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CHASSE, PÊCHE, NATURE ET RÉINTRODUCTION UNE CRITIQUE DE LA GESTION DE LA FAUNE Article paru dans le numéro 4 de la revue Nunatak, printemps/été 2019.

CHASSE, PÊCHE, NATURE ET L · 2020. 6. 22. · Mais voilà le hic : il se pourrait bien qu’à l’image de nombre de ses congénères, l’auteur de ces lignes étouffe sous le

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es réintroductionsd’espèces réalisées engrande pompe occupentrégulièrement l’espace

médiatique, d’autant plus quandl’individu concerné appartient à lacatégorie des grands prédateurs.Au-delà de l’actualité ursuline,Andy Manché, habitué de noscolonnes, nous propose de prendreun peu de recul sur la biennommée gestion et protection dela nature.

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CHASSE, PÊCHE,NATURE ETRÉINTRODUCTION

UNE CRITIQUE DELA GESTION DE LAFAUNE

Article paru dans le numéro 4 de larevue Nunatak, printemps/été 2019.

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« Car oui ! Camarades ! C’est bien grâceà une alliance entre les espèces que nousmettrons une race au capitalisme ! ».

Bakounine Michou

Évitez les sujets polémiques,bande d’abrutis ! Ne parlezpas du loup, ne parlez pas de

l’ours » conseillait avec bienveillance unformateur à ses poulains lors d’unséance dédiée à la faune. « Imaginezqu’un chasseur se cache dans le groupeauquel vous vous adresserez ! » Dans lepetit monde libéral de l’éducation àl’environnement, le client est roi, etaucune remarque ou affirmation ne doitpasser au travers des mailles de laneutralité. Cette petite anecdote plutôtà côté de la plaque n’était qu’un prétextepour introduire la question – elle aussihors sujet – de la chasse. Hors sujet carl’intention première de ce texte est devous parler de la réintroductionanimale, pratiquée entre autres par lesfédérations de chasse et supervisée parl’ONCFS1. Point n’est besoin, donc, de seperdre en considérations sur lespratiques cynégétiques comme c’ est lecas dans les premiers paragraphes quisuivent. Quelle mesquinerie ! Mieuxvaudrait aller au but sans trop decirconvolutions plutôt que de se livrer àun trop bref exercice de critique de celoisir mêlant sport et passion, quecertains interpréteront comme partisanen plus d’être gratuit, et ce bien qu’ilsoit exécuté avec le détachement derigueur…

«

1 Office Nationale de la Chasse et de la Faune Sauvage, sous l’ égide des ministères dédiés à l’ Environnement età l’ Agriculture. Le rôle et le rapport à la chasse sont centraux dans l’orientation, les choix et les mises en place des politiques de réintroduction.

Car comme le soulignait le formateur, ilne faut pas heurter les chasseurs, cesâmes sensibles que tout le mondesemble vouloir se mettre dans la poche.Mais voilà le hic : il se pourrait bien qu’àl’image de nombre de ses congénères,l’auteur de ces lignes étouffe sous lepoids de cette pratique exclusive et qu’ilait la conviction de ne pas être un casisolé. Alors tant pis pour le consensusmilitant qui voudrait que tout ce qui estpopulaire soit sacré et à brosser dans lesens du poil. Après tout, nous nesommes pas à la chasse aux votes... Lesinternationalistes lecteurs du ChasseurFrançais éviteront un possible choccardiaque en sautant les deux premiersparagraphes... Toutefois, ilsrelativiseront en se disant que deuxparagraphes ne sont pas grand choseface à une industrie ayant ungouvernement et pléthore de revues à sadisposition. Quant aux autres, soyezindulgents et allez jusqu’à la fin si lacuriosité vous pousse au-delà de cesquelques involontaires divagations. Avecplus d’un million de chasseurs2 , laFrance fait donc figure de très bonneélève dans le domaine de la tuerie dedélassement. S’il ne s’agit passpécialement de s’en prendre à ce rituelconsistant à tromper l’ennui endégommant des animaux, force est deconstater que nos intrépides trappeursoccupent le territoire aussi bien pendantla saison de chasse que pendant lesquelques mois où les armes sont censéesrester à la maison. Non parce qu’ilsbraveraient en masse la périoded’interdiction, mais parce que lediscours d’un million d’adeptes de ce

2 Ce chiffre tient compte aussi bien des bons que des mauvais chasseurs.

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que l’État propose à l’intérieur d’unepoignée de périmètres balisés. On necombat pas un cataclysme en en attisantun autre, ou en menant des expériencesisolées qui ressemblent de plus en plus àdes musées ou à des zoos à ciel ouvert,mais en sapant les fondements d’unsystème sénile qui nous impose un telspectacle comme la normalité.

Andy Manché Illustrations de Célia

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Les articles et les numéros de Nunatak sont consultables en ligne : revuenunatak.noblogs.org

[email protected]

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territoires dits de moyenne montagne,dénués de grandes parois isolées. Avecune période de nidification occupantenviron les trois quarts de l’année etl’habitude établie d’abandonner le niden cas de dérangement, le danger quefont peser certains amoureux de lanature sur ces espèces est maintenantun fait reconnu. La gestion de laréintroduction à la sauce parc nationalest donc embourbée dans unecontradiction indépassable. Lescommissions responsables desprogrammes de réintroduction aurontbeau croire sincèrement dans le bien-fondé de leur action, leurs membresauront beau penser individuellementque le problème est global, la promotionfaite autour de ces opérations participeà la création du problème qu’ elles seproposent de freiner. Et personnen’imagine cette publicité disparaître desitôt. Le capitalisme ayant depuislongtemps atteint l’étroite limitegéographique qu’est la planète, il s’agitdésormais de la presser et d’intensifierson exploitation là où cela n’a pas encoreété suffisamment effectué. On neproduira certes jamais autant de valeurmarchande dans les territoiresmontagnards et ruraux que dans lesquartiers d’affaires, mais lefonctionnement sous forme de crisepermanente de l’économie mondialepasse par l’augmentation et lamultiplication des cadences partout oùcela est possible. La mise en valeur duterritoire, ce n’est pas une tentative derevenir à des pratiques supposéesauthentiques afin de juguler les ravagesqu’y a causé la marchandise. C’est aucontraire extraire de la valeur derégions où l’industrie et le service se

sont peu implantés et où, commepartout, la loi de la rentabilité doit plusque jamais s’appliquer. La course à lacroissance passe également par là. C’estdonc aussi à travers la promotion deparcs nationaux riches en biodiversitéque l’on attire et que l’on fait tournerl’économie locale. Mais foin dedémonstrations prétendant faire croireau lecteur que nous comprenons quelquechose à l’économie ! De naturecompréhensive, nous ne profiterons pasde cette amorce de conclusion pour vousenquiquiner par un pseudo-maniementde science marxisante.

En insistant sur la richesse faunistiquede ses territoires, l’État, parl’intermédiaire de ses parcs et autreszones classées, stimule le tourisme et seveut une courroie de transmission versles acteurs économiques locaux :hébergements, restauration, industriedu loisir et de l’activité pleine nature.Ces derniers le savent d’autant mieuxque la plupart agitent, qui unbouquetin, qui un ours, qui – faute demieux – une marmotte, telles lesmascottes de leurs vertes vallées. «Ariège, pays de l’Ours », chantent lescommerçants de cette partie desPyrénées dès lors qu’ils vendent autrechose que de la viande ou du fromage.C’est finalement en gardant en tête lesperspectives larges dans lesquelles sesituent les politiques de réintroductionque l’envie de nous positionner à leursujet nous est coupée nette. Ladisparition des espèces nous inquiète,mais pas seulement celle des espècescommerciales, loin s’en faut. Nous nousfoutons de la perspective purementcontemplative, provisoire et palliative

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loisir 100% tradition résonne autrementplus fort que – par exemple – celui demillions de travailleurs précarisés. Lescourbettes du chef actuel de l’Étatfrançais envers la chasse, qui semblentdécidément une marque de fabriquechez les présidents jeunes etdynamiques3, ont marqué l’actualité del’hiver dernier et de ce que l’on appellela rentrée politique. Outre cetanachronisme imbécile qu’est latradition française ou ce fétichismecrétin pour les armes à feu, la chasseprétend être à la croisée d’autresvaleurs. Les chasseurs seraient ainsi lespremiers écologistes. Dans le sens oùleur action – de masse pour une fois –participerait au rééquilibrage d’unechaîne alimentaire depuis longtempsatrophiée par l’acharnement deshommes. En tentant d’endiguer lepullulement d’animaux qu’ils ontpourtant largement contribué àrépandre, les chasseurs seraient ledernier rempart qui préserveraitcertains villages d’une attaque en règlepar des hordes de cochons sauvages. Sirien n’est fait, ceux-ci ne se contenterontplus de piétiner nos potagers maistransformeront les villages en champsde ruine et dévoreront les enfants à lasortie des écoles. Si, d’une certainemanière, ce discours ne comporte pasuniquement du faux, il est toutefoisporteur de ce cynisme que toutgestionnaire du désastre doit faire sien :il n’est pas moins faux d’affirmer que,3 Avant Macron, c’ était Giscard qui avait été le plus jeune

président élu. Fort de son image de jeune loup au top de la forme, il pensait casser l’ image de la vieille politique en allant boire des coups avec le petit peuple dans les villages, en prenant le petit déjeuner avec des éboueurs ou en serrant la paluche d’ un détenu... avant d’aller honorer la politique françafricaine et, après les signatures de contrats et autres accords militaires, de partir chasser l’ éléphant sous le feu des projecteurs.

pour pouvoir continuer à fonctionner, lesystème économique a besoin aussi biend’énergie polluante que d’une réserved’esclaves. Faut-il pour autant accepterla gestion de la faune telle que nous lapropose l’industrie de la chasse, commeil nous faudrait accepter la fuite enavant nucléaire sous prétexte que lescentrales existent déjà ? Pour qui loue lagrandeur de l’esprit de l’homme, sonimplacable supériorité dans le domainedu vivant, le génie d’une espèce qui a étécapable d’institutionnaliser, légiférer etmilitariser la loi de la jungle, alors laréponse est certainement positive. Aurebours de cette posture consistant àgérer la catastrophe, une autre se plaît àprésenter la chasse comme une pratiquequi replace les humains dans une chaînealimentaire et une relation à l’animalforcément saine, puisque naturelle. Onse cassera donc les dents pour y décelerautre chose qu’une énième conjugaisondu mot nature, son simple emploi ayantforce d’autorité. On ne sait pas à quellemythification de l’histoire des sociétéshumaines, ni à quelle naturalité de lachaîne alimentaire cette esquisse de lachasse renvoie, mais quoi qu’il en soit,ce n’est certainement pas au territoireeuropéen où les forêts primaires ontdisparu, où les grands prédateursmangent bien plus de bastos que demoutons, où rongeurs et mustélidés ontété des siècles durant transformés enmanteaux ou en paires de gants que l’oncherchera quelque chose pouvants’apparenter à une chaîne alimentairecomplète et assurant son cycle. Bref,d’une part, il est difficile de comprendreen quoi telle pratique serait plusnaturelle que telle autre dans un mondepeuplé de plus de 7,5 milliards de

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consommateurs ou aspirants à ledevenir. D’autre part, l’ambiguïté duterme de nature appliqué à unfonctionnement sociétal lui donne uneplasticité telle qu’on l’entend sortir aussibien de la bouche d’un hippie exalté quede celle d’un apôtre du darwinismesocial ; de celle d’un chasseur né avec unfusil en bandoulière aussi bien que decelle d’un nazillon embrassant la loi duplus fort. La nature peut s’interpréteraussi bien comme la source d’inégalitésqu’elle est souvent que comme leformidable réservoir de solidaritésinterspécifiques qu’elle est parfois. Toutpeut s’argumenter en son nom :l’homophobe y puise de quoi justifier sahaine ; le libertaire terrassé par unecrise de poésie voit dans son harmonieapparente un beau jour de printemps lemodèle d’une société libérée. Aussi nousabstiendrons-nous de l’emploi de ce mot,dès lors que l’on cherche à lui fairerevêtir une idée plutôt que la simpledescription d’un milieu un minimum àl’écart de la civilisation.

Mais revenons-en à nosmouflons. Les espèces sontclassées entre nuisibles ouutiles, non en fonction du rôlequ’elles pourraient avoir dansles rares zones où un semblantd’équilibre écologique aurait puse maintenir, mais en fonctionde la concurrence que celles-cifont au fanatisme hégémoniquede la nôtre. Un loup bouffe unagneau : il faut buter tous lesloups. Un requin malinspiré se

claque la cuisse d’un surfeur blondavant de la recracher : il faut tuer tousles squales (au lieu de tuer tous lessurfeurs blonds). Une vipère mord lacheville du distrait randonneur qui lapiétinait : il faut fumer tous lesserpents. La fouine ou l’hermines’adonne à des incursions nocturnesdans les poulaillers : il faut exterminerles mustélidés. C’est uniquement enfonction des contraintes qu’ellesapportent à nos modes de vie que lesespèces sont autorisées à vivre oucondamnées à la persécution. Maismême – et c’est vous dire ! – dans lesprojets de certains gestionnaires duprésent, cette logique a fait long feu. Cars’il était normal de penser sans sel’avouer « après nous le déluge » il y a àpeine une génération, nombreux sont lesindices permettant d’entrevoir à courtterme le déclenchement incontrôlable deréactions en chaînes consécutives audérèglement généralisé du vivant. On sefout des générations futures : c’est une

chose évidente et presque admise parchacun, depuis ledirigeant jusqu’auconsommateur. Mais on

ne se fout pas de la nôtre :à quoi bon trimer quarante et

quelques années auturbin si, le jour de laretraite, touts’effondre ?

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ces zoos qui ne veulent pas dire leurnom, tels ces loups du Gévaudan vantéspar les plaquettes touristiques ? Sont-elles guettées par le même avenirpathétique que ces pandas géants à quides équipes de scientifiques projettentdes films coquins afin de stimulerune reproduction en déclin ? Carc’est bien par une grève desparties honteuses que cesanimaux ont réagi à ladisparition de leur biotope et àleur conservation artificielle...Aussi surréelle que puissesembler cette situation, nousen sommes là et ce texten’est pas le début d’un livrede science-fiction.

Enfin, un constat s’imposedès lors que l’on observela pratique de laréintroduction dans lesparcs nationaux et autresréserves naturelles : c’estparmi les espècesspectaculaires que cesopérations grappillentgénéralement leurscandidats, plutôt queparmi celles dont ladisparition ouraréfaction a desconséquences autrementplus graves. Citons pourexemple les grandsongulés (cerfs,mouflons,bouquetins...) qui enimposent par leurtaille, ou l’ours,spectaculaire dans unmonde où la fausse

sensation forte est une demande. Quantau castor, bien que moyennementimposant, il bénéficie d’une certainesympathie dans l’imaginaire collectif, enplus de faire faire des économies auxcollectivités territoriales en assumant

une partie de l’entretien des bergeset en permettant de les mainteniraccessibles. C’est du moins une desraisons de sa réintroduction danscertains pays d’Europe. La mise envaleur des espèces dans la stratégiede communication des parcs ouréserves sert bien entendu à

valoriser le territoire d’un point devue économique. Car dans le purintérêt de ces animaux, le

battage médiatique autour deleur présence est une véritabletare. N’importe quel responsablede programme de réintroductionsait pertinemment que lesilence est le meilleur allié d’unlâché de faune sauvage. Caroutre les éternels chasseurs,c’est en images que d’autres

cherchent à les capturer, avec lesconséquences que l’on sait surl’échec de la reproduction. L’aigleroyal n’a certes plus grand-choseà craindre de cette tristehabitude paysanne quiconsistait à tirersystématiquement les rapaces.Mais c’est désormais la

chasse au plus beau clichéqui le menace, et

particulièrement lescouples dont les nids se

situent dans desterritoires à peu prèsaccessibles pour lesnaturalistes : ces

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sommet du Mont Lozère si, dans le restedu pays, les herbicides font disparaîtreen masse insectes et passereaux ? À quoibon créer des ministères de l’Écologiequand les autres ont pour mission dedétruire l’environnement directement(ministère de la Défense, ministère del’Agriculture) ou indirectement (à peuprès tous les autres) ? À part se forgerune image écoresponsable et fairepasser un message en phase avec sonépoque, seul l’habituel exercice decontorsion bien-pensante permettra detrouver une réponse à ces questions.Mais l’acharnement direct n’est pasla seule raison de la disparitiondes espèces : celles-cidoivent faire face auxmenaces de fond. Etc’est à nouveau dansl’action de notre propreespèce que se logentces causes. Nousaurions peut-être parléde menaces à long oumoyen terme enrédigeant ce texte il ya quelques années.Mais la nouvelleextinction massive estdésormais un processusreconnu et entamé : lecapitalisme triomphantn’est plus un cadeauempoisonné que nouslaisserons aux générationsfutures, mais bien unegrenade dégoupillée quenous tenons entre lesmains. Destructiondes milieux,bétonisation massive,dérangement,

réchauffement climatique etc. sontautant de causes du recul du vivant à lasurface du globe. C’est ce que nousentendions lorsque nous soulignionsplus haut qu’aucun dommage engendrépar la domination capitaliste, aussicollatéral soit-il, ne peut être considéréet enrayé isolément. Un agent d’unquelconque parc national aura beaumettre une prune à un braconnierabattant une espèce protégée, iln’empêchera pas les entreprises devendre plus d’automobiles, les groupesde photographes naturalistes de faire

échouer les reproductions, les stationsde ski et les infrastructures

routières de morceler lespopulations, les hordes

d’aventuriers portant desbaudriers en guise de slipsde débouler en masse dans

les milieux fragiles. Iln’empêchera pas non plus le

réchauffement de grignoter leterritoire de ces animaux dontl’écologie est basée sur la présencede la neige : avec une couvertureblanche se réduisant à peau de

chagrin, la survie d’espèces tellesque le renard polaire, le lièvre

variable, le lagopède ouencore l’hermine est enpéril. L’avenir de cesespèces consiste-t-il en unélevage dans des centresspécialisés effectuantchaque année des lâchésd’animaux semi-domestiqués ? Et pourquoipas, tant que nous y

sommes, effectuer ceslâchés à l’intérieurd’enceintes grillagées,

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Arrivé à ce point du texte, le risque estgrand de basculer dans le concours dedescriptions du cataclysme qui inondetoute revue plus ou moins de gauche.Nous tenterons donc péniblement defaire l’économie des sempiternellesjérémiades et autres surenchères quantà l’étendue du problème écologique.Ouvrez n’importe quelle revue citoyennesi vous voulez continuer de déprimer àcoup de chiffres sur le réchauffementclimatique, la surpopulation ou labiomagnification du plastique. Enattendant, les faits sont là : le tauxd’extinction des espèces est aujourd’huide plusieurs centaines à plusieursmilliers de fois plus rapide qu’il ne leserait sans la présence de l’homme.

La proportion précise est affaire despécialiste. Nous ne nous en mêleronsd’autant moins que même réduite à sonminimum, elle est indubitablement laconséquence des agissements dumeilleur des mondes et de ses habitants.Destruction de l’habitat, réchauffement,

urbanisation galopante, perturbation dela chaîne alimentaire, pollution massiveou disparition pure et simple des sols etdes cours d’eau, dérangement lors depériodes de reproduction... rien n’estépargné à nos camarades animaux. Laplupart des victimes de cette extinctionmassive – du jamais vu depuis 66

millions d’années –, n’ont pas unetaille, une appartenance ou uneanatomie suffisamment proches

des nôtres pour mériter davantagequ’une mention furtive et vite oubliée :

on est généralement plus attristé parl’extinction d’un mammifère que parcelle d’un insecte ou d’une graminée. Ladisparition massive de la microfaune apourtant des conséquences immédiateset désastreuses, facilement observablespour le grimpeur qui entreprend lapérilleuse ascension de la chaînealimentaire : pour ne citer qu’unexemple largement connu et commenté,les passereaux, privés d’insectes enquantité suffisante, s’éteignent les unsaprès les autres4. La chaîne alimentaireressemble à une échelle dont on sciealéatoirement chaque année un nouveaubarreau : elle n’est plus une lignecontinue mais une suite de segments deplus en plus courts et donc éloignés lesuns des autres.

Comme il est de règle en ces tempsd’abrutissement consumériste, l’usageconsiste à proposer des palliatifs. Lecapitalisme vert et le tourisme équitablerépondent à une angoisse massive par

4 À part quelques champions de l’ adaptation, comme par exemple les mésanges dont le bec somme toute assez robuste permet de passer à un régime granivore en hiver.Mais pour les passereaux dits spécialisés qui ont le malheur de ne pas être migrateurs, débusquer des insectes en quantité suffisante toute l’ année s’avère de plus en plus une vraie prise de tête/crâne.

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l’ouverture d’espaces où, moyennantsouvent monnaie, le vacancierresponsable mais néanmoins inquietpourra mimer l’insouciance. Quelqueskilomètres carrés sans trop de coupesrases et d’acharnement direct contre lavie animale devraient, à défaut de faireoublier que c’est la merde ailleurs,conforter dans la croyance en unemanière juste de gérer l’équilibre entredestruction et préservation del’environnement... C’est dans ce cadreque la réintroduction animale entre enscène. C’est-à-dire dans un cadreintégrable et intégré au marché, où lavalorisation de la faune et de la flore n’aguère d’autre finalité que celle d’attirerle citoyen paré de son completnaturaliste Quechua. Comme n’importequelle saloperie engendrée par lecapitalisme, la disparition des espècesne peut être considérée séparément dureste. Elle ne peut pas être endiguéesans une remise en cause radicale d’unmonde qui se doit de tout écraser surson passage. Incorrigibles mécontents,nous ne chercherons donc pas ici àsaluer la réintroduction animale tellequ’elle est pratiquée, dans les territoiresde montagne entre autres, par les parcsnationaux ou les fédérations de chasse.Cela ne changera rien à ce que l’onpeut penser de telle ou tellepolitique de réintroductionparticulière, et n’empêchera pas lessceptiques que nous sommes face àces opérations d’être fascinés parl’impeccable vol plané d’un vautourfauve ou de sourire devant la démarchepataude d’un castor sur une berge, deuxespèces dont les retours mêlantprotection juridique et réintroductionont été couronnés de succès. Mais la

séduisante carte postale cache unepolitique de gestion qui n’a d’autrehorizon que de panser tardivement unehémorragie, et dont les moyens restentsoumis à l’impératif du retour surinvestissement. C’est sur ces deuxpoints que nous allons nous étendrepour mettre au clair quelques idées surles ressorts et la finalité de laréintroduction. « Et puis, le charme duproduit touristique « Parc National desCévennes » n’est-il pas, entre autres, deproposer des animaux sauvages qu’onpuisse voir, même quand on n’est pas untrappeur5 ? » La réintroduction, toutd’abord, est une opération souvent de ladernière chance consistant à effectuerdes lâchés d’espèces menacées sur desterritoires où elles ont disparu ou

5 Sauvages et de tous poils, n°44/45 de la revue duParc National des Cévennes.

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presque disparu. On ne la confondra pasavec l’introduction qui consiste en lamême opération, mais sur des territoiresoù ces espèces n’ont jamais étéprésentes. On comprend tout de suitemieux pourquoi l’introduction est unepratique dangereuse : des relationscomplexes régissent les relations entreles espèces, ainsi qu’entre les espèces etle milieu. La totalité des aspects de lavie d’une espèce doit être imbriquéedans l’écosystème qui l’accueille, depuisson inclusion dans la chaîne alimentairejusqu’à la biodégradation de sesdéjections et de sa dépouille.

Introduire une espèce là où elle n’ajamais évolué bouleverse ce cycle et peutdonner lieu aussi bien aux fameux ettant décriés pullulements6 qu’à desdéséquilibres dans les cycles de labiomasse7. L’introduction est de toutemanière une opération soit involontaire(les innombrables cas d’insectes quis’invitent sans titre dans le transportinternational et se répandent partout),soit liée directement aux impératifsindustriels, comme les ragondins

6 Le pullulement est souvent reproché à des espèces dont une des caractéristiques est justement de ne pas pulluler. Le renard ne pullule pas : lorsque sa population atteint un seuil défini par la disponibilité des ressources alimentaires, la femelle donne naissance à beaucoup moins de renardeaux. Le loup qui cristallise crainte et haine ancestrales obéit à la même règle que son cousin goupil : la femelle va jusqu’ à renoncer à ses chaleurs en cas de saturation démographique. On ne pourra que constater sans la moindre ironie que l’ espèce qui reproche aux autres de pulluler – homo sapiens –,compte7,5 milliards d’individus auxquels s’ en seront ajoutés quelques millions entre la rédaction de cette note de bas de page et son passage sous presse...

7 Citons pour exemple le fécal retour de bâton consécutif à l’ introduction massive de vaches en Australie. En l’absence du bousier, insecte consommateur exclusif de bonnes vieilles bouses, les pâturages australiens se sont recouverts de déjections dont le recyclage n’ était plus assuré par personne, les humains ne mangeant de la merde qu’à condition qu’elle soit estampillée McDonald’ s ou Carrefour...

d’Amérique du Sud ramenés en Europepour répondre à la demande del’immonde marché de la fourrure. Quantà la réintroduction, elle ne peutcontrecarrer que l’une des raisons de ladisparition des espèces : la persécutiondirecte et délibérée par l’homme. Cettepersécution a plusieurs origines. L’uned’elles, déjà évoquée plus haut, consisteà se divertir.

D’autres sont liées à des fantasmesancestraux qui ont la peau dure danscertaines régions : le loup qui vapulluler, les serpents coupables de nousfaire peur, le grand rapace qui, si onlaisse faire, va bientôt s’attaquer à desnourrissons8. En limitant par une actionde police cette persécution à l’intérieurde territoires où s’applique unejuridiction spéciale accompagnant lesentreprises de réintroduction, lesautorités prétendent construire des îlotsverts au milieu d’un océan pollué parl’action conjointe de toutes leurs autrespolitiques. Mais à quoi bon s’acharner àréintroduire des coqs de bruyère au

8 Si effectivement la présence de certaines de ces espèces peut compliquer la vie d’ un éleveur ou du propriétaire d’ une basse-cour, elles payent cependant souvent le prixde la rancœur de corps de métiers devenus obsolètes dans l’économie mondialisée. On a régulièrement besoinde boucs émissaires, faute de s’attaquer aux causes directes de son mal-être. Autrement dit, il est plus commode pour un éleveur ariégeois de blâmer l’ours quis’attaque épisodiquement à un troupeau, qu’un pouvoir dont les orientations laisseront toujours les paysans osciller entre dépôt de bilan et burn-out. L’acharnement franco-français contre les grands prédateurs est également à rechercher dans le fait qu’ayant été exterminés, et donc absents pendant plus d’un demi-siècle, leur retour est vécu comme une contrainte supplémentaire par des filières professionnelles aux abois. Quant à la disparition de la profession du fait de l’agressivité, pour ne pas dire la sournoiserie, du grand méchant loup, un petit détour par l’Espagne ou l’Italie renvoie cet argument à ce qu’ il est : un fantasme. Des millénaires de cohabitation ininterrompue entre le loup, l’ours et l’homme n’ a fait disparaître ni éleveurs, ni proies.

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l’ouverture d’espaces où, moyennantsouvent monnaie, le vacancierresponsable mais néanmoins inquietpourra mimer l’insouciance. Quelqueskilomètres carrés sans trop de coupesrases et d’acharnement direct contre lavie animale devraient, à défaut de faireoublier que c’est la merde ailleurs,conforter dans la croyance en unemanière juste de gérer l’équilibre entredestruction et préservation del’environnement... C’est dans ce cadreque la réintroduction animale entre enscène. C’est-à-dire dans un cadreintégrable et intégré au marché, où lavalorisation de la faune et de la flore n’aguère d’autre finalité que celle d’attirerle citoyen paré de son completnaturaliste Quechua. Comme n’importequelle saloperie engendrée par lecapitalisme, la disparition des espècesne peut être considérée séparément dureste. Elle ne peut pas être endiguéesans une remise en cause radicale d’unmonde qui se doit de tout écraser surson passage. Incorrigibles mécontents,nous ne chercherons donc pas ici àsaluer la réintroduction animale tellequ’elle est pratiquée, dans les territoiresde montagne entre autres, par les parcsnationaux ou les fédérations de chasse.Cela ne changera rien à ce que l’onpeut penser de telle ou tellepolitique de réintroductionparticulière, et n’empêchera pas lessceptiques que nous sommes face àces opérations d’être fascinés parl’impeccable vol plané d’un vautourfauve ou de sourire devant la démarchepataude d’un castor sur une berge, deuxespèces dont les retours mêlantprotection juridique et réintroductionont été couronnés de succès. Mais la

séduisante carte postale cache unepolitique de gestion qui n’a d’autrehorizon que de panser tardivement unehémorragie, et dont les moyens restentsoumis à l’impératif du retour surinvestissement. C’est sur ces deuxpoints que nous allons nous étendrepour mettre au clair quelques idées surles ressorts et la finalité de laréintroduction. « Et puis, le charme duproduit touristique « Parc National desCévennes » n’est-il pas, entre autres, deproposer des animaux sauvages qu’onpuisse voir, même quand on n’est pas untrappeur5 ? » La réintroduction, toutd’abord, est une opération souvent de ladernière chance consistant à effectuerdes lâchés d’espèces menacées sur desterritoires où elles ont disparu ou

5 Sauvages et de tous poils, n°44/45 de la revue duParc National des Cévennes.

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presque disparu. On ne la confondra pasavec l’introduction qui consiste en lamême opération, mais sur des territoiresoù ces espèces n’ont jamais étéprésentes. On comprend tout de suitemieux pourquoi l’introduction est unepratique dangereuse : des relationscomplexes régissent les relations entreles espèces, ainsi qu’entre les espèces etle milieu. La totalité des aspects de lavie d’une espèce doit être imbriquéedans l’écosystème qui l’accueille, depuisson inclusion dans la chaîne alimentairejusqu’à la biodégradation de sesdéjections et de sa dépouille.

Introduire une espèce là où elle n’ajamais évolué bouleverse ce cycle et peutdonner lieu aussi bien aux fameux ettant décriés pullulements6 qu’à desdéséquilibres dans les cycles de labiomasse7. L’introduction est de toutemanière une opération soit involontaire(les innombrables cas d’insectes quis’invitent sans titre dans le transportinternational et se répandent partout),soit liée directement aux impératifsindustriels, comme les ragondins

6 Le pullulement est souvent reproché à des espèces dont une des caractéristiques est justement de ne pas pulluler. Le renard ne pullule pas : lorsque sa population atteint un seuil défini par la disponibilité des ressources alimentaires, la femelle donne naissance à beaucoup moins de renardeaux. Le loup qui cristallise crainte et haine ancestrales obéit à la même règle que son cousin goupil : la femelle va jusqu’ à renoncer à ses chaleurs en cas de saturation démographique. On ne pourra que constater sans la moindre ironie que l’ espèce qui reproche aux autres de pulluler – homo sapiens –,compte7,5 milliards d’individus auxquels s’ en seront ajoutés quelques millions entre la rédaction de cette note de bas de page et son passage sous presse...

7 Citons pour exemple le fécal retour de bâton consécutif à l’ introduction massive de vaches en Australie. En l’absence du bousier, insecte consommateur exclusif de bonnes vieilles bouses, les pâturages australiens se sont recouverts de déjections dont le recyclage n’ était plus assuré par personne, les humains ne mangeant de la merde qu’à condition qu’elle soit estampillée McDonald’ s ou Carrefour...

d’Amérique du Sud ramenés en Europepour répondre à la demande del’immonde marché de la fourrure. Quantà la réintroduction, elle ne peutcontrecarrer que l’une des raisons de ladisparition des espèces : la persécutiondirecte et délibérée par l’homme. Cettepersécution a plusieurs origines. L’uned’elles, déjà évoquée plus haut, consisteà se divertir.

D’autres sont liées à des fantasmesancestraux qui ont la peau dure danscertaines régions : le loup qui vapulluler, les serpents coupables de nousfaire peur, le grand rapace qui, si onlaisse faire, va bientôt s’attaquer à desnourrissons8. En limitant par une actionde police cette persécution à l’intérieurde territoires où s’applique unejuridiction spéciale accompagnant lesentreprises de réintroduction, lesautorités prétendent construire des îlotsverts au milieu d’un océan pollué parl’action conjointe de toutes leurs autrespolitiques. Mais à quoi bon s’acharner àréintroduire des coqs de bruyère au

8 Si effectivement la présence de certaines de ces espèces peut compliquer la vie d’ un éleveur ou du propriétaire d’ une basse-cour, elles payent cependant souvent le prixde la rancœur de corps de métiers devenus obsolètes dans l’économie mondialisée. On a régulièrement besoinde boucs émissaires, faute de s’attaquer aux causes directes de son mal-être. Autrement dit, il est plus commode pour un éleveur ariégeois de blâmer l’ours quis’attaque épisodiquement à un troupeau, qu’un pouvoir dont les orientations laisseront toujours les paysans osciller entre dépôt de bilan et burn-out. L’acharnement franco-français contre les grands prédateurs est également à rechercher dans le fait qu’ayant été exterminés, et donc absents pendant plus d’un demi-siècle, leur retour est vécu comme une contrainte supplémentaire par des filières professionnelles aux abois. Quant à la disparition de la profession du fait de l’agressivité, pour ne pas dire la sournoiserie, du grand méchant loup, un petit détour par l’Espagne ou l’Italie renvoie cet argument à ce qu’ il est : un fantasme. Des millénaires de cohabitation ininterrompue entre le loup, l’ours et l’homme n’ a fait disparaître ni éleveurs, ni proies.

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sommet du Mont Lozère si, dans le restedu pays, les herbicides font disparaîtreen masse insectes et passereaux ? À quoibon créer des ministères de l’Écologiequand les autres ont pour mission dedétruire l’environnement directement(ministère de la Défense, ministère del’Agriculture) ou indirectement (à peuprès tous les autres) ? À part se forgerune image écoresponsable et fairepasser un message en phase avec sonépoque, seul l’habituel exercice decontorsion bien-pensante permettra detrouver une réponse à ces questions.Mais l’acharnement direct n’est pasla seule raison de la disparitiondes espèces : celles-cidoivent faire face auxmenaces de fond. Etc’est à nouveau dansl’action de notre propreespèce que se logentces causes. Nousaurions peut-être parléde menaces à long oumoyen terme enrédigeant ce texte il ya quelques années.Mais la nouvelleextinction massive estdésormais un processusreconnu et entamé : lecapitalisme triomphantn’est plus un cadeauempoisonné que nouslaisserons aux générationsfutures, mais bien unegrenade dégoupillée quenous tenons entre lesmains. Destructiondes milieux,bétonisation massive,dérangement,

réchauffement climatique etc. sontautant de causes du recul du vivant à lasurface du globe. C’est ce que nousentendions lorsque nous soulignionsplus haut qu’aucun dommage engendrépar la domination capitaliste, aussicollatéral soit-il, ne peut être considéréet enrayé isolément. Un agent d’unquelconque parc national aura beaumettre une prune à un braconnierabattant une espèce protégée, iln’empêchera pas les entreprises devendre plus d’automobiles, les groupesde photographes naturalistes de faire

échouer les reproductions, les stationsde ski et les infrastructures

routières de morceler lespopulations, les hordes

d’aventuriers portant desbaudriers en guise de slipsde débouler en masse dans

les milieux fragiles. Iln’empêchera pas non plus le

réchauffement de grignoter leterritoire de ces animaux dontl’écologie est basée sur la présencede la neige : avec une couvertureblanche se réduisant à peau de

chagrin, la survie d’espèces tellesque le renard polaire, le lièvre

variable, le lagopède ouencore l’hermine est enpéril. L’avenir de cesespèces consiste-t-il en unélevage dans des centresspécialisés effectuantchaque année des lâchésd’animaux semi-domestiqués ? Et pourquoipas, tant que nous y

sommes, effectuer ceslâchés à l’intérieurd’enceintes grillagées,

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Arrivé à ce point du texte, le risque estgrand de basculer dans le concours dedescriptions du cataclysme qui inondetoute revue plus ou moins de gauche.Nous tenterons donc péniblement defaire l’économie des sempiternellesjérémiades et autres surenchères quantà l’étendue du problème écologique.Ouvrez n’importe quelle revue citoyennesi vous voulez continuer de déprimer àcoup de chiffres sur le réchauffementclimatique, la surpopulation ou labiomagnification du plastique. Enattendant, les faits sont là : le tauxd’extinction des espèces est aujourd’huide plusieurs centaines à plusieursmilliers de fois plus rapide qu’il ne leserait sans la présence de l’homme.

La proportion précise est affaire despécialiste. Nous ne nous en mêleronsd’autant moins que même réduite à sonminimum, elle est indubitablement laconséquence des agissements dumeilleur des mondes et de ses habitants.Destruction de l’habitat, réchauffement,

urbanisation galopante, perturbation dela chaîne alimentaire, pollution massiveou disparition pure et simple des sols etdes cours d’eau, dérangement lors depériodes de reproduction... rien n’estépargné à nos camarades animaux. Laplupart des victimes de cette extinctionmassive – du jamais vu depuis 66

millions d’années –, n’ont pas unetaille, une appartenance ou uneanatomie suffisamment proches

des nôtres pour mériter davantagequ’une mention furtive et vite oubliée :

on est généralement plus attristé parl’extinction d’un mammifère que parcelle d’un insecte ou d’une graminée. Ladisparition massive de la microfaune apourtant des conséquences immédiateset désastreuses, facilement observablespour le grimpeur qui entreprend lapérilleuse ascension de la chaînealimentaire : pour ne citer qu’unexemple largement connu et commenté,les passereaux, privés d’insectes enquantité suffisante, s’éteignent les unsaprès les autres4. La chaîne alimentaireressemble à une échelle dont on sciealéatoirement chaque année un nouveaubarreau : elle n’est plus une lignecontinue mais une suite de segments deplus en plus courts et donc éloignés lesuns des autres.

Comme il est de règle en ces tempsd’abrutissement consumériste, l’usageconsiste à proposer des palliatifs. Lecapitalisme vert et le tourisme équitablerépondent à une angoisse massive par

4 À part quelques champions de l’ adaptation, comme par exemple les mésanges dont le bec somme toute assez robuste permet de passer à un régime granivore en hiver.Mais pour les passereaux dits spécialisés qui ont le malheur de ne pas être migrateurs, débusquer des insectes en quantité suffisante toute l’ année s’avère de plus en plus une vraie prise de tête/crâne.

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consommateurs ou aspirants à ledevenir. D’autre part, l’ambiguïté duterme de nature appliqué à unfonctionnement sociétal lui donne uneplasticité telle qu’on l’entend sortir aussibien de la bouche d’un hippie exalté quede celle d’un apôtre du darwinismesocial ; de celle d’un chasseur né avec unfusil en bandoulière aussi bien que decelle d’un nazillon embrassant la loi duplus fort. La nature peut s’interpréteraussi bien comme la source d’inégalitésqu’elle est souvent que comme leformidable réservoir de solidaritésinterspécifiques qu’elle est parfois. Toutpeut s’argumenter en son nom :l’homophobe y puise de quoi justifier sahaine ; le libertaire terrassé par unecrise de poésie voit dans son harmonieapparente un beau jour de printemps lemodèle d’une société libérée. Aussi nousabstiendrons-nous de l’emploi de ce mot,dès lors que l’on cherche à lui fairerevêtir une idée plutôt que la simpledescription d’un milieu un minimum àl’écart de la civilisation.

Mais revenons-en à nosmouflons. Les espèces sontclassées entre nuisibles ouutiles, non en fonction du rôlequ’elles pourraient avoir dansles rares zones où un semblantd’équilibre écologique aurait puse maintenir, mais en fonctionde la concurrence que celles-cifont au fanatisme hégémoniquede la nôtre. Un loup bouffe unagneau : il faut buter tous lesloups. Un requin malinspiré se

claque la cuisse d’un surfeur blondavant de la recracher : il faut tuer tousles squales (au lieu de tuer tous lessurfeurs blonds). Une vipère mord lacheville du distrait randonneur qui lapiétinait : il faut fumer tous lesserpents. La fouine ou l’hermines’adonne à des incursions nocturnesdans les poulaillers : il faut exterminerles mustélidés. C’est uniquement enfonction des contraintes qu’ellesapportent à nos modes de vie que lesespèces sont autorisées à vivre oucondamnées à la persécution. Maismême – et c’est vous dire ! – dans lesprojets de certains gestionnaires duprésent, cette logique a fait long feu. Cars’il était normal de penser sans sel’avouer « après nous le déluge » il y a àpeine une génération, nombreux sont lesindices permettant d’entrevoir à courtterme le déclenchement incontrôlable deréactions en chaînes consécutives audérèglement généralisé du vivant. On sefout des générations futures : c’est une

chose évidente et presque admise parchacun, depuis ledirigeant jusqu’auconsommateur. Mais on

ne se fout pas de la nôtre :à quoi bon trimer quarante et

quelques années auturbin si, le jour de laretraite, touts’effondre ?

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ces zoos qui ne veulent pas dire leurnom, tels ces loups du Gévaudan vantéspar les plaquettes touristiques ? Sont-elles guettées par le même avenirpathétique que ces pandas géants à quides équipes de scientifiques projettentdes films coquins afin de stimulerune reproduction en déclin ? Carc’est bien par une grève desparties honteuses que cesanimaux ont réagi à ladisparition de leur biotope et àleur conservation artificielle...Aussi surréelle que puissesembler cette situation, nousen sommes là et ce texten’est pas le début d’un livrede science-fiction.

Enfin, un constat s’imposedès lors que l’on observela pratique de laréintroduction dans lesparcs nationaux et autresréserves naturelles : c’estparmi les espècesspectaculaires que cesopérations grappillentgénéralement leurscandidats, plutôt queparmi celles dont ladisparition ouraréfaction a desconséquences autrementplus graves. Citons pourexemple les grandsongulés (cerfs,mouflons,bouquetins...) qui enimposent par leurtaille, ou l’ours,spectaculaire dans unmonde où la fausse

sensation forte est une demande. Quantau castor, bien que moyennementimposant, il bénéficie d’une certainesympathie dans l’imaginaire collectif, enplus de faire faire des économies auxcollectivités territoriales en assumant

une partie de l’entretien des bergeset en permettant de les mainteniraccessibles. C’est du moins une desraisons de sa réintroduction danscertains pays d’Europe. La mise envaleur des espèces dans la stratégiede communication des parcs ouréserves sert bien entendu à

valoriser le territoire d’un point devue économique. Car dans le purintérêt de ces animaux, le

battage médiatique autour deleur présence est une véritabletare. N’importe quel responsablede programme de réintroductionsait pertinemment que lesilence est le meilleur allié d’unlâché de faune sauvage. Caroutre les éternels chasseurs,c’est en images que d’autres

cherchent à les capturer, avec lesconséquences que l’on sait surl’échec de la reproduction. L’aigleroyal n’a certes plus grand-choseà craindre de cette tristehabitude paysanne quiconsistait à tirersystématiquement les rapaces.Mais c’est désormais la

chasse au plus beau clichéqui le menace, et

particulièrement lescouples dont les nids se

situent dans desterritoires à peu prèsaccessibles pour lesnaturalistes : ces

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territoires dits de moyenne montagne,dénués de grandes parois isolées. Avecune période de nidification occupantenviron les trois quarts de l’année etl’habitude établie d’abandonner le niden cas de dérangement, le danger quefont peser certains amoureux de lanature sur ces espèces est maintenantun fait reconnu. La gestion de laréintroduction à la sauce parc nationalest donc embourbée dans unecontradiction indépassable. Lescommissions responsables desprogrammes de réintroduction aurontbeau croire sincèrement dans le bien-fondé de leur action, leurs membresauront beau penser individuellementque le problème est global, la promotionfaite autour de ces opérations participeà la création du problème qu’ elles seproposent de freiner. Et personnen’imagine cette publicité disparaître desitôt. Le capitalisme ayant depuislongtemps atteint l’étroite limitegéographique qu’est la planète, il s’agitdésormais de la presser et d’intensifierson exploitation là où cela n’a pas encoreété suffisamment effectué. On neproduira certes jamais autant de valeurmarchande dans les territoiresmontagnards et ruraux que dans lesquartiers d’affaires, mais lefonctionnement sous forme de crisepermanente de l’économie mondialepasse par l’augmentation et lamultiplication des cadences partout oùcela est possible. La mise en valeur duterritoire, ce n’est pas une tentative derevenir à des pratiques supposéesauthentiques afin de juguler les ravagesqu’y a causé la marchandise. C’est aucontraire extraire de la valeur derégions où l’industrie et le service se

sont peu implantés et où, commepartout, la loi de la rentabilité doit plusque jamais s’appliquer. La course à lacroissance passe également par là. C’estdonc aussi à travers la promotion deparcs nationaux riches en biodiversitéque l’on attire et que l’on fait tournerl’économie locale. Mais foin dedémonstrations prétendant faire croireau lecteur que nous comprenons quelquechose à l’économie ! De naturecompréhensive, nous ne profiterons pasde cette amorce de conclusion pour vousenquiquiner par un pseudo-maniementde science marxisante.

En insistant sur la richesse faunistiquede ses territoires, l’État, parl’intermédiaire de ses parcs et autreszones classées, stimule le tourisme et seveut une courroie de transmission versles acteurs économiques locaux :hébergements, restauration, industriedu loisir et de l’activité pleine nature.Ces derniers le savent d’autant mieuxque la plupart agitent, qui unbouquetin, qui un ours, qui – faute demieux – une marmotte, telles lesmascottes de leurs vertes vallées. «Ariège, pays de l’Ours », chantent lescommerçants de cette partie desPyrénées dès lors qu’ils vendent autrechose que de la viande ou du fromage.C’est finalement en gardant en tête lesperspectives larges dans lesquelles sesituent les politiques de réintroductionque l’envie de nous positionner à leursujet nous est coupée nette. Ladisparition des espèces nous inquiète,mais pas seulement celle des espècescommerciales, loin s’en faut. Nous nousfoutons de la perspective purementcontemplative, provisoire et palliative

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loisir 100% tradition résonne autrementplus fort que – par exemple – celui demillions de travailleurs précarisés. Lescourbettes du chef actuel de l’Étatfrançais envers la chasse, qui semblentdécidément une marque de fabriquechez les présidents jeunes etdynamiques3, ont marqué l’actualité del’hiver dernier et de ce que l’on appellela rentrée politique. Outre cetanachronisme imbécile qu’est latradition française ou ce fétichismecrétin pour les armes à feu, la chasseprétend être à la croisée d’autresvaleurs. Les chasseurs seraient ainsi lespremiers écologistes. Dans le sens oùleur action – de masse pour une fois –participerait au rééquilibrage d’unechaîne alimentaire depuis longtempsatrophiée par l’acharnement deshommes. En tentant d’endiguer lepullulement d’animaux qu’ils ontpourtant largement contribué àrépandre, les chasseurs seraient ledernier rempart qui préserveraitcertains villages d’une attaque en règlepar des hordes de cochons sauvages. Sirien n’est fait, ceux-ci ne se contenterontplus de piétiner nos potagers maistransformeront les villages en champsde ruine et dévoreront les enfants à lasortie des écoles. Si, d’une certainemanière, ce discours ne comporte pasuniquement du faux, il est toutefoisporteur de ce cynisme que toutgestionnaire du désastre doit faire sien :il n’est pas moins faux d’affirmer que,3 Avant Macron, c’ était Giscard qui avait été le plus jeune

président élu. Fort de son image de jeune loup au top de la forme, il pensait casser l’ image de la vieille politique en allant boire des coups avec le petit peuple dans les villages, en prenant le petit déjeuner avec des éboueurs ou en serrant la paluche d’ un détenu... avant d’aller honorer la politique françafricaine et, après les signatures de contrats et autres accords militaires, de partir chasser l’ éléphant sous le feu des projecteurs.

pour pouvoir continuer à fonctionner, lesystème économique a besoin aussi biend’énergie polluante que d’une réserved’esclaves. Faut-il pour autant accepterla gestion de la faune telle que nous lapropose l’industrie de la chasse, commeil nous faudrait accepter la fuite enavant nucléaire sous prétexte que lescentrales existent déjà ? Pour qui loue lagrandeur de l’esprit de l’homme, sonimplacable supériorité dans le domainedu vivant, le génie d’une espèce qui a étécapable d’institutionnaliser, légiférer etmilitariser la loi de la jungle, alors laréponse est certainement positive. Aurebours de cette posture consistant àgérer la catastrophe, une autre se plaît àprésenter la chasse comme une pratiquequi replace les humains dans une chaînealimentaire et une relation à l’animalforcément saine, puisque naturelle. Onse cassera donc les dents pour y décelerautre chose qu’une énième conjugaisondu mot nature, son simple emploi ayantforce d’autorité. On ne sait pas à quellemythification de l’histoire des sociétéshumaines, ni à quelle naturalité de lachaîne alimentaire cette esquisse de lachasse renvoie, mais quoi qu’il en soit,ce n’est certainement pas au territoireeuropéen où les forêts primaires ontdisparu, où les grands prédateursmangent bien plus de bastos que demoutons, où rongeurs et mustélidés ontété des siècles durant transformés enmanteaux ou en paires de gants que l’oncherchera quelque chose pouvants’apparenter à une chaîne alimentairecomplète et assurant son cycle. Bref,d’une part, il est difficile de comprendreen quoi telle pratique serait plusnaturelle que telle autre dans un mondepeuplé de plus de 7,5 milliards de

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« Car oui ! Camarades ! C’est bien grâceà une alliance entre les espèces que nousmettrons une race au capitalisme ! ».

Bakounine Michou

Évitez les sujets polémiques,bande d’abrutis ! Ne parlezpas du loup, ne parlez pas de

l’ours » conseillait avec bienveillance unformateur à ses poulains lors d’unséance dédiée à la faune. « Imaginezqu’un chasseur se cache dans le groupeauquel vous vous adresserez ! » Dans lepetit monde libéral de l’éducation àl’environnement, le client est roi, etaucune remarque ou affirmation ne doitpasser au travers des mailles de laneutralité. Cette petite anecdote plutôtà côté de la plaque n’était qu’un prétextepour introduire la question – elle aussihors sujet – de la chasse. Hors sujet carl’intention première de ce texte est devous parler de la réintroductionanimale, pratiquée entre autres par lesfédérations de chasse et supervisée parl’ONCFS1. Point n’est besoin, donc, de seperdre en considérations sur lespratiques cynégétiques comme c’ est lecas dans les premiers paragraphes quisuivent. Quelle mesquinerie ! Mieuxvaudrait aller au but sans trop decirconvolutions plutôt que de se livrer àun trop bref exercice de critique de celoisir mêlant sport et passion, quecertains interpréteront comme partisanen plus d’être gratuit, et ce bien qu’ilsoit exécuté avec le détachement derigueur…

«

1 Office Nationale de la Chasse et de la Faune Sauvage, sous l’ égide des ministères dédiés à l’ Environnement età l’ Agriculture. Le rôle et le rapport à la chasse sont centraux dans l’orientation, les choix et les mises en place des politiques de réintroduction.

Car comme le soulignait le formateur, ilne faut pas heurter les chasseurs, cesâmes sensibles que tout le mondesemble vouloir se mettre dans la poche.Mais voilà le hic : il se pourrait bien qu’àl’image de nombre de ses congénères,l’auteur de ces lignes étouffe sous lepoids de cette pratique exclusive et qu’ilait la conviction de ne pas être un casisolé. Alors tant pis pour le consensusmilitant qui voudrait que tout ce qui estpopulaire soit sacré et à brosser dans lesens du poil. Après tout, nous nesommes pas à la chasse aux votes... Lesinternationalistes lecteurs du ChasseurFrançais éviteront un possible choccardiaque en sautant les deux premiersparagraphes... Toutefois, ilsrelativiseront en se disant que deuxparagraphes ne sont pas grand choseface à une industrie ayant ungouvernement et pléthore de revues à sadisposition. Quant aux autres, soyezindulgents et allez jusqu’à la fin si lacuriosité vous pousse au-delà de cesquelques involontaires divagations. Avecplus d’un million de chasseurs2 , laFrance fait donc figure de très bonneélève dans le domaine de la tuerie dedélassement. S’il ne s’agit passpécialement de s’en prendre à ce rituelconsistant à tromper l’ennui endégommant des animaux, force est deconstater que nos intrépides trappeursoccupent le territoire aussi bien pendantla saison de chasse que pendant lesquelques mois où les armes sont censéesrester à la maison. Non parce qu’ilsbraveraient en masse la périoded’interdiction, mais parce que lediscours d’un million d’adeptes de ce

2 Ce chiffre tient compte aussi bien des bons que des mauvais chasseurs.

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que l’État propose à l’intérieur d’unepoignée de périmètres balisés. On necombat pas un cataclysme en en attisantun autre, ou en menant des expériencesisolées qui ressemblent de plus en plus àdes musées ou à des zoos à ciel ouvert,mais en sapant les fondements d’unsystème sénile qui nous impose un telspectacle comme la normalité.

Andy Manché Illustrations de Célia

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Les articles et les numéros de Nunatak sont consultables en ligne : revuenunatak.noblogs.org

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es réintroductionsd’espèces réalisées engrande pompe occupentrégulièrement l’espace

médiatique, d’autant plus quandl’individu concerné appartient à lacatégorie des grands prédateurs.Au-delà de l’actualité ursuline,Andy Manché, habitué de noscolonnes, nous propose de prendreun peu de recul sur la biennommée gestion et protection dela nature.

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CHASSE, PÊCHE,NATURE ETRÉINTRODUCTION

UNE CRITIQUE DELA GESTION DE LAFAUNE

Article paru dans le numéro 4 de larevue Nunatak, printemps/été 2019.