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REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - JUILLET-AOÛT 2013 - N°454 // 31 A A A A A A V V V A A A N N N N T T T T - - - P P P P P R R R OPOS © 2013 – Elsevier Masson SAS – Tous droits réservés. a Laboratoire de parasitologie et mycologie médicale Centre hospitalier universitaire Pontchaillou Rue Henri-Le Guilloux 35033 Rennes cedex b Service de parasitologie et zoologie Faculté de médecine 2, av. du Pr Léon-Bernard – CS 34317 35013 Rennes cedex * Correspondance [email protected] Claude Guiguen a, b, * Cheveux et cuir chevelu question qui fait toujours débat : le pou de tête est-il une espèce à part entière, dans ce cas Pedi- culus capitis ou une sous-espèce de Pediculus humanus (le pou de corps), dans ce cas Pedi- culus humanus capitis. Il est vrai que ces deux espèces ou variétés se distinguent par quelques aspects morphologiques mineurs mais surtout par un contexte épidémiologique, un biotope et un pouvoir vectoriel d’agents infectieux différent. Une certitude, le pou de tête fait de la résistance à certains insecticides comme les pyréthrines ou ses dérivés et l’utilisation de diméticone, asphyxiant les poux et leurs lentes semble, aujourd’hui, l’arme idéale car tuant les poux par action physique et non chimique à l’heure où certains pesticides et insec- ticides sont à l’index. Il faut rappeler qu’en milieu scolaire la réglementation permet aux directeurs d’école d’appliquer une mesure d’éviction scolaire en cas de refus manifeste des parents de traiter les enfants porteurs de poux (arrêté ministériel du 3 mai 1989). Dans cet article, un petit chapitre est consacré à la pthirose due à Pthirus pubis, parfois écrit Phthirus, Ferris 1935 (voire Phthirius), ce qui devrait être l’écriture correcte si on se réfère au grec mais Leach (1815), créant le nom de genre, a fait une faute d’orthographe et a écrit Pthirus. Les règles de la taxonomie font que nous devons respecter cette orthographe. U n numéro spécial consacré au cuir chevelu dans la Revue Francophone des Labora- toires. Un non-sens ! Que nenni, le bio- logiste sera sollicité pour la mise en évidence de parasites, de champignons et autres micro- organismes mais également de drogues diverses. Il s’agit donc d’un numéro transdisciplinaire et je pense que chaque lecteur y trouvera de quoi conforter ou élargir ses connaissances dans le domaine. Ainsi Arezki Izri, parasitologue au CHU Avicenne à Bobigny, traite des ectoparasites du cuir che- velu, les poux avec toujours en toile de fond une

Cheveux et cuir chevelu

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Page 1: Cheveux et cuir chevelu

REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - JUILLET-AOÛT 2013 - N°454 // 31

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© 2013 – Elsevier Masson SAS – Tous droits réservés.

a Laboratoire de parasitologie et mycologie médicaleCentre hospitalier universitaire PontchaillouRue Henri-Le Guilloux35033 Rennes cedex b Service de parasitologie et zoologieFaculté de médecine2, av. du Pr Léon-Bernard – CS 3431735013 Rennes cedex

* [email protected]

Claude Guiguena, b,*

Cheveux et cuir chevelu

question qui fait toujours débat : le pou de tête est-il une espèce à part entière, dans ce cas Pedi-culus capitis ou une sous-espèce de Pediculus humanus (le pou de corps), dans ce cas Pedi-culus humanus capitis. Il est vrai que ces deux espèces ou variétés se distinguent par quelques aspects morphologiques mineurs mais surtout par un contexte épidémiologique, un biotope et un pouvoir vectoriel d’agents infectieux différent. Une certitude, le pou de tête fait de la résistance à certains insecticides comme les pyréthrines ou ses dérivés et l’utilisation de diméticone, asphyxiant les poux et leurs lentes semble, aujourd’hui, l’arme idéale car tuant les poux par action physique et non chimique à l’heure où certains pesticides et insec-ticides sont à l’index. Il faut rappeler qu’en milieu scolaire la réglementation permet aux directeurs d’école d’appliquer une mesure d’éviction scolaire en cas de refus manifeste des parents de traiter les enfants porteurs de poux (arrêté ministériel du 3 mai 1989). Dans cet article, un petit chapitre est consacré à la pthirose due à Pthirus pubis, parfois écrit Phthirus, Ferris 1935 (voire Phthirius), ce qui devrait être l’écriture correcte si on se réfère au grec mais Leach (1815), créant le nom de genre, a fait une faute d’orthographe et a écrit Pthirus. Les règles de la taxonomie font que nous devons respecter cette orthographe.

Un numéro spécial consacré au cuir chevelu dans la Revue Francophone des Labora-toires. Un non-sens ! Que nenni, le bio-

logiste sera sollicité pour la mise en évidence de parasites, de champignons et autres micro-organismes mais également de drogues diverses. Il s’agit donc d’un numéro transdisciplinaire et je pense que chaque lecteur y trouvera de quoi conforter ou élargir ses connaissances dans le domaine.

Ainsi Arezki Izri, parasitologue au CHU Avicenne à Bobigny, traite des ectoparasites du cuir che-velu, les poux avec toujours en toile de fond une

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La coordination de ce dossier a été assurée par le Pr Claude Guiguen, Laboratoire de parasitologie et mycologie médicale, Centre hospitalier Pontchaillou de Rennes et Service de parasitologie et zoologie appliquée, Faculté de médecine de Rennes.

Sommairethématique

Les pédiculoses et le rôle du laboratoire ............................... p. 33

Pityriasis capitis et dermatite séborrhéique du cuir chevelu : rôle du laboratoire dans l’évaluation d’une implication fongique ..................... p. 41

Les teignes du cuir chevelu ................... p. 49

Conduite diagnostique à tenir devant une alopécie ...................................... p. 59

Apports de l’analyse des cheveux en toxicologie ....................................................... p. 69

QCM .............................................................................. p. 73

Les affections à Malassezia sont fréquentes mais sans caractère de gravité et caractérisées par leurs habituelles récidives. Elles sont dues à des levures commensales et lipophiles. L’équipe de Laurence Lachaud de la Faculté de médecine de Montpellier-Nîmes fait le point sur les levuroses du cuir chevelu plus précisément sur le pityriasis capitis et la derma-tite séborrhéique. Les différentes formes cliniques, les circonstances du diagnostic biologique, le rôle du laboratoire dans la prise en charge diagnostique de ces pathologies sont clairement abordés.

Certains champignons filamenteux, les dermato-phytes, peuvent également entraîner des lésions sur le cuir chevelu. Nos collègues et amis Dominique Chabasse et Nelly Contet-Audonneau, spécialistes des dermatophytes, nous rappellent l’origine de la contamination par ces kératinophiles en fonction des espèces : contact avec le sol, contact avec les animaux ou contacts interhumains. Après une description clinique des différents types de teigne, le rôle du laboratoire, du prélèvement au diagnostic d’espèce, est mis en exergue. Une iconographie riche et un arbre décisionnel d’identification, utiles aux biologistes, agrémentent cet article.

Difficile pour un non spécialiste de faire la diffé-rence entre une fausse teigne amiantacée, une teigne tondante ou suppurée, une pelade d’origine inflammatoire et toutes autres alopécies acquises ou constitutionnelles. C’est pourquoi l’article de Catherine Droitcourt du CHU de Rennes était utile et important pour la conduite diagnostique à tenir devant une alopécie. Cet article clinique illustré par une belle iconographie et un tableau synthétique des alopécies acquises est très complet et instructif.

Concevoir un numéro spécial « cuir chevelu » sans l’apport de l’analyse du cheveu dans l’aide au dia-gnostic d’addiction ou de toutes autres intoxications par des xénobiotiques était impensable. Je remer-cie Isabelle Morel et son équipe du laboratoire de toxicologie biologique et médico-légale du CHU de Rennes d’avoir accepté d’écrire pour la Revue

Francophone des laboratoires cet article à la fois pédagogique et très informatif.

Ces cinq chapitres abordent l’épidémiologie, la clinique, le diagnostic et si besoin le traitement et sont très abondamment illustrés ; j’en remercie les auteurs. Suivent les traditionnelles QCMs pour l’évaluation de nos connaissances et un Bioquizz sur une parasitose non rare en Amérique du Sud mais dont la localisation sur le cuir chevelu est peu fréquente. À vous de la découvrir.

Il manque, malheureusement, dans ce numéro un article sur l’anatomie pathologique du cuir chevelu mais vivons d’espoir, celui-ci est prévu pour la fin de l’année.

J’espère que le lecteur trouvera dans ce numéro toutes les informations nécessaires à sa pratique dans le domaine clinique et biologique. Je vous souhaite une excellente lecture.