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LE CHANSONS DE BILITIS Testi di Pierre Louys 1 CHANT PASTORAL Il faut chanter un chant pastoral, invoquer Pan, dieu du vent d'été. Je garde mon troupeau et Sélénis le sien, à l'ombre ronde d'un olivier qui tremble. Sélénis est couchée sur le pré. Elle se lève et court, ou cherche des cigales, ou cueille des fleurs avec des herbes, ou lave son visage dans l'eau fraîche du ruisseau. Moi, j'arrache la laine au dos blond des moutons pour en garnir ma quenouille, et je file. Les heures sont lentes. Un aigle passe dans le ciel. L'ombre tourne: changeons de place la corbeille de figues et la jarre de lait. Il faut chanter un chant pastoral, invoquer Pan, dieu du vent d'été. 3 LES CONTES Je suis aimée des petits enfants; dès qu'ils me voient, ils courent à moi, et s'accrochent à ma tunique et prennent mes jambes dans leurs petits bras. S'ils ont cueilli des fleurs, ils me les donnent toutes; s'ils ont pris un scarabée ils le mettent dans ma main; s'ils n'ont rien ils me caressent et me font asseoir devant eux. Alors ils m'embrassent sur la joue, ils posent leurs têtes sur mes seins; ils me supplient avec les yeux. Je sais bien ce que cela veut dire. Cela veut dire: « Bilitis chérie, dis-nous, car nous sommes gentils, l'histoire du héros Perseus ou la mort de la petite Hellé. » 2 LES COMPARAISONS Bergeronnette, oiseau de Kypris, chante avec nos premiers désirs! Le corps nouveau des jeunes filles se couvre de fleurs comme la terre. La nuit de tous nos rêves approche et nous en parlons entre nous. Parfois nous comparons ensemble nos beautés si différentes, nos chevelures déjà longues, nos jeunes seins encore petits, nos pubertés rondes comme des cailles et blotties sous la plume naissante. Hier je luttai de la sorte contre Melanthô mon aînée. Elle était fière de sa poitrine qui venait de croître en un mois, et, montrant ma tunique droite, elle m'avait appelée: petite enfant. Pas un homme ne pouvait nous voir, nous nous mîmes nues devant les filles, et, si elle vainquit sur un point, je l'emportait de loin sur les autres. Bergeronnette, oiseau de Kypris, chante avec nos premiers désirs! CANTO PASTORALE Bisogna cantare un canto pastorale, invocare Pan, dio del vento d'estate. Io custodisco il mio gregge e Selenis il suo, all'ombra rotonda di un ulivo che trema. Selenis è coricata sul prato. Si alza e corre, oppure cerca delle cicale,oppure coglie fiori con fili d'erba o lava il suo viso nell' acqua fresca del ruscello. Io strappo la lana dal dorso biondo degli agnelli per adornare la mia conocchia e filo. Le ore sono lente. Un'aquila passa nel cielo. L'ombra gira, cambiamo posto al cesto di fiori e all'orcio del latte. Bisogna cantare un canto pastorale, invocare Pan, dio del vento d' estate. I CONFRONTI (i paragoni) Oh Cutrettola, uccellino di Kypris, canta con i nostri primi desideri! Il corpo fresco di fanciulle si copre di fiori come la terra. La notte di tutti i nostri sogni si avvicina e noi ne parliamo fra di noi. A volte noi confrontiamo insieme le nostre bellezze così diverse le nostre chiome già lunghe, i nostri giovani seni ancora piccoli, le nostre turgide pubertà nascoste sotto la piuma nascente. Ieri, gareggiai in questo modo con Melantho, la maggiore. Era fiera del suo seno che era appena cresciuto in un mese, e, mostrando la mia tunica dritta, mi aveva chiamata bambina. Nessun uomo poteva vederci, ci mettemmo nude davanti alla fanciulle, e, se lei vinse su un punto ebbi la meglio sulle altre. Oh Cutrettola, uccello di Kypris, canta con i nostri primi desideri. I RACCONTI Sono amata dai bambini; appena mi vedono, corrono verso di me e si aggrappano alla mia tunica e mi stringono le gambe fra le loro braccine. Se hanno colto dei fiori, me li donano tutti; se hanno preso una scarabeo, lo mettono nella mia mano; se no hanno nulla mi accarezzano e mi fanno sedere davanti a loro. Allora mi baciano sulla guancia, posano il capo sul mio seno; mi supplicano con gli occhi. So bene ciò che questo vuol dire. Questo vuol dire: " cara Bilitis, ridicci, dato che siamo buoni, la storia dell'eroe Perseo o la morte della piccola Hellé."

Chanson Bilitis Testi italiano

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Testo italiano Chanson de Bilitis

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  • LE CHANSONS DE BILITIS Testi di Pierre Louys 1 CHANT PASTORAL Il faut chanter un chant pastoral, invoquer Pan, dieu du vent d't. Je garde mon troupeau et Slnis le sien, l'ombre ronde d'un olivier qui tremble. Slnis est couche sur le pr. Elle se lve et court, ou cherche des cigales, ou cueille des fleurs avec des herbes, ou lave son visage dans l'eau frache du ruisseau. Moi, j'arrache la laine au dos blond des moutons pour en garnir ma quenouille, et je file. Les heures sont lentes. Un aigle passe dans le ciel. L'ombre tourne: changeons de place la corbeille de figues et la jarre de lait. Il faut chanter un chant pastoral, invoquer Pan, dieu du vent d't. 3 LES CONTES Je suis aime des petits enfants; ds qu'ils me voient, ils courent moi, et s'accrochent ma tunique et prennent mes jambes dans leurs petits bras. S'ils ont cueilli des fleurs, ils me les donnent toutes; s'ils ont pris un scarabe ils le mettent dans ma main; s'ils n'ont rien ils me caressent et me font asseoir devant eux. Alors ils m'embrassent sur la joue, ils posent leurs ttes sur mes seins; ils me supplient avec les yeux. Je sais bien ce que cela veut dire. Cela veut dire: Bilitis chrie, dis-nous, car nous sommes gentils, l'histoire du hros Perseus ou la mort de la petite Hell. 2 LES COMPARAISONS Bergeronnette, oiseau de Kypris, chante avec nos premiers dsirs! Le corps nouveau des jeunes filles se couvre de fleurs comme la terre. La nuit de tous nos rves approche et nous en parlons entre nous. Parfois nous comparons ensemble nos beauts si diffrentes, nos chevelures dj longues, nos jeunes seins encore petits, nos puberts rondes comme des cailles et blotties sous la plume naissante. Hier je luttai de la sorte contre Melanth mon ane. Elle tait fire de sa poitrine qui venait de crotre en un mois, et, montrant ma tunique droite, elle m'avait appele: petite enfant. Pas un homme ne pouvait nous voir, nous nous mmes nues devant les filles, et, si elle vainquit sur un point, je l'emportait de loin sur les autres. Bergeronnette, oiseau de Kypris, chante avec nos premiers dsirs!

    CANTO PASTORALE Bisogna cantare un canto pastorale, invocare Pan, dio del vento d'estate. Io custodisco il mio gregge e Selenis il suo, all'ombra rotonda di un ulivo che trema. Selenis coricata sul prato. Si alza e corre, oppure cerca delle cicale,oppure coglie fiori con fili d'erba o lava il suo viso nell' acqua fresca del ruscello. Io strappo la lana dal dorso biondo degli agnelli per adornare la mia conocchia e filo. Le ore sono lente. Un'aquila passa nel cielo. L'ombra gira, cambiamo posto al cesto di fiori e all'orcio del latte. Bisogna cantare un canto pastorale, invocare Pan, dio del vento d' estate. I CONFRONTI (i paragoni) Oh Cutrettola, uccellino di Kypris, canta con i nostri primi desideri! Il corpo fresco di fanciulle si copre di fiori come la terra. La notte di tutti i nostri sogni si avvicina e noi ne parliamo fra di noi. A volte noi confrontiamo insieme le nostre bellezze cos diverse le nostre chiome gi lunghe, i nostri giovani seni ancora piccoli, le nostre turgide pubert nascoste sotto la piuma nascente. Ieri, gareggiai in questo modo con Melantho, la maggiore. Era fiera del suo seno che era appena cresciuto in un mese, e, mostrando la mia tunica dritta, mi aveva chiamata bambina. Nessun uomo poteva vederci, ci mettemmo nude davanti alla fanciulle, e, se lei vinse su un punto ebbi la meglio sulle altre. Oh Cutrettola, uccello di Kypris, canta con i nostri primi desideri. I RACCONTI Sono amata dai bambini; appena mi vedono, corrono verso di me e si aggrappano alla mia tunica e mi stringono le gambe fra le loro braccine. Se hanno colto dei fiori, me li donano tutti; se hanno preso una scarabeo, lo mettono nella mia mano; se no hanno nulla mi accarezzano e mi fanno sedere davanti a loro. Allora mi baciano sulla guancia, posano il capo sul mio seno; mi supplicano con gli occhi. So bene ci che questo vuol dire. Questo vuol dire: " cara Bilitis, ridicci, dato che siamo buoni, la storia dell'eroe Perseo o la morte della piccola Hell."

  • 4 CHANSON Ombre du bois o elle devait venir, dis-moi, o est alle ma matresse? Elle est descendue dans la plaine.

    Plaine, o est alle ma matresse? Elle a suivi les bords du fleuve.

    Beau fleuve qui l'a vue passer, dis-moi, est-elle prs d'ici? Elle m'a quitt pour le chemin.

    Chemin, la vois-tu encore? Elle m'a laiss pour la route.

    route blanche, route de la ville, dis-moi, o l'as-tu conduite? la rue d'or qui entre Sardes. rue de lumire, touches-tu ses pieds nus? Elle est entre au palais du roi.

    palais, splendeur de la terre, rends-la-moi! Regarde, elle a des colliers sur les seins et des houppes dans les cheveux,

    cent perles le long des jambes, deux bras autour de la taille. 5 LA PARTIE D'OSSELETS Comme nous l'aimions tous les deux, nous l'avons jou aux osselets. Et ce fut une partie clbre. Beaucoup de jeunes filles y assistaient. Elle amena d'abord le coup des Kyklpes, et moi, le coup de Soln. Mais elle le Kallibolos, et moi, me sentant perdue, je priais la desse! Je jouai, j'eus l'Epiphnn, elle le terrible coup de Khios, moi l'Antiteukhos, elle le Trikhias, et moi le coup d'Aphrodit qui gagna l'amant disput. Mais la voyant plir, je la pris par le cou et je lui dis tout prs de l'oreille (pour qu'elle seule m'entendit): Ne pleure pas, petite amie, nous le laisserons choisir entre nous. 6 BILITIS Une femme s'enveloppe de laine blanche. Une autre se vt de soie et d'or. Une autre se couvre de fleurs, de feuilles vertes et de raisins. Moi je ne saurais vivre que nue. Mon amant, prends-moi comme je suis: sans robe ni bijoux ni sandales voici Bilitis toute seule. Mes cheveux sont noirs de leur noir et mes lvres rouges de leur rouge. Mes boucles flottent autour de moi, libres et rondes comme des plumes. Prends moi telle que ma mre m'a faite dans une nuit d'amour lointaine, et si je te plais ainsi n'oublie pas de me le dire.

    CANZONE " Ombra del bosco dove lei doveva venire, dimmi, dove andata la mia amante? -E' scesa a valle? -Valle, dov' andata la mia amante? -Ha seguito le rive del fiume. -Bel fiume che l'hai vista passare, dimmi, qui vicino? -Mi ha lasciato per il sentiero. - Sentiero la vedi ancora? -Mi ha lasciato per la strada. - O strada bianca,strada della citt,dimmi,dove l'hai condotta? -Alla strada d'oro che entra a Sardes. -O strada lucente, tocchi i suoi piedi nudi? -E' entrata nel palazzo del re. -O palazzo, splendore della terra, rendimela! -Guarda, lei ha collane sui seni e dei fiocchi fra i capelli, cento perle lungo le gambe, due braccia intorno alla vita." LA PARTITA D'ALIOSSI Siccome l'amiamo tutte e due, l'abbiamo giocato con gli aliossi. Fu una celebre partita. Molte fanciulle vi assistevano. Sferr prima il colpo dei Kyklopes, ed io, il colpo di Solon. Ma lei, il Kallibolos, ed io, sentendomi perduta, pregai la dea! Giocai, ebbi l'Epiphenon, lei il terribile colpo di Khios, io l'Antitenkhos, lei il Trikhias, ed io il colpo di Afrodite che vinse l'amante disputato. Ma vedendola impallidire, l'afferrai per il collo e le dissi vicino all'orecchio (perch lei sola mi sentisse): "non piangere, piccola amica, lo lasceremo scegliere fra noi". BILITIS Una donna si avvolge di lana bianca. Un'altra si veste di seta e d'oro. Un'altra si copre di fiori, di foglie verdi e d'uva. Io non saprei vivere che nuda. Mio amante, prendimi cos come sono: senza abiti ne gioielli ne sandali, ecco soltanto Bilitis. I miei capelli sono neri del loro nero e le mie labbra rosse del loro rosso. I miei riccioli fluttuano intorno a me liberi e rotondi come piume. Prendimi cos come mia madre mi ha fatta in una notte d'amore lontana, e se ti piaccio cos, non dimenticare di dirmelo.

  • 7 LE TOMBEAU SANS NOM Mnasidika m'ayant prise par la main me mena hors des portes de la ville, jusqu' un petit champ inculte o il y avait une stle de marbre. Et elle me dit: Celle-ci fut l'amie de ma mre. Alors je sentis un grand frisson, et sans cesser de lui tenir la main, je me penchai sur son paule, afin de lire les quatre vers entre la coupe creuse et le serpent: Ce n'est pas la mort qui m'a enleve, mais les Nymphes des fontaines. Je repose ici sous une terre lgre avec la chevelure coupe de Xantho. Qu'elle seule me pleure. Je ne dis pas mon nom. Longtemps nous sommes restes debout, et nous n'avons pas vers la libation. Car comment appeler une me inconnue d'entre les foules de l'Hads? 8 LES COURTISANES GYPTIENNES Je suis alle avec Plango chez les courtisanes gyptiennes, tout en haut de la vieille ville. Elles ont des amphores de terre, des plateaux de cuivre et des nattes jaunes o elles s'accroupissent sans effort. Leurs chambres sont silencieuses, sans angles et sans encoignures, tant les couches successives de chaux bleue ont mouss les chapiteaux et arrondi le pied des murs. Elles se tiennent immobiles, les mains poses sur les genoux. Quand elles offrent la bouillie elles murmurent: Bonheur. Et quand on les remercie, elles disent: Grce toi. Elles comprennent le hellne et feignent de le parler mal pour se rire de nous dans leur langue; mais nous, dent pour dent, nous parlons lydien et elles s'inquitent tout coup. 9 L'EAU PURE DU BASSIN Eau pure du bassin, miroir immobile, dis-moi ma beaut. - Bilitis, ou qui que tu sois, Tthys peut-tre ou Amphritrit, tu es belle, sache-le.

    Ton visage se penche sous ta chevelure paisse, gonfle de fleurs et de parfums. Tes paupires molles s'ouvrent peine et tes flancs sont las des mouvements de l'amour. Ton corps fatigu du poids de tes seins porte les marques fines de l'ongle et les taches bleues du baiser. Tes bras sont rougis par l'treinte. Chaque ligne de ta peau fut aime. Eau claire du bassin, ta fracheur repose. Reois-moi, qui suis lasse en effet. Emporte le fard de mes joues, et la sueur de mon ventre et le souvenir de la nuit.

    LA TOMBA SENZA NOME Mnasidika prendendomi per mano mi port fuori dalle porte della citt, fino ad un piccolo incolto dove c'era una stele di marmo. Mi disse: "Questa era l'amica di mia madre" Sent allora un gran brivido, e sempre tenendola per mano mi chinai sulla sua spalla, per leggere i quattro versi fra la coppa vuota e il serpente: "Non mi ha portata via la morte, ma le Ninfe delle fontane. Riposo qui sotto una terra leggera con la chioma tagliata di Xanth. Che ella sola mi pianga. Non dico il mio nome". A lungo siamo rimaste in piedi, e non abbiamo versato la libagione. Poich come chiamare un'amica sconosciuta fra la folla dell'Ade? LE CORTIGIANE EGIZIANE Sono andata con Plangon dalle cortigiane egiziane, nella parte alta della vecchia citt. Hanno anfore di terra, vassoi di rame e stuoie gialle dove si possono accoccolare senza sforzo. Le loro stanze sono silenziose, senza angoli, tanto gli strati successivi di calce blu hanno smussato i capitelli e arrotondato la base dei muri. Stanno immobili, le mani posate sulle ginocchia. Quando offrono la farinata, mormorano "Fortuna\Felicit". Quando le si ringrazia, dicono "Sia grazia a te". Comprendono il greco e fingono di parlarlo male per ridire di noi della nostra lingua; ma noi, dente per dente, parliamo in lidio ed esse si arrabbiano all'improvviso.

    L'ACQUA PURA DELLA VASCA "Acqua pura della vasca, specchio immobile, dimmi se sono bella. -Bilitis, o chiunque tu sia, Tethis forse o Amphitrite, tu sei bella, sappilo. "Il tuo viso si affaccia sotto i tuoi folti capelli, gonfi di fiori e profumi. "Le tue palpebre molli si aprono appena e i tuoi fianchi sono stanchi per il moto dell'amore. "Il tuo corpo affaticato dal peso dei tuo seno porta i segni sottili dell'unghia e le macchie blu del bacio. "Le tue braccia sono arrossate dalla stretta. "Ogni linea della tua pelle fu amata. -Acqua chiara della vasca, la tua freschezza da riposo. Ricevimi, sono stanca infatti. Cancella il rossore delle mie guance, il sudore del mio ventre e il ricordo della notte.

  • 10 LA DANSEUSE AUX CROTALES Tu attaches tes mains lgres tes crotales retentissants, Myrrhinidion ma chrie, et peine nue hors de la robe, tu tires tes membres nerveux. Que tu es jolie, les bras en l'air, les reins arqus et les seins rouges! Tu commences: tes pieds l'un devant l'autre se posent, hsitent, et glissent mollement. Ton corps se plie comme une charpe, tu caresses ta peau qui frissonne, et la volupt inonde tes longs yeux vanouis. Tout coup, tu claques des crotales! Cambre-toi sur les pieds dresss, secoue les reins, lance les jambes et que tes mains pleines de fracas appellent tous les dsirs en bande autour de ton corps tournoyant! Nous, applaudissons grands cris, soit que, souriant sur l'paule, tu agites d'un frmissement ta croupe convulsive et muscle, soit que tu ondules presque tendue, au rhythme de tes souvenirs.

    11 LE SOUVENIR DE MNASIDIKA Elles dansaient l'une devant l'autre, d'un mouvement rapide et fuyant; elles semblaient toujours vouloir s'enlacer, et pourtant ne se touchaient point, si ce n'est du bout des lvres. Quand elles tournaient le dos en dansant, elles se regardaient, la tte sur l'paule, et la sueur brillait sous leurs bras levs, et leurs chevelures fines passaient devant leurs seins. La langueur de leurs yeux, le feu de leurs joues, la gravit de leurs visages, taient trois chansons ardentes. Elles se frlaient furtivement, elles pliaient leurs corps sur les hanches. Et tout coup, elles sont tombes, pour achever terre la danse molle Souvenir de Mnasidika, c'est alors que tu m'apparus, et tout, hors ta chre image, me fut importun.

    12 LA PLUIE AU MATIN La nuit s'efface. Les toiles s'loignent. Voici que les dernires courtisanes sont rentres avec les amants. Et moi, dans la pluie du matin, j'cris ces vers sur le sable. Les feuilles sont charges d'eau brillante. Des ruisseaux travers les sentiers entranent la terre et les feuilles mortes. La pluie, goutte goutte, fait des trous dans ma chanson. Oh! que je suis triste et seule ici! Les plus jeunes ne me regardent pas; les plus gs m'ont oublie. C'est bien. Ils apprendront mes vers, et les enfants de leurs enfants. Voil ce que ni Myrtal, ni Thas, ni Glykra ne se diront, le jour o leurs belles joues seront creuses. Ceux qui aimeront aprs moi chanteront mes strophes ensemble.

    LA DANZATRICE DEI CROTALI Tu attacchi alle mani leggere i crotali tintinnanti, Myrrhinidion mia cara, e appena nuda del tuo vestito, tu stiri le membra nervose. Come sei graziosa, con le braccia in aria, la schiena inarcata e i seni arrossati! Tu cominci: i tuoi piedi si posano l'uno davanti all'altro, esitano, e scivolano mollemente. Il tuo corpo si piega come una sciarpa, accarezzi la tua pelle che rabbrividisce, e la volutt inonda i tuoi lunghi occhi svaniti. All'improvviso,suoni i crotali! Ti inarchi sulla punta dei piedi, scuoti le spalle, slanci le gambe e fa che le tue mani piene di fragore richiamino tutti i desideri attorno al tuo corpo volteggiante. Noi, applaudiamo con forti grida, sia che, sorridente sulla spalla, tu agiti con un fremito improvviso le tue sode natiche, sia che tu ondeggi quasi distesa, al ritmo dei tuoi ricordi.

    IL RICORDO DI MNASIDICA Danzavano l'una davanti all'altra, con movimento rapido e fugace; sembravano volersi sempre allacciare, e per tanto non si toccavano affatto se non sfiorandosi. Quando giravano le spalle danzando, si guardavano, la testa sulla spalla, e il sudore brillava sulle loro braccia alzate, e i loro fini capelli scivolavano su i loro seni. Il languore dei loro occhi, il fuoco delle loro guance, la gravit dei loro visi, erano tre canzoni ardenti. Si sfioravano furtivamente, ripiegavano i corpi sulle anche. E all'improvviso, sono cadute, per finire a terra la tenera danza... Ricordo di Mnasidica, fu allora che tu mi apparisti, e tutto, oltre la tua cara immagine, mi fu importuno. LA PIOGGIA AL MATTINO La notte si cancella. Le stelle si allontanano. Ecco che le ultime cortigiane sono rientrate con gli amanti. Ed io, nella pioggia del mattino, scrivo questi versi sulla sabbia. Le foglie sono irrorate d'acqua lucente. Ruscelli attraverso i sentieri trascinano la terra e le foglie morte. La pioggia, goccia a goccia, bucherella la mia canzone. Oh! Come sono sola e triste qui! Le pi giovani non mi guardavano; le pi grandi mi hanno dimenticata. E' bene, impareranno i miei versi, e i bambini dei loro bambini. Ecco ci che n Myrtale, ne Thais, ne Glikra si diranno, il giorno in cui le loro belle guance saranno scavate. Coloro che ameranno dopo di me canteranno insieme le mie strofe.