Centres Anciens

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Centres anciens,

modles de ville durable29 & 30 novembre 2007

NARBONNE

Centres anciens, modles de ville durable29 & 30 novembre 2007

NARBONNE

RemerciementsCe sminaire a t organis par lAssociation nationale des Villes et Pays dart et dhistoire et des Villes secteurs sauvegards et protgs, en partenariat avec la Ville de Narbonne et la Caisse des Dpts, et avec le soutien technique de lAgence nationale de lhabitat et du Corum (Chambre des oprateurs du renouvellement urbain majeur).

LANVPAH et VSSP remercie : la Caisse des Dpts Tous les membres du groupe de travail qui se sont runis plusieurs reprises pour prparer le contenu de ces rencontres : Irne BENARD (maire-adjointe, Narbonne) Frdrique CALVANUS (directrice adjointe de lurbanisme, Bayonne) Jacky CRUCHON (directeur de lurbanisme, Bayonne) Jean-Michel GALLEY (charg de mission, ANVPAH & VSSP) Amandine GUINDET (charge de mission, ANVPAH & VSSP) Louis HENRY (architecte, direction du dveloppement territorial et des rseaux, Caisse des dpts) Jacques MAGNY (chef de projet, direction du dveloppement territorial et des rseaux, Caisse des dpts) Patrice MILLET (directeur des services, Narbonne) Claudette MONGE (chef de projet, direction du dveloppement territorial et des rseaux, Caisse des dpts) Jean-Marc NATALI (Directeur gnral, URBANIS) Marylise ORTIZ (directrice, ANVPAH & VSSP) Muriel PERRIN (charge de mission, ANVPAH & VSSP) Christian QUEFFELEC (architecte, Conseil gnral des ponts et chausses) Myriam SIRVENTON (directrice de la culture, Narbonne) La Ville de Narbonne qui a accueilli le sminaire, en particulier Michel MOYNIER et Irne BENARD ainsi que les services urbanisme et culture qui ont contribu au bon droulement des rencontres : Myriam SIRVENTON (directrice de la culture) et son quipe Mireille FRANC (animatrice de larchitecture et du patrimoine) Mariline ETERO (directrice de loffice du tourisme) et son quipe Jean-Antoine LAPENA (directeur de lurbanisme)

Publi avec le soutien de la Caisse des Dpts Transcription des textes : socit UBIQUS Relecture des textes : Marylise ORTIZ, Muriel PERRIN Graphisme et mise en page : Cline COLLAUD Parution : novembre 2009

Sommaire8 OUVERTURE DES RENCONTRES MICHEL MOYNIER, maire de Narbonne MARYLISE ORTIZ, directrice de lAssociation nationale des Villes et Pays dart et dhistoire et des Villes secteurs sauvegards et protgs (ANVPAH & VSSP) PIERRE FROMENT, dlgu rgional de la Caisse des Dpts Languedoc-Roussillon 14 14 EN QUOI LES OPAH DE RENOUVELLEMENT URBAIN DPASSENT LA SIMPLE QUESTION DU LOGEMENT ? De limportance des centres anciens pour un amnagement durable du territoire LAURENT GIROMETTI, directeur technique et juridique, Agence nationale de lhabitat LES CENTRES ANCIENS, MODLES DE VILLE DURABLE : LE CENTRE ET LE BTI ANCIENS AU FILTRE DU DVELOPPEMENT DURABLE Les centres anciens, modles de ville durable ? Les critres du dveloppement durable appliqus la ville ancienne CHRISTIAN-NOL QUEFFELEC, architecte, Conseil gnral des Ponts et Chausses La valeur patrimoniale : contrainte ou atout LORENZO DIEZ, architecte des btiments de France, chef du SDAP Meurthe et Moselle Compte-rendu de ltude les freins et les obstacles la rhabilitation : la place de la morphologie urbaine ralise par lAnah et la Caisse des Dpts JEAN-MARC NATALI, directeur gnral dURBANIS Dbat avec la salle LE PARC ANCIEN EST-IL ENCORE APTE SATISFAIRE NOS MODES DHABITER ? Introduction : adapter ou normaliser ? JACKY CRUCHON, directeur de lurbanisme de Bayonne Le bti ancien face au dfi environnemental ? Introduction : comment aborder la question nergtique en centre ancien ? MICHEL MAINDRAULT, chef du service habitat et ville, direction rgionale de lquipement Languedoc-Roussillon tat des lieux des besoins en matire thermique, perspective sur lhabitat existant NICOLAS JEANNERET, charg de mission, service des tudes, de la prospective et de lvaluation de lAnah Patrimoine et usage contemporain dans lhabitat JEAN-BERNARD CREMNITZER, architecte, professeur lcole nationale suprieure darchitecture de Normandie La question des matriaux MARIA LOPEZ-DIAZ, architecte, enseignante lcole nationale suprieure darchitecture de Normandie, charge de mission au service des tudes, de la prospective et de lvaluation (SEPE) de lAnah Lexprience de Grenoble : lOPATB des grands boulevards CATHERINE VENTURINI, directrice de la rhabilitation et du patrimoine urbain de Grenoble Le bti ancien face au dfi nergtique, analyse de la performance thermique des btiments du centre historique de Bayonne FRDRIQUE CALVANUS, directrice adjointe de lurbanisme de Bayonne Lexprience sur le bti en milieu rural JEAN-LOUIS PAULET, directeur du conseil darchitecture, durbanisme et denvironnement, CAUE du Gers Limplication des professionnels PATRICK ISSALY, prsident de la CAPEB Languedoc-Roussillon MARIE-FRANCE PAULY, ingnieur des btiments de France, SDAP Aude Des exemples venus dailleurs LOUIS HENRY, architecte, Caisse des Dpts Dbat avec la salle 196 133 133 129 124 124 LE CENTRE ANCIEN FACE AU DFI SOCIAL : MIXIT SOCIALE, GNRATIONNELLE ET DES REVENUS Lexprience de Dieppe Hubert VERGNORY, maire-adjoint lurbanisme de Dieppe Philippe MAYLIN, Socit dconomie mixte de lagglomration Dieppoise (SEMAD) Lexprience de Perpignan NATHALIE SICARD, charge de mission de la Socit damnagement foncire et urbaine de Perpignan SAFU LOPRATION GLOBALE DE RENOUVELLEMENT URBAIN DU CENTRE-VILLE DE LIMOGES Cur de Limoges JEAN-GRARD DIDIERRE, directeur des programmes du renouvellement urbain du centre-ville de Limoges, prsident du Club des Managers de centre-ville Dbat avec la salle LES NOUVEAUX MODES DE GESTION URBAINE Introduction BERNADETTE SCHMITT, maire de Saintes (propos recueillis) Parcs et jardins : lexemple de gestion raisonne Bordeaux ANAS MORERE, ingnieur en horticulture et paysage, charge de mission de la gestion raisonne des espaces verts de Bordeaux Chane de propret JOL ROY, directeur du service exploitation de Grenoble Collecte des dchets : lexemple de Narbonne BRUNO MARTIN, ingnieur commercial Envac France Gestion de lclairage urbain, comment mettre en valeur la ville toute en conomisant de lnergie : lexemple du projet NumeLiTe Albi GEORGES ZISSIS, Laboratoire plasma et conversion dnergie (LAPLACE), universit Toulouse III ACCESSIBILIT, GESTION DES FLUX ET CONFLITS DUSAGE Introduction : enjeux et perspectives de la gestion des flux JEAN-CHARLES POUTCHY-TIXIER, charg de mission, conseil gnral des Ponts et chausses Figeac : le rseau de transport public en commun CHANTAL BERGES, maire-adjointe au patrimoine de Figeac, Ville de Figeac Saint-Quentin : plan de dplacement urbain ALEXIS GRANDIN, maire-adjoint de Saint-Quentin La Rochelle : accessibilit aux commerces, le dernier kilomtre, amnagement de la voirie MARYLISE FLEURET-PAGNOUX, maire-adjointe lurbanisme de La Rochelle ALAIN GOUX, directeur de lurbanisme de La Rochelle Troyes : quelques exemples de requalification de lespace public JEAN-PIERRE GYEJACQUOT, directeur gnral adjoint, ple espace public de Troyes Narbonne et lautopartage ANGE MANDELLI, maire-adjoint lenvironnement de Narbonne CONCLUSION MICHEL MOYNIER, maire de Narbonne JEAN ROUGER, vice-prsident de lANVPAH & VSSP PIERRE FROMENT, directeur rgional Caisse des Dpts Languedoc-Roussillon Liste des participants

18 18

142 144 144 146

62 68

72 78 78 81 81

158 163 167

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115 121

9Ouverture des rencontres

Centres anciens, modles de ville durableOuverture des rencontres

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MICHEL MOYNIER ------------------- Maire de Narbonne>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>

Lactualit impose de sinterroger sur les enjeux du dveloppement durable en centre historique. Il est aujourdhui primordial de dvelopper des dmarches pour faire des centres anciens des modles de ville durable. Lors du Grenelle de lEnvironnement a t souleve la question de savoir si lurbanisme devait tre rattach au Ministre de la culture et de la communication ou au Ministre de lcologie, du dveloppement et de lamnagement durables. Il a finalement t dcid que lurbanisme resterait attach au Ministre de la culture et de la communication. En tant quancien adjoint la culture et au patrimoine et passionn par lenvironnement , cette question me surprend, et nanmoins elle tmoigne dun dbat important : est-il possible de concilier le dveloppement durable et la restauration du patrimoine, dintroduire des notions de dveloppement durable lintrieur des villes secteurs sauvegards ou des villes dart et dhistoire ? Pour rpondre ces questions, il est indispensable danalyser la situation actuelle, particulirement pour les secteurs protgs. Narbonne, comme dautres villes, connat des problmes de circulation. Il est essentiel de sinterroger sur la place de la voiture dans

la ville quil reste impossible dinterdire, sur ladaptation et ladaptabilit la circulation des villes qui ont t construites lpoque antique ou mdivale, cest--dire une poque o la voiture nexistait pas, ainsi que sur les conditions et la qualit de vie en centre ancien offertes une population vieillissante. Il devient urgent daborder ces problmatiques lies la circulation en centre-ville de faon transversale. Il en va de mme sur dautres problmatiques du dveloppement durable, telle que lnergie. Notre rencontre se tient dans une salle mdivale, qui a t entirement restaure, et qui soulve pleinement cette question de lnergie, notamment en terme disolation et de chauffage. Dans un tel btiment, il est impossible dinstaller des capteurs photovoltaques en faade, et de poser des isolants sur les pierres anciennes. La restauration, notamment de btiments publics, oblige travailler sur les mthodes pour adapter les btiments trs anciens aux conditions de vie du XXIe sicle. Le problme de leau et de lassainissement se pose galement. Comme dans les nouvelles constructions, la gestion de leau, des dchets et des boues constitue des problmatiques majeures dans les secteurs anciens. A Narbonne, un systme de collecte des dchets par aspiration, log lintrieur des gouts romains, a t mis en place. Cette technique du XXIe sicle permet de rduire les nuisances sonores et olfactives lies la collecte des dchets ; mais elle nest pas applicable partout. Le stockage des dchets est aussi une question importante. Certains systmes proposent une containerisation enfouie des dchets. En outre, il serait judicieux de se demander quel intrt porter aux communs dans les

btiments anciens. En effet, la gestion collective devrait permettre une diminution des charges, et ainsi une compensation de la flambe de limmobilier dans le bti ancien comme dans le neuf. Par ailleurs la question de la dpendance nergtique doit tre pose. Celle-ci peut tre examine de plusieurs manires. Il ne serait pas pertinent de dployer certaines solutions de faon systmatique : par exemple, il nest pas judicieux dinstaller des capteurs photovoltaques ou des oliennes sur tous les toits anciens de Narbonne, chaque btiment doit tre tudi de faon y adapter la solution qui lui correspond. Le Palais des Arts et du Travail, datant de 1936, a ainsi t dot de capteurs solaires, aprs acceptation par lArchitecte des Monuments historiques et lArchitecte des Btiments de France. Dans dautres cas, des techniques diffrentes peuvent tre utilises, comme la gothermie. Il a t dcid de traiter la question de lnergie pour le nouvel Office du Tourisme et le nouveau Centre dInterprtation de lArchitecture et du Patrimoine avec cette technique : une pompe chaleur gothermique a t installe. Leau puise en sous-sol apporte un rafrachissement lt et un rchauffement lhiver. Ce type de dispositif peut tre install en cur de ville. La Ville de Narbonne tudie linstallation dun tel systme dans lhorreum romain qui circule dans le quartier de Bourg. Un tel dispositif permettrait dliminer dfinitivement les climatiseurs puisque la temprature y est de 14C toute lanne. Il existe donc des rponses en matire dnergie renouvelable qui peuvent tre trs rapidement mises en place.

10Patrimoine et espaces urbains

11Ouverture des rencontres

Selon un vieux proverbe arigeois, la meilleure faon dconomiser est de ne pas dpenser. Soyons simples et mettons en application ds maintenant ce proverbe. Ds demain, il serait possible de raliser 20 % dconomie en eau et en nergie en utilisant des petites technologies adaptables lintrieur de tous les btiments. Par ailleurs il convient de rappeler que lesprit de consommation nous a apport 25 ans desprance de vie en un sicle. Il faut donc faire vivre quatre gnrations en cur de ville. Une rflexion sur les services de proximit doit tre mene afin de dvelopper la dimension intergnrationnelle de notre socit. Comment rhabiliter les btiments publics anciens et leur redonner un usage ? La Ville de Narbonne a ralis plusieurs oprations de rhabilitation. La salle du Palais des Archevques a t restaure de faon accueillir des confrences, des conseils municipaux, des runions, etc. 72 Banques de France ont t fermes : 11 ont t restaures par les pouvoirs publics - par exemple, les anciens locaux de la Banque de France accueillent dsormais la Communaut dAgglomration - ; les autres ont t rachetes par des promoteurs. La Maison Renaissance, situe en cur de ville, est devenue un centre maternel pour jeunes mamans. Il est essentiel de restaurer le patrimoine, lui redonner vie tout en permettant aux citoyens de mieux comprendre ce quil est et comment il volue. Il serait judicieux de se demander comment bien vivre et quelles sont les qualits rsidentielles offertes en cur de ville, constitu dun bti riche. Cette problmatique est lie la question de la sant. Les questions tech-

niques doivent tre traites au regard des enjeux poss par les problmes de sant : comment restaurer un habitat ancien pour offrir une qualit de vie exceptionnelle ? Il faudrait choisir des matriaux anti-allergognes, anticancrignes ; il faudrait une qualit de lair exemplaire (chaud, froid, ventilation). Dune manire gnrale, il est ncessaire de mener des dmarches prospectives en prenant en compte les questions humanistes, sans se polariser uniquement sur les questions techniques.

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MARYLISE ORTIZ -------------------- Directrice de lAssociationnationale des Villes et Pays dart et dhistoire et des Villes secteurs sauvegards et protgs (ANVPAH & VSSP) -------------------------->>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>

LAssociation nationale des Villes et Pays dart et dhistoire et des villes secteurs sauvegards et protgs rassemble les villes et territoires engags dans des politiques de protection et de valorisation du patrimoine ambitieuses, et qui souhaitent partager leurs interrogations et leurs expriences sur les politiques de protection et de valorisation du patrimoine. Elle dveloppe notamment des programmes pour accompagner les collectivits face aux enjeux poss par le dveloppement durable et les conomies dnergies. Notre rseau sappuie pour cela sur un partenariat avec la Caisse des Dpts, pour travailler sur le renouvellement urbain et la valorisation patrimoniale des centres anciens et la qualification des acteurs pour optimiser lintervention publique en quartiers anciens. Cette collaboration est prcieuse et je remercie vivement la Caisse des Dpts pour son engagement nos cts dans les dfis poss aux collectivits par le dveloppement durable. Ce partenariat sest largi lAgence nationale de lhabitat et au Corum (Club des Oprateurs du Renouvellement Urbain Majeur en quartiers anciens) qui ont soutenu notre rseau dans cette initiative, permettant ainsi douvrir les espaces dchanges existants aux lus et techniciens des collectivits.

Je remercie la Ville de Narbonne, implique dans un processus ambitieux de ville durable, qui sest investie dans les travaux mens par lAssociation et qui nous accueille aujourdhui dans ce lieu prestigieux. Le sminaire patrimoine et qualit rsidentielle ; centres anciens modles de ville durable est laboutissement de plusieurs ateliers de travail regroupant lus, techniciens et oprateurs qui ont chang rflexions et exprimentations sur le thme Patrimoine, cadre de vie et dveloppement durable . Ces rencontres marquent une nouvelle tape dans les travaux de lAssociation. Vritables laboratoires dexprimentations sur les problmatiques de dveloppement durable pour les centres anciens et le bti patrimonial, elles tmoignent de lintrt des villes, des services de lEtat et des oprateurs, de faire merger des initiatives innovantes et des pistes de travail ambitieuses pour que les centres anciens poursuivent leur trajectoire de dveloppement durable et deviennent de vritables modles de ville durable. Nous avons souhait mettre laccent sur la notion de ville durable. Les villes de notre

12Patrimoine et espaces urbains

13Ouverture des rencontres

rseau ont des centres anciens et sont engages dans des dmarches favorisant lamnagement durable du cadre de vie. Ces deux journes permettront de restituer plusieurs de ces initiatives prises en faveur du patrimoine et du dveloppement durable (problmatiques nergtiques, prservation des milieux), de la mixit sociale et des fonctions en centre ville, de la qualit urbaine et rsidentielle (logement dans le centre ancien, confort urbain, gestion urbaine de proximit...). Elles visent galement prsenter les travaux mens par les experts et les structures spcialistes. Des actions ont t menes en la matire, mais elles sont encore peu nombreuses dans les centres anciens. Il est urgent de travailler sur les problmatiques de dveloppement durable pour les centres anciens et le bti patrimonial. Ce sujet est pineux, il est ncessaire de trouver des solutions adaptes qui permettent la fois la prservation du bti ancien tout en assurant une relle qualit de vie, une mixit sociale et une mobilit satisfaisante. Puissent ces rencontres permettre de faire merger de nouvelles orientations de travail qui seront exploites en 2008, donner lieu de nouvelles propositions et renforcer lengagement des collectivits dans de nouvelles oprations durables sur le cadre de vie. Ces rencontres ouvrent un grand chantier pour notre rseau, qui poursuivra ses travaux, en associant villes, architectes, ingnieurs, artisans, experts et scientifiques, lAnah, Architectes des Btiments de France, Architectes des Monuments historiques, etc.

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PIERRE FROMENT --------------------------------------------------------------------------- Dlgu rgional de la Caisse des Dpts Languedoc-Roussillon ------------------------------------------------>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>

La Caisse des Dpts, en tant quinstitution financire, est porteuse de missions dintrt gnral. Deux dentre elles semblent ne souffrir daucune ambigut : la ville et le dveloppement durable. Depuis environ 15 ans, la Caisse des Dpts accompagne les initiatives prises pour amliorer le fonctionnement nergtique carbone de notre socit, enjeu dsormais reconnu par la socit franaise. Depuis 50 ans, la Caisse des Dpts et ses filiales travaillent sur la ville. Au dbut, elle a surtout travaill sur les quartiers nouveaux et les quartiers dhabitat social quelle a contribus crer. Au fur et mesure que les besoins des populations ont volu, la Caisse des Dpts a dvelopp des programmes pour les centres-villes. Nous essayons dsormais de travailler aux cts des collectivits locales, car les dispositifs existant dans les quartiers nouveaux ont besoin dtre amliors. Au-del de lintrt que nous portons ce thme, la lgitimit de notre prsence tient au fait dune part que la Caisse des Dpts est capable de raliser des mises en relation et dapporter des expriences varies, et dautre part que, par le biais de ses directions rgionales, elle est un capteur des besoins des collectivi-

ts locales, y compris en matire de centresvilles, de centres historiques et dhabitat ancien. Durant ces rencontres, nous pouvons ainsi tmoigner de faon modeste des transferts dexprience au cours de ces rencontres. En outre les Directions rgionales de la Caisse des Dpts ont pour rle dtre lcoute des besoins de la socit franaise, et dimaginer, avec tous les acteurs, comment accompagner les collectivits dans leur dmarche prospective en mobilisant des mcanismes financiers. Ces deux raisons expliquent lengagement de la Caisse des Dpts aux cts de lANVPAH & VSSP, et nous sommes trs heureux de cette collaboration, qui permet des changes trs intressants. Je souhaite que nos dbats soient riches et fructueux pour que nous repartions enrichis de projets et dides nouvelles.

15De limportance des centres anciens pour un amnagement durable du territoire

BEN QUOI LES OPAH DE RENOUVELLEMENT URBAIN DPASSENT LA SIMPLE QUESTION DU LOGEMENT ?// Loutil OPAH RU continue de monter en puissance puisque lon compte 82 OPAH RU en France en 2007 (contre 70 en 2006), notamment dans les rgions du pourtour mditerranen, le Nord-Pas-de-Calais et la rgion parisienne. 4 000 logements ont t aids au cours des dix premiers mois de 2007. Les subventions de lAnah distribues dans les OPAH RU reprsentent plus de 30 millions deuros. Entre janvier et octobre 2007, plus de 70 millions deuros de travaux ont t raliss dans le cadre des OPAH RU. // Pour comprendre en quoi il est important dagir, dans une OPAH RU, sur lensemble des leviers, et non sur lhabitat uniquement, je vous propose la grille de lecture suivante qui assimile la ville un ensemble de services destins ceux qui lhabitent, ceux qui y passent et ceux qui y travaillent. Les composantes de service sont les suivantes : Logement Transport / accs Espace public quipements publics Activit - notamment commerciale cult tout en prenant en compte les populations prsentes. Cela peut passer par la cration de logements sociaux. // Le redressement dun quartier ncessite tout dabord un diagnostic des diffrentes composantes de service, et une action sur celles qui prsentent un dysfonctionnement. Je vais maintenant vous prsenter quelques exemples de composantes.

14 ------------------- De limportance descentres anciens pour un amnagement durable du territoire ------------------------=========================================================

IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII 1. LESPACE PUBLIC Les travaux concernant les voiries, les trottoirs, les embellissements, lclairage, la recomposition urbaine, etc. constituent souvent le premier axe damlioration de limage du quartier. LOPAH RU est aussi loccasion de traiter la relation entre le logement et le fonctionnement urbain, travers des problmatiques de gestion de lespace public (gestion urbaine de proximit, propret, services urbains). Un travail sur les usages de lespace public (circulation, stationnement, lutte contre les usages dviants), qui constitue un vecteur important de limplication des habitants, est donc ncessaire. (cf. doc.1)

------///----- LAURENT GIROMETTI -----///----/ Directeur technique et juridique, Agence nationale de lhabitat /=========================================================> Dfinition / repre Une Opration programme damlioration de lhabitat de renouvellement urbain (OPAH RU), telle que dfinie par la circulaire du 8 novembre 2002, est un outil dintervention privilgie sur les quartiers anciens qui rencontrent des difficults importantes. Cet outil souple doit assembler plusieurs leviers (habitat, urbain, social, etc.). Les interventions sont principalement orientes sur lhabitat, et plus prcisment, lamlioration de la qualit technique des logements (confort, isolation, accessibilit), le reprage et le traitement de lhabitat indigne (insalubrit, risque pour la sant), la restructuration dimmeubles, lamlioration des typologies (adapter les logements un standard plus moderne tout en prservant leurs qualits patrimoniales), le traitement de coproprits en difficults, larticulation avec dautres procdures dintervention sur lhabitat (rsorption de lhabitat insalubre, restauration immobilire, etc.). Une OPAH RU est donc loccasion de traiter globalement un quartier. +++++++++++++++++++++++++++

// Un quartier en difficult est analys comme une offre de service inadapte ceux qui ont le choix dune implantation diffrente. Lenjeu de redressement du quartier est donc de faire en sorte quil redevienne un choix acceptable et plus seulement un choix contraint. // En matire de logement, cette rflexion est porteuse denjeux qui ne sont pas toujours simples cerner. Pour rpondre lenjeu de la mixit sociale, il convient dintervenir sur lhabitat pour redresser un quartier en diffi-

1 Amnagement de voierie Anah

16En quoi les OPAH de renouvellement urbain dpassent la simple question du logement ?

17De limportance des centres anciens pour un amnagement durable du territoire

IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII 2. LES QUIPEMENTS PUBLICS Dans ce domaine, les actions peuvent porter sur les quipements de proximit et de vie de quartier, comme les crches, les coles et les locaux associatifs. La question des quipements emblmatiques doit galement tre aborde, car elle est directement lie au rayonnement, au changement dimage, lattraction de nouveaux publics, la synergie avec les actions touristiques et / ou commerciales, et lintgration la vie du quartier. (cf. doc.2).

2 Projet et ralisation dun quipement commercial, centre commercial Cit-Europe Calais Socit Espace Expansion

IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII 3. ACTIVITS, COMMERCES ET PIEDS DIMMEUBLES La fonction commerciale constitue une problmatique assez riche et complexe, notamment lorsquon cherche revitaliser des quartiers anciens en difficult. La cl dentre dans la rflexion sur lactivit commerciale est souvent lie larticulation entre commerce et logement. Le commerce constitue une thmatique essentielle des problmatiques despace public, car il influence grandement la perception que lon peut avoir dun quartier ; en outre il constitue un lment trs important dune ville. (cf. doc.3). Un nombre croissant de collectivits dveloppe des actions volontaristes sur cette problmatique par des acquisitions, du reciblage, lintervention de socits dconomie mixte, de laide linstallation et aux travaux, etc. dans le but de dynamiser la fonction et de maintenir certains types de commerces prfrentiellement par rapport dautres.

Laide aux commerces ne peut tre apporte que de faon limite dans le temps. La fonction commerciale renvoie des rflexions plus larges, notamment sur les moteurs de ladite fonction. Ceux-ci sont multiples : Les clients daujourdhui et de demain habitants (dmographie, revenus, modes de vie) et passants Les fonctions prsentes aujourdhui et demain : habitat, activits, tourisme... Laccs aux commerces et le fonctionnement du quartier Lagrment de lenvironnement. Lorsquon veut traiter la problmatique commerciale sur un quartier, il convient de prendre en compte les interrogations suivantes, qui sont similaires celles qui gouvernent plus largement llaboration de laction sur un territoire. Pour qui : quels habitants et utilisateurs pour le quartier ? Quelles fonctions ? Quels usages, quel fonctionnement, quelles relations avec le reste de la ville ? Avec toutefois une diffrence importante : le temps du commerce est beaucoup plus court que celui de la transformation urbaine. Il en rsulte quune intervention commerciale

3 Immeuble avec commerce en RDC, avant et aprs restauration, rue Saint-Marthe Paris Anahmene de faon russie dans le cadre dun projet de revitalisation dun centre ancien doit permettre linstallation et/ou le maintien de commerces correspondant aux caractristiques vises du quartier moyen terme. Encore faut-il avoir bien dfini cette vision stratgique.

// Ces quelques considrations nous ramnent une question centrale, celle de linscription du dispositif de lOPAH RU, sous tous ses aspects, au sein dun projet densemble du territoire. LOPAH RU constitue bien une dclinaison oprationnelle et localise dune stratgie daction cohrente sur la ville. Cet outil doit donc rpondre des problmatiques identifies, avec des objectifs cibls, qui se traduisent dans une convention OPAH. Une OPAH RU peut tre un outil complmentaire des oprations majeures de recomposition urbaine. Dans ce cadre, limportance de ltude, de llaboration, de laffichage de la stratgie, de sa traduction dans des documents cadres (Plan local durbanisme, Plan local de lhabitat), de lobservation des volutions et de lvaluation des actions est primordiale. B

19Les critres du dveloppement durable appliqus la ville ancienne

BLES CENTRES ANCIENS, MODLE DE VILLE DURABLE : LE CENTRE ET LE BTI ANCIENS AU FILTRE DU DVELOPPEMENT DURABLEIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII I. ENVIRONNEMENT ET APPROCHES TECHNIQUES DE LA VILLE I.1. Forme urbaine et sant // La comprhension de lexistence dun rapport entre la ville et son environnement est survenue de longue date. Six cents ans avant lre chrtienne, Hippocrate, mdecin grec exerant sur lle de Cos, soutenait que sant et bien-tre taient lis un tat souhaitable dquilibre entre lorganisme humain et son environnement. Il expliquait les carts de sant, parfois importants, entre diffrentes populations du monde, par lexistence de certaines coutumes sociales et culturelles rgnant dans les domaines de lalimentation, lhabitat, le travail et les loisirs. La question du lieu et des conditions gographiques fut nouveau prise en compte dans la priode romaine. Dans son ouvrage De Architectura Libri Decem, datant de 27 avant lre chrtienne, larchitecte romain Vitruve mentionnait ces thmes comme critres dimplantation urbaine. Le sujet fut repris par les mdecins hyginistes du XVIIIe sicle qui sintressrent aux relations entre les climats, la maladie, la vie et la mort dans les villes et les campagnes. Ils furent les premiers formuler les critiques les plus vives contre lanarchie des trames urbaines et lirrationalit des villes issues des poques mdivales. // La ville a eu, souvent, maille partir avec la salubrit. A lpoque de la Rvolution industrielle, la situation tait catastrophique dans la plupart des grandes villes. La crise du logement a entran de la densit, de la promiscuit, des mauvaises conditions sanitaires renforces par lvacuation quasi-impossible des ordures. Les usines proches polluaient par leurs fumes, leurs eaux, leurs rsidus et accroissaient de leurs trafics, le trafic rsidentiel. En Angleterre, des officiers municipaux, des hommes dglises, surtout des mdecins et des hyginistes commencrent dnoncer ltat de dlabrement physique et moral dans lequel se trouvait le proltariat urbain. Sous leur pression, furent cres de nombreuses commissions royales denqutes sur lhygine, dont les travaux furent publis sous forme de Rapports au Parlement. Les travaux de la commission spciale prside par Chadwick (18381842), furent lorigine de la premire lgislation urbaine, marque par des proccupations hyginistes et sanitaires. Engels dans son ouvrage La situation de la classe laborieuse en Angleterre, publi en 1845, dcrivit largement les problmes du Manchester de lpoque, en sappuyant sur les dtudes des dcennies prcdentes. Lensemble de ces travaux provoqua une prise de conscience de lopinion publique et contribua la cration de la lgislation anglaise du travail et de lhabitat. // En France, les livres du docteur Gupin sur Nantes (1835), celui du docteur Villerm Tableau de ltat physique et moral des ouvriers dans les fabriques de coton, de laine et de soie (1840), un rapport de A.J. Blanqui (le frre du rvolutionnaire), jourent un rle semblable. Dans de nombreuses grandes villes, les conditions de logement laissaient dsirer. Le cholra entrana la mort de 18 402 personnes Paris en 1832, de 716 Bordeaux en 1854, autant Marseille en 1864. Deffroyables taudis furent la terre dlection de ces pidmies et chaque fois les quartiers populaires taient les plus prouvs. Aprs les mdecins, les crivains comme Balzac, Hugo, Zola dnoncrent les conditions de vie de la classe ouvrire et la prcarit de lhabitat.

18 ----------------- Les centres anciens,modles de ville durable ? //----------------------------- Les critres du dveloppement--------------------- durable appliqus la ville ancienne=========================================================

---------------- /// CHRISTIAN-NOL QUEFFELEC /// ------------------------------- Architecte, Conseil gnral des Ponts et Chausses=========================================================

Le concept de dveloppement durable est loccasion de remettre en cause de nombreuses pratiques dans le domaine de la construction et de lamnagement, du moins le pense t-on. Le prsent article montre que des problmes, autrefois ignors, sont effectivement pris en compte, cependant on nobserve plus de continuit avec des recherches antrieures quil ntait logique den attendre. Le concept de dveloppement durable naurait-il pas trouv ses moyens dexpression ? Il semble bien que les questions souleves nont pas encore suscit des transformations fondamentales de

lorganisation urbaine, tant ils dpendent de ltat desprit des populations et des dcideurs. Quelques changements apparaissent cependant, puisant, en matire durbanisme, leurs sources dans les travaux de nombreux prcurseurs, et des principes nouveaux concernant la gestion des villes se font jour, une volution et non une rvolution, qui saccorde bien au fait quil faut tenir compte de lexistant.

20Les centres anciens, modle de ville durable

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Les villes en terre bties autour des oasis, dans le sud du Maroc font partie de ces beaux exemples dtablissements humains, autonomes et fonctionnant en accord avec lenvironnement. Cependant, aujourdhui, elles ne rpondent plus que trs modestement aux besoins de la vie contemporaine, et comme toutes les productions humaines, elles sont confrontes des problmes de durabilit. Christian-Nol Queffelec

// On pensa longtemps que le cholra se propageait par les miasmes prsents dans lair avant que lon ne dcouvre que leau tait le vecteur de transmission et que cette infection intestinale aigu, trs contagieuse, tait due au vibrion cholrique, dcouverte de Koch en 1883. Il fallut un combat de longue lutte pour que les diles de la ville de Londres admettent que la propagation se faisait par les eaux uses et les eaux vannes qui venaient contaminer les puits alimentant en eau bon nombre de Londoniens et que les lus acceptent la construction dun rseau dgouts de grande taille qui allaient enfin assainir la ville. Par son obstination, lingnieur Lafarguette sauva ainsi la ville et ses habitants, l o von Pettencoffen Munich avait chou. // Cette lutte entreprise alors pour de meilleures conditions dhabitat et de meilleurs rseaux dassainissement est loin dtre acheve. Les rflexions et les diverses lois portant sur le logement dcent montrent encore toute son actualit, les centres anciens tant particulirement concerns, et la construction de stations dpuration reste faire pour de nombreuses grandes villes. I.2. clairement et ensoleillement // Les hyginistes de la fin du XIXe sicle, en rflchissant sur la forme de lhabitat lintrieur de villes comme Paris se sont rendus compte que limplantation avait un rle particulirement important sur lclairement des locaux, le rayonnement solaire et la ventilation. Ils ont galement pris conscience de toute limportance de lorientation du bti. Certains ont trouv peu favorables, dans les climats temprs, les deux orientations du nord et du sud : Chaleur excessive pendant quelques

mois du ct du midi ; froid et absence absolue de soleil, pendant les autres mois du ct du nord. Mais larchitecte auquel on livre un terrain nest pas matre de choisir lorientation convenable ses btiments, dans une ville o la place est souvent troite, o les entres sont commandes par les voies publiques. Sur ces points, il existait dautres prcurseurs. Un mdecin allemand, Christophe-Bernard Faust, exerant Buckeburg, fit le lien entre la sant des hommes et leur habitat. Il introduisit des considrations sur lensoleillement du logement dans des manuels dhygine, publis entre 1823-1830. Il fut entendu par un architecte munichois, Vorrherr, professeur lEcole royale des artisans du btiment Munich. Ds 1823, ce dernier sattacha dfendre lintrt dune implantation tourne vers le soleil et bnficiant de la lumire solaire. Un ingnieur, Anton von Camerloher, posa le problme en termes scientifiques et rdigea un trait Comment doit-on orienter les btiments isols et disposer les localits pour tenir compte de la lumire ? Il en donna quelques illustrations dans un texte de 1829 sur des rgles densoleillement. Dans son raisonnement intervenait la protection solaire pour les zones chaudes et la captation solaire pour les zones froides. Il se posa la question des ombres portes et de la distance entre des btiments principaux pour satisfaire la doctrine de lensoleillement optimal . Il analysa les dures densoleillement par jour durant les diverses priodes de lanne et en dduisait des rgles de distances en tudiant lombre des btiments et de la toiture. Cette faon doprer changeait la faon daborder le dessin des villes qui tait jusqualors abord sous langle de lembellissement, de la mise en valeur de perspectives. Par ses dessins, Camerloher introduisait les prin-

cipes de lurbanisation en range. Ces travaux inauguraient la manire de btir rationnelle qui se dveloppa, un sicle plus tard dans la Rpublique de Weimar, puis fut lun des principes tudis par les Congrs internationaux darchitecture moderne (CIAM). I.3. De lcologie lcologie urbaine // Le concept dcologie prit forme partir du XVIIIe sicle. Linn (1707-1778) avance alors une ide de lconomie de la nature et celle dun monde aux ressources limites qui influencera les thories de Lyell, Malthus et Darwin. Le principe du recyclage des lments constitutifs du vivant, associant les vgtaux et les animaux, est prsent dans les travaux de Lavoisier. La prise de conscience de la ncessit de conservation des biens de la nature apparat dans un texte de Jacques-Grard Milbert, Itinraire pittoresque du fleuve Hudson et des parties latrales de lAmrique du Nord, publi Paris en 1828. On y trouve les rflexions suivantes : Il est un point o dans chaque canton le dfrichement doit sarrter, si lon ne veut pas, en peu dannes, voir se succder

un pays verdoyant et fertile, une terre aride et dpouille. Or cette juste mesure dans les dfrichements, cest cet quilibre entre les parties donnes la culture, et celles laisses la grande vgtation, cest enfin cette conomie qui mnage avec prudence ce que la nature ne produit quavec le concours des sicles, que mconnaissent entirement les Amricains. Ce peuple... ne considre point que ces forts quil abat, principalement sur les hauteurs, sopposent limptuosit des vents qui ne sont dj que trop violents dans cette contre, quelles arrtent et fixent les nuages qui se distillent ensuite en rose sur elles-mmes, quelles sont la source fconde et intarissable de ces fontaines qui schappent de toutes les hauteurs et surgissent mme des plaines, enfin quelles sont une cause puissante de salubrit par les torrents doxygne quelles versent dans lair. Dans le mme champ, le gographe allemand Humbold (1769-1859) rappelle la relation premire entre le climat et la vgtation, et le chimiste allemand Liebig propose la notion de facteur limitant. > Dfinition / repre Le mot cologie, dorigine grecque, fut utilis par lcrivain amricain Henry David Thoreau en 1852, avant dtre propos en 1866 par le savant allemand E. H. Haeckel comme rapport du vivant et de son environnement. En 1905, Clments considra que lhomme faisait partie de ces rflexions et dclara que la sociologie tait lcologie dune espce animale particulire et se trouve ainsi en troite association avec lcologie des plantes. Le terme dcologie humaine fut introduit par le gographe amricain H. H. Barrows (1877-1960), qui a mis laccent sur limportance de la relation entre

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Plan : Welwyn (1919) fut la seconde cit inspire par Howard et sa thorie des cits jardins. Situe 21 miles au nord de Londres, elle tait prvue pour 40 000 habitants. Larchitecte, Louis de Soissons, sappuya sur les donnes morphologiques et paysagres du site pour concevoir son plan. Une organisation urbaine doit prendre en compte les capacits dvolution. Lorsque, aprs la seconde guerre mondiale Welwyn a t incorpore au programme de construction des villes nouvelles, satellites de Londres, la superficie des terrains destins lindustrie avait augment et un nouveau quartier stait localis lest du quartier industriel. Lindustrie se trouva alors, contrairement aux thses dHoward, entoure de quartiers rsidentiels. Archives Christian-Nol Queffelec Photo : Welwyn, le systme du clos servit de base lorganisation des maisons, mais Louis de Soissons en fit une interprtation qui le transforma en cul de sac, perdant la gradation entre public et priv. Il isola les maisons dans leur parcelle, ou les groupa deux par deux, ce qui laissait de larges transparences entre le devant et le derrire; il est noter que les habitants ont reconstitu depuis la continuit urbaine par

facteurs physiques et facteurs humains. Il proposa dintroduire dans la rflexion les consquences de lactivit humaine. Lide dappliquer cette approche la ville doit beaucoup Robert Ezra Park. Ce dernier publia en 1915 un article faisant date, La ville. Propositions de recherche sur le comportement humain en milieu urbain . Lors de la rdition de ce texte, il introduisit le terme dcologie urbaine qui sert tant de repre aujourdhui. Il considrait que la ville est implique dans les processus vitaux des gens qui la composent : cest un produit de la nature, et particulirement de la nature humaine . Il proposait ainsi une approche identique celle des sciences naturelles, tudiant les rapports entre lhabitat et les tres vivants qui sont lorigine de cette production. Aujourdhui, le terme dcologie dsigne la science qui tudie les conditions dexistence dun tre vivant et les rapports qui stablissent entre cet tre et son environnement, ou la protection de la nature, de lenvironnement.

des murets et des constructions annexes. Le clos rduisait le rle de la rue, nen faisant quun lieu de circulation mais Welwyn, il vint souvent en complment au groupement de maisons identiques le long de rues; il se transforma en place ferme intrieure llot. Archives Christian-Nol Queffelec

La notion moderne de protection de la nature (flore, faune, fleuves, ocans) relve directement de lcologie applique et des proccupations relatives lenvironnement humain (villes, milieu rural, etc.). +++++++++++++++++++++++++++ // Pour comprendre lextension de ce terme et la force si particulire quil acquiert dans tant de professions de foi, il faut en revenir ltymologie. Le mot grec oikos, dsigne la maisonne, lensemble de tous les habitants, de tous les animaux et de tous les btiments dun domaine ; il a donn naissance aux termes dconomie et dcologie. Lconomie signifiait la gestion, en bon pre de famille, de cette maisonne, avant de devenir la capacit bien combiner ressources et dpenses. Le terme oikos dsignait galement la science

tudiant le milieu des tres vivants, do va venir, partir des travaux de Haeckel, le concept dcologie. Dans lesprit de ceux qui lemploie, le terme dcologie est li une certaine vision du monde. Dans le contexte franais, il signifie environnement ou dsigne tout ce qui a trait au vivant : la faune, la flore, les lments, etc. Souvent, il dpasse cette approche naturaliste pour tre associ une certaine vision de lavenir de la plante et des rponses politiques aux questions actuelles. Il peut ainsi tre associ une attitude eugniste, visant conserver un quilibre naturel en rduisant la consommation des richesses de la Terre, une thique reposant sur lide de finitude et de raret du monde, et une vision particulire de lconomie mondiale semblable celle des tenants de la croissance zro. Cette approche sappuie sur la notion dcosystme, souvent prsent comme un ensemble cohrent dlments interconnects, capable de se reproduire indfiniment et de sautorguler, condition de ne pas tre perturb. Cependant, cette vision statique prsente un certain caractre dirralisme, dans la mesure o la plante connat un accroissement dmographique considrable et des transformations inexorables des socits humaines, autant de facteurs de dsquilibre. Il convient de prendre en compte ces changements pour les intgrer dans un programme daction rpondant aux besoins des habitants et la ncessaire protection de la plante. Cette approche tait dj celle de Strabon, dont le concept de oikoumen g, dsignait les terres peuples dhumains, et qui fut repris, au XXe sicle par le gographe Augustin Berque sous le nom dcoumne pour dsigner le vivant et lhumain. Il y a lieu aussi de remarquer que le terme de dmocratie, dmokratia en grec

vient de dmos, le territoire puis plus tard, le peuple, et de kratein commander. // Il nest donc pas tout fait tonnant que les trois termes dconomie, dcologie et de dmocratie en viennent sassocier pour composer la notion de dveloppement durable. Cette association se construisit pas pas. En 1957, Bertrand de Jouvenel introduisit lexpression dcologie politique ; en 1961, le pre LouisJoseph Lebret proposa le concept de dveloppement, repris, en 1981, par Franois Perroux, pour dfinir une action long terme. Franois Perroux considrait que le dveloppement la diffrence de la croissance, mle intimement lconomique, le social, lindividuel, le culturel et lcosystme . Cette dfinition possde tous les aspects ensuite attribus au dveloppement durable. Elle implique la

La vie idyllique dans la cit jardin des Lilas, une des quinze cits jardins franaises construites entre 1921 et 1939, autour de Paris ; les logements individuels y taient relativement nombreux.Archives Christian-Nol Queffelec

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recherche dun quilibre entre des objectifs contradictoires, des processus dfinis par des ajustements, des dbats, une volont politique qui valide les choix thiques que la socit doit effectuer sur les techniques, les lois et les droits, les modalits conomiques, etc., promouvoir . Ces ides vitaient de sparer lHomme et la Grande Nature. Lapport des plus optimistes fut de considrer lingniosit humaine, sciences et techniques, comme partie prenante des mcanismes de fonctionnement de la nature, et comme un moyen daction capable de favoriser un bon quilibre entre les tres humains et leur environnement. Un exemple particulirement frappant de relation entre lconomie et lcologie fut apport, en 1968, par le biologiste amricain Garret Hardin ; il publia dans la revue Science un article intitul La stratgie des biens communs , ( The Tragedy of the Commons ). Il y dcrit le mcanisme de destruction des ressources naturelles rsultant de la gratuit des prs communaux. Jusquau dbut du XVIIIe sicle, les villageois avaient un accs gratuit ces prs. Chacun avait intrt tirer parti de cette gratuit en menant la pture ses animaux ce qui provoqua lpuisement des sols. De telles conomies de prdation fonctionnent encore dans le monde contemporain. I.4. Environnement et dveloppement // Les questions souleves par les chercheurs furent intgres dans le dbat politique dans les annes 1970. Une confrence intergouvernementale, la premire du genre, sur Lutilisation et la conservation de la biosphre fut organise, en 1968, par lUnesco. En 1971, des conomistes du Nord et du Sud, se rencontrrent Founex, en Suisse, pour dbattre sur Lcodveloppement ; en 1980, une autre

Les parcs urbains, ouverts tous, sont une cration relativement rcente, apports par les hyginistes anglais du dbut du XIXe sicle. La gravure montre le parc des Buttes-Chaumont (1863-1867), un parc thme (lindustrie et le gnie civil), situ sur une ancienne carrire dont il assure la rintgration dans le fonctionnement urbain. On voit la Rotonde difie dans lle, appele aussi Temple de la Sibylle qui domine lensemble du parc. Archives Christian-Nol Queffelec

confrence, intitule Stratgie mondiale de la conservation : la conservation des ressources au service du dveloppement durable , eut lieu au mme endroit. > Textes rfrence Plus prcisment, en 1972 furent publis deux textes majeurs associant environnement et dveloppement. > Le rapport du Club de Rome, intitul Les limites de la croissance, voulait donner des rponses des travaux conduits avec le Massachusetts institute of technologies, sappuyant sur cinq tendances majeures apparues au niveau mondial : lacclration de lindustrialisation, la croissance rapide de la population, la malnutrition gnrale dans les pays en voie de dveloppement, lpuisement des ressources non renouvelables et la dtrioration de lenvironnement. Selon ce rapport, la poursuite de ces grandes tendances ne peut aboutir qu un seuil de croissance qui sera atteint dans les cent prochaines annes et qui devrait conduire un dclin soudain et incontrlable

de la population et des capacits industrielles. Le rapport prtend quil est possible de trouver une alternative ses tendances et dtablir des conditions de stabilit cologique et conomique qui soient durables (sustainable far into the future). Ltat global dquilibre serait atteint lorsque les besoins matriels de base seront satisfaits et quand chaque personne aura une chance gale de raliser son propre projet. On trouve ainsi pour la premire fois le terme de durable (sustainable, qui peut tre support dans la dure). > Toujours en 1972, la Confrence de Stockholm sur lenvironnement fut la premire sur ce thme. Elle permit aux participants de montrer lexistence dun lien entre condition de dveloppement et environnement ; elle aboutit au principe 13 de la dclaration finale, exigeant que le dveloppement soit compatible avec la ncessit de protger et damliorer lenvironnement dans lintrt des populations, un lment dune dclaration en vingt-six principes assortis de cent neuf recommandations, formant le texte fondateur en matire de droit international sur lenvironnement. Elle a conduit la cration du Programme des Nations unies sur lenvironnement (PNUE), qui joua un rle dimpulsion en matire de dveloppement durable. +++++++++++++++++++++++++++ > Dfinition / repre Lassociation des deux termes durable et environnement sustainable developpement intervient pour la premire fois dans un document de lUnion internationale de la conservation de la nature (UICN), La stratgie mondiale de la conservation (1980). Lexpression naissait quasiment en mme temps que le principe de responsabilit vis vis des g-

nrations futures, formul en 1979, par Hans Jonas (1903-1993), dans Le Principe responsabilit, une thique pour la civilisation technologique, exprim sous la forme dun des commandements suivants : Agis de faon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence dune vie authentiquement humaine sur terre . Agis de faon que les effets de ton action ne soient pas destructeurs pour la possibilit future dune telle vie. Ne compromets pas les conditions pour la survie indfinie de lhumanit sur terre. Inclus dans ton choix actuel lintgrit future de lhomme comme objet secondaire de ton vouloir. Il sagit dun prcepte moral, cest, selon Jonas, difficile, sinon impossible justifier, un axiome sans justification mais nanmoins qui doit primer dans la conduite humaine. Lexpression de dveloppement durable fut reprise, en 1987, dans un rapport de la Commission mondiale sur lenvironnement et le dveloppement des Nations Unies. Connu sous le nom de Rapport Brundtland (du nom de la prsidente de la Commission, Madame Gro Harlem Brundtland, premier ministre de Norvge), il contenait la dfinition suivante : Le dveloppement durable est celui qui rpond aux besoins du prsent sans compromettre la capacit des gnrations futures rpondre leurs propres besoins. Il sagissait l dune certaine mutation du concept puisque pour la premire fois les conditions sociales du dveloppement taient mentionnes. Sappuyant sur des tudes prospectives, ce rapport passait en revue toutes les grandes questions qui proccupaient lhumanit : la dmographie, laccroissement des ingalits, les ravages de lautomobile prive, le pril urbain,

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les menaces cologiques, les sources dnergie et leur utilisation. Il pointait les consquences quil tait logique de craindre : des ingalits sociales et des dsastres cologiques, le risque de guerre. Ce rapport, intitul Notre avenir tous, rdig par Madame Bruntland servit de base au Sommet de la Terre, qui sest tenu Rio en 1992. +++++++++++++++++++++++++++ I.5. Du concept loprationnel I.5.1 Accords partir de 1992, toujours sous limpulsion de lONU, la question du dveloppement durable commence tre aborde de manire oprationnelle par les tats. > Textes rfrence Au Sommet de la Terre Rio de Janeiro en 1992, le prambule du document oprationnel adopt, Action 21, confirme les objectifs gnraux partir dun constat : Nous assistons actuellement la perptuation des disparits entre les nations et lintrieur des nations, une aggravation de la pauvret, de la faim, de ltat de sant et de lanalphabtisme et la dtrioration continue des cosystmes dont nous sommes tributaires pour notre bien-tre. Mais si nous intgrons les questions denvironnement et de dveloppement et si nous accordons une plus grande attention ces questions, nous pourrons satisfaire les besoins fondamentaux, amliorer le niveau de vie pour tous, mieux protger et mieux grer les cosystmes et assurer un avenir plus sr et plus prospre. LHumanit doit pouvoir retrouver une vie saine et productive en harmonie avec la Nature . La dclaration finale du Sommet, nonce 27 principes qui dfinissent la manire dont les

tats doivent prendre en compte le dveloppement durable. Elle affirme le droit des tats exploiter leurs ressources naturelles et se dvelopper (principe 2 et 3) pour liminer la pauvret (principe 5), en tablissant que la protection de lenvironnement est partie prenante du processus de dveloppement (principe 4) et que la lutte contre la pauvret est une condition du dveloppement durable (principe 5). La responsabilit commune, mais diffrencie selon le niveau de dveloppement des Etats, relativement la situation de lenvironnement, est affirme (principe 7). Par ailleurs, la Dclaration enjoint les tats de prendre les mesures lgislatives ncessaires la protection contre lenvironnement, la prvention et la lutte contre les pollutions et les dgradations de lenvironnement (principes 8, 11, 13, 15, 17). Elle affirme la ncessit de la coopration et du partenariat entre les tats (principes 12, 14, 19, 18). Enfin la dclaration affirme le rle particulier des femmes, des jeunes et des populations autochtones (principes 20, 21, 22) et prconise la participation de tous les citoyens concerns comme la meilleure faon de traiter les questions denvironnement (principe 10). La Dclaration de Rio est complte par un document technique intitul Action 21 plus connu sous la dnomination Agenda 21 . Il dcrit en 40 chapitres lensemble des principes daction, des objectifs et des moyens qui doivent tre mis en uvre pour raliser un programme de dveloppement durable, en considrant tous les niveaux daction : tats, collectivits locales, communauts, etc. Il propose de retenir comme lignes directrices la solidarit dans le temps et dans lespace, ladoption dune approche globale et transversale de toutes les consquences des activits humaines sur la biosphre et sur les groupes

humains, la promotion de la participation des citoyens sous la forme dune dmocratie participative fonde sur une pratique du dbat public, ladoption du principe de prcaution et du principe de responsabilit et donc invite sinterroger sur la cohrence et la convergence des actions mises en uvre et notamment des actions publiques. +++++++++++++++++++++++++++ I.5.2. Et diffrences > Dfinition / repre Ainsi, le concept de dveloppement durable affiche des enjeux, une volont, une prise de position morale. Il correspond la volont de se doter dun nouveau projet de socit qui tente de remdier aux excs du mode de dveloppement en vigueur, dont il est ais de voir les consquences nfastes pour lavenir. Il affirme la ncessit de prserver le fonctionnement cologique de la plante, dconomiser ses ressources, dagir en respectant les gnrations futures et les populations les plus pauvres. Il se veut un processus conciliant lcologie, lconomique et le social, donc, respectueux des ressources naturelles et des cosystmes, garantissant lefficacit conomique sans perdre de vue les finalits sociales que sont la lutte contre la pauvret, les ingalits, lexclusion, en visant lquit. +++++++++++++++++++++++++++ // Il existe toutefois des points de vue divergents sur le rapport la nature. Lun des plus frquents consiste en faire une construction idale, notre chelle, dune dure ternelle et devant faire lobjet dune parfaite protection, comme le mrite tout patrimoine commun lhumanit. Il fait du monde un gigantesque parc naturel, destin tre transmis intact

aux gnrations futures. Les philosophies et religions de la nature font de cette dernire lorigine et le garant de valeurs morales qui doivent rgir lordre du monde. Cette conception, galement lorigine du principe de prcaution, oriente aujourdhui certaines expriences particulires, telle Biosphre II, dans lArizona. Il sagit dun fragment de territoire, isol et protg sous une serre, qui doit vivre sa vie de manire autonome. Certains scientifiques dnoncent le peu de rapport avec la ralit de cette vision idale, rappelant que la nature est depuis longtemps largement faonne par lhomme et que ltat du monde est tel quil faut intgrer les besoins gnrs par la population actuelle de la plante. Le dbat sur les organismes gntiquement modifis illustre ce propos. // Le concept de dveloppement durable englobe des notions plus vastes que celles contenues dans le terme dcologie, dfinie au XIXe sicle comme la science des relations entre les tres vivants et du monde qui les entoure, dfinition retranscrite aujourdhui comme la science des systmes complexes. Dans les annes 1970, les recherches portaient essentiellement sur ladaptation au climat et la matrise de lnergie. Pour sa part, lauteur du prsent article, publia dans les Cahiers du CSTB, une tude intitule Typologie de lhabitat bioclimatique , en 1982. Quelques maisons solaires furent ralises alors. Aujourdhui, ce thme des nergies renouvelables sest enrichi de recherches portant sur laugmentation rapide des nuisances lies lvolution des modes de vie (pollution sonore, dgradation de la qualit de lair et de leau, appauvrissement des ressources naturelles). Ces recherches visent examiner le cycle de vie du btiment, de lex-

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traction ou de la fabrication des matriaux leur destruction ou rcupration en fin de vie. Sont ainsi concerns lextraction des matriaux de construction, leur transformation, leur mode de transport (qui est plus ou moins polluant), la programmation et la conception, la propret du chantier, la dconstruction, le recyclage et, enfin, le devenir des dchets ultimes. Cette attitude invite examiner la question des performances sous un autre jour, en y intgrant la notion dobsolescence. IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII II. PRATIQUES INNOVANTES II.1. Quel avenir pour la ville clate ? // Dans les villes contemporaines, ces problmes de sant publique sont supposs rsolus. On verra quil nen est pas vraiment ainsi et que la ville peut encore poser des problmes de sant ses habitants. Mais, dautres questions, dune importance primordiale pour la vie des gens, ont galement surgi dans le domaine de lurbanisme ; il en est ainsi du fonctionnement conomique de la ville, avec ses effets sur les marchs immobiliers, la sgrgation urbaine, ltalement urbain, tout ce qui a trait au bon usage des sols et la rentabilisation des investissements. Les rapports entre la ville et la campagne sont aussi devenus des proccupations premires de la population, et par consquent des lus, ainsi que celui de la structure urbaine, dans un monde o lurbanisation ou la conurbation ont pris la place des villes, effaant leur fonction de sociabilit. Sous ces divers sujets se pose la question du rle de la forme et de la composition urbaine. La forme, et dans son expression primaire, lorganisation, a-t-elle voir avec la ville daujourdhui, en particulier, avec celle qui respecterait les

principes du dveloppement durable ? // La question des modes de composition sest naturellement pose au cours des dernires dcennies. Il est utile de voir si elle a surgi des pratiques innovantes, capables de servir de modles aux villes daujourdhui. Lexemple vint cette fois des pays de lEurope du Nord. Dans les annes 1950, les urbanistes de ces pays sinspirrent du courant des Cits jardins et dvelopprent le concept de villes-forts pour amnager leurs quartiers priphriques, prconisant une urbanisation diffuse au cur mme des forts. > tude de cas Les villes de Tapiola prs dHelsinki, Lambertseter prs dOslo, Vallingby prs de Stockholm furent imagines selon ces principes consistant insrer dans un paysage naturel des btiments, immeubles de collectifs ou grappes dindividuels. La nature servait de liant pour des dispositions inhabituelles en matire de composition urbaine. De grands espaces verts restaient prservs pour les habitants. En Finlande et au Danemark, nombreuses furent les oprations de maisons en bandes sur des parcelles de petites tailles (200 m2), destines des familles avec enfants, aux ressources modestes. Elles furent particulirement apprcies. Cependant, un urbanisme pars, tel quil fut mis en uvre Tapiola, consommait trop de terrains vierges et ne facilitait pas les rapports sociaux. Cette prise de conscience amena les dcideurs remettre lordre du jour les valeurs traditionnelles, lchelle humaine des vieilles cits, la souplesse de la construction en bois, les ruelles pitonnires et des systmes dhabitats groups autour de >

cours communes. Les questions de salubrit, de compacit, dadaptation au climat, de modes de construction et de matriaux recyclables, furent nouveau voques. La demande dhabitat individuel parut contraire aux valeurs environnementales et le concept de ville-fort fut remis en cause. II.2. Une rponse technique, une intervention sur les espaces de proximit > tudes de cas // En matire dcologie, une tentative modeste mais concernant lhabitat existant a t entreprise dans le quartier de Vesterbro Copenhague, au cours des annes 1990. Limplication trs forte des habitants a t un lment cl de la russite du programme. Les diverses actions entreprises portaient sur les conomies dnergie, lamnagement des espaces de proximit, la rcupration des eaux de pluie ; il sagissait de lamlioration du confort avec la cration de verrires ou bow-window, le renforcement de lisolation, la pose de panneaux photovoltaques en toitures, en faades de cages descalier ou entre deux faades audessus dune rue pour alimenter lclairage public, lamnagement de cours intrieures vertes, la cration de laveries cologiques communes, la pose de cuves enterres pour la rcupration de leau de pluie. Cette premire exprience contribua llaboration dune politique municipale en matire dcologie urbaine. // En Sude, un changement brutal dtat desprit se manifesta dans les annes 1980. Stockholm, ville clbre pour stre dveloppe sur un ensemble de quatorze lots, les pouvoirs publics ont admis, pendant >

trente ans, la destruction de quartiers datant des XVIIe et XVIIIe sicles pour btir des ensembles fonctionnels, faisant ainsi disparatre des btiments de caractre placs en centre-ville. La crise conomique des annes 1980, en entranant la fermeture dusines situes deux pas du centre, fut loccasion de remettre en cause ces pratiques. La mutation du milieu industriel, plus rapide quailleurs, vit lapparition dun nouveau type dentreprises travaillant dans les domaines des technologies de pointe, de la communication, de linformation, de laudiovisuel, et dont les besoins, en terme de flux de marchandise et dimages de marque, savraient bien diffrents de leurs prdcesseurs. Lattention lenvironnement devint une proccupation partage. Elle amena sinterroger sur lavenir de quartiers industriels de Hornsberg, Vrtan (le port principal de Stockholm), Liljeholmen et Hammarby particulirement bien situs, au contact de la mer et faible distance du centre. Ces zones sont devenues de plus en plus prises par la nouvelle conomie, les activits innovantes et lindustrie culturelle. Les anciens btiments industriels ont attir de jeunes gnrations dentrepreneurs qui dnonaient toutefois les carences du lieu, une circulation de camions trop intense et le manque despaces verts. Cependant, ces quartiers continuaient afficher, en 1990, par endroit, un taux de vacance de 50%. Pour contrer cette dsaffection vidente, la ville se lana dans une politique damnagement vigoureuse. Elle cra des espaces verts, planta des arbres, amnagea des pontons, construisit des quipements de scurit, des trottoirs, amliora la signalisation, favorisa les transports publics et >

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La ville nouvelle de Runcorn, situe 20 km au sud-est de Liverpool, fut conue en 1967, par larchitecte A. Ling. Elle a t prvue pour 100.000 habitants. Elle est conue partir dun transport en commun en site propre, suivant une rgle qui veut que la majorit des habitants soient moins de 5 minutes pied dun arrt dautobus. Archives Christian-Nol Queffelec

prconisa lembellissement des faades. Ces actions eurent des effets indniables, cependant, certains dcideurs prnaient aussi la dmolition de certaines zones pour librer des terrains et crer des quartiers dhabitation, dont Stockholm avait un urgent besoin. Ce constat fut lorigine du projet de Hammarby Sjstad. Cette le, situe au sud de la ville entre un des quartiers les plus anims de Stockholm et les premiers faubourgs, est entoure deau. Elle devait accueillir les jeux Olympiques de 2004. Stockholm nayant pas t retenue, il fut dcid dy btir 8 000 logements pour une population denviron 15 000 habitants, de maintenir ou de crer un nombre semblable demplois dans les domaines de la nouvelle conomie et de lenvironnement. Les initiateurs du projet voulaient crer en ce lieu un modle de ville respectant les rgles du dveloppement durable, et accueillant une forte densit de population. La protection de lenvironnement fut prise en compte tous les stades de lopration, la conception, la construction, la gestion future de la ville. La premire tape fut de dcontaminer les terrains. Ltude prliminaire citait comme objectif la rduction sensible des consommations deau et dnergie dans cette ville du futur. Lnergie devait provenir de sources renouvelables et si possible, tre assure localement. Le fonctionnement urbain devait se garder de toutes les nuisances, dont les nuisances sonores. Les concepteurs prvoyaient un transport en commun par tramway, rapide et silencieux, des liaisons avec le centre par ferry, bac et deux ponts, lun destin la circulation automobile, lautre, aux pistes pitonnes et cyclables. Dans la mesure du possible, les matriaux utiliss devaient tre recyclables. >

Lensemble du quartier devait fonctionner comme une boucle cologique. En matire dhabitat, une densit gale celle du centre fut retenue, mais le quartier devait disposer de nombre despaces verts, parcs et boulevards plants. Le cahier des charges tabli pour les constructeurs prvoyait une hauteur moyenne de quatre six tages prs du centre et de moins en moins leve audel. Il prconisait une architecture austre et simple, suivant les exemples du XIXe sicle, en matire de matriaux, lemploi de la pierre, du bois, du verre et lacier, et comme couleurs, le blanc ou des couleurs vives, le bleu, le rouge, le vert. Les logements devaient tre quips des dernires inventions dans les domaines de la domotique et des rseaux de communication. Le projet dmarra rapidement ; lanne 2000, 1 500 logements avaient dj t raliss. La Sude pensait que cette approche nouvelle de la question urbaine rpondait un besoin fondamental de la plante mais, quen outre, elle pouvait trouver preneur hors de ses frontires, devenant ainsi un domaine conomiquement porteur. Poursuivant dans cette voie, elle organisa, en 2001, prs de la ville de Malm, une exposition temporaire intitule The City of Tomorrow in the ecologically sustainable information and welfare society . Larchitecte en charge du plan masse, Klas Tham, choisit de dvelopper un urbanisme bas et continu, la manire des projets de Ralph Erskine. Il sappuya sur les caractristiques physiques du site et prit en compte la prsence dun fort vent douest dominant. Il imagina de longues promenades le long des plages et proximit du pont de resund reliant le Danemark la Sude, plaa des lignes durbanisation face >

la mer, dessina des sries de canaux pour servir de marina au sud. Il distingua des lieux de rencontre, de formes diverses, tantt intimes, tantt vastes, intgra de la vgtation. Des logements collectifs de cinq six niveaux, disposs le long des quais, limitaient lespace urbain et abritaient des vents douest le cur du quartier compos de logements intermdiaires de deux trois niveaux. Limplantation des btiments se dtournait des plans trams, en grille orthogonale, pour une disposition en apparence alatoire, donnant des perspectives courtes, des ambiances singulires et des changements dchelle. La compacit du bti visait rduire son impact sur le terrain, pour conomiser les ressources collectives et les infrastructures affrentes une ville : transports, quipements. Larchitecte a galement prvu un immeuble mixte, comprenant de lhabitat, des quipements, des bureaux de grande hauteur (45 niveaux) pour signaler la prsence de la ville, tel un phare. Malgr un urbanisme compact, le quartier prsentait trois parcs paysagers et de multiples jardins, prvus pour une vgtation sauvage rpondant lobjectif de biodiversit. Sur le plan du fonctionnement, les concepteurs voulaient promouvoir la marche ou le vlo, et privilgirent ce type de dplacements au dtriment de lautomobile. Sur le plan des besoins nergtiques, les dcideurs choisirent de dvelopper la production issue >

du traitement des dchets organiques (gaz) et des nergies renouvelables (soleil, vent, eau). Outre ces installations, ils favorisrent linstallation de rseaux dinformation et de tlcommunication. La ville ainsi imagine nest pas fondamentalement diffrente dautres projets plus anciens, voulant mettre en valeur les potentialits dun site et apporter lusager de lurbanit et du confort. Elle prsente cependant des amliorations dont la multiplicit modifie notablement lambiance et le fonctionnement. // LAllemagne sest lance dans des expriences du mme type. louest de Fribourg, les amnageurs de la cit Rieselfeld imposrent de fortes contraintes architecturales et techniques, des immeubles compacts de 3 5 tages au COS de 1,2, des btiments ne dpensant pas plus de 65 kWh/m/an avec une priorit pour lnergie solaire. Un pourcentage de 70% des btiments fut orient au sud ou sud-ouest. Les rues furent prvues larges pour rduire lombre porte, les fentres plus grandes au sud quau nord, des toits plats dessins pour accueillir des panneaux solaires, la circulation automobile limite 30 km/h et rendue inutile par la prsence dquipements et demplois tout proches, la proximit dun transport collectif associ aux cheminements pitonniers. Il sagissait de promouvoir la cit des trajets courts. Toutes les voiries de la cit Rieselfeld furent remblayes de 1,5 mtres, un dnivel servant enfouir partiellement les caves. La voirie secondaire fut situe derrire les immeubles pour servir de terrain de jeu, de desserte de garages et dappentis libres, lieu collectif et privatif la fois, rue jeu et vlo.

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II.3. La demande de nature > tude de cas En France, les expriences les plus notables concernant le rapport de la ville et de la nature furent conduites lors de la ralisation des villes nouvelles dans les annes 1970. Un peu plus tard, les grandes agglomrations lancrent des politiques damnagement de grands parcs en centre urbain, esprant ainsi remettre en cause la coupure traditionnelle ville-campagne, et la dcomposition en deux temps de la vie des citadins, la semaine dans un milieu hostile, et la fuite, le week-end, dans un environnement plus propice lindividu. Le lancement, en 1981, du concours international pour lamnagement du parc de la Villette fut loccasion de dfinir un nouveau concept de parc urbain, renouvelant le programme traditionnel du parc affect la promenade et au repos dans un paysage bucolique. Il convenait de donner aux diffrentes catgories de population un quipement qui rponde aux besoins des nouveaux citadins. // Cette attention plus grande au milieu vint aprs labandon des gratte-ciel jugs inhumains. Elle saccompagna dune rflexion sur les espaces de proximit et les problmes dentretien. Cette prise de conscience fut marque sur le plan institutionnel par la cration, fin 1984 dbut 1985, dune dlgation la Qualit de la vie mise en place au ministre de lEnvironnement. La notion durbanisme vgtale inspira de nombreux projets. > tude de cas Ainsi, en 2002, la Ville de Cernay, dans le Haut-Rhin, dcida damnager un parc de 12,5 hectares de part et dautre de la Thur et >

de sen servir comme espace majeur dune zone damnagement concert de 60 hectares. Rsolument urbain, il devait garder la mmoire du biotope originel de la plaine dAlsace et permettre, en outre, une gestion intelligente des crues. Il tait prvu que les eaux de ruissellement pourraient transformer le paysage par paliers, allant, dans la pluie millnaire, jusqu engloutir la totalit du parc. Dans des situations intermdiaires, le parc devrait se prsenter sous la forme dles relies entre elles sans interruption des liaisons. // Sur dautres sites, des concepteurs ont galement propos dautres principes dorganisation des plans masses, intgrant les cheminements pitons, les pistes cyclables et lcoulement des eaux de ruissellement des bassins versants, dsormais guids par des fosss en creux ou surlevs, servant de base lorganisation du paysage et du parcellaire. // Lquilibre dans la ville entre le minral et le vgtal est de plus en plus une revendication. Vgtaliser la ville, amnager des coules vertes, permet de rapprocher la nature des lieux de vie, de crer des liaisons, ne serait-ce que subjectives entre les espaces verts intra-muros et les forts ou les campagnes pri-urbaines toujours plus lointaines. Ce type dintervention rpond ltalement urbain, dune profondeur atteignant 30 60 kilomtres suivant la taille des agglomrations et qui se poursuit inexorablement. Paradoxalement, cet talement urbain est la consquence dun besoin de nature, qui contribue faire reculer la campagne, avec la construction de lotissements de maisons individuelles prs danciens bourgs ruraux ou le dveloppement

de quartiers nouveaux prenant possession de zones agricoles. Certains promoteurs constatent que ce retour de la nature est fondamental et quil incite remettre au got du jour la ville-parc ou la ville-jardin. Ils notent aussi le besoin de personnalisation et du logis, notamment par la prsence despaces naturels jusque dans les logements. Ils constatent cette double tendance qui consiste vouloir quitter les grandes villes pour tre au contact de la nature et dy revenir pour bnficier des services quoffre le cur des villes. En se lanant dans des grands travaux damnagement, certaines communauts urbaines ont compris que seule une amlioration de la qualit de vie intra-muros retiendrait les citadins, ou les ferait revenir. Et avec eux, pragmatisme oblige, les rentres fiscales indispensables leur dveloppement. De rcents sondages montrent que 38% des Franais recherchent la proximit despaces verts. Les sociologues se sont penchs sur le rle de la vgtation dans la ville. Ils ont ainsi distingu des fonctions sociales, pdagogiques, culturelles et affectives. La prsence despaces verts a un effet positif sur les rapports sociaux. Ils rappellent lexemple des jardins familiaux ou ouvriers, ces potagers crs dans les zones minires du Nord de la France dans les annes 1920. Ils constituaient alors, pour les ouvriers, une source de complment alimentaire. Aujourdhui redevenus en vogue, ils attirent un public plus jeune, constituant pour eux des espaces de loisir et de convivialit. Les amnageurs y voient un lment utile la requalification des cits. Les jardins ouvriers ressurgissent dans de nombreux espaces publics abandonns et font office de lieux de rencontres, de loisirs. Pour les plus jeunes, les jardins et les espaces verts sont utiliss par linstitution scolaire comme

laboratoires dtudes, supports linitiation cologique. Les coles les frquentent, les enfants y travaillent sur des projets. Les parcs sont connus et reconnus pour la fonction culturelle, ils sont aussi une vritable source dquilibre. Ils sont ainsi largement pris en compte dans les politiques municipales des grandes mtropoles.

IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII III. LE CONCEPT DE GESTION URBAINE DURABLE III.1. Le constat // lchelle mondiale, les grands problmes denvironnement sont dcrits sans complaisance. Dans Les racines historiques de notre crise cologique, datant de 1967, Lynn White Jr (1907-1987) faisait le tableau suivant : Vers 1285, la ville de Londres souffrait dj dun problme de smog d la combustion du carbone, mais lactuelle combustion des carburants fossiles menace, elle, daltrer la composition chimique de latmosphre du globe, avec des consquences que nous commenons seulement entrevoir. Si lon ajoute cela

La bonne gestion consiste prendre en compte les effets positifs et ngatifs de la nature. Cette photographie des inondations de Paris en Janvier 1910, rue Jean Goujon, rappel le cette rgle.Archives Christian-Nol Queffelec

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Montpellier, laqueduc des Arceaux. Au XVIIIe sicle, deux grands aqueducs furent lobjet dune grande admiration. Bti en lespace de douze ans, partir de 1753 et sur les plans de lingnieur Henri Pitot, laqueduc de Montpellier conduisait les eaux de la source de Saint-Clment jusqu la place Royale du Peyrou sur une distance de prs de 18 kilomtres : sa construction fut rendue possible par lextraordinaire persvrance de lintendant Guignard de Saint-Priest qui montra la capacit de la ville financer cette ralisation sans sendetter. Le second fut laqueduc de Lisbonne, sans conteste la construction la plus ambitieuse et le monument hydraulique le plus performant du XVIIIe sicle en Europe, dont la solidit lui valut dchapper la ruine lors du tremblement de terre de 1755. Archives Christian-Nol Queffelec

lexplosion dmographique, la prolifration cancreuse dune urbanisation anarchique, et maintenant la multiplication lchelle gologique des dpts dordures et des eaux uses, on voit clairement quen dehors de lhomme, aucune crature na jamais souill son habitat avec autant de rapidit. En 2002, la dclaration finale de la confrence de Johannesburg nonce le mme constat : Lenvironnement mondial demeure fragile. Lappauvrissement de la diversit biologique se poursuit ; les ressources halieutiques continuent de diminuer ; la dsertification progresse dans les terres nagure fertiles ; les effets prjudiciables du changement climatique sont dj vidents ; les catastrophes naturelles sont de plus en plus frquentes et dvastatrices, les pays en dveloppement de plus en plus vulnrables et la pollution de lair, de leau et du milieu marin empche des millions dindividus daccder un niveau de vie correct. // Le constat prcdent est bien connu des autorits europennes qui se sont intresses, depuis plusieurs dcennies, lapplication des principes du dveloppement durable lurbanisme. Ces instances ont constitu plusieurs groupes de travail pour dgager ce qui pourrait tre une politique pour demain, en tudiant le plus souvent les effets grande chelle de lurbanisation. Elles rappellent

que 80% des citoyens europens vivent dans des zones urbaines, l o les effets de nombreux problmes environnementaux se font le plus sentir : le bruit, la mauvaise qualit de lair, le mauvais entretien de lespace bti, la mauvaise gestion environnementale, sont lorigine de problmes sanitaires et nuisent la qualit de la vie. Elles constatent laccroissement de la pollution, du taux dozone, et la contribution essentielle de la ville lmission de gaz effet de serre. Elles notent aussi les effets de la dgradation du cadre de vie et de la congestion urbaine sur lactivit conomique. Elles insistent sur la disparition des terres agricoles au contact des zones urbanises et la destruction despaces de grande qualit environnementale. Les premires tudes entreprises montrent de nombreuses tendances ngatives : une augmentation de lutilisation de lautomobile, une dcroissance de la part des transports en commun dans les dplacements, une utilisation plus ou moins efficace des sols. III.2. La gestion au cur du dveloppement durable > Dfinition / repre Les analyses de ltat actuel sont dabord fonctionnelles. La qualit de lenvironnement urbain dpend de lorganisation gnrale des villes, cest--dire de la distribution des fonctions dans lespace et de lorganisation des

Morlaix. Le port, vue prise du Viaduc La ville sest installe dans un aber, le long dun cours deau et y a construit des quais et un port. Le fonctionnement hydraulique a t rcemment perturb par la couverture partielle de ce cours deau pour raliser un parking sur dalle, utile, mais qui perturbe lcoulement des eaux et accentue les inondations.Archives Christian-Nol Queffelec

dplacements. Elle dpend aussi des processus de transformation du tissu urbain et des modes de gestion des services urbains. Une amlioration de la situation ne peut soprer sans tenir compte de quelques faits vidents mais dont il faut tirer toutes les consquences. Les zones urbaines assurent de nombreuses fonctions pour leurs habitants et leurs usagers : le logement, lemploi, laccs aux biens et services, les activits culturelles et linteraction sociale. Pour assurer ces fonctions, elles comprennent de nombreux lments fixes, tels que les btiments, les infrastructures, les espaces verts, les terrains vagues, et des lments dynamiques, transferts de flux de voyageurs et de marchandises, deau, dair, dnergie, de dchets. Chacun de ces lments doit tre tudi dans ses particularits. Une gestion durable des villes consiste, au minimum, rduire les incidences environnementales tout en assurant une conomie dynamique et une socit quitable et saine. +++++++++++++++++++++++++++

III.2.1 Les premiers programmes communaux > tude de cas La ville de Stockholm donne un exemple de politique associe cette notion. Elle a conu, au milieu des annes 1970, un premier programme environnemental, remis lordre du jour en 2003 lissue dune tude environnementale complte de la ville, et dune large consultation des organismes publics, des citoyens, des entreprises et des associations. Elle sest fixe six objectifs prioritaires concernant lenvironnement et la sant, diviss en un total de 43 cibles quantitatives et qualitatives atteindre dici 2006, en prcisant pour chaque cible les organismes responsables et les indicateurs cls utiliss pour suivre les progrs accomplis. Les objectifs prioritaires sont des transports cologiquement viables, les produits srs, une consommation nergtique durable, une planification et gestion cologiques, un traitement cologiquement viable des dchets et un environnement sain lintrieur des btiments. Un exemple de cible est la rduction de 20% de la consommation de combustibles fossiles aux fins de chauffage, grce au raccordement au chauffage urbain. // Dautres villes se sont lances dans des programmes comparables. En 1997, le Leicester City Council sest donn comme objectifs damliorer les performances nergtiques des habitations, de rduire les trajets en voiture destination du centre-ville et domicile-cole, de sensibiliser la population aux questions denvironnement, de rduire les dchets de construction, dlaborer une norme locale relative la construction durable, et dliminer les dtritus dans les rues. On voit dans ces ac-

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tions une convergence sur la gestion physique de lenvironnement. On trouve plus difficilement des donnes sur la qualit et lorganisation de lespace urbain. III.2.2. Les approches sectorielles > Textes rfrence LUnion europenne sinscrit dans cette voie. Elle a dict des directives faisant obligation aux autorits urbaines dassurer la gestion de la qualit de lair (Directive 96/62/CE du Conseil, du 27 septembre 1996, concernant lvaluation et la gestion de la qualit de lair ambiant), de rduire le bruit ambiant (Directive 2002/49/CE du Parlement europen et du Conseil, du 25 juin 2002, relative lvaluation et la gestion du bruit dans lenvironnement), de participer la gestion de leur bassin hydrographique (Directive 2000/60/CE du Parlement europen et du Conseil du 23 octobre 2000 tablissant un cadre pour une politique communautaire dans le domaine de leau ). La gestion urbaine durable recouvre donc les questions telles que la consommation dnergie, les missions des gaz effet de serre, lutilisation et le traitement de leau, le bruit, la qualit de lair, la nature et la biodiversit, les transports et la mobilit, les risques naturels et humains, la construction durable, les questions sanitaires affrentes et la qualit de vie dans son ensemble. Les zones urbaines stendant le plus souvent au-del des limites administratives de la municipalit, ces questions doivent tre abordes dans le cadre de lagglomration et ncessitent des cooprations avec les communes limitrophes. +++++++++++++++++++++++++++ // Les grandes questions dassainissement sont loin dtre partout rsolues et de nombreuses

Les Moulins de lEchelle Meaux. Lapport dnergie et la localisation des activits sont deux questions importantes dans la ville, bien souvent lorigine de sa prosprit. Dans le cas prsent, les moulins sont devenus lun des symboles de la rgion. Archives Christian-Nol Queffelec

villes doivent financer de grands programmes dquipement pour tre en mesure de respecter les normes de lUnion Europenne, notamment la directive sur les eaux rsiduaires urbaines et les directives sur leau potable. > tude de cas Cest le cas de la cit portuaire de Szczecin, ville polonaise de 420 000 habitants, lembouchure de lOder, centre industriel de la construction navale et de la sidrurgie, qui restait, il y a quelque temps encore, un gros pollueur de la mer Baltique. La ville ne comptait quune seule station dpuration, capable de ne traiter que 13% des eaux de la ville. La qualit de leau de ville tait galement mauvaise, bien en dessous des normes de lUnion Europenne. Lapprovisionnement se faisait principalement par une canalisation unique, partant dune source situe prs du lac Miedwie, au sud-est de la ville. Le taux de fuite du rseau dadduction deau tait lev. En mars 2000, la ville a entrepris de mettre en uvre un grand programme dinvestissements, qui prvoit deux nouvelles stations dpuration, la modernisation de la station existante, et un grand programme dextension et de rhabilitation des gouts.

III.3. La question de la densit III.3.1. La suburbanisation Dans leur recherche dune forme urbaine viable et plus propice sur le plan cologique, les experts mettent presque tous laccent sur la question de la densit et prsentent les modles de croissance urbaine en cours, la suburbanisation ou talement urbain comme des mauvaises solutions pour lhabitat du futur. Pourtant le mitage des territoires la frange des agglomrations se poursuit. On estime 20% lexpansion sur les zones rurales au cours des vingt dernires annes alors que la population des citadins na augment que de 6% au cours de cette mme priode. Des terres agricoles et des zones naturelles prcieuses sont ainsi remplaces par des zones dhabitation faible densit et des commerces. Le mitage renforce les besoins en dplacements et accrot la dpendance envers les moyens privs de transport motoris, accrot la congestion routire, la consommation dnergie et les missions pollua