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Ce livre est une fiction. Toute référence à des événements …ekladata.com/3Cyg4QSVcvuNESSCrg9q2-ffJ_0/Off_campus_T2... · 2016. 9. 1. · Ouvrage dirigé par Bénita Rolland

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Celivreestunefiction.Touteréférenceàdesévénementshistoriques,despersonnagesoudeslieuxréelsseraitutiliséedefaçonfictive.Lesautresnoms,personnages,lieuxetévénementssontissusdel’imaginationdel’auteur,ettouteressemblanceavecdes

personnagesvivantsouayantexistéseraittotalementfortuite.

Tousdroitsréservés,ycomprisledroitdereproductiondecelivreoudequelquecitationquecesoit,sousn’importequelleforme.

TheMistake:AnOff-CampusNovelCopyright©2015byElleKennedy

OuvragedirigéparBénitaRolland

CollectionNewRomance®dirigéeparHuguesdeSaintVincent

TraduitparRobynStellaBlighCouverture:©SarahHansen,OkayCreations

Pourlaprésenteédition©2016,HugoetCompagnie

34/36,ruelaPérouse75116Paris

www.hugoetcie.fr

ISBN:9782755626933

CedocumentnumériqueaétéréaliséparNordCompo.

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SOMMAIRE

Titre

Copyright

1-Logan

Avril

Grace

2-Logan

3-Grace

4-Grace

5-Logan

Grace

6-Grace

Logan

7-Logan

Grace

8-Logan

9-Logan

10-Grace

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Logan

11-Grace

12-Grace

Logan

13-Logan

14-Logan

Grace

15-Grace

Mai

16-Logan

Juin

17-Logan

Juillet

18-Logan

Août

19-Grace

Logan

20-Grace

21-Logan

Grace

22-Logan

Grace

23-Logan

Grace

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24-Logan

Grace

Logan

25-Grace

26-Grace

27-Logan

28-Grace

29-Grace

30-Logan

Grace

31-Garrett

Grace

32-Logan

33-Grace

Logan

34-Grace

35-Logan

Épilogue

Deuxansplustard

Remerciements

Àproposdel’auteur

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1

Logan

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Avril

Convoiterlacopinedevotremeilleurpote,c’estvraimentnul.Toutd’abord,parcequec’estgênant.Pargênant,jeveuxdirequec’estunetorture.Jene

peux pas parler au nom de toute la gent masculine, mais je suis certain qu’aucun hommen’aimesortirdesachambreetcroiser la femmedeses rêvesalorsqu’ellevientdepasser lanuitdanslesbrasdesonmeilleurami.

Ensuite,c’esthorrible,parcequejemedéteste.Celavadesoi,medirez-vous:commentnepassehaïrlorsquevousfantasmezsurlegrandamourdevotremeilleurpote?

Là,pendantquejevousparle,c’estlagênequiprendledessus.Voyez-vous,lesmursdemamaisonsonttrès fins,et j’entendschaquegémissementquisortde labouched’Hannah–chacundesescris.J’entendslatêtedelitfrapperlemurchaquefoisquemonmeilleuramilarapprocheunpeuplusdel’orgasme.

Gé-nial.J’adoremavie.Je suis allongé sur mon lit, les yeux rivés sur le plafond. Je ne fais plus semblant de

parcourir lamusiquedemon iPod,dont j’avaismis les écouteursdans l’espoird’étouffer lesbruitsquefontHannahetGarrettdanslachambred’àcôté,maisjen’aitoujourspasappuyésur«play».Fautcroirequecesoir,j’aienviedemefairedumal.

Soyez rassurés, je ne suis pas fou : je sais qu’elle est amoureuse de Garrett. J’ai vucommentelle leregarde, j’aivucomment ilssontensemble.Celafaitsixmoisqu’ilssontencouple,etmêmemoi,lepiremeilleuramiaumonde,jenepeuxpasnierqu’ilssontfaitsl’unpourl’autre.

Parailleurs,Garrettmérited’êtreheureux.Ilsefaitpasserpourunmecarrogantquerienn’atteint,maisenvérité,cemecestunsaint.Surlaglace,ilestlemeilleurcentreavecquij’aipatiné, et dans la vie, il est la meilleure personne que je connaisse. D’ailleurs, je suistellementsûrdemonhétérosexualitéque jen’aipaspeurdedirequesi j’étaisattirépar lesmecs,jen’auraispasseulementenviedemetaperGarrettGraham,j’auraisenviedel’épouser.

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C’estd’ailleurscequirendlasituationmillefoisplusdifficile.Jenepeuxmêmepasdétesterlemecquisetapelananaquejeveux.

J’entendslegrincementd’uneportequis’ouvre,puisunbruitdepas.JepriepourqueniGarrettniHannahnefrappentàmaportecarj’aidéjàsuffisammentenviedemourirsansvoirleursminespost-coït.

Heureusement,celuiquientredansmachambre–sansfrapper–,c’estDean,monautrecoloc.

–IlyaunesoiréechezOmegaPhi,cesoir.T’esmotivé?Jemelèveaussivitequepossible,caralleràunesoiréeestlameilleureidéedumonde.

Enbuvantsuffisamment,jenepenseraiplusàHannah.Mieuxencore,enétantivremortetenme tapant unemeuf, j’ai l’assurance que si une des deux activités ne m’aide pas à oublierHannah,l’autreyparviendra.

–Ouaiscarrément!J’enfileunechemisepropreenignorantladouleursousmonbrasgauche,unreliquatde

lachargequej’aipriseàlafinale,lasemainedernière.Cependant,lesbleusetlescourbaturesenvalentlapeine,carpourlatroisièmeannéeconsécutive,Briararemportélechampionnat.Tous les joueurs,moi y compris, récoltent encore les avantages qui viennent avec ce titre.Dean,quijoueendéfense,appellecelaleTETdelavictoire:lesteufs,lesélogesetlestétons.C’est une analyse plutôt juste de la situation, car les trois m’accompagnent au quotidiendepuisnotregrandevictoire.

–C’esttoiquiconduis?jedemandeenmettantunevesteàcapuchenoirepar-dessusmachemise.

–Tuviensvraimentdemedemanderça?ricaneDean.–Ouaistuasraison,jerépondsenlevantlesyeuxauciel.Jenesaispascequim’apris.LadernièrefoisqueDeanHeyward-DiLaurentisaétésobrec’était…jamais.Cemecboit

commeuntrouetfumejointsurjoint.Celadit,etjenesaispascommentc’estpossible,celan’affectejamaissesperformancessurlaglace.Deanestunedecescréaturesquipeuventfairelafêtejusqu’aupetitmatinetêtreparfaitementenformelelendemain.

–Net’enfaispas,c’estTuckquiconduit,répondDeanenparlantdeTucker,notreautrecoloc.Ilaencorelagueuledeboisd’hier,alorsilveutfaireunepause.

Je le comprends. Le programme d’entraînement d’été ne commence que dans deuxsemainesetnousprofitonsbeaucouptropdenosvacances,maisc’estcequiarrivelorsqu’onest champion.Aprèsnotrevictoire, l’andernier, j’ai étébourrépendantdeux semainesnon-stop.

D’ailleurs, je n’ai pas hâte d’être à dans quinze jours, car les entraînements sont déjàsuffisamment épuisants sans avoir à les allier à des journées de dix heures au travail.Cependant, je n’ai pas le choix : la préparation est obligatoire pour la saison suivante et le

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travail…ehbien…j’ai faitunepromesseàmonfrèreet jenereviendraipasdessus.Jeffmescalperaitsijenerespectaispasmapartdudeal.

Tuckernousattenddevant laporte lorsqueDeanetmoidescendons.Unebarbeauburncouvre les trois-quarts de son visage, lui donnant l’air d’un loup-garou. Cependant, il estdéterminé à essayer ce nouveau look depuis qu’une nana qu’il a rencontrée à une soirée lasemainedernièreluiaditqu’ilavaitunvisagedepoupon.

–TusaisquetabarbedeYetineterendpasplusviril?demandeDeanensouriant.–Jevisaisplutôtuncôtésauvage,enfait,répond-ilenhaussantlesépaules.– Eh bien, ça nemarche pas non plus, Gueule d’ange, je ricane. Tu as juste l’air d’un

scientifiquefou.Ilmefaitundoigtd’honneurens’installantauvolantdemonpick-up.Jem’assiedssurle

siège passager tandis queDeanmonte à l’arrière, déclarant qu’il veut prendre l’air,mais jecroisqu’ilveutqueleventébouriffesescheveuxpourobtenircestylesaut-du-litquelesnanasadorent. Dean est affreusement vaniteux, mais il a un physique de mannequin, donc jesupposequ’ilpeutselepermettre.

Tuckerdémarreetjetapotemescuisses,pressédepartir.Lesmembresdesfraternitésetdes sororités ont beaume taper sur le système, ces gens savent faire la fête. D’ailleurs, sic’étaitunedisciplineolympique,ceuxdeBriarseraientmédaillésd’or.

TuckfaitunemarchearrièrepoursortirdecheznousetmonregardseposesurlaJeepnoiredeGarrett,garéebiensagementpendantquesonpropriétairepasselanuitaveclameuflapluscooldelaplanèteet…

Stop!Arrête!CetteobsessionpourHannahWellsvamerendrefou.Ilfautquejebaise,ASAP 1.Tuckerestétrangementsilencieuxsurletrajet.Jemedemandemêmes’ilnegrimacepas,

maisc’estduràdireétantdonnéqu’onnevoitqu’unquartdesonvisage.–Tufaislagueule?Ilmefusilleduregardavantdeseconcentrerdenouveausurlaroute.–Oh,allezmec,c’estparcequ’onsemoquedetonnouveaulook?C’estpourtantleb.a.-

ba:situtefaispousserunebarbedebûcheron,tesamisvontsefoutredetagueule.–Cen’estpaslabarbe,marmonne-t-il.–Ok…Maistuesencolère.Ilnerépondpas.J’insiste:–Sérieusement,c’estquoitonproblème?–Lemien?Rien.Maisletien?Jenesaismêmepasparoùcommencer,crache-t-il.Va

falloirquetuarrêtes,mec.Alorslà,jenecomprendsrien.Encequimeconcerne,toutcequej’aifaitdurantlesdix

dernièresminutesc’estavoirhâted’arriveràlasoirée.Tuckerremarquemaconfusionetclarifielefonddesapensée.

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–JeparledecetrucavecHannah.Jemecrispe,maisjefaisdemonmieuxpourgarderuneexpressionneutre.–Jenevoispasdequoituparles.Ouaip,j’aichoisidementir,cequin’ariendenouveau,d’ailleurs,carjen’aipascesséde

lefairedepuisquejesuisarrivéàBriar.Maisoui,jesuisfaitpourlaNHL 2.Biensûrquejeveuxêtrehockeyeurprofessionnel!J’adorepassermesétéscouvertd’huiledemoteurdanslegaragedemonpère.C’estunsuper-

moyendegagnerdel’argentdepoche!JeneconvoitepasHannah,voyons.C’estlameufdemonmeilleurami!Desmensonges,desmensongeset encoredesmensonges.Or c’est seulementparceque

sur ces trois aspectsdemavie, la vérité estdéprimante. Ladernière choseque je souhaite,c’estquemesamisetmescoéquipiersaientpitiédemoi.

–Garde ces conneriespourG, rétorqueTucker.Et au fait, tu asde la chancequ’il soitdistraitpassesgouzigouzisavecHannahparceque,sicen’étaitpaslecas,çafait longtempsqu’ilauraitremarquétoncomportement.

–Ahouais,etcommentjemecomporte?Vas-y,explique-moi!jem’exclamesuruntondéfensif.

JesuisdégoûtéqueTuckaitcomprisquej’aidessentimentspourHannah.Jesuisencoreplusdégoûtéqu’ilaitdécidédem’enparleraprèstoutcetemps.

–Tuessérieux?Tuveuxuneliste?demande-t-il.Tuquitteslapiècedèsqu’ilsyentrent,tu te caches dans ta chambre quand elle passe la nuit à la maison et quand tu daignessupportersaprésence,tulareluquesenpensantquepersonnenetevoit,tu…

–Ok,çavaj’aicompris.–Etjeneparlemêmepasdetouteslesmeufsquetutetapes,marmonneTucker.Tuas

toujoursétéunchaudlapin,maisbonsang,mec,tuascouchéaveccinqmeufscettesemaine.–Etalors?–Etalors,onestjeudi!Cinqmeufsenquatrejours!C’estabusé,John.Merde,ilm’appelleparmonprénom,cequ’ilnefaitquelorsqu’ilestvraimentencolère.

Saufquemaintenant,c’estmoiquisuisénervé.–Etalors,c’estquoileproblème,John?Ouaip,ons’appelletouslesdeuxJohn.– J’ai vingt et un ans !Ma vie sexuelleme regarde. Et puis c’est ça, la fac : s’amuser,

baiseretprendresonpiedavantquelavienedeviennechianteàmourir.– Tu veux vraimentme faire croire que tous ces coups d’un soir sont juste un rite de

passage?ditTuckerensecouantlatête.Ilsoupire,etsavoixs’adoucit.–Tunevaspasl’oublierenbaisant,mec.Tupourraiscoucheraveccentfemmescesoir

etçanechangeraitrien.Ilfautquetuacceptesqu’ilnesepasserarienavecHannahetquetu

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tourneslapage.Il a raison. Je sais que jeme tape des filles à droite et à gauche pourme changer les

idées. Et il faut que j’arrête de faire autant la fête. Je dois arrêter de me morfondre etd’espérerqu’ilsepasseraquelquechoseavecHannahetaccepterqueceneserajamaislecas.

Celadit,jevaisattendredemainpourm’ymettre.Cesoir,jenechangepasdeprogramme:jepicoleetjebaise.

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Grace

Quandj’aicommencélafac,j’étaisvierge.Encettefindepremièreannée,jecommenceàpenserquejeleresteraijusqu’àlafinde

mesétudes.Nonpasquecesoitunetare.Jevaisbientôtavoirdix-neufans,etalors?Jenesuispasvieillefilleetonnevapasmelyncherparcequemonhymenestintact.

Cen’estpascommesijen’enavaispaseul’occasion,d’ailleurs.DepuisquejesuisarrivéeàBriar,mameilleureamiem’a traînéeà tantde fêtesque j’ai arrêtédecompter.Desmecsont flirté avecmoi,d’autresm’ont carrémentdraguéeet il y enamêmeunquim’a envoyéunephotodesonpénisavecl’inscription«Elleestàtoi,Bébé».C’était…dégoûtant,certes,maiss’ilm’avaitvraimentplu,j’auraissansdouteété…flattée,non?Cependant,aucundecesmecsnem’attirait.Hélas,ceuxquimeplaisentneregardentmêmepasdansmadirection.

Jusqu’àcesoir.LorsqueRamonam’aditquenousallionsàunesoiréedefraternité,jen’avaispasgrand

espoir de rencontrer quelqu’un. Chaque fois que nous allons dans une de ces fêtes, les garsessaientdenousconvaincredeleurroulerdespelles.Orcesoir,j’airencontréunmecquimeplaît–plusoumoins.

Il s’appelle Matt, il est mignon, et je n’ai pas l’impression que c’est un abruti. Nonseulement il est à peu près sobre mais il fait des phrases entières et il n’a pas dit le mot« binouze 3 » une seule fois depuis qu’on a commencé à parler – ou plutôt, depuis qu’il acommencéàparler. Jen’aipasditgrand-chosemaiscelanemegênepasparceque jepeuxadmirersamâchoiremuscléeetlamanièreadorablequ’ontsescheveuxdeboucler.

Pour être honnête, c’est sans doute mieux que je ne parle pas. Les mecs mignons merendentnerveuse:tousmesfiltresdisparaissentet jemeretrouveàleurparlerdelafoisoùj’ai faitpipidansmaculotte lorsque j’aivisitéuneusinedesiropd’érableavecmaclassedeCP,demaphobiedesmarionnettesouencoredemamaniaquerie.

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Il vaut doncmieux que jeme contente de sourire et de hocher la tête en disant « Ahbon?»detempsentempsafinqu’ilsachequejenesuispasmuette.Orparfois,cen’estpaspossible,notammentlorsquelebeaugosseposeunequestionquirequiertunevraieréponse.

– Tu veux venir fumer dehors ? demande Matt en sortant un joint de la poche de sachemise. Je l’allumerais bien ici, mais si le président me voit, je vais me faire virer de lafraternité.

–Euh…non,merci.–Tunefumespas?–Non.Enfin,j’aidéjàfumémais…çamerendunpeu…folle.Ilsouritetdeuxmagnifiquesfossettesapparaissent.–C’estunpeulebut,enfait.–Ouais, jesuppose,maisçamedonneenviededormir,aussi.Ah,etchaquefoisqueje

fume,jepenseauPowerPointquemonpèrem’aobligéeàregarderquandj’avaistreizeans.Ildisait que contrairementà cequ’on croit, le cannabis est trèsaddictif, et il y avaitpleindestatistiques sur les conséquences de l’herbe sur les cellules du cerveau. Après chaquediapositive, ilmefusillaitduregardenmedisant:Tuveuxquetessynapsesmeurent,Grace?C’estçaquetuveux?

Mattmedévisageet,dansmatête,unepetitevoixcrieTais-toi!,maisc’esttroptard.Jen’aiplusdefiltreetjenepeuxplusempêcherlesmotsdequittermabouche.

–Enmême temps, je supposequecen’estpaspirequecequ’a faitmamère.Elleveuttoujours être le parent cool, alors quand j’avais quinze ans, elle m’a emmenée dans unparking,unsoir,elleasortiunjoint,etellem’aannoncéqu’onallaitlefumerensemble.Onauraitditune scènedeTheWire.Celadit, jen’ai jamais vu cette série, çaparlededrogue,non?Bref,j’étaislà,àpaniquer,persuadéequ’onallaitsefairearrêter,pendantquemamèremedemandaittouteslesdeuxminutessij’aimaislamarijuana.

Parmiracle,meslèvrescessentenfindebouger.Cependant,ilestdéjàtroptard,Mattadéjàconcluquej’étaisfolle.

–Euh,ouais,ehben…jevaisallerfumerquandmême.Àplus.J’attends qu’il soit parti pour soupirer,me détestant d’avoir tout foutu en l’air, encore

une fois. Eh merde ! Je ne sais pas pourquoi je m’obstine à vouloir parler aux mecs. Jecommencechaqueconversationenayantpeurdemeridiculiseret je finisparmeridiculiserparcequejesuisnerveuse.C’estperdud’avance.

JesoupireunedeuxièmefoisetjeparsàlarecherchedeRamonaaurez-de-chaussée.Lacuisineestpleinedefûtsdebièreetdemecs,toutcommelasalleàmanger.Quantausalon,lesmeufsysontàmoitiénues.J’avouequeleurbravourem’épate,parcequ’ilfaitsuper-froiddehorsetquel’airglacials’engouffredanslamaisonchaquefoisquequelqu’unpasselaporte.Demoncôté,jesuisparfaitementàl’aisedansmonjeanslimetmonpullmoulant.

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Jenevoismonamienullepart,alorsjesorsmontéléphonedemapochepourregarderl’heure,surprisedeconstaterqu’ilestpresqueminuit.J’aibeauêtreàBriardepuishuitmois,jecontinuedemesentir joyeusementrebellechaquefoisquejerentrechezmoiaprèsvingt-trois heures, l’heure à laquelle il fallait à tout prix que je rentre quand j’habitais chezmesparents.Monpèreétaittrèsstrictàcesujet–d’ailleurs,ill’estàproposdetout.Jesuissûrequ’il n’a jamais enfreint lamoindre règlede toute sa vie, cequimepousseàmedemandercommentluietmamèresontrestésmariésaussilongtemps.Mamèreestunélectronlibre,cequi est tout l’opposé de mon père. En même temps, ne dit-on pas que les contrairess’attirent?

–Gracie!Ramonaapparaîtdevantmoiet elleme serreaussi fortquepossible.Elle reculeet ses

yeux brillants ainsi que ses joues rougesm’informent qu’elle est bourrée. Elle est aussi peuvêtue que la plupart des filles dans la pièce : saminijupe couvre à peine ses cuisses et sondébardeur rouge révèleunebonnepartiede sapoitrine.Quant à ses bottes, les talons sonttellementhautsquejenecomprendspascommentellepeutmarcheravec.Toutefois,elleestcanon,etlesregardsqu’elleattireenprenantmonbrasensontlapreuve.

Jesuissûrequelorsquelesgensnousvoientcôteàcôte,ilssedemandentcommentnouspouvonsêtreamies,etjedoisreconnaîtrequejemedemandeparfoislamêmechose.

Aulycée,Ramonaétaitlarebellequiaimaits’amuseretquifumaitdesclopesderrièrelemur, alors que moi j’étais la première de la classe qui tenait le journal du lycée et quiorganisaitlesévénementscaritatifs.Sinousn’avionspasétévoisines,Ramonaetmoinenousserions sans doute jamais parlé,mais nous allions ensemble à l’école tous les jours et noussommesdevenueslesmeilleuresamiesdumonde.Lorsquenousnousrenseignionssurlesfacs,nousnoussommesarrangéespourpostulerauxmêmesendroits,etquandnousavonstouteslesdeuxétéacceptéesàBriar, j’aidemandéàmonpèredeparleràl’administrationafinquenoussoyonsdanslamêmechambre.

Cependant,sinotreamitiéétaittrèsforteaudébutdel’année,nousnoussommesunpeuéloignéesdepuis.Ramonanepensequ’auxmecsetaumeilleurmoyend’êtrepopulaire–elleneparleplusquedecela,etcesdernierstemps…ellem’énerve.

Merde.J’ail’impressiond’êtreuneamiepourrie,rienqued’ypenser.–Jet’aivueenhautavecMatt!siffle-t-elledansmonoreille.Tul’aschopé?–Non,jecroisquejeluiaifaitpeur.–Mince, tu lui as parlé de ta phobie desmarionnettes ? demande-t-elle en soupirant.

Chérie, faut que tu arrêtes tout de suite de leur montrer à quel point tu es folle.Sérieusement,attendsd’êtreencoupleavecunmec–ceseraplusdurpourluides’enfuir.

–Merciduconseil,jerépondsenéclatantderire.–Alors,tuesprêteàpartiroutuveuxresterencoreunpeu?

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Jebalaye lapièceduregardet j’aperçoisdeuxnanasen jeanetensoutifen traindesebécoter pendant qu’un des mecs d’Omega Phi filme sur son iPhone. Beurk. Je suis prête àparierdixdollarsquecettevidéofinirasurunsitepornogratuitetquecespauvresnanasnel’apprendrontquedansquelquesannées, lorsque l’uned’entreelles s’apprêteraàépouserunsénateuretquelapressedénicheracettepépitedesonpassé.

–Onpeutyaller,jeréponds.–Ok,çameva.– Depuis quand tu pars d’une soirée avant minuit, toi ? je demande en fronçant les

sourcils.–Çanesertplusàrienderester,quelqu’unl’aeuavantmoi.Jeneluidemandepasdequielleparle–ils’agittoujoursdumêmemecdepuisledébut

dusemestre:DeanHeyward-DiLaurentis.Ramona est obsédée par lui depuis qu’elle l’a croisé à une soirée hors du campus. Je

n’exagèrepas endisantqu’elle est obsédée : ellem’a traînéeàpresque tous lesmatchsqueBriara jouésàdomicile, justepourvoirDeanenaction.Celadit, ilestcanon.C’estaussi lepiredesDonJuan,sionencroitlesrumeurs.Hélas,ilnesortpasaveclespremièresannéeset ilnecouchepasavecnonplus–cequiesttoutcequesouhaiteRamona,quin’est jamaissortieavecunmecplusd’unesemaine.

Laseuleraisonpourlaquelleellevoulaitvenircesoir,c’estparcequ’elleasuqu’ilseraitlà. Toutefois, sa règle anti-première année semble gravée dans dumarbre.Quel que soit lenombredefoisoùRamonasejettesurlui,ilreparttoujoursavecuneautre.

–Laisse-moijusteallerauxtoilettes,d’abord.Onseretrouvedehors?–Ok,mais fais vite. J’aidit à Jasperqu’onpartait et il attenddans la voiture, répond-

elle.Jelaregardepartiravecunlégersentimentderancune.Elleestsympademedemander

si jeveuxpartiralorsqu’elleadéjàprisladécisionpournousdeux,non?Cependant,elleatoujours été ainsi et cela ne m’a jamais gênée. Honnêtement, si elle ne prenait pas lesdécisionsàmaplaceetsiellenemeforçaitpasàsortirdemazonedeconfort, j’auraissansdoutepassétoutlelycéedanslebureaudujournal,àécriredanslarubriqueConseils,donnantmon avis à propos de situations que je n’ai jamais vécuesmoi-même.Toutefois… j’aimeraisparfoisqueRamonamedemandemonavisavantdedéciderdecequenousallonsfaire.

Ilyalaqueueàlasalledebainsdubas,doncjemefaufileàtraverslafoulepouralleràcelledupremier étage. Je suis àdeuxmètresde laporte lorsqu’elle s’ouvre et qu’unebelleblondeensort.Ellesursauteenmevoyant,puisellemefaitunsouriresatisfaitenajustantlebasde sa robe – qui est vraiment indécente. Sans rire, elle est tellement courte que je saisqu’elleporteuneculotterose.

Jemesensrougiretjebaisselesyeux,puisj’attendsqu’ellesoitaufondducouloirpourouvrirlaporte.Cependant,jen’aimêmepastouchélapoignéequecelle-cis’ouvreencoreune

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foisetquequelqu’und’autreensort. Je suisnezànezavec lesyeux lesplusbleusque j’aiejamais vus. Ilme fautune secondepour réaliser àqui ils appartiennent – etpour rougirdeplusbelle.

C’estJohnLogan.Ouaip–JohnLogan,aliasledéfenseurstardel’équipedehockey.Sijesaiscela,cen’est

passeulementparcequecelafaitdesmoisqueRamonaestobsédéeparDean,sonami,maisparcequesagueuledemannequinétaitencouverturedujournaldelafac.Depuisqu’ilsontgagné lechampionnat, lemagazinea faitdes interviewsdechacundes joueurs,et jenevaispasvousmentir–celuideLoganestleseulauquelj’aiprêtéattention.

Parcequecemecestcanon.Comme la blonde, il a l’air étonnédeme trouver dans le couloir, et commeelle, il se

remetdesasurprisepourmedégainerunsouriredivin.Puisilremontesabraguette.OhmonDieu.Jen’arrivepasàcroirequ’ilvientdefairecela.Jeregardesanslevouloir

sonentrejambe,maiscelanesemblepaslegêner.Ilhausseunsourciletils’enva.Waouh.Ok.Jedevraisêtredégoûtée.Sansparlerdufaitqu’ilvientclairementdesetapercettemeuf

danslestoilettes,lecoupdelabraguettedevraitlemettreimmédiatementdanslacatégorieconnard. Cependant, l’idée qu’il ait été avec cette meuf fait naître en moi une vague dejalousieàlaquellejenem’attendaispas.

Jenedispasque j’aurais aiméêtreà laplacede cettemeufmais…D’accord, jemens.J’auraisadoréêtreàsaplace.Entoutcas,avecJohnLogan.Desfrissonsmeparcourentdelatêteauxpiedsrienqu’enimaginantsesmainsetseslèvressurmoi.

Pourquoijenepeuxpasmetaperdesmecsdanslestoilettes,moiaussi?Jesuisàlafac,bonsang– jesuiscenséem’amuseret fairedeserreurs,etcetera!Or,pour l’instant, jen’aistrictementrienfait.JevisàtraversRamona,regardantmameilleureamiebadgirlprendredes risques et essayer de nouvelles choses pendant que moi, la fille sage, je m’accroche àl’approcheprécautionneusequemonpèrem’ainculquéedepuisquejesuisnée.

Ehbien,j’enaiassezdesprécautions.Etj’enaimarred’êtrelafillesage.Lesemestreestpresqueterminé : ilmerestedeuxexamensàréviseretundevoirdepsychoàrendre,maisquiaditquejenepouvaispasfairecelaetm’amuserunpeuicietlà?

Il ne me reste plus que quelques semaines. Et vous savez quoi ? J’ai l’intention d’enprofiter.

1.AsSoonAsPossible:aussitôtquepossible.(NdT,ainsiquepourtouteslesnotessuivantes)

2.NationalHockeyLeague:Leaguenationaledehockeynord-américaine.

3.Bière.

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2

Logan

J’ai décidé de me calmer un peu sur les soirées – et pas seulement parce que j’étaistellementsaoul,hiersoir,queTuckeradûmeporterjusqu’àmachambre.Çaatoutdemêmebeaucoupcomptédansmaprisededécision.

Noussommesdoncvendredi soir, j’ai refusé l’invitationd’uncoéquipieràunesoirée, jeboislemêmeverredewhiskydepuisplusd’uneheure,etjen’aipastirésurlejointqueDeanfait tourner. Nous sommes agglutinés dans notre petit jardin, affrontant la fraîcheur de cedébutdumoisd’avril. Je fumeune cigarettependantqueDean,Tucker etMikeHollis –unautre coéquipier – sepassent le joint.Deanest en trainde raconter endétail ses aventuressexuelles de la veille,mais je n’écoute qu’àmoitié car je repense à la nana que jeme suistapée–lameufterriblementsexyquim’aentraînédanslestoilettesdel’étage.

J’étaisbourré,etmessouvenirssontunpeuflous,mais jemesouviensde luiavoirmisdesdoigtset l’avoir fait jouir surmamain.Bien sûr, jen’aipasoublié lapipe spectaculairequ’elle m’a faite. Je n’ai pas l’intention d’en parler à Tuck, cependant, puisqu’il s’amuse àcomptermesconquêtes…

–Attends,répète?Tuasfaitquoi?LaquestiondeHollismefaitrevenirsurTerre.–Jeluiaienvoyéunephotodemabite,répèteDeancommesic’étaitunactequotidien.–Tuessérieux?Tuluiasenvoyéunephotodetonbordel?Quoi,enguisedesouvenir?–Non,c’estplutôtuneinvitationàremettrelecouvert,répondDeanensouriant.– Et pourquoi ça lui donnerait envie de recoucher avec toi ? demande Hollis. Elle te

prendprobablementpourunpervers.–Maisnonmec,lesmeufsapprécientunbeauclichédebite.Crois-moi.–Maisoui,biensûr,toutlemondesaitça,semoqueHollisenseretenantderire.Jetapotemacendredansl’herbeettireuneautrelatte.

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– Par curiosité, quels sont les critères d’un « beau cliché de bite » ? je demande. Lalumière?Lapose?

Jememoquedelui,maisDeanrépondd’unevoixtoutàfaitsérieuse.–Ehbientuvois,letruc,c’estqu’ilfautcachersescouilles.Tuckeréclatederireets’étouffesursagorgéedebière.–Jesuissérieux,insisteDean.Lescouillesnesontpasphotogéniques.Lesfemmesn’ont

aucuneenviedelesvoir.–Waouh, tu y as longuement réfléchi on dirait, ditHollis en riant enfin. C’est un peu

triste,mec.– Attends, c’est ce que tu fais dans ta chambre quand la porte est fermée à clé ? Tu

prendsdesphotosdetabite?–Ohallez,vousn’allezpasmefairecroireque jesuis leseulàavoirprismaqueueen

photo,lesmecs,rétorqueDean.Hollisetmoirépondonsenmêmetemps.–Si,tuesleseul.–N’importequoi,jevouscroispas,lesmecs,répondDeanavantdeserendrecompteque

Tuckern’apasnié.Ha!Jelesavais,Tuck!Je hausse un sourcil en regardantmon coloc, qui rougit peut-être – ou peut-être pas –

soussabarbeénorme.–Tuasvraimentfaitça,mec?Ilsourittimidementavantdemerépondre.–Tutesouviensdelananaavecquijesortaisl’andernier?Sheena?Ehben,ellem’avait

envoyéunephotodesesseinsenmedisantquejedevaisluirendrelapareille.Deanestbouchebée.–Tabitepoursesnichons?Mec,tut’esfaitavoir.–Pourquoi,c’estquoil’équivalentdesnichons?demandeHollis.–Lescouilles,répondDeanavantdetirerlonguementsurlejoint.Ilexpireunronddefuméetandisquetoutlemondeéclatederire.–Tuviensdedirequelesmeufsn’ontpasenviedevoirdescouillesenphoto,remarque

Hollis.–C’est vrai.Maisn’importequel abruti sait qu’unephotodebite équivaut àun frontal

completenretour.C’estévident,dit-ilenlevantlesyeuxauciel.Quelqu’unse raclebruyamment lagorgederrièremoi. Jeme tourneet jevoisHannah,

appuyée contre la porte de la cuisine.Ma poitrine se contracte si fort que c’en est presquedouloureux. Elle est vêtue d’un legging et d’un desmaillots d’entraînement de Garrett. Seslongscheveuxbrunssontlâchesettombentsursonépaule.Elleestmagnifique.

Ouaip, je suis vraiment le pire des amis parce que tout à coup, je suis en train del’imaginervêtuedemonmaillot.Avecmonnuméroinscritdessus.Tuparlesd’avoirtournéla

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page!– Euh… juste pour être certaine d’avoir compris : vous parlez d’envoyer des photos de

vospénisàdesfilles?demande-t-elled’unairamuséennousregardanttouràtour.–Absolument.Etnelèvepaslesyeuxaucielcommeça,Wellsy.TuvasnousdirequeG

net’ajamaisenvoyédesphotosdesabite?– Je refuse de répondre à cette question, répond-elle. Bref. Garrett et moi allons

commander des pizzas, vous voulez vous joindre à nous ? On va regarder un film dans lesalon,etc’est son tourdechoisir,doncce sera sansdouteun filmd’actionhorrible,mais sijamaisçavousdit…

TucketDeanacceptenttoutdesuite,maisHollissecouelatête.–Laprochainefois,peut-être,maisj’aimondernierexamenlundi,doncjevaispasserle

resteduweek-endàréviser.– Oh, mon pauvre. Eh ben, bon courage, dit-elle en reculant. Bon, les mecs, si vous

voulezpassercommandepourlapizza,c’estmaintenant,sinonjevaislabourrerdelégumes.Ah,ettujouesàquoi,Logan?s’exclame-t-elleenmefusillantduregard.Jecroyaisquetunefumaisqu’ensoirée–jevaisdevoirtecasserlagueule?

– J’aimerais bien te voir essayer,Wellsy, je réponds sur un ton léger qui disparaît dèsqu’elleestrentréedanslacuisine.

Saprésencemefaitl’effetd’uncoupdepoingdansleventre–maisl’idéederegarderunfilmavecelleetGarrettdanslesalon,delesvoirsefairedescâlinsetdesmamours,estcentfoispire.

–Voussavezquoi?JevaisalleràlasoiréechezDanny,finalement.TupeuxmedéposerHollis?Jeneveuxpasconduireaucasoùjeboirais.

–Tunevaspasboiremec,crois-moi,ditDeanenécrasant le jointdans lecendrier.Lesurveillant de Danny est un véritable dictateur. Il fait des patrouilles toute la nuit et desfouillesaléatoiresdansleschambres.

Je m’en fiche. Tout ce que je sais, c’est que je ne peux pas rester ici avec Hannah etGarretttantquejen’arrivepasàgérermafrustrationabsurde.

–Alors,jeneboiraipas,maisj’aibesoindeprendrel’air,jesuisrestéàlamaisontoutelajournée.

–Deprendrel’air,hein?répèteTuckerenmedévisageant.–Oui,jerépondsfroidement.Çateposeunproblème?Tucknerépondpas,etjeleurdisàpeineaurevoirensuivantHollisàsavoiture.

Quinze minutes plus tard, je suis au deuxième étage de la Fairview House. C’est

tellement calme que je suis encore plus déprimé. Merde, le surveillant doit vraiment êtrestrict–jen’entendspaslemoindrebruitdansleschambres,etjenepeuxpasappelerDannypoursavoirsilasoiréeaétéannuléeparcequ’enfuyantlamaison,j’aioubliédeprendremontéléphone.

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Jen’ai jamaisétéchez luiet jem’arrêtedans lecouloirpouressayerdemerappeler lenumérode lachambrequ’ilm’aenvoyéparSMS, toutà l’heure.Deuxcentvingt?Oudeuxcent trente ? Je passe devant chaque porte en regardant les numéros, etmon problème serésouttoutseullorsquejedécouvrequ’iln’yapasdenumérodeuxcenttrente.

Alors,cedoitêtredeuxcentvingt.Jefrappeàlaporteetj’entendsdesbruitsdepas.Ilyaquelqu’un,aumoins.C’estbonsigne.

Laportes’ouvre,etjemeretrouvefaceàuneétrangère.Unetrèsbelleétrangère,certes,maisnéanmoinsuneétrangère.Elleclignedesyeux,surprisedemevoirlà.Sesyeuxnoisettesontde lamêmecouleurque ses cheveuxqui sontattachésdansune longue tresse tombantsur son épaule. Elle porte un pantalonde pyjama à carreaux vert et noir, et un t-shirt noiravec le logode la fac,onnepeutpasdirequ’ellesoitentenuedesoirée.Parailleurs,vu lesilencequirègnederrièreelle,ilestévidentquej’aifrappéàlamauvaiseporte.

–Salut,jedisd’unevoixgênée.Euh…jesupposequecen’estpaslachambredeDanny?–Euh,non.–Merde.Ilavaitditdeuxcentvingt.–Alors,l’undevousdeuxadûsetromper.Siçapeutt’aider,iln’yapasdeDannyàcet

étage.Ilestenpremièreannée?–Non,troisième.–Alors,ilnepeutpashabiterici.C’estunerésidencepourpremièresannées,dit-elleen

jouantavecsatressesansjamaismeregarderdanslesyeux.–Merde.–TuessûrquetonamiaditFairviewHouse?J’hésite,j’enétaissûr,oui,maismaintenant…plusvraiment.Dannyetmoitraînonstrès

peu ensemble. Je le vois aux soirées après-match et il vient chez moi avec d’autrescoéquipiers,maisnousnesommesjamaisseuls.

–Jenesaisplus,jerépondsensoupirant.–Pourquoitunel’appellespas?demande-t-elle.Ellefuittoujoursmonregard,etmaintenant,elleregardeseschaussettesrayéescomme

siellesétaientfascinantes.–Ben…j’ailaissémontéléphonechezmoi.J’envisagelespossibilitésenpassantmamaindansmescheveux, ilssontbeaucouptrop

longsetilsontdésespérémentbesoind’uncoupdetondeuse,maisj’oublietoutletempsdelefaire.

–Est-cequejepeuxutiliserletien?–Euh…ouais,répond-elled’unevoixhésitantetoutenouvrantlaporteetenmefaisant

signed’entrer.Sa chambre est classique, avec tout en double : cependant, tandis qu’un côté est aussi

rangéqu’unechambred’hôtel,l’autreressembleàunechambred’ado.Àl’évidence,cettefille

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etsacolocontdeuxconceptionstrèsdifférentesduménage.Jenesaispourquoi,jenesuispassurprislorsqu’ellesedirigeaubureauducôtéproprepourdébranchersontéléphone.

–Tiens.Dèsquej’aisonportableenmain,ellereculeverslaporte.–Tun’espasobligéed’attendrelà-bas,tusais.Àmoinsquet’envisagesdet’enfuir?Ellerougit,etjedéverrouillesontéléphoneensouriantjusqu’auxoreilles.–Net’enfaispasmabelle.J’utilisejustetontéléphone.Jenevaispastetuer.–Oh,ça, je le sais.Enfin,en toutcas, j’imagine,bégaie-t-elle.Tuas l’aird’êtreunmec

bien.Celadit, je supposequebeaucoupdeserialkillersont l’airdemecsbienaudébut.TusavaisqueTedBundy 1 était super-charmant?demande-t-elle enécarquillant les yeux.C’estpasdingue,ça?Imagine!Tutebaladesunjouretturencontresunmecsuper-charmant:tutedisWaouh,cetypeestparfait,alorstuvaschezluiettudécouvresundonjonpleindepeauxhumainesetdepoupéesBarbieaveclesyeuxarrachéset…

–Putain,personnenet’ajamaisditquetuparlaisbeaucoup?Sesjouessontencoreplusrouges.–Désolée.Parfois,jejacassequandjesuisnerveuse.–Jeterendsnerveuse?jeluidemandeensouriantetenjouantdessourcils.– Non. Enfin, peut-être un peu. Je ne te connais pas, et… ouais. Il faut seméfier des

étrangers,etcetera,mêmesijesuissûrequetun’espasdangereux.Maisbon…tusais…–Ouais.TedBundy,jedisenessayantdenepasrire.Elletripotedenouveausatresseenbaissantlesyeux,cequimepermetdelaregarderde

plusprès.Lavache,elleestvraimentjolie,pasnonplusd’unebeautérenversante,maiselleaunvisage fraisquiestvraimentattirant.Des tachesde rousseur couvrent sonnez, ses traitssontfinsetsapeauestdigned’unepublicitépourfonddeteint.

–Tuvasl’appeler?Je cligne des yeux en me rappelant soudain pourquoi je suis rentré. Je regarde le

téléphoneetjedévisageleclavieravecautantdeconcentrationquelorsquejeregardaiscettefille.

– Un indice, tu utilises tes doigts pour taper le numéro, et après tu appuies sur«envoyer»,dit-elle.

Je lève la tête et elle semble avoir tellement envie de rire que je ne peux que ladevancer.

–Merci du tuyau,mais… je viens de réaliser que je ne connais pas son numéro. Il estenregistrésurmontéléphone.

Merde. Est-ce que c’est ma punition pour avoir fantasmé à propos de la copine deGarrett,demeretrouvertoutseulunvendredisoir,sanstéléphoneetsansmoyenderentrerchezmoi?Jesupposequejel’aimérité.

–Ehmerde.Jevaisjusteappeleruntaxi.

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Heureusement, jeconnais lenumérodestaxisducampusparcœur,alors je lesappelle,maisjesuistoutdesuitemisenattente.

–C’estoccupé?demande-t-elle.–Ouais.JesuisLogan,aufait.Mercidemelaisserutilisertontéléphone.–Pasdeproblème,répond-elleenmarquantunelégèrepause.Moi,c’estGrace.J’entendsuncliquetisdansmonoreille,maisaulieud’entendrelavoixd’uneopératrice,

ilyaunsecondclicsuividelamêmemusique.Jenesuispasvraimentsurpris:c’estvendredisoir,leurplusgrossesoirée.Quisaitcombiendetempsjevaisdevoirattendre?

Jem’assiedssurundeslits–celuiquiestfait–etj’essaiedemesouvenirdunumérodestaxis de Hastings, la ville hors campus où habitent la plupart de ceux qui ne sont pas enrésidence étudiante. Cependant, j’ai beau me creuser la tête, je ne m’en souviens pas. Jesoupireet jesupporteunpeupluslongtempslamusiqued’ascenseur.Jeregardel’ordinateurquiestposésurlelitetlorsquejeremarquecequiestàl’écran,jemetourneversGraceenécarquillantlesyeux.

–TuregardesDieHard?–DieHardDeux,enfait,répond-elle,l’airgênée.JemefaisunesoiréeDieHard.Jeviens

definirlepremier.–Pourquoi,tuesamoureusedeBruceWillis?Elleéclatederire.– Non, c’est juste que j’aime les vieux films d’action. La semaine dernière j’ai regardé

toutelasériedeL’armefatale.Lamusique s’arrête dansmon oreille, puis elle recommence,m’arrachant un juron. Je

raccrocheetjemetourneversGrace.– Ça te gêne si j’utilise ton ordinateur pour trouver le numéro des taxis deHastings ?

Peut-êtrequej’auraiplusdechanceaveceux.– Bien sûr, dit-elle en s’asseyant à côté de moi pour prendre l’ordinateur. Laisse-moi

t’ouvrirlenavigateur.Lorsqu’elleessaiederéduirelavidéo,ellerelancelefilmsansfaireexprèsetlascènede

combatdansl’aéroportremplitl’écran.–Mince,cettescèneesttellementbonne,jedisenmerapprochant.–C’estclair!s’exclameGrace.Je l’adore.D’ailleurs, j’adoretout lefilm.Jemefichede

cequedisentlesgens,ilestgénial.Pasaussibonquelepremier,forcément,maisbienmieuxquecequel’onpense.

Elleestsurlepointdeleremettresurpauselorsquej’interceptesamain.–Onpeutfinirderegardercettescène?Elleal’airsurprise.–Euh…ouais,d’accord.Mais…si tuveux, tupeuxresterregarder le film,bégaie-t-elle

enrougissant.Àmoinsquetuaiesautrechoseàfaire,ajoute-t-elle.

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J’yréfléchisuninstant.–Non,jen’airiend’autreàfaire.Jepeuxresterunpeu.Quelleestl’alternative,detoutefaçon?RentrerregarderHannahetGarrettseroulerdes

pellesdevantlefilm?–Ah,ok,ditGrace.Euh…cool.–Tut’attendaisàcequejedisenon?jedemandeenriant.–Unpeuouais,admet-elle.–Pourquoijediraisnon?Sérieusement,quelmecditnonàDieHard?Laseulechosequi

pourraitrendrecelaencoremeilleur,c’estsitumeproposaisdel’alcool.–Jen’enaipas,désolée.Maisj’aiunsacd’oursonscachédansletiroirdemonbureau.–Épouse-moi,jerépondsdutacautac.Elleéclatederireetvaàsonbureau.Elleouvreletiroirdubaset,eneffet,elleensort

un énorme sac de bonbons. Je recule dans le lit pourm’appuyer contre la pile de coussinstandisqueGraces’agenouilledevantlepetitfrigo.

–Del’eauouunPepsi?–UnPepsi,s’ilteplaît.Elleme tend le sacd’oursons et une cannette, puis elle s’installe à côtédemoi etmet

l’ordinateursulematelasentrenous.J’enfourne un ourson dansma bouche et jeme concentre sur l’écran. Bon. Eh ben, ce

n’était pas ce que j’avais prévu de faire ce soirmais…maintenant que je suis là, pourquoipas?

1.Tueurensériequiaagresséetassassinéplusd’unetrentainedefemmesauxÉtats-Unisdanslesannées1970.

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3

Grace

JohnLoganestdansmachambre.Non.JohnLoganestsurmonlit!Jenesuispasdu toutprêtepour la situation.Jesuismêmetentéed’envoyerunSOSà

Ramonaenlasuppliantdemedonnerdesconseils,parcequejenesaisniquoifaireniquoidire.Heureusement,nousregardonsunfilm,doncjepeuxmecontenterderegarderl’écranenriantauxbonsmomentsetenfaisantcommesilemecleplushotdeBriarn’étaitpassurmonlit.

D’ailleurs, il n’est pas juste hot dans le sens où il est canon, il est vraiment chaud. Lachaleurqu’ildégageest impressionnante.J’étaisdéjàbrûlanted’êtreensaprésence,mais là,jecommenceàtranspirer…

J’essaied’enleverdiscrètementmont-shirt,maisLogantournelatêteetsesyeuxbleusseposentsurmondébardeurmoulant,s’arrêtantuninstantsurmapoitrine.OhmonDieu!JohnLoganmatemesseins.J’aibeaun’avoirqu’unbonnetB,àvoir la façondont ilmetoise, j’ail’impressionquejefaisduE.

Lorsqu’ilserendcomptequejel’aisurpris,ilsecontentedemefaireunclind’œilavantdeseconcentrerdenouveausurl’écran.C’estofficiel: j’airencontréunmecquin’apasl’aird’unperverslorsqu’ilfaitunclind’œilàunenana.

Ilm’esttoutsimplementimpossibledesuivrelefilm.Jeregardel’ordinateur,certes,maisj’ailatêteailleurs,surlemecquiestàmescôtés.Ilestbeaucoupplusgrandquejepensais:ses épaules sont énormes, son torse est super-musclé et ses jambes n’en finissent pas. Il aégalementl’airbeaucoupplusvieuxquetouslesmecsavecquij’aitraînécetteannée.

Enmêmetemps,ilestentroisièmeannée,idiote!Ah oui. Mais… il a l’air plus vieux encore. Il est tellement viril que j’ai envie de lui

arrachersesvêtementsetdeleléchercommeunMarsglacé.

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Je prends un ourson en espérant que l’action de mâcher lubrifiera ma gorge qui estsoudain trop sèche. À l’écran, la femme de McClane est en train de se disputer avec lesjournalistes qui leur ont causé des ennuis dans le premier film. Soudain, Loganme regarded’unaircurieux.

–Tucroisquetupourraisfaireatterrirunavionsituyétaisobligée?–Jecroyaisquetuavaisvucefilm,finalement,ellen’apasàlefaire,tusais,jel’informe

enriant.–Oui,jelesais,maisçam’afaitpenseràcequejeferaissij’étaisdansunavionetque

j’étaisleseulàpouvoirprendrelecontrôle.Jenepensepasquej’yarriverais,soupire-t-il.Je suis étonnée qu’il l’admette aussi facilement. La plupart desmecs répondraient sans

doutequ’ilsyarriveraientlesyeuxfermés.–Moinonplus, j’admetsàmontour.D’ailleurs, j’aggraveraissansdoute lasituation.Je

pariequejedépressuriserais lacabineenappuyantsur lemauvaisbouton,sansfaireexprès.Enfaitnon:j’ailevertige,alorsjesuissûrequejem’évanouiraisdèsquej’auraisregardéparlafenêtreducockpit.

Ilritdoucement,etsavoixsuavemedonnedesfrissons.–Peut-êtreque j’arriveraisàpiloterunhélicoptère,dit-il.Çadoitêtreplus facilequ’un

avion,non?–Peut-être, jen’yconnaisstrictementrien.Neledisàpersonne,maisparfois jenesuis

mêmepassûredecomprendrecommentlesavionsrestentenl’air.Iléclatederire,etnousnousconcentronsdenouveausur lefilm.Vousavezvuque j’ai

réussià teniruneconversationavec lui sansmemettreà jacasser?Jemériteunemédaille,non?

Nevousméprenezpas,jesuisencorerongéeparlestress,maisilyaquelquechosechezLogan quimemet à l’aise, peut-être est-ce parce qu’il est super-détendu.Cela dit, c’est durd’êtreintimidéeparunmecquandilmâchouilledesoursonstantqu’ilpeut.

Pendantque le filmsepoursuit, je leregardeducoinde l’œil toutes lesdeuxsecondes,profitant de la situation pour admirer son superbe profil. Son nez est légèrement tordu,comme s’il l’avait cassé une ou deux fois. Et la courbe sensuelle de ses lèvres est toutsimplement…diabolique.J’aitellementenviedel’embrasserquejenepenseplusqu’àcela.

Netefaispasdefilms,Grace…C’estvraiquem’embrasserestsansdouteladernièrechosequiluipasseparlatête.Ilest

restépourregarderDieHard,paspourfricoteravecunepremièreannéequil’acomparéàTedBundy.

Jeme forcedoncàmeconcentrer sur le film,mais je regrettedéjà lemomentoù ilvaprendrefin,parcequeLoganpartira.

Cependant,lorsquelegénériquedéfile,ilneselèvepas.–Alors,c’estquoitondeal?demande-t-ilenmeregardant.

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–Commentça?–Onestvendredisoir,pourquoituestouteseulecheztoiàregarderdesfilmsd’action?Saquestionmerebuteunpeu.–Parcequec’estunproblème?–Nonpasdutout,répond-ilenhaussantlesépaules.Jemedemandaisjustepourquoitu

n’espassortieavecdesamis,ouquelquechosecommeça.–Ben,j’étaisàunefêtehiersoir.Surtout,neluirappellepasquetul’asvu–neluirappellepasquetul’asvu!–Jet’yaivu,d’ailleurs.Aaargh!–Ahbon?–Ouais,àlamaisonOmegaPhi.–Hmm. Jeneme souvienspasde toi.Celadit, jeneme souvienspasdegrand-chose.

J’avaisbeaucouptropbu.Je suis forcément un peu vexée qu’il ne se rappelle pas m’avoir croisée devant les

toilettes,mais jemedis que c’est ridicule. Il était bourré, et il venait de choper unemeuf.Bienévidemmentqu’ilnesesouvientpasdemoi.

–Lasoiréet’aplu?demande-t-il.Pour lapremière foisdepuisqu’il estentrédansmachambre, ilmeparaîtmalà l’aise,

commes’ilessayaitdefairelaconversationetquecelalegênait.–Ouais,jesuppose.Enfinnon,jeretirecequej’aidit.Jem’amusaisbeaucoupjusqu’àce

quejem’humiliedevantunmec.Sonmalaisedisparaîtlorsqu’ilrit.–Ahbon?Qu’est-cequetuasfait?–J’aijacassé.Beaucoup.J’ailamauvaisehabitudedefaireçaaveclesmecs.–Tunejacassespas,là,remarque-t-il.–Lànon,maistuasoubliématiradesurlesserialkillers?–Crois-moi,jenel’aipasoubliée,dit-ilensouriant.Waouh,sonsourireencoinestaffreusementsexy.Chaquefoisqu’illedégaine,sesyeux

brillentd’unéclatenjouéetmoncœurbatunpeupluslachamade.–Jeneterendsplusnerveuse,n’est-cepas?–Non.Jemens,biensûr,parcequ’ils’agitquandmêmedeJohnputaindeLogan,undesmecs

lespluspopulairesdeBriar,etmoijesuisGraceIvers,uneparmilesmilliersdefillesquiontlebéguinpourlui.

Il me toise du regard et mon sang s’embrase. Cette fois-ci, ses intentions ne laissentaucundoute.Est-cequejedoisfairelepremierpas?

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Jedevraisfairequelquechose,non?Merapprocherdelui,ouquelquechosecommeça?L’embrasser?Ouluidemanderdem’embrasser?Mince,jen’ensaisrien.Jepasserapidementen revue mes années lycée, essayant de mettre le doigt sur la manière dont ces baisers-làavaientlieu.Est-cequelesmecsfaisaientlepremierpas,oubienest-cequec’étaitunaccordmutuel?Celadit,aucundecesbaisersn’étaitavecdesmecsaussibeauxqueLogan–mêmedeloin.

–Tuveuxquejem’enaille?Savoixrauquemesurprend,etjemerendscomptequecelafaitpresqueuneminuteque

je le regarde sans rien dire.Ma bouche est sèche et je dois déglutir plusieurs fois avant depouvoirrépondre.

–Non.Enfin,tupeuxrestersituveux.Onpeutregarderautrechoseoubien…Jenefinispasmaphraseparcequ’ilserapprocheetsamaineffleuremajoue.Mescordes

vocalessefigenttandisquemoncœurbatlachamade.JohnLoganestentraindetouchermajoue.Sesdoigtssontrugueuxetilsentsibonquesonparfummedonnelevertige.Ilcaressedélicatementmapommetteetjedoismeretenirderonronnercommeunchaton.

–Qu’est-cequetufais?jechuchote.–Ehben,tumeregardaiscommesituvoulaisquejet’embrasse,dit-il.Alors,jemedisais

quej’allaislefaire.

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4

Grace

Mon rythme cardiaque est dangereusement élevé. Je sens mon pouls battre dans mesoreillesetcontremescôtes.

MonDieu.JohnLoganveutm’embrasser?–Àmoinsquej’aiemalinterprététonregard?demande-t-il.Jedéglutis enessayantde ralentir lesbattementsdemoncœur. Jenepeuxpasparler,

carmagorges’estreferméeetjedoismecontenterdesecouerlatête.Ilritdoucementetj’enailachairdepoule.–C’estunnonàlamauvaiseinterprétationdetonregard?Ouaubaiser?Parmiracle,j’arriveàformulerunephraseentière.–Jeveuxquetum’embrasses.Ilrittoujoursenserapprochantets’allongesurlecôtéenmerepoussantsurledos.Tous

mesmusclessecontractentlorsquesajambepasseentrelesmiennes.Lorsqu’ilposeunemainsurmahanche,jetremblesifortqu’illeremarque.Unsouriresedessinesurseslèvres,quiserapprochentdeplusenplusdesmiennes.

Elles ne sont plus qu’à quelques millimètres, puis sa bouche effleure la mienne… etwaouh,j’embrasseJohnLogan!

Mon cerveau est immédiatement submergé par tant de pensées que j’ai du mal à meconcentrersuruned’entreelles.J’entendsmonpèrem’expliquerquejedoismerespecter,mecomporter convenablement et ne pas faire n’importe quoi à la fac. Et puis il y a la voixchantantedemamèrequim’ordonnedem’amuseretdeprofiterde lavie.Quelquepartaumilieudetoutcela, ilyaunepetitevoixtoutexcitéequicrieTuembrassesJohnLogan !TuembrassesJohnLogan!

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Sa bouche est chaude et ses lèvres fermes. Au départ, il m’embrasse doucement – unbaiser sensueletaguicheurquime faitgémir. Il lèchema lèvreet lamordilledélicatement.Lorsquesalangueaugoûtd’oursonsglisseenfindansmabouche,ilpousseungrognementquivibreàtraversmoncorpsetsenichedansmesentrailles.

Embrasser John Logan est la chose la plus incroyable que j’ai faite de toute ma vie.OubliéeslesvacancesenÉgyptequandj’avaisneufans:lagloiredespyramides,destemplesetdesSphinxn’estrienàcôtédelasensationdeseslèvressurlesmiennes.

Noslanguess’entremêlentetilgrognedenouveauenposantsamainsurmonsein.DouxJésus.Alertenichons!Jepensaisqu’onallait justesebécoterunpeu,maismaintenantonsepeloteaussi?

Je n’ai pas mis de soutif et quand son pouce caresse mon téton, cela déclenche unedéchargeélectriquequipartde lapointedemes seins jusqu’àmonclitoris.Toutmoncorpsestenfeu,brûlantdedésir.Jesenssonérectionbouillantesurmacuisseetjesuisencoreplusexcitéeàl’idéequec’estmoiquil’excite!

Ilarrachebrusquementsaboucheàlamienneetparled’unevoixsourdeethaletante.–Est-cequejedoism’inquiéterduretourdetacoloc?–Non, elle ne rentre pas ce soir. Elle est allée dansunbar en ville et elle a prévude

dormirchezCaitlin,quiestmembredeKappaBeta.Àmonavis,c’estunetrèsmauvaiseidéeparceque ladernière foisqu’ellessontsortiesensemble,ellesont failli se fairearrêterpourivressesurlavoiepublique,maisRamonaaflirtéavecleflicet…

Loganmefaittaireenm’embrassant.–Unnonauraitsuffi,marmonne-t-ilcontremeslèvresavantdeprendremamainetdela

poserdirectemententresesjambestoutenposantlasiennesurmonsexe.Ehmerde.Alertepréliminaires!Jen’aipaspeurdemaréponseàcequefaitsamain–illuisuffitdemecaresserunefois

pour qu’une irruption de plaisir jaillisse dans mon bas-ventre. Non, c’est ma main quim’inquiète,cellequiestentraindefrotterl’érectiondeJohnLoganàtraverssonjean.

Cen’estpasmapremière fois : j’aidéjàbranlédesmecset j’aidéjà taillédespipesquiétaient un succès puisque… si on en croit les éjaculations, elles ont eu l’effet escompté.Cependant, je n’ai pas suffisamment d’expérience pour me considérer experte en pénis. Enplus,mesinteractionsaveclesexemasculinn’étaientenfaitqu’avecunpénis:celuidemoncopaindulycée,Brandon,quiavaitaussipeud’expériencequemoi.

Si les rumeurs au sujet de Logan sont vraies, il a couché avec lamoitié desmeufs deBriar.Celaparaîténorme,donc jesuissûreque lechiffreest faux,maiscequiestsûr,c’estqu’ilacouchéavecplusdepersonnesquemoi.

–Est-cequeçava?demande-t-ilenmassantmonclitorispar-dessusmonpyjama.Jehochelatêteenlecaressantdenouveau,etungémissementétrangléluiéchappe.–Merde,attends.

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Ilgigotesurlematelasetmoncœurcessedebattrelorsqu’ildéfaitsabraguette.Ilbaisseson jean et sonboxer – juste assezpour libérer son érection –puis il tire sur l’élastiquedemonpyjamaetdemaculotte.Unesecondeplus tard, samaineffleuremonsexenuetmonbassinsesoulèvedesonproprechef,cherchantplusdecontact.

–C’estmieux?demande-t-ilentitillantmonclitoris.Tellementmieux!C’estsibonquejeneparviensqu’àexprimerunborborygme.Ilsourit

àmaréponseincohérentepuisilm’embrassedenouveau.Ilprendmamainetlaguidesursonérection,enveloppantdélicatementmesdoigtstremblantssursaverge.Elleestlongueetdureetsachairlisseetchaudeglissefacilementdansmamain.

Moncorpsestenfeu.Desvaguesdedésirdéferlentdansmesveinespourseconcentrerdans mon sexe et lorsque son doigt me pénètre, mes muscles se contractent sur lui. Lapressionestsiintensequej’enoubliederespirer.

Nousn’arrêtonspasdenousembrasser,mêmepourreprendrenotresouffle.Noslanguess’entremêlent tandisquenosmainss’affairentà leurs tachesrespectives. Ilappuiesonpoucesur mon clitoris tandis que son doigt me fouille, décuplant mon plaisir, formant un nœudserrédansmonventre.

Lesminutespassent.Peut-êtremêmedesheures– jen’enaipas lamoindre idée car jesuisperduedanslessensationsdivinesqueJohnLoganmeprocure.Jecaressesonérectionenserrant son gland chaque fois que ma main remonte, et son bassin imite les mouvementssaccadésdumien.

–Plusvite,ordonne-t-il.J’accélère le rythme, et il fait des allers-retoursdansmamain engrognantdoucement,

sonsouffle chatouillemes lèvres lorsqu’il rompt lebaiser.Sesyeuxsont ferméset ses traitssonttiréstandisqu’ilsemordlalèvre.

–Jevaisjouir,marmonne-t-il.Desondesdedésirs’accumulententremesjambesetjesaisqu’illesentcarilgrognede

nouveauenplongeantsondoigtplusprofondetplusviteencore.Quelquessecondesplustard,ils’effondresurmoietilappuiesonfrontsurmonépauleavecunderniercoupdebassin,puisils’immobilise.Desjetschaudsetmouilléscouvrentmamainetilouvrelentementlesyeux.Waouh. Le plaisir qu’ils contiennent est à couper le souffle – je crois que John Logan, justeaprèsunorgasme,estlachoselaplussexyquej’aiejamaisvue.

–Tuasjoui?demande-t-ilenreprenantsonsouffle.Ahoui,c’estvrai.Mince.Sondoigtestencoreenmoi.Ilnebougeplus,maiscelamefait

penserà l’orgasmeque j’étais sur lepointd’avoir lorsque jemesuis laissédistraire–par sagueulesexyquandiljouit,parlescoupsdesonbassin,parsesgrognementssauvages.

Cependant,j’aihonted’admettrequejen’aipasjouietcommeiladéjàprissonpied,jenemevoispasluidemanderdecontinuer.Alors,jehochelatête.

–Euh…oui,biensûr.

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L’ombred’undouteassombritsonregard,mais j’aiàpeineletempsdeclignerdesyeuxqu’ils’assiedbrusquementdanslelit.

–Jevaisdevoiryaller.Jechoisisd’ignorerladéceptionetl’irritationquinouentmonventre.Ilestsérieux,là?

Iln’amêmepasdeuxminutespourunepetiteconversationpost-coït?Quelgentleman!Il saisit un mouchoir sur la table de nuit et s’essuie tandis que je fais mine d’être

parfaitement détendue en remontant mon pantalon. Je parviens même à sourire lorsqu’ilutilisemon téléphonepourappelerun taxi.Heureusement, iln’estpasmisenattente,cettefois-ci,aumoinslemalaisen’estquedecourtedurée.

Jel’accompagneàlaporte,oùilhésiteuninstant.–Mercidem’avoiraccueilli,dit-il.J’aitrouvéçafun.–Pasdesouci,ouais,moiaussi.Unesecondeplustard,iltournelestalonsets’enva.

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5

Logan

Lorsquej’entredansmachambreaprèsmadouche,monportableestentraindesonner.Comme tous les gens de mon âge envoient des SMS plutôt que de téléphoner, je sais quim’appellesansavoireuàregarderl’écran.

–Salut,Maman,jedisentenantmaserviette,toutenmedirigeantversmacommode.–Maman?JésusMarieJoseph.Alorsc’estvrai?Ilmesemblaitbienavoirmisaumonde

unmagnifiquepetitgarçonilyavingtetunans,maisc’estunlointainsouvenir,maintenant.Sij’avaiseuunfils,ilm’appelleraitplusd’unefoisparmois,non?

Jerisendépitdelaculpabilitéquim’assaille.Ellearaison.Cesdernierstemps, j’aiététropoccupéàfairelafêteetàrédigermesdissertationspourl’appeleraussisouventquejeledevrais.

–Jesuisdésolé,Maman.C’esttoujourslafolieverslafindusemestre.–Jesais.C’estpourçaquejenet’aipasharcelé.Turévisesdurpourtesexamens?–Biensûr.Maisoui,jen’aipasencoreouvertunseulbouquin,maisjesuisàfond!Cependant,mamèren’estpasdupe.–Nemenspasàtamère,Johnny.–Trèsbien. Jen’aipasencore commencé, j’admets.Mais tu saisque je travaillemieux

souspression.Tupeuxattendreuneseconde?–Oui.Jeposemon téléphoneet lâchemaserviettepourenfilerun jogging.Mescheveuxsont

encoremouillésetdesgouttestombentsurmontorsenu,alors jemesèchelatêteavantdereprendremonportable.

–C’estbon.Alorscommentçava,auboulot?CommentvaDavid?–Bien,ettrèsbien.

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Ellepasselesdixminutessuivantesàparlerdesonboulot,elleestchefdesalledansunrestaurantàBoston,puisellemeracontelesdernièresnouvellesdemonbeau-père.Davidestcomptable, et il peut être tellement ennuyeux que sa présence est parfois une véritabletorture.Cependant, ilaimemamèrede tout soncœuret il la traitecomme la reinequ’elleest,doncjenepeuxpasledétester.

Ellefinitparaborderlesujetdemesprojetspourl’étéenprenantcetonméfiantqu’elleemploietoujourslorsqu’elleparledemonpère.

–Alors,jesupposequetuvasretravailleravectonpère?–Ouaip,jerépondsenessayantd’avoirl’airdétendu.Celafait longtempsquemonfrèreetmoiavonsdécidédecacheràmamèrelavéritéà

proposdemonpère.Ellen’apasbesoinde savoirqu’il s’est remisàboireet jeneveuxpasraviver demauvais souvenirs pour elle. Elle s’en est sortie, et elle ne devrait plus jamais ypenser.Ellemérited’avoirunebellevieet,aussiennuyeuxqu’ilsoit,Davidlarendheureuse.

QuantàWardLogan,il larendaitmisérable.Iln’a jamaislevélamainsurelleniabuséd’elle verbalement,mais c’est elle qui adûnettoyerderrière lui pendant toutes ces années.C’estellequiasupportésescapricesd’ivrogneetsesséjoursencurededésintoxication.C’estellequiletraînaitaulitlorsqu’elleletrouvaitivremortsurlesoldusalon.

Je n’oublierai jamais cette nuit, lorsque j’avais huit ou neuf ans, lorsque mon père aappeléàlamaisonàdeuxheuresdumatin.Ilbafouillaitetils’énervaitparcequ’ilavaitpicolécommeuntroudansunbar,qu’ilavaitprissavoitureetqu’ilnesavaitplusoùilétait.C’étaitau beaumilieu de l’hiver etMaman n’a pas voulu nous laisser seuls à lamaison, alors ellenous a emmitouflés dansune couette à l’arrière de la voiture et elle a conduit pendant desheuresàlarecherchedemonpère.Notreseulindiceétaitundemi-nomderue,parcequelepanneau était partiellement couvert de neige et que mon père était trop saoul pour allerl’essuyer.LorsqueMaman l’a trouvéetqu’elle l’amisdans lavoiture, jemesouviensd’avoirressentiquelquechosedenouveau:delapitié.J’avaispitiédemonpère.J’admetsavoirétésoulagélorsquemamèrel’arenvoyéencurededésintoxlelendemain.

–J’espèrequ’iltepaieconvenablement,monchéri,ditmamèred’unevoixtriste.Jeffreyettoivousfaitestellementd’heuresdanscegarage.

–Biensûrqu’ilnouspaie.Quantànouspayerconvenablement…absolumentpas,non.Jegagneassezd’argentpour

payermonloyeretmescoursesdurantl’annéeuniversitaire,maismonsalaireestloind’êtreceluid’untravailàtempsplein.

– Tantmieux. Est-ce que tu pourras quandmême prendre une semaine de congé pourvenirnousvoir?

–J’ycompte,oui.Jeffetmoiavonsdéjàmissurpiedunplanningquipermetàchacund’alleràBostonpour

passerdutempsavecMaman.

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Mamèreetmoidiscutonsencorequelquesminutes,puisjeraccrocheet jedescendsmechercher àmanger. Jeme sers un bol de céréales, complètes et sans sucre, comme nous yobligeTucker,et jem’assiedsaubar.Pourlacentièmefoisdepuisquejemesuisréveillé, jerepenseàcequis’estpasséhiersoir.

Je me suis vraiment comporté comme un crétin en m’enfuyant cinq secondes à peineaprès avoir éjaculé surGrace. J’en ai conscience, croyez-moi. Cependant, jem’étais à peineremis de mon orgasme que je me suis demandé ce que je foutais là. Bien sûr, Grace estgéniale,sexyetdrôle,maisest-cequej’aivraimentsombréaupointdedoigterdesnanasqueje ne connais pas ? Cette fois-ci, je n’ai même pas l’excuse de l’alcool parce que j’étaisparfaitementsobre.

Lepiredansl’histoire?C’estqu’ellen’amêmepasjoui.Elleabeaucoupgémi,c’estclair,maisjesuissûràquatre-vingt-dix-neufpourcentqu’elle

n’apaseud’orgasme,mêmesiellem’aassuréqueoui.Aucunenananerépond«euh,oui»quand vous lui demandez si elle a joui, c’est unmensonge, bien évidemment. Quant à son« ouais,moi aussi » quand je lui ai dit que j’avais passé un bonmoment ? Vous parlez deflatter l’ego d’un mec ! Non seulement elle n’a pas joui mais en plus je suis de mauvaisecompagnie?

Jenesaispasquoipenser,àvraidire.Enfin, jenesuispasbête : jenevispasdansunmonde magique où les orgasmes tombent du ciel et atterrissent dans le lit d’une femmechaquefoisqu’ellebaise–jesaisqu’ellessimulentparfois…Cependant,jepensepouvoirdireaveccertitudequ’aucunmecn’aimesavoirqu’unenanaasimuléaveclui.

Ehmerde. J’aurais dû prendre son numéro. Pourquoi je n’ai pas pris son numéro, bonsang?Maisjeconnaislaréponseàcettequestion.Celafaitplusd’unmoisquejen’aipaseuenviedeprendrelenumérod’unemeufquej’aichopée,enfin,j’étaissurtouttropivrepourypenser.

LespasquirésonnentdanslecouloirmetirentdemespenséesetjelèvelatêtelorsqueGarrettentredanslacuisine.

–Salut,dit-il.– Salut, je réponds en enfournantunebouchéede céréales et en faisantdemonmieux

pourignorerlemalaiseentrenous,toutenmedétestantdeleressentir.GarrettGrahamestmonmeilleurami,bonsang,jenesuispascenséêtremalàl’aiseen

saprésence.–Alors,tuasfaitquoifinalement,hiersoir?demande-t-ilenmerejoignantaubaravec

unboletunecuillère.Jefinisdemâchermabouchéeavantderépondre.–J’aitraînéavecunemeuf.Onaregardéunfilm.–Cool,c’estquelqu’unquejeconnais?–Non,jel’airencontréehier.

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Etjenelareverraisansdoutejamaisparcequ’apparemment,lesexeavecmoiestnuletmaprésenceesttoutsimplementmédiocre.

Garrettsesertdescéréalesetattrapelelaitquej’ailaissésurlecomptoir.–Aufait,tuasappelél’agent?–Non,pasencore.–Pourquoi?Parcequecelanesertàrien.–Parcequejen’aipaseuletemps,jerépondssuruntonunpeutropsec.Garrettsemblevexé.–Ok,c’étaitjusteunequestion,pasbesoindemesauterdessus.–Désolé.Je…désolé.BravoJohn,beaudiscours!Jeréprimeunsoupiret jereprendsunecuilleréedecéréales.Uncourtsilences’installe

entrenous,puisGarrettseraclelagorge.–Écoute,jecomprends,d’accord?Tun’aspasétésélectionnéetçacraint.Maiscen’est

pascommesitun’avaispasd’autresoptions.Tueslibremaintenant.Tun’espasbloquéavecuneéquipe,donc tupeux signeravecn’importequi.Et je t’assurequ’ils vont sebattrepourtoi,mec.

Il a raison. Je suis sûr que de nombreuses équipes voudraient me recruter. D’ailleurs,j’aurais sans doute été sélectionné si je m’étais inscrit. Cependant, Garrett n’est pas aucourant,ilpensequecelafaitdeuxansquejesuisrecaléetjenel’aijamaiscontredit.Est-cequej’aidéjàditquej’étais lepireamiaumonde?C’estpeut-êtretordu,mais jepréfèrequemesamispensentquejen’aipasétésélectionné,carc’estbienmoinsdéprimantquedeleuravouerquejenejoueraijamaischezlespros.

Voyez-vous, Garrett a choisi de ne pas s’inscrire. Il veut obtenir son diplôme sans êtretentépar lapropositiond’uneéquipe.Beaucoupdehockeyeursdécidentde lâcher la facdèsqu’ils sont recrutés, et après tout, comment ne pas se laisser tenter lorsque l’équipe de vosrêvesfaittoutpourvousconvaincred’abandonnervosétudespourlarejoindre?Cependant,Garrett estunmec intelligent : il sait que la signatured’un contrat avecune équipepronegarantitniunsuccèsinstantanénimêmedutempsdejeu.

Nousavons tous lesdeuxvucequiestarrivéàChrisLittle,uncoéquipierenpremièreannée. Il a été sélectionné, alors il est passé chez les pros, et après une demi-saison, unemauvaiseblessureamis finàsacarrière.Nonseulement ilneremettraplus lespiedssur laglacemais il a dépensé chaque centime de sa prime de bienvenue pour ses fraismédicaux.Auxdernièresnouvelles, il était repartià la facpourapprendreunmétier. Jecroisqu’il estchaudronnierouquelquechosecommeça.

Doncoui,Garretta raisonde finir sesétudes.Quantàmoi? J’ai toujours suque jenejoueraisjamaischezlespros.

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– Prends Gretzky, par exemple : il n’a pas été sélectionné, et regarde tout ce qu’il aaccompli.Cemecestunelégende,c’estprobablementlemeilleurjoueurdehockeydetouslestemps.

Garrettessaietoujoursdemerassureretjesuispartagéentremonenviedeluidiredesetaireetdeleprendredansmesbraspourleremercierd’êtreunsibonami.

Jenefaisnil’unnil’autre,cependant,préférantl’apaiser.–Jel’appellerailundi.–Tantmieux,dit-ilenhochantlatête.Lesilencerevientetnousnouslevonspourmettrenosbolsdanslelave-vaisselle.–Aufait,onvachezMalone,cesoir,ditGarrett.Moi,Wellsy,Tuck,etpeut-êtreDanny.

Tuespartant?–Jenepeuxpas,fautquejecommenceàrévisermespartiels.C’est triste,mais je ne comptemêmeplus tous les sujets sur lesquels j’aimenti àmon

meilleurami.

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Grace

– Je suis désolée, tu peux répéter ? s’exclame Ramona en me dévisageant d’un airincrédule.

Jehausselesépaulescommesicen’étaitriend’exceptionnel.–JohnLoganestvenuici,hiersoir.–JohnLoganestvenuicihiersoir,répète-t-elle.–Oui.–Ilestentrédansnotrechambre.–Oui.– Tu étais dans cette pièce, et il est entré, et vous étiez tous les deux ici. Dans cette

pièce.–Oui.–Alors,JohnLogans’estpointéànotreporte,ilestentré,etilétaitici.Avectoi.Ici.J’aidumalànepasrire.–Oui,Ramona.Onadéjàétabliqu’ilétaitici.Danscettechambre.Elleest littéralementbouchebée.Ellerefermelabouche,puisellel’ouvrepourpousser

uncrisiaiguquejesuissurprisedenepasvoirlesfenêtresvolerenéclats.–OhmonDieu ! s’exclame-t-elle en courantàmoipour s’asseoir surmon lit.Raconte-

moitout!Elleporteencoresatenuedelaveille:uneminirobenoirequiremontesursescuisseset

desescarpinsargentésqu’ellesedépêchedefairevalsersursonlitàl’autreboutdelapièce.LorsqueRamonaestrentrée,j’aitenuàpeuprèstroissecondesavantdeluiannoncerla

nouvelle,maismaintenantqu’ellemeregardeaveccetairimpatient,jen’aiplusenviedeluiracontercequis’estpassé.D’ailleurs,j’aihontedeleluidireparceque…ehbien…cen’étaitfinalement pas très excitant. J’ai aimé regarder le film avec lui et j’ai adoré le bécoter, dumoinsjusqu’àcequ’ilselèveetqu’ilpartecommesij’avaislagale.

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Finalement, jecomprendspourquoi ilnechopequedesnanasensoirée,ellessontsansdoute trop bourrées pour remarquer si elles ont un orgasme et pour se rendre compte queJohnLoganvenddurêvemaisbrasseduvent.

Cependant, j’aidéjàouvertmagrandeboucheet jenepeuxplusfairemarchearrière.Ilfaut que jedisequelque choseàRamonaqui continuedemedévisager, alors je lui racontequeLoganafrappéàlamauvaiseporteetqu’ilafiniparregarderunfilmavecmoi.

–Vousavezregardéunfilm?C’esttout?Jemesensrougir.–Ehben…Ellepousseunautrecriencoreplusaigu.–OhmonDieu!Vousavezbaisé?–Non,biensûrquenon,jeneleconnaispas.Mais…onaunpeu…fricoté.Jen’aipasenviedeluiendirepluset,heureusement, larévélationsuffità lasatisfaire.

Ondiraitunegamineàquionoffresonpremiervélo.–JohnLoganettoivousavezfricoté?!Aaaaargh!C’esttellementgénial! Ilembrasse

bien?Ilaenlevésachemise?Est-cequ’ilaenlevésonpantalon?–Non.Jemens,certes,maismameilleureamienetientdéjàplusenplace.–J’arrivepasàlecroire.J’arrivepasàcroirequej’aieratéça.–Pourquoi,tufaisdanslevoyeurisme,maintenant?– S’il s’agit de mater John Logan avec ma meilleure amie alors oui, carrément ! Je

pourraisvousregarderpendantdesheures!MonDieu,écris-luitoutdesuiteetdemande-luiunephotodesabite!

–Quoi?Non!–Oh,allez,ilseraflattéet…Non,j’aimieux!Invite-lecesoir!Etdis-luideveniravec

Dean!Jedéteste ruiner sesplans,mais vu lamanièredont Logan s’estdépêchédepartirhier

soir,jen’aipasd’autrechoix.–Jenepourraispas,mêmesij’enavaisenvie.Jen’aipassonnuméro.–Quoi?s’exclame-t-elle,laminedéconfite.C’estquoitonproblème?Tuluiasdonnéle

tien,aumoins?Jesecouelatête.–Iln’avaitpassontéléphonesurluietjen’aipaseul’occasiondeleluidonner.Ramonase taitunmomentetellem’étudie,cherchantdansmonregard,commesielle

voulaitliredansmespensées.Celamemethorriblementmalàl’aise.–Quoi?–Soishonnête,dit-elle.Ilestvraimentvenuici?

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Quellehorreur!–Tuessérieuse?Ellerépondenhaussantlesépaules.–Pourquoij’auraisinventéça?–Jenesaispas,commence-t-elle,clairementmalàl’aise.C’estjusteque…tusais…ilest

plusâgé,ilestcanon,etvousn’avezpaséchangévosnuméros…–Etçaveutdirequejemens?jem’exclameenmelevantdulit.–Non,biensûrquenon,dit-elle.Sielleveutrétropédaler,c’esttroptard,jesuisdéjàfurax.–Tuvasoù?demande-t-elleenmesuivantàlaporte.Allez,Gracie,jetecrois.Tun’es

pasobligéedepartircommeunefurie.–Jeneparspascommeunefurie,jedisenlafusillantduregardetenattrapantmonsac

àmain.Jeretrouvemonpèredansunquartd’heure.Jedoisvraimentyaller.–C’estvraiça?demande-t-ellesuruntondubitatif.–Oui,jedisenm’efforçantdenepashurler.Maisçaneveutpasdirequejenesuispas

superencolèrecontretoi!Ellesedépêchedemeprendredanssesbrasavantquejenepuissel’enempêcheretelle

meserresifortquejenepeuxplusrespirer.C’estsoncâlin«pardonne-moi»quejeconnaisparcœur.

–Jet’ensupplie,nem’enveuxpas.Jesuisdésoléedet’avoirdemandéça.Jesaisquetun’inventerais jamais ce genre d’histoire. À ton retour, je veux que tu me donnes tous lesdétails,d’accord?

–Ouais…d’accord,jemarmonne.Cependant, je ne dis pas ce que je pense, je veux juste partir d’ici avant de céder à la

colèreetdeluicollerunegifle.Ellerecule,lestraitsdétendus.–Génial,alorsàpluset…J’airefermélaportederrièremoiavantqu’elleaitpufinirsaphrase.

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6

Grace

Lorsque j’arriveauCoffeeHut,monpèren’estpasencore là,alors jecommandeunthévert au comptoir et je nous trouve deux fauteuils moelleux dans un coin de la salle. C’estsamedi matin et le café est désert, j’ai le sentiment que la plupart des étudiants doiventsoignerleurgueuledeboischezeux.Jeviensdem’asseoirlorsquelaclocheretentitau-dessusdelaporteetquemonpèreentre,vêtudesatraditionnellevestemarronetdesonpantalonvertkaki,latenuequemamèreappelle«lelookduprofsérieux».

–Bonjourmapuce,dit-ilensouriant.Jevaismechercheruncafé.Ilmerejointuneminuteplustard,l’airplusagitéqued’habitude.–Jesuisdésoléd’êtreenretard.Jesuispasséparmonbureaupourrécupérerdescopies

etjemesuisfaitépinglerparuneétudiante.Ellevoulaitdiscuterdupartielqu’ellem’arendu.–Net’enfaispas,jeviensd’arriver,jedisenenlevantlecouvercledemongobeletpour

qu’ilrefroidisseplusvite.Comments’estpasséetasemaine?– Ouf, c’était chaotique. J’étais inquiet de la mauvaise qualité des devoirs qu’on me

rendait, alors j’ai allongé mes horaires de permanence pour les étudiants qui avaient desquestionsàmeposer.Jesuisrestéàlafacjusqu’àvingt-deuxheurestouslessoirs.

–Tu sais que tu asun chargédeTDpour faire cegenrede truc,non? jedemandeenfronçantlessourcils.

–Oui,etilm’aide,maistusaisquej’aimeinteragiravecmesélèves.Jelesais,oui,etjesuissûrequec’estpourcelaquesesélèvesl’aimentautant.Papaest

prof de biologie moléculaire à Briar. C’est une matière qui n’est pas très demandée, engénéral, or il y a une liste d’attente pour assister à son cours. J’ai été à plusieurs de sesconférences,aufildesans,etjedoisadmettrequ’ilaunefaçonderendrelesujetintéressantquiest,soyonshonnêtes,loind’êtretrépidant.

Papasirotesoncaféenmeregardantpar-dessussatasse.

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– J’ai réservé chez Ferro vendredi soir, pour dix-huit heures trente. Ça convient à labirthdaygirl?

Jelèvelesyeuxauciel.Jenesuispasunedecespersonnesquifonttoutunplatdeleuranniversaire. Jepréfère les soirées tranquilles voire,dansunmonde idéal, pasde soiréedutout.Cependant,mamèreestaccroauxanniversaires:elleaimeorganiserdesfêtessurprisesouencoreforcerlesserveursàchanterdanslesrestaurants…Bref,sonbutestdem’infligerlaplusgrandetorturepossible,etelleréussitàchaquefois.Jecroisqu’elleprendplaisiràfairehonteàsafilleunique.Cependant,depuisqu’elleadéménagéàParis, ilyatroisans, jen’aipas pu passer un seul de mes anniversaires avec elle, alors elle a chargé mon père dem’humilieràsaplace.

–Labirthdaygirl,commetudis,n’accepteradevenirquesituluiprometsquepersonnenechantera.

– Mon Dieu Grace, tu crois que j’ai envie de subir ça, moi ? Absolument pas. Nousdîneronstranquillement,etquandtuparlerasàtamère,après,tuluidirasquedesmariachissontvenustechanterunesérénade.

–Deal.– Tu es sûre que ça ne te dérange pas qu’on ne dîne pas ensemble le jour de ton

anniversaire?Situveuxlefêtermercredi,jepeuxannulermapermanenceaubureau.–Vendredic’esttrèsbien,Papa.–Parfait,danscecas.Ah,et j’aiparléàtamèrehiersoir.Ellem’ademandési tuavais

envisagéde changer tes billets pour y aller aumois demai. Elle aimerait t’avoir pour troismoisplutôtquedeux.

J’hésite.J’aihâtedevoirmamèrecetété…maistroismois…Mêmedeuxrisquentd’êtreunpeutrop,c’estpourçaquej’aiinsistépourrentrerlapremièresemained’août,mêmesilafacnereprendpasavantlafindumois.Nevousméprenezpas,j’adoremamère.Elleestfunetspontanée,ettellementpétillanteetmotivantequec’estcommeavoirsaproprepom-pom-girlavecvoustoutelajournée.Cependant…elleestépuisante.C’estunepetitefilledansuncorpsdefemmequiagitdemanièreimpulsivesanspenserauxconséquencesdesesactes.

–Jevaisyréfléchir.Jedoisd’aborddécidersij’aisuffisammentd’énergiepourlasuivrependanttroismois.

Papapouffederire.– Ma puce, nous connaissons tous deux la réponse à cela, et c’est non. Personne n’a

l’énergiesuffisantepoursuivretamère.Cequiestcertain,c’estque lui, ilne l’avaitpas.Heureusement, leurdivorceaétécent

pourcentamical.Jecroisquequandmamanaditàpapaqu’ellevoulaitqu’ilsseséparent,ilaété plus soulagé qu’autre chose. Et lorsqu’elle a décidé de déménager à Paris pour « sechercher»et«renoueravecsonart»,ill’asoutenueàfond.

–Jetediraiçaceweek-end,d’accord?

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Jetends lamainpourreprendremonthéet jem’immobilise lorsquelaclochesonnedenouveauetqu’ungrandbrunportantlavestedel’équipedehockeypasselaporte.MoncœurcessedebattreuninstantlorsquejepensevoirLogan,maiscen’estpaslui.Cetypeestpluspetit,plustrapuetloind’êtreaussibeau.

Je suis surprise de me sentir déçue, mais je choisis de l’ignorer. Quand bien mêmeç’auraitétéLogan,àquoi jem’attendais,qu’ilviennemeroulerunepelle?Qu’ilm’inviteaurestau?Maisoui.Biensûr.Jel’aifaitjouirhiersoiretilaprissesjambesàsoncou.

Soislucide,Grace:tun’esqu’uneénièmenanasurlalonguelistedesconquêtesdeJohnLogan.Honnêtement ? Je crois que celame convient. Aussi peu exaltant que ce fut, le faitd’avoirété…conquiseparLoganestdeloinlachoselaplusexcitantequimesoitarrivéedetoutel’année.

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Logan

–Est-cequ’unenanaadéjàsimuléavectoi?Maquestionsortdenullepart.Noussommeslundimatinetjetapotenerveusementsur

le comptoir en attendant la réponsedeDean qui, en route pour le frigo, s’est brusquementarrêté.

–Pardon,j’aimalcompris,jecrois.Tupeuxrépéter?Son expression est la plus innocente au monde, et ce n’est qu’après avoir répété ma

questionquejemerendscomptequ’ilsefoutdemagueule.Unfourireleprendetj’attendspatiemmentsaréponsetandisquedeslarmescoulentsursesjoues.

–Jet’avaisentendulapremièrefois,mec,dit-ilencherchantsonsouffle.Jevoulaisjustet’entendreleredire…ohputain…jecroisquejevaismepisserdessus.Tut’estapéunemeufetelleasimulé?demande-t-ilalorsqu’unnouveléclatderiresecouesesépaules.

Jeserresi fort lamâchoireque j’enaimalauxmolaires.Jenesaisvraimentpascequim’aprisdemeconfieràDean.

–Non,jemarmonne.Ilrittoujoursauxéclats.–Commenttusaisqu’elleasimulé?Elletel’adit?Jet’ensupplie,disoui!Jegardelesyeuxrivéssurmatassedecafé.–Ellen’arienditdutout,c’estjustel’impressionquej’aieue.Deangloussetoujoursenouvrantlefrigoetenprenantlabouteilledejusd’orange.–Çavautdel’or,mec.LeplusgrandDonJuanducampusn’apasréussiàfairejouirune

meuf, tu m’as officiellement donné suffisamment de munitions pour que je me foute de tagueulependantdesannées.

Ouaip,c’estbiença.Jenevousaijamaisditquej’étaisintelligent.Detoutefaçon,jenesaispaspourquellefoutueraisonjemetracasseencoreàcesujet.

J’ai lutté tout leweek-endcontremonenviedevoirGrace : jeme suisobligéà réviser, j’ai

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jouéà IcePro sur laboxpendant sixheuresavecTuck, j’ai rangémachambreet j’ai faitmalessive.

Cependant, quand j’ai ouvert les yeux ce matin, j’ai décidé que je ne pouvais pascontinuerainsi.Jesaism’yprendreaveclesmeufs,bonsang,j’aidestechniques!Lesfemmessaventquelorsqu’ellesfricotentavecJohnLogan,ellesrepartentsatisfaites.JesuisdinguedesavoirqueGracen’apasétésatisfaite,çameronge.

Vous savez quoi ? Je n’ai peut-être pas son numéro,mais je sais où elle habite, et detoute façon je n’arriverai pas à me concentrer sur quoi que ce soit tant que je n’aurai pasrectifié la situation. Laisser une nana sur sa faim n’est pas seulement gênant, c’estinacceptable.

Trenteminutesplustard,jesuisdevantchezGrace.Jenedispasquesepointerchezunefilleàhuitheurestrentedumatinest lemeilleur

moyendemarquerdespoints,maiscommemonabrutid’egorefusedemelaissertournerlapage,jen’aipasd’autrechoix.Jeretiensmarespirationetjefrappeàsaporte.

Unesecondeplustard,jesuisfaceàGracequiestenpeignoir.Elleécarquillelesyeuxenmevoyant.–Salut!s’exclame-t-elled’unevoixtrèsaiguë.Jedéglutisetjefaisdemonmieuxpournepaspenseraufaitqu’elleestsansdoutenue

sous son peignoir. Il lui arrive aux genoux, la ceinture est fermement nouée, mais le hautbâilleunpeu,m’offrantunevueplongeantesursondécolleté.

–Salut,jerépondsavantdemeraclerlagorge.Jepeuxentrer?–Euh,ouais.Ellemeregardeensourianttimidementetrefermelaportesurmoi.– Je n’ai pas beaucoup de temps, j’ai cours de psycho dans une heure. Il faut que je

m’habilleetquej’ailleàl’autreboutducampus.–Jen’aipasbeaucoupdetemps,moinonplus.J’aiunTDdanstrenteminutes.Je mets mes mains dans mes poches parce que je ne sais pas quoi en faire. Je suis

nerveuxetjenesaispaspourquoi.Jen’aijamaiseudemalàparleràunefillejusque-là.–Qu’est-cequisepasse?demande-t-elleenempoignantlehautdesonpeignoir,comme

siellevenaitdeserendrecomptequ’ilétaitàdeuxdoigtsdes’ouvrir.–Tuesrestéesurtafaim,n’est-cepas?jedemandesanspréambule.–Dequoitu…Elles’interromptetsesjouesrougissentlorsqu’ellecomprenddequoijeparle.–Ah.Tuveuxdire…?Jeserrelesdentsetjehochelatête.–Ehbien…oui,admet-elle.Jen’aipasjoui,non.–Pourquoitum’asmenti?–Jenesaispas.Tuavaisdéjàfini…etjesupposequejenevoulaispasheurtertonego.

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Jelisaisunarticlel’autrejour,quidisaitquelesmecsétaienttrèssensibleslorsqu’ils’agissaitdecegenredechose,qu’ilspouvaientperdreconfianceeneuxsiunefemmen’atteignaitpasl’orgasme.Maisest-cequetusaisqu’environdixpourcentdesfemmesnejouissentpasdurantl’acte?Àcroirelesstatistiques,leshommesnedevraientvraimentpassesentir…

–Tujacasses,Grace.–Désolée,répond-elletimidement.– Ça ne me gêne pas, je suis content que tu t’inquiètes pour mon ego, je réponds en

souriant.Tuasraisondet’ensoucier.Elleal’airsurprise.–Ahbon?Pourquoi?–Parcequej’yaipensénon-stoptoutleweek-end,etj’aidécidéqu’ondevaityremédier.

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7

Logan

Grace rougit et je me dis que je n’ai jamais connu quelqu’un avec un visage aussiexpressif.Aumoinsjesaisquesiellenerépondpas,c’estenpartieparcequ’elleestgênée.

–Ah?répond-elleenfinenfronçantlessourcils.–Oui.Jefaisunpasverselleensouriant.–Alors?Tuvasmelaisserfaire?Maintenant,ellesemblepaniquer.–Telaisserfairequoi?–Tefairejouir.Jesuisrassurédevoirdudésirremplacersoninquiétude.Jenelui faispaspeur,Grace

estchaudecommelabraise.–Euh…commence-t-elle enémettantun riregêné.C’est lapremière foisqu’unmec se

pointechezmoipourmedemanderça.Tuasconsciencequec’estunpeubizarre?–Tuveuxqu’onparlede cequi est bizarre ? J’ai passé tout leweek-endà rêverde ce

moment. Je n’ai pas l’habitude deme comporter comme un connard, je baise à droite et àgauche,certes,maisjem’assuretoujoursquelesfillespassentunbonmoment.

–J’aipasséunbonmoment,jet’assure,soupire-t-elle.–Est-cequetuauraistrouvéçamieuxsijen’étaispasparticommeunvoleurjusteaprès

avoiréjaculé?Elleritdenouveauetc’estmoiquisoupire,cettefois-ci.–Tumetues,mabelle.Jeviensdetedirequejeveuxtefairehurlerdeplaisiretturis?

Est-cequ’onnevientpasdeconclurequemonegoestfragile?–Mais…jecroyaisquetun’avaispasletemps?

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–J’aidixminutesdemarchepouralleràmonTD.Çame laissevingtminutes,et si cen’estpassuffisantpourtefairejouir,alorsj’aiunegrosseremiseenquestionàfaire.

Gracejoueaveclesmèchesdesescheveuxmouillés,clairementnerveuse.Jeregardeseslèvres,qu’ellehumidifieenypassantsalangue,etjemeursd’enviedel’embrasser.

–Alors?j’insisteenfaisantunsecondpasverselle.–Euh…ouais,situveux.Jerisdoucement.–Biensûrquejeleveux.Maisest-cequetoi,tuleveux?–Ou…oui,répond-elleavantdeseraclerlagorge.Oui.Jeme rapproche encore et son regard devient plus brûlant. Elle a envie demoi. C’est

réciproque, d’ailleurs,mais j’ordonne àma queue de bien se tenir. Il ne s’agit pas de nous,mec.Seulementd’elle.Mabiterépondparunsoubresaut,maisilesthorsdequestionqu’elleobtiennequoiquecesoit.Avecuneautrenana,j’auraisproposéunepetitebaiserapide,maisàmoinsquemonradarsoitmalréglé,jesuiscertainqueGraceestvierge.Nonseulementjen’ai pas le temps pour ce genre de chosemais en plus… je n’ai pas particulièrement envied’êtresapremièrefois.

Alorsqueça…J’empoignelaceinturedesonpeignoiretjetiredélicatementdessus.Ça,j’ensuisplusquecapable.Etcettefois-ci,jevaisfairecelacommeilfaut.J’ouvre juste assez sa robe de chambre pour caresser la peau nue de sa hanche. Elle

frissonne dès que je la touche. Ses yeux noisette sont rivés sur mon visage, et lorsque jel’effleuredenouveau,ellegémitdoucementetserapprochedemoi.

–Vasurlelit,jeluiordonneenlafaisantreculer.Elle s’assied sur le bord dumatelas et elle ne me quitte pas des yeux, comme si elle

attendait que je lui donne une nouvelle directive. J’expire tout l’air de mes poumons enm’agenouillantdevantelle,et je finisdedénouersaceinturepour faire tombersonpeignoirsur ses épaules. Je retiens brusquementmon souffle parce que la vue de son corps nu faitinstantanémentdurcirmaqueue.Graceest fine, avecdeshanchesminuscules etde longuesjambes.Sesseinssontplutôtpetitsetsestétonssontd’unsuperberosepâle.J’aidéjàl’eauàla bouche lorsque je me penche pour titiller un téton avec ma langue, j’ai trop besoin deconnaîtresongoût.

Gracegémitdoucementetsecambrepouravancersonseindansmabouche.DouxJésus,j’aienviedelessucertoutelajournée.J’aitoujoursadorélapoitrinedesfemmes,etl’idéederesterdanscettepositionjusqu’àlafindemaviefaitaugmentermonérection.Cependant,lesallers-retourssensuelsdeshanchesdeGracemerappellentquejen’aipastoutelajournée,etilesthorsdequestionquejepartesansluiavoirdonnéunorgasme.

Jelibèresontétonetjeposemesmainssursescuissestremblantes.–Çava?jedemandeenriant.

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Ellehochelatête.Satisfaitdesaréponse, j’écarteses jambes, jebaisse la têteet jeposemes lèvressursa

chatte. J’ai toujours aimé faire des cunnis. La première fois, j’avais quinze ans, et j’étaistellementexcitéquej’aiéjaculédansmonfroc.Jenesuisplusaussisensible,heureusement,maisjedoisavouerquelasensationdelachattelisseetchaudedeGracesousmalanguemefaitfrissonnerdeplaisir.

Je la titille lentementet elle s’allongeen s’appuyant sur ses coudes.Lorsque je regardesonvisage,jevoisqu’elleafermélesyeux,saboucheestlégèrementouverteetsonpoulsbatrapidementdanssagorge.C’esttoutl’encouragementqu’ilmefaut.

Malangueglissesursonouverture.Bonsang,elleest trempée.Peut-êtreque jedevraism’inquiéter de ne pas répéter le fiasco de mes quinze ans, parce que mes couilles secontractentsifortqu’ellessontàdeuxdoigtsdedisparaître.

JeserrelesfessespourmaîtriserledésirquidéferleenmoietjemeconcentresurGrace.Jeremontemalanguesursonclitorisetjelelapedélicatementavantdel’embrasseretdelesucer. J’écoute ses réactions pour savoir ce qu’elle aime : lentement et doucement,apparemment, ses gémissements sont plus forts, alors je décide de prendremon temps. Leproblème, c’est que cela me chauffe aussi, et maintenant ma bite est douloureusementcompresséedansmonjean,elleporterasansdoutelamarquedemabraguetted’iciàcequ’onaitfini.

Je la pénètre lentement avecmon index et je suis immédiatement récompensé par unpetitcri.

–C’estbon?jemurmureenlevantlesyeux.–Mmm-hmm,susurre-t-elle.Jesuisencoreplusdéterminéàlafairejouir.Jecontinueàléchersonclitotandisqueje

lafouilleavecmondoigt,m’enfonçantjusqu’àcequ’ilsoitprofondémentnichédanssachatte.Elle est serrée. Vraiment serrée, etmouillée, putain. Si elle ne prend pas bientôt son pied,mon pantalon va être aussi trempé qu’elle parce que je suis tellement proche de l’orgasmeque…

–Jejouis,gémit-elle.Waouh,eneffet.Sonclitopulsesousmalangueetsachattesecontractesurmondoigtcommeunemain

defer.Ellene criepas,d’ailleursellenegémitpasnonplus.Cependant, le souffle rauquequi

s’échappedesaboucheestplusexcitantquetouslesbruitsdesstarsduporno.Jecontinuedelacaresseretdelaléchertandisqu’elletressailleensilencesurlelit.

Quelquessecondesplustard,ellesemetàrireetàgigoter.–Tropsensible,dit-elle.–Désolé,jerépondsenlevantlatêteetensouriant.

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–MonDieujet’interdisdedirequetuesdésolé.Pasaprès…Ellereprendlentementsonsouffle.–C’était…génial,dit-elleenseredressantlentement,leregardvoilé.Jenesaispasquoi

direàpartça.Merci?Jenepeuxm’empêcherderire.–Jet’enprie…Mes jambes me paraissent anormalement faibles lorsque je me lève. Je suis encore

affreusementdur,mais le réveilmeditque j’aiprécisémentonzeminutespourmerendreàmon TD de marketing. Dans d’autres circonstances, cela ne m’aurait pas gêné d’arriver enretard,maisc’estledernierTDavantlepartieldedemainetjenepeuxpasmepermettredele rater. Il faut que je valide cette matière pour mon diplôme et je n’ai pas envie de larepiquerl’anprochain.

–Ilfautquej’yaille,sinonjevaisêtreenretard.Mais…jepeuxavoirtonnuméro?–Ah.Euh…Merde ! Une de rares fois où je demande le numéro d’une nana, elle hésite à me le

donner ? Alors que je viens de lui donner un méga-orgasme ? Mon Dieu, qu’est-ce quim’arrive?

–Àmoinsquetuneveuillespasmeledonner?–Non,enfinsi.Tuleveuxmaintenant?Jerisenespérantquecelapassepourdeladragueplutôtquedel’angoisse.–Maintenantceseraitbien,oui,jedisensortantmontéléphone.Jet’écoute.Ellemedonnesonnumérosivitequejedois lafairerépéter.Jel’enregistreet jerange

montéléphone.–On peut peut-être se revoir un de ces quatre ?On pourrait regarder le prochainDie

Hardou…–Ouais,pourquoipas.Elleestsérieuse?C’estça,saréponse?Qu’est-ceque jedois fairepourquecettenana

medise«ouij’adorerais!»?–Super.Cool.Alors…jet’appellerai.Elle ne dit rien et le silence qui s’ensuitmemetmal à l’aise. C’est alors que je fais la

choselaplusdébilequej’aiejamaisfaite–etcroyez-moi,j’aifaitbeaucoupdeconneries.Jel’embrassesurlefront.Pasleslèvres,paslajoue–sonputaindefront.Bienjouémec,trèsviriletpropiceàlasituation.Elleme regarded’unair amusé,mais jene lui laissepas l’occasionde commentermon

gesteidiot.–Jet’appelle,jemarmonne.

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Pourladeuxièmefoisentroisjours,jeparsdechezGraceavecl’horribleimpressionquejeviensdemecomportercommeunenfoiré.

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Grace

Moncoursdepsychoduretroisheures,etjen’aipasentenduunseulmotdecequ’aditleprof.J’aipassécentquatre-vingtsminutesàrepenseràtoutcequeLoganm’afaitcematin.

Est-cequen’importequipeutdevenirunsaintouya-t-ildescritèresàremplir?Peut-onnominerlalanguedequelqu’un?Peut-êtreya-t-ilunprixdudond’orgasme?

Sioui,Loganlemérite.Jen’en reviens toujourspasqu’il se soitpointé chezmoienexigeantdeme faire jouir.

FautcroirequesonegoestaussisensiblequeledisaitcetarticledansCosmo,maisvoussavezquoi?J’ai trouvésongesteplutôtcharmant.Cela faitdubiendevoirquequelqu’und’aussiconfiantqueJohnLoganpeutdouterdesesprouessessexuelles.

C’estdrôle.Iln’yamêmepasunesemaine,jemeplaignaisdumanquedefoliedansmavie,etmaintenantregardez-moi,lejoueurdehockeyleplussexydelafacdébarquechezmoiaupetitmatinpourmefairejouir.

Mon esprit continue d’être accaparé par Logan quand je retrouve Ramona et les fillespourdéjeuner.Jelesrejoinsànotretablehabituelle,contrelemurdufondduréfectoirequiressembleàunegrotte.

Carver Hall est mon endroit préféré à Briar. Celui qui l’a construit n’a pas dû prêterattentionaurestedel’architectureducampus,carCarverestbâtidansunstylerustique,unpeucommeunchaletdemontagne.Lesplafondssonthauts, lesmurscouvertsde lambrisetlesplafonniersdiffusentune lumière jauneet chaleureuseplutôtque la lumièreblanchedesnéonsdesautresréfectoires.Etcommec’estàseulementdeuxminutesdemonfoyer,jepeuxenprofiterquotidiennement.

Jeposemonplateausurlatableetj’ouvremacannettederootbeer 1enm’asseyant.–Salut!Dequoiparlons-nous?Ramona,Jess,etMayase taisent immédiatement,mais leursvisagesmedisentdequoi

ellesétaiententraindeparler.Demoi.

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–Qu’est-cequisepasse?Ramonameregardetimidement.–Ok…nem’enveuxpasmais…jeleurairaconté,pourLogan.Etmince.Si je suis agacée, c’est surtout contremoi-même. Jene sais pas pourquoi je continue à

confier des secrets à Ramona. Lui demander de ne pas répéter quelque chose, c’est commejeteruneballeendemandantàunchiendenepascouriraprès.Parailleurs,cetteannée,elleestdevenuesuper-amieavecJessetMaya,quiaimentencorepluslesragotsqu’elle.

–Alors,c’estvrai?demandeJess.Vousvousêtesvraimentchopés?Jemesensmalàl’aisedeparlerdeLoganavecelles,maisjeconnaiscesfillesetellesne

laisserontpastombertantquejeneleuraurairiendit.–Ouaip,jedisenregardantJess.–Ouaip?C’esttoutcequetuvasdire?– Je vous ai prévenues, les filles, elle ne veut rien dire, dit Ramona en souriant. À

l’évidence,nousdevonsrappeleràGracelapremièrerègledel’amitié:neriengardersecretlorsqu’onsetapeleplusbeaumecducampus.

Jeprendsletempsdemâchermestagliatellesavantderépondre.–Jen’aimepaslesragots.–Tusais,vulemanquededétails,onpourraitpenserqueçan’ajamaiseulieu,s’exclame

Mayad’untonmoqueur.Comment ça, on pourrait penser ? Je fusille Ramona du regard. Cette peste raconte à

toutlemondequejesuisunementeuse?Mameilleureamies’empressedesedéfendre.– Eh, on en a déjà parlé, tu te rappelles ? Je te crois quand tu dis que vous vous êtes

chopés,Bébé.–Deuxfois,jerétorquesanslevouloir.Merde.Ramonaestlittéralementbouchebée.–Commentçadeuxfois?–Ilestrevenucematin,jedisenhaussantlesépaules.Jess etMaya retiennent leur souffle avant de lancer un cri aigu, puis elles tapent dans

leursmainsengloussantcommedesdindes.Ramona,cependant,estétrangementsilencieuse,maissonexpressionestindéchiffrable.

–Ilestrevenu?!s’exclameJess.–C’étaitquand?demandeRamona.Savoixestbientropcalmeetpoliepournepasmemettresurmesgardes.–Justeaprèsquetuespartieencours,cematin.Maisiln’estpasrestélongtemps.–Tuasprissonnumérocettefois,aumoins?

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–Non.Maisilalemien.–Alors,tun’astoujoursaucunmoyendelejoindre.Ce n’est pas une question ni même une remarque amusée. Il y a quelque chose de

tranchant dans sa voix et, lorsque je tourne la tête, je ne manque pas de voir le sourirenarquoisdeMaya.

Ellesnemecroientpas.Ramonapeutlenieretrétropédalerautantqu’elleveut,mameilleureamiepensequej’ai

inventétoutecettehistoire.Et,maintenant,ellefaitdouternosamieségalement.Enmêmetemps…nosamies?Lapetitevoixdansmatêten’apastort.Jen’aipastraîné

avecuneseulepersonne,cetteannée,queRamonanem’apasprésentée.Laseulefoisoùj’aiinvitédesfillesdemoncoursdelittératurecheznous,Ramonaarietparléavecellestoutelasoirée,enleurdisantqu’elles’étaitéclatée,puis,aprèsleurdépart,ellem’aannoncéqu’ellesétaientennuyeusesàmouriretquejenepouvaislesinviterquelorsqu’ellen’étaitpaslà.

Pourquoijelalaissedirigermavie,commeça?Jeletoléraisaulycéeparceque…jenesais paspourquoi,maisnousne sommesplus au lycée.Nous sommesà la fac, et jedevraispouvoirpassermontempsavecquijeveuxsansm’inquiéterdecequeRamonaenpensera.

–Non, je répondsen serrant lesdents. Jen’ai aucunmoyende le joindre.Maisne t’enfaispas,jesuissûrequemonpartenaireimaginairemecontacteratôtoutard.

Ellefroncelessourcils.–Grace…–J’aiunedissertationàfinir.Àplustard.Elle m’a coupé l’appétit, de toute façon. Je suis peut-être naïve, mais je pensais

réellementqueleschosesseraientdifférentesàlafac.Jepensaisquelesrumeursetlescoupsdepoignarddans ledosn’auraientplus lieud’être.Or, il faut croireque lespestes sontdespestesquelquesoit leniveaud’éducation.C’estcommeunevisiteàlaferme,sivousyallezen espérant ne pas voir des tas de fumier partout, vous allez être déçus. Voilà, une bonnequestionpourlebaccalauréat:L’écoleestauxpestescequelesfermessontà…

Labouse.Laréponseestlabouse.Ramonamerattrapeaumomentoùjesorsduréfectoireenclaquantlaporte.–Grace,attends!–Quoi?jem’exclameenmetournantbrusquementverselle.–Jet’ensupplie,nem’enveuxpas.Jen’aimepasquetusoisencolèrecontremoi.–Ohzut!Vite,dis-moicequejepeuxfairepourqueçaaillemieux,Ramona?–Pas lapeined’être sarcastique,dit-elle tandis que sa lèvre semet à trembler. Je suis

venuepourm’excuser.Ehmerde,siellelâcheseslarmesdecrocodile,jevaispéteruncâble.–Jerefused’enparler, jerétorquefroidement.Situcroisquejemens,tantpis.Moi, je

sais que je dis la vérité, et c’est tout ce qui compte, ok ? Mais sache que je trouve ça

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incroyablementinsultantquemameilleureamiepenseque…–Jesuisjalouse,crache-t-elle.–Quoi?Ellesembleàdeuxdoigtsdes’effondrer.–Jesuisjalouse,ok?Jenecomprendspascequisepasse.Entreizeansd’amitié,Ramonan’ajamaisditqu’elle

étaitjalousedemoi.–Çafaitdesmoisquej’essaiedechoperDean,seplaint-elle,etilnesaitmêmepasque

j’existe.Ettoi,tuchopessonmeilleuramisansmêmeessayer!Jemesuiscomportéecommeunegarceetj’ensuisdésolée.Jedoutaisdemoietjemesuisdéfouléesurtoi.C’étaitinjuste,mais jet’ensupplie,nem’enveuxpas.C’esttonanniversairemercredi.Jeveuxlefêteravectoi.Jeveuxquetoutaillebienentrenouset…

–C’estbonRamona,jesoupire.Net’enfaispas,toutvabien.–C’estvrai?Lacolèrequimerongeaitdisparaîtlorsquejevoissonvisagepleind’espoir.C’estelle,la

Ramonaque jeconnaisdepuistreizeans: la fillequim’aécoutéeparlerpendantdesheureslorsquej’avaislebéguinpourunmecaulycée,cellequim’apportaitmesdevoirsquandj’étaismalade,quim’aapprisàmemaquilleretquimenaçaitdecasserlagueuledupremierquimeregardait de travers. Elle est parfois égocentrique et superficielle, mais elle estincroyablementfidèleetgentillelorsqu’ellelaissetombersonrôledebadgirl.

Jeluienveuxtoujoursd’avoirlaissépenseràJessetMayaquejemens,maisjeneveuxpasfoutreenl’airtreizeansd’amitiépourunehistoireaussifutile.

–Toutvabien.Promis,Ramona.Unsourireétincelantilluminesonvisage.–Tantmieux,dit-elleenmeprenantdanssesbras.Allezviens,onrentre.Ettuvasme

racontertoutcequeJohnLogant’afaitcematin.Endétail!

1.Boissongazeusenord-américaineauxextraitsdeplantes.

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8

Logan

Mercredimatin,jesuisenroutepourMunsen,etmonniveaud’enthousiasmeestauplusbassurl’échelledelajoiedevivre.

Jesuisrarementobligéderentrerchezmoidurantl’annéescolaire,sauflesraresfoisoùlemécanoàmi-tempsnepeutpasremplacermonfrèreaugarageetquecelui-cidoitamenermonpère chez lemédecin.Heureusement, aujourd’hui, je n’en ai que pour deux heures. Jepensepouvoirtenirsanspéterunplomb.

Parailleurs,ceseraunavant-goûtdemonété.J’aitendanceàoublieràquelpointjehaistravailler au garage.À la fin de la première journée, j’ai envie demenoyer dans l’huile demoteur,désespérédeprendreconsciencequemestroisprochainsmoisvontressembleràça.Peut-êtrequ’enybossantquelquesheuresaujourd’hui,jepaniqueraimoinsplustard.

LecamiondeJeffn’estpaslàlorsquejemegaredevantlebâtimentàl’enseigneLogan&sesFils.Legaragesenommaitdéjàainsiavantquemesparentsaientdesenfants.C’estmongrand-père qui l’a créé et il devait espérer avoir une flopée de descendantsmasculins, or iln’enaeuqu’un.Techniquement,legaragedevraits’appelerLogan&sonFils.

Le garage est constitué d’un seul bâtiment qui ne peut contenir que deux ponts.Cependant, lemanqued’espacen’apasd’impactsur lesaffairespuisquecelles-cinesontpasvraiment au beau fixe. L&S génère suffisamment d’argent pour rembourser les frais qu’ilentraîne, payer les factures de papa ainsi que le prêt du bungalow qui est à l’arrière dugarage.Petit,jedétestaisquenotremaisonsoitaussiprèsdugarage.Nousétionsréveilléslanuit par des clients qui étaient tombés en panne dans le coin ou par les compagnies dedépannagequiappelaientpourdirequ’ilsamenaientunvéhicule.

Toutefois, depuis l’accident demon père, la proximité de samaison et de son lieu detravailestunavantage,carilpeutallerdel’unàl’autreenmoinsd’uneminute,nonpasqu’il

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passebeaucoupdetempsaugarage.C’estJeffquis’occupedetout,laissantàpapaleloisirdepicolersurlecanapédusalon.

Laportemétalliqueestferméeàcléetj’ytrouve,scotché,unboutdepapier.

TUESENRETARD.

Quatremotsenmajuscules.Merde.Ilestencolère.J’utilisemon jeudecléspourdéverrouiller laporte latérale,puis j’appuiesur lebouton

pour lever le rideaumétallique. Il faitencore froiddehors,mais jepréfère le laisserouvert,quel que soit le temps. C’est ma seule exigence lorsque je travaille ici, car au bout d’unmoment, l’odeur de l’huile, du carburant et des pots d’échappement me donne envie decrever.

Jeffm’alaisséunelistedetâches,maisellen’estpastrèslongue.Jedoisfairelavidangede la vieille Buick qui est garée dehors et changer une des ampoules de phare. Fastoche.J’enfileunecombinaisonbleue,j’allumelaradiopourtrouverlapremièrestationdemétaletjememetsauboulot.

Jeneprendsunepausepourfumerdehorsqu’auboutd’uneheure.Jeviensd’écrasermacigarette par terre lorsque j’entends le bruit d’une voiture.Mapoitrine se contracte lorsquej’aperçoislepare-chocsduvandemonfrère.

Commeun lâche, jemeprécipiteà laBuicket je faisminedevérifier l’étatdumoteur,tropconcentrésurmontravailpourentendrelesportièresquiclaquentetlavoixdemonpèrequiaboieunordreàmonfrère.J’entendslebruitdeleurspas;l’un,lentetdifficile,partverslamaison,l’autre,lourdetrapide,m’informequeJeffdébouledanslegarage.

–Tunepeuxmêmepassortirluidirebonjour?crachemonfrère.Jemeredresseetfermelecapot.–Désolé,jefinissaisuntruc.Jem’arrêterailevoiravantdepartir.–Tuas intérêt,parcequ’ilvientdemeprendre la têteàcausedeça,etcen’estmême

pasdemafaute!Jefffroncelessourcils.Ilal’airdevouloirmefairelaleçon,alorsjechangevitedesujet.–Qu’est-cequ’aditlemédecin?–Ques’iln’arrêtepasdeboire,ilvamourir,répond-ilfroidement.–Tuparles,s’ilvaarrêter!– Bien sûr qu’il n’arrêtera pas, puisqu’il boit pourmourir, dit Jeff en secouant la tête.

Avantl’accident,c’étaituneaddiction.Maintenant,c’estunobjectif.MonDieu, jen’ai jamais entendud’analyseplusdéprimante.Cependant, il n’apas tort,

l’accidentavraimentchangéladonne.C’estçaquil’afaitrechuter,effaçanttoutessesannéesde sobriété. Des bonnes années, bon sang, trois années pendant lesquelles j’avais récupérémonpère.

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Par miracle, à mes quatorze ans, la dernière cure de désintoxication de mon père amarché.Ilestrestésobrependantdouzemoisavantquemamèrenelequitte,laraisonpourlaquelleellenousaautorisésàresteraveclui.Durantledivorce,nousavonspuchoisiravecqui nous voulions vivre. Jeff ne voulait pas changer d’école ni quitter sa copine, alors il achoisi de rester avec papa. Quant à moi, je voulais rester avec mon grand frère, nonseulementparcequejel’idéalisaismaisparcequequandnousétionspetits,nousnousétionspromisdetoujoursnoussoutenir.

Papa est resté sobre encore deux ans après ça, mais l’Univers a décidé que la familleLogann’avaitpas ledroit aubonheur : àmes seizeans,monpèreaeuungrosaccidentdevoiturealorsqu’ilrentraitdeBostonoùilnousavaitdéposéscheznotremère.

Ses deux jambes ont été broyées et il a eu du bol de s’en sortir sans être paralysé. Ilsouffrait atrocement, mais les médecins hésitaient à lui prescrire des antidouleurs, étantdonné son tempérament d’addict. Ils ont préconisé une surveillance vingt-quatre heures survingt-quatreetseptjourssursept:Jeffadoncquittélafacetilestrevenus’occuperdelui.Lenouveaumaridemamèrenousaproposédefaireunprêtpourembaucheruneaide,maisàl’époque, nouspensions sincèrement réussir à nous enoccuper. Les jambesdepapa allaientguériret,aveclarééducation,ilallaitcertainementpouvoirremarchernormalement.

Hélas, l’Univers avait encore une carte à jouer pour pourrir la vie des Logan. Papasouffraittellementqu’ils’esttournéversl’alcoolpourmoinsressentirladouleur,etcommeiln’a pas fini sa rééducation, ses jambes ne se sont jamais remises. Aujourd’hui, il boitelourdement,ilsouffreconstamment,etsesdeuxfilssesontrésignésàl’idéequ’ilsvontdevoirs’occuperdeluijusqu’àsamort.

–Qu’est-cequ’onfait?jedemanded’unevoixlugubre.–Onfaitcommed’habitude:onsecomportecommedeshommesetons’occupedenotre

famille.Ouais.Ehbien,commed’habitude,cegenrederéflexionmeplongedansuneprofondeet

soudainedépression.Pourquoiest-ceànousdetoutsacrifierpourlui?Parcequec’esttonpèreetqu’ilestmalade.Parcequetamèrel’afaitpendantquatorzeansetquemaintenantc’estàtontour.Jesais.Mais…Ceseraittellementplussimples’ilmourait.Je chasse vite cette affreuse pensée, même si je sais qu’elle reviendra. Ce n’est pas la

première fois qu’elle me vient à l’esprit. Or je ne veux pas qu’il meure. C’est peut-être undéchet,univrogneetparfoisunconnard,maisilrestemonpère.C’estluiquimeconduisaitauxentraînementsdehockey,mêmedansleblizzard.C’estluiquim’aaidéàapprendremestables de multiplication et qui m’a montré comment lacer mes chaussures. Lorsqu’il étaitsobre,c’étaitvraimentunbonpère,etc’estçaquirendcettesituationpireencore,jenepeuxpasledétester.Jeneledétestepas.

–Écoute,j’airéfléchi…

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Jeme taisaussitôt, car jecrains la réactiondeJeff. Jemeracle lagorgeet je sorsuneautrecigaretteenallantverslaporte.

–Allonsparlerdehors.Quelques secondes plus tard, je tire une longue latte surma clope, en espérant que la

nicotinemedonnera lecouragequimemanque.Jeffm’étudieunmomentavantdesoupirerensignededéfaite.

–Donne-m’enune,va.Ill’allumeetjemeforceàcontinuer.–Ilyaunagent,àNewYork,quim’afaitplusieursappelsdupied.C’estungrandagent

sportif,etilpensequejen’auraiaucunmalàsigneravecuneéquipe.LestraitsdeJeffsetendent,maisjepoursuis.–Çapourrait entraînerungrosbonusà la signatureducontrat.Beaucoupde fric, Jeff.

Onpourraitembaucherquelqu’unpourgérer legarageetuneaideàdomicileàplein tempspour s’occuper de papa. On pourrait peut-être même finir de rembourser le crédit sur lamaison,silecontratestassezgros.

Monfrèreéclatederire,unrirejauneetsec.–Tut’attendsàuncontratavecqui,John,pouravoirautantd’argent?demande-t-ilen

secouant la tête. Écoute, on en a déjà parlé. Si tu voulais jouer chez les pros, tu aurais dûcommencerchez les juniors, ilya troisans,plutôtqued’allerà la fac.Mais tuasvoulutondiplôme.Tunepeuxpastoutavoir,John.

Ouais, j’ai choisi le diplôme, parce que je savais qu’en jouant pour les juniors, je nesortiraisplus jamaisdelaNHL,etç’auraitété injustepourmonfrère.Ilauraitdûmepassersurlecorpspourm’enleverlacrosse.Toutefois,maintenantqu’approchelemomentoùJeffetmoiallonséchangernosplaces,jesuismortdetrouille.

–Çapourraitêtrebeaucoupdefric,Jeff.Cependant, je saisquema tentativepour le convaincrenemarcherapas, Jeff secoue la

tête.–C’estmort,Johnny.Onaconcluundeal.Mêmesitusignaisuncontratavecunegrosse

équipe,tun’auraispascetargenttoutdesuite,etilnousfaudraitdutempspourquetoutsoitenordreici.Jen’aipasletemps,ok?Jemecassedèsquetuastondiplôme,frérot.

–Tuvasmefairecroirequetuvaspartirdujouraulendemain?– Kylie et moi allons en Europe en mai prochain, annonce-t-il calmement. On part le

lendemaindetacérémoniederemisedesdiplômes.Jen’enrevienspas.–Depuisquandvousavezdécidéça?–Onprévoitçadepuislongtemps.Jetel’aidéjàdit,onveutvoyagerpendantàpeuprès

deux ans avant de se marier. Et on veut passer du temps à Boston avant de chercher unemaisonàHastings.

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Jepaniquedeplusbelle.–Maisc’estencoreçaleplan,non?Tureviendrastravaillerici?C’est le deal que nous avons conclu quand j’ai fini le lycée. Jeff s’occupe de tout ici

pendantquejesuisàlafac,etensuitejeprendslerelaispendantquelquesannées,jusqu’àceque lui et sa fiancée s’installent dans le coin. Ensuite, je serai de nouveau libre. Bien sûr,j’auraivingt-cinqans,etmeschancesdejouerchezlesprosserontminces.

–C’est toujours leplan,oui.Kylieveutélevernosenfantsdansunepetiteville.Etmoi,j’aimebosseraugarage.

Ehbien,heureusementqu’aumoinsl’undenousdeuxaimeça.–Çanemegênepasdem’occuperdepapa,ajouteJeff.C’estjusteque…j’aibesoind’une

pause.Tucomprends?Magorgeesttropnouéepourparler,alorsjemecontentedehocherlatête.J’écrasema

clopeetjem’obligeàsouriretandisquejeretrouvemavoix.–Jedoisencorechangerl’ampouleduphare,vautmieuxquejem’yremette.Jeffentredanslebureauàl’instantoùjefinisaveclaBuick.Quinzeminutesplustard,je

raccrochemonbleudetravail, jecrieun«salut!»àmonfrèreetjemedépêchedemonterdans mon pick-up en espérant que mon frère ne se rendra pas compte que je n’ai pas ditbonjouràmonpère.

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9

Logan

Jen’aiqu’uneenvie,cesoir:m’étalersurlecanapéetregarderunmatchàlatélé,mêmesicen’estpasBostonquijoue.Leproblème,c’estqueDeanad’autresprojets.Lorsquejesorsdeladouche,ilm’attenddanslecouloir,l’airagacé.

–Bon sang,maisqu’est-ceque tu fais là-dedans?Tu te rases les jambes?Les fillesdetreizeansmettentmoinsdetempsquetoi!

–J’ysuisrestécinqminutes,mec.Jelebousculeenpartantdansmachambre,maisilmesuit.–Dépêche-toidet’habiller.Onvaaucinéetjeneveuxpasraterlesbandes-annonces.–Unrencard?Toietmoi?jedemandeenledévisageant.–Danstesrêves!rétorque-t-ilenmefaisantundoigtd’honneur.–Non,danstesrêves!apparemment.J’attrapeunboxeretjelefusilleduregard.–Çategêneraitdemelaisserm’habiller?–Tuessérieux?J’aivutonbordeldescentainesdefoisdanslevestiaire.Allez,dépêche-

toi,dit-ilencroisantlesbrasetentapantdupied.–Dégage,mec.JeregardelematchdesRedWings,cesoir.–Oh,vas-y!Tun’esmêmepasfandeDetroit!Cesoir,lesentréessontàmoitiéprixau

ciné. Ça fait une semaine que j’attends la sortie du film de Statham pour qu’on y ailleensemble.

Jeleregarde,bouchebée.–Mec,tuespleinauxas.Siquelqu’unpeutpayersonentréepleinpot,c’estbientoi.– J’essayais d’être sympa, abruti. J’attendais le jour discount pour que toi tu aies les

moyensdevenir.Ildégainesonsourirepréféré,celuiquirendlesnanasfolles.

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–Nemefaispastonsourirededrague.Çamefoutlesjetons.Ilrestefigé,ensouriant.–J’arrêtedesouriresit’acceptesd’êtremonrencardcesoir.–Tueslapersonnelapluspénibleque…Sonsourires’étendjusqu’auxoreillesetilmelanceunclind’œil.Dixminutesplustard,nouspassonslaportedecheznous.Le cinéma de Hastings n’a que trois salles. Il n’y a qu’une sortie par semaine, donc la

sélectionn’estpastrèslarge.HeureusementpourDean,lefilmqu’ilmeurtd’enviedevoirestàl’affiche.DeanestunénormefandeStatham–siquelqu’unmedisaitqu’ilpassedesheuresdevantsonmiroiràseparleravecunaccentbritanniqueetàtransporterdeschosesdanssachambre,jeneseraispassurpris.

Je ne suis toujours pas d’humeur à voir un film, mais finalement, sortir de la maisonn’étaitpeut-êtrepaslapireidéeaumonde,carlemercredi,Hannahdortàlamaisonaprèsleboulot.Avecunpeudechance,GarrettetelledormirontlorsqueDeanetmoirentrerons.Ehoui,jeconnaissonemploidutemps…parcequejesuispathétique.

Jesupposeque jedevraisêtreheureux,car j’aimoinspenséàellequed’habitude.C’estGracequiamonopolisémespenséescesdernierstemps,pasHannah.Quantànotrepetitoralde lundimatin… jeme suis branlé hier soir en repensant à ses cuisses fermes et douces etblancheset…

–SalutLogan!Jeclignedesyeux,sidérédemeretrouverdevantGrace.Jemedemandemêmesic’est

unehallucinationdemoncerveaupervers,maisnon,elleestbienlà.–Salut.Ellesouritenremettantunemèchederrièresonoreille.Elleestenleggingnoir,avecun

pull grismoulant et un coupe-vent bleu, on dirait une pubAbercrombie&Fitch. J’aime biensonstyleconfortableetsexy.

J’entendsquelqu’unseracler lagorgeet jeremarqueenfincellequi l’accompagne:unefillepulpeuseauxcheveuxébène,vêtued’unejupeencuirmarronetd’unpullrouge.Ellemedévisageavecdegrandsyeux.

–Mec,râleDeanenmemettantuncoupdecoude.Onfaitcommeonadit,tuprendslesbillets,moilepop-corn.

Jefourremonbilletdevingtdollarsdanssamain.–Changementdeprogramme.Jem’occupedupop-corn.IllèvelesyeuxaucielpuisilposeunregardadmiratifsurlesseinsdelacopinedeGrace

avantdetournerlestalonsenrouspétant.–Vousêtesvenusvoirquoi?jedemandeàGrace.–À tonavis?demande-t-elleensouriantetenmemontrant sesbilletspour le filmde

Statham.

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Biensûr,j’avaisoubliéqu’elleadorelesfilmsd’action.–Nousaussi,onpourraits’asseoirensemble,vousenpensezquoi?Sonamiepousseunpetitcriétrangequejeneparvienspasàdéchiffrer.–Pardon,jeteprésenteRamona.Ramona,voiciLogan,ditGrace.–Jesaisquic’est,ditsonamieenmeregardantdespiedsàlatête.Aargh. J’ai déjà vu ce regard, et plusd’une fois, dans les yeuxdebeaucoupde femmes

lorsqu’ellesm’imaginentàpoil,allongésurelles.Dommage que je n’ai aucune envie d’assouvir son fantasme. Je suis entièrement

concentrésurGraceettouteslesimagespornographiquesquidéfilentdansmatête,commelesouvenirdesesyeuxlapremièrefoisquemalangueaeffleurésonsexe,sessoufflesrauqueslorsquejel’aifaitjouir,ouencore…

–C’estl’anniversairedeGrace,annoncesonamie.Gracerougit,clairementmalàl’aise.–Ramona…–Mince,c’estvrai?Joyeuxanniversaire,mabelle,jedisensouriant.Gracegigote,gênée.–Merci,répondGrace.J’aidix-neufansaujourd’hui,quelleréussite!–Tun’aimespasfêtertonanniversaire?–Absolumentpas.Mamèrem’atraumatiséeàvie.Sonamiepouffederire.–Tutesouviensdelafoisoùtamèreestmontéesurlascène,pendantunconcert,eta

demandéaugroupedetechanter«joyeuxanniversaire»?– Tu me demandes si je me souviens du jour où j’ai cherché sur Google comment

m’émanciper de mes parents ? répond Grace d’une voix sarcastique. Je m’en souviensparfaitement,oui.

Ramonamelanceunregardcomplice.–Jevoulaisorganiserunepetitesoiréecheznous,maisGraceamenacédemecouperles

brassijelefaisais.Alors,onatrouvéuncompromisetonestvenuesauciné.NoussommesinterrompusparDeanquirevientaveclesplaces.–Putain,c’estpaspossible,ilfautvraimentquejefassetout?s’exclame-t-ilenconstatant

quej’ailesmainsvides.Puis,commes’ilvenaitdese rappelerquenoussommesenprésencededeux filles très

jolies,illeurlâcheunsourire.–Eh…tuvasmeprésenterouquoi?demande-t-il.–VoiciGraceet…Merde.J’aidéjàoubliéleprénomdesonamie.–Ramona,répond-elleendévorantDeanduregard.

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Ellepeutlematerautantqu’elleveut,jepeuxgarantirquelorsqu’ilapprendraqu’elleestenpremièreannée, ilne lui rendrapas lapareille.Cemecabeaucoucheravec toutcequibouge,ilaunerègletrèsstrictequantauxpremièresannées.D’ailleurs,jeneluienveuxpas,aprèscequ’ilavécuendébutd’année.Ilachopéunepremièreannéequi,aprèsunenuitdepassion exquise, a décidé qu’ils étaient fous amoureux. Elle se pointait chez nous à touteheure du jour ou de la nuit, parfois habillée, parfois à poil, souvent armée de fleurs et delettres d’amour et – ma préférée – une photo d’elle vêtue du maillot de hockey de Dean.Parfois,lorsquejem’endors,jel’entendsencorecrier«Deeeeeeeeeeean»sousmafenêtre.

Depuis,Deann’aplusposélesyeuxsurunepremièreannée.Nous nous arrêtons au stand des confiseries pour que Dean achète son pop-corn et,

quelques minutes plus tard, nous entrons dans la salle où les bandes-annonces ont déjàcommencé.Ilnerestequetrèspeudeplaces,jamaisnousnetrouveronsquatrefauteuilscôteàcôte.Cependant,j’aperçoisplusieursblocksdedeuxsièges.

–Çatedérangesionsesépare?jechuchoteàDean.Jeveuxm’asseoiravecGrace,c’estsonanniversaire.

–Çameva,dit-ilaprèsavoirreluquélesfessesdeRamona.GraceetRamonahochentlatêtelorsquejeleursuggèredenousséparer.Ramonaprend

immédiatementlebrasdeDeanetluichuchotequelquechoseàl’oreillequilefaitrire,etilsavancentdanslenoirpoursetrouverdessièges.

Graceetmoienfaisonsdemêmeetnoustrouvonsdeuxplacesverslemilieudelasalle,auborddel’alléelatérale.NoussommesàpeineassisqueGracechuchotedansmonoreille.

–Tues sûrqueçanegênepas tonpotede s’asseoiravecRamona?Elleva ledraguerpendanttoutlefilm,chuchote-t-elletandisquesonparfumdivinenvoûtemessens.

–Net’enfaispas.Deansaitsedébrouiller,jerépondsensouriant.Nous nous tournons vers l’écran et Grace est immédiatement captivée par une bande-

annoncemontrant plein d’explosions. Samine tout excitéeme donne envie de l’embrasser,sonamourpourlesfilmsd’actionestvraimentunénormebonus.

Mamainest sur la sienneavantque jenecomprenneceque je fais.Elle sursaute,puisellesedétendetmeregardeensouriantavantderedirigersonattentionsurl’écran.

Je n’ai toujours pas réussi à la déchiffrer. Grace est adorable,mais elle ne semble pasnaïve.Elledégageunairinnocent,maiselleestaussitrèssûred’elle.Ellenemeposepasdescentainesdequestionsetelleneflirtepassansarrêt.Ellen’amêmepasmentionnélefaitqueje joueauhockey, alors qued’habitude, c’est lapremière chosedontparlent les filles.C’estfouquandmême:jenesaisriend’elle,maisj’avaismatêteentresesjambesilyadeuxjoursàpeine.

Ehmerde,maintenantjepenseàsachatte,etj’aiuneénormetrique.Super.Je remuedansmonsiègeenrésistantà l’enviedemettremamaindansmon jeanpour

meremettreenplace.Maispeut-êtrequejepourraismettremamaindanssonpantalonetlui

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offriruncadeaud’anniversaire?Cependant, jenefaisni l’unni l’autre.Lescraquementsdupop-cornet lesbruissements

des sachets de bonbons résonnent autour de nous, me rappelant que nous ne sommes passeuls. J’essaie de me concentrer sur le générique de début du film, mais au bout de dixminutes,monérectionnesemblepasvouloirdisparaître.

Combien de temps peut-on bander avant que ça devienne inquiétant ? Trois heures ?Quatre?Cefilmn’estpasaussilong,si?Putain,j’espèrequenon.

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10

Grace

Pourlapremièrefoisdemavie,jen’enveuxpasàRamonadem’avoirobligéeàsortirlesoirdemonanniversaire.Jevoulaiséviterlachoseenrestantàlamaison,maiselleadégainéla carte Jason Statham, nous nous connaissons depuis suffisamment longtemps pour qu’elleconnaissetoutesmesfaiblessesetqu’ellen’hésitepasàs’enservir.

Cependant,jeluidoisbeaucoup,carsansellejeneseraispasassiseàcôtédeLogan.Enmêmetemps,jenesaispasquoipenserdelui.Ilnem’apasfaittrèsbonneimpression

lorsqu’ilestpartiencourantdechezmoi lepremiersoir.Enrevanche,sadeuxièmevisiteaétéunfrancsuccèsorgasmique.

Au milieu du film, il m’embrasse, ni sur la joue ni sur le front, cette fois-ci. C’est unbaiserlangoureuxquimefaitfourmillerdelatêteauxpiedsetquifaitbattremoncœurplusfortquelesexplosionsàl’écran.Jemeperdsdanslessensationsdesabouche,descaressesdesalangueetdelachaleurdesamainsurmoncou.

Cependant, lorsque les mecs à côté de moi pouffent de rire, je me rappelle où noussommes. Je romps le baiser, gênée, et le regard brûlant de Logan se pose sur ma bouchegonflée.

–Suruneéchelledeunàdix,àquelpointtuseraistristederaterquelquesminutesdufilm?

J’yréfléchisuninstant.–Deux?–Ouf,merci.Heureusement,noussommesàcôtédel’allée,doncnousn’infligeonspasàtoutlemonde

les«désolés»etles«pardon»quisontsiagaçants.Maindanslamain,nousnousdirigeonsverslasortie.JevoisDeanetRamonaversl’avantdelasalle,maisaucund’euxneremarquequenouspartons.

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–Onvaoù?jechuchote.Ilme répond par un sourire coquin. Ilme guide dans le couloir sombre quimène aux

portesdelasalle,maisnousnelesfranchissonspas,carilouvreuneportesurlagauchequejen’avaisjamaisremarquéeauparavant.

Nous sommes dans un placard à balais. Il fait nuit noire et il y a une forte odeur dedétergents,maisLogansecollebrusquementcontremoietjenesensplusquelui.Jeretiensmon souffle lorsque sa bouche couvre lamienne, parce que je n’ai pas vu son baiser venir.D’ailleurs je ne vois rien, mais je sens tout. Les muscles de son torse sous son t-shirt àmancheslongues,salanguequisefraieunpassageentremeslèvres…

Jepassemesmainsdanssoncoupour l’attireràmoi,et ilmeplaquecontre lemurenmettant sa cuisse musclée entre mes jambes. Je ne m’y attends pas et cela déclenche unedécharge électrique qui tournoie dans mon bas-ventre. Il m’embrasse avec une fouguenouvelle,commes’ilétaitaffamé,puis ilempoignemes fessesetme tirecontre lui, frottantnoscorpsl’unàl’autre.

–J’aimeraistellementteprendreici,maintenant,grogne-t-ilenmordantmoncou.Ilapaiseladouleurenléchantl’endroitqu’ontmarquésesdents,etjesuisémerveilléede

découvriràquelpointmoncouestsensible.Jesuisbouillante,tousmesnerfssontàvifetmapeaufrissonnechaquefoisqu’ilypasseseslèvres.

Mon clitoris est enflé, presque douloureux. Je me frotte contre sa cuisse, sans honte,désespérée de soulager la tension entre mes jambes. Je n’ai jamais fait cela dans un lieupublic. Jenepensaispasêtreaussi excitéeà l’idéequequelqu’unpourraitnous surprendre.Monbassinaccélère,cherchantplusdefriction.

–Ohputain,continue,Bébé,marmonne-t-il.Frottetachattesurmoi.DouxJésus.C’est aussi la première fois qu’unmecme parle de cette façon. C’est… différent,mais

j’aime.Ildéposedepetitsbaisersmouillésdansmoncouenremontantversmeslèvres,puissa

langueplongedansmabouche et imite lemouvementde seshanches. Si quelqu’unm’avaitdit,ilyaunesemaine,queJohnLoganetmoiserionsentraindenouschauffertouthabillésdansleplacardd’unesalledeciné,j’auraistellementriquejemeseraisfaitpipidessus.

Cependant…nousvoilà.C’est incroyable.Monclitorispulse chaque foisque la couturedesabraguetteappuiedessus.Soitj’interprètemallessignesdemoncorps,soitjevaisjouir,habillée,sansautrecontactquelefrottementdesacuissesur…ohmince.Ouais,jesuissurlepointdejouir.Uncridésespérém’échappe,maisilestétoufféparunautrebaiserbrûlant.Lesallers-retoursdesonbassinaccélèrent,puisuneexquisevaguedeplaisirdéferleenmoi,melaissanttremblantedelatêteauxpieds.

Sa tête tombe surmon épaule et il pousse un grognement rauque, haletant contremapeau,tandisquetoutsoncorpsfrémit.

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–Waouh,c’étaitdingue,susurre-t-ilàmonoreillequelquessecondesplustard.Il me prend dans ses bras et me serre contre lui le temps que nous reprenions nos

souffles. Au bout d’uneminute, ilme lâche et recule un peu.Mes yeux se sont habitués aumanque de lumière et je le vois prendre une serviette en papier sur une étagère. Samaindisparaîtdanssonpantalonavantd’enressortirpourjeterlaservietteàlapoubelle.

–Joyeuxanniversaire,chuchote-t-ildansmonoreille.Sanssavoirpourquoi, j’éclatederire,sansdouteparcequecequivientdesepasserest

absurde.–Merci,jerépondsentredeuxsursauts.Ilritégalement,etseslèvreseffleurentlesmiennesuninstant.Puisilprendmamainet

meguideverslaporte.Ils’arrêtedevantetreculeenfaisantunepetiterévérence.–Aprèstoi,mabelle.Waouh, mon cœur vient de se liquéfier. Au moins, je sais ce que je pense de lui, à

présent.Etjecroisbienquej’ailebéguinpourlui.Ungrosbéguin.

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Logan

Le lendemain soir, jeme bats contre Tucker dans une partie intense d’Ice Pro lorsqueDean entredans le salon, torsenu, comme toujours. Il passe samaindans sa touffe blondeavantdes’installerdanslecanapéàcôtédenous.

–Écoute,fautquejeteparledetapremièreannée.–Quellepremièreannée?demandeTuckersansquitterl’écrandesyeux.–TuveuxdireGrace?jeréponds,lesyeuxrivéssurlejeu.MonéquipeestentraindemettreunebranléeàTuckparcequecedébilerefusedejouer

avec une autre équipe que Dallas, qui se fait éliminer du championnat depuis la nuit destemps.Quantàmoi,jenejouequ’avecBoston,carc’estl’équipequej’aitoujoursencouragéeetcellepourlaquellej’aitoujoursrêvédejouer.

–Oui,jeparledeGrace,àmoinsqu’ilyaituneautrepremièreannéequet’asamenéeaucinépourluiroulerdespellesnon-stop?ricaneDean.

Jemets le jeu sur « pause » et je bois une gorgée de Coca. Oui, de Coca, car j’essaievraimentdemecalmer sur les fêtes,etaussiparcequemonpremierexamenestdemainetquejeneveuxpasm’ypointeraveclagueuledebois.

–Jenel’aipasemmenéeauciné,ons’yestcroisés,tutesouviens?–Ohqueoui, jem’ensouviens.Jemesouvienssurtoutde toutes lesgalochesquevous

vousêtesroulées.Sansriremec,chaquefoisquejemeretournais,vousvoussuciezlagueulecommedesacteursporno.

Heureusement,jeneluiaipasditcequenousavonsfaitdansleplacardàbalais…–Attends,tusorsavecunepremièreannée?demandeTuck.Si son expression est indéchiffrable, je ne crois pasme tromper en disant qu’il y a un

certainsoulagementdanssavoix.–Non,onnesortpasensemble.–Tantmieux,rétorqueDean.Cesgaminesentraînentbeaucouptropdecomplications.

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– Des complications ? ricane Tucker. C’est comme ça qu’on désigne l’incident avecBethany,maintenant?Cen’étaitpasdescomplications,mec.C’étaitduharcèlement.

–C’étaituncauchemar,marmonneDean.Etmercidem’yrefairepenser,jesuissûrquejevaisrêverd’ellecettenuit.

Jelèvelesyeuxauciel.–Net’enfaispas,Gracen’estpascommeça.Avecelle,iln’yaurapasdecomplications.D’ailleurs,c’estunedesraisonspourlesquellesellem’attireautant.C’estlafillelamoins

compliquée que je connaisse. En plus, quand je suis avec elle, je ne pense pas du tout àHannah,cequiest…

Alors,tutesersd’ellepouroublierHannah?L’accusationmevientàl’espritàlavitessed’unpaletfilantdanslesbuts.Non,biensûrquejenemeserspasd’elle.Maispeut-êtrequesi?Non.C’estidiot,j’appréciesincèrementGraceetj’adorepasserdutempsavecelle.Celadit…c’estvraiquec’estaussiunebonnedistraction.Merde.Jesuisvraimentunsaletype.Unevaguedeculpabilitém’assaillequand je comprendsàquelpoint ceque j’ai fait est

horrible.Merde,jenepeuxplusvoirGrace.Commentcontinuer,alorsqu’unepartdemoilaperçoit commeunedistraction ?Alors que je continued’avoir l’estomacnouéquand je voisGarrettetWellsyensemble?Quandjesuisencoreaccabléd’angoisseetdedégoûtpourmoi-même?

J’aienvoyémonnuméroàGrace, toutà l’heure,et j’avais l’intentionde luiproposerdetraînerensembledemainsoir.Orc’est impossible,àprésent. Je suispeut-êtreunenfoirédem’être servi d’elle sans le savoir, mais maintenant que j’en ai conscience, je refuse decontinuer.Ceseraitinjusteenverselle.

– Pas de complications ? parodie Dean. Désolé, mec, mais les complications ont déjàcommencé.C’estcequejesuisvenutedire.

–Dequoituparles?jedemandeenfronçantlessourcils.–TuconnaisPiper?Tuckerricane.–Tuviensvraimentdeluidemanders’ilconnaissaitPiper?Onlaconnaîttous.Je suisencoreplusperplexe,àprésent, car siPiperStevensest impliquéedanscedont

parleDean,celanepeutpasêtrebon.Piperestlareinedesgagasdelacrosse.Elleestaussisuper-canon,cequiexpliquequelamoitiédel’équipeaitcouchéavecelle,uneprouessedontelleestincroyablementfièreetqu’ellen’apaspeurdedivulguer.

Celadit, jen’yvoisaucunproblèmeetchaque foisque j’entendsquelqu’un la traiterdesalope, jemenacede lui casser lenez.Laplupartdesmecsque je connaisontbaisécomme

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deslapinspendanttoutesleursannéesdefacetcelanesemblegênerpersonne.JenevaispasjugerPiperpoursaviesexuelletrèsactive.

Ce n’est pas ça qui me dérange : ce qui m’inquiète, c’est que Piper est une garce quidiffused’horriblesrumeurs.

–JetraînaisavecNikocetaprès-midietilm’aditquePiperracontaitdesconneriessurtanana,expliqueDean.

–Quoi?– Ouais, apparemment la petite sœur de Piper est amie avec Grace, et Grace a dû lui

parlerdevousdeux.Saufquepourjenesaisquelleraison,sapetitesœurpensequeGraceatoutinventé.Bref.Toutcequejesais,c’estquePiperfaitcirculerlarumeurqu’unepathétiquepremièreannéementàproposde toi, cequiest faux,puisque j’étaisenpremière loge,hiersoir.

–Lecinéétaitblindéd’étudiants.Si toi, tunousasvus,alorsd’autresontdûnousvoiraussi.

–Crois-moi,mec,toutlemondet’avu.–Alors,pourquoilesgensgobentlesconneriesdePiper?Jen’essayaispasdutoutdeme

cacher.–J’ensaisrien.J’ai justepenséquetuvoudraisêtreaucourant.Nikom’aditqu’elleen

parlaitsurTwitteraussi.Elleacrééunhashtag,apparemment.Quoi?Jesaisismontéléphoneetj’ouvrel’appliTwitter.–C’estquoi,lehashtag?–Jesaispas,tudoispouvoirletrouverenallantsurlecomptedePiper.Jeme dépêche d’entrer le nom de Piper dans la barre de recherche, je clique sur son

profiletjeparcourslestweetssursapage.Chacunmemetplusencolèrequeleprécédentetjebondisdebout,fouderage.

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Grace

Voussavez,cesrêvesd’angoissedanslesquelsvousmarchezdansuncouloirdulycée,ouvousmontezsurunescènepourfaireundiscours,ettoutàcoupvousvousrendezcomptequevousêtescomplètementàpoil?

Ehbien,jeviscerêve.Certes,jesuishabillée,etRamonapeutmerépéterautantdefoisqu’elleveutquepersonnenemeregarde,j’imaginelesregardsetlessouriresencoindemescamaradesdefac.

Maya Stevens peut aller brûler en enfer. Cette garce a réussi l’impossible, j’ai peur deCarverHall,monendroitpréféréducampus.

En réalité, peut-être devrais-je être impressionnée qu’en seulement cent quarantecaractèreslasœurdeMayaaitracontél’histoired’unepauvrefillequiesttellementaccroàunjoueurdehockeyqu’elleinventeunegrandehistoired’amourpleinedesexeetdepassion.

PiperStevensmetraitedementeuse.– C’est tellement humiliant, jemarmonne en remuantmon riz avecma fourchette.On

peutpartir,s’ilteplaît?–Non.TudoismontrerauxgensquetutefichesdecequeditPiper,répondfermement

Ramona.C’estplusfacileàdirequ’àfaire.Matêtesaitquejenedevraispasprêterattentionàce

quiseditsurTwitter,maismonventren’apasreçulemessage.Chaquefoisquejerepenseauhashtag#GraceMentGrassement,mesentraillessetordentetj’aienviedevomir.

Quel est le problème de tous ces gens ? Je suis furieuse de voir qu’ils répandent unmensongeaussiblessantsansprendreenconsidération lesconséquences.Celadit,envérité,jecroisquejenesuismêmepasencolèrecontrecesaccrosauxrumeurs,j’enveuxàceluiquia inventé Internet et qui a donné aux connards de ce monde une plate-forme sur laquellecracherleurvenin.

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Mameilleureamieinterprètemonsilencecommeuneinvitationàjacasser.– Piper est une garce, ok ? Tu sais très bien qu’elle est super-possessive vis-à-vis des

joueurs de hockey. Elle agit comme s’ils lui appartenaient, et c’est n’importe quoi. Elle estprobablementmortede jalousieparceque tu t’es tapéundes joueursqui–aupassage– luimetrâteausurrâteaudepuislapremièreannée.

Doux Jésus. Maintenant c’est nous qui parlons dans le dos de Piper ? N’y a-t-il aucunadultematuredanscetteuniversité?

–Est-cequ’onpeutnepasparlerd’elle,s’ilteplaît?–Trèsbien,maissachequejesuisavectoi,chérie.Personneneracontedesconneriessur

mameilleureamiesansensubirlesconséquences.JedécidedenepasfaireremarqueràmameilleureamiequePipern’auraitjamaislancé

cetterumeursiellen’avaitpassous-entenduauprèsdeMayaquej’avaistoutinventé.– Si tu veux. On peut parler de mon désespoir, dit-elle d’une voix lugubre. Dean n’a

mêmepasdemandémonnuméroaprèsleciné,hiersoir…Ramonase tait lorsquenousentendonsdesbruitsdepasderrièrenous.Mesépaules se

contractent, puis elles se détendent lorsque je me rends compte que c’est Jess. Or, je mecrispedenouveauparcequec’estJess,génial.Qu’unenouvellesessiondetorturecommence!

– Salut, dit Jess en me regardant tristement. Je suis désolée pour ces histoires surTwitter.Mayan’auraitpasdûledireàsasœur.

Non,maisquellehypocrite!Heureusement,montéléphonevibreavantquej’aiepul’envoyerbouler.Lorsquejevois

que c’est un message de Logan, mon cœur fait un petit saut périlleux et je suis tentée demontersurlatablepourmontreràtoutlemondedansleréfectoireque,contrairementàcequeditPiperStevens,JohnLogansaitquej’existe.

Sonmessageesttrèscourt.Lui:T’esoù?Moi:Auself.Lui:Lequel?Moi:Carver.Pas de réponse. Très bien. Je n’ai pas compris l’intérêt de cette conversation, mais le

silence qui s’ensuit suffit à faire chuter ma confiance déjà plus basse que terre. Je meursd’enviedeluiparlerdepuishiersoir,maisilnem’aniappeléeniécrit.Etlorsqu’ilprendenfincontactavecmoi,c’estpourmedireça?Deuxquestionspuisrien?

Jesuiseffaréedemerendrecomptequejesuisauborddeslarmes.Jenesaismêmepasàquij’enveux.Logan?Piper?Ramona?Moi?Celadit,peuimporte.Jerefusedepleureraumilieu du réfectoire et de leur donner la satisfaction de me voir partir en courant cinqminutesaprèsmonarrivée.Depuisquejemesuisassise,lesfillesàlatabled’àcôtén’ontpas

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cessédeme regarderen riant. Jen’entendspas cequ’ellesdisent,mais lorsque je tourne latêteverselles,ellessetaisentetbaissentlesyeux.

Ignore-les.Bien que mon appétit ait disparu avec ma confiance en moi, je me force à finir mon

assiette en feignantd’écouter ce quedisentRamona et Jess, dont la conversationne tourneplusautourdemoi.

Quinzeminutes. C’est le temps que je tiens avant de ne plus en pouvoir. J’aimal auxyeuxàforcedeclignerpourrefoulermeslarmes.Jesuissurlepointdereculermachaiseetde dire à mes amies que je dois aller réviser lorsqu’elles se taisent brusquement. Jess estlittéralementbouchebéeetlatabled’àcôtéestétrangementsilencieuse.

Ramonasembleseretenirdesourireenregardantderrièremoi,endirectiondelaporte.Jefroncelessourcilsettournelatête.

Loganestlà.–Salut,dit-ilsimplement.Jesuistellementsurprisedelevoirquejeleregardebêtementsansrépondre.Lefaitque

jesoisassiseluidonnel’airencoreplusgrand.Sescheveuxsontébouriffésparleventetsesjoues sont rouges, commes’il avait couru.Nousnous regardonsdans lesyeux,puis il fait ladernièrechoseàlaquellejem’attendais.

Ilsepencheetilm’embrasse.Surlabouche,aveclalangue.Aumilieuduself.Lorsqu’il se redresse, je suis ravie de voir que Jess et Ramona, ainsi que les nanas d’à

côté,sontébahies.Quantàmoi,jesuissurunpetitnuage.–Tuesprête,mabelle?demande-t-ilendégainantsonsuperbesourire.Nousn’avonsrienprévu.Illesait,jelesais,maislesautresn’ontpasbesoindelesavoir,

alorsjejouelejeu.–Ouais,jevaisjusterapportermonassiette.– Laisse, je vais le faire, dit-il enprenantmonplateau.Ravi de t’avoir revue,Ramona,

ajoute-t-ilavantdem’embrasserbrièvementsurleslèvresetdepartirdéposermonassiette.Lesyeuxdetouteslesfillesduréfectoire,ycomprislesmiens,admirentlamanièredont

sonpantalonnoirmoulesonsublimederrière.Jeparvienscependantàmeressaisiret jemetourneversmesamies,quisontencoresouslechoc.

–Désolée,lesfilles,maisjedoisyaller.Loganrevientunesecondeplus tardet je sorsmonplusbeausourire tandisqu’ilprend

mamainpourm’escorterverslasortie.

Jesuisàpeinemontéedanslepick-updeLoganquelabarrièrequej’aiérigées’effondre.Les larmesruissellentet jemedépêchede lesessuyeravantqu’ilne le remarque,maisc’esttroptard.

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–Oh,nepleurepas,mabelle,dit-ilenouvrantlaboîteàgantspourensortirunpaquetdemouchoirs.

Mince,jen’arrivepasàcroirequejesoisentraindechialerdevantlui.–Merci,jedisenprenantlesmouchoirs.–Pasdesouci.–Non…Paspour lesmouchoirs.Mercid’êtrevenuàmarescousse.Cette journéeaété

horrible.–Alors,tuasvulefilTwitter,soupire-t-il.– Il fautquetusachesque jen’aipasparlédenousàtout lemonde.Laseulepersonne

quilesait,c’estRamona.– Bien sûr, elle était au ciné, dit-il en souriant. Ne t’en fais pas, j’ai jamais pensé que

t’étaisdugenreBP.–Commelepétrole?jedemandeenledévisageant,confuse.–Non,BaiseretParler.–BaiseretParler?jerépèteenriantmalgrémeslarmes.Jenesavaispasquec’étaitun

genre.–Crois-moi, c’enestun.Et lesgagasde lacrosse sont lesprosduBP.Et lananaquia

lancélehashtagestuneénormegagadelacrosse.Ellem’enveutencoredeluiavoirmisunrâteau,l’andernier.

–Pourquoituasfaitça,aufait?J’airencontrélasœurdeMaya,ellemagnifique.–Parcequ’elleesttropinsistante.Etqu’elleestagaçante,pourtoutdire.Ildémarreetmeregardedanslesyeux.–Tuveuxquejeteramènecheztoi?Jepensaist’emmenerquelquepart,avant,siçate

dit.–Oùça?–C’estunesurprise,répond-il.–Unebonnesurprise?–Parcequ’ilyadesmauvaisessurprises?–Biensûr!Jepeuxteciterdescentainesdemauvaisessurprises.–Dis-m’enune.– D’accord. On t’organise un blind date1 et quand tu arrives au restaurant, c’est Ted

Bundyquit’attend.Loganmeregardeensouriant.–Bundyestunpeutaréponseàtout,non?–Fautcroire,ouais.–Trèsbien,j’aicompris.Ehbien,jeteprometsquec’estunebonnesurprise,ouentout

casqu’elleestneutre.–Ok.Alors,allons-ypourlasurprise.

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Ilsortduparkingetprendlaroutequis’éloigneducampus.Jeregardelesarbresdéfilerparlavitreetjesoupirelentement.

–Commentlesgenspeuvent-ilsêtreaussiméchants?– Parce qu’ils le sont, tout simplement. Honnêtement, ça ne vaut pas le coup que tu

t’énerves. Mon conseil, c’est de ne pas perdre de temps à penser aux actions stupides desabrutisdecemonde.

–C’estdifficileàfairequandquelqu’unracontedeshorreurssurtoi,jeréponds.Cependant, je sais qu’il a raison. Pourquoi dépenser de l’énergie sur des gens comme

PiperStevens?Danstroisans,jenemerappelleraimêmeplusqu’elleexiste.–Sérieusement,Grace,netetracassepas.NouspassonslepanneaubleucieldeBienvenueàHastings!etjeregardedenouveaupar

lavitre.–J’aigrandiàdeuxpasd’ici,jedisàLogan.–TuesdeHastings?demande-t-ild’unevoixétonnée.–Ouais,monpèreestprofàBriardepuisvingtans.J’aipassétoutemavieici.Plutôtqued’allerendirectionducentre-ville,Loganprendl’autoroute.Cependant,nous

n’y restonspas longtemps, carnous sortonsunpeuplus loin,àMunsen, lavillevoisinequemonpèredécritcommeun«trouàrats».

Elle est faite d’immeubles délabrés, de quelques boutiques démodées et de vieuxbungalows aux jardinsmal entretenus. La supérette devant laquelle nous passons est ornéed’unnéonclignotantdontlamoitiédeslettressontéteintes,etleseulbâtimentquen’estpasdilapidéestunepetiteégliseavecunpanneauannonçantque«Dieupunitlespécheurs».Lavache,leshabitantsdeMunsensaventaccueillirlesvisiteurs!

–C’esticiquemoij’aigrandi,grogneLogan.–Ahbon?Jenesavaispasquetuétaisducoin,toiaussi.–Ouaip, répond-ilenmeregardantd’unairabattuavantdeseconcentrer sur la route.

Pastrèscharmant,n’est-cepas?Ehbien,c’estencorepireàlalumièredujour.Lavoitureestlourdementsecouéeparlesnids-de-poule.Loganralentitetpointedudoigt

versmoncôté.–Legaragedemonpèreestjustederrièrecetterue.–C’estcool,alorstusaispleindechosessurlesvoitures?–Ouaip, répond-il en tapotant fièrement le tableau de bord. Tu entends comment elle

ronronne?J’airefaittoutlemoteurmoi-même,l’étédernier.Je suis sincèrement impressionnée – et un peu excitée aussi : j’aime un homme qui

travaille avec sesmains.Ouplutôt qui sait se servir de sesmains. La semaine dernière, unmecdemonpalierestvenumedemanderdel’aideràchangeruneampoule.Jenedispasqueje suis Inspecteur Gadget, ou quoi que ce soit, mais je sais changer une ampoule, quandmême!

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Nous traversons un quartier résidentiel lorsque je me mets à paniquer. Est-ce qu’ilm’emmène voir la maison où il a grandi ? Je ne suis pas sûre d’être prête à… Non, nousempruntons un chemin de terre qui s’éloigne de la ville, et cinq minutes plus tard nousarrivonsaumilieudeschamps.Auloin,ilyaunchâteaud’eausurlequelestécritlenomdelaville.

Logan se gare à cinquante mètres de la tour et mon cœur bat la chamade lorsque jecomprends que c’est là que nous allons. Mes mains tremblent, mais je le suis à l’échellemétalliquequimontesihautquejen’envoispaslesommet.

–Onvalà-haut?jem’exclame.Sioui…nonmerci.J’ailevertige.–Ahmerde,j’avaisoublié.Ilsemordlalèvreenréfléchissant,puisilmeregardesérieusement.–Tucroisquetupeuxaffrontertapeurpourmoi?Jeteprometsqueçaenvautlapeine.Jeregardel’échelleetjemesenspâlir.–Euh…–Allez, insiste-t-il.Tun’asqu’àmonterd’abord, jereste icipour t’attraperaucasoùtu

tomberais.Paroledescout.–Aucasoùjetomberais?Jen’yavaismêmepaspensé!MonDieu,etsijetombais?Ilritdoucement.– Tu ne tomberas pas. Mais si jamais, je te rattraperais, dit-il en gonflant ses biceps

comme un bodybuilder. Regarde-moi ces muscles. Tu crois vraiment que je ne peux pasattrapertesquarantepetitskilos?

–Cinquante-cinqkilos,merci.–Ha!Jesoulèveçadansmonsommeil.Jeregardedenouveaul’échelle.Certainsbarreauxsontcouvertsderouille,maislorsque

je pose ma main dessus, ils me semblent solides. J’inspire profondément pour me calmer.Déstresse. Ce n’est qu’un château d’eau, pas l’Empire State Building. Et je m’étais promisd’essayerdenouvelleschoses.

– Très bien, je marmonne. Mais si je tombe et que tu ne m’attrapes pas, et que parmiraclejesurvisetquej’aiencorel’usagedemesbras?Jet’étrangle.

–Marchéconclu,répond-ilenréprimantunsourire.J’inspiredenouveauetjecommencemonascension.Unpiedaprèsl’autre.Unpiedaprès

l’autre. Tu peux le faire. C’est juste une petite tour. Juste une…Mon estomac fait un sautpérilleuxlorsquejebaisselesyeuxenarrivantàlamoitiédel’échelle.

–Tuvasyarriver,Grace.Tut’ensorssuper-bien.Je continue.Unpiedaprès l’autre…unpiedaprès l’autre. Lorsque j’arrive sur laplate-

forme,jesuisprofondémentsoulagée.Waouh.Jesuisvivante.–Çava?crie-t-ild’enbas.–Ouais!

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Contrairement àmoi, Logan grimpe à l’échelle en quelques secondes. Il me rejoint enhaut puis il prendmamain etm’emmène vers le bord, là où la barrièremétallique s’ouvrepouroffrirunendroitoùs’asseoir.Ils’assiedet laissependreses jambesdanslevide,puisilmeregardeensouriant.

–Oh,nefaispastapoulemouilléemaintenant!Tuasfaitleplusdur!J’ignorelaréponsedemonventreetjem’assiedsàcôtédelui.Ilpassesonbrasautourde

mesépauleset jemerapprochede luienessayantdenepasregardervers lebas,nivers leciel,niouquecesoit.

–Çava?–Mm-hmm.Tantquejeregardemesmains,jenepensepasàmachutelibredesixcents

mètres.–Cettetournefaitpassixcentsmètres.–Peut-êtrepas,maiselleest suffisammenthautepourquematêteexplosecommeune

pastèquelorsqu’ellefrapperalesol.–Waouh,fautquetuaméliorestatechniquededrague.Jeledévisage.– Parce que je suis censée te draguer, en plus ? Attends, tu kiffes que les filles te

vomissentdessus?C’estquoitondélire?Iléclatederire.–Tunevaspasvomir,répond-il.Àmongrandsoulagement,ilmeserreplusfortcontrelui.Lachaleurdesoncorpsetson

parfumdivinm’aidentàoublieroùjesuis.–Tuvoisl’étang,là-bas?–Non.J’aifermélesyeux,doncjenevoisquel’intérieurdemespaupières.Ilmemetunpetitcoupdecoudedanslescôtes.–Çaaideraitsituouvraislesyeux.Allez,regarde.Jemeforceàouvrirlesyeuxetjesuissondoigt.–C’estunétang?Ondiraitunmarécage.– Ouais, c’est boueux au printemps, mais il y a de l’eau en été. En hiver, il gèle

entièrementettoutlemondevientpatinerdessus.Onjouaitauhockeydessus,avecmesamis.–C’étaitpasdangereux?–Non,laglaceestsolide.Pourautantquejesache,iln’yajamaiseud’accident.Ilsetaitunmomentetilsemblenostalgique.– J’adorais venir ici, poursuit-il. C’est bizarre, ça me paraissait beaucoup plus grand

quandj’étaispetit.J’avaisl’impressiondepatinersurunocéan.Cen’estquelorsquej’aigrandique j’ai réalisé qu’il étaitminuscule. Je peux le traverser enmoins de cinq secondes, jemesuischronométré.

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–Toutal’airplusgrandlorsqu’onestpetit.–Jesuppose,ouais, répond-ilen tournant la têteversmoi.Tuavaisunendroitcomme

ça,àHastings?Unendroitoùtut’échappais?–Ouais,biensûr.Tuvoisleparc,derrièrelemarché?Celuiaveclepetitkiosque?Ilhochelatête.–J’allaistoutletempslà-baspourlireoupourparlerauxgens.–Lesseulespersonnesquej’yaivuesétaientdesvieuxdelamaisonderetraite,àl’angle

delarue.–Ouais, laplupartavaientplusdesoixanteans, jedisenriant. Ilsavaientdeshistoires

génialesàproposdubonvieuxtemps.Jememords la lèvreenrepensantàcertainesdeshistoirespasvraimentgénialesqu’ils

m’ontracontées.– En fait, parfois les histoires étaient super-tristes. Ils parlaient beaucoup de leurs

famillesquinevenaientjamaislesvoir.–C’estsuper-déprimant!–Ouais,jemurmure.–J’enferaispartie,moi,soupire-t-il.–Quoi,deceuxàquileurfamillenerendpasvisite?Non,çam’étonnerait.–Non,c’estmoiquinerendraispasvisite,répond-il.Enfin,cen’estpastoutàfaitvrai.

J’iraisvoirmamère,c’estsûr.Maismonpère,çam’étonnerait.–Vousnevousentendezpas?– Pas vraiment. Il s’entend bien mieux avec un pack de bière ou une bouteille de

bourbon.Waouh.Jen’arrivepasàimaginernepasêtreprochedemesparents.Leurspersonnalités

ont beau être radicalement différentes, j’ai des liens étroits avec tous les deux. Logan estdevenu silencieux et je ne suis pas assez à l’aise pour le pousser à parler. S’il avait vouluentrerdanslesdétails,ill’auraitfait.

Jecombledonclevideenparlantdemoi.–Jesupposequec’étaitunpeudéprimant,parfois,deparleràcespersonnesâgées,mais

ça ne me dérangeait pas de les écouter. Je crois que c’est tout ce qu’elles voulaient,finalement, que quelqu’un les écoute. C’est ça qui m’a décidée à devenir psychologue. J’aicomprisquej’avaisuntalentpourdéchiffrerlesgensetlesécoutersanslesjuger.

–Alorstuesenlicencedepsycho?–Oui,mêmesij’aihésitéentreçaetmédecine,pourdevenirpsychiatre.Finalementj’ai

préféré la psycho parce que ça ouvre plus de portes. Je peux être psy, assistante sociale,conseillèred’orientation…Çameparaîtplusintéressantquedeprescriredesmédicaments.

J’appuiema tête sur sonépaule etnous regardonsau loin. Il a raison,Munsenest loind’être une ville charmante, alors je regarde l’étang et j’imagine le petit Logan, le regard

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émerveillé en imaginant qu’il patine sur l’océan. Que le monde est immense et plein depossibilités.

– Alors comme ça, tu es douée pour déchiffrer les gens ? demande-t-il d’un air pensif.Quelesttonverdictàproposdemoi?

–Jet’avouequejen’aipasencoretoutcompris,jerépondsensouriant.Sonriresuaveréchauffemajoue.–Ouais,moinonplus,jenemesuispasencorebiencompris.

1.Rendez-vousarrangé.

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12

Grace

–Laconfiance,annonceRamona.Jelaregardeenfilerunbasnoird’unairdubitatif.Jeviensdeluidemandercequi,àson

avis,est lefacteurleplusexcitantpourlesmecsentermesdesexe,etsasincéritém’aprisedecourtcarjem’attendaisàuneréponsecrue.

–Ahbon?–Ouais.Leshommeskiffentlesfemmesquiontconfianceenellesetdansleursexualité.

Ça ne fait pas demal de prendre les rênes, non plus. Ils aiment quand c’est toi qui fais lepremierpas.

–Mince,jesuisnullepourça,jemarmonne.Elle fouille quelques secondes dans son armoire et revient avec une paire d’escarpins

noirs.–Écoute.Ilteplaît,non?–Biensûr.–Ettuveuxcoucheraveclui?Cettefois-ci,jenerépondspasaussivite.Est-cequej’aienviedecoucheraveclui?Oui,

jecrois.Jenesuispascontre,etcen’estpascommesi j’étaisencoreviergeparcequejemepréserve pour l’homme que je vais épouser ou pour l’amour de ma vie. Je sais que pourcertaines filles, le sexe est une étape géante, mais personnellement, je ne pense pas queperdremavirginitéseralachoselaplusimportantedemavie.

Loganm’attire, et si nous couchons ensemble ce soir, alors génial. Sinon, ce n’est pasgravenonplus.Nousnoussommesbeaucouprapprochésauchâteaud’eauhiersoir,etjesuisplusintéresséeparunrencardaveclui,àprésent,quepardusexe.

Or,unepartiedejambesenl’air,oudumoinsquelquechoseimpliquantquenoussoyonsàpoil,estbienàl’ordredecettesoirée.

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Jeluiaiécritilyauneheureenluidisantdevenirchezmoi,etRamonaaacceptédemelaisserlachambrepourlasoirée.Elleapromisdesortirjusqu’àminuitendépitdufaitqu’ellea encore la gueule de bois. Il n’est que dix-neuf heures, donc Logan etmoi avons toute lasoiréedevantnous.Pourbaiser.Oupournepasbaiser. J’aidécidédeme laisserporterparl’instant.

–Grace?Mince,j’étaisàdesmilliersdekilomètres.–Ouais,jecroisquejeveuxcoucheraveclui.Sijelesenssurlemoment.–Alors,tudoistedémarquerdelafoule.–Commentça?–Tu te rends comptedunombredenanas avec qui il a couché ?Cemec aunharem,

Grace.C’estdeJohnLoganqu’onparle.Ilaforcémentdestechniquesdedingue.Tunepeuxpastecontenterd’êtreuneautremeufqu’ilfaitgrimperauxrideaux.Tudoisêtreconfianteetsexyetprendrelecontrôle.Montre-luiqu’ilarencontrésonégale.

Je me mords la lèvre. Confiante et sexy, ce n’est pas mon genre. Quant à prendre lecontrôle…j’aitoujourspréférémelaisserguiderparquelqu’und’autre.

–Ah,etmontre-luiquetupeuxêtrecoquine.Quetuespartantepourn’importequoi.Unrirenerveuxmechatouillelagorge.–Ok…Etcommentjesuiscenséefaireça?–Jenesaispas.Mets-luiundoigtdansleculquandtulesuces.–Quoi?–MonDieu,tuesvraimentvierge.C’estmarrant,parfois,d’yrajouterunpeudecul.– Jen’aiaucuneenviequ’on joueavecmoncul,merci.Et je suis sûrequ’ilneveutpas

quejejoueaveclesien.–Ha,tun’aspasidéeàquelpointunbonmassagedelaprostateexcitelesmecs.Jesuis

sérieuseGrace,tulerendraisdingue.–Ilesthorsdequestionquejemassesaprostate,jerépondsfermement.Nousnousdévisageonsunmoment,puisnouséclatonsderire.Celafaitdubienderire

avecelledenouveau.Jemefichequ’elleaitplantécetteidéedanslatêtedeMaya,Ramonaestmameilleure amie et je la connais depuis que j’ai six ans. Elle est parfois égoïste, c’estvrai,etelleestbeaucouptropaccroauxrumeurs,maiselleestgénéreuseetfidèle,etelleatoujoursétélàpourmoiquandj’avaisbesoind’elle.

–Trèsbien,alorsne faispas ça, accorde-t-elle.En revanche, faispreuved’assurance. Iladorera,crois-moi.

–Jevaisfairedemonmieux.–Tuvas techangeravantqu’ilarrive,non?demande-t-elleenmereluquantde la tête

auxpieds.Jeregardemonjeanslimetmondébardeurblanc.

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–Qu’est-cequ’ellea,matenue?Non,nerépondspas.Jesuisà l’aise,et jenevaispaschangermafaçondem’habillerpourunmec.

–Ok,mais fais tomber le soutif, dit-elle en jouantdes sourcils.Commeça, il verra testétonsdurciràtraverstont-shirt.

–Jevaisyréfléchir.Ramonam’embrassesurlajoueetpousseunpetitcrisurexcité.–Mon Dieu, je n’arrive pas à croire que tu vas faire l’amour pour la première fois ce

soir!–Sijelesenssurlemoment,jeluirappelle.–Chérie,onparledeJohnLogan,répond-elleensouriant.Tuvasforcémentlesentir.

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Logan

Tuveuxvenircesoir?Çafaittrente-huitminutesquejesuissortideladoucheetquejeregardelemessagede

Grace.Ah,trente-neufminutes.Il fautque je réponde. Jene lui aipasparlédepuis jeudi.Certes,nousne sommesque

samedietelledînaitavec sonpèrehier soir,donc techniquement, celane faitqu’un jouretdemique je l’évite.Celadit, ellene saitpasque je l’évite, sinonellenem’auraitpas invitéchezelle.

Demonpointdevue,j’aitroisoptions.Optionnuméro1:j’ignoresoninvitation.Siellem’écritdenouveau,jel’ignoreaussi,et

je continuede le faire jusqu’à ce qu’elle comprenne que je ne suis pas intéressé. Ce qui estfaux,carjesuisintéressé.J’aimebeaucoupêtreavecelle,etsijen’étaispasaussiperturbéparcettehistoireavecHannah,jecontinueraisàvoirGrace,c’estcertain.

Bonsang,jen’auraispasdûpermettreaurencarddejeudid’avoirlieu,mêmesicen’étaitpasprévu.C’estinjusteenversGracedelamenerenbateaudecettefaçon.

Cequiimpliquel’optionnuméro2: jeluiréponds, jedéclinesoninvitationet jeluidisquejenepeuxpaslarevoirparceque(insérerexcusebidon).

Exceptéque…ilm’estdéjàarrivéd’êtrerejetéparmessage,etçacraint.Ilnemerestedoncquel’optionnuméro3:allerluiparlerenpersonne.C’estlechoixle

plusmature.Orrienquel’idéedevoirdeladéceptiondanssonregardmefendlecœur.Soisunhomme,mec.Ehmerde.Aprèscettenuitauchâteaud’eau,Graceméritebienmieuxqu’unpauvreSMS.Jesoupireet jelaissetomberlaserviettequejeporteàlatailledepuis…quarante-cinq

minutes.J’attrapeunboxeretunjean,etj’enfilelepullnoirquemamèrem’aoffertàNoël.Ilest plusmoulant que ceuxque j’ai l’habitudedeporter,mais c’est la première chose que jetrouveetjesuistroppressépourmechanger.

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JeprendsmontéléphoneetjerépondsrapidementàGrace.Moi:Quand?Elle:Maintenant,situveuxMerde,ellenesedoutevraimentderien.Moi:J’arrive.

Dixminutesplustard,jecoupelemoteurdansleparkingderrièrelesrésidencesetjefileà Fairview House. Lorsque j’arrive à la porte, je panique et j’hésite. J’inspire et je comptejusqu’àdix.Ehmerde,cen’estpascommesijerompaisavecellepuisquenousnesommespasencouple.Jevaissimplementluidirequejesuistropperturbépourcontinueràlavoirencemoment.Celaneveutpasdirequec’estfinipourtoujours,c’estseulement…finimaintenant.

Finimaintenant?Génial,mec.Taproseval’épater.Je frappe à sa porte, prêt à lui faire mon discours d’adieu très impressionnant, mais

lorsquelaportes’ouvre,jen’aipasletempsd’ouvrirlabouche.Ouplutôt,jen’aipasletempsdeformulerlemoindremot,carmaboucheestbienouverte,seulementGracesejettedessusetyengouffresalangue.

Cebaiseresttotalementinattenduetplusexcitantquetoutcequej’aipuvivredetoutema vie. Elle passe ses bras autour demon cou etme fait reculer, fermant la porte enmeplaquantdessus.JesuisprisentreleboisduretlecorpsdouxetchauddeGrace.Seslèvrestitillentlesmiennesjusqu’àm’enrendredingue,puisellereculesonvisage,àboutdesouffle.

–J’aieuenviedefaireçatoutelajournée.Elleserapprochedenouveau.Ohnon–surtoutnelalaissepast’embrasserdenouveau.Ne

la…Malangueetlasiennes’entremêlentdansunduelbouillant.Zut.Jeposemesmainssurseshanchespourlarepousser,mais jenecontrôleplusmesdoigts.Ilsglissentplusbasetseplantentdanssesfessesfermes,tirantGracecontremoiaulieudel’éloigner.Elleempoignelebasdemonpulletlesoulève.Jenesaiscomment,jetrouvejustecequ’ilfautdevolontépourromprelebaiser.

–Qu’est-cequetufais?jedemanded’unevoixrauque.–Jetedéshabille.Ehmerde.Triplemerde.Laseuleraisonpourlaquellejelalaissefinird’enlevermonpull,c’estparcequelecolest

désormaiscoincéauniveaudemonmentonetdemanuqueetquej’aibesoindemabouchepour lui parler. Pour arrêter ce qui est en train de se passer. Cependant… lorsqu’elle jettemon pull et qu’elle caressemon torse, un court-circuit se produit dansma tête. Ses doigtseffleurentmonventreetundouxsoupirluiéchappe,mi-gémissement,mi-lamentation,etc’esttellement sexy que ma queue frétille dans mon jean. Puis elle commence à défaire maceinture,etmescouillessecontractent.

–Grace,je…

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Je pousse un grognement plutôt que de finirma phrase, parce que, waouh, elle ne secontentepasdebaissermonjean:elles’agenouilleenlefaisant.

Jesuiscertainquej’aiméritéuneplaceenenfer.Jesuisvenupourrompreavecelleet,aulieudeça,jesuisentraindemettremabitedanssabouchechaudeetmouillée.

Audiableceluiquiainventélespipes.C’esttellementbonquemoncerveaunepeutpasfonctionner correctement. Jen’aiplus consciencequede la sensationde sabouche surmonglandpuisdelatracebrûlantedesasalivetandisqu’ellepromènesalanguesurmaverge.

Instinctivement,mamainempoignesescheveux.Mesdoigtstremblentenrapprochantsanuque.Ellegémit,etlesvibrationsdesavoixmefontfrissonnerdeplaisir.DouxJésus.

Je ne sais pas combien de temps elle reste agenouillée devant moi, mais j’ai soudainl’envieirrépressibledelatoucher,elle,depromenermesdoigtssursoncorpsetdelarendreaussifollequ’ellemerendfou.Jegrognedouloureusementlorsquejemeretiredesaboucheetquejelarelève.Jel’embrasseencore,frénétiquement, luiarrachantsesvêtementsjusqu’àce qu’elle soit nue.MonDieu, elle est nue.Comment j’ai pu laisser les chosesdéraper à cepointenl’espacedecinqminutes?

Cependant, je ne peux pasm’arrêter. Je ne peux cesser de l’embrasser, de caresser sesseins,de laguider jusqu’au lit etdem’étendre surelle.Maqueueestpriseentrenos corps,pesant sur son ventre plat et frottant son clitoris.Notre baiser et si profond et intense quec’estcommesinousessayionsdenousavalerl’unl’autre.

Arrête,grondeunevoixdansmatête.Bordel,jenepeuxpas,j’aitropenvied’elle.Arrête.Toutdesuite.Oui, cette petite voix estma conscience, essayant dem’éviter une grave erreur. Alors,

pourquoijenepeuxpasl’écouter?Pourquoijenepeuxpas…Grace rompt le baiser et plonge son regard brûlant dans lemien. Soudain, je sens que

toutsoncourageadisparu.Lafemmeconfianteetsexyquim’asautédessusavantquejen’aiepassélaportes’esttransforméeenunepetitefilletoutetimide.

–Euh,écoute…je…c’estmapremièrefois.Ehmerde!Moncœursebriseenmillemorceauxenentendantsesparoles.Jenepeuxpasluifaire

ça. Je ne peux pas coucher avec elle en sachant que je ne la verrai plus. Lui prendre savirginitéseraitimpardonnable.

Unsilences’installeentrenoustandisque jecherche lesmotspour luirépondre,cequiesttrèsdifficileenétantàpoil,alorsquemaqueueesttellementdurequ’ellepourraitcouperundiamantendeux.

Ellelaisseéchapperunsoupirtremblotant.–C’estunproblème,pourtoi?MonDieu,cettesituationestaffreuse.

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–Oui.–Quoi?demandeGrace,étonnée.–Jeveuxdire,non.Iln’yapasdemalàêtrevierge.Mais…onnepeutpasfaireça.Jemelèvedu litentitubantcommeunfaonquivientdenaître.Mes jambestremblent

tandisquejebalayelapièceduregardàlarecherchedemonjean.Jesenssonregardsurmoi,je sens ses yeux me transpercer. Je ne veux pas la regarder car elle est toujours nue,cependant je ne peux pasm’en empêcher et, du coin de l’œil, je vois sur son visage à quelpointelleestblessée.

– Je suis désolé. Je ne peux pas faire ça. C’est ta première fois, et tumérites quelquechose,quelqu’un,debienmieuxquemoi.

Elleneditpasunmot,maismêmedans lapénombre, je lavois rougiret semordre lalèvrecommesielleessayaitdenepaspleurer.Sonsilencedécuplelaculpabilitéquimenouelagorge.

–Jesuisvraimentperturbéencemoment.Jepassedesuper-momentsavectoi,mais…jenepeuxrient’offrirdesérieux.

–Jenetedemandepasdem’épouser,Logan,dit-elled’unevoixgênée.– Je sais.Mais le sexe… le sexe…c’est sérieux, d’accord ? Surtout… surtout pour une

vierge,jebégaie.Crois-moiGrace,tuneveuxpasfaireçaavecmoi.J’essaiedefuirtoutcequinevapasdansmavieetd’oublierunefilleet…

–Unefille?s’exclame-t-elled’untonoutré.Tuaslebéguinpouruneautrefille?–Oui.Non,jerectifie.Jepensaisqueoui,etpeut-êtrequec’estencorelecas.Jenesais

pas,d’accord?Toutcequejesais,c’estqueçafaitdesmoisquecettefillemeplaît,etcen’estpasjusteenverstoisi…on…faitça.Alorsque…

Jenefinispasmaphrase,tropperturbéetmalàl’aisepourtrouvermesmots.– Tu te servais de moi pour oublier quelqu’un ? s’exclame- t-elle en se levant et en

enfilantsont-shirt.J’étaisunedistraction?–Non,jeteprometsquenon.Jet’appréciebeaucoup.Jen’aipasfaitexprèsdemeservir

detoi.Tuesunefillegéniale,maisje…–MonDieustop,tranche-t-elle.Tais-toiLogan,s’ilteplaît.Nemesorspasl’excuseduce-

n’est-pas-toi-c’est-moi, crache-t-elle en secouant la tête.Quelle horreur !C’était une énormeerreur.

–Grace…–Tumerendraisunservice?demande-t-elleenmefusillantduregard.J’aidumalàparleraveclenœuddansmagorge.–Toutcequetuvoudras.–Va-t’en.J’inspirecalmement,ignorantladouleurdansmapoitrine.

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– Je suis sérieuse. Va-t’en, répète-t-elle en plongeant son regard dans le mien. J’aivraiment,vraimentenviequetupartes.

Je devrais dire quelque chose. M’excuser de nouveau. La rassurer, la réconforter.Cependant, j’ai peur qu’ellememetteunegifle ouqu’elle s’effondre si jem’approched’elle.Maiselleestdéjàentraind’ouvrirlaporte,lesyeuxrivésparterre.

J’aivraiment toutgâché.Je titubevers laporteet jem’arrête sur le seuil, cherchant lecouragedelaregarderdanslesyeux.

–Jesuisdésolé.–Ouais,tuasraisondel’être.Ladernièrechosequej’entends,c’estlaportequiclaquedansmondos.

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13

Logan

J’aitoujoursrefusédemeréfugierdansl’alcoolencasdecrise.Quejesoistristeouquejesouffre,jel’éviteàtoutprix,carj’aipeurdedeveniraccro.

Or,encemomentmême,j’enaifoutrementbesoin.J’ignoredoncleplacardd’alcooldanslesalonetjefiledanslacuisinepourallerdansle

jardin.Lescigarettessontuneaddictiontoutaussidestructrice,maisc’est lamoinsmauvaisedes deux. Je vais remplirmes veines de nicotine, peut-être que çam’aidera à supporter laculpabilitéquimenoueleventre.

–Toutvabien?Je sursaute en entendant la voixd’Hannah. J’étais tellement à l’ouest que jene l’ai pas

vue devant l’évier. Bon sang, c’est vraiment la dernière personne que j’ai envie de voir. Etvoyez-vousça,elleporteencorelemaillotdehockeydeGarrett,àcroirequ’ellefaittoutpourmerendrefou.

–Ouais,toutvabien,jemarmonne.Changementdeprogramme,jen’aiplusbesoind’uneoverdosedenicotine.Jevaisplutôt

mecacherdansmachambre.–Logan,dit-elleenm’approchantprécautionneusement.Qu’est-cequisepasse?–Rien.–Arrêtetesconneries.Tun’aspasl’airbien,qu’est-cequ’ilya?Jetressaillelorsqu’elletouchemonbras.–Jen’aipasenvied’enparler,Wellsy.Vraimentpas.Sesyeuxvertsétudientmonvisagependantsilongtempsquejebaisselesyeux.Jefaisun

passurlecôté,maisellemebloquelepassageenpoussantungrognementdefrustration.–TusaisquoiLogan?Jen’enpeuxplus.Jeclignedesyeux,surpris.

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–Dequoituparles?Plutôtquedemerépondre,elleempoignemonbrassifortquec’estunmiraclequ’ellene

ledéboîtepas.Puisellemetraîneàlatabledelacuisineetm’obligeàm’yasseoir.Bonsang,elleestsuper-fortepourunefemmeaussipetite.

–Hannah…– Non. J’en ai marre de tourner autour du pot, dit-elle en prenant une chaise pour

s’asseoir à côté demoi. Garrett me dit que ça va passer, mais ça ne fait qu’empirer, et jedéteste ce malaise entre nous. Tu traînais avec nous avant, tu venais chez Malone, onregardaitdesfilms,etmaintenanttunefaisplusriendetoutçaettumemanques,bonsang.Alors,onvaréglerçaunebonnefoispourtoutes,d’accord?

Elleprenduneprofondeinspirationetellemeregardedroitdanslesyeux.–Est-cequetuaslebéguinpourmoi?Ehmerde!Pourquoi,maisbonsangpourquoi,jenesuispasmontédirectementdansmachambre?Jecontractelamâchoireenreculantmachaise.–Ehbien,c’étaitsuper-fundeparleravectoi,maisjepensequejevaismontermetailler

lesveines,maintenant.–Assieds-toi,grogne-t-elle.Le tondesavoixmerappelle tropceluideCoachJensen lorsqu’ilnouscriedessusaux

entraînements, et ma peur de l’autorité l’emporte. Je me laisse tomber sur la chaise ensoupirant.

– À quoi ça sert d’en parler, Wellsy ? On connaît tous les deux la réponse à cettequestion.

–Peut-être,maisjeveuxtel’entendredire.–Très bien, tu veux l’entendre ? jem’exclame, soudain agacé.Est-ce que j’ai le béguin

pourtoi?Oui,jecroisqueoui.Elle a l’air profondément choquée, comme si elle ne s’attendait pas à ce que je le lui

avoue.S’ensuitlepluslongsilencedel’histoiredusilence.Legenrequivousdonneenviedevouspasserunecordeautourducoupourvouspendre.Plusellerestesilencieuse,plusjemesenspathétique.

–Pourquoi?demande-t-elleenfin.–Pourquoiquoi?jerépondsenfronçantlessourcils.–Pourquoijeteplais?Siellepensait clarifier saquestion,ellea tort, car je suis toujoursaussiperplexe.C’est

quoicettequestion?Hannahsecouelatêtecommesielleessayaitégalementdecomprendre.–Mec,j’aivulesnanasqueturamènesàlamaisonouquetudraguesdanslesbars.Tu

aimes un certain type de fille : grande,maigre, blonde, et qui te fait des compliments à la

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pelle.Alorsquemoi,jepassemontempsàt’insulter.Jenepeuxm’empêcherdesourire.Sonsarcasmeatendanceàvireràl’insulte,c’estvrai.–Etpuistuesattiréparcellesquicherchentquelquechosedetemporaire.Quiveulent

s’amuser.Jenesuispascegenredefille,j’aimelesrelationssérieuses,dit-elleenprenantunmoment pour réfléchir. Je n’ai jamais eu l’impression que tu cherchais quelque chose desérieux.

–Pourquoi?Parcequejenesuisqu’uncoureur?jem’exclame,outréparsonaccusation.Tu n’as jamais pensé que c’était peut-être parce que je n’avais pas trouvé la bonne ? Non,forcément, ilt’est impossibled’imaginerquejepeuxavoirenviedequelqu’unàquifairedescâlinsdevantunfilm,quiveutportermonmaillotetm’encouragerauxmatchs,quiaenviedemefaireàmangercommetoietGarrett…

Elleritsèchementetjemetais.–Pourquoituris?jedemandetandisqu’elleredevientsérieuse.–Logan…duranttouttondiscours,tun’aspasdituneseulefoisquetuvoulaisfaireces

choses avecmoi. Tu as dit quelqu’un. Je viens de comprendre ! s’exclame-t-elle en souriantjusqu’auxoreilles.

Ehbien,c’esttantmieuxpourelle.Quantàmoi,jen’aipaslamoindreidéedecequ’elleraconte.

–Pendanttoutcetemps,jepensaisquec’étaitmoiqueturegardaisavecenvie,maisenfaitc’étaitnous!Toutesceschosesquetuviensd’énumérer,cesontdeschosesqueGarrettetmoifaisonsensemble.Mec,c’estpasmoiquetuveux,c’estmoietGarrett.

–Attends,sit’insinuesquejeveuxfaireunplanàtroisavectoietmonmeilleurami,jepeuxt’assurerquec’estfaux,jerépondsenpaniquant.

–Maisnon,abruti,jedisquetuveuxcequej’aiavecGarrett.Tuveuxcetteconnexionetcetteintimité,ettouslestrucsgluantsd’uncouple.

Jerefermebrusquementlabouche.Est-cequ’ellearaison?Sesmotspénètrentdansmoncerveautandisquejepasseenrevuetouslesfantasmesque

j’ai eus àproposd’Hannah cesderniersmois. Si je suishonnête, laplupartn’ont rieneudesexuel,laplupart,parcequejesuisquandmêmeunmecetqu’elleestcanon.Cependant,endehors de ces quelques fantasmes… déplacés… j’imagine surtout des scénarios mielleux,commeparexemple,jelavoisseblottircontreGarrett,surlecanapé,etjeregrettedenepasêtreàsaplace.

Toutefois…est-cequejerêved’êtreàsaplaceavecelleouàsaplaceengénéral?–Écoute, je t’aimebien, Logan, vraiment.Tuesdrôle etmignon, et tu esunpetit con

sarcastique,cequiestunequalitéquej’appréciechezunhomme.Cependant…tunefaispasbattremon cœur plus vite, je suppose que c’est lemeilleurmoyen de présenter les choses.Mêmepas, en fait.Quand je suis avecGarrett, toutmonunivers s’éveille. Je suis tellementdébordantedesentimentsquej’ail’impressionquemoncœurvaexploser.Jesaisqueçavate

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paraîtreexagéré,etunpeuobsessionnel,maisparfois,j’ail’impressiond’avoirplusbesoindeluiquedenourritureoud’oxygène.

Ellelèvelesyeuxversmoi.–Est-cequeturessensçapourmoi,Logan?Jedéglutis.– Est-ce que je suis la dernière personne à laquelle tu penses en te couchant et la

premièreenteréveillant?Jenerépondspas.–Est-cequec’estlecas?insiste-t-elle.–Non.Tunel’espas,jeréponds.Elleapeut-êtreraison.Pendanttoutcetemps,jemesuissenticoupabledeconvoiterla

copinedemonmeilleurpote,mais je croisque finalementc’était soncoupleque jevoulais.Quelqu’unavecquipasserdutemps,quim’exciteetquimefaitrire.Quelqu’unquimerend…heureux.

Quelqu’un comme Grace ? Un rire moqueur retentit dans ma tête. Merde. Ouais,quelqu’un comme Grace. Exactement comme elle, avec ses monologues sur Ted Bundy, saprésenceapaisante,sonironie…

J’airompuavecellepouréviterqueçadeviennesérieux,etils’avèrequec’estjustementcequejerecherchaispendanttoutcetemps?

–Putain…j’aimerdé,jedisenmefrottantlesyeux.–Maisnon,toutvabien,Logan,jetelepromets.–Non,jeneparlepasdenous.J’airompuavecunefillegénialecesoirparcequej’avais

latêteenvracàcausedecettehistoireavectoi.–Ah,mince!Tunepeuxpasl’appeleretluidirequetuaschangéd’avis?–Ellem’afoutudehors.Jamaisellenedécrocherasijel’appelle.NoussommesinterrompusparlavoixdeGarrettdanslecouloir.–Sans rire,Wellsy, il te faut combiende tempspourboireunverred’eau? Jedois te

montrercommentmarchelelavabo?Sioui,c’estvraimenttriste,dit-ilaumomentoùilpasselaporte.Ah,salutmec,jenesavaispasquetuétaisrentré.

Jemedépêchedemelever,maiscelan’ôtepaslasuspicionduregarddeGarrett,cequidéclencheunenouvellevaguedeculpabilitéenmoi.MonDieu,est-cequ’ilpensequequelquechose s’est passé entre sa copine etmoi ? Il pense vraimentque jedraguerais sameuf ? Lesimplefaitquejemeposecettequestionmeprouveàquelpointnousnoussommeséloignéscesderniersmois.

–Écoute,jedisenallantàlui.Jesuisdésolédem’êtrecomportécommeunconnardcesdernierstemps.J’avais…latêteailleurs.

–Latêteailleurs,répète-t-ild’untonsceptique.Jehochelatêteetilcontinuedemedévisager.

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–J’ailesidéesclaires,maintenant.Promis.Garrettregardederrièremoiet,mêmesijenevoispasHannah,jesaisqu’elleparvientà

lerassurer,carilmesouritetmetapedanslebras.– Eh ben il était temps, parce que j’envisageais sérieusement de faire de Tuck mon

meilleurpote.–Tuplaisantes?Grosseerreur,G.C’estunpiètrecoéquipier.Tuasvusabarbe?–Jesais,elleestaffreuse.Etnousvoilàdenouveauenbonstermes.C’estaussisimplequecela.Lesnanasdevraient

s’inspirerdesmecspourcequiestd’enterrerlahachedeguerre.Onsaitcequ’onfait.–Bref,j’aiuncoupdefilàpasser.Bonnenuit,lesmecs.JesorsdéjàlenumérodeGraceensortantdelacuisine.Ilesthorsdequestionquejelui

écrive, j’ai besoinqu’elle entendemavoix. Il faut qu’elle entendeàquelpoint jem’enveuxpourtoutcequis’estpassécesoir.Cependant,monappelsonnedanslevidejusqu’àcequejetombesursonrépondeur.

Ladeuxièmefois,jetombedirectementsursamessagerie,cequimeditqu’elleaappuyésurlebouton«Ignorer».Merde.

J’ouvreunnouveaumessageetjeluiécrispourluidemandersinouspouvonsparler,etjemontedansmachambrepourattendresaréponse.

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Logan

Il estminuit passé, et jen’ai toujourspasdenouvellesdeGrace. Je lui ai envoyé troismessages, et maintenant je suis allongé sur mon lit, les yeux rivés sur le plafond, luttantcontrel’envied’enenvoyerunquatrième.Troismessages…c’estdésespéré.

Quatre,ceseraitpathétique.Bonsang,j’aimeraistellementqu’ellerépondeouqu’ellem’appelle…Ellenet’appellerapas,mec.Fautquetut’yfasses.Ouais, je suppose que c’est vrai. J’ai réellement tout foutu en l’air. Je ne mérite pas

qu’elle me réponde, car je ne l’ai pas simplement menée en bateau, j’ai laissé les chosesdéraper jusqu’aumoment où elle était prête àm’offrir sa virginité, et non seulement je l’airejetéemaisjeluiaiditquej’avaislebéguinpouruneautrenana.Enfait,jesuissurprisdenepas ressentir des douleurs un peu partout surmon corps, aux endroits oùGrace plante desaiguillessurunepoupéevaudoue.

Mon téléphone vibre et je me jette sur la table de nuit à la vitesse d’un championolympique du cent mètres. Elle m’a répondu, Dieu merci. Alors, elle ne me déteste pas,finalement,ellenepensepasque…

Lemessagen’estpasdeGrace.Ilvientd’unnuméroquejeneconnaispas,et ilmefautdixbonnessecondespourcomprendrecequejelis.

Salut, c’est Ramona. Je viens d’apprendre pour Grace et toi. Tu veux que je vienne teréconforter?;-)

Unclind’œil?Elleaosémelancerunclind’œil.Jelâcheletéléphonecommes’ilétaitbrûlant,commesilemessageétaitcontagieuxetquejepouvaisdeveniraussihorriblequelapersonnequiaécritcemessage,rienqu’enletouchant.

Pourquelle foutue raison lameilleureamiedeGraceest-elle en traindemedraguer ?Qui fait ce genre de chose ? Je suis tellement énervé que je reprends mon portable et je

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transfèrelemessageàGracesansm’arrêterpourréfléchiràcequejefais.J’yajouteunsimplepréambule:J’aipenséqu’il fallaitquetuvoiesça.Puis,commejen’aiplusrienàperdre, jeluirenvoieunautremessage.Onpeutparler,s’ilteplaît?

Elle ne répond à aucun des deuxmessages. Nimaintenant ni à trois heures dumatin,lorsquejedécideenfindememettresouslacouetteetd’essayerdedormir.

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Grace

Ce n’est pas par choix que jeme réveille à cinq heures dumatinmais parce quemontraîtrede cerveaudécidequ’il est tempsque je souffredavantage. L’humiliationde la veilleme frappe dès que j’ouvre les yeux. Mes vêtements sont encore éparpillés par terre. NiRamona,quiestrentréeversminuit,nimoin’avonsprislapeinedelesramasser.

«Çanes’estpasfait.Ilkiffequelqu’und’autre.»C’esttoutcequejeluiaidithiersoir,etelleadûvoiràquelpointj’allaismalcarpour

une fois dans sa vie, elle nem’a pas poussée à lui donner des détails. Ellem’a simplementprise dans ses bras avant de se coucher. À présent, elle dort profondément, sa joue surl’oreiller,unbrasétalésurlematelas.Aumoinsl’uned’entrenousseraenformeaujourd’hui.

J’aibeausavoirquec’estunemauvaiseidée,jeregardemontéléphone.Eneffet,j’aideuxnouveauxmessagesnonlus,cequifaituntotaldecinq.

Logandoitvraimentavoirenviedemeparler.Fautcroirequelaculpabilitétransformecertainsmecsenpipelettes.Une personne intelligente effacerait ces messages sans les lire. D’ailleurs non, elle

effacerait son numéro. Cependant, je ne suis pas d’humeur intelligente. Je me sens bête.Horriblement bête de l’avoir invité hier soir, d’avoir eu des sentiments pour lui, de lire lesmessagesqu’iln’arrêtepasdem’envoy…quoi?

Jeclignedesyeuxunefois,deuxfois,trois,quatrefois,maiscelan’expliquepascequejelis.

Salut, c’est Ramona. Je viens d’apprendre pour Grace et toi. Tu veux que je vienne teréconforter?;-)

JetournebrusquementlatêteversRamona,quidorttoujours.Or,c’estbiensonnuméroquiestaffichéàcôtédel’heured’envoi.Minuitseize.Environvingtminutesaprèsqu’elleestrentréehier soir. Je la regarde fixement, attendant cette vaguede colèrequi va tordremesentraillesetfairebouillirlesangdansmesveines.

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Cependant, ilne sepasse riende toutcela. J’ai froid,et jemesensanesthésiée, je suistellementépuiséequej’ail’impressionquequelqu’unm’ajetédusabledanslesyeux.

Jetrembleenaffichantlemessagesuivant.Onpeutparler,s’ilteplaît?Non, on ne peut pas. D’ailleurs, je ne veux plus parler à personne. Ni à Logan ni à

Ramona.J’inspireprofondément,jemelèveetjemarchelentementverslaporte.Danslecouloir,

jem’adosseaumuretjemelaisseglisserausol.Jeramènemesgenouxsousmonmentonetj’yposemontéléphone.Je le fixependantplusieurssecondesavantde ledéverrouillerpouraccéderàmescontacts.

Il est trop tôtpourappelermonpère,maisàParis,mamère seraen traindepréparersonrepasdumidi.

Monapathienedisparaît pasquand je l’appelle.D’ailleurs, c’estmêmepire. Jene sensmêmeplusbattremoncœur.Peut-êtrequ’ilnebatplus.Peut-êtrequetousmesorganesontcessédefonctionner.

– Ma chérie ! crie la voix joyeuse de ma mère. Qu’est-ce que tu fais debout à cetteheure?

Jedéglutis.–CoucouMaman.Je…euh…j’aicourstôtcematin.–Tuascoursledimanche?–Ah.Non,jeveuxdirequej’aiungroupederévision.Merde,mais yeuxme brûlent, et ce n’est pas parce que je suis fatiguée, je suis à deux

doigtsdefondreenlarmes.–Écoute, jevoulaisteparlerdemavisite, jedisenprenantunegrosseinspirationpour

empêchermagorgedese refermersurelle-même.J’aichangéd’avispour lesdates.Jeveuxvenirplustôt.

– Ah bon ? s’exclame-t-elle.Oh, oui, super !Mais tu es sûre ? Tu as dit que tu auraispeut-êtredesprojetsavecdesamis.Jeneveuxpasquetuviennesplustôtjustepourmefaireplaisir,machérie

–Lesprojetsontétéannulés.Etj’aivraimentenviedevenirplustôt,promis.Jecligneplusieursfoisdesyeuxpourempêcherleslarmesdecouler.–Leplustôtseralemieux.

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Grace

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Mai

OnditqueleprintempsàParisestmagique,etc’estvrai.Lacapitaleestmamaisondepuisdeuxsemaines,etd’uncertaincôtéj’aimeraisqu’ellele

soitpourtoujours.MamanhabitedansleMarais,unquartiermagnifiqueavecdepetitesruessinueuses,devieuximmeubles,desboutiquesadorablesetdesboulangeriesàchaquecoinderue.C’estaussilequartiergaydeParis,etlesvoisinsdudessusetdudessousdemamèresontdescoupleshomosexuelsquinousontdéjàinvitéesàdînerdeuxfoisdepuismonarrivée.

L’appartement n’a qu’une chambre, mais le canapé-lit du salon est plutôt confortable.J’aime être réveillée par les rayons du soleil qui pénètrent par la baie vitrée du balcon quidonnesurunepetitecourintérieure.Lesémanationsdepeintureàl’huilequiembaumentlapiècemerappellentmonenfanceetl’époqueoùmamèrepassaitdesheuresdanssonatelier.Aufildesannées,elleapeintdemoinsenmoins,ellem’aditplusd’unefoisquec’étaitunedesraisonsquil’avaientpousséeàquittermonpère.

Elleavaitl’impressiondes’êtreperdue,d’avoiroubliéquielleétait,etqu’ellen’étaitpasdestinéepourêtrefemmeaufoyerdansunepetitevilleduMassachusetts.Unpeuaprèsmesseizeans,ellem’apriseàpartetm’ademandésijepréféraisavoirunemèreprèsdemoimaismalheureuse,ouunemèrequiétaitloinmaisheureuse.

Je luiai réponduque jevoulaisqu’elle soitheureuse,et cequiest certain, c’estqu’ellel’est à Paris. Elle rit tout le temps, elle sourit avec les yeux et les dizaines de tableaux decouleurs vivesqui remplissent le coindu salonqui lui sertd’atelier sont lapreuvequ’elle aretrouvésapassion.

–Bonjour!chantonnemamèreenentrantdanslesalon.–Bonjour,jerépondsd’unevoixgroggy.C’estunecuisineàl’américaineetjevoistoutcequ’ellefaitdepuismonlit.–Tuveuxuncafé?–Oui,s’ilteplaît.

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Je m’assieds et je m’étire en regardant l’heure sur mon téléphone. Maman n’a pas dependulechezelle,carelleditquec’estunfreinpour lecerveaud’unartiste.Cependant,mamaniaquerienemepermetpasdemedétendresijenesaispasl’heurequ’ilest.

Neuf heures trente. Je ne sais pas ce qu’elle a prévude faire aujourd’hui,mais j’espèrequ’onnemarcherapas tropcar j’aiencoremalauxpiedsdescinqheurespasséesauLouvrehier.

Jesuissurlepointdeposermontéléphonelorsqu’ilsonne.Çam’agacedevoirs’afficherlenomdeRamona.IlestdeuxheuresetdemiedumatindansleMassachusetts,ellen’ariend’autreàfairequedemeharceler?Commedormir,parexemple?

Je soupireet je lâchemonportableen le laissant sonner.Mamanmeregardedepuis lecomptoir.

–C’estqui?Lecopainoulameilleureamie?–Ramona, jemarmonne.Dont je n’ai pas envie de parler, aupassage, puisqu’elle n’est

plusmameilleureamie.DelamêmemanièrequeLogann’estpasmoncopain.–Saufquetouslesdeuxcontinuentdet’écrireetdet’appeler,doncilstiennentencoreà

toi.Ouais,ehbien,jemefichequ’ilstiennentàmoi.Letruc,c’estqueLoganestplusfacileà

ignorerqueRamonaparceque jene l’ai connuquehuit jours, alorsque cela fait treizeansquejefréquenteRamona.

Lamanièredontleschosessesontdérouléesestpresquepathétique.Onpourraitcroirequ’uneamitiéaussilongueseseraitterminéeavecfracas,maismaconfrontationavecRamonan’aétéqu’unbrouhahadesanglots.Cematin-là,Ramonas’estréveilléeetlorsqu’elleavumonvisage,elleacomprisqueLoganm’avaittransférélemessage.Elleaimmédiatementcherchéàlimiterlesdégâts,maisaucundesestourshabituelsn’amarché.

Soncâlin«pardonne-moi»?Leslarmesdecrocodile?C’estcommesij’étaisunrobot.Jesuis restéeplantée commeune statue jusqu’à cequ’elle comprenneque jenegobaispas sesconneriescettefois-ci.Lelendemain,jesuisretournéevivrechezmonpèreenluidisantqu’ilyavaittropdebruitaufoyeretquej’avaisbesoindecalmepourréviser.

Depuis,jen’aipasrevuRamona.– Pourquoi tu n’écoutes pas ce qu’elle a à te dire ? suggère ma mère d’un ton

précautionneux.Tuasditqu’ellen’avaitpasdebonneexplication,avant,maispeut-êtrequeçaachangé.

Uneexplication?Commentexplique-t-onlefaitdetrahirsameilleureamie?Étrangement,Ramonan’apasproposéd’excuse.Ni j’étais jalouseni j’étaisbourréeet je

ne savais pas ce que je faisais. Elle s’est contentée deme regarder, assise sur son lit, et dechuchoter:«Jenesaispaspourquoij’aifaitça,Gracie.»

Ehbien,celan’étaitpassuffisantilyadeuxsemaines,etçan’apaschangé.Jem’assiedsaubarpourprendrelecaféquemamanmetend.

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–Je t’aidéjàditqueçanem’intéressepasde l’entendre.Pasencore,en toutcas.Jenesaispassij’arriveraiàluireparlerunjour.

–Oh,machérie,tuvasvraimentoubliertoutessesannéesd’amitiépourungarçon?–Cen’estpaspourLogan,Maman.C’estparcequ’ellesavaitque jesouffrais,que j’étais

humiliéeaprèscequis’étaitpasséavecluietqu’aulieudemesoutenir,elleaattenduquejedormepourluisauterdessus.Àl’évidence,ellesefichedecequejeressens.

Mamansoupire.–C’estvraiqueRamonaatoujoursétéunpeu…égocentrique.Jericane.–Unpeu?–Maiselleestaussitonplusgrandsoutien,merappellemamère.Elleatoujoursétélà

pourtoiquandtuaseubesoind’elle.Tutesouviensdecettehorriblefillequiteharcelaitensixième?Comments’appelait-elledéjà?Brenda.Brynn?

–Bryndan.– Bryndan ?Mon Dieu, qu’arrive-t-il aux parents, ces jours-ci ? s’exclamemamère en

secouantlatête.Bref,quandBryn…non,jenepeuxpasledire.Quandcettefilleteharcelait,Ramonaétaitcommeunpitbull,grognantetcrachant,prêteàteprotégerjusqu’àlamort.

C’estàmontourdesoupirer.–Jesaisquetucherchesàm’aider,maisest-cequ’onpourraitparlerd’autrechose,s’ilte

plaît?–Ok.Alors,parlonsdecegarçon,parcequejepensequetudevraislerappeler,luiaussi.–Maman,jecroisqu’ilvafalloiraccepterqu’onnesoitpasd’accordsurcessujets.– Chérie, à l’évidence il s’en veut de ce qui s’est passé, sinon il n’essaierait pas de

t’appeler.Etpuis…tuétaisquandmêmeprête…àluidonnerta…fleur…Je recrache ma gorgée de café qui coule sur mon menton et dans mon cou. Je me

dépêchedel’essuyeravecuntorchonavantqu’ilnetachemonpyjama.–MonDieu,Maman,neredisjamaisça,jet’ensupplie.–J’essayaisdeparlercommeunemère.–Ouais,mais il y a parler comme unemère et parler comme une femme de l’époque

victorienne.–D’accord.Donctuallaisbaiseravec…–Maman!J’éclatederireetilmefautplusieurssecondesavantdepouvoirparlersansglousser.–Maman,aurisquedemerépéter,jesaisquetuveuxm’aider,maisonneparlerapasde

Logan non plus. Oui, j’ai envisagé de coucher avec lui, et non, ça ne s’est pas fait. Fin del’histoire.

Ellesembleinquiète,maisellecède.–Trèsbien.Jenet’embêteraiplus.Maisjerefusedetelaisserboudertoutl’été.

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–Jeneboudepas!– Pas en apparence, non, mais je te connais par cœur, Grace Elizabeth Ivers. Je sais

quand tu souris pour de vrai et quand tu souris pour me faire plaisir, et cela fait deuxsemainesquetuteforces.Doncjepensequ’ilesttempsqu’ontefassesourirepourdevrai.Jevoulaisqu’onaillemarcherlelongducanal,aujourd’hui,maistusaisquoi?Ilyaurgence.Ilnousfautfairequelquechosederadical.

Merde. La dernière fois qu’elle a employé lemot radical, nous sommes allées chez uncoiffeur,àBoston,etelles’estteintlescheveuxenrose.

–Commequoi?–OnvavoirClaudette.–C’estquiClaudette?–Macoiffeuse.MonDieu.Jevaisavoirlescheveuxroses.J’ensuiscertaine.Mamanmeregardeensouriantjusqu’auxoreilles.–Crois-moi,iln’yariendemieuxqu’unrelookingpourremonterlemorald’unefille,dit-

elle enm’ôtant ma tasse des mains pour la poser sur le bar. Va t’habiller, je vais prendrerendez-vous.Onvatellements’amuser!

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Logan

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Juin

Çafaittrente-trois joursquej’endurematortureannuellechezLogan&sesFilset jenem’étais pas encore disputé avecmon père. Je savais que ça allait arriver, et d’une certainefaçon,jecroisquej’avaishâtequeçaseproduise.

Endehorsdeça,monpèremelaissetranquilledepuisquejesuisrentréàlamaison.Ilnem’a posé aucune question au sujet de la fac ou du hockey, et il n’a pas cherché àme faireculpabiliser à propos du fait que je ne viens jamais lui rendre visite. Il s’est contenté de seplaindrede sadouleur aux jambes etdeme fourrerdesbièresdans lamain enmedisant :«Boisunebinouzeavectonvieux,Johnny.»

Cependant,j’appréciequ’ilnem’aitpasprislatêtejusqu’àmaintenant,parcequejesuistropfatiguépourmedisputeraveclui.Jesuisassidûmentlesentraînementsd’étéquenousaassignés le coach, donc jeme lève à l’aubepour faire de lamuscu avant de bosser toute lajournéeaugarage,et jereprends l’entraînement lesoiravantdem’effondrerdansmonlitetderecommencerlelendemain.

Une fois par semaine, je vais à la patinoire pourrie deMunsen pour travailler surmesfrappes et ma vitesse. Vic, l’assistant du coach, vient depuis Briar pour s’assurer que je neperdspasenpuissance.J’appréciequ’ilfassel’effortetj’aitoujourshâted’êtreavecluisurlaglace,hélas,aujourd’huin’estpasundecesjours.

Leclientavecquijeparleestlechefdechantierdelaseuleentreprisedemaçonneriedelaville.Bernieestunmectrèssympasionoubliesestentativesrépétéesdemeconvaincrederejoindrel’équiped’étédeMunsen,cequejen’aiaucuneenviedefaire.Ilestarrivéilyacinqminutesavecuncloudedixcentimètresdanslepneuavantgauchedesonpick-up,ilm’asortisondiscourshabituelsur lesraisonspour lesquelles jedevrais joueraveceux,etmaintenantnousparlonsdelaréparationdesonpneu.

– Écoute, je peux facilement te le rafistoler : j’enlève le clou, je rebouche le trou et jeregonfletonpneu.C’estl’optionlaplussimple.Maistespneusnesontpasensuper-bonétat,

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Bernie.C’estquandladernièrefoisquetulesaschangés?Ilfrottesabarbepoivreetselenréfléchissant.–Jenesaispas,cinqans?Peut-êtresix?Jem’agenouilledevantlepneupourl’examinerdenouveau.– Tu n’as pas encore atteint le témoin d’usure, mais tes quatre pneus commencent à

s’abîmer.D’iciquelquesmois,ilsepourraitquecesoitdangereuxdeconduireavec.–Oh,fiston,jen’aipaslesmoyensdeleschangermaintenant.Etpuisontravaillesurun

gros chantier à Brockton, dit-il en tapotant le capot du véhicule. J’ai besoin d’elle tous lesjours,cettesemaine.Rebouche-moiletrou,çairapourl’instant.

–Tuessûr?Parcequ’ilfaudraquetureviennesdanspaslongtemps.Moijerecommandedeleschangertoutdesuite.

–Onleferalaprochainefois,dit-il.Je hoche la tête. La première règle dans les métiers de service, c’est que le client a

toujoursraison.Detoutemanière,sespneusnevontpasexploserdanslesprochainesheures,ilenaencorepourunbonmoment.

– Très bien, c’est toi qui décides. Ça ne prendra que dixminutes,mais je dois d’abordfinirlaJetta,doncyenapourtrenteminutes.Tuveuxattendredanslebureau?

–Non,jevaisallerfumerdehorsetpasserquelquescoupsdefil.Ehfiston,onavraimentbesoindetoilejeudisoir.Penses-y,d’accord?

Jehochedenouveau la tête,maisnousconnaissons tousdeuxmaréponse.LesMunsenMinersm’invitentàjoueraveceuxtouslesansetjeleurdistoujoursnon,parcequec’esttropdéprimant. Ce n’est qu’un énième rappel que, l’an prochain, je passerai d’une équipe depremière division aux Munsen Miners. Je serai la star d’une équipe pourrie dont le nomrappelleuneactivitéquin’ajamaiseulieudanscetteville.Iln’yapasdemineàMunsen,etiln’yenajamaiseu.

Bernien’estpasdehorsdepuisplusd’uneminutequemonpère sortdubureauetvientversmoienclaudiquant.Parmiracle, iln’anibouteilleniverred’alcooldans lesmains.Aumoins,ilneboitpasdevantlesclients.

–Tujouesàquoi?demande-t-il.Rectification,ilneboitpas,eneffet,maisseulementparcequ’ilestdéjàivreaupointde

vaciller sur sa canne et demanger sesmots.Heureusement qu’il se planquedans le bureautoutelajournée.

–Dequoituparles?jedemandeenréprimantunsoupir.–Etlavente?Il est rouge de colère. Cela a beau faire plus d’unmois que je suis rentré, je continue

d’êtresurprisdevoirsonvisageémaciéàcepoint.C’estcommesitoutelapeaudesonvisage,desesbrasetdesontorses’étaitdéplacéesursonventre.Endehorsdesonbide,ilestmaigrecommeunclou,etçam’attristedelevoirainsi.

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J’ai vudes photos de lui plus jeune, il était beau. Par ailleurs, j’ai des souvenirs de luilorsqu’ilétaitsobreetqu’ilavaitlesourirefacile,qu’ilétaittoujoursprêtàéclaterderireouànousfaireuneblague.Cethommememanquevraiment,parfois.

–Tuluirafistoleslepneupourtrentedollarsaulieudeluivendrequatrepneusneufs?crache-t-il.C’estquoitonproblème?

Jefaisdemonmieuxpourrestercalme.–Jeluiairecommandédeleschanger,iln’apasvoulu.–Jemefousquetuluirecommandes.Tudoisleforceràlesacheter.JejetteunœilinquietducôtédeBernie.Heureusement,ilestloinetautéléphone.Bon

sang, et s’il avait été à quelquesmètres ? Est-ce quemon père se serait retenu de dire cegenredechosedevantunclientfidèle?Honnêtement,jen’ensaisrien.

Entoutcas,iln’estquetreizeheuresetiladéjàl’aird’avoirbuquatrecaissesdewhisky.–Etsi turentraisà lamaison? jedemanded’unevoixdouce.Tutitubesunpeu.Tuas

malauxjambes?– J’ai pasmal ! J’suis en colère ! T’as rien à foutre ici si c’est pour gaspillermon fric

commes’ilpoussaitsur lesarbres!Tuleurdisquelespneussontdangereux!Turestespasplantélààparlerdecefoutuhockey!

–Onneparlaitpasdehockey,Papa.–Nemenspas,j’taientendu!L’hommequivenaitàtousmesmatchsetquisecassaitlavoixtantilm’encourageaitest

désormaisentraindemerireaunez.– Tu te prends pour une star, hein Johnny ?Mais tu l’es pas. Si t’es si bon, pourquoi

personnet’arecruté,hein?Magorgeseserre.–Papa…menaceJeffenmarchantrapidementversnoustoutens’essuyantlesmainssur

untorchon.–T’enmêlepas,Jeffy !Jeparleà tongrand frère.Tonp’tit frère, jeveuxdire.C’est le

plusjeune,non?Jeffetmoiéchangeonsunregardinquiet.Ilestvraimentdéchiré,aujourd’hui.D’habitude,l’und’entrenouslesurveillependantlajournée,maisnousn’avonspasarrêté

depuisquenousavonsouvertcematin.Jen’étaispasinquietparcequepapaétaitaubureau,maismaintenantjem’enveuxd’avoiroubliélapremièrerègled’unalcoolique:toujoursavoirdel’alcoolàportéedemain.Ildoitavoircachéunstockdanssonbureau.C’estcequ’ilfaisaitquandmamanetluiétaientencoreensemble.Unefois,quandj’avaisdouzeans,jesuismontéréparerlachassed’eauquicoulait,etquandj’aisoulevélecouvercle, j’aitrouvéunefioledevodkaquiflottaitdanslacuve.

UnjourordinairedanslamaisonLogan.

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– Tu as l’air fatigué, dit Jeff en prenant le bras de notre père. Et si tu allais faire unesiesteàlamaison?

Ilclignedesyeuxetlaconfusionremplacesacolère.Ilasoudainl’aird’unenfantperdu,et j’ai envie de chialer. C’est dans ce genre demoment que je voudrais l’empoigner par lesépaules et le secouer en le suppliant de me dire pourquoi il boit. Ma mère dit que c’estgénétique, et je sais qu’il y ades antécédentsdedépressionetd’alcoolismedans sa famille.Peut-êtreest-cevraiet c’estpour çaqu’ilnepeutpasarrêterdeboire.Or,unepartdemoin’arrivepasàl’accepter.Ilaeuunebelleenfance,bonsang,unefemmequil’aimaitetdeuxfilsquiétaientprêtsàtoutpourluifaireplaisir.Pourquoin’était-cepassuffisant?

Je sais que c’est une maladie, je le comprends. Cependant, j’ai du mal à m’expliquerqu’unebouteilledewhiskypuisseêtre lachose laplus importantedans savieaupointqu’ilestprêtàtoutfoutreenl’airpourl’avoir.

–Jesupposequej’suisunpeufatigué,ouais,marmonnepapad’unairconfus.Jevais…jevaisallerdormirmaintenant.

Monfrèreetmoileregardonspartirenboitant,etJeffsetourneversmoid’unairtriste.–Nel’écoutepas,John.Tuesungénieauhockey.–Ouais,biensûr.Allez,j’aiduboulot.JeretourneàlaJettaquim’attend.–John,ilnesaitpasdequoiilparle…–T’inquiète,j’aidéjàoublié.

Jefermelegarageplustardqued’habitude.Beaucoupplustard,caràvingtheures,jene

supportais pas l’idée de rentrer manger. Jeff est passé vers vingt et une heures pourm’apporterdesrestesetm’informerquepapa«s’étaitunpeucalmé»,cequiestdrôle,parcequemêmes’ilarrêtaitdebutenblanc,ilatantd’alcooldanslesangqu’illuifaudraitdesjourspourêtresobre.

Ilestvingt-deuxheuresquinzeet jepriepourqu’ildormequand jevais rentrer.Jen’aipaslaforcedelesupportercesoir.

JesorsdugarageparlaportelatéraleetjedéposelesclésdelaJettadanslapetiteboîteauxlettresclouéeaumur.Sapropriétaire,unejoliebrunequienseigneàl’écoleprimairedeMunsen,estcenséevenirlacherchercesoir.

Je vérifie que le cadenas du garage est bien fermé et je me dirige vers la maison aumomentoùdespharesilluminentl’alléebordéed’arbresquimèneaugarage.Unvieilhommeestauvolant,quimedévisagetandisquelaportearrières’ouvreetqueToriHowardsortdelavoitureenbottesà talons.Ellemefaitunsignede lamainpuiselle indiqueauchauffeurqu’ilpeutpartiravantdemarcherversmoiensedéhanchantgracieusement.

Tori a environ vingt-cinq ans et elle estmagnifique. Elle a emménagé àMunsen il y aquelquesannéesetelleamènesavoiturepouruncontrôleplusieursfoisparan.Croyez-moi,savoituren’estpaslaseulechoseàchercherunerévision.Siellemedraguechaquefoisque

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jelavois,jen’aijamaisacceptésesavancesparcequeJeffesttoujoursdanslecoinetquejeneveuxpasqu’ilpensequejecoucheaveclesclientes.

Mais,cesoir,noussommesseuls.–Salut,dit-elleensouriant.– Salut, je réponds. Tu aurais dû me dire que tu n’avais personne pour t’amener. On

seraitvenustechercher,Jeffoumoi.–Ahbon?Jenesavaispasquevousfaisiezleserviceàdomicile,susurre-t-elle.–Mais…nousfaisonstoutpoursatisfaireleclient,jerépondsenhaussantlesépaules.Ellesouritdeplusbelleetjemerendscomptedecequejeviensdedire.Jen’avaispas

l’intention de flirter avec elle. Je remarque soudain que ses yeux sont presque de lamêmecouleurqueceuxdeGrace.MaisGracenem’ajamaisregardécommesielleétaitprêteàmedévorer. Ilyavaitquelquechosedesincèredanssonregard,elleavaitenviedemoi,certes,maiscen’étaitpascalculé.

Ehmerde,ilfautvraimentquej’arrêtedepenseràelle.Jenecomptepluslenombredefoisquejel’aiappelée,cetété.Or,sonsilencemedittoutcequej’aibesoindesavoir,elleneveutpasentendremesexcusesetelleneveutplusmerevoir.

Cependant…jenepeuxpasm’empêcherd’espérerqu’ellechangerad’avis.–Tusais,tuesdeplusenplusbeauchaquefoisquejetevois,ditTori.J’endoutefortement.J’aisurtoutl’airplusfatiguéetjesuissûrquej’aiunetraced’huile

surlajoue,maisçanesemblepasgênerTori.–Disdonc,tunevaspasmeretournerlecompliment?ajoute-t-elleenfaisantlamoue.Jenepeuxmeretenirdesourire.–Tori,tuescanonettulesais.Tun’aspasbesoinquejeteledise.–Non,maisparfoisçafaitdubiendel’entendre.Jenesuispassûrd’aimerlatournurequeprendcetteconversation,alorsjechangevite

desujet.–Tuaseumonmessage,n’est-cepas?Je t’aidit toutceque j’avais fait sur lavoiture,

maisjepeuxtel’expliquerendétail,situveux.–Pasbesoin,jesuissûrequetuasfaitdubonboulot.Tufaisquelquechosedespécialce

soir?demande-t-elleenpenchantlatête.–Non,jevaisprendreunedoucheetdormir.Lajournéeaétélongue,etcellededemain

leseraencoreplus.–Unedouche?Tusais…jeviensdefaireinstallerunsecondpommeauchezmoi.Jevois

toujoursçadanslesfilms,desdouchesavecquinzemillejets,etjemesuisditpourquoijen’aipasça,moi?Etjemesuisrenducomptequejepouvaisl’avoir.Alorsj’aiappeléunplombieretilestvenulasemainedernièrepourl’installer.Tun’imaginespasàquelpointc’estbon…

Merde,voilàquejebande,mêmesicen’estqu’àmoitié.Celadit,jenesuispasvraimentsurprisparcequeçafaitpresquetroismoisquejen’aipasbaiséetque,detoutefaçon,quand

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unebellefemmevousparledesadouche,vousavezunsérieuxproblèmesivotrecerveaunel’imaginepassouslejetd’eau.

–Tudevraispasser l’essayerundecesquatre,dit-elleenme faisantunclind’œilaussisubtilqu’unemainauxfesses.

J’hésite sincèrement. En temps normal, j’aurais dit oui tout de suite, mais j’espèretoujours que Grace va… quoi, d’ailleurs ? M’écrire ? Accepter mes excuses ? Quand bienmêmeelle le ferait, çaneveutpasdirequ’elleaccepteradesortiravecmoi.Etpourquoi leferait-elle?Ellevoulaitcoucheravecmoietjeluiaimisunrâteau.

JerestesilencieuxetTorifinitparsoupirer.–J’aientendulesrumeursàtonsujet,Logan,etjedoisavouerquejesuisdéçuequ’elles

soientfausses.–Quellesrumeurs?–Cellesquidisentque tuespartantpourn’importequoietque tuesundieuaupieu,

explique-t-elleenmesouriant.Maispeut-êtreque les rumeurs sontvraiesetque tun’aimespas les femmesplusâgées ?Celadit, j’ai faitun sondageauprèsdemesamies et elles sonttoutesd’accordpourdirequecinqansdedifférencesnefontpasdemoiunecougar.

J’éclatederire.–Tun’espasunecougar,Tori.–Alors,jenesuispastongenre?Jeregardesestétonsquipointentsoussont-shirtetsesjambesquin’enfinissentjamais.

Pasmongenre?Elleestprécisémentlegenredefemmequim’attire.Alors,qu’est-cequimeretient?Grace?Sic’estlecas,peut-êtrequesonsilenceradioestunsignequejedoislâcherl’affaire…

–Non,cen’estpasvrai,c’estjustequed’habitude,tumevoisquandjesuisdistraitparleboulot.

–Hmm.Et…est-cequetuesdistraitmaintenant?–Non.D’ailleurs…jeseraisravideprendrecettedouche,jedisenmatantsesseinsavant

delaregarderdanslesyeux.

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Logan

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Juillet

Unjeudisoir,Garrettmesurprendenarrivantavecunepizzaetunpackdebière.Nousnous voyons très peu durant l’été, car il travaille soixante heures par semaine pour uneentreprise de maçonnerie à Boston. Nous nous envoyons quelques messages ici et là pourparlerdesmatchsdelaNHL,etnousnousretrouvonschaqueannéepourregarderlaStanleyCup 1, ce quenous avons fait lemoisdernier. Endehorsde ça, notre amitié est unpeu surpausejusqu’àcequejeretourneàHastingsenseptembre.Jesuiscontentdelevoir,mêmesij’auraispréféréqu’iln’apportepasdebière.Cependant, ilnepeutpasdevinerquemonpèrem’ajetéunecannetteàlatêtecematin.

Leschosesontvraimentdérapéaujourd’hui.Papaafaituncapriceetj’aifailliluimettreunedroite. Jeff a calmé le jeu et il a entraîné papa à lamaison.Quand je suis rentré pourmanger, levieuxbuvaituneBudLightdans lesalonenregardant le téléshopping, ilm’a faitunsouriresigrandetsincèrequej’aicomprisqu’ilavaitoubliécequis’étaitpassé.

– Salut, ditGarrett en s’approchant de laHyundai dont je suis en train de changer lesplaquettesdefrein.

Ilmeprenddanssesbrasenmefrappantledos,etilregardemonfrèrequiestdel’autrecôtédugarage.

–EhJeff!Salut,çafaitlongtemps.–G!JeffsortlatêteducapotdelaBMWetvientserrerlamaindeGarrett.–Tut’escachéoùtoutcetété?demande-t-il.–J’étaisàBoston,j’aipassélesdernièressemainessuruntoitenpleinsoleil.Je souris en voyant son nez, son cou et ses épaules brûlées. Comme je ne suis qu’un

enfoiré,jenemanquepasdeluimettreunepichenettesurl’épaule.–Aïe!Çafaitmal,espècedeconnard,grimace-t-il.–Pauvrebébé.Wellsyn’apasmisdecrèmesurtesbobos?

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Ilmerépondparunsourireniais.–Si,net’enfaispas.Etçaenfaitunebienmeilleurecolocquetoi.Coloc?Ahoui,c’estvrai.J’avaisoubliéqu’Hannahpassaitl’étécheznous.D’ailleurs,cela

mefaitpenserqu’ilfaudraitquelesmecsetmoidiscutionsdecequivasepasseràl’automnesielleprévoitd’emménagerdéfinitivementavecnous.Jen’aiplusaucunsentimentpourelleet j’adore la voir, mais j’aime la dynamique qu’il y a chez nous, l’arrivée d’une dosed’œstrogènepourraitcourt-circuitertoutlesystème.

–Tupeuxprendreunepause?demandeGarrett.ToiaussiJeff,ilyaassezdepizzapournoustrois.

J’hésiteenimaginantlaréactiondemonpères’ilsortaitetqu’ilmetrouvaitentraindeboireunebièreavecunpoteaulieudetravailler.Jenesuisvraimentpasd’humeurpourunedeuxièmeprisedetête.

–Yapasdesouci,Johnafinipourlajournée,répondJeff.Jeleregardeavecdegrandsyeux.– Ne t’en fais pas, je gère. Je m’occupe de tout. Emmène Garrett à l’arrière, va te

détendreunpeu.–Tuessûr?–Jegère,répètefermementmonfrère.Jehochelatêtepourleremercier,puisj’enlèvemonbleudetravailetjesorsdugarage

avecGarrett.Nousempruntonslecheminmenantàlamaison,puisnoustraversonslapelousepourallerlàoù,ilyadesannéesmaintenant,Jeffetmoiavonsinstalléunbraseroentourédechaises.Derrière,danslesbois,nousavionsconstruitunecabanedansunarbre,quiest loinderespecterlesnormesdesécurité.

Garrettposelapizzasurlatablebancaleetmejetteunebièrequej’attrapemaisquejen’ouvrepas.

–Ahoui, c’estvrai,ditGarrett.Labière, c’estpour les tapettes, c’est ça? Iln’ypasdemeufdanslesparages,mec.Tun’aspasbesoindefairesemblantd’êtreraffiné.

Raffiné?Haha.Mesamissaventquejeneboisdelabièrequesic’est laseuleboissondisponible.Cependant,jeleuraitoujoursditquec’étaitparcequecen’étaitpasassezfortetqueçaavaitungoûtdepisse.

Bien sûr, la vérité est bien plus glauque que ça. L’odeur de bière me rappelle monenfancedésastreuse,toutcommecelledubourbon,quiestleplanBdemonpères’iln’aplusdebière.

–C’estjustequej’aipasenviedeboiretoutdesuite,jerépondsenposantlacannetteparterreetenprenantlapartdepizzaaubaconquemetendGarrett.

Ils’assiedsurunechaiseetattrapeunepartàsontour.–C’estpasdingue,pourConnor?Sélectionnéaupremiertour?Ildoitfairetellementle

malin!

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Jenepeuxréprimer l’amertumequis’emparedemoi.Lessélectionneursde laNHLontfait leur choix il y a deux semaines et j’étais fier d’apprendre que deux demes coéquipiersavaientétépris.ConnorTraynerestpartichezlesKingsetundenosdéfenseurs,JoeRogers,joue désormais pour les Blackhawks. Ce sont deux joueurs talentueux quiméritaient d’êtredanslaLigue.Cependant,çamerappelleaussiquemoijen’enferaijamaispartie.

–Connorleméritait,cemecestplusrapidequel’éclair.Garrettmâchelentementsabouchéed’unairpensif.– Et Rogers ? Tu crois qu’il jouera tout de suite dans l’équipe principale ou qu’il sera

envoyéquelquetempsenréserve?–En réserve, àmonavis. Je pense qu’ils auront envie de le fairemûrir encoreunpeu

avantdel’envoyersurlaglace.–Ouais,moiaussi.Cen’estpas lemec leplushabileavecsacrosse, tropdesespasses

sontratées.Nous parlons de hockey unmoment en dévorant notre pizza et je finis par ouvrir ma

bière, même si je n’en bois que quelques gorgées. Je n’ai pas envie de picoler ce soir.D’ailleurs, ça fait unmoment que je n’ai pas eu envie de faire la fête. Pour être tout à faithonnête,jesuisd’humeurlugubredepuiscettesoiréeavecTorilemoisdernier.

–Alors,qu’est-cequeWellsyvafaireàlarentrée?Elleemménageavecnousoupas?–Non,répondGarrettensecouantlatête.Toutd’abord,jevousenauraisparléavantde

prendrecegenrededécision.Maiselleneveutpas,detoutemanière.C’étaitlogiquepourcetétéparcequenotremaisonesttoutprèsdudiner,maiselleetAllieveulentrevivreensemblecetteannée.

–Elleadécidécequ’elleallaitfaireaprèslafac?–Aucuneidée,non,maisilluiresteunan.Garrettsetaitenfinissantsapartdepizza.–Aufait,tutesouviensdel’amiedeWellsy,Meg?Jehochelatêteenpensantàlajoliebrune.–Ouais,cellequisortavecJimmy?–Jeremy,ouais,maisilsontrompu.Hannahpensaitqu’onpouvaitvousarrangerlecoup.

Megestcool,ellepourraitteplaire.Jeremuesurmachaise,malàl’aise.–Merci,maisçanem’intéressepas.–Est-cequeçaveutdireque lananaqui t’obsède t’aenfinpardonné?demande-t-il,et

sonvisages’illumine.Le soir de la Stanley Cup, j’avais un peu trop bu et j’avais raconté à Garrett le

déroulementsordidede laV-Night, lenomque j’aidonnéàcetteaffreusesoirée.Jeregrettedeluienavoirparlé,àprésent.

–Elleneveuttoujourspasmeparler.C’estfini,mec.

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–Merde,çacraint.Ducoup,tut’esremisàbaisertoutcequibouge?–Non.J’aifaillicoucheravecunemeufplusâgée,ilyaquelquessemaines.–Beaucoupplusâgée?–Elledoitavoir…vingt-cinqans,jecrois.Elleestproficietelleestcanon.–Cool.Attends,commentça,tuasfaillicoucheravecelle?Gêné,jeboisunegorgéedebière.–Jen’aipaspuallerjusqu’aubout.–Pourquoi?s’exclame-t-il.–Parceque…c’était…Jenesaispas.J’aiétéchezelleaveclafermeintentiondelafaire

grimperauxrideaux,maisquandelleaessayédem’embrasser,j’aiperdumesmoyens.Çameparaissait…sansintérêt.

–Sansintérêt?répèteGarrett,abasourdi.Bon sang, je ne sais pas comment l’expliquer. Depuis que j’ai commencé la fac, je n’ai

refusé que très rarement une occasion de baiser. Demon point de vue, autant profiter dumomentetmefaireplaisirautantquepossible,parcequejeseraibientôtmécaniciendansuntrouàrats.Or,lanuitavecToriaététoutaussidéprimante.

Je porte de nouveau ma bière à mes lèvres, mais cette fois-ci je vide la moitié de lacannette.Bonsang,touslesaspectsdemaviemedonnentenviedemependre.

Garrettmeregarded’unairinquiet.–Qu’est-cequisepasse,mec?–Rien.–Arrêtetesconneries,ondiraitquetonchienvientdemourir.Soudain,ilregardeautourdenous.–Merde,est-cequetonchienvientdecrever?Est-cequetuasunchien?Jemerends

comptequejenesaisriendetavieici,enfait.Il a raison.Ce n’est que la deuxième fois qu’il vient depuis que l’on s’est connus il y a

troisans.J’ai toujoursfaitensortequemavied’icisoitséparéedemavieà lafac.Nonpasque Garrett ne pourrait pas comprendre, son père n’est pas un prince non plus. Je suistoujourschoquéd’avoirapprisquelepèredeGarrett lebattait.Parici,PhilGrahamestunelégendeet je l’idolâtraisquand j’étaisgamin.Cependant,depuisqueGarrettm’aracontésonenfance,jenepeuxplusentendrelenomdesonpèresansbouillirderage.

Je suppose que j’aurais pu parler de mon enfance misérable à Garrett et qu’il auraitcompris,maisjenel’aijamaisfaitparcequejen’enparleàpersonne,toutsimplement.

Letruc,c’estquej’enaimarredetoutgarderpourmoi.–Tuveuxqu’onparledemavieici?Endeuxmots:ellecraint.Garrettposesacannettesursongenouetmeregardedanslesyeux.–Commentça?–Monpèreestalcoolique,G.

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Ilexpireensifflant.–Tuessérieux?Jehochelatête.–Pourquoitunemel’asjamaisdit?demande-t-ilensecouantlatête.Jehausselesépaules.–Parcequecen’estpaslafindumonde.C’estcommeça,c’esttout.Ilfaitdesconneries,

etJeffetmoinettoyonsderrièrelui.–C’estpourçaquec’estvousquigérezl’affaireàsaplace?–Ouaip.J’inspirelentement,mepréparantàtoutdéballer.Quitteàavoircommencé,autanttout

dire.–Jevaistravaillericiàplein-temps,aprèslafac.–Qu’est-cequetuveuxdire?Attends,parcequetun’aspasétésélectionné?Mec,jet’ai

déjàditque…–Jenemesuispasrenduéligible.Garrettal’airàlafoischoquéetblessé.–Tuessérieuxmec?Jehochelatête.–Pourquoitunem’asriendit?– Parce que je ne voulais pas que tu essaies deme faire changer d’avis. Le jour où j’ai

acceptélaboursed’étudesdeBriar,jesavaisdéjàquejenejoueraisjamaischezlespros.–Mais…EtquandonparlaitdejouertouslesdeuxpourlesBruins?–Cen’étaitquedesparoles,G,jerépondsd’unevoixlugubre.Jeffetmoiavonsconcluun

marché.Ilbosseicipendantquejesuisàlafac,etaprèsoninverselesrôles.–C’estn’importequoi,cracheGarrett.–Non,c’estlavie.Jeffaconsacrébeaucoupdetempsaugarage,etbientôtceseraàmoi.

Sionnelefaitpas,monpèreperdrasonaffaireetsamaison,et…–Etc’estsonproblème!rétorqueGarrett.Aurisquedeparaîtreinsensible,c’estvrai!Ce

n’estpasàvousdevousoccuperdelui.–Biensûrquesi,c’estmonpère,jerépondslagorgeserrée.Ilestpeut-êtrealcooliqueet,

parfoisc’estunvéritableconnard,maisilestmalade,G.Ilaeuunaccidentdevoiturequiluiabroyélesjambesilyaquelquesannées,etilsouffreenpermanence.Ilnepeutpresquepasmarcher.Peut-êtrequ’onarriveraàlerenvoyerencurededésintox,unjour…maispeut-êtrepas.Quoiqu’ilensoit,c’estàmoidem’occuperdelui.Etceneserapaspourtoujours.

–Pourcombiendetemps,alors?– Jusqu’à ce que Jeff rentre de voyage. Lui et sa copine vont faire un tour d’Europe

pendantquelquesannées,puisilsreviendronts’installeràHastings.Jeffreprendraladirectiondugarageetjeseraidenouveaulibre.

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– Alors, tu mets ta vie entre parenthèses ? demande Garrett d’une voix incrédule.Pendantdesannées?

–Oui.Lesilencequisuitn’apaisepaslemalaiseentrenous.JesaisqueGarrettn’approuvepas

mon projet,mais je ne peux rien y faire. Jeff etmoi avons conclu un accord, et je n’ai pasd’autrechoixquedem’ytenir.

–Alors,tun’asjamaiseul’intentiond’appelercetagent?–Non.Sa mâchoire se contracte et il soupire longuement en se passant la main dans les

cheveux.– Tu aurais dû me le dire avant. Si j’avais su, je ne t’aurais pas parlé des pros toute

l’année.– Quoi, tu aurais voulu que je te dise quemon avenir est l’équivalent d’une peine de

prison?Jen’aimêmepasenvied’ypenser,G,encoremoinsd’enparler.Jeregardedevantmoi,danslevide.Lesoleilestcouché,maisilnefaitpasencorenuitet

je regarde levieuxbungalowainsique lapelousecouvertedepissenlits, ledécordemaviedurantcesprochainesannées.

– C’est pour ça que tu as fait la fête comme si tu n’avais plus que quelques années àvivre?demandeGarrett.Parcequetucroisquec’estlecas?

–Regardeautourdetoi,mec,jedisendésignantl’herberoussieetlespneusparsemésicietlà.C’estça,monfutur.

Ilsoupire.– Alors… comme tu sais que tu ne joueras pas pour la NHL, tu t’es dit que tu allais

profiter de la célébrité que tu as à la fac et tirer tout ce qui bouge ? demande Garrett enréprimantunfourire.Nemedispasquetujouesauhockeydepuisquetuespetitdansleseulbutdebaisercommeunlapin.

–Biensûrquenon,jerépondsenfronçantlessourcils.C’estjusteunbonus.–Un bonus ?Alors, pourquoi tu parles d’avoir une relation sérieuse avec cette nana ?

demande-t-ilenhaussantunsourcil.Oui,Hannahm’atoutraconté.–Onparledequoi,exactement,G?Demaviesexuelle?Jecroyaisquelesujet,c’était

monavenir,qui, aupassage,n’estpasuneblague. Jen’ai riende joyeuxà l’horizon.Pasdehockey,pasdemeufs,pasdechoix.

–C’estfaux.Tuasencoreuneannéedevanttoi.–Quoi?jedemandeenfronçantlessourcils.–Ilterestetouteuneannée,John.Tadernièreannée.Pendantdouzemois,tuasencore

des choix à faire. Tu as le hockey, tes amis, et si tu veuxune copine, tu peux l’avoir aussi.MaisçaveutdirequetudoisarrêterdebaiserdesnanasquiontleQId’unecrossedehockey.

Jememordslajoueenréfléchissantàcequ’ilvientdedire.

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–Tuveuxmonavis?Sijesavaisqu’ilmerestaitunanavantde…j’allaisdirededevoir,mais jemaintiensquetun’esobligéderienfaire.Tuaschoisidebosser ici,maisbref.Si jesavaisquej’allaismettremavieensuspensdansdouzemois,jeprofiteraisdutempsqu’ilmereste.J’arrêteraisde fairedeschosessans intérêtet jem’amuserais.Arrange leschosesaveccette nana, si tu penses que ça va te rendre heureux. Arrête de bouder et profite de tadernièreannée.

–Jeneboudepas.–Ok,situledis,maistunefaisriendeproductifnonplus.Je mâchouille ma joue jusqu’à la faire saigner, mais je le remarque à peine. Jusqu’à

présent, jepercevais l’annéedevantmoicommeunepeinedemort,maisGarrettapeut-êtreraison. Je devrais la voir comme une dernière opportunité de profiter de ma liberté, depratiquerlesportquej’aimeetdepasserdutempsaveclesamisquej’ailachanced’avoiretquejenemériteprobablementpas.

Liberté,hockey,amitié.Ceseramanouvelledevise.Cependant,maprioritéestévidente.Ilfautquej’arrangeleschosesavecGrace.

1.CoupedécernéeparlaNHLàl’équipechampionnedessérieséliminatoires.

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18

Logan

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Août

Ilneresteplusqu’unesemaineavant lareprisedescours,et jevoisenfin la lumièreauboutdutunnel.Toutefois,pourêtrehonnête, lafindel’étén’apasétésihorrible.J’aipasséune semaineàBostonchezmamère, jen’aipluseudedisputeavecmonpèreet j’aimêmerappelé Bernie pour jouer quelques matchs avec les Miners. Il s’avère que les joueurs del’équipenesontpasaussimauvaisquejelepensais.Laplupartsonttrentenaires,quelques-unsontlaquarantaineetmoi,étantleplusjeune,jeleuraimisunebranlée.Çam’afaitbeaucoupdebienderefairepartied’uneéquipe.

Leseulbémoldansunétéglobalementcorrect,c’estqueGracenem’apasappelé.AprèsmadiscussionavecGarrett,jeluiailaisséunlongmessagevocaldanslequeljem’excusaisetjeluidemandaisunedeuxièmechance,maisellen’ajamaisrépondu.

Enmêmetemps,ellenepeutpasm’éviterpourtoujours.Jevaisforcémentlacroisersurle campus. Sinon… je peux accélérer le processus et flirter avec la nana en charge dulogementpoursavoirdansquelfoyervavivreGrace.Mondernierrecoursseraitd’appelerson«amie»,Ramona,maisjemerefuseàlefaireàmoinsd’yêtreforcé.

Cependant, toutcelapeutattendre. Jene travaillepascetaprès-midi,et je suisde trèsbonne humeur en me rendant à Hastings. Avec l’approche de la nouvelle saison, je doisaugmenter l’intensité demes entraînements. Comme je n’ai pas le matériel nécessaire à lamaison, Jeff a accepté de me remplacer deux après-midi par semaine afin que j’aille augymnasedelafac.Deanaprisl’habitudedem’accompagner,etlorsquejemegaredansl’alléedelamaison,ilm’attenddéjà.MonsieurGQesttorsenuavecunjoggingAdidastrèsbassurleshanches,etilfaitdusurplacecommeundébile.

Jesourisenallantverslui.–Changementdeprogramme,dit-il.Wellsyafinileboulotplustôt,alorsonvacourirau

lieudefairedelamuscu.–Toietmoi?jedemandeenfronçantlessourcils.

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– Toi,moi etWellsy.On court ensemble tous les soirs. Parfois, Garrett vient aussi s’iln’estpastropcrevé.Maiscesoir,elledoitvoirsesparents.

–Ahc’estcool,sesparentssontlà?Jesaisqu’Hannahnelesvoitpasautantqu’ellelevoudrait,alorselledoitêtreravie.Je

saisaussiquesiellenelesvoitpasc’est…çalaregarde.ElleabeauavoirditàGarrettqu’ilpouvaitme confier l’agression sexuelle qu’elle a subie par le passé, ce n’est pas àmoi d’enparler.Siellevoulaitendiscuteravecmoi,ellel’auraitfait.

–Oui,ilsdormentaumoteldel’avenueMain.Bref,c’estleseulmomentdelajournéeoùellepeutcourir.

Voilà qu’Hannah apparaît sur le pas de la porte, vêtue d’un t-shirt trop large et d’uncorsairemoulant.Saqueue-de-chevalsebalancededroiteàgauchetandisqu’ellecourtdansmesbras.

–Logan!J’ail’impressionqueçafaitdesmoisquejenet’aipasvu!–C’estparcequec’estlecas!Commentsepassetonété?–Bien,ettoi?–Pastropmal.–Alors,tuvienscouriravecnous?–Apparemmentjen’aipaslechoix.Jesuisdéjàenbasketsetentenuedesport,doncjen’aipasàmechanger,maisjerentre

posermonportefeuilleetmesclés.JesorsjusteàtempspourentendreHannahgronderDeanpoursonaccoutrement.

–Sérieusement,mec,metsunt-shirt.–Eh,tusaiscequ’ondit,situasdesatouts,autantlesmontrer.–Non, jecroisqu’onditsurtoutdemettreunt-shirtpourallercourir,espècededébile

narcissique.–Narcissique?Moi?Tuveuxdireréaliste,non?Regardecesabdos,Wellsy.D’ailleurs

touche-les,plutôt.Çavatechangerlavie.Hannahsoupire,exaspérée.–Quoi,mabeautévirilet’intimide?demande-t-ilensefrappantleventre.–Tusaisquoi?rétorque-t-elled’unevoixdouceâtre,j’adoreraistouchertesabdos.Enunclind’œil,elles’accroupitetattrapequelquechosedanslepotdefleursàcôtédu

garage.Unepoignéedeterrequ’ellesedépêched’étalersurDean.CommeilfaitchaudetqueDeanestdéjàennage,laterreluicolleàlapeaucommeunmasquedeboue.

–Tuesprêt?chante-t-elle.– Tu crois que je vais allerm’essuyer avant de partir, mais tu as tort, répond-il en la

dévisageant.– Ah bon ? Tu vas traverser la ville comme ça ? J’en doute, tu es beaucoup trop

orgueilleux.

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Jeris,conscientqu’Hannahnesaitpasàquelpointilesttêtu.Deanabeaudétesterqueses abdos divins soient souillés, je sais qu’il ne laissera pas une petite merdeuse commeHannahl’atteindre.

– C’est là que tu te trompes, ma chérie. Je vais porter cette boue comme un badged’honneur.

Illaregarde,fierdelui,etelleledévisageenretour,agacée.–Onvacouriroupas?jedemande.Ilscessentleurcombatderegardsetnouspartonstouslestroisàunrythmesoutenu.–Engénéral,onfaitlemêmecircuit,ditDean.Onvajusqu’auparc,onenfaitletouret

onrevienticiparl’autreroute.Lefaitqu’ilssoienttellementhabituésàcourirensemble,qu’ilsaientleurpetiteroutine

faitnaîtreenmoiunéclairde jalousie.Maisamismemanquent,bonsang. Jedétesteavoirété isoléàMunsen, avecpersonneàquiparler endehorsde Jeff etdemonpèrebourréenpermanence.

Cela fait quelques minutes que nous courons lorsqu’Hannah se met à fredonner. Ellecommence tout doucement, mais bientôt elle chante à voix haute. Elle a un timbremagnifique, doux,mélodique et suave qui donne la chair de poule à Garrett, paraît-il. Ellechante«Takemetochurch»deHozier,etjeregardeDeanensouriantjusqu’auxoreilles.

– Elle chante quand elle court, soupire-t-il. Pour de vrai. Elle le fait pendant tout letrajet.AvecGarrett, ona essayéde lui expliquerque c’étaitmauvaispour lamaîtrisede sarespirationmais…

– Je vous jure que si vousme refaites encore la leçon à propos de lamaîtrise demonsouffle,jevousmetsunegifle.Àtouslestrois.J’aimechanterquandjecours,vafalloirvousyfaire.

Envérité,çanemegênepas.Savoixaccompagnebienlebruitdenospas,mêmesisonchoixdechansonestlégèrementdéprimant.

Lorsquenousarrivonsauparc,jedistinguelekiosqueàtraverslesarbreset,soudain,jemesouviensde la soiréeauchâteaud’eauavecGrace, lorsqu’ellem’avaitditquec’était sonendroitpréféré.Jemecrispe,commesi jemepréparaisà l’yvoir,cequiestabsurde,parcequ’ilestimpossiblequ’elle…

Merde,elleestlà.Ilyaunefillesurlesmarches.Sescheveuxsonttresséset…ahnon.Mince,cen’estpaselle.Lananaestblonde,vêtued’unerobeverte,etsalonguenattereflètelesoleillorsqu’ellesepenchepourliresonlivre.Ellelèvelatête,etmerde,j’avaisraison!

Jem’arrête brusquement, oubliantDean etHannahqui continuent.Grace regardedansmadirection,etmalgrélestrentemètresquinousséparent,jesaisqu’ellemereconnaît.Nosregardssecroisent,ellefroncelessourcils.Bonsang,peut-êtrequeDeanavaitraisonetquejen’auraispasdûmettredet-shirt.Lesnanassontforcémentmieuxdisposéessiellessontfaceàuntorsemusclé,non?

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Quelle horreur, je suis vraiment désespéré, comme si la vue demes abdos pouvait luifaireoubliertoutcequis’estpasséentrenous.

–Logan,yo!Gardelerythme,mec.Mesamisontenfinremarquéquejen’étaispluslàetilsreviennentversmoi.Hannahsuit

monregardetretientsonsouffleavecuncriaigu.–Oh,c’estGrace?L’espace d’une seconde, je suis surpris qu’elle connaisse son prénom, puis je me rends

comptequeGarrettadûtoutluidire.Àmescôtés,Deanseconcentresurlekiosque.–Mais non, c’est pas elle. La tienne est brune. Et elle n’a pas des jambes aussi belles

que…putain,cesjambessontincroyables.Excuse-moi,jecroisquejevaisallermeprésenter.– C’estGrace, espèce d’abruti, je dis en lui attrapant le bras alors qu’il partait dans sa

direction.Elles’estteintlescheveux,c’esttout–etsituregardaisailleursquesesjambes,tuleverrais.

Ill’étudiedenouveauetilenrestebouchebée.–Merde,tuasraison.Gracebaisse la têtepour seconcentrerdenouveausur son livre,mais sesépaules sont

tendues.Elleattendsansdoutequejepoursuivemonfooting,maisc’esthorsdequestion.Jenevaispasm’enfuircettefois-ci.

–Vousavezqu’àcontinuer,jevousrattraperai,oujevousretrouveraiàlamaison.DeancontinuedereluquerGracejusqu’àcequ’Hannahluimetteuncoupdecoudedans

lescôtes.Jeleslaisses’éloigneretjeparsdansladirectionopposée,avançantversGrace,etmoncœurbatdeplusenplusvite.

Jemerendscompteenm’approchantquecenesontpasseulementsescheveuxquiontchangé.Elle estplusmaquilléequed’habitudeet ses yeuxparaissentbeaucoupplusgrands.Son fard à paupières vert est super-sexy, surtout qu’il contraste avec les taches de rousseurqu’aucunfonddeteintnepeutcouvrir.

Une idée nauséabondeme vient soudain. Elle est en robe et elle estmaquillée. Est-cequ’elleattendquelqu’un?

Mesmainsdeviennentmoitesetjeneparvienspasàlaquitterdesyeux.Sesjambessontvraimentphénoménales.Elles sont lissesetbronzéeset…merde, je les imaginedéjàautourdemataille,plantantsestalonsdansmesfessestandisquejelafaisgrimperauxrideaux.

Jemeraclelagorge.–Salut.–Salut,répond-elle.Je ne parviens pas à déchiffrer le ton de sa voix, il n’est ni détenduni impoli. Il est…

neutre.Jesupposequec’estunbondébut.–Je…

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Monstressaraisondemoietjefinispardirelapremièrechosequimepasseparlatête.–…Tunem’aspasrappelé.–Non,eneffet,répond-elleenplongeantsonregarddanslemien.–Ouais…àtaplacej’auraisfaitpareil.Jeregrettequemonjoggingn’aitpasdepocheparceque,bonsang,qu’est-cequejesuis

censéfairedemesmains?–Écoute, jesaisquetun’asprobablementaucuneenviedem’écouter,maisest-cequ’on

peutparler?S’ilteplaît?–Àquoiçasert?demandeGrace.J’aidittoutcequej’avaisàdirecettenuit-là.C’était

uneerreur.Jehochelatête.–Oui,c’étaitlecas,unegrosseerreur,maispaspourlesraisonsquetupenses.Elleparaîtprofondémentirritéeetellerefermesonbouquinenselevant.–Fautquej’yaille.–Cinqminutes.Accorde-moicinqminutes,s’ilteplaît.Malgrélefaitqu’ellen’aitclairementpasenviedemeparler,ellenes’envapas.Ellene

serassiedpasnonplus,maiselleesttoujoursdeboutdevantmoi.Pourunjoueurdehockey,cinqminutessontlargementsuffisantespourmarquerquelquespoints.

–Jesuisdésolépourtoutcequis’estpassé,jediscalmement.Jen’auraispasdûterminerleschosesainsi,et surtout, jen’auraispasdû laisser leschosesdéraperàcepointalorsquej’avaisdéjàlatêteenvracavantdevenircheztoi.Maistusais,toutcequej’aiditsurlefaitqu’uneautre fillemeplaisait ?Ehbien, j’avais tort, jen’ai comprisqu’en rentrant chezmoiquej’étaisdéjàaveccellequejevoulais.

Son visage n’exprime aucune réaction. Zéro. Nada. Je me demande même si ellem’écoute,maisjecontinuequandmême.

–Lananadontjet’aiparlé…c’estlacopinedemonmeilleurami.Elleal’airmomentanémentsurprise,doncellem’écoute.–J’étaisconvaincuquej’avaislebéguinpourelle,maisenfait,cen’étaitpasellequeje

voulais.Jevoulaiscequ’ellepartageavecGarrett.Unerelation.Gracemeregarded’unairdouteux.–Euh,ouais.Désolée,maisjen’ycroispasuneseuleseconde.– C’est vrai pourtant. J’étais jaloux de leur couple et j’étais stressé par d’autres trucs

aussi,destrucsdefamille,etlehockey.Jesaisquej’ail’airdemetrouverdesexcuses,maisc’estlavérité.J’étaispauméetj’étaistroprongéparl’amertumepourappréciercequej’avais.Tumeplaisaisvraiment.Tumeplaistoujours.

Mon Dieu, j’ai l’impression d’avoir treize ans. Si seulement elle montrait un signed’encouragement, un indice qu’elle comprend ce que je lui dis, mais son expression resteneutre.

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– J’ai passé tout l’été à penser à toi, àme détester d’avoir réagi comme ça, à espérerpouvoirarrangerleschoses.

– Il n’y a rien à arranger. On se connaît à peine, Logan. On s’amusait, c’est tout, ethonnêtement,jen’aiaucuneenviederecommencer.

–Maisjeneveuxpasjustem’amuser.Jeveuxsortiravectoi.Ellesembleamusée.Amusée,putain.Commesijevenaisdeluiraconteruneblague.–Jesuissérieux!Tuaccepterais?Gracerestesilencieusequelquessecondesavantderépondre.–Non.Mon estomac se noue tandis qu’elle range son livre dans son sac en toile et qu’elle

s’éloigne.–Jedoisyaller.Jedîneavecmonpèreetilm’attendàlamaison.–Jevaisteraccompagner.–Nonmerci,jepeuxrentrertouteseule.C’étaitsympadeterevoir,ajoute-t-elle.Non,c’esthorsdequestion.Jenevaispaslaisserleschosesseterminerainsi,demanière

froide et impersonnelle, comme si nous n’étions rien d’autre que des connaissances qui secroisentdanslarue.

Lorsquejeluiemboîtelepas,ellepousseungrognementagacé.–Qu’est-cequetufais?Jet’aiditquejen’avaispasbesoinquetumeraccompagnes.–Jeneteraccompagnepas, jerépondsd’unevoix joyeuse.Jevaisdanscettedirection,

detoutefaçon.–Tesamissontpartisparlà,dit-elleendésignantladirectionopposée.–Ouais,maismoijevaisparlà.Ellesembleserrerlamâchoireetellemarmonnequelquechosequiressembleà«Leseul

jouroùj’oubliedeprendremoniPod».Super,commeça,ellenepeutpasm’ignorerenécoutantsamusique.

–Alors,tudînesavectonpère?C’estpourçaquetuestouthabillée?Ellenerépondpas,préférantaccélérerlepas.–Nestressepas,onmarchedanslamêmedirection,iln’yapasdemalàpasserletemps

endiscutant.Ellemeregardeducoindel’œil.–Jesuishabilléecommeçaparcequemamèreadépensébeaucouptropd’argentpour

cetterobeetquemoncerveauparanopensequesi jene lametspas,elle lesaura,mêmesielleestàdesmilliersdekilomètresàParis.

–Paris?–Oui,j’yaipassél’été.–TamèrehabiteenFrance?Alors,tesparentssontdivorcés?

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– Oui, répond-elle en me fusillant du regard. Arrête de me poser des questions,maintenant.

–Pasdeproblème.Tuveuxm’enposer,toi?–Non.–Ok,commetuveux.Alors,jevaiscontinuerd’enposer.Elle semble sur le point de sourire, mais elle se retient et reste silencieuse, pressant

encorelepas.NoussommesdansunerueparallèleàlaruecommerçantedeHastingsetnouspassons devant plusieurs boutiques avant d’entrer dans un quartier résidentiel. J’attendspatiemmentqueGraceenaitmarredusilenceetqu’elledisequelquechose,maiselleestplustêtuequejenelepensais.

– Alors, pourquoi cette nouvelle couleur de cheveux ? Non pas que je n’aime pas, aucontraire,c’estjoli.

–C’estaussiuneidéedemamère,marmonneGrace.Elleadécidéquej’avaisbesoind’unrelooking.

–Çatevasuper-bien.Jelaregardeducoindel’œiletjemedisqueçaluivaplusquebien.Jemarcheavecune

semi-érection depuis qu’on a quitté le parc, les yeux rivés sur sa robe qui volette sur sescuissesàchacundesespas.

Nous arrivons à un stop et elle tourne à droite sur une large rue bordée de chênes.Merde,samaisondoitêtretoutprèscarellemarcheencoreplusvite.

– Juste un rencard, s’il te plaît, Grace. Laisse-moi te montrer que je ne suis pas unconnard.

Ellemedévisage,incrédule.–Tum’ashumiliée,Logan,répond-ellesèchement.–Jesais,jeréponds,etquatremoisdeculpabilitémerattrapentbrutalement.– J’étais prête à coucher avec toi. Et tu ne t’es pas contenté de me rejeter, tu m’as

carrémentditque tum’utilisaispouroublierquelqu’und’autre !Pournepluspenseràcelleavecquituavaisvraimentenviedecoucher!s’exclame-t-elleenrougissant.Pourquellefichueraisonj’auraisenviederessortiravectoiaprèsça?

Ellearaison.Ellen’astrictementaucuneraisondem’accorderunenouvellechance.Ellemepassedevantenmebousculantetellepartendirectiond’unejoliepetitemaison

blancheentouréed’unporcheetd’unepelouseentretenue.Jemesensencoreplusmallorsquejeremarqueunhommeauxcheveuxgrisassissurune

chaiseenosierblanc,devantlamaison,unjournalsurlesgenoux.Merde,c’estsansdoutesonpère.C’estdéjàsuffisammentdurderamperenpublic,maisdevantsonpère?C’estaffreux.

–Tuoubliestoutcequis’estpasséavant?jecriedanssondos.–Quoi?demande-t-elleenseretournant.

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–Avantcettenuit-là,jedisenlarattrapant.Quandonaétéaucinéetauchâteaud’eau.Jesaisquejeteplaisaisàcemoment-là.

Gracesoupire,l’airfatiguée.–Ouais,c’estvrai.–Alors,onn’aqu’à seconcentrer surça, sur lesbonsmoments ! J’aimerdé,mais je te

promets que je vais me rattraper. Je ne veux personne d’autre que toi. Je veux juste unedeuxièmechance.

Elle ne répond pas, et un profond désespoir s’empare demoi. À ce stade, son « ouais,ok»habituelm’iraità ravir.Sonsilencem’anéantit, rongeantpeuàpeu laconfiancequ’ellem’aredonnéeenadmettantquejeluiplaisaisavantlaV-Night.

–Désolée,maisnon,dit-elleenfin.Écoute,sic’estmonpardonquetuveux,alorsok,jete pardonne. C’était la nuit la plus humiliante dema vie,mais j’ai eu tout l’été pourm’enremettre.Jenesuispasrancunière,siçapeutterassurer.Sionsecroisesurlecampus,jenevaispaspartirdans l’autre sensenhurlant.Peut-êtremêmequ’un jouron iraboireuncafé.Maisjeneveuxpassortiravectoi.Entoutcas,pasmaintenant.

Merde.Jepensaisvraimentqu’elleallaitdireoui.Ladéfaitem’accable,maiselleestviteremplacéeparunevagued’espoir,parcequetechniquement,ellen’apasditnon.

Elleadit«pasmaintenant».Etjepeuxvivreavecça.

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19

Grace

C’est le premier semestredemadeuxièmeannée, je suisdoncGraceDeuxièmeAnnée.GracePremièreAnnée,paixàsonâme,laissaitsonamieprendrelesdécisionsàsaplaceetlesmecsluimarcherdessus.GraceDeuxièmeAnnée,elle,neferariendetoutcela.ElleneseranilepaillassondeRamonaniladistractiondeLogan:elleestunejeunefillededix-neufansinsouciante,quiapassél’étéàflânerenFrance.

Est-cequeçacomptequeç’aitétéavecmamère?Mais oui, ça compte. Flâner c’est flâner, quelle que soit la personne qui vous

accompagne.Quoiqu’ilensoit,nouvelleannée:nouvelleGrace.Ouplutôt,jesuisdésormaisuneversionamélioréedemoi-même.

Encemoment,lanouvellemoiestentraindefairesonlitdanssanouvellechambre,etjepriepourquemacolocnesoitniunegarce,niunepsychopathe,niunepsycho-garce.J’aiessayédeconvaincrelananaenchargedulogementdemedonnerunechambresimple,maisellessontréservéesauxétudiantsdemaster.JevaisdoncvivreavecunecertaineDaisy.

Hier,lorsquemonpèrem’aaidéeàemménageràHartfordHouse,lecôtédeDaisyétaitvide.Or, lorsque je suis rentréedu self toutà l’heure, lapièceétaitpleinedecartonsetdevalises.Doncmaintenant,j’attendsqu’ellerevienne,histoired’enfiniraveclesprésentations.

Lanotiond’unenouvellecolocatairemarquevéritablementlafind’uneépoqueauxcôtésdeRamona. Jene luiaipasparlédepuisavril lorsque je luiaiditquec’était fini.Peut-êtrequenousnousverronspourdiscuter,undecesquatre,maispour l’instant, j’ai justehâtedecommencerl’annéesanselle.

Aussi exaspérante qu’ait été ma mère, avec ses relookings, elle m’a appris plusieurschosesutiles.Lapremière:aieconfianceentoi.Ladeuxième:soisspontanée.Latroisième:la seuleopinionqui compte, c’est la tienne. J’ai l’intentiond’intégrer les conseilsdemaman

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dansmonprojetdedeuxièmeannéequiimpliquedem’amuser,demefairedenouveauxamisetdesortiravecdesmecs.

Ah,etdenepaspenseràJohnLogan.C’estunaspectcrucialduprojet, car iln’acesséd’accaparermonespritdepuisquejel’aicroiséauparclasemainedernière.

Jesuisfièredenepasluiavoircédé,cependant.Orsij’aiétéétonnammentcalmeetqueje n’ai ressenti aucune colère, cela ne signifie pas que je sois prête à lui faire de nouveauconfiance. De toute manière, je suis Grace Deuxième Année, à présent. Je suis moinsfacilementémerveillée.SiLoganestsérieuxetqu’ilveutquenoussortionsensemble,ilvamefalloir bienplus quedes excuses et un sourire pourme faire accepter. Il vadevoir sortir legrandjeu.

La porte s’ouvre brusquement et jeme crispe enme retournant pour voirmanouvellecolocpourlapremièrefois.

Elle est… adorable, sauf que je suis certaine que c’est le dernier mot que les gensemploientpourladécrireetquesiellem’entendait,ellemecasserait lagueule.Néanmoins,c’est lepremieradjectifquimevientà l’esprit,carelleestminusculecommeunlutin,si leslutinsavaientlescheveuxnoirsstriésdemèchesroses,unemultitudedepiercingsetdejoliesrobesd’étéjaunesavecdesDocMartensnoires.

–Salut,s’exclame-t-ellejoyeusement.TuesGrace,c’estça?–Ouais,ettoiDaisy…?Ellesouritenfermantlaportederrièreelle.–Jesais,monprénomnemevapas.Jecroisquelorsquemesparentsmel’ontdonné,ils

espéraient que je deviendrais une belle du Sud comme ma mère. Mais à leur plus granddésespoir,mevoilà,ajoute-t-elleensedésignantdelatêteauxpieds.

J’entends en effet un léger accent du Sud dans sa voix, et cela ajoute une touchesupplémentaireàsonattitudedétendue.Jel’aimedéjà.

–J’espèrequelescartonsnet’ontpasgênée,j’aiatterricematinetjen’aipaseuletempsdedéfairemesvalises.

–Pasdesouci.Tuasbesoind’uncoupdemain?–Ceseraitgénial,maisçadevraattendreparcequejesuisjustepasséeprendremoniPad

avantdefileràlastation.–Lastation?–Lastationderadioducampus.J’animeuneémissionindierockunefoisparsemaineet

j’en produis deux autres. Je suis en licence de communication et je me spécialise dans lesmédias.

–Ah,c’estcool!Jevoulaisyallerpourvoirs’ilsavaientdesoffresd’emploi.Jepensaispostuler au journal de la fac, mais le mec à qui j’ai parlé m’a dit qu’ils avaient une listed’attente dedix kilomètres. Et je n’ai pas lamoindre fibre sportive nimusicale, doncde cecôté-làc’estfoutu.Quantauxautresclubs,ilsontl’airennuyeuxàmourir,outoutsimplement

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barjots.Tusavaisquelesécolosdelafacpassentleursweek-endsenchaînésàdesarbrespourprotestercontre lesprojetsd’urbanismede lavilledeHastings?Apparemment l’andernier,unefilleaétéfoudroyéeparcequ’ellearefusédesedétacherpendantunorage…

Jem’arrêtebrusquementdeparleretjesensmesjouesrougir.–Ah,aucasoùtunel’auraispasremarqué,j’aitendanceàjacasser.Daisyéclatederire.–C’estnoté.–Tufiniraspeut-êtrepartrouverçamignon,unjour.–Net’enfaispas,çanemegênepas,dumomentquetuacceptesmesterreursnocturnes.

C’est vraiment affreux, je me réveille en hurlant et en… Je plaisante ! s’exclame-t-elle enéclatant de rire. Mon Dieu, tu aurais dû voir ta tronche. Je te promets que je n’ai pas deterreursnocturnes.Maisonm’aditqueparfoisjeparlaisdansmonsommeil.

–Pasdesouci.Jejacasselajournée,tujacasseslanuit,onestfaitespours’entendre.Daisyouvreunedesesvalisesetfouillejusqu’àensortiruniPadrosefluo.Ellelerange

danssonsacentoilekakipuisellesetourneversmoi.–Enfait,situessérieuseàproposdevouloirunjob,oncherchedesgensàlastation.Il

yaquelquespostesd’animateurs,maisjenepensepasqu’ilst’intéresserontparcequec’estlesémissionsenpleinenuit.Etsitun’espasbranchéeanimation,ilnousfautaussiunproducteurpourl’undestalk-shows.

–Ilfaudraitquejefassequoi?–C’estuneémissionoùlesgensappellentpourdemanderconseil.C’estlelundisoiretle

vendredi après-midi. Il faudra que tu tries les appels et que tu fasses les recherches si lesanimateurs veulent parler d’un sujet précis, ce genre de chose.Mais tu n’as qu’à venir avecmoimaintenant,commeça,jeteprésenteraiàMorris,lemanager.

J’yréfléchisuninstant,maislaréponseestévidente.Daisyal’aircool,etcelanemeferapasdemaldeparleraumanager.Detoutefaçon,j’aiditquejevoulaismefairedenouveauxamis,alorsautantcommencertoutdesuite.

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Logan

Qu’est-ce que c’est bonde rentrer à lamaison ! Certes, techniquement,mamaison estcelleoùj’aipassél’été.Or,jen’aijamaisétéaussiheureuxàMunsenquejelesuisàHastings,oùjenevisquedepuisdeuxans.

Lelendemaindemonretour,jesuisdesibonnehumeurquejecommencelajournéeenécoutantde lamusiqueà fonddans lacuisineetenmegoinfrantdecéréales.Garrettest lepremieràfairesonapparitionensefrottantlesyeux,vêtud’unsimpleboxer.

–Bonjour,marmonne-t-il.Dis-moiquetuasfaitducafé.Jedésignelacafetièresurleplandetravail.–Fais-toiplaisir.Ilsesertunetasseets’assiedsuruntabouretàcôtédemoi.–C’estquoitontruccematin?Tuesdesibonnehumeurquec’estflippant.–C’esttoiquiesflippant.Souris,mec,c’estnotrejourpréféré!Tuasoublié?C’estaujourd’huique leshockeyeursquin’ontpasété recrutésà la sortiedu lycéevont

passer l’épreuve de sélection, et nous observons toujours les essais en espérant voir denouveauxtalents.Hélas,laréalitéduhockeyuniversitaireveutquel’équipeperdedesjoueursenchaquefind’année,puisquecertainsdécrochentleurdiplômeouabandonnentlafactandisqued’autrespartentchezlespros.

Encedébutd’année,notreéquipeestparticulièrementmalenpoint.Nousavonsperdutroisdenosmeilleursattaquants–BirdieetNikoqui sontdiplômésetConnorquiestpartichez les Kings. Quant à notre défense, elle a perdu Rogers qui joue pour Chicago, et deuxautresgarsquisontdiplôméseuxaussi.Deanetmoiallonsdoncdevoirjouerpluslongtempsjusqu’à ce que les plus jeunes s’améliorent. Cependant, le pire, c’est que nous avons perdunotregoal.KennySimmsétaitmagique. Il n’était qu’enpremière année lorsque le coach l’adésigné commegoalprincipal, alorsqu’il y avaitdeuxautresgardiensplusanciens,mais cetype était un génie. À moins qu’un nouveau Simms débarque aujourd’hui, le sort de notre

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équipe repose désormais entre lesmains de Patrick, unmec qui ne nous a pas encore faitrêver.

–OnauraitdûsoudoyerlesprofsdeSimmspourqu’ilsluicollentdessalesnotesetqu’iln’aitpassondiplôme,ditGarrettensoupirant.

–Çavaaller,jeréponds,mêmesijen’ensuispasconvaincumoi-même.–Non,çan’irapas,intervientDeanensejetantsurlacafetière.Jedoutequ’onarriveen

demi-finale,cetteannée.SansKenny,c’estmort.–Quelscepticisme!rétorqueTuckerenentrantàsontour.–NomdeDieu ! jem’exclame.Tu as rasé ta barbe ! Pourquoi tunem’as riendit ? je

demandeàGarrett.Jenousauraisorganiséunefête!–Tuveuxdirequetuluiauraisorganiséunefête?répondDean.– Non, il veut dire nous, assure Garrett àma place. C’est nous qui avons dû regarder

cettehorreurtoutel’année.–Jesuisravideterevoir,gueuled’ange,jedisàTuckerenluimettantunefessée.–Vatefairefoutre!grogne-t-il.Ouaip,çafaitvraimentdubiend’êtrerentré.

Uneheureplustard,noussommesassisdanslesgradins,penchésenavantpourobserver

lesfrappesd’unpremièreannéeauxcheveuxrouxetfrisés.–Celui-làn’estpastropmal.– Qui, celui avec le mulet ? demande Hollis à l’autre bout de la rangée. Ouais, rien

d’extraordinaire.Surlaglace, lecoachleurfaitfairedesexercicessimples,et jedoisavouerqu’aucunne

m’avendudurêve,moinonplus.Deuxpardeux,lesmecspatinentjusqu’àlalignebleueoùilsessaientdemarquer,puisilsfontundemi-toursecetilsretournentenzoneneutre,oùundesassistantsducoachleurfaitunepassequ’ilsdoiventrécupérer.

Cen’estpastrèscompliqué,maisj’aidéjàvutropdepassesloupées.Lesgoalsnesontpasmauvais,aumoins.Ilsn’ontpaslegéniedeSimms,maisilsarrêtent

plusdetirsqu’ilsn’enlaissententrer,cequiestplutôtprometteur.–Oui,c’estbonça!C’estçaqu’onveutvoir!siffleGarrettàcôtédemoi.Eneffet,lesuivantvientdedécolleret,bonsang,ilestrapide.Ilfileendirectiondubut,

iltirepileaubonmoment,etsonpaletatterritdanslefonddufilet.–Encorefaut-ilqu’ilaitdel’endurance,ditTucker.Cependant,vingtminutesplustard,legaminestencoreaussienformequ’OzzyOsbourne

enconcert.–C’estqui,cetype?demandeGarrett.–Aucuneidée,répondHollis.–Hunterquelquechose,ditPierre,unCanadienquinousarejointsl’andernier.C’estun

petitricheduConnecticut,unegrandestardanssonéquipedulycée.

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–S’ilestsibon,pourquoiiln’apasétérecruté?demandeTucker.Pourquoilecoachluilaissepasserlesépreuves?

– Lamoitié des facs du pays ont essayé de le recruter, explique Pierre,mais il voulaitlaissertomberlehockey.Apparemment,lecoachl’aconvaincudeveniraujourd’hui,maisilyadeschancesqu’ilneveuillepasjouer,mêmes’ilestsélectionné.

–Iljouera,vousenfaitespas,déclareDean.Jesuisprêtàlesucerpourl’enconvaincre.Nouséclatonstousderire.Jehausseunsourcil:–Onsucedesbites,maintenant?–Tusaisquoi?répond-ild’unairmachiavélique.Jenemecontenteraipasdelesucer…

j’avalerai.Nousnousregardonstousd’unairperplexe,maisleregardmoqueurdeDeanmeditoùil

veutenvenir,cetenfoiré.– Jene sais pas si vous êtes au courant,mais unorgasmeest le point culminantd’une

partie de plaisir entre deux personnes, explique-t-il enme regardant d’un air innocent. Leshommes et les femmes l’atteignent de différentes façons. Par exemple, lorsqu’une femmeprendsonpied,ellepeutgémir,oucrier…

–Dequoituparles,mec?interromptGarrett.Deanclignedesyeux,feignantdenepascomprendre.–Jemesuisditquevousaviezpeut-êtrebesoind’uncoursaccélérépourvousremettre

enselle,répond-il.–Jecroisqueçavaaller,répondTuck.–Vousêtessûrs?Personnen’adequestions?demande-t-ilenmesouriant.Lorsquelesautresredirigentleurattentionsurlapatinoire,jeluimetsuncoupdecoude

danslescôtes.–Bonsang,John,j’essaiejustedet’aider.Jepourraist’apprendrebeaucoupdechoses,tu

sais.Aucunefemmen’ajamaispurésisteràmoncharmenaturel.–Tusaisquid’autreavaituncharmenaturel?jerétorque.TedBundy.–Qui?demandeDean.–Letueurensérie.Merde.JesuispasséducoqàTedBundy.JemetransformeenGrace.Etmaintenant je

pense àGrace. Super. Jeme suis forcé ànepas le fairedepuis le râteauqu’ellem’amis lasemainedernière,maisj’aibeauessayer,jen’yarrivepas.

Jemedemande si c’estunequestionde fierté,parceque jenemesouvienspasd’avoirdéjàétéobsédéàcepointparunenana.Est-cequ’ellem’intéresseparcequ’elleneveutpasdemoi? Jenepensepasêtrearrogantà cepoint,mais jedoisadmettreque j’aidumalàmeremettredesonvent.

Cependant,j’aimeraisvraimentavoiruneautrechanceavecelle,pourluimontrerquejenesuispasunenfoirésanscœurquiseservaitd’elle.Or,jenesaispasquoifairepourqu’elle

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change d’avis. Des fleurs, peut-être ? Ou peut-être que je devrais ramper devant elle enpublic?

–Eh,banded’abrutis!Noussursautonslorsquelecoachgueuledansnotredirectionennousfusillantduregard.

Jensen est le seul membre de la faculté à pouvoir nous traiter d’abrutis sans subir dereprésailles.

– Vous pouvez me dire ce que vous foutez là alors que vous devriez être en salle demuscu ? Foutez le campdemon entraînement ! hurle-t-il avantde se tourner vers les troispremières années qui ricanent derrière lui. Et vous, qu’est-ce qui vous fait rire, bande delégumes?Onpatine!Allez!

Lesjoueurssprintentenavantcommesilaglaceétaitenfeutandisque,danslesgradins,nousdéguerpissonsaussivite.

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20

Grace

C’estauboutd’unesemainequeRamonamecontacte,etaprèsplusieursmoispassésàl’ignorer, je décroche enfin. Il est temps de la voir en personne,même si je n’en ai aucuneenvie. Cependant, je ne peux ni oublier ni effacer toutes les années d’amitié et tous lessouvenirsquinousunissent,et jenepeuxpas l’ignorerpour toujours.Je traverse lecampuspour la rejoindre au café et jeme dis que cette rencontre n’a pour but que de clarifier leschoses entre nous. Nous n’allons pas redevenir meilleures amies, je ne pense pas en êtrecapableaprèscequ’elleafait.

Iln’estmêmepasquestiondumessagequ’elleaenvoyéàLogan,maisplutôtdecequecemessage révèle. À l’évidence, elle se fiche de mes sentiments et de notre amitié, car unevéritableamienedraguepaslemecquiafaitdumalàcellequ’elleconnaîtdepuistreizeans.Une véritable amiemet de côté ses propres désirs pour soutenir celle qu’elle décrit comme«sasœurdecœur».

Jepasselaporteducaféunedemi-heureaprèsl’avoireueautéléphone,etjelarejoinsàunetableprèsdelafenêtre.

–Salut,dit-elletimidement.Ellen’a strictementpas changé, ses cheveuxnoirs lui arrivent auxépaules et son corps

voluptueuxestmoulédansdesvêtementsaguicheurs.Lorsqu’elleremarquemescheveux,elleécarquillelesyeux.

–Tuesdevenueblonde!s’exclame-t-elle.–Ouais,c’estmamèrequim’aconvaincuedelefaire,jedisenm’asseyantenfaced’elle.Unepartdemoiesttentéedelaprendredansmesbras,maisjenelefaispas.– Tiens, c’est pour toi, dit-elle enme tendant un café. Je viens d’arriver, il est encore

chaud.–Merci.

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J’aitraverserlecampusetilfaitvingt-cinqdegrésdehors,maisj’aifroid,toutàcoup,etlachaleurdugobeletmefaitleplusgrandbien.Jesuisnerveuse,lesilenceentrenousnefaitrienpourmemettreàl’aise.

–Grace…jesuisdésolée.Jesoupire.–Jesais.Unelueurd’espoirilluminesonregard.–Çaveutdirequetumepardonnes?–Non,çaveutdirequejesaisquetuesdésolée.J’enlèvelecouvercledemoncaféetj’enboisunepetitegorgéeavantdegrimacer.Ellea

oublié lesucre.Celanedevraitpasmegêneràcepoint,maisc’estunénièmesignequemameilleureamienesaitriendemoi,quecelaconcernemessentimentsoumesgoûts.Jeprendsdeuxsachetsdesucresurlepetitplateauenplastiqueetjelesversedansmoncafé,puisjeleremueaveclepetitboutdebois.

–Jesuisuneamiemerdique,chuchote-t-elleens’effondrant.Jenelacontredispas.–Jen’auraispasdûluiécrire.Jenesaismêmepaspourquoijel’aifait,dit-elle.Ouplutôt

si,jesaispourquoi.C’estparcequejesuisunegarce,quejesuisjalouseetquejemanquedeconfianceenmoi.

Encoreunefois,jenerépondsrien.– Tu ne comprends pas, hein ? s’exclame-t-elle devant mon silence. Pour toi, tout est

facile.TuasdesAdanstouteslesmatières,tuchopeslemecleplusbeauducampussans…–Facile? jerétorque.Ouais, j’aidesbonnesnotes,maisc’estparceque j’étudiecomme

unemalade,Ramona.Quantauxmecs,tuasoubliélelycée?J’étaisloind’avoirdesrencardsàtout-va!D’ailleurs,cen’esttoujourspaslecas!

–C’est parce que tumanques autant de confiance quemoi, parce que tu es nerveuse !Maismême quand tu es stressée et que tu jacasses, les gens t’aiment. Ils t’adorent tout desuite.Çanem’arrivepas,àmoi,dit-elleensemordantlalèvre.Moi,jedoisfairedestonnesd’effortspourêtreremarquéeetappréciée.Laseuleraisonpour laquelle j’étaispopulaireaulycée, c’est parce que j’étais la rebelle, parce que je fumais des joints, que je m’habillaiscommeunesalopeetquelesmecssavaientquej’étaisuncoupfacile.

–Tun’asrienfaitpourlesdécourager,Ramona.–Non,c’estvrai:parcequej’aimaisl’attentionqueçam’attirait.Jemefichaisquecesoit

de l’attention positive ou négative. Je voulais juste qu’on me remarque. Je sais que c’estpathétique.

Je ne sais pas si je suis triste pour elle ou si j’ai pitié.Ramona est la personne la plusconfiantequejeconnaisse,etl’entendreparlerd’elle-mêmeencestermesmedonneenviedepleurer.

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–Tun’espaspathétique.–Etjenesuispasunebonneamienonplus,dit-ellefroidement.J’étaistellementjalouse

detoi,Grace.C’esttoujoursmoiquisuissortieaveclesbeauxgossesetquitedemandaistonavis,ettoutàcoup,tumeparlaisdecoucheravecJohnLogan.J’étaistellementrongéeparlajalousiequej’avaisenviedehurler.Alors,quandc’esttombéàl’eauentretoietLogan…jemesuis sentie…soulagée,admet-elled’unair coupable.Et suffisante,aussi. Jeme suismiseentêtequesiçaavaitétémoi,iln’auraitjamaispumerejeter,et…ouais,jeluiaiécrit.

MonDieu,jeretirecequejeviensdedireàproposdufaitqu’ellen’estpaspathétique.– J’étaisbêteet égoïsteet je suis vraimentdésolée,Gracie,dit-elle enme suppliantdu

regard.Tucroisquetupourrasmepardonner?Onpeutrecommenceràzéro,s’ilteplaît?Jeboisunelonguegorgéedecaféenlaregardantpar-dessuslegobelet.–Jen’ensuispasencorecapable.–Pourquoi?–Parcequejepensequ’unepausevanousfairedubien.Onestfourréesensemblevingt-

quatreheuressurvingt-quatredepuisqu’onest toutespetites,Ramona.Maisonestà la fac,maintenant,etondevrait fairedenouvellesrencontres,s’ouvrir l’esprit.Honnêtement, jenepeuxpasfaireçaquandtuesdanslesparages.

–Onpeutlefaireensemble,répond-elle.–Non,c’estimpossible.Lesseulespersonnesquej’airencontréesl’andernier,c’étaitavec

JessetMaya,etjenelesaimemêmepas!J’aibesoind’espace,ok?Jenedispasqu’onnesereparlerapas.Tuastenuuneplaceprépondérantedansmavieetjeneveuxpastoutjeterparla fenêtre à cause d’un stupide message. Mais je ne veux pas non plus que les chosesredeviennentcommeavant.

Ramonaneditrienetsemordlalèvre.Jevoisqu’elleaenviededébattre,deforceruneréconciliation,maispourunefoisdanssavie,ellem’écoute.

–Est-cequ’onpeutquandmême…jenesaispas…s’écrire?Boireuncafédetempsentemps?

Jeréfléchisquelquessecondesavantdehocherlatête.–Çameva.Sioncommencedoucement.Sonvisages’illumine.–Disonsuncafé,alors?Onn’auraqu’àseretrouverici.J’aibeaunepasmesentirprête,jehochedenouveaulatête.–Tuneleregretteraspas.Jeteprometsqueplusjamaistun’aurasàteplaindredemon

attitude!Jelecroiraiquandjeleverrai.Pourl’instant,j’aifaittouteslesconcessionspossibles.Nous échangeons le câlin le plus bref et gênant de tous les temps, puis elle s’en va en

disant qu’elle a cours. Quant à moi, je suis trop triste pour partir, alors je reste assise,

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remuantmoncafésansypenser.J’ai l’impressionque jeviensderompreavecquelqu’un,etd’unecertainefaçon,c’estlecas.

Toutefois, je pense ce que je lui ai dit. J’ai vraiment besoin d’une pause. Ramonametirait vers le bas, l’an dernier. Grace Première Année était un oiseau en cage qui n’avait ledroit de voler que lorsque Ramona lui ouvrait la porte. Or Grace Deuxième Année al’intentiondevolerpartoutoùcelaluichante.

La tristesse enmoi se dissipe pour laisser place à de l’excitation. Jeme sens déjà plusépanouie.J’adoremanouvellecoloc,mescoursmeplaisent,et j’aihâtedecommencermonjobàlaradioducampus.Morris,lemanager,m’atoutdesuitedonnélepostedeproducteur,etàpartirdelundi,jevaistravaillerpouruneémissiondeconseilsaniméeparunmecd’unefraternitéetunenanad’unesororitéqui,selonDaisy,«ontleQId’unpotdeyaourt».

Enplus,Morrisal’airsuper-sympaetilestsuper-canon.Laclocheau-dessusdelaporteretentitet jetournelatêtemécaniquement.Jelabaisse

aussi vite et jeme penche un peu en espérant quemes cheveux cacherontmon visage, carc’estLoganquivientd’entreravecsesamis.

Merde.Peut-êtrequ’ilnevapasmevoiretquejevaispouvoirsortirdiscrètement.Jeneveuxpasattirersonattention,alorsjenemelèvepasimmédiatement.Loganetses

amisvontpasserleurcommandesousleregarddetouslesétudiantsprésentsdanslecafé.Ilya quelque chose chez ces gens qui change l’atmosphère d’une pièce lorsqu’ils y entrent. Ilsprennent toute la place, et ce n’est pas parce qu’ils sont taillés comme des armoires maisplutôt à cause de la confiance avec laquelle ils marchent, les insultes qu’ils se jettent à lafigureetlessouriresqu’ilsdégainentsifacilement.

Jesaisque jedevraism’éclipser,mais jesuiscommehypnotisée. Ilestsibeauquec’estpresquecriminel.Certes, jenevoisque l’arrièrede sa tête,maisc’estunenuquesacrémentsexy. Même de dos, il est évident que c’est un athlète : ses longues jambes musclées sontdivinementmisesenreliefparsonjean,etsont-shirtestsimoulantquejeregrettedenepasavoirdeserviettepourbaverdedans.

Aargh, il faut que jeme le sorte de la tête. Si je continue de fantasmer à son sujet, jerisquedefinirparl’apprécieretjenesuispasprêtepourça.

Mince,ilestdéjàtroptard,Logans’éloigneducomptoiretvientversmoi.–Salut,mabelle,dit-ilens’installantenfacedemoietenposantunmuffinauxpépites

dechocolatàcôtédemongobeletdecafé.Jet’aiprisunmuffin.Ah,apparemmentilm’avaitremarquéeenentrant.–Pourquoi?jedemandesanslesaluer.–Parcequejevoulaist’offrirquelquechoseetquetuboisdéjàuncafé.Doncj’aiprisun

muffin.Jehausseunsourcil.–C’estunmoyenderachetermesbonnesgrâces?

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–Ouaip,absolument.Jolijeudemots,aufait.–Cen’étaitpasunjeudemots.C’estjusteunhomonyme.Sesyeuxbleusscintillenttandisqu’ilmetoiseduregard.–J’adorequetumeparlesd’homonymes.– Ok, je réponds en réprimant un rire. Merci, mais tu crois vraiment qu’unmuffin va

suffireàmereconquérir?–Jet’offriraiunrepasentierquandonsortiraensemble,dit-ilenmefaisantunclind’œil.

D’ailleurs,àcepropos,onfaitçaquand?–Dequoituparles?–Denotrerencard.Jesuislibrecesoir.Oun’importequelsoirenfait.Monagendaestà

toi.MonDieu, ilest incorrigible,etbeaucouptropbeau.Samâchoirecarréeest recouverte

d’unebarbedetrois joursquejebrûled’enviedelécher.C’est lapremièrefoisquej’aienviedelécherlabarbed’unmec.Qu’est-cequim’arrive,bonsang?

–Félicitationspourtontempslibre,maisjenevaispassortiravectoi.Logansouritjusqu’auxoreilles.–Cesoir,ouengénéral?–Lesdeux.Heureusementpourmoi,noussommesinterrompus.–Tuesprêt?–Dégage,G,jesuisoccupé.Sonamiricaneetsetourneversmoi.–Salut,moic’estGarrett.Ouais,commesijepouvaisignorerquiilest.GarrettGrahamestunelégende,ici.Ilest

également incroyablement beau, le genre de beauté quime fait rougir alors que je ne suismêmepasintéressée.

–JesuisGrace.–Jenevoulaispasvousinterrompre,dit-ilens’éloignantavecunénormesouriresurles

lèvres.Jevaisattendredehorspourlaissermonpotefinirde…euh…tecourtiser.–C’estinutile.Onafini,jedisenreculantmachaiseetenmelevant.–Absolumentpas,marmonneLogan.Garrettnousregardetouràtourd’unairamusé.–J’aisuiviuncoursderésolutiondeconflitsaulycée.Vousavezbesoind’unmédiateur?Jeprendsmonsacetmoncafé.–Lasténographequimesuitpartoutestenpausedéj’,maisjepeuxtefaireunrésuméde

la situation. Logan m’a demandé de sortir avec lui et j’ai résolu le conflit en déclinantpolimentsoninvitation.Tuvois,j’aidéjàfaittoutletravail.

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Garrett éclate de rire si fort que toute la salle se tourne vers nous, y compris les troisjoueursdehockeyquinousrejoignent.

–Qu’est-cequiestsidrôle?demandeDeanavantdemeremarquer.SalutGrace,çafaitlongtemps.J’adoretescheveux.

Jesuissurprisequ’ilsesouviennedemonprénom.–Merci,jedisenreculantverslaporte.Fautquej’yaille,maintenant.Àplus,Logan.Et

vousaussi,lespotesdeLogan.JesuispresquearrivéeàlaportelorsqueLoganm’interpelle.–Tuasoubliétonmuffin.–Pasdutout!jerépondssansmeretourner.Laporteserefermesurleséclatsderiredecinqdesmecslespluspopulairesdelafac.

–Voilàcequetuvasfaire.Tuachètesunebouteilledevin,tul’invitescheztoi,etquandilarrive,tumetsunmorceaud’Usher.Ensuite,tuenlèvestoustesvêtementset…tusaisquoi,chérie ? roucoulePaceDawsondans sonmicro.Oublie le vin etUsher, sois àpoil quand ildébarqueetjet’assurequ’ilseraprêtàpasseràtable.

LacoéquipièredePace,EvelynWinthrope,faitpartauxauditeursdesonapprobation.–Onneperdjamaisenétantàpoil,Mesdames.Lesmecsadorent.Derrièrelavitre,dansmacabine,jefaisdemonmieuxpournepasvomir.JevoisPaceet

Evelynsesourirecommes’ilsvenaientdedonner lesconseilsdusiècleà lapauvrepremièreannéequilesaappeléspourleurdemanderdel’aideenmatièredeséduction.

C’est ma première semaine à la station de radio, et ma deuxième émission de«Keskitefaut»,leprogrammedePaceetEvelyn.Pourl’instant,jenepeuxpasdirequejesoisémerveilléepar laqualitéde leursconseils,maisd’aprèsDaisy, l’émissionbihebdomadaireaplusd’audimatquetouteslesautresémissionsréunies.

–Trèsbien.Auditeursuivant,s’ilvousplaît.C’estlemomentoùjemetsfinàl’attentedelavictimesuivantepourlapasserendirect

surlesondes.Unedemesautrestâchesetdefiltrerlesappelspourm’assurerquelesgensontdevraiesquestionset/ouqu’ilsnesontpasfous.

–Salut,qu’est-cequitefaut?Lejeunehommeneperdpasdetemps.–Pace,mongars,jevoulaisavoirtonavissurlerasageintimepourlesmecs.L’animateurenmaillotderugbyricaneavantderépondre.–Mec,jesuistotalementcontre.C’estpourlesnanasetlesmauviettes.–Pasdutoutd’accord,intervientEvelyn.Je fais de mon mieux pour ne pas éclater de rire tandis que les deux animateurs se

disputent àproposdes avantages etdes inconvénientsde lapilosité intimedeshommes. Je

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chronomètre aussi le temps qui leur reste, car chaque personne a droit à cinqminutes, etcelui-ciaencorequatreminutesdevantlui.

Je regarde par l’autre vitre de ma cabine où Morris range des CD dans l’immensebibliothèquequirecouvretoutlemur.Ildoityavoirdescentaines,voiredesmilliersdeCD,ce qui est étrange car je ne me souviens pas de la dernière fois que j’ai écouté un CD, jepensaisqu’ilsétaientaussiobsolètesquelescassettesetlesVHS.Cependant,lastationradioestoldschool 1,toutcommeMorrisquim’aditqu’ilpossédaituntourne-disquesetunevieillemachine à écrire. D’ailleurs, son style vestimentaire est assez rétro également, et je trouvecelacarrémentsexy.Ilestàlafoishipster,punk,ilauncertainje-ne-sais-quoid’OliverTwistet…jepourraiscontinuerpendantdesheures,en fait. Ilyaunpeude toutchezcemec,etcelacollebienàsapersonnalitéexcentrique.Jeneleconnaisquedepuisunesemaine,maisjedécouvre rapidement que Morris ne peut pas passer une heure sans faire une remarquesarcastique,uneblaguecoquineouunmauvaisjeudemots.

Pour finir, je suis presque certainede lui plaire, si j’en crois son flirt permanent et sescompliments à la pelle. Je pourrais être partante s’ilmedemandait de sortir avec lui,maischaque foisque j’ypense,unepartiedemoiprotesteetmecriede sortiravecLogan.Jenepeux pas nier que l’histoire dumuffin était charmante. Présomptueuse, bien sûr, mais nonmoins adorable. J’ai souri sur tout le chemin jusque chezmoi.Cependant, cela ne veut pasdirequejesoisprêteàluilaisserunesecondechance.

Je m’oblige à me concentrer de nouveau sur les deux animateurs fous, et je passe lestrente-cinqminutes suivantes à faire demonmieux pour ne pas rire en entendant les deuxpersonnes les plus bêtes de la planète offrir leurs conseils aux pauvres désespérés qui lesappellent.JeseraisétonnéequelasommedeleurQIatteignedeuxchiffres.

Lorsque Pace et Evelyne font leurs adieux aux auditeurs, je lance la playlist que m’adonnéeMorris,letempsqueleprochainDJs’installe.Ils’appelleKamal,etc’estundinguedehiphopquijouedesmorceauxquepersonnen’ajamaisentendus.

JesorsdemacabineetMorrisvientversmoiensouriant.–Tuasécoutél’appelsurlerasagemasculin?demande-t-il.–Commentl’ignorer?C’estundesdébatslesplusridiculesquej’aiejamaisentendus,je

réponds en souriant.Mais j’ai adoré lemoment oùEvelyn adit que si elle voulait voir unejungle,elleprendraitunbilletpourl’Indonésie.

Il rit en se passant unemain dans les cheveux, attirantmon attention sur ses mèchesbrunes toujours décoiffées. Son physique est très curieux : sa peau est couleur miel, sescheveux ébène, ses yeux ambrés. Je n’ai aucune idée de ses origines, peut-être asiatiques,mélangées à… aucune idée. Comme son style vestimentaire, ses traits sont une collectiond’élémentsuniquesquejetrouveincroyablementattirants.

–Tumeregardesbizarrement,dit-ild’unairintrigué.J’aiquelquechoseentrelesdents?

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–Non, jedis en rougissant. Jemedemandais justedequelle origine tu es.Désolée, tun’espasobligéderépondre.

Maquestional’airdebeaucoupl’amuser.–Monvisageestunmelting-pot 2debeautéethnique,n’est-cepas?Net’inquiètepas,on

meledemandetoutletemps.MafamilleestcommelesNationsunies:mamèreestnéeenZambied’unemèrenoire et d’unpèreblancqui tenait une clinique là-bas. Etmonpère estitalo-japonais.

–Waouh,çafaitbeaucoupdeculturesdifférentes.–Ettoi?–Mes origines sont beaucoupmoins intéressantes. Les Ivers ont pratiquement fondé le

Massachusetts. Je crois qu’on a des racines écossaises ou irlandaises, mais je n’en suis passûre.

Un rire aigu retentit derrièrenous et lorsque jeme retourne, je vois Pace etEvelyn sebécoter contre lemur.Lorsdemonpremier jour, j’aidemandéàEvelyndepuis combiendetempsilsétaientensemble,etellem’aregardéecommesij’avaisuntroisièmeœilsurlefrontavant de m’informer qu’ils ne se chopaient qu’à la radio parce que c’était « juste tropennuyeux ».Morris etmoi échangeonsdes regardsamusés tandisquePacenousaperçoit etnoussouritpar-dessusl’épauled’Evelyn.

–Yo,Morrison,dit-ilalorsquelablondecontinuedeluimordillerlecou.Y’aunesoiréechezSigma,cesoir.GrosTedaunnouveaujeuauquelilveutquetuessaiesdelebattre.Tudevraisveniraussi,Gretchen.

Même si j’avais eu enviede le corriger,Pacene fait plus attentionànousparceque lalangued’Evelynestdenouveaudanssabouche.

–Pourquoiilt’appelleMorrison,etquidiableestceGrosTed?–Ilm’appelleMorrisonparcequ’ilpensequec’estcommeçaquejem’appelle,mêmesije

luiaiditcentfoisquecen’étaitpaslecas,etGrosTedestunmembredesafraternité.C’estun fande jeuxvidéoetonaune sortedecompétitionentrenous.Quand l’undenousdeuxs’achèteunnouveaujeuetletermine,illepasseàl’autrepourvoirs’ilpeutfairemieux.Tedestgénial,tuleverrascesoir.

–QuiaditqueGretchenallaitàlasoirée?jedemandeenriant.–Morrison.IlveutdemanderàGretchendesortiravecluidepuisqu’ill’arencontrée.Jerougisenvoyantsonsouriretimide.–Alors…ceseraitunrencard?–Situveux,oui.Sinon,ceserajustedeuxamisquivontàunesoiréeensemble.Morrison

etGretchenàlaconquêtedumonde,dit-ilenhaussantunsourcil.Àtoidechoisir.Je pense brusquement à Logan et celame fait hésiter. Cependant, celam’énerve aussi,

parcequeLogannefaitpaspartiedel’équation,onn’estpasensembleetonnel’ajamaisété.EtpuisMorrisestunsuper-gars.

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–Tuendisquoi,Gretch?Sonsourirenarquoismefaitrireetjeleregardedanslesyeux.–OKpourlerencard.

1.Àl’ancienne.

2.Mélangeethnique.

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21

Logan

Jene suispasdu toutd’humeuràalleràune soiréede fraternité,maisGarrettm’aditques’ilestobligéd’yaller,alorsmoiaussi,parceque«lesmeilleurspotesdoiventseserrerlescoudes».Heureusement,c’estluiquiconduit,doncjepeuxmeconsolerenbuvantunpeu.Toutefois, jenevaispasenfreindremanouvellerègletrèsstricteàproposdefilles:finislescoupsrapidesetsanslendemaindansleschiottesetleslitsquinem’appartiennentpas.JohnLoganestofficiellementenmode«couple».

–Jenecomprendspaspourquoituesdansunefraternitéalorsqu’àl’évidencetudétestesenêtremembre,remarqueHannah.

Elleestassiseàl’arrièredelaJeepdeGarrettparcequejesuiscontrelefaitquelapetiteamiesoitautomatiquementàl’avantetque,detoutefaçon,j’aidit«prems»avantelle.DeanetTuckersontpartisplustôtavecHollis,nouslesrejoignonsàlamaisonSigma.

Jesuisd’accordavecHannahàproposdeGarrett.IlestmembredeSigmaTau,orilnevitpasdanslamaison,ilnevapasauxréunionsetilsnetraînentjamaisavec«sesfrères».Saseule contribution est qu’il ramène ses fesses aux soirées, et encore, il ne reste jamais plusd’uneheure.

– Mon père était membre, donc j’ai été parrainé. Ils étaient obligés de me laisserparticiperaurush1,etmonvieuxm’yaforcé.

–Attends,alorstuasétébizutécommetouslesautres?demandeHannah.–Non.Ilsvoulaienttellementquejesoismembre,parcequejesuisunestarduhockey,

qu’ilsnem’ontrienfait faire. Ilsgueulaientsuper-fortquand lesautresbizutsétaient là,parexempleilsm’ordonnaientderécurerlasalledebainsavecunebrosseàdentsouuntrucdugenre,etl’und’entreeuxmeprenaitàpartpourmedire:«T’enfaispasgamin,vatereposer,ons’occupedetout.»

Hannahéclatederire.

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–Wouah,alorslesystèmedefraternitéestcorrompu?Jesuisoutrée.Garretttourneàdroitesurl’alléedesfraternitésoùdesvoituressontgaréespêle-mêle,et

nous nous arrêtons à quelques maisons de Sigma Tau, où Dean, Tucker et Hollis nousattendentsurlapelouseensepassantunjoint.Deanmeletendetjetirelonguementdessus,remplissantmespoumonsavantd’expirerunépaisnuagedefuméeblanche.

–Devinequivientd’arriver?marmonneDean.Tapremièreannée.Enfin,jesupposequec’esttadeuxièmeannée,maintenant.

Moncœuraccélère.–Graceestlà?–Ouais,mais…elleest…accompagnée.Quoi?Parqui?ÇaaintérêtànepasêtreparunabrutideSigmadontleseulbutetde

latringler.Jen’avaispasl’intentiondemebattrecesoir,maissiunperversoseneserait-cequeregarderGracetroplongtemps,cemecestmort.

Deancalmevitemesinquiétudes.–Unesortedehipster,dit-il.PasunSigma,c’estsûr.J’ai soudain hâte d’entrer et je poussemes amis vers la porte sous le regard amusé de

Garrett.–Alors,tuvasencore«courtiser»cesoir?demande-t-il.Ilnecroitpassibiendire.Lamaisonestencoreplusbondéequelegymnasependantundenosmatchs,etjenevois

pasGracelorsquejebalayelesalonduregard.Ladubstepquifaitvibrerlesmursrendtouteconversation impossible,alors jesignaleàGarrettque jeparsà larecherchedeGraceavantdemelaisserengloutirparlafoule.Plusieursjoliesfillesmesourientlorsquejepassedevantelles,maisc’estàpeinesijelesremarque.JenevoisGracenullepart,Deanapeut-êtretoutinventé.Aprèstout,l’idéequeGracesoitàunesoiréedefraternitéavecunmecmesembleunpeutiréeparlescheveux.

Je regardedans la cuisineoù je trouveungroupedegens attroupés autourduplandetravailcentral,maisGracen’yestpas.UnenanasirotantuneCoronaprèsdel’éviersedétachedugroupeetvientlentementversmoi.

–Logan,ronronne-t-elleenempoignantmonbras.– Salut Piper, je marmonne en luttant contre mon envie de la repousser violemment

avantqueseslèvresn’aienttouchémajoue.PiperStevensestcanon,personnenepeutlenier.Toutefois, jen’aipasoubliél’horrible

rumeurqu’ellealancéesurTwitterenavrildernier.Ellem’embrassesurlajoueet,mêmesisatêtes’éloigne,soncorpsrestecolléaumien.–Alors…susurre-t-elle.C’estnotredernièreannée…Tusaiscequeçasignifie?JesuistropoccupéàregarderparlaporteaucasoùjeverraisGracepourfairesemblant

d’êtreintéressé.

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–Quoi?–Çaveutdirequenotretempsserabientôtécoulé.Seslèvreschaudeseffleurentmagorgeetjetressaille.–Çafaittroisansquetufaisledifficile,répond-elleenfronçantlessourcils.Tunecrois

pasqu’ilseraittempsquetunousdonnescequ’onveuttouslesdeux?–Cequetuveux,Piper.Jet’aiditcentfoisquejen’étaispasintéressé.Saboucherosefuchsiafaitlamoue.–Penseauplaisirqu’onprendrait.Toutecetteanimositéentrenous…ceseraitsauvage,

chuchote-t-elledansmonoreille.–C’esttentant,dis-jeenenlevantsamaindemonbras,maisjevaispassermontour.Tu

saisquoi,situesenmanque,onadelaviandefraîchedansl’équipe.Yenaunenparticulier,Hunter,quipourraitfairetonaffaire.

–Va te faire foutre,dit-elle,et sonregarddevient furieux.N’essaiepasdemevendreàtespotes.

–Jenetevendspas,chérie.Jedisçapourtefairegagnerdutemps.Àplus,Piper.Je la sensme fusiller du regard quand je sors de la cuisine,mais jem’en fiche. J’en ai

vraimenteuassezqu’ellemedragueenignorantlefaitqu’ellenem’intéressepas.Jeretraverselerez-de-chausséeeninspectantchaquepiècedeuxfois.Peut-êtrequ’elleest

dehors, il fait super-chaudcesoiret la fêteadébordédans le jardin. Il fautque j’agrandissemonpérimètrederecherche.

Je suis à peine arrivé dans le hall que je suis récompensé. J’aperçois Grace gravirl’escalier qui mène à l’étage. Elle est seule, et mon pouls accélère de nouveau tandis quej’admire la manière dont sa jupe embrasse parfaitement ses courbes. Ses longs cheveuxtombentencascadedanssondos,ruisselantscommeunrideaud’oràchacundesespas.

Elleatteintlepremierétageetdisparaîtdansuncouloir,jen’aipasdetempsàperdre.Jesuisaupieddel’escalierendeuxenjambéeset jemontelesmarchesquatreàquatrepourlarattraper.

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Grace

Danslasalledebainsdupremier,jem’essuielesmainssuruneservietteauxcouleursdesNewEnglandPatriots 2quimefaitsourire.Lemerchandisingsportifm’atoujourssembléêtreun des business les plus lucratifs puisqu’il suffit de coller sur quelque chose le logo den’importe quelle équipe pour que des millions de gens l’achètent, quel que soit l’objet enquestion.

Je regardemon reflet dans lemiroir, soulagéede constater quema lotion anti-frisottisfonctionne et que mes cheveux ont survécu à l’humidité ambiante. Morris est passé meprendre chezmoi, et si nousavonsparlénon-stop sur le trajet, nousn’avonsguère échangédeuxmotsdepuisquenoussommesarrivés.Lamusiqueesttropforte,etMorrisestaccaparéparlejeuvidéoauquelGrosTedluiaordonnédejouerdèsquenousavonspassélaporte.

Celanemegênepas,cependant,jem’amuseenregardantMorrisbattrelerecorddeTedàtouslesniveaux.Àchaquefois,lesmembresdelafraternitésemettentàcriercommes’ilsétaienttémoinsdutouchdown3finalduSuperBowl 4.

Aupassage,GrosTedestloind’êtregros.Jamaisjenecomprendrailessurnoms.Lorsque jesorsdes toilettes, jesuisvictimede lapiresensationdedéjà-vudetoutema

vie,saufquecettefois,cen’estpasLoganquisortdelasalledebainsalorsquej’attendsdanslecouloirmais l’inverse,et jepousseunpetitcridesurprise.Trois joursontpassédepuis lemuffin.

–Bonsoirmabelle,dit-ilensouriantjusqu’auxoreilles.J’adoretajupe.Ses yeux bleus inspectent lentement mes jambes nues, et dans ma tête je m’en veux

d’avoir laisséDaisymeconvaincredemettreune jupecourte.Puis jerouspètedelaissersonregarddebraisedéclencherunenuéedepicotementsdansmonbas-ventre.

–Qu’est-cequetufaislà?jedemandeensoupirant.– Je suis venu faire la fête, dit-il en levant les yeux au ciel. Pourquoi, qu’est-ce qui

t’amène,toi?

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–Unrencard,jerépondsenserrantlesdents.Monaveunesembleenrienledéstabiliser.–Ahbon?Oùesttonrencard?Tudevraismeprésenter.–N’ycomptepas.Loganserapprocheetsonparfumépicémemonteàlatêtealorsquesoncorpspuissant

envahitmonespacepersonnel.Son torseest tellement sculptéque jevois chaquemuscle sedétacher à travers son t-shirt, et je meurs soudain d’envie de promenermesmains sur sesabdos.Ensuite, je lespromèneraisplusbaset je lesglisserais sous son jeanpourempoignerson…

Ressaisis-toi,mafille!Je faisdemonmieuxpour calmermon souffle,mais il reste superficiel et rauque, et à

voir la réaction de Logan, je sais qu’il a remarquémon excitation et l’accélération demonpouls.

–Combiendetempsvas-tucontinueràlutter?demande-t-ild’unevoixsuave.–Jeneluttepasdutout.Envérité,c’estunmiraclesijeréussisàparleralorsquemonpoulsestplusfortqueles

bassesdudubstepaurez-de-chaussée.–Jet’aidéjàditquejenevoulaispassortiravectoi.Et jeneveuxpasreprendrenos…

ébats,nonplus.Ons’estamusés,etmaintenantc’estfini.Toujoursimpassible,ilserapprocheencore.–Alors,jenet’attireplusdutout?Jenerépondspas,j’ensuisincapable.Ledésirmenouelagorge.– Parce que toi tum’attires toujours, dit-il enme toisant du regard.D’ailleurs, je crois

quetum’excitesencoreplus.Jelecomprendstoutàfait,notreattirancesembleêtremillefoisplusfortequ’avant.Elle

est brûlante et violente et je la sens au fond de mon ventre. Mes yeux sont rivés sur sabouche, sur la courbe sensuelle de sa lèvre inférieure. Ses baisersmemanquent. Sa langueaffaméeetsesgrognementsaussi,bonsang.

Deladistance.Ilfautquejeparte,quejem’arracheàsonsex-appealetà…Mesfessessecognentcontrelemur.Merde.Jen’ainullepartoùaller.Jen’aiaucunmoyendem’enfuir.

–Embrasse-moi,commande-t-il.Ilpenche la têteet saboucheestàquelquesmillimètresde lamienne.Soudain, je suis

hypnotiséeparsabarbequijetteuneombresursamâchoireetparsalanguequihumidifiesalèvre.Après tout, un baiser ne serait pas la fin dumonde, si ?Comme ça, je pourrai enfinpasseràautrechose!

–Embrasse-moi,répète-t-il.Jecède.J’empoignesanuqueet je l’embrassecommesi j’étaispossédée.Ilgémitet j’en

ressens les vibrations jusque dansmon clitoris.MonDieu, je n’arrive plus à respirer. Je ne

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penseplusqu’àsalangueaffaméefouillantmaboucheetauxbattementsaffolésdemoncœur.Ilsaisitmesfessesetrapprochenosbassinstoutenfrottantseshanchesauxmiennes.

– J’ai rêvé de ça tout l’été, chuchote-t-il d’une voix agonisante, chatouillant mon couavantdelemordilleretdelesucer.

J’agrippeseslargesépaules,incapabled’arrêtercequiestentraindesepasser.Ildéposedesbaisersdansmoncouenremontantjusqu’àmabouchequ’iltaquineavantd’yreplongerlalangue. Son bassin fait des allers-retours contremes hanches qui semettent à l’imiter. J’aiaffreusement envie de lui et il en a pleinement conscience. Il grogne doucement avant deglisser sa main sous ma jupe. Ses doigts chatouillent ma cuisse puis ils remontent, serapprochantde l’endroitoù je rêvede les sentir. Iln’estplusqu’àquelquesmillimètres. J’aienvie de lui crier deme toucher,mais il prend son temps, frottant l’intérieur dema cuisseavecsonpouce,lentement…troplentement.

Il rompt le baiser et plonge son regard dans lemien tandis que samain se rapprochetoujours demon entrejambe. Je sens ses doigts trembler alors que son souffle devient plusrauqueencore.Maissoudain,ilenlèvesamain.

–Non,putain.C’estpascequejevoulais,grogne-t-ild’unairtorturé.–Q…quoi?jebégaie.–Jevoulais justeunbaiser,pasplus,dit-ileninspirantlentement.J’étaissérieuxquand

j’aiditquejevoulaissortiravectoi.–Logan…Nousentendonsdesbruitsdepasdans l’escalieretLogan reculebrusquement, lesyeux

rivéssurleboutducouloir.LorsqueMorrisapparaît,monestomacfaitunsautpérilleux.Merde!Morris.J’avaiscomplètementoubliéMorris.–Tevoilà,dit-ilensouriantd’unairgêné.J’aieupeurquetutesoisperdueencherchant

lestoilettes.Je prendsuneprofonde inspiration en suppliant àmon cœurde se calmer et enpriant

pourquejen’aiepasunairtropcoupable.Oupire,excitée.–Non,jelesaitrouvées,jeréponds.J’aicroisé…unamiensortant.Loganal’airfurieux.– Je te présente Logan, j’ajoute en le désignant, comme siMorris pouvait ne pas avoir

comprisdequijeparlais.Monrencardhochelatêtepoursaluerceluiàquijeviensderoulerunepelle,etquiavait

samainsousmajupeilyadeuxsecondes.MonDieu.–Enchanté,dit-ilàLogan.Onyretourne?Non.Oui.Jenesaisplus.

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Cequejesais,c’estquejesuisvenueàcettefêteavecMorris,quiestunmecgénial,etquejenevaispasl’abandonnerpourunautremec,mêmesilatentationestforte.

–Bien sûr.Àplus, je dis à Logan enprenant soindene le regarder qu’unmillièmedeseconde.

J’emboîte le pas à Morris en me forçant à ne pas regarder derrière moi, ce qui nem’empêchepasdesentirleregarddeLogansurmoi.

1. Périodedebizutaged’uneàdeux semainesdurant laquelle les étudiants souhaitant entrerdansune fraternitéparticipent àdiversesactivitésplusoumoinshumiliantes.

2.ÉquipedefootballaméricaindelarégiondeBoston.

3.Aufootballaméricain,actiondemarquerdespointsenfranchissantlaligned’en-butadverseavecleballon.

4.FinaledelaNationalFootballLeague(NFL)danslaquelles’affrontentlesvainqueursdesmatchséliminatoires.

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22

Logan

C’estfoutrementdommagequelesduelsn’existentplus,parcequejeseraisravidedéfierMorrisRuffolo.

Il sort d’où son nom, de toute façon ?Morris Ruffolo. J’ai toujours trouvé suspects lesgens qui avaient des noms de famille en guise de prénom. Quant à Ruffolo… quoi, il estitalien?Iln’enavaitpasl’airentoutcas.

Oui,jeconnaislenomdumecquiétaitavecGracehiersoir.Aprèsqu’ellem’aplantéaupremierétage,j’aiinterrogéquelquespersonnesetj’aiappristoutcequejevoulaissavoir,sonnom,saréputationet,biensûr,sonadresse.C’estdonclàquejemetrouve.

Jeviensde frapperà saporte,mais il prend son tempspourm’ouvrir. Je saisqu’il y aquelqu’unparcequej’entendslebruitd’unetélévision.

Jefrappeunedeuxièmefoisetunevoixagacéemerépond.–Uneseconde!Trèsbien,ilestlà.J’aimeraisenfiniraussivitequepossible,histoiredeprofiterdureste

demonsamedi.Lorsqu’ilouvre laporteetqu’ildécouvrequec’estmoi, il fronce lessourcilsetesquisse

unegrimace.–Qu’est-cequetuveux?JemedemandesiGraceluiaparlédubaiser,maissonhostilitévientderépondreàma

question.–Jesuisvenupourdéclarermesintentionsvis-à-visdeGrace.–Wouah,c’esttoutàtonhonneur,crache-t-il.Maislachoselaplushonorableauraitété

denepasroulerdespellesàmonrencardhiersoir.–C’estl’autreraisonpourlaquellejesuislà,jesoupire.Pourm’excuser.

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Endépitdu fait qu’il grimace toujours, il ouvreplusgrand laporte. J’entre chez lui enobservantrapidementlapièceencombréeavantdepasserauxchosessérieuses.

–Jesuisdésoléd’avoirdraguétonrencard,c’estunénormemanquementaubrocode 1.C’est pour cela que je t’offre l’occasion de me mettre un coup de poing. Par contre, si tupouvaiséviterdemefrapperlenez,ceseraitcool,parcequejel’aidéjàcassétropdefoisetj’aipeurqu’ilneseressoudepascommeilfaut.

–Mec,tun’espassérieux,répondMorrisenéclatantderire.–Biensûrquesi!Vas-y,jeteprometsquejenemevengeraipas.Morrissecouelatête,semblantàlafoisamuséetirrité.–Nonmerci,çaira.Maintenantdis-moicequetuasàdireetdégage.–Commetuvoudras.C’étaituneoffreexclusive,aufait.Bref.Jeveuxquetusachesque

tantqueGraceettoineserezpasexclusifs, jenecesseraipasd’essayerdelareconquérir, jedisd’unevoixquitremblesouslepoidsdesremords.Ons’estvusplusieursfoisenavril,maisj’aitoutfaitfoireret…

–Ouais,ellemel’adit.–Ahbon?Ilhochelatête.– Ouais, en rentrant, hier soir. Elle ne m’a pas donné les détails, mais elle m’a fait

comprendrequetuavaissacrémentmerdé.– C’est vrai, mais je veux arranger les choses. J’imagine que tu n’as pas envie de

l’entendre,maisj’aipréféréteprévenir,parcequeturisquesdevoirmagueuletrèssouvent.Tusais,siturevoisGrace…Tuvaslarevoir,aufait?jedemandeenhaussantunsourcil.

–Peut-êtrequeoui,peut-êtrequenon,répond-ilenhaussantunsourcilàsontour.Quoiqu’ilensoit,çaneteregardepas.

–Tun’aspastort,jeconcèdeenmettantmesmainsdansmespoches.Bref,c’esttoutcequejevoulaisdire.J’espèrequetunem’enveuxpastroppourhiersoir.J’avaispasprévudel’embrasser, c’est juste arrivé et… attends, tu joues à Mafia Boss ? je m’exclame enremarquantpourlapremièrefoislascènequiestfigéeàl’écran.

–Tuconnaiscejeu?demandeMorris.Aucundeceuxàquij’enaiparléneconnaissait.Je prends le boîtier du jeu qui est posé sur lemeuble télé. En effet, j’ai lemême à la

maison.– Mec, j’adore ce jeu. C’est un de mes coéquipiers qui me l’a fait découvrir et je suis

devenuaccro.Tuleconnaispeut-être,Fitzy,enfinColinFitzgerald.C’estungrosgeek,iljoueàdestasdejeuxquepersonneneconnaît.IlrédigedescritiquessurleblogdeBriar…

–Tudéconnes?s’exclameMorris.TuconnaisF.Gerald?Jesuisobsédéparsesarticles!Attends,c’estundetescoéquipiers?

–Ouais,ilutiliseunaliaspourleblogparcequ’ilneveutpasquelesmeufssachentquec’estungrosgeek.Entantquejoueursdehockey,nousavonsuneréputationàmaintenir,tu

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sais.Morrissecouelatête,estomaqué.– Je n’arrive pas à croire que tu sois pote avec F. Gerald. C’est une légende dans la

communautégeek!Unsilencegênants’installetandisquenotreconversationétonnammentaniméetoucheà

safin.–Gardetesarmespourlafin,jedisendésignantl’écran.–Quoi?–Tuesbloquésurceniveau,n’est-cepas?Ilhochelatête,maisiln’apasl’airrassuré.–J’avais lemêmeproblème.J’arrivaisà la fin,mais jene réussissais jamaisà tuerDon

Angeloparceque j’avaisplusdemunitionsetqu’iln’yenavaitpasdans l’entrepôt. Ilyaunpoignarddansleport,ilfautleprendreett’enservircontrelesgardesd’Angelo,commeça,tusors laKalachnikovquandtuarrivesà l’entrepôt.Tuvaspeut-êtremourir lespremièresfois,maistufinirasparréussiràteservirdupoignard.

–Lepoignard,répète-t-il,apparemmentpasconvaincu.–Fais-moiconfiance.Tuveuxquejepasseleniveaupourtoi?–Vatefairevoir,jeleferaitoutseul,dit-ilenprenantlamanetteetensoupirantense

tournantversmoi.Tuasditqu’ilétaitoù,lecouteau?Jem’assiedsàcôtédelui.–Ilestcachédansuncoinduport,prèsdudockdupatron.Tun’asqu’àyalleretjetele

montrerai.Morrisappuiesur«Restart».

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Grace

Jesuisàpeinesortiedelastationderadio,lelundisoir,quej’écrisàLogan.Moi:Tuescheztoi?Lui:Oui.Moi:Envoie-moitonadresse.J’arrive.Uneminuteentières’écouleavantqu’ilneréponde.Lui:Etsijeneveuxpasdevisite?Moi:Tuessérieux?Jecroyaisquetumecourtisais.Tuvasvmtdirenon?Ilrépondimmédiatementenm’envoyantsonadresse.C’estcequimesemblait.Ensuite, j’appelleuntaxi.Entempsnormal, lestrenteminutesdemarchenem’auraient

pasgênée,maisplusj’aidetempspourypenser,plusmacolèrevaaugmenter,etjesuisdéjàfurax. Et estomaquée. Lorsque j’ai avoué mon baiser avec Logan à Morris, quand il meraccompagnaitchezmoi,l’autresoir,jesavaisqu’iln’étaitpasenchanté.Cependant,jen’aipaseu l’impression que cela signait la fin de l’histoire. Je l’avais même trouvé étonnammentouvertd’esprit,etc’estpourcelaquejenem’expliquepascequivientdesepasser.

Je gigote impatiemment durant les cinqminutes de taxi, et la voiture n’estmême pasarrêtée que je mets un billet de dix dollars dans la main du chauffeur et que j’ouvre laportière. C’est la première fois que je viens,mais je ne prends pas le temps d’observer lesenvirons. La pelouse est entretenue, le perron est blanc et la porte résonne bien lorsque jefrappemonpoingdessus.

C’estDeanquim’ouvre,vêtud’unshortdebasket…etc’esttout.–Salut,dit-ild’unairsurpris.–Salut.JesuisvenuvoirLogan.Ilmefaitsigned’entrerpuisildésignel’escaliersurlagauche.–Ilestdanssachambre.Deuxièmeporteàdroite.–Merci.

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Notreconversations’arrêtelà.Ilnemedemandepascequejefaislàetjeneluiexpliquepasnonplus.

LaportedeLoganestgrandeouverte,m’offrantunevueplongeantedesonlit,surlequelil est allongé, un livre de cours reposant sur ses genoux relevés. Ses sourcils sont froncés,commes’ilétait concentré sur sa lecture,et il lève lesyeux lorsqu’ilentend lebruitdemespas.

–Merde,tuesarrivéevite,dit-ilenjetantsonlivreetenselevant.J’entred’unpasrapideetjefermelaportederrièremoi.J’aienvied’êtretranquillepour

luicrierdessus.–C’estquoitonproblème?TuesallévoirMorrisettuluiasdéclarétesintentions?Ilsourittimidement.–Biensûr,c’étaitcequ’ilyavaitdeplusnobleàfaire.Jenepeuxpascouriraprèsune

nanasansquesonmecensoitinformé.–Cen’estpasmonmec.Onest sortis ensembleune fois !Etmaintenantonne sortira

plusensemble,parcequ’ilneveutplusdemoi!–Quoi?s’exclameLogan.Jesuisdéçu,jepensaisqu’ilavaitunespritpluscompétitifque

ça.–Tuessérieux?Tuvasfairemined’êtresurprisalorsquec’esttoiquiluiasditqu’iln’en

avaitpasledroit?!–Pasdutout,répond-ilenécarquillantlesyeux.–Bensi.–C’estcequ’ilt’adit?–Pasdanscestermes,non.–Jevois,alorsquelstermesilaemployés,exactement?–Iladitqu’ildéclaraitforfaitparcequ’ilneveutpasseretrouveraumilieudequelque

chosed’aussicompliqué.Jeluiaiditqueçanel’étaitpaspuisqu’onn’estpasensemble,toietmoi,etilainsistépourdirequ’ilfallaitquejeressorteavectoiparceque«tuesunchictypequimériteuneautrechance».

Logansouritjusqu’auxoreilles.–Jet’interdisdesourire.Àl’évidencec’esttoiquiluiasmiscesmotsdanslabouche.Et

c’estquoi,cettehistoiredefamilledontvousfaitespartie?jedemandeenfaisantlescentpasdans sa chambre. Qu’est-ce que tu lui as dit, hein ? Tu lui as lavé le cerveau, c’est ça ?Commentvouspouvezfairepartiedelamêmefamille?Vousnevousconnaissezmêmepas!

Loganpouffederireetjelefusilleduregard.–Ilparledelafamillequ’onacrééedansMafiaBoss,explique-t-il.C’estunjeuderôleoù

tuincarneslechefd’ungangdemafieux.Ilfautsebattrecontred’autresparrainspourgagnerdesterritoiresetdesrackets.Onyajouéchezluietj’aifiniparyresterjusqu’àquatreheuresdumatin,explique-t-il.NousformonsdésormaislafamilleLorris.

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Je n’en reviens pas. Mon Dieu. Lorris ? Comme Logan et Morris ? Ils se la jouentBrangelinamaintenant?

–Alorsquoi,vousêtesdevenusmeilleurspotes?–C’estunchouettetype,tusais.D’ailleurs,jeletrouveencorepluscoolmaintenantque

tum’asditqu’ildéclarait forfait. Jene luiaipasdemandéde le faire,maisà l’évidence ilacompriscequeturefusesdevoir.

–Ahouais?Etc’estquoi?–Quetoietmoisommesfaitsl’unpourl’autre.Jen’aipaslesmotspourdécrirecequejeressens.Est-cedel’horreur?Est-cequetoutle

mondeestdevenufou?Cen’estpascommesij’étaisamoureusedeMorris,maissij’avaissuquecebaiserruineraittout…j’auraisenfiléuneceinturedechastetéavantdesortir.

–Tut’esservidemoi,Logan,jecrache.Sestraitssecrispent.–Sanslevouloir.Etj’essaiedemerattraper.–Ahbon?Comment?Enm’invitantà sortiravec toi?Enm’offrantdesmuffinseten

m’embrassantàdes soirées?Jene suismêmepasconvaincuedevraiment teplaire,Logan.J’ai surtout l’impression que cette histoire tourne autour de ton ego. La seule raison pourlaquelle tum’as revue après notre première rencontre, c’est que tu ne supportais pas l’idéeque je n’avais pas joui. Et à la fête l’autre soir, c’est parce que tu as su que j’étais venueaccompagnée. Tout ce que tu fais est centré sur ton ego, pas sur tes prétendus sentimentspourmoi.

– C’est faux, tu as oublié le soir où je suis venu te chercher au self ? En quoi c’étaitbénéfiquepourmoi?demande-t-ild’unevoixrauque.Tumeplaisvraiment,Grace.

–Pourquoi?Pourquoijeteplais?–Parceque…commence-t-ilensepassant lamaindanslescheveux,tuesmarrante.Et

tuesintelligente,adorable,ettumefaisrire.Ah,etjebandedèsquejetevois.Jeréprimeunrire.–Quoid’autre?Jesuissurprisedelevoirrougir.–Jenesaispas trop.Onneseconnaîtpas,mais lepeuque je saisàproposde toime

plaît.Etj’aihâtededécouvrirtoutcequejenesaispas.Ilal’airsincère,maisunepartdemoineluifaittoujourspasconfiance…laGracequ’ila

blesséeethumiliéeenavril.Cellequiafaillicoucheraveclui,quiluiaditqu’elleétaitviergeetquil’aregardédéguerpiraussivitequepossible.Quiestrestéeassisesursonlit,nue,etquil’aécoutédirequ’ilnepouvaitpascoucheravecelleparcequ’uneautrefilleluiplaisait.

–Laisse-moiuneautrechance,s’ilteplaît.Laisse-moiteprouverquejenesuispasqu’unabrutiégocentrique.

J’hésite.

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–S’ilteplaît.Dis-moicequejedoisfairepourteconvaincredesortiravecmoi,etjeleferai.Jeferain’importequoi.

Ehbien…Voilàquiestintéressant.Jenesuispasdugenreàjoueràcegenredejeumesquin,vraimentpas.Cependant,jene

parvienspas à faire taire lapetite voix cyniquedansma têtequimedit denepas lui faireconfiance.Or jen’arrivepasnonplusà luidirenon, carunepartiedemoi, cellequi adorepasserdutempsaveccemec,mecriededireoui.

Peut-êtreque j’aibesoinqu’ilmeprouvequ’il est sérieuxet sincère, en fait.Unepetiteidéemevientalors.Elleestunpeufolle,scandaleuse,même.Cependant,siLogannepeutpasfranchirquelquespetitsobstacles,alorsilneméritepasunedeuxièmechance.

–N’importequoi?Sesyeuxbleusbrillentdedétermination.–N’importequoi,mabelle.Absolumentn’importequoi.

1.Listesderèglesdeconduiterégissantl’amitiéentrehommes,surtoutlorsqu’ils’agitdeleurinteractionaveclesfemmes.

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23

Logan

–Qu’est-cequirimeavecinsensible?Jetapotemonstylosurlatabledelacuisine,plusfrustréquejamais.Quiauraitcruque

fairedesrimesseraitaussidur?Garrett,occupéàémincerdesoignons,tournelatêteversmoi.–Sensible,dit-il.–Mais oui, Garrett,merci. Tumérites le prix Nobel de littérature. Je vais faire rimer

insensibleavecsensible.De l’autre côté de la cuisine, Tucker finit de mettre les assiettes sales dans le lave-

vaisselleenmeregardantd’unairconfus.–Qu’est-cequetufais,detoutefaçon?Çafaituneheurequetugribouillessurcebloc-

notes.–J’écrisunpoèmed’amour,jerépondstropviteavantdemerendrecomptedecequeje

viensdedire.Lacuisineestsoudainplongéedansunlourdsilence.GarrettetTuckerseregardentlonguement,puisleursyeuxseposentsurmoidemanière

parfaitementsynchroniséeet ilsmedévisagentcommesi jevenaisdem’échapperd’unasile.Celadit,pourquelleautreraisonest-cequej’écriraisvolontairementunpoème?Or,cen’estmêmepaslatâchelaplusfollesurlalistedeGrace.

J’ai dit liste, oui. Cette petite pestem’a envoyé non pas une ni deuxmais six tâches àaccomplirsi jeveuxqu’elleaccepteunrencardavecmoi.Cependant,peut-êtreque le terme«geste»seraitplusappropriépourdécrirecequ’elleattenddemoi.

Enmêmetemps,jelacomprends.Ellepensequejenesuispassérieuxetelleapeurquejefassedenouveaucapoterleschoses.Ellepensesansdoutequesalistevamefairepeuretquejamaisnousn’auronsderencard.

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Eh bien, elle a tort. Je n’ai pas peur des six gestes pseudo-romantiques qu’elle medemande.Certainsserontdursàaccomplir,c’estclair,mais jesuispleinderessources.Si jepeuxretaperunevieilleCamaroenn’utilisantquedespiècesrécupéréesàlacassemerdiquede Munsen, alors je peux écrire un poème mielleux et produire « un collage mettant enlumièrelestraitsdelapersonnalitédeGracequejetrouvelesplusenvoûtants».

–J’aijusteunequestion,commenceGarrett.–Ahbon?Parcequemoi,j’enaiplein,ajouteTuck.Jesoupireenposantmonstylo.–Allez-y.Autantenfinir.Garrettcroiselesbras.–Rassure-moi,c’estpourunemeuf,non?Parcequesitulefaispourt’amuser,c’estjuste

bizarre.–C’estpourGrace.Monmeilleuramihochelatête,puiscetenfoirésetordderire,ilsetientlataillealors

quesesépaulessontsecouéespardeséclatsderire.Maismêmes’ilentraindes’étouffer, ilparvientquandmêmeàsortirsontéléphoneetàécrireunmessage.

–Qu’est-cequetufais?jedemande.–J’écrisàWellsy.Ilfautqu’ellelesache.–Jetedéteste.JesuistellementoccupéàfusillerGarrettduregardquejeremarqueTuckertroptard.Il

empoignemonbloc-notes,l’inspecteetpousseuncrienjoué.–Putain,G,ilafaitrimerdébileavecautomobile!–Automobile?Tuessérieuxmec?–Jevoulaiscomparerseslèvresàunevieillevoiturecerisequej’airetapéequandj’étais

gamin.Jevoulaisplongerdansmesexpériencespersonnelles,cegenredetruc,quoi.Tuckersecouelatête,exaspéré.–Alorstuauraisdûlescompareràdescerises,espèced’abruti.Ilaraison,j’auraisdû.Jesuisunpiètrepoèteetj’enaiparfaitementconscience.– Eh, jem’exclame enme croyant inspiré. Et si je reprenais les paroles de « Amazing

Grace 1»?–Ouais,carrément,répondGarrett.C’estdel’orenbarre,ça.–AmazingGrace,howsweet…–Yourass,proposeTucker.Garrettpouffederire.– Magnifique, des génies à l’œuvre, Messieurs. Amazing Grace, how sweet your ass2,

chante-t-ilentapantsursontéléphone.– Bon sang, mais tu pourrais arrêter de rapporter cette conversation à Hannah ? je

marmonne.Lespotesd’abord,mec.

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Tuckerricanedanssoncoin.–Nonmaissérieusement,pourquoituécrisunpoèmepourcettemeuf?–Parcequej’essaiedelareconquérir.C’estunedesesrequêtes.Garrettlèvelatêtedesonportable.–C’estquoi,lesautres?–Çaneteregardepas.–C’estgénialmec,situt’ensorsaussibienaveclesautresqu’aveccelle-ci,tuessûrde

réussir!semoqueGarrett.Jeluifaisundoigtd’honneur.– Je n’apprécie pas ton sarcasme, je rétorque en reprenant mon bloc-notes et en me

dirigeant vers la porte. Vous savez quoi ? La prochaine fois que vous aurez àmarquer despointsavecvoscopines,necomptezpassurmoi,banded’enfoirés.

Leursriresm’accompagnentjusqu’àmachambredontjeclaquelaporte.Jepassel’heurequi suit à écrire le pire poème de l’histoire de la poésie. Bon sang, jemets plus d’efforts àécrirecefichutrucqu’àétudierpourmescours.Ilmeresteencorecinquantepagesàlirepourmoncoursd’économieetj’aiunplandedissertationàrédigerpourmonTDdemarketing,orjenefaisaucundecesdeuxdevoirs.

JeprendsmontéléphonepourécrireàGrace.Moi:C’estquoitonadressee-mail?Ellemerépondpresqueimmédiatement.Elle:[email protected]:Regardetaboîtederéception.Cettefois-ci,elleprendtoutsontempspourmerépondre.Quarante-cinqminutes,pour

êtreprécis.J’aidéjàlutrentepagesdemoncoursquandmonportablevibre.Elle:N’arrêtepaslehockey,Rimbaud.Moi:Eh,tun’aspasditqu’ilfallaitqu’ilsoitBON!Elle:C’estpasfaux.JetemetsunDsurlepoème.J’aihâtedevoirtoncollage.Moi:Tupensesquoidespaillettes?Etdesphotosdebite?Elle:S’ilyaunephotodetabitesurcecollage,jevaislephotocopieretledistribuerau

foyer.Moi:Mauvaiseidée.Tuvasfileruncomplexed’inférioritéàtouslesautresmecs.Elle:Ouuncoupdeboostàleurmoral.Jesourisenécrivantmonmessagesuivant.Moi:J’obtiendraicerencard,mabelle.Ilyaunlongsilenceavantsonmessagesuivant.Elle:Bonnechancepourle#6.Elle essaie de me déstabiliser ? Sûr qu’elle va échouer. Grace Ivers a sous-estimé ma

déterminationetlesressourcesdontjedispose.Cependant,elleledécouvriratôtoutard.

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Grace

Jeristouteseule,assiseàmonbureau,relisantl’horriblepoèmequeLoganm’aenvoyé.Sesmétaphoressonthilarantes,laplupartconcernentlesvoituresoulehockey,etsonschémaderimeestsansqueuenitête.

Cependant,celan’empêchepasmoncœurdefairedessautspérilleuxdejoie.–Qu’est-cequitefaitrirecommeça?demandeDaisyenentrantdanslachambre.Elle est vêtue d’un jean déchiré, d’un minuscule débardeur, de ses Doc Martens

habituelles,maissesmèchessontdésormaisviolettes.Elleadûlesteindrependantquej’étaisencours,parcequ’ellesétaientencorerosesquandjesuispartiecematin.

–J’adoreleviolet,jeluidis.–Merci.Maintenant,montre-moicequitefaitrire,dit-elleenvenantderrièremoi.Est-

cequec’est lavidéodubébékoalaqueMorrisaenvoyée touteà l’heure?Parcequ’elleestadorab… Ode pour Grace ? s’exclame-t-elle. Mon Dieu, est-ce que j’ai vraiment envie desavoir?

Jesupposequequelqu’undemeilleurquemoiauraitfermélafenêtreavantqu’ellen’aitle temps de lire le poème de Logan,mais je ne le fais pas parce qu’il est simplement tropdrôle.

Sonrireemplitlapiècequandellelitletexte.–Waouh. C’est un désastre,mais chapeau pour les références au hockey, dit Daisy en

inspectantmescheveux.C’estvraiquetescheveuxsontdelamêmecouleurquelesmaillotsdesBruinsdesannéessoixante.

–Commenttusaisàquoiilsressemblent?jedemandeenécarquillantlesyeux.–Monfrèreenaun.J’allaisàtoussesmatchsdulycée.IljouepourleDakotaduNord,

maintenant.Jesuissurprisequenosparentsnenousaientpasencoredéshérités,vu toutcequ’onafaitpourfuirleSudaussivitequepossible.Bref,tuasunadmirateursecret?

–Admirateuroui,secretnon.Tusaislemecdontjeteparlais?Logan?

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–Lejoueurdehockey?–Ouais,ehben,jel’obligeàfaireuntasdetrucsabsurdesavantd’accepterdesortiravec

lui.–Quelgenredetruc?demandeDaisyensouriant.–Primo,ilyacepoème,et…Je hausse les épaules en affichant le message que j’ai envoyé à Logan hier soir et qui

contient la liste la plus ridicule que j’aie jamais rédigée. Elle prend mon téléphone etlorsqu’ellefinitdelelire,elleritauxéclats.

–MonDieu,c’estcomplètementfou!Desrosesbleues?Est-cequeçaexiste?–Pasdanslanature,non.EtpaschezlefleuristedeHastings.Maisilpourrapeut-êtreen

commanderàBoston.– Tu es une femme cruelle, accuse-t-elle en souriant de plus belle. J’adore. Il en a fait

combienpourlemoment?–Justelepoème.–Jen’arrivepasàcroirequ’ilacceptedejouerlejeu.Elleselaissetombersursonlitetfroncelessourcilsenétudiantsonmatelas.–Tuasfaitmonlit?–Oui,jerépondstimidement.Cependant, elle ne semble pas agacée. Je l’ai prévenue que ma maniaquerie pourrait

déborderunpeudesoncôté,parfois,etpourl’instantcelanesemblepaslagêner.Lesseulsélémentssursalisteinterdite-sinon-je-t’arrache-les-yeuxsontseschaussuresetsabibliothèqueiTunes.

– Attends,mais tu n’as pas pliémon linge ? s’exclame-t-elle en feignant d’être outrée.C’estquoicebordel,Grace?Jenouscroyaisamies!

Jeluitirelalangue.–Jenesuispastabonniche.Tupeuxpliertonlingetouteseule.–Tuesentraindedirequetupeuxsupporterderegardercettepanièredébordantede

fringuestoutespropresetquetun’espasdutouttentéedelesplier?Toutesceschemises…qui se froissent rien que d’en parler ? Ces pauvres chaussettes esseulées… pleurant leurspartenaires…

–Ok,onplietonlinge!jem’exclame.Elleéclatederire.–C’estbiencequejepensais.

1.Cantiquechrétiendespluscélèbresdanslemondeanglophone.LespremièresparolessontAmazingGrace,howsweetthesound,thatsavedawretchlikeme…Enfrançais:Grâceétonnante,ausonsidoux,quisauvalemisérablequej’étais.…

2.Grâceétonnante,auculsidoux.…

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24

Logan

Unesemaineentièrepasseavantquejenepuissecocheruneautretâchesurlaliste.Pourl’instant, j’en ai accompli quatre sur six, mais les deux dernières sont vraiment rudes. Lasixième est déjà lancée, mais la cinquième est affreuse. J’en ai cherché une partout et j’aimême envisagé d’en acheter une sur Internet,mais ces choses-là sont beaucoup plus chèresquejenelepensais.

C’estmardiaprès-midi,etjesuisavecGarrettetnotrepoteJustin.NousallonschercherHannah,AllieetlacopinedeJustin,Stella,aubâtimentduthéâtre,puisnouspartonstouslessixmangeràHastings.Toutefois,nousavonsàpeinepassé lesportesde l’auditoriumque jedéclareunchangementdeprogramme.

–NomdeDieu!Est-cequec’estuneméridienneenveloursrouge?Lesmecséchangentunregardinterloqué.–Euh…peut-être?répondJustin.Pourquoi…Jecoursdéjàsurlascène.Lesfillesnesontpasencorearrivées,maisjedoisfairevite.–Putain,ramenez-vous,jecriepar-dessusmonépaule.J’entends leurs pas pressés derrière moi, et lorsqu’ils montent sur la scène, j’ai déjà

enlevé mon t-shirt et je commence à défaire ma ceinture. Je m’arrête pour sortir montéléphonedemapochearrièreetjelelanceàGarrett.

–Qu’est-cequisepasse?demandeJustin.J’enlèvemonjeanetjeplongesurledivanenboxer.–Vite,prendslaphoto.Justinnecessedesecouerlatête,clignantdesyeuxcommeunechouette,commes’ilne

comprenaitpascequisepassait.En revanche, Garrett me connaît suffisamment pour ne pas poser de questions. Lui et

Hannahontpassédeuxheuresavecmoi,l’autresoir,àfabriquerdescœursenorigami.Jevois

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néanmoins qu’il se pince les lèvres pour se retenir d’éclater de rire tandis qu’il met lesmartphoneenplace.

–Attends,tuenpensesquoi?Jemontremesbicepsoujelèvelespouces?–Vousallezmedirecequisepasse,s’ilvousplaît?Nousignoronstousdeuxl’exclamationhébétéedeJustin.–Faisvoirlespouces,ditGarrett.Jedégainemonsourireleplussexyenlevantlespouces.–Veto,mec.Lesbiceps,c’estclair.Il prend deux photos, une avec flash et une sans, et un nouveau geste romantique est

accompli.Justinsemasselestempesavectantdevigueurquesoncerveausembleavoirexplosé.Il

medévisagetandisquejeremontemonjeanetilouvreencoreplusgrandlesyeuxlorsquejemarchejusqu’àGarrettpourvoirlerésultat.

–Waouh,jedevraisêtremannequin,jedisenhochantlatête.– Tu es super-photogénique, dit Garrett d’une voix parfaitement sérieuse. Et mec, ta

queueal’airénormecommeça.Etbonsang,c’estvrai.Justinsepasselesdeuxmainsdanslescheveux.–Jevousjurequesil’undevousdeuxnemeditpascequivientdesepasser,jepèteun

plomb.–Macopinevoulaitque je lui envoieunephotodemoi suruneméridienneenvelours

rouge,maistun’aspasidéeàquelpointc’estdurdetrouverundecesfoutusdivans.– Tu dis ça comme si cela expliquait tout,mais ce n’est pas le cas, répond Justin. Les

joueursdehockeysontvraimenttordus,ajoute-t-ilensoupirant.– Mais non, c’est juste qu’on n’est pas des mauviettes comme les joueurs de football,

susurreGarrett.Onaconfiancedansnotresex-appealmec,c’esttout.–Sex-appeal?C’étaitlachoselapluskitchquej’aiejamais…non.Voussavezquoi?Je

nevaispasrentrerdansvotrepetitjeu.Allonsretrouverlesfillespourmanger.

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Grace

MonDieu, il l’a fait.Mesyeuxsont rivéssurmontéléphone,et jenesaispassi jedoisrire,grogneroucourirausex-shopleplusprochepourm’acheterunvibromasseur,parceque,waouh,JohnLoganestvraimentlemecleplussexydelaplanète.

Jesuisdeboutaumilieudelastationderadio,j’imaginequ’avoirlalanguequipendn’estpas le comportement le plus approprié, mais je ne travaille pas aujourd’hui. Je suis justevenuemangeravecMorris.D’ailleurs,jemefichedebaverenpublic,laphotoestdélicieuse.LetorsenudeLoganmetaquinesurl’écrandemontéléphone,sesmuscleshâlésettoniques,salignedepoilàpeinevisibleentresespecs,sesabdosdivins…Etsonboxerestsimoulantquejevoislaformedeson…

–Saperlipopette!,s’exclameMorrisd’unevoixenjouée.Jesursauteetfaisdemi-tour.Àencroiresonregardamusé,ilaregardépar-dessusmon

épauleetilavulaphotodevantlaquellejebavais.– Je m’étais demandé comment il s’en sortirait pour cette tâche, remarque Morris en

souriantcommeunabruti.Mais jen’auraispasdûdouterde lui, cemecestune forcede lanature.

–Ilt’aparlédelaphoto?– De toute la liste, en fait. On a traîné ensemble hier soir, Lorris est sur le point de

reprendreBrooklyn,au fait, et il râlaitparcequ’iln’arrivaitpasà trouverdeméridienneenveloursrouge,ditMorrisenhaussantlesépaules.Jeluiaiproposédemettreunecouverturerouge sur le canapé de mon salon et de prendre quelques photos, mais il a dit que tuconsidéreraisçacommedelatricheetquetulepriveraisdetonamour.

Jeréprimeunsoupiretjerangemontéléphonedansmonsacàmainavantdemeservirunebouteilled’eaufraîchedanslefrigo.JedévisselebouchonenfaisantdemonmieuxpourignorerleplaisirquesembleprendreMorrisàcettesituation.

–Jeregrettedenepasêtregai,dit-il.

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–Mm…hmm.Vas-y,continue,jet’écoute.– Je suis sérieux, Gretch. Je l’adore. Je suis dingue de lui. Si j’avais su qu’il existait,

jamaisjenet’auraisdemandédesortiravecmoi.–Waouh,merci.–Roh, tais-toi. Tu es géniale et tu sais très bien que tume plais.Mais je ne peux pas

rivaliseraveccetype.Teconcernant,ilaplacélabarrevraimenttrèshaut.C’estdrôle,aprèsnotrebrèvetentativeàsortirensemble,Morrisetmoisommesdevenus

desamistrèsproches.Parfois,jemesensencorecoupabled’avoirembrasséLoganàlasoiréeSigma, mais Morris m’interdit de m’excuser de nouveau. Il dit que ce piètre rencard necompte ni comme relation ni comme tromperie, et je crois qu’il est sincère. Je pense aussiqu’ilestmieuxquenousn’ayonsriencommencé,parcequej’airemarquélafaçondontMorrisregardeDaisy,etjesuisdeplusenpluspersuadéequec’estellequiluiplaîtvraiment.

Quantàmoi,jeveuxsortiravecLoganplusquetoutaumonde,etjeregrettedeluifairefaireces tâchesridicules,parcequ’honnêtement, ilm’avaitdéjàconquiseavecsonpoème.Àl’évidence, il a autant envie de sortir avec moi que moi avec lui, sinon il n’aurait pas faitautantd’effortspourcréerleplusbeaucollagequej’aiejamaisvu,nidescœursenorigami,nidesrosesteintesenbleuaucolorantalimentaire.

Etmaintenantlaphotoboudoir?Sadéterminationestépoustouflante.–Tusaisquoi,jemesenscoupabledeluifairefairetoutçaalorsqu’onsaittouslesdeux

que je vais dire oui à son rencard. Je crois que je vais lui dire dene pas s’embêter avec lenumérosix.

–Nefaispasça,ditMorris.Jefroncelessourcils.–Pourquoi?–Pourdesraisonspurementégoïstes,répond-ilenriant.Jesuiscurieuxdevoircequ’il

déniche.–Ouais,sincèrement,moiaussi.

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Logan

Deuxjoursaprèsqueledestinm’aoffertlaméridienneenveloursrouge,jesuisenroutepour lamaison, avecGarrett àmes côtés.Aucundenous n’a dit grand-chose durant l’aller-retourd’uneheureàWilmington,mêmesinossilencesrespectifsontdesraisonsdifférentes.Demoncôté,jen’arrêtepasdepenseràlapatinoiredevantlaquellenoussommespassésenallant au restaurant. Elle n’avait rien de fabuleux, c’était juste un vaste bâtiment commen’importequelgymnasequ’onpeuttrouverdanslarégiondeBoston.Orjevendraismonâmeaudiablepouravoirlachancedem’yentraînertouslesjours.

Jemegaredevantcheznous,maisjenecoupepaslemoteur.–Mercimec,j’aiunegrossedetteenverstoi.Jesaisquetun’aimespasutiliserleréseau

detonpère.–Mikeyestmonparrain,c’étaitmonréseauquej’utilisais.Cependant, jesaisqu’iln’apasaimépassercecoupdefil.Parrainoupas,lalégendede

hockeyMikeyHansonrestelemeilleuramidePhilGraham,etGarrettapasséleplusgrosdesavieàprendresesdistancesparrapportàsonpère.

–Tuluiasparlérécemment?Àtonpère?jedemande.–Non.Ilm’appelletouteslesdeuxoutroissemaines,maisjel’ignore.Tuasparléautien,

toi?–Ilyadeuxjours,ouais.Je faisdes effortspourparlerplus souventàpapa, Jeff,mamanetDavid,parcequ’une

foisquelasaisondébuteraetquenotreemploidutempsseramonopoliséparlescoursetlesentraînements,jevaisvivredansunebulleetj’oublieraisansdouted’appelermafamille.

Garrettsetaitunmoment,puisilmeregarded’unairpensif.–Est-cequ’elleenvautvraimentlapeine,mec?Jehochelatête.–Cen’estpasjustepourlesexe?

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J’afficheunsourireespiègle.–Onn’ajamaiscouchéensemble.–Pourdevrai?s’exclame-t-il.Jepensaisquevousaviezbaiséenavril.–Non.Ilsouritjusqu’auxoreilles,etpeut-êtrequejel’imagine,maisilal’airfierdemoi.–Danscecas,çarépondàmaquestiondesavoirsielleenvautlapeine.Bonnechance,

dit-ilenmemettantunpetitcoupdepoingdansl’épaule.Pour êtrehonnête, je nepensepas avoir besoinde chance.Chaque fois que j’ai livré à

Grace un de mes gestes affreusement romantiques, j’ai été récompensé par le plus grandsouriredetouslestemps.Etjevousjurequesesyeuxétaientrivéssurmabouche,commesielle mourait d’envie de m’embrasser. Cependant, je n’ai jamais rien fait. Je ne voulais pasbrûlerlesétapes.Pourtant,j’aicommel’impressionquecesoirj’auraimonbaiser.

Vingtminutesplus tard, je frappeà laportedeGrace enessayantdenepas avoir l’airtrop arrogant. Je suis sacrément fier d’avoir réalisé tout ce qu’elle m’a demandé. C’estdommagequelesgensnecomprennentpasàquelpointjesuistêtu.

Gracen’apasl’airsurprisedemevoirsurlepasdesaporte,sansdouteparcequejeluiaiécritpourluidirequejevenaischezelle.Jeneluiaipasditpourquoi,maisilluisuffitdevoirmonexpressionpourcomprendre.

–Tun’aspas…Jeluitendsmontéléphone.–Votresoutiendestar,machère.–Ok,entre,ilfautquejevoieça.Ellesaisitmonportabled’unemaintandisquel’autreempoignemont-shirtpourmefaire

entrer.Daisy, sa colocataire, est assise en tailleur sur le lit et elle sourit jusqu’aux oreilles

lorsqu’ellemevoit.–Tiens,MonsieurRomantique!Qu’est-cequetunousasapportécesoir,mongrand?–Riendespécial,juste…Unevoixd’hommeemplitlapièceetsacolocs’immobilisebrutalement.«SalutGrace,c’estShaneLukov»,ditlebrunàl’écran.–Tudéconnes?!s’exclameDaisyenseprécipitantauprèsdeDaisy.«JeteparledepuisWilmingtonparcequej’aiunmessageimportantpourtoi»,annonce

lastardesBruins.Le jeune joueurdehockeyapris tout lemondeparsurprise lasaisondernière, ses fans

trépignentd’impatiencedevoircequ’ilnousréservecetteannée.Àvingtans,onlecomparedéjààSidneyCrosbyet,honnêtement,jecroisquecen’estpasunemauvaisecomparaison.

«Ça fait longtemps que je connais Logan, dit-il en faisant un clin d’œil à la caméra, jeveuxdireparlàquejeleconnaisdepuiscinqminutes,maisqu’est-cequeletemps,detoute

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façon?D’aprèscequej’aivu,c’estunchouettetype.Pashorribleàregarderetàencroirelesrumeurs,c’estuneflèchesurlaglace.C’esttoutcequej’aibesoindesavoirpourdonnermonapprobation,alorssorsaveclui,chérie.JesuisShaneLukov,etj’approuvecemessage.»

La vidéo prend fin. Daisy est bouche bée, et Grace me dévisage comme si c’était lapremièrefoisqu’ellemevoyait.

–Alors…jedisd’unevoixinnocente.Àquelleheurejepasseteprendredemainsoir?

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25

Grace

Hastingsaplusieursrestossympas,maissivouscherchezquelquechosedechic,alorsilfautallerchezFerro.C’estunbistroitalienmagnifiqueavecdesmursenboiseries,destablesrecouvertesdenappesrougesetdesbougies.Beaucoupdebougies.Il fautréserveraumoinsune semaine à l’avance, or Logan a obtenu une table en moins de vingt-quatre heures.Lorsqu’ilm’aditoùnousallions, j’aipenséqu’ilavaitpeut-êtrefait laréservationlasemainedernièreensachantqu’ilauraitaccomplitouteslestâchessurmaliste,mais ilm’aavouéenroutequ’ils’estfaitpistonnerpouravoirunetablecesoir.

Est-cequejevousaiditqu’ilétaitencostard?Ilestsublime,encostard.Iln’apasmisdecravate,doncj’aiunevuesplendidesursagorgemusclée.

LeserveurnousdirigeversnotretableetLoganmelaissem’asseoirlapremièreavantdeseglissersurlabanquetteàcôtédemoi.

–Ah,ons’assieddumêmecôté?C’est…Intime.Engénéral,c’estainsiques’asseyentlescoupleshypra-amoureuxquinepeuvent

pasarrêterdesebécoter,mêmeuneminute.Logan tend tranquillement le bras le long du dossier de la banquette et ses doigts se

posentsurmonépaulenuequ’ilcaressedélicatement.–C’est…?demande-t-il.–Pasunsouci,jerépondsenlefaisantrire.Sacuisseestpresséecontrelamienne,unmusclechaudetdurquiprouveàquelpointil

estsportif.Macourterobenoireestremontéeunpeuetjepriepourqu’ilneremarquepaslachairdepoulequirecouvremapeau.Jen’aipasfroid,bienaucontraire.Jemesensfiévreused’êtreaussiprèsdelui.

– Je peux te demander quelque chose ? demande-t-il timidement après que le serveurnousainformésdesspécialitésdujouretservideuxverresd’eaupétillante.

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–Biensûr,jerépondsenmetournantunpeupourquenouspuissionsnousregarder.Ceplacementdetablen’estpasfaitpourlecontactvisuel.–Commentsefait-ilquetunemeposesjamaisdequestionàproposduhockey?Jemefige,etill’interprètecommeunmalaise.–Nonpasqueçamegêne,d’ailleursc’estplutôtrafraîchissant.Laplupartdesfillesneme

parlentquedeça,commesiellespensaientquec’est leseulsujetquim’intéresse.Jetrouvejustebizarrequetoitunem’enaiesjamaisparlé.

Je prends mon verre et je bois une longue, très longue gorgée d’eau. Ce n’est pas latactiquelaplussubtilepourm’octroyerdutemps,maisc’estlaseulequejetrouve.Jesavaisqu’ilfiniraitparaborderlesujet,d’ailleursjesuissurprisequ’iln’enaitpasparléplustôt.

–Ehben…enfait…letrucc’estque…j’suispasfandehockey.–Quoi?demande-t-ilenfronçantlessourcils.Jemerépètepluslentementenmarquantunepauseentrechaquemot.–Jenesuispasfandehockey.Jeretiensmonsouffleenattendantsaréaction.Ilcligneplusieursfoisdesyeux,l’airàlafoischoquéethorrifié.–Tun’aimespaslehockey?Jesecouelatête.–Mêmepasunpeu?Jehausselesépaules.–Çanemegênepasenbruitdefond…–Enbruitdefond?!–…maisjen’yprêtepasattentionsic’estàlatélé.Je memords la lèvre. Au point où j’en suis, autant lui donner le coup de grâce, sans

mauvaisjeudemotsbiensûr.–Jeviensd’unefamillequiaimelefootball.–Lefootball.– Ouais, mon père et moi sommes d’énormes fans des New England Patriots et mon

grand-pèreétaitdéfenseurpourlesChicagoBears,àl’époque.–Lefootball,répète-t-ilenbuvantunegorgéed’eau.Jemeretiensderire.–Maisjetrouvegénialquetusoisaussibon.Etbravopourlavictoireduchampionnat,

l’andernier.Loganmedévisage.–Tun’auraispaspumedireçaavantque je tedemandedesortiravecmoi?Qu’est-ce

qu’onfaitlà,Grace?Jenepourraijamaist’épouser,ceseraitunblasphème!Sonsourireencoinmeditqu’ilplaisante,etjefinisparéclaterderire.

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–Attends,n’annulepastoutdesuitelesnoces.Letauxdesuccèsdesmariagesintersportsest plus élevéque tune le crois.Onpourrait êtreune famille Patriots-Bruins. En revanche,pasdeCeltics,jehaislebasket.

–Onaaumoinsçaencommun,dit-ilenserapprochantdemoipourm’embrassersurlajoue.Çavaaller,onsurmonteracecoupdur,mabelle.Ilnousfaudrapeut-êtreunethérapiedecouple,unjour,maisjevaist’apprendreàaimerlehockey,etaprèsça,toutirabien.

–Tun’yparviendraspas,jelepréviens.Ramonaapassédesannéesàessayerdemefaireaimercesport,etçan’ajamaismarché.

–Alors,elleaabandonnétropfacilement.Moi,jenebaissejamaislesbras.Là-dessus,iln’apastort.Sic’étaitlecas,onneseraitpasdanscerestaurantromantique,

blottiscôteàcôtesurlabanquette.–ÀproposdeRamona…vousenêtesoù?Jemecrispelégèrement.–Tuveuxdiredepuisqu’ellet’aécritdansmondosenproposantdeteréconforteraprès

laV-Day?Ilsouritjusqu’auxoreilles.–TuappellesçalaV-Day?Moijel’appellelaV-Night.Nous éclatons de rire et une part de moi trouve sain que nous puissions plaisanter à

propos d’unmoment quim’a tellement humiliée. Or, c’est le passémaintenant, et Logan abattutouslesrecordspourmeprouvercombienilregrettecequis’estpasséetàquelpointilveutrepartiràzéroavecmoi.Jenementaispas,d’ailleurs,lorsquejeluiaiditquejen’étaispasrancunière.Mesparentsm’ontapprisl’importancedupardonetqu’ilestprimordialdesedébarrasserdesonamertumeetdesacolèreplutôtquedeselaisserconsommerparlacolère.

–Jel’aivuelejouroùjet’aicroiséaucafé.Onaparléetelles’estexcusée.Jeluiaiditquej’étaisd’accordpourlaisserunechanceànotreamitié,maisquejevoulaislefaireàmonrythme,cequ’elleaaccepté.

Logannerépondrien.–Quoi?Tupensesquej’aitort?–Jenesaispas,répond-ild’untonpensif.Cen’étaitvraimentpascooldesapartdeme

draguer. On ne peut pas dire que ce soit l’Amie de l’Année. Et je n’aime pas l’idée qu’ellepuissedenouveautefairedumal.

–Moinonplus,mais jenepeuxpasnonpluscouper lespontsavecelle. Je l’ai connuetoutemavie.

– Ah bon ? Je pensais que vous vous connaissiez parce que vous étiez dans la mêmechambre.

–Non,onestamiesdepuisqu’onestpetites.J’explique à Logan que Ramona etmoi étions voisines, et la conversation bifurque sur

mon enfance à Hastings, puis sur la sienne à Munsen. Le manque de silences gênants me

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surprend, en général, il y en a aumoins un lors d’un premier rencard,mais Logan etmoin’avons pas ce problème. La seule fois que nous arrêtons de parler est lorsque le serveurprendnoscommandesetquandilnousdonnel’addition.

Deux heures. J’ai peine à le croire lorsque je regarde l’heure sur mon téléphone. Lanourritureétaitphénoménale, laconversationdivertissanteet lacompagnietoutsimplementdivine.Nousterminonsnosdesserts,unsublimetiramisuqueLoganinsistepourpartager,etilnemelaissemêmepasregarderlanote.Ilsecontentedefourreruneliassedebilletsdansleporte-additionencuir,puisilsortduboxetmetendlamain.

Je l’accepte et je vacille légèrement surmes talons aiguilles enme levant. Jeme senspompetteetjoyeuse.Jen’arrêtepasdesourire,maisjesuissoulagéedevoirqu’ilsouritaussibêtementquemoi.

–C’étaitsympa,murmure-t-il.–Oui.Ilnelâchemamainqu’àlavoiturepourpouvoirm’ouvrirlaporte,etàpeineest-ilassis

auvolantqu’illareprend,conduisantd’unemainjusqu’aucampus.Cen’estqu’unefoisdevantmaportequesonattitudenonchalantedisparaît.–Alors,commentjem’ensuissorti?demande-t-il.–Quoi,tuveuxunerevuedétailléedetaperformance?Iltiresurlecoldesachemise.Jamaisjenel’aivuaussinerveux.–Ben,oui.Jen’aipaseuderencarddepuis…desannées.Depuismapremièreannée,je

crois.–Ahbon?–Ouais. J’ai traînéavecdes filles,ona jouéaubillard,onaparléàdes fêtes,maisun

vrai rencardoù je passe la prendrepourdîner et où je la raccompagne chez elle ?dit-il enrougissantdefaçonadorable.Ouais,çafaitlongtempsquejen’aipasfaitça.

MonDieu,j’aienviedemejeterdanssesbrasetdeleserreraussifortquepossible,maisjemeretiensetjefaisminederéfléchiràsaquestion.

– Ok. Alors, choix du restaurant… parfait. Dix sur dix. Galanterie… tum’as ouvert laportière,alorsdixaussi.Talentspourlaconversation…neuf.

–Neuf?s’exclame-t-il.Jesourisd’unairdiabolique.–Jet’enlèveunpointparcequetuasparlédehockey.C’étaitennuyeux.–Tuvastroploin,femme,rétorque-t-il.–Marquesd’affection…dix.Tuaspassétonbrasautourdemesépaulesettum’astenula

main,c’étaitmignon.Ah,etenfin,lebaiser.Çaresteàvoir,maistudevraissavoirquetuparsà moins un parce que tu as demandé une revue de ta performance au lieu de me sauterdessus.

Sesyeuxbleusscintillent.

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–Tuessérieuse?Jesuispénaliséparcequej’aiessayéd’êtreungentleman?–Moinsdeux.Lemomentestentraindetefilerentrelesdoigts,Johnny.Bientôt,tune

pourras…Sabouches’emparedelamiennedansunbaiserexquis.Laseulemanièred’expliquercequejeressens,c’estd’avoirl’impressiondeluiappartenir

etqu’ilm’appartient.Seslèvressontàmoi.Monsangs’embrasealorsquesesgrandesmainsseposentsurmesjoues.Sespoucescaressentmespommettestandisqu’ilm’embrasseavecuncontrasteépoustouflantdetendresseetdedésespoir.Salanguetitillelamienneunefois,puisdeux,puisilromptlebaiser.

–Tum’asappeléJohnny,chuchote-t-ilcontremeslèvres.–C’estinterdit?Sonpouceeffleuremalèvre.–Mesamism’appellentparfoisJohn,maisiln’yaquemafamillequim’appelleJohnny,

dit-il,etsonregards’enflamme.Çameplaît.Mon pouls accélère lorsque ses lèvres chatouillent de nouveau les miennes avec la

légèretéd’uneplume. Ilglisse sesmains le longdemesbrasnus, laissantderrièreellesunenuéedefrissons,puis il lesposesurmeshanches,demanièredécontractée.Saufque jesuisloind’êtredécontractée.

–Est-cequet’acceptesderessortiravecmoi?Ilestsigrandquejedoispencherlatêtepourleregarder.Unepartiedemoiesttentée

delefairemarcherdavantage,maisceseraitvraimenttropcruel.–Avecplaisir.

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26

Grace

Pournotresecondrencard,Loganetmoiallonsàunefête,cequientempsnormalnemerendrait pas nerveuse. Après tout, Ramonam’a traînée à une tonne de soirées l’an dernier,doncjedevraisêtreunepro.Seulement,cettesoiréeestchezBeauMaxwell,lequaterbackdel’équipede footballdeBriar,et la tribudes footballeursmefout la trouille.Leurs fêtessontdéjantées et la plupart du temps elles se terminent avec l’arrivée des flics. Lamajorité desjoueurssontbruyantsetarrogantsetilssepromènentcommes’ilsétaientlesroisdumonde,cequiestironiqueparceque,l’andernier,l’équipedeBriaraeulepirerésultatdesvingt-cinqdernièresannées.

Ladernièrefoisque j’étaisà l’unede leurssoirées, j’aidûséparermameilleureamieetunegroupiedesfootballeursquiessayaitdeluiarracherlesyeuxparcequ’elleavaitembrasséundesdéfenseurs.Deplus, j’aidû le faire seule,parceque les joueurs se sont contentésdeformeruncercleautourdesfillesenhurlantcommedesabrutis.

–Beauestunmecsympa,m’assureLoganlorsquenoussortonsdutaxi.Promis,mabelle,c’estvraimentungarsbien.

– Comment ça se fait qu’il soit encore à Briar ? Il n’était pas en dernière année l’andernier?

–Techniquementilestencinquièmeannée,oui.IlétaitRedshirt 1enpremièreannée.–Tantmieux, ça lui laisseunanpour se sortir lesdoigtsdes fesses. Leurperformance

était désastreuse l’an dernier. Tu étais là au match où il a intercepté cinq ballons sansmarquerlemoindretouchdown?C’étaitscandaleux!

– Honte à toi,Madame la Critique. Tu attaques un joueur parce qu’il a eu un jour demou?Tuesdure.

–Mouais, jesoupire.Jesupposequejepourraisêtreplus indulgente.ToutlemondenepeutpasavoirletalentdeDrewBaylor.

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Sonregards’embrasesoudain.–Taconnaissancedesquaterbacksuniversitairesestétrangementexcitante.–Jecroisquetoutt’excite,Johnny,jedisenlevantlesyeuxauciel.–Ouais,tun’aspastort.Nousatteignonslaporte,etlamusiqueassourdissantememetbrusquementmalàl’aise.–Tumeprometsqu’onpartirasiçadégénère?jedemandeenluiempoignantlebras.–Attends,Ivers,cesgenssonttafamillenon?Commentpeux-tuvouloirlesquitter?–Eh, cen’est pasparceque j’aime les regarder jouerque je veuxêtre victimede leurs

jeux.Loganbaisselatêtepourembrassermatempe.–Net’enfaispas.Situveuxpartir,tun’asqu’unmotàdire.–Merci.L’instant d’après, il ouvre la porte, et nous entrons dans la tanière du lion où je suis

immédiatement frappée par une vague de chaleur humaine.Mon Dieu, il y a tellement degens ici que l’air est irrespirable. L’odeur de bière, de parfum, d’eau de Cologne et detranspirationestsifortequ’ellemefaittournerlatête.Cependant,celanesemblepasgênerLoganquimeprendlamainetmemèneplusloindanslafoule.

Dansuncoindusalon,unepartiedebeer-pong2batsonpleinetlesnanasd’uncôtédelatable sontàdifférentsdegrésdenudité.Sansdouteest-ceunepartiede strip-beer-pong.Del’autrecôté, lapistededanse improviséeestpleineàcraqueret lesmeublesqui l’entourentserventdeplate-formeauxfillessaoulesquidansentàmoitiénues.

Noussommesarrivés tardcarLoganavaitunentraînementdehockey,mais iln’estquevingt-deuxheures,cequimeparaîttroptôtpourquetoutlemondesoitdéjàaussiivre.

– Je tedonnevingtdollars si tumontes surunede ces tables, grogneLogandansmonoreille.

Je lui mets un coup de poing dans le bras et il dégaine son sourire en se frottant lebiceps.

–Tuveuxboirequelquechose?–Pourquoipas.Nousallonsdans lacuisine,quiest toutaussibondéeetbruyante.Loganempoigneune

bouteille de rhum sur le plan de travail et nous sert deux rhum-Coca. J’en bois une petitegorgéeavantdegrimacer.MonDieu,sarecetteesthorrible,ilyabeaucouptropderhumetpas assez de Coca. L’alcool me brûle la gorge et me réchauffe le ventre, faisant encoreaugmenter ma température corporelle. Or, je suis déjà en robe et je ne peux pas medéshabillerdavantage.

–Ettoi,commentçasefaitquetusoisamiaveccesgens?jedemandetandisquenousquittonslacuisine.Monpèrem’aditqu’ilyavaitunerivalitéséculaireentreleshockeyeursetlesfootballeursdecettefac.

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–Plusmaintenant.ElleaprisfinilyatroisanslorsqueleMessieestarrivéàBriar.–Ah?Etc’estquileMessie?–Dean, répond-il d’une voixmoqueuse. Jene sais pas si tu le sais,mais il court après

toutcequibou…–MonDieu,c’estvrai?jem’exclameenfeignantd’êtrechoquée.–Ah!Bref,lorsqu’ilestarrivéàcourtdegagasdelacrosse,enpremièreannée,iln’aeu

d’autrechoixquedepiocherdanslesgroupiesdesfootballeurs. Ilaatterriàunedessoiréesde Beau, un autre coureur de jupons, et ils se sont tout de suite entendus. Depuis, ils sontamis,expliqueLoganenmeprenantparlataille.Deannousatraînésàuneoudeuxsoiréesetonestdevenuspotesaveceux.Lahachedeguerreestenterrée.

Jenesaispasoùonva,maisLogansembleconnaîtrelamaisonsurleboutdesdoigts.Ilmeguidedansunvastesalonoùdeuxgrandscanapésd’anglefontfaceàunegigantesquetélébranchéesurlachaînedesport.Àlatabledebillardducôtéopposé,unmecavecunegrossebarbeétudie lesboulespendantque sonopposant le taquineen luidisantqu’il va rater soncoup.

Je suis étonnéeducalmequi règne ici. Iln’yaqu’unepoignéedegensprèsdubillard,quelquescouplesprèsdumurdufond,etdeuxpersonnesentraindesepelotersurlecanapé,Deanetune rousseavecdesgros seins.BeauMaxwell est affalédansun fauteuil, regardantDeand’unairparticulièrementennuyé.Illèvelatêtelorsquenousentrons.

–Logan,commentçava,mec?Logans’assiedsurlecanapéadjacentàceluideDeanetmeprendsursesgenoux,comme

sic’étaitlachoselaplusnaturelledumonde.Ilpassesesbrasautourdematailleetjecroisvoir une lueur d’intérêt dans les yeux bleus de Beau. Je remarque alors qu’il ressembleétrangementàLogan:ilssonttouslesdeuxgigantesques,avecdescheveuxchâtainfoncé,desyeux bleus et desmâchoires saillantes. Cependant, il y a une différencemarquée entre lesdeux…BeaunefaitpasbattremoncœurcommelefaitLogan.

Deanetlarousseseséparent,levisagerougi,etnousregardent.–Salut,ditDeanenfaisantunclind’œil.Vousêtesarrivésquand?–Àl’instant,répondLogan.Beaum’étudietoujoursd’unaircurieux.–C’estquitonamie,demande-t-ilàLogan?–Grace,monrencard.Grace,jeteprésenteBeau.Le regard du quaterback balaye mes jambes nues et mes cuisses, car ma robe est

remontéelorsqueLoganm’aprisesursesgenoux.–Enchanté,chérie,ditBeauensouriant.C’estbien lapremière foisqueLoganarriveà

unesoiréeavecunrencard.–Vafalloirt’yfaire,répondLogan.Jen’aiplusl’intentiondesortirdechezmoisanselle.

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Ilembrassemoncou,etdesfrissonsrecouvrentmoncorps.Samainm’ancrefermementcontreluiet…jenel’imaginepas,c’estbienuneénormeérectionquejesenssousmafesse.

Jecontinueêtreétonnéed’êtrecellequil’excite.Duranttoutemapremièreannée,jen’aicessé d’entendre rumeur sur rumeur le concernant : il couche à droite à gauche, c’est unsuper-coup,ilnesortavecpersonne.Alors,pourquoisort-ilavecmoi?Etquandjedissortir,jeveuxdiresortir,puisqu’onn’amêmepascouchéensemble.

Jecontinuedem’émerveilleràl’idéequej’aieréussiàchoper–peut-êtrequ’apprivoiserseraitplusjuste–unmeccommelui,pendantquelaconversationcontinuesansmoi.LoganetBeau sont plongés dans undébat à propos des tests anti-dopagedans le sport universitaire,bienquejenesachepascommentilsensontvenuslà.J’étaistropoccupéeàronronnersouslescaressesdeLoganetàmedireque jerêveraisde lessentirsurmapeau.Siseulement ilavaitfaitplusquem’embrasserl’autresoir…J’aitellementenviedecemec,enpermanence,quec’enestinquiétant.

– Te voilà, dit une fille en robe verte et en bottines noires en allant vers Beau. Je t’aicherchépartout.

–Ilyatropdebruitlà-bas,soupire-t-il.Jecroisquejedeviensvieux,S.Machérie,faisquejemesentejeune,s’ilteplaît.

Elleritetsepenchepourl’embrassersurlajoue.–Avecplaisir,mongrand.Jefaisdemonmieuxpournepastropladévisager,maiscen’estpasfacileparcequ’elle

estmagnifiqueavecsonteinthâlé,sesyeuxnoirsetseslongscheveuxbrunsquitombentencascade jusqu’au bas de son dos. Je ne dis pas ça de tout le monde, mais cette nana estréellementsublime.Sansparlerdufaitqu’elleestincroyablementséduisante.Sansrire,ellealesex-appealdeScarlettJohansson.

Sonvisages’assombritlorsqu’ellevoitDeansurlecanapé.–Richie,dit-ellefroidement.–Sabrina,répond-ilsurlemêmeton.–J’airemarquéquetuavaisprislapeinedevenirenclassecematin,ricaneSabrina.Tu

avaisoubliéquelechargédeTDétaitunmec?Pauvredetoi,tunevaspaspouvoirdécrochertonsemestreenbaisant,cettefois-ci.

–Suce-moiSabrina.–Ha!Vas-y,dégaine,mongrand,répond-elleenhaussantunsourcil.– Je devrais le faire. Peut-être qu’en ayant quelque chose dans la bouche, tu te tairais

enfin.Sabrinaéclatederire.–Oh,Richie, tucroisvraimentqueçame fera taire?dit-elleen faisantunclind’œilà

Beau.Raconte-luilesbruitsquejefaisquandtaqueueestdansmabouche.

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Jenecomprendspascequisepasse.L’animositéentreDeanetcetteSabrinapolluel’airdelapièce,maisellesedissipedèsqueBeauselèveenentraînantlasublimefilleaveclui.

–Veuilleznousexcuser,dit-il,leregardembrasé.Unefoisqu’ilssontpartis,jeregardeDeanenhaussantunsourcil.–Pourquoiellet’appelleRichie?–Parcequec’estunegarce,répond-il,cequin’estpasvraimentuneréponse.–Oh,tuasl’airchagrin,murmurelarousse.Laisse-moit’aider.Lasecondequisuit,ilssontdenouveauentraindeseroulerdespelles.–Qu’est-cequivientdesepasser?jedemandeàLogan.–Aucuneidée,répond-ilensouriantavantdem’embrasser.Allez,viens,jecroisquej’ai

vuHollisetFitzypasser,ajoute-t-ilenmeforçantàmelever.Nousquittons legrand salonet retournonsdans lemondedesdégénérés,oùLoganme

présenteàplusieurspersonnesavantderetrouversescoéquipiers.Jenepeuxpasdirequejepasseunmauvaismoment,maiscen’estpasnonpluslasoiréedusiècle,mêmesicen’estenrien la faute de Logan. C’est simplement parce qu’au fur et à mesure de la soirée, jecommenceàremarquerquelquechosequi…m’agace.

Lesfilles.Beaucoupdefilles,àquicelaneposeaucunproblèmedeflirteravecLogan.L’attention qu’il reçoit est époustouflante et super-énervante. J’arriverais à supporter

qu’ellesviennentluidirebonjour,maisdelààlesvoirpromenerleurspattessursonbrasenbattantleurscils lourdsdemascaraetenl’appelant«chéri»ou«bébé»…Ilyamêmeunegarcequil’embrassesurlajoue.

Toutefois,jefaisdemonmieuxpournepasmelaisseratteindre.J’aitoujourssuquecemec était populaire et que choper des nanas était son passe-temps favori avant de merencontrer.Néanmoins,celanesignifiepasque j’apprécied’enavoir lapreuvesous lesyeuxtoutelasoirée.

Lorsque la neuvième nana – oui, je les compte – vient flirter avec lui, j’en aiofficiellementassez.

–Jevaisauauxtoilettes,jeluidissèchement.Ilsemblesurprisparletondemavoix.–Euh…ok.Vaplutôtenhaut,ilyauramoinsdemonde.Le fait qu’il ne propose pas de m’accompagner m’agace encore plus. Dans le couloir,

j’éviteungroupedemecsainsiqu’uncouplequise jettedes insultesà la figure,et jemontelesescaliersaussivitequepossible.Jeviensd’atteindrelepalierlorsquej’entendslavoixdeLoganderrièremoi.

–Grace,attends.Jemeretourneàcontrecœur.–Qu’est-cequ’ilya?

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– À toi de me le dire, répond-il en étudiant mon visage. Tu as interrompu Sandy enpleinephraseavantdepartircommeunefurie.

–Ohnon,pauvreSandy.Présente-luitoutesmesexcuses.–Ok…Qu’est-cequisepasse?demande-t-ilenhaussantlessourcils.–Rien.Unevaguedehontem’accable,carjesensleslarmesmemonterauxyeux.Jetourneles

talons pour filer à la salle de bains, ne comprenant pas ce qui m’arrive. Je ne sais paspourquoi je suis siagacée, cen’estpascommes’il flirtaiten retour, il essayaitmêmede lesesquiverchaquefoisqu’ellesvoulaientletoucher.

–Grace,dit-ilenempoignantmonbrasetenmetournantfaceàlui.Parle-moi.Qu’est-cequinevapas?

Jememordslajoue,hésitantàrépondre,puisjepousseungrognementagacé.–Est-cequetuascouchéavectouteslesfillesdelafac?–Quoi?s’exclameLogansuruntonvexé.–Sansrire,John,tum’expliques?Onnepeutpasfairedeuxpassansqu’unenanavienne

te tripoter ou te dire : « Oooooh, je me suis tellement amusée avec toi, l’an dernier, ondevraitrecommencer…Blablabla.»

Ilrestebouchebéeuninstant,puisilsouritlentement.–Attends,tuesjalouse?–Non.–Si,tuesjalouse.Jecroisefermementlesbras.– C’est juste que je n’apprécie pas toutes ces filles qui te draguent alors que je suis

plantéeàcôtédetoi.C’estimpolietirrespectueuxet…–Çaterendjalouse,conclut-il.J’aienviedelegiflerpourqu’ilarrêtedesourirebêtement.–Cen’estpasdrôle,jedisenessayantd’enleversamaindemonbras.Cependant,nonseulementilleserreplusfortmaisilposel’autresurmataillepourme

plaquer contre lemur. J’aidésormaisunmètre quatre-vingt-cinq et plus de quatre-vingt-dixkilos contremoi.Ses lèvres effleurent lesmiennes tandisqu’il plonge son regardémerveillédanslemien.

– Tu n’as absolument pas à être jalouse. Je ne me souviens même pas du prénom detoutes ces filles. Tu es la seule que je vois ce soir. Tu es la seule que j’aie remarquée danscettefac,dit-ilenm’embrassantbrièvement.Etjen’aijamaiscouchéavecSandy.

–Menteur.–Jetejure,répond-ilensouriant.Cenesontpaslesmecsquil’intéressent.–C’estvraiça?

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–Absolument.Elleestvenueàunefêtecheznous,l’andernier,etelleapassélasoiréeàroulerdespellesàsacopinesurlecanapé.

–Tudisçapourquejemesentemieux?–Non,c’estvrai!Deanacruqu’ilétaitmortetqu’ilétaitauparadis.Un rirem’échappe etmesmuscles se détendent.MonDieu, je n’ai pas aiméme sentir

ainsi,prêteàbondirsurlamoindrefillequiosaitregarderLogan.–Maisça,c’estencoreplusexcitantquedevoirSandybécotersameuf,dit-ild’unevoix

suave.–Qu’est-cequiestplusexcitant?–Toi.Jalouse.Jen’aijamaisétéavecunefillequiétaitpossessive.Çam’excite.Ilneplaisantepas, sonérectionestplaquéecontremonventreet la sensationmerend

incroyablement heureuse. Je remue juste assez mon bassin pour me frotter à lui, et sespaupièresdeviennentlourdes.

–Ça,çam’exciteencoreplus,marmonne-t-il.–Ouais?–Ouais,crois-moi,chérie,tueslaseulequejeveux.Laseulequim’excite.Jehausselessourcilsetjepassemesmainssursanuque.– Je ne sais pas… je suis encore un peu jalouse. Je crois que j’ai besoin que tu me

rassuresencoreunpeu.Ilritenpenchantlatêteverslaporteàcôtédenous.–Tuveuxquejetefassejouirdanslasalledebains?Mescuissessecontractent,etilnemanquepasdeleremarquer.–Est-cequec’estunoui?–Absolument,jedisenmehaussantsurlapointedespiedspourluimordillerlecou.

1.Statuts’appliquantauxétudiants-athlètesquinedisputentpasdematchsdurantunesaison,leurpermettantderestercinqansàl’universitéaulieudesquatrehabituelles.

2. Jeuàboiredans lequel l’undes joueursd’uneéquipedoit lanceruneballedeping-pongà lamaindansundesgobeletsdel’équipeadverse,del’autrecôtédelatable.S’ilréussit,lesadversairesboiventlecontenudeleurverre.

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27

Logan

C’est la quatrième fois de la semaine que je sors d’un entraînement en ayant envie decogner. Le manque de compétence et de sens commun des autres défenseurs est toutsimplement aberrant. Je veux bien accorder du temps aux nouvelles recrues, mais lestroisièmes années n’ont pas d’excuse. Brodowski restait planté sur la ligne de défense encherchant quelqu’un à qui faire la passe alors qu’il y avait plein de joueurs démarqués, etAndersonalobétoussespassesauxattaquantscouvertsparl’adversaireaulieudemefairelapasseàmoioud’allerenavantpourlaisserletempsauxattaquantsdeselibérer.

Lesmatchsquenous avons joués entrenous étaientune catastrophe. Lesnouveauxontpatinéauralentietlesseniorsontfaitdeserreursstupides.Jecroisquejedoismerendreàl’évidence : notre équipe est si faible que nos chances d’atteindre les phases finales duchampionnatparaissentexcessivementminces.Ornousn’avonsmêmepasencore jouénotrepremiermatch.

Danslevestiaire,jemerendscomptequejenesuispasleseulàêtrefrustré.Ilyabientrop de mines renfrognées autour de moi, et même Garrett est étonnamment silencieux.Normalement,entantquecapitaine,ilessaiedenousencourageraprèsl’entraînement,maisàl’évidence,ilesttropdépriméparl’étatminabledenotreéquipe.

Le seul qui sourit est un des nouveaux, Hunter. Le coach lui a fait tellement decompliments aujourd’huiqu’il va flotter surdesnuagespendantdes semainesà venir. JenesaispascommentDeanl’aconvaincuderejoindrel’équipe,toutcequejesais,c’estquemonpotel’atraînédansunbar,lesoirdesessais,etquelelendemain,legaminétaitpartant.Çaadûêtreunesacréesoirée.

–Logan,ditlecoachenentrantdanslesvestiaires,viensmevoiraprèstadouche.Merde.Jecherchecequej’auraispufairecommeconneriedurantl’entraînement,maisje

nepensepasêtreprétentieuxlorsquejedisquej’aibienjoué.Deanetmoiétionslesseulsà

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essayerdeconstruireunedynamique.Lorsque j’entrechez lecoach,unedemi-heureplus tard, ilestassisderrière sonbureau

avecuneexpression lugubrequedécuplemonangoisse.Merde.Est-cequec’est lapassequej’ai loupée ?Non, c’est impossible,même le grandGretzky 1 n’aurait pas pu garder le paletfaceauxcentkilosdeMikeHollis.

–Qu’est-cequisepasse?Jem’assiedsenessayantdenepasmontreràquelpointjesuisnerveux.–Allonsdroitaubut,tusaisquejen’aimepasyallerparquatrechemins,ditlecoachen

reculantdanssonfauteuil.J’aiparléàunamiquitravaillepourlesBruins,cematin.Touslesmusclesdemoncorpssetendent.–Ah,quiça?–L’assistantdumanager.Jenepeuxmeretenird’écarquiller lesyeux.Jesavaisquelecoachavaitunbonréseau

puisqu’ilajouéseptanspourPittsburg,maisquandiladit«unami»,jepensaisqu’ilparlaitdequelqu’undemoinshautplacé.

–Écoute,tusaisqu’ilst’ontàl’œildepuisquetuasterminélelycée.Ettusaisqu’onm’aparlé de toi par le passé. Bref, si ça t’intéresse, ils veulent que tu t’entraînes avec lesProvidenceBruins 2.

C’estuneblague?Ilsveulentquejem’entraîneaveclespoulainsdesBruins?Jen’arrivepasàycroire.

–IlsmeveulentpourlesProvidence?–Peut-être. Ilsveulentvoir comment tu joues, te testeravantde temettre sur laglace

aveclesautresbrutes,dit-ilavecuneintensitéquej’entendsrarementhorsdelapatinoire.Tuesdoué, John.Tuesvraimentbon.Mêmes’ils voulaient te laisseravec lesProvidencepourque tu t’améliores un peu, ils n’attendraient pas longtemps avant de t’appeler dans l’équipepremière.

Mon Dieu, je dois rêver. Ce n’est pas n’importe quelle équipe professionnelle, c’estl’Équipe.Celle que j’encouragedepuis que je suis tout petit, celle pour qui je rêvede jouerdepuisquej’aiseptans.

Lecoachétudiemonvisage.–Maintenantquec’estdit,jeveuxsavoirsituaschangétesprojetspost-diplôme.J’ailagorgeaffreusementsècheetmoncœurbatlachamade.J’aienviedecrier«Oui!

Bien sûrqu’ilsont changé ! »Mais jene lepeuxpas. J’ai faitunepromesseàmon frère, etcette opportunité a beau être énorme, elle n’est pas suffisamment énorme. Jeff ne seraimpressionnéquesijeluiannoncequej’aidécrochéungroscontrataveclesBruins,sansça,ilnemelaisserajamaisréalisermonrêve…etencore!

–Non,rienn’achangé.Çametuededireça,etàvoirlafrustrationducoach,jesaisqu’ill’adeviné.

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– Écoute, John. Je comprends pourquoi tu ne t’es pas rendu éligible. Vraiment, jecomprends.

À part mon frère, et maintenant Garrett, le coach est le seul à savoir que je n’ai pasinscritmonnomsurlaliste.Lapremièreannée,j’aifaitsemblantd’avoirratéladatebutoiretj’aidûécouterlecoachmehurlerdessuspendantquarante-cinqminutesenmedisantquejen’étaisqu’unsombreidiotetquejegaspillaislestalentsqueleCielm’adonnés.Unefoisqu’ils’estcalmé, ilacommencéàdirequ’ilallaitdemanderdesfaveursàsescontactsafindemerendreéligible,etjen’aieud’autrechoixquedeluidirelavérité,oudumoinsunepartiedelavérité.Jeluiaiparlédel’accidentdepapa,maisjeneluiaipasditqu’ilétaitalcoolique.

Depuis,ilnem’aplusembêtéàcesujet.Jusqu’àmaintenant.–Mais il s’agit de ton avenir. Si tu rates cette occasion, tu le regretteras toute ta vie,

fiston.Jetelegarantis.Jen’aipasbesoindesagarantie.Jesaisquejevaisleregretter,commec’estdéjàlecas

pourtantdechoses.Cependant,jedoisfairepassermafamilled’abord,etmaparoleadelavaleur…pourmoi,etpourJeff.Jenepeuxpasrevenirsurmapromessemaintenant,mêmesic’estl’offrelaplustentantequ’onm’aitjamaisfaite.

– Merci de m’avoir tenu informé, Coach. Et remerciez votre ami pour moi, je dis enravalanttoutmondésespoir.Maismaréponseestnon.

–Tuessûrquec’estcequetuveux?demandetimidementGrace.Je ne sais pas pourquoi elle me pose cette question, car à l’évidence c’est la dernière

chosequejeveuille,c’estsimplementcequejedoisfaire.Jesuisallédirectementchezelleaprèsl’entraînementetjeluiaitoutdesuiteracontéce

que le coach m’avait dit, mais maintenant, je regrette de ne pas l’avoir gardé pour moi.Quelques jours après qu’on a commencé à sortir ensemble, je lui ai expliqué ce quim’attendaitaprèslafac,etmêmesiellenel’apasditàvoixhaute,jesaisqu’ellen’approuvepasmesprojets.

–Biensûrquejen’aipasenviededirenon,maisj’ysuisobligé.Monfrères’attendàcequejeretourneàlamaisondèsquej’auraimondiplôme.

–Ettonpère,qu’est-cequ’ilattend?Jem’adosse à la pile de coussinsmulticolores sur son lit. Ils sentent comme elle : un

parfumdouxetfémininquim’apaiseimmédiatement.–Ils’attendàcequ’onl’aideàgérersonaffaireparcequ’ilnepeutpaslefairelui-même.

C’estcequefontlesfamilles.Ons’entraidequandc’estnécessaireetonprendsoinlesunsdesautres.

–Auxdépensdetesrêves?demande-t-elleenfronçantlessourcils.–S’illefaut,oui.

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Cetteconversationesthorriblementdéprimante.–Allezviens,tuneveuxpasregarderunfilm?Ilmefautdesexplosionsetdescombats

pourmefaireoubliermaviemisérable.Grace prend son ordinateur et prépare le film. Elle essaie de poser le portable entre

nous,maisjeleposeplutôtsurmescuissespourqu’ellepuisseseblottircontremoi.J’adorel’avoirdansmesbras,joueravecsescheveux,l’embrasserdanslecouquandl’enviemeprend.

Jen’aipasétéencoupledepuislelycée,maisavecGrace,cen’estpascommeavecmesanciennescopines.Celameparaîtplus…mature, jesuppose.À l’époque,onparlaitdetrucssans intérêt et on comblait les silences en se bécotant. Mais avec Grace, on a de vraiesdiscussions.Onparledenosjournées,denouscours,denotreenfance,denotreavenir.

Cependant,nousnefaisonspasqueparler.Jel’aivuepresquetouslesjoursdepuisnotrepremierrencard,etnousnoussommeschauffésàchaquefois.MonDieu,lafoisdanslasalledebainschezBeauétaitdingue,etellenem’amêmepastouché.Jemesuisbranlépendantquej’étaisàgenouxentraindeladévoreretjenemesouvienspasd’avoirdéjàjouiaussiforttoutseul.

Toutefois, nous n’avons pas couché ensemble, et le plus fou, c’est que je m’en fiche.Avant,pourmoi,toutn’étaitquestionquedegratificationrapide.Jeflirtais,jebaisais,jemebarrais.Unpeucommelespartiesdehockeyquandj’étaispetit,oùjedevaisjouerentrelafindel’écoleetlemomentoùmamèrem’appelaitpourmanger.

AvecGrace,c’estunevéritablepartiedehockeyentroispériodes.Ilyal’anticipationetl’excitation de la première période, la montée en puissance de la seconde, puis l’intensitéexquisedelatroisièmequiserésumedanslanotionsublimed’avoiraccompliquelquechosede beau. Si je devais l’identifier, je dirais que nous sommes dans la seconde période : lamontéeenpuissance.Dessessionsoùl’onsechauffeàmortetquinouslaissentcourbaturés,sanslapressiondelatroisièmepériode.

Celafaitvingtminutesquenousregardonslefilmlorsqu’ellesetournebrusquementversmoi.

–Eh,j’aiunequestion.Jecliquesurlepadpourmettrelefilmsur«pause».–Jet’écoute.–Est-cequejesuistapetiteamie?Jeluifaisleregardleplusperverspossible.–Jenesaispas,Bébé,tuveuxl’être?Sonregards’illumine.–Ben,maintenantnon,c’estclair.Jesourisetmepenchepourposerl’ordinateuraupieddulit,puisjemetournepourlui

sauterdessus.Ellepousseuncridejoietandisquejelametssurledosetquejem’allongesurlecôté,contreelle,latêteappuyéesurmoncouderelevé.

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–Menteuse.Tumeursd’envied’êtremacopine.Etpourrépondreàtaquestion,oui, tul’es.

Sonexpressiondevientpensiveunmoment,puisellehochelatête.–Ok,çalefait.– Oh dis donc, quelle générosité, Bébé ! On devrait le faire imprimer sur des t-shirts

assortis.Elle éclate de rire. J’adore son rire. Il est tellement sincère… comme tout chez elle,

d’ailleurs. J’ai chopé tropdemeufsqui s’amusaient àmanipuler tout lemonde,quidisaientune chose et qui en pensaient une autre, quimentaient pour obtenir ce qu’elles voulaient.Gracen’est pas ainsi : elle est ouverte et sincère, et lorsqu’elle est énervée ou que quelquechoselagêne,ellemeledittoutsimplement.

Jebaisselatêtepourl’embrasser,etlorsquenoslanguessetouchent,unfrissondeplaisiratteintmonsexequidurcitcontresajambe.J’avancemonbassin,etcettelégèrefrictionmefaitgémir.Putain,j’aidéjàenviedejouir.Ellem’adonnédeuxorgasmescettesemaine,unenmebranlant, l’autre avec sabouche. Les soirsoù cen’était pas à l’ordredu jour, jeme suisbranlé sous la douche en imaginant que je la baisais. Cependant, ce que faitmamain n’estrien,comparéàcedontelleestcapable.

Jelèvelesyeuxaucielalorsqu’ellemecaressedélicatement.–Ellerentrequand,Daisy?–Pasavantaumoinsuneheure, répond-ellealorsqueson index tourneautourdemon

gland.Ses doigts se couvrent de liquide pré séminal, lubrifiant les allers-retours de sa main.

J’avancemeshanchesetjel’embrassealorsqu’unedemesmainsremontesursonventrepoursaisir un de ses petits seins fermes. Elle n’a pas mis de soutien-gorge et je sens ses tétonspointersoussont-shirtencoton.Jelefrotteetlepinceavantd’appuyerdessusetellegémitdoucement.Jesuissidurquej’aidumalàréfléchir.Cebesoindelibérationestinsoutenable.Ma respiration se fait saccadée tandis que je lâche son sein pour glissermamain dans sonlegging.

Elleromptlebaiseretsecrispesousmoi.– Euh… commence-t-elle en rougissant. Je suis indisponible ce soir. C’est ma phase

lunaire.–Taphaselunaire?jerépèteenriant.–Quoi?C’estplussympaquededirequej’aimesragnagnasnon?Jegrimace.–Tuvois?Mafaçonde ledireestplus jolie,dit-elleenfrappantmamainrestéeentre

sesjambes.Allonge-toi,j’aienviedetetaquinerunpeu.Et, bon sang, elleme taquinedivinement bien. Elle remontemon t-shirt pour explorer

chaque centimètre demon torse avec sa bouche. Ses douces lèvres déposent deminuscules

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baisers le longdemaclavicule,puisellessurvolentmespectorauxeteffleurentuntéton.Salangue le lape brièvement et j’en ressens la sensation jusque dans mon sexe qui pulsedouloureusement. J’ai envie de sentir sa bouche surmoi, qu’elle sucemon gland avant d’ypasserlalangue.Jeveuxqu’elle…

Çayest,elleembrassemonventreendescendantversmonbassin,m’offrantexactementcequejeveux.Jejureque,parfois,cettenanalitdansmespensées.Elleprendmaqueuedanssaboucheavantdeléchermonglandcommejelevoulais.

J’ai dû gémir sans m’en rendre compte parce qu’elle lève les yeux avec un souriresatisfait.

–Toutvabien?–Putainoui,çavaplusquebien.–J’aiunequestion,dit-elle.Jesouris,parcequej’adorequ’ellefasseça.Jerépondscommed’habitude.–Jet’écoute.–Tupensesquoidetoncul?–C’est-à-dire?jedemandeenfronçantlessourcils.–Jeveuxdire…sijefaisça…Sondoigtcaresseunezoneinédite.–…est-cequetuvaspaniqueroutelaisserfaire?Elle le refait et je suis choqué lorsqu’une décharge de plaisir remonte jusque dansma

nuque.–Continue,jegrogne.Continue,c’estclair.LeregarddeGraceestàlafoissurprisetintrigué.Ellebaisselatêteetmereplongeau

plusprofonddesagorge.Waouh,jenem’yattendaispas.Monglandtapel’arrièredesagorgeet mon bassin avance sans que je ne puisse l’en empêcher. Il recule, puis je m’enfouis denouveaudanssabouche.

Son gémissement résonne tout autour de moi alors que son doigt continue de metourmenter,doucement,déclenchantunplaisirétrangeauqueljen’aijamaisgoûté.

C’estjustedingue,etellen’arrêtepas,ellemetortureavecsalangue,léchantmaverge,lentement, sans en rater un bout, comme si elle voulait l’apprendre par cœur pour laredessiner plus tard. Quant à son doigt… Mes couilles se contractent et ma gorge esttellementsèchequejepeineàparler.

–J’approche.Jevaisjouir!Ladernièrefois,ellenem’apasaccompagnéjusqu’àlafin,orcettefois-ci,elleserreplus

fort ses lèvres et accélère ses gestes. Je suis à deux doigts de jouir, mais la libération esttoujourshorsdeportéeetjegrogned’impatience.Jeleveux,j’enaibesoin.Je…

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Son doigtme pénètre et putain, je ne vais pasmentir, c’est divinement bon. Elle sucelonguementmonsexealorsquesondoigtplongeplusloin,etjejouisbrusquement.

Monbassin sedécolledu lit et je cherchemonsouffle tandisque je jouisau sonde sesgémissements.Ellem’avaledoucementetchaquecontractiondesagorgedécuplemonplaisirjusqu’àcequejenesoisplusqu’unamaspantelantdemusclesépuisés.

Graceremontepourseblottircontremoi,posantsamainsurmonventre.–C’était…phénoménal.Sonrireréchauffelecreuxdemoncou.–J’enprendsnote.Manigancesdefesses:phénoménales.Manigancesnormales…qu’est-

cequetuasditladernièrefois?Justegéniales,jecrois.– Tout ce que tu fais est à la fois génial et phénoménal, je corrige en lui caressant les

cheveux.Jamaisétéaussiheureuxdetoutemavie.–Aufait,question,jedéclareensouriant.–Jet’écoute,imite-t-elle.–J’aimonpremiermatchdemainsoir.Jesaisquetun’aimespaslehockey,mais…çate

diraitdevenir?–Oh, ce serait avec plaisir, dit-elle d’une voix pleine de remords,mais je dois voir un

mecpourmoncoursdepsycho.Je me tourne sur le côté pour la regarder alors qu’une sensation étrange et nouvelle

s’emparedemoi.MonDieu,c’estdelajalousie.–Quelmec?Ellericane.– Tout doux, Rex. C’est juste un mec de ma classe. On doit faire une étude de cas

ensemble.Jevaislevoirsouventpendantlesdeuxprochainessemaines.–Souvent?Ilestbeau?–Ilestpasmal,jesuppose.Super-mince,maisçaplaîtàcertainesfilles.Certainesfilles?Ouunefilleenparticulier?Elleremarquemonexpressionetelleritdeplusbelle.–Ha!Quiestjalouxmaintenant?–Pasmoi.–Biensûrquesi,dit-elleenplantantunbaisermouillésurmeslèvres.–Nelesoispas.J’aiuncopain,tutesouviens?–Absolument,etnel’oubliepas.Mince,jesaiscequ’ellearessentiàlasoirée,l’autrejour.Jamaisjen’aiétépossessifpar

lepassé.Celanemeplaîtpas,maisjenepeuxrienyfaire,jecrois.Lesraresfillesauxquellesjem’étais attaché, ces dernières années, voyaient aussi d’autresmecs enmême temps, et jem’en fichais royalement. Avec Grace, je suis loin dem’en foutre. Je ne supporte pas l’idée

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qu’ellepuisseêtreavecunautremec.Jen’iraispasjusqu’àdirequ’elleestàmoi…mais…elleestàmoi.C’estmoiquilatiensdansmesbras,quil’embrasseetquilafaisrire.

–Ilestquelleheure?demande-t-elle.J’ailaflemmedeleverlatête.Jetournelatêtepourmieuxvoirleradioréveil.–Vingt-deuxheuresvingt.–Onfinitderegarderlefilm?– Ouais, je réponds enme baissant pour attraper son ordinateur qui semet à sonner.

Euh,jecroisquequelqu’unt’appellesurSkype.Elleregardel’écranets’assiedbrusquementenpaniquant.–Ohnon,metstonpantalon!–Pourquoi?jedemandeenfronçantlessourcils.–Parcequec’estmamère!Si j’avaisencoreeuuneérection,elleauraitdisparu instantanément. Jemedépêchede

remontermonpantalonalorsqueGraceposel’ordinateursursescuisses.Elleestsurlepointdedécrocherlorsqu’elletournelatête.

–Décale-toisituneveuxpasqu’elletevoie.–Pourquoi,toituneveuxpasqu’ellemevoie?Ellelèvelesyeuxauciel.– Ça neme gêne pas que tu sois là. Elle sait déjà tout de toi, de toutemanière, donc

autantluidirebonjour.Maisjecomprendsquetunetesentespasprêtàrencontrermamère.Jehausselesépaules.–Non,çameva.–Ok,alorsprépare-toi.Elleestsurlepointdenousrendresourdsavec…Un cri de joie, le plus aigu de la planète, emplit la pièce. Heureusement, la mère de

Gracebaissed’untonlorsqu’elleparle.–Machérie!Génial!Tuasrépondu!Lavidéoremplit l’écran,révélantunetrèsbelleblondequiparaît trop jeunepouravoir

unefillededix-neufans.Sansrire,lamèredeGraceal’aird’avoirtrenteans,etencore.–CoucouMaman,ditGrace.Pourquoituesréveilléeàcinqheuresetdemiedumatin?Lesouriredesamèreestdiabolique.–Qu’est-cequitefaitpenserquejemesuiscouchée?Gracem’aditquesamèreétaitpétillanteet impulsive,etqu’engrosellesecomportait

commeuneado.Jeconstateàprésentqu’ellen’avaitpasexagéré.–Dis-moiquetuaspassélanuitàpeindreetpasà…faireautrechose.–Alors,jenedisrien.–Maman!–J’aiquarante-quatreans,machérie.Tut’attendsàcequejevivecommeunenonne?Quarante-quatreans?Waouh.Ellenelesfaitpasdutout.

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Jenepeuxmeretenirdericanerenentendantsaréponse,etsesyeuxmarronseposentsurmoi.

– Grace Elizabeth Ivers, y a-t-il un homme à côté de toi ? Je croyais que cette grossebosseétaittacouverture,maismaintenantjevoisquec’estl’épauledequelqu’un!Identifiez-vous,jeunehomme.

JesourisenmerapprochantdeGracepourquelawebcamattrapemonvisage.–Bonsoir,MadameIvers.Oubonjour,plutôt.–MadameIvers,mamère,habiteenFloride.Appelle-moiJosieettutoie-moi,jeteprie.Jeréprimeunrire.–BonjourJosie,jesuisLogan.–LeLogan?–OuiMaman,leLogan,confirmeGraceensoupirant.Josienousregardetouràtour,puissonvisagedevientsérieux.–Machérie, j’aimeraisavoirunmoment seuleà seulavecMonsieurLogan.Va faireun

tour.JeregardeGraceenécarquillant lesyeux,maismacopinesemblesur lepointd’éclater

derire.–Eh,tuasditqueçanetegênaitpas,murmure-t-elleavantdem’embrassersurlajoue.

Fautquej’aillefairepipi,detoutefaçon.Éclatez-vous,lesenfants.Jeregarde,enpaniquant,macopinesortirdelachambre,m’abandonnantentrelesmains

desamère.Merde,j’auraisdûmecacherquandj’enavaisl’occasion.–Elleestpartie?demandeJosiealorsqueGracevientderefermerlaporte.–Ouaip.–Trèsbien.T’enfaispas,gamin,jevaisfairevite.Etjenevaisledirequ’unefois,donc

ouvregrandtesoreilles.Graciem’aditqu’elle t’accordaituneautrechance,et jesuis toutàfaitd’accordavecsadécision,ditJosieenapprochantsonvisagedelacaméra.Celaétantdit,situbrisaislecœurdemafille,jeprendraislepremieravionpourBostonetjeviendraischeztoipourtefrapperàmortavecunoreillerremplidesavons.

Endépitdufrissonprovoquéparl’idéedemamortprogrammée,jenepeuxm’empêcherde rire en entendant la technique très spécifique que Josie emploierait pour me tuer.Toutefois,lorsquejeréponds,c’estd’unevoixonnepeutplussérieuse.

–Jeneluibriseraipaslecœur.Promis.–Trèsbien.Jesuiscontentequ’onaitrégléça.Jevousjurequecettefemmeademultiplespersonnalités,parcequ’enunclind’œil,elle

estredevenueunvéritablerayondesoleil.– Maintenant parle-moi de toi, Logan. Qu’est-ce que tu étudies ? C’est quand ton

anniversaire?Etquelleesttacouleurpréférée?

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Jemeretiensderireetjerépondspatiemmentauxquestionsqu’ellecracheplusvitequel’éclair.Cependant,celanemegênepas.LamèredeGraceesthilarante,etilnefautpasêtreungéniepourcomprendred’oùviennentl’humourdeGraceetsatendanceàjacasser.Auboutdetroisminutes,letéléphonedeJosiesonne.Elleditqu’elledoitdécrocheretelleprometdenousrappeler.Jesuissur lepointdereposer l’ordinateurlorsquej’entendsdesbruitsdepasderrièrelaporteetqu’uneidéemevient.

Lavengeanceparfaitepourm’avoirabandonné.Laportes’ouvreetjemeconcentresurl’écrancommesijeparlaisencoreàsamère.– Après, ellem’amis un doigt dans le cul pendant qu’elleme suçait, et c’était dingue.

Jamaisjen’auraispenséaimerçamais…–MonDieu!hurleGraceenplongeantsurlelitpours’emparerdel’ordinateur.Maman,

nel’écoutepas!Ilplaisante…Ellesetaitsoudain,fixantl’écrannoiravantdemefusillerduregard.–Espèced’enfoiré!Jesuismortderire,cequinefaitquel’énerverdavantage.Ellemefrappeavecsestout

petitspoings,commesiellepouvaitmefairemal.–Tuesunmonstre ! crie-t-elleenriantetenme frappant.J’aivraimentcruque tu lui

avaisditça!–C’étaitlebut,jem’exclameennousfaisantroulerafinqu’ellesoitsurledos,sousmoi.

Désolé,jen’aipaspum’enempêcher.–Tun’esvraimentqu’unenfoiré,dit-elleenmemettantunepichenettesurlefront.Jesuisbouchebée.–Tuviensvraimentdefaireça?Ellerecommence.–Ettuosesm’enmettreunedeuxième?Je la chatouille aussi fort que possible. Elle hurle et gigote sur le lit en essayant de

m’échapper,etc’estalorsquej’arriveàplusieursconclusions.Premièrement,jenemesuisjamaisautantamuséavecunefille.Deuxièmement,jeneveuxpasqueçasetermine.Ettroisièmement…jecroisquejesuisentraindetomberamoureux.

1.Meilleurjoueurdel’histoireduhockeyquidétienttouslesrecordsdelaNHL.

2.Équipedanslaquelles’entraînentlesfutursjoueursdeBruinss’ilsnesontpastoutdesuitesélectionnésdansl’équipeprincipale.

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28

Grace

– Il s’est pointé en plein milieu de votre session de travail ? demande Ramona l’airsarémentamusé.

C’est lapremière foisquenousnousrevoyonsdepuisnosretrouvaillesgênantesentoutdébutd’année,etjesuissurprisequecesoitaussidétendu.Iln’yaeuaucunblancniaucuneamertumedemapart,etelleal’airsincèrementintéresséeparcequisepassedansmavie.

–Ouais, jeréponds. Ilafaitsemblantdem’apporteruncafé,maisonsait tous lesdeuxquec’étaitunprétexte.

–Alors, JohnLoganestdugenre jaloux !ditRamonaen souriant.Honnêtement, çanem’étonnepastantqueça.Lesjoueursdehockeysontdevraiesbrutes.IlssetransformentenhommesdeCro-Magnondèsquequelqu’unessaiedevolerleurpalet.

–Ah,laisse-moideviner,danscescénario,c’estmoilepalet?–Engros,oui.Jelèvelesyeuxauciel.–Ehbiençanemeplaîtpas.Siquelqu’undoitêtrejaloux,c’estmoi.Tusaiscombiende

nanas se jettentà sespieds?Çaarrive tout le temps,mêmequand je suisavec lui !Oh,etl’autre jour on a croisé quelqu’unavecqui c’était sacrément amusant, pourune fois.On esttombéssurPiper,auciné.

–Non,c’estpasvrai!Qu’est-cequ’elleadit?s’exclameRamona.–Audébut,elleétait toutemignonne,maisc’estprobablementparcequ’ellen’avaitpas

remarquéquej’étaislà.Elleaflirtéaveclui,maiscommeilmontraitquepeud’enthousiasme,elleacommencéàparlerdehockey.Etlà,elles’estrenducomptequej’étaisaveclui,etquej’étaispasjusteplantéeprèsdelui.Jetejure,tuauraisdûvoirlatêtequ’elleafaite.Elleétaithorrifiée.

Ramonaricane.

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–Loganm’aprésentéecommesacopineetelleaeul’airsurlepointdem’égorger.Elleestpartierejoindresesamiesenronchonnant,jedisd’untonfollementsatisfait.

–Elleétaitavecqui?– Des filles que je n’ai pas reconnues. EtMaya, qui, au passage, nem’amême pas dit

bonjour.CelanesemblepassurprendreRamona.–Ellepensequetuladétestes,admet-elle.Tusais,àcauseduscandalesurTwitter.–Jene ladétestepas, jedisenmordantdansmonmuffinbanane-chocolat.Mais jen’ai

aucuneenviedetraîneravecelle,nonplus.Onn’arienencommun.JeneratepaslagrimacedeRamona.Pourtant,jenedisaispascelapourelle.Nousnous

sommesbeaucoupamuséesensemble.Nouspassionsdesnuitsentièresàparlerdetoutetderien.Nousétionstoutl’unepourl’autre.

Toutàcoup,jemesensprofondémenttriste.Cegenredecomplicitémemanque.ÀpartDaisy,dontjesuisloind’êtreaussiprochequedeRamona,jenemesuispasfaitd’amiesfilles,cesemestre.

–Tumemanques,Grace.Vraiment,chuchoteRamona,commesielleavait ludansmespensées.

–Tumemanquesaussi,mais…Maisquoi?Jen’aipasconfianceentoi?Jenet’aipaspardonné?Jenesaistoujourspas

cequejeressensàproposdenotreamitié,etjenesuisencorepasprêteàl’analyser.–Mais jepensequ’il fautcontinueràprendre leschoses lentement, jeconclusavantde

sourire.Alors,qu’est-ceque tuas faitdebeaucesderniers temps?Commentsepassent tescours?

Elle passe quelques minutes à me parler de ses cours de théâtre et de quelques fêtesauxquelleselleestallée,maisilyaunvoiletristesursesyeuxetcelam’inquiète.Savoixn’aplus ce ton insouciant auquel je suis habituée, et même son apparence est différente. Sonmaquillageestplusépais,sondébardeurestencoreplusmoulantqued’habitudeetsesseinsendébordentpresque.C’esthorribleàdire,maiselleal’airfatiguéeetunpeupétasse.Parlepassé, son côté pétasse était plutôt sexy, parce qu’elle avait l’assurance pour le mettre enavant.Or,saconfiancesembleavoirdisparu.

La conversation bifurque sur nos familles et nous restons encore quarante minutes àdiscuterdecequefontnosparents,enriantde leurs frasques.Lorsque je luidisque jedoisaller en cours, son sourire s’efface,mais elle hoche la tête et elle se lève. Nous jetons nosgobeletsdanslapoubelle,nousnousprenonsdanslesbrasetnousnousséparons.

Je la regarde partir les mains dans les poches et les épaules voûtées, et je me senscoupable.Est-cequejesuisunemauvaiseamiedelamainteniràdistance?Honnêtement,jenesaisplus.

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Jeréfléchisàlaquestionenpartantpourlecoursdethéorieducinémaquej’aidécidédeprendreenoptioncesemestre.Jesuisentraindemonterlesmarchesdel’immeublecouvertdelierrelorsquemontéléphonesonne.

Je soupire en voyant que c’est Logan. J’espère qu’il ne m’appelle pas pour s’excuserencore une fois. Je n’ai toujours pas décidé si le fait qu’il interrompema session de travailétait mignon, agaçant, ou les deux. Il est revenu plus tard dans la soirée et nous avonslonguementdiscutéde la confiance qui est nécessaire pour qu’une relation fonctionne, et jecroisquenousavonstrouvéuncompromisquantauxlimitesquechacundoitrespecter.

–Salutmabelle,jesuiscontentdet’avoiravantquetuaillesencours.Letondesavoixsuavemefaitsourire.–Salut,qu’est-cequisepasse?–Jevoulaisteparlerdequelquechose.Jeviensd’apprendrequeDeanetTuckerpartent

àBostonpourunconcert,samedisoir,etqu’ilsontdécidéd’ypasserleweek-end.EtGarrettvaresterchezHannahjusqu’àdimanche,alors…

Ilmarqueunepauseetjel’entendspresquerougir.C’estadorable.–Jepensaisquetuauraispeut-êtreenviedepasserleweek-endavecmoi.Unevagued’excitationdéferledansmesveines.Ilyadustressaussi,maistrèspeu.Nous

sommes«officiellement»encoupledepuispresquetroissemaines,maintenant,etLogannem’apaspousséeuneseulefoisàcoucheraveclui.Iln’amêmepasabordélesujet,cequiestàlafoisdéstabilisantetrassurant.

– Je n’attends rien de toi, au fait. Je ne t’invite pas à un festival de cul pendant troisjours,heinmabelle.

Ha.Monmec,cepoète.– Si ça peut te rassurer, pour éliminer toute tentation, je vais même jeter toutes les

capotesdelamaison.–C’esttrèsmignon,jedisenmeretenantderire.–J’aijusteenviedem’endormiravectoietdemeréveilleravectoi.Etdetefairejouir,si

tuesd’humeurpourdesorgasmes.Cettefois-ci,j’éclatederireetilenfaitdemême.–Jeseraisraviedepasserleweek-endavectoi.Parcontre,jedoisdîneravecmonpère,

dimanchesoir.Tupourraismedéposerchezluiversdix-huitheures?–Pasdeproblème,maistunevaspasluidirequetuaspasséleweek-endchezmoi,si?–Mon Dieu, bien sûr que non ! Je ne veux pas lui filer une crise cardiaque. Il essaie

encoredelacermeschaussuresparfois.Loganpouffederire.–Jevaisfairedescoursesdemain,tuasuneenviespéciale?Deschips,delaglace?–Oooh,oui,delaglace.Menthe-chocolat,s’ilteplaît.–Ok.Autrechose?

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–Non,maisjet’enverraiunmessagesiuneidéemevient.Moncœurbatbeaucouptropvite,sionconsidèrequ’onneparlequed’unpetitweek-end.

Cen’estpascommesinouspartionsàVegaspournousmarier!Cependant,moncorpscrépitedéjàd’excitationàl’idéedepassertroisjoursavecLogan.

–Alors, jepasseteprendreaprèstonderniercours,demain?Tufinisverscinqheures,c’estça?

–Ouaip.–Super.Jet’écriraipourtedirequejesuisenroute.Àplustard,mabelle.–Logan?jem’exclameavantqu’iln’aitraccroché.–Oui?Jeprendsuneprofondeinspiration.–Nejettepaslescapotes.

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29

Grace

C’estvendredisoir.Legrandsoir.Loganetmoisommesallongéssurlecanapédusalon,et nous sommes sur le point de regarder le film d’horreur qu’il a choisi. Je suis un peusurprise,parceque jepensaisquenous irions toutde suitedans sa chambreen rentrantdurestaurant, vous savez, pour que je lui donnema fleur, comme dirait mamère. Or, il m’aproposé de regarder un film, et je le soupçonne de ne pas vouloir paraître trop pressé.Cependant, son regardbrûlantme laissedevinerqu’il ena autant enviequemoi.Enmêmetemps, je ne suis pas contre l’idée que nous prenions notre temps – cela laisse monter latensionsexuelle,sitantestqu’ellenesoitpasdéjààsonmaximum.

–Jen’arrivepasàcroirequetuaieschoisicefilm,jerâlealorsquelegénériquededébuts’afficheàl’écran.

–Tum’asditquejepouvaischoisir!rétorque-t-il.–Oui,parceque jepensaisque tuchoisiraisquelquechosedebien.Jesaisdéjàquece

filmvam’énerver.–Attends,t’énerver?s’exclame-t-il.Jepensaisqueturâlaisparcequetunevoulaispas

avoirpeur.–Peur?Pourquoij’auraispeur?–Parcequec’estunfilmd’horreur!dit-ilenriant.Ilyaunfantômequituedesgensde

façonatroce,Grace.Jelèvelesyeuxauciel.–Lesfilmsd’horreurnemefontpaspeur.Ilsm’énervent,parcequelespersonnagesfont

tout le tempsdeschosesstupides. Ilsprennent lespiresdécisionspossible,etensuiteonestcensélesplaindrequandilsmeurent.C’estabsurde.

–Peut-êtrequelespersonnagesdecefilmsontdesadultes intelligentsetrationnelsquisonttrèslogiquesmaisquisefonttuerquandmême.

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– Il y a un fantôme dans lamaison, et ils décident d’y rester. La chose logique à faireseraitdepartir,cen’estpascompliqué!

Logantiresurmescheveuxetfaitsemblantdemegronder.–Attendsdevoir. Je suisprêt àparier cinqdollars qu’il y auraunebonne raisonpour

qu’ilsrestentdanslamaison.–Çaroule.Logans’allongesurledospourregarderlefilm,etjemeblottiscontrelui.Ilsemetàme

caresserlescheveux.Lapremièrescènenemefaitpasdutoutpeur:onyvoituneblondeàfortepoitrinequiestbrûléevivesoussadoucheparcequelefantômeachangélatempératuredel’eau.Lorsqu’ellemeurt,Loganessaiedemetaperdanslamain,maisjerefuseparcequejemesensmalpourelle.Sonseultortestd’avoirdécidédeprendreunedouche,jenepeuxpasluienvouloir.

Lefilmcontinuesanssurprise.Ungrouped’étudiantsmènedesexpériencesparanormalesdanslamaisonhantéeetpuisboum,lepremiermeurt.

–Onyestpresque,jedisjoyeusement.Laraisonlogiquepourlaquelleilsrestentdanslamaison?

–Regarde,lefantômenevapasleslaisserpartir,devineLogan.Saufqu’ilatort.Àl’écran,lespersonnagessedisputentpoursavoirs’ilsdoiventpartirounon,etunedes

filles déclare : « On fait un travail important, ici, lesmecs ! On va prouver l’existence desentitésparanormales!Lascienceenabesoin.Lascienceabesoindenous.»

Jenepeuxqu’éclaterderire.–Tuentendsça,Johnny?Lascienceabesoind’eux!–Jetedéteste,marmonne-t-il.–Tumedoiscinqballes…jedisenchantant.Ilmepincelafesseetjepousseuncridesurprise.–Vas-y,faistamaligne.Tugagneslabatailleparcequejetedoiscinqballes,maisc’est

moiquigagnelaguerre.–Ah?Etpourquoiça?–Parcequetudoistetaperlerestedufilm,ettuvasendétesterchaqueseconde.Alors

quemoi,j’adore.Cetenfoiréaraison.Àmoinsque…Logan se reconcentre sur le film et jeme blottis de nouveau contre lui, sauf que cette

fois-ci, jeposemamainplusbassursonventre. Ilne leremarquepasparcequ’ilestà fonddans le film,mais çanedurerapas longtemps. Jepromènemamaindemanière toutà faitnonchalante le longdubasdesont-shirt,quiestremontésursonventre.Jeglissemamainsouslecotonetjecaressesonventredur.Sonsouffles’arrêteuninstant,et jemeretiensde

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sourire enmettantmamain à plat et en cessant de bouger. Après quelques secondes, il sedétenddenouveau.

Àlatélé,legroupe«d’experts»duparanormalessaied’enregistrerlavoixdufantômeenutilisantunobjettoutdroitsortideGhostbusters.

Je remonte un peu pour embrasser Logan dans le cou et il se crispe avant de riredoucement.

–Çanemarcherapas,Bébé.–Qu’est-cequinemarcherapas?jedemanded’unevoixinnocente.–Cequetuessaiesdefaire.–Mmm…hmmm,jesuissûrequetuasraison.Je le taquine avec de petits baisers dans le cou en prenant soin deme positionner de

façon à ce qu’il sente la chaleur dema chatte contre sa cuisse. Mon Dieu, ma chatte ? Jecommence à penser comme lui,maintenant. Ilm’a corrompue avec lesmots vulgaires qu’ilemploie quand on est en train de se chauffer, et que j’adore. J’aime me sentir osée etdévergondée, et je me délecte de la manière dont sa chair frissonne lorsque j’y passe malangue.

Satêteesttoujourstournéevers l’écran,mais jesaisqu’ilnefaitplusattentionaufilm.Labosseentresesjambesgrossitetdurcit.J’embrassesagorge,sentantlestendonspuissantsdesapommed’Adamtressaillirsousmeslèvres.

Lorsqu’ilparle,c’estd’unevoixsirocailleusequecelamedonnelachairdepoule.–Tuveuxmonterdansmachambre?Jelèvelesyeuxetplongemonregarddanslesienavantdehocherlatête.Il n’éteint pas le film. Il se lève, prend mamain et me mène à l’étage sans jamais la

lâcher.Sachambreestbeaucoupplusrangéequeladernièrefoisquejel’aivue,lorsquejeluiaicriédessuspourêtrealléparleràMorris.MonDieu,j’ail’impressionquec’étaitilyauneéternité.

Noussommesàdeuxmètresd’écartet ilnebougepas. Ilnemetouchepasnonplus. Ilmeregarde,simplement,avecunairémerveillé.

–Tuesmagnifique.Tu parles. Je suis en jean délavé, avec un t-shirt à rayures trop grand qui ne fait que

tombersurunedemesépaules.Quantàmescheveux,ilssontébouriffésparcequ’ilyavaitunventaffreuxdehors.Jesaisquejenesuispasmagnifique,maissoussonregard…jemesenssublime.

Je saisis le bas de mon t-shirt et l’enlève avant de le jeter par terre. Son regards’enflammelorsqu’ilvoitmonpetitsoutifendentelle.Jenelequittepasdesyeuxlorsquejepassemesmains dansmon dos pour défaire l’attache, laissantmon soutien-gorge rejoindremont-shirt.Iladéjàvumesseins,d’ailleursilm’adéjàvueàpoil,maisilretientsonsouffleetsonregardestaffaméetadmiratifcommesic’étaitlapremièrefois.

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J’enlèvemonjeanetmonstringetj’avanceversluiavecuneassurancequimesurprend.Jedevraisêtrenerveuse,maisjenelesuispas,etmesmainsnetremblentpaslorsquejeluienlève son t-shirt. Cependant, la vue de son torse nu, musclé, viril, parfait, me donne letournis. Il ne dit pas unmot lorsque je baisse son jogging. Il n’a pasmis de boxer, et sonérection jaillit, dure et imposante. Lorsque je la prends dans ma main, un grognementdésespéréluiéchappe.Cependant,ilnemetouchetoujourspasetsesbrasrestentplaquéslelongdesoncorps

–Ilyauneraisonpourlaquelletesmainsnesontpassurmesseins?–J’essaiederestercalmeetd’allerlentement,dit-ild’unevoixmisérable.Sijetetouche,

jen’arriveraiplusàm’arrêter.Jevaisvouloirtepénétreret…Jelefaistaireparunbaiser.–C’estunpeulebut,tusais…quetumepénètres.Jemordillesalèvreinférieure,etcelasuffitàluifaireperdrelepeudecontrôlequilui

restait. Il pousse un grognement et me fait reculer vers le lit, plaquant son corps et sonérection contre moi. Mes mollets se cognent contre le matelas et je tombe en arrière,entraînant Logan avecmoi.Nous atterrissons sur le lit en riant. Ses draps sentent le citronfraismélangéàsonparfum, jemesenscommesurunnuage.Soncorps tressaillealorsqu’ilm’embrassedenouveau. Il avait raisondemeprévenir car ilne cesseplusdem’embrasser,mêmepourreprendresonsouffle.Ildévoremoncou,messeins,monventre,puismonsexe,suçantetléchantmonclitoriscommesic’étaitlachoselaplusdélicieuseaumonde.

Avecmoncopaindulycée,cegenredechosemegênaitcarjetrouvaiscelatropintime.Or, avec Logan, je suis trop hypnotisée par mon désir pour me soucier d’être dans unepositionvulnérable.

Monbassin se soulèvepour rencontrer saboucheet il rit,mais ilm’offrenéanmoins lecontact dont j’ai besoin en suçant plus fortmon clitoris. Si je n’étais pas allongée, je seraistombéedepuis longtemps.Desvaguesdeplaisirdéferlentenmoietembrasentmonsang,etlorsqu’ilmepénètreavecundoigt,jeperdslatête.Jejouisplusvitequejenem’yattendais.Je convulse contre sa bouche et il gémit en m’accompagnant dans mon orgasme avec salangueetsondoigt.

–J’adoretefairejouir,marmonne-t-illorsquej’atterris.C’esttellementexcitant,dit-ilencontinuantdemedoigteretdemefairetrembler.Ettumouillestellement…

Je râle lorsque son doigt disparaît, mais ma déception est vite remplacée par uneexcitationsansmesurelorsquejelevoisprendreunecapotedansletiroirdesatabledenuit.Je ravalemasaliveen le regardantdérouler lepréservatif sur saverge,d’unemainexperte,comme s’il avait fait ça toute sa vie. Enmême temps, il a déjà dû utiliser des milliers decapotes,non?Aprèstout,Loganestunpeuunexpertdusexe.

Etsij’étaisnulle?Moncœurbatlachamadelorsqu’ilétendsoncorpspuissantsurlemien.

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Seslèvreseffleurentmatempe,doucement,tendrement.–Tuessûredetoi?chuchote-t-il.Jelèvelesyeuxdanslessiensettoutemoninquiétudedisparaît.–Oui.Ses traits sont tirés par la concentration lorsqu’il place son gland entre mes lèvres. Il

l’avance légèrement et je me contracte sans le vouloir. Il m’a à peine pénétrée d’uncentimètre,orsonsexeestbeaucoupplusépaisquesondoigtetlapressionestintense.

–Çava?demande-t-ild’unevoixinquiète.–Oui.Une douleur aiguë me transperce et les pulsations de mon clitoris s’alignent sur les

battementseffrénésdemoncœur.Loganacommencéàmepénétrer lorsqu’il rencontreunerésistance. Des perles de sueur recouvrent son front, et les tendons de son cou sont tiréscommes’ilfaisaituneffortsurhumainpoursecontrôler.

C’est une sensation qui m’est nouvelle, mais elle n’est pas déplaisante pour autant. Jeressensunmélanged’excitationetdetrouille.C’estsansdoutelapirecomparaisonpossible,maiscelamerappelle lapremière foisquemamèrem’aemmenéechez l’esthéticiennepourmefaireépilerlesjambes.Allongéesurlatable,jeregardaislananacouvrirmapeaudecirebrûlanteavantd’attraperlecoind’unebande…etj’attendaisladouleur.

– Je crois qu’il faut y aller d’un coup, comme quand on enlève un pansement. Il vautmieuxfaireçavite,jecrois.

–Jeneveuxpastefairemal,murmure-t-il.En effet, il a cessé de bouger. Il ne rentre pas, il ne sort pas, son érection est

simplement…là.–Qu’est-cequ’ilya,Johnny?Tuaspeur?–Ce n’est pas en temoquant demoi que je te baiserai, Bébé, dit-il avec un regard de

défiance.– Au rythme où tu avances, j’ai bien peur de ne pasme faire baiser du tout, je dis en

souriant.Allez,Bébé,prendsmafleur.Logangardeunemainsurmahanchetandisquel’autrepincemalèvre.–Nemepressepas,femme,dit-ilenétudiantmonvisaged’unairinquiet.Tuesvraiment

sûre?–Oui…J’aiàpeineparléqu’ils’enfouitenmoi.Jeretiensmonsouffleavecuncriaigu,surprise

parladouleur.Ilestentièrementenmoietvulestraitsdesonvisage,ilfaittoutcequ’ilpeutpourresterimmobile.

–Tuestoujoursavecmoi?murmure-t-il.Jehochelatête.Ladouleurestdéjàentraindesedissiper.J’essaiederemuerunpeules

hanchesetillèvelesyeuxauciel.

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–Putain,grogne-t-il.Mon Dieu,mais pourquoi il ne bouge pas ? Jeme sens à la fois divinement pleine et

horriblementvide.–Commenttut’ensors?demande-t-ilunenouvellefois.Cettefois-ci,c’estmoiquilèvelesyeuxauciel.–Super,ettoi?–Jemeurs.Enfin, enfin, il bouge. Il se retire lentement, juste un peu, avant de me pénétrer de

nouveau,etunfrissondeplaisirmechatouilleleventre.–Oh,refaisça!–Tuessûre?J’essaiedetelaisserletempsdet’adapter.–Jevaisbien,promis.Sa bouche trouve la mienne et il m’embrasse tendrement, puis il fait de petits allers-

retoursavecsonbassin,àunrythmelentquim’arracheungémissement.Jem’accrocheàluienplantantmesonglesdanssondos.

–Passetesjambesautourdemoi,dit-il.Je lui obéis, et cette nouvelle position permet immédiatement plus de contact et

verrouille nos corps. Il me comble encore et encore, et chaque aller-retour intensifie ladouleurexquiseenmoi,jusqu’àcequechaquemillimètredemachairsoitbouillantettendu.Ilm’enfautplus.Monclitorisestenflé,lasensationestlancinanteetjepassemamainentrenouspourlefrotter,monDieuc’estmerveilleux.

Loganplacesescoudesdepartetd’autredematêteenaccélérantsesmouvements,sansrompre le baiser qui nous unit comme s’il ne supportait pas l’idée de ne pasm’embrasser.Lorsqu’il touche un point au plus profond de mon sexe, la tension explose enfin et monorgasmeestsi intenseque jenefaismêmepasdebruit.Jemecambreet je fermelesyeux,sansplusrespirer,meslèvrescolléesauxsiennes.

–Putain!grogne-t-ilenmepénétrantunedernièrefois.Sondosesttrempépar lasueuret je lesenstremblersousmesdoigtsquandil jouiten

mêmetempsmoi.Son cœurbat la chamade contremes seins et jeme senspresque fière, parceque c’est

moiquiluifaiscela:quilefaisjurer,grognerettrembler.Quelques minutes plus tard, nous sommes allongés sur le côté, face à face. Je suis

assouvieetépuisée.J’enprofitepouradmirerlemagnifiquespécimenmasculinquiestétenduàmescôtés.Ilestgrandetpuissantetiln’yapasungrammedegrassurlui.Cen’estquedumusclegainécontrel’os.Sesbrassontdélicieusementgonflésetsescuissessonténormes.

–Tuesénorme,jeremarque.–Tuinsinuesquejesuisgrassouillet?répond-ilensouriant.

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– J’aime être au pieu avec un joueur de hockey grand et fort, je dis en caressant sonbiceps.Maissérieusement,tuesénorme.Tuasuntorselarge,degrandesjambes,desgrandesmains…

–Unegrossebite,ajoute-t-il.N’oubliepasmagrossebite.–Tuparlesdecetoutpetittruc?Mamaindescendentreses jambes,effleurantsachairdureetsatinée.Jenecomprends

pascommentilpeutencorebanderaprèscequ’onvientdefaire.–Attends,laisse-moitrouveruneloupe,histoirequejelavoiemieux.–Tais-toi,femme,dit-ilenriantetenmeretournant.Je suis désormais coincée sous le corps que je viens d’admirer. Il se penche pour

embrassermoncouet…non,cetenfoiréne l’embrassepas. Il soufflecontremapeauet faitunbruitdepetquimefaitcrier.

–Tudisaisquoisurmabite?demande-t-il.–Rien!Elleestparfaitementadaptéeàmesbesoins.Ilricaneetmerepoussepourquenoussoyonsdenouveaufaceàface.–Jen’aijamaisfaitça,admet-il.Tusais,resternuaulitavecunefille,àdiscuter.–Moijenel’aijamaisfaitnue,maisjepassaisénormémentdetempsàparleravecmon

copaindulycée.–Vousparliezdequoi?–Detout,del’école,delavie,d’émissionstélé,detoutetn’importequoi,enfait.–Pourquoivousavezrompu?–BrandonadécrochéuneboursepouralleràUCLA 1,etmoipourBriar.Onnevoulait

pasderelationlonguedistance,çanemarchejamais.–Parfoissi,rétorque-t-il.– Je suppose, mais aucun de nous ne voulait essayer, alors… Ce n’était pas fait pour

durer.–Pourquoivousn’avezjamaiscouchéensemble?demande-t-ild’untoncurieux.–Jenesaispas.Çanes’estpasfait,toutsimplement.Lefaitqu’onnepuissejamaisêtre

seulsnefacilitaitpaslatâche.Monpèrem’obligeaitàlaisserlaportedemachambreouverteà tout moment, et les parents de Brandon étaient encore plus stricts. Chez lui, on n’avaitmêmepas ledroitd’allerdans sachambre. Il fallaitqu’on restedans le salon,avec samèrequinousespionnaitdepuislacuisine.

Ilfoncelessourcils.– J’ai dumal à croire que vous n’ayez jamais trouvé demoyen d’être seuls. Vous êtes

restésensemblecombiendetemps?– Six mois. Et si, c’est vrai que parfois on était seuls, mais ça ne s’est pas fait quand

même.Ilposeunemainsurmonseinetleserredélicatement.

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–Tuessaiesdeme fairecroirequ’iln’a jamaisvouluvoir tes seinsdeplusprès?Peut-êtrequ’ilétaitgai?

–Non,crois-moi.Ilestmarié,d’ailleurs,maintenant.–Sansrire?Ilétaitplusvieuxquetoi?–Non,onalemêmeâge.Apparemmentilesttombééperdumentamoureuxd’unenana

lepremierjourdefac,etilssesontmariéscetété.C’estsamèrequil’aditàmonpère.Je frissonne lorsque son pouce caresse mon téton, mais il ne semble pas chercher à

m’exciter.–Ettoi,tuavaisunecopineaulycée?jedemande.–Plusieurs,répond-ilenjouantdessourcils.–Waouh,quelDonJuan!– J’ai eu deux copines sérieuses. La première, c’est quand j’étais en seconde, c’est avec

ellequej’aiperdumavirginité.–Tuavaisquelâge?Quinzeans?–Quatorze,dit-ilenmefaisantunclind’œil.J’aicommencétôt,c’estpourçaquejesuis

sidoué.Jelèvelesyeuxauciel.–Tuasoubliéhumble.Quatorzeans…çameparaîttropjeunepourdécouvrirlesexe.–Jenesaispassionpeutappelerçadusexe,répond-ilenricanant.Lapremièrefoisa

duré environ trois secondes, et encore. Je suis rentré, j’ai joui et je suis ressorti. Les foisd’après, c’était dix secondes, quand j’avais de la chance. J’étais tellement obsédé que jen’arrivaispasàmecontrôler.

–Ettasecondecopine?–Ça,c’étaitenpremière.Onestsortisensembleenvironunan.C’étaitunefillegéniale.

C’étaitunpeuuneprincesse,mais çanemegênaitpasparceque j’aimais lagâter.Ellem’atrompéavecunmecplusâgé,d’ailleurs,jecroisqu’ilétaitàBriar.

–Oh,jesuisdésolée,c’esttriste.–Ellem’abrisélecœur,dit-ilenpoussantunfauxcridedouleuretenposantmamain

sursoncœur.J’aiattendupendantdesannéesquequelqu’unvienneleréparer.–Tuauraisdûmettreçadanstonpoème,jedisenriant.–Jet’enécriraiunautre.–MonDieu,nefaispasça,jet’ensupplie.Jesuisprised’unbâillementetjemetournepourregarderl’heure,étonnéedevoirqu’il

n’estquevingt-deuxheuresquinze.–Pourquoijemesenssifatiguée?– Je t’ai épuisée,ma belle ? J’avais peur d’avoir oubliémes techniques durantma PC,

maisapparemmentjesuisencoreundieudusexe.–PC?

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Cesabréviationsmerendentdingueparfois,et jepriepourlescomprendreunjoursanssonaide.

–Maphasedecélibat,explique-t-il.–Çanefaitquetroissemaines,espèced’obsédé.–Ehbenenfait…çafaitsixmois.Jehausselessourcilsetj’écarquillelesyeux.–Çafaitsixmoisquetun’aspasbaisé?–Oui,répond-iltimidement.Pasdepuisquejet’airencontrée.–N’importequoi.–Tupensesquejemens?demande-t-il,l’airvexé.–Non…biensûrquenon…J’aidumalàencaissercequ’ilvientdemedire.Jeconnaissaissaréputationavantdele

rencontrer,d’ailleursjel’aivudemespropresyeuxlorsqu’ilestsortidestoilettesàcettefête.Et nous n’étions pas ensemble de tout l’été. Est-ce qu’il insinue vraiment qu’il n’a pas

batifoléavecquiquecesoitpendanttoutcetemps?Moinonplus,certes,maisjenesuispasJohnLogan,l’obsédéquiacouchéaveclamoitiédesmeufsdecettefac.

–J’aifailli,dit-il.Audébutdel’étéquandtuignoraismesmessages.Jesuisalléchezunenanaavecl’intentiondecoucheravecelle,maislorsqu’elleaessayédem’embrasser…jesuisparti.Çameparaissait…mal.

Jen’enrevienspas.Complètementsouslechoc.–Maisça…dit-ilenm’embrassantavecunetendressedélicieuse,ça…c’est…parfait,dit-

ilenponctuantsesmotsdebaisers.

1.UniversityofCalifornia,LosAngeles.

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30

Logan

C’estlemeilleurweek-enddetoutemavie.Jenecroispasavoirdéjàsouriautant,niriautant,nibaiséautant.

Graceetmoisommescommedes lapinsdepuisvendredi soir,etchaque foisestencoremeilleurequelaprécédente.C’estdimanchematin,etnoussommesencoreentraindebaiser,ensevelissouslesdraps.J’aiprissoindeluidemandersiellen’apasmal,maisellemeditquenon. Si tant est qu’elle soit courbaturée, elle fonce tête baissée comme une championne.Commeun joueurdehockeyqui sebande lamain, remet sesgants et retourne sur laglaceparcequelejeucomptetropàsesyeuxpourbaisserlesbras.

Peut-êtresuis-jetoutaussiimportantauxyeuxdeGrace,ouelleaimetoutsimplementlenombreabsurded’orgasmesquejeluiaidonnés.D’ailleurs,elleestsurlepointd’enavoirunautre.Je luiai faituncunnide trenteminutesavantqu’ellemesuppliede laprendre,et sachatteestencoretrempéeetenfléeparlescaressesdemalangue.Ellesecontracteautourdemoi tandis que son corpsmince se tend sous lemien et qu’elle se cambre pour rencontrerchacundemescoupsdebassin.

Sonorgasmen’estpasloin.J’aimémorisésesréactions,lesbruitsqu’ellefaitetlafaçondontsesmusclesondulentautourdemonsexelorsqu’ellevabientôtjouir.

–Oh,s’écrie-t-ellelorsquejedessineuncercleavecmonbassin.C’est…trop…bon.«Bon»ne suffitpasàdécrireceque je ressens.C’estdivin.Paradisiaque. Jevénère sa

chatte,j’aduleGrace.Des picotements s’étendent dans le creux demes reins et mesmuscles se bandent. Je

glissemesmainssoussesfessesetjeplongemesdoigtsdanssachairferme,nousverrouillantl’un à l’autre, la prenant plus fort. Je jouis le premier, et mon cerveau s’échappe dans unbrouillard incohérent. Elle me suit de près, serrant ma queue aussi fort qu’elle le peut enfaisantunbruithaletantetémerveilléquimerenddingue.

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J’ai étéàdeuxdoigtsde luidireque je l’aimaisaprès chaquepartiede jambesen l’air,maisj’aifermémagueuleàchaquefoisparcequej’aipeurquecesoittroptôt.Jelaconnaisdepuisavril,maisnousn’étionspasencouple,à l’époque.Celavabientôt faireunmoisquenoussommesensemble,mais jenesaispasquelest le lapsdetempsidéalpourcegenredechose. J’ai dit à ma première copine que je l’aimais au bout de quinze jours. Pour madeuxième, j’ai attendu cinq mois. Peut-être devrais-je couper la poire en deux et le dire àGracedans…deuxmois?Ouais,çamesemblepasmal.

Lorsque nous nous sommes remis de nos orgasmes respectifs, nous décidons enfin desortirdulit.Ilestpresquemidi,nousn’avonspasmangédepuisquenoussommesréveillés,etmon ventre gargouille. Nous nous habillons, parce que j’ai beau essayer de la convaincre,Grace refuse de se promener nue, au cas où mes colocataires rentreraient plus tôt. Je lataquinenon-stopàproposdesapruderieinutile,maisjedécouvrevitequeGraceauntraitdecaractèreincroyablementagaçant:elleatoujoursraison.

Nous venons d’entrer dans la cuisine lorsque nous entendons des bruits de pas dans lehalld’entrée.

–Tuvois!Ilsauraientpunoussurprendreàpoil!–Enmêmetemps,lesmecsm’ontvuàpoildescentainesdefois.–Jen’aiaucuneenviequ’ilsmevoientnue,moi.Soudain,j’imagineDeanentraindematerlesseinsdeGrace,etlajalousiemeglaceles

veines,finalementjeluisuisinfinimentreconnaissantd’avoirmisdesvêtements.Toutefois, cen’estpasDeanquientredans lacuisine : c’estGarrett, suivid’Hannah. Ils

ont beau avoir l’air surpris de trouver Grace attablée au bar de la cuisine, ils lui font degrands sourires, avant bien sûr deme lancer des regardsmoqueurs. Je sais ce qui se passedans leur tête, ils sont en train de chantonner Logan a une copine comme des enfants dematernelle.

–Salut,jecroyaisquevousrestiezaufoyerceweek-end.–Tum’étonnes,semoqueGarrett.–Benoui,parcequec’estcequetum’asdit,jerépondssèchement.Hannahs’avancejusqu’àGraceetluitendlamain.–Salut.Onn’apasétéformellementprésentées.JesuisHannah.–Moi,c’estGrace.–Jesais,ditHannahensouriantbêtement.Loganparledetoitoutletemps.–Ahbon?s’exclameGraceensetournantversmoi.–Toutelajournée,confirmeGarrett.Ilécritaussidelongspoèmesmielleuxàproposde

toi,qu’ilnousrécitedanslesalontouslessoirs.Hannahpouffederiretandisquejefaisundoigtd’honneuràmonmeilleurami.–Ah,jesuisaucourantpourlespoèmes,nevousenfaitespas.J’aidéjàsoumisceluiqu’il

m’aenvoyéàunemaisond’éditiondeBoston.

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Jemeretourneetlafusilleduregard.–J’espèrequetuplaisantes.Garrettéclatederire.– Peu importe qu’elle plaisante ou pas, parce quemaintenant qu’ellem’a donné l’idée,

c’estmoiquivaislefaire.–Oh,jemesensnulle,pourquoijesuislaseuleànepasavoirlucepoème?–Jetel’enverrai,ditGrace.–Horsdequestion!–Alors, qu’est-ce qu’onmange ?demandeGarrett en allant au frigo. Jemeursde faim

parcequequelqu’unn’apasvoulualleraudinerpourlebrunch.– J’y travaille quatre jours par semaine ! protesteHannah. C’est le dernier endroit sur

Terreoùj’aienvied’allerquandjesuisencongé.Garrettsortdeuxdouzainesd’œufsdufrigo.–Çavousdit,uneomelette?Nous sommes tous d’accord, alors Garrett casse des œufs tandis qu’Hannah et Grace

coupentdeslégumes.Quantàmoi,onm’assignelatâchedemettrelatable,cequimeprendtrentesecondes,aprèsquoijem’assiedssuruntabouretensouriant.

– C’est toi qui fais la vaisselle, prévient Hannah en donnant à Garrett une planche àdécouperpleinedepoivronsverts.

Celanemeposepasdeproblème.–Alors,pourquoivousêtesrentrésplustôt?jedemande.–Parcequ’AllieetSeansontenpleinedispute.C’estmacolocetsonmec,explique-t-elle

àGrace.– À mon avis, ce sera bientôt son ex, remarque Garrett. Je ne crois pas avoir déjà

entendudeuxpersonnessehurlerautantdessus.Hannahsoupire.–Parfois,ilsfontvraimentressortirlepirechezl’autre.Àl’inverse,ilsfontaussiressortir

lemeilleur. C’est pour ça qu’ils passent leur temps à rompre et à se rabibocher. Je pensaisvraimentqueçamarcherait,cettefois-ci.

Un parfum délicieux embaume soudain la cuisine. Garrett n’est pas le meilleur descuistots,maissesomelettessonttoujoursuneréussite.Dixminutesplustard,ilnoussertdesomelettes dorées et légères à point, pleines de fromage, de poivrons et de champignons, etnouspassonstouslesquatreàtable.J’ai l’impressionquec’estundoublerencard,cequiestabsurdelorsqu’onyréfléchit.Jusqu’àl’andernier,Garrettnevoulaitpasdecopineetjusqu’aumoisdernier,moinonplus.

Cependant, cela me plaît. Hannah et Grace s’entendent bien et la conversation estparseméede rires. Jeneme souvienspasde ladernière foisque jeme suis senti autant en

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paix. Le temps que nous ayons fini de manger, je me fiche même d’être coincé à faire lavaisselle.Graceprendnéanmoinspitiédemoietellem’aideàdébarrasserlatable.

–Jecomprendspourquoielleteplaisait,chuchoteGraced’unevoixpensivequimemetsurmesgardes.

Jeme sens coupable lorsque je réalise qu’elle regarde Hannah. Je n’avais pas cité sonprénomenavril,maisjeluiavaisditquelacopinedemonmeilleuramimeplaisait,etGraceaclairementfaitlelien.

–Elleestdrôle.Etsuper-jolie.Jemesèchelesmainssuruntorchonetjeluiprendslementonpourlaregarderdansles

yeux.–Cen’estpasellequimeplaisait.C’étaitça,jerépondsentournantlatêtedeGracevers

latable.Garrett vient d’attirer Hannah sur ses genoux et il l’embrasse sur le bout du nez en

passantsamaindanssescheveux.Ellesepenchepourmurmurerquelquechoseàsonoreilleet il ritdoucement. Il suffitd’observer leurs regards, la révérenceavec laquelle il la touche,poursavoirqu’ilssontterriblementamoureux,etGracelevoitaussi.

–Ouais.Quinevoudraitpasça?Lorsque la cuisineest impeccable,nous retournonsdansmachambre,mais cette fois-ci

nousrestonssages.Nousn’avonspresquepasdormiduweek-endàcausedenotremarathondesexe,jenemeplainspas,biensûr,alorsnousdécidonsdefaireunesieste.Jemetsleréveilpourm’assurerqu’onneratepasl’heure,parcequejedoisl’emmenerchezsonpèreàdix-huitheures.Nousnousglissonssouslacouetteet jeplaquesondoscontremontorse.Jesoupirejoyeusementetjecommenceàm’endormirlorsquesavoixm’éveilledenouveau.

–John?murmure-t-elle.Ma poitrine se contracte. Je ne sais pourquoi, c’est lamême chose chaque fois qu’elle

utilisemonprénom.Ellem’appelleLogan,aussi,etJohnnylorsqu’ellesemoquedemoi,maisc’estseulementlorsqu’ellem’appelleJohnquejesuisaussiému.

–Mmmm?–Tuveuxdîneravecnous?Jemecrispeetellenemanquepasdeleremarquer.–Tuasledroitdedirenon,dit-elleenriant.Mais…tuasdéjàplusoumoinsrencontré

mamère,etsiçapeutterassurer,monpèren’estpastropflippant.D’ailleurs,tuvaspeut-êtreletrouverennuyeux.Ilparlebeaucoupdesciences.

Ahoui,c’estvrai.Ellem’aditquesonpèreétaitprofdebio.Toutefois,cen’estpascelaquim’inquiète.Ladernièrefoisquej’airencontrélesparentsdemacopine,j’étaisaulycée,etc’étaitinévitablepuisquenousvivionscheznosparents.

Certes, j’ai parlé à la mère de Grace sur Skype, mais ce n’était pas vraiment unerencontre officielle, c’étaitmarrant et détendu. Rencontrer le père deGrace en personne…

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c’esttrèssérieuxetofficiel,non?Enmêmetemps,mec,tul’aimes,non?Cen’estpasfaux.Cettehistoireestdevenuesérieuseetofficiellelorsquej’airéaliséque

j’étaisamoureuxdecettenana.–Çanevapaslegêner,quejevienne?– Pas du tout. Maman lui a déjà dit que j’avais un copain, alors il me tanne pour te

rencontrerdepuisunpetitmoment,admet-elle.–Ok,alorsd’accord,jedisenresserrantmonétreinte.J’adorerais.

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Grace

Lasoiréeestchaude,alorsPapadécidededînerdanslepatio.Ilfaitgrillerdessteaksaubarbecue pendant que Logan etmoi nous chargeons du reste. Jem’occupe des pommes deterre au four tandis que Logan prépare la salade. Cependant, à voir la concentration aveclaquelleilcoupelestomates,oncroiraitqu’ilviseuneplacesur«TopChef».

–Détends-toi, Johnny. Lapréparationde ta saladen’aura aucun impact sur le fait qu’ilt’apprécieoupas.

De toutemanière, je crois que papa l’aime déjà. Il ne l’a pas interrogé comme je m’yattendais, et je crois qu’il a été soulagé que Logan fasse une blague au moment desprésentations. Mon père a toujours pensé que Brandon n’avait aucune personnalité, ouais,Monsieur J’enseigne-la-biologie-moléculaire m’a prise à part, un jour, pour m’informer quemon petit ami était ennuyeux. D’ailleurs ce n’était pas le cas, mais Brandon était timide.Lorsquenousétionsseuls,cemecétaitunvéritableclown,maispapan’ajamaisvucecôtédesa personnalité. Et puis, il est évident que Logan est bien plus confiant que Brandon. Cinqminutes à peine après notre arrivée, Logan a réprimandémonpère sur un ton enjoué pourm’avoirapprisàdétesterlehockey,unsujetquepapadécidederemettresurletapislorsquenoussommesassisàtable.

– La vérité, John, dit-il en coupant son steak, c’est que Gracie est suffisammentintelligente pour reconnaître l’infériorité des compétences qu’implique le hockey, et sonregardbrilledemalice.

Loganfaitmined’êtreoutré.–Commentosez-vous,MonsieurIvers.–Fautt’yfaire,fiston.Lefootballrequiertuntoutautreniveaudeprouesseathlétique.Moncopainadopteuneminepensive.– Très bien. Alors, je vais vous soumettre un petit scénario. Prenez tous les mecs de

l’équipedesBruins,équipez-lesetlarguez-lessurunterraindefootball.Jevousgarantisqu’ils

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vonttenirtouteladuréedumatchets’ensortircommedeschefs.Maintenant,prenezlesNewEnglandPatriots,mettez-leurdespatins et tout le reste, et jetez-les sur la glace. Est-ce quevous pouvez sincèrementme dire qu’ils seraient capables de tenir trois périodes et de bienjouer?

–Ehbien,non,concèdepapaenfronçantlessourcils,maisc’estparcequelaplupartnesaventprobablementpaspatiner.

Loganafficheunsouriretriomphal.–Mais ils fontpourtantpreuvedeprouessesathlétiquessupérieures,rappelle-t-ilàmon

père.Pourquoinesavent-ilspaspatiner?Papasoupire.–Touché,MonsieurLogan.Touché,admet-iltandisquenoussourionstouslestrois.Lerestedudînersedérouledelamêmemanière,avecdesconversationsaniméesquise

concluentsur lesourirede l’unoude l’autre,etparfoisdesdeux.J’aidumalàcontenirmajoie en les voyant s’entendre aussi bien. J’ai désormais l’approbation demes deux parents,dontl’opinioncompteplusquetoutàmesyeux.

Noussommesentraindedébarrasserlatablelorsquemonpèreparledemamère.–Tamèret’aditqu’ellepenseveniràHastingspourThanksgiving?–Ahbon?Non,jem’exclame,folledejoie.Ellevaresteraumotelducentre,ouici?–Ici,biensûr.C’estbêtededépenserdel’argentalorsqu’ilyaplusieurschambresvides,

dit papa en ouvrant la porte de la baie vitrée. Et je pensais poser quelques jours pourl’emmeneràBoston,onvoudraitallerrendrevisiteàdesamis.

Uneautreenfantdedivorcepourraitsefairedefauxespoirsenentendantquesesparentsvont partir en séjour ensemble, mais cela fait longtemps que je sais que les miens ne seremettront jamaisensemble. Ils sontbeaucoupplusheureuxdepuisqu’ils sont séparés,maisj’adore le fait qu’ils soient restés aussi proches, je croismêmequ’ils sontmeilleurs amis, etc’estunbelexemple.

Je suis surprise que leur relation soit le premier sujet qu’aborde Logan lorsque nousavonsremerciépapaetquenoussommesmontésdanssavoiture.

–C’estgénialquetesparentssoientrestésamis.– Ouais, je sais. Ce serait horrible s’ils se disputaient tout le temps et que je me

retrouvaisaumilieu.J’aiàpeineditcelaquejem’enveux,carc’estpeut-êtrecequ’avécuLogan,justement.Il

parlepeududivorcedesesparentsetjenel’yforcepascar,àl’évidence,iln’apasenviedeparlerdesafamille.Surtoutdesonpère,enfait.C’estunsujetque jen’aborde jamais,maisc’est plus pourmonbien que pour le sien. J’ai trop peur de révéler ce que j’en pense, qu’àmonavis,Logancommetuneénormeerreurenlaissanttomberlehockeyaprèslafac.

Ilabeaurépéterques’occuperdugarageetdesonpèreestcequ’ilyademieuxpoursafamille, jenesuispasd’accord.Cequ’ilyademieuxpourWardLogan,c’estun longséjour

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dansuncentrededésintoxication, suivid’une thérapie sérieuse.Maisbon,qu’est-ceque j’ensais,cen’estpasuneannéeenlicencedepsychoquifaitdemoiunepsychologue.

–Tonpèreestgénial,ditLogand’untonpleindetristesse,leregardfixésurlaroute.Ilal’aird’êtrelegenred’hommequiesttoujourslàpourtoi,tuvoiscequejeveuxdire?Paslegenreàt’abandonneràl’hôpitalsitutecassaislacheville.

Sonexempleesttropprécispourêtreinventé.–C’est…cequit’estarrivé?–Non.Maisc’estarrivéàmamère.–Tonpèrel’alaisséeàl’hôpital?–Non,pasvraiment.Il…tusaisquoi?C’esttroplongàraconter.Jeposemamainsurlasienne,surlelevierdevitesses.–J’aimeraissavoir.–Àquoiçaservirait?marmonne-t-il.C’estdupassé.–J’aiquandmêmeenviedesavoir,jerépondsfermement.Ilsoupirelentementetlonguement.–C’étaitquandj’avaisseptouhuitans.J’étaisàl’école,doncjen’aipastoutvu,maisma

tantem’atoutraconté,plustard.D’ailleurs,mamèreacriésifort,quandmonpèreestenfinrentréàlamaison,quetoutelarueétaitaucourant.

–Tunemeracontestoujourspascequis’estpassé.– C’était en hiver et lamétéo était pourrie.Maman a glissé sur une plaque de verglas

pendantqu’elleenlevait laneigedel’allée,dit-ild’unevoixamère.Papaétaitàl’intérieur.Iln’étaitpasivremort,maisilavaitquelquesverresdanslepif.Assezpouravoirlaflemmededégager la neige à sa place, ou au moins de l’aider. Bref, elle s’est méchamment cassé lacheville.Ill’aentenduecrier,alorsilacourudehors.Ilnevoulaitpasladéplacerparcequ’iln’étaitpassûrdel’étenduedesablessure,maisilluiamisunecouverturedessusenattendantl’ambulance.

Les épaules de Logan sont aussi crispées que sa mâchoire. Je ne suis plus certaine devouloirentendrelasuitedel’histoire.

– Donc l’ambulance est arrivée, mais papa n’est pas monté avec elle. Il a dit qu’il lasuivraitenvoiture,commeça,ilpourraitallernouschercheràl’école.Maisellenel’aplusvupendanttroisjours,ditLoganensecouantlatête.Ilaprislavoitureetilestparti.Jenesaispasoùilestallé.Toutcequejesais,c’estqu’iln’étaitpasàl’hôpital,oùsafemmeasubideuxopérations,etqu’iln’estpasvenuàl’école,parcequeJeffetmoil’avonsattendupendantdesheures.Unedesmaîtressesafiniparremarquerqu’onétaitencorelà,etelleapasséquelquescoupsdefilavantdenousemmeneràl’hôpital.MatanteestvenuedeBostonetelleestrestéeavecnousletempsquemamèreserétablisse,parcequemonpères’étaitbarré.

–Pourquoiill’afait?

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– Qui sait ? Je crois que quand il a compris qu’il allait devoir être responsable ets’occuperdesgamins,delamaisonetd’elle, lapressionl’afaitpaniquer. Ilapicolépendanttroisjoursetiln’apasétélavoiràl’hôpitaluneseulefois.

JesuisindignéepourLogan,etmesmainssemettentàtrembler.Quelgenred’époux,depère,faitça?

Loganlitdansmespenséesetsetourneversmoiavecuneminepleinedetendresse.– Je saisque tu ledétestes,mais il fautque tu comprennesune chose.Cen’estpasun

hommeméchant.Ilestmalade.Etcrois-moi,ilsedétested’êtrecommeça,bienplusquetoietmoipouvonsledétester.Quandilétaitsobre,c’étaitunpèregénial.Ilm’aapprisàpatiner,ilm’a appris tout ce que je sais sur les voitures.Un été, on a réparéune superbeMustang,touslesdeux,onpassaitdesheuresensembleaugarage.

–Alors,pourquoiilarecommencéàboire?–Jenesaispas.Jenecroispasqu’illesache,luinonplus.C’estlegenredetrucoù…par

exemple,situesstressée,tuvaspeut-êtreboireunverredevin,ouunebière,ouunwhiskypour te détendre. Eh bien lui, il ne peut pas en boire qu’un. Il faut qu’il en boive deux, outrois,oudix,etaprèsilnepeutpluss’arrêter.C’estuneaddiction.

–Jelecomprends,ça.Maispendantcombiendetempsest-cequ’ilaledroitdeseservirdesonaddictioncommeexcuseàsoncomportement?

–Onl’adéjàtraînéencurededésintox,Grace.Maisçanemarcheraques’ilchoisitdelafairelui-même.

– Alors peut-être qu’il faut le laisser toucher le fond pour qu’il choisisse de guérir,justement.

–Etquoi?LelaisserdevenirSDF?Pourquedeshuissiersviennentfrapperàsaporte?Pourquesonaffaires’effondreetqu’iln’aitplusrien?Jesaisquetunecomprendspas,maison ne peut pas le rayer de notre vie. Peut-être que s’il nous battait ou qu’il nous traitaitcommedessous-merdes,ceseraitdifférent,maisiln’estpasviolent,saufenverslui-même.Onpeutl’encourageràêtresobre,onpeutl’aideràfaireensortequetoutnes’écroulepasautourdelui,maisonnel’abandonnerapas.

–Tuas raison, jenecomprendspas.Jenecomprendspasd’oùvientvotre fidélité sansfaille.Surtoutquandonconsidèrel’exemplequ’ilvousadonné,oùétaitsaloyautéàlui?

Loganprendmamaindanslasienne.–C’estl’autreraisonpourlaquellejefaisça,justement,àcausedel’exemplequ’ilnousa

donné.Si je l’abandonnais,alors jeseraiscommelui.Jeseraisaussiégoïsteque lui,et jeneveuxjamaisledevenir.Parfois,jeledétestetellementquej’aienviedel’étrangleretparfois,quand ça va vraiment mal, je prie même pour qu’il meure. Mais la situation a beau êtrefrustrante,ilrestemonpère,etjel’aime.Alorsjeletraitecommej’aimeraisqu’onmetraitesij’étaisàsaplace,jeluioffremapatienceetmonsoutien,mêmequandilnelesméritepas.

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QuandLogansetait,mapoitrinesecontracteavantdedéborderd’émotion.Cethommecontinuedemesurprendreetdem’émerveiller. Ilestunebienmeilleurepersonnequemoi,bienmeilleurequ’ilnelepense,etsijen’enétaispasencoresûre,jelesuis,désormais.

Jel’aime.

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31

Garrett

–TuviensboireuncoupchezMalone?demandeDeanlorsqu’onsortdugymnaseaprèscequiaétésansdoutelepirematchdetoutemacarrière.

–Non,jevoisGrace.Etmêmesicen’étaitpaslecas,jen’auraisaucuneenviedefairelafêtecesoir,mec.

Ilpassesamaindanssescheveuxmouillés.–Ouais,c’étaitunecata,maisc’estfait,mec.Çanesertàriendes’yattarder.C’est dans des moments comme celui-ci que je me demande pourquoi Dean joue au

hockey.Est-cequec’estpour lesmeufs?Depuis le jouroù ilarejoint l’équipe, ila toujoursmontréunmanqued’intensitépourcesport,cequiestsacrémentdommageparcequec’estunjoueurfantastique.Cependant,iln’aaucuneenviedejouerchezlesprosaprèslafac.

–Sansrire,mec.Arrêtedefairelagueule,ordonne-t-il.Viensaubaravecnous.J’aifaitfaireune faussecarted’identitépour lenouveauet jevais luimontrercommentdraguer,cesoir.J’aimeraisavoirmonpartenaireavecmoi,ajoute-t-ilensouriant.

Le nouveau, bien sûr, c’est Hunter, que Dean a pris sous son aile et qu’il est train decorrompreàunevitessesurprenante.

–Non,jevaispassermontour.JevaisregarderunfilmavecGrace.– Beurk, c’est ennuyeux à mourir. Sauf si vous le regardez à poil, dans ce cas-là,

j’approuve.En réalité, j’espère moi aussi qu’on sera à poil, parce que j’ai désespérément besoin

d’évacuertoutelatensionquis’estaccumuléeenmoidepuisqu’onestretournésauvestiaireenayantperdu5-0.

Jesaisquecen’étaitqu’unmatchamical,maiss’ilyaunechosequenousdevonsretenirde notre défaite, c’est celle-ci : nous sommes loin d’être prêts, et notre premier match de

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qualification est dans une semaine. Le pire, c’est qu’on a perdu contre St. Anthony, ce quim’agaceencorepluscarcetteéquipen’estforméequedevéritablesordures.

Jesuistoujoursénervélorsquej’arrivechezGracevingtminutesplustard.–Ças’estmalpassé?demande-t-elleenvoyantmonvisage.Ellemeprenddanssesbrasetm’embrassetendrementdanslecou.–L’équipen’esttoujourspassoudée.Lecoachnefaitquechangerleslignespouressayer

de trouver les meilleures combinaisons, mais c’est comme s’il essayait d’assembler lesmauvaisespiècesd’unpuzzle.

C’est super-frustrant, surtout parce que Dean et moi formons un super-duo, mais quecomme nous sommes les meilleurs défenseurs, le coach nous sépare dans l’espoir que lesautressoientunpeumoinsnulsgrâceànous.Encemoment, jefaiséquipeavecBrodowski,quiatellementbesoind’entraînementquejeferaismieuxdedéfendretoutseul.

– Je suis sûre que ça va s’arranger,m’assureHannah. Et je te promets que la semaineprochainejeserailàpourt’encourager.

–Merci,jedisensouriant.Jesaisquec’estungrossacrificepourtoi.–Unsacrificeénorme,dit-elleensoupirant.Elleramasseunt-shirtparterreetlejettedanslapanièreàlingesale.–Jeveuxjustefinirderangerunpeuetonpourramettrelefilm,ok?–Pasdesouci,jedisenenlevantmeschaussures.J’enlèvemon blouson et je la regarde faire le tour de la chambre en ramassant divers

vêtements,appartenantexclusivementàsacolocataire.MonDieu,Daisydoitl’adorer.Cedoitvraimentêtreuneaubainedevivreavecquelqu’unquiestaussimaniaquequ’adorable.GracesepenchepourramasserunechaussettecoincéeentrelebureauetlelitdeDaisy,etlavuedesessuperbesfessesmefaitgrogner.

–Toutvabien?demande-t-elleenregardantpar-dessussonépaule.–Oui,t’inquiète.Maisnebougepas.–Espècedepervers.–Tuasraison.Commentpuis-jeoseradmirerlavuedupetitculsexydemacopine?je

m’exclamealorsquemagorgedevientsèche.J’aienviedeteprendrecommeça,cesoir.–Ok,çalefait.J’auraisvraimentdûfairefairecest-shirts.–Danscecas,vienstoutdesuiteaulit.Maintenant,etnue.Tuaurasdesorgasmesbonus

situfaisvite.Ellesedébarrassedesondébardeur,desonleggingetdesaculotteenuntempsrecord

etjericaneenouvrantmabraguette.–Waouh,c’estàcroirequejenecomblepastesbesoins,machérie.Sonregardsuitlesmouvementsdemamainalorsquejemedéshabille.J’adoresafaçon

demeregarderd’unairaffamé,commesiellen’enavaitjamaisassezdemoi.Uneminuteplus

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tard,jesuisàpoiletprotégéparunecapote.Jen’aipasbesoindepréliminairescesoir,maiscelanem’empêchepasdem’amuserunpeuavecelle.

Je rampe entre ses jambes et j’embrasse ses cuisses à la peau douce comme celle d’unbébé. Je lèche son clitoris et elle empoignemes cheveux pourm’immobiliser. Je ris en luidonnantcequ’elleveut,delongscoupsdelanguedélicats,trèslents,jusqu’àcequ’ellegigotesur le lit. Je ne la fais pas jouir, cependant, car son premier orgasme est toujours le plusintenseetquejeveuxlasentirsecontractersurmonsexe.Jelalècheunedernièrefoispuisjesaisisseshanchesetjelaretournesurleventre.

–Àquatrepattes,Bébé.Ramènetonpetitcul.Elle m’obéit et elle recule ses fesses fermes sur mes cuisses tandis que je me mets à

genouxderrièreelle.Ellesefrottecontremoietmonsangs’embrase.Celafaitdeuxmoisquenoussommesensembleetellecontinuedem’exciteràn’enplusfinir.

J’empoignemonérectionetjelaguideentresesfesses,puisjel’abaissejusqu’àcequ’ellesenichedanssonouverture.Jem’arrêtelàuninstant,profitantdelatensiondumoment,dela légère succion autour demon gland, de la notion que je serai bientôt en elle et qu’elles’accrocheraàmoi,m’entourantdesachaleurmouillée.

Je m’enfouis enfin en elle, au plus profond. Je commence en la baisant lentement,voulantprolongerleplaisir,maischaquecoupdebassinmefaitperdreunpeupluslatêteetbientôtmon rythmeaccélèreet jegrogneà chaquealler-retour.Cependant, j’ai beau l’avoirinitiée,cettepositionmesembletrop…impersonnelle.Jelasaisispourlareleveretplaquersondos contremon torse, puis j’empoigne ses seins, titillant ses tétons en continuant de laprendresauvagement.

Ellelaissetombersatêtesurlecôtéetj’enprofitepourdévorersoncou.Mesva-et-vientsontcourtsetpeuprofonds,etjedescendsmamainsursonventrepuissursonclitorisquejefrotteenfaisantdepetitscercleslents,contrastantaveclerythmerapidedemaqueue.

Nous sommes devenus bons pour ce qui est de synchroniser nos corps afin de jouir enmême temps. Après nos orgasmes, nous nous affalons en un amas demembres tremblants,haletants,toutennousembrassantfrénétiquement.

Cinqminutesplustard,Graceprendsonordinateuretnousnouscâlinonssouslacouettepourregarderlefilm.C’estsontourdechoisir,alorsnaturellement,nousregardonsunvieuxnavet avec Jean-Claude Van Damme qui va forcément nous faire hurler de rire. Le film acommencédepuisdixminutesàpeinequandletéléphonedeGracesonne.

Elletendlebraspar-dessusmontorsepourregarderl’écrandesonportable,maisellenerépondpas.

–C’estRamona,dit-elle.Jenesuispasd’humeuràluiparler.Continuonslefilm.SontéléphonesonnedenouveauetGracesoupireenappuyantsur«ignorer».Jelacomprends,Deanm’aditqu’ilavaitcroiséRamonaplusieursfoischezMalone,mais

jenel’aipasvuedepuisledébutdusemestreetjen’enaipasparticulièrementenvie.

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–Elleveutsansdoutequ’ontraîneensemble,ditGraceenmettantsonportableenmodevibreur.

Elleestsurlepointdereposersatêtesurmontorselorsquelematelassemetàvibrer.– J’aurais dû le mettre en silencieux, en fait, s’exclame-t-elle en se redressant et en

prenantletéléphoneavantdesefiger.–Qu’est-cequisepasse?Elletournel’écranversmoi.C’est unmessage deRamona qui dit « SOS ». Je suis peut-être cynique,mais si ça, ce

n’estpasdelamanipulation…Gracenerépondaitpas,alorsRamonaadécidédel’yforcer.–Ilfautquejelarappelle.–Mapuce,elleveutsansdoutetefairepeurpourt’obligerà…–Cen’est pas le cas.Onn’abusepas duSOS. Jamais. En treize ansd’amitié, onne l’a

utiliséquedeuxfois.Jeluiaienvoyéquandjepensaisqu’unperversmesuivaitdansBoston,et elle me l’a envoyé quand elle a eu un trou noir à une fête en terminale. C’est sérieux,Logan.

Quand bienmême j’aurais voulu la contredire, elle est déjà en train de se lever et del’appeler.

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Grace

J’ailatrouille.J’ailesmainsmoites,moncœurbatlachamade,etmespoumonssontenfeu. Cependant, je suppose que c’est normal lorsqu’on apprend que sa meilleure amie estretenuecontresongréparunebandedebrutes.Lorsqu’onapprendqu’elleadûsecacherdansla salledebainspourvousappelerparceque les typesenquestionontvoulu lui confisquersontéléphoneaprèsqu’elleleuraditqu’ellevoulaitpartir.

Jesuisassisesurlesiègepassageretjetapotemescuisses.J’aimeraissupplierLogandeconduire plus vite, mais il est déjà au-dessus de la vitesse autorisée. Il n’arrête pas demeposerdesquestionsauxquelles jen’aipas les réponses,parcequeRamonam’a raccrochéaunezilyacinqminutesetqu’ellenerépondplus.

–Quels joueursdehockey?demandeLoganpour la troisième foisendixminutes.DesmecsdeBriar?

–Pour ladernière fois, j’en sais rien. Je t’ai répété tout cequ’ellem’adit,Logan,alorsarrêtedemeharceler,s’ilteplaît.

–Désolé.Noussommestouslesdeuxsurlesnerfs.Aucundenousnesaitàquois’attendrelorsque

nous arrivons au motel, et je me repasse ma conversation avec Ramona tandis qu’on seprécipiteversHastings.

«Jepensaisqu’ilyauraitd’autresgens,maisiln’yaquelesjoueurs.Etilsneveulentpasmelaisserpartir,Gracie! Ilsm’ontpromisdemeramener,etmaintenant ilsveulentque jepasse lanuitdans leurchambre.J’enn’aipasenvie,mais jen’aimêmepasmonportefeuillesurmoi, j’aijustemontéléphone.J’aipasd’argentpouruntaxi,etpersonneneviendramechercher…et…»

À ce stade, elle s’est mise à pleurer et j’ai eu la peur de ma vie. Je connais Ramonadepuis longtemps, je connais la différence entre ses fausses larmes de crocodile et ses vraissanglots.Jesaisquandellefaitsemblantdepaniqueretjesaisquandelleestterrorisée.

Etencemoment,elleestterrifiée.

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Je suis tellement crispée que j’en aimal partout lorsque nous arrivons aumotel. Il sesitueenbordurede lavilleetmêmes’ilest loind’êtreaussi sympaque lemotelcentral,cen’estpasnonplusuntrouàrats.

Le regardde Logan s’assombrit lorsqu’il s’arrête sur le parking. Je suis son regard et jeremarqueunbusrougegaréplusloin.

–C’estlebusdeSt.Anthony.IlsjouentcontreBostondemain,c’estlogiquequ’ilspassentlanuitici.

–Attends,c’estcontreeuxquetuasjouécesoir?Ilhochelatête.–Cesontvraimentdesenfoirés,tous,ycomprisleursentraîneurs.Jesuisencoreplus inquiète.J’aidéjàentenduLogancritiquersesadversaires,mais il le

fait toujours avec un certain respect. Comme la rivalité avec Harvard, Logan s’en plaint,certes,maisjamaisiln’estaussiinsultantqu’ilvientdel’êtreavecSt.Anthony.

–Ilssontvraimentaffreux?Ilcoupelemoteuretdétachesaceinture.– Leur ancien capitaine a été suspendu l’an dernier pour avoir cassé le bras d’un des

nôtres. Le pauvre n’avait même pas le palet quand Braxton lui est rentré dedans. LeurnouveaucapitaineestunpetitricheprétentieuxduConnecticutquiacrachésurlesmecsdenotrebancchaquefoisqu’ilestpassédevanteux.

Nous sortons de la voiture et fonçons sur la chambre 33, un des seuls détails que j’aiobtenus de Ramona pendant qu’elle sanglotait. Logan prend ma main et me fait passerderrièreluipourmeprotéger.

–Laisse-moifaire,ordonne-t-il.Sonregarddetueurnemedonnepasenviedelecontredire.Il frappe la porte si fort que les vitres d’à côté semettent à trembler. À l’intérieur, la

musiqueestàfondetdesriresdemecséclatentàtoutva,meglaçantlesang.Quelques secondes plus tard, un grand brun avec un bouc ouvre la porte. Il regarde

Logan,voitsonblousondeBriar,etunsourirediaboliques’étendsursonvisage.–Qu’est-cequetufousici?–JesuisvenuchercherRamona,aboieLogan.Lamusiqueest si forteque le sol tremblesousmespieds.Jepenche la tête sur lecôté

pour essayer de voir ce qui se passe à l’intérieur,mais je ne vois qu’unmur épais de corpsmusclés. Ils sont quatre, peut-être cinq, quelle horreur ! Où est Ramona, bon sang ? Etpourquoielleapenséqueceseraitunebonneidéedefairelafêteaveccesmecs,etd’yallertouteseule?

–Rentrecheztoi,enfoiré,dit le joueurdeSt.Anthony.Ellevientd’arriver.Ellen’apasbesoinquetularamènes.

–Dégagedemonpassage,Keswick.

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Lamusique s’arrête brusquement. Un lourd silence s’installe, puis le bruit des pas descoéquipiersdeKeswicksefaitentendre.

UnogreblondavecdesyeuxbleusetfroidsregardeLoganavecunsouriremoqueur.–Oooh,c’estmignon.Tutetapesl’incruste,Logan?Ouais,jecomprends.Tuveuxsavoir

cequeçafaitd’êtreunchampion,c’estça?Loganritfroidement.– Ouais, je suis jaloux de vous parce que vous avez gagné un match amical, Gordon.

Maintenantpousse-toipourquejem’assurequeRamonavabien.Sinon,jetejureque…–Quequoi?s’exclameunautrejoueur.Tuvasnouscasserlagueule?J’aimeraistevoir

essayer,monpote.Mêmeungaillardcommetoinepeutpass’attaqueràcinqmecsenmêmetemps.

–Àmoinsquecesoitpourseprendredesbitesdanslecul,ditunautre.Jesuissûrqu’ilaimeça.

Lesautresjoueursricanent,maisLoganestimpassible.–Aussitentantequepuisseêtrel’idéedevouscasserlagueule,àtous, jepréféreraisne

pas finir en tôle ce soir. Par contre, je serais ravi de toquer à toutes les portes du moteljusqu’àcequejetrouvecelleducoachHarrison,commeça,c’estluiquis’occuperadevousetdevotrepetitefête.

–Ah, je suis sûr qu’il se joindra ànous, rétorqueKeswick. Il s’en fout qu’on se la colleaprèsunmatch.

–Ahouais?Tuasraison,jesuissûrqu’ilsefoutraaussidecequevousvousmettezdanslenez,non?

Loganfaitunpasenavantetjemecrispe,carjem’attendsàcequ’illuimetteunedroite.Cependant, ilsecontentedetapoter lenezdeKeswick,attirantmonattentionsurlapoudreblanchequiestcolléeàsesnarines.

–Tuaslepifpleindecoke,espèred’abruti,ditLoganensouriant.Maintenantdégageetlaisse-moipasser.Grace,turesteslà.

Ils’engouffredanslapièceetjemeretrouvedehors,faceàquatrejoueursdehockeyencolère, qui, apparemment, sont tous sous cocaïne. Je tremble de panique. Heureusement,Loganrevientmoinsd’uneminuteplus tard,etàmongrandsoulagement,Ramonaestàsescôtés.SesjouessontplusblanchesquelacokedeKeswicketsesyeuxsontplusrougesquelebusderrièrenous.Ellecourtdansmesbrasdèsqu’ellemevoit.

–MonDieu,pleure-t-elleenmeserrantsifortquej’aidumalàrespirer.Jesuistellementcontentedetevoir.

–Çava,toutvabien,jerépondsencaressantsescheveux.Allez,viens.J’essaiedel’emmeneràlavoituremaiselles’arrêtebrusquement.–Montéléphone.Ill’apris,bégaie-t-elleendésignantceluiqueLoganaappeléGordon.

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–Tuasprissontéléphone?grogneLogan.Pourquoi?Pourqu’ellenepuissepasappeleràl’aidequandvouslaforciezàfaireunetournante?

Je n’ai jamais vu Logan aussi furieux, ses yeux bleus sont sauvages et ses épaulestremblent.

–File-moisontéléphone.Toutdesuite!Lesconnardssurlepasdelaporteseregardentbêtementjusqu’àcequel’und’entreeux

sorte l’iPhonedeRamonadesapochearrière. Il le jetteà la figuredeLoganqui le rattrapesansproblème.

–Montezdanslavoiture,dit-ilsansnousregarder.Jen’aimepas le laisser seul,maisRamona tremble commeune feuille et jeme forceà

partir.Cependant,jenequittepasmoncopaindesyeuxtandisqu’ils’approchedecesracailleset qu’il leur dit quelque chose que je n’entends pas. Peu importe, tous les joueurs de St.Anthonylefusillentduregard,maisaucunnelèvelamain.Ilssecontententderetournerdansleurchambreetdeclaquerlaportederrièreeux.

Jem’assiedssurlesiègedumilieuetRamonas’installeàmescôtés,reposantsajouesurmonépaule.

–J’avaistellementpeur,râle-t-elle.Ilsnevoulaientpasmelaisserpartir.Jelaforceàs’attacheretjepassemonbrassursesépaules.–Ilst’ontfaitmal?jechuchote.Est-cequ’ilst’ontforcée…?Ellesecouevivementlatête.–Non,promis.Çanefaitqu’uneheurequej’étaislà,etilsétaienttropoccupésàsniffer

de la coke et à boire de la vodka pure. Ce n’est qu’un peu avant que je t’appelle qu’ils ontcommencé àmepeloter et à vouloir que je fasseun strip-tease.Quand je leur ai dit que jevoulaispartir,ilsontfermélaporteàcléetilsontrefusédemelaissersortir.

– Bon sang, Ramona, mais qu’est-ce que tu faisais avec ces mecs, de toute façon ?Pourquoituasacceptéd’yallertouteseule?

Unsanglotluiéchappe.–J’étaispascenséeyaller seule. Je lesai croisésavecJess,après lematch,et ilsnous

ontinvitéesàlesretrouverici.MaisJessdevaitvoirsondealeravant,alorsellem’adonnédel’argent pour le taxi et ellem’adit qu’elleme rejoindrait. Ellem’a écrit cinqminutes aprèsquejesoisarrivéepourmedirequ’ellenevenaitpas.

Monbrasestmouilléet jeme rendscompteque les larmesdeRamonaont trempémamanche.

–Ellem’alâchéeetellem’alaisséetouteseuleaveceux.Quelgenred’amiefaitça?Uneamieégoïste.Je serre les lèvres pour ne rien dire et je lui frotte l’épaule. Une part demoi se sent

responsable de ce qui lui est arrivé ce soir. Je sais que c’est bête, mais j’aurais pu l’enempêchersij’avaisétéplusprésentedanslaviedeRamona.D’unecertainefaçon,Ramonaet

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moinouséquilibrions.Ellem’encourageaitàêtreimpulsiveetàarrêterdedouterdemoi,etjel’encourageaisàfairelecontraire.

Mais il faut que je me force à mettre de côté ma culpabilité. Je refuse de me sentirresponsable pour la catastrophe qui a failli arriver. Ramona est une adulte. Elle a pris ladécision de faire la fête avec ces types, et elle a de la chance que je tienne encoresuffisammentàellepourlasecourir.

C’est alors que jeme rends compteque ceque j’ai fait ce soir est lamême chosepourlaquelle je critique Logan, j’ai aidé quelqu’un qui ne lemérite peut-être pas. J’ai laissé desannéesd’amitiéetde fidélitémepousserà fairequelquechoseque jen’avaispas forcémentenviedefaire,maisquejemesuissentieobligéedefaire.

Je sursaute lorsque la portière côté conducteur s’ouvre, mais ce n’est que Logan quis’installe au volant. Son regard est lugubre, mais il parle à Ramona d’une voix infinimentdouce.

–Est-cequeçava?Ilsnet’ontpasfaitmal?–Non.Jevaisbien,dit-elleenlevantlatêteetennousregardantavecdesyeuxpleinsde

honte.Mercid’êtrevenusmechercher.Jesuisdésoléed’avoirruinévotresoirée.– C’est normal, répond Logan. Ne t’inquiète pas pour notre soirée, Ramona. La seule

chosequicompte,c’estqu’ont’aitsortiedelàavantqueleschosesnedégénèrent.MonDieu, j’adorecemec.Jesaisqu’ilneportepasRamonadanssoncœur,mais ilest

quandmême venu l’aider ce soir. Je suis tentée de lui chuchoter à l’oreille à quel point jel’aime,maisjen’enaipaslecourage.

Pour être honnête, j’attends qu’il le dise le premier. Peut-être qu’il me reste quelquesdoutesà sonpropos,aprèscequi s’estpasséenavril, jenesaispas.Loganm’a rejetéeet jesuismortedetrouilleà l’idéequ’ilmerejettedenouveau.J’aipeurd’êtrevulnérable,de luiouvrirmoncœuretqu’illepiétinefroidement.

Alorsjemetais,toutcommeRamonaetLogan.Letrajetderetoursefaitensilence.

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32

Logan

Noussommesàtrois joursdenotrepremiermatchlorsquel’équipeaenfinledéclicquilui manquait. C’est un peu comme si quelqu’un avait appuyé sur un bouton et que nouspassionsdemon-Dieu-on-est-nulsàon-a-peut-être-une-chance.Nousnesommestoujourspasaumaximumde nos capacités,mais nous nous sommes améliorés et le coach nous criemoinsdessus.

C’estaussilapériodedespartielsdemi-semestre,etjen’aipasvuGracedepuisquelquesjours, mais nous faisons une pause dans nos révisions pour dîner avec son père ce soir.Commej’avaisentraînement,elleaprisuntaxiavecRamonaquirendégalementvisiteàsesparents à Hastings. Je ne sais toujours pas ce que je pense de leur amitié retrouvée, maisGracemeditqu’ellenelaisserapasRamonal’envahir,etjesupposequejedoisl’accepter.Parailleurs, depuis la catastrophe de vendredi dernier, j’ai beaucoup plus de sympathie pourRamona,etbeaucoupplusdehaineenversSt.Anthony,celavasansdire.

Est-cequejevousaiditquenousjouonscontreeuxpourl’ouverturedelasaison?Çaneva pas plaire au coach,mais je suis quasi certain que je vais passer beaucoup de temps enprison1.

Ensortantdugymnase,jeregardemontéléphone.J’aiunmessagedeGracem’annonçantqu’elle est bien arrivée chez son père, et un message de Jeff me demandant de l’appelerASAP 2.

Merde.Jeffn’écrit jamais«ASAP»àmoinsquecesoitsérieux,alors je lerappellesansattendre.

–Tuétaisoù,bonsang?Çafaituneheurequej’essaiedetejoindre!hurle-t-il.– J’avais entraînement.Onn’a pas le droit de prendrenos téléphones.Qu’est-ce qui se

passe?–J’aibesoinquetuaillesvoirsipapavabien.

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–Pourquoi?–Parcequejesuisàl’hôpitalavecKylieetquejenepeuxpaslefairemoi-même.–Àl’hôpital?Qu’est-cequis’estpassé?Ellevabien?–Elles’estouvertlamainenfaisantàmanger,ditJeffd’unevoixpaniquée.Lemédecina

ditqu’ilyaplusdepeurquedemaletqu’elleajustebesoindepointsdesuture.Maisputain,jen’aijamaisvuautantdesang,Johnny.Ilsviennentdelafairepasseretjesuiscoincédanslasalled’attenteàfairelescentpascommeunfou.

–Çavaaller,Jeff.Faisconfianceaumédecin,d’accord?Cependant, je sais que Jeff ne se détendra pas tant que Kylie ne sera pas sortie des

urgences.Ilssontfousamoureuxl’undel’autredepuisqu’ilsontquinzeans.–C’estquoilerapportavecpapa?jedemande.– Il a appelé quand on partait de chez Kylie pour aller aux urgences. Il bafouillait

horriblement, je ne sais pas, il est peut-être tombé, mais je ne comprenais rien à ce qu’ildisait. Et je ne peux pas gérer deux urgences à la fois, ok ? Alors s’il te plaît, rentre à lamaisonpourvoirs’ilvabien.

Jen’aiaucuneenviedelefaire,aucune.MaisjenepeuxpasmedisputeravecJeffalorsqu’ilpaniqueàproposdel’étatdesantédesacopine.

–Jem’enoccupe,jemarmonne.–Merci,ditJeffavantderaccrocher.JesoupireenécrivantàGracepourluidirequejeseraipeut-êtreenretardpourledîner,

puisjefileauparking.Je tapote levolant sur tout le trajet jusqu’àMunsen.Plus le tempspasseetplus je suis

nerveux.Jesuisbientôtsistresséquej’aienviedevomir.Jecoupelemoteurdevantlamaisonetj’avanceversleporcheàlamanièredesexperts

enparanormaldanscefilmpourri:lentement,précautionneusement.Pourvuqu’ilsoitenvie.Oui,parcequemalgrémessouhaitségoïstes,jenesupportepasl’idéedepasserlaporte

delamaisonetdetrouversoncorpssansvie.J’utilisemaclépourdéverrouillerlaporteetj’entredanslapénombreduhall.–Papa?Pasderéponse.Pourvuqu’ilsoitenvieetqu’ilaillebien.Moncœurbatlachamadependantquej’avancelentementdanslesalon.Pourvuqu’ilsoit…Dieumerci,ilestenvie.Maisilnevapasbien,loindelà.Mapoitrinesecontractesifortquejepeineàrespirer.Papaestétalésurletapis,torse

nu,têtebaissée,sajouereposedansuneflaquedevomi.Ilaunbrastendusurlecôté,l’autre,

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plaquécontrelui,serreunebouteilledebourboncommesic’étaitunnouveau-né.Putain,est-cequ’ilaessayédeprotégersabouteillequandilesttombéparterre?

Jeneressensrienenobservantlascène.Uneodeurranceemplitmesnarines,jegrimaceenréalisantquec’estdel’urine.Lapisseetl’alcool,leparfumdemonenfance.Unepartiedemoiaenviedetournerlestalonsetdepartirsansjamaisplusmeretourner.

Mais au lieu de ça, j’enlève ma veste, je la jette sur un fauteuil et je m’approchelentementdemonpèreinconscient.

–Papa.Ilbougeunpeu,maisilnerépondpas.–Papa.Un cri d’agonie lui échappe. Bon sang, son jean est trempé de pisse et sa bouteille de

bourbonsedéversesurletapis.–Papa,jedoisregardersitut’escasséquelquechose.Je passemesmains sur son corps, commençant par les pieds pour remonter jusqu’à la

tête.Monexamenlesortdesonsommeilcomateux,etilouvrelentementlesyeux,dévoilantdespupillesdilatéesetunregardlointain.Legaminenmoiquisesouvientdel’avoiridolâtrévientdemourir.

–Oùesttamère?J’veuxpasqu’ellem’voiecommeça,grogne-t-ilenpaniquant.Unautremorceaudemoncœurvientdes’éteindre.–Ellen’estpaslà.Jepassemesbrassoussesaissellespourlefaireasseoir.Ilal’airperdu.Jenesuismême

passûrqu’ilsachequijesuis.–Ellefaitlescourses?bafouille-t-il.– Ouais. Elle ne rentre que dans quelques heures. Ça te laisse plein de temps pour te

nettoyer,ok?Ilvacilledangereusementet iln’estmêmepasdebout.Lemélangedesodeursdevomi,

d’alcooletdepissemedonneleslarmesauxyeux,oupeut-êtreest-ceparcequejem’apprêteàprendremonpèredans lesbraspour l’aideràprendreunedoucheavantdel’habilleret lemettreaulitcommes’ilavaittroisans.Peut-êtreest-cepourçaquej’aileslarmesauxyeux.

–Neluidispas,Jeffy.Ellevaêtretellementencolère.J’veuxpasqu’ellesoitencolère.J’veuxpasréveillerJohnny…marmonne-t-il.

Jen’aiqu’unepenséeentêteensoulevantlamassepuantequ’estmonpèrepourleporteràlasalledebainsauboutducouloir.

Monfrèreestunsaint.Monfrèreestunfichusaint.Ilfaitçajouretnuitdepuisquejesuispartiàlafac.Ilnettoielevomidepapa,ilgèrele

garage, il gère toutes les crises sans se plaindre. Bon sang, c’est quoi mon problème ? Au

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diablelaNHL,Jeffméritedefaireunepause,devoyageravecsacopineetdemenerunevienormalequin’impliquepasdedéshabillersonpèreetdelemettresousladouche.

J’ailespoumonsenfeu,maintenantquelaréalitédelasituationm’afrappé.Putain,c’estçamonavenir.Dansmoinsd’unan,ceseramonjobàtempsplein.

Jen’aijamaiseudecrised’angoisse,doncjen’enconnaispaslessymptômes.Est-cequelesbattementsrapidesetirréguliersducœurensontun?Lesmainsfroidesetmoitesquinecessentdetrembler?Lagorgequinelaissepluspasserl’air?Parcequetoutesceschosessontentraindem’arriver,etçamefoutlatrouille.

–Johnny?Papa cligne des yeux sous la douche chaude qui lui mouille la tête, aplatissant ses

cheveuxsursonfront.–Tuesarrivéquand?Iltitubedanslacabinededouche,sonregardbalayelapièce.–Laisse-moit’offrirunebière.Boisunebièreavectonvieuxpère.Jesuisàdeuxdoigtsdevomir.C’estofficiel,c’estunecrised’angoisse.

J’aitroisheuresderetard.La batterie demon téléphone estmorte quand j’étais àMunsen et je ne connais pas le

numérodeGraceparcœur,donc jen’aimêmepaspu l’appelerdufixepour laprévenirquej’allaisêtreenretard.

Monangoisseàquelquepeudisparu.Toutcequejesais,c’estquej’aibesoindevoirmacopine,delaserrerfortcontremoietdeprofiterdesachaleur,parcequejesuisglacé.

La lumièreduporcheest allumée lorsque jemegaredevant chez sonpère,mais çanefaitquedécuplermaculpabilité.Ilestvingt-deuxheurespassé,jesuisaffreusementenretardetelleam’attenddepuisdesheures.

C’estunentraînement,ditunevoixcyniquedansmatête,pourtouteslesfoisoùellevat’attendrel’anprochain.

J’ai de nouveau du mal à respirer. Combien de fois ce genre de chose va-t-il arriverlorsquejevivraiàMunsenàpleintemps?Combiendefoisvais-jeêtreenretard,etcombiendelapinsvais-jeluiposer?Combiendetempsavantqu’ellemelargueàcausedeça?

J’essaie de mettre ces pensées de côté tandis que j’appuie sur la sonnette. Le père deGracem’ouvreenfronçantlessourcils.

–Bonsoir, jedisd’unevoixpleinederegrets.Jesuisdésolédenepasêtrevenupourledîner,Monsieur.Jevousauraisappelé,maismontéléphonen’aplusdebatterieet…

Non,jenepeuxpasluiracontercequej’aiendurécesoir.–…Bref,jesuisvenuchercherGracepourlarameneraucampus.–Elleestdéjàpartie,ditmonsieurIvers.LamèredeRamonalesaramenées.

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–Ah.–Graciet’aattenduaussilongtempsqu’elleapu,dit-ild’unairmécontent,maisilfallait

qu’ellerentrepourétudier.J’aihorriblementhonte,biensûrqu’ellem’aattendu.Bienévidemmentqu’elleestpartie.–Ah…d’accord.Jevaisrentrer,alors.–Qu’est-cequisepasse,John?demandemonsieurIvers.Ladouleurdansmapoitrinenecessed’empirer.–Rien.Cen’estrien,Monsieur.J’ai…j’aieuuneurgencefamiliale.–Est-cequetoutvabien?demande-t-ild’unairinquiet.Jehochelatête.Puisjesecouelatête.Puisjehochedenouveaulatête.Bonsang,décide-toi!–Toutvabien,jemens.–Non,çanevapas.Tuespâlecommeunlinge.Ettuasl’airépuisé,répond-ild’unevoix

douce.Dis-moicequisepasse,fiston.Peut-êtrequejepeuxt’aider.Pourquoiilafalluqu’ilm’appellefiston?Jesuisàdeuxdoigtsdefondreenlarmes.Mes

yeuxmebrûlentetmagorgeseresserre.Ilfautquejeparte,etvite.–Pourquoi tun’entreraispas? insiste-t-il.Viens t’asseoir, je vais faireducafé,dit-il en

sourianttimidement.Jet’offriraisbienunremontant,maistuesencoremineuretjesuistrèsstrictàcesujet…

C’estlemomentquejechoisispourm’effondrer.Jecraque.Jefondsenlarmescommeunbébé,là,devantlepèredeGrace.Il s’immobilise,maisçanedurequ’uneseconde,puis il sedépêchedeveniràmoiet il

meprenddanssesbras.Ilmeserresifortquejenepeuxpasm’échapper,érigeantautourdemoi unmurde réconfort dans lequel jeme laisse aller. J’ai horriblement honte,mais je nepeuxplusarrêtermeslarmes.JelesairetenuesàMunsen,maislapaniqueestderetour,j’aila trouille,et lepèredeGracem’aappelé fiston,etputain, jesuisuneépave.Unevéritableépave.

1.Bancdepénalitéoùs’asseyentlesjoueurspouruneduréevariantenfonctiondelagravitédel’infraction.

2.AsSoonAsPossible:Aussitôtquepossible.

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33

Grace

Je sorsde la salle en courantdès que j’ai finimonexamendepsychologies anormales.Mon père ne fait pas dans le mélodrame. Il est toujours calme et réfléchi, et il a mêmetendanceàminimiserlescrisesaulieud’admettrequeparfois,c’est lamerde.Doncquandilm’aappeléecematinenmedisantdepasservoirmoncopainaujourd’hui,j’aisuquequelquechosen’allaitpas.

Enfait,jelesavaisavantqu’ilm’appelle.Lemessaged’excusesquem’aenvoyéLoganhiersoirm’ainquiétée,maisquandj’aiinsistépourensavoirplus,ilm’aditquetoutallaitbienetqu’ilavaitdûresteravecsonpèrepluslongtempsqueprévu.Ilarépétédeuxoutroisfoisqu’ilétaitvraimentdésolédenepasavoirdînéavecnousetdenepasm’avoirramenéeaucampus.

Je me suis couchée en luttant contre l’impression qu’il s’était passé quelque chose degrave, etmaintenant, avec le coupde téléphonedemonpère, j’en suis certaine.C’est pourcelaquejeprendsuntaxipourallerchezLoganaulieud’yallerenbus.J’aibesoindelevoiraussi vite que possible avant que mon angoisse ne commence à créer dans ma tête desscénarioscatastrophe.

Jem’assiedsàl’arrièredutaxietj’envoieunmessageàLogan.Moi:Jesuisenroutepourcheztoi.Presqueuneminuteentières’écouleavantqu’ilneréponde.Lui:Jenesaispassic’estunebonneidée,chérie.Jesuisd’humeurpitoyable.Moi:T’enfaispas,jevaisteremonterlemoral.Lui:Jenesaispassic’estpossible.Moi:Jevaisquandmêmeessayer.Jerangemontéléphoneenmemordantlalèvre.Àl’évidence,toutcelaestenlienavec

sonretourchezluihiersoir,maisqu’est-cequiapusepasser?Unebouledecolèreexploseenmoi, j’ai demoins enmoins de sympathie pour le père de Logan, vraiment. En plus, je

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commence à me demander si je ferai une bonne psy, je n’ai pas forcément envie de mespécialiser dans les problèmes d’addiction,mais est-ce que je ne devrais pas avoir pitié dupèrealcooliquedeLogan?

Ehmerde,cen’estpaslemomentpourdouterdemonchoixdecarrière.Entre lepick-updeLogan, la JeepdeGarrett, lavoiturede sportdeDeanet laToyota

d’Hannah,ilyatantdevoituresdansl’alléequeletaxidoits’arrêterauborddelaroute.Jesonneàlaporte,etc’estTuckerquim’ouvre.–Vousvousêtesdisputés,ouquoi?–Non.Pourquoi,c’estcequ’iladit?– Non,mais il est demauvaise humeur depuis cematin, Dean a pensé que vous vous

étiezpeut-êtreengueulés.– Eh bien non, je dis fermement alors qu’une pensée affreuse me vient. Est-ce qu’il a

picolé?–Biensûrquenon,iln’estqu’uneheuretrente,répondTucker.Ilestenhaut.Ladernière

foisquejesuispassélevoir,ilbossaitsurunedissertationqu’ildoitrendre.Ma première réaction est d’être soulagée, puis je me sens coupable d’avoir posé cette

question, parce que Loganm’a répété de nombreuses fois qu’il ne buvait jamais lorsque çan’allaitpas.Jesaisqu’ilapeurd’avoirhéritéd’uneprédispositionàl’addiction.

–Jevaisallerluiparler.Peut-êtrequ’ilmediracequiletracasse.JelaisseTuckerdanslehalld’entréeetjemonteàl’étage.Aumoinsilal’aird’allerbien.

Ses cheveux courts sont lesmêmes, ses yeux bleus sont alertes, sesmuscles sexy se voientsous son t-shirtmoulant. Il n’y a aucun signe extérieur de blessure. Cependant, lorsque nosregardssecroisent,jedécouvrequelesiencontientunocéandesouffrance.

–Salut,jechuchoteenallantl’embrasser.Qu’est-cequisepasse?Seslèvreseffleurentlesmiennes,maissonbaisern’apassachaleurhabituelle.–Tonpèret’aappelée?demande-t-ilsèchement.–Ouaip.–Qu’est-cequ’iladit?–Presquerien.Ilm’aditquetuétaispasséhiersoir,qu’ilaeul’impressionqueçan’allait

pasetquejedevraisvenirtevoir.Qu’est-cequis’estpasséàMunsen?–Rien.–Logan.–C’étaitrien,mapuce,dit-ilensoupirant.Dumoins,riend’inhabituel.Jeluiprendslamainetjesuishorrifiéedevoirqu’elleestglacée.Quoiqu’ilsesoitpassé

hiersoir,ilenmontreencorelessignes.–Assieds-toi,j’ordonne.Cependant, jedois le tirerpar lebraspour l’obligeràme rejoindre sur le lit, etmême

aprèscela,ilregardedroitdevantluienrefusantdecroisermonregard.

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–Tupeuxmedirecequis’estpassé,s’ilteplaît?–Bonsang,maisàquoiçasert?–Çasert,John,c’esttout,jerépondsalorsencommençantàm’énerver.Àl’évidence,ça

nevapas,etjepensequeçat’aiderad’enparler.Ilritsèchement.– En parler ne changera strictement rien. Mais très bien, comme tu voudras. Tu veux

savoircequis’estpasséhiersoir?J’aivumonavenir,voilàcequis’estpassé.Lafroideuraveclaquelleilparlemefilelachairdepoule.–Commentça?–Jeveuxdireque j’aivumonfutur.J’ai faitunbonddans le temps.Tuveuxque je te

fasseundessin?–Ok,j’aicompris.–Non, tunecomprendspas.Vraimentpas.Jen’aipasdevieaprès la fac,pasdefutur.

Maisjelefaispourmonpère,parcequeçafaitpresquequatreansquemonfrères’enoccupeetquemaintenantc’estmontour.Jedétesteça,mais jevais fermermagueuleet retournervivreàMunsen,parcequec’estmonpèreetqu’ilabesoindemonaide.

Ilsemblesurlepointdecraqueretcelamefendlecœur.–Jesaisl’effetqueçavaavoirsurmoi,poursuit-ild’unevoixdeplusenpluslugubre.Je

saisqueçavamerendremisérable,quejefiniraipardétestermonpèreetparteperdre…–Quoi?jem’exclame.Qu’est-cequitefaitpenserquetuvasmeperdre?Ilessaiedetournerlatête,maisj’aivulatristessedanssonregard.–Parcequetuteréveillerasunjourettuterendrascomptequetuméritesmieux.Tune

comprendspasqu’hiersoirétaitunaperçudecommentseront leschosesenmaiprochain?Onferadesprojetspoursevoir,mais il faudraque je travaille tard,oualorsmonpèreserabourré et je devrai le ramasser par terre et annuler notre rendez-vous, ou pire, je te feraiattendresansnouvellescommehiersoir.Combiendetempstucroisquetuvassupporterça?

Jen’enrevienspasd’entendreça.–Tupensesvraimentquejevaisrompreavectoiparcequetuvasêtreenretarddeuxou

troisfois?Logan ne répond pas,mais la froideur de son expressionmedit que c’est bien ce qu’il

croit.–Tonfrèren’apasunecopineavecquiilestdepuismilleans?–Kylie,marmonne-t-il.–Ehbien,est-cequeKyliearompuaveclui?Non.Parcequ’elleaimetonfrèreetqu’elle

veutresteràsescôtéscoûtequecoûte,jerépondsenhaussantleton.Jesuistellementencolère,enfait,quejemeretiensdelegiflerpourqu’ilseressaisisse.–Alorsqu’est-cequitefaitpenserquemoijeneresteraipasavectoi?Sonsilencemefoutlatrouilleautantqu’ilm’énerve.

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–Tusaisquoi,John?Vatefairefoutre.Àl’évidence,tunemeconnaispasdutoutsitupensesque jesuis legenrede fillequimet finàunerelationdèsqu’elle rencontrequelquesobstacles.

Ilrépondenfin,d’unevoixlugubreetrésignée.–Est-cequ’onpeutarrêterdeparlerdeça,maintenant?Jen’en revienspas. Je ledévisage, choquéeparceque jeviensd’entendre. Jen’aiplus

l’énergied’écoutercesabsurdités.– Tu as raison.On ne va plus en parler, je dis en prenantmon sac par terre, là où je

l’avaisposé.Parcequejem’envais!Tiens,çaalemérited’attirersonattention.Ilfroncelessourcilsenselevantdulit.–Grace…–Non.Jeneveuxplusécoutertesconneries.Jetelaisseboudertoutseul.Peut-êtreque

quandtuaurasfinidet’apitoyersurtonsort,onpourraavoiruneconversationrationnelle.Etaucasoùmaréactionneseraitpasclairequantàcequejeressens, laisse-moitel’épeler, jedisenmetournantverslui.Jet’aime,espèced’abruti!

Jequittesachambreenclaquantlaportederrièremoi.

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Logan

Jemetsbientropdetempsàsortirdelatransedanslaquellejesuisplongé.Jenecessed’ouvriretderefermerlaboucheetdeclignerrapidementdesyeuxenregardantlaportequeGracevientdeclaquer.

Elle a parfaitement raison, je suis un abruti. J’ai douté de son engagement dans notrerelation,et…ellem’aime?!

J’ouvredenouveaulaboucheet,cettefois-ci,elleresteouverte.Jesuisbouchebéeparceque mon cerveau débile vient d’intégrer ses paroles. Elle m’aime. Je l’ai accusée d’être àl’origined’unefutureruptureetdem’abandonnerquandceladeviendraitdifficile,etellem’aditqu’ellem’aimait.

Etjel’ailaisséepartir.C’estquoimonproblème,bonsang?Jesorsdemachambreencourantetjedévalelesescaliersquatreàquatre.Gracen’apas

purappeleruntaxiniatteindrel’arrêtdebus,doncjepeuxencorelarattraper.Jem’arrêtebrusquement,endérapantcommeunpersonnagededessinanimélorsqueje

trouve Garrett devant la porte. J’entends le bruit d’unmoteur qui démarre et s’éloigne, etmoncœurfaitunsautpérilleux.

–Hannahlaramènechezelle,ditcalmementGarrett.Je pousse un juron et j’ouvre la porte à temps pour voir les feux arrière d’Hannah

s’éloigner.Merde.Jemedépêchedemonterdansmachambrepourprendremontéléphoneetj’appelleGrace.Jetombedirectementsursonrépondeur,alorsjeluienvoieviteunmessage.

Moi:Mapuce,reviens,s’ilteplaît.Jesuisunenfoiré,jeveuxréparerleschoses.Ellemetuneéternitéàrépondre…cinqsecondes.Elle:J’aibesoindetempspourdigérertastupidité.Jet’appelleraiquandjeseraiprêteà

parler.

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Eh merde. Je me passe les mains dans les cheveux en luttant contre l’envie dem’étrangler.Pourquoijefaistoujourstoutfoireraveccettenana?

J’entendsdespasdanslecouloiretjemurmureunautrejuronlorsqueGarrettapparaîtàmaporte.

–Jen’aipasbesoinquetumefasseslamorale,mec.Vraimentpas.–Jen’allaispastefairelamorale,répond-il.Jeveuxjustevoirsiçava.Jemelaissetombersurlelitensecouantlatête.–Absolumentpas.J’aiencoremerdé.– Ça c’est clair, dit monmeilleur ami en s’appuyant à l’embrasure de la porte. On l’a

entendueteremettreàtaplace.–Jecroisquetoutlequartierl’aentendue,ditTuckerenentrantdansmachambreeten

s’adossant àma commode. Sauf Dean, peut-être,mais c’est parce qu’il est dans le salon entraindebaiserunegagadelacrosse.

–Sérieux?Pourquoiilnebaisejamaisdanssachambre?–Tuveuxvraimentqu’onparledelaviesexuelledecepervers?rétorqueTucker.Parce

quejenepensepasquecesoittapriorité,là.Iln’apastort.Maprioritéestd’arrangerleschosesavecGrace.Jen’auraispasdûdiretoutescesconneries.Jenelespensepasenplus,entoutcaspasla

partie où elle rompra avecmoi. J’ai laissémapeur prendre le dessus, etGrace a raison, jem’apitoyais surmon sort. J’étais tellement flippé par ce qui s’est passé avecmon père hiersoir,sansparlerdufaitquej’aipleurédanslesbrasdesonpère…Bonsang,j’aipleurédanslesbrasdesonpère!

–Etsijel’aiperduepourdebon,cettefois?GarrettetTuckersecouenttoutdesuitelatête.–Tunel’aspasperdue,m’assureGarrett.–Commenttupeuxenêtresûr?–Parcequ’ellet’aditqu’ellet’aimait.–Espèced’abruti,ajouteTuckerensouriant.Jet’aime,espèced’abruti.Cen’estpastoutàfaitcequejerêvaisd’entendre.Lapremière

partie,oui,biensûr.Maisladeuxième…jem’enseraisbienpassé.–Qu’est-cequejedoisfaire?jedemandeensoupirant.–Vite,écris-luiunautrepoème,suggèreGarrett.Jelefusilleduregard.–Garrettn’apastort,ditTucker.Àmonavis, leseulmoyend’arranger leschoses,c’est

avecunautregesteromantique.Qu’est-cequ’ilyavaitd’autresursaliste?–Rien,jemarmonne.J’aitoutfait.–Alors,inventeautrechose,répondTucker.Ungesteromantique?Jesuisunmec,bonsang.J’aibesoind’aide.

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–Est-cequeWellsyrevient?jedemandeàGarrett,quiafficheunsouriremoqueur.–Mêmesic’était lecas, jene la laisseraispas t’aider.Tuvasdevoir tedébrouiller tout

seul.Garrettmarqueunepause,puismesdeuxamisrépètentàl’unisson:–Espèced’abruti!

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34

Grace

Je suis encore furieuse en entrant dans la station de radio quelques heures plus tard.Normalement,mon énervement ne dure pas longtemps,mais cette fois-ci j’ai dumal àmedébarrasserdemacolère. Jen’arrivepasà croirequ’il penseque je vais le larguerune foisqu’ilseraàMunsenàpleintemps,quejevaislejetercommeunvieuxjouetpourentrouveruntoutneuf.

Quelenfoiré!Morris est assis àma place dans la cabine du producteur, et son téléphone est coincé

dans le creux de son cou tandis qu’il écrit quelque chose sur un bloc-notes. Je fronce lessourcilsenremarquantquePaceetEvelynsontdéjààleursplaces.Pacemetsoncasquepar-dessussacasquetteàl’enverspendantqu’Evelynseconcentresurunefeuille.

Est-cequejesuisenretard?Jeregardelapendulesurlemurdufond.Non,jesuisplutôtenavance.Alors,qu’est-cequefaitMorrisdansmacabine?J’avancevers luiaumomentoùDaisyarrivedanslecouloir,sesmèchessontbleues,aujourd’hui.

–Salut,qu’est-cequetufaislà?jedemande.Ellen’apasl’habitudedetraînericiendehorsdesesheuresdetravail,et jesaisqu’elle

nebossepasaujourd’hui.–Salut,répond-elled’untonétrangementcoupable.Jesuispasséeapporterducafépour

toutlemonde.–Depuisquandtueslabonichedelaradio?jedemandeenl’étudiantdeplusprès.Ton

t-shirtestàl’envers,aufait,etdevant-derrière.Elle baisse la tête et grimace en voyant l’étiquettedépasser sous sonmenton, puis elle

regardelacabineoùsetrouveMorris.Jesuissonregardetjeremarquequ’ilnoussourit.Etlà,jecomprendstout.–MonDieu,tucouchesavecMorris?

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–Peut-être,soupireDaisy.Ma colère est momentanément effacée par la nouvelle. Nos emplois du temps sont

tellement chargés que Daisy et moi ne sommes presque jamais dans la chambre au mêmemoment.C’estpratiquelorsque jeveuxunpeud’intimité,maisnossessionsdepapotagememanquent.

–Depuisquand?jem’exclameensouriant.–Çafaitàpeuprèsdeuxsemaines,répond-elleenhaussantlesépaules.Jenetel’aipas

ditparcequ’onesttouteslesdeuxsuper-occupées.Maisçanetegênepas,si?–Biensûrquenon,pourquoiçamegênerait?–Parcequevousêtessortisensemble.–Unefois,jerépondsenriant.Etmoncomportementétaitloindemériterundeuxième

rencard.Tuviensdemeremonterlemoralet,crois-moi,j’enavaisbesoin.–Ohnon,qu’est-cequis’estpassé?Mamauvaisehumeurréapparaîtbrusquement.– Je me suis disputée avec Logan, et je n’en dirai pas plus parce que si j’en parle

maintenant,jevaisencorem’énerveretjeneseraipasconcentréepourl’émissiondeDumbetDumber 1.

Nousregardonsvers lacabineprincipaleoùEvelynutilise lerefletdanssonverred’eaupourseremaquiller.Paceestautéléphoneet ilapenchésachaiseenarrièred’unemanièrequigarantitqu’unecatastrophen’estpasloin.

– Bon sang, je les adore, ricane Daisy. Je crois que je n’ai jamais rencontré deuxpersonnesaussiégocentriques.

Morris sortdemacabineet vient versnous. Il remarque le t-shirtdeDaisyet il souritjusqu’auxoreilles.

–Chérie,onestautravail.Unpeudetenue,s’ilteplaît.–C’estlemecquim’aarrachémont-shirtdansleplacardàbalaisquiditça?s’exclame

Daisyenlevantlesyeuxauciel.Jevaisauxtoilettespourmerendreprésentable.Jeleferaisbienici,maisj’aipeurqueDumberprenneunephotoetlapostesurunsiteporno.

– Attends, les noms Dumb et Dumber correspondent à chacun d’entre eux ? demandeMorris.Jepensaisquec’étaituntrucgénéral.LequelestDumber?

Àpeinea-t-ilposélaquestionqu’unfracasretentitdansleurcabine,etnousdécouvronsPace affalé par terre. Il se dépêche de se relever et lorsqu’il nous remarque en train de ledévisager,ilarticule«Jevaisbien!»ensouriant.

–Jeretiremaquestion,soupireMorris.DaisypartserhabilleretMorrismesuitdansmacabine.–Lepremierauditeurestdéjàenattente,medit-il.J’aiprissesinfosetjelesaimarquées

surtafeuille.–Tuasouvertleslignesavantquej’arrive?jedemandeenfronçantlessourcils.

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–J’aipasfaitexprès,dit-il,gêné.J’étaisautéléphoneavecmonpèreetj’aiappuyésurlemauvaisbouton. Le téléphonea sonnéet comme j’étaisdéjà là, j’ai répondu. Lananaaunequestionsuper-urgenteàposeràEvelynsurlepointG,çadevraitêtreintéressant.

–Parcequeçanel’estpastoujours?jerépondsensouriant.Je m’installe à mon bureau et je fais mes vérifications habituelles. Les lumières qui

clignotentsurletéléphonem’informentqu’ilyad’autresauditeursenattente.Jediscuteavecle premier, je prends ses infos et je le remets en attente. Je suis sur le point de filtrer lesecondlorsquePaceetEvelynecommencentl’émission.

–Salutlespotes,s’exclamePacedanslemicro.Vousécoutez«Keskitefaut»avecPaceetEvelyn!

Evelyns’approchedesonmicroengrimaçant.–Avantdecommencer,j’aimeraisdemanderàtoutlemondedeparleràvoixbasseparce

quejemetapeunehorriblegueuledebois,dit-elleavantdefusillersoncollègueduregard.C’estàtoiquejeparle,grosdébile.

Etc’estainsiquedémarrel’émission.– Accueillons le premier auditeur, dit Pace d’une voix joyeuse. À qui j’ai le plaisir de

parler?Je n’ai aucune envie d’écouter Evelyn parler du point G. Je me prépare à prendre un

autre appel lorsque je me fige sur ma chaise. Je viens de reconnaître la voix qui est àl’antenne.

–Salut,c’estLogan.Moncœurbatlachamade.MonDieu,qu’est-cequ’ilfait?–Dis-nouskeskitefaut,mec!Moncopainseraclelagorge.–Ehbienvoilà,Pace,etEvelyn, salutEvelyn ! J’ai surtoutbesoind’unavis féminin.Je

voudraisdesconseilspourrécupérermanana.Pacegloussedanslemicro.–Oooh,monpauvrepote,tuasmerdé?–Ouais,j’aimerdé.–Qu’est-cequetuasfaitpoursaoulertameuf?Ilnousfautdesdétailsavantdetefaire

partdenotresagesse.JesuiscomplètementstresséeenattendantlaréponsedeLogan.Jen’arrivepasàcroire

qu’ilsoitsurlepointdeparlerdenosproblèmesdansl’émissionlapluspopulaireducampus.– Pour faire court, j’ai projeté mes peurs et mes insécurités sur elle, j’ai fait des

présomptionsquejen’auraisprobablementpas…–Attendsmongars, interromptPaceen se frottant labarbe.Tuasemployédesgrands

mots, là.Etsi tuparlaisplussimplementpournous,enfinpournosauditeursquisontpeut-êtremoinshabilesaveclalangueanglaise?

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Jenepeuxm’empêcherderire.MonDieu,Pace,nechangejamais.–Engros, j’aimerdé, dit Logan en se retenantde rire. J’ai dit des conneries que jene

pensaispas,jel’aiénervée,etelleestpartie.Pacesoupire.–Lesmeufssontfolles,mec.–Eh,Logan?–Oui,Evelyn?–Tuas l’aircanon.Tuessûrque tuveuxrécupérer tameuf?Parceque jesuis librece

soir,siçat’intéresse.Logans’étouffeàl’antenne.–Ah,euh,non,mercipourlaproposition,maisouais,jeveuxlarécupérer,dit-ilavantde

marquerunepause.Jel’aime.Moncœurfaituntriplesautdejoie.Ilm’aime?Maismajoien’estquedecourtedurée.Ets’illedisaitseulementparcequejeleluiaidit

touteàl’heure?– Ça fait desmois que je l’aime, poursuit-il, mais je ne lui ai pas dit parce que je ne

voulaispasluifairepeurenledisanttroptôt.–Mec,tuauraisdûluidire.Je suis choquéepar la réponsedePace.Touchée,même.Mais çaaussi, cen’estquede

courteduréeparcequ’iln’apasfinideparler.–Situledistoutdesuite,ellescouchentavectoisupervite.Tuasmoinsd’effortàfaire

pourleschoper.– Mmm… hmm, dit Logan comme s’il était d’accord, mais je le connais depuis

suffisammentlongtempspourdétecterlesarcasmedanssavoix.–Bref,reprend-il,cettefilleest…c’estl’amourdemavie.Elleestintelligenteetdrôle,et

jeneconnaispersonnequiaitplusdecompassion.Ellepardonneauxgensmêmequandilsneleméritentpas.Elle…

–C’estunboncoup?demandePace.–Ouais,lemeilleur.MonDieu,j’ailesjouesenfeu.–Maislesexen’estquelacerisesurlegâteau.C’estlerestequicompteleplus.Ducoindel’œil,jevoisuneombrepasser.Jetournelatêteenm’attendantàvoirMorris

ouDaisy,maisj’ailesoufflecoupédevoirLogan.Ilestautéléphone,vêtud’unjeandélavéetde son blouson de hockey, et ses yeux bleus sont brillants de sincérité. Nos superbesanimateursleremarquentaussietlesdeuxretiennentleursouffleavecuncriaigu.

–Attends,onparlaitàJohnLogan?s’exclameEvelyn.–Attends,tuparlesdeGretchen?s’exclamePaceennousregardanttouràtour.

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–Non, je parle deGrace, dit Logan enme souriant à travers la glace.Grace ElizabethIvers.Lafemmequej’aime.

Jenesaispassijedoismeleverdemonfauteuiletcrier«Jet’aimeaussi!»oubienmecacher sous mon bureau. Ce genre de situation me fait flipper. Si j’avais une caped’invisibilité,jelamettraisparcequejedétesteêtreaucentredel’attention.

Toutefois,jenepeuxquitterLogandesyeux.Jenerespireplus,jenebougeplusetjenepenseplusàrienendehorsdufaitqu’ilm’aime.

–Bref,jevaisraccrochermaintenant,dit-ilauxanimateurs.Jecroisquejepeuxgérerlasuite.

La ligne est coupée et je panique en regardant les lumières qui clignotent. Merde,l’émission est toujours à l’antenne, je suis censée mettre en ligne l’auditeur suivant.Heureusement,Morrisseprécipitedansmacabine.

–Va-t’en,ordonne-t-il,jegèrelasuite.–Tuessûr?–C’étaitprévu,répond-ilensouriant.Àtonavis,quiafiltrél’appel,Gretch?demande-t-

ilendésignantlaporte.Va-t’en.Iln’apasbesoindemeleredire.JecoursdehorsetjemejettedanslesbrasdeLogan.–Jen’arrivepasàcroirequetuaiesfaitça!– Jeme suisditqu’il fallaitque je fasseungrandgeste romantiquequi teprouverait à

quelpointjeregrettedem’êtrecomportécommeundébile.Jereculeetjepenchelatêtepourplongermonregarddanslesien.– Tu as raison de te sentir débile. J’ai toujours du mal à croire ce que tu as dit. J’ai

l’intentiondenejamaisrompreavectoi,Logan.– Tant mieux, parce que je ne vais jamais rompre avec toi, moi non plus, dit-il en

caressanttendrementmajoue.D’ailleurs,jesaisquejevaist’épouser,unjour.–Quoi?jem’exclameenécarquillantlesyeux.–Unjour,répète-t-il.Jesuissérieux,Grace.Jeveuxqueçadure.Ilteresteencoredeux

ansàBriar.JeseraiàMunsen,maisjeprometsquejeviendraitevoirdèsquejepourrai.Toutmontempslibreserapourtoi.Jesuisàtoi.

Jedéglutispourravalerl’émotionquimenouelagorge.–TupensaisvraimentcequetuasditàPace?–Quoi,quejet’aime?Jehochelatête.–Jepensaistoutcequej’aidit,mabelle.L’andernier,Hannahaessayédemedécrirece

qu’étaitl’amour.Elleaditquec’étaitcommesitoncœurdébordaitd’émotionsetquequandtuaimesquelqu’un, tuasplusbesoinde luiquedenourritureoud’oxygène.C’est ceque jeressenspourtoi.J’aibesoindetoi,Grace.Jenesupportepasl’idéedenepasêtreavectoi.Tu

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es la dernière personne à qui je pense avant de m’endormir et la première à qui je pensequandj’ouvrelesyeux.Tuesl’amourdemavie,mabelle.

Sadéclarationmetoucheprofondément,maisjenepeuxm’empêcherdeleregarderavectristesse.

–Mais, à propos de ce que tu as dit tout à l’heure… de ton avenir, que tu allais êtremisérableetquetuallaisdétestertavie…Jeneveuxpasqueçaarrive,Logan.Jeneveuxpasquetusoispleindehaineetd’amertume,et…

Sesdoigtstremblentsurmajoue.– Ce ne sera pas le cas. Je ferais tout pour ne pas être comme ça. Ça va être affreux,

Grace,onlesaittouslesdeux,maisjeprometsquejemebattraipourqueçanemedétruisepas. Que ça ne nous détruise pas. Et ce ne sera pas pour toujours, ajoute-t-il d’une voixtremblante. C’est seulement jusqu’à ce que Jeff revienne et qu’il reprenne les rênes. J’auraisansdoutel’impressiondemarcherdansuntunnel,maisjesauraiqu’ilyalalumièreaubout.Et tant que tu seras avecmoi, il y aura aussi de la lumière dans le tunnel. Sans toi, ce neseraitqueténèbres.

J’éclatederireetilaimmédiatementl’airvexé.–Tutrouvesçadrôle?– Non, je me disais juste que c’était dommage que tu n’aies pas mis tout ça dans ton

poème.Ilsourittimidement.–Çat’aplu?–J’aiadoré,Johnny.Jet’aime.Sonsourires’étend.–Mêmesijemesuiscomportécommeunabruti?–Ouaip.–Mêmesi jevaisprobablementencoremecomportercommeunabrutidans le futur?

Parce que je ne peux pas promettre que ce ne sera pas le cas. Apparemment je suis un casdésespérélorsqu’ils’agitderelationsamoureuses.

–Non,tunel’espas,jedisenmemettantsurlapointedespiedspourl’embrassersurlajoue.Tuesunpeumaladroit, c’estvrai,mais tuesaussiétonnammentdouépour lesgestesromantiques.Alorssitufaisdenouveaufoirerleschoses,jesuissûreàquatre-vingt-dixpourcentquetupourrasmereconquérir.

–Seulementquatre-vingt-dixpourcent?–Ehben,çadépenddecequetu fais.Si tuprovoquesunedisputecommeaujourd’hui,

alorsçaira,c’estcertain.Maissiunjourjedescendsàlacaveetquejedécouvreunetanièredeserialkiller?Jenepeuxrientepromettre.

– Mon Dieu, c’est quoi cette obsession pour les tueurs en série ? s’exclame-t-il ensouriant.Eh,çadevraitêtretaspécialité,leprofilagedescriminels!

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Cen’estpasunemauvaiseidéeça.J’yréfléchiraiplustard.–J’aiunequestion,j’annonceenpassantmesbrasautourdesoncou.–Jet’écoute,répond-ilalorsquesonregards’illumine.–Onpeuts’embrasser,maintenant,outuvasencoreramper?–Çadépend,tuveuxquejecontinuederamper?–Non,moijeveuxça.J’empoigne sa tête pour m’emparer de sa bouche. C’est un baiser magique, comme

toujourslorsquenoussommesensemble.–Jet’aime,Johnny,jemurmurecontreseslèvres.Sonrirechatouillemabouchelorsqu’ill’effleureensouriant.–Jet’aimeaussi,mabelle.

1.RéférenceàunfilmavecJimCarreyetJeffDanielsdontlespersonnagesprincipauxsontaussidébilesl’unquel’autre.

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35

Logan

Lorsque je me réveille le lendemain matin, Grace est blottie contre moi, et c’est lameilleuresensationaumonde.Elleadormichezmoihiersoiretnoussommesrestésdeboutjusqu’à quatre heures dumatin, alternant conversations, câlins et sexe. Cela n’a plus rien àvoiravec le sexedans lequel jeme suisnoyédepuisque j’ai commencé la fac.Le sexeavecGraceauneimportance,avecellejenemesenspasvide.Jesuispleind’émotionsquejen’aijamaisressentiesauparavant.

Gracegigotedansmesbrasetjejoueavecunemèchedesescheveux.–Bonjour,dit-elleenbâillant.–Bonjour.–Ilestquelleheure?–Dixheuresetdemie.–Oh,tuasratél’entraînement?–Non,c’estdansquelquesheures.–Ah,tantmieux.Ons’estcouchésbeaucouptroptardhiersoir.Elleselèveetparcourtlachambreàlarecherchedesesvêtements.Jesouris,parceque

c’est à causedemoique sonpantalonest sur la commodeet que sa culotte endentelle estroulée en boule de l’autre côté de la chambre. Apparemment, çam’excite de ramper à sespieds.

–ÇategênesiMorrisetDaisyviennentaumatchdemain?demande-t-elleenenfilantsaculotte.

Jemeperdsenregardantseslonguesjambessoyeusesetjesuissidistraitquej’aioubliéqu’ellem’aposéunequestion.Monsexe se lève sous lesdraps, commes’il essayaitd’attirersonattention.Ellesoupireenremarquantlatentedresséesurlelit.

–Sansrire,tunepensesvraimentqu’àça?

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–Engros,oui, jedisen jouantdes sourcils.Pourquoi tu t’habilles?Tunepréfèrespasvenirt’asseoirsurmoi?

Ellelèvelesyeuxauciel.–Biensûr,situveuxquejetefassepipidessus.J’ouvrelaboucheetellelèvelamainpourmefairetaire.–Etjet’interdisdedirequet’aimescegenredetrucparcequ’ilesthorsdequestionque

j’intègrel’urinedansnotreviesexuelle.Jeroulesurlecôtéenéclatantderire.–Détends-toi,c’estvraimentpasmontruc.–Dieumerci,répondGraceensoupirant.Lorsqu’elleestpartie,jesorsdulitàcontrecœuretj’enfileunjogging.Jecroisquejevais

luiproposerunénormepetit-déj typiquementaméricain.Aprèsnosébatsd’hiersoir, je rêved’uneénormeassiettedebacon,d’œufsbrouilléset…et lecoachmetuerasi jemepointeàl’entraînementendormiparuneoverdosedegraisse.Le régimeàsuivredurant la saisonestvraimentunetorture,parfois.

Je fais les centpasenattendant le retourdeGraceparcequemaintenantc’estmoiquimeursd’enviedepisser.Lasonneriedemontéléphoneestunbonmoyend’oubliermavessietroppleine.Cependant, lorsque lenomdemonfrères’affichesur l’écran,mabonnehumeurmatinaledisparaît.

–Salut,ditJeff.Tupeuxpasser,aujourd’hui?– J’ai entraînement à treize heures trente, mec, je réponds en essayant de ne pas

soupirer.–Alors,viensmaintenant.Çaneprendrapaslongtemps.–Qu’est-cequineprendrapaslongtemps,aujuste?–Aucuneidée.Papaditqu’ilaquelquechosed’importantànousdire,maisilneveutpas

medonnerdedétails.Martymeremplaceaugarage,alorsramènetes fesses. Iln’yenapaspourlongtemps.

Lorsque je raccroche, je suis encoreplus inquiet. Il aquelque chosed’importantànousdire ?Qu’est-ce que ça peut être ?Onn’a pas eude réunionde famille depuis…onn’en ajamaiseu,enfait.Papanes’estjamaisassisavecnouspournousparlerdequoiquecesoit.

JefroncetoujourslessourcilslorsqueGracerevient,etelles’inquièteimmédiatement.–Toutvabien?–Monpèreveutnousparler,àJeffetmoi,aujourd’hui,jedisensecouantlatête.–Aujourd’hui?Maistuasentraînement.–Iladitqueceneseraitpaslong.Ilveutnousdirequelquechose.–Vousdirequoi?–Jenesaispas.Gracerestesilencieuseunmoment.

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–Tuveuxquejevienneavectoi?Jesuistouchéparsaproposition,maisjedoisrefuser.–Jenepensepasqu’ilvoudraquequelqu’und’autresoitlà.– C’est évident, bêta. Mais je peux t’attendre dans la voiture, comme ça si c’est une

mauvaisenouvelle,tuaurasquelqu’unàquienparlersurletrajetduretour.J’hésite,jenesuispassûrdevouloircourirlerisquequeGracerencontremonpère.En

mêmetemps,jen’aipasenvied’êtreseul.–D’accord, je réponds.Mais seulement si tu restesdans la voiture. Jene saispasdans

quelétatilseraquandj’arriverai.Noussommestouslesdeuxsilencieuxlorsquenouspartonsdechezmoiunquartd’heure

plustard,etlecielorageuxestparfaitementadaptéànotrehumeur.PlusnousapprochonsdeMunsen,plusjesuisnerveux,etlorsquejemegaredansl’allée

quimèneaubungalow,jesuissistresséquej’enailanausée.–Jereviensvite,jedisàGraceenl’embrassantsurlajoue.–Prendstontemps,dit-elleenouvrantsonsacpourensortirunlivredecours.J’aidela

lecture,alorsnetedépêchepaspourmoi,d’accord?–D’accord,jerépondsensoupirant.Uneminuteplus tard, jepasse laportede lamaisonsans frapperet jegrimace lorsque

l’odeurrancedelabièrem’enveloppe.C’estcommesilesmursdelamaisonétaientimbibésd’alcool,libérantlentementleurodeurâcredansl’airambiant.

–John?Onestdanslacuisine.Je garde mes chaussures, une habitude d’enfance, j’ai marché dans beaucoup trop de

flaquesettrempémeschaussettesbientropdefoisdanscettemaison.Jesaisquec’estsérieuxdèsquej’aipassélaportedelacuisine.Jeffetpapasontassisà

lavieilletableenchêne,faceàface.Jeffboituncafé,monpèreuneBudLight.–Johnny,assieds-toi,ditpapa.La bière n’est pas un signe prometteur,mais aumoins il a l’air relativement sobre. Et

quandjedissobre,jeveuxdirepasévanouidansuneflaquedevomi.Jem’assiedssansdireunmot,j’étudielevisagedepapaetj’attends.J’étudielevisagede

Jeffetj’attends.–ChadJensenestvenumevoir,hier.Jetournebrusquementlatêteversmonpère.–Quoi?Tuessérieux?Pourquoilecoachviendraitparleràmonpère?Papahochelatête.–Ilaappeléetilademandés’ilpouvaitvenirdiscuter.J’aiditbiensûr,pourquoipas,il

estpasséhiersoir.Jesuistoujourssouslechoc.CoachJensenestvenuàMunsenpourparleràmonpère?

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–Jen’étaispasaucourant,sedépêchededireJeff.J’étaischezKyliequandilestvenu.Papanemel’aditquecematin.

–Qu’est-cequ’ilvoulait?Lesjouesdepapasecreusentcommes’ilgrinçaitdesdents.–Ilvoulaitparlerdessolutionspossibles.–Dessolutionsàquoi?–Pour l’anprochain,dit-il enplongeant son regarddans lemien. Ilm’aassuréqu’ilne

voulaitpasmemanquerderespect,qu’ilcomprenaitquel’accidentavaitétédifficilepourmoietmafamilleetaussipourquoij’avaisbesoindetoiaugaragequandtuaurasfinilafac.Maisilespéraitqu’onpourraittrouverunmoyenpourquetupuissesjouerauhockeyl’anprochaintoutencontinuantd’aidertafamille.

Mespoingssefermentdecolère.Jesaisquelecoachavoulubienfaire,maisbonsang!–Ilm’aaussidemandépourquoijen’avaispasdepensiond’invaliditésilesconséquences

demonaccidentétaientgravesaupointdem’empêcherdetravailler.CefoutuJensen,ilacomplètementdépasséleslimites!– Ton coach ne sait pas que je suis un ivrogne, n’est-ce pas ? marmonne papa en

regardantsesmains.– Non, je réponds. Je lui ai juste parlé de l’accident. Et c’est seulement parce que je

voulaisqu’ilarrêtedemeharcelerpourmerendreéligibleàlasélectiondespros.Papameregardedenouveaudanslesyeux.–Tuauraisdûmedirequetunet’inscrivaispas.–Pourquoi,çaauraitchangéquoi?–Ç’auraittoutchangé,crache-t-il.C’étaitdéjàhorribledemeréveillerl’autrematin,avec

des sous-vêtements propres, bordé dansmon lit comme un putain de gamin, conscient quec’estmonfilsdevingtetunansquim’yamis,pendantquemonautre filsgèremonaffaireparceque jesuis tropbourrépour le fairemoi-même.Etmaintenant j’apprendsqueturatesl’occasiondejouerpourlesputainsdeBruinspourpouvoirt’occuperdemoi?

Ilrespirelourdementetsesmainstremblentsifortquesabouteilledebièreestprêteàtomber.Il laporteàsaboucheetenboitunegorgéerapideavantdelareposerviolemmentsurlatable.

Jeffetmoinousregardons,nousavonslamêmeréactionlorsquenousvoyonspapaboire.– Bon sang, ne me regardez pas comme ça. Il faut que je boive un peu parce que la

dernièrefoisquej’aiarrêtéd’uncoup,j’aifiniauxurgencesavecunesyncope.JeretiensmarespirationetJeffenfaitdemême.Papanousregardetouràtouravantde

nousparlerd’unevoixdésespérée.–Jeretourneencurededésintox.Nousn’avonspasderéaction.

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– Je suis sérieux. J’ai parlé à quelqu’un au centre où j’étais la dernière fois, et j’aidemandéàêtremissurlalisted’attente,maisilsm’ontditqu’uneplacevenaitdeselibérer.Siçan’estpasdel’interventiondivine,jenesaispascequec’est.

Mon frère et moi restons silencieux. Nous avons entendu ce discours trop de foisauparavantetnousavonsapprisànepasnousfairetropd’espoir.

Papaparaîtsentirnosdoutes.–Çamarchera,cettefois-ci.Jevaism’enassurer,déclare-t-ilavecplusdeconviction.–Combiendetempsdureleprogramme?demandeJeff.–Sixmois.–C’estsilongqueça?jem’exclame.–Avecmesantécédents,ilspensentquec’estlameilleuresolution.–Enpensioncomplète?–Ouais.Ladétoxduredeuxsemaines.Putain,ilnemetardepas,dit-ilavantdesecouer

la tête commepour se ressaisir.Mais je vais le faire. Je vais le faire, et çamarchera.Voussavezpourquoi?Parceque je suisvotrepère,dit-ild’unairhonteux,etquemesgaminsnedevraientpasavoiràs’occuperdemoi.C’estmoiquidevraism’occuperdevous.Tunedevraispasrenonceràtesrêvesàcausedemoi,medit-il,ettoinonplus,Jeff.

–C’estbienbeau,ditJeffd’unevoixlasse.Maisqu’est-cequetufaisdugarage?Mêmesituréussisàrestersobre,tunepourraspastravailleràcausedetesjambes.Tupeuxt’occuperdelapaperasse,maispasdelamécanique.

–Jevaisdemanderunepensionpourinvalidité,répondpapa,etjevaisvendrelegarage.Monfrèren’apasl’airraviparlanouvelle.Quantàmoi,jesuisencorechoquépartoutle

reste.– Kylie etmoi ne partons que pour deux ans, râle Jeff. Je veux travailler ici quand je

reviens.–Danscecas, j’embaucheraiquelqu’un jusqu’àcequetusoisprêtàrevenir.Maiscene

serapastonfrère,Jeff.Etceneserapastoi,situneleveuxpas,dit-ilenreculantsachaiseetenselevant.Jesaisquevousavezdéjàentenducediscours,etjesaisqu’ilvousfautplusquequelquespromessespourvousprouverquejesuissérieux.

Iln’apastort.– Le centre passeme prendre dans une heure, annonce-t-il brusquement. Je dois aller

fairemavalise.Jeffetmoinousdévisageonsdenouveau.Putain,ilvavraimentencurededésintox.– Je nem’attends pas à un câlin d’adieu,mais ce serait sympa que vousm’appeliez de

tempsentempspourmedirecommentvousallez.Onparleradugaragequandj’auraifinimesbagages,dit-ilàJeff.Jenesaispass’ilvautmieuxqu’onfermependantmonabsenceousituveuxresterencoreunpeu,maissionferme, j’apprécieraisquetufinisses lescommandesdecettesemaine.

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Monfrèresembleabasourdi,maisilparvientàhocherlatête.–Ettoi…ditmonpèreenmeregardantdroitdanslesyeux.Tuasintérêtàtepointerà

cetentraînementdesProvidence.Jensenm’aditquec’étaituneépreuvedesélection,alorsnefouspastoutenl’air.

Jesuisrestésilencieuxsilongtempsquej’aidumalàtrouvermavoix.–Promis.–Tantmieux.Tumeraconterastoutdansdeuxsemaines.Vousn’aurezpasdenouvelles

demoiavantça,paspendantladétox,dit-ild’unevoixrauque.Maintenantva-t’en,John.Tonfrèreaditquetuavaisdestrucsàfaire.Jeff,onseparledansquelquesminutes.

Iltournelestalonsetnousentendonssespasclaudiquantdanslecouloirquimèneàsachambre.Unefoisdeplus,nousnousregardonslonguement.

–Tucroisqu’ilestsérieux?demandeJeff.–Ondirait, jerépondsmêmesidevieuxdoutesrefontsurface.Tucroisqu’ilarriveraà

restersobre,cettefois-ci?–Putain,j’espèrequeoui.Ouais,moiaussi.Maisilm’adéçutropdefoisparlepassé.J’aidéjàcrusespromesseset

sa prétendue détermination, et le cynique enmoi pense que nous aurons de nouveau cetteconversationdansunanoudeuxans,oucinqans.Peut-êtrequ’il sera sobre,qu’il reviendradanssixmoisetqu’ilrecommenceraàboire,etpeut-êtrepas.

Quoiqu’ilensoit,jesuislibre.J’en prends enfin conscience et j’en ai le vertige. Je n’habiterai pas ici en mai. Je ne

travaillerai pas ici. Papa aura une pension d’invalidité, le garage sera vendu ou géré parquelqu’unjusqu’àcequeJeffrevienne,etmoijeserailibre.

Jemeprécipitedebout,faisantsursautermonfrère.–Fautquej’yaille.Macopinem’attenddanslavoiture.–Tuasunecopine?s’exclame-t-il.–Ouais,jetelaprésenteraiunautrejour.Fautvraimentquej’yaille.–John…dit-ilalorsquej’atteinslaportedelacuisine.–Ouais?–TumedonnerasunmaillotdédicacéquandtujoueraspourlesBruins?Jesourisjusqu’auxoreilles.–Bienévidemment.Aumomentoùjesorsdelacuisine,j’entendsmonfrèreéclaterderire.Depuisleporche,

jevoisGracedanslepick-up, lespiedssur letableaudebord, lenezdanssonbouquin.Elledoitmevoirducoindel’œilparcequ’ellelèvelatête.Jedoisencoresourirecommeunidiotparcequ’unsouriresexysedessinesurseslèvres.

Je dévale les escaliers du porche et jemarche à la voiture d’un pas rapide. Le ciel estencoreanthracite,lesarbressontsecouésparleventetlesnuagesformentunemasseépaisse

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au-dessusdematête,maismonavenirnem’ajamaisparuaussilumineux.

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Épilogue

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Deuxansplustard

Waouh.LalogeVIPauTDGarden1estsupra-chic.Lorsquejemepenchepourbalayerlapatinoireduregard,j’ail’impressiond’êtreunereinesurveillantsonroyaume.Desmilliersdefans de hockey surexcités crient sur leur siège, formant un océan de visages aux couleursnoiresetjaunesquiestparfoisrompuparlebleuetblancdesfansdesSharks 2.

–C’estintense!chuchoteHannahdansmonoreille.Jesaisqu’elleessaiedenepasêtreentendueparlesfemmesàquelquesmètresdenous,

qui se sont déjàmoquées de notre statut de nouvelles. C’est la première saison de Logan àBoston. Il a joué avec les Providencependantun an jusqu’à ce que lesBruinsdécident qu’ilétaitprêt.

Quant à Garrett, c’est sa deuxième saison, la première a été phénoménale. Je pensaisqu’Hannahseraithabituéeauboutd’unan,maisellem’aavoué,lorsqu’onnousaccompagnaità notre loge, qu’elle s’asseyait dans les loges du club, l’an dernier, parce qu’elle était tropintimidéepourveniricitouteseule.

Nousn’avonspascessédenousémerveillerdepuisquenoussommesarrivées.Àchaquefois, les autres personnes présentes ont tourné la tête en direction de nos ooooh et nosaaaaah:lebarprivédel’autrecôtédelapièce;lebuffetgastronomiquesurleplandetravailengranit ; les sièges ; lavue.Aucundétailnenousa laissées insensibles. J’espèrequenousapprendronsànouscalmerunefoisquenousauronsassistéàquelquesmatchs,maisjenesaispassijem’habitueraiunjouràcegenredeluxe.

– Une part demoi s’attend à ce que la sécurité nousmette dehors, je réponds à voixbasse.Jenemesuisjamaissentieaussipeuàmaplace.

–Moinonplus,répond-elleenriant.Maisjesuissûrequ’onfinirapars’yfaire.Ses yeux verts se posent sur la patinoire en contrebas, où les joueurs s’échauffent

toujours,etjesaisl’instantoùellerepèreGarrett,parcequetoutsonvisages’illumine.Jesupposequ’ildoitm’arriverlamêmechosequandjeregardeLogan.

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–Tucroisqu’ilsvontavoirbeaucoupdetempsdejeu?demande-t-elle.–Logan…probablementpas.MaisGarrett,oui.LuietLukovétaientdevéritablesatouts

pourl’équipe,l’andernier.JesourisenpensantàShaneLukov.Quandjel’airencontréenpersonnepourlapremière

fois,cetété,ilapassédixminutesàmetaquineràproposdusoutienqu’ilaapportéàLogan,endisantquec’étaitgrâceàluiquenousétionsensemble.

–Bon,ilfautquejeteposeunequestion,ettun’aspasledroitdemementir,chuchoteHannah. Est-ce que tu aimes vraiment le hockey,maintenant, ou c’est juste ce que tu dis àLogan?

Jeserrelesdentspourm’empêcherderire.–Ehbien…jenedétestepasça,etjenetrouveplusçaaussiennuyeuxqu’avant,mais…

jepréfèretoujourslefootball.Hannahricane,maislafemmequis’assiedàcôtédemoinetrouvepascelaaussidrôle.–Honteàtoi,GraceIvers,grondelamèredeLogan.Jepensaisquenousavionsréussià

teconvertir.–Désolée,Jeanine,pasencore.Ellesoupire.–Dommage,maisle«pasencore»medonnedel’espoir.Çaveutdirequ’onpeutencore

teprouverquetuastort.Hannahetmoiéclatonsderire.J’adorelamèredeLogan.Elleestdouceetdrôle,et lesoutienqu’elleapporteàsesfils

est incroyable. En revanche, sonmari est l’homme lemoins intéressant que j’aie rencontré,maisilprendtellementsoindeJeaninequejesuisforcéedel’aimer.

Pour être honnête, je commence à apprécier le père de Logan aussi. Cela fait presquedeux ans qu’il est sobre, et il a l’air déterminé à le rester. J’ai parfois dumal à croire quel’homme charmant que j’ai appris à connaître est l’ivrogne que Logan devait ramasser parterre.

ÉtantdonnéqueJeaninerefusederevoirWard,lesparentsdeLogansesontmisd’accordpour assister à sesmatchs à tour de rôle. Lamême règle s’applique lorsqu’ils veulent venircheznous.Notreappartementestsituéàmi-cheminentreHastingsetBostonafinquechacundenous n’ait qu’unedemi-heure de route. Lorsque j’auraimondiplôme, à la fin de l’année,nousdéménageronsàBoston.GarrettetHannahyhabitentdéjà,dansunemagnifiquemaisontypiquementbostoniennequej’aiaidéHannahàdécorer.

– C’est tellement bizarre, dit Hannah en souriant. Garrett m’a dit que lui et Loganparlaientde jouerensemblepour lesBruinsdepuis leurpremièreannéedefac.Àcroirequeparfoislesrêvespeuventdevenirréalité.

Je suis son regard et je souris lorsque je vois l’homme que j’aime survoler la patinoiresousleshurlementsdelafoule,vêtudumaillotqu’iladore.

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–Ouais,jechuchote,c’estdingue.

1.SalleomnisportdeBoston.

2.ÉquipedehockeydeSanJosé,enCalifornie.

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Remerciements

Une des choses que je préfère dans le processus d’écriture, c’est l’interaction avec despersonnesgéniales.Àchaquenouveaulivre,jerencontredenouvellespersonnesetjemefaisde nouveaux amis. Jamais je ne pourrai les remercier assez pour leur soutien, leur aide etleursencouragements.

AuxdamesdeTheLockerRoom : Kristen, Sarina,Monica etCora.Mesdiscussions avecvousétaientlemeilleurmomentdelajournée!Merciauxmembresgéniauxdugroupepourm’avoirfaitrire,pourm’avoirfaitdécouvrirdenouveauxlivresetpourlesphotosd’athlètessuper-sexy!

Merci aux premières lectrices, Viv, Jane, Sarina et Kristen, pour m’avoir aidée àconstruireLogan.

UnénormemerciàViv,lameilleureamiedontunenanapeutrêver.Merci à la merveilleuse et terriblement patiente Zoe York pour m’avoir tenu la main

duranttoutelapartiebusinessdel’aventure.À Nicole Snyder, mon amie, mon assistante, et celle qui m’a sauvé la vie – tu es la

meilleure!À la merveilleuse Katy Evans, pour tes encouragements sans fin, ton enthousiasme

contagieuxetpourm’avoirtoujoursfaitsourire!Àmonéditrice,GwenHayesetmarelectriceSharonMuha–voussavezdéjàcombienje

vousaime!ÀSarahHansen(OkayCreations)pourlasublimecouverture.ÀmonagentNinaBocci–jenesaispascommentj’auraissurvécusanstoi.À tous les blogueurs et critiques quim’ont aidéepour la couverture, qui ont postédes

critiquesetquiont vantéma sérieà tous ceuxqui voulaientbien les écouter –merci, vousêtesgéniaux.

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À tous mes lecteurs, votre passion et votre enthousiasme pour cette série sont super-touchants.Jevousaime!

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Àproposdel’auteur

Auteurdebest-sellersduNewYorkTimes,deUSAToday etduWallStreet Journal,ElleKennedy a grandi en périphérie de Toronto, dans l’Ontario, et elle détient une licence delittératuredelaYorkUniversity.Elleasudèssonplusjeuneâgequ’ellevoulaitêtreécrivain,etellecommence lapoursuitedesonrêveà l’adolescence.Elleaime leshéroïnes fortes, leshérossexy,etqueleschosessoientjusteassezcroustillantespourquecesoitintéressant.

Elle adore avoir des retours de ses lecteurs. Jetez un œil à son site Internetwww.ellekennedy.com ou inscrivez-vous à sa newsletter pour recevoir des infos concernantses prochains livres ainsi que des extraits exclusifs. Vous pouvez également la trouver surFacebookoulasuivresurTwitter(@ElleKennedy).