depuis quelquesjours, sous les deux aspects. J'ai principalement recou-vr la pleine activit normale de ma grande prpara-tion mditative, et mon tat continu d'enthousiasmealtruiste. Mais j'ai surtout besoin de causer avec vous,aussitt que vous le pourrez sans trop de drangement,sur la gastrite sympathiquement mane de la mu-queuse infrieure, et que j'ai vicieusement surcharged'une gastrite idiopathique en prolongeant mal proposl'usagede la limonadedans un estomac qui rpugne lala moindre acidit. C'est principalement ainsi que jesuis contraint de suivre une dite trs svre, qui memaigrit et m'affaiblit: hier, ma nourriture consista seu-lement en trois verres de lait et deux verres de bouil-lon; vos dvous conseils synthtiques peuvent seulsme procurer uns issue plus rapide, pour une perturba-tion dj persistante depuis prs de six semaines (apartir d'; 13 juin) quoique l'amlioration soit mainte-nant prononce.

    En vous flicitant, mon Men-am disciple, de tou-jours croire enVnration et Dvouement,j'offre votre digne pouseRespect et Sympathie.

    Auguste COMTEP. S. Voici le reu correspondant au billet inclusdans votre lettre d'hier.

  • Le reu, annonc dans cette dernire ~ttre c
  • TROtStME PARTtE

    LA MALADIE ET LA MORTD'AUGUSTE COMTE

  • Les premiers symptmes de la maladie laquelle Au-guste Comte a succomb remontent la fin du moisde mai 1857. Ils concidrent avec la douloureuse mo-tion que lui causa la mort inopine de son ami Vieillardet l'extrme fatigue qu'il prouva, le jour de ses obs-ques, exactement le 21 mai. Cette fatigue rsulta du faitqu'Auguste Comte se rendit d'abord, pied, de la rueMonsieur-le-Princeau domicilemortuaire,rue Blanche,et de l, pied galement, au cimetire du Pre-Lachai-se, en faisantun dtour inutile vers l'eglise Saint Louisd'Antin. Le convoi devait, eh effet, primitivement, serendre cette glise; mais, l'insu d'Auguste Comte,trop tardivement arriv pour la leve du corps, la fa-mille, se ravisant, l'avait immdiatement fait diriger,sans l'assistance d'aucun clerg, vers la ncropole del'Est o, conformment aux volonts du dfunt, il futinhum dans la fosse commune.

    La lettre ci-dessousreproduite, ultrieurementadres-se au docteur Robinet par le Capitaine Anfrie, qui tintcompagnie Auguste Comte durant la dernire partiedu trajet que je viens de retracer, donne, relativement cet pisode, des renseignements dtaills et prcis:

    Oran, le 16 Saint-Paul71 (5 juin 1859)Monsieur et honor Confrre,

    Je m'empresse de rpondre l'appel que vousm'avez fait, en regrettant toutefois de ne pou-voir vous fournir que quelques renseignements

  • bien '~ptets. Ainsi que vous le dites dans vo-tre lettre, j'assistai aux funrailles de M. Vieil-lard, qui avait t camarade de collge et d'co-beau-pre et que j'avais eu ainsi oc-caatoa de conna.tre. Je savais l'attachement denotre auguste Maitre pour lui et je pensais bienT au convoi funbre. Aprs l'avoir long*cherch en vain, je dsesprais de le voirq~nd le cortge ayant dj disparu, je l'aper-eus qui smvatt une direction tout oppose J'ai lui et l'abordai. Alors il me dit qu'on lui avaitoffert une place dans

    une des voitures du cort-ge, mais qu'il ne l'avait point accepte, le corpsdu dfunt devant tre conduit l'glise. Je luiappns alors que, bien que M. Vieillard n'eut"~ ses derniers moments recevoir l'as-sistance d'unprtre, malgr les instances rit-'Empereur, qui tait accouru de Fon-

    aussitt qu'il avait appris l'tatdsespr de son ami, les lettres de faire part in-diquaient, en que le service funbre seraitclbr l'glise (Saint-Louis, je crois); maisque la volont dernire du dfunt n'en avait pasmoins t respecte et que le convoi se dirigeaitS~ cimetire d P~I~chaise,netant escort d'aucun membre du clerg'il se les lettres portaientdont je vous ai P~ ci-dessus et cequi tait survenu depuis. pour qu'elle ait t

    "mise de ct, j'en tais rduit aux conjectures;depuis, je n'ai pas cherch claircirces dif-ferents points. p~~ acheminmes vers le cimetire du~ere-Lachatse en nous entretenant du dfuntet- notamment de ses derniers moments. Au-"guste Comte l'appreciait sa juste valeur. IIlui tenait un grand compte d'avoir t le seulsnateur qui eut vot contre l'Empire, malgrles liens d'amiti qui l'unissaient Louis-Na-polon. C'tait grce son intervention queles cours de 1849, 1850 et 1851 avaient pu avoir

  • lieu. C'est lui qu'il s'tait adress pour faireobtenir M. Segond la place de bibliothcaire la Facult de Mdecine de Paris. M. Vieil-lard avait bien voulu lui demander comment onpourrait rparer la spoliation commise songard. Toutefois, il n'avait jamais concouru ausubside positiviste. L'assistance qu'il avait ac-corde au positivisme aurait pu tre plus active.En un mot, M. Vieillard avait suivi avec int-rt les dveloppements du Positivisme, mais iltait loin d'tre un positivistecomplet; et notreauguste Matre, tout en lui rendant une com-plte justice, ne se faisait aucune illusion surle caractre de celui qu'il dsignait comme lePatron du Positivisme. Auguste Comte n'en re-gardait pas moins M. Vieillard comme un amiet fut trs sensible sa perte. Je pus, pendanttoute la dure de notre trajet, de la rue Saint-Lazare au cimetire, observer l'motion profon-de qu'il ressentait.

    Nous tions en marche depuis quelque temps,lorsque je le vis s'essuyer le front. La journetait chaude. Je me hasardai timidement direqu'il serait heureux que nous rencontrions une

    voiture. I! me rpondit que souvent il faisaitune course aussi longue. Je ne crus pas devoirinsister. Nous ne connaissions ni l'un ni l'autre

    trs bien le chemin. Nous ne dmes pas pren-dre le plus court, car je trouvai la course passa-blement longue. Arrivs au cimetire quelquetemps aprs le convoi funbre, ce ne fut qu'a-prs avoir arpent en tous sens cet immenseddaleque nous parvnmes l'endroito devaittre dpos le dfunt. Notre cher Maitre au-

    rait beaucoup dsir entendre les discours pro-aones sur la tombe. Aussi, quoique dj bienfatigus, nous avions ht le pas dans la der-nire partie de notre course. Nous n'entendmesque les dernires paroles d'adieu. Aprs quelquesmoments d'un pieux recueillement, Auguste

    Comte examina attentivement les lieux et me

  • dit qu'il lui serait facile de les retrouver, sepromettant d'y revenir bientt.C'taitpour accompagner son ami jusqu' sadernire demeure que notre vnr Maitreavait fait cette longue course. Aussi ne fut-ilque peu contrari du contretemps qui l'avait

    empch d'entendre les discours prononcs surla tombe. II pensait d'ailleurs que M. Vieillardn'y avait pu tre convenablement apprci etque, notamment, on avait d passer sous silen-

    ce l'nergie de convictions et de -caractrequ'il avait montre ses derniers moments etdont il ne l'avait peut-tre pas cru capable.Aussi se promettait-il de signaler cette dignefin dans sa prochaine circulaire annuelle, en at-tendant qu'une occasion plus favorable se pr-sentt. La mort l'en a empch. Vous compre-nez maintenantpourquoi je me suis tendu unpeu longuement sur M. Vieillard. Ce qu'Augus-

    "te Comte se proposait de faire, il vous appar-tient de l'accomplir pisodiquement, lorsquevous parlerez de l'un des vnements qui onthte la mort de celui que nous regrettonstous.L'extrme fatigue d'une journe passe dans l'ac-complissement d'un pieux devoir, jointe l'-motion profonde rsulte de la perte imprvuer~~ plus ancien ami a, je n'en doute pas,contribue dvelopper notablement la maladiequt nous l'a enlev.

    Pour complter les renseignements qui pr-cdent, je vous donne communication de lalettre qu'il m'crivit (je vous prie de me la re-pourrez). Ma der-mre lettre n'a point eu de rponse. Quand el-le arriva Paris, notre auguste Matre avait~~t~me manque pour vous parler de lamanire remarquable dont Auguste Comte fitcours de calcul diffrentiel l'Ecole et deiMnmense rprobation qui accueillit tes nr~-m~s leons de M. Duhamel. Une autre fois,

  • si l'occasions'en prsente, je vous en dirai quel-ques mots."Veuillez recevoir, Monsieur et honor Con-frre, l'assurance de mes sentiments affectueuxet dvous.

    Ch. Anfrie,Capitaine du Gnie Oran."

    Dj dbilit par son rgime presque asctique, Au-guste Comte dut rentrer htivement en voiture sondomicile, ou, extnu, pris de frissons, il prsenta lessymptmes d'un srieux embarras gastro-intestinalf-brile.

    Cet tat pathologique, accompagn d'insomnies etd'agitation, demeura quelque temps stationnaire; maisil s'aggravabrusquement, le 13 juin. Alors, les troublesintestinauxs'accenturent;la fivre devint ardente; unictre trsprononc se dclara, le tout provoqu, crutAuguste Comte, par la violente indignation que luisvaient fait prouver la publication de l'Exposition,abrge et populaire, de la philosophie et de la religionpositives, par Clestin de Blignires, et, davntage en-core, une lettre grossire du mme auteur.

    Puis une rmission se produisit et, dans une longuelettre Hadery du 20 Charlemagne 69 (7 juillet 1857)

    (1) Auguste Comte analysait son cas comme il suit-Votre excellente lettre de vendredi, reue di-

    manche, a noblement soulag les chagrins su-scits par l'indigne conduite rcente d'un fauxdisciple.. Le trouble crbral ainsi surgi ne in'aurait pas produit une naissante inflammationdu bas-ventre s'il ne m'tait malheuresement

    (1) In Correspondance indite, 2.* srie, page 381,

  • survenu dans un moment o j'tais spciale-ment impressionable, d'aprs la crise naturelle-ment rsulte de la mort imprvue du Sna-teur Vieillard, mon plus ancien adhrent, quiseul avait scrupuleusement suivi l'ensemble dema carrire, partir de mon opuscule fonda-

    mental, en 1822.