A mama Sada qui est toujours l pour moi

Merci Raja Farhat et Nadia Jelassi pour leurs motsFatma et Lassaad Kilani pour leur soutien Azza, Baya, Fatma et Yassine pour leur regard et leurs idesLooh pour son assistance techniqueEt tous les maris anonymes qui ne se reconnatront pas

3 Rue Sidi El Ghemrini2026 Sidi Bou Sad - Tunisiecontact@agorgi.com www.Agorgi.com

Conception graphique :

Moez Akkaritrombone@topnet.tn

Chbabek wa 3tebAcha Filali

Procdure de mise plat

de la socit tunisienne

1. Collecter des photographies de mariage, poses, de gens ordinaires, anonymes, qui datent de cinq, dix, quinze, voire vingt ans ; certains des personnages sont certainement grands-parents maintenant.

2. Nettoyer les photographies anciennes tires sur papier laide de loutil informatique.

3. Photographier portes, fentres et faades de quartiers moyens, susceptibles dabriter les couples retenus.

4. Isoler les personnages de leur cadre original, et les placer dans lunivers urbain photographi, en jouant la vraisemblance entre le couple plac et la faade choisie.

5. Affubler tous les personnages de toutes les photographies de lunettes opaques, glanes a et l sur le web, dans un double objectif : prserver lanonymat des personnes reproduites, et faire un clin doeil aux publicits diffuses en Arabie saoudite qui gnralisent le port de lunettes, afin de contourner linterdit de reprsenter la figure humaine : sans les yeux , la figure nest pas humaine .

6. Imprimer les photographies ainsi montes, sur tissu, aussi grand que le permet la laize de la machine ; le tissu venant ici voquer lunivers du trousseau de mariage.

7. Renforcer cet univers du trousseau en matelassant les images en tissu la manire des couettes, couvre-lits et autres dredons qui ont allgrement supplant la couverture en laine traditionnelle dans lunivers domestique.

8. Entourer chacune des images en tissu dun cadre de satin matelass, couleur pastel, trs usit dans lunivers de la literie.

9. Casser ou tordre quelques dizaines daiguilles de machine dans la traverse mcanique des pices.

10. Renforcer le cadre avec diffrentes sortes de tresses, galons et autres passementeries, toutes les unes plus charges que les autres.

11. Attraper des fourmillements permanents dans la main force de longues soires de couture dans toutes sortes de tissus, souvent impropres aux travaux daiguille et difficilement pntrables.

12. Appliquer sur limage mme des lments rapports en trois dimensions, tels que fleurs en tissu, cravates, faux bijoux, l o ils figurent en deux dimensions ; avec parfois en bonus oiseau, colombes, fer cheval ou queue de poisson afin dloigner le mauvais il.

13. Harceler son entourage immdiat quant au choix des galons, cravates et autres lments ornementaux.

14. Prendre un trs grand plaisir tout cela, tant dans lide, que dans la mise en forme pleine de ressources imprvisibles.

Acha FilaliRads 2012-2013

Pices montesles reliefs photographiques

de Acha FilaliLe jour J est enfin arriv. Ils lavaient longtemps attendu, espr, rv. Tout ou presque a t minutieusement rflchi, programm, organis le lieu, les mets, le trne, les ornements, la liste des invits, les costumes, les bijoux, la coiffure, le maquillage, sans oublier le bouquet de fleurs et le photographe, celui qui va sceller pour les proches et les gnrations futures les moments solennels de la crmonie. Sil faut croire ladage tunisien bien connu, on ne fte sa vie, quune seule fois; il faut donc tout mettre en oeuvre pour garantir la russite de la crmonie.

Icnes dun soir, le jour de leur mariage, ils navaient doues et dyeux que pour le photographe

Le couple est enfin par et prt parader. Coup et ras de prs, Monsieur arbore son costume neuf avec pochette et cravate. La mtamorphose est totale. Madame est peine identifiable. La teinture, la coiffure, les bijoux, le costume, le maquillage ont opr fond du teint, jusqu leffacement de ses traits propres. La beaut, la cohsion et le bonheur sont aujourdhui la carte, le chef tant le photographe. Cest ce personnage qui sera charg dcrire les pages du futur album, qui composera les portraits du couple, de ses amis, voisins et de sa famille. Cest lui qui assurera la visibilit de lvnement et permettra plus tard de dsigner le pass contemporain des personnes et des objets du crmonial. Personnage intrus la famille, sous contrat pour une soire, le photographe consignera les poses les plus strotypes, dictera les attitudes les plus ptrifies dans le respect dune tradition hiratique cre en partie par ses congnres. Rduit quelques phrases htives, son dialogue avec ses modles contractuels est de lordre de limpratif. La part active des maris est ritrative; elle donne forme aux injonctions, rpte corporellement les instructions verbales de sa majest le photographe. Le sourire est ici sous commande et lartifice de rigueur. Les poses, on le sait ne sont pas des mouvements naturels par lobturateur arrts, mais des formes conventionnellement rgles. Il en va ainsi du semblant de baiser chang, du dcoupage de la pice monte que du passage de lalliance dans lannulaire Bref, au royaume des youyous, le photographe est roi. Icnes de la fte, Monsieur et Madame nont doue et dyeux que pour leur monarque.

Cest de ce matriau photographique et de son esthtique involontaire, que lartiste sest dabord saisi puis numriquement appropri. Cest entre autre, partir de ces images populaires scannes, destines lorigine aux albums familiaux quelle a, durant deux ans, labor une autre visibilit et quelle nous offre aujourdhui, un dpaysement smantique.

Chez soi pas comme dans la cit, un branlement surrel de la frontire

Cest un voyage du surplace que lartiste nous convie ; nul besoin daller ailleurs pour rompre avec ses habitudes. Il suffit dentrouvrir une fentre, de fermer une porte ou de chausser des lunettes pour voir le monde autrement. Dans sa deuxime traverse de lordinaire, Acha Filali a photographi frontalement portes, balcons, fentres bien de chez nous. On peut y dceler a et l, le nom dune rue, le numro dune maison ou celui dun compteur deau, comme on peut y voir des fils lectriques suspendus ou des traces de peinture dgoulinante dbordant la surface du mur. Dans la boutique virtuelle quest devenue internet aujourdhui, elle sest procure un ensemble de lunettes de diverses formes photographies des fins commerciales sous plusieurs angles.

En tant quobjets / cran, portes, fentres et lunettes ont en commun la force attractive de limaginaire et de la connexion permanente au monde. Une porte, une fentre peuvent tre franchies aussi par effraction. Noires, les lunettes permettent de drober une image de lautre en camouflant ses propres yeux. Diffremment, les trois objets laissent passer donc le regard vers un - je ne sais o- extrieur et vers un je ne sais quoi- intrieur. Si la porte constitue dune manire gnrale, une frontire opaque entre lunivers familier et lunivers public, la fentre, ce cadre fondamental de limaginaire, ce pige transparent illusions, est en jonction persistante avec les deux univers.

Tous les matriaux photographiques sont runis. Leffraction virtuelle est en marche, limaginaire en attente. Lartiste semparera de ces images de convenance pour agrer des rencontres fortuites mlant de la sorte trois niveaux de ralit couramment distants. En autorisant lcart, le photomontage permet justement de rompre avec le registre du vrai et de ses corollaires. Monsieur et Madame sont ainsi extraits de leur contexte photographique initial et dplacs sur un autre plan plutt non-convenant spcialement apprt pour eux. Portant lunettes, Monsieur et Madame dlaissent de la sorte leur dcor initial marqu de tentures, de moulures et de dorures pour figurer dans un balcon suspendu entre ciel et terre, pour monter des escaliers qui ne les mneront nulle part sans oublier pour autant damener avec eux les accessoires essentiels de la fte. La pice monte et le bouquet de fleurs faisant partie du voyage. Lartiste tend le procd et gnralise le port des lunettes tous les convives photographis. Faut dire quavant de porter des lunettes, Monsieur et Madame staient pralablement dguises pour la fte. Monsieur a eu dailleurs beaucoup de mal voir dans Madame la fille quil avait vu la veille. Chausss de lunettes noires, en incognitos bien visibles, comme atteints dune myopie collective, les personnages posent maintenant dans, ou devant les portes, fentres ou balcons dune cit frappe soudainement de surralisme. Les images ainsi obtenues consentent tre imprimes en grand format sur tissu. Lalbum nest plus quun lointain souvenir, cest le mur qui est maintenant en attente.

Du mou hiss au rang du tableau- relief

Nous sommes maintenant dans un univers textile, charg de formes photographiques agrandies dans la limite de la machine imprimante. Nous sommes face une matrice molle pleine de nouvelles potentialits iconographiques. Thoriquement, la courbe des interventions plastiques possibles oscille entre deux grands ples esthtiques : Le moins ou le plus, en passant bien sr par le degr zro. Le potentiel des formes photographiques obtenues appelant lexagration, lartiste choisit daller vers le PLUS et de grossir les artifices

dploys par elles, de distendre des formes dj enfles de codes vestimentaires et dapparat par des accessoires emprunts en grande partie au mme terroir smantique. Les machines de la reproductibilit numrique et leur vitesse vont laisser la place la machine coudre et divers outils de la couture, un long travail minutieux et lentement artisanal. Lartiste est maintenant dans une autre inclinaison technique, dautres matriaux vont intgrer la surface plane la transformant en reliefs dimages imprimes et dobjets. Cest dans les merceries et les tas de fripiers quelle trouvera son bonheur esthtique. Munie de petites images / copies des photomontages, lartiste parcourt les merceries de Tunis pour choisir une palette / panoplie dobjets, en accord ou dsaccord color avec ses matriaux photographiques. Cest dans ces lieux de perdition textile et ornementale, lafft des dernires modes et tendances, quelle choisira cravate, fausses perles, fleurs artificielles, dentelles, festons dors et paillets, qui viendront se superposer ou se juxtaposer aux figures de Monsieur et Madame et de leurs convives. Un pan de cravate doublera limage dune autre, une rivire de fausses perles scintillante se dgagera de limage dune ple parure. Des fleurs artificielles augmenteront limage de la corbeille ou du bouquet tenu par Madame. Des perles blanches ponctueront dclat les diffrents tages de la pice monte. Et pour couronner le tout, limage du faux diadme port par Madame, Acha Filali encadre lensemble, en prenant soin de matelasser pralablement les figures et les bordures. Plusieurs modles de festons, du plus simple au plus bigarr lui seront ncessaires pour faire cadre. Monsieur et Madame sont maintenant prts tenir le mur. Sidi Bou Sad sera le village inaugural de leur voyage de noces.

On laura compris lartiste a choisi rsolument le sens de lamplification et de lexagration propre au crmonial mme. Dans cette traverse de lordinaire, trouble par des rencontres fortuites entre des figures et les espaces qui les hbergent, au travers de cet itinraire ludique o se croise un rapport subtil entre lobjet et son double photographique.. , nous retrouvons les diffrentes facettes de lartiste dans une autre mouture exubrante du social et de ses dclinaisons. Lartiste reste gale ses visions tout en franchissant le Seuil du sanctuaire des schmes idologiques du purisme plastique cher aux dfenseurs de la modernit.

Meilleurs vux de bonheur Monsieur et Madame, elf Mabrouk lartiste.

Nadia JELASSIArtiste, enseignante lISBAT

Tunis 11 Octobre 2013

Fethi et Feriel150 x 112 cm*

* Toutes les uvres ont t ralises par photomontage imprim sur tissu et technique mixte laiguille

Sleh et Farida160 x 116 cm

Chamseddine et Hedia

149 x 114 cm

Lobna et Mongi

130 x 112 cm

Mondher et Amel

115 x 143 cm

Anouar et Saloua

158 x 116 cm

Arbia163 x 104 cm

Samir et Sourour

187 x 112 cm

Jalila et Brahim

137 x 175 cm

Sabrine142 x 114 cm

Khaoula113 x 132 cm

Tarek et Souad

150 x 116 cm

Nozha168 x 107 cm

Abdelaziz et Sawssen

118 x 68 cm

Elys et Hanne

124 x 136 cm

Farid173 x 112 cm

Najoua160 x 117 cm

Hdi et Khedija

182 x 126 cm