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JOBNAME: No Job Name PAGE: 1 SESS: 11 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 48BEBE79 /antiopa/eco-b-afri/239527J/rap-2007/09-chap04 CHAPITRE 4 L’Afrique et ses ressources naturelles : le paradoxe de l’abondance Introduction L’Afrique est généreusement pourvue en res- sources, terres productives et richesses natu- relles précieuses (chapitres 2 et 3), renouvela- bles (eau, forêts et poissons, notamment) ou non (charbon, gaz, pétrole et autres miné- raux). Les ressources naturelles dominent l’économie de nombreux pays de ce conti- nent et représentent le plus important moyen de subsistance pour des habitants majoritai- rement pauvres et vivant en zone rurale. Elles constituent ainsi le fondement du revenu et de la subsistance de larges pans de la popula- tion et l’une des principales sources de recettes publiques et de richesse nationale. Dans des circonstances appropriées, l’essor des ressources naturelles peut être un moteur essentiel de la croissance, du dévelop- pement et du passage d’un artisanat familial à une production d’usine. En effet, lorsque l’approche retenue est adéquate, les res- sources naturelles peuvent permettre de transformer une économie à faible valeur qui repose sur les exportations de produits pri- maires en une économie disposant d’une importante base manufacturière à forte intensité de main-d’œuvre. Il est communément admis que, pour que les pays d’Afrique aux revenus les plus bas sortent du piège de la pauvreté, l’une des solutions consiste à donner une vive impul- sion à la demande, afin de susciter suffisam- ment de complémentarités pour élargir les marchés et récupérer les coûts fixes de l’indus- trialisation. Les ressources naturelles pour- raient former l’un de ces vecteurs ; malheu- reusement, dans bien des pays africains, les cycles d’expansion de ce secteur n’ont guère déclenché de processus de croissance dyna- mique (encadré 4.1). Cette situation tient, dans une large mesure, à l’incapacité à mettre en œuvre les bonnes politiques de croissance et à instaurer des institutions solides, ce qui témoigne des difficultés à opérer le grand bond requis vers la diversification et le déve- loppement des activités manufacturières dans les régions d’Afrique riches en ressources. Une grande partie du continent risque de ne pas pouvoir s’industrialiser et de rester prison- nière du piège des produits de base, c’est-à- dire d’être tributaire de ses exportations d’un petit nombre de produits minéraux 1 . Si les politiques ne sont pas appropriées, la dépen- dance vis-à-vis du pétrole et d’autres sources ponctuelles de ressources naturelles peuvent conduire à ce scénario. Lorsque la richesse provenant des res- sources naturelles ne débouche pas sur la croissance et le développement économiques attendus, plusieurs facteurs sont en cause, en particulier : m 1. Voir Auty (2001), Auty (2004) et Ploeg (2007) pour une analyse détaillée de ces aspects

CHAPITRE 4 L’Afrique et ses ressources naturelles : …jaga.afrique-gouvernance.net/_docs/a0742074-fr-rap-2007...rement pauvres et vivant en zone rurale. Elles constituent ainsi

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CHAPITRE 4

L’Afrique et ses ressources naturelles :le paradoxe de l’abondance

Introduction

L’Afrique est généreusement pourvue en res-sources, terres productives et richesses natu-relles précieuses (chapitres 2 et 3), renouvela-bles (eau, forêts et poissons, notamment) ounon (charbon, gaz, pétrole et autres miné-raux). Les ressources naturelles dominentl’économie de nombreux pays de ce conti-nent et représentent le plus important moyende subsistance pour des habitants majoritai-rement pauvres et vivant en zone rurale. Ellesconstituent ainsi le fondement du revenu etde la subsistance de larges pans de la popula-tion et l’une des principales sources derecettes publiques et de richesse nationale.

Dans des circonstances appropriées,l’essor des ressources naturelles peut être unmoteur essentiel de la croissance, du dévelop-pement et du passage d’un artisanat familial àune production d’usine. En effet, lorsquel’approche retenue est adéquate, les res-sources naturelles peuvent permettre detransformer une économie à faible valeur quirepose sur les exportations de produits pri-maires en une économie disposant d’uneimportante base manufacturière à forteintensité de main-d’œuvre.

Il est communément admis que, pour queles pays d’Afrique aux revenus les plus bassortent du piège de la pauvreté, l’une dessolutions consiste à donner une vive impul-sion à la demande, afin de susciter suffisam-

ment de complémentarités pour élargir lesmarchés et récupérer les coûts fixes de l’indus-trialisation. Les ressources naturelles pour-raient former l’un de ces vecteurs ; malheu-reusement, dans bien des pays africains, lescycles d’expansion de ce secteur n’ont guèredéclenché de processus de croissance dyna-mique (encadré 4.1). Cette situation tient,dans une large mesure, à l’incapacité à mettreen œuvre les bonnes politiques de croissanceet à instaurer des institutions solides, ce quitémoigne des difficultés à opérer le grandbond requis vers la diversification et le déve-loppement des activités manufacturières dansles régions d’Afrique riches en ressources.Une grande partie du continent risque de nepas pouvoir s’industrialiser et de rester prison-nière du piège des produits de base, c’est-à-dire d’être tributaire de ses exportations d’unpetit nombre de produits minéraux1. Si lespolitiques ne sont pas appropriées, la dépen-dance vis-à-vis du pétrole et d’autres sourcesponctuelles de ressources naturelles peuventconduire à ce scénario.

Lorsque la richesse provenant des res-sources naturelles ne débouche pas sur lacroissance et le développement économiquesattendus, plusieurs facteurs sont en cause, enparticulier :

m 1. Voir Auty (2001), Auty (2004) et Ploeg (2007) pour uneanalyse détaillée de ces aspects

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c le « syndrome hollandais », à savoir lahausse des salaires et des taux de changeréels qui aboutit à l’éviction des secteursd’exportation et de ceux concurrençantles importations ;c la recherche de rente par les élites et par

d’autres catégories de population qui,dans d’autres conditions, pourraientconsacrer leur énergie à des activitéslucratives ;c la volatilité des cours et « l’asymétrie de

l’ajustement » (il est plus facile d’aug-menter que d’abaisser à nouveau lesdépenses publiques) ;c la rigidité des marchés du travail, des

produits et des actifs ; etc les tensions, à l’intérieur d’un pays,

entre les régions productrices de pétroleet les autres.

Qu’est-ce que la malédictiondes ressources ?

La malédiction des ressources désigne unesituation dans laquelle un pays dispose d’unsecteur des ressources naturelles tourné versl’exportation, qui génère de substantiellesrecettes publiques mais qui, paradoxalement,engendre stagnation économique et instabi-lité politique2. Cette expression désigne, leplus souvent, les effets délétères des res-sources extractives non renouvelables (pétroleet autres minéraux) sur le développement3.Elle fait référence à la relation inverse entredéveloppement et abondance des ressourcesnaturelles. Il est souvent affirmé que l’indus-trie pétrolière, en particulier, entraîne desproblèmes (déchets, corruption, consomma-

tion, surendettement, dégradation globalede l’économie, déliquescence des servicespublics, guerres et autres formes de conflits,etc.). Les pays richement dotés ont ainsi ten-dance à enregistrer une croissance plus lenteque prévu par rapport à l’abondance de leursressources, et, dans de nombreux cas, quecelle des économies pauvres en ressources.

Il est courant, outre les considérationsgénérales ci-dessus, d’expliquer avant tout lamalédiction des ressources par le comporte-ment de l’État. La question clé porte ici sur lamanière dont celui-ci administre et utilise larichesse procurée par l’abondance de res-sources naturelles.

Historiquement, l’essor du secteur desressources naturelles n’a pas toujours abouti àune détérioration des performances écono-miques et a même pu favoriser la mutation del’économie, conduisant à une expansion de lacroissance, comme on l’a constaté en Europe(industrialisation), dans les « nouvelles éco-nomies » (Australie, Canada et États-Unis) etdans les pays tropicaux pratiquant une agri-culture de subsistance, sans activités manu-facturières. Aujourd’hui, les pays riches enressources, tels que les Émirats arabes unis, leKoweït ou le Qatar, puisent dans les recettestirées de ce secteur pour bâtir des mégapolesen plein désert. Il en résulte un volume consi-dérable d’activités économiques en aval etlatérales, ainsi qu’un surcroît de revenus. Cespays ont également entrepris d’investir massi-vement à l’étranger, ce qui encourage nonseulement le développement économique,mais aussi l’équité intergénérationnelle.Point fondamental, des connaissances, desinstitutions et des stratégies appropriées per-mettent d’éviter ce que l’on appelle fréquem-ment « la malédiction des ressources natu-relles ».

m 2. Overseas Development Institute (2006)m 3. Catholic Relief Services (2003)

128 Rapport sur le développement en Afrique 2007

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Encadré 4.1 : Comparaison de pays frappés par la malédiction des ressourcesnaturelles

Les pays riches en ressources naturelles entirent généralement parti, mais il est surpre-nant de constater que bon nombre d’entre euxsont aux prises avec une situation économiquedifficile. Du point de vue historique, il est évi-dent qu’une abondance de ressources natu-relles peut nuire aux résultats de l’économie etaux conditions de vie de la population. Il existedes exemples bien connus de pays dans les-quels cette abondance s’accompagne de mau-vaises performances macroéconomiques etd’un creusement des inégalités sociales. LeNigeria en constitue une illustration spectacu-laire.

Le Nigeria est un important exportateur depétrole depuis 1965. Il tire de ce secteur desrecettes qui ont été multipliées par dix en35 ans, mais son revenu par habitant stagnedepuis l’indépendance nationale, en 1960, fai-sant du Nigeria l’un des 15 pays les pluspauvres au monde. Pendant cette période, sonindice numérique de pauvreté a quasimenttriplé, les catégories aisées ayant accaparé lagrande majorité du revenu. Le citoyen lambdane profite pas des exportations de pétrole, quireprésentent un énorme volume. En outre,malgré l’accumulation rapide de capital phy-sique, la productivité totale des facteurs (PTF)diminue et le taux d’utilisation des capacitésoscille autour de 33 pour cent. Les dictaturesmilitaires successives ont pillé les richessespétrolières, et nombre d’observateurs soup-çonnent des transferts de fonds (montants nonrévélés). La manne pétrolière a entraîné unchangement fondamental dans la sphère poli-tique et la gouvernance au Nigeria. D’autresexportateurs de cette énergie, tels que l’Iran, leVenezuela, la Libye, l’Iraq, le Koweït et leQatar, ont, eux aussi, affiché une croissancenégative ces dernières décennies, et le produit

national brut (PNB) par habitant de l’ensembledes membres de l’OPEP (Organisation despays exportateurs de pétrole) est en recul.

À l’inverse, le Botswana est parvenu àvaincre la malédiction des ressources. Qua-rante pour cent de son produit intérieur brut(PIB) proviennent des diamants. Ce pays seclasse à la seconde place en Afrique pour lesdépenses publiques consacrées à l’éducationet enregistre la croissance la plus élevée aumonde depuis 1965. Son PIB par habitant estdix fois supérieur à celui du Nigeria. Le cas duBotswana est remarquable, car, au début de lapériode postcoloniale, les investissements yétaient réduits à la portion congrue et les iné-galités considérables.

Il semble que les Émirats arabes unis aientégalement transformé la malédiction des res-sources naturelles en une bénédiction. CetÉtat produit près de 10 pour cent des res-sources mondiales de pétrole brut et 4 pour-cent des réserves mondiales de gaz naturel.Sa dette publique est très modeste, son tauxd’inflation faible et sa richesse en hydrocar-bures lui a permis de moderniser son infras-tructure, de créer des emplois et d’instaurer unsystème de protection sociale généreux.L’accès universel et gratuit à l’éducation et à lasanté s’est traduit par d’importants progrès del’espérance de vie et de l’alphabétisation. Anti-cipant l’épuisement de ses ressources natu-relles, Dubaï se diversifie dans l’industrielégère, les télécommunications, la finance et letourisme, tandis que les autres émirats mettentl’accent sur la petite industrie, l’agriculture, lesactivités extractives, le ciment et les servicesde transport maritime. En se diversifiant, lesÉmirats arabes unis investissent dans unecroissance durable.

Sources : Sala-i-Martin et Subramanian (2003) ; van der Ploeg (2007)

L’Afrique et ses ressources naturelles : le paradoxe de l’abondance 129

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Questions clés

En s’appuyant sur un cadre théorique adé-quat et sur la section précédente, ce chapitreexamine le cas de l’Afrique en ce qui concernele paradoxe de l’abondance et la « malédic-tion des ressources ». Il s’agit d’explorer lesaspects et questions suivants :

c L’abondance de ressources naturelles enAfrique est-elle une malédiction ou unebénédiction ?

c La gestion des ressources naturellescompromet-elle réellement les perspec-tives de croissance et de développementde nombreuses économies africainesrichement dotées dans ce domaine ?

c Comment les fluctuations de la valeurdes exportations de ressources contri-buent-elles à la volatilité de la crois-sance du PIB par habitant, de la crois-sance et du développement en général ?

c Quels facteurs politiques et sociauxpermettent à certains pays disposantd’abondantes ressources naturellesd’utiliser celles-ci pour promouvoirleur développement, et lesquels empê-chent d’autres de faire de même ?

c En quoi l’accès ou l’absence d’accès à lacôte (c’est-à-dire le fait d’être un paysenclavé ou non) influe-t-il sur les para-mètres du développement ?

c De quelle manière, et pourquoi, l’éven-tuelle malédiction des ressources natu-relles est-elle dans certains cas évitée etcomme pourra-t-elle être vaincue ?

Caractéristiques des paysd’Afrique riches en ressourcesnaturelles

Dans la plupart des analyses ci-après, les paysd’Afrique sont classés selon la typologie sui-vante :

(1) Pays riches en ressources naturelles(exportateurs de pétrole ou d’autres miné-raux) ;

(2) Pays pauvres en ressources naturelles ;

(3) Pays enclavés (riches ou pauvres enressources naturelles) ;

(4) Pays côtiers (riches ou pauvres en res-sources naturelles), et

(5) Groupe SANE (les quatre plusgrandes économies d’Afrique : Afrique duSud, Algérie, Nigeria et Égypte).

L’annexe 4A en présente la liste com-plète. L’Afrique compte 22 pays riches enressources naturelles, définis dans ce Rap-port comme ceux dont les exportations decombustibles et de minéraux contribuent auPIB à hauteur de plus de 20 pour cent. En2006, ces pays représentaient un peu plusdes deux tiers du PIB du continent et lamoitié de sa population (tableau 4.1). Lamoitié exporte du pétrole, et l’autre moitiédes minéraux. Il convient de noter que seu-lement quatre des pays riches en ressourcessont enclavés et que trois des quatre plusgrands qui composent le groupe SANE(Afrique du Sud, Algérie et Nigeria) sont à lafois des pays riches en ressources et côtiers. Àl’autre extrémité, on dénombre 31 pays pau-vres en ressources naturelles, qui correspon-dent à 30 pour cent du PIB et à 48 pour centde la population de la région. Un tiersd’entre eux sont enclavés.

130 Rapport sur le développement en Afrique 2007

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L’Afrique et ses ressources naturelles : le paradoxe de l’abondance 131

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Pays d’Afrique riches en ressources :forte dépendance vis-à-visdes exportations

Les pays d’Afrique riches en ressources natu-relles restent très tributaires de leurs expor-tations, tant en termes de devises que derecettes (annexe, tableau 4B). Ainsi, entre2000 et 2005, les combustibles ont repré-senté 65 pour cent de la hausse totale de lavaleur des exportations des économies afri-caines, les produits manufacturés 24 pourcent, et l’alimentation et les autres matièrespremières environ 5 pour cent chacune.Étant donné que les produits manufacturésenglobent les ressources naturelles transfor-mées, il semble bien que l’essor des exporta-tions du continent provienne largement desmatières premières. Depuis 1990, la part descombustibles dans l’ensemble des exporta-tions des pays pétroliers d’Afrique a progresséde quelque 12 points, avoisinant 90 pourcent. Hors combustibles, l’Afrique voit dimi-nuer sa dépendance à l’égard de ses exporta-tions de produits agricoles, tandis que cellesde certains biens manufacturés liés aux res-sources naturelles augmentent. Dans les paysde la région riches en ressources, les exporta-tions de biens manufacturés sont entréespour près de 60 pour cent dans ses exporta-tions autres que de combustibles en 2005,contre 37 pour cent en 1985. Dans le secteurmanufacturier, les filières principales sont lespierres précieuses (dont la proportion a étémultipliée par plus de trois depuis 1985),l’argent et le platine (quasi-doublement),ainsi que le fer et l’aluminium4.

Pays d’Afrique riches en ressources :forte dépendance budgétaire, maisamélioration des comptes publics

Avant l’expansion actuelle des ressourcesnaturelles, les pays d’Afrique richement dotésdans ce domaine peinaient à tirer pleinementprofit de cette manne. En raison d’une alter-nance de cycles d’essor suivis de phases derécession, d’un manque de solidité des insti-tutions, d’une gestion médiocre des financespubliques et de faibles mécanismes decontrôle, nombre de pays d’Afrique aux res-sources naturelles abondantes ont vu leurdette extérieure atteindre un niveau intenableà mesure que leurs revenus baissaient, que lesrisques de conflits violents s’accentuaient etque leurs indicateurs sociaux se dégradaient.Une nouvelle tendance paraît néanmoins sedessiner avec le début de l’envolée des coursdes ressources (et surtout avec la montée enflèche de ceux du pétrole depuis 2002). Onobserve effectivement des signes encoura-geants, qui indiquent que les pays exporta-teurs africains riches en ressources utilisentaujourd’hui plus prudemment les recettesqu’ils tirent de ce secteur.

Ces cinq dernières années, les vigoureuseshausses des cours du pétrole, du gaz et desautres minéraux ont permis à ces pays dedévelopper leurs exportations de ressourcesnaturelles et, partant, d’accroître nettementleurs revenus. Ceux-ci constituent une sourcesubstantielle de recettes publiques, démon-trant l’importance des ressources naturellespour la croissance de la production et la capa-cité à générer des recettes d’exportation. Ainsi,les revenus pétroliers correspondent à plus dela moitié des recettes totales en Angola, auCongo, en Guinée équatoriale, au Gabon etau Nigeria, et, en dollars, elles ont augmentéd’environ trois fois et demie entre 2002 etm 4. Fonds monétaire international (2006)

132 Rapport sur le développement en Afrique 2007

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2006. Parallèlement, la production s’est, elleaussi, accrue dans des proportions significa-tives, à savoir de 45 pour cent en moyenne,particulièrement en Angola, en Guinée équa-toriale et au Tchad5. Les pays exportateurs depétrole dépendent donc fortement de leursrecettes d’exportation, ce qui signifie qu’en casde transformation du cycle d’expansion actuelen un cycle d’essor suivi d’une récession(comme par le passé), prudence et disciplinebudgétaires seront de mise.

Les données disponibles montrent que,globalement, les dépenses publiques sont enhausse depuis quelques années, sans toutefoissuivre, même approximativement, le rythmedes recettes issues des ressources naturelles.Avant le boom actuel, en 2002, bien des paysd’Afrique riches en ressources naturelles affi-chaient des déficits hors pétrole supérieurs àleurs revenus pétroliers (Angola, Congo etNigeria, entre autres). Depuis cette date, leratio des déficits budgétaires non pétrolierssur ces revenus s’améliore sensiblement(tableau 4.2), ce qui témoigne à la fois de la

m 5. Ibid.

Tableau 4.2 : Solde budgétaire, taux d’investissement et termes de l’échange(en pourcentage)

1981-1985 2001-2005

DB INV VTE DB INV VTE

1- Pays riches en ressourcesnaturelles

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Pays exportateurs de pétrole -4,4 24,5 -0,4 3,3 24,8 8,7Pays exportateurs d’autresminéraux

-2,9 20, 3,5 -3,6 20,3 3,9

2- Pays pauvres enressources naturelles

-7,9 21,9 3,2 -4,8 20,0 -1,1

3- Pays enclavés -4,5 18,1 4,4 -3,2 20,2 1,1Pays enclavés richesen ressources naturelles

0,2 18,0 3,8 -2,7 27,5 6,1

Pays enclavés pauvresen ressources naturelles

-6,1 14,6 5,9 -3,9 15,2 -1,3

4- Pays côtiers -6,8 24,0 1,8 -2,7 21,5 2,3Pays côtiers richesen ressources naturelles

-4,5 23,6 1,0 0,4 21,4 6,3

Pays côtiers pauvresen ressources naturelles

-9,3 24,4 2,2 -6,0 21,9 -1,0

5- Afrique -6,1 22,2 2,7 -2,8 21,1 2,1Groupe SANE -7,3 27,7 -3,4 -0,8 22,1 7,3

DB = Déficit budgétaire/PIB ; INV = Taux d’investissement intérieur ; VTE = Variation des termes del’échange.Sources : Division de la statistique de la Banque africaine de développement, d’après Fonds monétaireinternational (2007) ; Banque mondiale (2007b)

L’Afrique et ses ressources naturelles : le paradoxe de l’abondance 133

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JOBNAME: No Job Name PAGE: 8 SESS: 11 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 50DD7BFF/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04

progression rapide des revenus pétroliers etdu resserrement du solde budgétaire horspétrole.

Grâce à une politique budgétaire relative-ment prudente, de nombreux pays d’Afriqueriches en ressources naturelles sont en traind’atténuer leurs vulnérabilités macroécono-miques. En d’autres termes, ils utilisent lesrecettes générées par leurs ressources natu-relles pour renforcer leur position extérieureen comprimant leur dette vis-à-vis del’étranger (Gabon et Nigeria surtout), enaccumulant des réserves de change (Angola,Congo, Guinée équatoriale, Gabon etNigeria) ou en réduisant leurs arriérés surleur dette intérieure et extérieure (Angola,Guinée équatoriale, Gabon et Nigeria). LeCameroun, l’Angola et le Congo ont égale-ment amélioré leur solde budgétaire primairehors pétrole6.

Pays riches en ressources naturelles :concentration de l’investissementdirect étranger

L’un des grands problèmes qui se pose, c’estque les flux d’investissement direct étranger(IDE) reçus par l’Afrique sont destinés, dansdes proportions écrasantes, à l’exploitationdes ressources naturelles. Dans les principauxpays bénéficiaires que sont l’Angola,l’Algérie, le Soudan, le Nigeria et le Gabon,ces flux vont majoritairement à des projetspétroliers et gaziers. De même, plus de50 pour cent de l’IDE en Afrique du Sud eten Tanzanie ciblent l’extraction de l’or. Lesecteur primaire est, globalement, le destina-taire privilégié de l’IDE en Afrique, avec unepart de 55 pour cent sur la période 1996-

20007. Comme le montre le tableau 4.1, en2006, quelque 64 pour cent de l’IDE étaientconcentrés dans les pays riches en ressourcesnaturelles sur ce continent. De surcroît,92 pour cent du total reçu par ce derniercette même année étaient adressés à des payscôtiers et, parmi eux, surtout aux pays richesen ressources naturelles (60 pour cent del’IDE).

Pays d’Afrique riches en ressources :une croissance faible (par rapport àcelle des pays pauvres en ressources)

Avant le premier choc pétrolier, survenu dansles années 1970, les pays d’Afrique riches enpétrole bénéficiaient généralement de condi-tions macroéconomiques favorables : crois-sance économique robuste, inflationmodérée, déficits budgétaires et dette exté-rieure gérables, compte courant excédentaire.Les politiques procycliques qu’ils ontdéployées durant les cycles de boom pétrolierdes années 1970 et 1980 visaient à utilisercette manne au profit du développement éco-nomique et social, ainsi qu’à encourager ladiversification économique. Ces objectifsn’ont malheureusement pas été atteints : desdéséquilibres économiques ont provoqué unegrave crise lorsque les cours du pétrole se sonteffondrés dans les années 1980, et ces courssont restés bas pendant plus d’une décennie.Ce fut aussi le cas pour la plupart des expor-tations d’autres minéraux (métaux et non-métaux), sauf pour quelques pays, tels que leBotswana8.

Sur une longue période (1981-2001), enAfrique, les pays pauvres en ressources ontaffiché une croissance réelle de leur PIB par

m 6. Fonds monétaire international (2007)m 7. Anyanwu (2006)m 8. Fonds monétaire international (2006)

134 Rapport sur le développement en Afrique 2007

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JOBNAME: No Job Name PAGE: 9 SESS: 11 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 21D72809/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04

habitant supérieure à celle des pays richementdotés (graphique 4.1). Cette tendance s’estensuite inversée, reflétant l’expansion tou-jours en cours. Il convient aussi de noter quetrois graves effondrements de la croissanceréelle du PIB par habitant sont survenusdurant cette période, en 1983, 1985 et 1993,le dernier étant le pire.

En 1980, le PIB par habitant des paysriches en pétrole et autres minéraux était bienplus élevé que celui des pays pauvres en res-sources, et c’est encore vrai aujourd’hui (gra-phique 4.2). Cependant, en valeur réelle, ilreste obstinément en deçà de 1 000 dollarsdepuis plus de 20 ans, tombant une première

fois à 800 dollars au milieu des années 1990,avant de remonter. À l’inverse, les pays pau-vres en ressources ont pu atteindre une crois-sance réelle, certes modeste, sur quasimentl’ensemble de la période 1980-2005, et,donc, réduire largement leur écart avec lepremier groupe. Il faut néanmoins soulignerque celui-ci, d’après son PIB par habitant, estnettement mieux nanti qu’eux : outre sacroissance supérieure dans les années 1960 et1970, sa situation géographique constitue unautre facteur de poids, comme indiqué plushaut (beaucoup de pays pauvres en ressourcessont encore plus défavorisés parce qu’ils sontenclavés).

Graphique 4.1 : Comparaison de la croissance réelle du PIB par habitantentre pays riches et pauvres en ressources

Source : Division de la statistique de la Banque Africaine de développement, calculs d'après base de donnéesde la Banque Africaine de développement, 2007.

54,5

43,5

32,5

21,5

10,5

0– 0,5

– 1–1,5– 2

– 2,5– 3

– 3,5– 4

– 4,5– 5

– 5,5Afrique Pays pauvres en ressources Pays riches en ressources

En

% 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 19981981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006

L’Afrique et ses ressources naturelles : le paradoxe de l’abondance 135

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Analyse : observationdes caractéristiques

Les données, tableaux et graphiques présentéspermettent de dégager un certain nombre detendances et de conclusions :c En Afrique, les pays aux ressources

abondantes sont plus riches (en termesde recettes, de PIB et de PIB par habi-tant) que ceux pauvrement dotés.L’écart s’est resserré pendant la période1980-2000, mais s’est à nouveau élargiavec le récent essor de ce secteur.c Cependant, en moyenne, les pays

riches en ressources n’ont enregistré

qu’une croissance cumulée de 2,4 pourcent sur 1981-2006, c’est-à-dire nette-ment inférieure aux 3,8 pour cent affi-chés par les pays pauvres en ressources.

c Les pays côtiers pauvres en ressources,qui abritent près d’un quart de la popu-lation africaine, ont atteint une crois-sance de 4,1 pour cent, en moyenne,soit bien davantage que les 2,3 pour-cent enregistrés par les pays côtiers

riches en ressources. Ces résultats mon-trent que le fait d’être richementpourvu n’induit pas de différence signi-ficative pour les pays côtiers. En effet,

Graphique 4.2 : Abondance des ressources naturelles et PIB r el par habitant(en 2000 et en USD)

Source : Division de la statistique de la Banque Africaine de développement, calculs d'après base de donnéesde la Banque Africaine de développement, 2007.

En

mill

iers

US

D p

ar h

abita

nt

1 600

1 500

1 400

1 300

1 200

1 100

900

800

700

600

500

400

300

Afrique

Pays pauvres en ressources Groupes SANE

Pays riches en ressources

1990 1991 1992 1993 1994 19951996 1997 19981980 1981 1982 1983 1984 19851986 1987 1988 1989 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006

136 Rapport sur le développement en Afrique 2007

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JOBNAME: No Job Name PAGE: 11 SESS: 11 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 214855BC/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04

les pays côtiers pauvres en ressourcesont un PIB par habitant légèrementplus élevé.c Les quatre pays SANE sont, et de loin,

les plus riches si l’on considère leurPIB, avec une croissance substantielledepuis 1995.c Les pays enclavés pauvres en ressources

sont largement les plus pauvres : leurtaux de pauvreté est cinq et près de sixfois plus élevé que, respectivement,celui des pays riches en ressources et despays côtiers pauvres en ressources. Quiplus est, dans ce groupe de pays, lacroissance s’est limitée à 2,5 pour cent,en moyenne, de 1981 à 2006. En

d’autres termes, le fait d’être enclavé ounon est ce qui importe le plus, davan-tage que le fait d’être riche ou pauvre enressources ou que tout autre aspectétudié ici.

Il faut également prêter attention à uneautre caractéristique : sur le long terme, tantl’accumulation que la productivité des fac-teurs sont significativement supérieures dansles pays pauvres en ressources que dans ceuxbien pourvus (graphique 4.3).

L’analyse approfondie de l’expansion dela productivité (croissance de la productivitéde la main-d’œuvre par rapport au taux deprogrès technique) dans 23 pays d’Afrique

Graphique 4.3 : Sources de croissance du rendement par travailleur

Source : Bosworth et Collins (2003)

1,0

0,8

0,6

0,4

0,2

0,0

– 0,2

Capital physique Éducation Productivité des facteurs

0,3Pays riches

en ressources

0,3Pays

riches enressources

0,0Pays riches

en ressources

0,3Pays

pauvres enressources 0,2

Pays pauvresen ressources

0,5Pays pauvresen ressources 0,4

Paysenclavés

0,2Pays

enclavés

– 0,1Pays enclavés

0,9SANE

0,4SANE

– 0,1 SANE

L’Afrique et ses ressources naturelles : le paradoxe de l’abondance 137

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divers révèle de fortes disparités (graphi-que 4.4). Des pays comme l’Égypte, laTunisie ou Maurice affichent d’excellentsrésultats, surtout par rapport à des économiestelles que Madagascar, la Zambie, le Ghana,le Rwanda et le Nigeria. On remarque ainsique les plus performants sont tous relative-ment pauvres en ressources.

Pays d’Afrique riches en ressources :une épargne véritable négative

Nombre de pays dans lesquels les ressourcesnaturelles abondent se caractérisent notam-ment par une épargne généralement plusfaible que ce que les rentes qu’ils tirent del’extraction et de la vente de ces produits

permettraient de supposer. S’ils économi-saient davantage, leur croissance serait proba-blement plus pérenne et plus rapide. Pourmieux comprendre ce qu’est le développe-ment durable, il est utile d’examiner leconcept d’épargne véritable.

On entend par épargne véritablel’épargne publique et privée au sein et àl’extérieur d’un pays, nette des amortisse-ments, plus les dépenses courantes d’éduca-tion, qui reflètent les variations du capitalhumain immatériel, moins l’amenuisementdes ressources épuisables et renouvelables,moins les dommages causés par les polluants(CO2 et particules). Ainsi définie, l’épargnevéritable correspond à un accroissement de

Graphique 4.4 : Expansion de la productivité

– 1,50 – 1,00 – 0,50 0,00

– 1,50

1,50

3,00

0,50 1,00 1,50 2,00

1,491,69

2,59

3,05

3,84

3,40

3,69

3,183,82

2,65

2,07

2,86 3,053,76

4,31 3,24

4,09

5,0

5,24 4,97

3,34

2,80

MADAGASCARZAMBIE

GHANA

ÉTHIOPE

ÉGYPTETUNISIE MAURICE

MAROC

MALIKENYA

MALAWI

OUGANDA

ALGÉRIEAFRIQUEDUSUD

CAMEROUN

SÉNÉGAL

CÔTED'IVOIRE

SIERRA

ZIMBABWE

TANZANIE

MOZAMBIQUENIGERIA

RWANDA

Source : Banque Africaine de développement, équipe du département de la recherche sur le développement,d'après les données de Bosworth et Collins (2003)

Progrès technique (productivité totale des facteurs, en %)

La taille des bulles reflète le taux moyende croissance du rendement (1960-2003)

138 Rapport sur le développement en Afrique 2007

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JOBNAME: No Job Name PAGE: 13 SESS: 11 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 56C261B9/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04

la richesse nationale. D’après ce que l’onappelle la règle d’Hartwick, tout amenuise-ment des ressources naturelles ou tout dom-mage dû aux polluants doit être compensépar une augmentation du capital nonhumain et/ou humain. Cette règled’épargne véritable à zéro peut être consi-dérée comme un principe général oumotivée par un égalitarisme maximum/minimum. Elle impose aux pays riches enressources d’adopter une stratégie permet-tant de transformer celles-ci en d’autresformes de capital productif9.

En Afrique, les pays largement pourvusen ressources doivent donc se doter de règlescrédibles et transparentes, favorisant uneconsommation et un investissement dura-bles, de façon que leurs ressources naturellesnon renouvelables soient progressivementtransformées en actifs productifs, locale-ment ou à l’étranger. De plus, ceux où lacroissance démographique est forte ontbesoin d’une épargne véritable positive, etnon égale à zéro, pour maintenir leurconsommation par habitant. Par consé-quent, ils doivent atteindre un tauxd’épargne supérieur à la rente qu’ils tirent deleurs ressources non renouvelables, mais ils yparviennent rarement. Le graphique 4.5 endépeint un tableau sombre, sous un anglemondial. Les pays dont une grande propor-tion du revenu national brut (RNB) pro-vient de la rente des minéraux et de l’énergieenregistrent généralement une épargne véri-table négative. Il s’ensuit que bien des paysriches en ressources s’appauvrissent chaqueannée, malgré cette abondance10. Le graphi-

que 4.6 montre que ce phénomène peutexpliquer pourquoi un pays comme leVenezuela affiche une croissance écono-mique négative, alors que d’autres, tels quele Botswana et le Ghana, où l’épargne véri-table est positive, enregistrent une crois-sance substantielle. Quant au Nigeria et àl’Angola, fortement tributaires de leurs res-sources, l’épargne véritable y est inférieure à30 pour cent, ce qui appauvrira massive-ment les générations futures.

Ces résultats indiquent que, si les paysriches en ressources et dont l’épargne véri-table est négative, par exemple le Nigeria,appliquaient la règle d’Hartwick, ils verraientleur capital productif quadrupler ou quintu-pler. De fait, dans les pays où l’épargne véri-table est négative, l’érosion des ressourcesnaturelles l’emporte sur l’accumulationd’autres actifs. Les ressources y sont gas-pillées, au détriment des générations futures,sans qu’il y ait d’investissements dansd’autres formes de richesse immatérielle ouproductive. C’est une caractéristique àdéplorer pour plusieurs économies d’Afriqueriches en ressources (graphique 4.7).

Faible développement du capitalhumain et creusement des inégalitésde revenus

L’un des dilemmes résultant de l’abondancede ressources naturelles est que celle-ci estsusceptible d’inciter un pays à négliger le déve-loppement de son capital humain. Ce sont lesmême causes et effets primaires que ceux sou-lignés plus haut pour l’épargne véritablenégative. Lorsque les revenus issus des res-sources naturelles sont substantiels, ils peu-vent faire perdre de vue les objectifs de diver-sification et de création de richesse,notamment le développement institutionnel

m 9. Voir notamment Banque mondiale (2006c) et Ploeg (2007).m 10. Ibid.

L’Afrique et ses ressources naturelles : le paradoxe de l’abondance 139

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JOBNAME: No Job Name PAGE: 14 SESS: 11 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 03DABB16/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04

Graphique 4.5 : Épargne véritable négative dans les pays riches

40

0 10 20 30 40 50 60 70

30

20

10

0

– 10

– 20

– 30

– 40

– 50

Source : Banque Mondiale (2006), Where is the Wealth of Nation?

Ép

arg

ne

véri

tab

le, e

n %

du

RN

B

Rente tirée des minéraux et de l'énergie, en % du RNB

Graphique 4.6 : Taux d'épargne véritable et croissance économique, 2003

0– 5– 10 5 10 15

30

Républiquecentrafricaine Éthiopie

AngolaNigeria

Ouzbékistan Azerbaïdjan

ChineBotswana

Ghana

Venezuela, R.B.

20

10

0

– 10

– 20

– 30

– 40

– 50

Source : Banque Mondiale (2006), Where is the Wealth of Nation?

Ép

arg

ne

véri

tab

le, e

n %

du

RN

B

Croissance annuelle du PIB, en %

140 Rapport sur le développement en Afrique 2007

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JOBNAME: No Job Name PAGE: 15 SESS: 11 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 248A2517/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04

et humain11. Cette corrélation potentielleentre l’abondance de ressources et le désin-térêt à l’égard du développement du capitalhumain devrait logiquement se traduire, dumoins à moyen et long terme, par un faibledéveloppement humain de base. L’indicateurdu développement humain (IDH) établi parles Nations Unies, qui compare l’espérancede vie, l’alphabétisation, l’éducation et leniveau de vie des pays du monde entier, cons-titue une mesure standardisée du bien-êtrehumain et du niveau de développementnational. Comme le montre le Programmedes Nations unies pour le développement

(PNUD) dans son Rapport mondial sur ledéveloppement humain 2006, l’Afrique estsurreprésentée dans le bas du classementselon l’IDH (29 des 31 pays à faible dévelop-pement humain). Seuls deux États insulaires(les Seychelles et Maurice) ont un développe-ment humain élevé. Les 22 autres pays, donttous les pays arabes d’Afrique du Nord, affi-chent un développement humain moyen. Ilconvient également de noter que c’est la Nor-vège, riche en pétrole, qui occupe la premièreplace mondiale en termes d’IDH12.

m 11. Ibid.

m 12. Programme des Nations Unies pour le développement(2006), http ://hdr.undp.org/hdr2006/statistics/documents/hdi2004.pdf

Graphique 4.7 : Que se passerait-il si la règle d'Hartwick était appliquée ?

0 5 10 15 20 25 30 35

400

350

300

250

200

150

100

50

0

– 50

– 100

– 150

Faibledépendancevis-à-visdes ressources

Faibleaccumulation

de capital

Forteaccumulation

de capital

Fortedépendancevis-à-visdes ressources

Zambie

Guyana

BolivieÉquateur

Pérou

Mexique Chili

Égypte,République Arabe

Trinité-et-Tobago

Mauritanie

Gabon

Républiquedu CongoAlgérie

Nigeria

ChineInde

BrésilThaïlande

Républiquede Corée

Malaisie

Indonésie

Ghana

Zimbabwe

Afrique du SudJamaïque

Venezuela, R.B.

Source : Banque Mondiale (2006), Where is the Wealth of Nation?

Acc

rois

sem

ent

du

cap

ital

pro

du

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nt

Part de la rente tirée des ressources, en % du PIB (moyenne 1970-2000)

L’Afrique et ses ressources naturelles : le paradoxe de l’abondance 141

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JOBNAME: No Job Name PAGE: 16 SESS: 11 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 3E06D972/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04

D’après une analyse approfondie desvaleurs de l’IDH (tableau 4.3), le facteur pre-mier du développement humain semble êtrenon pas l’abondance des ressources natu-relles, mais la situation géographique, c’est-à-dire l’absence d’enclavement : considérés entant que groupe, les pays enclavés obtiennentun score très bas (moyenne de 0,42). Si l’onn’observe pas véritablement d’écart entrepays riches et pays pauvres en ressources(0,51), force est de constater que les écono-mies pétrolières font nettement mieux que les

pays où abondent principalement d’autresminéraux (0,55, contre 0,46).

Le creusement des inégalités de revenusconstitue un autre aspect important, souventjugé problématique pour les pays riches enressources. Les secteurs du pétrole, du gaz etdes mines sont souvent considérés comme« isolés » par nature, avec peu d’interdépen-dances amont et aval avec le reste de l’éco-nomie. Dans les activités d’exploitation et deproduction, ils n’emploient que relativementpeu de main-d’œuvre très qualifiée et bien

Tableau 4.3 : Abondance de ressources et indicateurs sociaux

Indicateur dudéveloppement humain(IDH) (échelle de 0 à 1 ;

score le plus faible : le Niger,avec 0,31 ; score le plusélevé : les Seychelles,

avec 0,84)

Inégalités de revenus(coefficient de Gini ;échelle de 0 à 100)*

1- Pays riches en ressources natu-relles

0,51 31,1

Pays exportateurs de pétrole 0,55 15,3Pays exportateurs d’autres minéraux 0,46 46,82- Pays pauvres en ressourcesnaturelles

0,51 26,8

3- Pays enclavés 0,42 45,0Pays enclavés riches en ressourcesnaturelles

0,42 41,6

Pays enclavés pauvres en ressourcesnaturelles

0,40 42,8

4- Pays côtiers 0,55 22,1Pays côtiers riches en ressourcesnaturelles

0,52 28,7

Pays côtiers pauvres en ressourcesnaturelles

0,58 14,7

5- Afrique 0,51 45,9Groupe SANE 0,63 42,8

* 0 correspond à l’égalité parfaiteSources : Programme des Nations Unies pour le développement (2006), Rapport mondial sur le déve-loppement humain ; Banque mondiale (2006d)

142 Rapport sur le développement en Afrique 2007

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JOBNAME: No Job Name PAGE: 17 SESS: 11 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 4DD2D3E0/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04

rémunérée, et importent généralement lamajeure partie de leurs intrants. De surcroît,il existe un risque considérable, pendant unboom des ressources naturelles, de voir lesdépenses publiques exacerber les inégalités,par exemple, si elles sont concentrées dansl’économie formelle à l’intérieur des zonesurbaines, faussant la distribution des revenus(les ménages ruraux sont tenus à l’écart) et sielles donnent la priorité aux intérêts des éliteset des classes aisées. En raison de ces ten-dances, la société tend à assimiler la produc-tion et l’exportation des ressources naturellesaux intérêts des catégories nanties13. Commele montre le tableau 4.3, les inégalités derevenus sont sensiblement plus fortes dans lespays d’Afrique riches en ressources (coeffi-cient de Gini : 31,1) que dans ceux pauvre-ment dotés (coefficient de Gini : 26,8). Ellesle sont aussi davantage dans les pays exporta-teurs de minéraux, dans les États enclavés etdans le groupe SANE.

Synthèse des caractéristiquesde l’Afrique

Les caractéristiques et aspects décrits et ana-lysés ci-dessus confirment que les pays large-ment pourvus en ressources naturellesn’exploitent pas pleinement les avantages véri-tables (potentiels) de cette richesse. Cepen-dant, les facteurs géographiques, en premierlieu l’enclavement, jouent également un rôleessentiel dans la situation actuelle. En effet,les pays enclavés sont moins performantspour la quasi-totalité des points étudiés.

Globalement, la période de 20 ans qui vade 1980 à 2000, en particulier, a été déce-vante pour les pays d’Afrique riches en res-

sources. Les cycles antérieurs d’essor suivid’une récession et les deux décennies de crois-sance très insuffisante ont permis de tirerd’amères leçons. Celles-ci doivent être exami-nées et servir pour l’avenir, surtout à présentqu’une nouvelle phase d’expansion s’affirmesur le continent africain. Les sections qui sui-vent explorent ces questions en tenantcompte d’éléments théoriques et empiriquespertinents.

Comment expliquerla malédiction des ressources ?Causes et vecteurs principaux

Un large pan de la littérature traite des rai-sons pour lesquelles un volume important derecettes générées par le pétrole, le gaz etautres minéraux peut se révéler une « malé-diction », et non une « bénédiction ». Cer-tains auteurs14 citent trois causes exogènes, àsavoir (1) une politique structuraliste, (2) lesyndrome hollandais et (3) la théorie del’économie tournée vers l’exportation, ainsique trois causes endogènes : (1) lesdéfaillances de l’action publique, (2) l’ineffi-cience de l’investissement et (3) la recherchede rente. Le présent Rapport examine de plusprès ces causes, qui, à des fins d’analyse, sontregroupées comme suit15 :c Volatilité des recettes et du cadre

macroéconomique ;c Syndrome hollandais et effets d’évic-

tion ;c Rôle de l’État ;c Effets socioculturels et politiques.

m 13. Overseas Development Institute (2006)m 14. Voir notamment Auty (2001)m 15. Voir Stevens (2003)

L’Afrique et ses ressources naturelles : le paradoxe de l’abondance 143

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Volatilité des recetteset du cadre macroéconomique

Le boom des produits de base n’est générale-ment pas permanent et, sur la durée, lescours affichent, dans une certaine mesure, unretour à la moyenne. Par conséquent, lespays qui ont connu une ou plusieurs haussesdes cours de ces produits ont, le plus sou-vent, été confrontés à une forte volatilité desprix à l’exportation. Dans bien des cas, lesenvolées des cours des ressources naturellesinvitent à moins de prudence en matièrebudgétaire, avec peu de moyens de contrôleet une inflation faible, ce qui comprometencore plus la croissance, l’équité et l’atté-nuation de la pauvreté16. Dans leur majorité,les pays qui disposent d’abondantes res-sources naturelles gèrent habituellement demanière peu transparente les recettes qui ensont issues, d’où une budgétisation parallèle,dont pâtissent la stabilité des prix et la disci-pline budgétaire. C’est pourquoi, même sices recettes affluent, les pays affichent sou-vent un déficit budgétaire et, parfois, uneinflation à deux chiffres. Une telle volatilitépeut nuire à la croissance, à plusieurs égards.Elle est d’abord préjudiciable à l’investisse-ment, à la distribution des revenus, auxrésultats éducatifs et au recul de la pauvreté.En outre, elle entrave l’unification des tauxde change et la libéralisation du commerce.Enfin, la volatilité accroît le risque d’investis-sement et tend à saper les décisions dedépenses publiques : les engagements budgé-taires exceptionnels qui sont pris en périoded’expansion conduisent ultérieurement, lors

des phases de récession, à des coupes drasti-ques dans les dépenses essentielles17.

On constate, depuis quelques années, unevolatilité extrême, tant des cours du pétroleque de ceux des produits de base hors com-bustibles (métaux, notamment). Les paysd’Afrique aux ressources naturelles abon-dantes ont subi une succession de cyclesd’essor/récession au cours des dernièresdécennies (graphique 4.8). Malgré deshausses récentes, le cours de la plupart desproduits de base hors combustibles reste infé-rieur à son plus haut historique en valeurréelle. Depuis une cinquante d’années, ilrecule par rapport aux prix à la consomma-tion, au rythme d’environ -1,6 pour cent paran18. Cette tendance à la baisse est générale-ment considérée comme la résultanted’importants gains de productivité dansl’agriculture et le secteur des métaux parcomparaison avec le reste de l’économie.

Cependant, par rapport aux prix desproduits manufacturés, les cours des pro-duits de base ont cessé de se replier dansles années 1990, la mondialisation crois-sante des activités de transformation ayantfreiné l’inflation des prix à la production.Les métaux s’étaient appréciés de plus de75 pour cent durant les précédentes phasesconjoncturelles ascendantes, ce qui témoi-gnait d’importants retards dans l’accroisse-ment des capacités de cette branche, ainsique de la faible élasticité de la demande parrapport aux prix. Depuis cinq ans, l’évolu-tion des cours des produits de base est trèsdifférente entre les sous-catégories compo-sant l’indice hors combustibles. Ainsi, lesproduits de base hors combustibles ont aug-

m 16. Ploeg (2007)m 17. Ibid.m 18. Voir Stevens (2003)

144 Rapport sur le développement en Afrique 2007

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menté davantage que le pétrole : l’indice desmétaux a gagné 180 pour cent en valeurréelle, contre 157 pour cent pour celui dupétrole. Les denrées alimentaires et lesmatières premières agricoles ont nettementmoins progressé (respectivement, de 20 et de4 pour cent). En conséquence, depuis 2002,les métaux ont contribué à près de 90 pourcent de la hausse réelle (de 60 pour cent envaleur cumulée) de l’indice des produits debase hors combustibles19.

Cette hausse étonnamment forte descours des métaux est imputable, en partie, àla faiblesse de l’investissement dans ce secteurà la fin des années 1990 et au début des

années 2000, après des baisses de cours. Cer-tains analystes avancent également qu’àl’intérieur du cycle actuel, la remontée descours est amplifiée par de nouveaux facteurs :le poids de plus en plus grand des marchésémergents en croissance rapide (Chine etInde, surtout) au sein de l’économie mon-diale et les placements financiers dans les pro-duits de base.

Syndrome hollandaiset effets d’éviction

À l’origine, le syndrome hollandais désignaitl’appréciation du taux de change réel, c’est-à-

m 19. Fonds monétaire international (2006)

L’Afrique et ses ressources naturelles : le paradoxe de l’abondance 145

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dire l’inflation découlant des dépenses et pro-voquant une surchauffe de l’économie ainsiqu’une hausse du taux de change nominal àmesure qu’une monnaie nationale était deplus en plus demandée. Une telle situationentraîne généralement une contraction dusecteur exportant des produits non pétroliers,du gaz ou d’autres minéraux. Certains théori-ciens utilisent le « concept du syndromehollandais » dans un sens étroit pour expli-quer l’incapacité des pays aux ressourcesnaturelles abondantes à promouvoir des acti-vités manufacturières compétitives. Néan-moins, le plus souvent, le syndrome hollan-dais a une acception bien plus large etenglobe toutes les répercussions macroécono-miques de la « malédiction des ressources »20.

Ce syndrome produit deux effets,devenus des éléments clés de la malédictiondes ressources : le « mouvement des res-sources » et les « dépenses ». Avec le premier,le secteur des ressources naturelles qui se ren-force voit son produit marginal augmenter,attirant les ressources d’autres secteurs21, les-quels se contractent. Dans le second, lamanne procurée par les recettes stimule lademande, tant dans les secteurs exportateurs,où les prix sont en grande partie déterminéspar le marché international, que dans les sec-teurs non exportateurs, qui rapportent plusque les secteurs exportateurs et où se réorien-tent donc les facteurs de production.

D’autres dimensions du syndrome hol-landais, que l’on résume par la notion decontraction des secteurs exportateurs, appa-raissent. Un premier aspect de cette évolu-tion délétère se produit lorsque les subven-tions destinées à protéger les secteurs

exportant des produit autres que des res-sources naturelles (et qui sont affaiblis par leboom) aggravent les problèmes de ces sec-teurs et finissent par devenir ingérables. Undeuxième aspect est « l’effet saute-mouton »,quand l’État saute la phase d’industrialisationà forte intensité de main-d’œuvre et passedirectement à une phase à forte intensité decapital, avec des conséquences négatives pourles secteurs exportateurs. Un troisième aspecta trait à l’apprentissage par la pratique22 : onsuppose que, puisque les avantages de cetteforme d’apprentissage n’émanent que dessecteurs exportateurs, la productivité baisse sices derniers se contractent. Le quatrièmeaspect concerne l’influence des ressourcesnaturelles sur le capital social : on avance queles pays ayant peu de ressources accumulentdu capital social plus rapidement que les paysaux ressources abondantes23. Selon le raison-nement sous-jacent, un pays qui a peu deressources naturelles est incité à s’industria-liser rapidement, ce qui, par suite, décourageles petits entrepreneurs et pousse la popula-tion à quitter les villages pour des aggloméra-tions, où l’anonymat est plus grand et lesmarchés fonctionnent mieux. Parallèlement,cette situation engendre un dividended’épargne via l’atténuation de la dépendancenationale.

Plusieurs classements internationauxindiquent que les investisseurs privés rencon-trent manifestement davantage d’obstacles enAfrique qu’ailleurs. Une infrastructuremédiocre et un environnement d’affairesdéfavorable induisent d’importants coûtspour la création d’entreprises, de longs délaisd’enregistrement, des rigidités sur les mar-

m 20. Sarraf et Jiwanji (2001)m 21. Farmanesh (1991)

m 22. Gylfason et al. (1997)m 23. Woollcock et al. (2001)

146 Rapport sur le développement en Afrique 2007

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chés du travail, etc. Ce sont quelques-uns desfacteurs qui pèsent sur la diversification éco-nomique en Afrique, surtout dans les paysriches en pétrole où, comme le montre claire-ment le tableau 4.4, l’indice de diversifica-tion est, globalement, très inférieur à celuides pays pauvres en ressources (voir égale-ment graphique 4.9). Ainsi, en 2005, cetindice n’était que de 4,1 pour le premiergroupe, contre plus du double (8,4) pour lesecond. Il est toutefois utile de noter que leproblème de la faible diversification se poseprincipalement dans les pays exportateurs depétrole (1,9 seulement en 2005). Il est moinsaigu dans les pays qui exportent d’autresminéraux (6,3).

Le tableau 4.5 fait apparaître peu d’écartsde compétitivité entre les pays d’Afriqueriches et pauvres en ressources. Si les Étatsenclavés sont comparativement moins per-formants, les exportateurs de minéraux et lespays côtiers largement pourvus font légère-ment mieux que l’ensemble du groupe despays riches en ressources.

Échecs de la politique économique

Les recettes provenant des ressources natu-relles mettent en évidence les échecs desmesures en place, notamment en ce quiconcerne l’investissement, la réforme de laréglementation et les échanges. Ce phéno-mène est également lié au syndrome hollan-

Tableau 4.4 : Abondance de ressources naturelles et indice de diversification, 2001-2005

2001 2002 2003 2004 2005

1- Pays riches en ressourcesnaturelles

5,5 5,1 5,1 4,5 4,1

Pays exportateurs de pétrole 2,6 2,2 2,1 2,0 1,9Pays exportateurs d’autres minéraux 8,4 7,9 8,2 7,1 6,32- Pays pauvres en ressourcesnaturelles

10,1 9,4 9,5 8,6 8,4

3- Pays enclavés 4,7 4,6 4,5 4,4 4,6Pays enclavés riches en ressourcesnaturelles

3,9 2,3 3,0 2,3 2,2

Pays enclavés pauvres en ressourcesnaturelles

4,6 4,4 3,9 4,0 3,9

4- Pays côtiers 9,6 8,8 8,9 7,9 7,4Pays côtiers riches en ressourcesnaturelles

5,8 5,7 5,6 5,0 4,5

Pays côtiers pauvres en ressourcesnaturelles

13,0 11,5 11,7 10,2 9,8

5- Afrique 8,2 7,6 7,7 6,9 6,6Groupe SANE 16,5 15,3 15,2 13,4 12,3

Source : Organisation de coopération et de développement économiques et Banque africaine de déve-loppement (2007), Perspectives économiques en Afrique, 2007

L’Afrique et ses ressources naturelles : le paradoxe de l’abondance 147

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Graphique 4.9 : Indice de diversification

Pays riches en ressources Pays pauvres en ressources Afrique

Tableau 4.5 : Abondance de ressources naturelles et indice de compétitivité, 2007

Indice global Besoinsessentiels

Moteursde l’efficience

Moteurs del’innovation

Score Score Score Score

1- Pays riches en ressourcesnaturelles

3,4 3,8 3,1 3,1

Pays exportateurs de pétrole 3,3 3,7 2.9 3,0Pays exportateurs d’autresminéraux

3,5 3,9 3,3 3,2

2- Pays pauvres enressources naturelles

3,4 3,7 3,2 3,3

3- Pays enclavés 3,1 3,3 2,9 2,9Pays enclavés richesen ressources naturelles

3,2 3,6 3,0 2,7

Pays enclavés pauvresen ressources naturelles

3,0 3,2 2,9 3,0

4- Pays côtiers 3,7 4,0 3,3 3,4Pays côtiers richesen ressources naturelles

3,5 3,9 3,2 3,2

Pays côtiers pauvresen ressources naturelles

3,9 4,2 3,5 3,6

5- Afrique 3,4 3,8 3,1 3,2Groupe SANE 4,0 4,4 3,6 3,7

Source : Banque mondiale et Banque africaine de développement (2007), Rapport sur la compétitivitéen Afrique

148 Rapport sur le développement en Afrique 2007

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dais. Ainsi, les décisions de diversificationéconomique, c’est-à-dire les choix que l’Étatopère pour appuyer la réforme de la régle-mentation, le développement des compé-tences, l’activité des entreprises et l’investisse-ment public dans l’infrastructure physique,telle que les ports et les routes, déterminent lafaçon dont le syndrome hollandais influe surl’économie. Au moins deux facteurs jouentici un rôle décisif : l’effet de l’expansion dusecteur des ressources naturelles (via l’inves-tissement public et la politique industrielle)sur les secteurs exportateurs par rapport auxsecteurs non exportateurs, et son impact, quivarie selon que l’action publique est orientéesur les secteurs « proches » ou « éloignés » dumarché des ressources naturelles24.

Insuffisance de la politique industrielle

Dans les années 1970 et 1980, en particulier,nombre de pays aux ressources abondantesont adopté une politique industrielle repo-sant sur le remplacement des importations etsur des subventions (d’après l’argument del’industrie naissante), ainsi que sur un protec-tionnisme croissant. Une telle politique étaitinitialement considérée comme la solutionpermettant de briser le cercle du sous-développement, une variante de l’argumentde la « grande poussée ». Cependant, ces sub-ventions sont devenues ingérables lorsque lesrecettes ont diminué (récession). De plus,une fois les subventions et les mécanismesprotectionnistes en place, le flux continu derecettes tirées des ressources naturelles aréduit les incitations à instaurer un secteurmanufacturier compétitif. Les avancées éco-nomiques dépendent largement de ce sec-

teur, considéré par beaucoup d’économistesdu développement comme une source essen-tielle de progrès technologique25.

L’assouplissement de la discipline demarché et l’accumulation de distorsions éco-nomiques qui l’accompagne retardent ladiversification concurrentielle et expliquent,pour une large part, la sous-performancegénérale de bien des pays d’Afrique riches enressources naturelles, observée dans lesannées 1980 et 1990. Néanmoins, commel’ont montré les éléments empiriques exposésplus haut dans ce chapitre, certains signesindiquent que (grâce aux leçons de l’expé-rience) les politiques mises en œuvreaujourd’hui afin de profiter du boom des res-sources sont plus pérennes ou, du moins,moins dommageables pour les économiesdisposant de ressources naturelles en abon-dance. Cependant, pour tirer à cet égard uneconclusion définitive, il faudra attendre unetendance à la baisse ou l’achèvement totald’un cycle d’essor/récession.

Le rôle de l’État

Dans la plupart des pays et des régimes juri-diques, l’État est propriétaire du pétrole, dugaz et des autres produits minéraux. Puisquec’est à lui que reviennent, en premier lieu, lesrecettes générées, il est inévitablement incitéà en dépenser une partie d’une manière oud’une autre. Comment et pourquoi cettesituation engendre-t-elle souvent des mesuresinefficaces et une gouvernance médiocre ? Ils’agit d’un débat récurrent. Voici plusieursexplications possibles.

m 24. Ploeg (2007) m 25. Ibid.

L’Afrique et ses ressources naturelles : le paradoxe de l’abondance 149

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Mauvaise prise de décision

Selon une première assertion, un volumesubstantiel de recettes exceptionnelles se tra-duit, globalement, par de mauvaises déci-sions des pouvoirs publics, en raison de plu-sieurs facteurs26 :c Les phases d’expansion du secteur des

ressources naturelles accroissent lesanticipations et l’appétit de dépenses.La promesse d’une manne financièreélargit spectaculairement les horizonsde l’État dans les pays qui exportent cesressources. Une mentalité de l’essorinflue non seulement sur le comporte-ment des autorités nationales, produi-sant idées et plans grandioses, mais éga-lement sur la réaction des individus.L’éthique du travail risque d’en êtresapée et d’aboutir à un recul de la pro-ductivité.c La mise en valeur du pétrole, du gaz et

d’autres minéraux suscite des attentesau sein de la population, poussant lespouvoirs publics à agir, ce qui encou-rage des réponses rapides. Il en résultefréquemment des décisions hâtives,inappropriées et mal coordonnées.c L’accroissement des moyens financiers

disponibles tend à faire diminuer laprudence et la vigilance. Il arrivenotamment que l’État décide d’investirsans prêter dûment attention aux effetsen termes de dépenses ordinaires.c Bien souvent, les dépenses publiques

sont spectaculairement relevées, sur labase de projections de recettes irréa-listes. Dans les pays tributaires de leurs

ressources naturelles, les revenus excep-tionnels font augmenter la fois cesdépenses et l’appétit de transferts demanière disproportionnée par rapport àl’ampleur de la hausse. Les dépenses netardent donc pas à être supérieures auxrecettes, ce qui n’empêche pas diffé-rents intérêts et groupes de continuer àréclamer une part encore plus grandedu revenu national lorsque les recettesissues des ressources naturelles baissent.

Accentuation de la corruptionet de la recherche de rente

Les cycles d’essor du secteur des ressourcesnaturelles pèsent souvent sur la qualité desdépenses publiques et favorisent la recher-che de rente27. La centralisation et, partant,la concentration des moyens budgétaires,induit des investissements excessifs etimprudents. Il est fréquent que cet état defait aboutisse, plus ou moins nettement, àdes erreurs de gestion et à une mauvaiseaffectation des fonds et, dans les cas les plusgraves, à une corruption massive.

Le problème principal, c’est que lesrecettes tirées des ressources naturelles onttendance à remplacer des flux de revenus plusstables et plus durables, exacerbant les obsta-cles au développement, à la transparence et àla responsabilisation. Lorsque ces recettessont relativement substantielles, la dépen-dance vis-à-vis des taxes prélevées dans lesautres secteurs et des autres revenus de l’Étatdécroît. En général, cette situation libère lespays exportateurs de ressources naturelles desexigences que les citoyens formulent à l’égardde la transparence et de la reddition de

m 26. Voir également Ploeg (2007), Auty (2001), Auty (2004) etStevens (2003) m 27. Ibid.

150 Rapport sur le développement en Afrique 2007

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comptes dans le cas d’une fiscalité directe. Enconséquence, les recettes provenant del’exportation des ressources naturelles rom-pent des liens importants entre la populationet l’État, qui sont associés à l’intérêt public etau contrôle exercé par le grand public.

Plus le budget public est substantiel,moins les déperditions au profit de groupesd’intérêts sont perceptibles. La recherche derente est plus marquée à l’intérieur des paysaux ressources abondantes, car la richesse yest concentrée dans le secteur public (ou dansun petit nombre d’entreprises). C’est pour-quoi les rentes générées dans ces pays sont,pour l’essentiel, accaparées par les fonction-naires, qui font en majorité partie desgroupes politiquement dominants. Ce com-portement de recherche de rente a des consé-quences indésirables sur l’économie. Premiè-rement, il induit des pertes significatives pournombre de pays. Deuxièmement, il détournel’attention des objectifs de développement àlong terme, au profit d’une maximisation dela production de rentes et de leur accapare-ment. Troisièmement, il crée des groupesd’intérêts extrêmement puissants, qui ont lepouvoir de bloquer les réformes économiquesnécessaires. Quatrièmement, en raison del’attitude de certains de ces groupes d’inté-rêts, la société est confrontée à de gravesfreins à l’innovation. Cinquièmement, larecherche de rente rend plus difficile l’ajuste-ment des dépenses de l’État en fonction desvariations des recettes publiques. Enfin, elleéquivaut à l’instauration d’un monopole, etles coûts sociaux y afférents augmentent étantdonné que s’y ajoutent les coûts visant àmaintenir ce monopole28.

Les indicateurs de la gouvernance, quimesurent notamment l’efficacité des pouvoirspublics, le fait d’être à l’écoute et de rendrecompte, la stabilité politique et la violence,l’État de droit, la qualité de la réglementationet la lutte contre la corruption, sont bienmoins favorables dans les pays d’Afriqueriches en pétrole (tableau 4.6). Les pays quidisposent d’autres produits minéraux enabondance affichent, et c’est peut-être surpre-nant, des performances nettement meilleuresque celles des économies pétrolières et com-parables à celles des pays pauvres en res-sources naturelles. On peut donc penser queces problèmes sont le plus fréquemment ren-contrés dans un contexte d’exploration pétro-lière, avec les revenus que cette activitéengendre, du moins dans la phase actuelle duboom des produits de base.

Mauvaise affectation des recetteset mauvaises décisionsd’investissement

Les études et la littérature soulignent le rôlede l’État dans la mauvaise affectation desrecettes tirées des ressources naturelles29.L’expansion du secteur des ressources a deseffets négatifs, car elle incite la sphère poli-tique à une redistribution inefficiente desrecettes et des revenus, en échange d’un sou-tien. Il importe toutefois de noter que lesinstitutions en place (avant le boom des res-sources) exercent une fonction cruciale, carelles déterminent dans quelle mesure lasphère politique peut réagir à ces incitationsdélétères. Néanmoins, quel que soit le pointde départ, les pressions exercées par la popu-lation pour que l’État relève ses dépenses sont

m 28. Voir Stevens (2003) m 29. Ibid.

L’Afrique et ses ressources naturelles : le paradoxe de l’abondance 151

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susceptibles d’être substantielles, conduisantà une redistribution inefficiente, sous laforme de dispositifs pour l’emploi public, desubventions aux agriculteurs, d’une régle-mentation du marché du travail et d’une pro-tection de l’économie nationale contre laconcurrence internationale.

Effets socioculturelset politiquesComme indiqué plus haut, les pays comptantde nombreuses sources ponctuelles de res-

sources naturelles (pétrole et autres miné-raux) ont tendance à mettre en œuvre despolitiques moins prudentes et à afficher unegouvernance médiocre. Leurs capacités insti-tutionnelles sont, en outre, généralementplus faibles. Par essence, les ressources natu-relles sont souvent associées à des institutionsfragiles30. Certaines des causes de cette rela-tion et des réflexions sur les solutions qui

m 30. Voir Stevens (2003)

Tableau 4.6 : Abondance de ressources naturelles et indicateurs de la gouvernance

Êtreà l’écouteet rendrecompte

Stabilitépolitique

Efficacitédes

pouvoirspublics

Qualitéde la

réglemen-tation

État dedroit

Luttecontre lacorrup-

tion

2006 2006 2006 2006 2006 2006

1- Pays riches enressources naturelles

-0,8 -0,7 -0,8 -0,7 -0,9 -0,8

Pays exportateurs depétrole

-1,3 -1,0 -1,0 -1,0 -1,1 -1,0

Pays exportateursd’autres minéraux

-0,4 -0,3 -0,5 -0,5 -0,6 -0,5

2- Pays pauvres enressources naturelles

-0,5 -0,4 -0,7 -0,7 -0,6 -0,5

3- Pays enclavés -0,6 -0,6 -0,7 -0,7 -0,7 -0,6Pays enclavés riches enressources naturelles

-0,6 -0,5 -0,7 -0,6 -0,7 -0,6

Pays enclavés pauvresen ressources naturelles

-0,5 -0,6 -0,7 -0,6 -0,6 -0,7

4- Pays côtiers -0,6 -0,4 -0,7 -0,7 -0,7 -0,6Pays côtiers riches enressources naturelles

-0,9 -0,7 -0,8 -0,8 -0,9 -0,8

Pays côtiers pauvres enressources naturelles

-0,4 -0,3 -0,6 -0,7 -0,5 -0,4

5- Afrique -0,6 -0,5 -0,7 -0,7 -0,7 -0,6Groupe SANE -0,5 -1,0 -0,2 -0,3 -0,4 -0,4

Source : Kaufmann, D., Kraay, A. et Mastruzzi, M. (2007)

152 Rapport sur le développement en Afrique 2007

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pourraient permettre d’y parer sont analyséesci-après.

Les revenus issus des ressources consti-tuent une invitation à un lobbying non pro-ductif et à la recherche de rente. C’est dansles pays dotés d’institutions « favorables auxprofiteurs » que ce problème est le plus fré-quent. Ceux dont les institutions sont « favo-rables aux producteurs » ne sont pas habituel-lement frappés par cette malédiction. End’autres termes, les pays qui ont pu échapperà cette malédiction pendant les précédentscycles de hausse des ressources y sont par-venus parce que leurs institutions étaienttransparentes et saines, et parce qu’ils avaientpris certaines mesures, notamment pour ren-forcer leurs institutions, pour limiter l’inci-dence de cette manne financière et les dom-mages qu’elle provoque.

Par ailleurs, il est affirmé que les pays oùla gouvernance (et donc la transparence) estinitialement médiocre ont beaucoup plus derisques de voir les recettes exceptionnellesqu’ils tirent de leurs ressources entraîner unesituation catastrophique (encadré 4.2). Onconstate en effet que la gouvernance est sus-ceptible de se dégrader encore plus lors d’unephase d’expansion du secteur des ressources,même si elle part d’un niveau faible. La gou-vernance et l’efficacité des dépenses publiquesjouent par conséquent un rôle fondamentaldans le niveau de vie et l’activité du secteurprivé, et, le secteur public pesant d’un grandpoids dans l’économie, la croissance de sapropre productivité est essentielle à la crois-sance globale. C’est pourquoi l’État doit viserdes objectifs nationaux généraux, et doncrendre des comptes aux citoyens, indépen-damment de ses propres intérêts et aspira-tions.

De piètres performances économiquespendant les précédents cycles d’essor du sec-teur des ressources naturelles soulignentl’importance de politiques macroéconomi-ques et d’institutions solides. Les grands pro-jets d’investissement public des années 1970et 1980, périodes pendant lesquelles la gou-vernance et les institutions étaient extrême-ment fragiles dans la majeure partie del’Afrique, étaient souvent lancés sans guèred’analyses approfondies ou d’obligation derendre des comptes. Leur rentabilité étaitdonc peu élevée. Pendant ce temps, dans plu-sieurs pays de la région, la mauvaise gestionmacroéconomique des cycles de cours desressources naturelles a provoqué une viveappréciation des taux de change, une érosionde la compétitivité des secteurs non pétrolierset une forte inflation. Nombre d’économiesd’Afrique capitalisant sur leurs ressourcesnaturelles pour obtenir des prêts de fournis-seurs ou de pays étrangers, leur dette exté-rieure s’est brusquement envolée au débutdes années 1990, largement au-dessus de100 pour cent du PIB, et a conduit, dans laplupart des cas, à un niveau d’endettementexterne intenable. Ces déséquilibres macroé-conomiques ont fini par appeler des ajuste-ments très douloureux : contraction brutaledes budgets, libéralisation des flux commer-ciaux, correction du taux de change et réé-chelonnement de la dette, notamment31.

De surcroît, en présence d’institutionsfragiles et de dysfonctionnements du systèmejuridique, la recherche de rente rapportedavantage et les délits, la corruption, lesprises de contrôle abusives, ainsi que d’autrespratiques douteuses, se multiplient. La

m 31. Collier et Goderis (2007)

L’Afrique et ses ressources naturelles : le paradoxe de l’abondance 153

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manne procurée par les ressources naturellesaccroît le nombre des chercheurs de rente etréduit celui des entrepreneurs productifs. Àlong terme, les bénéfices diminuent et l’éco-nomie se détériore. La faiblesse des institu-tions peut expliquer les médiocres résultatsde pays pétroliers, tels que l’Angola, leNigeria et le Soudan, de pays riches en dia-mants, comme la Sierra Leone, le Liberia et leCongo, et des narco-États, à l’instar de laColombie et de l’Afghanistan. Voilà pour-quoi, si les institutions sont fragiles et lesconditions défavorables, la dépendance àl’égard du pétrole ou d’autres ressources

naturelles s’opère au détriment de la démo-cratie et de la qualité de la gouvernance32.

Le fait qu’il soit communément admisque bien des pays d’Afrique pâtissent d’insti-tutions relativement fragiles, d’un développe-ment humain faible et d’une gouvernancemédiocre suscite beaucoup d’interrogationsquant à l’influence que la phase actuelled’appréciation des ressources naturelles vaexercer sur le développement dans les partiesde l’Afrique riches en ressources. Cependant,les données recueillies à ce jour (voir sectionsprécédentes) ne sont pas toutes découra-

m 32. Ross (1999) et Ploeg (2007)

Encadré 4.2 : Gouvernance et transparence

Dans le domaine de l’exploitation et de lagestion des ressources naturelles, la gouver-nance reste le défi suprême et le plus difficile àrelever. Même si c’est en premier lieu aux paysafricains d’administrer avec transparence,équité et responsabilité les revenus que leursressources naturelles leur procurent, ils neconstituent qu’un élément d’un maillage com-plexe d’intérêts et de relations, dont font aussipartie les entreprises d’extraction multinatio-nales, les États étrangers et les acteurs régio-naux. On peut résumer ainsi les principauxproblèmes de gouvernance que rencontrentles pays aux ressources abondantes :

TransparenceLa transparence joue un rôle clé dans l’ins-

tauration de structures de gouvernance res-ponsables et dans la lutte contre la corruption.Elle doit cependant commencer avec le contratde concession lui-même, ainsi qu’avec lesrecettes tirées de la vente des ressources :

(1) Lorsqu’elle entache l’attribution decontrats de concession portant sur des res-

sources naturelles, la corruption sape non seu-lement la gouvernance dans les pays riche-ment dotés, mais pèse aussi sur les citoyens.De multiples éléments montrent que les condi-tions d’attribution sont opaques et que la cor-ruption y tient une large place.

(2) Les contrats de concession comportentsouvent des clauses de confidentialité et nepeuvent donc pas faire l’objet d’une vérificationpublique. Or, s’ils ne connaissent pas lesdétails des accords signés par leur pays, lescitoyens ne disposent d’aucun moyen pourobliger leurs dirigeants politiques à rendre descomptes.

(3) La transparence est tout aussi impor-tante pour les flux de revenus issus desressources naturelles entre les sociétésd’extraction et le pays hôte. Si les entreprisespublient les montants qu’elles versent et lepays ce qu’il gagne, on peut vérifier ces fluxet tenir le pays pour responsable de leurgestion durable, ainsi que d’une distributionéquitable de cette richesse.

Sources : Fondation Heinrich Böll (2007) ; Alley et al. (2007)

154 Rapport sur le développement en Afrique 2007

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geantes, et, comme souligné plus haut, plu-sieurs pays africains aux ressources abon-dantes ont mis en place des institutionssolides et bénéficient d’une forte croissancede leur économie et de leur développementhumain.

Guerres civiles et autres formesde conflit

Il apparaît clairement que l’abondance de res-sources naturelles accroît l’incidence desconflits civils et des guerres, et incite à laviolence, au vol, au pillage et aux luttes entre

groupes rivaux33. Plus de la moitié desconflits énumérés au tableau 4.7 (voir égale-ment graphique 4.10) sont localisés enAfrique. Puisque de nombreux pays africainssont fortement tributaires de leurs exporta-tions de pétrole, de gaz et de minéraux, ilssont plus sujets que les autres aux conflits liésaux ressources naturelles (tableau 4.8). Réci-proquement, l’abondance minérale de larégion permet d’expliquer pourquoi uneproportion considérable des guerres civiles dela planète s’est concentrée sur ce continent.En outre, si cette richesse minérale est asso-

m 33. Voir, par exemple, Collier et Hoeffler (2004), (2005) ;Anyanwu (2002) ; Hodler (2006).

Tableau 4.7 : Guerres civiles liées aux ressources naturelles, 1990-2002

Pays Période Ressources naturelles

Afghanistan 1978-2001 Pierres précieuses, opiumAngola 1975-2002 Pétrole, diamantsAngola (Cabinda) 1975- PétroleCambodge 1978-97 Bois, pierres précieusesColombie 1984- Pétrole, or, cocaCongo, Rép. 1997 PétroleCongo, Rép. dém. 1996-97 Cuivre, coltan, diamants, or, cobaltCongo, Rép. dém. 1998- Cuivre, coltan, diamants, or, cobaltIndonésie (Acèh) 1975- Gaz naturel, marijuanaIndonésie (Papouasie occidentale) 1969- Cuivre, orLiberia 1989-96 Bois, diamants, fer, huile de palme,

cacao, café, marijuana, caoutchouc, orMaroc 1975- Phosphates, pétroleMyanmar 1949- Bois, étain, pierres précieuses, opiumPapouasie-Nouvelle-Guinée 1988- Cuivre, orPérou 1980-1995 CocaSierra Leone 1991-2000 DiamantsSoudan 1983- Pétrole

Source : Ross (2004), What do we know about natural resources and civil war ?

L’Afrique et ses ressources naturelles : le paradoxe de l’abondance 155

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ciée au déclenchement de conflits non sépa-ratistes, des éléments tendent à prouver queces guerres et conflits ont pu être prolongéspar le recours à des « contrats à terme surbutin », c’est-à-dire un droit accordé àl’avance par un groupe rebelle (ou parfois par

l’État) à des entreprises pour l’exploitationdes ressources naturelles dans des régionsdont les rebelles escomptent se rendre maîtreau cours d’un conflit. Cependant, il convientde noter que ce phénomène s’explique aussipar la persistance de la pauvreté en Afrique,

Tableau 4.8 : Classement des pays en fonction de leur dépendancevis-à-vis des ressources minérales, 2000

Classement Pays Dépendanceaux minerais

Nombre deconflits entre1990 et 2000

1 Bahreïn 63,44 02 Qatar 53,37 03 Turkménistan 49,91 04 Gabon 48,83 05 Nigeria 48,75 36 Arabie saoudite 44,74 07 Papouasie-Nouvelle-Guinée 41,52 08 Trinité-et-Tobago 41,16 09 Congo, Rép. 41,07 910 Brunei 37,65 011 Kazakhstan 36,11 012 Libye 35,91 313 Algérie 35,75 2714 Botswana 35,10 015 Koweït 32,41 316 Azerbaïdjan 28,83 917 Angola 27,88 7418 Zambie 27,12 019 Liberia 26,76 1420 Norvège 25,97 021 Oman 25,65 022 Iran, Rép. islamique 25,55 4223 Mongolie 25,45 024 Fédération de Russie 25,38 1525 Venezuela, R.B. 23,54 026 Yémen, Rép. 22,32 227 Émirats arabes unis 22,13 0

Source : Ross (2004), What do we know about natural resources and civil war ?

156 Rapport sur le développement en Afrique 2007

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sachant que celle-ci accroît significativementle risque de guerre civile. Bien que leurnombre ait eu tendance à baisser ces dernièresannées, il ne faut pas oublier que ce continenta essuyé sept guerres civiles dans lesannées 1970, huit dans les années 1980 etquatorze dans les années 199034.

Au total, entre les années 1960, époque àlaquelle la plupart des pays africains ontgagné leur indépendance, et les années 1990,on a dénombré plus de 80 changements degouvernement opérés dans la violence sur lecontinent. L’un après l’autre, les pays se sontengagés dans des luttes intestines, des conflitsou une guerre civile35.

Quelques caractéristiques saillantes dis-tinguent les conflits survenus en Afriqueaprès la guerre froide :

1) fles ressources naturelles font partie desparamètres clés du conflit, que la situationsoit celle d’une abondance de ressourcesnaturelles (pétrole ou autres minéraux) oud’un manque (terre), ou parfois les deux,comme dans le cas du Soudan (présence depétrole au Sud-Soudan et manque de terresau Darfour), et

2) Ces conflits font intervenir des acteursnon étatiques, des combattants non profes-sionnels ou des guerriers qui défient souventl’autorité et la légitimité d’États fragiles,d’acteurs régionaux et d’États voisins, ainsique des forces internationales et des réseaux.

Les conflits ayant pour origine la nature,y compris les affrontements violents, guerresciviles et mouvements séparatistes, ont doncété monnaie courante en Afrique. Les conflits

autour des « diamants du sang » en SierraLeone et en Angola, du « bois de conflit » auLiberia, du pétrole au Nigeria et au Soudan,et des minerais en République démocratiquedu Congo en sont des exemples connus36.Cependant, les différends locaux portant surla terre, l’eau, la faune et la forêt sont, enréalité, beaucoup plus fréquentes. Dans biendes endroits, ils surchargent les tribunauxruraux et les plateformes de médiation tradi-tionnelles37.

Complexes, les guerres civiles en Afriquetrouvent leur origine dans une combinaisonde facteurs, que ce soit dans des pays richesou pauvres en ressources naturelles. Cepen-dant, des données empiriques de plus en plusnombreuses tendent à montrer que les rentesissues des ressources naturelles et des produitsprimaires, en particulier le pétrole et autressources ponctuelles de ressources naturelles,augmentent les risques de conflit civil et deguerre (surtout en Afrique subsaharienne),car elles affaiblissent l’État ou financent lesrebellions. Parfois, cette situation peut mêmeêtre liée à des engagements par les multina-tionales. Il importe de découvrir si les lutteset guerres civiles sont le résultat de griefs, d’unsentiment d’injustice quant à la manière dontun groupe social est traité (discriminationéconomique systématique, par exemple) oude l’avidité que peuvent susciter les rentesmassives tirées des sources ponctuelles de res-sources, comme l’illustrent habituellementles cas de l’Angola, du Congo et de la SierraLeone38.

m 34. Ross (2003) ; Collier et Hoeffler (2004), (2005) ; Hodler(2006)m 35. Adedeji (1999)

m 36. Bannon et Collier (2003) ; Lind et Sturman (2002) ; Cillierset Dietrich (2000) ; Reno (2000) ; Lipschutz (1987)m 37. Wolf et al. (2005) ; Veit et Benson (2004) ; LHRC (2003) ;Newmann (1998) ; Shivji (1998) ; Shivji et Kapinga (1998) ; Lane(1996)m 38. Murshed (2002) ; Olsson et Fors (2004)

L’Afrique et ses ressources naturelles : le paradoxe de l’abondance 157

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Selon d’autres études39, le facteur quiinflue le plus sur le risque de conflit est leniveau de dépendance du pays vis-à-vis desexportations de produits primaires, et l’effetn’est pas linéaire. Ainsi, un pays qui ne dis-pose d’aucune ressource naturelle a une pro-babilité de connaître un conflit civil de seule-ment 0,5 pour cent, tandis que, pour un paysdont les ressources naturelles comptent pourplus de 25 pour cent dans le PIB, la probabi-lité passe à 23 pour cent. Cette comparaisonlaisse à penser que la majorité des conflitss’explique davantage par l’avidité que par desgriefs. À partir de ces résultats, les différentes

variantes de la théorie de la « malédiction desressources » attribuent la piètre exploitationdes ressources naturelles dans les pays dépen-dant de ces ressources soit aux penchants« prédateurs » de l’État, soit à l’« avidité » desrebelles. Si l’on laisse de côté des résultatsempiriques qui tendent à indiquer lecontraire, cette conceptualisation laisse per-cevoir un comportement irrationnel desprincipaux acteurs participant au contrôle età la gestion des ressources naturelles.

Néanmoins, les explications ci-dessusnégligent un point crucial : le gaspillage et ladégradation des ressources naturelles dans lespays sujets à conflits sont, la plupart dutemps, imputables à des dysfonctionnements

m 39. Collier et Hoeffler (2004) ; (2005)

Graphique 4.10 : Ressources naturelles et conflits

Source : Department for International Development (2006)

Routesprincipales Capitales

Pétroles etgaz naturel

Uranium

DiamantCobalt

Production pétrolière

Production minière

Conflits en cours en 2000

Tension sensible ou instabilité politique

Situation politique relativement stable

Cuivre

Chromite

ÉtainFerManganèseNickel

OrPlatinePlombet zinc

CharbonRessources énergétiques

Principales ressources minérales

Zones « productives » d'Afrique

Zones « instables » d'Afrique en 2000

Maroc

Mauritanie

SénégalGambie

Guinée-Bissau

Mali

Casamance

SaharaOccidental

CabindaAngola

Algérie LibyeÉgypte

Soudan Érythrée

Djibouti

Tchad

RépubliqueCentrafricaine

RépubliqueDémocratique

du Congo

Niger

NigeriaBénin

TogoCôte

d'ivoireGhana

Burkina faso

Liberia

GuinéeSierraLeone

OcéanAtlantique

OcéanIndien

MerRouge

CongoGabon

Cameroun

Angola

GuinéeÉquatoriale

Rwanda

Burundi

Tanzanie

Malawi

Bostwana

Namibie

Afriquedu Sud Lesotho

Swaziland

Mozambique Madagascar

Zimbabwe

KenyaSomalie

Éthiopie

Ouganda

Zambie

158 Rapport sur le développement en Afrique 2007

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de l’État. Parfois, les responsables politiquesimpulsent une exploitation irraisonnée desressources naturelles ou s’engagent dans cettevoie, cherchant à atteindre des objectifs éco-nomiques ou politiques qui sont, en théorie,sans rapport avec le secteur des ressourcesnaturelles. Même certains groupes rebelles,selon la puissance de leur structure organisa-tionnelle, peuvent tendre vers divers objectifspolitiques ou programmatiques plus vastes40.

Comme indiqué plus haut, les donnéesempiriques suggèrent également avec forcequ’un conflit surgira plus vraisemblablementdans des pays dont le PIB par habitant et lacroissance sont faibles. Les trois facteurs quidéterminent le déclenchement d’un conflitarmé (ressources naturelles, bas revenu parhabitant et faible croissance) sont prédomi-nants dans de vastes parties du continent. Lalittérature41 met en lumière d’autres élémentsqui peuvent être significatifs, tels que la reli-gion et l’inégalité verticale et horizontale. Lesconflits au Rwanda et au Burundi, parexemple, n’ont pas été, en premier lieu,motivés par des facteurs économiques.

L’effet des ressources naturelles sur l’inci-dence et la durée des guerres civiles figureégalement en bonne place dans la littératurede science politique42. Dans des pays divisés,de nombreux groupes rivaux qui luttent pours’arroger les ressources naturelles risquentfort de porter atteinte à la qualité du systèmejuridique et donc de compromettre les droitsde propriété. Le manque à gagner qui enrésulte en termes de production surpassel’accroissement de la production dû au boomdes ressources. Les dissensions et les luttes

pour les ressources naturelles peuvent ainsiconduire à la dissipation de rentes. Lorsqueles ressources naturelles sont abondantes,l’érosion des droits de propriété peut aisé-ment déclencher une malédiction des res-sources, surtout si les groupes rivaux sontnombreux43. En effet, chacun d’entre euxcherche à s’approprier le plus de ressourcesnaturelles en se battant davantage, et commele système juridique n’est pas solide, ilsremettent en cause les droits de propriétéeffectifs. Des données observées sur plusieurspays indiquent que la malédiction des res-sources naturelles est plus aiguë dans les paysqui comptent de multiples groupes ethniquesou religieux et de nombreuses langues.

La présence de ressources faciles à piller,telles que les pierres précieuses, a tendance àprolonger les conflits, notamment lorsque lesgroupes rebelles se battent contre les diri-geants et leurs partisans pour le contrôle desources ponctuelles de ressources naturelles.Ainsi, hormis en Afrique du Sud, auBotswana et en Namibie, l’abondance de dia-mants sur le continent africain a générale-ment conduit à un recul de la croissance, leplus souvent dans des pays aux institutionspeu solides44.

Gestion de la richessetirée des ressources naturellesdans les États fragiles africains

En Afrique, le nombre d’États fragiles estconsidérable, de loin le plus élevé par rapportaux autres continents. Si l’on trouve plusieursdéfinitions d’un État fragile, le plus impor-

m 40. Weinstein (2005)m 41. Voir, par exemple, Stewart (2000 ; 2002)m 42. Voir, par exemple, Ross (2004) ; Fearon et Laitin (2003)

m 43. Hodler (2006)m 44. Ollson (2007)

L’Afrique et ses ressources naturelles : le paradoxe de l’abondance 159

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tant, dans le contexte du présent Rapport, estque les pays disposant d’importantes res-sources naturelles mais qui enregistrent demédiocres performances sont bien souventaussi des pays communément désignéscomme fragiles. Cependant, cette fragilitérevêt différentes formes dans différents pays,mais aussi dans un même pays à des époquesdifférentes. Il existe des écarts importants entermes d’environnement politique et de sécu-rité publique, de capacités institutionnelles etde performances, de responsabilité publiqueet d’engagement à progresser suivant un axede réformes crédible. Ces différences com-portent des implications considérables quantau champ et à la nature de l’engagement despartenaires au développement. En effet,l’expérience montre que, souvent, uneapproche uniforme appliquée à des contextestrès variés ne produit pas les effets désirés etécarte toute forme d’engagement sélectif quiserait à la fois justifié et efficace45.

En opérant une catégorisation sommaire,on peut considérer que ces contextes de fragi-lité suivent typiquement un continuum desituations : détérioration marquée, conflitactif ou prolongation de la crise, situationpostcrise et transition, et, enfin, améliorationprogressive (graphique 4.11). Cette catégori-sation définit également, en termes généri-ques, les axes stratégiques par lesquels le gou-vernement et les donateurs peuvent soutenirle développement dans les États fragiles. Il vasans dire que, pour les pays richementpourvus en ressources naturelles, le secteurdes ressources constitue un point focal extrê-mement important, compte tenu del’ensemble des opportunités et des difficultés

induites par cette richesse en ressources natu-relles (voir plus haut).

En réalité, la progression le long de cecontinuum (graphique 4.11) n’est ni auto-matique ni unidirectionnelle : les pays peu-vent avancer et reculer entre ces différentsniveaux de fragilité. L’objectif est d’empêcherles pays à risque de déraper, et d’épauler ceuxqui ont traversé un conflit ou une crise pourqu’ils renouent avec un développement éco-nomique et politique plus stable. Aider lespays (qu’ils soient riches ou pauvres en res-sources naturelles) à progresser entre ces dif-férentes phases requiert un effort stratégiquecoordonné à l’échelle internationale quicouvre la politique, la sécurité et les domainessocio-économiques d’un pays. La clé, à cetégard, consiste à développer une réponseflexible et différenciée.

L’étude de la gestion des ressourcesminières (et pétrolières) dans les États fragilesindique clairement que celle-ci est largementfaçonnée par quatre paramètres interdépen-dants, définis par les interactions entre lapuissance publique, la contestation et leconflit relatif au contrôle des ressourcesminérales. Il s’agit (1) des dysfonctionne-ments de la politique publique, (2) de la pré-dation étatique, où la recherche de rentes sesubstitue à la production de revenus, (3) deséconomies (parallèles) de guerre dominéespar les rebelles, et (4) des intérêts acquis desacteurs régionaux et internationaux. Deux deces paramètres ont déjà été traités dans dessections antérieures de ce chapitre. L’analysequi suit s’intéresse avant tout à la prédationétatique et aux acteurs internationaux.

Prédation étatique

L’accession à l’indépendance politique n’apas transformé le fonctionnement de bonm 45. Banque africaine de développement (2007c)

160 Rapport sur le développement en Afrique 2007

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nombre des États africains, qui ont continuéà faire usage de la force et à être autoritaires.Ainsi, au lieu de transformer l’État et de faireen sorte qu’il satisfasse aux besoins et aspira-tions de la population, les leaders qui ontémergé à l’ère postcoloniale se sont contentésd’employer les énormes structures autori-taires de l’État pour s’en approprier les gainséconomiques à des fins personnelles. En réac-tion aux vecteurs de mondialisation (fin de laguerre froide, pressions grandissantes auprofit de la libéralisation politique et écono-mique, mais aussi résistance interne accrue etrevendications de démocratisation), de nom-

breux régimes recourent à la répression et à laprédation. Un État prédateur se caractérisepar la concentration des pouvoirs au sommetet la délégation à des personnes choisies,appliquée au moyen d’une répression impi-toyable. Dans ce contexte, les incitations éco-nomiques offertes aux agents de l’État et lacorruption généralisée sont monnaie cou-rante parmi les pouvoirs publics46.

Un régime prédateur a deux grandesconséquences sur la richesse que représentent

m 46. Castells (2000)

Graphique 4.11 : Le concept d'État fragile

Sources : Banque Africaine de développement (2007c) : Engagement renforcé dans les États fragiles, document de discussion

Détériorationmarquée

Dysfonctionnementde la gestion économiqueet financière

Améliorationprogressive

Conflit actif et/ouprolongation de la crise

Situation postcrise/transition

Absence de gouvernementlégitime

Situation globalementstabilisé

Amélioration des fonctionsgouvernementales

Présence de réformesmacroéconomiques, durelèvement du soutiendes donateurs

Restauration de tendancespositives dans les principauxindicateurs sociaux et derevenus quoique lentementet avec parfois, des inversions

Amélioration de l'accès auxfinancement extérieurs

Situation postconflit aprèsaccord de paix, phase dereconstruction

Transition politique/postcriseaprès réconciliation ou accord

Défaillance de l'administrationen place

Conflit civil et/ou impassepolitique nationale

Sanctions internationaleset/ou par les IFI

Inversions marquéesdes indicateurs économiqueset sociaux

Corruption significative etmauvaise gouvernance

Absence de consensus entreles partenaires et les pouvoirspublics sur les priorités pour ledéveloppement

Dégradation des indicateurséconomiques et sociaux

Priorité à la prévention

– dialogue sur les politiques

Priorité à l'améliorationde la gouvernance

– soutien

Renforcement de la basede connaissances

Maintien de l'engagement– dialogue sur les politiques

– dialogue sur les politiquesReconstructionpostconflit/postcrise

Priorité à l'inversion destendances et à l'améliorationdes performances

Stabilisation

Amélioration des performances,réformes et normalisation

Approche stratégique

L’Afrique et ses ressources naturelles : le paradoxe de l’abondance 161

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les ressources naturelles et la gestion desrecettes dans la plupart des États fragiles. Pre-mièrement, l’accès au pouvoir équivaut àl’accès à la richesse et aux sources de richesse àvenir. Deuxièmement, le soutien politique seconstruit sur le clientélisme, qui met en rela-tion les détenteurs du pouvoir et certains seg-ments de la population. La préoccupation desdiverses élites, qui ont, au final, des liens avecle sommet de l’État, est de savoir comments’allier le soutien de leur base de clientèle et laconsolider, tout en optimisant la quantité deressources nécessaire pour obtenir ce soutien.Ces réseaux sont constitués selon des axesethniques, régionaux, territoriaux, religieuxet économiques47.

Les États prédateurs recourent à diffé-rentes stratégies, violentes ou non, pour gérerles ressources minérales, en particulier pétro-lières, et pour s’approprier les recettes tiréesde leur exploitation et de leur vente. Puisqueles minéraux sont extraits sur des sitesenclavés, qui parfois ne sont pas situés sur laterre ferme, la stratégie habituelle consiste ànégocier des redevances et d’autres accordsdirectement avec les entreprises étrangères.Ces transactions sont souvent opaques, desorte qu’il est difficile, si ce n’est impossible,de surveiller les montants générés et l’utilisa-tion qui en est faite. D’après les spécialistes del’industrie pétrolière, les pays de l’OPEP(Organisation des pays exportateurs depétrole), consacrent, en moyenne, environ75 pour cent de leurs recettes pétrolières aubudget de l’État, pour les charges d’exploita-tion. Dans le cas des producteurs de pétroleafricains, cette proportion, même dans lemeilleur des cas, s’établit entre 55 et 70 pour

cent. La différence représente la part de pro-fits supplémentaire que se partagent les com-pagnies pétrolières et les élites africaines. Despratiques analogues ont pu être observéesdans la gestion des mines d’uranium auNiger, de phosphates au Togo et de bauxiteet d’aluminium en Guinée. Seules de maigresrecettes arrivent jusque dans les caisses publi-ques, si tant est qu’elles y parviennent. Lesvéritables redevances sont versées directe-ment sur les comptes bancaires, à l’étranger,des dirigeants politiques48.

Intérêts acquis des acteursinternationaux et régionaux

Le pillage des ressources naturelles n’est pastoujours le fait des seuls groupes en lutte àl’intérieur d’un État fragile donné, mais quel-quefois aussi de pays voisins. Les acteursrégionaux participent désormais à l’exploita-tion des ressources naturelles d’un État voisinvia (1) les processus interdépendants de pro-lifération d’« économies de guerre » et desconflits régionaux, et (2) l’intervention mili-taire directe en soutien au gouvernement enplace ou aux insurgés armés.

La fragilité de l’État ou ses dysfonction-nements sont à l’origine d’un certain nombred’effets que ressentent, par ricochet, d’autresÉtats de la région. Économies de guerre ouéconomies parallèles en sont les conséquencesdirectes. Au Liberia et en Sierra Leone, parexemple, du fait de ces interdépendances,d’immenses quantités de diamants et de boisont été sorties en contrebande par desmineurs ou des entrepreneurs opérant dansl’économie parallèle49. Un aspect importantdes ressources et des conflits a trait au rôle de

m 47. Ibid.m 48. Hibou (1999)m 49. Humphreys (2005)

162 Rapport sur le développement en Afrique 2007

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gouvernements tiers cherchant à profiter deleurs voisins richement pourvus en ressourcesnaturelles. De tous les conflits qui se sontdéroulés en Afrique après la guerre froide,aucun ne reflète mieux les complexités desrelations entre ressources naturelles et conflitsque la guerre civile en République démocra-tique du Congo, appelée la première « guerremondiale africaine ».

Les pratiques professionnelles des acteursinternationaux constituent un autre pro-blème. Depuis la fin de la deuxième guerremondiale, l’implication étrangère dans lesconflits africains a évolué, cédant la place auxactivités plus subtiles d’acteurs non étatiques,en particulier de services de sécurité privés, demultinationales et d’organisations non gou-vernementales. Cette intervention étrangèrese répartit en deux catégories. La première,peut-être la plus controversée, est celle dessociétés de mercenaires, désignées parl’euphémisme « services de sécurité privés ».La mondialisation économique a induit unaccroissement des gains tirés des investisse-ments dans l’extraction de ressources natu-relles, surtout dans les États fragiles, où lesopportunités de profit sont impression-nantes. C’est pourquoi les multinationalesn’hésitent pas à y investir dans de genre de« services ».

Le deuxième type d’intervention exté-rieure dans les conflits africains, et sans doutele plus important, est celui des entreprisesextractives multinationales, dont beaucouptirent parti de situations conflictuelles pourmaximiser leurs bénéfices. Contrairement ausecteur manufacturier ou aux autres activitésdu secondaire ou du tertiaire, les industriesextractives ne procèdent pas à du désinvestis-sement ou à une relocalisation lorsqu’unconflit survient. Compte tenu de la nature et

de l’importance stratégique des ressourcesnaturelles (en particulier du pétrole et dugaz), des profits potentiels, de la forte inten-sité capitalistique et de l’horizon à long termedes investissements, les entreprises extractivesmultinationales ne se laissent pas découragerpar l’imprévisibilité ou la dangerosité de cessituations. Bien que certaines se soient désen-gagées face à l’instabilité et à la violence, elleschoisissent généralement de factoriser lescoûts des risques supplémentaires et de ne pasdévier de leur cap. Leurs pratiques dans lesÉtats fragiles ont, de diverses manières,contribué à alimenter les conflits50.

Gestion transfrontièredes ressources naturelles

L’Afrique est confrontée à un grand nombrede difficultés transfrontières, allant de l’insta-bilité de ses conditions économiques et poli-tiques aux problèmes sectoriels liés à la santé,à l’agriculture, à la gestion des ressourcesnaturelles et l’environnement. La coopéra-tion régionale remonte à assez loin dans qua-siment toutes les régions d’Afrique, bien que,pendant longtemps, on se soit surtout inté-ressé aux modèles d’intégration économiquerégionale. Certains progrès ayant été accom-plis en ce sens, de nouveaux défis sontapparus ces dernières années, liés à la raretéde l’eau, à la désertification, aux sécheresses,aux inondations et à d’autres problèmes enrapport avec l’environnement et les res-sources naturelles.

Avec ces défis, l’attention s’est reportéesur la coopération régionale pour résoudre lesproblèmes transfrontières, bien au-delà des

m 50. Ballentine (2004)

L’Afrique et ses ressources naturelles : le paradoxe de l’abondance 163

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JOBNAME: No Job Name PAGE: 38 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 577E1501/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04

aspects politiques et commerciaux tradition-nels. Le réchauffement de la planète, entreautres, appelle une réponse qui dépasse large-ment les frontières nationales. Concernantl’eau, le bassin du Nil constitue un très bonexemple de ressource commune qui ne peutêtre mise à profit que par une coopérationefficace. Autre exemple : l’érosion côtièreobservée en l’Afrique de l’Ouest, qui pose unproblème transfrontière, étant donné qu’elleest étroitement liée au déboisement des forêtsdenses équatoriales et des mangroves. Desproblèmes analogues apparaissent dans leszones côtières d’Afrique de l’Est. On peutciter de nombreux exemples de gravesimpacts environnementaux et sociaux actuelset potentiels de nature transfrontière (dansleurs causes ou leurs effets). Certains des plusimportants ont trait aux ressources naturellesrenouvelables, comme l’eau et la terre (chapi-tre 2). D’autres portent sur des ressourcesnaturelles non renouvelables, comme leshydrocarbures (encadré 4.3).

Pour que la « gestion transfrontière desressources naturelles » soit saine, il faut veillerà ce que les biens, les ressources et les servicesde nature transfrontière (c’est-à-dire dont lescoûts et bénéfices dépassent les frontières

nationales) soient gérés avec efficacité à tra-vers un engagement partagé et une actioncollective, ou bien des efforts collectifsconsentis par tous les individus ou groupesqui bénéficient directement ou indirecte-ment de ces biens ou services. En l’absence decoopération et d’action collective, des pro-blèmes d’externalités (positives ou négatives)surviennent51.

Relever les défis

Si la question de la souveraineté est crucialepour relever les défis transfrontières del’Afrique, la volonté politique dont fontpreuve les pays pour mettre au jour les pro-blèmes communs et élaborer des accordscontraignants reste le grand facteur détermi-nant. Les stratégies, mesures, cadres conjointset les engagements subséquents à relever lesdéfis transfrontières ne peuvent donner desrésultats significatifs que si les engagementssont tenus, ou les règles communes mutuelle-ment respectées. Si des mécanismes sanction-nant ceux qui violent ces règles peuventencourager la coopération sur ces questions,

m 51. Bromley (1992)

Encadré 4.3 : Coopération transfrontière pour l’extraction d’hydrocarbures

Les réserves d’hydrocarbures en Afrique del’Est ont suscité une attention et des spécula-tions considérables ces dernières années. Sielles ne sont pas gérées prudemment, lesréserves potentiellement substantielles de larégion des Grands Lacs risquent de devenir unfacteur de déstabilisation entre les pays, plutôtqu’une opportunité de développement conjoint.En mars 2007, un sommet a réuni 22 des

ministres de l’Énergie de la région au Mozam-bique pour discuter des problèmes qui endécoulent. Dans la région, les réserves d’hy-drocarbures sont susceptibles de résoudre, dumoins en partie, la crise énergétique. Néan-moins, la réussite de l’exploitation de ces res-sources dépendra de la sécurité et de la stabi-lité dans la région, ainsi que de la coopérationrégionale.

Source : Oxford Analytica (2007), Africa : Middle East and Africa Executive Summary

164 Rapport sur le développement en Afrique 2007

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JOBNAME: No Job Name PAGE: 39 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 64D75D2E/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04

le manque de coopération est, dans la plupartdes cas en Afrique, lié à l’insuffisance demoyens pour honorer ses engagements. Telest, en particulier, le cas pour de nombreuxpetits pays d’Afrique, qui, le plus souvent, nedisposent pas des capacités techniques, finan-cières et humaines qui leur permettraientd’honorer leurs engagements transfrontièresrelatifs, par exemple, à la gestion des bassinshydrographiques, au commerce internationaldes ressources forestières, à la faune mondialeou à la désertification. Il est, à l’évidence,nécessaire de renforcer les capacités des paysd’Afrique qui leur permettront de mettre enœuvre leurs engagements transfrontières.

Un autre point important a trait au pou-voir de négociation des petits et grands paysd’Afrique, avec des divergences considérablesdans les capacités techniques, humaines et

financières. Dans le cas de la gestion des bas-sins hydrographiques, il est indispensable quetoutes les parties disposent de connaissancestechniques actualisées sur la dynamique àcourt et à long terme de la situation hydriquepour qu’elles bénéficient d’un pouvoir denégociation égal. Le renforcement des capa-cités et l’assistance technique, permettantd’homogénéiser les conditions de concur-rence, sont donc des éléments cruciaux à nepas négliger lorsque l’on traite des questionstransfrontières. Par sa nature même, la coo-pération transfrontière requiert une grandecoordination et une synchronisation des acti-vités, puisque la participation et la contribu-tion de chacun sont essentielles pour mini-miser les externalités (positives et négatives)et éviter qu’il y ait des passagers clandestinsqui tirent profit des efforts des autres.

Encadré 4.4 : La Banque africaine de développement et les questions transfrontières

En tant que première institution de développe-ment sur le continent, la Banque africaine dedéveloppement sait depuis longtemps qu’elle aun rôle de premier plan à jouer pour aiderl’Afrique à surmonter ses défis transfrontières.À cet égard, la Banque apporte un soutien actifdans des domaines clés de la coopérationtransfrontière, notamment dans la gestion desbassins hydrographiques, l’intégration écono-mique régionale, la coopération régionale pourla santé, la recherche collaborative (en particu-lier dans l’agriculture), la coopération pourl’infrastructure, ainsi que les conflits et leurrésolution. Le Groupe de la Banque privilégietoujours plus des programmes qui offrent desopportunités de relever ces défis en vued’améliorer l’accès des pauvres aux res-sources productives (surtout à l’eau et auxterres), à la technologie et au savoir, ainsiqu’aux services sociaux.

Dans le domaine de la gestion transfrontièredes bassins hydrographiques, la Banque sou-tient activement les institutions et autorités adhoc, entre autres l’Autorité du bassin de laVolta (Afrique de l’Ouest), l’Initiative du bassindu Nil (IBN) en Afrique du Nord et de l’Est, etles bassins de l’Okavango et du Limpopo enAfrique australe. Cet appui s’effectue sousforme de dons via la mise en œuvre de projets,ainsi que via un soutien accordé par le biais dela Facilité africaine de l’eau.

Grâce à sa structure actuelle, qui comporteun « centre de savoir » (le Bureau de l’écono-miste en chef), la Banque a encore redoubléd’efforts en matière de production et de diffu-sion du savoir, y compris par la recherche et laformation, et l’apport d’une aide liée auxconnaissances à ses pays membres régio-naux. Les questions transfrontières restentalors au premier plan.

Source : Banque africaine de développement (2007b), Regional Cooperation : Addressing Trans-Boundary Challenges

L’Afrique et ses ressources naturelles : le paradoxe de l’abondance 165

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La nouvelle ruéevers les ressources naturellesde l’AfriqueDepuis une décennie, on observe un rapideaccroissement des échanges commerciaux etdes flux d’investissement entre l’Afrique etl’Asie, en particulier avec la Chine et l’Inde.Cette dernière pratique depuis longtemps deséchanges commerciaux avec l’Afrique de l’Estet y procède à des investissements directsétrangers, surtout grâce aux nombreusescommunautés indiennes expatriées. S’agis-sant de la Chine, ces deux types de relationsavec l’Afrique remontent à quelques décen-nies, les premiers investissements massifsayant ciblé l’infrastructure, par exemple leréseau ferroviaire. Voici quelques donnéesfactuelles concernant les relations commer-ciales entre l’Asie et l’Afrique52 :

– Le volume d’exportations africainesvers l’Asie s’accélère. Il a crû de 15 pour cententre 1990 et 1995, et de 20 pour cent entre2000 et 2005.

– En 2005, la part des exportations afri-caines adressées à l’Asie (27 pour cent) étaitdu même ordre que celles destinées à l’UE(32 pour cent) et aux États-Unis (29 pourcent).

– Les exportations asiatiques à destina-tion de l’Afrique sont elles aussi en hausserapide. Entre 2000 et 2005, elles ont pro-gressé de 18 pour cent de plus que les expor-tations de toutes les autres régions, y comprisde l’UE.

– Quelque 86 pour cent des exportationsafricaines vers la Chine et l’Inde sont consti-tuées de pétrole, de métaux et de produitsagricoles non transformés.

– Les exportations vers la Chine provien-nent à 85 pour cent de cinq pays africainsexportateurs de pétrole et d’autres minéraux,et l’Afrique du Sud représente à elle seule68 pour cent des exportations à destinationde l’Inde.

Comme illustré au graphique 4.12, l’unedes évolutions les plus significatives pourl’Afrique est l’importance grandissante descapitaux émanant de pays d’Asie tels que laChine, l’Inde, la Corée du Sud et la Malaisie.

L’investissement direct étranger (IDE) del’Asie en Afrique a significativement aug-menté ces dernières années. En 2005, les paysasiatiques représentaient environ 15 pourcent des 31 milliards de dollars d’IDE dirigésvers le continent africain. Cet investissementcontribue directement au produit intérieurbrut des pays, génère de l’emploi et réduit lapauvreté. L’Afrique devrait aussi bénéficierd’autres formes d’investissements asiatiques :c Les investissements asiatiques facilitent

le transfert de compétences et de tech-nologies vers l’Afrique. Grâce à leurstechnologies de base à bas coûts, lesentreprises asiatiques pourraient créerles conditions qui permettront àl’Afrique d’accroître sa productivité etdonc sa compétitivité.c Les entreprises asiatiques apportent des

biens d’équipement et des facteurs deproduction intermédiaires, qui permet-tront aux entreprises africaines de fabri-quer des produits susceptibles d’êtreexportés, notamment vers d’autres paysen développement, ce qui stimulera leséchanges commerciaux.c Des éléments laissent à penser que les

entreprises asiatiques en Afrique intera-gissent avec le secteur informel de cettem 52. Broadman (2007)

166 Rapport sur le développement en Afrique 2007

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région, ce qui modifie l’offre et lademande du secteur informel.

Les débats sur le rôle de la Chine et del’Inde en Afrique ont souvent mis en lumièreles possibles impacts négatifs de la demande(et du contrôle) grandissante des ressourcesnaturelles par ces puissances asiatiques émer-gentes. La Chine et l’Inde ont enregistré unecroissance rapide et procèdent à une prompte

modernisation de leurs industries. Commeelles se développent et poursuivent leur crois-sance, simultanément à d’autres économiesen rapide expansion, la demande de res-sources naturelles, en particulier de pétrole etde métaux, devrait continuer de progresser.

Ce regain d’intérêt porté à l’Afrique, enparticulier à ses ressources naturelles, n’a cer-tainement pas court-circuité l’Occident. De

Graphique 4.12 : Évolution des relations commerciales entre l'Afrique et l'Asie

Sources : Banque africaine de développement (2007a) : Africa and Asia : Partners in Development.

70

60

50

40

30

20

10

2001 2002 2003 2004 2005

0

– 10

– 20

Balance commerciale de l'Afriquevis à vis de l'Asie(milliards de dollars)

Principaux exportateurs africainsvers l'Asie, 2005(milliards de dollars)

Principaux importateurs africainsde produits asiatique 2005

(milliards de dollars)

Exportations

Angola7,8

Angola ; 2,4

Kenya ; 1,9

Soudan4,9

Soudan ; 2,6

Congo3,6

Nigeria ; 3,3

Nigeria ; 5,9

Liberia 4,1

Égypte ; 3,2

Égypte ; 6,7

Lybie ; 3,1

Lybie ; 1,6

Algérie ; 2,6

Alg rie3,8

Guin ée équatoriale ; 2,2

Maroc ; 2,0

Maroc ; 2,6

Autres9,2

Autres14,0

Afrique du sud17,8

Afrique du sud14,8

ImportationsBalance commerciale

L’Afrique et ses ressources naturelles : le paradoxe de l’abondance 167

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JOBNAME: No Job Name PAGE: 42 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 57D6C9E2/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04

nouveaux efforts systématiques pour conti-nuer d’exploiter cette richesse en ressourcesnaturelles sont devenus visibles avec l’adop-tion de la Loi sur la croissance et les possibi-lités économiques en Afrique (AGOA), pro-mulguée par l’administration Clinton auxÉtats-Unis. Parallèlement, l’Union euro-péenne a commencé à renégocier ses relationsavec les pays d’Afrique, des Caraïbes et duPacifique dans le cadre d’accords de partena-riat économique. Ces négociations sont,depuis, entrées dans des phases critiques etont suscité des controverses toujours d’actua-lité ; d’aucuns affirment, par exemple, que laDirection du commerce de l’UE essaied’imposer à toute force ses propres intérêts53.L’aspect positif de ce scénario, c’est quel’époque où l’Afrique était considérée commeun continent moins important ou oublié est,dans une certaine mesure, révolue. Pourtant,dans cette ruée vers les ressources minérales etfossiles de ce continent, l’Afrique reste ducôté de l’« offre de produits de base », lesautres se trouvant du côté qui reçoit.

La nouvelle offensive déployée par laChine, l’Inde et d’autres pays (notamment laRussie et le Brésil) en quête d’un accès auxsources d’énergie fossile et d’autres mineraiset métaux pour alimenter leur propre pro-cessus d’industrialisation rapide devraitaccentuer les tensions dans la lutte pourl’accès à des ressources limitées et souventnon renouvelables. Ces nouvelles forces enprésence sur le continent africain ont récem-ment donné lieu à une pléthore d’analysestraitant essentiellement, si ce n’est exclusive-ment, des pratiques et l’impact de la Chine.Généralement, ces analyses critiquent la

Chine, qui ne serait qu’un exemple supplé-mentaire de capitalisme prédateur, et qui, enoutre, manquerait de transparence et sou-tiendrait des régimes autocratiques. Toute-fois, beaucoup tendent à négliger les effetsinduits depuis longtemps et accentués par lesdéséquilibres socio-économiques existants etles structures de pouvoir en place (enAfrique). Il semble que la critique de la Chinetraduise davantage la crainte de perdre sespropres intérêts qu’un véritable intérêt pourla population africaine. Bien sûr, cela ne dis-culpe pas l’actuelle offensive chinoise et sesrépercussions potentiellement dommagea-bles. D’après les bilans que l’on peut com-mencer à dresser de l’intervention chinoise, lamajorité des populations africaines devraienten tirer profit. Néanmoins, les intérêts àmoyen/long terme de la Chine et d’autresinvestisseurs étrangers en Afrique doiventdécouler d’un environnement propice àl’investissement et prévisible. Enfin, il fautabsolument que règnent l’État de droit (etnon pas la loi du dirigeant) et d’autres prati-ques propices aux entreprises54.

Une récente étude de la Banque mon-diale55 exploite une multitude de donnéesd’enquête sur les entreprises en Afrique poursouligner combien la multiplication deséchanges de la Chine et de l’Inde avecl’Afrique, ainsi que leurs investissements,constituent, pour l’Afrique, une excellenteopportunité de croissance et d’intégrationdans l’économie mondiale. Bien qu’à l’heureactuelle, ce soient essentiellement des res-sources naturelles que l’Afrique exporte versla Chine et l’Inde, ce continent devient deplus en plus attrayant sur le plan des activités

m 53. Development Today (2007)m 54. Ibid.m 55. Broadman (2007)

168 Rapport sur le développement en Afrique 2007

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manufacturières à forte intensité de main-d’œuvre. Il existe une demande asiatiquegrandissante de matières premières transfor-mées, de produits manufacturés légers et detourisme, et, pour satisfaire cette demande,l’Afrique dispose d’un vaste potentiel inex-ploité. Il faut cependant faire attention : lesopportunités générées par les échanges et lesinvestissements de la Chine et de l’Inde neseront pas automatiquement converties encroissance et en réduction de la pauvreté dansla région. Un constat essentiel ressort de cetteétude : ce n’est pas seulement le volume deséchanges commerciaux et des investissementsqui compte, mais aussi la qualité de la rela-tion commerciale globale qui sous-tend etfaçonne ces flux. Les responsables politiquestant africains qu’asiatiques doivent doncconcevoir des instruments adéquats pouraméliorer encore cette qualité. L’étude de laBanque mondiale met en exergue les axes deréforme suivants (entre autres) :

Réformes à mener aux frontières (at theborder), notamment

– Abaissement du niveau global desdroits de douane (tous pays) ;

– Suppression de la progressivité desdroits de douane, qui entravent les princi-pales exportations de l’Afrique (Chine etInde) ;

– Élimination des biais défavorables àl’exportation dans les régimes de droits appli-qués aux importations, des biais dans les déci-sions d’investissement et des éléments quidissuadent la diversification des produits (laplupart des pays africains) ;

– Suppression des barrières commer-ciales, notamment des normes techniques,qui sont des mesures protectionnistes (la plu-part des pays) ;

– Rationalisation et harmonisation de lamultitude d’accords régionaux et bilatérauxqui forment un « bol de spaghetti » (pays afri-cains surtout) ;

– Renforcement du rôle des organismesde promotion des investissements et desconseils réunissant des investisseurs publics etprivés (pays africains), et

– Adaptation des incitations à l’exporta-tion et à l’investissement en fonction ducontexte de chaque pays et conformémentaux règles de l’Organisation mondiale ducommerce (pays africains).

Réformes à mener en deçà des frontières(behind the border), notamment :

– Renforcement de la concurrence entreles entreprises par l’élimination des obstacleséconomiques et politiques fondamentaux àl’entrée et des obstacles à la sortie (pays afri-cains surtout) ;

– Amélioration de la gouvernance viaune plus grande transparence et une plusgrande responsabilisation des agents del’État ; établissement et respect d’institutionsefficientes qui facilitent le règlement des dif-férends commerciaux (pays africains sur-tout), et

– Réduction de l’impact, en termes depauvreté, des variations intérieures desprix/de la production causées par les fluxcommerciaux, grâce à l’encouragement de lamobilité de la population active, y comprispar une flexibilité accrue des marchés du tra-vail et l’amélioration de l’efficacité des filetsde sécurité (tous pays africains).

Réformes à mener entre les frontières(between the border), notamment :

– Développement des infrastructuresfacilitant les échanges commerciaux, pour

L’Afrique et ses ressources naturelles : le paradoxe de l’abondance 169

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l’intégration dans le marché mondial etl’intégration régionale, en particulier parl’amélioration et la modernisation des ports,routes et transports ferroviaires, ainsi que lamodernisation des télécommunications/destechnologies de l’information (pays africainssurtout) ;

– Application de réformes douanièrespar l’amélioration de la coordination entre lesadministrations opérant à la frontière, simpli-fication des procédures douanières, de sorteque les codes douaniers s’appuient sur desrègles, soient transparents et propices aucommerce, et introduction des technologiesde l’information dans les systèmes douaniers(pays africains surtout) ;

– Élimination des imperfections dumarché de l’information pour les opportu-nités commerciales et d’investissement, ycompris normes techniques (la plupart despays africains), et

– Révision des mesures qui restreignentle mouvement des professionnels (pays afri-cains surtout).

La nouvelle évolution spectaculaire desrelations économiques Sud-Sud bouleverseles schémas traditionnels de développementéconomique. Comme souligné ci-dessus,c’est dans les échanges commerciaux et lesinvestissements entre Afrique et Asie que cephénomène se manifeste le plus nettement.Ainsi, tandis que la Chine et l’Inde apparais-sent comme des géants économiques en Asie,l’Afrique se taille une part importante, jouantun rôle crucial dans cette transformation. Cesnouvelles relations économiques Sud-Sudinduisent de véritables opportunités, ainsique des défis, pour les pays africains. Ilimporte de souligner que l’Afrique n’a pasbesoin d’une réforme unique appliquée àtous les cas, puisque les ressources naturelles

et les économies du continent sont fortementhétérogènes. Les réformes et mesures doiventdonc prendre en compte le contexte spéci-fique de chaque pays.

SynthèseCe chapitre présente et analyse plusieurscaractéristiques typiques des économiesd’Afrique richement dotées en ressourcesnaturelles, expliquant pourquoi cette richesserisque d’étouffer les perspectives de crois-sance et de développement. Cependant,l’étude des tableaux, données et graphiquesexposés révèle les tendances et conclusionssuivantes :c Les pays d’Afrique richement pourvus

en ressources naturelles sont plus riches(en termes de recettes, de PIB et de PIBpar habitant) que leurs pairs pauvres enressources naturelles. Cet écart s’estréduit entre 1980 et 2000, mais il secreuse de nouveau à cause du récentboom des ressources naturelles.c Cependant, globalement, et en

moyenne, les pays richement pourvusn’ont enregistré qu’un taux de crois-sance moyen de 2,4 pour cent sur1981-2006, niveau nettement inférieuraux 3,8 pour cent constatés enmoyenne dans les pays pauvres en res-sources naturelles.c Le groupe des pays côtiers pauvres en

ressources naturelles, qui abrite presqueun quart de la population africaine,affiche une croissance moyenne de4,1 pour cent, bien plus que les2,3 pour cent enregistrés par les payscôtiers richement dotés. En effet, le faitd’être richement pourvu en ressourcesnaturelles ne semble pas faire une grandedifférence pour les pays côtiers.

170 Rapport sur le développement en Afrique 2007

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JOBNAME: No Job Name PAGE: 45 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 5911D7B0/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04

c Les pays enclavés disposant de peu deressources sont, de loin, les plus pau-vres. Ils sont cinq fois plus pauvres queles pays richement pourvus en res-sources naturelles, et presque six foisplus que les pays côtiers dotés de peu deressources naturelles. En outre, le tauxde croissance, dans ce groupe de pays,n’est ressorti, en moyenne, qu’à2,5 pour cent entre 1981 et 2006. End’autres termes, le facteur le plusimportant est l’enclavement du pays :ce point est encore plus important quede savoir s’il est, ou non, richementdoté en ressources naturelles, ou quetout autre aspect de cette analyse.

c Les données disponibles indiquent clai-rement que les trois facteurs qui déter-minent le déclenchement d’un conflitarmé (ressources naturelles, faiblerevenu par habitant, faible croissance)sont prédominants dans de vastes zonesdu continent africain. La littératuresouligne également d’autres facteurssignificatifs, tels que l’inégalité verticaleou horizontale, la religion et les échecsde la politique publique.

c La gestion des ressources minérales(pétrolières notamment) dans les Étatsfragiles est largement façonnée parquatre conditions interdépendantes,définies par les interactions entre lapuissance publique, la contestation et leconflit relatif au contrôle des ressourcesminérales. Il s’agit des dysfonctionne-ments de la politique publique, de laprédation étatique, où la recherche derente se substitue à la production derevenus, les économies (parallèles) deguerre dominées par les rebelles, et les

intérêts acquis des acteurs régionaux etinternationaux.

Cette analyse montre que les véritablesavantages potentiels qui découlent de la pos-session de ressources naturelles ne sont paspleinement exploités par les pays qui en dis-posent. Globalement, les performances despays africains riches en ressources sont déce-vantes, surtout sur la période 1980-2000. Lesamères leçons tirées des cycles d’expansion etde récession passés et des taux de croissancedécevants sur ces deux décennies doivent êtreexaminées et servir pour l’avenir, plus encoreaujourd’hui, alors qu’un nouveau booms’affirme sur le continent.

La dernière partie de ce chapitre a mis enavant deux aspects clés du développementfutur de l’Afrique : (1) la gestion transfron-tière des ressources naturelles, et (2) la nou-velle ruée vers les ressources naturelles del’Afrique. La première appelle une coopéra-tion, surtout à l’échelon régional, tandis quela seconde requiert un certain nombre deréformes clés pour que l’Afrique puisse tirerprofit de cette ruée.

En conclusion, malgré les problèmes etles défis qui y sont associés, l’essor du secteurdes ressources naturelles peut, si les condi-tions sont réunies, constituer un catalyseurimportant pour la croissance et le développe-ment. Ce que l’on appelle souvent la « malé-diction des ressources » peut être évité grâce àdes connaissances, institutions et politiquesadaptées. Plusieurs pays d’Afrique en ont faitla preuve, et l’on peut, avec un optimismeraisonnable, penser que d’autres sauront tirerles enseignements des effets négatifs de cyclesd’expansion antérieurs et suivront, à l’avenir,des stratégies et politiques qui leur permet-tront de recueillir tous les bénéfices de cetterichesse en ressources naturelles.

L’Afrique et ses ressources naturelles : le paradoxe de l’abondance 171

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JOBNAME: No Job Name PAGE: 46 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 4977F83F/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04

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172 Rapport sur le développement en Afrique 2007

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JOBNAME: No Job Name PAGE: 47 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 4D1E0578/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04

Annexe, tableau 4B : Exportations de l’Afrique, 2005

Les trois principales exportations et leur part dans le total* Nombre deproduits

composant plusde 75 pour cent

des exportationsProduit I Produit II Produit III

Afrique du Sud Platine (12,5) Charbons divers, nonagglomérés (8)

Or, non monétaire,hors minerais (7,9)

39

Algérie Pétrole brut (67,2) Gaz naturel, liquéfié(13,2)

Gaz naturel, à l’étatgazeux (5,6)

2

Angola Pétrole brut (95,8) 1Bénin Coton, non cardé,

peigné (55,3)Noix comestibles,fraîches, séchées(16,5)

Déchets métalliquesnon ferreux divers(6,4)

3

Botswana Diamants, non indus-triels (88,2)

Mattes de nickel, sin-ters, etc. (8,1)

1

Burkina Faso Coton, cardé, peigné(84,5)

1

Burundi Café, non torréfié(88)

1

Cameroun Pétrole brut (48,8) Bois, hors conifères,scié (14,1)

Bananes, fraîches ouséchées (8,7)

4

Cap-Vert Poisson, surgelé,hors filets (61,4)

Pantalons, etc. (6,3) Turbines à gaz, nonprécisé ailleurs (4)

4

Comores Épices, hors poivre,piments (57,9)

Huiles essentielles(14,2)

Poisson, surgelé,hors filets (12,7)

3

Congo Pétrole brut (88,7) 1Congo,Rép. dém.

Diamants, non indus-triels (42,6)

Minerais non ferreuxdivers, concentrés(17,2)

Pétrole brut (16,7) 3

Côte d’Ivoire Fèves de cacao(38,2)

Pétrole brut (12) Pâte de cacao (7,7) 7

Djibouti Bovins, sur pied (20) Pantalons, etc. (7,2) Déchets/rebutsferreux divers (7)

17

Égypte Gaz naturel, liquéfié(15,8)

Pétrole brut (10,3) Ciment Portland, etc.(4,7)

46

Érythrée Gommes naturelles,résines naturelles,etc. (17,3)

Graines de sésame(8,7)

Mollusques (7,6) 14

Éthiopie Café, non torréfié(47,8)

Graines de sésame(20,2)

5

Gabon Pétrole brut (76,7) Bois, hors conifères,brut, non transformé(10,6)

Minerai de manga-nèse, concentrés(6,9)

1

Gambie Noix comestibles,fraîches, séchées(43,5)

Pelles mécaniques,etc., autotractées(9,9)

Arachides (caca-houètes) (7,7)

6

Ghana Fèves de cacao(46,1)

Minerai de manga-nèse, concentrés(7,2)

Bois, hors conifères,scié (6,7)

8

L’Afrique et ses ressources naturelles : le paradoxe de l’abondance 173

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JOBNAME: No Job Name PAGE: 48 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 45BE1921/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04

Annexe, tableau 4B : Exportations de l’Afrique, 2005 (suite)

Les trois principales exportations et leur part dans le total* Nombre deproduits

composant plusde 75 pour cent

des exportationsProduit I Produit II Produit III

Guinée Minerai d’aluminium,concentré (50,9)

Alumine (oxyde d’alu-minium) (17,2)

Minerai de cuivre,concentré (7,8)

3

Guinée-Bissau Noix comestibles,fraîches, séchées(93,5)

1

Guinéeéquatoriale

Pétrole brut (92,6) 1

Kenya Thé (16,8) Fleurs et feuilles cou-pées (14,2)

Légumes divers, frais,réfrigérés (8,1)

27

Lesotho Tricots, pullovers, arti-cles en maille, etc.(29,2)

Pantalons, etc. (22) Diamants, non indus-triels (15)

4

Liberia Navires (grands etpetits), autres embar-cations (73,9)

Navires spécialisés,etc. (8,9)

Caoutchouc naturel(8)

2

Libye Pétrole brut (95,3) 1Madagascar Tricots, pullovers, arti-

cles en maille, etc.(19,4)

Crustacés, surgelés(13,2)

Épices, hors poivre,piments (9)

14

Malawi Tabac, écôté (59,2) Thé (7,6) Sucre, de betteraveou de canne, brut(5,3)

4

Mali Coton, non cardé,peigné (81,8)

1

Maroc Acides inorganiques,oxydes, etc. (7,2)

Fils isolés, conduc-teurs, etc. (6,8)

Phosphates de cal-cium naturels (5,6)

32

Maurice Sucre, de betteraveou de canne, brut(21,4)

T-shirts, vestes etarticles en mailledivers (18,7)

Chemises (7,6) 10

Mauritanie Minerai de fer,concentré, nonagrégé (51,3)

Mollusques (24) Poisson, surgelé,hors filets (13,5)

2

Namibie Diamants, non indus-triels (39,1)

Produits chimiquesradioactifs (11,4)

Zinc, alliage de zinc,non travaillé (9,7)

5

Niger Produits chimiquesradioactifs (79,5)

1

Nigeria Pétrole brut (92,2) 1Ouganda Café, non torréfié

(31,1)Poisson, filets, frais,réfrigéré (24,3)

Tabac, écôté (7,5) 5

174 Rapport sur le développement en Afrique 2007

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JOBNAME: No Job Name PAGE: 49 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 58D1FB2C/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04

Annexe, tableau 4B : Exportations de l’Afrique, 2005 (suite)

Les trois principales exportations et leur part dans le total* Nombre deproduits

composant plusde 75 pour cent

des exportationsProduit I Produit II Produit III

Républiquecentrafricaine

Diamants, non indus-triels (40)

Bois, hors conifères,brut, non transformé(33,8)

Coton, non cardé,peigné (8,9)

3

Rwanda Café, non torréfié(51,9)

Minerai, etc., molyb-dène, niobium, etc.(19)

Minerais d’étain,concentrés (9,8)

3

Sao-Tomé-et-Principe

Fèves de cacao(55,2)

Navires, structuresflottantes diverses(10,9)

Instruments demesure, dessin (7,6)

4

Sénégal Acides inorganiques,oxydes, etc. (38,8)

Mollusques (9,8) Poisson, frais, réfri-géré, entier (6,4)

8

Seychelles Poissons, préparés,mis en conserve, nonprécisé ailleurs (44,1)

Poisson, surgelé,hors filets (27,5)

Navires (petits etgrands) embarcationsdiverses (11)

3

Sierra Leone Diamants, non indus-triels (62,7)

Fèves de cacao (7,2) Engins agricoles, etc.(4,1)

4

Somalie Ovins et caprins, surpied (34,6)

Bovins, sur pied(19,7)

Poisson, surgelé,hors filets (7,8)

5

Soudan Pétrole brut (89,2) 1Swaziland Sucre, de betterave

ou de canne, brut(14,1)

Préparations alimen-taires, non préciséailleurs (9,3)

Arômes, à usageindustriel (9)

20

Tanzanie Or, non monétaire,hors minerai (10,9)

Poisson, filets, frais,réfrigéré (9,7)

Minerais de cuivre,concentrés (8,6)

15

Tchad Pétrole brut (94,9) 1Togo Fèves de cacao

(22,4)Phosphates de cal-cium naturels (19,8)

Coton, non cardé,peigné (18,6)

8

Tunisie Pétrole brut (9) Pantalons, etc. (8,7) Fils isolés, conduc-teurs, etc. (6,7)

36

Zambie Cuivre, anodes,alliages (55,8)

Cobalt, cadmium,etc., non travaillé (7)

Coton, non cardé,peigné (5,7)

5

Zimbabwe Tabac, écôté (13,9) Nickel, alliage denickel, non travaillé(12,6)

Minerai de nickel,concentré (12,3)

16

Afrique Pétrole brut (49,2)[18]

Diamants, non indus-triels (3,7) [12,6]

Minerai de nickel,concentré (2,8) [17,5]

26

Notes : * Les produits sont mentionnés s’ils entrent pour plus de 4 pour cent dans le total des exporta-tions.** Les chiffres entre crochets indiquent la part de l’Afrique dans les exportations mondiales de chaqueproduit.Sources : Division de la statistique de la Banque africaine de développement ; PC-TAS 2001-2005,Centre du commerce Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement/Organisationmondiale du commerce – Division de statistique des Nations Unies.

L’Afrique et ses ressources naturelles : le paradoxe de l’abondance 175

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JOBNAME: No Job Name PAGE: 50 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 000FE011/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04