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CHRISTIANISME et INVASIONS ************** *-»«-*-K--X--X-**- J«-^ CHRISTIANISME *********** Il y avait deux siècles environ que les Gaules vaincues reposaient en paix à l'ombre des aigles romaines ; le i ^orvan lui-même, dépeuplé, presque désert, s'était depuis longtemps soumis à l'empire des Césars, lorsque com- mença à poindre l'aurore d'une ère nouvelle. Le moment fixé par la Providen- ce pour dissiper les ténèbres de l'idolâtrie qui, depuis tant de siècles, en- veloppaient nos montagnes, arriva enfin. Déjà Rome et l'Italie étaient plei- nes de chrétiens ; déjà Arles s'était réveillée à la voix puissante de Trophime ; Lyon lui-même comptait par milliers les adorateurs du Christ ; mais Autun et tous les pays de sa dépendance avaient à peine entendu parler du christianisme et des vertus sublimes qu'il sait inspirer. Tout à coup, au loin rivage, on voit aborder de nouveaux apôtres ; ce sont Andoche, Bénigne, Andéol et Thyrse, tous quatre disciples de Saint-Polycarpe, tous quatre pleins de zèle et de charité, de dévouement et de courage. A peine ont-ils posé l e pied sur le sol de l a Gaule, qu'ils se mettent à l'oeuvre et prêchent l'Evangile sur les bords du Rhône, l'un d'eux, Andéol, fixe l e siège de son apostolat. Quant à Andoche, Bénigne et Thyrse, n'écoutant que l'ardeur du zèle qui les presse, ils s'avancent plus avant dans les terres, parcourent les pays riverains de la Saône, en annonçant l a bonne nouvelle, et arrivent enfin à Autun. D'Autun, ils avaient fait briller le flambeau de la foie chrétienne, nos trois ouvriers évangéliques, poussés par l e désir de porter plus loin la lumière du salut, marchent à de nouvelles conquêtes ; tandis que Bénigne se rend à Dijon, Andoche et Thyrse, son diacre fidèle, à l a prière de Fauste, noble sénateur de la ville d'Autun, se dirigent vers Saulieu, dont il était seigneur. Arrivés dans cette petite ville, tout enorgueillie de son fameux temple du Soleil, nos deux héros chrétiens se mettent aussitôt à prêcher l'Evangile, et, à leur voix, une multitude d'idolâtres renoncent à l'erreur et demandent l e baptême. Les prêtres païens, menacés de voir leurs idoles abandonnées, en conçoivent un naturel ombrage. Ameutant donc la populace, qu'ils soulèvent par l a crainte de l a colère des dieux, ils excitent contre Andoche et Thyrse une sédition formidable, dans laquelle ils enveloppent aussi Félix, honnête marchand, qui les avait reçus dans sa maison. Saisis par une troupe de forcenés, ces hommes vertueux, dont tout le crime était d'avoir voulu éclairer de misérables aveugles, sont abreuvés

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C H R I S T I A N I S M E et I N V A S I O N S * * * * * * * * * * * * * * * - » « - * - K - - X - - X - * * - J « - ^

CHRISTIANISME ***********

I l y a v a i t deux siècles environ que l e s Gaules vaincues reposaient en paix à l'ombre des ai g l e s romaines ; l e i^orvan lui-même, dépeuplé, presque désert, s'était depuis longtemps soumis à l'empire des Césars, lorsque com­mença à poindre l'aurore d'une ère nouvelle. Le moment fixé par l a Providen­ce pour d i s s i p e r l e s ténèbres de l'idolâtrie qui, depuis tant de siècles, en­veloppaient nos montagnes, a r r i v a e n f i n . Déjà Rome et l ' I t a l i e étaient p l e i ­nes de chrétiens ; déjà Arles s'était réveillée à l a voix puissante de Trophime ; Lyon lui-même comptait par m i l l i e r s l e s adorateurs du C h r i s t ; mais Autun et tous l e s pays de sa dépendance avaient à peine entendu p a r l e r du christianisme et des vertus sublimes q u ' i l s a i t i n s p i r e r . Tout à coup, au l o i n rivage, on v o i t aborder de nouveaux apôtres ; ce sont Andoche, Bénigne, Andéol et Thyrse, tous quatre d i s c i p l e s de Saint-Polycarpe, tous quatre p l e i n s de zèle et de charité, de dévouement et de courage.

A peine o n t - i l s posé l e pied sur l e s o l de l a Gaule, q u ' i l s se mettent à l'oeuvre et prêchent l'Evangile sur l e s bords du Rhône, où l'un d'eux, Andéol, f i x e l e siège de son apostolat. Quant à Andoche, Bénigne et Thyrse, n'écoutant que l'ardeur du zèle qui l e s presse, i l s s'avancent plus avant dans l e s t e r r e s , parcourent l e s pays r i v e r a i n s de l a Saône, en annonçant l a bonne nouvelle, et a r r i v e n t e n f i n à Autun.

D'Autun, où i l s avaient f a i t b r i l l e r l e flambeau de l a f o i e chrétienne, nos t r o i s ouvriers évangéliques, poussés par l e désir de porter plus l o i n l a lumière du s a l u t , marchent à de nouvelles conquêtes ; tandis que Bénigne se rend à Dijon, Andoche et Thyrse, son diacre fidèle, à l a prière de Fauste, noble sénateur de l a v i l l e d'Autun, se di r i g e n t vers Saulieu, dont i l était seigneur. Arrivés dans cette p e t i t e v i l l e , tout enorgueillie de son fameux temple du S o l e i l , nos deux héros chrétiens se mettent aussitôt à prêcher l'Evangile, e t , à le u r v o ix, une multitude d'idolâtres renoncent à l ' e r r e u r et demandent l e baptême. Les prêtres païens, menacés de v o i r l e u r s idoles abandonnées, en conçoivent un naturel ombrage. Ameutant donc l a populace, q u ' i l s soulèvent par l a cra i n t e de l a colère des dieux, i l s e x citent contre Andoche et Thyrse une sédition formidable, dans laq u e l l e i l s enveloppent a u s s i Félix, honnête marchand, qui l e s a v a i t reçus dans sa maison.

S a i s i s par une troupe de forcenés, ces hommes vertueux, dont tout l e crime était d'avoir voulu éclairer de misérables aveugles, sont abreuvés

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d'outrages, traînés par l e s rues et déchirés à grands coups de verges et de cordes nouées. Puis, l e s membres en lambeaux et l e s mains attachées par der­rière, i l s sont suspendus en l ' a i r pendant toute une journée, a f i n d'épou­vanter, par l a vue do ces tourments, ceux qui seraient tentés d'abandonner l e c u l t e des dieux du pays. Comme i l s v i v a i e n t encore lorsqu'on l e s descen­d i t , on appliqua sur leu r s membres meurtris des charbons ardents, et l e s bourreaux l e s achevèrent à coups de l e v i e r s , l e 24 septembre 178 ou 179. Alors l e s fidèles, q u ' i l s avaient s i douloureusement enfantés à Jésus-Christ, r e c u e i l l i r e n t l e u r s restes mortels et l e s inhumèrent, dans l'endroit de l e u r supplice, sous l a d i r e c t i o n de Fauste, l e u r seigneur, accouru d'Autun tout exprès. Une chapelle ayant été construite sur l e l i e u où reposaient leurs corps, i l s'y f i t , dans l a s u i t e , un concours considérable de pèlerins. Los aumônes qu'on y déposait devinrent s i abondantes, qu'on songea, au sixième siècle, à y élever une abbaye pour l e s moines chargés de v e i l l e r sur l e tom­beau des martyrs. Ce monastère f u t sécularisé vers l'an 1127.

Le sang des glorieux apôtres du Morvan f u t , pour l a contrée, une semen­ce féconde de chrétiens. Néanmoins, l e paganisme, bien qu'agonisant au 4e siè­c l e , dans toutes l e s Gaules, conservait encore, dans nos montagnes, des sanctuaires vénérés et des sectateurs extrêmement entêtés de ses dogmes su­p e r s t i t i e u x . Hais n u l l e part l e culte des idoles n'était plus enraciné et plus f o r t qu'au Beuvray.

Au temps du paganisme, cette montagne, s i e l l e ne f u t pas l e siège de l'antique Bibracte, était au moins l e sanctuaire des dieux de l a Gaule ; là, au s e i n des forêts et du s i l e n c e , devaient avoir l i e u l e s assemblées l e s plus solennelles et l e s cérémonies l e s plus pompeuses de l a r e l i g i o n . C'est sur son vaste plateau, souvent enveloppé de l a foudre et des éclairs, que devaient se rendre l e s Eduens, tantôt pour adorer l ' E t r e suprême, entendre prêcher l a haute morale ou l a profonde philosophie de leu r s pontifes ; tan­tôt pour discut e r , dans l e s assemblées ÎDUtiques du printemps ou de l' a u ­tomne, ou dans quelque autre grande occasion, l e s intérêts publics l e s plus graves. I l dut être même, pour l a Celtique, ce qu'était pour Rome l e Capitu­l e , une sorte de forteresse où l e s femmes, l e s enfants et l e s v i e i l l a r d s trouvaient un a s i l e sûr en cas d'invasion.

Sous l e s Romains, son plateau reçut l e s cohortes chargées de t e n i r en échec l e s t r i b u s insoumises du ïiorvan ; l e s dieux de l a Grèce et de Rome y reçurent des hommages. F l o r e , ï'iaïa, l'une déesse des f l e u r s et l'autre dées­se de l a jeunesse, Mercure, l e dieu des Marchands, et jusqu'à l'impudique Vénus, y eurent l e u r s a u t e l s .

La jeunesse gauloise, bientôt corrompue par l e s doctrines d'une r e l i ­gion li c e n c i e u s e , s'y rendait en foule dans l e s beaux jours du printemps pour célébrer l e s fêtes de ces divinités impures. A i n s i se formèrent ces concours périodiques qui amenèrent s i longtemps, au sommet de l a montagne sainte du Mc-rvan, une foule immense de peuple. Les voies i n d e s t r u c t i b l e s que, dans l e u r s moments de l o i s i r , l e s soldats romains avaient construites l e long de ses f l a n c s , en f a v o r i s a i e n t d ' a i l l e u r s l'accès.

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T e l l e était, sous l e rapport r e l i g i e u x , l a s i t u a t i o n des choses au Beuvray, lorsque Saint-Martin, ce glorieux apôtre des Gaules, cet athlète s i redoutable au culte des faux dieux, f i t , en 376, son entrée dans Augustodunum. S i i a p l i c i u s , connu lui-même par son zèle contre l e c u l t e des id o l e s , en était évêque. Ce vertueux pontife, malgré ses constants e f f o r t s , n'était pas encore parvenu à purger tout son diocèse des restes du paganis­me, tant i l y a v a i t jeté de profondes racines ! On s a i t que sous l e s murs mêmes d'Augustodunum i l e x i s t a i t a l o r s un temple fameux que ï'artin e n t r e p r i t de démolir, et un chêne sacré q u ' i l renversa au grand péril de sa v i e . Sur l'emplacement de ce dernier, on éleva d'abord une chapelle, puis une vaste abbaye qui porta, jusqu'à nos j o u r s , l e nom du s a i n t évêque de Tours. Après cette périlleuse v i c t o i r e , remportée sur ce puissant foyer de l ' e r r e u r , l e pieux prélat p o u v a i t - i l l a i s s e r debout, au sommet du Beuvray, qui se dres­s a i t devant l u i , l e s autels et l e s statues des deux du paganisme ? L'aspect sombre de l a montagne, l a réputation de cruauté des peuples des environs, r i e n ne peut l'arrêter. I l prend donc son humble monture, e t , vêtu d'une Ion gue tunique et d'un manteau noir en t i s s u de p o i l , i l s'avance vers ce nou­veau champ de b a t a i l l e sans autre escorte que quelques guides, sans autres armes que l a prière et sa confiance en Dieu.

Que se p a s s a - t - i l sur l a montagne ? On c r o i t que là i l f a i l l i t être l a ­pidé par des païens ameutés, et q u ' i l n'échappa à l a mort que par miracle. Tout porte à penser, en e f f e t , que l e Beuvray est l'un des deux endroits de l'Autunois où sa v i e courut l e s plus grands dangers. Sa présence y était a t ­testée j a d i s par un ancien oratoire élevé en son honneur, et par une f o n t a i ­ne pour l a q u e l l e l e s fidèles des environs professent une grande dévotion. I l se f a i s a i t a u t r e f o i s , aux deux fêtes du s a i n t , un grand concours à cet ora t o i r e , que desservait un moine du prieuré de Saint-Symphorien d'Autun, dont l e s r e l i g i e u x reconnaissaient Saint-Martin comme le u r père.

Le pieux évêque, après a v o i r accompli sa s a i n t e , mais dangereuse mis­sion au Beuvray, en descendit par l'autre versant. Le grand nombre d'abbayes de prieurés, d'églises et de chapelles placés sous son invocation, en Morvan sont peut-être un autre témoignage de l a v i s i t e de cet i l l u s t r e thaumaturge des Gaules dans nos montagnes. Quelque temps après, en 417, l e pays f u t t r a ­versé, du nord au sud, par Saint-Amâtre, évêque d'Auxerre ; i l se rendait à Autun pour s o l l i c i t e r du gouverneur l'admission du comte Germain dans son clergé. Au s e i n des forêts, entre Quarré-les-Tombes et Saint-Brisson, i l ren contra de pauvres bûcherons qui, l'ayant reconnu pour évêque au p e t i t r e l i ­quaire q u ' i l p o r t a i t à son cou, coururent se j e t e r à ses pieds, l e priant de l e s bénir et de guérir un des leurs que l e c i e l , d i s a i e n t - i l s , a v a i t j u s ­tement puni. Le pieux prélat se rendit à le u r s voeux et obtint de Dieu l e miracle q u ' i l s demandaient. I l s en furent s i reconnaissants, q u ' i l s se mi­rent à réparer l e s chemins par où i l devait passer et voulurent l u i s e r v i r d'escorte.

Un peu plus l o i n , 1'évêque v i t accourir un noble citoyen d'Alise, Soffronius, poursuivant, avec ses gens, des voleurs qui avaient enlevé son argenterie. Ces coupables étaient-ils des habitants du Morvan ? On l'ignore. Seulement l a d i r e c t i o n q u ' i l s avaient p r i s e porte à l e c r o i r e . Quoi q u ' i l

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en s o i t , déjà Soffronius l e s a v a i t a t t e i n t s et s'apprêtait à t i r e r une rude vengeance du crime, lorsque Amâtre implora l e s a l u t des ra v i s s e u r s ; i l f i t tant par sa charité et l'autorité de sa parole, que l e seigneur mandubien se contenta q u ' i l s jurassent sur l e tombeau de Saint-Andoche q u ' i l s chan­geraient de v i e .

INVASIONS SUCCESSIVES H j U U m j l Y V W V V W " " M ,M I I " .V.

mnm i n n n n n n n n n n P i i A K R

Cependant l a puissance des maîtres du monde commençait à s ' a f f a i b l i r . Tant que Rome eut des ennemis à combattre et des provinces à conquérir, e l l e f u t grande, f o r t e et i n v i n c i b l e ; maîtresse de l'u n i v e r s , e l l e s'endormit dans une v i e molle e t voluptueuse. Tandis que l e courage de ses enfants s'énervait dans l e s douceurs d'une paix plus funeste pour e l l e qu'une guerre malheureuse, l a d i v i s i o n des chefs préparait sa ruine et amenait l a chute d'une grandeur acquise par des travaux immenses. L'empire, après de s i glo­rieuses v i c t o i r e s , de s i magnifiques conquêtes, chancelait sur sa base, dé­jà même i l c r o u l a i t de toutes p a r t s .

Enhardis par ce funeste état de choses, l e s barbares qui, jusque-là, n'avaient tenté que quelques incursions, plus ou moins heureuses, dans l e s Gaules, d'où il» avaient été, à chaque f o i s , rejetés dans l e s forêts de l a Germanie, reprennent courage. I l s se réunissent donc en foule, s'acheminent vers cette Gaule, objet de l e u r convoitise, et forcent de nouveau l e s f r o n ­tières de l'empire. Cette multitude innombrable, composée d'Alains, de Bur-gondes, de Gépides, de Goths, de Suèves e t de Vandales, passa l e Rhin, du côté de Kayence, l e dernier jour de l'année 406, et se mit à ravager l e pays, qu'elle parcourut en tous sens.

Les Burgondes, pacifiques, s'établissent entre l e J u r a et l a Saône. Leur chef, dont l'ambition c r o i s s a i t à mesure que l'empire s ' a f f a i b l i s s a i t , résolut de re c u l e r l e s l i m i t e s de son p e t i t royaume. Autun tomba bientôt en son pouvoir ; l e Morvan, a i n s i que l e s autres pays de l a dépendance de cette antique cité, f u t a l o r s compris dans ce premier royaume de Bourgogne.

Jaloux de partager une proie dévolue aux barbares, l e s Francs eux-mêmes, qui avaient déjà f a i t plusieurs t e n t a t i v e s sur l e s provinces gauloi­ses de l'empire, s'avancent de le u r côté et poussent l e u r s conquêtes j u s ­qu'aux montagnes du Morvan. L'Yonne, l a p r i n c i p a l e rivière de cette contrée, l i m i t a naturellement l e s possessions des deux peuples. De cette époque, qui était l'an 427, notre pays f i t p a r t i e de deux royaumes, sans cesser, pour c e l a , de r e s t e r sous l a j u r i d i c t i o n s p i r i t u e l l e des évêques d'Autun.

Pendant 66 ans, l e s choses en restèrent là. Mais "pour ce que l e s Bourguignons et l e s François estoient, chacun en sa conqueste, seigneurs souverains, ne reconnaissant r i e n de l'un de l ' a u t r e , f u t avisé que l a part du diocèse d'Ostun demeurée à l a conqueste des François, au r o i t un évesque

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et diocèse à part, e t f u s t e s t a b l i un siège épiscopal à Nevers, qui ne f u t pas attribué à l a province de Lyon, parce que cette v i l l e e s t o i t aux Bour­guignons, mais... à l a province de Sens, qui e s t o i t aux François". Dès l o r s , l a rivière d'Yonne sépara l e s deux nations au s p i r i t u e l comme au temporel.

Dans l e cours de ces divers événements, l e Morvan f u t visité par S a i n t -Germain, évêque d'Auxerre, prélat l e plus célèbre des Gaules après Sa i n t -Martin. Le grand nombre d'églises, placées sous son invocation, montre que son c u l t e était tout aussi répandu dans nos campagnes que c e l u i du pieux évêque de Tours. On t r o u v a i t , presque de l i e u e en l i e u e , des églises qui l u i étaient dédiées et que l a dévotion à ce s a i n t évêque était s i grande, qu'on y entretenait, l e jour et l a n u i t , des lampes ardentes en son honneur. A l a mort de Saint-Germain, survenue l o r s de son retour d ' I t a l i e pour l a Gaule, l e clergé d'Auxerre p a r t i t et s'avança jusqu'au pied des Alpes, pour recevoir son corps et l e conduire dans sa v i l l e épiscopale, où i l a v a i t vou­l u être inhumé. Lorsque l e funèbre cortège tr a v e r s a l e Morvan, au chant des psaumes, on v i t l e s populations se le v e r en masse et accourir avec l e u r s prêtres, sur son passage, pour donner aux res t e s mortels d'un s i grand évê­que l e témoignage d'une vénération bien méritée. Les flambeaux et l e s t o r ­ches allumées autour du char funèbre étaient s i nombreux, que l a lumière s'en f a i s a i t remarquer en p l e i n jour (448).

Parmi l a foule qui accompagnait l e s a i n t corps, on remarquait quatre pieuses vierges i t a l i e n n e s qui, par dévotion, ne voulurent plus s'en sépa­r e r . Magnance, l'une d ' e l l e s , s o i t fatigue, s o i t épuisement ou toute autre cause, tomba malade dans l a traversée du Morvan et y mourut. E l l e f u t en­terrée sur l e bord même de l a voie d'Agrippa, non l o i n de l'antique v i l l a g e de Cordois, et r e s t a oubliée pendant plus de deux siècles. Mais en f i n ses rel i q u e s , ayant été miraculeusement découvertes, e l l e s furent transférées dans l'église, où i l se f i t un s i grand concours de fidèles, que l e pays q u i t t a son nom et p r i t c e l u i de l a vertueuse étrangère. Dès l o r s , l e Morvan compta un s a i n t de plus.

Quatre ans après, tandis que l e s Burgondes e t l e s Francs, en paix en­tr e eux, j o u i s s a i e n t sans trouble de leurs conquêtes respectives, un h o r r i ­ble fléau v i n t fondre sur l e pays, à peine remis des maux que l'inv a s i o n de tant de barbares l u i a v a i t causés. Les Huns, nation c r u e l l e et sanguinaire, s o r t i e de l a T a r t a r i e , ayant à l e u r tête l e t e r r i b l e A t t i l a , surnommé l e "Fléau de Dieu", se portèrent sur l e s Gaules comme un torrent dévastateur, après avoir f a i t trembler Théodose sur son trône d'Orient.

Ces barbares écrasèrent sans peine l'armée burgonde qui tenta de s'op­poser à l e u r passage sur l e Rhin, et pénétrèrent, au nombre de cinq cent m i l l e combattants, jusqu'au coeur du pays, en l a i s s a n t derrière eux une lon­gue traînée de feu et de sang. Le Morvan a u r a i t été traversé par ces hordes sauvages, qui ne l e traitèrent pas mieux que l e s pays qu'elles avaient déjà parcourus. Quelques détachements, l a s de suivre cé chef aventureux, se se­r a i e n t fixés dans nos montagnes.

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Près d'un siècle s'était déjà écoulé depuis l a défaite d ' A t t i l a dans l e Cantal, lorsque mourut Godomar, dernier prince de l a maison de Bourgogne, assiégé et p r i s dans Autun, où i l s'était réfugié. En l u i f i n i t ce fameux royaume de l a première Bourgogne, après une durée de cent vingt ans, sous quatre générations de r o i s . Le Morvan et l e s autres pays de sa dépendance passèrent a l o r s au pouvoir des r o i s f r a n c s .

I I I - PROGRES de l a RELIGION CHRETIENNE X-

X X X X X X X XX"X~X')tX)tXX X X' X X X X X* X* -X""X" X X' X H'

Au m i l i e u de ces a g i t a t i o n s , de ces bouleversements, qui troublèrent l a p a t r i e et changèrent l a face des choses, l a r e l i g i o n du C h r i s t ne l a i s s a pas de répandre au l o i n ses rayons b i e n f a i s a n t s . Dès l a f i n du 5e siècle, toute l a France, à peu d'exceptions près, était chrétienne. E l l e a v a i t appe­lé à e l l e l e s barbares, qui entendirent sa v o i x , embrassèrent ses dogmes consolants, sa morale sublime, et l u i montrèrent, dans l a s u i t e , une soumis­sion vraiment f i l i a l e .

Placée sur l e trône par l e s r o i s burgondes, puis, avec plus d'éclat, par l e s r o i s francs dans l a personne du grand C l o v i s , cette r e l i g i o n de cha­rité, qui a v a i t désarmé des peuples jusque là féroces, et l e s a v a i t amenés à des sentiments doux et humains, rayonnait de cette g l o i r e pure qu'elle t i ­re de son essence di v i n e . E l l e donnait, de toutes p a r t s , de fréquents exem­ples de ces vertus sublimes e t héroïques qu'elle seule peut i n s p i r e r . Les grands comme l e peuple l'aimaient et se soumettaient avec bonheur à ses s a ­ges p r e s c r i p t i o n s . On ne s'en te n a i t pas là ; chacun v o u l a i t apporter son t r i b u t à l'édifice s p i r i t u e l , qui répandait un éclat s i pur sur l a France entière. Les ri c h e s payaient de le u r fortune, l e peuple de sa personne. C'est a i n s i que s'élevèrent, de tous côtés, des monastères où l e puissant et l e f a i b l e , indistinctement, se r e t i r a i e n t pour se dérober au monde et r i ­v a l i s e r ensuite de piété et de ferveur.

Le Morvan, au mil i e u de cet élan général, ne r e s t a point en arrière. On v i t s'élever, dans ses montagnes, l e s abbayes de Saint-Péreuse, de S a i n t -Andoche de Saulie u . La première f u t bâtie sur l e tombeau du s a i n t martyr de ce nom, que l'on peut mettre au nombre des apôtres du pays, et dont un v i l l a ­ge rappelle encore l e souvenir.

Dans l e siècle suivant, l e s forêts du Morvan donnèrent a s i l e à un autre s e r v i t e u r de Dieu, qui v i n t y chercher a u s s i un refuge contre ce q u ' i l appe­l a i t l e s d i s s i p a t i o n s du cloître ; c'est Saint-Médéric ou Merri, quatrième abbé de Saint-Martin d'Autun. Un jour, i l s o r t i t secrètement de son monas­tère, et p r i t l a route du Morvan, qui se montrait sombre et s o l i t a i r e vers l'ouest. I l e r r a plusieurs jours aux sommets des montagnes l e s plus âpres, l e s plus sauvages. I l parcourut l e s vallées l e s plus profondes, l e s plus so­l i t a i r e s , c e l l e s où l a voix du torrent et l e c r i des bêtes fauves seuls se f a i s a i e n t entendre, et f i n i t par se f i x e r dans un l i e u entouré de rochers et de précipices, nommé depuis Cellule-de-Saint-Merri, aujourd'hui l a C e l l e -lès-Autun.

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Ses moines, désolés, l e cherchèrent longtemps sans découvrir l e l i e u de se r e t r a i t e . E n f i n , s o i t par l a ve r t u d'en haut, s o i t par l ' e f f e t d'un heu­reux hasard, i l s connurent l a d i r e c t i o n q u ' i l a v a i t p r i s e , et bientôt l'en­d r o i t même où i l s'était retiré. I l s sortent donc de le u r monastère pleins de j o i e , accourent auprès de l u i . Après d'instantes prières et de pressantes s o l l i c i t a t i o n s , i l s durent néanmoins se résoudre à reprendre seuls l e che­min de l a v i l l e , et i l s rentrèrent dans l e u r monastère a u s s i t r i s t e s q u ' i l s en étaient s o r t i s joyeux. Quelques temps après, i l s f i r e n t de nouvelles ten­t a t i v e s ; mais toujours i l s trouvèrent l'homme de Dieu au s s i ferme que l e rocher qui l u i a v a i t ouvert ses f l a n c s . Désespérant donc de vaincre par eux-mêmes sa résolution et de triompher de son amour pour l a solitude, i l s s'a­dressèrent à Hermenaire, prélat d'une haute piété. I l s l e conjurèrent d'user de son autorité et de ramener l e s a i n t abbé au m i l i e u d'eux par quelque moyen que ce fût. L'évêque écouta avec bonté leu r s supplications et se ren­d i t lui-même dans l a solitude de Merri. I l trouva l e s a i n t homme livré à une profonde méditation. Merri refusa de r e v e n i r , en prétextant son indignité et l e besoin de t r a v a i l l e r à sa propre s a n c t i f i c a t i o n . Alors 1'évêque l e menaça d'excommunication s ' i l n'obéissait à ses ordres. L'humble abbé se sou­mit et r e p r i t , avec l e prélat, l a route d'Autun, non sans un amer regret de se v o i r arracher à des l i e u x où i l a v a i t trouvé tant de calme et goûté tant de bonheur.

Merri, après avoir édifié encore pendant quelques années l e s bons moi­nes de Saint-Martin, se r e t i r a à P a r i s , où i l mourut, vers l'an 700, dans une grande réputation de v e r t u et de sainteté. Sa solitude du Morvan acquit une grande célébrité. La c e l l u l e , témoin des austérités de sa v i e et de l a ferveur de ses prières, f u t changée en une chapelle, que visitèrent pendant longtemps de nombreux pèlerins. C'est actuellement une des paroisses du doyenné de Lucenay-1'Evêque.

NOUVELLES INVASIONS

Cependant, des jours s i heureux, s i prospères pour l ' E g l i s e de France et pour l ' E t a t , vont bientôt disparaître. Des invasions et des guerres de toutes sortes troubleront, pendant plus de cent ans, l e bonheur et l a paix p u b l i c s . Le Morvan, enveloppé dans l e malheur commun, v e r r a de nouveaux bar­bares couvrir ses montagnes, inonder ses vallées. Ses p a i s i b l e s échos reten­t i r o n t longtemps du b r u i t des armes et du c r i des gu e r r i e r s . Déjà, en e f f e t , l'horizon se g r o s s i t de nuages du côté du sud, et un orage épouvantable s'apprête à fondre sur l a France ; ses plus b e l l e s provinces vont être rava­gées.

Les S a r r a s i n s , appelés par Moronte, gouverneur de Ma r s e i l l e , et f a v o r i ­sés par l e s seigneurs de Bourgogne, qui cherchaient à se rendre indépendants, parcourent l e pays comme un torrent dévastateur. Autun, emporté d'assaut, est dévasté et réduit en cendres l e 22 août 731. Ces barbares portèrent un coup s i t e r r i b l e à cette grande v i l l e , qu'elle ne s'en est jamais bien r e l e -

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vée. Les Arabes, se d i v i s a n t ensuite en plusieurs colonnes, se donnent rendez-vous sous l e s murs d'Auxerre. I l s traversent donc l e Morvan en s u i ­vant l e s t r o i s p r i n c i p a l e s voies romaines qui l e s i l l o n n a i e n t , e t renver­sent tout ce q u ' i l s rencontrent sur l e u r passage. Les v i l l a s de Lucenay, de Brazey, de L i e r n a i s , sont culbutées. Saulieu, attaqué brusquement, n'offre bientôt plus, a i n s i que son abbaye, qu'un monceau de ruines.

Mais au m i l i e u des décombres, g i s a i t un trésor bien précieux, surtout à cette époque de f o i : c'était l e tombeau des apôtres du pays, qui échappa, comme par miracle, aux mains sacrilèges de ces barbares. C'est à l a conser­vation des restes vénérés de Saint-Andoche, on ne peut en douter, que l a v i l l e , comme l e monastère, dut l'avantage de s o r t i r de nouveau de ses r u i ­nes. Sans l e s reli q u e s de ce glorieux martyr, Saulieu, comme tant d'autres v i l l e s gallo-romaines, ne présenterait probablement qu'une masse informe de débris gisant sous t e r r e ou dispersés par l e soc de l a charrue.

Après l e sac de Saulieu, l e s barbares, poursuivant l e u r route, arrivè­rent sur l e t e r r i t o i r e de l a Roche-en-Brenil, où i l s trouvèrent une bourgade gallo-romaine, q u ' i l s nivelèrent avec l e s o l ; e l l e ne s o r t i t plus de des­sous ses décombres. Puis i l s se ruèrent sur Avallon. Sur l a voie du centre, au l i e u qu'occupe aujourd'hui Ouroux, se tr o u v a i t un horreum ou magasin de v i v r e s et de fourrages, d'où est venu au pays son nom actu e l ; l e s barbares l e pillèrent et l e brûlèrent, a i n s i que l ' a t t e s t e n t l e s couches de charbon, gisant çà et là, à un mètre au-dessous du s o l . D'anciennes ruines g a l l o -romaines, découvertes aut r e f o i s dans l e voisinage de Lormes, prouvent que, là a u s s i , i l s exercèrent l e u r fureur.

Au sud, l e s ravages ne furent pas moins t e r r i b l e s . Un corps d'armée, formant l a p r i n c i p a l e force des infidèles, monta au Beuvray, d'où i l descen­d i t sur l'établissement des Eaux-de-Nisiné, p i l l a l a v i l l e et y mit l e f e u . Les thermes, c o n s t r u i t s avec tant de soins et de dépenses, furent culbutés et ensevelis sous une épaisse couche de débris, dont i l s n'ont été entière­ment dégagés qu'en 1853.

Après l'éclatante v i c t o i r e de Charles Martel sur l e s Arabes devant P o i t i e r s , l e vainqueur, pour récompenser ses leudes, qui l'avaient s i p u i s ­samment secondé dans cette importante et glorieuse circonstance, l e u r d i s ­t r i b u a l e s biens des monastères renversés par l e s infidèles. Saint-Andoche de Saulieu, Saint-Martin d'Autun, S a i n t - P r i x de Plavigny... perdirent a i n s i presque toutes l e u r s possessions du Morvan ; mais Charlemagne, prince géné­reux et chrétien, rétablit l e premier avec une magnificence vraiment royale, et l u i r e s t i t u a tous ses domaines ; au s s i cette abbaye regarda toujours ce pieux monarque comme son véritable fondateur, et p r i t l e t i t r e d'église royale. Le clocher lui-même, surmonté d'un t r i p l e dôme, était destiné, par sa forme, à rappeler l a t r i p l e couronne impériale.

A l a mort de Charlemagne, son f i l s , Louis l e Débonnaire, prince d'un excellent n a t u r e l , mais sans énergie, monta sur l e trône. Son règne f u t ex-

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trêmement agité et tumultueux. Victime lui-même de son excessive bonté et de l a mollesse de son caractère, i l f u t renfermé par ses propres enfants dans un obscur cachot, d'où i l ne s o r t i t que par un e f f e t de l a fidélité et du dé­vouement de Bernard, comte d'Autun, qu'appuyaient énergiquement ses vassaux de l'Autunois et du Morvan. Sa mort f u t , en 840, l e s i g n a l de nouveaux trou­bles et de plus grands malheurs. Ses f i l s dénaturés se f i r e n t , pour l e par­tage de ses E t a t s , une guerre à outrance, qui se termina à Pontenoy par une b a t a i l l e sanglante où cent m i l l e Français se f i r e n t égorger pour l a querelle de le u r s princes. Dans l e partage qui s u i v i t , l e Morvan f i t p a r t i e des E t a t s de Charles l e Chauve, 4e f i l s de Louis, et depuis empereur. Ce monarque ren­d i t à l'abbaye de Saint-l'Iartin d*Autun l e s t e r r e s de l a C e l l e , de Commagny, de nommant, de Verrières et autres.

Cependant l e s Normands, a u x i l i a i r e s des princes aquitains, enhardis et favorisés par l e s discordes des enfants de Charles l e Chauve, et par le u r impuissance à l e s repousser à cause des guerres c i v i l e s , pénètrent dans l ' i n ­térieur de l a France, et y commettent d'affreux ravages. Indigné de tant de brigandages, 1'évêque d'Auxerre, à l a tête de ses vassaux, et secondé par lès seigneurs du pays, se met à l e u r poursuite et l e s a t t e i n t dans l'Avalbn-n a i s , où i l s se l i v r a i e n t au p i l l a g e . Les troupes épiscopales l e s attaquent brusquement, l e s j e t t e n t dans l e s montagnes et l e s y suivent résolument.

Arrivés à Quarré-les-Tombes, où commencent l e s forêts du Haut-Morvan, l e s Normands furent contraints d'accepter l e combat ; i l f u t t e r r i b l e , c ar i l r e s t a s i x m i l l e morts sur l e champ de b a t a i l l e . Bientôt forcés de lâcher l e pied, l e s barbares se j e t t e n t dans l a vallée de l a Cure, passent cette r i ­vière et a r r i v e n t sur l e s hauteurs de Chalaux, à l ' e s t , où un nouveau combat achève l a destruction de ces p i l l a r d s . On raconte que des buissons d'épines crurent sur l e s fosses des infidèles, et que des tombes, envoyées du c i e l , renfermèrent l e s corps des soldats chrétiens, morts pendant l ' a c t i o n . C'est a i n s i que l e peuple explique l a présence, à Quarré, des nombreuses tombes qu'on y remarque et qui ont donné au pays son surnom.