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30 © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2 de – Livre du professeur Histoire p. 72-91 / Hist-Géo p. 78-97 Chapitre 4 La chrétienté médiévale du XI e au XIII e siècle Programme Durée : 4 à 5 heures Mise en œuvre dans le manuel La question traite de la place fondamen- tale de la chrétienté dans l’Europe médié- vale en prenant appui sur deux études : •   un  élément  de  patrimoine  religieux  au  choix (église, cathédrale, abbaye, œuvre  d’art…), replacé dans son contexte his- torique ; •   un  exemple  au  choix  pour  éclairer  les  dimensions de la christianisation en Europe  (évangélisation,  intégration,  exclusion, répression…). – Trois entrées, au choix, sont proposées pour introduire la première étude demandée par le programme : •   Un dogme fondamental du christianisme : la résurrection des morts (grand document  d’ouverture, p. 72 / p. 78). •   Une pratique qui se développe à partir du XII e  siècle : le culte de la Vierge Marie (Histoire  des Arts, Notre-Dame de la « Belle Verrière » de la cathédrale de Chartres, p. 84 / p. 90). •   Un lieu emblématique de la spiritualité médiévale : l’abbaye cistercienne de Sénanque  (Étude avec complément numérique p. 83 / p. 89). – Trois entrées, au choix, sont proposées pour introduire la seconde étude demandée par le programme : •   Un sacrement mis en place par l’Église au XIII e siècle afin de renforcer l’encadrement des fidèles : la confession (Étude p. 78 / p. 84). •   L’appel à la croisade d’Urbain II en 1095, révélateur des conditions de l’expansion de la  chrétienté (Étude p. 82 / p. 88). •   La répression menée contre les cathares en Languedoc au XIII e  siècle (Étude p. 80 / p. 86). – Des supports variés pour la contextualisation historique des études choisies : •   Quatre notions clés définies et reliées à la chronologie de la période (Repères p. 74 / p. 80). •   Des cartes dont une grande carte de synthèse du chapitre (Cartes p. 76 / p. 82). •   Un cours synthétique, structuré en trois points clés (p. 86 / p. 92). •   Un schéma de synthèse visuel (p. 89 / p. 95), enrichi d’une version numérique commentée,  ainsi que de son texte à télécharger et à imprimer. Du programme au manuel Mayeur Jean-Marie, Pietri Charles et Luce, Vauchez André et Venard Marc (dir.), Histoire du christianisme des origines à nos jours, tome 5, « Apogée de la papauté et expansion de la chrétienté (1054-1274 »), Desclée, 1993. Bibliographie Baschet Jérôme, La Chrétienté médiévale, représenta- tions et pratiques sociales, La Documentation photo- graphique n°8047, La Documentation française, 2005. Chélini Jean, Histoire religieuse de l’Occident médié- val, Hachette, coll. Pluriel, réed. 2002. Lien avec le programme Pour ce chapitre, l’analyse historique d’une œuvre d’art est particulièrement pertinente pour appréhender la question des croyances chrétiennes. Le thème de la résurrection des morts permet d’intro- duire la problématique de la croyance en un au-delà auquel le fidèle doit se préparer et vers lequel l’Église se donne pour mission de le guider. L’œuvre permet d’aborder à la fois le thème des croyances qui fondent la chrétienté et celui de la diffusion de ces croyances par l’Église qui consolide son encadrement de la foi. Le document iconographique Le Livre des Péricopes d’Henri II est un manuscrit enlu- miné réalisé pour l’empereur ottonien du Saint Empire, Henri II (1004-1024) et son épouse Cunégonde de Document iconographique p. 72-73 / p. 78-79 La Résurrection des morts, enluminure (détail), Livre des Péricopes d’Henri II, début XI e siècle, Bayerische Staatsbibliothek, Munich.

Chapitre 4 La chrétienté médiévale du xie au xiiie · Jonas, personnage biblique (livre de Jonas dans l’Ancien Testament et mentions dans le Nouveau Testament) est uti-lisé

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30 © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur

➤ Histoire p. 72-91 / Hist-Géo p. 78-97

Chapitre 4 La chrétienté médiévale du xie au xiiie siècle

ProgrammeDurée : 4 à 5 heures Mise en œuvre dans le manuel

La question traite de la place fondamen-tale de la chrétienté dans l’Europe médié-vale en prenant appui sur deux études : •  un  élément  de  patrimoine  religieux  au choix (église, cathédrale, abbaye, œuvre d’art…), replacé dans son contexte his-torique ;

•  un exemple au choix pour éclairer  les dimensions de la christianisation en Europe  (évangélisation,  intégration, exclusion, répression…).

– Trois entrées, au choix, sont proposées pour introduire la première étude demandée par le programme :•  Un dogme fondamental du christianisme :  la résurrection des morts (grand document d’ouverture, p. 72 / p. 78).

•  Une pratique qui se développe à partir du XIIe siècle : le culte de la Vierge Marie (Histoire des Arts, Notre-Dame de la « Belle Verrière » de la cathédrale de Chartres, p. 84 / p. 90).

•  Un lieu emblématique de la spiritualité médiévale : l’abbaye cistercienne de Sénanque (Étude avec complément numérique p. 83 / p. 89).

– Trois entrées, au choix, sont proposées pour introduire la seconde étude demandée par le programme :•  Un sacrement mis en place par l’Église au XIIIe siècle afin de renforcer l’encadrement des fidèles : la confession (Étude p. 78 / p. 84).

•  L’appel à la croisade d’Urbain II en 1095, révélateur des conditions de l’expansion de la chrétienté (Étude p. 82 / p. 88).

•  La répression menée contre les cathares en Languedoc au XIIIe siècle (Étude p. 80 / p. 86).– Des supports variés pour la contextualisation historique des études choisies :•  Quatre notions clés définies et reliées à la chronologie de la période (Repères p. 74 / p. 80).•  Des cartes dont une grande carte de synthèse du chapitre (Cartes p. 76 / p. 82).•  Un cours synthétique, structuré en trois points clés (p. 86 / p. 92).•  Un schéma de synthèse visuel (p. 89 / p. 95), enrichi d’une version numérique commentée, ainsi que de son texte à télécharger et à imprimer.

Du programme au manuel

✔ Mayeur Jean-Marie, Pietri Charles et Luce, Vauchez André et Venard Marc (dir.), Histoire du christianisme des origines à nos jours, tome 5, « Apogée de la papauté et expansion de la chrétienté (1054-1274 »), Desclée, 1993.

Bibliographie

✔ Baschet Jérôme, La Chrétienté médiévale, représenta-tions et pratiques sociales, La Documentation photo-graphique n°8047, La Documentation française, 2005.

✔ Chélini Jean, Histoire religieuse de l’Occident médié-val, Hachette, coll. Pluriel, réed. 2002.

◗ Lien avec le programme Pour ce chapitre, l’analyse historique d’une œuvre d’art est particulièrement pertinente pour appréhender la question des croyances chrétiennes.Le thème de la résurrection des morts permet d’intro-duire la problématique de la croyance en un au-delà auquel le fidèle doit se préparer et vers lequel l’Église se donne pour mission de le guider. L’œuvre permet

d’aborder à la fois le thème des croyances qui fondent la chrétienté et celui de la diffusion de ces croyances par l’Église qui consolide son encadrement de la foi.

◗ Le document iconographiqueLe Livre des Péricopes d’Henri II est un manuscrit enlu-miné réalisé pour l’empereur ottonien du Saint Empire, Henri II (1004-1024) et son épouse Cunégonde de

Document iconographique ➤ p. 72-73 / p. 78-79

La Résurrection des morts, enluminure (détail), Livre des Péricopes d’Henri II, début XIe siècle, Bayerische Staatsbibliothek, Munich.

31© Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur

Parce qu’un cadre chronologique rigoureux est indispen-sable pour identifier les repères majeurs et les grandes évolutions de la période, nous avons fait le choix de poser les grandes caractéristiques de la chrétienté médiévale autour d’un axe chronologique regroupant les repères essentiels :

− Quatre notions clés, définies et contextualisées, permettant (en introduction, en cours d’étude ou en conclusion) d’établir un fil conducteur adapté aux contraintes du temps imparti à l’étude de cette question.

− Quatre documents iconographiques embléma-tiques, associés à chaque notion et permettant de l’expliciter, de la mémoriser. • Saint-Bernard prêchant la seconde croisade. Cette

enluminure rassemble plusieurs thèmes clés du chapitre : l’expansion territoriale de la chrétienté, le rôle des prédicateurs cisterciens comme Ber-nard de Clairvaux dans cette expansion et l’inten-sité de la loi chrétienne. L’enluminure évoque le prêche de Bernard de Clairvaux à Vézelay, le jour de Pâques 1146 devant des centaines de fidèles, qui donne l’impulsion décisive à la croisade de secours (1147-1149) aux États latins en difficulté.

• La quête du Salut de l’âme. Jonas, personnage biblique (livre de Jonas dans l’Ancien Testament et mentions dans le Nouveau Testament) est uti-lisé dans l’iconographie chrétienne comme un symbole du pardon et de la résurrection. Jonas, pour avoir désobéi à Dieu, est jeté d’un bateau en pleine tempête et avalé par un énorme poisson. Après trois jours passés dans son ventre, il est recraché sur la plage.

• Sorcière jetée dans les flammes. La condamnation à la mort par le feu témoigne de la violence avec laquelle l’Église lutte contre les pratiques qu’elle juge hérétiques. Il faut souligner cependant que l’usage du bûcher, bien réel comme lors de la lutte contre les cathares, n’a été que peu utilisé.

• Le sacrement du mariage est réglementé par le concile de Latran en 1215 qui en fait un des piliers de l’attachement des fidèles à l’Église : obligation de publication des bans, lutte contre les unions consanguines.

− Quatre études permettant, au choix du professeur dans le respect des attendus du programme, de construire sa démarche pédagogique et mettant l’accent sur deux études de cas.

Repères ➤ p. 74-75 / p. 80-81

Cartes ➤ p. 76-77 / p. 82-83

Tout comme les repères chronologiques, les repères spa-tiaux sont indispensables pour aider les élèves à fixer leurs connaissances. Les changements d’échelle permettent d’appréhender le sujet dans toutes ses dimensions.

− Carte 1  : une carte historique illustre la vision du monde par les chrétiens et l’ambition universelle du christianisme. Ce type de représentation de la Terre, plaçant Jérusalem au centre d’un monde habité divisé en trois parties, naît vers le VIIIe siècle jusque vers le XIIe siècle où il est progressivement aban-donné. Il reflète le poids de l’Église qui impose une vision religieuse du monde.

− Carte 2 : une carte thématique du réseau cistercien permet de montrer l’emprise territoriale des abbayes au sein de l’espace européen. Elle complète l’étude sur l’abbaye de Sénanque (p. 83 / p. 89) en faisant le lien entre Cîteaux et Sénanque au sein du système de filiation propre au réseau cistercien. Chaque abbaye est fondée par un groupe d’une douzaine de moines qui quitte une abbaye déjà constituée (l’abbaye-mère) pour en fonder une nouvelle (l’abbaye-fille).

− Carte 3  : la grande carte constitue une synthèse du chapitre. Elle est ainsi un outil privilégié (en introduction, tout au long du cours ou en conclu-sion) pour fixer les repères essentiels. Les lieux importants évoqués dans le chapitre (documents, Études, Cours) y sont localisés. Sa version cli-quable/décliquable en complément numérique permet une utilisation au vidéoprojecteur. Sa légende est organisée en trois parties qui sont celles du cours (p. 86 / p. 92) : • Un monde chrétien : délimitation de l’espace euro-

péen marqué par le christianisme avec sa capitale, Rome, et l’extension orientale des États latins.

• Une chrétienté en expansion : la volonté d’étendre les territoires de la chrétienté avec la Reconquista en Espagne, les croisades armées en Europe du Nord et Orient.

• Une chrétienté contestée  : le refus des dissi-dences, en particulier celle des cathares, au nom de l’unité de la chrétienté.

Luxembourg. Il est réalisé à l’abbaye de Reichenau, par-ticulièrement réputée pour son école d’écriture et la qualité de ses enluminures, entre 1007 et 1012. Une péricope est un livre liturgique contenant des pas-sages des Évangiles lus à l’occasion des cérémonies

religieuses tout au long de l’année. Chef-d’œuvre de la Renaissance ottonienne, avec une reliure d’or et d’ivoire, des lettrines historiées et de nombreuses enlu-minures de pleine page, il est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco en 2003.

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Notion : l’Église

◗ Lien avec le programme« Le développement de la doctrine religieuse ainsi que le processus de renforcement de l’influence et du contrôle de l’Église sur la société suscitant des contestations qua-lifiées d’hérésies » (fiche Éduscol) sont les éléments clés à mettre en valeur dans la seconde étude proposée par le programme (« un exemple au choix pour éclairer les dimensions de la christianisation en Europe »).

◗ Intérêt du sujet La mise en place progressive des sacrements par l’Église permet d’introduire ces éléments. Après de longs débats théologiques, le second concile de Lyon, en 1274, fixe définitivement leur nombre à sept. Notre choix s’est porté sur la confession, étape clé du sacrement de la pénitence (doc. 1), mise en place par le concile de Latran en 1215 (doc. 3). Dans le contexte de la réforme grégorienne por-tée par Grégoire VII, la confession fait progressivement du curé, au sein de sa paroisse, la cheville ouvrière de la christianisation en profondeur des populations euro-péennes par la diffusion des pratiques (doc. 1) et des croyances chrétiennes (doc. 2).

◗ Réponses aux questions 1. 1215 est l’année au cours de laquelle le décret 21

du concile de Latran rend la confession obligatoire, au moins une fois par an, pour les fidèles. C’est une étape clé dans la mise en place par l’Église d’un contrôle sur les fidèles par l’intermédiaire des sacre-ments.

2. Le fidèle s’engage à se confesser au moins une fois par an afin de pouvoir, après avoir accompli sa péni-tence, communier pour la fête religieuse de Pâques. Il doit se confesser en priorité au curé de sa paroisse. Le curé, lui, doit respecter le secret de la confession et être à l’écoute de ses fidèles pour donner des péni-tences adaptées aux péchés commis.

3. Pendant la confession, le curé place sa main sur la tête du fidèle et son autre main contre sa propre tête pour symboliser la bienveillance et l’écoute qui est la sienne : il reçoit, en secret, l’aveu des pêchés. Au moment de l’absolution, la soumission du fidèle est symbolisée par ses mains jointes. Le confes-seur place une main sur celles du fidèle, signe qu’il accepte la soumission du fidèle. De son autre main, il accorde le pardon au nom de Dieu.

4. Le document est une illustration du dogme chrétien du paradis et de l’enfer. Les damnés qui n’ont pas obéi aux préceptes religieux sont condamnés à l’en-fer, le royaume de Satan. Les justes, fidèles soumis à Dieu, accèdent au paradis, le royaume de Dieu.

◗ SynthétiserL’Église est une institution religieuse qui se donne pour mission d’encadrer les fidèles pour les guider vers Dieu. Dans ce but, au cours des conciles où se réunissent les

évêques, elle fixe progressivement des règles que les fidèles doivent suivre. Ces règles concernent à la fois les croyances et les pratiques. Les sacrements, rituels par lesquels un fidèle manifeste son appartenance à la com-munauté chrétienne, constituent un élément important du contrôle de l’Église. Ainsi, en 1215, le décret 21 du concile de Latran, en instaurant la confession annuelle obliga-toire, fait du curé un personnage clé de la société médié-vale. Au plus près des fidèles dont il recueille la confes-sion, il guide les croyances, lutte contre les déviances de toutes sortes et contribue à consolider l’empreinte de l’Église sur la société médiévale.

◗ SchématiserCette scène représente la descente du Christ aux Limbes pour libérer les anciens justes (patriarches) selon la tradi-tion chrétienne. Les Limbes sont un lieu transitoire entre le paradis et l’enfer, avant la résurrection du Christ. Ils sym-bolisent la possibilité de rédemption des péchés et sont un sujet iconographique fréquent diffusé par l’Église pour rappeler la nécessité de se soumettre à Dieu pour éviter l’enfer et accéder au paradis.

1. Abraham : il symbolise l’obéissance des hommes à Dieu, recevant les justes dans son manteau déplié (voir aussi doc. 1 p. 86 / p. 92)

2. Un ange : figure ailée, l’ange symbolise la présence divine. C’est un envoyé de Dieu. Il guide ici les élus, sauvés, vers Abraham.

3. Un démon : monstre hideux, le démon est l’antithèse de l’ange. C’est un ange déchu qui s’est tourné vers Satan. Ici, il tente de retenir en enfer ceux que l’ange veut sauver.

4. Le Léviathan : monstre souvent évoqué dans la Bible, il est très souvent représenté au Moyen Âge comme l’entrée terrifiante de l’enfer.

◗ Vers le BacLe document 2 rappelle un des piliers de la foi chré-tienne qui est la peur de l’enfer (le royaume de Satan) représenté à droite du document par le Léviathan et l’es-poir d’une vie éternelle au paradis (le royaume de Dieu) représenté à gauche par Abraham. Ce document diffuse également un message d’espoir pour les chrétiens  : il montre des fidèles qui échappent à la damnation et au démon qui veut les enchaîner grâce à la protection d’un ange qui les conduit vers Abraham. Avec la réforme gré-gorienne qui débute au XIIe siècle, l’Église affirme en effet que les fidèles peuvent se faire pardonner leurs péchés grâce à l’action du clergé. L’Église fixe ainsi des règles à suivre, comme les sacrements, rituels par les-quels un fidèle témoigne de sa soumission à Dieu et à l’Église. Des conciles, sous l’autorité des papes, fixent progressivement les règles de vie pour la communauté des fidèles. Après le pape Grégoire VII qui œuvre, à la fin du XIe siècle, pour mettre en place un clergé mieux formé, le pape Innocent III, en 1215, est à l’initiative du concile de Latran qui rend obligatoire la confession annuelle (décret 21). L’extrait de ce décret (document 2)

Étude L’Église impose la confession au xiiie siècle ➤ p. 78-79 / p. 84-85

➥ Quelle place occupe la confession au sein de la réforme grégorienne ?

33© Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur

Notion : l’hérésie

◗ Lien avec le programme « L’exclusion » et « la répression » sont deux composantes de la christianisation de l’Europe suggérées par le pro-gramme. La fiche Éduscol précise que «  le phénomène cathare et sa répression (ou un épisode particulièrement révélateur) » sont une piste possible pour aborder, au cours d’une des deux études obligatoires, l’encadrement de la société, les résistances à l’Église et les formes diverses de lutte contre les hérésies.

◗ Intérêt du sujet Nous avons choisi de mettre l’accent sur un épisode emblématique de la lutte en Languedoc entre les croisés menés par le légat du pape Innocent III, l’abbé de Cîteaux Arnaud Amaury et les cathares (doc. 1) : la prise de Béziers où s’étaient réfugiés de nombreux cathares (doc. 2). Cet épisode témoigne de la violence et de l’intolérance (doc. 3) avec lesquelles l’Église catholique, soutenue par la monarchie, réprime une croyance dont elle juge qu’elle est une menace pour l’unité chrétienne.

◗ Réponses aux questions 1. La prise de Béziers, le 22 juillet 1209, marque le début

des affrontements entre les croisés venus du nord de la France et les cathares du Languedoc. La brutalité avec laquelle la ville est prise par les croisés donne le ton d’un affrontement marqué par une grande violence.

2. Cette enluminure est le seul document iconogra-phique connu de cet événement.1. Le camp des croisés qui assiègent la ville.2. Les chevaliers croisés, catholiques, fidèles au pape.3. Les cathares retranchés dans la ville et qui résistent

à l’attaque.4. Les combattants à pied, « les piétons » (doc. 3),

qui pénètrent par surprise dans la ville, ouvrent les portes et permettent la victoire rapide des croisés.

5. La ville de Béziers dotée de murailles à l’abri des-quelles les cathares espéraient être protégés.

3. Oui, l’auteur du texte est favorable aux croisés et hostile aux cathares. Il présente la prise de la ville comme le résultat de la volonté divine, punissant les

cathares : « Mais le Christ […] ne laissa pas impunie l’injure qui lui avait été faite.» De plus, il utilise le terme péjoratif d’« hérétiques » pour désigner les cathares.

4. Le bras armé du pape Innocent III, à l’initiative de la croisade, est formé par des seigneurs venus du nord de la France (« barons », « princes », « marquis », doc. 2). Des hommes d’Église les accompagnent (des « clercs », doc. 2) dont Arnaud Amaury, représentant du pape (doc. 3). De 1224 à 1229, le roi de France intervient également (doc. 1).

5. La violence est multiforme : villes et châteaux assié-gés (Béziers, Montségur), batailles rangées (Muret) et bûchers pour terroriser les cathares refusant de se soumettre.

◗ SynthétiserLa prise de Béziers, le 22 juillet 1209, révèle deux caracté-ristiques de la politique menée par l’Église pour imposer son autorité sur la société. La première est l’intolérance qui la pousse à refuser que se développe une branche du christianisme qui ne respecte pas ses dogmes et ses pratiques. Cette intolérance se manifeste par l’usage du terme péjoratif d’« hérésie » pour désigner le catharisme. La seconde est le recours à la violence avec le pape qui fait appel à des seigneurs, chevaliers aguerris, pour soumettre par les armes les cathares.

◗ Vers le BacLe récit de Césaire de Heisterbach met en évidence trois aspects de la répression de l’hérésie cathare par l’Église. Le premier aspect est religieux : il s’agit des causes de la répression. L’Église accuse les cathares de ne pas res-pecter les Évangiles, textes sacrés du christianisme. Le second aspect concerne les acteurs de la répression : le texte évoque, en exagérant la réalité, le grand nombre de combattants, les croisés, venus réprimer l’hérésie. Enfin, le dernier aspect concerne les moyens mis en œuvre : en exagérant certainement la brutalité de l’as-saut de Béziers à travers la célèbre citation d’Arnaud Amaury «  Massacrez-les, car le Seigneur connaît les siens », le texte témoigne cependant de la violence et de la politique de terreur utilisées par l’Église pour sou-mettre les cathares.

Étude La prise de Béziers : réprimer l’hérésie cathare au xiiie siècle ➤ p. 80-81 / p. 86-87

➥ Que révèle la prise de Béziers de l’affrontement entre l’Église et les cathares ?

permet de constater la fermeté de l’Église pour imposer ses règles en menaçant les fidèles de l’enfer. L’accès au paradis, en effet, ne peut être envisagé pour un fidèle « privé de sépulture chrétienne à sa mort ». Ainsi, le curé, qui reçoit la confession des fidèles, devient la che-

ville ouvrière d’une Église qui s’impose au XIIIe siècle, comme l’interlocuteur incontournable entre Dieu et les fidèles. La réforme grégorienne, par des mesures comme l’instauration de la confession, ancre solidement le christianisme dans la société médiévale.

34 © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur

des chrétiens », l. 9), de la lutte contre les Turcs dont la religion, l’Islam, est considérée comme une hérésie (« païens », l. 12 et « Infidèles », l. 19) et de la promesse, pour ceux qui partent combattre, d’accéder au paradis en récompense de leur engagement (« récompenses éternelles », l. 22). Le pape a aussi une préoccupation sociale : en déportant la violence sur l’Orient, il espère voir la violence interne à l’Europe occidentale déchi-rée entre rois et grands seigneurs rivaux (« guerres privées et abusives ») se réduire et ainsi renforcer la paix et la sécurité au sein de la chrétienté.

2. En 1099, la ville de Jérusalem est conquise par les « croisés » et, jusqu’en 1291, les chrétiens occiden-taux forment des États chrétiens (« les États latins d’Orient ») sur le littoral oriental de la Méditerranée.

◗ Vers le BacL’expansion chrétienne du XIe au XIIIe siècle se manifeste par une politique de conquêtes territoriales. En Orient, en réponse à l’occupation de la région de Jérusalem par les Turcs, le pape Urbain II appelle à la croisade, pèlerinage armé visant à prendre possession de lieux saints du chris-tianisme. Il s’agit également pour lui de consolider son autorité spirituelle et politique sur la chrétienté et de dépor-ter sur l’Orient la violence des grands seigneurs européens. La ville sainte de Jérusalem est prise aux Turcs par la force en 1099. De grands seigneurs européens forment alors les États latins d’Orient, territoires qui regroupent en Méditer-ranée orientale la Palestine, l’île de Chypre et le sud de l’ac-tuelle Turquie. Le contrôle des lieux saints où se trouve en particulier le Saint-Sépulcre, tombeau du Christ et centre de pèlerinage majeur, constitue un aboutissement de la politique d’expansion de la chrétienté. Cependant, cette expansion territoriale ne s’inscrit pas dans la durée car les Européens perdent totalement ces territoires en 1291.

Notion : la chrétienté

◗ Lien avec le programme La première croisade comme «  révélatrice d’une spiri-tualité laïque […] d’un projet pontifical et d’une volonté d’encadrement de la noblesse » (fiche Éduscol) est un des angles possibles pour aborder, dans la seconde étude demandée dans le programme, le thème de la christiani-sation. Jérusalem, ville sainte et berceau du christianisme (« ombilic du monde » vu par les chrétiens, doc. 1 p. 76 / p. 82) est un repère incontournable pour comprendre la thématique de l’unité chrétienne.

◗ Intérêt du sujet Le thème de la première croisade offre la possibilité, de façon condensée, de dégager les principaux éléments de réponse à apporter à la définition de la notion de chré-tienté, notion clé du chapitre. Il permet de mettre en avant la foi intense qui anime les Européens du XIe siècle, pre-mier moteur qui pousse les Européens vers Jérusalem. Il permet également de mettre en évidence les aspects éco-nomiques (implantation des Européens sur de nouveaux territoires en Méditerranée orientale), sociaux (rejet hors de la chrétienté de la violence guerrière des chevaliers) et politiques (rôle de la papauté) du christianisme au sein de l’Occident médiéval. Cette étude trouve ainsi sa place à différents moments du cours : en ouverture, afin de poser les différentes notions, pendant le cours sur le thème de l’expansion territoriale ou encore en conclusion pour un retour sur les grandes notions du chapitre.

◗ Réponses aux questions 1. Le cœur de l’argumentation du pape est d’ordre reli-

gieux  : il s’agit de la défense du christianisme (les chrétiens de l’Empire romain d’Orient : « au secours

Étude Urbain ii appelle à la croisade en 1095 ➤ p. 82 / p. 88

➥ Pourquoi combattre pour Jérusalem ?

Étude Sénanque : une abbaye cistercienne du xiie siècle  ➤ p. 83 / p. 89

➥ Comment la recherche de Dieu se manifeste-t-elle dans une abbaye cistercienne ?

Notion : la spiritualité

◗ Lien avec le programmeLa première étude proposée par le programme porte sur un élément de patrimoine religieux replacé dans son contexte historique. L’étude du fonctionnement d’une abbaye permet d’aborder le thème de la spiritualité médié-vale mais aussi son rôle économique, social et politique.

◗ Intérêt du sujet L’ordre cistercien joue un rôle clé dans l’histoire religieuse de l’Europe au XIIe siècle. Sur le plan spirituel (doc. 2), avec la restauration de la règle bénédictine, il s’inscrit

dans le contexte de la réforme grégorienne. Sur le plan politique, il participe activement à la lutte contre les héré-sies (lien avec l’étude « la prise de Béziers : réprimer l’hé-résie cathare ») et l’expansion territoriale de la chrétienté. Enfin, sur le plan économique, il est un acteur central au sein des campagnes avec son implantation à l’échelle de toute l’Europe (carte p. 76 et doc. 1).

◗ Le document numérique intégréLe document 3 de cette étude est constitué par un Power Point interactif répondant à la demande du programme de faire appel aux technologies de l’information et de la

www.lienmini.fr/magnard-hg2-007

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de la règle cistercienne (obéissance à Dieu par la prière dans l’abbatiale, à l’abbé au sein de la salle capitulaire, à la règle par le silence au sein du réfec-toire).

− « Méditer » : une analyse approfondie de la pho-tographie du cloître accompagnée d’un commen-taire audio permet de comprendre la notion de spiritualité.

− « Travailler » : illustré par une enluminure du XIIe  siècle (Saint Grégoire le Grand, Morale sur Job, abbaye de Cîteaux, BM de Dijon), le travail des convers au sein des granges cisterciennes montre l’impact économique des abbayes au sein des cam-pagnes médiévales.

communication (TIC) comme supports documentaires et comme outils de travail personnel.Sa conception en fait un outil adapté à différentes approches pédagogiques : travail à la maison, avant le cours ; travail en classe, au vidéoprojecteur ; travail à la maison, après le cours.Le document numérique présente les lieux et fonction de l’abbaye en quatre thèmes :

− « S’isoler » : une vidéo [Les espaces cisterciens du Midi Pôle Sud, FR3, 31 mars 1993 – INA] donne une vue d’ensemble de l’abbaye au creux de la vallée de la Sénancole et explique le choix de ce lieu.

− « Obéir »  : articulée autour du plan de l’abbaye, cette partie décline le thème de l’obéissance, pilier

Fondation1148

6 moines1150

Le temps du bois (bâtiments provisoires) 1148 à 1160

Le temps de la pierre1161 à 1200

1150 1160 1170 1180 1190 1200

◗ Questions pour un travail personnel ou une évaluation1. Réalisez une frise chronologique simple pour présenter les étapes de l’installation des cisterciens à Sénanque.

2. Quelle est la fonction de la salle capitulaire ? C’est le lieu où la communauté se rassemble chaque

jour autour de l’abbé pour la lecture d’un chapitre de la règle. Elle est le lieu où s’exprime le principe de l’obéissance qui guide la vie du moine.

3. Quelles activités sont pratiquées dans le cloître ? Le cloître est le lieu de la lecture religieuse (indivi-

duelle, en silence, dans la galerie Nord ou collective, à haute voix, dans la galerie Est) et de la méditation autour du jardin central.

4. Définissez le terme de grange. Une grange est le terme utilisé par les cisterciens

pour désigner une ferme bien équipée qui permet de fournir à l’abbaye sa nourriture et des revenus en vendant les surplus de production. Elle est exploitée par des moines nommés les convers.

5. Dans la vidéo, quelles sont les raisons données à la recherche de l’isolement par les moines ?

L’historienne évoque deux raisons principales. La pre-mière est religieuse : les moines cherchent à se rapprocher de Dieu par une vie de renoncement et de privations (elle utilise l’expression « Opus Dei » : l’œuvre de Dieu, la quête de spiritualité). La seconde est matérielle : les moines ont besoin d’un lieu où ils peuvent vivre en autarcie. Ce lieu doit offrir les ressources nécessaires à la communauté comme l’eau, le bois et les terres agricoles.

◗ Réponses aux questions 1. Le travail occupe une place centrale dans une abbaye

cistercienne. C’est d’abord une nécessité pour la com-munauté qui doit subvenir à ses besoins. Construire

et entretenir les bâtiments de l’abbaye puis exploiter les terres font partie intégrante de la vie du moine. C’est aussi, selon la règle de Saint Benoît à laquelle obéissent les cisterciens, une nécessité spirituelle : la règle dit que « l’oisiveté est l’ennemie des âmes ». Le travail est un moyen de se rapprocher de Dieu.

2. La place centrale de la méditation dans la vie d’un moine se manifeste d’abord par l’organisation même de l’abbaye : le cœur en est le cloître, lieu fermé sur lui-même destiné à la méditation et aux lectures reli-gieuses. La place de la méditation se retrouve égale-ment dans l’organisation de la vie du moine : de jour comme de nuit, de nombreuses prières rythment sa vie. L’église abbatiale est, avec le cloître, le lieu privi-légié de cette spiritualité.

3. La règle cistercienne repose sur quatre piliers : l’iso-lement, l’obéissance à la règle, la méditation et le tra-vail. Sénanque est construite dans une petite vallée isolée qui permet aux moines de se tenir éloignés du monde extérieur. La salle capitulaire est le lieu où, chaque jour, un chapitre de la règle est lu afin de rappeler aux moines leur engagement d’obéissance. L’église abbatiale et le cloître sont les lieux de l’ab-baye consacrés exclusivement à la spiritualité et à la méditation. Enfin, les terres que possède l’abbaye permettent aux moines de travailler de leurs mains.

◗ Vers le BacDieu

Isolement Obéissance Méditation Travail

36 © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur

◗ Réponses aux questions 1. La Vierge Marie est identifiable par son auréole qui

représente sa sainteté, le trône sur lequel elle est assise symbolise sa sagesse et sa couronne en fait la reine du royaume de Dieu.

2. Jésus porte lui aussi l’auréole des saints. Il tient le Nouveau Testament, livre saint dans lequel se trouvent les épisodes de sa vie et son message religieux. Le signe de sa main symbolise sa double nature, divine et humaine.

3. Jésus est représenté enfant sur les genoux de Marie qui est, pour les chrétiens, sa mère.

4. L’Église au XIIe siècle veut valoriser le culte de la Vierge Marie car elle symbolise l’union entre Dieu (représenté par Jésus, fils de Dieu) et les hommes (représentés par Marie, simple femme choisie par Dieu).

5. Christian Heck utilise cette expression pour montrer que le vitrail a une fonction religieuse. Il délivre un message : la cathédrale est la maison de Dieu et la lumière colorée symbolise la présence divine.

◗ S’organiserLe bleu de Chartres est le nom donné à la couleur domi-nante des vitraux de la cathédrale de Chartres, un bleu clair et lumineux réalisé à partir d’oxydes de cobalt. Grâce au savoir-faire des artisans, il devient une couleur emblé-matique au XIIe siècle dans l’iconographie religieuse, sym-bole du ciel divin et de la Vierge Marie dont les vêtements sont souvent représentés en bleu.

◗ Lien avec le programmeLa page Histoire des Arts peut être utilisée comme support pour la première étude proposée par le programme qui doit s’appuyer sur un élément du patrimoine religieux, une œuvre d’art en particulier.

◗ Le choix de l’œuvre Les verrières de la cathédrale de Chartres constituent un témoignage majeur, parmi les mieux conservés, de l’art religieux des XIIe et XIIIe siècles. Utilisées comme support à l’éducation religieuse des fidèles, elles constituent une source précieuse pour appréhender les croyances chré-tiennes de l’époque.Le vitrail Notre-Dame de la « Belle Verrière » est excep-tionnel à plusieurs titres. Il est l’un des plus anciens de la cathédrale, épargné par l’incendie de 1194. Les trois pan-neaux formant la Vierge en majesté, datés de 1180, sont enchâssés dans un ensemble du XIIIe siècle, au sein d’une des verrières du déambulatoire. Le bleu du manteau de la Vierge, aux couleurs claires et lumineuses est le « bleu de Chartres », issu d’un savoir-faire artisanal spécifique à cette période. Le sujet, la Vierge en majesté, est une repré-sentation spécifique de la Vierge Marie qui se développe en Occident à partir des XIe et XIIe siècles en lien avec le développement du culte marial.

Histoire des Arts  ➤ p. 84-85 / p. 90-91

Cours La chrétienté médiévale du xie au xiiie siècle  ➤ p. 86-89 / p. 92-95

➥ Comment se manifeste l’omniprésence de la religion chrétienne et de l’Église ?

◗ Organisation du coursLa structure du cours, en trois points clés, met en évidence trois spécificités de la chrétienté médiévale au XIIIe siècle :

− Partie A. La place fondamentale du christianisme dans l’Europe médiévale, illustrée par le thème du sein d’Abraham (doc. 1). Du XIe au XIIIe siècle, le thème du sein d’Abraham est l’un des principaux modes de figuration du paradis céleste (2/3 des représentations). Abraham est un personnage central du christianisme qui permet d’évoquer la figure de Dieu sans avoir à la représenter directement. Il symbolise l’obéissance des hommes à Dieu, un Dieu protecteur accueillant dans son manteau les fidèles qui accèdent au paradis céleste, but ultime de la société chrétienne.

− Partie B. L’expansion de la chrétienté à la fois par le renforcement de son emprise sur la société mais aussi par les pèlerinages et conquêtes terri-toriales en Europe et hors d’Europe. Le document 2 présente une vue aérienne du village de Bram dont l’organisation est caractéristique des villages ecclésiaux qui ont vu l’habitat s’ancrer autour de l’église paroissiale. Si la thèse de l’encellulement est aujourd’hui très discutée dans sa chronologie

(l’archéologie révèle la constitution de cellules villageoises antérieures et suggère un processus beaucoup plus progressif), elle n’en reste pas moins pertinente pour comprendre le poids de l’église et de l’espace funéraire dans la constitution de l’habitat rural médiéval.

− Partie C. Les résistances à cette christianisation et les tensions qui en découlent illustrées par une représentation chrétienne des Juifs assimilés à une hérésie (doc. 3). La marmite comme représen-tation de l’enfer est une thématique stéréotypée de l’iconographie chrétienne médiévale, inspirée du livre de Job (Ancien Testament) qui connaît un développement important au XIIe siècle. J. Baschet parle alors de la « renaissance de l’enfer », liée à la volonté de l’Église de diffuser largement une iconographie propre à éloigner les fidèles de toute tentation hérétique. Le Jardin des délices est un manuscrit alsacien du XIIe siècle dont l’original a été détruit. L’artiste, sur cette enluminure, utilise le thème pour assimiler les Juifs, identifiables au chapeau en forme de cône qui leur est imposé en Europe centrale et Italie du Nord, aux damnés condamnés à l’enfer.

37© Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur

senté sur un trône qui symbolise le royaume de Dieu. Il y accueille pour une vie éternelle les « justes » dont l’âme, après le Jugement dernier, est jugée pure et digne du paradis.

2. La scène du Jugement dernier renvoie à la croyance chrétienne d’une vie éternelle après la mort. Selon leurs actions sur Terre, les fidèles accèdent au paradis (à la droite de l’ange qui pèse les âmes) ou sont condamnés à l’enfer, accueillis par le démon à gauche de l’ange. Le tympan des églises ou cathédrales est souvent orné de ce thème religieux qui permet de diffuser, de façon visuelle et spectaculaire, les dogmes chrétiens fonda-mentaux auprès de fidèles souvent illettrés.

3. La scène représente la résurrection des morts, dogme chrétien associé à la croyance en l’éternité. Les âmes des morts sortent des cercueils à la fin des Temps, lorsqu’arrive le règne de Dieu et le moment du Juge-ment dernier qui doit séparer les justes des damnés.

◗ Utiliser une ressource Internet1. Le personnage à droite de la fresque est Sainte Claire

(v. 1194-1253). Chiara Offreduccio di Favarone est issue d’une famille noble d’Assise, en Italie centrale. En 1212, elle fonde un ordre religieux, l’ordre des Pauvres Dames, ou clarisses, en 1212.

2. Il s’agit d’un ordre mendiant destiné aux femmes, inspiré du modèle franciscain (ordre créé par Saint François d’Assise). L’ordre veut revenir aux principes premiers du christianisme par des pratiques très strictes et austères : refus de toute propriété, vie faite de méditation au sein du monastère.

◗ Mettre en relation un document et une situation historique1. Il s’agit du Christ « en majesté », représentation clas-

sique de l’iconographie médiévale. Il est en effet repré-

Exercices  ➤ p. 90 / p. 96

Méthode vers le Bac Préparer sa composition au brouillon ➤ p. 91 / p. 97

Sujet : La chrétienté médiévale du XIe au XIIIe siècle.

Étape 1 – Comprendre le sujetLa chrétienté désigne à la fois la communauté des chrétiens et les territoires sur lesquels la foi chrétienne est répandue.La période qui va du XIe au XIIIe siècle se caractérise par deux évolutions majeures concernant la chrétienté médiévale :

− à l’intérieur : le renforcement du pouvoir de l’Église ; − vers l’extérieur : un mouvement d’expansion.

Étape 2 – Définir l’idée généraleFil conducteur : Le renforcement du pouvoir de l’Église au sein de la chrétienté se traduit également par son expan-sion vers l’extérieur.Problématique : Dans quelle mesure le renforcement du pouvoir de l’Église au sein de la chrétienté se traduit-il éga-lement par une expansion de la chrétienté vers l’extérieur ?

Étape 3 – Construire un plan

Plan Arguments Exemplesa. Du XIe au XIIIe siècle, la chré-tienté est de plus en plus sou-mise au pouvoir de l’Église.

•  Renforcement du pouvoir du pape.•  Renforcement  de  l’encadrement spirituel des fidèles.

•  Renforcement de l’emprise spatiale de l’Église.

•  Grégoire VII (1073-1085) et la « réforme grégorienne ».•  Affirmation  de  l’obligation  des  sacrements  :  baptême, mariage, confession.

•  Développement des réseaux de paroisses, d’abbayes dans les campagnes, d’évêchés dans les villes.

b.  Ce  renforcement  du  pouvoir de  l’Église  suscite  des  contes-tations.

•  Essor de mouvements de contesta-tion à partir du XIIe siècle.

•  Répression de ces mouvements par l’Église.

•  Renforcement  de  la  volonté  de l’Église d’unifier la chrétienté.

•  Les cathares dans le Midi de la France et en Italie du Nord ou les vaudois (région de Lyon).

•  Croisade contre les cathares du Languedoc (1209), création de l’Inquisition (1231-1232).

•  Recours à la prédication contre les cathares, évangélisa-tion des villes par les ordres mendiants.

c. Le renforcement du pouvoir de l’Église se traduit également par un mouvement d’expansion de la chrétienté vers l’extérieur.

•  Expansion par  les conversions au nord et à l’est de l’Europe.

•  Expansion par les pèlerinages.•  Expansion par  les conquêtes mili-taires.

•  Conversions par la force en Lituanie au XIIIe siècle.•  Pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle qui s’im-pose à la faveur de la Reconquista.

•  Reconquista en Espagne, croisades vers l’Orient.

− Écouter et mémoriser la synthèse du cours avec le schéma animé.

− Schéma vierge à télécharger sur le site Magnard. − Synthèse écrite à télécharger sur le site Magnard.

◗ Schéma de synthèse commenté www.lienmini.fr/magnard-hg2-008

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➤ Histoire p. 92-109 / Hist-Géo p. 98-115

Chapitre 5Sociétés et cultures rurales du XIe au XIIIe siècle

ProgrammeDurée : 4 heures Mise en œuvre dans le manuel

La question traite de la vie des commu-nautés paysannes et de la féodalité en prenant appui sur deux études : •  le  développement,  les  formes  et  les 

manifestations du phénomène com-munautaire dans les campagnes ;

•  l’évolution de la structure castrale et le développement de la chevalerie et de la vassalité.

– Trois entrées, au choix, sont proposées pour introduire la première étude demandée par le programme :•  La domination seigneuriale sur le monde paysan (grand document d’ouverture, p. 92 / p. 98).•  La naissance d’une vie collective dans le cadre du village qui apparaît (Étude p. 98 / p. 104).•  Un lieu emblématique de la domination seigneuriale : le château (Étude p. 100 / p. 106).

– Deux entrées, au choix, sont proposées pour introduire la seconde étude demandée par le programme :•  Un rituel qui donne naissance au lien féodal et fixe les rapports entre les seigneurs : l’hom-mage vassalique (Étude avec complément numérique p. 103 / p. 109 ).

•  La naissance et le développement d’un nouveau groupe social uni par des valeurs : l’idéal chevaleresque (Étude p. 102 / p. 108).

– Des supports variés pour la contextualisation historique des études choisies :•  Quatre notions clés définies et reliées à la chronologie de la période (Repères p. 94 / p. 100).•  Des cartes dont une grande carte de synthèse du chapitre (Cartes p. 96 / p. 102).•  Un cours synthétique, structuré en trois points clés pour comprendre et retenir les spécifi-

cités de la société rurale médiévale au XIIIe siècle (p. 104 / p. 110).•  Un schéma de synthèse visuel, enrichi d’une version numérique commentée, ainsi que son texte à télécharger et à imprimer (p. 107 / p. 113).

Du programme au manuel

✔ Feller Laurent, Paysans et seigneurs au Moyen Âge, VIII-XVe siècles, Armand Colin, 2007.

✔ Pour l’étude d’un château, on peut se reporter au site de celui de Coucy : http://coucy.monuments-nationaux.fr

✔ Le site www.guedelon.fr/ permet d’étudier la construc-tion d’un château médiéval.

Bibliographie et sitographie

✔ Barthélemy Dominique, La Féodalité, de Charlemagne à la guerre de Cent Ans, La Documentation photogra-phique n°8095, La Documentation française, 2013.

✔ Baschet Jérôme, La Civilisation féodale, Flammarion, 2006.

◗ Lien avec le programme Pour ce chapitre, l’analyse historique d’une œuvre d’art est particulièrement pertinente pour appréhender la question des sociétés et des cultures rurales.Le thème biblique ici repris décrit l’organisation de la société médiévale. Il met en avant la profondeur des liens hiérarchiques entre le seigneur et le paysan. Il décrit aussi l’armement du chevalier et montre l’im-portance de ce nouvel ordre social uni par des valeurs

communes. Au premier rang apparaît ici la culture de la guerre et du métier des armes qui est mise au service de la défense de la religion.

◗ Le document iconographiqueLa Bible de Maciejowsk est une bible picturale composée de 44 folios. Elle a longtemps été attribuée à une com-mande de Louis IX, Saint Louis, vers 1245 et porte aussi le nom de Morgan Bible of Louis IX. Elle reprend de façon

Document iconographique ➤ p. 92-93 / p. 98-99

« Saül extermine les Amalécites », Bible de Maciejowsk, enluminure, vers 1250, The Pierpont Morgan Library, New York.

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Parce qu’un cadre chronologique rigoureux est indispen-sable pour identifier les repères majeurs et les grandes évolutions de la période, nous avons fait le choix de poser les grandes caractéristiques de la société rurale médiévale autour d’un axe chronologique regroupant les repères essentiels :

− Quatre notions clés, définies et contextualisées, permettant (en introduction, en cours d’étude ou en conclusion) d’établir un fil conducteur adapté aux contraintes du temps imparti à l’étude de cette question.

− Quatre documents iconographiques embléma-tiques, associés à chaque notion et permettant de l’expliciter, de la mémoriser. • Paysans dans les vignes. Cette miniature ras-

semble plusieurs thèmes clés du chapitre  : le développement des villages et l’essor du tra-vail collectif pour mieux exploiter les terres et répondre aux pressions seigneuriales qui enca-drent cette expansion. Le document illustre aussi l’usage croissant de nouveaux outils liés au déve-loppement de la métallurgie.

• Le château de Fère-en-Tardenois. Le développe-ment des châteaux accompagne celui des villages

qui se regroupent autour sous la domination du seigneur. Initialement construits en bois sur des tertres naturels ou artificiels – les mottes – ils sont ensuite construits en pierre. Leur installation sur un promontoire manifeste de façon symbolique la puissance seigneuriale.

• Fiançailles d’Onfroi IV de Toron et d’Isabelle de Jérusalem. Le système féodal repose sur des engagements réciproques qui fondent et ren-forcent les liens. La scène au cours de laquelle les mains se lient est un échange de consentement qui réunit les deux familles. Le mariage fait partie des stratégies seigneuriales pour renforcer des positions sociales et spatiales.

• L’ Adoubement de Roland par son oncle Charle-magne. La remise de l’épée, ici par Charlemagne, est le temps fort du rite de l’adoubement qui per-met de devenir chevalier. Deux comtes agenouil-lés remettent les éperons au jeune Roland pour parfaire la cérémonie.

− Quatre études permettant, au choix du professeur dans le respect des attendus du programme, de construire sa démarche pédagogique et mettant l’accent sur deux études de cas.

Repères ➤ p. 94-95 / 100-101

Cartes ➤ p. 96-97 / p. 102-103

Tout comme les repères chronologiques, les repères spatiaux sont indispensables pour aider les élèves à fixer leurs connaissances. Les changements d’échelle permettent d’appréhender le sujet dans toutes ses dimensions.

− Carte 1  : un plan illustre la structuration d’une sei-gneurie. Le château tient une position centrale  : autour de lui gravitent les villages qui en dépendent. L’importance de la résidence montre la puissance du seigneur basée sur la possession de terres (la réserve) exploitées par les paysans pour son compte. Le seigneur bénéficie d’un pouvoir de justice détenu (voir le gibet sur le plan).

− Carte 2 : une carte thématique des chartes de fran-chises dans le comté de Saint-Pol permet de montrer l’emprise territoriale de la seigneurie sur le comté par le biais des châteaux secondaires qui l’entourent. Elle complète le plan 1 en passant à une échelle géogra-phique plus large. Elle rend compte de l’importance du développement des villages et du phénomène

d’affirmation par rapport au pouvoir seigneurial. Leur autonomie est facilitée par leur enrichissement quand ils sont directement liés aux centres urbains par des routes ou par les besoins conjoncturels des seigneurs liés par leurs engagements chevaleresques (la croisade).

− Carte 3 : la grande carte propose de donner une illus-tration de l’encadrement féodal à travers l’exemple du comté de Guînes en 1214. Sa version cliquable/décliquable en complément numérique permet une utilisation au vidéoprojecteur. Sa légende est orga-nisée en deux parties : • Les communautés villageoises : un monde rural

qui se peuple et dans lequel les populations se regroupent (encellulement) pour faciliter le travail collectif : drainage, défrichements, etc.

• L’encadrement seigneurial et le système vassa-lique : la pyramide vassalique avec le roi de France au sommet et les seigneurs qui en dépendent et dont dépendent d’autres seigneurs.

chronologique de grands épisodes de l’Ancien Testament au travers de ses enluminures. Elle tire son nom du cardi-nal Bernard Maciejowski, évêque de Cracovie qui en aurait offert un exemplaire au Chah d’Iran au début du XVIIe siècle.

S’inscrivant dans une perspective chrétienne et dans le cadre des paysages et des us et coutumes du XIIIe siècle français, elle fournit des renseignements importants sur les vêtements, les armes, les rapports sociaux de la période.

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Notion : le village

◗ Lien avec le programme« Le passage d’un habitat rural alto-médiéval, mobile et très diffus avant l’an mil, à un réseau de villages ou hameaux » (fiche Éduscol) est un thème central du programme. Il convient de mettre en rapport ce phéno-mène avec « l’émergence de l’esprit communautaire » encouragé par le développement des paroisses.

◗ Intérêt du sujet L’encellulement est favorisé par l’affirmation du pouvoir seigneurial et celle de l’Église. Autour de l’église (doc. 1), le village se rassemble. Dans le cadre de la réforme gré-gorienne, l’Église tente de faire émerger des pratiques communes par des encouragements spirituels et des interdits (doc. 2). La communauté villageoise se struc-ture aussi par rapport au pouvoir seigneurial qui impose des charges communes. Le travail collectif (doc. 3) est rendu nécessaire par la faiblesse du développement technique. Il contribue cependant à la naissance d’un esprit collectif.

◗ Réponses aux questions 1. Á partir du Xe siècle, dans un mouvement encouragé

par l’Église, le village devient une cellule de vie, une communauté spirituelle.

2. L’Église est au cœur de la vie du village, non seule-ment par l’emplacement du lieu de culte et de sépul-ture mais aussi par ses tentatives de réglementer les pratiques.

3. Les cimetières ont plusieurs usages que l’Église tente de réglementer. Ce sont avant tout des lieux de sépulture, mais ils pouvaient être utilisés à des fins agricoles ou commerciales. Différents spec-tacles pouvaient aussi, malgré le rappel des inter-dictions du clergé, y être organisés. Ces pratiques témoignent d’une véritable vie communautaire reposant sur les échanges et la fête dans le cadre du développement du village.

4. Le faible développement de l’outillage implique le développement de solidarités nouvelles entre les habitants du village pour se livrer aux pratiques agri-coles et répartir les différentes tâches.

◗ SynthétiserLe village est le lieu de vie principal des paysans à partir du Xe siècle. Au sein des villages se développe une véri-table vie collective qui s’organise autour de nombreuses activités régies par l’Église et la seigneurie. L’encellulement a d’abord une traduction spirituelle, l’église et le cimetière sont les lieux autour desquels les villageois se rassemblent guidés par le curé de la paroisse. Les contraintes maté-rielles renforcent cette vie en communauté. Les travaux des champs dont le rythme est imposé par le déroulement des saisons ne peuvent être accomplis que de façon collec-tive, aussi la solidarité se développe-t-elle. Elle est encore accrue par la nécessité de travailler en commun sur les terres du seigneur pour s’acquitter des différentes corvées. Enfin, la vie villageoise se structure autour de la participa-tion à des fêtes communes, à des spectacles communs qui favorisent l’émergence de la vie communautaire.

◗ Schématiser1 : paysan portant les blés en gerbe – 2 : paysans battant les épis de blé pour en dégager les grains – 3 : paysan rassem-blant les blés avec son râteau – 4 : paysan vannant les grains.a : le fléau – b : le râteau – c : le van.

◗ Vers le BacLa naissance du village est une véritable révolution dans l’Europe à partir du Xe siècle. Entraînée par la croissance constante de la population, cette révolution modifie en profondeur les paysages marqués par le travail de la terre et les défrichements. Les liens sociaux ne cessent de se développer dans cette nouvelle cellule de vie qui s’affirme autour de l’église et dans le cadre de la seigneurie. Nous verrons dans un premier temps quels sont les aspects de cette vie communautaire qui se développe et enfin quels en sont les acteurs.

Étude La communauté villageoise du XIe au XIIIe siècle ➤ p. 98-99 / 104-105

➥ Comment la vie sociale des communautés villageoises s’organise-t-elle ?

Notion : la seigneurie

◗ Lien avec le programme L’interrogation sur la féodalité est au cœur du programme et l’« évolution de la structure castrale » (fiche Éduscol) doit être étudiée. En effet « la diffusion de la structure castrale souligne la spatialisation des rapports sociaux entre les seigneurs et les paysans ». Il faut prêter attention à sa fonc-tion de centre économique et à la symbolique qui l’entoure et non à sa fonction militaire.

◗ Intérêt du sujet Nous avons choisi de mettre l’accent sur la manifestation du statut social et de la fonction politique du seigneur par le biais du château (doc. 1, 3). L’espace rural est ainsi pacifié et dominé. La domination spatiale est aussi une domination humaine qui passe par les corvées (doc. 2) et fait du château un véritable centre économique.

Étude Le château, symbole de l’ordre seigneurial ➤ p. 100-101 / p. 106-107

➥ En quoi le château symbolise-t-il la domination du seigneur sur l’espace rural ?

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le comportement est en tout point opposé aux valeurs chevaleresque de service, de défense des faibles et de l’Église.

2. L’enluminure représente une scène de tournoi qui permet aux chevaliers d’exprimer leurs qualités guerrières. Les chevaliers portent les armoiries qui permettent de les identifier socialement. Ils s’af-frontent en duel sous le regard de la dame et du roi qu’ils doivent servir et devant lesquels ils doivent faire preuve de bravoure.

◗ Vers le BacL’idéal chevaleresque repose sur la défense de l’Église et des plus faibles. La bravoure et la fidélité dans le service sont au cœur de la vie du chevalier. Le personnage de Lan-celot créé par Chrétien de Troyes incarne ces valeurs. Se distinguant par ses prouesses guerrières, il devient l’amant et le servant de la reine Guenièvre. Le lien qui l’unit à Gue-nièvre est le reflet de celui qui unit un chevalier de rang inférieur à un autre. Ainsi pour obtenir sa récompense et être fidèle à son engagement, il n’hésite pas à se rabaisser jusqu’à monter dans une charrette pour la retrouver. Le sacrifice de son honneur aux yeux de la société est aussi la manifestation de sa grandeur et de l’oubli de soi. Lancelot cherchant à libérer Guenièvre met non seulement son hon-neur mais sa vie en péril. Ainsi le personnage de Lancelot porte-t-il les valeurs chevaleresques.

Notion : la chevalerie

◗ Lien avec le programme La diffusion de l’idéologie nobiliaire se fait aussi par le biais de la littérature. « Les XIe et XIIe siècles voient se développer un idéal chevaleresque qui passe de l’exalta-tion du combattant à celle de l’amoureux courtois. » (fiche Éduscol). L’idéal chevaleresque unit progressivement un groupe social qui se structure, la noblesse.

◗ Intérêt du sujet Le thème de l’idéal chevaleresque offre la possibilité, de façon condensée, de dégager les principaux éléments de réponse à apporter à la définition de la notion de cheva-lerie, notion clé du chapitre dans le cadre de l’étude de la société féodale. Il permet de mettre en avant ce qui spé-cifie ce groupe social  : un comportement codifié et des valeurs communes. La fidélité dans l’engagement au ser-vice de la dame est un reflet de celle au service de Dieu et du seigneur dont le chevalier est le vassal.

◗ Réponses aux questions 1. Le code de l’honneur du chevalier lui interdit de

monter dans la charrette comparée ici à un espace réservé « pour les gens convaincus de meurtre ou de vol », « pour les brigands ». Le fait de monter est dégradant et le place au niveau des gens dont

Étude L’idéal chevaleresque : Lancelot du Lac ➤ p. 102 / p. 108

➥ En quoi Lancelot du Lac incarne-t-il le chevalier idéal ?

◗ Réponses aux questions 1. C’est à la fin du XIIe siècle que Baudouin II fait

construire les premiers éléments en pierre.2. Le château est destiné à affirmer la puissance du sei-

gneur. Il est un moyen d’établir son pouvoir sur l’es-pace grâce à ses fortifications. Cette cellule défensive est aussi une cellule économique dans laquelle des paysans résident et travaillent.

3. Au Xe siècle, les seigneurs construisent sur des mottes des tours en bois avec des fossés. Ces struc-tures périssables sont délaissées au XIe siècle au pro-fit de donjons en pierre comme celui de Moncontour (doc. 3) d’abord de forme carrée puis ronde avec le temps. Aux XIIe et XIIIe siècles, se construisent de véritables forteresses avec des murailles, des portes et des tours de protection.

4. Les paysans doivent au seigneur les corvées, des prestations de travail en nature sur les terres du sei-gneur et pour l’entretien du château. Elles sont liées à son pouvoir de ban.

◗ SynthétiserLe château par sa localisation sur un promontoire, la motte castrale, artificiellement construit, domine l’espace de la seigneurie et manifeste aux yeux de tous la puis-sance et la domination du seigneur (doc. 1). Les fossés et les murailles qui l’entourent lui permettent de se protéger et de protéger aussi l’espace rural alentour. L’adoption

de la pierre de taille renforce symboliquement le pouvoir du seigneur, lui permettant d’élever des tours plus impo-santes et plus sûres et de fortifier son territoire (doc. 1, 3). Le château est aussi au cœur d’un réseau économique d’échanges comme centre d’exploitation agricole et arti-sanale dominé par le seigneur, principal possesseur de terres (doc. 2).

◗ Schématiser1 : agents du seigneur surveillant le travail des paysans – 2 : paysan accomplissant la corvée sur les terres du sei-gneur, la réserve – 3 : paysans accomplissant la corvée pour l’entretien du château.

◗ Vers le BacL’affirmation du pouvoir seigneurial passe par la construc-tion du château, élément symbolique et matériel de sa puis-sance. À l’origine sur la motte seigneuriale, s’élève un châ-teau de bois qui sert de logis au seigneur et à sa maisonnée mais aussi de lieu de surveillance et de protection de l’es-pace environnant. Le bois ne permet pas de constructions aussi imposantes que la pierre et n’offre pas la même résis-tance au feu et aux attaques éventuelles. Aussi l’usage de la pierre de taille se répand-il. L’enrichissement des seigneurs et le développement de l’outillage avec la métallurgie per-mettent de passer du bois à la pierre et de manifester mieux encore la puissance seigneuriale. Aux avantages défensifs que procure ce nouvel usage, s’ajoute celui du confort et d’une meilleure résistance aux intempéries.

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Étude L’hommage vassalique au cœur du système féodal ➤ p. 103 / p. 109

➥ Comment la cérémonie de l’hommage montre-t-elle la nature des liens vassaliques ?

◗ Notion : la féodalité ◗ Lien avec le programme

La notion de féodalité, en tant que forme d’organisation sociale, est un des deux supports d’étude envisagés par les fiches d’accompagnement du programme. Il s’agit, sur les pistes tracées par G. Duby ou J. Le Goff, de saisir la féodalité tout à la fois dans ses réalités, son imaginaire et sa symbolique.

◗ Intérêt du sujet L’hommage vassalique, moment privilégié et symbolique-ment fondateur des relations entre un suzerain et son vas-sal est au cœur de la féodalité. On propose ici de l’étudier à travers la lettre adressée par Eudes de Blois au roi Robert le Pieux, chef-d’œuvre de rhétorique féodale (doc. 1), mais aussi grâce à des documents iconographiques : miniature (doc. 2) et tapisserie de Bayeux (doc. 3).

◗ Le document numérique intégréLe document 3 de cette étude est constitué par un Power Point interactif répondant à la demande du programme de faire appel aux technologies de l’information et de la communication (TIC) comme supports documentaires et comme outils de travail personnel. Sa conception en fait un outil adapté à différentes approches pédagogiques : travail à la maison, avant le cours ; travail en classe, au vidéoprojecteur ; travail à la maison, après le cours. Le document numérique présente la tapisserie de Bayeux en trois grands thèmes :

− « La tapisserie » : il s’agit ici de saisir le caractère exceptionnel et monumental de la tapisserie de Bayeux. La vidéo donne également quelques élé-ments aux élèves pour étudier la tapisserie avec un certain recul critique.

− « L’hommage » : le détail de la tapisserie choisi est celui de l’hommage rendu au duc Guillaume par le comte Harold. Son analyse interactive, enrichie d’un supplément audio, permet de mieux comprendre cette cérémonie fortement ritualisée.

− « Le fief » : deux autres détails de la tapisserie per-mettent de resituer la tapisserie dans le cadre de la société féodale à travers l’étude des places fortes (mottes puis châteaux), des travaux agricoles et de la condition paysanne, ainsi que de la montée en puissance de la chevalerie.

◗ Questions pour un travail person-nel ou une évaluation

1. De quelle manière la tapisserie sert-elle la gloire de Guillaume le Conquérant ?

La tapisserie rappelle et légitime la conquête vic-torieuse de l’Angleterre par le duc de Normandie Guillaume le Conquérant. Ses caractéristiques exceptionnelles (70 mètres de long, 50 cm de haut et 350 kg) sont au service de cet objectif : une conquête

www.lienmini.fr/magnard-hg2-009

exceptionnelle ne pouvait être résumée par une œuvre anodine et modeste. En outre, l’originalité de l’œuvre, qui par certains aspects peut rappeler la frise des Panathénées, mais sur un support nouveau et noble, souligne plus encore le caractère inouï de la conquête normande.

2. Pourquoi dit-on que l’hommage instaure une relation d’homme à homme entre le seigneur et son vassal ?

Avant toute chose, un hommage est bien une céré-monie qui lie deux hommes, les femmes en sont exclues. En outre, ces deux hommes se font face, échangent mots et gestes et s’étreignent mutuelle-ment les mains. Enfin, ils nouent entre eux, par des serments, un lien de fidélité mutuelle théoriquement indéfectible.

3. Démontrez que l’hommage s’apparente à un acte religieux.

L’hommage s’apparente à un acte religieux par de nombreux aspects. Tout d’abord, cette cérémonie est très codifiée  : chaque mot, chaque geste doit être accompli précisément, dans un ordre déter-miné, comme on le ferait lors d’une prière. De plus, le serment qui lie les deux hommes se fait certes devant d’autres hommes, mais il se prononce sur-tout devant Dieu, en présence d’objets sacrés. En cela, l’hommage s’apparente à un sacrement.

4. Expliquez dans quelle mesure le fief permet l’affir-mation d’une chevalerie puissante.

Les hommes qui entrent en possession d’un fief s’as-surent une véritable puissance à plusieurs égards. Tout d’abord parce que cette simple possession démontre qu’ils sont intégrés à un réseau d’hommes puissants, qu’ils bénéficient de la protection d’une partie de leurs semblables. De plus, sur ses terres, le vassal fait édifier une place forte, souvent modeste dans un premier temps, mais de plus en plus solide et imposante au cours des siècles et qui matérialise son titre de seigneur. La terre concédée en fief s’ac-compagne de la souveraineté sur les hommes qui y vivent, pour la plupart des paysans qui doivent céder à leur seigneur une partie de leur force de travail et des richesses qu’ils produisent. Enfin, les chevaliers ont le privilège de porter des armes, ce qui leur donne un ascendant indéniable sur des populations de paysans désarmés.

◗ Réponses aux questions 1. La miniature du Liber feudorum maior ainsi que la

tapisserie de Bayeux nous renseignent tout à la fois sur les réalités et l’imaginaire féodal. Dans les deux exemples présents, la cérémonie de l’hommage est représentée. Le suzerain se trouve assis et placé en hauteur, dominant symboliquement son vassal. Ce dernier fait preuve d’humilité, soit en s’agenouillant, soit en courbant légèrement son buste, en signe de respect et de soumission. Le langage des mains est lui aussi important. Dans le doc. 2, le vassal joint ses mains et les place dans les mains de son suzerain,

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hommes qui y engagent leur honneur et leur parole, mais ils le font devant Dieu. Ce dernier est témoin de l’engagement de chacun et la présence de reliques concrétise, symbolise la présence divine.

◗ Vers le BacL’hommage vassalique est un moment fondamental dans les pratiques et l’imaginaire féodal. Deux hommes puissants, des chevaliers, s’engagent mutuellement à travers un serment. Ce dernier acquiert une dimension de plus en plus sacrée au cours des décennies, notam-ment par la présence de reliques ou d’autres objets saints. Les valeurs de fidélité (à l’autre et à soi-même), de protection et de service, de justice et de conseil sont au cœur du vocabulaire et de l’imaginaire de cette che-valerie, à la fois unie et hiérarchisée, qui s’impose entre le XIe et le XIIIe siècle comme le groupe le plus puissant de la société féodale.

qui les recouvre. Le suzerain assure sa protection à un vassal de fait placé en situation de dépendance.

2. Le lien vassalique, bien qu’inégalitaire est para-doxalement réciproque. La lettre d’Eudes de Blois (sans doute rédigée en fait par Fulbert de Chartres) nous renseigne, par le contexte conflictuel de sa rédaction, sur les engagements théoriquement pris par chacun des deux hommes. Le comte doit à son seigneur le roi le service « à la cour, à l’armée et à l’étranger » ainsi que la fidélité. En échange, le suze-rain doit à son vassal la même fidélité dans un esprit de « justice et [de] paix » : il lui assure protection et jouissance du fief concédé lors de l’hommage.

3. La tapisserie de Bayeux souligne la présence d’ob-jets saints lors de la cérémonie de l’hommage. En effet, cette dernière a acquis une dimension sacrée de plus en plus évidente au cours des siècles. L’hommage est certes un serment passé entre deux

Cours La vie des communautés paysannes et l’encadrement féodal ➤ p. 104-107 / p. 110-113

➥ Comment vivent les communautés rurales dans le cadre de la féodalité ?

◗ Organisation du coursLa structure du cours, en trois points clés, met en évidence trois spécificités du développement de la société féodale entre le XIe et le XIIIe siècle.

− Partie A. La place fondamentale que prend le vil-lage dans la vie des communautés rurales qui se structurent à partir du Xe siècle est illustrée dans le doc. 1. Les populations se regroupent progressive-ment dans un habitat collectif autour du château et de l’église. La fonction de protection du château est représentée par les murailles et le village s’étend à l’intérieur mais aussi à l’extérieur de celles-ci, signe de la progression du phénomène d’encellu-lement et de la croissance démographique. Le châ-teau est aussi au cœur d’un réseau économique d’échanges comme centre d’exploitation agricole et artisanale dominé par le seigneur principal pos-sesseur de terres.

− Partie B. Les manifestations du « phénomène com-munautaire  » (fiche Éduscol) sont multiples mais toutes caractéristiques du développement des villages. Les paysans se regroupent, liés par les contraintes du travail agricole que le faible outil-lage rend difficile, mais aussi par les pressions sei-gneuriales qui s’exercent sur eux. Cette solidarité née dans le travail s’exprime progressivement dans la résistance aux pressions seigneuriales. Un autre

acteur du développement de cette vie collective est l’Église. La paroisse (doc. 2) est au cœur de la vie du village. L’enluminure représente une procession col-lective en l’honneur du saint protecteur du village, signe que le sentiment d’appartenance à un même ensemble est aussi donné par l’Église.

− Partie C. Le système féodal encadre la société. Les seigneurs sont liés entre eux par des obligations réciproques qui constituent le phénomène de vas-salité. Dans ce monde féodal se structure un nouvel ordre social, la noblesse unie par des valeurs com-munes. L’enluminure (doc. 3) représente un épisode du roman de Chrétien de Troyes, Yvain ou le Cheva-lier au lion, qui met en avant les vertus guerrières et le courage dont doit faire preuve le chevalier. La libération des prisonnières rend compte de ce souci d’assurer la protection du plus faible qui doit animer le chevalier. La littérature est un des vecteurs de la diffusion de l’idéal nobiliaire.

◗ Schéma de synthèse commenté  − Écouter et mémoriser

la synthèse du cours avec le schéma animé :

− Schéma vierge à télécharger sur le site Magnard. − Commentaire écrit à télécharger sur le site Magnard.

www.lienmini.fr/magnard-hg2-010

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grands seigneurs deviennent alors les vassaux du roi et lui doivent fidélité. À leur tour, ces grands seigneurs distribuent des fiefs à des seigneurs moins puissants qui deviennent leurs vassaux et s’engagent en retour à leur prêter conseil et assistance.

◗ Participer à une production collec-tive oralePour les différentes parties de l’exposé, partir de la page d’accueil du site, cliquer sur les onglets « L’aventure Gué-delon » et « la construction » pour trouver les informations et l’iconographie dans les onglets déroulants.

◗ Maîtriser l’organigrammeLe système féodal est un réseau hiérarchisé d’alliances qui repose sur des engagements réciproques d’homme à homme. Il se met en place à partir du XIe siècle et le point de départ en est la cérémonie de l’hommage qui unit un seigneur moins puissant à un seigneur plus puissant.Au sommet du système féodal domine le roi qui est le premier des seigneurs et le suzerain de tous. En échange de conseils et d’assistance, notamment militaire, des grands seigneurs, il leur distribue des fiefs, c’est-à-dire des territoires et les revenus qui leur sont associés. Les

Exercices  ➤ p. 108 / p. 114

Projet « Construire pour comprendre ». « Chantier d’archéologie expérimentale », « laboratoire à ciel ouvert »

Objectifs historiques Construire  un  château  sur  le  modèle  traditionnel  établi  sous  Philippe-Auguste (1165-1223)

Cadre historique 1228 : début de la construction

Cadre architectural Source d’inspiration dans  les canons architecturaux fixés sous Philippe-Auguste

Matériaux de construction Pierre (grès ferrugineux), bois (chêne), terre (notamment l’argile), sable, eau, mortier (terre, chaux, eau)

Corporations de métiers Carriers, tailleurs de pierre, maçons, bûcherons, charpentiers, forgerons, tuiliers, charretiers, verriers, vanniers, cordiers ...

◗ Passer de l’observation à la des-cription

1. L’enluminure de gauche illustre le mois de mai. Elle est bordée de bleu et de rouge et en son centre l’image représente un fauconnier à cheval tenant sur son doigt ganté son oiseau. La scène représente une scène de chasse, activité pratiquée par la noblesse. L’enlumi-nure de droite illustre le mois de septembre, mois tra-ditionnel des vendanges. Les deux personnages sont des paysans. L’un récolte le raisin et l’amène dans une cuve ou l’autre le foule pour en presser le jus.

2. Ces enluminures n’ont pas, a priori, un caractère reli-gieux. Outre leur aspect décoratif, elles permettent

de rappeler le caractère cyclique du temps rythmé par les travaux agricoles. Ce rappel pour les moines qui vivent dans l’abbaye est aussi celui du monde extérieur dont ils sont coupés, c’est une représenta-tion de ce que vivent leurs contemporains.

3. Ces deux mois représentent deux faces opposées du monde, d’un côté les seigneurs, de l’autre les paysans. Chacun est rattaché à sa condition stric-tement établie et justifiée dans ce livre de prières. Le paysan se destine au travail manuel souvent pénible, au profit du seigneur, il a la tâche de nour-rir la société. Le seigneur se livre à des activités de plaisir, sa position sociale élevée est reflétée par son maintien, son port altier.

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Méthode vers le Bac Confronter un texte et une image ➤ p. 109 / p. 115

Sujet : L’église du village du XIe au XIIIe siècle.Consigne : Montrez ce que les documents 2 p. 98 / p. 104 et 2 p. 105 / p. 111 révèlent de la place de l’Église dans le village médiéval.

Étape 1 – Analyser la consigne et les documents (au brouillon)1. La consigne

quand ? (du XIe au XIIIe siècle) où ? (le village médiéval) quoi ? (l’Église).

2. Les documents– Deux documents de nature différente  : des statuts

synodaux et une enluminure du XIIIe siècle.– Deux documents complémentaires montrant comment

l’Église accroît son contrôle sur les communautés rurales au XIIIe siècle.

Étape 2 – Construire un plan (au brouillon)

Plan Documents Connaissances1. L’église se situe au cœur du village médiéval.

•  Doc. 2 :  l’église est au cœur du village ; c’est autour d’elle qu’a lieu la procession.

•  À partir de l’an mille, les villages se développent.•  À l’habitat diffus et dispersé qui dominait, succède un réseau de villages ou de hameaux qui  se structurent autour de l’église et du cimetière.

•  L’Église, en développant son réseau de paroisses, contri-bue à fixer l’habitat dans les lieux où sont construites les églises.

2. L’Église cherche à contrôler les usages communautaires.

•  Doc. 1 : l’Église édicte un certain nombre d’interdits au sein du cimetière, corres-pondant  à  des  pratiques  communau-taires traditionnelles. Elle menace d’ex-communication ceux qui ne  respectent pas ces interdits.

•  Doc.  2  :  la  girouette  «  coq  »,  symbole d’une communauté rurale vivant du tra-vail de la terre.

•  Dans  une  société  très  croyante,  les  pratiques  reli-gieuses constituent un élément important de la vie sociale : messe du dimanche, sacrements comme les mariages, processions et fêtes religieuses rythment les saisons.

•  Cependant,  certains  usages  communautaires  conti-nuent  à  échapper  à  l’Église  :  des  pratiques  festives comme les charivaris se développent. La fréquentation des tavernes ou des marchés sur les places créent de nouveaux liens sociaux.

Étape 3 – Rédiger (copie)1. L’introductionLes deux documents proposés datent du XIIIe siècle et nous permettent d’étudier la place de l’Église dans le village médiéval. Le premier est un extrait de statuts synodaux, qui sont des prescriptions à l’intention des prêtres, ici du diocèse de Cambrai. Le second est une enluminure tirée d’un manuscrit du monastère de Geras. Ces deux documents nous éclairent sur la façon dont l’Église renforce son contrôle sur les communautés rurales au XIIIe siècle.

2. Le développement (Premier paragraphe)Le contrôle de l’Église comme institution sur les commu-nautés rurales passe d’abord par l’espace. Ainsi l’enlu-minure nous montre une église (bâtiment) au centre du village. C’est autour d’elle que s’organise la procession. En effet, depuis l’an mille, les villages se sont développés

en Occident, se substituant progressivement à l’habitat diffus et dispersé qui dominait. Or, ces villages se struc-turent autour de l’église et du cimetière. De ce point de vue, en développant son réseau de paroisses, l’Église contribue donc à fixer l’habitat dans les lieux où sont construites les églises. À ce titre, elle participe au mouve-ment d’encellulement.

3. La conclusionSi ces deux documents sont révélateurs du renforcement du contrôle de l’Église sur les communautés rurales, ils ne nous offrent qu’une vision partielle des limites de ce contrôle. On peut souligner que le document 1 nous informe des pratiques villageoises en vigueur que l’Église s’efforce d’interdire. Néanmoins, il ne nous permet pas de mesurer l’efficacité de ces interdits. Or, l’on sait que cer-taines pratiques communautaires continuaient d’échap-per au contrôle de l’Église.

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➤ Histoire p. 110-127 / Hist-Géo p. 116-133

Chapitre 6 Sociétés et cultures urbaines du XIe au XIIIe siècle

ProgrammeDurée : 3 à 4 heures Mise en œuvre dans le manuel

La question traite des sociétés et cultures urbaines de l’Europe médiévale en prenant appui sur une question et deux études : •  la question de l’essor urbain ; •  l’étude de deux villes en Europe, choi-sies  dans  deux  aires  culturelles  diffé-rentes.

– Trois entrées, au choix, sont proposées pour introduire la question de l’essor urbain deman-dée par le programme :•  La Piazza del Campo de Sienne (grand document d’ouverture (p. 110 / p. 117).•  Une activité urbaine : la boucherie (p. 120 / p. 126).•  Un acteur de l’essor urbain : Saint Louis (Étude avec complément numérique  p. 121 / p. 127).

– Deux entrées sont proposées pour introduire les études demandées par le programme :•  Arras, une ville du nord de l’Europe (Étude p. 116 / p. 122).•  Bologne : une ville du sud de l’Europe (Étude p. 118 / p. 124).

– Des supports variés pour la contextualisation historique des études choisies :•  Quatre notions clés définies et reliées à la chronologie de la période  (Repères p. 112 / p. 118).

•  Des cartes dont une grande carte de synthèse du chapitre (Cartes p. 114 / p. 120).•  Un cours synthétique, structuré en trois points clés pour comprendre et retenir les spéci-ficités des sociétés et cultures urbaines du XIe au XIIIe siècle (p. 122  / p. 128).

•  Un schéma de synthèse visuel, enrichi d’une version numérique commentée, ainsi que son texte à télécharger et à imprimer (p. 125 / p. 131).

Du programme au manuel

✔ Le site de l’Unesco http://whc.unesco.org/ offre de nom-breuses informations sur des villes avec des vidéos.

✔ Le site de la BNF http://classes.bnf.fr offre de nombreux documents iconographiques et se prête à un travail TICE avec les élèves.

Bibliographie et sitographie

✔ Duby Georges, Histoire de la France urbaine, tome 2 : La Ville médiévale, Seuil, 1980, rééd. 1991.

✔ Roux Simone, Le Monde des villes au Moyen Âge, XIe-XVe siècle, Hachette Supérieur, 2004.

◗ Lien avec le programme Le programme demande de traiter l’essor urbain du XIe au XIIIe siècle. Cet essor se traduit par « une reconnaissance juridique » (fiche Éduscol). « Elle s’accompagne de l’appa-rition d’une organisation urbaine spécifique qui témoigne de l’émergence d’une bourgeoisie d’affaires. » (fiche Édus-col). La représentation d’une ville de l’Europe méditerra-néenne introduit d’une façon pertinente la diversité du fait urbain et des structures urbaines.

◗ Le document iconographiqueLa photographie en plongée permet une vue d’ensemble de la place centrale de Sienne. Le « Palazzo Pubblico » domine l’espace qui est organisé autour de lui. Il est le siège du pouvoir communal qui s’affirme et le campanile, « la Torre del Mangia », en manifeste la puissance nou-velle. La cité s’affirme par le biais du Conseil des Neuf qui l’administre. Son rôle représentatif est mis en valeur par le découpage du sol de la place en neuf secteurs dont le

Document iconographique ➤ p. 110-111 / p. 116-117

La « Piazza del Campo », Sienne, Italie.

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Parce qu’un cadre chronologique rigoureux est indispen-sable pour identifier les repères majeurs et les grandes évolutions de la période, nous avons fait le choix de poser les grandes caractéristiques des sociétés et cultures urbaines autour d’un axe chronologique regroupant les repères essentiels :

− Quatre notions clés, définies et contextualisées, permettant (en introduction, en cours d’étude ou en conclusion) d’établir un fil conducteur adapté aux contraintes du temps imparti à l’étude de cette question.

− Quatre documents iconographiques embléma-tiques, associés à chaque notion et permettant de l’expliciter, de la mémoriser. • Le maître et ses élèves au sein de l’université. Cette

enluminure du XIIIe siècle renvoie à l’affirmation d’une culture urbaine spécifique définie par des activités différentes de celles qui s’exercent à la campagne. L’enluminure met en scène un maître d’université dispensant un cours à ses élèves. Sa tenue renseigne sur son statut, notamment sa coiffe, tout comme sa position, dominante.

• Le beffroi de Boulogne-sur-Mer. Cette photogra-phie permet d’aborder l’autonomie grandissante

des villes. On retrouve nombre de ces beffrois dans les villes du nord de l’Europe. Celui de Boulogne-sur-mer est un ancien donjon érigé au XIIe siècle par le comte de Boulogne, l’un des plus puissants seigneurs du royaume qui s’opposa à Philippe Auguste. Cédé aux bourgeois de la ville, il a été transformé en beffroi, symbole des libertés communales, au début du XIIIe siècle.

• Charpentier. Au Moyen Âge, le métier de charpen-tier regroupe tous les métiers du bois de construc-tion. Il regroupe les maîtres, les ouvriers et les apprentis et gagne en importance au XIIIe siècle avec la construction des cathédrales.

• La Bastide Saint-Louis, ville nouvelle de Carcas-sonne au XIIIe siècle. Construite sous le règne de Saint Louis, en 1260, la bastide se trouve en contre-bas de la cité de Carcassonne. Par son dynamisme économique, elle surpasse progressivement la cité. Ceinte de remparts imposants, elle offre un exemple de fondation urbaine pour motifs politiques.

− Quatre études permettant, au choix du professeur dans le respect des attendus du programme, de construire sa démarche pédagogique et mettant l’accent sur deux études de cas.

Repères ➤ p. 112-113 / p. 118-119

Cartes ➤ p. 114-115 / p. 120-121

Tout comme les repères chronologiques, les repères spa-tiaux sont indispensables pour aider les élèves à fixer leurs connaissances. Les changements d’échelle permettent d’appréhender le sujet dans toutes ses dimensions.

− Carte 1 : cette enluminure de Robert de Boron repré-sente la vision de la ville par les gens du XIIIe siècle. Ce type de représentation reflète l’importance que prend la ville pendant la période. Elle est à la fois un centre politique, un centre économique et un centre religieux. Elle concentre et attire les différentes com-posantes de la société médiévale. Un lien peut être fait avec l’étude sur la boucherie (p. 120 / p. 126) pour l’approvisionnement.

− Carte 2 : une carte à l’échelle locale de la ville mar-chande de Bruges dans l’Europe du Nord. Elle com-plète l’étude sur Arras (p. 116 / p. 122) et celle sur Bologne dans l’Europe du Sud (p. 118 / p. 124) en faisant ressortir la croissance urbaine. Elle permet par ailleurs de faire le lien avec le chapitre 4 sur la chrétienté médiévale.

− Carte 3 : la grande carte constitue une synthèse du chapitre. Elle est ainsi un outil privilégié (en introduc-tion, tout au long du cours ou en conclusion) pour fixer les repères essentiels. Les lieux importants évo-qués dans le chapitre (documents, Études, Cours) y sont localisés. Sa version cliquable/décliquable en complément numérique permet une utilisation au vidéoprojecteur. Sa légende est organisée en trois parties autour du thème du commerce. • Un espace qui s’urbanise : délimitation du déve-

loppement du phénomène urbain qui en fait res-sortir les contrastes. L’espace européen n’est pas marqué uniformément par le fait urbain.

• Les grands foyers de commerce  : deux foyers majeurs apparaissent, dans l’Italie du Nord et les Flandres, ouverts sur la mer et offrant les espaces les plus urbanisés.

• Les routes de commerce  : elles sont à la fois maritimes, ouvrant sur l’Europe du Nord et sur l’Orient, et terrestres, faisant émerger des centres urbains et des grands lieux de foire.

sommet converge vers l’entrée du « Palazzo Pubblico ». Élus par tirage au sort, neuf citoyens assument la charge du pouvoir pendant deux mois. Ils vivent reclus dans le « Palazzo Pubblico ». Au terme de deux mois, il leur faut attendre au moins vingt mois pour redevenir éligibles.

Grâce à ce système, sur une période de cinq ans, plusieurs centaines d’individus pouvaient jouer un rôle majeur au sein de l’État. Le régime des Neuf est ainsi assimilé à une « oligarchie plébéienne » qui affirme sa puissance par le biais des palais et de l’aménagement de la place.

48 © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur

Notion : les libertés urbaines

◗ Lien avec le programme« L’importance croissante des villes s’accompagne partout d’une reconnaissance juridique qui se traduit par l’obten-tion [...] de droits particuliers (les « libertés ») octroyés par les autorités. » (fiche Éduscol). L’exemple d’Arras traduit ce phénomène et correspond à l’exigence de traiter une ville d’Europe du Nord.

◗ Intérêt du sujet L’affirmation municipale accompagne le développe-ment économique des villes entre le XIe et le XIIIe siècle. Arras fonde sa prospérité sur son activité marchande et artisanale (doc. 1). La croissance de la cité se lit dans l’extension urbaine. Elle se manifeste également dans la pierre avec la construction du beffroi. L’affirmation des libertés est progressive et sert de modèle aux villes de l’Europe flandrienne. Elle est signifiée par la charte de franchises (doc. 3) qui confère des pouvoirs aux repré-sentants municipaux. Elle est symbolisée par le sceau (doc. 2) qui est la manifestation même de l’identité et de l’indépendance de la cité.

◗ Réponses aux questions 1. La fin du XIIe siècle est une étape importante pour

Arras qui obtient une charte de franchises de la part du roi, fait qui confirme son autonomie croissante.

2. L’essor d’Arras se manifeste particulièrement par l’augmentation constante de la ville, signe de sa vita-lité économique. Les limites de la ville au XIIIe siècle débordent largement de celles du noyau initial et des remparts sont nécessaires. Le processus se poursuit avec, au XVe siècle, la construction d’un beffroi.

3. Les échevins sont à la tête du pouvoir municipal et contrôlent l’ensemble des affaires de la ville, direc-tement ou par l’entremise d’intermédiaires qu’ils élisent. Ils ont un pouvoir de justice, perçoivent les bans, ce qui leur confère une autorité seigneuriale. Ils décident qui pourra ou non devenir un « bour-geois » de la cité.

4. Le sceau est la marque même de l’autonomie de la ville, sa personnalité juridique et l’affirmation de son pouvoir. Il permet d’authentifier les actes officiels de la ville. Il porte symboliquement les marques d’une identité propre. C’est un véritable portrait urbain de la ville : les éléments architecturaux importants de son histoire s’identifient clairement.

Étude Arras : une ville du nord de l’Europe ➤ p. 116-117 / p. 122-123

➥ Quels sont les fondements et les manifestations de l’affirmation d’Arras ?

Une croissance démographique

Des activités artisanales

Des activités marchandes

Arras, une ville prospère

Une charte de franchises

Une extension géographique

continue

Le sceau, marque

d’autonomie

◗ Synthétiser

◗ Schématiser1 : monument emblématique d’Arras (peut-être l’abbaye Saint-Vaast ou le petit marché dont la halle sera plus tard surmontée d’un beffroi, symbole du pouvoir des éche-vins) – 2 : abréviation du nom latin d’Arras rappelant le nom originel du peuple d’Arras (les Atrébates) AT/T(RE)BA/TU(M) – 3 : inscription affirmant le pouvoir municipal : « sceau du maire et des échevins d’Arras » (S [abréviation de sigillum] majoris et scabinorum Attrebatensium) – 4 : porte de la ville – 5 : remparts d’Arras.

◗ Vers le BacComme d’autres villes d’Europe du Nord, Arras connaît entre le XIe et le XIIIe siècle une forte croissance fondée sur le développement des activités artisanales et marchandes. Le drap fonde la prospérité de cette ville qui dès lors tend à affirmer davantage sa puissance. Cette affirmation se lit d’abord dans la pierre. Arras fait édifier des remparts qui la cernent et l’identifient (doc. 1), ils sont dotés de portes imposantes qui contrôlent l’accès à la ville. Cependant ce qui manifeste le plus sûrement l’affirmation de la puissance

49© Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur

Notion : une université

◗ Lien avec le programme La diversité du fait urbain et des sociétés urbaines est au cœur du programme qui pose « la question de la défini-tion même de la ville » et s’interroge sur « la naissance d’une culture urbaine » (fiche Éduscol). La fiche Éduscol insiste sur le fait que, plus que les remparts, ce sont les activités et les fonctions qui distinguent la ville. « Les fonc-tions éducatives » tiennent une place importante. Une ville comme Bologne en tire son identité.

◗ Intérêt du sujet Nous avons choisi de mettre l’accent sur la place centrale du savoir dans l’affirmation d’une ville et de ses habi-tants au Moyen Âge. Le développement de l’université de Bologne participe de celui de la ville (doc. 1) et permet de donner naissance à une culture urbaine spécifique où se mêlent des populations d’origines géographiques diverses. Les maîtres, enseignants, forment une nouvelle élite urbaine (doc. 2 + Zoom) qui se différencie des élèves dans un rapport hiérarchique proche de la vassalité (doc. 3). Participant du prestige de la ville, ils disposent d’une place particulière qui les rapproche du pouvoir et leur confère une grande indépendance.

◗ Réponses aux questions 1. La fin du XIe siècle est marquée par la fondation de

l’université de Bologne qui participe à la croissance rapide de la ville.

2. La ville connaît au XIIe siècle une croissance rapide qui se traduit par la construction d’un nouveau mur d’enceinte. Sa superficie étendue témoigne de son attractivité fondée sur celle de son université. Ce phénomène se poursuit au siècle suivant. Le mur d’enceinte du XIIIe siècle montre que la ville a plus que doublé spatialement.

3. « La possession si recherchée de la science [...] rend noble le non noble. » (doc. 2) Ce discours d’encoura-gement aux élèves rend compte de la position domi-nante des maîtres, ce dont témoigne le parcours de l’un d’eux, François Accurse. Il participe de fait au gouvernement de la ville et son mode de vie aisé se rapproche de celui de la noblesse.

4. Le maître se distingue d’abord par sa position, il est installé en hauteur comme sur un trône et domine de ce fait les élèves qui lui font face. Son vêtement aux fourrures riches et variées témoigne aussi de sa position sociale.

◗ SynthétiserL’université de Bologne, principalement celle de droit, a un prestige qui lui permet d’attirer des étudiants et des ensei-gnants venus de toute l’Europe. Elle contribue de ce fait à l’extension de la ville. Cette nouvelle population donne naissance à une nouvelle société urbaine dans laquelle les maître se rapprochent des seigneurs et forment une nou-velle élite urbaine tandis que les étudiants de toutes ori-gines se rassemblent en confrérie selon leur provenance et sont tous unis dans l’étude et l’observation de règles précises à suivre devant leurs maîtres.

◗ Schématiser

Étude Bologne : une ville du sud de l’Europe ➤ p. 118-119 / p. 124-125

➥ Comment Bologne s’impose-t-elle comme un grand centre du savoir européen ?

urbaine d’Arras est l’obtention d’une charte de franchises confirmée par le roi Philippe Auguste dès 1194. Cette charte (doc. 3) sert de modèle à celles qu’obtiennent par la suite d’autres villes des Flandres. Elle confirme le pouvoir des magistrats municipaux régulièrement renouvelés par les bourgeois. Ils exercent désormais de véritables pouvoirs seigneuriaux et une véritable domination politique, éco-nomique et financière sur la ville. Ils ont le pouvoir de justice et de contrôle, prélèvent les différentes taxes et décident qui est admis ou non à faire partie de la cité

comme « bourgeois ». L’étendue de leurs pouvoirs mani-feste donc bien l’autonomie croissante de la ville. Le fait que la ville se dote d’un sceau traduit bien qu’elle a mainte-nant une identité propre. Le sceau (doc. 2) est la manifesta-tion de sa personnalité juridique et donc du pouvoir qu’elle a obtenu. Cette personnalité est affirmée par les éléments qui le constituent et qui permettent de reconnaître la ville : la halle, sa porte et ses remparts. Il fonde aussi la légitimité de cette autonomie en rappelant, par les inscriptions pré-sentes sur sa face centrale, l’ancienneté de la cité.

les élèves

confréries

les recteurs

les maîtres

doctorat

regroupés en

élisent

paient

préparent au

50 © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur

2. Les bouchers obtiennent de la charte royale dif-férents droits qui confirment leur importance. Ils peuvent faire librement le commerce de la viande en pouvant faire circuler les bêtes en provenance de l’extérieur de la ville sans payer de droit de péage. Enfin, ils ont le pouvoir de choisir qui peut ou non entrer dans la corporation. Ces droits sont assortis de devoirs principalement financiers : différents ver-sements de taxes à destination des caisses royales sont prévus selon un calendrier fixe.

◗ Vers le BacLa croissance de la population urbaine pose la question de l’approvisionnement en nourriture dans la mesure où la ville ne peut produire ce qu’elle consomme. Ce constat est le point de départ de l’affirmation de la puissance des bouchers d’autant que la consommation de viande d’une population urbaine aisée ne cesse d’augmenter. Aussi le statut de la corporation évolue-t-il. D’abord installés à la périphérie des villes en raison des nuisances sonores et olfactives liées au métier, les bouchers s’installent dès le XIIe siècle au cœur même de Paris et permettent le déve-loppement de toute une série de métiers artisanaux liés à leur activité comme la tannerie ou la parcheminerie par exemple. Leur succès est confirmé par la charte royale qui leur confère une reconnaissance et des droits spécifiques. La reconnaissance politique s’accompagne d’une recon-naissance sociale plus importante. C’est cette recherche que traduit le financement du vitrail (doc. 2) qui prouve leur puissance financière et l’importance de leur rôle en ville. Cependant, si l’activité de la corporation lui garantit la richesse financière, elle ne bénéficie pas d’une image sociale favorable. Par ailleurs, les droits octroyés par la charte sont assortis de taxes financières importantes.

Notion : les métiers

◗ Lien avec le programme Le programme insiste pour que soit pris en compte le tournant dans «  les formes d’organisation politique, sociale et économique » (fiche Éduscol) que représente la naissance des villes. Le thème des métiers traduit ce phénomène car leur organisation est tout à fait spécifique et rend compte de ce que la ville rassemble « des habi-tants qui ne produisent pas ce qui est nécessaire à leur consommation » (fiche Éduscol), ce qui implique un lien étroit avec le monde rural vu dans le chapitre précédent.

◗ Intérêt du sujet Le thème de la boucherie offre la possibilité de déga-ger les principaux éléments de réponse à apporter à la définition de la notion de métier, notion clé du chapitre. Il permet de mettre en avant la progressive structura-tion de cette corporation dont les fonctions sont recon-nues par les pouvoirs publics (doc. 1) et qui ne cesse de développer son influence (doc. 2). Avec la croissance de la population urbaine, les activités de la boucherie deviennent incontournables en ville, ce dont les docu-ments rendent compte.

◗ Réponses aux questions 1. Le vitrail manifeste d’abord la puissance financière

des bouchers qui peuvent en financer la construc-tion et imposer cette représentation dans une cathé-drale. Il manifeste aussi le désir d’être reconnu à part entière comme métier par la population et enfin la volonté, en étant représentés dans un lieu de culte, d’échapper au regard négatif portés sur eux.

Étude Une activité urbaine : la boucherie ➤ p. 120 / p. 126

➥ En quoi la boucherie illustre-t-elle l’affirmation des métiers?

◗ Vers le BacAvec la naissance des universités, se développe dans le monde urbain une nouvelle catégorie de population, les intellectuels. Reconnus à part entière, ils font, tel François Accurse (Zoom) ou Azzone dei Portici (doc. 3), la renom-mée d’une université et d’une cité et attirent de nombreux étudiants. Concourant ainsi au prestige et à la réputation de la ville, ils en deviennent des personnages éminents. Le statut social de l’intellectuel, docteur dans les documents,

est marqué par son habillement qui le distingue – « gants », « capuchon de vair » ou « collerette d’hermine » – et devient un marqueur social. Le métier d’intellectuel, notamment de docteur d’université, confère l’équivalent d’un titre de noblesse comme en témoigne leur appellation « nobles hommes » et « mon seigneur » (doc. 3). Le développement de ce métier dans le monde urbain où se développent les fonctions éducatives, crée une nouvelle forme d’élite sociale (doc. 2).

51© Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur

royaume. Enfin, une miniature et un supplément audio insistent sur l’antijudaïsme (qu’il faudra éven-tuellement différencier de l’antisémitisme) inhérent à la piété exacerbée du roi Louis IX.

◗ Questions pour un travail person­nel ou une évaluation

1. Quels éléments font de la Sainte-Chapelle un lieu particulièrement sacré pour des chrétiens du Moyen Âge ?

Par bien des aspects, la Sainte-Chapelle est un lieu particulièrement sacré. Tout d’abord par ses dimen-sions et notamment celles de ses vitraux. Ces der-niers permettent que le lieu soit inondé de lumière et de couleurs chatoyantes, rappelant la présence divine aux yeux des fidèles. L’édifice est celui où s’exprime au quotidien la piété d’un roi sacré et « très chrétien ». Enfin, le maître-autel accueille plu-sieurs reliques inestimables, comme la couronne d’épines du Christ.

2. Expliquez dans quelle mesure la construction d’Aigues-Mortes est une manifestation tout à la fois du pouvoir politique et de la piété du roi.

La fondation d’Aigues-Mortes par le roi en fait d’em-blée une place militaire. Au château sont ajoutées des murailles dont la monumentale tour de Constance, haute de plus de 30 mètres. L’église Notre-Dame des Sablons est rapidement édifiée pour fixer la religion dans l’espace urbain. Enfin, Aigues-Mortes est le point de départ de deux croisades, pèlerinages en armes qui sont tout à la fois militaires et religieuses. Des élèves pourront éventuellement ajouter, dans une lecture critique, que la fondation de la ville cor-respond également à des ambitions économiques, en ouvrant le royaume de France sur le commerce méditerranéen.

3. Pourquoi peut-on dire que le manuscrit de Guillaume de Saint-Pathus est une hagiographie (vous cherche-rez la définition du terme dans un dictionnaire) ?

Une hagiographie est au sens propre une vie de saint. Au sens figuré, il s’agit d’une biographie par-ticulièrement élogieuse. Le manuscrit de Guillaume de Saint-Pathus correspond à cette double définition. Tout d’abord, il s’agit d’une biographie rédigée au XIVe siècle, après la canonisation du roi par l’Église. Le texte vante la générosité du roi, notamment envers les pauvres et les aveugles. Les miniatures offrent un écho à ce texte, en mettant en scène la pieuse charité du monarque. Ce dernier auréolé et attentif aux plus fragiles est représenté comme un saint, vivant une vie exemplaire, à l’imitation du Christ. Enfin, il est intéressant de noter que des voix critiques existent alors, comme celle du Rutebeuf, qui moque la trop grande attention du roi envers des populations que le poète méprise. Par effet de contraste, le récit de Guillaume de Saint-Pathus n’en apparaît que plus élogieux et hagiographique, dans tous les sens du terme.

Notion : l’essor urbain

◗ Lien avec le programmeLe programme incite à s’intéresser à l’essor urbain, dans sa dimension spatiale mais aussi dans son acception juri-dique. Il s’agit d’étudier l’obtention par et pour les bour-geois de droits appelés franchises ou libertés. En se dis-tinguant partiellement et progressivement de la société féodale et seigneuriale, la ville devient un centre politique et plus seulement économique. Dans ce cadre, les rap-ports entre pouvoir monarchique et pouvoir urbain consti-tuent un enjeu croissant.

◗ Intérêt du sujet Le roi Louis IX, dans la lignée de ces prédécesseurs, parti-cipe à un mouvement de renforcement du pouvoir central. Cette politique consciente et planifiée est lisible à travers de nombreuses sources, comme les Enseignements de Saint Louis à son fils (doc. 1), des documents iconogra-phiques (doc. 3) ou encore des édifices urbains (doc. 2).

◗ Le document numérique intégréLe document 3 de cette étude est constitué par un Power Point interactif répondant à la demande du programme de faire appel aux technologies de l’information et de la communication (TIC) comme supports documentaires et comme outils de travail personnel. Sa conception en fait un outil adapté à différentes approches pédagogiques  : travail à la maison, avant le cours ; travail en classe, au vidéoprojecteur ; travail à la maison, après le cours. Le document numérique présente la politique urbaine de Louis IX en trois grands thèmes :

− « Un roi bâtisseur » : une photographie commentée et animée de la Sainte-Chapelle permet de donner un aperçu de ce chef-d’œuvre commandé par Louis IX, symbole de son pouvoir et de sa piété. Un docu-mentaire sur la ville nouvelle d’Aigues-Mortes rap-pelle que le roi était également soucieux d’asseoir son autorité économiquement et militairement. La ville fut à deux reprises lieu de départ de la croi-sade, marquant ainsi la piété de ce roi.

− « Un roi protecteur »  : une miniature illustrant un manuscrit de Guillaume de Saint-Pathus (une œuvre commandée par Blanche de France, fille de Louis IX) met en scène la piété du roi à travers son aide aux pauvres. Un extrait écrit de l’œuvre de G. de Saint-Pathus et un poème satirique de Rutebeuf éclairent de deux façons cette politique de charité. Les élèves pourront ainsi développer une lecture cri-tique de ces différents documents.

− «  Un roi intransigeant  »  : trois nouveaux textes (une nouvelle biographie de Guillaume de Nangis, une lettre du roi lui-même et un extrait de l’Histoire des croisades de Jacques de Vitry) peuvent mener les élèves à comprendre la volonté du monarque d’instaurer un ordre chrétien dans les villes du

www.lienmini.fr/magnard-hg2-011

Étude Un acteur de l’essor urbain : Saint Louis ➤ p. 121 / p. 127

➥ Quels sont les nouveaux rapports entre le roi de France et les villes ?

52 © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur

Plus prosaïquement, les nombreuses activités arti-sanales et commerciales sont pour le roi autant d’opportunités pour multiplier les rentrées fiscales, notamment sous la forme d’impôts indirects. Enfin, les « bonnes villes » (villes ayant obtenu des privilèges) sont susceptibles de constituer des alliées en cas de conflit entre le roi et « [ses] pairs et [ses] barons ».

3. La piété du roi s’exprime à travers sa politique urbaine de plusieurs manières. En premier lieu par les monuments qu’il y fait construire pour la pratique religieuse et la gloire de Dieu. C’est notamment le cas de la Sainte-Chapelle à Paris. Le roi se montre ostensiblement soucieux du sort des nombreux miséreux qui vivent dans les villes. Il met ainsi en scène sa piété personnelle par des actes de charité : il invite les pauvres à sa table et offre des soins aux infirmes. Enfin, sa piété n’est pas dénuée de rigueur. Elle se traduit notamment par la lutte contre tout ce qui lui semble menacer l’ordre chrétien qu’il veut voir régner dans les villes. C’est ainsi qu’on peut com-prendre les normes émises contre le blasphème, la prostitution, les hérétiques ou encore contre les Juifs.

◗ Vers le BacDurant le règne de Louis IX, les villes sont dotées d’une relative autonomie. Dans le cadre de la reprise en main de la société féodale par le pouvoir central, les villes offrent au roi un ensemble d’atouts dont il est bien conscient. Elles sont tout à la fois des sites bien défen-dus militairement et des sources de revenus fiscaux. La population urbaine est aussi une potentielle réserve de contingents militaires mobilisables en cas de conflit avec un royaume étranger ou en cas de révoltes nobi-liaires contre le pouvoir central. Afin de s’assurer de tous ces avantages réels ou potentiels, le roi Louis IX multi-plie donc les lettres de franchises libérales aux villes les plus puissantes et dynamiques, les fameuses « bonnes villes », alliées précieuses de la couronne.

4. Expliquez en quoi la politique urbaine de Louis IX aboutit à la mise en place d’un ordre chrétien dans les villes.

La piété du roi s’exprime également à travers son souci de mettre en place un ordre chrétien dans les villes du royaume. Celles-ci doivent être libérées de toutes formes de désordre et de violence, notamment si elles entrent en opposition avec la foi chrétienne. Ainsi, les blasphèmes et les prostituées, considérés comme autant d’atteintes à la religion, sont combat-tus sévèrement. C’est dans ce cadre qu’on peut resi-tuer les mesures prises par le monarque contre les Juifs. Ces derniers, considérés avec suspicion, sont mis en marge de la société, notamment par l’impo-sition de signes distinctifs comme la rouelle.

◗ Réponses aux questions 1. La tour de Constance d’Aigues-Mortes (ville fondée

par le roi louis IX sur la Méditerranée) a d’abord un rôle militaire  : elle protège la ville puisqu’elle est insérée dans un système impressionnant de fortifi-cations. Elle tient à la fois une fonction d’observa-tion et de défense en cas d’attaque ou de siège. Mais cette même tour joue également un rôle symbolique et juridique. En effet, l’ensemble de l’enceinte déli-mite le territoire urbain stricto sensu, concrétisant du même coup le pouvoir des habitants de la ville, pouvoir concédé à travers la charte de franchises accordée par le roi Louis IX.

2. Les villes constituent un enjeu important pour le roi Louis IX, qui sait devoir les tenir « en faveur et en amour ». Le premier avantage qu’il peut en tirer est « leur force » militaire : la population des villes peut ainsi être mobilisée pour leur propre défense, mais plus largement encore pour défendre le royaume. De plus, les villes sont des centres de production de richesses. Ces dernières profitent globalement au royaume en en faisant une puissance économique.

Cours L’affirmation du monde urbain du XIe au XIIIe siècle ➤ p. 122-125 / p. 128-131

➥ Comment le monde urbain s’affirme-t-il entre le XIe et le XIIIe siècle ?

◗ Organisation du coursLa structure du cours, en trois points clés, met en évidence les formes de l’affirmation du monde urbain :

− Partie A. Le développement du commerce est l’une des causes de l’essor urbain. Le document 1 figure une cité portuaire peinte par l’artiste italien Ambrogio Lorenzetti, auteur également de  la fresque Les Effets du bon et du mauvais gouvernement qui se trouve à Sienne dans le palais communal. On retrouve sur

cette peinture sur bois les éléments classiques de la ville médiévale, ceintes de ses remparts et abritant un château. La prospérité de la ville est suggérée par la hauteur des tours qui témoignent de la puissance de la bourgeoisie. Cette dernière tire sa richesse du commerce représentée ici par un bateau qui vogue à l’horizon.

− Partie B. L’affirmation des villes s’accompagne de la conquête de libertés inscrites dans les chartes de franchises. Le document 2 met en scène le pape

53© Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur

L’enluminure représente un épisode biblique  : après le Déluge, les hommes décident de bâtir une ville et une tour dont le sommet touche le ciel et ce pour « se faire un nom ». Dieu les en empêche en brouillant leur langue afin qu’ils ne se comprennent plus. L’épisode de la tour de Babel impose la ville comme le lieu de désobéissance des hommes envers Dieu qui les pré-destinait à régner sur la nature.

◗ Schéma de synthèse commenté  − Écouter et mémoriser

la synthèse du cours avec le schéma animé :

− Schéma vierge à télécharger sur le site Magnard. − Commentaire écrit à télécharger sur le site Magnard.

www.lienmini.fr/magnard-hg2-012

Benoît IX, seigneur de la ville de Pérouse, en com-pagnie des magistrats de la ville, reconnaissables à leur chapeau rouge, qui composent le gouvernement de la ville. On en est alors qu’au tout début de l’af-firmation municipale qui, à partir du XIIe siècle, se développe davantage. Cette miniature met donc en scène le pouvoir temporel de l’Église, incarné par le pape, et celui des villes, en plein essor. Ces mêmes villes développeront des valeurs parfois contraires à l’éthique de l’Église.

− Partie C. La ville, plus que par son enceinte, se définit par ses activités. A côté des activités commerciales, culturelles ou encore financières, les métiers du bâti-ment occupent une place centrale, bien soulignée par le document 3. On y distingue les différents métiers, du tailleur de pierre au carrier, en passant par les maçons ainsi que les progrès techniques avec l’engin de levage.

Exercices  ➤ p. 126 / p. 132

◗ Identifier un document1. Le document provient des chartes de franchises de la

ville de Bruges. Ces chartes sont des documents offi-ciels où sont consignés les privilèges économiques, fiscaux, juridiques et militaires accordés par le sei-gneur à une ville.

2. Un échevin désigne un magistrat municipal élu par les bourgeois de la ville. On retrouve cette fonction dans les villes du nord de l’Europe.

3. Ce document s’inscrit dans une période d’essor urbain et d’émancipation des villes qui parviennent à conquérir une certaine autonomie. Elles obtiennent de leur seigneur des chartes de franchises qui énoncent leurs différents privilèges. Cette autono-mie se traduit dans la pierre avec la construction de palais communaux.

◗ Mener à bien une recherche individuelle

1. Le site de l’UNESCO offre de nombreuses informa-tions sur l’histoire de Bruges précisant que le nom de la ville est mentionné pour la première fois au IXe siècle. Il comporte en outre une vidéo intitulée « Le reflet d’une ville médiévale : le centre historique de Bruges ».

2. La décision de l’UNESCO de classer le centre his-torique de Bruges au patrimoine de l’humanité s’explique par son exceptionnel centre médiéval caractérisé par le bâti gothique en brique. La ville qui a conservé son tissu urbain historique témoigne

de l’histoire commerciale et culturelle de l’Europe médiévale. Bruges a par ailleurs été le berceau des primitifs flamands et un centre de développement de la peinture au Moyen Âge.

◗ Réaliser un schéma d’interpré­tation

12

3

4

5 5

1 Saint François à genoux méditant.2 Frère Sylvestre chassant les démons.3 La ville d’Arezzo ceinte de ses remparts.4 Fissure dans la terre qui sépare la ville du reste du monde.5 Citoyens de la ville qui arrivent par les portes au départ

des démons.

54 © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur

d’une ville médiévale au XIIIe siècle ; le sceau de la ville d’Arras donnant un exemple particulier de ville.

− Deux documents présentant deux visions différentes du pouvoir des villes au XIIIe siècle  : le premier rappelle leur maintien majoritaire sous la domina-tion des seigneurs, tandis que le second donne un exemple de ville s’en étant affranchie.

Étape 1 – Analyser la consigne et les documents (au brouillon)1. La consigne quand ? (XIIIe siècle) où ? (les villes) quoi ? (des lieux de pouvoir).

2. Les documents − Deux documents de nature différente : une enlu-

minure donnant une vision générale des fonctions

Méthode vers le Bac Confronter deux images ➤ p. 127 / p. 133

Sujet : Les villes au XIIIe siècle, des lieux de pouvoir.Consigne : Montrez ce que révèlent les documents 1 p. 114 / p. 120 et 2 p. 117 / p. 123 sur les villes au XIIIe siècle comme lieu de pouvoir.

Étape 2 – Construire un plan (au brouillon)

Plan Documents Connaissances1. La majorité des villes reste sous la domination du pouvoir seigneurial.

Doc. 1 :  la ville exerce une fonction politique  :  le  roi Brangoire, person-nage de la littérature de chevalerie, symbolise  ici  le pouvoir seigneurial sur la ville.

Du XIe au XIIIe siècle, l’essor des villes s’accompagne d’une volonté d’autonomie par rapport au pouvoir seigneurial ou royal.Néanmoins, la majorité des villes reste sous le contrôle d’un seigneur et de son château.Cette domination donne lieu à des contestations, parfois vio-lentes comme à Sens en 1147.

2. Certaines villes parviennent à conquérir leur l’autonomie.

Doc. 2  :  la ville d’Arras possède un sceau qui porte l’inscription « sceau du maire et des échevins d’Arras ».

Certaines  villes  obtiennent  du  seigneur,  ou  du  roi,  des chartes de franchises qui énoncent leurs privilèges.C’est  le cas d’Arras qui s’appuie sur sa prospérité écono-mique liée au textile pour obtenir en 1194 sa charte de fran-chises.La  possession  d’un  sceau,  destiné  à  valider  les  actes, marque la reconnaissance juridique de la ville : comme dans d’autres villes du Nord, un Conseil composé d’échevins est chargé de l’administration.

Étape 3 – Rédiger (copie)1. L’introductionL’enluminure tirée du manuscrit de l’Histoire de Merlin de Robert de Boron nous offre une représentation des fonc-tions typiques de la ville médiévale au XIIIe siècle. Le sceau de la ville d’Arras, lui, en donne un exemple particulier. Or ces deux documents proposent deux visions différentes du pouvoir des villes au Moyen Âge : le premier rappelle leur maintien majoritaire sous la domination des sei-gneurs, tandis que le second rappelle que certaines villes ont conquis leur autonomie.

2. Le développement (Premier paragraphe)À partir de la fin du XIe siècle, les villes connaissent un mouvement d’expansion en Occident. Certaines

apparaissent, tandis que d’autres, comme Arras, voient naître de nouveaux quartiers. Cet essor des villes s’ac-compagne d’une volonté d’autonomie par rapport au pouvoir seigneurial ou royal. Néanmoins, la majorité des villes reste sous le contrôle d’un seigneur et de son château. Dans la représentation d’une ville médié-vale que nous offre l’enluminure tirée du manuscrit de l’Histoire de Merlin de Robert de Boron, figure le roi Brangoire, personnage de la littérature de chevalerie, qui symbolise le pouvoir seigneurial sur la ville. Cette domination seigneuriale donne lieu à des contestations, parfois violentes comme à Sens en 1147.

3. La conclusionSoulignez l’intérêt et les limites de la confrontation des documents pour le sujet posé.