12
1

catalogue de l'exposition

Embed Size (px)

DESCRIPTION

 

Citation preview

Page 1: catalogue de l'exposition

1

Page 2: catalogue de l'exposition

2

Page 3: catalogue de l'exposition

3

Sébastien Cheramy Peintre VitrailNé en 1979Vit à Mortagne au Perche. Professeur d’arts plastiques enseigne à DreuxSite : sebastiencheramy.fr

Ce ne sont pas les preuves des kilomètres parcourus que vous trouverez ici, ni même le témoignage de pays exotiques, mais le regard tournant autour de lui-même, comme jaillissant du corps, comme jaillissant des murs qui l’entourent, comme tournoyant pour sortir de la cage du regard, ce sont les empreintes, les traces frappées du sceau de la matière pressée, marquée, travaillée qui nous montrent non pas la distance parcourue ou celle encore à parcourir mais simplement et puissamment la manière dont nous avons fait preuve pour exprimer ce qu’il y a de résonance et d’intensité entre notre corps et le monde, entre le geste et son expression. Le corps est un geste dont les traces forment des mondes. Je pense qu’une œuvre d’art devrait laisser le spectateur perplexe, le faire réfl échir sur le sens de la vie. Nous savons tous que, grâce aux annonces, à la propagande, à la publicité et à la consommation telle que nous la suggèrent constamment les moyens de consommation de masse, les individus se retrouvent dans un état d’aliénation de plus en plus grave. Je crois que l’artiste est encore un dernier îlot de liberté, et c’est pourquoi il peut encore amener les individus à réfl échir. Mes œuvres permettent en fait différentes lectures. Mais en suggérant les choses je gagne une marge beaucoup plus large d’associations que j’aimerais mettre en marche chez le spectateur. (...) J’ai observé que lorsque nous dessinons les choses seulement de manière allusive, l’observateur est obligé de les compléter avec sa propre imagination. Cela implique la participation de l’observateur, une participation à l’acte créateur que je considère comme très importante. De cette manière, l’observateur prend part aux problèmes de l’artiste. Pour moi la bonne peinture est toujours ambiguë, comme le mot.

Sébastien Cheramy

Page 4: catalogue de l'exposition

4

Page 5: catalogue de l'exposition

5

Page 6: catalogue de l'exposition

6

Page 7: catalogue de l'exposition

7

Monsieur PlumePeintre Street artNé en 1981Vit à Tours et travaille en Europe et aux États-Unis d’Amérique.

À l’origine, le graffi ti, les bombes de peinture, la pression sociale contenue sur le bout de l’index. Plus qu’une discipline artistique, c’est l’expression de tous donnée à voir à tous que Monsieur Plume a adopté il y a plus de 15 ans. Les murs des principales villes de France, d’Allemagne, d’Italie, d’Espagne, d’Islande, du Canada et des USA sont le support de ses murales. Pour prolonger et enrichir sa pratique, il la transmet au travers de nombreux ateliers touchant les publics les plus variés. Enfants et adolescents en échec scolaire, détenus, adultes handicapés ont pu découvrir un moyen d’expression cathartique sur lequel le système éducatif traditionnel fait trop souvent l’impasse. Son art est vivant, il capture les émotions au fi l des rencontres et les libère sur papier ou sur toile.Depuis 2003, M. Plume est passé de l’autre côté du mur et expose ses œuvres, étonnante fusion entre la brutalité de l’aérosol, la fl uidité de l’encre qui jaillit, qui coule et qui fi ge des portraits imaginaires dont l’expression saisissante ne saurait mentir, ni trahir. Ses traces sont des hommes et femmes humbles, des travailleurs, des anonymes à qui la parole a été volée. Peut-être sont-ils un pied de nez aux portraits de familles bourgeoises que l’on plante au-dessus de sa cheminée. Ils ont quelque chose de dérangeant, leur présence est troublante tant leur regard vous poursuit. Les fi gures qu’il invoque sur la toile telles des esprits, sont un rappel à la réalité de ce qui se passe devant nous mais pourtant hors de notre cocon.

MP

Page 8: catalogue de l'exposition

8

Page 9: catalogue de l'exposition

9

Page 10: catalogue de l'exposition

10

Page 11: catalogue de l'exposition

11

Julien KohlmannPhotographeNé en 1984Vit à Rome et travaille en EuropeSite : http://www.julienkohlmann.com

Tout est une question de disparition. Que ce soit la grandeur d’un paysage, l’énergie d’un corps, la poussière accumulée d’une maison qui s’étire vers ses propres cendres, il y a déjà dans le cadre une force qui fuit, une ligne qui n’y est déjà plus. Souvent les choses sont là, les êtres nous parlent et l’on sent qu’en les plaçant au travers du cadre elles vont s’affi cher par une chimie improbable dans les mailles de ce qui n’est pas une mémoire, pas un souvenir, plus vraiment le présent. La trame née de l’œil qui lui-même répond à tous les autres sens, ce chemin se faisant sans fi n. Alors tout disparaît, mais quelque chose ressort enfi n de cette disparition, quelque chose de noir, quelque chose qui va voir s’accumuler des temps, des lieux très lointains. Et aussitôt nous avons nous-mêmes déjà disparu. Les visages, les paysages et le regard que l’on portait sur eux, tout cela s’estompe dans l’instant. Ce qui perdure alors ce sont des territoires qui s’entremêlent, qui se perdent les uns dans les autres, qui s’enchevêtrent, ce sont des présences qui échappent aux forces crées ou existantes pour les contenir. Et parfois l’objectif, à la fois présent et déjà effacé, arrive à capter ce moment intense où les choses échangent leurs qualités, ou la maison devient ruine, où le vivant devient mort, ou la ruine semble habitée et le mort vivre encore. Et avant la disparition totale, il y a tous les témoignages possibles de ce qui semble vivre à jamais, en avant, là où les horizons et les êtres semblent s’être affaissés et renforcés dans le temps. Là où seulement survivent des anarchitectures. Alors se confrontent en chaque chose les restes du réel, et les intensités faites de profondeurs diverses et hétérogènes qui donnent leur poids à l’image, à l’espace et au temps.

JK

Page 12: catalogue de l'exposition

12

Tant qu’il reste des traces…

Lorsque, entrant dans un lieu qui semble vide, parcourant du regard un mur sur lequel rien ne semble projeté, j’aperçois, avant même de la nommer, une trace, ce n’est pas au corps de celui ou celle qui a laissé cette empreinte auquel je pense, mais je ressens avant tout le poids, la profondeur de cette trace, l’intensité de la course, du geste qu’ici, sur ce mur, sur cette terre, sur cette toile, un être a laissé et qui désormais fait partie de mon monde. Libre à moi de m’en détourner ou de faire pénétrer encore un peu plus profond cette marque dans mon paysage, libre à moi de glisser ma main dans sa main, libre à moi de continuer mon chemin. Mais je l’ai en quelque sorte déjà absorbée, elle est désormais une trace qui sans moi serait restée endormie, aurait séchée et peut-être disparue. Mais maintenant elle s’est éveillée, elle a senti la chaleur d’un autre corps, elle a senti à travers la paroi du mur, à travers la terre humide du sol, à travers les couleurs et les traits que quelqu’un lui avait donnés, elle a senti qu’elle pouvait commencer à rendre ce qu’elle avait reçu, elle a compris qu’elle pouvait témoigner d’une voix, d’un geste, d’un œil, qu’elle pouvait, à travers le temps et l’oubli, rendre compte de tout ce qu’il a fallu de travail et d’intuition pour lui donner vie. Elle a compris que grâce à ce qu’on a essayé de lui insuffl er auparavant, elle pouvait à son tour remercier, et que, déchirant l’oubli, la solitude et le mutisme, un souffl e profond se prolongeait de manière sensible à travers ceux qui auront bien voulu prendre le temps de glisser leurs mains et leurs yeux dans ces traits, ces gestes et ces regards. Et maintenant qu’elle a su, malléable, épouser d’autres traits, elle est la preuve que pourront se dessiner, que pourront proliférer de nouvelles traces et que, sans jamais en défi nir parfaitement la forme, sans jamais chercher à en limiter parfaitement les contours, ce qui restera ne sera pas tant un nom mais la résonance d’une sensation, d’une pensée ou d’une vision. La preuve qu’exprimer quelque chose n’est jamais en appeler au silence mais à plus de vie.

JK