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CHAMPLAIN SUR LE LAC NIPISSING François Castilloux Le 26 juillet 1615, Samuel de Champlain traversa le lac Nipissing et séjourna avec la nation Nipissing. Cela faisait partie de son long voyage pour explorer la rivière des Outaouais et les Grands Lacs et ainsi brancher la Nouvelle-France au monde autochtone. En raison de ce voyage, l'an 2015 célèbre le 400e anniversaire de la présence française en Ontario. Ce 26 juillet est donc le 400e anniversaire de Champlain au lac Nipissing. Champlain écrit son expérience et décrit le lac, le paysage et la nation Nipissing. Dans le cadre des célébrations, c'est le meilleur moment de lui céder parole. Les paragraphes suivants ont été tirés de "Œuvres de Champlain" (C.-H. Laverdière: tome 4, 2e éd.). J’ai modernisé l’écriture, les toponymes, ethnonymes et unité de mesure, mais conserver le langage original et le style. Voici Champlain lorsqu’il approchait le lac Nipissing : Continuant notre chemin par terre, en laissant la rivière des Outaouais, nous passons par plusieurs lacs, où les aborigènes portent leurs canots jusqu'à temps nous entrions le lac des Nipissings, par la hauteur de 46 degré et 15 de latitude. Le 26e jour du mois de juillet, après avoir traversé tant par terre que par les lacs, 139 km environs, nous arrivions aux cabanes des aborigènes où nous séjournons deux jours avec eux. Ils nous ont fait très bonne réception et étaient en grand nombre. […] Durant mon séjour avec eux, le Chef organisa une fête en plusieurs festins, selon leur coutume, nous n’avions pas eu besoin de chasser ni pécher, car ils nous traitaient le plus délicatement qu’ils pouvaient. Ce peuple était bien en nombre de 7 à 8 cents âmes, qui se tient ordinairement au lac, où il y a grand nombre d'îles bien plaisantes et entre autre une qui a plus de 6 lieues de long avec 3 ou 4 beaux étangs et nombre de belles prairies avec de très beaux bois qui l’environne, où il y a abondance de gibier qui se retirent dans ces petits étangs où les aborigènes y pèchent du poisson. Le côté nord du lac est bien agréable, il y a de belles prairies pour la nourriture de bétail et plusieurs petites rivières qui se déchargent dans le lac. Les aborigènes péchaient dans un lac fort abondant de plusieurs sortes de poisson, entre autre un qui était très bon et qui mesurait un pied de long, aussi comme d'autres espèces que les aborigènes pèchent pour faire sécher ou mettre en provision. L'étendu du lac est environ 44 km de large et 140 km de long, dans lequel descend une rivière qui vient du Nord-Ouest [Rivière Sturgeon], par où ils vont traiter de la marchandise que nous leur avions échangé, et par où provenait leur fourrure, et avec ceux qui habitent la rivière vivent de chasse et de pèche, pays peuplé de grande quantité, tant d'animaux qu'oiseaux et poissons. Après nous avoir reposé deux jours avec le chef desdits Nipissings, nous rembarquions nos canots et entrions une rivière, par où ce lac se décharge [Rivière des Français] et d'où nous avons fait 194 km et descendions, par plusieurs petits saults, tant par terre que par eau, jusqu'au lac Huron.

Champlain sur le lac Nipissing

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Histoire du Nipissing

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Page 1: Champlain sur le lac Nipissing

CHAMPLAIN SUR LE LAC NIPISSING François Castilloux

Le 26 juillet 1615,

Samuel de

Champlain traversa

le lac Nipissing et

séjourna avec la

nation Nipissing.

Cela faisait partie de

son long voyage

pour explorer la

rivière des Outaouais et les Grands Lacs et ainsi

brancher la Nouvelle-France au monde

autochtone. En raison de ce voyage, l'an 2015

célèbre le 400e anniversaire de la présence

française en Ontario. Ce 26 juillet est donc le

400e anniversaire de Champlain au lac Nipissing.

Champlain écrit son expérience et décrit le lac, le

paysage et la nation Nipissing. Dans le cadre des

célébrations, c'est le meilleur moment de lui

céder parole. Les paragraphes suivants ont été

tirés de "Œuvres de Champlain" (C.-H.

Laverdière: tome 4, 2e éd.). J’ai modernisé

l’écriture, les toponymes, ethnonymes et unité de

mesure, mais conserver le langage original et le

style. Voici Champlain lorsqu’il approchait le lac

Nipissing :

Continuant notre chemin par terre, en laissant la

rivière des Outaouais, nous passons par

plusieurs lacs, où les aborigènes portent leurs

canots jusqu'à temps nous entrions le lac des

Nipissings, par la hauteur de 46 degré et 15 de

latitude. Le 26e jour du mois de juillet, après

avoir traversé tant par terre que par les lacs, 139

km environs, nous arrivions aux cabanes des

aborigènes où nous séjournons deux jours avec

eux. Ils nous ont fait très bonne réception et

étaient en grand nombre. […] Durant mon séjour

avec eux, le Chef organisa une fête en plusieurs

festins, selon leur coutume, nous n’avions pas eu

besoin de chasser ni pécher, car ils nous

traitaient le plus délicatement qu’ils pouvaient.

Ce peuple était bien en nombre de 7 à 8 cents

âmes, qui se tient ordinairement au lac, où il y a

grand nombre d'îles bien plaisantes et entre

autre une qui a plus de 6 lieues de long avec 3 ou

4 beaux étangs et nombre de belles prairies avec

de très beaux bois qui l’environne, où il y a

abondance de gibier qui se retirent dans ces

petits étangs où les aborigènes y pèchent du

poisson.

Le côté nord du lac est bien agréable, il y a de

belles prairies pour la nourriture de bétail et

plusieurs petites rivières qui se déchargent dans

le lac. Les aborigènes péchaient dans un lac fort

abondant de plusieurs sortes de poisson, entre

autre un qui était très bon et qui mesurait un

pied de long, aussi comme d'autres espèces que

les aborigènes pèchent pour faire sécher ou

mettre en provision. L'étendu du lac est environ

44 km de large et 140 km de long, dans lequel

descend une rivière qui vient du Nord-Ouest

[Rivière Sturgeon], par où ils vont traiter de la

marchandise que nous leur avions échangé, et

par où provenait leur fourrure, et avec ceux qui

habitent la rivière vivent de chasse et de pèche,

pays peuplé de grande quantité, tant d'animaux

qu'oiseaux et poissons. Après nous avoir reposé

deux jours avec le chef desdits Nipissings, nous

rembarquions nos canots et entrions une rivière,

par où ce lac se décharge [Rivière des Français]

et d'où nous avons fait 194 km et descendions,

par plusieurs petits saults, tant par terre que par

eau, jusqu'au lac Huron.