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CHAPITRE I : LA PREMIERE GUERRE MONDIALE (1914-1918) INTRODUCTION LA FRANCE, L'EUROPE ET LE MONDE AU DEBUT DU XX ème SIECLE Au XIX ème siècle, les grands Etats d’Europe ont pris une avance considérable sur le reste du monde, techniquement, économiquement et militairement. La France et le Royaume-Uni sont les plus avancés et ont chacun fait la conquête d'un grand empire colonial, en Afrique et en Asie. La Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne, le Portugal ont également conquis des colonies. En revanche, l’Espagne a perdu toutes ses colonies d’Amérique. Mais les Etats européens sont en rivalité sur tous les plans (scientifique, économique, politique, colonial, national, culturel et militaire). Ils se préparent à la guerre et ont conclut deux systèmes d’alliances au cours des années 1890 : - la France, la Grande-Bretagne et l’empire de Russie forment la Triple-Entente ; ces pays sont également alliés à la Serbie. - L’Allemagne, l’Italie et l’Autriche-Hongrie forment la Triple-Alliance. Activité sur le début de la guerre pages 14-15 Le 28 juin 1914, François-Ferdinand de Habsbourg, prince héritier de l’empire d’Autriche- Hongrie, est assassiné à Sarajevo. L’Autriche considère que la Serbie est responsable de l’attentat et lui déclare la guerre, après quelques hésitations, le 28 juillet 1914. Par le jeu des alliances, la plupart des grands Etats d'Europe basculent dans la guerre en quelques jours. Tous les hommes en âge et en état de se battre sont engagés de force dans l’armée : c’est la mobilisation générale. L’Allemagne doit combattre sur deux fronts : à l’Est contre la Russie, à l’Ouest contre la France et le Royaume-Uni. I - LES PRINCIPALES ETAPES DE LA GUERRE En août et septembre 1914, les soldats de l'Alliance (Allemands et Autrichiens) envahissent la Serbie, la Belgique, le Nord de la France et l’Ouest de la Russie (carte p. 16- 17) en quelques semaines. Sur le front Ouest, les soldats des deux camps creusent alors des tranchées, qui courent sur des centaines de kilomètres de long, des Flandres jusqu'en Suisse. En décembre 1914, le front est à peu près stabilisé, avec un net avantage pour l'Allemagne. La stratégie des tranchées est une stratégie défensive, dont le but est de repousser toutes les attaques ennemies. Le front ne bouge plus : c’est une guerre de position. Pour « percer le front

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CHAPITRE I : LA PREMIERE GUERRE MONDIALE

(1914-1918)

INTRODUCTION – LA FRANCE, L'EUROPE ET LE MONDE AU DEBUT DU XXème SIECLE Au XIXème siècle, les grands Etats d’Europe ont pris une avance considérable sur le reste

du monde, techniquement, économiquement et militairement. La France et le Royaume-Uni sont les plus avancés et ont chacun fait la conquête d'un grand empire colonial, en Afrique et en Asie. La Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne, le Portugal ont également conquis des colonies. En revanche, l’Espagne a perdu toutes ses colonies d’Amérique.

Mais les Etats européens sont en rivalité sur tous les plans (scientifique, économique, politique, colonial, national, culturel et militaire). Ils se préparent à la guerre et ont conclut deux systèmes d’alliances au cours des années 1890 :

- la France, la Grande-Bretagne et l’empire de Russie forment la Triple-Entente ; ces pays sont également alliés à la Serbie.

- L’Allemagne, l’Italie et l’Autriche-Hongrie forment la Triple-Alliance. Activité sur le début de la guerre pages 14-15 Le 28 juin 1914, François-Ferdinand de Habsbourg, prince héritier de l’empire d’Autriche-

Hongrie, est assassiné à Sarajevo. L’Autriche considère que la Serbie est responsable de l’attentat et lui déclare la guerre, après quelques hésitations, le 28 juillet 1914. Par le jeu des alliances, la plupart des grands Etats d'Europe basculent dans la guerre en quelques jours.

Tous les hommes en âge et en état de se battre sont engagés de force dans l’armée : c’est la mobilisation générale. L’Allemagne doit combattre sur deux fronts : à l’Est contre la Russie, à l’Ouest contre la France et le Royaume-Uni.

I - LES PRINCIPALES ETAPES DE LA GUERRE En août et septembre 1914, les soldats de l'Alliance (Allemands et Autrichiens)

envahissent la Serbie, la Belgique, le Nord de la France et l’Ouest de la Russie (carte p. 16-17) en quelques semaines. Sur le front Ouest, les soldats des deux camps creusent alors des tranchées, qui courent sur des centaines de kilomètres de long, des Flandres jusqu'en Suisse. En décembre 1914, le front est à peu près stabilisé, avec un net avantage pour l'Allemagne.

La stratégie des tranchées est une stratégie défensive, dont le but est de repousser toutes les attaques ennemies. Le front ne bouge plus : c’est une guerre de position. Pour « percer le front

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», des armes nouvelles sont mises au point : obus, gaz mortels, lance-flammes, avions de bombardement, pour soutenir les fantassins (soldats à pied). Régulièrement, des attaques sont organisées : elles sont vaines mais font beaucoup de victimes. En 1916, deux grandes offensives sont lancées sur le front Ouest : la bataille de Verdun (dans les Ardennes) et la bataille de la Somme (en Picardie). Il y a près d’un million de morts et des centaines de milliers de mutilés. Le résultat est insignifiant, le front n’a presque pas bougé.

Dans les tranchées, la vie des soldats est très pénible : aux souffrances physiques (blessures, manque de sommeil, d’eau et de nourriture), s’ajoutent les souffrances morales (proximité des cadavres, puanteur, rats, absence totale d’hygiène). Les armes nouvelles provoquent des blessures humiliantes : les déformations ou amputations (« gueules cassées ») sont fréquentes à partir de 1915.

En avril 1917, les Etats-Unis d’Amérique entrent en guerre du côté des Français et des Anglais : ils préparent des troupes et du matériel. Mais en décembre 1917, à la suite de la Révolution d’Octobre 1917, la Russie se retire du conflit et négocie la paix avec l’Allemagne (armistice signée à Brest-Litovsk).

En mars 1918, les Allemands réussissent à percer le front Ouest (les tranchées qui traversent la France) et s’approchent à nouveau de Paris. Ils sont repoussés grâce aux renforts américains et à l’utilisation de nouveaux tanks et avions de combat. En octobre 1918, les Allemands ont reculé jusqu’à la frontière de 1914 et le peuple allemand prépare une révolution. Le 11 novembre 1918, une armistice est signée par les Allemands et les Français.

Activités pages 16 à 19 (les phases de la guerre / Verdun) Lecture du livre pages 22-23 II – UNE GUERRE TOTALE : LA MOBILISATION DES CIVILS Activités pages 24-25 Dans les pays en guerre, la société est bouleversée par « l’effort de guerre ». Les usines

sont reconverties pour produire du matériel de guerre (en France, Citroën et Renault fabriquent des obus et des chars). Dans les champs et les usines, les femmes, les vieillards et les enfants remplacent les hommes partis au front. La population civile est rationnée : il faut présenter des cartes de rationnement pour acheter les produits de base (alimentation, habillement).

L’État organise des emprunts (pour payer les approvisionnements de l'armée) et utilise la censure et la propagande (afin d'éviter la diffusion des idées pacifistes). La propagande vise à montrer que la guerre est nécessaire, que l’ennemi est abominable, qu’il faut se battre par tous les moyens, quelles que soient les souffrances. Chaque gouvernement craint qu'une défaite militaire provoque une révolution. Les élections sont supprimées, le courrier est surveillé, le sort des populations civiles est parfois dramatique (génocide des Arméniens, pages 26-27).

Propagande : c’est une forme de publicité organisée par l’État, pour l’État, dans le but de diffuser dans la population des idées, sentiments, opinions, … La propagande d’État passe par tous les moyens : discours, journaux, affiches, chansons, jouets, etc…

Censure : c’est l’interdiction de diffuser certaines idées ou certains aspects de la réalité, sous n’importe quelle forme (journaux, courrier, littérature, théâtre, musique, arts, ...)

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III – BILAN DE LA GUERRE Lire le livre pages 22-23 et 30-31 Activités pages 28-29 (révolution d'Octobre) et pages 32-33 (traité de Versailles) En 1917, des révoltes éclatent dans les pays en guerre, notamment en France et en Russie.

Sur le front, les soldats refusent de se battre. A l’arrière, les ouvriers et ouvrières des usines d’armement se mettent en grève. Les gouvernements et les capitalistes enrichis par la guerre sont menacés par les communistes (bolcheviks en Russie) qui appellent à faire la grève, la paix et la Révolution. En France, des centaines de soldats révoltés sont fusillés pour l'exemple : les révoltes échouent. En Russie au contraire, Lénine et Trotski, chefs des bolcheviks, prennent le pouvoir en octobre 1917 à Saint-Petersbourg. Lénine décide la paix immédiate et le partage des richesses. Une partie des Russes refusent la Révolution : la guerre civile fait plusieurs millions de morts et se termine en 1921 (épisodes célèbres : le wagon de Trotski – La Makhnovchtchina – Le coup de grâce de M. Yourcenar). A la fin de 1918, les communistes allemands (spartakistes dirigés par Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht) tentent de prendre le pouvoir à Berlin. Ils sont massacrés en janvier 1919.

Soviets : mot russe signifiant « conseil » ou « assemblée ». A partir de 1917, en Russie, les ouvriers, soldats et paysans s'organisent en soviets.

Par l’armistice du 11 novembre 1918, les pays vaincus (Allemagne, Autriche-Hongrie, Empire Ottoman) acceptent par avance toutes les conditions des vainqueurs (France, Royaume-Uni, États-Unis, Italie). Le traité de paix signé à Versailles en juin 1919 impose des sanctions très lourdes à l’Allemagne :

- pertes de territoire (art. 51, 87 et 119 du traité : Europe + colonies d’Afrique); - obligation de payer des « Réparations » (articles 231 et 232) ; - interdiction d’entretenir et d’équiper une armée moderne (articles 160, 171, 198) ; Pour beaucoup d’Allemands, ce traité de paix est une humiliation, qu’ils appellent « diktat

de Versailles ». Certains rêvent d’une revanche et d’une vengeance. Les frontières de l’Europe centrale et orientale sont profondément modifiées : l’empire

d’Autriche-Hongrie, l’empire russe et l’empire ottoman disparaissent, tandis que de nouveaux Etats sont créés : Pologne, Tchécoslovaquie, Yougoslavie, pays baltes, Irak, etc… La guerre a fait plus de 8 millions de morts et 6 millions d’invalides parmi les soldats. Les victimes civiles sont également nombreuses (massacre des Arméniens, veuves et orphelins, grippe espagnole). Les dégâts matériels sont très lourds (villes et villages détruits, champs impossible à cultiver). Les familles et l’économie sont totalement désorganisées.

Bien que l’Europe domine encore le monde (colonies, avance technologique), elle commence à être rattrapée par les États-Unis et le Japon, et les colonies perdent confiance dans les pays responsables de cette barbarie. Dans les années 1920, le souvenir de la guerre est omniprésent. Les associations pacifistes et d’anciens combattants affirment que cette guerre doit être la « der des der ». Partout en Europe, sur les places des villes et des villages, près des mairies, des églises et des cimetières, on construit des monuments aux morts, portant les noms des combattants « morts pour la patrie ». Quelques anciens combattants deviennent écrivains (Louis-Ferdinand Céline, Blaise Cendrars, Erich Maria Remarque, Ernst Junger...) ou artistes (Otto Dix, page 20-21).

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Document A : Affiche collée dans toutes les communes de France en août 1914

Document B – L’avancée des troupes allemandes dans le Nord de la France, en août 1914

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LA PROPAGANDE ENTRE 1914 ET 1918, EN FRANCE ET EN ALLEMAGNE

Document C : Discours d’Albert Sarraut, ministre de l’Instruction publique, prononcé à

l’occasion de la rentrée des classes au lycée de Bordeaux, le 3 octobre 1914. « C’est bien, cette fois encore, contre la bête humaine en arrêt d’évolution, contre le vandale

rester le même après quinze siècles de progrès humain que, comme le chevalier étincelant de jadis, la France latine a tiré l’épée. C’est, de nouveau, le choc violent de la civilisation et de la barbarie, la lutte de la lumière et de l’ombre. (…) . La haine allemande pour la France est celle de la chose qui rampe contre la chose qui éblouit, la haine du reptile pour l’étoile. Elle hait, d’une férocité jalouse, sa science, sa culture, son esprit, son cœur, sa tradition. Sa tradition avant tout ! Car elle sait que la France est la Nation-lumière. (…). Toutes les grandes idées qui ont transfiguré l’âme et le visage du monde ont jaillit sur son sol. La France est la terre classique de l’idéalisme, de la chevalerie, de la bonté, de l’altruisme. Etc … »

Document D : Caricature parue dans un journal allemand en 1917

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Document E : Photo aérienne du champ de bataille de Verdun en 1917

Document F – L’organisation des tranchées

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Document G – La mobilisation dans un village des Alpes

« C’était la pleine moisson. Quand on a entendu les cloches sonner, on s’est tous demandé pourquoi elles sonnaient comme ça. C’est le garde-champêtre qui nous a annoncé la nouvelle. Il disait à tous ceux qu’il croisait : "C’est la guerre, c’est la guerre !" Vraiment, ça n’avait pas l’air vrai, le mot lui-même ne semblait pas réel [...].

Ce n’est que le lendemain, ou le surlendemain, que la guerre a commencé à montrer son vrai visage. Quand les ordres de mobilisation générale et les feuilles de route sont arrivés dans les familles, les gens ont commencé à se rendre compte que la guerre était bien réelle. Tous les hommes valides recevaient leur feuille, la guerre c’était d’abord ça, la séparation. Il y en avait qui prenait ça à la rigolade : "ça va nous faire des vacances en plein été." Mais il y avait les autres, les inquiets qui voyaient tout en noir. Pour ceux-là, la guerre, ou tout simplement s’en aller en quittant les moissons, c’était la fin de tout. Finalement, ils sont tous partis. En l’espace d’une semaine, le village avait changé du tout au tout, il n’y avait plus un homme entre vingt et trente ans, ils étaient tous à la guerre. »

Émilie Carles, Une Soupe aux herbes sauvages, J.-C. Simoën, 1977.

Document H – Les objectifs de la Révolution russe d’Octobre 1917

« Une quatrième année de guerre signifierait la ruine de l’armée et du pays. Le peuple doit être sauvé du péril. La révolution doit être menée à bonne fin. Le pouvoir doit être arraché des mains criminelles de la bourgeoisie et remis entre les mains des ouvriers organisés, des soldats et des paysans révolutionnaires. Le programme de notre journal est celui du soviet des ouvriers et soldats de Petrograd. Tout le pouvoir aux soviets, dans la capitale comme en province ! Trêve immédiate sur tous les fronts ! Une paix honnête et démocratique entre les peuples ! Les terres des propriétaires aux paysans, sans rachat ! Contrôle ouvrier de la production ! Une assemblée constituante loyalement convoquée ! »

Éditorial du journal « Rabotchi i soldat » du 17 octobre 1917. Document I – Trois lettres de poilus sur les révoltes de 1917

« Dans la division, ils commencèrent à marcher avec le drapeau rouge, car nous sommes en retard de six semaines pour les permissions. C’est honteux de nous faire monter comme cela. Enfin, la fin de la guerre est proche. Le 129e, le 36e, le 74e se sont révoltés et tout le 20e corps. Nous refusons de monter aux tranchées et surtout d’aller à la boucherie comme des moutons, et tous les régiments d’infanterie vont faire pareil. Ce sera comme en Russie. La division est en révolution. Nous ne voulons plus marcher. [...] Enfin que cela finisse bien ou mal, je m’en fous pourvu que ça finisse. Mais j’ai peur que ma lettre passe à la censure. Il faut en finir avec la guerre qui aboutit à la destruction des ouvriers et à la consolidation des intérêts du capitaliste. Il faut la paix ou la révolte. » (Lettre d’un soldat du 36e RI., saisie du 3 juin 1917, Archives militaires.)

« Tous les soldats crient : « A bas la guerre ! » et refusent de prendre les lignes. J’espère que tous en feront autant et que nous finirons ce carnage depuis qu’il dure... A Soissons, ils ont tué deux gendarmes. Nous n’avons rien à gagner à la continuation de la guerre. Ça a l’air de chauffer grave à Paris avec les grèves. Tant mieux. » (Lettre d’un soldat, retenue par le contrôle postal).

« 24 mai 1917. Voici les faits. La journée s’était passée dans le plus grand calme, il y avait eu même moins d’abus sur le pinard que les jours précédents. Mais après un petit incident à la 11e Compagnie (assaut de boxe du lieutenant avec un poilu) juste au moment de la soupe, il fut décidé dans tout le 3e bataillon et le 2e bataillon aussi que personne ne monterait. Les officiers ayant eu vent de cette rumeur passèrent dans leurs compagnies à la soupe afin de sonder les poilus et les exhorter au calme et à monter quand même. Rien à faire : tout était décidé ; à 17 heures, heure du rassemblement, tous sortirent dans la rue en veste et calot, et entonnèrent l’Internationale. Les fusils mitrailleurs étaient braqués, prêts à tirer si une compagnie avait le malheur de monter. Commandant, colonel et général de Corps vinrent supplier les hommes. Ce dernier fut hué au cri de « A mort ». Vous voyez d’ici le tableau. » (Lettre d’un soldat du 128ème RI, 5ème armée)

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Correction de l'activité pages 14-15 sur le début de la guerre 1 – D'après le document 2 (rapport Moltke), les États qui s'opposent sont d'un côté la Triple-

Alliance (Allemagne + Autriche-Hongrie + Italie) et de l'autre la Triple-Entente (France + Royaume-Uni + Russie). D'après Moltke, les rivalités sont à la fois territoriales (menaces de la France et de la Russie sur l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie) et économiques (inquiétudes britanniques face à la puissance commerciale allemande).

2 – Les deux grandes alliances militaires sont la Triple-Alliance et la Triple-Entente évoquées à la question précédente. Ce sont des alliances défensives car elles ont pour but de défendre un allié seulement s'il est attaqué, non s'il attaque.

3 – Les dépenses d'armement augmentent sensiblement dans tous les grands États européens, particulièrement en Allemagne : les gouvernements se préparent à la guerre.

4 – Sarajevo est la grande ville de Bosnie, une province de l'empire d'Autriche-Hongrie, dans le Sud-Est de l'Europe (montagnes des Balkans). L'attentat de Sarajevo est l'assassinat du prince héritier d'Autriche-Hongrie. La Serbie est accusée par l'Autriche d'être responsable : elle est menacée puis attaquée par l'Autriche le 28 juillet 1914. En application des accords de la Triple-Entente, la Russie déclare la guerre à l'Autriche, puis l'Allemagne à la Russie, enfin la France et l'Angleterre à l'Allemagne : les troupes sont mobilisées, pour une guerre que chacun espère courte et rapide.

Correction de l’activité pages 16-17 sur les principales étapes de la guerre 1 – Les deux camps en 1914 sont les puissances centrales (Allemagne, Autriche-Hongrie, c'est-

à-dire la Triple-Alliance sans l'Italie) et l'Entente (France, Royaume-Uni, Russie, Serbie). Les puissances centrales sont rejointes par la Bulgarie et l'Empire ottoman en 1915. L'Entente est rejointe par le Portugal, l'Italie, la Grèce et la Roumanie en 1915 et 1916.

2 – Sur le front de l'Ouest, entre 1914 et 1917, c'est une guerre de tranchée, le front ne bouge presque pas, la situation est bloquée, malgré plusieurs grandes batailles qui font des centaines de milliers de morts (Somme et Verdun en 1916, Chemin des Dames en 1917).

3 – Sur les autres fronts européens, la situation évolue en faveur des puissances centrales : la Russie perd des territoires, la Roumanie et la Serbie sont envahies par l'Autriche, le débarquement des Dardanelles est un échec pour l'Entente.

4 – Les deux événements qui changent les rapports de force sont d'une part les révolutions russes, qui entraînent l'effondrement du front Est, la sortie de la Russie de la guerre, donc la possibilité pour l'Allemagne de concentrer ses forces à l'Ouest ; d'autre part l'entrée en guerre des Etats-Unis du côté de l'Entente, donc l'espoir pour la France d'une supériorité industrielle, technique et numérique.

5 – En 1918, l'armée allemande progresse vers Paris jusqu'en juillet, mais est contrainte à une retraite rapide au cours de l'été, face à l'efficacité des chars Renault et aux renforts américains. En novembre 1918, la frontière allemande est atteinte en plusieurs points et l'Allemagne demande l'armistice.

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Correction de l'activité pages 18-19 sur la bataille de Verdun 1 – Verdun est une ville du Nord-Est de la France, à la limite de la Champagne et de la Lorraine. C'est

une ville stratégique, sur la Meuse, dont le contrôle permet d'envoyer rapidement des troupes vers Paris. Les deux phases de la bataille sont l'attaque allemande (de février à juillet 1916), qui permet aux Allemands de progresser d'environ 10 km, puis la contre-attaque française (de juillet à décembre 1916), qui repousse un peu la menace allemande sur Verdun.

2 – La tranchée du document 2 est plus large et plus profonde que celle du document 4 : elle permet un peu mieux le repos des soldats et des petites excavations ont été aménagées pour se protéger. La tranchée du document 4 a été creusée à la hâte, sans idée d'y stationner quelques jours, plutôt comme un avant-poste duquel on va sortir rapidement pour attaquer les Allemands et reprendre Douaumont.

3 – Les armes citées dans ces témoignages sont les obus, les liquides enflammés, les gaz asphyxiants. Il est difficile de dire lesquelles sont les plus meurtrières, mais ce sont probablement les gaz.

4 – Dans les tranchées, les souffrances des soldats sont à la fois physiques – blessures, absence totale d'hygiène, parasites = rats et poux, faim, soif, absence de sommeil – et morales – proximité des cadavres et de la mort. Le contact avec l'arrière est maintenu par le courrier, les lettres reçues et envoyées, malgré la censure.

5 – Les conséquences des combats sont d'une part un nombre considérable de morts (plus de 300.000) et de blessés et mutilés de guerre (plus de 400.000), d'autre part la déshumanisation des combattants, qui sont restés traumatisés par cette expérience abominable.

6 – Une bataille stratégique / Une violence exceptionnelle / Des morts pour rien

Correction de l’activité pages 24-25 sur la mobilisation des civils 1 – Les principaux changements concernant les usines Renault sont d’une part la reconversion des

productions (diminution importante de la fabrication de voitures, très forte augmentation de la production de matériel de guerre, camions de transport des troupes, chars d’assaut, moteurs d’avions, obus) et d’autre part l’augmentation du personnel (le nombre de travailleurs est multiplié par 3 et la proportion de femmes parmi les ouvriers passe de 4 % à plus de 30 %).

2 – Les pénuries à Berlin s’expliquent à la fois par le blocus anglais des côtes allemandes, qui empêchent le ravitaillement, par la réquisition d’une grande partie des productions pour les besoins de l’armée, enfin par la diminution des volumes de productions parce que beaucoup d’hommes sont sur le front et ne travaillent plus dans les champs ou les usines. Les conséquences de ces pénuries sont la misère d’une partie de la population, la sous-alimentation et le développement des maladies, notamment la grippe espagnole à la fin de la guerre.

3 – L’affiche montre des mains portant une pleine poignée de pièces de monnaie : les pièces débordent et en tombant, se transforment en munitions. Derrière cette pluie de pièces, on voit une sorte de récépissé d’emprunt (reconnaissance d’emprunt de l’Etat), dont le taux d’intérêt, en haut à gauche est 4,5 %. Au dessus, on lit en anglais « Transformez votre argent en balles ». L’objectif de l’affiche est d’inciter la population à prêter de l’argent à l’Etat, à la fois pour payer les dépenses militaires et pour s’enrichir.

4 – L’école mobilise les enfants par des discours à la fois patriotiques (aimer son pays), nationalistes (notre pays est le meilleur) et militaristes (il faut se battre contre cet ennemi « sans conscience »). C’est une forme de propagande pour éviter la diffusion d’idées pacifistes.

5 – Dans Lille, occupée par les Allemands depuis septembre 1914, les principales difficultés sont l’approvisionnement, l’augmentation des prix, les réquisitions allemandes, à la fois en matériel et en main d’œuvre (hommes et femmes contraints de partir travailler en Allemagne). Un acte de résistance est le refus, le 14 août , à Lille, Roubaix et Tourcoing, de déclarer certaines marchandises, pour ne pas être obligé de les donner aux Allemands.

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Correction de l'activité pages 28-29 sur les révolutions russes 1 – Les conditions de vie des civils, en Russie, pendant l’hiver 1917 sont particulièrement misérables

et expliquent en grande partie le mécontentement de la population. Les prix des marchandises de première nécessité ont beaucoup augmenté, la misère accable des millions de Russes, les ouvriers sont mal payés, les désastres militaires s’accumulent, le rôle de Raspoutine est particulièrement trouble. On peut aussi penser que les chefs de l’armée russe n’ont pas les compétences suffisantes pour être respecté par leurs propres troupes.

2 – Les conséquences politiques de la grève générale des ouvriers, puis des soldats, en février 1917 sont l’abdication du tsar Nicolas II, et la formation d’un gouvernement provisoire modéré, dirigé par Kerenski, qui choisit de poursuivre l’effort de guerre.

3 – Le programme des bolcheviks est simple : paix immédiate, partage des richesses, démocratie économique et politique (« Tout le pouvoir aux soviet »). Les bolcheviks accusent le gouvernement de Kerenski (révolution de février) et la bourgeoisie russe de s’enrichir aux dépens du peuple sacrifié.

4 – Ce célèbre tableau de Vladimir Serov (1947, pour les trente ans de la Révolution) montre Lénine s’adressant à une foule enthousiaste, exclusivement masculine, composée de soldats, marins et ouvriers de Petrograd. Le titre indique que Lénine tient ce discours après la prise du palais d’hiver, probablement le 26 octobre 1917, probablement pour justifier les événements et donner des ordres. Lénine est habillé à l’occidentale, tend le bras et regarde au loin, pour indiquer quelle direction doit prendre la Révolution.

5 – Les deux décrets sur la paix et sur la terre écrits et signés par Lénine le 26 octobre 1917 sont symboliques de la rupture avec l'ancien régime tsariste. Par le décret sur la paix, le gouvernement bolchevik s’affirme représentant des ouvriers, paysans et soldats, c’est-à-dire des « classes ouvrières et laborieuses épuisées par la guerre ». La propriété privée de la terre est abolie et les champs sont mis gratuitement à disposition des paysans. Une demande de paix immédiate est faite aux pays en guerre. Le gouvernement bolchevik espère ainsi être soutenu par la population pour consolider son autorité.

Correction de l'activité pages 32-33 sur les traités de paix de 1919

1 – Les nouveaux Etats créés sur le territoire de l’empire russe sont l’URSS, la Finlande, les pays

baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie) et la Pologne. Les nouveaux Etats créés sur le territoire de l’empire d’Autriche-Hongrie sont l’Autriche, la Hongrie, la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie et la Pologne. La Roumanie est agrandie par les annexions de la Moldavie (Est) et de la Transylvanie (Ouest).

2 – a/ Les signataires du traité de Versailles sont l'Allemagne (pays vaincu) et les pays vainqueurs : France, Royaume-Uni, Italie, États-Unis.

2 – b/ D'après ces extraits du traité de Versailles (1919), l'Allemagne perd des territoires à la fois en Europe (au profit de la France et de la Pologne, art. 42, 43, 51, 87) et dans le reste du monde (colonies en Afrique, notamment : Cameroun, Tanzanie, art. 119).

2 – c/ De plus les articles 160 à 198 précisent les limites imposées à la puissance militaire allemande : moins de 100.000 hommes, pas de tanks, pas d'avions.

2 – d/ Les articles 231 et 232 précisent que l'Allemagne doit payer pour les destructions provoquées par la guerre (132 milliards de francs-or), parce qu’elle a perdu et qu’elle est désignée comme responsable de la guerre.

3 – D’après l’article 16 du pacte de la SDN (Société des Nations), les moyens disponibles pour maintenir la paix dans le monde sont à la fois économiques (rupture des relations commerciales et financières) et militaires (forces armées destinées à faire respecter les engagements de la Société).