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GRATUIT Bilingue et interculturel English version at the back www.thelasource.com Dans ce numéro Vol 15 No 11 | 13 au 27 janvier 2015 Danse : Anita Majumdar revisite l’adolescence Page 9 Jeux d’hiver : les francophones de Prince George accueillent le Canada Page 7 New Music Fesval : quand la musique classique se découvre de nouveaux horizons Page 11 EN SOLIDARITÉ AVEC J.-C., le passage au nouvel an était célébré non plus en mars mais en janvier. Ce change- ment calendaire était accom- pagné de sacrifices et de rites Cee langue étrange qui est désormais la mienne par Anne-DiAnDrA LouArn U n jeu d’équilibriste… c’est ainsi que je perçois mes conversations depuis mon arrivée à Vancouver il y a quelques mois. Entourée et abreuvée d’un anglais nord- américain, d’un français québécois et d’un français de ma France natale, j’aime jon- gler chaque jour, au travail et en dehors, entre ces trois cultures qui me sont chères. Mais je me surveille aussi beaucoup. Du moins j’essaie… Résultat ? Je parle désor- mais une sorte de “franglais” étrange aux intonations parfois québécoises et aux expressions pas toujours comprises par mes inter- locuteurs. Un “FranQuéGlish” qui se rapproche maladroite- ment de l’Acadien et qui fait sourire, voire rire aux éclats parfois. Allez donc essayer de faire comprendre à votre famille ou à vos amis de France qu’ici on a “une” job, pas “un job”. Que vous n’allez pas à “une fête d’anniversaire” mais à “un party de fête”. Ou que l’on dîne le midi et que l’on soupe le soir… À l’inverse, allez donc tenter d’expliquer à un Québécois qu’en France ou fait du “shopping”, pas du “magasinage” ou que l’on gare notre voiture sur un “par- king”, pas un stationnement… Oui, le français de France aime les anglicismes et les mots en -ing. De là à dire que les Français charcutent la langue de Molière pendant que les Québécois tentent de la préserver en milieu mi- noritaire… Mais alors qui a tort ? Qui a raison ? J’ai, pour ma part, ar- rêté de chercher la réponse. D’autant qu’elle ne se situe Voir “Résoluons” en page 5 Voir “Verbam” en page 10 par JohArA BoukABous Une nouvelle année commence et avec elle l’envie de changer ou de concrétiser un projet de longue date. Comme un nou- veau départ, le mois de janvier et les bonnes résolutions qui souvent l’accompagnent sont l’occasion de faire le point sur ces petites choses qui nous dé- plaisent dans nos vies. Mais d’où viennent ces fameuses ré- solutions de début d’année ? Et qui sont ceux qui les prennent ? Que ce soit perdre du poids, faire plus de sport, adopter une orga- nisation plus ef ficace ou mieux gérer son argent… chaque année, une fois le réveillon du 31 décem- bre passé, le ballet des bonnes résolutions s’enchaîne. Comme riquement et par essence liées au changement de calendrier. S’assurer une année prospère Parmi les traditions qui en- Cee année, c’est décidé ! Photo par clemson University Library Nous avons un comité qui se réunit pour réfléchir aux différents moyens de nous améliorer. Gurdial Singh Dodd, président de l’India Canada Cultural Associaon un présage de bon augure pour la nouvelle année qui débute, ces décisions dont le but est souvent d’améliorer le bien-être d’une personne ou de concrétiser des envies de longue date, sont histo- tourent le passage à la nouvelle année, certaines remontent à l’Empire romain. A cette époque, l’année débutait lorsque les nou- veaux élus entraient en fonc- tion, le 15 mars. Vers 153 avant dont le but était de s’assurer une année prospère : le peuple invoquant les dieux pour leur apporter de meilleurs jours. « En ce qui concerne les résolu-

Cette langue étrange qui est désormais la miennethelasource.com/media/vol15no11_French_lowres.pdf · 2015-01-13 · par JohArA BoukABous Une nouvelle année commence et avec elle

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GRATUITBilingue et interculturelEnglish version at the back

www.thelasource.com

Dans ce numéro

Vol 15 No 11 | 13 au 27 janvier 2015

Danse : Anita Majumdar revisite l’adolescencePage 9

Jeux d’hiver : les francophones de Prince George accueillent le CanadaPage 7

New Music Festival : quand la musique classique se découvre

de nouveaux horizonsPage 11

en soliDarité avec

J.-C., le passage au nouvel an était célébré non plus en mars mais en janvier. Ce change-ment calendaire était accom-pagné de sacrifices et de rites

Cette langue étrange qui est désormais la miennepar Anne-DiAnDrA LouArn

Un jeu d’équilibriste… c’est ainsi que je perçois mes

conversations depuis mon arrivée à Vancouver il y a quelques mois. Entourée et abreuvée d’un anglais nord-américain, d’un français québécois et d’un français de ma France natale, j’aime jon-gler chaque jour, au travail et en dehors, entre ces trois cultures qui me sont chères. Mais je me surveille aussi beaucoup. Du moins j’essaie… Résultat ? Je parle désor-mais une sorte de “franglais” étrange aux intonations parfois québécoises et aux expressions pas toujours comprises par mes inter-locuteurs. Un “FranQuéGlish” qui se rapproche maladroite-ment de l’Acadien et qui fait sourire, voire rire aux éclats parfois.

Allez donc essayer de faire comprendre à votre famille ou à vos amis de France qu’ici on a “une” job, pas “un job”. Que vous n’allez pas à “une fête d’anniversaire” mais à “un party de fête”. Ou que l’on dîne le midi et que l’on soupe le soir… À l’inverse, allez donc tenter d’expliquer à un Québécois qu’en France ou fait du “shopping”, pas du

“magasinage” ou que l’on gare notre voiture sur un “par- king”, pas un stationnement… Oui, le français de France aime les anglicismes et les mots en -ing. De là à dire que les Français charcutent la langue de Molière pendant que les Québécois tentent de la préserver en milieu mi-noritaire…

Mais alors qui a tort ? Qui a raison ? J’ai, pour ma part, ar-rêté de chercher la réponse. D’autant qu’elle ne se situe

Voir “Résolutions” en page 5

Voir “Verbatim” en page 10

par JohArA BoukABous

Une nouvelle année commence et avec elle l’envie de changer ou de concrétiser un projet de longue date. Comme un nou-veau départ, le mois de janvier et les bonnes résolutions qui souvent l’accompagnent sont l’occasion de faire le point sur ces petites choses qui nous dé-plaisent dans nos vies. Mais d’où viennent ces fameuses ré-solutions de début d’année ? Et qui sont ceux qui les prennent ?

Que ce soit perdre du poids, faire plus de sport, adopter une orga-

nisation plus efficace ou mieux gérer son argent… chaque année, une fois le réveillon du 31 décem-bre passé, le ballet des bonnes résolutions s’enchaîne. Comme

riquement et par essence liées au changement de calendrier.

S’assurer une année prospèreParmi les traditions qui en-

Cette année, c’est décidé !

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Nous avons un comité qui se réunit pour réfléchir aux différents moyens de nous améliorer.Gurdial Singh Dodd, président de l’India Canada Cultural Association

“un présage de bon augure pour la nouvelle année qui débute, ces décisions dont le but est souvent d’améliorer le bien-être d’une personne ou de concrétiser des envies de longue date, sont histo-

tourent le passage à la nouvelle année, certaines remontent à l’Empire romain. A cette époque, l’année débutait lorsque les nou-veaux élus entraient en fonc-tion, le 15 mars. Vers 153 avant

dont le but était de s’assurer une année prospère : le peuple invoquant les dieux pour leur apporter de meilleurs jours. « En ce qui concerne les résolu-

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2 La Source Vol 15 No 11 | 13 au 27 janvier 2015

En plein essor, le journal est à la recherche de journalistes francophones pour la section française.

Le candidat idéal devra démontrer une capacité à écrire dans les délais impartis, dans un français et un style le plus soigné possible. Les journalistes sont également invités à être les yeux et les oreilles de la Source à Vancouver et à proposer dans la mesure du possible des sujets lors des conférences de rédactions.

Merci d’envoyer un CV accompagné d’une brève lettre de motivation et pour les journalistes confirmés merci de joindre un ou deux exemples de travaux réalisés.

La Source est une occasion unique de faire ses armes en journalisme, de consolider ses expériences, de voir ses articles publiés sous presse et sur le site internet. Mais surtout La Source est une occasion de faire des rencontres peu banales, dans un cadre de travail convivial.

[email protected]

Qui sommes nous ?

Journal communautaire bilingue (français-anglais), gratuit, depuis 1999, The Source/La Source couvre l’actualité culturelle, sociétale et politique de la Colombie-Britannique, dans une approche multiculturelle. Cette publication bi-mensuelle, dont le mandat est de construire des ponts entre les différentes communautés, favorise la découverte de nos cultures respectives.

Lieu de rencontre et de partage, La Source abrite une équipe de francophones, anglophones, francophiles et anglophiles motivée, sérieuse et dynamique qui reflète la diversité du journal. Les débats autour du choix des sujets ainsi que la confrontation des opinions y sont encouragés dans un esprit de respect et de coopération.

Le journal est à la recherche de journalistes francophones pour la section française

Illustrateurs Joseph Laquerre, Afshin Sabouki, Gordon SpenceOnt collaboré à ce numéro Johara Boukabous, Anna Chemery, Alison Chiang, Adrien Disclaire, Jesenka Duranovic, Sonja Grgar, Robert Groulx, Pascal Guillon, Florence Hwang, Derrick O’Keefe, Peggy Lam, Carime Lane, Anne-Diandra Louarn, Sébastien Orcel, Don Richardson, Anastasia Scherders, Dongyue Su, Jenny Tan, Salena Tran, Naomi Tse, Audrey Tung, Selma van Halder, Noëlie Vannier, Edwine Veniat, Pierre Verrière, Mandeep Wirk, Simon Yee, Robert Zajtmann

Traduction Barry Brisebois, Monique KroegerDistribution Steve Bottomley, Denis Bouvier, Alexandre Gangué, Kevin Paré

Le grain de sel de Joseph Laquerre

journal la source

Adresse postale Denman Place Po Box 47020, Vancouver BC V6G 3e1 

Bureaux 204-825 Rue Granville, Vancouver BC 

Téléphone (604) 682-5545  Courriel [email protected]

www.thelasource.com

Fondateur et directeur de la publication Mamadou GanguéEditeurs associés Saeed Dyanatkar (Digital), Monique Kroeger (Imprimé)Responsable graphisme & arts visuels Laura R. CopesDirectrice de la rédaction Julie HauvilleRédacteur en chef (Section français) Gary DrechouChef de rubrique (Espace francophone) Guillaume DebaeneSecrétariat de la rédaction (français) Anne Arminjon, Cloélia Bretonneau, Louise T. Dawson, Anne-Diandra Louarn, Adrien Dislaire, Sébastien Orcel

Secrétariat de la rédaction (anglais) Deanna Choi, John Dingle, Bev Ferguson, Meagan Kus, Stephanie Lee, Debo Odegbile, Leah Peric, Amanda Pullishy, Melodie Wendel-Cook, Simon YeeAssistant de bureau Kevin ParéCoordinateur Web Enej BajgoricWeb Pavle Culajevic, Sepand Dyanatkar, Chelsy Greer, Vitor LibardiResponsable des médias sociaux Luiza Libardi Médias sociaux Alice Amrein, Fanny Marguet, Kristi WongPremiers conseillers de rédaction Paul Gowan, Mike Lee, Samuel Ramos

Photographes Denis Bouvier, Pascal Guillon, Peggy Lam, Jenny Tan, Simon Yee

avis La Source n’est pas responsable des modifica-tions ou erreurs typographiques qui n’altèrent pas la lisibilité des annonces. La correction de toute erreur ou omission majeure relative à la publicité sera limitée à une insertion dans l’édition suivante.

La rédaction de La Source est à l’écoute de vos commentaires et suggestions sous forme de courrier postal ou électronique, afin de prendre ainsi de façon régulière votre pouls sur des su-jets de reportage touchant votre communauté.

Pour réserver un espace publicitaire: (604) 682-5545

Depuis la rentrée scolaire 2014, le British Columbia Institute of Technology (BCIT) propose un nouveau cours intitulé « Introduction à la communica-tion d’affaires interculturelle et au marché du travail de la diversité » (COMM 1117). Une problématique qui s’annonce délicate en pratique, même si cette initiative semble logique dans le contexte cosmopolite vancouvérois.

Pour enseigner cette nouvelle matière, BCIT a fait appel à Janice Klassen et à son CV… impression-nant : plus de 15 ans d’expérience dans l’enseignement supérieur, professeure de Techniques de Communication, d’Anglais et de Communication pour des classes d’étudiants internationaux… Le COMM 1117 ne pouvait rêver meil-leur représentant.

Devant son nouveau défi, Janice Klassen explique : « J’enseigne à mes élèves l’importance des dynamiques de communica-tion d’affaires entres peuples d’origines différentes, leur trans-mets un savoir interculturel suf-

par séBAstien orCeL

Éducation

Apprendre à communiquer en culturesfisant afin de saisir la cause des incompréhensions dans un envi-ronnement professionnel pluri- culturel. »

Pour ce faire, elle utilise un large éventail d’outils : discus-sions, lectures, jeux de rôles et aborde avec eux des sujets tels que les chocs culturels, la com-munication écrite, verbale et non verbale. Durant le semestre, les étudiants doivent également

pays pluriethnique, il est impor-tant de savoir communiquer en présence de différents us et cou-tumes. Chaque pays a une façon différente de faire des affaires. C’est un défi pour nous, futurs chargés d’affaires, car de plus en plus de compagnies internatio- nales embauchent des immi-grants », explique la jeune femme. Le cas de Kristel est d’autant plus intéressant qu’elle a grandi

Janice Klassen, professeure de COMM 1117 à BCIT.

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dans une culture autre que la nord-américaine : « Avec cette nouvelle perspective, je suis apte à créer de plus fortes relations avec des gens d’horizons dif-férents. »

Durant le premier semes-tre, le cours de Janice Klassen comptait près de 20 nationalités différentes, rendant les cours d’autant plus riches. « Les élèves n’hésitent pas à remettre en ques-tion leurs préjugés. Il n’y a pas de bonne ou mauvaise question quand il s’agit d’apprendre d’une autre culture et il est impos-sible de percevoir cela avec une approche formatée », explique Janice Klassen. Elle renchérit : « Ils sont toujours enclins à vou-loir améliorer leur compréhen-sion interculturelle, parce qu’ils savent que cela leur sera utile sur le marché professionnellement. »

Et les élèves ne sont visible-ment pas les seuls à tirer profit de ce cours : « J’adore enseigner cette matière. Mes étudiants s’investissent et m’apprennent beaucoup sur leur propre culture », conclut Janice Klassen. Le nou-veau semestre du COMM 1117 est complet. Il a débuté le 7 janvier et s’achèvera le 25 mars prochain.

Coût de la formation : 471$Nombre de crédits offerts : 3Plus d’informations : www.bcit.ca/study/courses/comm1117

choisir un pays, puis présenter un compte rendu des nuances de celui-ci en matière de com-munication d’affaires et de ses rapports avec le Canada. Et pour coller au mieux à la réalité que ses élèves retrouveront dans le monde professionnel, Janice Klassen mélange volontairement différentes origines ethniques au sein des groupes de travail.

Face à l’évidence du marché professionnel internationalSelon Janice Klassen, ce genre d’enseignement est de plus en plus indispensable car « le nom-bre de personnes qui travaillent dans un contexte international, augmente », affirme-t-elle, con-vaincue que son cours apporte des débouchés et des occasions sur le marché de l’emploi. « Quelle que soit votre carrière, un em-ployeur exigera que vous adap-tiez votre communication face à la diversité ethnique. Les compé-tences acquises permettront aux élèves d’outrepasser les conflits et les malentendus selon les in-terlocuteurs et les situations. »

Parce que « leur vie baigne déjà dans un milieu de diversité, la majorité de mes élèves ressen-tent que le cours leur sera utile », poursuit la professeure. C’est le cas de Kristel Traniño, origi-naire des Philippines et élève du COMM 1117. « Le Canada étant un

Quelle que soit votre carrière, un employeur exigera que vous adaptiez votre communication face à la diversité ethnique.Janice Klassen, professeure de COMM 1117 à BCIT

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La Source 3Vol 15 No 11 | 13 au 27 janvier 2015

Dans ses rêves (les moins) fous, Brandon Letsinger s’imagine vivre dans un tout nouveau pays dont les fron-tières sont définies par un environnement, une géologie, une culture et un état d’esprit communs. Et du rêve à sa réali-té, il n’y a qu’un pas. Brandon Letsinger est le directeur de CascadiaNow!, un mouve-ment citoyen qui demande l’indépendance d’une partie de la Colombie-Britannique, des États de Washington, Oré-gon, Idaho, du sud de l’Alaska et du nord de la Californie.

Le groupe formé en 2008 à Seattle possède déjà sa charte d’indépendance et son drapeau bleu (représentant le ciel et l’océan pacifique), blanc (pour la neige et les nuages) et vert (en hommage aux vastes forêts de co-nifères de la région), le tout fendu par un sapin noir solitaire, sym-bole d’endurance, de défi et de ré-sistance. Tout un programme.

par Anne-DiAnDrA LouArn

Et si le Pacifique nord-ouest devenait indépendant ?

« Nos frontières actuelles sont arbitraires, lance d’emblée l’Américain Brandon Letsinger. Notre but n’est pas la sécession à tout prix. Ce que nous souhaitons ce sont des frontières qui corres- pondent mieux à la population de cette région. Une population qui est unie par des liens écologiques, environnementaux, culturels et économiques uniques. C’est une manière de faire de la politique autrement car le système actuel a atteint ses limites. »

Une république de 15 millions d’habitantsEt à ceux qui seraient tentés d’y voir le discours hasar-deux d’un illuminé, Brandon Letsinger répond avec sa rhé-torique bien léchée et sa série d’arguments : « Quinze millions de personnes vivent au sein des potentielles frontières de Cas-cadia, l’équivalent d’un pays comme l’Équateur ou le Guate-mala. En termes économiques, la région Cascadia génère chaque année plus de 675 mil-liards de dollars (US) en biens et services. Les secteurs comme le tourisme, la pêche et les nou-velles technologies s’y épanou-issent déjà très bien », affirme-t-il. Sa surface de 1 400 000 km2 ferait également de Cascadia le 20e plus grand pays du monde, derrière la Mongolie.

Brandon Letsinger ne se rêve pas président de Cascadia. D’ailleurs, la notion de Cascadia et de biorégionalisme n’est pas son idée. Le terme Cascadia a été adopté en 1970 à Seattle par le professeur David McCloskey pour décrire l’identité régionale gran-dissante de la zone du Pacifique nord-ouest. Depuis, les frontières de Cascadia, sa mission et sa défi-nition exacte n’ont cessé d’évoluer, mais le concept est bien là et com-mence même à gagner une cer-taine notoriété.

Fort d’une base de données de 8 000 sympathisants et tota- lisant plus de 10 000 autres sur

les réseaux sociaux, le Cascadia de Brandon Letsinger a beaucoup gagné en popularité ces deux dernières années. Aujourd’hui, cinq personnes sont employées pour faire tourner sa petite struc-ture. Le groupe vient tout juste d’obtenir le statut d’organisation à but non-lucratif par l’État de Washington. Un pas de plus vers une plus grande reconnaissance de leur projet.

Enthousiasme moindre en Colombie-BritanniqueEn Colombie-Britannique, en

revanche, l’engouement est moindre « mais le mouvement est en marche », assure Brandon Letsinger qui dit recevoir de plus en plus de messages de soutien en provenance de l’Ouest canadien. Il espère pouvoir bientôt constituer une équipe britanno-colombienne pour relayer l’esprit Cascadia par delà la frontière américa-no-canadienne qui demeure, pour l’heure, la seule officielle.

Autre projet pour 2015, le premier grand sommet de Cas-cadia aura lieu au printemps

dans un lieu encore tenu se-cret. Brandon Letsinger et ses équipes veulent profiter de ce rendez-vous pour lancer offi-ciellement le mouvement Cas-cadia dans la cour des grands, c’est à dire en faire une in-stitution avec des membres à part entière et un système d’adhésion. Un institution qui compte bien avoir son mot à dire dans les débats de société à venir…

Plus d’informations : www.cascadianow.org

Visiter La Source en ligne www.thelasource.com Twitter: thelasource Facebook : @thelasource

Les futurs citoyens de Cascadia sont déjà prêts.

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4 La Source Vol 15 No 11 | 13 au 27 janvier 2015

de continuer sur sa lancée. Je ne voudrais pas être dans ses souliers. Les réformes qu’il en-treprend ont d’autant plus de mérite qu’on connaît les forces obscures auxquelles il est con-fronté. Que 2015 lui apporte beaucoup de courage et que les dieux de l’Olympe ou du mont Seymour, soient avec lui.

Si les élections fédérales, prévues en principe pour l’automne prochain, devaient changer quelque chose, j’aimerais qu’elles remplacent le gouvernement actuel et qu’elles donnent à la démocratie cana-dienne plus de chances de s’en sortir. Le Canada a besoin de sang nouveau et surtout de re-nouveau. L’idéologie Harpéri-enne sent le moisi et pollue. Si 2015 est à la hauteur, il se pour-rait qu’impossible ne soit pas canadien. Attendons le résultat des élections pour le savoir.

Et, finalement, souhaitons, malgré ce début raté, qu’en 2015, avec des Si, l’impossible, si pos-sible, devienne possible. Sou-haitons surtout que l’esprit de liberté, tant chéri par Charlie Hebdo, survive.

roBert ZAJtmAnn

Le castor castré

2015 commence mal. L’attentat terroriste perpétré contre le journal sa- tirique Charlie Hebdo nous a rappelé, en ce début d’année, combien les vœux du nouvel an peuvent être puérils face à la barbarie du fondamen-talisme. La rédaction du journal a été décimée, froidement assassinée. Avec elle, c’est le droit au rire, à l’humour et à la liberté d’expression, c’est la démocratie donc, que cette bande de connards a voulu supprimer.

« Il ne faut pas que le silence gagne » a rappelé un ancien directeur de la rédaction du journal, à la suite de l’attentat. Il a eu raison. J’avais déjà fini d’écrire mon article (qui, en partie, suit ce prologue) lorsque j’ai appris la nouvelle. Dégoûté par l’acte ignoble des terroristes, j’ai failli baisser les bras et tout abandonner. J’avais l’intention de prévenir la ré-daction que j’étais dans l’impossibilité de livrer la marchandise. Face à la disparition de ces monuments du journalisme et de la caricature poli-tique, je ne voyais pas ce qu’un chroniqueur de mon acabit aurait bien pu dire ou faire. La fureur et la colère passées, je me suis ressaisi car, en effet, le silence n’est pas de mise. Je me permets donc encore de rêver en couleurs, sans pour autant oublier les victimes de cet horrible attentat. Voici la version abrégée du texte que j’avais préparé.

Avec des SI…

où le pétrole n’aurait pas son mot à dire. Où la voiture à es-sence serait maudite. Où, par la force des choses, je ne pourrais pas faire l’hypocrite en me ren-dant en voiture à une manifes-tation pro-environnementale.

Si mes convictions se con-crétisaient, nous verrions, au cours de l’année, toutes les armes s’enrayer et se taire une bonne fois pour toutes. Une année sans massacre atroce et inutile. J’aimerais entendre les dirigeants politiques et re-ligieux, quelle que soit leur ap-partenance ou leur croyance, dénoncer avec vigueur, les pen-sées extrémistes.

Si j’avais les ailes d’un ange, je m’envolerais pour Rome, afin de dire au Pape François

Le festival Hello Kitty débarque pour la première fois en Amérique du Nord l’été prochain, et passera par Van-couver du 16 au 19 juillet. Mu-sique, costumes, expositions et activités en tous genres… Le petit chat nippon promet déjà de rameuter les foules. L’occasion de revenir sur le

par Jenny tAn

Le tsunami Hello Kitty déferle un peu plus sur Vancouver

Native de Vancouver, Irene Chang, la vingtaine, nourrit une véritable adoration pour le petit chat. Se décrivant comme étant à la fois « bien enracinée dans la culture nord-américaine et asi-atique », elle collectionne des objets de toutes sortes à l’effigie du personnage de Sanrio. « Des lampes de chevet Hello Kitty en passant par mes capuchons de stylo, mon coupe-ongles et bien

liard de dollars, Ken Belson et Brian Bremner ont leur théorie sur la question : « Hello Kitty, un miroir qui réfléchit les désirs ou sentiments qu’on projette sur son personnage. Elle n’a pas de bande dessinée qui définit son caractère… comme Mickey Mouse or Snoopy. » En d’autres termes, Hello Kitty est celle que vous voulez qu’elle soit.

Et c’est peut-être bien cette flexibilité qui permet à Hello Kitty d’être si populaire, dans n’importe quelle société, y com-pris en Amérique du Nord. Pour Irene Chang, l’image de Hello Kit-ty à Vancouver a changé. « Hello Kitty était [pendant l’enfance de Chang, ndlr] un personnage avant tout mignon – elle al-lait à l’école, elle jouait avec ses amis... Mais aujourd’hui, je vois davantage Hello Kitty comme un élément incontournable de la culture pop – une icône plutôt qu’un personnage pour les en-fants. » Un argument qui n’aura justement pas échapé aux icônes de la musique pop comme Lady Gaga ou Katy Perry qui n’ont pas hésité à utiliser Hello Kitty dans leurs tenues ou durant plusieurs de leurs séances photo.

Au Japon et dans le reste de l’Asie, c’est plutôt l’argument kawaii qui séduit les fans de Hel-lo Kitty. Le kawaii – mignon en français – y est devenu un art de vivre. Et il se décline dans tous les pans de la société nippone. À Tokyo, par exemple, c’est Pipo-kun, une adorable mascotte à l’air enjoué, qui accueille les per-sonnes conduites au poste de po-lice. Et lorsque vous faites votre déclaration d’impôts en ligne, vous êtes guidés par Eeta-kun, encore un personnage de fiction à l’allure très kawaii.

Selon Belson et Bremner, « le kawaii se décline sous toutes les formes en marketing. Et sa carac-téristique enfantine n’empêche pas les adultes de l’adopter. » Et Irene Chang de confirmer : « Même en matière de séduction, le kawaii est crucial. En Asie, être kawaii, être mignonne, est perçu comme une véritable qualité aux yeux des hommes ! »

Hello Kitty SuperCute Friendship FestivalDu 16 au 19 juillet 2015Au Pacific National Exhibition Forum de Vancouverwww.sanrio.com/hkfestival

Avec des Si, on pour-rait mettre Vancouver

en bouteille. Et si l’on vou-lait pousser un peu plus loin l’hypothèse, avec des Si on pourrait s’imaginer que nous sommes gouvernés par des per-sonnes éclairées. Ce serait, me direz-vous, atteindre les lim-ites de l’absurdité. Mais en ce début d’année 2015, je sens que tout m’est permis, quitte à être insensé. Ayant reçu, comme cadeau de Noël, des Si à profu-sion, je me suis engagé à les distribuer généreusement dès que l’occasion s’en présenterait. Et l’occasion, la voilà. Sachant que cela ne coûte rien, voici donc, sans souci d’économie, une série de Si qui devrait faire l’affaire de tous, tout en vous

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rappelant qu’un Si vaut mieux que deux sous tu l’auras.

Pour commencer, avec des Si on pourrait faire de 2015 l’année la plus mémorable, la plus fantastique de l’histoire de l’humanité. Une année marquée par la stabilité, qui éviterait ainsi une année en dents de scie.

Imaginons, le temps de cette rubrique, un monde meilleur. Un monde où le monde aurait retrouvé la raison.

Ainsi avec des Si, on pourrait imaginer une année sans ca-tastrophe écologique. Une con-férence mondiale sur le climat, prévue plus tard cette année à Paris, qui aboutirait à un accord de grande envergure, garan-tissant un avenir prometteur aux futures générations et nous donnant une lueur d’espoir im-médiate. Si tout allait bien, en 2015 on ne verrait aucun dé-versement de pétrole dans les mers et océans. Aucune marée noire. Aucune fuite de pipeline. Aucune nouvelle exploitation de sables bitumineux, en Alberta ou ailleurs. Aucun désastre fer-roviaire susceptible d’annihiler des villages entiers. Une année

Une fillette arbore la formule globalement consacrée : “Je suis Charlie”.

La folie Hello Kitty sur les pantoufles.

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sûr une chambre remplie de peluches… j’ai de tout », confie-t-elle. Une collection conséquente qui surprendrait à peine Ken Leung. Ce gérant d’une boutique de cadeaux au centre commercial Metrotown vend des produits Hello Kitty depuis longtemps. « Tout ce qui porte la griffe Hello Kitty est considéré comme des objets de collection par les ama-teurs. Mes clients ont tous les âges et les adultes qui achètent du Hello Kitty le font depuis leur enfance », affirme-t-il.

Comment expliquer que cette icône purement asiatique soit parvenue à déferler sur l’Amérique du Nord ? Journali-stes et co-auteurs de du livre l’Histoire remarquable de Sanrio et le phénomène du félin à un mil-

Hello Kitty, un miroir qui réfléchit les désirs ou sentiments qu’on projette sur son personnage. L’Histoire remarquable de Sanrio et le phénomène du félin à un milliard de dollars de Ken Belson et Brian Bremner

“phénomène culturel kawaii – mignon en japonais – qui prend de plus en plus de place dans les sociétés occidentales.

Son image se décline sur plus de 50 000 produits vendus à travers 70 pays. Hello Kitty est un phénomène global. Le parc d’amusement de Sanrio, créa-teur de Hello Kitty, est l’une des attractions les plus visitées au Japon. Cette icône, née il y a plus de 40 ans, séduit aussi ailleurs en Asie. À Singapour, au début des années 2000, une collection limitée de peluches offertes avec le menu HappyMeal de Mc Don-ald avait déclenché de véritables scènes d’émeute… Et la folie Hello Kitty n’a pas non plus épargné l’Amérique du Nord.

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La Source 5Vol 15 No 11 | 13 au 27 janvier 2015

Avec des SI…

Suite “Résolutions” de la page 1tions, même si je pense qu’il n’y a pas de réelle continuité avec la pratique moderne, le premier jour de l’année était associé aux voeux. Et notamment un vœu majeur réalisé par les nouveaux consuls – les représentants de l’État – qui consistait à réaliser des sacrifices au nom du peuple et assurer ainsi la sécurité de l’État pour l’année », explique Dr. Jennifer Knapp, coordina-trice du département d’Études classiques de l’université Lan-gara. « Les résolutions, au sens moderne du terme, peuvent être vues comme étant très proches [car elles consistent à] essayer d’opérer des changements posi-tifs pour s’assurer une année prospère. Les Romains, eux, s’adressaient à leurs dieux pour qu’ils les aident dans cette op-tique », ajoute-t-elle.

Retour rapide au XXIe siècle où désormais il ne tient qu’à cha-cun d’apporter du changement à sa vie. Améliorer son bien-être ou bien concrétiser un projet semblent à portée de main si on y met de la volonté ! Pour Anne Daroussin, Française installée depuis près de quatre ans à Van-couver, s’atteler à de nouveaux défis est plus qu’une habitude de début d’année, c’est une phi-losophie de vie. « Je me fixe beau-coup d’objectifs, souligne-t-elle. Beaucoup, comme tout le monde, passent à la trappe ou durent quelques jours seulement. Il y a le classique, perdre du poids. En général, cela dure une semaine seulement. Depuis que je suis ici [au Canada], l’un de mes petits défis personnels, car je fais de la danse depuis que je suis petite, du jazz, était de commencer la danse classique. Et quand je suis

arrivée à Vancouver, je m’y suis enfin mise ! »

Changer seul ou en groupeS’expatrier et changer d’envir- onnement permet aussi de réalis-er des projets, surtout s’ils sont liés à l’un des secteurs phares de son nouveau lieu de vie. « Une autre de mes passions est le ci-néma, explique Anne Daroussin, et en m’installant à Vancouver qui est très dynamique dans ce secteur, l’un de mes objectifs était de rentrer dans ce monde. Depuis la première année de mon installation, j’essaie de participer à des projets, notamment du côté production ». Après avoir con-tribué à la création de la websé-rie Les Pévétistes, la jeune femme, originaire d’Orléans, écrit désor-mais le scénario de son premier court-métrage.

Même si on se les fixe sou-vent individuellement, les nou-veaux objectifs peuvent aussi être incorporés à la vie d’un groupe. C’est le cas de l’India Canada Cultural Association et de son Président Gurdial Singh Dodd. Chaque début d’année est l’occasion d’apporter de l’aide aux nouveaux arrivants, de pro-poser des activités sportives

aux plus jeunes ou tout simple-ment d’être un élément positif au sein de sa communauté. « Nous avons un comité qui se réunit pour réfléchir aux différents moyens de nous améliorer, ex-plique Gurdial Singh Dodd, com-ment nous pouvons organiser plus d’événements et de levées de fonds. Avec l’argent récolté, nous essayons d’améliorer les programmes pour enfants mais aussi ceux pour les personnes âgées ou ceux à destination des clubs sportifs. Nous redonnons à la communauté. » Petit ou grand, un changement peut avoir un im-pact de taille sur sa propre vie et sur celle des autres. Et le meilleur moment pour l’initier semble bel et bien être le mois de janvier !

Faire du sport et perdre du poids arrivent en haut de la liste des résolutions de début d’année les plus prisées.

Anne Daroussin et Thierry Prédhom, co-scénariste, co-producteur et acteur principal du film The Card sur lequel Anne était en charge de la production.

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C’est bien connu, les piétons grognent contre les cyclistes,

les chauffeurs de bus et les au-tomobilistes. Les cyclistes gro- gnent contre les piétons, les chauf-feurs de bus et les automobilistes. Les chauffeurs de bus grognent contre les piétons, les cyclistes et les automobilistes, qui eux grog-nent bien sûr contre les piétons, les cyclistes et les chauffeurs de bus. On pourrait donc dire sans risque de se tromper que tout le monde grogne tout le temps.

Pourtant, tous ceux qui font partie d’un de ces quatre groupes font habituellement aussi partie d’un des trois autres et ils savent tous quand leur comportement est erratique, dangereux et il-légal. En fait, plaider l’ignorance c’est aussi reconnaître être la cause éventuelle d’un incident tragique en attente de devenir.

Voici donc quelques sugges-tions de résolutions à prendre par tous les membres de ces groupes.

Commençons par les piétons, le groupe le plus à risque.• Ne traverser la chaussée qu’aux

intersections en regardant bien à gauche avant de s’engager dans l’intersection, puisque c’est de ce côté que viendra inévita-blement l’automobiliste qui veut absolument tourner à droite sur le feu rouge, et qui regarde à gauche d’abord, oubliant que vous serez à sa droite !

• Se méfier des bus qui, venant de votre gauche en klaxonnant, brûlent les feux rouges en toute impunité.

• Se retenir de texter en traver-sant la rue !

• Garder les deux mains dans les poches et ainsi résister au ré-flexe du doigt d’honneur.

Le temps des résolutions… à pied, en vélo, en bus et en auto

roBert GrouLx

Tissus urbains

que vous risquez votre vie si vous osez traverser sur VOTRE feu vert !

• Ne plus rouler à cheval sur deux voies, bloquant ainsi toute la circulation automobile derrière eux, ce qui en fait va à l’encontre de l’amélioration de la fluidité de la circulation. N’est-ce pas là un des objectifs du transport en commun ?

• Ne pas parler au téléphone et conduire en même temps.

Enfin les automobilistes, qui con-stituent le groupe le plus impor-tant et le plus dangereux, pour-raient prendre l’ensemble des résolutions suivantes. • Céder le passage aux piétons

qui ont attendu que le feu soit vert avant de s’engager dans l’intersection où ils s’apprêtent à leur couper le passage en tournant à droite devant eux.

• Ne pas braquer leurs roues avant vers la droite, en atten-dant de tourner, ce qui en cas de collision arrière risque ainsi de heurter les piétons qui sont déjà engagés dans l’intersection.

• Signaler avant d’arriver à l’intersection ou avant de chang-er de voie, pour indiquer vos in-tentions à ceux qui vous suivent.

• Se rappeler que tourner à gauche sur un feu rouge ne donne pas la priorité sur l’automobiliste qui vient en sens inverse, lui aussi en train de brûler le même feu rouge et qui devra se partager la respon-sabilité des dommages avec vous s’il y a collision… puisque les deux véhicules sont en con-travention du code de la route et qu’il y probablement un pié-ton qui est en train de traverser.

• Ne pas installer un siège de bébé du côté du conducteur,

Une piétonne bien engagée sur la chaussée.

Maintenant les cyclistes !• Ne pas rouler sur les trottoirs

ou à sens inverse sur les sens uniques, en plein milieu de la chaussée.

• Rouler sur les pistes cyclables quand il y en a… et il y en a !

• Faire un arrêt complet aux feux rouges et aux arrêts.

• Éclairer son vélo quand on roule à la tombée du jour.

• Ne pas parler au téléphone et pédaler en même temps.

• Garder les deux mains sur le guidon et ainsi résister au ré-flexe du doigt d’honneur.

Les chauffeurs d’autobus qui, parce qu’ils sont assis bien haut au volant d’énormes véhicules, ne craignent rien si ce ne sont les agressions dont ils sont trop sou-vent victimes.• Ne plus passer sur les feux très

jaunes qui tournent invariable-ment au rouge, en klaxonnant allègrement pour vous avertir

pour éviter de se tenir debout dans la rue en attachant ou sortant le bébé et ainsi être ex-posé à la circulation qui vous passe sur les talons.

• Ne pas parler au téléphone et conduire en même temps.

• Garder les deux mains sur le vo-lant et ainsi résister au réflexe du doigt d’honneur.

Et si seulement les chauffeurs de taxi pouvaient ne pas parler au téléphone et conduire en même temps et prendre la résolution de se garer sur le côté de la chaussée pour ne pas nuire à la circulation, ils se feraient tellement d’amis !

Somme toute, la meilleure ré-solution serait de voter OUI au référendum du mois de mars, sur les projets d’immobilisation de Translink… pour ne pas être im-mobilisés, à pied, à vélo, en auto ou en bus… sauf pendant la con-struction du métro Broadway, bien sûr !

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Du 13 février au 1er mars 2015, 2 400 athlètes issus de plus de 800 communautés, 1 000 entraîneurs et officiels, 4 500 bénévoles, des centaines de médias et des milliers de visi- teurs seront présents à Prince George et au nord de la Colom-bie-Britannique pour la venue des Jeux d’Hiver du Canada. Une grande première puisque l’évènement ne s’était encore jamais déroulé dans une ville de la province après quasiment quarante ans d’existence, la première édition s’étant tenue à Québec en 1967. Présentée tous les deux ans en alternance l’hiver et l’été, la compétition oppose les provinces et ter-ritoires canadiens l’espace de ces quelques semaines. Fruit d’une collaboration entre le gouvernement du Canada, les gouvernements provinciaux et territoriaux, les municipali-tés hôtes, le secteur privé et le Conseil des Jeux du Canada, la manifestation culturelle et sportive devrait engendrer des retombées économiques de l’ordre de 90 millions de dollars. Un apport consi-dérable pour cette ville de 70 000 âmes où les attentes se situent également sur le plan culturel et social. Tout comme les autres communautés hôtes, la francophonie locale entend ainsi profiter de l’impact des jeux hivernaux pour mettre en avant ses atouts.

GuiLLAumeDeBAeneChef de rubrique

Pierre VerriÈre

Les acteurs de la francophonie

Evelyne Charuest : « Le français peine toujours à se faire une place dans la société. »par Pierre VerriÈre

La rubrique Espace Fran-cophone s‘intéresse aux

acteurs de la francophonie en Colombie-Britannique. Cette semaine nous nous intéres-sons à la journaliste Evelyne Charuest. Chroniqueuse à Radio-Canada, elle collabore aussi dans des émissions de la chaîne UNIS, la chaîne télé des communautés francophones du Canada nouvellement arrivée dans la province. Québecoise d’origine, elle a trouvé son bon-heur à Vancouver.

« En général, venant du Qué-bec quand on fait le choix de se déplacer vers l’Ouest pour déménager, c’est par amour des montagnes, ou par amour tout court », plaisante Evelyne Charuest. À moitié seulement puisque c’est pour suivre celui qui est désormais son époux et le père de ses enfants qu’elle a fait le saut dans la province, il y a cinq ans. Un choix qui comble cette native de la banlieue sud de Montréal élevée dans les can-tons de l’est et qui appelle désor-mais Vancouver sa maison.

« Je suis restée pour le mode de vie », explique Evelyne qui s’est installée dans le quartier de Kitsilano. « Ma cour à moi, c’est la plage », glisse-t-elle tout en reconnaissant que oui, le

la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique (FFCB), nous pourrons compter sur des francophones venus d’un peu partout », avance Véronique |Hadikin. Ce soutien devrait ain-si permettre la création d’une équipe de jeunes francophones en charge de l’animation des ré-seaux sociaux au cours des jeux.

Une visibilité accrueA un mois de l’évènement, les pre-miers effets se font déjà ressentir. Ainsi, la signalisation aux abords de l’aéroport est désormais présente dans les deux langues officielles. La place Civic Centre, située au cœur de la ville et futur lieu de rencontres privilégié de ces jeux, bénéficie quant à elle de son équivalent français, com-prenez Le Centre civique. Là en-core, le bilinguisme sera de mise puisque la place est d’ores et déjà parsemée de piliers sur lesquels

il est possible de découvrir des textes revenant en anglais et en français sur la vie de personnali-tés canadiennes notoires. Une fois les jeux commencés, il sera possible pour les visiteurs de dé-ambuler dans le quartier français, installé dans le village des jeux, afin d’en connaître davantage sur la communauté et les ser-vices offerts. Côté spectacles, la langue française sera aussi mise à l’honneur. Le Festival Coldsnap se déroulant dans le cadre des Jeux mettra en vedette plus de 60 groupes de musique, de théâtre et d’arts visuels. Parmi eux, seront notamment présents Radio Radio, le célèbre groupe acadien de mu-sique rap electro, le groupe de mu-sique folk Bon Débarras ou encore la chanteuse Lisa Leblanc.

Pour plus d’informations sur la programmation des jeux : www.canadagames2015.ca

taires dans le cadre de l’émission Chalets de la Côte ouest qui signe une deuxième saison et colla-bore à l’émission d’affaires pub-liques Couleurs locales, les deux diffusées sur UNIS.

« Il est essentiel de couvrir la réalité francophone hors Québec mais Radio-Canada manque de fonds, avec UNIS je pense que le public sera encore mieux servi », estime Evelyne à propos de l’arrivée du nouveau diffuseur francophone dans le paysage médiatique canadien. Elle reconnaît tout de même que servir cette communau-té francophone très volatile compte son lot de défis.

« Ce n’est pas le même au-ditoire, nous n’avons pas la même portée non plus mais quand on rencontre cet au-ditoire, l’impact est encore plus grand », souligne Evelyne. “Les échos à nos histoires sont plus importants qu’au Québec, les gens sont plus prompts à réagir, ils sont vraiment à l’écoute.”

Elle est en revanche plus cri-tique lorsqu’il s’agit de la fran-cophonie institutionnelle. « Il manque encore un certain dy-namisme, Vancouver est encore loin d’être le centre culturel que la ville devrait être, il y a des efforts menés et des réus-sites indéniables mais qui se

La francophonie se fait une place au cœur des Jeux d’Hiver de Prince George

prix pour profiter de la mégapole de l’Ouest canadien est élevé.

Les auditeurs de Radio-Canada Colombie-Britannique connais-sent bien sa voix et son visage. Elle y a été journaliste et présentatrice météo à la télévision avant de de-venir chroniqueuse et animatrice à l’occasion à la radio le matin et à l’émission de l’après-midi.

Depuis l’été 2014, ils peuvent également la voir évoluer devant la caméra dans des émissions dif-fusées par la chaîne francophone UNIS qu’elle tourne en Colombie-Britannique.

« Les gens sont enthousiastes à l’idée de voir un nouveau diffuseur en Colombie-Britannique », expli-que Evelyne Charuest. Elle part notamment à la découverte de cha-lets étonnants et de leurs proprié-

« Avoir un évènement de portée nationale à Prince George est une bonne chose pour les 4 000 francophones et francophiles présents ici mais aussi pour la francophonie de l’ouest ca-nadien », s’enthousiasme Renée Trépanier, directrice générale du Cercle des Canadiens-Fran-çais de Prince George. Pour of-frir une certaine visibilité à la langue française et à la commu-nauté, la ville de Prince George peut notamment compter sur les efforts menés conjointe-ment par l’association et par la société hôtesse des jeux. Créée il y a quelques années par la municipalité afin d’obtenir l’organisation de l’évènement, la structure à but non lucratif em-ploie une cinquantaine de per-sonnes chargées de veiller à la logistique, à la communication et à l’organisation de certains spec-tacles. Une mission d’envergure, en particulier pour Véronique Hadikin, coordinatrice des langues officielles et unique employée en charge de la par-tie francophone. « Je m’occupe beaucoup de la traduction de documents de communication et de la recherche de bénévoles », confie-t-elle. Une prérogative de taille puisque 10% des bénévoles présents sur l’évènement devront être bilingues, soit un objectif de 450 personnes à trouver. Une re-cherche qui s’étend bien au-delà des environs de Prince George : « Grâce à nos contacts avec les autres structures francophones de la province et avec l’appui de

par GuiLLAume DeBAene

Evelyne Charuest est chroniqueuse à Radio-Canada et animatrice sur la chaîne UNIS.

Voir “Charuest” en page 10

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En attendant les Jeux !

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Brève francophone

Le mercredi 21 janvier prochain toutes les écoles du Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique ouvrent leurs portes aux parents désireux d’inscrire leurs enfants dans une école francophone.

Cette journée spéciale d’information est offerte aux parents qui désirent obtenir plus d’information sur les avantages pour leurs enfants d’étudier en français en Colombie-Britannique.

Visitez l’école francophone de votre région pour obtenir plus de détails.

Opérations Portes ouvertes le 21 janvier dans les écoles du CSF

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déconstruite, laisse transparaî-tre la passion de son auteur, per-mettant à la danseuse d’illustrer la scène avec force. « Jimmy Swaggart a la voix parfaite, af-firme Lisbeth Gruwez. Sa rhéto-rique se construisant presque

par ADrien DisLAire

Après plus de trois ans de tournée dans le monde en-tier, l’interprète belge Lisbeth Gruwez arrive à Vancouver en cette nouvelle année pour présenter une œuvre singu-lière d’une rare intensité It’s going to get worse and worse, my friend au Scotiabank Dance Theatre à l’occasion du PuSh Festival. Dans son spectacle, la chorégraphe prend la place des grands orateurs et dévoile, à travers la danse, la puissance de ces discours qui galvanisent les foules.

Sur scène, Lisbeth Gruwez est seule à l’intérieur d’un rect-angle de lumière, unique objet d’attention de spectateurs at-tendant son prêche. En fond so-nore, on entend la voix grave d’un homme débutant un discours mais les mots y sont séquencés, coupés et allongés. Les gestes de la chorégraphe s’enchaînent alors. A chaque mot, un mouve-ment précis, une gestuelle répé-tée qui donne une signification corporelle à ce que le spectateur entend. Imitant ainsi l’orateur devant son public, elle captive son auditoire par sa présence en utilisant son corps plutôt que les mots. Car là est toute l’essence de ce spectacle : illustrer le lien en-tre le langage verbal et le langage corporel jusqu’à ce que la gestu-elle domine les paroles.

« L’exaltation du corps m’a toujours intéressée et chacun de mes anciens spectacles a été une étape qui m’a conduite vers une autre idée, explique Lisbeth

Gruwez. J’ai eu l’occasion de re-garder une vidéo sur internet d’une interview du réalisateur américain John Cassavetes dans laquelle il dénonce la médiocrité des programmes à la télévision et l’incompréhension du public face à de bons films (…) La façon dont laquelle son corps bougeait et la puissance de cette forme d’expression non verbale ont déclenché chez moi l’envie de tra-vailler sur l’art du discours et sur cette gestuelle exaltée ».

L’exaltation religieuse au service de la dansePour illustrer cette idée, la choré-graphe s’appuie sur les sermons du télévangéliste américain Jimmy Swaggart et sur son dis-cours What the Bible Says About Drugs, mixé et monté par son col-lègue Maarten Van Cauwerghe. Cette trame sonore, inaudible et

message prophétique, universel, et ayant un sens dans les crises actuelles que nous traversons. »

La vérité du corpsPour convaincre les foules, politiciens et prédicateurs

éléments aboutit à une violente exaltation. »

Les discours, à travers les siè-cles, ont fait avancer l’histoire pour le meilleur et pour le pire, déclenchant des révolutions et provoquant des guerres. Les

Lisbeth Gruwez sur scène.

Danse avec l’orateur

exclusivement sur des discours exaltés, il est parfait. » Cepen-dant, afin de présenter un spec-tacle avec un message universel, les deux amis ont coupé toutes les références à la religion afin de conserver uniquement « un

savent que les gestes ont autant - voire plus – d’importance que les mots prononcés. Afin de prépar-er ce spectacle, Lisbeth Gruwez a regardé ces grands orateurs en action, « aussi bien ceux du passé que les politiciens d’aujourd’hui, précise-t-elle. J’ai réuni un nom-bre important de gestes et de mouvements que j’ai répétés dans tous les ordres et de toutes les façons possibles : doucement, rapidement, lentement… » Et en effet, durant l’intégralité du spectacle, les gestes s’enchaînent, se répètent inlassablement à chaque son envoyé par Maarten Van Cauwerghe. Une symbiose parfaite entre les deux artistes qui pose une question : est-ce vraiment les mots qui invoquent les gestes ou le contraire ? « C’est un échange constant tout au long du spectacle, répond la chorég-raphe. Les mots et la gestuelle sont en constante interaction jusqu’à ce qu’ils atteignent une sorte d’apothéose où, finalement, l’énergie dégagée par ces deux

grands orateurs ont cette incroy-able capacité de persuasion qui permet d’inspirer ou de mani- puler les foules. Une volonté de convaincre qui provoque égale-ment une certaine exaltation chez l’orateur lui-même. Enivré par les paroles, le corps répond, rétorque et délivre seul un mes-sage au public. C’est ce discours corporel, au début amical et apai-sant, que Lisbeth Gruwez pro-nonce au public avant que, dans sa transe, l’orateur ne sombre dans la violence, laissant sa gestuelle dominer ses mots. Finalement, le corps ne délivre-t-il pas un message plus clair que les mots ? « Le corps ne ment jamais, répond la chorégraphe. A moins qu’on l’étudie afin de tromper les foules et ainsi l’utiliser pour envelopper le mensonge », conclut-elle.

It’s going to get worse and worse, my friendDu 22 au 24 Janvier 2015 à 20h Scotiabank Dance Centre, 677 rue Davie, Vancouver

Le corps ne ment jamais. A moins qu’on l’étudie afin de tromper les foules et ainsi l’utiliser pour envelopper le mensonge.Lisbeth Gruwez, chorégraphe

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Canada a une image très positive en France, par exemple, et a attiré 335 000 touristes français dans les 8 premiers mois de 2014. Mais dans la même période, 3 fois plus de touristes français ont choisi d’aller aux États-Unis. C’est dif-ficile de concurrencer New York, le Grand Canyon, San Francisco et les rêves vendus par Hollywood. Les Canadiens sont eux mêmes de grands voyageurs internationaux. Ils dépensent plus à l’étranger que les étrangers ne dépensent chez nous. Résultat, le déficit touris-tique canadien approche les 20 milliards de dollars par an.

PAsCAL GuiLLon Carte postale

Demandez à vos amis ce qui sera important pour eux

en 2015 et beaucoup d’entre eux vous parlerons de leurs plans de voyage. Ça ne devrait pas nous surprendre puisque, selon les chiffres de l’agence onusienne qui étudie le tourisme, plus d’un milliard de terriens traversent chaque année une frontière inter-nationale dans un but touristique. Si l’on ajoute à cela les voyages touristiques effectués par les citoyens à l’intérieur de leur pro-pre pays, on ne s’étonnera pas du fait que le tourisme soit devenu l’un des tout premiers secteurs économiques dans le monde.

En ce qui concerne le tourisme international, la croissance des cinquante dernières années a été époustouflante. En 1950, seule-ment 25 millions de personnes ont franchi une frontière inter-nationale pour aller en vacances. Quelques Américains allaient à Cuba ou au Mexique. Quelques Canadiens se rendaient aux États-Unis. Quant aux Européens, ils se remettaient péniblement de la Deuxième Guerre mondiale.

Quand la crise financière est survenue en 2008, d’abord aux États-Unis puis en Europe, cer-tains ont cru que cela allait être un coup dur pour le secteur touristique. Ces prévisions pes-simistes semblaient logiques. Les Européens et Nord-américains voient leurs revenus stagner ou diminuer. La consommation est en berne. Les économistes nous répètent que l’heure du désen- dettement est arrivée. La peur du chômage est omniprésente. On nous dit que l’avenir est sombre et que nos retraites seront mai-gres. Dans un tel contexte, pren-dre ses vacances à l’autre bout du monde ne devrait pas être une priorité. Eh bien, non! Contre toute attente, la croissance du tourisme continue.

Alors que le secteur manufac-turier est à bout de souffle et que le secteur financier ne survit que grâce aux transfusions salva-trices des imprimeurs de billets de banque, le tourisme apparaît comme une rare planche de salut économique. Pays, régions, villes, tout le monde espère être sauvé par le tourisme. Sites de champs de bataille, cimetières, camps de concentration, anciens sites industriels, lieux de tournage de films célèbres, sites liés à des per-sonnages imaginaires (Sherlock Holmes ou les vampires de Tran-sylvanie) tout est bon pour attirer des visiteurs et créer des emplois.

Le tourisme n’est plus l’affaire des seuls Nord-Américains, Eu-ropéens et Japonais. L’Argentine reçoit surtout des touristes venant du Brésil, du Chili et de l’Uruguay. Le Guatemala

Le tourisme, une industrie indestructible

compte surtout sur les Mexicains. L’Egypte accueille plus d’Arabes des pétro-monarchies que d’Occidentaux et l’Europe compte beaucoup sur la croissance des arrivées en provenance d’Asie et d’Amérique latine. Selon les prévi-sions de l’organisation mondiale du tourisme, le secteur devrait continuer à croître au rythme de 3% par an au cours des 20 pro-chaine années ce qui veut dire que d’ici 2035 plus de deux milliards de franchissements de frontières auront lieu chaque année dans un but touristique.

Au palmarès des arrivées de visiteurs étrangers, le Canada est en 16e position et la croissance du secteur touristique, au dessous de 2% par an, est loin de la moy-enne mondiale de 3%. Les profes-sionnels du secteur avancent plu- sieurs raisons qui expliqueraient ces résultats décevants. Le climat, les prix élevés, l’insuffisance des efforts de mise en marché et les tracasseries administratives (vi-sas) visant les citoyens des pays d’Amérique latine et d’Asie. Or, ces deux régions sont justement celles où le tourisme international est en forte croissance. Mais la principale raison est sans doute que nous sommes en concur-rence avec le géant américain. Le

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Vous rappelez-vous votre adolescence, vos premières amours et ces interrogations ? Pour Anita Majumdar, dan-seuse et actrice, ce souvenir est encore vibrant, si bien qu’elle met en scène ce pas-sage à l’âge adulte à travers trois portraits de trois lycée-nnes au Canada. The Fish Eyes Trilogy se tiendra du 27 au 31 janvier dans le cadre du fes-tival PuSh à Vancouver. Alli-ant le drame et l’humour, elle dépeint l’adolescence inspirée par ses expériences à Port Moody, ville d’origine d’Anita Majumdar.

Ce spectacle, et ces trois person-nages qu’elle incarne à elle seule, l’anime depuis des années. Avec ferveur et espièglerie, Anita Majumdar danse le quotidien d’une adolescence indo-cana-dienne et de ses réalités parfois heurtantes. Trois volets car com-me elle dit, « j’avais l’impression d’avoir quelque chose à dire à propos de ce que c’est que de vivre cet âge, ça ne pouvait pas se résumer à l’expérience d’un seul personnage. »

Les trois portraits de la trilogieA l’École nationale de théâtre du Canada, ses talents de danseuse sont reconnus. Désirant don-ner une autre perspective à son art, elle écrit The Fish Eyes, qui n’était pas encore une trilogie. Il

par noëLie VAnnier

Anita Majumdar danse l’adolescencemet en scène Meena. Jeune fille dansant tout le temps, elle est la moins expérimentée de la vie, la plus innocente. Elle veut être comme toutes les autres mais doit se débattre avec son milieu. Fish Eyes est aussi la significa-tion de son prénom, un symbole du poisson qui nage dans les eaux troubles de l’adolescence.

Le second acte, Boys with Cars, suit l’histoire de Naz et suscite toujours de vives réactions tant ce qui lui arrive paraît impensa-ble. Dure et sarcastique, elle est celle souffrant le plus, et subis-sant les mauvais traitements de son entourage. Silencieuse et in-telligente, elle a une conscience du monde dans lequel elle vit. Derrière Naz se cache peut-être Anita Majumdar : « Je pense que ce 2e acte est celui avec lequel j’ai été la plus sincère et sans concessions. Il décrit à quel point nous pouvons être sombre à ce tournant dans la vie », con-fie-t-elle.

Le dernier volet, intitulé Let Me Borrow That Top, dévoile le personnage de Candace. Débor-dante d’énergie, elle a sa propre manière de s’exprimer, sou-vent familière. Mais derrière ce masque se cache beaucoup de tristesse. Elle mène la vie dure aux deux premières. C’est un personnage avec ses propres soucis, elle est à la fois une vic-time et celle qui agresse.

Ces trois visages explorent le contexte, toujours actuel, dans lequel la jeunesse apprend à devenir adulte. La danse est «

un instrument de pouvoir qui les aide à naviguer avec les pro- blèmes », indique Anita Majumdar. « Je crois vraiment que le lycée est un microcosme, un reflet de la société. » Ces jeunes femmes ne sont pas des cas isolés, elles traversent des situations com-munes à tous. « Je connais toutes ces filles, j’ai grandi à Port Moody, je connais ces person-nalités. »

Ouvrir à la discussionDécouvrant l’histoire de la colo-nisation en Inde et le traitement subi par ce pays, Anita Majumdar a ressenti une profonde colère qu’elle a voulu exprimer artis-tiquement et que l’on retrouve dans sa trilogie. « Même si je suis canadienne, c’est une part du Commonwealth, c’est l’autre côté de mon identité, ils ont pris toutes les ressources du pays, sans le construire. Il me fallait un moyen de m’exprimer, que ce soit utile pour dépasser cette colère. » Utiliser la comédie et la danse permet de capter l’attention du public et de le garder pour lui montrer des ré-alités qui ne sont pas toujours mises en avant-scène.

La colonisation, le racisme, le traitement des femmes, être une femme de couleur au Canada, les premières amours, les identités culturelles, rien de la vie adoles-cente n’est laissé de côté. Anita Majumdar interprète habile-ment trois jeunes femmes avec humour et malice, suscitant chez certains des souvenirs, ouvrant les yeux pour d’autres. « Quand j’ai commencé The Fish Eyes, je pensais le faire pendant trois à cinq ans. Onze ans plus tard, les gens sentent toujours qu’il y a des choses à dire, particulière-ment dans des contextes com-me Port Moody. » Cette trilogie, dansante et provocante, devrait encore avoir de beaux jours devant elle. Mais pour l’heure, Anita Majumdar pose ses valises à Vancouver pour partager ses histoires, nos histoires. « Venir à Vancouver représente une oc-casion spéciale, c’est l’endroit le plus proche de Port Moody d’où sont issues ces histoires, je suis impatiente et nerveuse ! »

The Fish Eyes TrilogyDu 28 au 31 janvier The Cultch, Vancouver

Festival PuShwww.pushfestival.cawww.anitamajumdar.com

La Tour Eiffel attire les foules.

Danse avec l’orateur

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Anita Majumdar dans The Fish Eyes.

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Page 10: Cette langue étrange qui est désormais la miennethelasource.com/media/vol15no11_French_lowres.pdf · 2015-01-13 · par JohArA BoukABous Une nouvelle année commence et avec elle

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pas forcément en France ou au Québec puisque l’avenir du français se trouve en Afrique. Selon l’Organisation mondiale de la francophonie, 85 % des francophones se trouveront sur le continent africain d’ici à 2050. Au total, quelque 750 mil-lions de personnes devraient alors parler le français et il sera donc lié à des contextes natio- naux davantage multilingues. Nul doute que les accents vont également monter en puis-sance, peut-être même pour supplanter le français hexago-nal. Celui de ceux qui pensent ne pas en avoir.

Ici au Canada, mon français de France est plutôt bien ac-cueilli, mieux en tout cas que le français québécois dans mon pays. Être québécois en France,

Suite “Verbatim” de la page 1Suite “Charuest” de la page 7

c’est d’abord avoir la place du cousin exotique qui fait sourire, qui nous divertit tellement avec ses expressions imagées que l’on n’ose plus depuis longtemps. Il est bien évident en revanche que ce folklore et cette camaraderie n’ont pas leur place dans le mi-lieu des affaires – et notamment celui des médias qui est le mien. Si les Français peuvent facile-ment conquérir des marchés au

Canada, les Québécois, eux, sont beaucoup moins crédibles du point de vue des hautes sphères françaises (principalement pa-risiennes) qui croient parler “le vrai français”, celui qui est “le plus neutre”.

Bien souvent, il vous faudra donc, ami Québécois, “effacer” votre accent au même titre qu’un belge ou même un Marseillais ou un Toulousain si vous voulez tra-vailler dans les médias, à moins que vous ne deveniez chroni-queur sportif. Parce que, vous comprennez, parler rugby avec un accent du sud-ouest, c’est de bon aloi.

Quel dommage de voir que la France – réputée terre d’accueil

– se prive d’autant de multicul-turalisme… N’y a-t-il qu’une seule bonne recette pour faire un boeuf bourguignon, un

Paris-Brest ou une poutine ? Vancouver sait parfaite-ment démontrer le contraire chaque jour par son brassage de cultures et la créativité qui en ressort. Elle m’a mon-tré qu’il n’y a pas de bon ou de mauvais français, pas de bon ou de mauvais accent. Elle m’a montré qu’il existe, en fait, autant de français que de francophones. Elle me permet de m’en retourner perfection-ner mon “FranQuéGlish”, sans complexes. Un “FranQuéGlish” qui exprime mon vécu, mes expériences et les cultures que j’ai faites mienne. Et ce n’est que le début.

« Parler avec accent signifie s’adresser au sentiment, et alors tout est renversé » – Arthur Schopenhauer

heurtent parfois à une absence de réponse de la part du public », regrette l’animatrice.

Elle explique cela par un manque d’homogénéité dans la communauté. « À Vancouver, il existe un noyau super actif au sein de la communauté mais il y a une partie encore plus impor-tante sous le radar et qui n’est pas organisée », observe-t-elle. Selon elle, cela s’explique aussi par le fait que le français peine toujours à se faire une place dans la société.

« Vancouver est une ville mul-ticulturelle et pourtant on note une érosion du soutien de la langue française de la part du gouvernement, preuve que le français est une langue vraiment minoritaire », constate Evelyne.

Une réalité qui ne l’empêche pas de sillonner la province à la recherche d’histoires à raconter, en français bien sûr.

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d’instruments de navigation so-phistiqués… Outre leur histoire surprenante, certaines de ses œuvres contemporaines utilisent des sons électroniques, des per-cussions – éléments rares dans le milieu de la musique classique.

Pour pimenter un peu plus cette programmation avant-gardiste, le festival de musique nouvelle propose également des styles de musique s’éloignant de la musique classique. Ainsi, le festival accueillera le chœur Phoenix dirigé par Graeme Langager, le pianiste de jazz Miles Black et le Dj Michael Red.

Pour plus d’informations : www.vancouversymphony.ca

de ma vie l’une avant l’autre, dans une tentative de retrouver mon empreinte perceptive. Em-preinte, imprimer, quel jeu de mots ironique... », dit-il ainsi.

Se décrivant jeune comme un « adolescent de papier » que « la nicotine des mots ne quitte ja-mais », Chung est un étrange con-teur-né, dont le style oscille entre journal de bord et poème. Écrit en français, une langue qu’il con-sidère presque comme un « acci-dent de parcours », tant c’est elle qui l’a adopté plutôt que l’inverse, le récit est feuillu. L’auteur cher-che à se départir ainsi, à force de mots, de livres (ces « peaux de signes ») et de références littérai-res (sa seconde famille se trouve du côté des écrivains), de sa con-dition d’être-en-exil : « J’ai été si longtemps un noyé à la dérive, un noyé ne se sachant pas noyé. J’ignorais que je m’accrochais à chaque visage asiatique rencon-tré au passage comme à une par-celle d’un paradis et d’une patrie perdus, que je tenterais de recol-ler comme les morceaux d’une mosaïque. »

Entre les branches, en suivant le « fil d’Ariane » des Chinatown du monde entier, on découvre avec lui le Japon des années d’après-guerre, animé par le sen-timent d’anaé, une forme de som-bre romantisme, mais aussi et surtout la Corée du han, propre au dolorisme et au pathos. Chong y raconte également son « hiver » de pays, le Québec, comme per-sonne. Ce qui lui a d’ailleurs valu d’être qualifié par Marie-Chris-tine Blais, dans le quotidien La Presse, non pas comme un au-teur québécois de souche, mais comme « un auteur québécois de cime ». Pouvait-on le dire plus jo-liment ?

Pour toutes celles et ceux qui se sont déjà sentis hors-sol, déracinés, loin de leurs origines, je recommande cet ouvrage, publié au Boréal. Chong vous offre son récit en adoption, et il est possible que vous y trouviez un parent littéraire. Même si en bout de ligne, l’écrivain cher-che surtout à se (re)faire petit : « Moi, je sais bien que je serais satisfait de vivre sans livre, de désécrire les pages tristes de mon exil, si cela pouvait me rap-procher de l’innocence de mon enfance. »

Retour aux pays par les racines

GAry DreChou

Espace livre

Du 15 au 18 janvier 2015, l’Orchestre symphonique de Vancouver présente la deu- xième édition de son festival de musique nouvelle dirigé par son illustre directeur musi-cal, Bramwell Tovey. Ce festi-val veut repousser les limites de la musique classique au Ca- nada en proposant des composi- teurs contemporains de mu-sique classique et en célébrant la musique locale, nationale et internationale.

La compositrice en résidence Jocelyn Morlock confirme « un intérêt fort » pour les talents lo-caux de par la programmation de trois compositeurs originaires de la Colombie-Britannique ainsi que plusieurs artistes canadiens. « Nous souhaitions avant tout présenter des artistes locaux et nationaux, mais nous avons aussi programmé de la musique renommée de compositeurs in-ternationaux. Notre objectif est d’apporter au public de la mu-sique qui l’anime et le ravive », explique-t-elle.

Cette année, le festival de musique nouvelle présente les œuvres des Canadiens Marcus Goddard, Nicole Lizée, Jocelyn Morlock, Kelly-Marie Murphy et Frederick Schipizky ; des Améri-cains John Luther Adams et Steve Reich ; du Britannique Harrison Birthwistle ainsi que du Japonais Toru Takemitsu et du Québé-cois Claude Vivier, tous deux aujourd’hui décédés.

Voir plus loin pour la musique classiqueBramwell Tovey quitte son An-gleterre natale en 1989 pour di-riger l’Orchestre symphonique de Winnipeg. Et c’est en 1992 qu’il inaugure, avec le premier compositeur en résidence Glenn Buhr et son successeur Randolph Peters, le festival de musique nouvelle de Winnipeg. Le festival désormais internationalement réputé célébrera sous peu son 22e anniversaire. L’événement a, au cours des années, rassemblé les plus grands compositeurs contemporains venus des quatre coins du monde.

Le maestro Tovey, connu pour ses grands projets, con-

Dans La Trilogie coréenne, son troisième roman, l’auteur

québécois Ook Chung convie les lecteurs sous les branches de son arbre familial. Japon, Corée, Canada : trois pays, trois lieux et trois temps de vie qui se lisent (et lient) au gré des promenades, entre les branches. Un récit “à re-culons” pour se rapprocher de sa naissance, s’arracher à sa condi-tion d’exilé, prendre coréanité.

par AnnA Chemery

New Music Festival

L’Orchestre symphonique de Vancouver démarre en fanfare !

sidère comme primordial pour l’évolution de la forme artis-tique de la musique classique de promouvoir les compositeurs contemporains. C’est l’essence même de cette nécessité qui est à l’origine du festival de musique nouvelle.

En 2000, Bramwell Tovey est nommé directeur musical de l’Orchestre symphonique de Van-couver. Les soucis financiers de l’Orchestre associés à la quantité de travail nécessaire à la créa-tion d’un festival ne lui facilite- ront pas la tâche, mais il parvi-endra en 2014 à lancer un festival de musique nouvelle à Vancouver. Le concept reste le même : « des premières parties avec des étudi-ants relativement jeunes jouant de la musique classique moderne afin de dévoiler de nouveaux talents ; puis des compositeurs trentenaires et quadragénaires

eurs de renom tels que Claude Vivier ou Kelly-Marie Murphy », confie Jocelyn Morlock.

Parmi les œuvres desdits com-positeurs de renom, plus d’une s’avère être surprenante. Blood Upon the Body, Ice Upon the Soul de Kelly-Marie Murphy est ins- pirée d’une histoire vraie : la compositrice a été la voisine d’un psychopathe qui a finalement été arrêté pour meurtre. Sculptress de Nicole Lizée est une ode aux pionniers de la musique con-crète et électronique des années 1960 qui ont hanté les ondes de la BBC et transformé la musique de l’époque. Wind, Sand and Stars de Marcus Goddard est inspiré du re-cueil d’essais autobiographiques du même nom d’Antoine De Saint-Exupéry. Antoine De Saint-Exupéry y évoque ses aven-tures du temps où il travaillait à l’Aéropostale, avant l’invention

AC Marcus Goddard, artiste invité au Festival.

Jocelyn Morlock, compositrice en résidence.

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Le livre s’ouvre sur un arbre. Ou plutôt sur deux branches. La maternelle, fournie, et la pater-nelle, un peu bancale. Tout le récit part de ces deux branches. Chung, né au Japon en 1963 de parents coréens, mais ayant poussé au Québec, nous emmène en voyage sous les branches de la parenté, proche ou lointaine. Pour étoffer l’arbre. Comme dans une quête éperdue de récits/ra-cines. « Je marche à reculons vers ma naissance, effaçant les pages

Je marche à reculons vers ma naissance, effaçant les pages de ma vie l’une avant l’autre, dans une tentative de retrouver mon empreinte perceptive.Ook Chung, auteur

Ook Chung, auteur de La Trilogie coréenne.

suivis par des compositeurs plus âgés et plus connus », explique Jocelyn Morlock, la compositrice en résidence de l’Orchestre sym-phonique de Vancouver.

Oeuvres surprenantes et styles alternatifs« Quand vous écoutez un air qui vous touche, vous captive, vous avez des frissons, vous ressentez pleinement la musique. Je crois que c’est vraiment pour ça que les gens aiment la musique, c’est cette réaction viscérale inexpli-cable face à la beauté, à l’énergie, à la puissance et au charme d’un morceau […] C’est formidable de présenter des compositeurs en herbe et le travail de composit-

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eDwine VeniAt

L’enfant d’Auckland enflamme la scène du House Theatre

Si vous avez des événements à annoncer contactez-nous à l'adresse courriel suivante :[email protected]

L’Université de Capilano ou-vre l’année avec la venue

de l’artiste néo-zélandais Don McGlashan. L’artiste solo à la car-rière prolifique donnera son con-cert lors de la soirée du 16 janvier dans le cadre de la programma-tion des Global Roots Series.

Cette série populaire Global Roots propose le meilleur de la musique acoustique internatio-nale. La scène du Presentation House Theatre peut se vanter d’accueillir des artistes reflétant cette diversité. Les racines de la musique folk, avec ce nouvel évènement, sont incarnées par le son puissant de Don McGlashan.

Un artiste accompliMcGlashan est un auteur-com-positeur-interprète et joueur d’une palette d’instruments al-lant du cor d’harmonie et de l’euphonium (aussi appelé tuba ténor) à la batterie et au synthé-tiseur. Quand on lui demande de faire la liste des instruments aux-quels il sait jouer, Don McGlashan répond avec humour « Eh bien, je ne joue pas du violon » !

Avant de s’illustrer dans cette brillante carrière solo, Don McGlashan a connu le succès avec différents groupes de mu-sique. Sa carrière a débuté avec les Blam Blam Blam au début des années 1980. À partir de 1985 jusqu’en 1990, McGlashan forme un nouveau groupe baptisé The Front Lawn. Ce dernier rem-

AgendaExposition Crossed d’Ahmad TabriziDu 15 janvier au 21 février 2015À la Grunt Gallery, 350 E 2nd Ave – Unit 116 Vancouver

Cette exposition multimédia crée un portrait en compilant des écritures perses, des piles de pièces de couture et un aperçu de l’artiste lui-même – à la fois visuellement et auditive-ment.

est d’ores et déjà réussi avec Don MacGlashan qui s’inscrit à la fois dans cette acoustique primitive et qui s’inspire beaucoup de son pays d’origine dans ses compo-sitions. Ainsi, dans ses textes, il rend souvent hommage à sa ville natale d’Auckland : sa chanson Dominion Road rappelle la rue du même nom, la chanson Harbour Bridge le pont néo-zélandais, la voiture Valiant dans la chanson White Valiant qui fut un modèle très vendu dans la Nouvelle- Zélande des années 1970.

Les textes sont également

portera trois récompenses lors de la New Zealand Music Awards en 1989, parmi ces récompenses celle de la meilleure réussite in-ternationale. Pour information, les New Zealand Music Awards ré-compensent l’excellence en mu-sique et constituent le plus grand prix que peut recevoir un artiste en Nouvelle-Zélande.

Ensuite, de 1991 à 2002, Don McGlashan fonde The Mutton Bird avec Ross Burge et David Long. Ce nouveau groupe va connaître un succès rapide en remportant à la fois trois New Zealand Music Awards en 1993 et un APRA Silver Scroll Award en 1994 pour leur tube Anchor me. L’APRA (pour Australasian Performing Right As-sociation) Awards est un trophée qui salue les talents de compo-sitions musicales et les succès commerciaux, la récompense du Silver Scroll est attribuée par un panel de votants anonymes qui récompensent chaque année un tube musical.

La carrière solo de Don débute en 2003 et ce dernier remporte à nouveau un APRA Silver Scroll Award en 2006 pour son morceau Bathe in the River, bande-son du film néo-zélandais N° 2.

Un avant-goût de Nouvelle-ZélandeSi le propos des Global Roots Se-ries de l’Université de Capilano est de nous faire partager les mu-siques du monde entier, le pari

Don McGlashan sera au House Theatre le 16 janvier.

très engagés : A Thing Well Made fait référence au massacre d’Aramoana, une petite ville de Nouvelle-Zélande, le 13 novem-bre 1990. Un jeune homme s’est mis à tirer sans raison sur une foule faisant 13 morts. Cette fu-sillade est à l’heure actuelle la plus meurtrière de l’histoire du pays. Don McGlashan fait la cri-tique acerbe de la vente d’armes en se plaçant dans sa chanson du point de vue d’un quotidien sans surprise d’un vendeur bien sous tous rapports, dont le travail est, entre autres, d’envoyer quelques

fusils AK-47 pour de simples « collectionneurs ». De la même façon les chansons Miracle Sun et Toy Factory Fire font également référence à des évènements mar-quants. Toy Factory Fire désigne l’incendie qui a ravagé l’usine de jouets de l’usine Kader en Thaï-lande le 10 mai 1993, faisant plus de 188 morts et 500 blessés. La chanson est une satire de la pres-sion occidentale sur les pays en voie de développement.

Don McGlashan en interview explique qu’à travers ses chan-sons il « écrit des lettres » des-tinées à tout le monde. Il essaie de « choisir un moment à tra- vers lequel [il] a vécu et tente de raconter l’évènement à la pre-mière personne ou en créant des personnages qui raconteront l’histoire en leurs propres mots ».

Une chose est certaine, le message est parvenu jusqu’à Vancouver et sera transmis lors de cette soirée du 16 janvier qui promet d’être un beau succès.

Concert de Don McGlashanPresentation House Theatre333 Chesterfield Ave, North VancouverVendredi 16 janvier 2015 à 20 hEntrées de 25 $ à 28 $

teurs dans les arts de la scène : théâtre, danse, musique et au-tres, des formes hybrides de performances.

* * *Séquence 8 : les sept doigts de la main en spectacle à VancouverDu 22 au 24 janvier 2015 à 20 hAu Vancouver Playhouse Theatre Company

* * *PuSh International Performing Arts FestivalDu 20 janvier au 8 février 2015

Le Festival PuSh représente vingt jours de travaux nova-

Présenté à plus de 300 reprises à travers le monde depuis sa création en 2012, Séquence 8 est un mélange explosif de cirque, de danse et de théâtre, qui vous laissera suspendu, sourire aux lèvres, entre fascination et exal-tation. Entrées de 39 $ à 55 $

Une oeuvre d’Ahmad Tabrizi.